125
Marc Moreil JeanJacques Jérémie

La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Marc MoreilJeanJacques Jérémie

Page 2: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Comité de lecture: j)clul AlieMi(hel BonlJouFf'pdppil Moniod

Conception et réalisation: Moliko Dj",lIouli

Révision: Muri(!-Odile Charvel

Réalisation:

Laboratoire d'HydrologieCentre Orstom de Montpellier

911, avenue d'AgropolisB.P. 5045 - 34032 Montpellier cedex

Téléphone : 67 61 74 35

Télécopie : 67 41 18 06

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les "copies ou reproductionsstrictement réservées il l'usage privé du copiste et non destinées il une utilisation collective" et, d'autre part, que les analyseset les courtes citations dans un but d'exemple el d'illustration, "toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faitesans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite" (alinéa 1er de l'article 40). Cette représen­tation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 etsuivants du Code pénal.

© CCEE 1994

Page 3: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Éditeurs scientifiques

\1.", \1",11

Comité de rédaction

\1,,,1 \lu,11 ORSTOM

CI, ,,1'1 1'("Ii" ,1 \ i'H,,,1 r:'.·f;f BRGM

CCEEConseil de la Culture de l'Éducation et de l'Environnement de la Guadeloupe

1994

Page 4: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 5: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Le cadre organisationnel administratif, juridique et politique de la gestion de l'eau dansle département lui aussi révèle, à l'examen, un certain constat de carence.

À titre de réponse partielle, les recommandations techniques pour améliorer les situa­tions étudiées concernent principalement:

- le développement de la recherche et de la technique pour mieux prévoir la dispo­nibilité de la ressource, pour mieux la protéger, la régulariser, la mobiliser et éven­tuellement la réhabiliter après usage.

- l'éducation, l'information et la sensibilisation des populations à la préservation dela qualité des milieux aquatiques et à l'économie de l'eau.

La lecture de ce document suggère qu'il y a lieu d'initier à moyen terme une véritablepolitique de l'eau fondée sur l'expression des besoins exprimés par les communautésconcernées (agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, représentants des sports et loisirs nau­tiques ... ) et sur une analyse objective des capacités du milieu à répondre à ces be­SOinS.

Cela suppose auparavant que l'on ait d'une part, établi une grille d'évaluation despolitiques actuellement conduites et d'autre part, élaboré en avenant au Plan de Dé­veloppement Régional 1994-1998, un Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux(SAGE) ainsi que le prévoit la loi du 3 janvier 1992.

Cela sous-entend également de créer les conditions de l'émergence d'un véritableoutil fédérateur à la fois conceptuel et opérationnel de cette politique, l'Agence debassin de la Guadeloupe. Il va de soi qu'il faudrait étudier la possibilité, dans la pers­pective de l'aboutissement d'une conjoncture nouvelle et responsable, de faire "jouer"le levier fiscal ou d'instaurer l'application des taxes de dissuasion, expression régle­mentaire de principe du "pollueur-payeur".

C'est à ce prix probablement que l'on minimisera les risques encourus par les fortescrues dans les vallées encaissées de la Côte-sous-Ie-vent, par les épisodes durablesde sécheresse ou par des pollutions accidentelles, et que l'on mettra à profit une tech­nologie moderne dans le domaine de l'assainissement des eaux usées, que l'on ex­ploitera rationnellement les gîtes aquifères pour l'approvisionnement en eau de de­main, etc.

Dans le même esprit, façonnera-t-on des contrats de rivières pour «Goyaves" ou"Vie ux-H abitants» ? Procédera-t-on à l'entretien des berges des cou rs d'eau de lacôte Atlantique et au curage des mares et des canaux de la Grande-Terre?

Enfin, on planifiera de façon cohérente les ouvrages d'eau sur le territoire, on amélio­rera la qualité des eaux de baignade sur certaines 'franges du littoral de l'archipel eton favorisera l'ouverture sur le marché de l'emploi des métiers de la filière eau ...

Gageons que l'initiative du Conseil de la Culture, de l'Éducation et de l'Environnementpour informer les guadeloupéens des travaux réalisés et des progrès qu'il reste à fairedans le domaine de la gestion et de la préservation des ressources en eau fera date.

Le CCEE contribue ainsi à un indispensable processus de progrès social et de préser­vation active de notre environnement.

~ICI' rT~A

Géographe

Page 6: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ESPACE SANTÉ de RAVINE CHAUDE97 129 LAMENTIN

Téléphone: (19 590) 25 78 29Télécopie: (19590) 25 60 08

SOCIÉTÉ DES EAUX de CAPES-DOLÉDOLÉ - 97 113 GOURBEYRETéléphone: (19590) 92 10 92Télécopie: (19590) 9226 19

Page 7: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Remerciements

La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage estfondée sur les résultats acquis par les organismes auxquels appartien­nent les auteurs, dans le cadre d'études commanditées le plus souventpar le Conseil général ou le Conseil régional de la Guadeloupe.

À ce titre, nous remercions Madame la Présidente du Conseil régional,Monsieur le Président du Conseil général, ainsi que Messieurs les Direc­teurs des organismes ayant collaboré à cet ouvrage.

Nous tenons à remercier aussi, la Société des Eaux de CAPES-DOLÉ, laDIREN de la Guadeloupe, le Maire et la municipalité du LAMENTIN sansl'aide desquels la réalisation de cet ouvrage n'aurait pu être menée à sonterme.

Page 8: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

s 0 M M\) L'eau sur la planète

Jean-Jacques Jérémie

1 \ Le climat

'otholie BleuseChorles Mondor

17

Présentation de la Guadeloupe

Géomorphologie et paysagesFronçoise PogneLJ

) 1 Les solsYves-Morie Cobidoche

L'occupation du territoireChrisline Michenpou

Les ressources en eau

L'eau atmosphériqueL'évapotranspiration

Yves-Morie CobidocheLes précipitations

No lila 1ie Ble use, C h0 rie s MondorMore Moreil

35 Les eaux de surfaceMore Moreil

4 Les eaux souterrainesChorly oulinVincenl Pelil

L'eauet les risques naturels

Ouragans, crues et inondationsMore Moreil

Nathalie Bleuse, Charles Mondor

Les sécheressesMore Moreil

Notholie Bleuse, Chorles Mondor

7 1 Les autres risquesCharly PoulinVincenl Pelil

( 1

(

7) La protection des hommes et des biensChrisline Micheneau

Page 9: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ALes usages de l'eau

L'eau potableChrisline Micheneau

L'irrigationChrisline Micheneau

Les autres utilisationsJean-Jacques Jérémie

R E

, .

La qualité de l'eau

Pollution de l'eau et

dégradation de l'environnementJean-Jacques Jérémie

L'assainissement :3J e a n - Pie r r e j-J CI n g 0 u e 1

Karine Lamour

Les objectifs de qualité 5Chrisline Micheneou

La gestion de l'eau 1 ( 1

le schéma d'utilisation de l'eau 1C .'2Ch ri s t ine M ich eneo LI

La modélisation du fonctionnementd'un système d'eau l '.Ivlarc Moreil

La situation administrative 1 . <1Chrisline Micheneall

Conclusions 1 1 1

tvlorc l\1orell

Annexes

Glossaire

Liste des sigles

Bibliographie

1 13

Il J

1:20

Page 10: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 11: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

,

\

JeClI1-JClcqUf" Jér~?rnie

Eau salée: 97 %

Leau est indispensable à toute forme de vie terres­tre. Elle occupe près des 3/4 de la surface de notreplanète.

Elle est également présente dans l'atmosphère et enprofondeur puisqu'elle entre dans la composition dumagma terrestre.

L'eau existe dans la nature sous les trois états de lamatière:

- l'état solide (glaciers, neige, grêle ... ) ;- l'état liquide (mers, lacs, nuages ... ) ;- l'état gazeux (vapeur dans l'atmosphère).

Composante principale de notre environnement, ellesubit des successions de transformations d'états:

- vaporisation / condensation entre l'état liquideet l'état gazeux;- sublimation / cristallisation entre l'état solide etl'état gazeux;- fusion / solidification entre l'état solide et l'étatliquide.

97 % de l'eau présente dans notre système climatiqueest contenue dans les océans; reste 3 % d'eau douce,dont une infime partie se trouve dans J'atmosphère(0,0001 % du total).

Glaces: 77,2 %

Eau douce: 3 %

Répartition de l'eau sur la planète.

Eaux douces.

Atmosphère:0,03 %

Sol,sous-sol:

22,5 %

Lacs, fleuves: 0,3 %

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 12: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Le cycle de l'eau

Lesprécipitationssouslecli­mat guadeloupéen sont es­sentiellementsous forme li­

quide.

Une partie de .l'eau précipitéeretourne vers l'atmosphère, parév apotran spi ra ti on.

Le terme d'évaporation désigneles pertes en eau des nappes d'eaulibres sous forme de vapeur (lacs,retenues, mares); alors quel'évapotranspiration regroupe lespertes du sol: absorption de l'eaupar le couvert végétal ou animal,et restitution à l'atmosphère par

transpi ration.L'évapotranspiration est liée àun grand nombre de paramètrestels que température, vent, hu­

midité, rayonnement. ..

L'eau non restituéeà l'atmosphère

migre sous forme:

- d'écoulements de surfacerapides (rivières, ravines ... ),

transitant parfois par des zo­nes de stockage naturel(étangs, mares ... ) ou artificiel(retenues ... ) ;

- d'écoulements souterrainsintervenant après infiltration;ces eaux sont souvent sto­ckées en profondeur dans desréservoirs constitués de ro­

ches poreuses et perméablesformant les aquifères.

Si elles ne sont pas utilisées parl' homme, les eaux souterrainesparviennent finalement à la mer.

Le cyc le de l'eau se poursuit: c'estle milieu marin qui, par évapo­

transpiration, humidifie les mas­ses d'air véhiculées par l'alizé.

Par condensation, il Ya formati onde nuages, etéventuelJement pré­

cipitation.

Établir le bilan en eau d'une reglOn sur une périodedonnée, c'est chiffrer les quantités d'eau qui entrent et

sortent des différents bassins versan ts qui la composent(le bassin versant d'une rivière est la zone à l'intérieurde laquelle l'eau précipitée s'écoule et converge vers larivière).

Le bilan hydrologique d'un bassin versant peut s'expri­mer schématiquement par la formule suivante

P = E + Q + 1 + U + dR

al'cc' P : précipitation

E : évaporation + évapotranspiration

Q : écoulement

1 . infi1trat ion

U : utilisation humaine

dR : stockage

Chacun des termes du bilan hydrologique est naturel­lement pondéré par divers paramètres climatiques etgéographiques. Parexemple, la température est l'u n desfacteurs principaux du pouvoir évaporant de l'atmos­phère, le relief conditionne les précipitations des mas­ses nuageuses, et la nature de la couverture végétaleinflue sur les phénomènes d'interception et de transpi­ration.

Les durées de séjour de l'eau dans les différents com­partiments du cycle sont très variables. En moyenne,elles sont de j'ordre de la semaine dans l'atmosphère,de plusieurs jours à plusieurs semaines dans les rivières,des siècles à des millénaires dans les grands aquifèresdu sous-sol, d'une trentaine de siècles dans les océans.

L' év al uation des différents termes du cyc le de l'eau fai tl'objet des prochains chapitres. _

Schéma du cycle de l'eau.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 13: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

L'ARBRE ET LE CYCLE IJE l/PAU

/("mlh\l /Uff\1rlf ..JU/' \ ••.

lllj~"r'h I, '~'ol',njl d'"j/l j'~' /, (<111,,11/11111"

L'écoulementle long du tronc

1

La transpiration

10

L'évaporation du sol

l

_1_1

/" t 1/"1011"0' '/li.I"/I/I"FI

li 1/1/ I/OU /'11/11 IPllll ""'0 t/,.'lt 1 . ItUI· , l'tI"'''',II; '1/ ,

1 ;1//""";"\/'"'''''''' 111"'(1/"'11/

· ",O'~/"'III HU JU',

'-"" d"I/I nl ,1/. - ,'lll/lnll'/"'" .. ,/ 1 IWI',

1 (dj~(, 1111 '" 'Ill ~" III III, ,U (d)' ,

· tl"UJ'IIt.lltlll'I,.,!. lt ll/t/I., , "

1", Hill. 1111 t'/I, 'llI.1 Ir

'fi' •

'fll l ' '1 "

"III/tilt/lIII/U '/10'/ fI (ho, ..... i., ""1'1"" ,1'/ <l1f 1/11/(,1101111 \

- Il 'IJ /, 1/ fi, '\( ,!II III .Iu 1III \ \l tlt fil' "II! ~ III It '1_'

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 14: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 15: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

'.III,li,I.'I.II"

(1,,,10. \1111111 Le climat de la terre en général, et des régionstropicales en particulier, est directement lié à laposition du globe terrestre par rapport au soleil.

L'axe de rotation du globe terrestre étant incliné de 23°sur le plan de son orbite, les deux hémisphères nereçoivent pas toujours la même quantité d'énergiesolaire. En hiver boréal, l'hémisphère sud est le plusexposé; c'est l'inverse pendant l'hiver austral. Aux lJéquinoxes, les deux hémisphères ont le même enso­leillement.

Équinoxe (Je rrinlemp" (20 mars)

Solstice J'élC(11 juin)

de/oupe ISlicc d'hi ~r

(22 dé 'cmbre)

Répartitioll de f'hIC'l"~i('

,wh/l rc S1/ r fa pfo lIèt e.

Équine e d'aul )Inne (13 sèptcll1l re)

Alors que l'équateur reçoit plus de rayonnement solairepar unité de surface que les pôles, la circulation atmos­phérique, par les échanges méridiens de chaleur quil'accompagnent, permet de réduire les écarts de tem­pérature entre les régions polaires et équatoriales (surla lune, dépourvue d'atmosphère, ces écarts atteignent200°C, et seulement 40°C sur la terre).

Rayonnëinenl sa/aire

Le rayonnement solaire est uni­fOlme mais, aux latitudes élevées,il se répartit sur une plus grandesurface qu'à l'équateur.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 16: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

,

Le "carême" ou

saison sèche

(février-mars)

sHi ver austral

- ///Fron.lJlolaire austral

Equ(Jrellr

~

7'ro[Jiqll;;;e;-d-;/;u-::L-;;'(Jp;:;;"-:;;:ic~ol;;;;'I1;-e -----:::::-.......::.~--- /~

N

Circulatlol/ /llll/o,lpliaiqllc //10 l'el/Ile.

est l 'hiver boréal. La ZIC est dans sa position laplus sud. L'alizé suit la face méridionale del'anticyclone des Açores, peu développé, et lui

aUSSI dans sa position la plus sud. Le front polairedescend jusqu'à la Floride.

La structure verticale de l'atmosphère typique de cettesaison est représentée ci-après.

La couche d'al izé est instable; elle est surmontée d'unecouche très stable: lacouche d'inversion qui stoppe lesmouvements verticaux.

Les différentes saisons se caractérisent par des migra­tions et des renforcements ou des affaiblissements descentres d'action météorologiques permanents. Ainsi,aux Antilles, la circulation générale atmosphériqueagissant sur la position relative des centres d'actionpermet de définir deux principales saisons avec destypes de temps bien différents: lecarême et l' hivernage.

On distinguera notamment

- des vents d'est dans les ré­gions polaires;

- des vents d'ouest aux lati­tudes tempérées;

- des vents d'est aux latitu­des tropicales: les alizés;

- le front polaire: zone deconflit entre 1'airfroid polaireet l'air chaud tropical;

- l'équateurmétéoroJogiqueou ZIC (Zone Intertropica le deConvergence) : ceinture nua­geuse autour du globe maté­rial i sant 1a rencontre de l'al izéde nord-est de l'hémisphèrenord avec l'alizéde sud-est de1'hémisphère sud. La conver­gence de ces al izés, qui sontchargésd'humiditéparun tra­jet exclusivement maritime,entraîne une forte élévation del'air au niveau de la ZIC et, parconséquent, la formation denuages convectifs. Ainsi, laZIC, qui fait l'effet d'une bar­rière météorologique perma­nente entre les deux hémis­phères, est-elle une zone defortes précipitations;

- deux zones de subsi­dence aux latitudes tropica­les de part et d'autre et paral­lèlement à la forte ascendancede l'air de la ZIC. Cettesubsidence explique que, gé­néralement, on n'observe pasde formations nuageuses im­portantes au niveau des tropi­ques.

Lors de l'été austral (ou hiverboréal), l'ensemble de ce systè mese décale vers l' hémisphère sud,c'est alors lui qui reçoit le plusd'énergie solaire.

La figure ci-contre schématise lacirculation atmosphériquemoyenne pendant l'été boréal (ouhiver austral).

u

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 17: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

(de juillet à octobre)

L'hivernage ousaison humide

pendant l'été boréal, la ZIC re­monte vers le nord. L'anticyclonedes Açores se

renforce, tout en sedécalant vers les lati­tudes tempérées.L'alizé prend une

direction sud-est; il est très humide.Cirl/latioll géllérale (/fll1osphéri­

q/le en vaisoll s('che.

~ ',.,u/lIre "erl/cale Jel'Of!TIO.lpltèrt' ('11 'i IÎSOIi lèdle.

ZIC

Ventd'est

Ventd'ouest

-80°C Température 30°C O°C

Couched'alizé

Couche detransition

Couche d'inversion

Altitude

Couchesupérieure

9000 m -

6000 m,

5000 m •

ZIC

"itrT/I'l/lre l'e,.,irale de l'atmosphère ell \([i.wl/ humide.

Ci1'('111(If illll gt'IIéru le li f /7/o.'iphériquc ell 1I/I'(,l'Iluge.

La structure verticale de l'atmosphère présente unecouche d'alizé instable plus épaisse que pendant lecarême (environ 5 000 mètres), surmontée d'une inver­sion peu marquée ou même limitée à une isothermie.Dans la couche de transition, les vents ont une directionvariable. Les forts vents d'ouest de la couche su périeuresont repoussés en très haute altitude.

Ventd'ouest

Couchesupérieure

Couche detransition

5000 m

10000 m_

Altitude

Si on excepte certaines situationsmétéorologiques particulièrescomme les pannes d'alizé ou lesdescentes d'air polaire (frontsfroids de carême) le développe­ment vertical des nuages est li­mité à environ 2 000 mètres, et negénère que de brèves averses. Onnotera qu'au-dessus de la couched'inversion (vers 3 000 mètres),il y a une rotation des vents, ausein de la couche de transition. Onretrouve toujours, au dessus de8 000 mètres, des vents d'ouest,1iés à la présence d' airfroid d' ori­gine polaire.

2000 m _Couche d'invers_~~~_-~_-_-_-~~~7 Vent

LCouche d'est

d'alizé

-80°C Température 30°C O°C

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 18: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Humidilé en %

78

1llIllIidifc\ /1101'(,1111(;1' 1I1('11.\/IC//I'S_

-1

A SON D

A SON D

~ Vieux-Habitants(Basse-Terre)

... __ .... ..

M J J

Le Raizet...r. (Grande-Terre)

• "O~' ..... --

(Sain~~~t:l~i:lemy) _.' ··':;;·=-~:"--····"=I··---"t '-*./ 'n"~~~

./1- Vieux-Habitants ~ l, ..... ()

... ,).,/ (Bass/!-Terre) ",,'- '.t .... ".

... ".

76 '"'"

28

" ~"f'"

25 0' \) (.~

- ----e,...:

24

J F M A M J J

'~" ""-'

74 -- r'---{.- -"~i'

72 "~

''''_y-70

J F M A

Température en Cc

29

27

82

80

26

Te nif7{ ra {Il re.\ IIIO\'{' Il Il es II/{' Il sile1/(' s_

Les condi tions son t fa vora bles àdes mouvements verticaux im­portants, peu frei nésparlacouched'in version etgénéra teursde n ua­ges à fort développe men t verti­cal. C'est pendant l'hivernagequ'on relève les précipita tions lespl us im portan tes liées à des cel­1ules nuageuses isolées très acti­ves ou à des pertu rba tions a tmos­phériques de grande échelle(ondes d'est ou cyclones parexemple).

Entre les deux saisonsq ueson tlecarêmeetl'hivernage,onobservede ux in tersa iso nsa uxcaractéris­tiques pluviométriques moinsmarquées.

Lesautresparamètresmétéorolo­giq ues présen ten tunevariabi litésaisonnièreet spa tiale bea ucouppl us réd ui te. Les figures su ivan­tesmontren tl 'évolutionann ueIJedes tem pératu res, de l'h umid itéetde l'insola tion en divers postesde l'archipel. _

Grande- Terre

Basse-TerreLe /?(Ii:l'I

• • La Désirade

Sa 111 f -FUIIIÇ'III S

•/' .- Busse- f('rre

\ Il'II,\ -//llhi1111/1\Insolalion en heures el dixièmes

Marie-GalanteLes Saintes

9.5Basse-Terre

9 (Bqsse-Terre)~.,).~ ,"

8.5. :J'

8 -") _ _\~ _ . Ç1ç.-...,.... ...

7.5

7

6.5 - ---- _o.

6

J F M A M J JAS 0 N D

Insn/ariolls moycnl/e. (//lotie/icl/lleS

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 19: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

1

1 r(lnçoise P(J'jIH'l)

Géomorphologieet paysages

a Guadelou pe offre, sur u ne superficie réd ui te,(1 709 km 2) une grande diversi téde paysages etde formes en relation avec ses caractéristiq ues

géologiques.

La Guadeloupe proprement-dite ou "Basse-Terre"(950 km 2

), île montagneuse issue d'un volcanismerécent, diffère de la Grande-Terre (570 km 2

) dont ladominante tabulaire résulte de recouvrements calcai­res. Les dépendances proches reflètent la diversitéstructurale des îles principales: les Saintes, volcani­ques, s'apparentent à la Basse-Terre; Marie-Galanteet la Désirade, à bâti volcanique et sédimentaire, ontune structure similaire à celle de la Grande-Terre.Enfin, les dépendances du nord (Saint-Martin et Saint­Barthélemy) juxtaposent elles-aussi, mais de façon

plus complexe, roches volcaniques et sédimentaires.

LA CHAÎNE MONTAGNEUSEDE LA BASSE-TERRE:UN ENSEMBLE VOLCANIQUEL'archipel guadeloupéen fait partie du double arc desPetites Antilles (cf. carte), extrémité orientale de laplaque caraïbe sous laquelle s'enfonce la croûte océa­nique atlantique. De cette subduction, il résulte uneintense activité volcanique qui se traduit par les édifi­

ces de l'arc interne, auquel appartient la Basse-Terre.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

li

Page 20: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Hsvans OCÉAN ATLANTIQUE

aD\;~J}

2S~u~ 1J BAHAMAS

Cl ~t:a~~ ~ w

<r'l ~ Cuba <:::l~"-5. 0 '-' <> IJ 0

GRANDES c7 0

GOLFE DMEXIQUE (1

Ç;j00 ::;.0 OoO~

MER DES CARAïBES

N

~~~'on

blic San Juan =-----'....,o·Qg- "'"<l BarbudaSanto Domln!fij 0 v,-" 1)

Puerto Rico NevIs~ S~ohnsSI. Thomas 0 r Antigua

Basse-Terre ,~)duadeloupe

PETITES Roseau~DominicaMartinique

ANTILLES Fort-de-FrancetJ~aslrles

St. Lucia ~ BarbadosKlngslown~ ..

St.Vincent ~ Brldgelown~

<'\ St. George .J'Grenada''-.'~ '\) :',

~J /J 'o. O~ Port of Spain 0obago

~~......., :-'.' ()Q ---=.

\ -..:=----.- Trinidad

; -AMÉRIQUE7Jt:JS[J~ r·~ ~,-~

Le dou!J!c a,.c des Peliles AI/lilles.

Les plus hauts d'entre eux (lesalti tudes cu 1m inenr à la Soufrièreà l 467 m) correspondent au vol­canisme récent, d'âge inférieur àun million d'années. Ils s' éche­lonnent au sud des Pitons desMamelles. Au nord, un volca­nisme antérieur a mis en place desreliefs plus modestes.

Le modèle actuellement admispour l'édification de la Basse­Terre et basé sur les donnéespétrologiques fait état de l'exis­tence de trois ensembles qui sesuccèdent du nord au sud et cor­respondent à trois générationsmagmatiques majeures. Cetteévolution globale s'est faite lelong d'axes de distension orien tésnord-sud. Les activités volcani­ques actuelles se localisent au sud(Soufrière active) et au sud-ouest(champ géothermique). Dansl'en­semble, dominent des construc­tions issues de magmas acides,donc visqueux, donnant des dô­mes et des pitons (Soufrière, Ma-

deleine, Mamelles ... ), des brèches de nuées ardentes,des accumulations de pyroclastites, des couléesandésitiques d'extension réduite, des coulées de boueou Jahars ... Les formes d'extrusion (aiguilles, cloche­tons) de la Soufrière ou de la Madeleine témoignent dela jeunesse de leur mise en place. Des formes en creux(cratères) couronnent des cônes pyroclastiques.

Lu Basse-Terre sous les lIuages, (/// cOI/clier du soleil.

Si la vigueur de l'ensemble, surtout dans la moitiéméridionale de la chaîne, résulte d'une mise en placerécente (l'érosion a réduit davantage le volume mon-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 21: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Géomorphologieet paysages

tagneux au nord), l'entaille descours d'eau y est vive. Les fortespentes et l'abondance des préci­pitations déterminent un réseaudense de cours d'eau de type tor­rentiel qui sculptent avec aisanceles matériaux hétérogènes, sou­vent non soudés, déposés au coursdes éruptions volcaniques à do­minante explosive.

Les entailles linéaires, fréquem­ment guidées par la structure(fai Iles, cou lées vo le an iq ues) d is­sèquent les flancs des reliefs, lesmodelant en crêtes vigoureuses.

Ces paysages hardis se rencon­trent tout au long de la façadecaraïbe. Côté est, "au vent", onretrouve la marque de l'érosionfluviatile et le flanc du massifs'incline vers un long piémont.

LES PLAINES ETLES PIÉMONTSARGILEUX

La plaine argileuse des Abymes,le fossé de Grippon Morne-à­"Eau, le piémont de la Basse­Terre, sont de vastes étenduescouvertes de sols ferrallitiques,très épais, à la couleur rougecaractéristique. Ces derniers

Paysage voluwiqueal'CC IJO /1(1 ne ra i e

proviennent d'une longue altération chimique, souscouvert forestier, en climat chaud et humide.

COLLINES ET PLATEAUXCALCAIRES: GRANDE-TERRE,MARIE-GALANTE, LA DÉSIRADE

Comme sur toute formation decalcaires purs et relativement durs, lafracturation des roches élargie pardissolution permet l'infiltrationrapide des eaux précipitées sur le solvers les nappes profondes. C'estla raison pour laquelle la Grande-Terre et les îles analogues ne l.2.comportent aucu ne ri vière permanente mais des cu vettesfermées, appelées dolines, dans lesquelles se perdentles eaux de ruissellement. Un tel relief associé à ce

fonctionnement hydrologique est appelé karst.

Le karst à mamelons des Grands-Fonds, dont on re­trollve l'équivalent à Marie-Galante (les Hauts deSaint-Louis), est sans doute l'un des éléments les pluspittoresques de la morphologie en Guadeloupe.

Les sédiments calcaires, d'une trentaine de mètresd'épaisseur, datés du Plio-Pléistocène (inférieurs à 4millions d'années), sont modelés en un remarquablekarst aux vallons argileux et collines convexes cons­tituant un maillage topographique d'une extrême com­plexité.

fanage de C"olldl:'-Terre.

Là où la tectonique n'a pas déterminé de soulèvementimportant, les calcaires donnent des plateaux (ceux dunord et du sud-est de Grande-Terre, ceux de Marie­Galante, la table de la Désirade) à dolines, très visiblespuisqu'elles sont occupées par des mares. Des faillesdonnent des escarpements de faible ampleur etaccidentent ces paysages tabulaires.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 22: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES RELIEFS1

CONTRASTESDES PETITES ÎLES

Au premierabord, on peut scinderles petites îles de la Guadeloupeen deux catégories:

- l'une, à sou bassement vol­canique et à recouvrement decalcaires plio-pléistocènes,voire quaternaires (la Dési­rade, Saint-Martin et Saint­Barthélemy) ;

- l'autre,exclusivementvol­canique, correspondant à l'ar­chipel des Saintes.

La Désirade com porte l'ensem blele plus ancien de l'arc des PetitesAntilles, ensemble vieux d'envi­ron 145 millions d'années.

Dans ces îles, les formes sontgénéralement hard ies, malgré desaltitudes assez modestes. C'estque la proxim ité d u niveau de basey a favorisé l'incision des coursd'eau et que des phénomènesextrusifs volcaniques ont mis aujour des roches dures, peu atta­quées par l'érosion.

DES PAYSAGESCÔTIERS VARIÉS

La région offre une grande diver­sité de littoraux. Les côtes desu bmersion, occ upées par la man­grove et les prairies d' arrière­mangrove,jalonnentles baies auxeaux calmes et peu profondes(Grand-Cul-de-sac-marin et Pe­rit-Cul-de-sac-marin, lagons desîles du nord).

Ailleurs, les côtes d'émersion semanifestent, par des falaises etdes pointements rocheux (falai­ses de la Pointe d' Antigue dans lenord de la Grande-Terre, de laDésirade et de Marie-Galante).

Plages, cordons fermant des lagunes, résultent d'accu­mu lations sableuses d'origine corallienne. À l'avant dulagon, les vagues se brisent sur la barrière corallienne.

Enfin, les massifs volcaniques de la Basse-Terre et desSaintes sculptent des côtes rocheuses où alternent capset anses au sable gris.

En conclusion, la Guadeloupe est un modèle réduit desPetites Antilles. Sa diversité structurale et morpholo­gique est telle qu'elle offre, sur un espace restreint, lesprincipaux paysages des îles de J'arc antillais.

Lillnral ail 'Vellf de lu Grul/de- Terrc.

La Désirade, vue de fa poinfe dn ch(jfeaux.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 23: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les sols

a formation des sols pro­vien tde l'al tération des pro­jections sur un sous-basse

ment volcanique en Basse-Terreou recouvert de calcaires enGrande-Terre. Cette altérationfournit des argiles dont le typedépend de la pl uv iométrie, de l' al­titude et de l'âge des sols. C'estpourquoi les sols de la Guade­loupe sont très variés malgré lataille restreinte de l'île.

Pour chaque type de sol, un arran­gement spécifique des particulesd'argile détermine les propriétésd'infiltrabilité et de réserves eneau pour les cultures ainsi que lerisque de pertes en terre par éro­sion en nappe: trois propriétéspédologiq ues importantes pour lagestion des ressources en eau.

Érosion dOl/s fa région dcs Grands­Fonds,

La chaîne volcanique septentrio­nale de la Basse-Terre, largementdémantelée par l'érosion, date de2 à 4 millions d'années: les solsferrallitiques acides y sont prin­cipalement constitués d'halloy­sites en tubules cimentées par lesoxydes de fer en microagrégats.

Les sols rouges de la Basse-Terre ont une infiltrabilitéélevée mais une réserve plus faible; les couchesprofondes participentcependantà l'alimentation eneaudes racines grâce aux remontées capillaires que permetl'arrangement des microagrégats. La pl uv iométriemoyenne interannuelle dans cette région d'altitudeinférieure à 100 m évolue entre 2 et4 m de hauteurd' eau.

La plupart des volcans du sud de la Basse-Terre ontmoins de 100000 ans. La Soufrière, qui culmine à1 467 m d'altitude, est célèbre parson éruption phréatique de 1976. Ladernière éruption magmatique re­monte au XV· siècle.

La fone pluviométrie (2,5 à Il m depl uviométrie in teran nuelle) affectan tle massif permet la formation d'andosols constitués 11essentiellement d'allophanes, gels en flocons très hy­dratés. Leur réserve en eau est importante et fac ilementexploitable même par des racines peu denses; l'eau enexcès est rapidement évacuée; malgré la pluviométrieet la pente très fortes, les particules de terre sontsuffisamment solidaires entre elles pour que l'érosionsoit quasi inexistante.

La Grande-Terre, au relief peu marqué comme Marie­Galante, est constituée de calcaires récifaux sur les­quels les matériaux de projection volcanique ou

d'origine alluvionnaire ont formé dessols argileux plus ou moins profonds(quelques décimètres à quelques mè­tres). La pluviométrie moyenne inter­annuelle varie selon l'exposition, entre1 200 et 1 800 mm. Les vertisols noirsde Grande-Terre et de la Côte-sous-le­Vent, sont constitués de smectites ouargi les gonflantes disposées en nidsd'abeille à géométrie variable. Ce réseaupermet une réserve importante mais soncloisonnement entrave la circu lation del'eau. Ainsi, seules les plantes à enraci­nement fin et dense parviennent à utilisercette réserve. Par ailleurs, le gonflementde ces argiles, lorsqu'elles sont humides,

empêche totalement l'infiltration; le ruissellement estalors très important, générateur de crues subites, desubmersion des zones plates et d'excès d'eau durables,mais aussi d'érosion en nappe lorsque les argiles sedispersent facilement.

Les îles de la Désirade, des Saintes, de Saint-Barthé­lemy et de Saint-Martin portent des sols peu profondset peu évolués principalement sur roche volcanique.Paradoxalement, ce sont les zones les moins pluvieuses

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 24: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

qui supportent les risques de perteen terre et d'inondation les plusforts.

LI!, llpes de sol de lu G l/ac/elOi/fic,

Andosols

Sols hlïln-rouille à ha//oysile

Solsferra//iliques à ha//oysile

Sols sur formations volcaniques

_ Venisols à smeuile

Sols à monlmorillonile el kaolinile

La fertilité chimique des sols esten relation avec la pluviométrie:les sols fertiles des zones sèchessont saturés en base de pH neutre,alors que les sols des régionshumides montrent des carencesen base et un pH fortement acidequi peut entraîner une toxicitéaluminique pour les plantes.

Sols sur formations de calcaire corallien

Verlisols el sols "eniques à smeclile

Sols peu profonds calcimagnésiques

A Il uvions-coll uvions

l' 1

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 25: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

L

Si le taux de boisement reste relativement important(39 %), il est adapté aux conditions climatiques ettopographiques, et la déforestation ne saurait se pour­suivre sans compromettre le cycle de l'eau et la stabilitédes sols comme on j'a vu dans d'autres îles de la Caraïbe.

canne il ~lIcre

29 %

~urfaces é1grico!t" .:n (Ir

hüi~. for~ls

39 %

zone~ urhaines15 (';'(

Loccupation duterritoire

a mise en valeur du terri­toire s'est faite au détri­ment des formations

naturelles originelles avant de seheurter à des limites physiques depentes et de pluviométrie (excèsou insuffisance) et à la pauvretéou à J'instabilité des sols.

UN MILIEUNATURELÀ SAUVEGARDER

Malgré un flux d'émigration très important dans lesannées 70, la population de la Guadeloupe a progresséde37 %depuis 1961 pourarriveren 1990à387 000 ha­bitants, soit une densité de 227 habitants par km 2

(contre 102 en métropole). Mais l'extension des surfa­ces construites a progressé beaucoup plus vite que lapopulation avec l'augmentation sensible du niveau devie, l'abandon des "centres-bourgs" vétustes stériliséspar les indivisions, et l'aspiration générale à la maisonindividuelle sur terrain familial.

L'habitat s'est ainsi tout naturellement étendu au dé­triment du terroir agricole le plus productif: terrainsplats ou peu pentus, proches des zones déjà urbaniséeset/ou facilement accessi bles.

Aujourd'hui subsistent quelquessavanes, des friches dénaturéespar les tentatives d'exploitation,mais aussi un espace naturel boiséde 66 000 ha env iron, composé :

- d'une forêt humide de mon­tagne (dont 28 060 ha de forêt"domaniale"). La création duParc national en 1988 sur17 300 ha, inclus pour l'es­sentiel dans la forêt doma­niale, répond à un souci deprotection de ce patrimoineexceptionnel;

- d'une forêt sèche pl us oumoins rabougrie des mornes etplateaux squelettiques;

- d'une mangrove (8 000 hasoumis au régime forestier).Dans le Grand-Cul-de-sac­marin, 1 600 ha sont inclusdans la réserve naturelle asso­ciée au Parc national et desti­née à protéger les milieuxhumides du littoral;

- d'uneforêtsèchedomanialedu littoral (1 500 ha).

L' habi tatet les acti v ités occu pentles piémonts, les plaines et dé­pressions, et les franges littorales.

lande~

19 C'1r,

pÙlurages. rrairi~s

25 (k

UNE PRESSIONDÉMOGRAPHIQUEIMPORTANTE

ban'mes13 ('k

J";gulllcsdi vers 7 'le7%

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 26: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

UNE RÉPARTITIONDÉSÉQUILIBRÉE,

DES ACTIVITESÉCONOMIQUES ETTOURISTIQUES

Les communes de Pointe-à-Pitre,Abymes et Baie-Mahault regrou­pent l'essentiel des activités in­dustrielles et commerciales etexercent de ce fait une formidableattraction démographique: ainsi,en 1990, elles concentrent 27 %de la popu lation sur à peine 6,7 %de la surface départementale.

Malgré une diversification ré­cente, le tourisme reste centré surl' hôtellerie de la "Riviera" et desîles du nord, laquelle, avec unecapacitédel'ordrede6 OOOcham­bres accueille environ 330 000touristes par an. D'importantsprojets rééquilibrants sont pré­vus, notamment à Vieux-Habi­tants et Anse-Bertrand, mais leseffets n'en seront pas percepti­bles avant une dizaine d'années.

UNEAGRICULTUREEN DIFFICULTÉ

Autrefois richesse économiquemajeure, l'agriculture estaujourd 'hui un secteur en diffi­culté qui doit faire face à la con­currence extérieure, compenserla faiblesse du marché intérieur,recon vertir les hommes et lesstructure et résoudre le problèmede l' ali mentation en eau pouramé­liorer et diversifier les produc­tions. Elle a donc du mal à conte­nir l'extension des zones urbai­nes. Si la surface agricole utilisée(SAU) globale a assez peu variéces dernières années, la part rela­tive des terres de valeur agrono-

mique médiocre s'accroît du fait du grignotage urbaindes meilleurs sols. Par ailleurs, l'évaluation de lasurface agricole utilisée peut se faire selon deux mé­thodes : l'évaluation visuelle globale, mise à jourchaque année, et le cumul des surfaces des exploi tationsagricoles, qui n'est révisé qu'à l'occasion du recense­ment général agricole. En 1981, les deux estimationscoïncidaient à peu près mais, en 1989, la SA U ressortantdes exploitations agricoles était inférieure de 16 % à laSA U glo ba le. La d iffére nce vien t de s terrains "c u 1ti vés"simplement pour l'entretien mais considérés par leurspropriétaires non agriculteurs comme un patrimoinevoué à la construction.

ORIENTATIONS POUR LESZONES URBAINES

La structure démographique laisse penser que la crois­sance va se poursuivre sur la lancée actuelle. Cepen­dant, les décideurs s'accordent désormais à limiter lesextensions urbaines par la densification de l'habitat, larevalorisation des "centres-bourgs" et un zonage d'ac­tivités harmonieux et rééqui libré vers la Côte-sous-le­Vent, le nord de la Grande-Terre et les dépendances.Toutefois le pôle pointois conservera sa prééminence,confortée par l'amélioration prochaine des grandesinfrastructures portuaires, aéroportuaires et routières.Les surfaces déjà c lasséesen zone d'urbanisation futuremais non encore construites devraient suffire à laconstruction des logements nécessaires pour les 20 ansà venir, sauf à en ajuster la répartition. •

Pointe-ô-Pilre cr ln Ri\'ière Salée.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 27: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Zones urbaines et c!'l/,./J {nisatioll jÛllfl'e.

(d'après les POS opposables au 31/12/1991)

Zones touristiques _ Zones d'habitat existant aggloméré ou diffus etzones d'activité

Zones d'extension futurede l'habitat et des activités

Limite du Parc national

Limite de forêt départementale-domaniale

BASSE-TERRE

Sainte-Rose

-----,TEl R '-DE-I-IA T

lo~TERRE-DE-1:3A,L:j J

Anse-Bertrand 4.

Port-Louis

Baie­Mahault

LA DÉSIRADE

GRAN DE-TERRE

Moule

MARIE-GALANTE

Grand-Bou 'g

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 28: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Vinunl r elil

Leau atmosphérique

Leau atmosphérique se compose d'eau à l'état devapeur caractérisant l'humidité (ou degré hygro­métrique de l'atmosphère) et d'eau liquide for-

mant les microgoutelettes des nuages qui en s'agré­geant provoquent la pluie.

L'ÉVAPOTRANSPIRATION

Ce terme désigne l'eau qui retourne sous forme devapeur vers l'atmosphère, à la fois à partir du sol(évaporation) et des plantes (transpiration). Trop peude données sont disponibles pour que l'on puisseintégrer l'eau quittant à ['état gazeux les zones urbai­nes ou construites, considérées comme surface négli­geable dans le paysage.

L'évapotranspiration potentielle (ETP) est une gran­deur théorique qui suppose que le sol est recouvertd'une végétation basse et que sol et plantes sont recou­verts d'un film d'eau; elle est donc uniquement dé­pendante des caractéristiques évaporatives du climat.

L'évapotranspiration maximale (ETM) est l'eau per­due sous forme de vapeur par un couvert végétal donné(forêt, prairie, culture ... ) bénéficiant d'une alimenta­tion en eau optimale. Une fois mesurée, elle est engénéral exprimée comme une multiplication de l'ETPpar un coefficient "cultural", prenant en compte letype de couvert et son stade de développement, notionsqui recouvrent implicitement la densité de surfacesévapotranspirantes que constituent les feuilles.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 29: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ETP = 0,24 Rg

l'eauatmosphérique

L'évapotranspiration réelle(ETR) est l'eau effectivementperdue par une surface ou un cou­vert végétal donnés, à un instantdonné. Elle est liée à l 'ETM parune loi de réduction prenant encompte le fait qu'un sol desséchéou une plante extrayant l'eau d'unsol en cours de dessiccation per­dent moins d'eau: la disponibi­lité énergétique de l'eau du soldiminue, les plantes peuvent enmême temps mettre en jeu desrégulations actives de leur perted'eau telles que la fermeture desorifices de sortie d'eau desfeuilles (régulation stomatique).

L'application de ces notions à ladétermination de l'eau effective­ment retournée sous forme devapeur à l'atmosphère pose uncertain nombre de problèmes demesure ou d'estimation selonl'échelle à laquelle on se place.Ces mesures et estimations sontréalisées depuis plusieurs annéespar l'Unité Agro-pédo-climati­que de l'Inra en Guadeloupe.L'ETP est généralement consi­dérée comme proche del'évapotranspiration d'un cou­vert de gazon convenablementalimenté en eau et nourri en mi­néraux. Des dispositifs permet­tant de peser ou mesurer les per­tes d'eau (lysimètres) installés àDuclos, Petit-Bourg (pluviomé­trie moyenne annuelle 3,0 mè­tres, altitude 150 mètres, au pieddu versant est de la chaîne volca­nique) et à May, Saint-François(pluviométrie moyenne annuelle1,2 mètres, plateau est de Grande­Terre), ont fourni les valeurs sui­vantes:

La confrontation avec diverses formules d'estimationde l'ETP à partir de données climatiques a permis deretenir l'équation suivante, permettant de calculerl'ETP (en millimètres par jour) à partir du rayonne­ment global (Rg, en Mégajoules par mètre carré, parjour) :

L'utilisation de cette formule n'est autorisée que pourobtenir une moyenne sur une semaine ou plus, lecoefficient constant sous-entendant un vent moyen,une humidité moyenne et une tem-pérature moyenne fiables.

Compte-tenu de la régularité dej'alizé, fournissant un air toujourshumide, ainsi que de la températurejournalière moyenne, la forte dépen- 17dance de l'ETP par rapport au rayonnement solairen'est pas étonnante. La présence de deux maximums,correspondant grosso modo aux deux périodes de pas-sage du soleil au zénith, en est l'illustration. On noteraque malgré un rayonnement global important, l'humi-dité de l'air entraîne des valeurs de l'ETP relative-ment basses, moitié moindres de celles obtenues enété sous des latitudes tempérées à l'intérieur des ter-res.

L'ETP fournira une estimation correcte des pertes envapeur d'eau globales de grands espaces, couverts deforêts ou savanes, et en dehors de la saison sèche.

À l'inverse, le calcul de l 'ETR d'une parcelle donnéeà une période donnée demandera une bonne connais­sance du coefficient cultural, et de la réduction del'évapotranspiration consécutive à l'épuisement desdifférents compartiments de la réserve en eau du sol.La principale inconnue, qui fait l'objet de recherchesactuelles à l'Inra, concerne la quantification des com­partiments de réserve en eau des différents sols de laGuadeloupe, ainsi que l'évaluation de la disponibilitéde cette eau pour les plantes. C'est là un point clé dela réussite de la diversification des cultures par lerecours à l'irrigation.

oyennes sur un mois

ETP Moyenne Minimum Maximums

mm/jour annuelle décembre avril, juillet

Petit-Bourg 3,6 2,5 4,3

Saint-François 4,8 4,0 5,5

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 30: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES PRÉCIPITATIONSEn région intertropicale, et doncen Guadeloupe, la pluviosité estle paramètre climatique qui pré­sente la plus grande variabilitéspatiale et temporelle. Parailleurs, les pluies constituent, laplupart du temps, le principalapport en ea ua ux plantes du mi­lieu naturel et aux cultures. En­fin, les écoulements des rivièreset la recharge des nappes d'eausouterraines dépendent essen­tiellement du volume des préci­pitations.

28 Les stations, ou postes, de me­sure pluviométrique d'une régionconstituent un réseau. En Guade­loupe, grâce à la densité du réseaupluviométrique, à la longueur desséries de mesures qui dépasseparfois soixante-dix ans, le régimepluviométrique de l'archipel està présent, pour l'essentiel, bienconnu.

Historiq uement, les tout premiersrelevés pluviométriques remon­tent à l'année 1782 (Le Gaux).Les observations météorologi­ques furent effectuées par le Ser­vice de Santé Colonial dès 1834,puis par les exploitants sucrierssurtout depuis 1920.

Le Service Météorologique Co­lonial, créé en avril 1929, n'ouvrela première station guadelou­péenne qu'en 1942àSaint-Claude.C'est en 1950 que la Sous-régionGuadeloupe de la Météorologienationale s'implante au Raizetcréant une soixantaine de postesdont certains sont observés dansles gendarmeries.

Dès les années 1960, l' Orstomimplante un réseau pluviométri­que d'altitude en Basse-Terre quicomprenait dans les années 1980,plus d'une quinzaine de postes àplus de 300 mètres d'altitude.

La banq ue de données pl u vio­métriq ues opérationnelle repré-

sente aujourd'hui l'équivalent de 4 500 stations-an­nées. Le réseau de mesures pluviométriques com­prend actuellement plus d 'u ne centaine de postes.

Variabilité spatiale

L'évaluation de la pluviométrie moyenne annuellepermet de tracer après interpolation, les courbesd'égale pluviométrie, appelées isohyètes, expriméesen hauteurs d'eau mesurées en millimètres (soit enlitres par mètre carré).

"~14(~!

i.:11 1

1"1"1

~"~II~I~

Courbes isohyètes de la pluviométrie moyenne annuelle(enrnnl).

La Guadeloupe reçoit, en année normale, 3 à 4 mil­liards de mètres cubes d'eau, représentant environ50 fois la consommation humaine globale (eau pota­ble, eau industrielle, irrigation, etc.). Globalement, laprésence des terres de la Basse-Terre et de la Grande­Terre multiplie par près de 2,5 fois la pluviosité surl'océan qui l'entoure estimée à 900 mm.

Le tracé des isohyètes met en évidence une variabilitéspatiale des précipitations tout à fait remarquable: sienviron 1 000 mm d 'ea u sont recueillis en moyennesur les régions les plus sèches, le sommet de la Sou­frière enregistre une pluviométrie annuelle voisine de12 000 mm. Cette amplitude est tout à fait exception­nelle: par comparaison, un climat tempéré commecelui de la France métropolitaine, ne produit sur ceterritoire de 550 000 km 2 qu'un rapport voisin de 4entre les régions les plus humides et les plus sèches.

En raison de sa faible superficie, la Guadeloupe est, àun instant donné, soumise dans son intégralité à lamême masse d'air, dirigée par la circulation généraleatmosphérique. C'est donc la morphologie même del'île qui est à l'origine de la forte variabilité spatiale

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 31: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

l'eauatmosphérique

des précipitations. Les différen­ces d'alti tude, d'exposition auxvents dominants, d'éloignementpar rapport à la côte entre lesdivers points de l'île nous amè­nent à distinguer deux effets prin­cipa ux régissan t le mécanismedes précipitations:

l-Un effet orographique pré­pondéran t en Basse-Terre:

L'air, dirigé par le flux d'alizéd'est vers les reliefs d'orienta-

/1 !- -'," \( Soufrière (1467 m)!lm . •

Lorsqu'il descend vers la Côte-sous-Ie-Vent, l'air aéliminé une partie de son eau par précipitation: satempérature est plus chaude et son humidité est plusfaible.

La correspondance en tre isohyètes et lignes de niveausur la Basse-Terre illustre tout à fait le phénomène.Les gradients horizontaux varient de 150 mm parkilomètre au nord de la Côte-au- Vent, à 600 mm parkilomètre au sud de la Côte-sous-le- Vent. À altitudeégale, la pluviométrie annuelle estnettement plus forte sur le versant auven t que sur le versan t sous le ven t.

---.\ ....

....

\"

Saint-Claude (650m)4,6 m - 24,1 oC _.

Basse-Terre(60m)1,6 m - 26,1 oC

\SW

Roujol(32m)~/ 2,2 m - 26,2°C

NE

Altitudes, précipitations et températuresmoyennes annuelles sous effet de Fœhnen Basse- Terre.

tion nord-sud, est contraint enCôte-au- Vent de s'élever pourfranchir la montagne: il subitune détente (la pression de l'airdécroît avec l'altitude) qui en­traîne son refroidissement. L'airne pouvant contenir qu'une cer­taine quantité d'eau sous formede vapeur, d'autant plus petiteque sa température est plus basse,atteint la saturation. Si l'éléva­tion, et donc le refroidissementse poursuivent, l'excédent d'eause condense; il Ya formation degouttelettes constituant un nuageet éven tuellement précipitation.

2 - Un effet de continentalité ou effet dethermoconvection, prépondérant en Grande-Terre et àMarie-Galante:

Le fort ensoleillement dont bénéficie la Guadeloupe,et particulièrement la Grande-Terre (prèsde 8 heurespar jour en moyenne) provoque au cours de la journéeun fort réchauffement du sol qui transmet sa chaleur àl'air. L'air ainsi surchauffé, mais humide et plus léger,a donc tendance à s'élever. Des mouvements verti­caux sont ainsi amorcés et amplifiés par la couched'alizé de type instable. En s'élevant, l'airse refroiditet la vapeur d'eau qu'il contient se condense: il y aformation de nuages comme le confirme l'image SPOTdu 31 décembre 1986; c'est souvent vers 14 heuresque l'on observe des averses.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 32: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

C'est d'est en ouest, dans le sensde l'alizé, que la durée du con­tact sol-air sera maximale: c'estpour cette raison que l'on observesur la Grande-Terre un gradientpluviométrique d'est en ouestavec des valeurs qui évoluent pro­gressivement de moins de1 300 mm à Saint-François et auMoule à près de 1 800 mm sur larégion pointoise. Le même phé­nomène est observé à Marie-Ga­lante où la pluviométrie annuellemoyenne varie de 1 200 mm à1 500 mm.

Les îles de faible superficie (lesSaintes, la Désirade, Saint-Bar­thélemy), qui n'imposent auxmasses d'air q ue peu de contrain­tes orogra phiq ues ou thermiq ues,ont une pluviométrie moyenned'environ 1 000 mm, légèrementsupérieure à celle de l'océan quiles entoure. Saint-Martin, d'unesuperficie supérieure (50 km 2),

voit sa pluviométrie annuelle at­teindre 1 500 mm sur ses som­mets culminant à 424 m.

La variabilité spatiale est égaIe­ment remarquable à l'échelled'un épisode pluvieux: lignes degrains, ondes d'est, fronts froids,orages localisés et phénomènescycloniques.

Image SPOT du 31 décembre 1986.

Les méthodes de prevIsion des précipitations àtrès court terme sont actuellement basées sur l'in­terprétation de l'imagerie radar et satellite. L'im­plantation en 1993 d'un radar Doppler 10 cm vapermettre d'améliorer la prévision et donc la miseen alerte en cas de fortes pluies.

Surveillance des cyclones tropicaux par satellite.(GOeS - 2, le 18/09/1978).

Variabilité temporelle

Certains régimes pluviométriques déterminent desrépartitions saisonnières relativement stables avecdes dates d'apparition de saisons sèches et de sai­sons pluvieuses pratiquement identiques d'une an­née sur l'autre: en Afrique continentale, par exem­ple, les années se distinguent par la rigueur relative

des saisons sèches et/ou par l'abon­dance relative des saisons des pluies.

En Guadeloupe, la circulation géné­rale de l'atmosphère conditionneprincipalement deux types de saison:

- le carême, saison sèche plus oumoins bien marquée centrée sur fé­Vfler-mars,- l'hivernage, saison pluvieuse dejuillet à octobre, qui assure la plusgrande part de la pluviosité totale.

Entre ces saisons, on observe deuxpériodes de transition: avril-juilletfaisant apparaître un maximum rela­tif en mai, et décembre-janvier.

En fait, la moyenne apparaît commeun paramètre statistique insuffisant

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 33: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

SOO~400300200100o

J F MA M J JAS 0 ND

Lorienl (Iolal : 970 mm)il Saint-Banllélemy

~~L:.m.200100o

JFMAMJJASOND

Marigol (Iolal : 1 140 mm)à Saint-Manin

EL.t.200~oo

JFMAMJJASOND

Campêche (Iolal : 1 270 mm)

~L...100o

JFMAMJJASOND

Clugny (IOlal : 1 450 mm)

;1O~

Grand-Bourg (Iotal : 1 330 mm)

J

:L300200

~OOIIIlUlJ FMAMJJ ASOND

Désirade (total: 1060 mm)

S00L...400300200100o

JFMAMJJASOND l.lLetaye-Amont (Iolal : 1 200 mm)

Capeslerre (IOial : 2 150 mm)

500 La-Terre_de-HaUI (lolal : 960 mm)400300200100o

JFMAMJJASOND

1 800 mm)

".:u..300200100o

• JFMAMJJASONDL:"""' (,...,,2820 mm)

1.. 500400300200

~---t---t--------~ 100

o ~~_JIJlJJ

T

:L....300200

~OO

JFMAMJJASOND

JFMAMJJASOND

--1

Citerne (Iolal : 8750 mm)

140012001000

800600

400200o

ËL...u.Le Raizel (Iotal :

100o

JFMAMJJASOND

Sainte-Rose (Iolal : 1 780 mm)

JFMAMJJASOND

JFMAMJJASOND

Merwan (tolal : 7 070 mm)"~------------'

Denl-de-L'Esl (Iolal : 10900 mm)

o

400

1000900800700600500400300200100o

200

800

~~JFMAMJJASOND

Deshaies (tolal : 1630 mm)

600

1200

1400

1000

SOOl.U.400300200100o

J FMAMJ J ASOND

Bonne-Terre (Iolal : 2450 mm)

:~200100o

JFMAMJJASOND

Grand-Élang (IOlal : 3 780 Illm)

Répartition des pluies moyennes mensuelles.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 34: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

décrire le régime pluviométriqueguadeloupéen : c'est l'écartautour du comportement moyenqui caractérise sa nature réelle.

L'étude cxhausti ccl's séries dis­ponihJcsen Guadeloupe ne mon­tre que très exceptionnellementun profil annuel conforme à lam )ycnne.

Par exemple, la répartition parclasses de la pluviométrie men­suelle du mois de mai montre quela valeur moyen ne ne se situe pasparmi les valeurs le plus souventobservées. Cela s'explique par Je

li fait que ce mois de transition en­tre carême et hivernage est mar­qué soit par un carême sec tardif.soit par la présence d'éventuel­les perturbations de carême (des­centes d'air froid polaire), soitpm l'apparition des premièresperturbations d'hivernage.

o.:;

0.25

:J 0.2>

2 0.1:;:J

~:J 0.1:J.z-

o

F:'l;z;

N ~ x N ;z;1

;0;:

55 -~ ~ :i :i "1- 66 Co N ~ ;0;: x ('::. :z

'" oc - N <", '" r"'. r"'. :;;:

hauteur de préclpil,11ioll en mm

Distribution des précipitationsobservées en mai.(Le Raizet J951-1990).

1 rc\ anche, la fluctuation moi n­dF autourdesvaleursmoyenn 'sdes mois de carême ou d'hiver­nage traduit l'homogénéité desperturbations atmosphériques àcesépoqu-sclc l'année.

Ces importantes fluctuationssaisonnières impliquent égale­ment une forte irrégularitéintcrannuelle.

On peut apprécier la variabilitéintcrannuelle à raide du coeffi-

cient d'irrégularité K3, rapport de la pluviométrieann uelle décennale humide (probabilité d'être dépas­sée une année sur dix) à la pluviométrie annuelledécennale sèche (probabilité d'être dépassée neuf an­nées sur dix).

Le tableau suivant présente, pour les principaux pos­tes, les valeurs des pluviométries annuelles, P expri­mées en mm, des médianes (probabilité de dépasse­ment une année sur deux), des pluviométries annuel­les décennales déficitaires et excédentaires, et lesvaleurs des coefficients d'irrégularité K3.

Pluviométries annuelles moyennes,médianes el décennales sèches et humides

Écart Déc. Déc.Postes Moyenne Médiane type sèche humide K3.Basse-TerreBeausoleil 972 972 175 747 1 197 1,60Neufchâteau 3526 3492 509 2905 4 197 1,44Duclos 2807 2766 487 2218 3449 l,56Sainte-Rose 1 706 1 686 262 1 370 2041 1,49Grand Carbet 6061 640IPG 4433 4411 536 3759 5 136 1,37Glande-TerreLe Raizet 1 791 1 768 357 1 351 2264 1,67Pombiray 1 318 1 281 319 944 1 739 1,84Sylvain 1409 1377 301 1051 1806 1,72Marie-GalanteBellevue 1508 1476 314 1 134 1922 1,69Saint-BarthélemyGustavia 985 957 241 702 1 303 1,86

La pluviométrie déficitaire décennale en Grande-Terreest de l'ordre de 75 % de la valeur médiane alorsqu'enBasse-Terre elle dépasse 80 % pour atteindreprobablement 85 à 90 % sur les sommets. Le coefficientd'irrégularité varie ainsi de 1,95 à la Désirade à J ,8 enG rande-Terre et à moins de 1,4 sur les som mets de laBasse-Terre. En Basse-Terre, les écarts entre les annéesdéficitaires et excédentaires sont donc faibles. Ainsi,non seulement la Basse-Terre, au vent et en altitude,est bien plus arrosée que les autres régions, mais sapl uviosité est moins dépendan te des aléas climatiques.

La régulation de la pluviosité sur les sommets de laBasse-Terre s'explique par l'apport régulier des pluiesorographiques sur les reliefs. Ce résultat est confirmépar l'étude de la distribution des quantités de pluiejournalières: la grande hauteur de pluie relevée an­nuellement sur les sommets de la Basse-Terre estessentiellement due à un nombre élevé de faiblesprécipitations (inférieures à la mm).

Que ce soit sur les îles sèches, en Grande-Terre ou àMarie-Galante, une dizaine de jours seulement par an

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 35: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

en moyenne contribuent pour unelarge part au total pluviométri­que: ce son t des événemen tsd'échelle synoptique (frontsfroids, ondes d'est, cyclones) oudes amas nuageux. En consé­quence, le déficit, l'excès ou unerépartition inhabituelle de quel­ques-uns de ces épisodes suffi t àengendrer sur une période don­née, voire sur l'ensemble de l'an­née, un fort écart par rapport auprofil annuel moyen.

De même, l'étude de la variationdiurne des précipita tions commele mon tre la figure ci-dessous,fait apparaître une pointe de pré­cipitations à Sofal'a entre 13 h et15 h. Ces précipitations sontliées,on l'a vu,auxeffetsconvec­tifs thermiques de la Grande­Terre, amplifiés par l'effetorographique.

50

o<1 làS SàlO IOà30 30àSO SO:IIOO >100

Classe en mll1

Nomhre annuel moyen de jours de pluie par classe deprécipitation.

9 --

i.,.~.5.~ <

.:-2· _o. .-

() 3 6 () 121 :'il 1:<2 12 :1-

9- ---~-

~ jSd~T<l"i4~­

:2o .:> (, 9 12151 K2 124

o :, 6 9 121 51 ~2 124

en ordonnées.

X.Ma­7'

1~-'2-,;,-··-·-r-

03 9l2fiH321·

". ,>x ' Ciurd-Catet7j1:'~ .... J3- vvv-2--

o 3 6 ) 1215182124

9-- _

8 r·'-__"Jt-~..--...:7-6.

5~4.--"2 ···-î

o 3 6 () 1 21 51 82 124

//

.//

/

//.

/./

/,•

i.("-i ah~.,·--·· 1

~l~'

,\

() ....-

K Oh\7·6-,

~~, \', fi~- ,~ ,- () 3 6 9 fi H 21 ' ~.

~ ... M..Iv"at ''''~ :7. ,

1-~ -, -" ·3 ~ : •2 -~ .T· r '". -: .....

Répartition géographiquede la variation diurne (postes Orstom)

- heures en abscisses,- pourcentage du cumul global des pluie

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 36: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Il faut retenir qu'en altitude, lesdéficits ou excédents d'eau depluie sont atténués par l'apportrégulier de précipitations d'ori­gine orographique. La carte ci­dessous mon tre que le phéno­mène de régula tion des reliefs dela Basse-Terre se traduit aussipar la diminution en altitude durapport de la pluviométrie maxi­male à la pl uviométrie minimalemensuelles.

En conclusion, c'est une doublevariabilité spatiale et temporellequi conditionne les régimespl uviométriq ues extrêmementvariés des différen tes régions del'archipel guadeloupéen.

3à4

Variation du rapport du totalmensuel maximal au total mensuelminimal.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 37: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxde surface

duire des recherches de base finalisées, contribuant audéveloppement des régions de la zone intertropicalepar l'étude des milieux physiques, biologiques et hu­mains.

Outre la recherche de la satisfaction des besoins eneau exprimés localement, il est incontestable que laGuadeloupe présente un site exceptionnel extrême­ment diversifié pour des études hydrologiques dontles résultats peuvent être transférés à d'autres milieuxinsulaires tropicaux.

les eauxde surface

LE RÉSEAUHYDROGRAPHIQUE

L'archipel guadeloupéen secaractérise par des paysages très li

variés et une forte irrégularité spatialedes précipitations. Aussi, cette diversitése traduit-elle par un réseau hydro­

graphique également diversifié:

La Désirade, île allongée (25 km 2), est

essentiellement constituée d'une hautetable calcaire (La Montagne 276 m)dominant de ses falaises une zone litto­rale très exiguë (11 km de long sur 2 kmde large). Elle ne possède pas de ravinesà proprement parler mais plusieurs sour­ces.

Les Saintes (14 km 2, culminant au Cha­meau à 309 m) et Saint-Barthélemy(25 km 2 , culminant au Morne du Vitet à

281 m) sont des petites îles très découpées au reliefmarqué et entourées d'îlots aux ravines courtes etpentues.

Saint-Martin (50 km 2) a un relief bien marqué, culmi­nant au Morne Paradis à 424 m et des plaines alluvia­les ou littorales enfermant de nombreuses lagunes.Les ravines escarpées ont parfois des crues destructri­ces (ravines du Quartier d'Orléans, Careta, Colom­bier).

Pas plus qu'à la Désirade, aux Saintes ou dans les îlesdu nord, il n'existe de rivières pérennes à Marie­Galante et en Grande-Terre. Le réseau hydrographi­que peu développé se compose de thalwegs souventbien marqués. Ces ravines ne coulent qu'à la suite defortes averses lorsque les sols sont préalablementsaturés par des pluies abondantes. Les plateaux de laGrande-Terre et de Marie-Galante sont parsemés demares qui caractérisent souvent un phénomèned'endoréisme (drainage se faisant vers la mare sansexutoire).

Ril'ière en Basse-Terre.

C'est pourquoi, depuis plusieursdécennies, les établissementsgestionnaires (Direction del' Agricu 1ture et de la Forêt, assis­tée du Conseil général, avec leconcours de l 'Orstom) ont définiune stratégie visant:

- à inventorier la ressourceen eau et évaluer sa variabilité,

- à en préserver la qualité,

- et à en planifier la gestion.

L'Orstom, Institut français derecherche scientifique pour ledéveloppement en coopération,établissement public à caractèrescientifique et technologique(E PST), a pour mission de con-

Les eaux de surface, s'écou­lant dans les rivières oustockées dans les étangs ou

dans les retenues artificielles,constituent une ressource natu­relle en général facilement ex­ploitable et dont l'abondance estliée au cl imat et aux caractéristi­ques physiques des bassins ver­sants.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 38: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les principales ravines de laGrande-Terre (570 km 2) sont laravine Petit-Pérou qui inondepériodiquement l'agglomérationdu Raizet, la Grande-Rav ine quise jette dans Grand-Baie, la ravineBombo proche de Sainte-Anne,la ravine Gardel (ou Renéville),qui draine le bassin cannier Est­Grande-Terre, et la l'av ine Cassisproche d'Anse-Bertrand. Le plusgrand bassin de la Grande-Terreest celui de la ravine Gachet avecune superficie de 63 km 2

. LesGrands-fonds de la Grande- Terrecomposent un réseau très ramifié

lQ de petites vallées étroites sépa­rant des mornes calcaires hautsd'une centaine de mètres (mornede l'Escade culminant à 135 m).

Le plus grand bassin versant deMarie-Galante (150 km 2, culmi­nant à 204 m au morne Constant),est celui de la rivière Saint-Louisd'une superficie de plus de30 km 2

.

La majeure partie de la Basse­Terre (950 km 2 avec une lon­gueur de 46 km pour une largeurde21 km)estoccupée,onl'avu,par une chaîne montagneuse vol­canique d'orientation nord-sudculminant au sommet de la Sou­frière. La Basse-Terre corn pteprès de 55 cours d'eau indépen­dants dont les bassins ont unesuperficie supérieure à 1 km 2

:

environ 25 en Côte-au-Vent etune trentaine en Côte-sous-le­Vent.

En Côte-au-Vent, entre Vieux­Fort au sud et la Rivière Salée aunord, les rivières s'écoulent versl'est du canal des Saintes au Pe­tit-Cul-de-Sac Marin.

Du sud vers le nord, elles sontIssues:

- du massif de la Madeleineou de la Soufrière:

• la riv ière Grande-Anse ve­nant de la Citerne, la ri-

vière du Petit-Carbet qui draine le flanc ouest dela Madeleine, la rivière du Trou-aux-Chiens, larivière Bananier, exutoire du Grand-Étang, larivière Saint-Sauveur et la rivière du Grand­Carbet aux trois célèbres chutes qui draine lebassin le plus arrosé de la Guadeloupe;

- du Matéliane, du Grand-Sans-Toucher, duCarmichael et de la montagne de Capesterre :

• la Grande Rivière de Capesterre rejointe à moinsd'un kilomètre de son embouchure par la rivièredu Pérou;

- ou des mornes plus au nord:• la rivière Sainte-Marie, la Petite Rivière à Goya­ves réunissant la rivière Moreau, les deux bras dela rivière Morin et les deux bras de la rivière duFort, la rivière La Rose, la rivière Moustique dePetit-Bourg, et la rivière Lézarde issue du morneMoustique.• les ravines Houaromand, Mahault, Sans-Nom,et du Lamentin qui se perdent dans les zonesmarécageuses du Petit et du Grand-Cul-de-Sac­Marin assurent la transition entre les rivières dela côte sud-est et de la côte nord-est.• Plus au nord, les rivières se jettent dans leGrand-Cul-de-Sac marin:• la Grande Rivière à Goyaves avec son bassind'environ 130 km 2 dont les principaux affluentssont le Bras David (rivières Quiock et Corossol),le Bras de Sable, la rivière Janikeete, les Premieret Deuxième Bras, et les ravines Boucan etHouei; la rivière Moustique Sainte-Rose, la ri­vière la Ramée, la rivière la Salée, la rivièreNogent et la rivière du Vieux-Fort.

En ôte-sous-Ie-Vent, du nord vers le sud, les rivièress'écoulent vers l'ouest et se jettent dans la mer desCaraïbes:

- entre le Gros Cap et les Mamelles:• les rivières Grande-Anse, Deshaies, Ferry,Baille-Argent, Caillou, Petite-Plaine, Grande­Plaine, Cacao, et Colas;

- puis viennent:• les rivières Losteau, Bourceau, de Bouillante,Beaugendre, la Grande Rivière de Vieux-Habi­tants dont le bassin (28 km 2 à la cote 22) estessentiellement constitué par le cirque deMatéliane eJltre les mornes Bel-Air, Joffre,Matéliane, Sans-Toucher, et la crête des Icaqueset les rivières Du Plessis et Du Baillif;

- et enfin proches de la ville de Basse-Terre:• la rivière des Pères (rivière Saint-Louis et ri­vière Rouge), la rivière Noire utilisée pour l'ali­mentation en eau de Saint-Claude et de Basse-

L'EAU

Page 39: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Terre, la rivière aux Herbesqui traverse ces deux bourgset la rivière du Galion quirejoint la mer par un ca­nyon très encaissé.

Grâce à des stations de mesureshydrométriques observées depuispl us de 30 années, les hydrolo­gues de 1'Orstom ont étudié lesécoulements des rivières et desravines de la Guadeloupe.

LE RÉSEAU,HYD ROM ETR IOU E

Un réseau hydrométrique se com­pose de stations de mesures dehauteurs d'eau et de débits Im­plantées sur certains sites descours d'eau d'une région.

Les premières observations hy­drométriques régulières ont étéeffectuées en Basse-Terre, dansdes perspecti ves d'aménagementhydroélectrique (Grand-Carbetcote 410) par la mission hydrolo­gique de l'EDF à partir de l'an­née 1950. A partir des années1960, le réseau a été élargi pourrépondre aux besoins des Servi­ces de l' Agricu lture ; le Génierural équipait alors la Côte-sous­le- Vent d'une série de déversoirsbétonnés.

À partir de 1969, le Service hy­drologique de !'Orstom prenaitla responsabilité de la gestion duréseau hydrométrique permanentet à la demande de la DirectionDépartementale de l'Équipementet de la Direction Départemen­tale de l'Agriculture, l'a étenduaux rav ines à écoulement tempo­raire de la Grande-Terre et de Ma­rie-Galante.

Ainsi, le réseau comprenait 5 sta­tions en 1951,12 en 1970, 18 en1978, 35 en 1985. Le choix destypes d'appareillage et de leurssites d'implantation a été effec-

tué en fonction de la nature des problèmes posés et descaractéristiques des bassins versants étudiés.

Aujourd'hui, le réseau hydrométrique de la Guade­loupe a été rationalisé à 20 stations permanentes afinde constituer une charge minimale tout en garantissantla poursuite d'observations de longue durée sur dessites offrant le plus d'intérêt (bassin versant en amontdes prélèvements, ancienneté de la station, stabi 1ité de lacourbe d'étalonnage ... ).

Lin/n'graphe à J!offeur.

Une station hydrométrique se compose d'une échellelimnimétrique et d'un limnigraphe qui enregistre encontinu les variations rapides de la cote du plan d'eau.

Hydrologues effectuant U/1 jaugeage.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 40: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Le réseau hydrométrique de /a Guade/oupe.

BASSE-TERRE

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 41: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

GRANDE-TERRE

MARIE-GALANTE

/-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 42: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Des mesures de débit (jaugea­ges) effectuées systématique­ment au droit des stationslimnigraphiques permettent detraduire en débits instantanés lescotes enregistrées. Le trai tementdes débits instantanés en débitsmoyens journaliers permet deconstituer la base de données dontl'analyse conduit à la connais­sance des régimes hydrologiq ues.

Pour évaluer leurs ressources enpériode de basses eaux, desmesures de débit ponctuelles sontréalisées sur des cours d'eau quine sont pas équipés de stationslimnigraphiques.

Télérransmission ARGOS.sU/Teil/once de l'en \'ironnemenrpar satel/ire.

Certaines des stations du réseausont dotées d'enregistreurs élec­troniques équipés d'émetteursARGOS. Les messages émis tou­tes les 200 secondes par les bali­ses sont captés par le satellite etréfléchis vers la station de récep­tion du Centre Orstom de Pointe­à-Pitre où ils sont traités en tempsréel.

Globalement, l'information hydro­métrique acquise en Guadelouperepose sur plus de 500 "stations­années" d'observations effec­tuées sur une trentaine de bas­sins versants dont la superficievarie de quelques kilomètres car-

rés à plus de 130 km 2• La valorisation de cette infor­mation CI contribué ~ll 'inventaire des ressources en eaude surface et à la compréhension des phénomènes quiinterviennent dans leur renouvellement.

La Di rection Régionale de l'Env ironnement (DIREN)devra dès 1993 se charger de coordonner les actionsrelatives à la gestion des eaux du département (inven­taire des ressources, estimation des besoins, études spé­cifiques, protection du milieu, etc).

LES RÉGIMESHYDROLOGIQUES

Les comportements hydrologiques des bassins ver­sants des îles de l'archipel guadeloupéen sont trèsdifférents. Aussi. l'inégale répartition géographique

des ressources en eaux de surface est­elle une particularité étonnante de laGuadeloupe.

Les petites Îles "sèches"

Les ravines des petites îles (la Désirade,les Saintes, Saint-Martin et Saint-Bar­thélemy) sont le plus souvent sèches.Compte tenu de la faible dimension desbassins versants et de leur forte pente,les fortes précipitations provoquent descrues soudaines et parfois abondantes.

Il est impossible à l 'heure actuelle d'éva­luer le volume et l'irrégularité des ap­

ports des petites ravines de ces îles. Seules quelquescrues isolées ont été étudiées - le 6 novembre 1974,le 15 septembre 1975 (ouragan Éloïse) et le 3 septem­bre 1979 (ouragan Frédéric) - qui ont causé desdommages importants et parfois mort d 'homme à Saint­Martin.

Les régimes hydrologiques enGrande-Terre

et à Marie-Galante

En Grande-Terre et à Marie-Galante, en période desécheresse prolongée, les rav ines ne cou lent pas; lessols argileux présentent des fentes de retrait et sonttrès perméables. À la sui te de fortes averses, les solsse colmatent et le ruissellement va al imenter l' écoule­ment des ravines.

Le régime hydrologique des bassins de la Grande­Terre et de Marie-Galante est conditionné par la fai­blesse relative de la pluviométrie (1 100 mm à

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 43: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxde surface

1 800 mm en Grande-Terre,1 100 mm à 1 500 mm à Marie­Galante), son caractère saison­nier bien marqué, uneévapotranspiration potentielleélevée (1 400 à 1 600 mm), lamodération du relief et le carac­tère pseudo-karstique des forma­tions calcaires.

Ra\'ine en Grande-Terre.

En régime pluviométrique défi­citaire, la capacité de rétentiondes sols (aptitude à retenir l'eauinfiltrée) peut être très variable,croissant de 60 à 170 mm avec laprofondeur et la compacité dusol.

Les écoulements sporadiquesapparaissent comme une succes­sion de crues individualisées. Lescoefficients d'écoulement annuels(rapport des volumes d'eau écou­lée aux volumes d'eau précipi­tée) sont faibles: de 4 à 5 %.

Les coefficients d'irrégularité,rapports de l'écoulement décen­nal humide à l'apport décennalsec, sont de l'ordre de 20 enGrande-Terre. Certaines annéestrès sèches (1973 et 1983 parexemple) se distinguent par uneabsence quasi totale d'écoule­ment.

Les écoulements les pl us abon­dants apparaissent le plus sou-

vent en octobre alors que les apports du mois de marssont pratiquement systématiquement nuls. 90% desapports sont concentrés sur les mois de juillet à dé­cembre.

Les débits de pointe de crue peuvent atteindre plu­sieurs dizaines de mètres cubes par seconde à l'exu­toire des grands bassins sur les plateaux de Marie­Galante et de Grande-Terre, mais leurs débits spécifi­ques restent faibles: 0,5 m'/s/km" pour la crue an-

nuelle, de 1 à 1,5 m 1/s/km" pour la cruedécennale.

Dans les Grands­Fonds, où les penteslatérales des thal wegssont bien marquées, lacrue annuelle est de lil'ordre de 1,8 m'/s/km" et la crue décen-nale de 4 à 5 m1/s/km 2

.

Dans la région des A bymes, en raison del'absence de relief et de l'altitude trèsbasse, il n'existe pas de réseau hydro­graphique naturel. La proximité de lanappe saumâtre, la faiblesse des penteset l'absence de drainage provoquentl'inondation fréquente des zones urba­

nisées lors des fortes averses.

Les études hydrologiques de l'Orstom ont contribuéen Guadeloupe au dimensionnement des ouvrages destockage réal isés en Grande-Terre (Letaye-Amont etGachet) et présélectionnés à Marie-Galante (ri v ièreSaint-Louis).

La retenue de Letaye-Amont :

La retenue de Letaye-Amont sur la commune du Moulea été la première à être implantée en Guadeloupe etmise en eau le 24 octobre 1978. Le barrage constru itsur la ravine Gardel permet de retenir d'importantsvolumes d'eau (700 milliers de m') dans une cuvettedont les sols ont subi un traitement d'étanchéité.

Les études hydrologiquès ont montré que les pertespar infiltration étaient de l'ordre des pertes par évapo­ration: environ 1 800 mm par an représentant pourchaque terme près de 300 000 m'en année moyenne.

Les écoulements de la ravine Gardel, dont la superfi­cie du bassin versant est de 6,8 km" à la cote 17, sonttrès irréguliers d'une année sur l'autre comme le mon­tre le graphique suivant.

La retenue est alimentée par une conduite issue de laprise d'eau localisée à l'altitude 130 m, sur le BrasDavid.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 44: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ID

71)~.

E 51)<l)

"0~ SO<l)

4DEc JO<l)

~

<l) :mE::J

-0 JI)>

1

o - ('.100 00 000' 0' 0'

Apports de la rarine Gardel à laretenue de Letaye-Amont.

Le bassin de la ravine Gachet :

Le bassin versant de la ravineGachet au droit du site de l' amé­nagement a une superficie de63 km 2 . Il est suivi depuis 1974par l'Orstom.

La retenue de Gachet d'une ca­pacité de 2,5 millions de m 3 a étémise en eau lors du passage del'ouragan Hugo. On estime quel'apport à la retenue a été d'envi­ron 4 millions de m'en moinsd'une semaine, valeur remarqua­ble puisqu'elle correspond à peuprès à l'écoulement annuel enannée médiane.

Le bassin de la rivièreSaint-Louis de Marie-Galante

Le bassin de la rivière Saint­Louis a été équipé d'unlimnigraphe entre 1972 et 1984.C'est sur la base de ces observa­tions et de celles des bassins deGrande-Terre que 1'Orstom a puévaluer les apports de sous-bas­sins de la rivière Saint-Louis quipourraient être équipés prochai­nement de retenues de stockageprésélectionnées par le BRGM.

Les régimes hydrologiquesen Basse-Terre

En Basse-Terre, le régime hy­drologique est essentiellementdéterminé par l'abondance de lapluviosité toujours supérieure à!'évapotranspiration dont lamoyenne se situe entre 1 400 mm

dans les zones littorales et 1 100 mm dans leszones d'altitude. C'est l'altitude et l'expo­

sition qui représentent les facteurs lesplus importants du régime des pluies etindirectement des débits.

Les riv ières de la Basse-Terre ont unécoulement permanent alimenté par leruissellement des précipitations et sou­tenu par les résurgences des peti tes nap-

~ g; 0: ;; pes d'eau souterraines perchées. Les0' 0' 0' 0' débits des rivières sont très variables.

À la suite de fortes précipitations, lesdébits d'un cours d'eau peuvent passer de

mJ/s à 300 ou 400 mJ/s en moins d'une heure.

Les forts reliefs favorisent le ruissellement aux dé­pens de l'infiltration pour des caractéristiques de solset de couvert végétal semblables. L'influence du solest réduite: la capacité de rétention maximale des solsa été estimée à environ 100 mm.

L'infiltration vers les nappes d'eau profondes se tra­duit par des résurgences en mer le long du littoral dontcertaines sont connues (sources sous-marines de l'îletPigeon en Côte-sous-Ie- Vent). Cependant ce phéno­mène représente des quantités d'eau le plus souventnégligeables au regard des autres termes du bilan(précipitations, évapotranspiration, écoulement de sur­face).

On déterm ine, pour un bassin versant donné, la lamed'eau annuelle écoulée (rapport du volume écoulé à lasuperficie du bassin). On l'estime équivalente à lalame d'eau moyenne précipitée sur le bassin diminuéede l'évapotranspiration : pour les bassins d'altitudetels que celui du Grand-Carbet, le plus arrosé, la lamed'eau précipitée est égale à environ 7 000 mm ; lalame d'eau écoulée est de l'ordre de 5 900 mm corres­pondant à un coefficient d'écoulement de 84 %.

Les bassins versants de la Basse-Terre, au cours d'uneannée moyenne, constituent des apports de 2 à 6 mil­lions de mètres cubes par kilomètre carré. Ces apportssont variables selon la localisation des bassins (alti­tude, exposition ... ) et dans le temps (échelle annuelleet saisonnière).

Les coefficients d'irrégularité interannuelle (rapportde la lame d'eau excédentaire écoulée une année surdix à la lame d'eau déficitaire écoulée une année surdix) sont compris entre 3 et 2 pour les bassins où lapluviométrie annuelle est inférieure à 3 000 mm etentre 1,9 et 1,4 pour les bassins de pluviométrie supé­fleure.

Globalement, environ 60 % des quantités d'eau préci­pitées en Basse-Terre, s'écoulent dans les rivières

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 45: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxde surface

l'autre part est restituée à l' at­mosphère par évapotranspiration.

La distribution mensuelle del'écoulement suit un schéma as­sez proche de la distribution dela pluviométrie avec un décalageexpliqué par les reports d'écou­lement des nappes:

- le trimestre le plus faibleen écoulement est toujours fé­vrier-mars-avril, le mois leplus faible étant mars ou avril.

- le trimestre le plus abon­dant est celui des mois d'oc­tobre, novembre et décembre,avec les apports les plus im­portants en octobre ou novem­bre.

Les débits maximaux de crue sontélevés:

- le débit de pointe de pro­babilité de dépassement uneannée sur deux est de l'ordrede 6,5 m 3/s/km 2 ;

- le débit de pointe décennalest de l'ordre de 10 m 3/s/km 2.

Ces valeurs sont fortement liéesau caractère accidenté du reliefet dans une moindre mesure à lapluviométrie annuelle (fréquencedes averses exceptionnelles).

Les débits d'étiage des rivièresde la Basse-Terre:

En période de sécheresse, les res­sources en eau de surface de laBasse-Terre sont limitées à desécoulements relativement faibles(débits de l'ordre de 20 à 25 %des débits moyens annuels). El­les sont fonction de l'état initialde stockage des nappes en débutde saison et de leur alimentationpar les précipitations en cours decarême.

En Basse-Terre, en période decarême de janvier à avril, le ta­rissement des cours d'eau (dimi­nution progressive des débits) estsouvent interrompu par des aver-

ses qui provoquent des crues et rechargent les nappesd'eau souterraines. L'étiage apparaît dans la plupartdes cas au cours des mois de mars, avril oumai, cependant il arrive que les débits minimaux sur­viennent précocement entre décembre et février, outardivement entre juin et août. On remarque que l'étiagese produit fréquemment en mai sur le bassin de larivière Du Plessis au sud de la Basse-Terre et en juilletsur la rivière de Petite-Plaine au nord de la Basse­Terre.

Le débit minimal d'étiage est le dé-bit moyen journalier le plus faibleobservé au cours d'une année. Ledébit minimal annuel (OMA) mé­dian est le débit moyen journalier leplus faible de l'année qui a une pro-babilité d'être dépassé une année sur deux.

Les débits spécifiques d'étiage (rapport du OMA à lasuperficie du bassin) sont voisins de 15 à 25 I/s/km 2

pour les bassins du nord de la Basse-Terre sur forma­tions volcaniques anciennes et de 30 à 40 l/s/km 2 pourles rivières du sud. D'une façon générale, le débitspécifique est d'autant plus faible que l'exutoire dubassin est à basse altitude.

Globalement, les ressources minimales en eau de sur­face de la Basse-Terre équivalent globalement à undébit de J'ordre de J2 m 3/s en année normale.

Le débit minimal annuel caractérise les ressources decarême en année normale (OMA 1/2), ou en année défi­citaire, par exemple de période de retour 5, 10,50 ou

100 ans (OMAl/S' OMAI/l O' OMA l/50 , OMA,/loo). Onpeut, en première approximation, considérer les rela­tions suivantes pour les bassins de la Basse-Terre:

OMA ,/S = 0,9 X OMA I/2

OMA'/iO = 0,8 X OMA I/2

OMA l/50 = 0,7 X OMA I/2

OMAI/IOO = 0,6 X OMAI/2

D'autres débits caractéristiques peuvent définir le ré­gime des cours d'eau en étiage. Ce sont les débits quisont égalés ou dépassés 355 jours (OC 10) ou 335 jours(OC30) par an. Ils peuvent se déduire des OMA par lesrelations suivantes:

OCIO'/2 = 1,1 X OMA I/2

OC101/ s = 1,0 X OMA I/2

OC301/ 2 = 1,2 X OMA I/2

OC30 ,/s = 1,1 X OMA I/2

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 46: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Débits médians mensuels et annuels

J F

Du sud vers le nord de la Basse­Terre, les coefficients de passageaugmentent traduisant une dé­crOissance plus rapide des dé­bits cl 'étiage en l'absence de pré­cipitations.

NB : Ces débits caractéristiques(DMA, DCE, DC30) sont relatifsà des écoulements naturels qUI

sont ou seraient observés en l'ab­sence de prélèvement.

Récapitulatif

Globalement, l'écoulement desrav ines de la Grande-Terre et de

44 Marie-Galante constitue des ap­ports spécifiques très irréguliers50 à 100 fois inférieurs à ceux dela Basse-Terre. Ces constatationsprouvent que les besoins en eauen Grande-Terre doivent être sa­tisfaits par des prélèvements enBasse-Terre qui doivent alimen­ter les retenues de stockage d'eauen Grande-Terre.

Le tableau présenté ci-contre ré­sume la connaIssance des res­sources en eau des principauxbassins de la Basse-Terre. Lacarte représente les diagrammescorrespondant à la répartitionmensuelle des apports de certainsbassins.

1r,. ligne .

dé!JilS médialls mensuelsel allll/l('/s cn I/s

2' ligne.dé hi ls 171 édia ns spéc itï Cf [( es

C/1 IIslJ:m'

(\'alc/lrs pUJ\'isoir('s élaMicspar l'OrslOI7l Cil 1990 J.

BeaugendreCote 77 (11,8 km 2)

FerryCote 35 (4,68 km 2)

Petite Rivière à GoyavesCote 10 (27,9 km 2

)

MoreauCote 170 (7,42 km 2

)

Grand-CarbetCote 410 (7,9 km 2

)

Grande Rivière à GoyavesCote 5 (117 km')

Grande Rivière à GoyavesCote 90 (54,3 km 2

)

Grande Rivière à GoyavesCote 125 (14,4 km 2)

Bras DavidCote 110 (37,5 km 2

)

Bras DavidCote 130 (33,2 km')

Grande Rivière de CapesterreCote 95 (18,6 km 2

)

Grande Rivière de CapesterreCote 185 (16,1 km 2)

Rivière du PérouCote 225

Grande Rivière de Vieux-HabitantsCote 22 (28,2 km 2)

Grande Rivière de Vieux-HabitantsCote 250 (19,4 km 2)

Léz.ardeCote 85 (8,4 km')

LostauCote 70 (8,04 km 2)

Moustique Petit-BourgCote 110 (11,7 km 2)

Moustique Sainte-RoseCote 135 (6,12 km 2)

Rivière des PèresCote 25 (23,3 km 2

)

727

62

III

24

3180

114

826

III

1180

149

4360

80

1190

83

3270

87

2890

87

2790

150

2750

171

3730

132

3280

169

868

103

504

63

982

84

247

40

2670

115

477

40

94

20

2260

81

900

121

985

125

7530

64

3590

66

1010

70

2440

65

2050

62

2260

122

2110

131

1360

156

2580

91

2670

138

686

82

407

51

748

64

244

40

1960

84

M

324

27

82

18

2140

77

795

107

945

120

7880

67

3010

55

887

62

2210

59

i940

58

2290

123

2270

141

555

64

2360

84

2240

115

636

76

307

38

731

62

244

40

2290

98

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 47: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxde surface

A M J J A S 0 N D Moy.

369 302 561 789 933 839 762 987 679 585

31 26 48 67 79 71 65 84 58 50

122 118 124 144 201 188 155 238 152 15526 25 26 31 43 40 33 51 32 33

3000 3800 2770 2410 2990 3610 4640 6180 3760 3110

108 136 99 86 107 129 166 222 135 III

1470 1260 1220 903 1250 1430 1070 1950

198 170 164 122 168 193 144 263

DIO 1380 1150 1200 1260 1450 1380 1800 1280 1360

166 175 146 152 159 184 175 228 162 172

11000 13600 16100 11300 8280 23800 15500 26000 1294 116 138 97 71 203 132 222

3510 5030 5190 5690 5660 5780 5920 6550 5460 4970

65 93 96 105 104 106 109 121 101 92

1010 1220 1230 1240 1520 1820 1850 2000 1740 1380

70 85 85 86 106 126 128 139 121 96

2150 3150 3270 3030 3520 4330 4360 5830 4270 3730

57 84 87 81 94 115 116 155 114 99

2140 3170 3040 3180 3690 4600 3930 5440 3290 3180

64 95 92 96 III 139 118 164 99 96

2890 2920 2350 2450 2740 2960 3500 4170 3590 2900

155 157 126 132 147 159 188 224 193 156

2740 2790 2550 2920 2610 3020 3100 4500 2630 2680

170 173 158 181 162 188 193 280 163 166

1150 3390 1420 DIO 1690 2490 1840 2070 1430

132 390 163 151 194 286 211 238 164

2960 3190 3640 4510 4130 4020 4230 5000 4120 3800

105 113 129 160 146 143 150 177 146 135

2760 2470 2570 3300 3050 3280 2670 4610 3390 3150

142 127 132 170 157 169 138 238 175 162

839 914 980 903 943 1100 1170 1490 1080 1000

100 109 117 108 112 131 139 177 129 119

385 328 436 524 649 625 546 696 505 476

48 41 54 65 81 78 68 87 63 59

843 1560 1440 1420 1530 1760 1640 2710 1270 1300

72 [33 123 121 131 150 140 232 109 III

288 373 356 336 522 621 590 902 388 412

47 61 58 55 85 101 96 147 63 67

1780 2170 [780 2340 2570 2840 2660 4090 2220 2300

76 93 76 100 110 122 114 176 95 99

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 48: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Grand Carbel(Cote 410 mètres)

JFMAMJJASOND

JFMAMJJASOND

Capeslerre~. (Cole 95 mèlres)

a

o

250

200

U

0. 100

;; 150

.0

2)

200c~

~

150~,E

"'~~ 100

i52}

50

.. 0

1 J F MA MJ J ASOND

Pelile Rivière il Goyaves(Cote 15 mèlres)

300

250

Ex

; 200,~

.,-

"'~ 1500.

i50

100

250

200

!:~

c 150u

",'"c=U

"J0. 100

i52>

50

a

Bananier Déversoir au Iimfligraphe(Cole 340 mètres)

JFMAMJJASOND

J F MAMJJ ASOND

250

Grande Rivière à Goyaves Prise d'eau(Cote 90 mèlres)

160E~ 120~

Bras-David(Cole 130 mèlres)

JFMAMJJASOND

J F MA M J JAS 0 N 0

Pelite Plaine(Cole 125 mèlres)

J FMAMJ JASOND

a

Vieux Habilanls Pont du Bourfi(Cole 22 mètres)

160

200

c 150

-

u 100,'"c=u

'~

,- 50.0

2>

E

c~

" 00,

" En"J

~

i540

0 20

0

• Limnigraphes

Dia~rammesde répartitiondes débits spécifiques mensuelsmédians, (Stations Orstom).

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 49: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LA MODÉLISATIONDES ÉCOULEMENTSDE SURFACE

Après une phase d'inventaire desressources en eau de surface dela Guadeloupe (1978) mis à jouren 1990, les hydrologues de1'Orstom travaillent actuellementà la modélisation du fonctionne­ment des bassins versants qui pro­duisent ces ressources et à lamodélisation de la gestion régio­nale de l'eau.

La modélisation du fonctionne­ment des bassins versants de laBasse-Terre et de la Grande­Terre a comme objectif immé­diat la mise à disposition à l'en­trée du modèle de gestiond 'hydro-aménagements (Cf.HYDRAM présenté plus loin) desé ries chronol ogiq ues journa liè­res ou mensuelles d'écoulement.

Par ailleurs, la Guadeloupe, parla diversité de son milieu physi­que, est un laboratoire naturelidéal pour la mise au point demodèles d'écoulement que ['onpourra appliquer à d'autres bas­sins de la Caraïbe.

L'évolution des techniques per­met aujourd'hui de prendre encompte de façon rigoureuse latopographie, la morphologie,1' é ta t des urface d' u n bas sin ver­sant par utilisation de modèlenumérique de terrain (MNT), dela télédétection satellitaire et desystème d'information géogra­phique.

Cascade de la rivière Moreau,

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 50: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES TECHNIQUESD'EXPLOITATIONDES EAUX DESURFACE

Les ressources mobilisables eneau de surface sont exploitéespar des prises au fil de l'eau enrivière ou à partir de retenues destockage. Ces aménagements ontde multiples avantages:

- quantités disponibles au filde l'eau relativement impor­tantes;

- pas de pollution chimiqueou bactériologique lorsque lesprélèvements sont opérés enaltitude;

- possibilité de stockage deforrs volumes d'eau dans desretenues implantées sur lescours d'eau;

- acheminement le plus sou­vent par gravité, de l'eau pré­levée vers les réservoirs destockage.

En revanche, l'utilisation deseaux de surface présente certainsinconvénients:

- exposition à une pollutionatmosphérique (volcanisme),ou à des rejets toxiques acci­dentels ;

- nécessité d'établir des pé­rimètres de protection stricteautour des sites de prélève­ment;

- variabilité liée aux préci­pitations, en fonction de lalocalisation des sites de pré­lèvement et des aléas climati­ques.

En Guadeloupe, les prises d'eausont de type "par en dessous".Un ouvrage bétonné barre la sec­tion du cours d'eau. Il se com-

pose d'un déversoir rectangulaire qui autorise le pré­lèvement par un canal disposé le long du seuil. Afind'éviter que le canal de prise ne soit obstrué par desgalets, il est recouvert d'une grille percée de trous dequelques centimètres de diamètre. Enfin, le canal deprise débouche dans un bassin de décantation à partirduquel est tirée la conduite d'adduction gravitairevers un ouvrage de stockage ou de transfert (irriga­tion), ou encore vers une station de traitement (ali­mentation en eau potable).

Bras DaI/id cote JJO en crue.

Les retenues prévues en Basse-Terre sont de typebarrage-poids comme celles qui équipent la Grande­Terre (retenues de Letaye-Amont et de Gachet).

Retenue de Letaye-Amont en J980.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 51: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

AQUIFÈRES ET NAPPESD'EAU SOUTERRAINE

Les roches composent l'anatomie du sous-sol et con­tribuent par leur assemblage à son architecture. Cou­ches, massifs juxtaposés de roches, développementdes réseaux de fractures ... organisent la répartition et

Visible directement dans les cavernes et les grottes,l'idée d'une représentation de la disposition de l'eaudans le sous-sol comme un décalq ue sous la terre deseaux superficielles - lacs, rivières, mares - est trèslargement répandue mais inexacte. En réalité, l'eausouterraine dans son milieu ne se voit qu'exception­nellement (karst en milieu calcaire par exemple) carelle est contenue dans les vides, ou porosité, desroches.

La porosité est constituée par l'en- 49semble des vides contenus dans la roche et est mesuréeen pourcentage du volume total de la roche(H. Schoeller, 1962). Toutes les roches, ou presque,sont susceptibles de contenir de l'eau, soit dans lespores des agrégats de minéraux qui les constituent:porosité d'interstices, soit dans les fissures plus oumoins ouvertes qui les affectent: porosité de fissuresd'origine mécanique (diaclases, failles ... ) ou thermi-que (fentes de retrait dues au refroidissement desroches éruptives) ou encore sédimentaire (joints sépa-rant des roches sédimentaires). La proportion d'eaumobilisable contenue par unité de volume de rochesaturée (porosité efficace pour 1 m' de roche) est trèsvariable:

- sable grossier, graviers 150 à 250 llm'- sable fin 100 à 150 llm'- calcaire récifal 10 à 50 Ilm'- argile 10 à 201/m'- lave fissurée 1 à 20 l/m'

La dimension, mais aussi la forme et la manière dontcommuniquent entre eux les pores et les fissures,autrement dit, leur perméabilité, varient encore plusque leur porosité. Elle exprime l'aptitude d'un milieuà se laisser traverser par un fluide. Les roches les plusperméables, dites aquifères, sont à la fois des réser­voirs et de bons conducteurs d'eau.

Les eauxsouterraines

POROSITÉET PERMÉABILITÉDES ROCHES

QU'EST-CE QUEL'EAUSOUTERRAINE?

Les eauxsouterraines

La science des eaux souterrainesest peut-être l'une des plus an­ciennes. Divinisées par les hom­mes primitifs, les sources devien­nent vite l'objet de spéculationsphilosophiques ou poétiquesavant de devenir un enjeu écono­mIque.

Si on se réfère à la définitiondonnée par J. Margat (1977),l'eau souterraine désigne princi­palement l'eau présente dans lazone saturée du sous-sol, l'eauconstituant les nappes souterrai­nes, sans exclure l'eau de la zonenon saturée.

LIeau issue des précipitationspeut, à la surface du sol,emprunter des chemine­

ments très différents. Une frac­tion de celle-ci s'infiltre dans lesol puis s'écoule très lentementau sein des roches pour formerles nappes d'eau souterraine.

Dans ce cas, le cheminement del'eau s'effectue, sous l'actionprincipale des forces de gravitéqui la conduisent à migrer du faitde son propre poids, des pointshauts vers un niveau de base queconstitue la mer.

Nous aborderons successive­ment les conditions générales decirculation des eaux souterrai­nes puis plus précisément les nap­pes connues en Guadeloupe ainsique les méthodes employées pourleur recherche, et enfin leur ex­ploitation et leur gestion.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 52: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

01

\()

100

::al

6

10

ICOl

ICOl

10C0l

IOCW

10C0l

1(](()

rng1) (rrg1) (JT"9'1) (rng1) (rrgtl) (i'Tg'1) (rrg1)

lCOl

10

0,1

::al

E

eau de /Wj)pe saumâtre - Saint-Manin

eall de nOj)pe - Crande-Terre

eau de la R il'ière Rouge

Diagramme d'analyses d' fOU "Schoeller Berkaloff' .

tielJement par les effets visibles qu'il entraîne: re­montée d'un niveau d'eau dans un puits, augmentationdu débit d'une source, soutien du débit d'une rivière enétiage ...

La quantité d'eau qui s'infiltre n'est pas seulementfonction de l'importance des précipitations. Ce termedu bilan hydrologique dépend étroitement de l'état dusol et de la végétation qui, comme on l'a vu, enreprend une partie par évapotranspiration : fractiond'eau soustraite par évaporation physique el prélevéepar la végétation.

Une fois que l'eau a atteint la nappe, après un temps depercolation plus ou moins long. elle se déplace enallant des points les plus hauts vers les issues les plusbasses. La vitesse de l'écoulement dépend de laperméabilité de la roche et de la pente du terrain. Lesvitesses d'écoulement des nappes sont donc très va­riées : de quelques mètres à quelques centaines demètres par jour mais toujours très lentes en comparai­son de celles des écoulements des rivières.

Les eaux souterraines sont trèsprésentes: l'écoulement conti­nuel des sources le prouve. Ellescontribuent au cycle global del'eau sur notre planète. Les nap­pes sont alimentées par les eauxde pluie après infiltration dansles zones perméables: aires d'ali­mentation. L'infiltration est unphénomène qui s'observe essen-

CIRCULATIONDE LEAUSOUTERRAINE

Dans la nappe d'eau souterraine,l'eau remplit, par gravité, tousles vides du terrain jusqu'à unniveau à surface libre appeléesurface piézométrique qui est lasurface à laquelle l'eau se stabi­lise dans les ouvrages atteignantla nappe. Ce type de nappe estappelé nappe libre ou plus com­munément nappe phréatique paropposition aux nappes captivesqui, emprisonnées entre deux ter­rains imperméables, ne compren­nent pas de zone non saturée.L'eau maintenue en pressionpeut, dans certains cas, jaillir au­delà de la surface du sol lors duforage du puits.

la circulation des eaux souterrai­nes en leur faisant tantôt obsta­cle ou en offrant tantôt des voiesqui facilitent leur cheminement.

Le rôle le plus important revientaux aquifères: corps de rochesperméables comportant une zonesaturée et suffisamment conduc­teurs pour permettre l' écoule­ment significatif d'une nappesouterraine. Cette notion d'aqui­fère a également un sens prati­que, ce sont les lieux où ['on peutcapter des débits d'eau signifi­catifs au moyen d'ouvrages detechnique courante (puits, fora­ges ... ).

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 53: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

aquifère

Eau douce

Eau salée

Les eauxsouterraines

Ca/caires supérieurs

déversement

source artésienne

_ Ca/caires inférieurs

émergence

imperméable re/atlf

aquifère

débordement

Faille

Va/cano-sédimentaire argileux

Niveau piézomérrique

Schéma de l'allure d'une nappe du /irtora/.

pluie

Cet équilibre est fragile et doit être étudié avec atten­tion avant d'envisager de pomper l'eau douce situéeen amont, afin d'éviter une pollution de l'aquifère parl'eau salée. L'exemple de Beauport à Port-Louis est àce titre significatif. La surexploitation des eaux de lanappe par les pompages de l'usine a provoqué locale­ment la pénétration de l'eau salée rendant ainsi lanappe inexploitable.

Différents types de sources (d'après J. Murgat).

parle alors de biseau salé avec présence d'un interfaceséparant les eaux douces des eaux salées ou saumâ­tres.

'- Ligne de courant

mer

Les aquifères sont des réservoirsqui fuient en permanence(J. Margat, 1980) et l'eau s'enéchappe par des issues diverse­ment localisées. Les plus visi­bles de ces exutoires sont les sour­ces, points de sortie des eaux sou­terraines. Leurs formes et leursdébits sont très divers mais dé­pendent très généralement del'origine de l'eau: résurgences,exurgences, émergences ... et dumode d'apparition.

L'eau souterraine ne sort pas seu­lement des aquifères par les sour­ces. Elle est aussi drainée demanière diffuse directement parles ruisseaux et les rivières aveclesquels la nappe est en contact;leur débit en saison sèche pro­vient alors essentiellement decette contribution. Enfin les aqui­fères atteignant le littoral, trèssouvent en Guadeloupe commedans toutes les îles de la Caraïbe,se vident directement dans la mer.L'eau douce, moins dense quel'eau salée (l pour 1,025) flottealors, au sein de l'aquifère, au­dessus de l'eau salée qui est aussirepoussée par le courant d'eaudouce venant de l'amont; on

Au cours de son trajet dans lesous-sol, les eaux dissolvent di­vers minéraux des roches aveclesquelles elles sont en contactprolongé. L'eau acquiert ainsiune minéralisation dont la natureet la quantité dépendent du trajeteffectué, de la perméabilité desroches et de leur nature. La fi­gure ci-contre montre différentesqualités chimiques de l'eau enfonction de son origine; l' échan­tillon de la Rivière Rouge est lemoins minéralisé, puis vient ce­lui de la nappe de Grande-Terre àl'Écluse et enfin celui des nappessaumâtres à Saint-Martin où lesteneurs en sodium, chlorure etsulfates sont particulièrement éle­vées.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 54: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LESNAPPES D'EAUSOUTERRAINEEN GUADELOUPEET L'ÉTAT DE LARECHERCHEDE RESSOURCESNOUVELLES

Certaines îles rattachées à l'arcexterne, le plus ancien, sont par­tiellement ou totalement recou-

.u vertes de formations carbonatées,à relief généralement faible etn'ayant pas connu d'activité vol­canique depuis le début du Néo­gène (environ - 20 millionsd'années) : Marie-Galante,Grande-Terre, La Désirade,Saint-Martin et Saint-Barthé­lemy. Les autres îles de l' ar­chipel appartiennent à l'arc ré­cent volcanique (environ -4 millions d'années) : la Basse­

Terre et les Saintes.

Bien que certains aquifèresaient fait l'objet d'exploi­tation ponctuelle remon­tant vraisemblablementau siècle dernier (nom­breux puits creusés enGrande-Terre), la prospectionhydrogéologique systématiquedébuta en Grande-Terre dans lesannées 1950 avec G. Lasserre etF. Ferrari.

LES AQUIFÈRESCONNUS ENGUADELOUPE

Les nappes d'eau souterrainecontenues dans les formationscarbonatées de la Grande-Terreet de Marie-Galante sont, en ter­mes de ressources, aujourd'huibien connues.

LA NAPPE D'EAUSOUTERRAINE DE LAGRANDE-TERRE

Les travaux d'évaluation de la ressource en eau sou­terraine de la Grande-Terre sont principalement 1'œuvrede P. Alie et de S. Cottez entre 1964 et 1972. Lesrésultats obtenus alors servirent à l'élaboration d'unecarte hydrogéologique largement diffusée à l'époqueet à la programmation de l'exploitation de la nappe.

La nappe d'eau souterraine de la Grande-Terre estcontenue dans des calcaires plio-pléistocènes(- 4 millions d'années) recouvrant un socle volcani­que non affleurant. Dans cette série carbonatée de plusde 100 m (coupe du forage de la Simonière à Sainte­Anne) s'intercalent des niveaux volcano-sédimen­

taires, dont le plus épais est visible àla carrière de Poucet (Gosier) et

aux Abymes, marquant ainsiles périodes d'activité des

appareils volcaniques plio­cènes du nord de la Basse­

Terre.

----""1 _ isopièze en m NCC @] débit en 1Or, ml/an

Carre des isopièzes cr des écoulemenrs \'fI'S la filer,

Après deux phases d'émersion, le jeu tectonique desoulèvement et de basculement vers l'ouest(F. Garrabe, 1983) entraîne la mise en place d'unréseau d'accidents qui débite la Grande-Terre en luidonnant son visage morphologique actuel composé dequatre grandes unités morpho-structurales: les pla­teaux du nord, la plaine de Grippon, les plateaux del'est, la plaine des Abymes et les Grands-Fonds. Lesétudes réalisées de 1969 à 1972 montrèrent une remar­quable similitude entre celles-ci et les unitéshydrogéologiques.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 55: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Carte des isobathes de l'intefface eau douce 1 eau salée.

Les eauxsouterraines

Les plateaux du nord: la nappeest contenue dans les calcairessupérieurs et en équilibre hydros­tatique avec la mer. Le niveaupiézométrique dans l'axe centralse situe autour de + 1 m NGG(Ni vellement Géographique Gé­nérai) et la tranche d'eau douceexploitable limitée à une cin­quantaine de mètres.

La plaine de Grippon (charnièreentre les Grands-Fonds et les pla­teaux du nord) témoigne d'unezone effondrée (graben) avec lescalcaires supérieurs, aquifères re­posant sur un niveau volcano­sédimentaire imperméable. Ellecorrespond à un axe d'écoule­ment préférentiel de la napped'eau de la Grande-Terre.

Les Grands-Fonds peuvent êtrecomparés à un château d'eau pourl'aquifère de la Grande-Terre.Celui-ci est formé par les calcai­res inférieurs faillés et le niveaupiézométrique maximum se si­tue au-delà de + 10 m NGG.Vers l'ouest, la nappe s'écoule,sous la plaine des Abymes, endirection de la mer. Les perméa­bilités et coefficients d'emmaga­sinement élevés en font une ré­serve en eau importante pour laGuadeloupe.

Les plateaux de l'est représen­tent le prolongement vers l'estdes Grands-Fonds. L'aquifère estcomposé à l'ouest d'une ligneSainte-Anne / Le Moule par lescalcaires inférieurs et à l'est parles calcaires supérieurs. Danscette dernière zone, l'aquifère estpeu productif.

Le modèle de simulation desécoulements souterrains appliquéà l'aquifère de la Grande-Terre,en régime permanent, a permisde tester la cohérence des don­nées hydrogéologiques en notrepossession et d'établir un bilandes échanges avec la mer (60 mil-

lions de m3 par an) dont l'essentiel se trouve à l'avalde la plaine de Grippon (18 millions de m 3 par an, soitplus du tiers du total). La côte ouest de Vieux-Bourgà Pointe-à-Pitre et la côte sud jusqu'à Bois-Jolan(Sainte-Anne) ont également un écoulement excéden­taire par rapport à la moyenne de l'écoulement rame­née au kilomètre de côte (17 litres par seconde et parkilomètre). Partout ailleurs, l'écoulement est infé­rieur à cette moyenne, notamment à la pointe orientalede la Grande-Terre.

La nappe de Grande-Terre est ex-ploitée par forages et fournit environ4,5 millions de mètres cubes par anpour l'alimentation en eau potable.Comme indiqué sur la figure ci-après,ces forages sont situés sur le pour-tour des Grands-Fonds, sur la partie centrale qes pla­teaux du nord et sur les plateaux de l'est.

L'exploitation de la nappe pour [a fourniture d'eauindustrielle est maintenant abandonnée sur les deuxprincipaux sites des usines de Gardel et de Beauport.Par contre, on observe un développement de petitsforages à usage agricole pour alimenter les zonesirriguées.

L'accroissement des prélèvements dans la nappe deGrande-Terre est possible. Ceux-ci représentent ac­tuellement moins de 10 % du transit annuel. Toutefois,comme dans tout aquifère en bordure de mer, uneexploitation des eaux souterraines mal menée, quirabattrait trop fortement les niveaux d'eau, pourrait

provoquer une entrée d'eau de merdans l' aqu ifère. Ce phénomène

de salinisation est alors quasiirréversible.

--.....50 - isobathe en m sous le niveau zéro

LA GUADELOUPE AU FIL DE L' EAU

Page 56: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La préservation de la qualité del'eau est possible à condition:

- d'acquérir les données né-. .

cessalres pour avoir unebonne connaissance de l' aqu i­fère (géométrie, niveau d'eauet position de l'interfaceeau douce-eau salée ;

- de calculer et de prévoirl'influence des pompages surles niveaux d'eau. On utilisedans ce but un modèle mathé­matique des écoulements sou­terrains qui permet d'optimi­ser les emplacements des fo­rages et les débits d'exploita­tion et de vérifier que les con­traintes concernant les ni­veaux de la nappe seront res­pectées.

sation de piézomètres et de forages d'exploitation ontpermis d'acquérir les connaissances de base concer­nant la nappe de Marie-Galante.

Anse-Piton

-----..1 _ isopiè:e l'II m NGG ~ déhit en 101' m.! / an

Carre des isopiè:es et des écoulements "ers la 111er.

AilSe-BeF/raild,

Port-Louis.Pellelan-146..

,1 Beauplan-224

" Charopin-143

L'eau circule dans les calcaires récifaux plio-pléisto­cènes dans lesquels s'intercalent des niveaux d'argi­les d'épaisseur variable. Une karstification existe,essentiellement limitée dans les parties hautes nonsaturées des formations carbonatées. Elle influencepeu l'écoulement de la nappe mais facilite la collecteet l'infiltration des eaux pluviales.

.5;{/fI/IC Ailne

Perrin-264..

Kancel-574..

Cavanière-281@

L'examen de la carte piézométrique montre l'influencePicard-277 Le MUille de la faille Anse-Piton / Vieux-Fort qui fonctionne

o Marchand-300'Jabrun-707'" ~ G eAudoin-225 comme une barrière hydraulique étanche en-

Gensolin-62t Duchassing-274 23lanchard-98 tre le compartiment des Bas au nord, où le~

Chazeau-61O ·CeJcoun-J9 niveau piézométrique est peu élevé et laCalvaire-O

.. "Douville-6 partie centrale où la nappe s'écouleSaiill FU11I(uis d'un point haut situé au nord-est

vers la mer. La rivière Saint-Louisconstitue un axe drainant dans sa partie aval.

Lcs Ahymes.

PUiilIC-â-Pilre

Exploitation de la nappe de laGrande-Terre (1991) - Points de

prélè,'ement et l'olumes prélevésen milliers de m.! par an.

LA NAPPE DEMARIE-GALANTE

Les eaux souterraines assurent l'alimentation en eaupotable de Marie-Galante. La dizaine de forages ex­ploités produit 600 000 01] par an, soit moins de 10%des apports à la nappe. Les forages sont plutôt situésdans la partie ouest de l'île où les calcaires sont plusperméables.

Les recherches en eau souterrainesur l'île de Marie-Galante ontdébuté dans les années J 975­1976 avec en particulier une im­portante prospection géophysi­que. Puis en 1979-1981, la réali-

LES EAUX SOUTERRAINESDE LA BASSE-TERRE

Actuellement, les eaux souterraines de la Basse-Terrene sont captées qu'au niveau des sources (émergencesnaturelles des eaux souterr'aines) et il n'y a aucun

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 57: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxsouterraines

forage qui participe à la produc­tion d'eau sur cette île. Cette si­tuation est due à une grande com­plexité géologique conjuguée àune connaissance encore insuffi­san te de l' hydrogéologie basse­terrienne.

Le comportement hydrogéolo­gique des formations rencontréespeu t être schématisé de la man ièresu ivante :

Les andésites massives: cesroches ne présentent pas àl'origine de perméabil ité d'in­terstices. La seule perméabi­lité qui puisse s'y développerest une perméabilité de fissu­l'es:

- fissuration dite primaireacqu ise par la lave lors de sonrefroidissement et/ou sonécoulement sur un substratumfroid. Elle confère souvent àla roche un débit en plaquet­tes d' é pai sseu l' centimétriq ue ;

- fissuration dite secondairequi se développe localementau sein de la roche lorsqu'elleest soumise à des contraintestectoniques. La masse ro­cheuse se brise au niveau deplans de fracture et de fissu­res de toutes tailles au seindesquelles l'eau pourra cir­culer librement. L'état actuelde contraintes caractérise unrégime distensif. Ce sont lesfractures d'orientation est­ouest, comprises entre N45Eet N 13SE, en ouverture et re­jouant le plus souvent, quiprésentent les propriétés lesplus intéressantes pour laprospection hydrogéologique.Ces caractéristiques seront re­cherchées lors d'études ponc­tuelles.

Des forages d'exploitation d'eausouterraine réalisés dans des for­mations identiques et dans descontextes géologiques équiva-

lents ont fourni en Martinique des débits de plusieursdizaines de m 3 par heure. L'aquifère de la plaine duLamentin fournit en première phase d'exploitation5 000 m.1 par jour. L'objectif à terme est de 20 000 m.1par jour. L'essentiel des sources captées en Basse­Terre est si tué à la base ou au sommet de formationsandésitiques.

Les scories et les ponces: bien qu'ayant une forteporosité, elles ne permettent pas généralemen t untransfert rapide de l'eau. Cependant, des niveauxplus grossiers peuvent être pré-sents et jouer lè rôle de drains, etrenfermer une nappe d'eau (ni­veaux pyroclastiques de la mon­tagne Pelée en Martinique où desdébits de sa 111.1 par heure parouvrage ont pu être tirés pour desrabattements de 2 à 3 m).

Les dépôts pliniens constitués d'éléments ponceuxet d'éléments massifs arrachés aux parois de lacheminée volcanique présentent une granulomé­trie variée, des cendres aux lapilli avec parfois desbombes. La porosité de ces dépôts est due auxinterstices. Les dépôts forment des aquifèresd'épaisseur réduite. On trouve cette formation en­tre la Soufrière et Baillif.

Les alternances de lapilli et ponces, et de couléesandésitiques massives qui forment la partie norddu massif de la Soufrière, peuvent constituer desaquifères de faible ou moyenne extension. Dans cecas, les ponces forment la partie aquifère, et lesandésites le substratum. Un certain nombre deconditions doivent être réunies: perméabilité etalimentation suffisantes des ponces.

Les alluvions des basses vallées peuvent être aqui­fères et constituer des ressources d' appoi nt commedans la vallée de Lostau. Les alluvions sont trèsdéveloppées le long de la Grande Rivière à Goya­ves et de ses principaux affluents. Ils peuvent aussijouer le rôle de drains hydrauliques au sein deformations volcano-sédimentaires. Les dépôtsvolcano-séd imen taires détri tiq ues très argi lisés pro­venant du démantèlement de la chaîne volcaniqueseptentrionale (massif de Baille-Argent) sont glo­balement très peu perméables.

Les principales zones reconnues et prospectées sontindiquées sur la figure suivante.

Dans le nord, des coulées massives de lavesandésitiques ont été explorées par trois forages dereconnaissance de petit diamètre dont l'un à Cluny,peut fournir 6 mJ par heure d'une eau faiblement

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 58: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

minéralisée. Les deux autres fo­rages n'ont pas recoupé de for­mations aquifères intéressantes(faible perméabilité des terrainset salinisation élevée de l'eau).

à la retombée orientale de la moitié nord de la chaînevolcanique centrale de Basse-Terre. Il s'agit essen­tiellement d'une vaste plaine remplie par les produitsd'érosion de cette chaîne, venus s' accumu 1er entre lesreliefs volcaniques de l'ouest et le relief calcaireancien de la Grande-Terre à l'est. Les bilans hydrolo­giques font apparaître une infiltration notable.

o

o•

zones d'étude sur le potentiel en eau sOllterraine

zones prospectées par géophysique électrique avecdes forages de reconnaissance

zones d'étude par télédétection

zones de recherche d'eau souterraine dans les aqui­fères d'altitude

::ones prospectées !Jar émanométrie du radon

Principales zones étudiées enBasse-Terre.

Les vallées de la Côte-sous-Ie­Vent renferment des aquifèresmixtes, composés à la fois desalluvions de rivières et du subs­tratum qui peut également parti­ciper à l'alimentation comme parexemple des tufs grossiers dansle cas de la basse-vallée deLostau. Là, deux forages ont étéréalisés. Les rabattements spéci­fiques (exprimés en hauteurs pardébit) sont de l'ordre de 0,3 à0,6 m- 2 h . Une production de50 m' par heure environ est en­visageable. L'eau peu minérali­sée présente un faciès carbonatémagnésien et répond aux normesde potabilité sur les éléments ma­jeurs. À Baillif, un forage de re­connai ssance dans des forma­tions volcaniques a égalementmontré l'exploitabilité de lanappe.

Le secteur de la plaine du nord­est de la Basse-Terre correspond

Étude hydrogéologique intéressant l'ensemble de laBasse-Terre:

- états de contraintes actuels et récents (par télédétec­tion)

- utilisation de l'imagerie satellitaire SPOT pOlir la pros­pection hydrogéologique en milieu fissuré "olcunique .

La prospection géophysique par 160 sondages électri­ques environ a précisé l'épaisseur des formations dé­tritiques mais n'a pas permis de déceler au sein decelles-ci des zones alluvionnaires épaisses et non alté­rées susceptibles d'être aquifères. Cependant, à Jarry,un forage a recoupé, sous une centaine de mètres decalcaires, des niveaux andésitiques renfermant de l'eaudouce à une pression suffisante pour que le forage soitartésien. Cela constitue la preuve de l'existence d'unenappe à l'amont.

Plus récemment, les recherches en eau souterraine sesont orientées vers des sites associant une zone d'ali­mentation amont et une zone de captage aval ayantcertaines caractéristiques. Sur la zone amont, on re­cherche les conditions qui sont susceptibles de maxi­miser les apports à la nappe: altitude maximale pourse situer en secteur bien arrosé, extension horizontalesuffisante pour augmenter la surface du bassin ver­sant, des conditions d'infiltration favorisées par unealtération réduite, surtout en surface. Une moindredensité de drainage permet de repérer les secteurs oùl'infiltration prend plus d'importance que le ruisselle­ment. La zone de captage se situera à l'aval de lapremière et sera suffisamment épaisse pour recevoirun forage de quelques dizaines de mètres.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 59: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxsouterraines

LES EAUXSOUTERRAINESDE SAINT-MARTIN

La géologie de l'île de Saint­Martin est caractérisée par troistypes principaux de formations:

- des formations sédimen­taires ou volcano-sédimen­taires ;

- des formations volcani­ques effusives et explosives;

- des roches intrusives d'âgetardif qui recoupent la plu­part des séries volcaniques etsédimentaires.

L'ensemble de ces terrains estrecoupé par une fracturation do­minante nord-est/sud-ouest avecdes directions conjuguées nord­est/sud-est. Par ailleurs, unedeuxième famille d'accidents dedirections nord-sud et est-ouestconjuguées est également appa­rente.

À Saint-Martin, les eaux souter­raines ont d'abord été exploitéespar 40 à 50 puits traditionnels,implantés pour la plupart sur lapériphérie de l'île. De petits fo­rages complètent cet équipement.Ces ouvrages captent principale­ment des eaux saumâtres. Le seulforage participant à l'alimenta­tion en eau potable est le foragede Cripple-Gate qui fournit de40 à 240 m 3 par jour selon lasaison.

Récemment, avec l'améliorationdes connaissances géologiquesde l'île, les recherches ont étéorientées vers de nouvelles zo­ne~ où la perméabil ité est a prioriplus importante: le long des zo­nes faillées et dans les forma­tions sédimentaires et fissurées.Ainsi, deux forages viennentd'être réalisés dans un milieu fis­suré (andésite). Ils ont été im-

plantés, en partie, à l'aide d'une prospection parémanométrie du radon dans les gaz du sol. Ils peuventproduire une centaine de mètres cube par jour.

"LES EAUX SOUTERRAINES ASAINT-BARTHÉLEMYL'île de Saint-Barthélemy, longue de 10 km et large de5 km, a une ossature qui résulte d'événements volca­niques sous-marins et de dépôts cal-caires intercalés durant une périodecomprise entre 48 et 45 mi Il ions d' an­nées. Ensuite, une période de soulè­vement et de basculement vers Je sudprovoque l'émersion et l'érosion dela partie septentrionale de l'île. Lors d'une deuxième 57phase, de petites intrusions massives se mettent enplace le long des axes tectoniques nord-ouest/sud-estet nord-est/sud-ouest.

La superficie réduite de Saint-Barthélemy n'autorisepas la présence d'aquifères importants. Seuls, quel­ques petits ouvrages en fond de vallée sontenvisageables. Une campagne de forages aurait étéréalisée dans les années 1970. À notre connaissance,aucun résultat positif n'a été obtenu. Des puits exis­tent en fond de vallée et le long du 1ittoral dans desformations alluvionnaires et sableuses.

LES EAUX SOUTERRAINES DE,

LA DESIRADELa Désirade est une île tabulaire de 11 km de long sur2 km de large. Elle est essentiellement occupée par unplateau calcaire, s'élevant jusqu'à 275 m d'altitude.Sous le calcaire se trouvent des roches éruptives d'âgemésozolque (plus de 65 millions d'années).

Les eaux souterraines se manifestent par une dizainede sources qui émergent souvent au niveau d'une zonefaillée et au contact de deux formations géologiquesprésentant un contraste de perméabil ité. Certaines deces sources étaient encore exploitées récemment avantl'alimentation par une conduite sous-marine appor­tant l'eau depuis la Grande-Terre. Le captage de deuxsources à Baie-Mahault, au nord de l'île, a permis defournir 80 m 3 par jour. Plus récemment, après le pas­sage de l'ouragan Hugo, la source de la ravine Rivièrea été captée pour pallier, en partie, la destruction del'usine de dessalement. Sur la côte sud-est, quelquespuits traditionnels permettent d'exploiter les eauxsaumâtres de la nappe côtière.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 60: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES SAINTES

La superficie peu importante desSaintes ne laisse pas augurer deressources exploitables en eausouterraine. Cependant des re­connaissances mécaniques sonteffectuées dans la cuvette autourde Petite-Anse à Terre-de-Bas.Les reconnaissances ont montrél'existence d'importantes forma­tions alluvionnaires argiliséesquasiment imperméables.

Fumerolle sur la soufrière en 1979.

LAMODÉLISATIONDES NAPPESD'EAUSOUTERRAINE

Pourquoi modéliser?

La modélisation répond à un cer­tain nombre de questions typesqui se posent couramment en hy­drogéologie :

-Y-a-t-il un risque d'obte­nir de l'eau salée par pom­page près de la mer?- Quelle sera l'influenced'un pompage sur des ouvra­ges voisins?

- Quel débit peut-on prélever dans un aquifèresans dépasser un rabattement donné?- Combien de temps une pollution mettrait-ellepour atteindre un captage d'eau potable ou unerivière? Quelle en serait la concentration?

Cependant, il n'existe pas de formules directementapplicables pour résoudre les problèmes exposés ci­dessus, quand un aquifère a une forme géométriquenon régulière, n'est pas homogène ou a une extensionindéfinie.

Les équations qui régissent l'écoulement de l'eaudans une nappe sont connues. Avec un modèle mathé­matique on cherche à représenter le mieux possible, à

J'aide de ces équations, la réalité physi­que de l'aquifère: géométrie, paramè­tres hydrodynamiques, conditions auxlimites (limite imperméable ou à niveaud'eau constant), conditions d'alimenta­tion par les pluies.

LA PROSPECTIONDES EAUXSOUTERRAINES

L'hydrogéologue est un sourcier mo­derne, sans baguette, mais avec de nom­breux autres outils très variés.

Sa première démarche lorsqu'il lui fautdéterminer s'il existe de l'eau souterraine exploitabledans un secteur donné est purement géologique car leou les réservoirs qu'il recherche sont constitués deroches. Illui faut donc déterminer, à partir des rensei­gnements dont il dispose (carte géologique, photogra­phies aériennes ou imagerie satellitaire, résultats dessondages qui ont déjà été réalisés dans le même sec­teur, etc) mais aussi et surtout en allant "observer" leterrain, queHes sont les roches qui le composent, leurslimites en surface et en profondeur, et enfin quelle estleur aptitude à renfermer de l'eau souterraine.

11 dispose pour ce faire, outre les facultés d'observa­tion des roches en surface, d'outils divers mis au pointsur le terrain ou dans les laboratoires de recherche. IIpeut ainsi appréhender la géométrie des terrains enprofondeur au moyen de méthodes géophysiques quiconsistent à déterminer la nature du sous-sol en mesu­rant la vitesse de propagation des ondes sismiques oudu courant électrique par exemple.

Lorsqu'il lui faut localiser très précisément (à quel­ques mètres près), comme c'est souvent le cas enGuadeloupe, les zones les plus fissurées, donc les plus

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 61: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les eauxsouterraines

perméabJes et riches en eau d'unmassif rocheux, l'emploi de mé­thodes particu lières est néces­saire. Les photographies aérien­nes ou l'imagerie satellitaire per­mettent de "prendre de J'altitude"et de Jocaliser Jes zones de frac­tures mais rarement de savoir sielles sont Je siège de circulationsd'eau. Une méthode nouvelle quidécoule directement des recher­ches les pl us récentes, la pros­pection du radon dans les gaz dusol (ou émanométrie du radon)est alors particul ièrement adap­tée. Elle consiste à mesurer dansles prem iers décimètres du soll'activité voJumique du radon,gaz produit par la désintégrationdes minéraux rad ioactifs, à du­rée de vie très courte; il peutdonc être décelé à proximité dela surface du sol. Les taux d'acti­vité très faibles nécessitent desméthodes particulières de me­sure. Si le radon a été transportérapidement par de l'eau souter­raine, une activité élevée consti­tue, de ce fait, un indice favora­ble de la circulation rapide d'eauxet donc d'une bonne perméabi­lité des terrains sous-jacents. Lesprospections radon menées àSaint-Martin ont ainsi permisd'implanter deux forages suscep­tibles de débiter une centaine demètres cube par jour. D'autresinvestigations de ce type ont étéréalisées dans des contextes si­milaires en Martinique. En Gua­deloupe, cinq autres secteurs sonten cours d'étude.

La mise en œuvre de toutes cesméthodes n'a qu'un seul but;diminuer au minimum le risqued'échec des forages qui serontréalisés si des conditions favora­bles à l'exploitation des eaux sou­terraines ont été décelées. Leforage constitue en effet l'opéra­tion la plus coûteuse d'une re­cherche d'eau souterraine.

La réalisation de forages de reconnaissance, en petitdiamètre donc moins coûteux que les forages ou puitsd'exploitation qui seront réalisés ultérieurement, per­met de valider les hypothèses concernant la naturegéologique du sous-sol, mais aussi, surtout, de mesu­rer la perméabilité de l'aquifère en réalisant des pom­pages d'essai et de déterminer la qualité de l'eaupréJevée.

Ces sondages sont équipés de dispositifs pour la me­sure des variations naturelles du niveau de l'eau dansla nappe. Ces mesures permettrontd'évaluer la ressource en eau souter­raine disponible, c'est-à-dire exploi­table sur plusieurs années sans ris­quer de tarir la nappe. En effet, il nefaut pas confondre capacité produc-trice d'un ouvrage de captage qui dépend seulementdes conditions de perméabilité dans son environne­ment immédiat et de la qualité du forage, et capacitéde la nappe qui est tributaire en particulier de sonalimentation à partir des pluies.

L'EXPLOITATION DES EAUXSOUTERRAINES

Captage par forages

Muni des paramètres chiffrés issus de ces reconnais­sances, J'hydrogéologue est en mesure de calcuJer lescaractéristiques des ouvrages de captage qui donne­ront à l' uti lisateur, au meilleur coût et avec la meilleu resécurité de fonctionnement, le débit souhaité. En Gua­deloupe, et à l 'heure actuelle, ce sont généralementdes forages qui sont réalisés. Leur diamètre excèderarement une cinquantaine de centimètres. Quand lesconditions le justifient, il est égaJement possible deréaliser des puits de gros diamètre ou même des gale­ries visitables, en pente douce, qui vont prélever demanière gravitaire l'eau des aquifères situés en alti­tude.

Pompage solaire

Parfaitement adapté au x besoins d'alimentation eneau de faibles volumes (quelques dizaines de m' parjour), Je pompage solaire est une solution bien maÎtri­sée en Guadeloupe. Actuellement une dizaine de pom­pes solaires alimentent des points d'eau sur la com­mune de Port-Louis et à Marie-Galante pourl 'abreuvage du bétail.

Ces pompes sont généralement installées sur des fora­ges (jusqu'à 100 m de profondeur). Contrairement à

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 62: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

d'autres solutions (prélèvementpar seau dans les puits ... ), cettetechnique évite de souiller l'eauprélevée. Leur fonctionnementest entièrement automatique sansrecours à des accumulateurs: lepompage se fait au rythme dusoleil, du lever du jour au cré­puscule. L'eau est généralementstockée dans un réservoir tam­pon.

Le coût d'une installation-type(pompe de 3 m3 par heure à 20 mde HMT délivrant 20 m3 par jour)estd'environ 150000fen 1992.

60 L'entretien est minime, nécessi­tant seulement une visite de quel­ques heures, une ou deux fois paran.

LES AVANTAGESDEL'EXPLOITATIONDES EAUXSOUTERRAINES

Par rapport aux prises d'eau desurface, le captage des eaux sou­terraines présente un certainnombre d'avantages pour l'ap­provisionnement en eau. Les nap­pes d'eau souterraine occupent,par rapport aux cours d'eau, desétendues plus vastes qui facili­tent leur captage à proximité im­médiate des lieux d'utilisation.Leur exploitation est donc parti­cul ièrement adaptée pour satis­faire les demandes dispersées(communes rurales, exploitationsagricoles et industrielles, parti­culiers, etc). Ce procédé ne né­cessite pas la mise en place deconduites d'adduction longuesqui sont particulièrement vulné­rables aux aléas naturels (séis­mes, glissements de terrain ... ).

Les ouvrages de captage eux­même (puits, forages ... ) sont

beaucoup moins sensibles aux effets de cyclones ou depluies cycloniques (crue, augmentation de la turbiditédes cours d'eau ... ) et peuvent donc délivrer une eau dequalité, même en période de crise. Les distributeursd'eau, tant en Guadeloupe qu'en Martinique, se préoc­cupent de ce problème et conçoivent des réseauxmaillés d'adduction d'eau potable qui s'appuient à lafois sur les ressources en eau de surface et les réservesd'eau souterraine.

Beaucoup moins sujettes aux aléas climatiques que leseaux superficielles, grâce au volume et à l'inertie desréserves des aquifères, les nappes souterraines offrentdes ressources permanentes au risque de défaillancetrès faible, même en cas de carême prolongé. li fau­drait en effet plusieurs années sans recharge pourqu'une nappe tarisse.

La qualité des eaux prélevées est supérieure à celle deseaux de surface et ne nécessite que peu de traitements,parfois aucun, pour la production d'eau potable. Leurscaractéristiques sont stables. Leur vitesse d'écoule­ment, faible par rapport à celle des eaux de surface,laisse un temps de réaction beaucoup plus importantpour intervenir en cas de pollution accidentelle àproximité des captages. Ces eaux demandent cepen­dant de l'énergie pour être extraites du sol par pom­page (énergies électrique, thermique ou solaire) etnécessitent de voir les roches qui les abritent proté­gées des pollutions pour préserver leur qualité. _

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 63: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

,

\111. \l.ltll

(' L111'1 1 IlIlill

\ III' ,"I l, 1"

" 0111 .1 i r l, Il "

( 1,"1" \I,"11r

La charte européenne de l'eau proclamée par leConseil de l'Europe en mai 1968 déclare dansson premier article: "il n'y pas de vie sans eau.

C'est un bien précieux indispensable à toutes les acti­vités humaines". Toutefois cette déclaration, qui faitl'unanimité, ne doit pas faire oublier que, dans cer­tains cas, l'eau constitue un risque menaçant la vie deshommes, soit par ses excès soit par la diminution deses ressources. Les exemples d'inondations ou desécheresses ne manq uent pas à travers le monde et laGuadeloupe n'en est pas exempte.

La Guadeloupe est particulièrement soumise à desrisques naturels multiples dont les manifestations lesplus récentes ont été:

- l'éruption phréatique de la Soufrière en 1976aux lourdes conséquences socio-économiques;

- la secousse tellurique de mars 1985, sans gra­vi té ;

- et le cyclone Hugo, dernier en date en septem­bre 1989, avec son cortège de désolations.

Plus fréquentes, les crues et les inondations consti­tuent un risque naturel causant des dégâts souventimportants et parfois mort d 'homme. Il convient d'ana­lyser les conditions de formation et les caractéristi­ques des crues dévastatrices, afin d'en maîtriser leseffets. Ces études sont nécessaires au dimensionnementdes ou vrages de franchissement, de protection ou destockage, et à la cartographie des zones inondables.

De même, un risque qu'il ne faut pas négliger estl'apparition de sécheresses qui ont des conséquencesdommageables sur la productivité et la qualité des

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 64: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

récoltes agricoles, sur l'élevageet parfois sur l'alimentation eneau potable des populations.

Au delà, les mouvements de ter­rains, les coulées de boues et dedébris, les embâcles, la liquéfac­tion et les éruptions phréatiquessont des phénomènes liés direc­tement ou indirectement à J'eau.

Ouragans, crueset inondations

De nombreuses crues etinondations remarquabJesont été recensées depuis le

XVII" siècle. Plus récemmen t, àpartir du début du XX e siècle,des données précises sontcollectées sur les précipitations.Depuis plus de vingt cinq années,le suivi continu de la plupart desrivières et ravines a permis decollecter une information consé­quente sur les régimes hydro­logiques des cours d'eauguadeloupéens.

Il est donc possible aujourd 'huide conduire une analyse des évé­nements hydrologiques paroxys­miques qui ont touché la Guade­Joupe au cours de ces dernièresdécennies : ouragans, crues etinondations exceptionnelles.

On remarquera que les ouragansde 1928, du Il août 1915, du 22août 1964 (Cleo), du 27 septem­bre 1966 (Ines), du 29 août 1979(David) et même celui du 17 sep­tembre 1989 (Hugo), n'ont pasété accompagnés de crues trèsfortes ou d'inondations catastro­phiques, alors que certains évé­nements pluviométriques decourte durée (quelques heures),souvent engendrés par des per­turbations stationnaires partic u­lièrement intenses, ont provoqué

des crues et des inondations importantes en 1966, en1981 ou en 1986.

Le tableau suivant présente l'historique des crues etinondations observées en Guadeloupe.

LI"le de" eV~Il~rnel1h a 'LompagnC'"d; crul'S cl d'illonJlIlinns

Dates Localisation Observations

23/09/1906 Pointe-à-Pitre inondations bas quartiers

22/04/1927 La Basse-Terre fortes précipitations et crues

10/1927 Côte-sous-Ie- Vent fortes précipitations et crues

12/09/1928 Guadeloupe fortes précipitations,peu d'inondation

10/1949 Guadeloupe fortes précipitations, liées àdes dépressions statiques

29/07/ J95] La Basse-Terre fortes précipitations, sur lessommets de la Basse-Terre

12/08/1956 La Basse-Terre Betsy, fortes précipitations

27/10/1963 La Basse-Terre Héléna, précipitationsexceptionnelles, fortes crues

06/07/1966 Guadeloupe très fortes précipitations

27/09/1966 Guadeloupe Ines, fortes précipitations,fortes crues

29/08/1979 Guadeloupe David, fortes précipitations,forts volumes crues

07/09/1981 La B asse-Terre fortes précipitations,foftes crues

02/05/1981 La Grande-Terre inondations dans la régionde Sainte-Anne

16/11/1986 La B asse-Terre très fortes précipitations etcrues au vent

17/09/1989 Guadeloupe Hugo, fortes précipitations,faibles crues

09/10/1990 Poi n te-à-Pi tre fortes précipitations etinondations

LES OURAGANS

Un ouragan se présente sous la forme d'un amas quasicirculaire de nuages, dont le diamètre est de quelquescentaines de kilomètres, animé d'un mouvement tour­billonnaire dans le sens inverse des aiguilles d'unemontre dans J'hémisphère nord.

Les nuages qui le constituent forment une masse com­pacte s'élevant à plus de 15 000 m, s'enroulant autourdu centre de rotation: l'œil de J'ouragan, zone calme debasse pression d'un diamètre d'une quarantaine dekilomètres.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 65: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Hugo 16-17/9/89 150à300mm 80à350mm

Pluviomélrtè rd~vée lors du passage dt:s

trois t1ernicr" ouragan"

Ines 27/9/66

David 29/8/79

Grande-Terre Basse-Terre

100 à 200 mm 100 à 300 mm

100 à 200 mm 135 à 460 mm

Ouragans,crues etinondations

Tru.I(!cwire des OUI'Ul!.UflS dWl\ /es Peu [es Allfilles

( /c'9/-/989).

en'04/08/j

J8'

J5'

14'

J2'

Ir

J3'

61 '

•,

longitude ouest

62"

0lJc:o

f. Marri"

D Og. 02

08/08//1903

~:---.25/09//

63'

//1/(/!;,(' .W{cl/illlirc de /'oul'llgall

!lI/go.

Les cyclones qui intéressent l'arcdes Petites Antilles naissent aularge des îles du Cap-Vert sousforme de dépressions tropicales.Lorsque celles-ci rencontrent desconditions favorables, elles serenforcent, pour évoluer en tem­pêtes lorsque la vitesse des ventsdépasse 63 km/h puis en ouragans,au-dessus de 119 km/ho

Les phénomènes cycloniques tra­versent l'Atlantique nord enmoins d'une semaine, avec unevitesse moyenne de l'ordre de lanœuds (environ 18 km/h), sui­vant une trajectoire est-ouest, quidévie généralement vers le nord­ouest à l'approche de la Caraïbe.

Le passage des ouragans s'ac­compagne de rafales de vent ex­trêmement violentes (estimées àplus de 260 km/h pour Hugo pourune pression minimale enregis­trée de 941 hPa), de marée detempête pouvant dépasser 3 mè­tres et d'une très forte houle. Àces effets souvent dévastateurss'ajoutent ceux de la pluie.

Le tableau suivant donne lesprécipitations relevées au coursdu passage des trois derniersouragans ayant intéressé laGuadeloupe : Ines, David etHugo.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 66: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES CRUES ET INONDATIONS

d~b;/~ (m'/ )

...o débit de p mte

76

temps 1hlilll'CSJ

c urbe de tar!~ emelll

54

>

32

t mp. LIe b, e

lemp de< .

nl e

o

_U

o

10

Les caractéristiques d'une crue s'expriment par:- le débit de pointe (débit maximal atteint) ;- les paramètres de forme de l' hydrogramme quesont le rapport du débit de pointe au débit moyen dela crue et les temps caractéristiques (temps demontée, temps de base) ;- le volume d'eau écoulée auquel on associe uncoefficient de ruissellement (rapport du volumed'eau écoulée au volume d'eau précipitée sur lebassin versant).

flY"I'()~"{IIIJIII('dC' 1'/'1/('

La notion de crue est liée à celle d'écoulement rapided'importantes quantités d'eau dans les cours d'eaunaturels ou dans les canalisations et canaux de drai­nage en zone urbanisée.

Le l' '\.\(Ige dl.' l' Il 1Il'1 Il! U 1/ fll/guCil Cl/ade/oul,e

On a constaté que les précipita­tions étaient plus fortes au ventde la chaîne montagneuse lors­que l'ouragan passait au nord decelle-ci (cas de Hugo) et sous levent lorsque il passait au sud (casde David).

L'ouragan Hugo a été qualifié de"cyclone sec". Cependant, si desintensités de précipitation excep­tionnel les sur de courtes duréesn'ont pas été relevées, les préci­pitations en 2 jours avaient toutde même atteint 200 à 300 mmsur la trajectoire de l'œil.

Certes, celles-ci n'ont pas pro­voqué d'inondations exception­nelles car les sols en Grande­Terre n'étaient pas préalablementsaturés: on totalise seulementquelques 5 à la mm de pluie surles 3 jours qui précédèrent le pas­sage de j'ouragan.

Ilnse-Bertrand•Port-Louis.

Moult!•

Sain/t'·Anlle.

Pe/it-Canal

Pointe-à-Pitre

Çosier

.Mflrlle-à-I'eau •

Le RaiZl.'t.Baie-Mahault

Petit-Bourg

Poinre-Noire.Lamen/in

Sail/te-Rose .

"Bouillante'

Vieux-H abital1fs. Capes/erre.Bas,s('·7erre. Saint-Claude

Gourbeyr!'• Jroü-Ril'ière

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 67: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

!nondi/tioll cl Pointe-tl-Pitre.

Ouragans,crues etinondations

effet, compte tenu de la faible superfi­cie des bassins versants (de quelqueskilomètres carrés à quelques dizaines),l'importance des débits de pointe descrues est fonction des hauteurs d'eauprécipitées au cours de durées inférieu­res aux temps de concentration des bas­sins (temps du plus long parcours deruissellement de l'eau sur le sol) quidépassent rarement quelques heures. Demême, les durées devidange des zonesinondées dépassent ra­rement la journée.

En Basse-Terre, où lesbassins versants sontpentus, les crues sont fréquentes ets'écoulent rapidement, souvent trèschargées en boues et en débris végé­taux. Elles se traduisent par une aug­

mentation forte et soudaine des débits des cours d'eau.Les temps de concentration des bassins versants étanttrès courts, les débits peuvent passer de 1 à 400 mols enmoins d'une heure.

En Grande-Terre, les bassins versants sont de faiblepente. Les écoulements n'apparaissent que lorsquedes pluies préalables ont saturé les sols. Les écoule­ments sont lents, mais constituent d'importants volu­mes d'eau inondant les zones basses mal drainées.

Sur les petites îles, les crues sont générées par desprécipitations intenses sur des durées le plus souventinférieures à la demi-heure.

Quelques exemples permettent de souligner que SI,

généralement, les fortes crues apparaissent en saisonpluvieuse, il n'est pas exclu d'assister à des phénomè­nes extrêmes en toute saison:

Le uil/(/f tle \ \'ainle :pas:>age d'lIl1e d ·pre.\sioll

rl'opico!c.

Les inondations apparaissentlorsque les cours d'eau gonflentau point de déborder de leurs litspour envahir des zones géné­ralement de faible pente (coursaval des rivières de la Basse­Terre, bas-fonds de Grande­Terre).

En zone urbaine, les inondationsintéressent le plus souvent lesquartiers les plus bas, aux ré­seaux d'évacuation pluviale malentretenus, sous-dimensionnés,ou de trop faible pente pour éva­cuer rapidement les quantitésd'eau qui leur parviennent. Lesinondations sont souvent provo­quées par des embâcles (encom­brement de matériaux) se formantau niveau des ouvrages de fran­chissement (ponts, radiers ... ). Oncaractérise l'ampleur d'une inon­dation par la hauteur d'eau maxi­male du plan d'eau atteinte aucours de l'événement dans unezone donnée.

En Guadeloupe, les très fortescrues et les inondations s'obser­vent lorsque les précipitationssont intenses sur des durées cour­tes, inférieures à la journée. En

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 68: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les fortes précipitations

Nomhre de> jU/lr. de pll/ip lupér;l'llre Ù /a l'ct/ellr1110 \ ;lf/l/le jO/lrl/alière l'occl/rr{'/I( (' sflIri\riqll(' IIlIl' ullllée

ILl! delu. L' Rai::'f /9-1-/91.)0.

m 3/s/km 2, et de 6 à 12 m]/s/km 2 pour les crues décen­

nales. Les valeurs des débits de pointe dépendentindirectement de la pluviométrie annuelle moyennesur les bassins versants.

1985 1990Années

DAVID

KLAUS- - - Hü6o~-+

INES

1-

o1950 19551960 19651970 19751980

Nombre de jours de pluie3 ---------

2 CLEl--~---

Les fortes précipitations sont dues à des perturbationsatmosphériques de grande échelle telles que frontsfroids, ondes d'est, cyclones, ou à des phénomènesthermoconvectifs localisés (orages ou cellules sta­tionnaires), éventuellement amplifiés par l'effetorographique. Les perturbations atmosphériques degrande étendue sont rares et s'établissent en moyenneà une dizaine par an, avec, cependant, une forte varia­bilité d'une année sur l'autre.

L'effet orographique se manifeste essentiellement parune augmentation de la durée des précipitations defaible intensité en altitude et parfois localement parl'augmentation des valeurs des fortes intensités.

Au cours d'une période de plusieurs décennies, onconstate, comme le fait ressortir la figure ci-dessous.que les événements les plus abondants ont une distri­bution erratique.

L'analyse statistique des pluies journalières ponctuel­les permet d'estimer les valeurs correspondant à diffé­rentes périodes de retour. Les événements atmosphé­riques susceptibles de provoquer des pluies excep­tionnelles en un site sont les mêmes sur l'ensemble dela Grande-Terre.

On admet que les pluies journalières maximales d'oc­currence donnée sont partout identiques en Grande­Terre. Il est donc pertinent de se référer aux donnéesdu Raizet qui constituent la plus fiable des longuesséries.

En Grande-Terre, les débits de pointe (de l'ordre dequelques m3/s/km 2 pour les crues centennales) sontbien plus faibles qu'en Basse-Terre et varient selonles caractéristiques géomorphologiques des bassins.

Il convient d'analyser précisément les précipitationsqui génèrent les plus fortes crues et inondations.

- sur le Bras-David, le dé­bit maximum instantané,547 ml/s, a été observé le 16novembre 1986, engendré parune dépression stationnairesur le flanc au vent de lachaîne montagneuse. Cepen­dant, en février 1982, mois de"carême", un débit instantanétrès important de 453 m]/s aété relevé;- le bassin versant de la ra­vine Gachet a une forte pro­babilité de voir ses cruesmaximales apparaître à partirdu mois d'août, c'est pour-

66 tant le 17 juillet 1979 que ledébit de pointe a atteint lavaleur maximale observéesur la période 1974-1990(60,5 m]/s).

Aucune technique ne permet ac­tuellement de prévoir le carac­tère exceptionnel d'une averseisolée. Encore est-il plus délicatde prévoir que telle ou telle ré­gion sera affectée par une crue.

Toutefois, les études hydrolo­giques ont permis la prédéter­mination des crues de fréquencerare, c'est-à-dire l'estimation desdébits de pointe de faible occur­rence. Les méthodes u ti li séessont basées sur la statistique, surl' u tili sation de modèles nu mé ri­ques évaluant les débits à partirdes données de pluie, ou sur l' ap­plication de formules faisant in­tervenir le temps de concentra­tion du bassin, le coefficient deruissellement (rapport du vol umed'eau précipitée au volume d'eauruisselée) et l'intensité de préci­pitation.

Les débits de pointe des cou rsd'eau de la Basse-Terre sont es­sentiellement fonction de la pentedes bassins versants (pour unemême gamme de superficie).

Selon la pente des bassins ver­sants, les débits spécifiques descrues annuelles varient de 3 à 6

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 69: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Plu i llléll"ie journalil:l"l'P~l"le léléo-france du RaiLcl

Période de retouren années 2 10 20 50

H mm 85 150 185 210

Les valeurs données ci-dessous, applicables à laGrande-Terre, sont d'autant moins précises que leurpériode de retour est élevée.

En Basse-Terre, aucun poste ne fournit de série suffi­samment longue pour permettre une estimation desintensités de précipitation de grande période de re­tour.

Ajustement Gumbel - Le Raizet 1961/1990

En Basse-Terre, les pluies jour­nalières maximales augmententavec l'altitude et atteignent, pourdes périodes de retour de 2, 10,20 et 50 ans, respectivement desvaleurs de l'ordre de 150, 250,300 et probablement plus de350 mm. Les hauteurs de pluiesjournalières de période de retour100 ans pourraient dépasser250 mm en Grande-Terre et500 mm sur les sommets de laBasse-Terre.

Le tableau suivant présente lesvaleurs prédéterminées deshauteurs d'eau H en mm et desintensités 1 en mm par heure surdes durées de 6 minutes à 4 jourset pour des périodes de retour Pallant de 2 à 100 années:

2

H Imm/h

Ouragans,crues etinondations

Comme on l'a vuprécédemment, JeRaizet constitue unsite représentatif desphénomènes pluvio­métriques intéressantla Grande-Terre. EnBasse-Terre, l'ana­lyse de l'ensemble

Les très fortes inten­sités de précipitationsur de faibles pas detemps ont été rele­vées à l'occasion dupassage d'une ondetropicale (le 6 juillet1966), de phénomè­nes thermo-con vec­tifs stationnaires (les17 juillet 1979 et 2mal 198 J) et d'unedépression station­naire (le 16 novem­bre 1986).

12

18

31

49

63

87

148

192

230

Imm/h

100

H

376

324

237

287

220

186

147

126

87

74

48

23

II

16

28

44

57

80

134

176

210

Imm/h

50

Historiquement, la valeur maximale de précipitationjou rnalière relevée en Guadelou pe a été mesurée lorsdu passage de l'ouragan David le 29 août 1979, avec438,5 mm au poste Ors tom de Congoen Basse-Terre. Lors du passage del'ouragan Ines, 313 mm étaient re­levés à Duclos le 27 septembre 1966.En Grande-Terre, les records de pré-cipitationsjournalières n'ont pas été lirelevés lors du passage de l'ouragan mais au cours del'averse exceptionnelle du 6 juillet 1966 avec unmaximum ponctuel de 341 mm.

Les records mondiaux s'établissent à plus de 700 mm parjour à Porto-Rico et à Cuba, à 1 690 mm en 24 h enNouvelle-Calédonie et à 1 870 mm en 24 h à la Réu-11I0n.

Pour les pas de temps supérieurs à une journée, c'esten Basse-Terre et pendant le passage des cyclones quel'on relève les valeurs maximales cumulées sur plu-

. .sieurs Jours.

21

H

340

292

209

253

197

168

132

J 14

80

67

44

21

33

45

63

100

132

170

10

17

H Imm/h

126

99

90

63

50

33

255

215

152

183 8

149 12

12

20

28

44

69

92

130

72

60

56

44

34

13

13

85

100 4

87 7

4 j

2 j

l j

24 h

12 h

6 h

3 h

2 h

1 h

6 min

Durée

30 min

15 min

P (an)

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 70: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

des senes d'observation, rela­tivement courtes et présentantsouvent des lacunes, faitapparaître que, pour des pas detemps de 10 minutes à 6 heures,les intensités maximales deprécipitation ont été mesuréeslors du passage de la tempêteHelena au poste Orstom deParnasse.

d'averses exceptionnelles qu i semblent affecter autantla Grande-Terre que les sommets de la Basse-Terre.

Il semblerait que l'accroissement dû à l'effetorographique sur les fortes précipitations soit peusensible pour des durées inférieures à 2 à 3 h, maisd'autant plus important que la durée dépasse 3 heures.Ainsi, pour les pas de temps supérieurs à 6 h, lesintensités observées en Basse-Terre seraient pratique­ment deux fois plus importantes qu'en Grande-Terre.

EN GUISE DE CONCLUSION

En Basse-Terre, les ouragans peuvent engendrer detrès fortes crues et inondations occasionnant d' impor­tants dégâts sur les bassins de taille relativementimportante. Sur les bassins versants de faible superfi­cie (quelques kilomètres carrés), les risques liés aux

forts écoulements et auxinondations sont perma­nents.

De même, les ouraganssont susceptibles de pro-

Date Durée H mm Imm/h voquer d'importants dégâts

Hugo 12 h 194 16par les eaux en Grande-Terre. Mais, plus encore

Hugo 6 h 149 25 qu'en Basse-Terre (compte5/11/63 3 h 105 35 tenu de la taille relative-

9/10/90 2 h 89 45 ment petite des bassins et

14/09/75 1 h 73 73 de leur faible pente), les

30 minfortes crues et inondations

29/08/79 57 114être provoquéespeuvent

24/1 1/66 15 min 38 152 par des perturbations trèsla min actives ou des dépressions

4/J 1/74 5 min 22 220 stationnaires.

Grande-TerrePoste du Raizet (Méléo-France)

Basse-TerreParnasse (Orstom)Tempête Helena 27/10/1963

Durée H mm Imm/h

12 h 346 29

6 h 281 47

3 h

2 h 164 82

1 h 114 114

30 min 69 138

15 min

\0 min 27 162

5 min 13 156

Le tableau suivant donne les va­leurs maximales des hauteursd'eau H en mm et d'intensités l enmm par heure observées enBasse-Terre et en Grande-Terresur des durées allant de 5 minu­tes à J 2 heures:

D'après ces informations, cen'est qu'à partir de durées supé­rieures à 6 h, en Grande-Terre,que les ouragans occasionne­raient les plus fortes intensitésde précipitation mesurées:149 mm en 6 h et 194 mm en12 h pour Hugo le 17 septembre1989 (poste Météo-France duRaizet). À des pas de temps al­lant de 5 minutes à 2 ou 3 heures,on observe que les intensités desprécipitations cycloniques nesont pas supérieures à celles

Sur les petites îles commeSaint-Martin, les crues sont

violentes, les débits de pointe sur des bassins versantsde moins de 3 km 2 peuvent atteindre, voire dépasser,20 à 25 m3/s/km 2 pour une crue décennale.

Finalement, nous retiendrons que J'apparition des trèsfortes crues est aléatoire, liée à des situations météo­rologiques particulières. Il convient donc d'attirerl'attention sur la nécessité de prendre en considéra­tion le risque de crue ou d'inondation dans l'élabora­tion des plans d'occupation des sols et de mettre enœuvre des mesures préventives efficaces tant au niveaudes collectivités que des personnes concernées, dansles zones à risque déjà occupées.

Une cartographie des zones susceptibles d'être inon­dées s'impose.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 71: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

80

Le 6 juillet 1966

20

Le 17 juillet 1979

Le 16 novem bre 1986

60

Courhes isohyètesde pluviométriejournalière en mm

Le 2 mai 1981

11 . l'oneÉd'I/('mel/t~ rel/larqll~I.] ('~ li.

pl /1\' iOnt ét rie jo Illïla 1lae .

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 72: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les sécheresses

i les fortes précipitationsconstituent un réel dangersur l'archipel guadelou-

péen, les sécheresses ont ellesaussi des conséq uences néfasteset immédiates:

- le stress hydrique su bi parles plantes qui affecte les cul­tures ;- l'al imentation en eau po­table des populations qui ne

70 peut plus être assurée norma­lement ;- une pollution aggravée descours d'eau.

L'étude des précipitations a mon­tré que, en Côte-sous-Ie-Vent, enGrande-Terre et à Marie-Galante,le déficit cumulé des faibles pré­cipitations et/ou la répartition ir­régulière des épisodes pluvieuxplus importants suffisaient à en­gendrer des sécheresses tempo­raires ou durables.

Les réserves hydriques de ces ré­gions défavorisées sont ainsi trèsprécaires.

En Basse-Terre, l'apport despluies orographiques limite cephénomène à des sécheresses gé­néralement atténuées et tempo­raires.

La réserve utile du sol apparaîtpositive lorsque les besoins eneau de la végétation sont satis­faits, négati ve lorsque celle-cisubit un stress.

L'évolution des réserves en eaudu sol en cours d'année fait appa­raître que, jusqu'au mois de juin,les faibles précipitations ne par­viennent pas à assurer les be­soins en eau de la végétation.Seul un événement d'importancemoyenne (25 mm) au cours dumois d'avril vient satisfaire en

partie les besoins en eau de la végétation. C'est àpartir du mois de juin que des précipitations suffisam­ment importantes amènent le bi lan à des valeurs posi­tives de la réserve en eau. (cf page 74)

On ne dénombre, par exemple pour l'année 1988, que7 événements de plus de 50 mm en 24 heures. Sans laprésence de 2 épisodes en avril et en juin (respective­ment 30 et 60 mm), on aurait assisté à une sécheresseimportante.

L'analyse des sécheresses exceptionnelles les plusrécentes montre que ces dernières ont affecté diffé­remment les régions de la Guadeloupe:

- en 1983, le nord de la Grande-Terre a connu undéficit pluviométrique annuel de 50 %, la produc­tion de canne à sucre a fortement régressé;

- en 1987, c'est le sud de la Basse-Terre qui asubi un carême extrêmement sec, avec seulement30 à 40 % des pluies relevées en février-mars-avrilen année moyenne (l'effet orographique prépondé­rant en Basse-Terre s'est vu fortement diminué parune orientation anormale des vents au sud). Larécolte bananière a été très médiocre, tant en qua­lité qu'en quantité;

- en 1991, l'ensemble de la Grande-Terre, etessentiellement le nord, a été touché par un déficitsévère entre avril et août.

Les écoulements en Grande-Terre ont été nuls duranttoute l'année 1983. Ils ont été très déficitaires dans lesud de la Basse-Terre en avril 1987 (70 % des écoule­ments normaux). En 1991, les écoulements ont éténuls en Grande-Terre de janv ier à août, comme c'est leplus souvent le cas. Dans le même temps, les débitsdes rivières de la Basse-Terre avaient des valeursproches des débits minimaux d'une année normalemême s'ils apparaissaient à une période très tardive.

L'apparition de certaines sécheresses en Guadeloupeest liée à la présence d'anomalies de la circulationgénérale atmosphérique. En effet, les chercheurs del 'Orstom ont constaté la concordance entre le phéno­mène "El Nino" (réchauffement cyclique du Pacifi­que Est influant sur la structure verticale de l'atmos­phère) et les sécheresses exceptionnelles observées enGuadeloupe (5 concordances sur les 6 derniers phéno­mènes détectés). Les effets de "El Nino" sont percep­tibles dès les mois d'octobre ou novembre, précédantles sécheresses exceptionnelles observées au coursdes carêmes des années suivantes (janvier à avril).Cette découverte laisse entrevoir qu'une modélisationde la circulation générale atmosphérique intégrant cetype de phénomènes pourrait déboucher vers une pré­vision des sécheresses touchant l'archipel

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 73: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LES EMBÂCLES

Les sécheresseset les autresf1sques

guadeloupéen, qui permettrait deplanifier la gestion des stocksd'eau, les choix culturaux, etc.

En attendant que l'état d'avan­cement des recherches permettela prévision des sécheresses,même à court terme, la préven­tion de ce risque consiste à met­tre en place un réseau d'adduc­tion qui assure le transfert del'eau des régions où elle est abon­dante, la Basse-Terre, vers lesrégions où elle fait défaut : laGrande-Terre, mais aussi la Dé­sirade et prochainement les Sain­tes ...

Les autres.risques

LIeau précipitée à la surfacedu sol, si elle alimente lesnappes, les sources et les

rivières, peut avoir des consé­quences directes ou induites surle comportement mécanique deformations composant le sous­sol.

L'eau agit sur la stabilité du mi­lieu naturel et ses modes d'actionsont amplifiés sous l'effet d'uneéventuelle sollicitation sismique.Le risque correspondant aux ef­fets induits est donc une combi­naison entre la sensibilité du siteet l'aléa sismique stricto sensu.Nous distinguons mouvements deterrains, coulées de boues et dedébris, embâcles, liquéfaction etéruptions phréatiques.

LESMOUVEMENTSDES TERRAINSL'eau absorbée par la surface dusol va remplacer progressivementl'air qui se trouve dans les in-

terstices diminuant ainsi la cohésion du substrat. Con­juguée à une pente forte et à une épaisseur importantede l'horizon pédologique, l'augmentation de la pres­sion intersticielle va déclencher des glissements deterrain. Le BRGM-Antilles a établi une carte à J'échelle1/100 000 des risques de glissement de terrain. Cesrisques existent principalement en Basse-Terre et no­tamment sur la partie orientale plus altérée et plusarrosée.

LES COULÉES DEBOUES ET DE DÉBRIS

Les coulées de boues sont provo­quées par une arrivée brutale et im­portante d'eau (fortes pluies, remontées de nappe)dans un terrain riche en matériaux fins. La matricefine est généralement constituée par des argiles d'al­tération ou des cendres volcaniques. On parle de 1aharlorsque le matériel solide est d'origine volcanique(cendres volcaniques) et de coulée de débris lors­qu'une coulée de boues contient des blocs rocheux.

La carte géologique du massif volcanique de la Sou­frière montre l'existence de puissantes coulées dedébris et de lahars sur le flanc sud-ouest du volêan. En1976, lors de la dernière éruption phréatique, unecoulée de boues a emprunté la vallée de la rivière duGrand-Carbet dévastant la végétation sur plus de la mau-dessus du fond de la vallée.

Ces coulées, boues et débris, peuvent se déplacer surde grandes distances et parfois à grande vitesse. Unecoulée de boues libérée par l'éruption Nevado deiRuiz (Colombie, 1985) a fait 25 000 victimes dans laville d' Armero à plus de 50 km de son point de départ.

La notion d'embâcle fait'appel à une succession logi­que d'événements: obstruction du lit d'un cours d'eauconsécutive à un glissement de terrain faisant suite àde fortes pluies ou à un ébranlement sismique, puisaccumulation d'eau en amont de la digue naturelleainsi formée, et enfin rupture brutale de celle-ci etpropagation rapide d'une onde de crue chargée d'unmélange eau-terre-blocs-débris végétaux ... Le pou­voir destructeur est alors bien supérieur à celui d'uneeau normalement chargée.

La carte établie par le BRGM-Antilles situe les valléesdans lesquelles des embâcles ont été répertoriées.Elles se localisent toutes dans des vallées étroites et

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Il

Page 74: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

profondes de la Basse-Terre. Lerapport de C. Deville, en 1843,consignant les effets du fortséisme du 8 février 1843 fait étatde profondes modifications duréseau hydrographique et de des­tructions dues à des embâcles.

LA LIQUÉFACTION

Il s'agit d'une perte de résistancedu matériau sableux en mil ieusaturé, induite par des séismes.Ce sont essentiellement les for­mations alluviales ou littorales,

72 voire les remblais artificiels, quisont affectés par la liquéfaction.Le cas 1e plu s tYPique est cel uidu séisme de 1964 à Niigata auJapon avec le basculement deplus de 45° d'immeubles de troisétages.

En Guadeloupe, les tremblementsde terre de 1843 et de 1897 ontoccasionné en surface des mani­festations (éruption de sable) té­moignant de la liquéfaction. LeBRGM-Anti Iles, dans le cadre del'étude de la prévention du ris­que sismique aux Antilles (sep­tem bre 1990), a dressé une carteà 1/100 000 des risques de liqué­faction. Ce risque est grand pourla région pointoise et tout parti­culièrement à la pointe de Jarry.

LES ÉRUPTIONSPHRÉATIQUES

Elles font intervenir les eauxd'infiltration contenues dans lesnappes au sein de l'appareil vol­canique. Surchauffées par lemagma, elles interviennentcomme déclencheur du phéno­mène par détente violente. Dansce type d'éruption, la lave enfusion n'arrive pas jusqu'à lasurface, seuls les matériaux an­ciens du volcan sont éjectés:

blocs, cendres ... accompagnés de vapeur d'eau et degaz.

Dans le cadre de l'évaluation du risque volcanique enGuadeloupe, le BRGM-Antilles a réal isé la carte d'aléades éruptions phréatiques de la Soufrière. L'analysedétai liée des événements historiques montre que tou­tes les éruptions ont été de nature phréatique ; ladernière crise éruptive de 1975 à 1977 s'est traduite le8 juillet 1976 par une explosion phréatique projetantdes cendres qui obscurcirent pendant plus de 20 minu­tes la région de Saint-Claude.

La protection des hommeset des biens

La protection ne se conçoit pas de la même façonselon que le risque est ou n'est pas évalué etdélimité. Dans le domaine des risques liés à

l'eau, le problème des éruptions phréatiques est trèsdifférent de celui des crues, inonda tions et glissemen tsde terrain.

Dans le premier cas, la prévention est aléatoire au­delà du périmètre immédiat du volcan: la périodicitédes événements est capricieuse, l'intensité des dégâts,comme leur extension, extrêmement variable. La pro­tection des hommes consiste à instituer un systèmed'observation et d'alerte qui permette de prendre enquelques jours les mesures d'évacuation nécessaires.Il faut remarquer à ce propos que la Soufrière estdevenue l'un des volcans les mieux surveillés dumonde. On ne détaillera donc ici que le second cas.

LA PRÉVENTION

La prévention consiste à bien circonscrire les zonesinondables, les bassins su bmersibles en cas d' imper­méabilisation des sols, les terrains instables et à n'yrien édifier, car la présence de constructions dans ceszones, outre le danger qu'elle fait courir aux occu­pants, aggra ve le phénomène.

Depuis 1987, le Code de l'urbanisme impose desdispositions en ce sens et stipule en particulier que lesPlans d'occupation des sols (POS) doivent "délimiterles zones urbaines ou à urbaniser en prenant en comptenotamment ( ... ) l'existence de risques prévisibles".

Aussi, la Direction Départementale de l'Équipement a

LA GUADELOUPE AU FIL DE LEAU

Page 75: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

M('\I/}"(' dl' dé/Jir dl' ("mi! .\I/r /<' Brll.\-f)cl\'id.

LA PROTECTION ACTIVE

La protectiondes hommeset des biens

Enfin, des ouvrages lourds de génie civil s'imposentpour la protection des zones déjà urbanisées (souventpar des constructions sans permis et au mépris duPOS) en zone inondable: travaux de correction torren­tielle (stabilisation des berges et rétention des maté­riaux en suspension), digues et enrochements, bassinsécrêteurs de crues, etc. Deux opérations étaient pré­vues au contrat de plan État-Région 1989-1993 pourmettre hors d'eau des quartiers ré­gulièrement inondés par des fortespluies du fait de leur situation to­pographique et des imperméabili­sations par "bétonnage" au Raizetet à Gosier (Grande-Ravine, Belle-Plaine), mais des négociations laborieuses en ont re­tardé j'exécution. D'ailleurs, pour bien faire, l'effortdoit être accentué: des études hydrologiques appro­fondies de bassins sensibles ont déjà été réalisées quipourraient servir à l'élaboration d'un véritable "schémade protection contre les crues" pour une programma­tion rationnelle des travaux.

LENTRETIEN DESCOURS D'EAU

En réal ité, cet entretien ne peutpas être réalisé avec la régularitésouhaitable en raison de pesan­teurs administratives, du régimemême des crues, des difficultésd'approche, et de déversementssauvages de gravats et encom­brants formant des embâcles sou­vent inaccessibles.

Sauf exception, on est conduit enGuadeloupe à procéder plutôt àdes opérations ponctuelles d'en­tretien différé, s'apparentant plusà la protection qu'à la préventionet à ce titre financées par lescommunes concernées et le Dé­partement.

Indépendamment de la cartogra­phie du risque d'inondation, lecurage des cours d'eau est uneobligation. Cela consiste, aprèsune crue, à rétablir le lit dans sonétat antérieur de façon à ce queles conséquences de ladite cruen'entravent pas l'écoulement pré­visible de la suivante. C'est enprincipe le rôle de l'État, pro­priétaire de tous les cours d'eaudans les DOM.

entrepris depuis 1989 de réal isersur crédits d'État l'étude et lacartographie synthétique des ris­ques pour les communes qui pres­crivaient la révision de leur pland'occupation des sols.

En outre la loi du 25 juin 1990 aétendu aux DOM l'obligation desplans d'exposition aux risques:c'est un dispositif concerté trèscomplet à zonages emboîtés se­lon l'intensité du risque et cor­respondant à différents niveauxde réglementation en matièred' installations. Mais l'élabora­tion en est si lourde que les résul­tats sont aujourd'hui décevants.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 76: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Prée' ipi ta 1i01/. jOIl,.,w {il' res (' 1é1'()llItioll des rf,\(JITes l'I/ eau du sol.

1988 - Cas d'une année normale

Ell k'/JW$ nornlal. Ie~ p (~c..:/"'jf~H'Ons

~ caft}MO 1lf:'> ompt-IIS811( pas(t->v~potr~IfT.;pI13'1(}1I(ft/s sols t.-( de'Cl/dll'f''i II t','(,~rc Ull dt"'f,'{"'>j ndtufr'J

20

o

411

60

80

100

110

16(J-T-"=='--'-"====~~-----------------------------------...,

140-lt'l~------------------tIil\--

I:2Uprécipitations en mm

station du RaizetIon

60

20 -

1... , ... .111

/-;".'; el" r.Jt/c lJlj}~""'l.l'" w..Ffdnrs.. 'liV".P'1I1 "";d"/j~/ l'fr-' (ri ,·e t",ve~'t fm1LJ '11 n,.,., dt· lh1ll1f!1 .. !iu""

l'~':'~ W~~l '" ," ,m"::."~ Ll.JLi Il ldü ~..Il1L.d.l.

1991 - Cas d'u ne an née sèche

160réserve maximale en mm

14(J +---------------------------------------------1

1:20

100

80

40

:20

Illur." juin Juillel aolÎl

120précipitations en mm

1 no

80

60

40

20

Du,am 6 rn",~. aucun ri~' npm nrphJVJeu> c:J(1sequen, rJe! Vl~(l(

,ec/l'uger le· SOJSJstation

du Moule (Gardel)

Page 77: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

J. 1 r1- r~ i ('l'r Lili i ( lit t

t ,1 r· in ( 1 1111 f Il r

JI '1 Il--J ',1 f /1 Il ('~ J.. f'l' 111 il

L'eau potable

Produit de grande consommation par excellence,l'eau est un facteur essentiel du développementsocio-économique et de la santé publique. Mais

sous J'action conjuguée des contrastes naturels etdémographiques, la confrontation de la ressource auxbesoins en eau potable accuse des déséquilibres fâ­cheux qui nécessitent des solutions complexes.

PRODUCTION ET ADDUCTION

Depuis l'origine, c'est le service d'équipement ruralde la DAF qui assure en tant que maître d'œuvre laconception du système de production, d'adduction etde distribution d'eau potable en Guadeloupe, les ouvra­ges étant financés pour l'essentiel par le Département.

La Basse-Terre,"château d'eau" de la Guadeloupe

D'abord assurée par la multiplication de forages dansla nappe, la couverture des besoins de la Grande-Terrea dû faire appel dès les années 1970 aux eaux de laB asse-Terre: 1a cond uite de "B elle-Eau Cadeau" trans­porta les eaux prélevées à la source de l 'Habituée etsur la Grande Rivière de Capesterre jusqu'à Pointe-à­Pitre, les Grands-Fonds, Saint-François, le Moule et lenord de la Grande-Terre, en desservant au passage laCôte-au- Vent.

Puis le développement touristiq ue de la "Ri viera"exigea qu'un nouvel équipement achemine l'eau pré­levée à Vernou sur la Grande Rivière à Goyaves versGosier et Sainte-Anne en passant par Baie-Mahault etPointe-à-Pitre.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 78: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

En 1983, on capta l'eau de larivière Moustique pour alimen­ter la nouvelle zone industriellede Jarry, mais aussi Petit-Bourget Baie-Mahault. Ce réseau futinterconnecté à celui de "Belle­Eau Cadeau".

cali potC/hlc

eau hrute (irrigation)

FOl'Oge

source captée

Prélè\!cmcnt en ril'ière :

20à 60 Ils

• 60 à 150 Ils

• 150à2001ls

• + de 200 Ils

Saint-Martin

station mohile

• •

station de traitement de Deshallteurs

••

••.- -............ .

*-t:~ ---- ", ,

• ~'", J

, 1 i •

Cependant, l'accroissement depopulation et l'élévation du ni­veau de vie engendraient une aug­mentation rapide de la consom­mation et les populations deSainte-Anne et du nord-estGrande-Terre, situées en fin deréseau, connaissaient de grossesdifficultés.

On décida a lors de renforcer leréseau d'eau potable à partir duréseau d'irrigation qui se mettaiten place. Pour parer au pluspressé, on dut pendant cinq ansinjecter de l'eau brute telle quelleà la station mobi le du Mou le,alors qu'en 1989, on constru isaitune conduite de jonction entreles deux réseaux avec une stationde traitement située à Deshau­teurs.

I.e <; prd cl \'('1//('11/,\ (' 1/ ('(1/1 {' ( 1cs r !"lI/illeUs

Si les volumes délivrés sont désormais suffisants,l'alignement gravitaire à partir de Deshauteurs, pointculminant de la Grande-Terre, ne donne pas entière­ment satisfaction pour alimenter les points hauts. Dessurpresseurs seront nécessaires.

Exception faite des communes de Capesterre, Goyave,Petit-Bourg et Baie-Mahault, les habitants de la Basse­Terre, eux, sont desservis par de petits réseaux locauxalimentés par les sources proches ou des prises enrivière associées à des stations de traitement.

Dessalinisation de l'eau de mer dansles dépendances

L'absence ou l' ins uffisance de ressources en eau doucesur certaines dépendances a conduit à mettre en placedes usines de dessalement de l'eau de mer, qui ont legrave inconvénient de fournir l'eau douce à un prixtrès élevé de l'ordre de 85 francs le mètre cube.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 79: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Quatre îles en sont équipées:- les Saintes avec une usineà Terre-de-Bas et une autre àTerre-de-Haut ;- Saint-Martin;- et Saint-Barthélemy.

En 1991, la production a été:- à Terre-de-B as :

22 000 m J ;

- à Terre-de-Haut :44 000 m J

;

- à Saint-Martin:970 000 m J

;

- à Saint-Barthélemy:89 000 mJ;

En complément de cette produc­tion, Saint-Martin est alimentépar le forage de Cripple-Gate etSaint-Barthélemy par une bargequi apporte de l'eau de l'exté­rieur de l'île.

La Désirade a aussi été alimen­tée partiellement, jusqu'au pas­sage de l'ouragan Hugo, par uneusine de dessalement. L'île étantparticulièrement déshéritée dupoint de vue économique, cettesituation était devenue insuppor­table. C'est pourquoi la DAF quiavait proposé une solution origi­nale, en a accéléré la réalisation.

La canalisation sous­marine de la Désirade

Malgré son coût, le projet d'al i­mentation par canalisation sous­marine à partir de Saint-Françoisfut rapidement adopté par le Con­seil général qui en finança l'étudeet, pour moitié, la réalisation;l'État assurant l'autre moitié dufinancement. L'opération, qui fitappel aux techniques sophisti­quées mais largement éprouvéesde l'industrie pétrolière, auracoûté 34 millions de francs. Ellepermet, depuis le début de l'an­née 1991, de donner à la Dési­rade cent fois plus d'eau et quinzefois moins chère que par le passé,avec une perspective de rentabi­lité à 17 ans au plus.

Terre-de-Bas a également été reliée à Terre-de-Hautpar canalisation sous-marine de telle sorte que, dansun premier temps, les deux îles puissent être alimen­tées indifféremment par l'une ou l'autre de leurs usi­nes de dessalement. Cependant l'objectif est de lesrelier au réseau de Trois-Rivières lorsque les étudesauront perm is de fixer le tracé des condu ites. En 1994,une canalisation sous-marine les reliera au réseau deTrois-Rivières, ce qui n'est pas un mince exploit lors­que l'on sait qu'elle doit traverser une fosse marine deprès de 400 mètres de profondeur.

---..

L'eaupotable

L'eall â profusion à fa Désirade.

J ose en mer de fa cOllalisation d'addl/ction en ('({II

de la Désirade.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

77

Page 80: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

LA GESTION DESRÉSEAUX

AHermages S.O.G.E.A.

Affermages C.G.S.?

Gérances S.O.G.E.A.

Sai n t - Ba rthé lem y

Régies communales

Traitements et contrôle de potabilitéLes eaux destinées à la consommation humaine fontl'objet d'un contrôle rigoureux fixé par le décret 89.3du 3 janvier 1989. Ce texte a pour objectifs princi­paux :

- de définir les seuils physico-chimiques et bac­tériologiques admissibles d'une eau potable,- de déterminer Je programme de contrôle del'eau distribuée en fonction de son origine (super­ficielle ou souterraine), du débit journalier de cetteressource et de la population qu'elle dessert.

Le programme de surveillance de la qualité des eauxde consommation est assuré par les préleveurs de laDDASS et de l'Institut Pasteur de Guadeloupe, labo­ratoire agréé par le ministère de la Santé, pour l'ana­lyse des échantillons. Les résultats sont communiquésà la Direction Départementale des Affaires Sanitaireset Sociales (DDASS), qui assure un contrôle continu,ainsi qu'à chaque exploitant, qui supporte les fraisd'analyse pour le réseau dont il a la charge.

ExfJ 1(i i1(/ 1i0 Il cles,. é1"(:(J lIX c( e(// ( fJ (i 1(/ IJ 1t' .

Syndicats et sociétésd'exploitation

Dans certains cas simples enBasse-Terre, le syndicat commu­nal ou intercommunal assureJ'exploitation en régie.

La préoccupation première dessyndicats et sociétés d'exploita­tion a longtemps été le raccorde­ment de tous les foyers. Cettetâche étant accomplie à 90 %, ilsont maintenant à affronterd'autres problèmes: les difficul­tés d'entretien et la vétusté deréseaux anormalement distenduspar l'urbanisation linéaire et ladispersion de l'habitat, ainsi queleur sous-dimensionnement dansles zones à forte extension ur­baine, autant de causes de pertesde charge dans les réseaux et demécontentement des abonnés.

Les réseaux de distribution·sont la propriété des syndicats·communaux ou intercommu- Saint-Martini

naux qui assurent la program­mation budgétaire des exten­sions et entretiens. Ceux qui,pour leur approvisionnement,dépendent des grands équipe­ments d'adduction de la Basse­Terre vers la Grande-Terre etla Désirade, adhèrent en outreau syndicat intercommunald'alimentation en eau et d'as­sainissement de la Guadeloupe(SIAEAG), propriétaire de ceréseau primaire.

L'exploitation proprement dite(entretien, traitements, gestiondes branchements, etc) est le plussouvent confiée à une société spé­cialisée, soit en gérance directe,soit surtout par contrat d' affer-mage. C'est à la SOGEA qu'estconfiée cette charge.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 81: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Qualite e l'eau distribuéecn luadeJ llp~

Sa i n t- Barthé le.!!!y.

L'eaupotable

86 %

1990

Saint-Marlin

49.923,91J .91,8

7,7

4,8

1989

70 %

Quoliré dl' l'eau dislrihu~(' en 1990.

% Populationdesserv je en 1990

1988

57 %

porahililé > 95 %

90 % <porabi/iré< 95 %

70 % <porahi/iré< 90 % 70

50 % <potabi/iré< 90

% /10/1 dérerminé

NP < 55 = < NP < 1010 = < NP < 20

20 = < NP < 3030 = < NP < 50Non déterminé

NP% non potabilité

Pour améliorer encore cette qualité, les efforts doiventporter sur :

- J'entretien permanent des installations et l' amé­lioration de certaines stations de traitement ;

La qualité de l'eau s'améliore d'année en année. Lapart de la population ayant à sa disposition une eaudont le taux de potabilité dépasse 80 % ne cessed'augmenter:

:Volulion du Laux de p labilité

alimentaire de l'eau. Mais ils ne répondent pas tout àfait aux normes européennes.

En 1990, 1 586 analyses ont étéeffectuées en Guadeloupe, dont1 220, soit 77 %, ont conclu à lapotabilité de l'eau. Cela ne si-gnifie pas que 23 % deséchantillons ne soient paspotables, dans la mesure oùla DDASS n'a pas eu à préco­niser de restrictions dans l'usage

Du point de vue physico-chimi­que, l'eau distribuée en Guade­loupe est d'excellente qualité, lesressources utilisées étant exemp­tes de toute pollution. Du pointde vue de l'équilibre calco-carbo­nique, l'eau est généralementagressive, ce qui favorise la cor­rosion des conduites et la miseen solution d'ions de fer. Pourl'usager, cela se traduit par uneeau rougeâtre non conforme auxnormes organoleptiques (cou­leur, goût et odeur). On com­pense efficacement ce défaut parl'adjonction de lait de chaux,mais des défaillances acciden­telles ont été constatées. Quoiqu'il en soit, le taux de fer dis­sous rencontré n'a pas de consé­quence néfaste pour la santé, maisdénote une corrosion du réseau,qui, si la situation se prolonge,entraînera des dégradations im­portantes.

Du fait de la bonne qualité de laressource, le traitement de l'eauconsiste simplement en une dé­cantation-filtration sur lit de sa­ble suivie d'une désinfection fi­nale au chlore et d'une neutrali­sation à la chaux. La cause prin­cipale de non-potabilité de l'eaudistribuée en Guadeloupe vientde l'altération de sa qualité bac­tériologique dans son transfertpar des réseaux d'adduction par­ticulièrement longs avec une fai­ble densité de branchements.Dans certains secteurs comme enCôte-sous-le-Vent, la qualitébactériologique de l'eau peut êtrenettement améliorée.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 82: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

- la surveillance constantedes réseaux et leur réfection;- l'équipement des réseauxen désinfections intermédiai­res pour lutter contre les con­taminations bactériologiques;- la protection des ressour­ces contre d'éventuelles pol­lutions grâce aux périmètresde protection.

Prix de l'eau potable:

de 50 à 65 Flm l

de 2U à 49 Flm!

de 10 à 19 Flm!

de5àlOFlm!

de 0 à 5 Flm!

Sa i nt-Barthélemy

Saint-Martin

Prix de l'cali lJO'Clh/e e/ del 'assa III iSSC/l/CI1'.

L'irrigation

L'inadéqUation, déjà sensiblepour J'eau potable, de la res­source aux besoins est en­

core plus accusée pour l'irriga­tion :

- la Basse-Terre a des eauxsuperficielles en abondance:en période de carême, cetteressource (qui n'est que par­tiellement exploitable pourdes raisons biologiques, tech­niques et réglementaires) estestimée à un débit fictif con­tinu d'environ 12 mètres cu­bes par seconde;- la Grande-Terre, dépour-

vue de ressources superficielles, dispose d'uneréserve d'eau souterraine dont le débit fictif con­tinu prélevé, pour ne pas rompre Je fragile équili­bre eau douce/eau salée, ne peut guère dépasser1,4 mètres cu bes par seconde;- les dépendances n'ont pas (ou très peu) deressources superficielles ou souterraines exploita­bles, à l'exception de la nappe de Marie-Galante.

Or, les besoins en eau exprimés en débit fictif continusont estimés à 3,8 mètres cubes par seconde pourl'irrigation, auquels il faut ajouter pour l'eau potable(compte tenu des évolutions économiques et démogra­phiques) et dans J'hypothèse optimiste où le rende­ment des réseaux atteindrait 65 % :

- 1,79 m1/s en 1995;- 2,78 m1/s en ['an 2010.

Ces besoins sont localisés en Grande-Terre.

Dans les dépendances, en Grande-Terre, et même enBasse-Terre (Côte-sous-Ie- Ven t), la plu viométrie sou­vent déficitaire éprouve durement les cultures.

Historiquement, cette situation a engendré des spécia-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 83: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

lisations agricoles fondées surl'adaptation des cultures aux con­ditions de sol et de climat. Sché­matiquement, la canne à sucre,seule capable par son enracine­ment profond de mobiliser l'eauretenue dans les argilesgonflantes fertiles des plaines etdépressions, a pu prospérer enGrande-Terre, au nord de laBasse-Terre et à Marie-Galante;sur les sols pauvres mais bienarrosés de la Côte-au- Vent, ellea été remplacée par la banane,tandis que la Côte-sous-Ie- Ventse consacrait à diverses spécula­tions en polyculture, surtout enaltitude ou au bord des coursd'eau. Les petites dépendancesn'ont pas pu connaître de pros­périté agricole durable.

Malgré cela, les productions pâ­tissaient des caprices du climatet ne correspondaient plus auxexigences d'une agriculture mo­derne et de son environnementéconomique.

LA NÉCESSITÉ DEL:IRRIGATION

La filière canne-sucre-rhum, quiconnaît de graves difficultés, nepeut espérer se redresser qu'avecl'assurance d'une production ré­gulière de qualité, ce qui impli­que la maîtrise de l'eau alliant debonnes conditions de drainage etd'irrigation. Les replantationsont généralement lieu en avril­mai; les contrecoups d'une sé­cheresse liée à une saison despluies tardive sur la trésoreriedes exploitations, par diminutionde la recette agricole, ont desconséquences sur les conditionsde production des années suivan­tes. Les dommages, souvent irré­parables, empêchent parfois deretrouver le niveau antérieur deproduction.

Les cultures souffrent régulièrement de l'indigencedes précipitations pendant plusieurs semaines voireplusieurs mois. Cela justifie, pour améliorer les pro­ductions agricoles, la mise en œuvre d'une irrigationde complément.

Bien conduite, l'irrigation devrait permettre sur cer­tains sols des récoltes de 90 tonnes par hectare, avecune amélioration possible du rendement en sucre. Elleoffre en outre des possibilités de diversification descultures avec, entre autres, l'intensification du maraέchage.

Dans certains secteurs de la Côte­sous-le-Vent, où les îlots exploita­bles sont improductifs la moitié del'année par les effets du carême, l'ir-rigation autorise leur mise en valeur lipermanente, notamment par le maraîchage.

/I/lllr" du mc/ol/

IrrigatiolJ el1 Gronde-Terre,

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 84: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Bien qu'implantée dans les sec­teurs les plus arrosés, la culturebananière, très exigeante en eau,souffre également de déficitstemporaires que lui inflige le ré­gime irrégulier des pluies: lerendement et la qualité en sontaffectés, ce qui, dans un marchéparticulièrement concurrentiel,devient un handicap inaccepta­ble.

LES GRANDSÉQUIPEMENTS

Compte tenu de l'importance desinvestissements et de leur im­pact sur le développement agri­cole de la Guadeloupe, le Dépar­tement s'est porté maîtred'ouvrage des grands program­mes d'irrigation de la Grande­Terre, puis de la Côte-sous-Ie­Vent. Il a confié à la DAF (Ser­vice hydraulique) la conceptiondes ouvrages et l'encadrementdes travaux; toutefois, depuis1991, le Département a étofféses services techniques de façonà assurer lui-même progressive­ment l'ensemble de ces missions.

L'irrigation de laGrande-Terre

Le "déficit agricole" qui doit êtrecompensé par une irrigation decomplément peut être évalué en­tre 400 et 500 mm en annéemoyenne et dépasser 1 000 mmen année très sèche.

Le programme, mis en place de­puis 1972, prévoit le transfert sur45 km de l'eau prélevée à la cote130en Basse-Terrejusqu'aux re­tenues de stockage de Letaye etGachet en Grande-Terre, pourl'irrigation de 7 900 ha répartisen deux périmètres: est et nord.

L'équipement a commencé parla zone est. L'eau prélevée dans

le Bras-David transite par une conduite de diamètre800 mm jusqu'à la retenue de Letaye qui stocke ac­tuellement 700000 mètres cubes d'eau en prévisiondu besoin mensuel de pointe de récurrence quinquen­nale. Cette conduite alimente les périmètres de distri­bution de Moule-Saint-François.

Le périmètre nord Grande- Terre sera desserv i à partirde la conduite mixte de transfert d'eau brute (destinéeà l'irrigation et à la consommation humaine). Prenantl'eau sur le Bras-David et la Grande Rivière à Goya­ves, elle est actuellement construite en diamètre1 400 mm jusqu'à Baie-Mahau.lt et aboutira en 1993 àMorne-à-l'Eau. De là, elle doit continuer en diamètreJ 200 mm jusqu'à la retenue de Gachet, d'une capa­cité de 2 500000 mètres cubes à Port-Louis. Ce tron­çon, déjà réalisé, est provisoirement raccordé à laconduite de Letaye et l'eau actuellement distribuéedans Je nord Grande-Terre vient des reliquats inutili­sés dans la branche est. C'est évidemment insuffisantpour satisfaire la totalité des besoins mais l'équipe­ment du périmètre nord n'est encore que très partiel.L'ensemble de l'opération sera achevé en J994 etpermettra de desservir, en plus des 2000 ha déjàopérationnels à Moule-Saint-François, les 5 900 hadu périmètre nord, assis sur les communes de Petit­Canal, Port-Louis et Anse-Bertrand, et constitués es­sentiellement par des terres issues de la réforme fon­cière.

La maîtrise de .l'irrigation et du drainage est basée surles études entreprises par l'INRA sur la gestion del'eau à la parcelle.

Le pilotage de l'irrigation est établi sur l'utilisation dulogiciel "Irricanne" développé par le CIRAD qui per­mettra, à partir des données culturales et des apportsnaturels en eau, de calculer au plus juste le complé­ment en eau d'irrigation nécessaire aux cultures decanne à sucre.

Pour les cultures tropicales en général, Météo-Francemet en place aux Antilles un programme similairenommé "Irritel" accessible par Minitel.

L'irrigation et la réforme foncière

Engagée au début des années 80, la réforme foncièreconsiste à redynamiser l'agriculture en redistribuant àdes petits agriculteurs, dans des conditions qui garan­tissent la valorisation agricole effective, les terresautrefois cultivées par les usiniers et autres grandspropriétaires.

La SAFER achète les terres libérées, les équipe éven­tuellement de voies de desserte et autres travaux con-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 85: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

nexes, et les revend à des grou­pements fonciers agricoles(GFA) dont les parts sociales sontdétenues à 40 % par les attribu­taires (au prorata de la valeur dulot qu'ils exploitent), et à 60 %par la Société d'épargne foncièreagricole de la Guadeloupe(SÉFAG).

Les attributaires sont donc ac­tionnaires minoritaires du GFAauquel ils sont liés par un bail àlong terme enregistré aux hypo­thèques: ils sont ainsi soulagésde Ja plus grosse part de la chargefoncière et préservés du risquede spéculation individuelle quiruinerait le développement agri­cole.

Aussi le Département a-t-il résolu d'équiper autantque possible les GFA de réseaux de distribution àmesure de leur constitution, qu'ils soient ou non in­clus dans les périmètres préalablement définis. Mal­heureusement, ce programme accuse un certain retardlié aux problèmes fonciers et techniques rencontréspour la construction de la conduite mixte. Si certainsGFA ont pu être provisoirement raccordés à la brancheest, ce n'est pas le cas dans l'extrême nord de laGrande-Terre.

La priorité la plus urgente est doncJ'achèvement de la conduite mixte etde la desserte du nord Grande-Terre.Vient ensuite l'équipement des GFAnon encore irrigués des autres zones.Enfin, le Département n'exclut pasde satisfaire au cas par cas les demandes pflvees debranchement, ùans la mesure où la production d'eau lepermettra.

Dès l'origine, les partisans de laréforme foncière ont regardé l' ir­rigation comme un argument ma­jeur et un atout indispensable.

Berthaudière

Lemercier

1&2

Girard

L'Ecluse

Blanchet 2

___--.,..-_ Duteau Acomat

'---- Birmingham

irrigatiol/ des GFA de la réJol'lIIefollcière.

Coquenda

Bétin

Blanchet

1

Caduc

l -Boisvinières 1&2Belle-Plaine

Bois-Vince & Vidol'----+----Poirier Pérou

Paul Aubin

Groupell1ents fonciersagricoles équipés

Équipell1ents prugrammés92/93

Léotard-BelcitoPassioline

L -;:-----::,.---,

Belle-Goyave_---I------'~

Bel levue-Darras ---,(--- --,-'-

Arnouville-Lamothe ---+----\:--*

Ca ré jè re ---==,...<-----EJ

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 86: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

L'utilisation de l'eau

Le Département, propriétaire duréseau, en a confié la gestion parcontrat d'affermage à la SOGEA,qui exploite déjà pour le comptedu SIAEAG le réseau primaired'eau potable et gère donc aumieux la connexion et les trans­ferts de l'un à l'autre.

La SOGEA fournit chaque annéeau propriétaire et au maîtred'œuvre (la DAF) l'état des con­so mmati on s et des surfaces so us­crites en irrigation.

COllduife d'odd/lCfiOI1

ell sen'ice

Conduife jlifure 93-98

----4 Pré/èvemenf AEP

---1 Pré/èvemellf irrigofioll

Les surfaces souscrites restent très inférieures auxsurfaces équipées car la plupart des parcelles plantéesen canne ne sont effectivement irriguées que l'annéede la replantation. Les volumes délivrés pour l'agri­culture, même augmentés de ceux qui sont reversés auréseau d'eau potable, n'atteignent donc pas toujours lalimite de production et l'excédent peut être vendu (àun tarif supérieur dit "industriel") à d'autres utilisa­teurs comme le golf de Saint-François ou l'usine Gar­del.

Le programme d'irrigationde la Côte-au-Vent

L'aménagement prévu pour l'irrigation de la Côte-au­Vent comporte les ouvrages suivants: trois prisesd'eau en rivière (Grand-Carbet, Pérou, et Moreau),trois conduites d'adduction aux réservoirs prévus àDumanoir et Moreau pour soutenir le débit d'étiagequinquennal (1 et 0,5 million de mètres cubes respec­tivement), et une conduite principale de distributionreliant Capes terre à Petit-Bourg, sur laquelle se gref­feront les antennes secondaires.

Refenue exisfullfe

Capel-/{'rre•

Barragede Grand-Bassin

....

Périmètre est2 300 haéquipé il 80 9,

//

Sain/-Louis•------ Bananier

surface irriguée 100 ha

Retenue de Gachetcapacité: 2 50000 m'

/ péri mètre: 5 000 ha

Retenue Letaye-Amontcapacité: 750000 m'périmètre: 2300 ha

GO'-(Il-C\1- .• '-- Projet d'irrigation Côte-au- Vent\ • banane 2 500 ha

~ Barrage (futur) de Moreau5,2 J O"m"

_._-. -------- Barrage (futur) Dumanoir'upes/erre 11,3 106m'

8'ef1e-E,,/(

Périmèfre irrig/lé exiSfOllf

_ Périlnèfre irrigué/ufar

Prise ell ri\/ière

Barrage GOYClve1,2 10" mY

Surface irriguée,230 ha

Surface irriguée230 hCl

Bois Malher, Noire

JO hCl ~

L Barrage fil/ur

Léotardirrigation J 00 ha

Le\chélilo d'irrig(l{ioll_

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 87: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Sources chaudes

20

19•

Les autresutilisations

La /o("{llis({lioll

des sOI/l'ces II/ennu/es

en Basse-Ter/"e.

". 9• 10

11 -1 3

• 14'. 15

La Basse-Terre abrite le volcan actif de la Soufrière;il est donc normal d'y retrouver des sources chaudescompte tenu des gradients de température importantsexistant en profondeur.

Les sources thermales

Les autres utilisations

L'HYDROÉLECTRICITÉ

La puissance installée sur une dizaine de petites cen­trales, sera au total de l'ordre de 30 MW. Elle corres­pond au quart de la puissance de pointe que délivreactuellement l'EDF (115 MW).

Moins de la % des 82 cours d'eau de la Guadeloupesont susceptibles d'être équipés de micro (puissanceinférieure à 1 000 kW) ou minicentrales (puissanceinférieure à 4 500 kW).

Un programme est en cours de réali­sation sur la commune de Capesterre.Les ri v ières concernées son t 1eGrand-Carbet, le Pérou, la Grande­Rivière de Vieux-Habitants, laGrande-Rivière de Capesterre, Grande-Anse et Bana­nier.

LE THERMALISME

Les petits périmètres

Dans les années 1980, des syndi­cats communaux ou intercommu­naux ou des propriétaires regrou­pés en associations syndicalesautorisées ont pris l'initiative decréer et de gérer eux-mêmes despetits périmètres alimentés parles riv ières proches, notammenten Côte-sous-le- Vent: conçus parla DAF, ces équipements ont étéréalisés avec le soutien du Dé­partement, de l'État et parfoismême de la CEE.

Ce programme sera réal isé enplusieurs tranches fonctionnel­les: la première est en cours etpermettra en 1994 d'irriguer1 800 ha environ sur lacommunede Capesterre.

L'Association syndicale autori­sée d'irrigation agricole de laCôte-au- Vent (AS ICA V) pour­rait assurer la gestion des péri­mètres irrigués au niveau de ladistribution de l'eau.

Enfin Marie-Galante, qui connaîtles mêmes besoins que la Grande­Terre, ne peut bénéficier desmêmes équipements ; aussi lacommune de Saint-Louis avait­elle aménagé une retenuecollinaire de collecte des eaux depluie (80 000 mètres cubes) auxfins d'irrigation d'un périmètrenécessairement réduit. Mais fautede consensus, l'équipement dedistribution a dû être ajournépendant des années jusqu'à ceque le Département se déclaremaître d'ouvrage et inscrivel'opération à son budget 1992.

Le BRGM et 1'Orstom ont réa­lisé l'étude de présélection dessites de stockage localisés sur lehaut bassin de la rivière Saint­Louis dans le souci d'épargner leplus possible de terrains cultiva­bles.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 88: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les sources et nappes d'eauchaude se regroupent autour desecteurs bien délimités et les ra­res émergences isolées corres­pondent à des remontées d'eauchaude le long de failles impor­tantes. Les sources du secteur deBouillante sont liées à l'existenced'une zone géothermique active.

Les caract~ri "tiques phy 'iqut:'s deces sources chaudes indiquent:

- des températures compri­ses généralement entre 50 oCet 30 oC ;- des valeurs de pH s'éta­lant de 4 et 8 et d'une relativestabilité en général.

Les conductivités mesurées per­mettent de distinguer trois typesd'eaux qui présentent des carac­téristiques chimiques simi laires :

- le groupe des sources sul­fatées calciques réparties àproximité du dôme de la Sou­frière, sources dont la mi né­ralisation résulte en grandepartie du lessivage de produitsd'altération fumerollienne ;les eaux chaudes peuvent éga­lement contenir des quantitésnon négligeables de chloru­res et de magnésium, selonque les aquifères captent di­rectement ou non les gazd'origine magmatique;- le groupe des sources bi­carbonatées sodiques oucaleo-sodiques résultant de ladissolution par des eaux mé­téoriques de la roche-typeandésitique de la région. Cesont généralement des sour­ces à forts débits et issuesd'aquifères importants danslesquels l'eau est parfois enéquilibre avec la roche-réser­vOir;- le groupe des sourceschlorurées sodiques issues dumélange d'eau douce souter­raine et d'eau de mer, émer­geant aux altitudes les plus

basses, voire en bord de mer, sur ou au voisinagedu champ géothermique de Bouillante.

Du point de vue de leur origine, toutes les eaux ther­males de la Guadeloupe sont récentes (âges inférieursà 20 ans) et d'origine météorique, même si on peutadmettre dans quelques cas un héritage magmatiquequi serait alors tout à fait négligeable.

La minéralisation de la plupart des eaux chaudesrésulte de :

- l'hydrolyse des minéraux des roches soumisesà l'interaction eau-roche;- la dissolution par les eaux de minérauxhydrothermaux issus de l'interaction gaz-roche;- l'action des gaz volcaniques sur les aquifères,l'interaction gaz-eau.

Les possibilités d'exploitation

L'exploitation des eaux thermales est soumise à uncertain nombre de contraintes (accès, débits, protec­tion ... ), faisant que seul un petit nombre d'entre ellespeuvent répondre aux critères exigés par la réglemen­tation, ce sont:

- la source de ... Bain Chauds du Matoubu, liée àl'existence d'une faille orientée est-ouest qui fa­vorise la remontée des eaux. Le captage de cettesource a été réalisé en avril 1959. Les eaux sontactuellement conduites vers la station thermaleHarry Hamousin, unique station agréée des An­ti Iles;- les ~ou l'ces chaudes du -;ectcur de Dolé répar­ties en deux groupes:

• les sources Capès ;• les sources Dolé.

Ces deux groupes de sources, bien que situés à 6 kilo­mètres de la Soufrière, ne sont pas directement liés auvolcan; seul le gradient géothermique en profondeurpermet le réchauffement des eaux avant leur ascensionpu is leur résurgence.

Dolé-les-Bains a été la première station "thermale" dela Guadeloupe; rien ne subsiste de l'hôtel, jadisprospère, qui y était implanté; cependant, les perspec­ti ves et les volontés d'ex ploitation affichées sont réel­les et fondées.

Les sources Dolé au débit de 120 litres par seconde,sont captées et embouteillées sous l'appellation "eaude source Capès-Dolé" :

- la source de Ravine Chaude, sur le territoire dela commune du Lamentin, débite environ 40 litrespar seconde d'eau à 33° C. L'établissement ther­mal municipal, relativement bien équipé, est ac-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 89: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Les autresutilisations

tuellement en totale rénova­tion. Il est utilisé pour lesbains d'agrément et très fré­quenté par la population: 500à 700 entrées par jour en pé­riode de pointe (vacances sco­laires) ;- la ~()urc~ chaude dc S raïaqui se situe au nord de laBasse-Terre sur le territoirede la commune de Sainte­Rose. Les eaux sulfureusesont un débit de 1,3 litre parseconde et une températureconstante de 31°C. Le pHacide de ces eaux est lié à laprésence de gaz carboniquelibre (50 à 60 mg/I), d'anhy­d ride su Ifu reux (H ,S) et dedioxyde de soufre (SO). Seulle faible débit peut faire obs­tacle à l'exploitation de cettesource à des fins médicales(dermatologiques) ; son typed'eau sulfureuse étant mon­dialement recherché.

Le centre thermal HarryHamousin est agréé par le miniS­tère de la Santé, par arrêté du 14mai 1976.

La c{/.ICI/dr- 'lfl.r l:('I"('I'is.Il'S.

Les eaux "sulfureuses" (H 2S,S02)' sulfatées calciques, à 58°e,sont captées à la source située aulieu-dit "les Bains chauds deMatouba" et conduites sur 600mètres vers le centre thermal où,

à 40 oe, elles sont utilisées pour les indications SUi­vantes:

- affections du nez, de la gorge, des orei Iles;- maladies articulaires;- dermatoses.

Les cures prescrites en dermatologie concernent, se­lon les médecins prescripteurs, essentiellement lesdermatoses chroniques, avec de très bons résultatsdans les psoriasis.

LA GÉOTHERMIE

Le champ géothermique deBoui lIante est le seul site géothermalexploité en France et aux Antillespour la production d'électricité.

Dès 1967, les sociétés EURAFREP et EDF ont entre- 87pris des recherches qui ont abouti, en 1977, à ladécouverte d'un réservoir profond d'eau chaude à242°C. Ainsi, quatre forages ont été réalisés.

Les résultats de ces études ont conduit à l'installationsur ce site d'une centrale géothermique expérimentaleutilisant le mélange eau-vapeur issu d'un des forages.Actuellement couplée au réseau EDF, cette centrale,complètement automatique et autonome, fournit entre4000 et 5 000 kW, soit 5 % de la production actuelleen Guadeloupe. L'eau chaude résiduaire, à une tempé­rature de 100oe, est pour l'instant d'abord refroidie,avant d'être évacuée à la mer avec ses "boues

géothermales". L'exploitation de cesboues à des fins thérapeutiques pourraitêtre un atout supplémentaire pour ledéveloppement du tourisme de santédans la région de Bouillante.

Les source.' chaud du secteur deBouillante, artésiennes et généralementdues à un réseau de failles, fissures etdiaclases au sein des formationsandésitiques, laves massives et/oupyroclastites, sont en liaison directe ouindirecte avec le système géothermi­que. Leur exploitation pour un tourismede santé et de loisirs pourrait être unimportant facteur de développement

pour cette région de la eôte-sous-Ie-Vent.

En définitive, le potentiel hydrothermal de la Guade­loupe apparaît économ iquement important; une bonnemaîtrise des programmes et des projets en matière dethermalisme curatif, de tourisme de santé et de tou­risme de loisirs autour des sites thermaux pourrait êtreune des solutions au problème crucial de l'emploi quitouche la région. •

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 90: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 91: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

,

EJean-Jacques Jérémie

JI' rn-Pier,'e 1 ongouel

KClpine Lornour

Pollution de l'eau etdégradation del'environnement

n Guadeloupe, les agressions subies par les eauxdouces sont de trois types:

- les atteintes physiques;- les pollutions chimiques- les contaminations bactériologiques.

Pour l'essentiel, ces agressions peuvent être rappor­tées aux exigences de la croissance et du développe­ment économ iq ue. C'est un fait que l'augmentation duniveau de vie et de production, tout en améliorant1'hygiène et la santé publique, crée, trop souvent desdéséquilibres dans l'environnement naturel. Ces mo­difications sont induites par:

- le développement des activités industrielles;- la modernisation et la diversification des acti-vités agricoles;- l'accroissement des centres urbains et des be­soins domestiques.

Les pollutions industrielles trouvent leurs sources auniveau des:

- établissements d'extraction de matériaux desrivières;- sociétés de concassage à proximité des coursd'eau; (cf. "L'exploitation des rivières de la Gua­deloupe et ses conséquences" CCEE, juin 1988)- sucrefJes ;- distilleries.

Les établissements d'extraction de matériauxsurcreusent généralement le lit des rivières et indui­sent des phénomènes d'érosion régressive pendant lespériodes de crues, qui destabilisent à plus ou moinslong terme les fondations des ouvrages situés enamont; en effet, les modifications apportées sur unerivière en un lieu donné peuvent provoquer une rup­ture de l'équilibre général du profil de son lit, avec desconséquences parfois dramatiques.

Les sociétés de concassage de matériaux à proximitédes cours d'eau rejettent, lors du lavage des cailloux etblocs rocheux, des particu les fines qu i restent en sus-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 92: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

pension dans les eaux et dont lessels (phosphates et nitrates enparticulier) se dissolvent dansl'eau. La turbidité augmente: lesvégétaux dépérissent par man­que de lumière, les organismesvivants sont asphyxiés. Seuls lespeuplements ayant une mobilitéimportante peuvent migrer.

Les sucreries et distilleries rejet­tent, souvent directement et sanstraitement, leurs effluents dansles rivières par l'intermédiairede canaux à ciel ouvert. Ces re­jets sont principalement:

90 - les vinasses de mélasse;pour le rhum industriel;- les vinasses de vesou, pourle rhum agricole;- les résidus de lavage à lasoude des cuves de fermenta­tion.

Ces pollutions sont saisonnièreset se manifestent par:

- une concentration impor­tante d'alevins de Ti/apiamossambica au niveau desrejets;- une coloration des eaux,dûe à la présence de poly­phénols (tanins) ;- l'existence sur les bergeset sur les gros blocs de la ri­vière de longs filaments géla­tineux blanchâtres que l'onobserve également dans lescanaux d'évacuation des eauxusées;- en eau calme, en aval, laprésence de diptères (Syr­phidae) caractéristiques desmilieux fortement pollués.

Les remèdes préconisés sont gé­néralement faci les à mettre enœuvre. Ce sont, entre autres:

- la collecte des eaux de la­vage et la mise en place debacs de décantation pour lescarrières;- l'épuration des effluentsdes di sti lIeries et sucreries.

Rejet industriel en rll'Ière.

Culture de la canne à sucre en Grande-terre.

Les pollutions d'origine agricole trouvent leurs cau­ses dans les traitements chimiques, souvent spécifi­ques des bananeraies, des champs de cannes et descultures maraîchères.

Aujourd'hui, la culture de la banane nécessite denombreux traitements, principalement un traitementinsecticide contre les nématodes (vers vivants dans lesol ou en parasite de 1'homme et des animaux) et lecharançon; les organochlorés sont utilisés en abon­dance et parfois remplacés par des carbamates. Deplus, des traitements herbicides sont régulièrementappliqués aux jeunes plantations et des traitementsfongicides sont réalisés par voie aérienne.

Si, pour la canne à sucre, les problèmes phytosanitai­res ont été résolus par des moyens non chimiques(sélection végétale, lutte biologique, ... ), l 'homme in­tervient encore avec des produits chimiques pOLir lesopérations de désherbage.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 93: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Plantation de teck en Basse-Terre.

La qualitéde l'eau

Les activités de maraîchage in­tensif conduisent l'agriculteurguadeloupéen à utiliser de gran­des quantités de pesticides àl' hectare; souvent gu idé par dessoucis de rentabilité, il ne res­pecte pas les délais d'épandageavant la récolte.

Outre le fait que ces pesticidespeuvent se retrouver dans les pro­duits vendus sur le marché, ilssont souvent lessivés par lespluies et les eaux d'arrosage etaboutissent dans les cours d'eauet les nappes d'eau souterraine.

Les pollutions urbaines et do­mestiques sont à rattacher auxeaux usées, ordures et déchetssolides, agents pathogènes etsubstances toxiques associées(métaux, pesticides, composésvoJatils, ... ), facteurs de contami­nation bactériologique et de pol­lutions organique et/ou minérale.Les familles chimiques fes pluspréoccupantes en Guadeloupepour l'eau et l'environnementsont:

- les détergents anioniques,contenus essentiellement dansles détergents commerciauxet les produits cosmétiques;- les hydrocarbures aroma­tiques, toxiques et pour la plu­part cancérigènes, qui sontpeu solubles et s'accumulentdans les organismes;- le Jindane et les pesticidesorganochlorés utilisés dans letraitement des bananeraies;- les PCB (polychlorobi­phényles), que l'on trouvedans les transformateurs, con­densateurs, peintures, encres,plastiques ... ;- les polluants métalliques:cadmium, fer, plomb, zinc,mercure, cobalt, chrome, cui­vre, manganèse, nickel ... is­sus des rejets sauvages dansle milieu naturel des huiles demoteur notamment.

Les actions à entreprendre pour limiter ces pollutionsorganisées touchant le monde agricole et le milieuurbain sont de divers ordres et à axer sur:

- l'évaluation globale de la pollution;- le suivi de chacun des produits polluants déjàidentifiés, l'étude de leur rémanence et de leuraptitude à la dégradation biologique et chimiquedans la région.

Pour les effluents urbains collectés, la simple décan­tation primaire peut permettre d'atteindre un tauxd'abattement moyen de la charge pol­Juante proche de 50 % .

Aux pollutions d'origine industrielle,agricole, urbaine et domestique,s'ajoutent des atteintes telles quel'utilisation des rivières par les lavandières et par les ilautomobilistes pour Je lavage de leur véhicule et sur-tout, la multiplication des décharges sauvages dansdes "rivières et ravines-poubelles" qui participent ainsià la contamination et à la pollution chimique et orga-nique des eaux.

L'agression sauvage Ja plus importante reste cepen­dant la déforestation, qui engendre souvent des désé­quilibres climatiques, hydrologiques et pédologiques,et porte atteinte à la faune et à la flore. Une brochuredu CCEE "la déforestation et ses conséquences" pré­sente les problèmes posés par la disparition progres­sive du patrimoine forestier dans certains secteurs enGuadeloupe.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 94: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

On rappellera ici:- les rôles de la forêt

• rôle économique pour laproduction de bois;• espace de loisirs privilé­gié de détente et de récréa­tion ;• rôle de protection des éco­systèmes,

- les conséquences irréver­sibles de la destruction de laforêt:

• disparition de nombreu­ses espèces fauniques etfloristiques ;• destruction des sols en-

!l2 traînant l'hypersédimen­tation des milieux côtiers(disparition des herbiers,des coraux et des écosystè­mes associés) ;• modification des micro­climats allant vers une di­minution de la pluviomé­trie;• augmentation du carac­tère dévastateur des crues,• diminution de la rechargedes nappes d'eau souter­rame;• dépendance vis-à-v is del'extérieur pour l'approvi­sionnement en bois;• atteinte à un patrimoineet diminution du potentieltouristique.

Il est donc impératif de protégeret d'enrichir les forêts existantes,de reboiser les terres incultes, demultiplier les campagnes de plan­tation et de sensibiliser à la pro­tection de cet important patri­moine forestier qui existe en Gua­deloupe. La lutte contre les agres­sions organisées ou sauvages né­cessitent aussi une informationet une prise de conscience indi­viduelle et collective.

Les effets des polI ution s sur latoxicité des eaux se répercutenttrès vite sur la santé de l'hommeet la vie aquatique. Les risques

connus et encourus sont fonction de la nature de lapollution:

- les maladies correspondant à des carences encertains éléments chimiques (fluor, iode ... ) ou aucontraire à des excès d'autres composants, nitratespar exemple;- les intoxications liées à l'ingestion de pestici­des et de métaux lourds (plomb, mercure, cad­mium ... ) accumulés dans les organismes vivants,voire présents dans l'eau de consommation elle­même;- les contaminations résultant de l'existence deparasites dans les eaux (bilharziose, dysenteries,parasitoses, colibacilloses ... ).

Risques auxquels on ajoutera la dengue, dont le déve­loppement est accru par l'existence de gîtes à mousti­ques favorisée par celle des décharges sauvages.

La faune des eaux douces est bien sûr très sensible auxdiverses formes de pollution.

Seules une vingtaine d'espèces de poissons et unequinzaine d'espèces de crevettes ont été inventoriéesen eaux douces à la Guadeloupe.

L'étude des rivières de la Basse-Terre conduit à deuxzones de peuplement:

- la partie aval des cours d'eau où dominent lespoissons prédateurs; selon les profils des rivières,cette zone s'étend de 2 à 10 km depuis l'embou­chure et jusqu'à ('altitude d'une cinquantaine demètres;- la partie amont au-delà de cette altitude où cesont généralement les crevettes qui dominent.

La reproduction de l'ensemble des espèces de crevet­tes et de nom breuses espèces de poissons sem bles'effectuer dans les eaux saumâtres des estuaires etdes mangroves ou dans les eaux du littoral. Ce n'estqu'à l'issue de leur développement larvaire dans cesmilieux riches en plancton que ces espèces remontenten eaux douces peu minéralisées et uniquement enri­chies par la matière organique provenant du lessivagedes sols et de la chute des feuilles.

On comprend ainsi la fragilité de cet écosystèmepuisque l'essentiel du recrutement de sa faune pro­vient de la zone littorale, zone la plus sensible àl'accumulation des pollutions liées aux activités agri­coles, industrielles et humaines.

De la même façon, l 'homme agit sur la flore des eauxdouces. Dans les régions karstiques de la Grande­Terre, par exemple, les cuvettes de dissolution (doli­nes) des calcaires sous-jacents sont souvent occupéespar des mares temporaires ou permanentes qui évo­luent vers un comblement avec pour corollaire une

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 95: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La qualitéde reau

évolution de la végétation vers laformation de fourrés et bosquets.La pression de l'occupation hu­maine conduit à la récupérationde ces mares de dolines pour l'ex­tension des cultures, menaçantainsi de disparition non seu le­ment l'ensemble de la flore maisplus généralement la totalité deses biotopes.

En fait, les diverses sourcesd'agressions, de pollutions et decontaminations des eaux doucesde Guadeloupe, qu'elles soientponctuelles ou diffuses, tant enmilieu urbain qu'en zone rurale,sont connues. L'évaluation déjàentreprise des polluants, ainsi quel'étude de leurs processus d'ac­tion et d'évolution dans leursmilieux récepteurs, devrait per­mettre de mettre en œuvre, lors­qu'elles existent, les techniquesappropriées, d'affiner les régle­mentations en cours et d'une fa­çon générale de sensibiliser lespopulations et les décideurs.

L'assainissement

près utilisation par1'homme, l'eau, si elle n'estpas épurée, revient souillée

au milieu naturel et engendre untel flux de pollution que les ca­pacités d'auto-épuration sont leplus souvent dépassées. La dé­gradation progressive des mi­lieux récepteurs s'accompagnede toutes sortes de troubles phy­siques, biologiques et sanitairesqui à terme iraient jusqu'à com­promettre la ressource elle­même. C'est pourquoi l'assainis­sement des eaux usées aussi biendomestiques qu'industrielles estune nécessité, qui concerne par­fois les eaux pluviales, souilléespar "lavage" des chaussées, airesindustrielles et autres.

LES EAUX PLUVIALES

D'une façon générale, les eaux pluviales sont éva­cuées par de courts tronçons de canalisation vers desexutoires naturels, principalement la mer. Les réseauxsont de type séparatif: les eaux pluviales ne rejoignentpas les eaux usées domestiques ni, par conséquent, lesstations d'épuration. La pollution par les eaux pluvia­les est demeurée jusqu'alors suffisamment faible etdispersée pour ne pas justifier de mesures d'épurationspécifiques.

Cependant les progrès de l'urbanisa­tion et du trafic imposent de reconsi­dérer le problème : ainsi, les eauxcollectées sur les ouvrages routiers àgrande circulation seront traitéesavant rejet dans des bassins de décantation-filtration.

L'ASSAINISSEMENTCOLLECTIF

Dans la plupart des agglomérations, les eaux uséessont récupérées dans un réseau d'assainissement col­lectif et dirigées sur une station d'épuration qui rejetteles effluents à la mer après traitement. Au-delà despréoccupations concernant la salubrité des plages et ledéveloppement du tourisme, on imagine l'importanceécologique de cette opération.

La Guadeloupe est relativement bien équipée: l'in­ventaire de l'assainissement des communes ruralesréalisé en 1990 dénombre 19 stations d'une capacitétotale de 57 700 équivalent-habitants pour une popu­lation desservie de 50 600 habitants (dont 5 060 équi­valent-saisonniers). Six autres stations représentant14 000 équivalent-habitants sont prévues d'ici 1994,l'équipement devant être achevé avec 4 unités supplé­mentaires en l'an 2 000. Dans le même temps, sontprévus la création ou l'extension des réseaux corres­pondants et le doublement des stations trop petites (lesstations qui fonctionnent en sous-capacité ne jouentpas correctement leur rôle). À cela, il faut ajouter lastation de Jarry qui traite, après transfert par canalisa­tion sous-marine, les eaux urbaines de Pointe-à-PitreAbymes, correspondant à une population de près de55 000 habitants. La capacité actuelle de la station estsaturée et l'achèvement des travaux de doublementdevient particulièrement urgent.

Cependant, ce dispositif souffre d'une fai blesse cer­taine dans le domaine de la maintenance. Des dysfonc­tionnements graves se manifestent sur des durées trop

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 96: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

longues (manque de disponibi­lité ou de qualification du per­sonnel, problèmes de stocks, dé­lais de livraison, difficultés bud­gétaires ... ) et abaissent fâcheu­sement l'efficacité globale del'épuration.

Un effort tout particulier reste àfaire pour prévenir les pannes etréduire très sensiblement les dé­lais de réparation. Pour cette ac­tion, un service d'assistance tech­nique à l'exploitation des sta­tions d'épuration (SATESE) faitcruellement défaut.

LASSAINISSEMENTAUTONOME

Avec le doublement imminent dela station d'épuration de Jarry, lacapacité théorique d'épurationavoisine 169 000 équivalent-ha­bitants pour une population ef­fective de 387 000 habitants,sans compter les saisonniers. Eneffet, pour des raisons techni­ques et économiques, seule la po­pulation agglomérée peut êtredesservie par un réseau d'assai­nissement collectif. Dans les zo­nes d'habitat diffus, une autresolution s'impose: ['assainisse­ment autonome. Les modalitéspeuvent être assez variées selonles situations mais deux systè­mes prédominent en Guade­loupe: les fosses septiques "tou­tes eaux" avec épandage souter­rain pour les habitations indivi­duelles (jusqu'à la équivalent­habitants) et les micro-stationsd'épuration pour les ensem blesplus importants (jusqu'à 1 000éq uivalen t- ha bi tants).

Les fosses septiques dites "tou­tes eaux" assurent un prétrai­tement par décantation et fermen­tation anaérobie de toutes leseaux domestiques (eaux-vannes

et ménagères), les eaux pluviales étant impérative­ment exclues. Un tel dispositif nécessite peu d'entre­tien, ne consomme pas d'énergie et son coût d'instal­lation est raisonnable. Mais j'effluent en sortie defosse est insuffisamment épuré et ne peut en aucun casêtre rejeté tel quel en ravine ou rivière. L'épandagesouterrain par drains distributeurs horizontaux à fai­ble profondeur permet de compléter le traitement. Cesont en effet les bactéries aérobies des couches super­ficielles du sol qui assurent l'essentiel de l'épuration.La longueur de l'épandage dépend des caractéristi­ques du sol et de la taille de 1'habitation. En tout étatde cause, l'utilisation de puisards en sortie de fosse estformellement interdite car il n'y a pas en profondeurl'aération nécessaire à la dégradation des matièresorganiques.

La fosse septique "toutes eaux" offre une réponseefficace et fiable au problème de l'assainissementindividuel dans la plupart des cas. Mais dans certainessituations de terrain imperméable, à nappe phréatiquesuperficielle, à forte pente ou par manque de place,elle est inapplicable: le service hygiène et environne­ment de la DDASS adapte alors au cas par cas d'autressolutions techniques. Ce service donne son avis surchaque installation nouvelle et vérifie sur le terrain laconformité aux prescriptions techniques et réglemen­taires de façon à prévenir les nuisances que ce type dedispositif peut occasionner en cas d'erreur de concep­tion.

L'assainissement individuel des habitations réguliè­rement déclarées et autorisées est donc très satisfai­sant. Cependant les constructions illégales, très nom­breuses en Guadeloupe et le plus souvent dépourvuesd'assainissement, continuent de polluer les canaux,ravines et rivières.

Pour les hôtels ou lotissements éloignés des réseaux,les microstations sont en plein essor (60 unités instal­lées en 1990) : elles se présentent sous forme demodules standards généralement en résine synthéti­que et fonctionnent, comme les stations d'épurationcommunales, sur le principe intensif des boues acti­vées. Elles assurent donc normalement une bonneépuration mais exigent un entretien minutieux despièces électromécaniques (pompes et aérateurs)d'autant plus nécessaire qu'elles sont dépourvues desystèmes de prétraitement. En cas de mauvais fonc­tionnement, inévitable parfois en raison de la sous­qualification du personnel et en l'absence de contrôlesystématique de ce parc en expansion, la pollution esttrès importante. La DDASS im pose donc un complé­ment par épandage souterrain à faible profondeur ou

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 97: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La qualitéde l'eau

un système de recyclage par ar­rosage au goutte-à-goutte.

LE TRAITEMENTDES EAUXINDUSTRIELLESLes rejets industriels dangeu­reux sont heureusement peu nom­breux en Guadeloupe et le Con­seil régional a pris le parti derefuser l'implantation d'indus­tries lourdes.

Mais les petites et moyennes in­dustries, notamment les indus­tries extractives et l'agro-indus­trie, engendrent des nuisancesconsidérables. Eaux de process,eaux de lavage et même eauxpluviales chargées de toutes sor­tes de résidus épars sur les airesde manutention et les parkings,tout est le plus souvent rejetédans le milieu naturel.

A vec un sou tien financier et uneassistance technique forte, on apu mettre en œuvre des sol utionssatisfaisantes dans certaines uni­tés. La DRIRE (Direction Régio­nale de l'Industrie, de la Recher­che et de l'Environnement) a saisil'opportunité d'un financementcommunautaire spécifique pourproposer à chaque établ issementclassé de réaliser un diagnosti­que subventionné à 80 %, préciset débouchant sur un projet con­cret de dépollution. Par ailleurs,les programmes publics d'aide àla modernisation industrielle su­bordonnent de plus en plus leurintervention à la mise en placed'équipements de dépollution. Lacombinaison de ces mesures de­vrait permettre d'améliorer sen­siblement la situation. Mais ilfaut aussi faire comprendre que,bien intégrés au système de pro­duction, les dispositifs de dépol­lution sont aussi valorisants pourl'entreprise que nécessaires à laconservation des sites.

Les objectifs de qualité

En application de l'article 3 de la loi du 16 décem­bre 1964 relative au régime et à la répartition deseaux et à la lutte contre leur pollution, des campa­

gnes nationales d'inventaire des eaux douces superfi­cielles et de leur degré de pollution ont été lancées en1971,1976 et 1981. En Guadeloupe, ce travail d'in­ventaire et de diagnostic n'a pu êtreréalisé qu'en 1987 avec le soutien duDépartement: il a abouti à la publi­ca tion d'une carte assortie d'un com­mentaire et comprenant, outre le clas­sement des cours d'eau selon les in-dications de la circulaire du 29 juillet 1971, les prin­cipales données concernant les débits des rivières, lesusages de l'eau, les problèmes sanitaires et les sourcesde pollution.

Il apparaît que, si les eaux courantes des bassinsversants amont sont d'excellente qualité, la dégrada­tion de la qualité de l'eau est flagrante lors de latraversée des zones habitées et exploitées, au pointd'être parfois très préoccupante.

D'après la loi, J'étape suivante est la publication d'undécret dit "d'objectifs de qualité". À l'usage, cetteprocédure trop lourde a été réservée à des cas trèsspécifiques et, pour l'ordinaire, une circulaire du mi­nistre de l'environnement a chargé les préfets de faireétablir une carte des objectifs que se fixe le Départe­ment, dans le domaine de l'eau, à l' horizon de dix ans.

Ces objectifs devront respecter les normes européen­nes applicables aux sites de baignade ou de prélève­ment pour l'eau potable et réaliser le meilleur arbi­trage entre deux exigences apparemment contradic­toires :

- celle de bénéficier d'une eau propre pour laconsommation, les loisirs et les équilibres écologi­ques ;- celle de minimiser les coûts de production desentreprises en difficulté, qui sont conduites à reje­ter des eaux sales.

D'après la situation actuelle et les techniques de dé­pollution raisonnablement envisageables, la DAF aémis une proposition d'objectifs de qualité et de me­sures destinées à les atteindre. La version définitiveaura des implications financières et devra recevoirl'accord du Conseil général.

Ensuite seulement, elle pourra être approuvée par lepréfet pour servir de cadre à l'action pratique de

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 98: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

police des eaux et diffusée auxélus locaux, associations et prin­cIpaux usagers.

Parallèlement, compte tenu del'importance de l'aquifère de laGrande-Terre pour le dévelop­pement de cette région, le Dé­partement a demandé au BRGMl'étude d'une carte de vulnérabi­lité des nappes souterraines.

Dans un premier temps, pour dis­poser d'un outil d'aide à la déci­sion en matière de rejets d' ef­fluents, il a été édité en 1989 une"Carte des risques de pollution"

2....Q qui permet de visualiser:- la nature des terrains ré­partis sommairement en troisclasses;- les points préférentielsd'in fi 1tration vers la nappe de­puis la surface du sol;- les émetteurs potentiels depollution.

Il en ressort que les risques sontsérieux dans la région desGrands-Fonds et sur J'axe MouJe­Sainte-Anne.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 99: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Carte de la qualilé des eauxsuperficielles en 1987.

Qualité générale des cours d'eau

Qualilé excellenteBonne qualitéQualilé moyenneQualité médiocre - pollutionHors classe - pollution excessiveManque d'eau - échantillonnage impossible

Boui liante •

Vieux-Habitants

BailJif

Vieux-Fort

Lamentin•

Trois-Rivières

Baie-Mahault•

..Petit-Bourg

..­Capesterre

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 100: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Cart e de propos il iO/1s d' ohjecl it:~

de qllalilé des cuu.r sUjJcljiciellese/1 1992.

Ri\'.

Bouillante •

Vieux-Habitants

Quai ité générale des cours d'eau

Qualilé excellenleBonne qualilé

Qualilé moyenneQualité médiocre - jJo/lulionHors classe - polllllion cxcessil'eManque d'eau - échal1li/lo/1nage impossihle

Baie-Mahault•

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 101: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

,,/

Circulation naturelle des eauxct aptitude des terrains à lapercolation:

Ligne de partage

Sens d'écoulement de la nappe

Calcaires affleurant. cordonslittoraux sableux. penollationimmédiate et rapide

Terrains argileux. percolationplus ou moins leI/te

Mangrove. pas d'écoulementgravitaire

Terrains non saturés hétérogènes.percolation plus ou moins rapide

'-,_0--

e 0

. .....-._- --

Points privilégiés d'absorption ou decollecte des eaux:

Petite dépression. doline sèche

Petite dépression ou doline en eau

• Puit

-; Forage

Carrière

Emetteurs potentiels de pollution

6 Centres urbains principaux

- Axe routier à trafic dense

Sucrerie, distillerie

Élevage industriel

• Ahattoir

Stockage de produits dangereux

Décharge

Cartr des risques cl la pollution dela nappe de Grande-Terre.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 102: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 103: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

\ '_11, \ l, l' Il Les besoins en eau domestique, touristique et sur­tout agricole, ont fait l'objet d'une évaluation parla Direction de l'Agriculture et de la Forêt dans

le cadre du schéma d'utilisation des eaux présentéplus loin. Cette demande, émanant pour les deux tiersde la Grande-Terre, s'accroît fortement avec le déve­loppement socio-économique de l'archipel.

Bien évidemment, cette demande augmente sensible­ment pendant les périodes sans précipitation. Or, enpériode de sécheresse, les ressources en eau de surfacesont inexistantes en Grande-Terre et limitées en Basse­Terre à des écoulements relativement faibles. Parailleurs, une surexploitation de ces ressources dimi­nue sensiblement les débits des cours d'eau et aggravel'impact des pollutions (pesticides, engrais, rejets desusines sucrières, etc.).

Finalement, on constate, dès à présent, que la d isponi­bilité des ressources au fil de l'eau de la Basse-Terreen période de sécheresse, soit 10 à 12 mètres cubes parseconde, n'est pas suffisante pour satisfaire les be­soins (plus de 5 mètres cubes par seconde), si l'on veutpréserver l'équilibre des milieux naturels.

La sécheresse récente de 1987, notamment dans le sudde la Basse-Terre, a entraîné des pénuries prouvantque la demande en eau potable ne pouvait être totale­ment satisfaite par une simple production au fil del'eau sans stockage.

Plus récemment, en 1991, alors que les débits d'étia­ges étaient sensiblement normaux, la production nesatisfaisait pas la forte demande en eau d'irrigationjustifiée par la sécheresse qui a sévi en Grande-Terre.

La confrontation des ressources disponibles avec lesbesoins en eau, en maintenant des débits suffisantsdans les cours d'eau, montre la nécessité:

- d'aménager l'exploitation des eaux de surface:• en régularisant leur production par l' implanta­tion en Basse-Terre de réservoirs construits surles cours d'eau les plus productifs;• et en acheminant une fraction des ressources de

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 104: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

la Basse-Terre vers laGrande-Terre;

- d'intensifier et d'amélio­rer la production d'eau sou­terraine.

Il devient alors impératif de con­sidérer la ressou rce en eau defaçon globale et d'en prévoir unegestion rigoureuse. Cela impli­que que techniquement tout soitmis en œuvre pour planifier cettegestion et qu'administrativementdes décisions soient prises pourmettre en place les structures lesplus efficaces.

Le schémad'utilisation

de l'eau

a DAF a élaboré en 1986 undocument de planificationdes équipements et inves-

tissements destinés à la satisfac­tion des besoins en eau potable etd'irrigation à l'horizon del'an 2 000. Il s'appuie sur l'éva­luation objective des ressourcessuperficielles et souterraines ex­ploitables, sur la population res­tant à desservir et sur des hypo­thèses démographiques et éco­nomiques (niveau de vie) d'évo­lution des consommations.

Ce schéma est en cours de révi­sion, en raison notamment de réa­justements démographiques liésau recensement de 1990, maisreste d'actualité dans ses gran­des lignes. On estime aujourd 'huià plus de 50 % l'augmentationde la consommation d'eau pota­ble en Guadelou pe entre 1985 et2 000 pour un accroissement dé­mographique de 16 % dans lemême temps. Mai s la productiondestinée à satisfaire cette de­mande doit tenir compte du ren­dement médiocre (50 %) des ré-

seaux: on produit deux fois plus d'eau potable qu'iln'en arrive au robinet des usagers.

Pour améliorer ce rendement et atteindre 65 % en l'an2 000, on a calculé qu'il faudrait à cette date enproduction de pointe 390 000 mètres cubes par jourcontre 290 000 en 1990. Pour l'irrigation, la produc­tion prévue à l'achèvement des programmes en coursest de 340 000 mètres cubes par jour de pointe, defaçon à couvrir la totalité des besoins lors de sécheres­ses de récurrence quinquennale.

Si on compare ces prévisions à la production, on meten évidence un déficit particulièrement accusé enGrande-Terre qui sera presque résorbé après l'achève­ment des travaux de la conduite mixte, élément majeurdu schéma d'utilisation des eaux. Cependant d'autresdispositions s'imposeront également:

- Des prélèvements supplémentaires:• construction de 14 nouveaux forages et d'unchamp captant en Grande-Terre permettant lepompage de 34 000 mètres cubes par jour enpointe;• raccordement des sources de Tabaco, soitla 000 mètres cubes par jour, à la conduite deBelle-Eau Cadeau;

L'exploitation de l1oul'elles l'il'ières /l'est pas el/coreel1\'isagée, mais ef/e demeure possihle dans des COI1­ditiol1s écologiques, techniques ct final1cières rai­

sOl/uahles.

- L'aménagement de barrages de régularisationsaisonnière, en soutien des captages de rivières dela Basse-Terre:

Jusqu'ici 011 a lm sc satisfaire de prélèl'emel1ts "aufi 1deI' eau" par des in .1' ta ffa t i0 11 .1' do 11 t l' al imen ta tionest insuffi sa 11 tep end(j n t 1es é t iages, ('f Cf u i, parailleurs, ne peu\'el1t pas tirer parti des grandes qual1­ti/{'s d' cau écoulées après les jOl'tes pluies. Cepen­

dal1t. on IWLl/ï'a augmenter très sensihlement la pro­ducrion en stockant dans des l'etenlles de régulationle surplus qu'on exploitera en période de basseseaux.

Cinq projets doil'ent voir le jour en Basse-Terre:l'aménagement d' UI1 réservoir de 1,8 milfiol1 de mè­tres cuhes SUI' le Bras David et plus tard, d'autres

retenues dans le cadre du programme couplé d' irri­gation de la Grande-Terre ct de la Côte-ou-Vent dela Basse- Terre. Les oUI'rages de régularisation et detransfert réalisés sel'l'iront, en outre, à renforcer

l'adductiou en eau porahle de la Grande- Terre.

- De nouvelles installations de traitement pourl'eau potable:

• une station de 80 000 mètres cubes par jour surla conduite mixte à Caduc pour soutenir l'ali­mentation de l'agglomération pointoise ;

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 105: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La gestionde l'eau

• une station de traitementde 2 fois 5 000 mètres cu­bes par jour au nord de laGrande-Terre;• doublement de la stationde Moustique.

- L'amélioration de la dis­tribution d'eau potable. Lesopérations envisagées sont:

• l'alimentation des Saintespar canalisation sous-ma­rine à partir de Trois-Riviè­l'es;• la construction de réser­voirs de stockage représen­tant plus de 100 000 mè­tres cubes supplémentairesde façon à pallier tout inci­dent de production;• le renforcement et l'ex­tension des réseauxexistants;• l'amélioration du rende­ment des réseaux par unsystème général isé de télé­surveillance (déjà opéra­tionnel) avec recherche sys­tématique des fuites, répa­ration et rem placement desconduites défaillantes.

- L'éducation des usagers:Comme iln')' a pas de saineges t ion de laressou l'ce s'onsmaÎtrise des consommations,il faudra aussi faire prendreconscience aux usage/'s quel'eou est un bien rare et pré­cieux à n'utiliser quO à bon es­cient. Cela n'ira pas sans malcar l'eau est aussi un bien depremière nécessité que les col­lectivités s'efforcent légitime­ment de délivrer à has prixsans répercuter la totalité des

frais.

- La planification des amé­nagements :

À ce stade de complexité de lagestion des eaux en Guade­loupe. s· impose une planifi­cation des hydro-aménage­ments projetés visant à uneoptimisation de leur rende­

ment.

Cette planification passe, on le verra, par la modéli­sation des écoulements de surface, par la modélisa­tion du fonctionnement des nappes d'eau souterraine

et par la modélisation de la gestion globale de l'eau.

La modélisation dufonctionnement

d'un système d'eau

appuyant sur une analyse pros­pective des besoins des diffé­rents usagers, la gestion ration­

nelle des ressources en eau impliqueschématiquement:

- d'envisager les solutions techniques permet­tant l'exploitation des quantités d'eau mobilisées;

- de préserver la ressource dans son mi 1ieu natu­rel par le maintien du débit minimal réservé et lecontrôle des sources de pollution.

La planification de cette gestion consistera à définirune politique qui visera à respecter au mieux cesexigences, d'apparence contradictoire, de protectionde l'environnement (maintien de débits minimumsdans les cours d'eau) et de développement économi­que (satisfaction des demandes).

La modélisation d'un système d'eau consiste à réali­ser un logiciel qui simulera, sur une période de plu­sieurs années, le fonctionnement des hydro-aménage­ments destinés à prélever, à stocker, à acheminer, àtraiter ou à distribuer l'eau, afin de satisfaire lesbesoins (AEP, irrigation, etc.) sous différentes con­traintes de gestion des aménagements et de préserva­tion des milieux aq uatiques.

Pour permettre d'apprécier les performances et limi­tes des aménagements projetés par la Direction del'Agriculture et de la Forêt, l 'Orstom, à la demande duConseil général, a réalisé "HYDRAM" (HYDRo­AMénagements).

Ce logiciel de simulation permet d'envisager facile­ment différentes évolutions spatiales et temporelles(échéancier des aménagements, plans culturaux, rè­gles de gestion ... ).

Outil d'aide à la planification, HYDRAM apporte auxdécideurs des évaluations claires de la fiabilité dedesserte en eau, selon divers scénarios envisagés.

Les choix concernant la localisation et ledimensionnement des aménagements à implanter (pri-

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 106: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ses d'eau, conduites de transfert,retenues de régularisation ou destockage, canaux d'irrigation,etc.), et la définition des règlesd'une gestion en temps rée l (dé­cisions à prendre au jour J) se­ront basées sur les résultats decette modélisation mathémati­que.

• Pluie

Lt Évaporation

D 1nfi1trat ion

.. Débits dans conduite

<;:::J Débits dans ri\'ière

~; 'I,é/1/u d/l\,·,t(~fII(· {'OIlSidé,.é !Jar1/ }/fJR.\M

Les problèmes soulevés sontcomplexes car ils font intervenirdes contraintes hiérarchisées. Parexemple, la non-satisfaction desbesoins peut en effet induire dif­férents niveaux de gravité, selonla nature du besoin, la probabi­lité d'occurrence, le niveau et ladurée de la défaillance. Dans lescas où tous les besoins ne pour­ront pas être totalement satisfaits,des choix devront conduire à dé­finir des priorités. Les solutionsà apporter doivent répondre à desobjectifs contradictoires, à sa­voir la satisfaction des besoins etle maintien dans les rivières desdébits réservés, ce qui ne se ferapas sans difficultés. L'apport demodèles d' opti misation d'unegestion intégrée des systèmes

d'eau au pas de temps inférieur au mois, adjoints à desmodèles de simulation d'écoulement naturel, est fon­damental pour mettre en évidence les solutions lesmieux adaptées et les points de rupture.

Une des originalités de l'outil réside dans sa fonctionde conception interactive, permettant de sélectionner

des composants existants(prise en rivière, rete­

nue, conduite, de­mande en eau po­

table, périmè­tres d' irriga­

tion et même

.... -,~ .....-

.,. ,....--'" ~ ~ minicentrales.-Al

hydroélectri-ques ... ).

Élaboré pour répondreaux problèmes) iés à la gestion

de l'eau en Guadeloupe, il est conçupour s'adapter aisément à d'autres régions

de la Caraïbe ou du globe.

La situation administrative

LE RÉGIME JURIDIQUE DES EAUXCONTINENTALES

En droit français, les eaux courantes sont classées endeux catégories: les cours d'eau domaniaux et nondomaniaux.

Les cours d'eau domaniaux sont inclus dans le do­maine public fluvial en raison deleur affectation à desusages généraux, à savoir:

- navigabilité ou flottabilité;- besoins en eau de l'agriculture et de l'indus-trie;- alimentation en eau des populations;- aménagement contre les inondations.

Le fonds et l'usage de l'eau appartiennent à l'État. Ilssont régis par le code du domaine public fluvial.

Les cours d'eau non domaniaux appartiennent auxpropriétaires riverains, qui cependant ne peuvent enuser que dans la limite des dispositions du code rural.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 107: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La loi n'a jamais été appliquée àune troisième catégorie pourtantprévue : celle des cours d'eaumixtes dont le fonds demeureraitpropriété des riverains tandis quel'usage de l'eau serait transféré àl'État.

Les eaux de pluie, éventuelle­ment collectées pour l'alimenta­tion d'étangs et les eaux desource, qui ne donnent pas lieu àun cours d'eau, sont propriétéprivée.

Enfin, les eaux souterraines sontégalement propriété privée puis­que le code civil stipule expres­sément que "la propriété du solemporte la propriété du dessus etdu dessous". Toutefois lesfouilles et forages de profondeursupérieure à la mètres et les ins­tallations de prélèvement dont lacapacité dépasse 8 mètres cubespar jour sont soumis à déclara­tion. De plus, le décret-loi du 8août 1935 soumet à autorisationpréalable, dans certains départe­ments où se trouvent des nappesd'intérêt public, tout puits ou son­dage de plus de 80 mètres deprofondeur. Ces dispositions ontété étendues par décret du Il mars1960 à la Guadeloupe "pour êtreappliquées aux îles de la Grande­Terre, de Marie-Galante, deSaint-Barthélemy et de Saint­Martin", le seuil de profondeurétant ramené à 3 mètres. La Gua­deloupe est le seul départementd'outre-mer à bénéficier de cettelégislation mais le texte ne faitpas état des nappes de la Basse­Terre.

UN STATUTDÉROGATOIREDANS LES DOMDans les DOM, les mesures mi­ses en p lace par la départemen­talisation ont eu pour objectif de

créer très rapidement un cadre général préservateur:ainsi le décret du 31 mars 1948, confirmé par la loi du28 juin 1973, a domanialisé toutes les eaux (à l'excep­tion des eaux pluviales) y compris les sources et leseaux souterraines par dérogation à l'article 552 ducode civil. Ce décret ménage toutefois une possibilitéde déclassement ultérieur des cours d'eau de moindreimportance qui n'a jusqu'ici jamais été utilisée.

Le cadre administratifgénéral

En raison de la diversité des régimes et des usagesde l'eau, l'organisation administrative est relati­vement complexe (voir organigramme ci-après).

Par ailleurs, les missions à exercer répondent à despréoccupations de plusieurs ordres:

- la gestion patrimoniale du domaine public flu­vial;- la police des eaux qui contrôle le respect de laréglementation visant à la conservation quantita­tive et qualitative des eaux et réprime les abus;- l'évaluation et la gestion de la ressource en eaupour la satisfaction des différents besoins;- le contrôle sanitaire et la desserte des usagers;- la préservation biologique des miliyux aquati-ques ; 1

- la prévention des risques majeurs liés à l'eau.

Si, depuis sa création et surtout depuis la loi du 3 jan­vier 1992 sur l'eau, le ministère de l'Environnementa regroupé un nombre croissant de compétences dansce domaine, d'autres départements ministériels con­servent leurs responsabilités, notamment en matièred'usage de l'eau. La mission interministérielle del'eau assure donc l'indispensable coordination au ni­veau national tandis que les DIREN (directions régio­nales de l'environnement) font de même à l'échelonrégional: elles sont chargées de l'évaluation des be­soins en eau, et de l'élaboration du suivi des docu­ments de planification dans le domaine des eaux su­perficielles et souterraines et des milieux aquatiques.Pour parfaire la prise en compte de tous les problèmes,on y a adjoint des instances consultatives où sontreprésentés les usagers, les collectivités territoriales,les administrations concernées et des personnalitésqualifiées.

Par ailleurs, les circonscriptions administratives clas­siques étant mal adaptées à la gestion indispensablepar ensembles hydrographiques cohérents, la loi du

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 108: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

:lrtll'Iurc-; adllllll~lrall\'e~uan~ 1..: LI >malile tks éaux L'OnLII1CnLale" - i'L'vrier 1~()2

lMinis~ères

competents__ •__J

Organismes de coordinationl de l'administrationOrganismes d'étude

et d'exécutionOrganismesconsultatifs

Premier ministreJ_______--4~Comité nationall

de l'eau

~-

1

Direction de l'eau, de la préventiondes pollutions et des risques

- -- .-.

ro106 c:

0.....roc:::lrov>Z

Env ironnementSantéIntérieurAffaires étrangèresDéfenseBudgetAgricultureTransportsMerÉquipementRechercheIndustrie

1 ... Comité interministériel 1

de la q_ualité de la vie

MinistèreIde l'environnement

1

Mission

1

interministérielle ~de l'eau

. ,

Service

~e J'eau

Ipréfet coordonnateurde bassin

Directions~ 22 préfetsrégionales de région

Six Comitésde bassin

Comitéstechniques

de l'eau

Six Agencesde l'eau

-1

Directiondépartementalede l'agriculture

et des forêts

Directiondépartementale

cie l'action sanitaireet sociale

Directionsrégionales -~

Ide l'environnement

r--c:-:--Y.

96 préfetsde département jl- l--,-_Y_-,

Direction

j1

départementalede l'équipement-----

Six Missionsdéléguéescie bassin

Inspectiondes installations

classées

,------''--- 1

::l !1rov>Z

-0

::l

~ 1rov>'- OùZ 'v:....

ro.....c:

::l V

~ E> ~

Z ;;0.

'v-0

::lro

ro 0.

v u> c:Z ::l

E

Maire 1

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 109: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La gestionde l'eau

16 décembre 1964 a défini sixgrands bassins et créé les struc­tures correspondantes,

LADAPTATION AUCAS PARTICULIERDE LAGUADELOUPE

En Guadeloupe, l'organigrammeest simplifié par la superpositionen un seul niveau de la Région etdu Département et par l'absencede bassin au sens de la loi de1964.

De plus, il n'y a toujours pasd'agence financière de bassin,organisme chargé de percevoirune redevance sur l'eau distri­buée et de la réinvestir sous formede subventions aux actions con­formes aux décisions du comi téde bassin, Par suite, la mis­sion déléguée de bassin, norma­lement composée des fonction­naires qui siègent au conseil d'ad­ministration de l'agence finan­cière, n'a pas d'existence for­melle, Sa fonction de prépara-

Structure auminhtrativl' del'e~u en Gunuel Upè

tion des travaux de la miSSion interministérielle del'eau et de recueil des données pour la planificationnationa.le est cependant assurée par le préfet, quis'appuie pour cela sur la DIREN et sur le Comitétechnique de l'eau.

Au 30 juin 1993, les DIREN des départements d'outre­mer n'avaient toujours pas officiellement (décret spéci­fique attendu) remplacé les anciennes DRAE (déléga­tions régionales à l'architecture et l'environnement).Cependant, des dispositions transitoires ont été prisespour qu'elles puissent assurer leursfonctions dans le domaine de l'eau etnotamment la mise en place et l'ani­mation des comités de bassin (unpour chaque DOM), chargés d'éla­borer les schémas d'aménagement etde gestion des eaux (SAGE). Il s'agit de documents deplanification regroupant l'ensemble des informationsconcourant à la gestion des eaux:

--- évaluation des ressources en eau;- schéma d'utilisation des eaux;--- carte des objectifs de qualité;- schéma de vocation piscicole;- schéma de protection contre les crues--- études diverses.

La DIREN de Guadeloupe a repris, au moi ns en partieet avec quelques difficultés d'ordre financier, la ges­tion du réseau de mesures hydrométriques pour l'éva­luation de la ressource, la plupart des documentsconstitutifs des SAGE ont été élaborés (ou le seront)par d'autres services (DAF, ODE, DDASS), la DIRENassurant désormais la coordination des travaux.

Niveau 1national

Missionin term in istérie Ile

de l'eau1....1-

Service de l'eau

Niveau bassinPréfet l--

Comité de bassinComité technique

de l'eau

----,~DDASSDAF

rDDEI"'P'C~;O" d" 1

installations

(lassées (DR~RE)

=régional

départemental

Niveaucommunal

{ Mai~

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 110: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Missions administratives DAF DDE DRIRE DDASS DIREN MAIRE DEPT

**

*

*

* ** * *

* *

*

*:1: * :1:

*

Gestion patrimoniale du domainepublic fluvial:

- surveillance des limites,entretien, curage des rivières,concessions, etc;

Police des eaux:

- police générale: autorisations,prélèvements, rejets et ouvrages,travaux divers;

- police de la pêche (pourmémoire) ;

- police de la navigation fluviale(pour mémoire) ;

- inspection des installationsclassées (rejets) ;

- police des eaux souterraines (ycompris géothermie).

Gestion et répartition de laressource:

- élaboration des schémasd'aménagement et de gestion deseaux;

- délégué de bassin;

- comité technique de ['eau(secrétariat).

Distribution et contrôle sanitaire:

- réseaux primaires d'adduction(eau potable ou eau brute) ;

· déclaration d'utilité publique(instruction),• création et gestion,

- réseaux secondaires• création et gestion des réseauxd'i nstallations de trai temen t,stations d'épuration,• contrôle de potabilité,d'épuration,

- contrôle des piscines et autressites de baignade.

Protection des milieux humides etaquatiques:

Prévention des risques d'inondation:

- cartographie;

- ouvrages de protection contre lescrues.

*

*

*

***

*

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 111: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

La gestionde l'eau

••

Ensemble des cours d'eau de la Guadeloupe en de·hors de ceux soumis au contrôle de la DDE dépen­dent, en ce qui concerne leur gestion et la police deseaux, de la DAF

Cours d'eau relevant de la compétence de la DDE

d'eau entre la DAF et la ODE, puisque le préfet n'apas remis en cause cette division des compétences(cf. carte) ;

- l'inspection des installations classées est répar­tie par le préfet entre la DRIRE et la DAF selon lanature des établissements;

- le décret du 4 mai 1937 pris pour l'applicationdu décret-loi de 1935 détaille la procédure applica­ble, toutefois un vide juridique subsiste pour leseaux souterraines de la Basse-Terre, sauf en ma­tière de géothermie pour laquelleon dispose d'un texte spécifique;

- pour la gestion des réseaux,les collectivités sont éventuelle­ment assistées par une sociétéd'exploitation;

- en principe, il appartient aux riverains de seprotéger contre les crues; toutefois, les collectivi­tés peuvent se substituer à eux, en fonction del'intérêt public, pour la construction et l'entretiend'ou vrages de protection sous le contrôle de laODE et du service chargé de la police des eaux._

l?épartirion des l'Ollll'érC'III'C'S /1(11/1 fa gl'.\'r;o/l er fa I>oliee

des collrs d'('(/ll.

Répartitionpratique

des missionsadministratives

Le tableau précédent résumel'exercice de l'administra­tion en Guadeloupe dans le

domaine de l'eau. Il appelle lesremarques suivantes:

- compte tenu des modifica­tions intervenues ultérieure­ment dans l'organisation ad­ministrative générale, le dé­cret du 27 mars 1973 relatif àla gestion des cours d'eau et àla police des eaux superficiel­les dans les départementsd'outre-mer est devenu caduc(bien qu'il n'ait jamais été _ •abrogé), sauf en ce qu'il ré- (partit les différents cours

1 J----"'"" \, < \ 'v'l

Canal é'-... \\des Rotours' -1'"---> \,. \\'

Grande Rivière ~'Rivièreà Goyaves Canal t-'\.. ,,\ d'A d '

_ -r . Rivière, Perrin _ 1 ~ _ / U 010

rl.~ du LamentlO \ ~...,-..--->-' -~ J-;' ,.....ly.f'"' r,.J - ... ..r 1~ ty.........

5"'L.·,- 1:," / ';- - t Rivière r f \ rJ /'~- l

" /.J / - ' Bongout 1 " ~,_Çl,~:::.~' 1-:; /----- 1 - ,- ~ ::.~, / \. .' '"'r~ ) \

..... _ .... ·1~ --1 '1, ~~( ...... ~-'- ~ ,'?-~ ./ '/ L-- ' """""~ ,-=---- -'-"- ,>-- .\'/ l " . -- ---------Rivière

~...----.J<, ,--:~,)-\ '1 / r" \. / '-------" 'V Zone, de l'Anse

------ /': J 1'". R'" ~ _ de competence à la Barquej \.../ ---J 7' IVIere ~. / ./ ..... ODEl ..:-- / I~/ / -~ r:-~"Lézarde Canal Poucet

\

'(.1"_/1'/'//1// . '''.Rivière- "~',.. '" .: Il ~~:"~ .< Moustique

;/:,1 ( '~/~_~ ~Petite Rivière1,. .Y~ -',../~ ~

/""- ./ , ~ _,,-~ à Goyaves1 (--'-~••)---~ . .;/ -- Axes routiers principaux

/J~~)- .. ~~~'<-/"" ..... ,

- \ /./ -,.,- '-.'-<-' .~(' J '-::::,. ~-__ 1_

", ./ r , ,.,,' -<, _if"-' ,'1/ l(_v

"', .P,i 7 ../. ,;.TI}'

1 ."'\ A

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 112: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats
Page 113: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

ur une faible superficie, l'archipel de la Guade­loupe est représentatif des milieux insulairestropicaux humides grâce à sa grande diversité de

paysages (reliefs, végétations ... ), de climats et desols. Le trait dominant de la Guadeloupe est la grandevariabilité spatiale des pluies et de ses ressources eneau de surface.

Les besoins en eau, croissant avec le développement _1_1_1socio-économique de l'archipel et induits par l'irriga-tion, sont aujourd 'hui à peine satisfaits par les seulsprélèvements sans stockage opérés au fil de l'eau enBasse-Terre, pourtant véritable château d'eau de laGuadeloupe.

Le recours à de nouvelles ressources et à des solutionsde stockage et de transfert de l'eau vers les régionsdéfavorisées de la Grande-Terre, de la Désirade ou desSaintes, est devenu une nécessité.

Au-delà d'une large opération relevant de l'aménage­ment du territoire, la planification d'une gestion glo­bale des ressources en eau est un objectif essentiel.Cette planification doit se baser sur:

- la prospective des besoins à l 'horizon choisi;

La DAF a é\'alué les besoins en eau potable, indus­trielle et d'irrigation à l' horizon 2 000.

- la caractérisation de la variabilité spatiale ettemporelle des ressources;

Météo-France, l' Orstom et l'INRA étudient lesconditions climatiques de /' archipel.

L' Orstom a établi l'inventaire des ressources eneau de surface, et a étudié leur variabilité.

Le BRGM prospecte les potentialités des ressour­ces en eaux souterraines.

- l'inventaire des solutions techniques visant à lamobilisation de ces ressources (prélèvements, sto­ckage, transfert. .. ) ;

Le "schéma d'utilisation" des eaux, dressé par laDAF, fournit l'échéancier des implantations desouvrages hydrauliques.

- la simulation numérique des différents scéna­rios retenus afin de tester l'efficacité des solutionsenvisagées.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 114: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

L' Orstom, à la demande duConseil général, a développéHYDRAM, outil informatiqued'aide à la plaJ1ljicalion deshydJ·o-aménagemenls.

Les propositions de la DAF VI­

sent:

- à l'amélioration du rende­ment des réseaux,

- au renforcement de l' uti­lisation des ressources de sur­face mobilisables,

- à l'augmentation des ca­pacités de stockage,

- à la recherche de nou vel­il.1 les ressources souterraines,

- à la préservation de la qua­lité des eaux.

Les rendements des réseaux d'ad­duction de la Guadeloupe sontfaibles, de l'ordre de 50 %, seu­lement 30 % pour l'aggloméra­tion pointoise. Leur améliorationsera facilitée par ('utilisation dela télégestion qui permettra dedéceler plus rapidement les con­sommations abusives ou les pré­lèvements illicites, de même queles fuites, mais à condition quesoit entreprise en urgence uneaction de rénovation des réseauxdéfaillants. Ces rendements pour­raient, ainsi, être portés à 60 %.

Le renforcement de J'utilisationdes ressources de surface seralimité aux cours d'eau peu ex­ploités, mais ils sont peu nom­breux et une pression supplémen­taire exercée sur les eaux de sur­face ne pourrait que nuire àl'équilibre écologique des mi­lieux aquatiques.

L'augmentation des capacités destockage sous la forme de réser­voirs de quelques centaines oumilliers de mètres cubes permet­tra de mieux absorber les pointesde consommation. Mais, il estd'ores et déjà prévu d'implanterdes retenues de stockage de plus

grande capacité (plusieurs centaines de milliers demètres cubes) qui permettront de relever de façonsensible les débits dérivables en période d'étiage.

La recherche de nouvelles ressources souterrainespourrait déboucher sur l'utilisation d'une eau à l'abride toute pollution atmosphérique et constituer un com­plément non négligeable à l'apport des eaux de sur­face.

La préservation de la qualité des eaux de surface et deseaux souterraines passe par un contrôle permanent dela qualité de l'eau et une surveillance rigoureuse deséventuelles sources de pollution.

La mise en place et la gestion de retenues implantéesen Basse-Terre posera cependant certains problèmes:

- les risques sismiques doivent être pris en comptedans cette région active,

- des périmètres de protection stricte doivent êtreinstallés pour éviter la pollution des eaux stockées,

- la qualité bactériologique des eaux doit êtrecontrôlée rigoureusement.

En principe et dans la mesure du possible, les eaux quitransitent par les retenues devront être destinées àl'irrigation, alors que les ressources prélevées au filde l'eau, de meilleure qualité, devront être réservéesà l'alimentation en eau potable des populations. Unapport complémentaire d'eau souterraine constitue­rait, sans aucun doute, un renforcement efficace del'alimentation en eau potable.

Concernant J'économie de l'eau, les recherches con­duites sur la modélisation de la circulation atmosphé­rique doivent aider, à terme, à prévoir les sécheressesexceptionnelles et de prendre des dispositions en ma­tière de gestion des stocks d'eau et d'orientation desplans culturaux. Une bonne maîtrise de l'irrigation estun impératif qui permettra d'éviter d'énormes gas­pillages.

Quelles que soient les décisions techniques adoptéespar les collectivités locales et les administrations con­cernées, il revient à chaque Guadeloupéen de préser­ver l'eau d'une dégradation irréversible (rejet d'ordu­res, d'eaux usées, d'huiles de vidange, de produitstoxiques ... ), et de s'interdire tout gaspillage.

En Guadeloupe plus qu'ailleurs, en raison des limitesgéographiques de J'archipel et de la fragilité de sesécosystèmes terrestres et marins, l'eau douce essen­tielle à la vie des hommes et à l'équilibre des milieuxnaturels, doit faire l'objet de la plus grande attention.

LA GUADELOUPE AU FIL DE L'EAU

Page 115: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Glossaire

A.E.P.alimentation en eau potable

Adduction (d'eau)transport de l'eau du lieu de production vers les zones de consommation par conduite, oucanal de dérivation (le réseau de distribution assure la desserte individuelle)

Aérobiese dit des micro-organismes qui ne peuvent vivre qu'en présence d'oxygène, et des réac­tions biochimiques qu'ils provoquent

Affermage (contrat d')contrat par lequel la collectivité propriétaire abandonne l'exploitation duréseau à un tiers moyennant le paiement d'un loyer (une fraction desrecettes de vente d'eau)

Agressivequalificatif de l'eau: non seulement le calcaire n'y précipite pas, mais elle re-dissout les lU.dépôts qu'elle rencontre. De plus, son acidité favorise la corrosion des conduites métalli-ques (cas des eaux superficielles de la Basse-Terre)

Alimentation d'une nappeApport d'eau externe de toutes origines à un aquifère

Anaérobiese dit des micro-organismes vivant en l'absence d'oxygène et également des réactionsbiochimiques qu'ils produisent

Anticyclonezone de relative haute pression

Aquifèrecorps de roche perméable comportant une zone saturée en eau

Basses-eauxpériode de l'année au cou rs de laquelle les rivières ont les débits minimaux

Bassin versantaire limitée par le contour à l'intérieur duquel l'eau précipitée s'écoule vers un point de larivière

Biefportion de cours d'eau aux caractéristiques hydrauliques sensiblement constantes

Bilan hydrologiqueexprime la répartition des volumes d'eau intervenant dans le cycle de l'eau

Brasdivision naturelle d'un cours d'eau; est utilisé en Guadeloupe pour désigner un affluent

Canalvoie d'eau artificielle utilisée pour l'irrigation en Basse-Terre, pour le déplacement des embarca­tions en Grande-Terre

Capacité d'infiltration (d'un sol)intensité maximale de pluie qu'un sol peut absorber

Capacité de rétentionaptitude du milieu à retenir l'eau

Circulation généraleensemble de mouvements atmosphériques s'étendant sur la totalité du globe terrestre

Page 116: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Coefficient d'écoulementrapport de la lame d'eau écoulée à la lame d'eau précipitée sur une période donnée surune surface donnée

Coefficient d'irrégularitécoefficient K3, rapport de la valeur d'une variable en année humide de fréquence décen­nale à la valeur relative à l'année sèche de même fréquence

Conduite forcéecanalisation permettant le transport d'eau gravitairement ou sous pression

Cours d'eauvoie empruntée préférentiellement par les eaux météoriques

Crueaugmentation du débit d'une rivière

Cycle de l'eaucirculation de l'eau sous ses différents états dans la nature

Cyclone.lli perturbation atmosphérique tourbillonnaire

Débitvolume d'eau (ou de liquide) écoulée par unité de temps (exprimé généralement en litresou en mètres cubes par seconde, par heure ou par jour)

Débit fictif continuc'est le débit constant qui transiterait par un exutoire unique où seraient collectés et régu­larisés tous les écoulements d'un territoire donné (la même notion peut être appliquée à unensemble de prélèvements)

Débit de baseécoulement différé lié à la vidange des aquifères

Débit de pointedébit maximal de crue

Débit moyen annuelvaleur obtenue en faisant la moyenne des débits journaliers de l'année

Débit moyen mensuelvaleur obtenue en faisant la moyenne des débits journaliers du mois

Débit moyen interannuelvaleur moyenne des débits moyens annuels ou mensuels calculée sur plusieurs années

Débit solidecharge solide transportée lors des crues (boues, sable, blocs rocheux, végétaux ...) par unité detemps

Débit spécifiqueDébit calculé par unité de surface de bassin versant (généralement exprimé en m3/s/km")

DCEdébit caractéristique d'étiage ou débit journalier dépassé 355 jours par an

OC 30débit journalier dépassé 335 jours par an

DMAdébit journalier minimal annuel, en année normale

Dolinedépression fermée résultant de la dissolution du calcaire

Drainageévacuation des eaux superficielles et souterraines en excès dans une zone

Page 117: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Eaux météoriqueseau contenue dans l'atmosphère dans ses différents états

Eaux de surfacemasses d'eau douce liquide inerte ou en mouvement à la surface de la terre

Eaux souterrainesmasses d'eau contenues dans le sol

Effluentliquide qui sort de son contenant

Embâcleobstruction du lit d'un cours d'eau par amoncellement de matériaux (d'ori-gine naturelle ou non) à l'amont desquels l'eau s'accumule jusqu'à ceque l'ensemble cède sous la pression et laisse dévaler une onde decrue particulièrement dévastatrice

Endoréïsmecaractère des zones drainant les eaux vers des plans d'eau sans exu­toire

Énergie cinétiqueénergie d'un corps en mouvement

Épisode pluvieuxensemble de pluies associées à une même perturbation météorologique

Équilibre calco-carboniquec'est l'équilibre chimique qui s'établit entre le gaz carbonique et le calcaire dissous dansl'eau. Si le calcaire est excédentaire, l'eau est dite incrustante car le calcaire en excèsprécipite, se dépose sur la paroi des conduites et concourt à leur protection contre la cor­rosion (cas de l'eau prélevée dans l'aquifère de Grande-Terre)

Équivalent / Habitantcharge polluante représentée par des valeurs conventionnelles de divers paramètres etcorrespondant à la pollution moyenne que produirait un habitant permanent. On utilisecette notion plutôt que celle de la population recensée pour tenir compte des migrationsdiurnes ou saisonnières liées aux activités scolaires, professionnelles ou de loisirs

Érosiondésagrégation du sol sous l'impact des gouttes de pluie, le ruissellement et l'écoulement

Étalonnage 1

ensemble des opérations de mesure des débits d'un cours d'eau en vue d'établir la relation hauteurdébit en une station

Étiagepériode de l'année où les débits sont les plus faibles (basses eaux)

Evapotranspi rationensemble des phénomènes d'évaporation et de transpiration des plantes

Évapotranspiration potentielleETP, aptitude de l'atmosphère à faire évaporer l'eau des nappes d'eau libre et à faire transpirer lesplantes en considérant les apports d'eau suffisants (exprimée en hauteur d'eau)

Exutoirepoint d'une rivière par lequel s'écoule les eaux en provenance du bassin versant

Foehnvent échauffé et asséché par un mouvement descendant en général en aval d'une monta­gne

Page 118: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Gérance (des réseaux)exploitation par un mandataire salarié. Par exemple, le syndicat de Pointe-à-Pitre Abymespaie le personnel de la SOGEA affecté à la gestion de son réseau et les frais de fonction­nement correspondants

Gouttes de pluiegouttes dont le diamètre moyen est compris en général entre 0,5 et 2 mm

Gradient pluviométriquevariation de la hauteur pluviométrique en fonction de l'altitude

Jaugeagemesure du débit de la rivière

Hautes eauxniveau élevé des cours d'eau

Hivernagepériode de l'année où sont concentrées la plupart des précipitations

Humidité de l'airl.l..6. masse de vapeur d'eau contenue dans un volume d'air

Hydrogrammecourbe représentant la variation du débit d'une rivière en fonction du temps

HydrologieSciences des eaux: étude de leurs formes d'existence, de leur circulation et de leur distri­bution, de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques, de leurs interactions avecle milieu y compris leurs réactions aux activités humaines

Hyétogrammegraphique donnant les hauteurs de pluie tombée en fonction du temps

Impluviumaire dans laquelle les précipitations contribuent à l'alimentation d'un réservoir donné

Infiltrationpénétration d'eau superficielle dans le sol sous l'effet de la gravité et de la capillarité

Inondationétalement sur une zone qui n'est pas normalement submergée

Insolationquantité de rayonnement solaire direct incident

Intensité de pluiehauteur de pluie sur un intervalle de temps donné (exprimée généralement en mm parminute ou en mm par heure)

Interface eau douce/eau saléesurface séparant les deux fluides

Isohyètelieu des points de même hauteur de précipitation sur une période donnée

Jaugeagemesure du débit d'un cours d'eau à un instant donné

Laguneétendue d'eau continentale en communication avec le milieu marin

Lame d'eauhauteur de pluie moyenne tombée sur une région

Limnigrapheappareil enregistreur du niveau d'eau de la rivière en un lieu

Page 119: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Litvoie tracée par un cours d'eau: la quasi-totalité de l'écoulement s'effectue par le lit mi­neur, les débordements affectent le lit majeur

MétéorologieEtude des phénomènes atmosphériques et de leurs lois

Microclimatclimat d'une région naturelle de petite étendue

Modélisationun modèle numérique permet la simulation mathématique du fonctionnement d'un systèmequelconque

Modulevaleur moyenne d'un débit (ex: module annuel, modules mensuels)

Morphologieanalyse de la forme des terrains, de leur relief, de leur réseau de drai­nage ...

Moulinet 111appareil muni d'une hélice utilisé pour mesurer la vitesse d'écoulementd'un cours d'eau

Nappe captivenappe d'eau souterraine sans surface libre

Nappe phréatiquenappe d'eau souterraine à surface libre (nappe libre)

Nappe souterraineensemble des eaux comprises dans la zone saturée d'un aquifère

Niveau piézométriquematérialisé par le niveau libre de l'eau dans un tube vertical plongeant dans une nappesouterraine et ouvert à l'atmosphère

Orographiquerelatif au relief, aux ensembles montagneux

Ouragancyclone tropical où le vent atteind une force 12 sur l'échelle de Beaufort correspondant àune vitesse supérieure à 58 noeuds

Période de retourintervalle de temps moyen entre l'apparition de deux événements (hauteur de pluie oudébit de valeur donnée)

pHindicateur de l'acidité (pH<?) et ou de l'alcalinité de l'eau (pH>?)

Pluieeaux météoriques sous forme liquide tombant sur le sol

Pluie décennalepluie qui se produirait, sur un grand nombre d'années, en moyenne tous les dix ans

Pluviographeappareil enregistreur de pluie

Pluviomètreinstrument utilisé pour mesurer la quantité d'eau précipitée en un lieu, généralement enune journée

Pluviositécaractérise la hauteur de pluie tombée par rapport à la hauteur moyenne de précipitationspendant une durée donnée

Page 120: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Porositérapport du volume des vides au volume total d'un matériau

Précipitationeaux météoriques sous forme liquide et solide tombant sur le sol

Pression atmosphériqueforce appliquée par unité de surface de la colonne d'air (pression normale: 1013 millibars)

Pyroclastiteroche issue d'éruption explosive formée de fragments soudés ou non

Régieexploitation des réseaux par le personnel de la collectivité propriétaire

Régime forestierensemble de contraintes réglementaires à but conservatoire (en particulier le contrôle dela gestion par l'Office National des Forêts) s'appliquant, en plus des forêts domaniales,aux espaces boisés de collectivités et des établissements publics

Régime hydrologiquell..a. distribution saisonnière des débits des cours d'eau

Récurrence (intervalle de)(ou période de retour) durée moyenne entre deux événements d'un phénomène

Réseau hydrographiqueensemble des voies d'eau et des plans d'eau noyés temporairement ou non

Réseau hydrométriqueensemble de postes, stations ou sites de mesure hydrométrique (niveaux et débits descours d'eau)

Réseau pluviométriqueensemble de postes, stations ou sites de mesure pluviométrique (hauteurs de pluie tom­bée)

Résurgenceretour en surface d'un écoulement souterrain

Ruissellementécoulement par gravité à la surface du sol

Sédimentationdépôt de particules de matériaux transportées en suspension

Sourceémergence d'une nappe d'eau souterraine de laquelle il peut résulter un ruisseau

Station hydrométriqueensemble des installations de mesure des hauteurs d'eau et des débits en une sectiond'un cours d'eau

Surface agricole utilisée (SAU)surface des terrains affectés, même de façon extensive (exemple: lande parcourue par lebétail) à une activité de type agricole. La SAU est différente des zones agricoles des plansd'occupation des sols: les friches abandonnées et les surfaces stériles (carreaux de car­rières, surfaces construites) en sont exclues

Tarissementdécroissance des débits d'un cours d'eau correspondant à la vidange des nappes en de­hors de toute alimentation (précipitation ou recharge)

Temps de basetemps écoulé entre le début de la montée de l'hydrogramme et le moment où la courbe dedécrue rejoint celle du débit de base

Page 121: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Liste des sigles

Association Syndicale autorisée de l'Irrigation de la

Côte-Au-Vent

A81CAV

Temps de concentrationtemps le plus long que met une particule d'eau provenant d'un point éloigné de l'exutoirepour parvenir à celui-ci

Temps de montéetemps qui s'écoule entre l'apparition du ruissellement et le maximum de la crue

Thalwegligne joignant les points les plus profonds d'une vallée ou du lit d'un cours d'eau

Transport solidedéplacement par les eaux de matériaux emportés en suspension, en saltation ou charriés

Turbiditéteneur en matériaux transportés en suspension d'un cours d'eau.

BRGM

CCEE

Bureau de Recherche Géologique et Minière

Conseil de la Culture, de l'Éducation et de l'Environnement

UE Union Européenne

CGSP Compagnie Guadeloupéenne des Services Publics

DAF Direction de l'Agriculture et de la Forêt

DDASS Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale

ODE

DOM

DIREN

Direction Départementale de l'Équipement

Département(s) d'Outre-Mer

Direction Régionale de l'ENvironnement

DRAE

DRIRE

GFA

INRA

IRFA

Délégation Régionale à l'Architecture et l'Environnement

Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement

Groupement(s) Foncier(s) Agricole(s)

Institut National de Recherche Agronomique

1nstitut de Recherche sur les Fruits et Agrumes

ORSTOM Institut Français de Recherche Scientifique et Technique pour le

Développement en Coopération

POS

SAFER

SAGE

SATE8E

Plan d'Occupation des 80ls

Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural

Schéma d'Aménagement des Eaux

Service d'Assistance Technique à l'Exploitation des Stations d'Épuration

Page 122: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

SIAEAG

SICCSV

SOGEA

SRAE

UAG

Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eau et d'Assainissement de la

Guadeloupe

Syndicat InterCommunal du Sud de la Côte Sous-le-Vent

SOciété Générale d'Eau et d'Assainissement

Service Régional d'Aménagement des Eaux

Université Antilles-Guyane

Bibl iographie

SERVICE DE L'AMÉNAGEMENT DES EAUX OUTRE-MER NORD - 1967

Les adductions d'eau en Guadeloupe. Besoins et ressources.État de la situation au 1er avril 1967.

120 DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE L'ÉQUIPEMENT (Guadeloupe) - 1967

Étude des besoins en eau potable du Grand Pointe-à-Pitre et de la Grande- Terre(Habitat, Industrie, Tourisme). Echéancier des besoins.

C.N.R.S. ORSTOM - 1982

Atlas des départements français d'Outre-Mer - La Guadeloupe Paris - 1982.

HOEPFFNER. M - 1982

Conséquences sur /' environnement de projets d'équipement aux Antilles et enGuyane - ORSTOM - Pointe à Pitre.

LE QUENTREC. M - 1983

Le radar comme aide à /' estimation quantitative des précipitations.Prévision des crues éclairs en Martinique.Météorologie Nationale - Fort de France.

ROCHE. M - 1983

Lutte contre les inondations dans les OOM- TOM.Problèmes concernant l'occupation des lieux et les règles de construction.ORSTOM - Paris.

LIGUE POUR LA DEFENCE DU PATRIMOINE ET DES INTERETS GUADELOUPÉENS - 1983

Les eaux d'alimentation en Guadeloupe.Pointe à Pitre, 1983.

HOEPFFNER. M et al. - 1985

La sécheresse de 1983 en Guadeloupe.Cahiers ORSTOM - Série hydrologie.

CHAPERON. P, L'HOTE. Y, VUILLAUME. G - 1985

Les Ressources en eaux de surface de la Guadeloupe.ORSTOM - Paris.

MORELL. M - 1986

Influence du relief sur les précipitations.Séminaire "Volcans".ORSTOM - Basse-Terre, 1986.

Page 123: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

AGENCE DEPARTEMENTALE D'URBANISME ET D'AMENAGEMENT DE LA GUADELOUPE - 1986

Tableau de bord de l'environnement de la Guadeloupe 1986.

DIRECTION DEPARTEMENTALE DE L'AGRICULTURE - 1986

Inventaire des prélèvements d'eau dans les bassins versants de la Basse- Terre.D.D.A. - Basse-Terre.

HOEPFFNER. M et a/. - 1986

Variabilité des pluies et des ressources en eaux de surface en Guadeloupe.Numéro spécial - Besoin en eau des cultures et irrigation aux Antilles.Bulletin Agronomique des Antilles et de la Guyane - 1.1\l.R.A. - février 1986.

MINISTERE CHARGE DE L'ENVIRONNEMENT - 1986

Tableau de bord de l'environnement de la Guadeloupe 1986.Agence Départementale d'Urbanisme et d'Aménagement de la GuadeloupeBasse-Terre, 1986

DIRECTION DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET - 1986

Inventaire des prélèvements d'eau dans les bassins versants de la Basse- Terre.Basse-Terre, 1986.

AGUAMET - METEO-FRANCE

Bulletins climatologiques mensuels.Météorologie Nationale - Pointe à Pitre, 1987.

ROSSIGNOL. D - 1987

Classes de précipitations - Structure verticale de l'atmosphère - Anomalies climatiques.üRSTüM - Pointe à Pitre, novembre 1987.

MORELL. M et a/. - 1988

Étude hydrologique des rivières des Pères, des Herbes et du Galion.Années 1983 à 1987.üRSTüM - Pointe à Pitre, 1988.

MORELL. M - 1988

Le carême de l'année 1987 dans le Sud de la Basse- Terre.üRSTüM/CCEE - Basse-Terre, 1988.

DIRECTION DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET - 1990

Schéma d'aménagement des eaux pour l'alimentation en eau potable et l'irrigation de la Guadeloupe.D.A.F. - Basse-Terre, 1990.

DIRECTION DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET - 1991

Carte de la qualité des eaux de surface.D.A.F. - Basse-Terre, à paraître.

Page 124: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

Achevé d'imprimer par

PARAUGRAPHie

.\ 12~O L'UNION (Toulouse)

Tél. (1 h) 61 ..\7.h·UO

])\.';1.11 k;~.t1 Juill )()()-1

Page 125: La Guadeloupe au fil de l'eauhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · La connaissance des différents thèmes abordés dans cet ouvrage est fondée sur les résultats

CCEEelit-Paris

97100 Basse-Terre