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29 La 3 ème période : le temps des ambiguïtés 1959 – 1960 C’est ne période capitale où le général de Gaulle va tenter d’appliquer sa politique. De nombreux Français trouvent la politique de de Gaulle ambiguë et pensent avoir été trahis car de Gaulle après s’être prononcé pour l’Algérie française s’oriente très vite vers l’indépendance de l’Algérie. A- La stratégie gaullienne Stora dans son ouvrage insiste sur l’importance capitale du discours du 16 septembre 1959 où de Gaulle annonce l’autodétermination c’est-à-dire la possibilité pour les Algériens de décider de leur destin, et de ce fait envisage l’indépendance. On s’aperçoit que le de Gaulle qui dit « Algérie française » en 58 n’est plus le même en septembre 59 quand il enviage l’indépendance. Le plan de de Gaulle. Quand il arrive en juin 1958, de Gaulle est conscient que l’Algérie où une minorité européenne a le pouvoir politique et économique ne peut pas subsister. Il pense qu’il faut immédiatement faire évoluer ce contexte. 1- Mettre fin à la discrimination politique à l’égard de la population musulmane: Seuls les Français jouissent du suffrage universel. Le collège européen et le collège musulman n’ont pas les mêmes pouvoirs. Il y a 1 million d’Européens et 9 millions d’Algériens. le suffrage universel Dès son arrivée, il proclame le suffrage universel. Les femmes musulmanes voyent pour la 1 ère fois lors du référendum du 28 Septembre 1958 : Collège unique : De Gaulle met fin au double collège. Il y aura désormais un collège unique et les deux populations seront représentées proportionnellement à leur importance. - 46 députés musulmans sur 67 - 22 sénateurs musulmans sur 31

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La 3ème période : le temps des ambiguïtés 1959 – 1960

C’est ne période capitale où le général de Gaulle va tenter d’appliquer sa politique. De nombreux Français trouvent la politique de de Gaulle ambiguë et pensent avoir été trahis car de Gaulle après s’être prononcé pour l’Algérie française s’oriente très vite vers l’indépendance de l’Algérie. A- La stratégie gaullienne

Stora dans son ouvrage insiste sur l’importance capitale du discours du 16 septembre 1959 où de Gaulle annonce l’autodétermination c’est-à-dire la possibilité pour les Algériens de décider de leur destin, et de ce fait envisage l’indépendance. On s’aperçoit que le de Gaulle qui dit « Algérie française » en 58 n’est plus le même en septembre 59 quand il enviage l’indépendance.

Le plan de de Gaulle. Quand il arrive en juin 1958, de Gaulle est conscient que l’Algérie où une minorité européenne a le pouvoir politique et économique ne peut pas subsister. Il pense qu’il faut immédiatement faire évoluer ce contexte.

1- Mettre fin à la discrimination politique à l’égard de la population musulmane: Seuls les Français jouissent du suffrage universel. Le collège européen et le collège musulman n’ont pas les mêmes pouvoirs. Il y a 1 million d’Européens et 9 millions d’Algériens.

• le suffrage universel Dès son arrivée, il proclame le suffrage universel. Les femmes musulmanes voyent pour la 1ère fois lors du référendum du 28 Septembre 1958 :

• Collège unique :

De Gaulle met fin au double collège. Il y aura désormais un collège unique et les deux populations seront représentées proportionnellement à leur importance. - 46 députés musulmans sur 67 - 22 sénateurs musulmans sur 31

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En septembre 1959, il n’hésite pas à dire que depuis un an et demi qu’il est au pouvoir, il a engendré une véritable révolution politique

« La deuxième condition du règlement est que tous les Algériens aient le moyen de s'exprimer par le suffrage vraiment universel. Jusqu'à l'année dernière, ils ne l'avaient jamais eu. Ils l'ont, à présent, grâce à l'égalité des droits, au Collège unique, au fait que les communautés les plus nombreuses, celles des Musulmans, sont assurées d'obtenir dans tous les scrutins la grande majorité des élus. Ç'a été là un changement de la plus vaste portée ; littéralement une révolution. Le 28 septembre dernier, les Algériens ont, par référendum, adopté la Constitution et marqué leur intention que leur avenir se fasse avec la France. Le 30 novembre, ils ont élu leurs députés ; le 19 avril, leurs Conseils municipaux ; le 31 mai, leurs sénateurs. Sans doute ne manque-t-il pas de gens pour prétendre que, dans la situation on se trouvaient les électeurs, pressés par les forces de l'ordre et menacés par les insurgés, ces consultations n'ont pu être sincères que dans une mesure limitée. Cependant, elles ont eu lieu, dans les villes et dans les campagnes, avec une grande masse de votants. Et même, lors du référendum, le concours fut général, spontané et enthousiaste. En tout cas, la voie est ouverte. Dès que viendra l'apaisement, elle pourra être utilisée encore plus librement et encore plus largement. L'an prochain, aura lieu l'élection des Conseils généraux, d'où seront tirés, par la suite, certains grands Conseils administratifs, économiques et sociaux, qui délibéreront, auprès du Délégué général, du développement de l'Algérie. »

2- Faire un effort sans précédent pour développer l’économie et la société algériennes. Dès octobre 1958, il lance « le plan de Constantine » dont la réalisation est confiée au délégué général Paul Delouvrier. Il est chargé de dynamiser le secteur économique avec création d’usines, transfert de terres aux musulmans, création de villages et surtout un effort gigantesque dans le domaine de l’éducation.

Dans ce même discours il dit : « C'est aussi, c'est surtout traiter un problème humain. Là végètent des populations qui, doublant tous les 35 ans, sur une terre en grande partie inculte et dépourvue de mines, d'usines, de sources puissantes d'énergie, sont, pour les trois quarts, plongées dans une misère qui est comme leur nature. Il s'agit que les Algériens aient de quoi vivre en travaillant, que leurs élites se dégagent et se forment, que leur sol et leur sous-sol produisent bien plus et bien mieux. Cela implique un vaste effort de mise en valeur économique et de développement social. Or, cet effort est en cours. En l959, la France aura dépensé en Algérie, pour ne parler que des investissements publics et des frais de gestion civile, environ 200 milliards. Elle en dépensera davantage durant chacune des prochaines années à mesure que se réalisera le plan de Constantine. Depuis dix mois, une centaine d'usines ont demandé à s'installer. 8000 hectares de bonnes terres sont en voie d'attribution à des cultivateurs musulmans. 50 000 Algériens de plus travaillent dans la métropole. Le nombre de Musulmans occupant des emplois publics s'est augmenté de 5 000. A l'actuelle rentrée, les écoles reçoivent 860 000 enfants, au lieu de 700 000 lors de la rentrée précédente et de 560 000 l'année d'avant. Dans six semaines, le pétrole d'Hassi-Messaoud arrivera sur la côte, à Bougie. Dans un an, celui d'Edjelé atteindra le golfe de Gabès. En 1960, le gaz d'Hassi R'Mel commencera d'être distribué à Alger et à Oran, en attendant de l'être à Bône. Que la France veuille et qu'elle puisse poursuivre avec les Algériens la tâche qu'elle a entreprise et dont elle seule est capable, l'Algérie sera dans quinze ans un pays prospère et productif. » Il faut noter le réalisme de de Gaulle dans ce discours.

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Allocution du général de Gaulle du 16 septembre ... ina.fr

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3- « Pacifier » : intensifier le combat pour avoir les coudées franches

Tout cela ne pourra ce faire et avoir un sens que si la guerre se termine. Pour cela dit-il, si la paix des braves qu’il a proposée aux nationalistes dès qu’il est arrivé n’arrive pas, il faudra les contraindre par des opérations militaires amplifiées et particulièrement efficaces.

Il lance pour cela « le plan Challe »

Challe a eu le temps d’étudier la situation car il a été l’adjoint opérationnel de Salan à partir d’août 58 puis il devient responsable de l’armée en Algérie. C’est un général d’aviation 5 étoiles.

Le plan Challe est relativement simple :

• Renforcer l’étanchéité des frontières et notamment de la frontière tunisienne. Il double la ligne Morice surtout du coté tunisien par de nouveaux obstacles que l’on va appeler la ligne Challe.

• Occuper en force tous les massifs montagneux de l’Algérie. Auparavant il y avait des opérations de courte durée. Challe veut que ces occupations soient longues pour obliger les nationalistes à se terrer, à tomber dans des embuscades lorsqu’ils partent à la recherche de nourriture. D’autre part, il décide de traiter successivement chaque massif :

Ce sont les opérations : Couronne du 6 février au 6 avril 1959 Atlas saharien du 15 mai au 15 octobre 1959 Courroie du 18 avril au 19 juin 1959 Étincelle du 8 au 20 juillet 1959 Jumelles du 20 juillet 1959 à fin mars 1960 Rubis du 6 septembre 1959 à septembre 1960 Turquoise du 2 novembre 1959 à septembre 1960 Émeraude du 6 novembre 1959 à septembre 1960 Topaze du 9 novembre 1959 à septembre 1960 Cigale, Prométhée, Flammèches et Trident en 1960.

• Algérianiser la guerre On augmente le nombre des supplétifs, des harkis qui passe de 38 000 en 1957 à 210 000 hommes en 1960. Le plan Challe est très efficace et remporte d’indéniables succès. En 2 ans, on pense que l’ALN a perdu la moitié de ses effectifs. En même temps, il y a des purges sanglantes au sein des wilayas en raison de ces pertes et du travail fait par le renseignement militaire et les délations. L’ ALN est très atteinte. De Gaulle considère que la paix sera rétablie lorsqu’il n’y aura pas plus de 200 morts par an en Algérie.

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4- Rechercher une solution politique

« Mais le destin politique, qu'Algériennes et Algériens auront à choisir dans la paix, quel peut-il être ? Chacun sait que, théoriquement, il est possible d'en imaginer trois. Comme l'intérêt de tout le monde, et d'abord celui de la France, est que l'affaire soit tranchée sans aucune ambiguïté, les trois solutions concevables feront l'objet de la consultation. »

Avant de se lancer dans son discours, sachant très bien que ce discours va susciter des réactions très fortes et plutôt oppositionnelles dans les milieux militaires européens et même au sein du FLN, il fait sa première « tournée des popotes » en août 1959 où il rencontre beaucoup de militaires et d’Algériens aussi.

Sans doute satisfait de cette 1ère tournée, il fait son discours du 16 septembre 1959 « Le destin politique qu'Algériennes et Algériens auront à choisir dans la paix, quel peut-il être ? Chacun sait que, théoriquement, il est possible d'en imaginer trois (...). Ou bien : la sécession, où certains croient trouver l'indépendance. La France

quitterait alors les Algériens qui exprimeraient la volonté de se séparer d'elle.

Ou bien : la francisation complète, telle qu'elle est impliquée dans l'égalité des droits. Les Algériens (...) devenant partie intégrante du peuple français qui s'étendrait alors effectivement de Dunkerque à Tamanrasset. Ou bien : le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l'aide de la France et une union étroite avec elle pour l'économie, l'enseignement, la défense, les relations extérieures.Dans ce cas, le régime intérieur de l’Algérie devrait être de type fédéral, afin que les communautés diverses : française, arabe, kabyle, mozabite etc., coexistent dans le pays. " C’est une véritable bombe. C’est la 1ère fois qu’un chef d’État français parle d’indépendance. De Gaulle envisage probablement la 3ème solution, ou la 2ème mais il est obligé d’envisager la 1ère. Cela ne paraît pas être impossible s’il n’y avait pas eu les extrêmistes des 2 camps : le FLN veut tout le pouvoir et les Européens d’Algérie l’idée même de partager avec la communauté musulmane est impensable. La solution préconisée par de Gaulle n’était pas l’indépendance si le plan de Constantine s’était amplifié et s’il n’y avait pas eu les extrêmes. B- Les oppositions à la stratégie gaullienne

De Gaulle sait par les Renseignements Généraux que son discours a mécontenté certains en Algérie. Persuadé que son aura et son verbe vont lui permettre de convaincre, il fait une 2ème « tournée des popotes » en Algérie en janvier 1960. Il rencontre les grands chefs militaires qui montrent les réticences qu’ils ont face à cette éventualité d’une indépendance.

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Dès son retour en France, se produit une 1ère révolte d’officiers et d’ultras européens. 1– La révolte d’officiers et d’ultras européens

Le général Massu donne à un journal étranger une interview où il laisse entendre qu’il n’approuve pas la politique de de Gaulle. Le 19 janvier 1960 il est rappelé à Paris à la suite de ses critiques sur la politique algérienne du général de Gaulle

Le 24 janvier, Alger se couvre de barricades. Derrière ces barricades, il y a un certain nombre d’anciens militaires comme Pierre Lagaillarde, député d’Alger, ex-para, Joseph Ortiz, Robert Martel, quelques militaies nationalistes, des ultranationalistes qui refusent la politique de de Gaulle. Le facteur déclenchant fut le rappel de Massu qui signifie que l’Algérie va être bradée.

1er février 1960 : en arme et revêtu de son treillis de para le député Lagaillarde se rend au 1er RHP en franchissant les barricades de la rue Charles-Péguy à Alger

Une 1ère épuration s’en suit avec inculpation de plusieurs colonels, mutations, dissolution des 5èmes bureaux chargés de l’action psychologique. 2– Le sursaut du FLN Le FLN a été malmené par le plan Challe et par la politique de main tendue de de Gaulle. Il reconstitue les réseaux dans les régions qui ont été pacifiées, reprend pied dans les grandes villes et accepte d’entamer des pourparlers secrets avec de Gaulle. La 4ème période de 1961 à 1962 : vers l’indépendance

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A- Des négociations difficiles Des négociations vont être entamées avant 61 et 62. Elles vont être difficiles. Il y avait eu déjà des premières négociations à l’époque de Guy Mollet puis une tentative de négociation originale et peu connue à l’époque, l’affaire Si Salah,

• Printemps 1960 : contacts Si Salah

Les combattants du FLN avaient été affaiblis par le plan Challe, se sentaient plus ou moins abandonnés par la direction extérieure du FLN et ébranlés par la paix des braves proposée y compris à la tête des wilayas.

La wilaya 4, celle d’Alger était dirigée par Mohamed Zamoum, dont le nom de guerre était Si Salah qui pensait qu’une cohabitation était possible entre les 2 communautés.

Après bien des péripéties et des contacts avec des éléments seconds, le 10 juin 1960, de Gaulle reçoit dans le plus grand secret Si Salah à l’Élysée. Très vite on comprend que de Gaulle se rallie à l’idée de négocier avec les chefs du FLN. L’initiative de Si Salah va se traduire par une vague de purges dans la wilaya 4. Quand les chefs du FLN vont apprendre l’initiative de Si Salah, ils vont d’abord laisser faire puis ils le convoque à Tunis. Si Salah n’arrivera jamais à Tunis. Il sera intercepté et tué au cours d’une embuscade tendue par des Français en juillet 1961. Lorsqu’aura lieu le « procès » de de Gaulle, en particulier lors du procès de Challe, certains diront que de Gaulle a eu tort de ne pas avoir poussé plus loin les contacts avec Si Salah.

• début 1961 : nouvelles négociations secrètes en Suisse ou à la frontière suisse, notamment à Évian.

Les négociations sont délicates car il y a des points essentiels sur lesquels de Gaulle ne veut pas transiger en particulier le Sahara. À l’époque de Gaulle considère que le Sahara ne fait pas partie de l’Algérie. Et le Sahara c’est le pétrole et le polygone d’essai de Reggane pour les essais nucléaires entre autre. Autre problème très important : le FLN malgré son nom de fédération, ne recouvre qu’un parti. Le MNA de Messali Hadj, très combattu par le FLN est convié à la table de négociations mais le FLN y est totalement opposé. Les négociations vont achopper souvent en 61 et même en 62 sur ces problèmes du Sahara et du MNA notamment. Les 19 et 20 février 1961, entretiens secrets Pompidou, B. de Leusse avec Boumendjel et Boulharouf. Les 5 et 23 mars 1961, contacts secrets en Suisse, Boulharouf, B. de Leusse. Le 30 mars 1961, annonce bi-latérale de l'ouverture des négociations pour le 7 avril. Le 31 mars 1961, désireux de faire monter les enchères et moins pressé de conclure que le Général De Gaulle, le GPRA ajourne les négociations.

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• 20 mai – 28 juillet 1961

Les négociateurs côté français : Robert Buron était ministre des Travaux Publics, Louis Joxe, en charge des Affaires algériennes et chef de la délégation et Jean de Broglie.

Le 31 mars 1961, Camille Blanc, maire d’Évian, est assassiné par les commandos de l’OAS pour la simple raison que sa mairie abritait les négociations en vue d’un accord de paix en Algérie.

7 Avril 1961 : Ouverture de la conférence d'Évian. La France, qui voulait imposer le MNA à la conférence, cède devant la menace de départ du FLN. 10 Avril 1961 : Suspension des opérations militaires unilatéralement par la France. 13 Juin 1961 : Négociations d’Évian sont rompues à cause du Sahara.

• Février – 18 mars 1962 Les négociations se terminent entre février et mars 1962. Les accords sont signés le 18 mars et le cessez-le feu a lieu le 19 mars à 12 heures.

Il y a des clauses secrètes que l’on apprendra un peu plus tard : le FLN accepte la présence française au Sahara pendant encore 5 ans, jusqu’en 1967, que des compagnies françaises continuent à participer à l’extraction et au raffinage du pétrole et maintiennent des bases en Algérie jusqu’en 1968 et 1970.

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§ 1. L'Algérie confirme l'intégralité des droits attachés aux titres miniers et de transport accordés par la République française en application du Code pétrolier saharien… § 8. Pendant une période de six ans, à compter de la mise en vigueur des présentes dispositions, l'Algérie accordera la priorité aux sociétés françaises en matière de permis de recherche et d'exploitation… ART 1er - L'Algérie concède à bail à la France l'utilisation de la base aéronavale de Mers-el-Kébir pour une période de quinze ans à compter de l'autodétermination. Ce bail est renouvelable par accord entre les deux pays. La construction de l'aérodrome de Bou-Sfer s'effectuera en une durée de trois années. ART. 4 - La France utilisera pour une durée de cinq ans les sites comprenant les installations d'ln Ekker, Reggane et de l'ensemble de Colomb-Béchar-Hamaguir, dont le périmètre est délimité dans le plan annexé, ainsi que les stations techniques de localisation correspondantes. Dès qu’on a appris au ptintemps 61 que le gouvernement négocie avec le FLN, aussitôt, dans l’armée française et parmi les Européens d’Algérie, il y eut des réactions très négatives. B – Les réactions très hostiles de l’Armée française et des Français d’Algérie

� 1ère réaction : le putsch des généraux (22-25 avril 1961)

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, plusieurs unités parachutistes, notamment le 1er REP, investissent Alger et procèdent à l’arrestaion des principales autorités civiles et militaires. On apprend très vite que ce putsch est dirigé par 4 généraux à la retraite très connus Maurice Challe (air), Edmond Jouhaud (air), Raoul Salan (terre) et André Zeller (terre ?)

La radio annonce qu’ils ont pris le pouvoir à Alger. Ils ont également des antennes à Paris. Leur but est de gagner la guerre en 3 mois et de chasser définitivement le FLN du territoire algérien. Parmi les unités qui soutiennent les putschistes, il y a des parachutistes surtout, des commandos de l’air et dans ces commandos il y a des appelés galvanisés par les officiers.

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2/4 Le putsch des Généraux (1961) Guerre d'Algérie ... youtube.com

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Histoire secrète : le Putsch des Généraux (23 avril ... youtube.com

De façon générale les appelés n’ont pas soutenu les putschistes.

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Le général pour l’occasion revêt son uniforme et fait un discours.

www.ina.fr/fresques/.../discours-du-23-avril-1961.htm... Le putsch ne réussira pas, un certain nombre des putschistes seront arrêtés. Il y aura une épuration dans l’armée, la dissolution d’unités parachutistes, de nombreuses démissions d’officiers et pas parmi les moindres. Ce putsch va marquer douloureusement l’armée française. C’étaient des gens sincères.

Entretien avec le général Challe en 1972 Général Maurice Challe l’Honneur et la Fidélité … à partir de 07mn dailymotion.com

� 2ème réaction : création et action de l’OAS (automne 1961- hiver 1962)

Ce sont des activistes civils du genre de ceux que l’on a vu sur les barricades, des militaires déserteurs qui font l’OAS, placée sous le commandement de Salan. L’OAS se présente dès le départ comme le seul défenseur des Français d’Algérie. Au départ c’est une création du désespoir puis c’est la dérive du mouvement dans le terrorisme et dans la terre brûlée.

La tactique est la terreur : terroriser les musulmans algériens, le FLN évidemment mais aussi tous les Français qui ne participent pas au mouvement. Dès le lendemain de la signature des accords d’Évian le 18 mars, l’OAS se lance dans une semaine que l’on va appeler la semaine sanglante du 18 au 26 mars 62. Elle s’efforce de violer les accords de cessez-le-feu au moyen d’attentats. C’est une véritable guerre civile car elle combat contre les gendarmes, la police, les militaires du contingent.

Le 22 mars à Bab El-Oued, des éléments de l'OAS abattent six jeunes appelés du contingent en Algérie du 360e CIT de Beni Messous et en blessent une dizaine. Le 23 mars, des commandos de l'OAS prennent le contrôle du quartier européen de Bab El-Oued. Pour tenter de rompre l'encerclement de Bab el oued , l'OAS lançe un appel à la grève générale et organise une manifestation devant se rendre à Bab el Oued en passant devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly d'Alger.

Et c’est le massacre de la rue d’Isly le 26 mars.

Discours du 23 avril 1961 - Charles de Gaulle - paroles publiques

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C – Le double sabotage de l’application du cessez-le-feu

� Sabotage par l’OAS qui refuse les accords d'Évian :

L’OAS se lance durant plusieurs mois, avril, mai, juin, juillet dans une surenchère d’attentats : elle va faire sauter tout ce qu’elle peut faire sauter dans les infrastructures économiques comme à Oran où elle fait sauter les dépôts d’essence. C’est la politique de la terre brûlée.

� Sabotage par le FLN Le FLN se déchaîne aussi.

- Il y a en particulier les marsiens, les résistants de la dernière heure qui sont les plus redoutables dans leurs exactions en particulier contre les harkis.

- Il y a aussi une véritable guerre au sein de l’armée algérienne entre une partie qui soutient Benyoucef Benkhedda, président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et une autre partie qui soutient Houari Boumédiène et Ahmed Ben Bella. En juillet et août il y a des combats entre les 2 parties de l’armée. En septembre, Ben Bella allié à Boumédiène s’impose. Les accords d’Évian avaient prévu que l’armée française s’interpose et assure une certaine police mais cela n’a jamais été mis en pratique et l’armée a reçu des ordres de rester dans les casernes. L’État Algérien ne sera créé qu’au mois de septembre, laissant le champ libre aux milices.

� Les harkis sont massacrés avec une sauvagerie inimaginable car considérés comme traîtres. ► 1:38► 1:38

Le massacre des Harkis par le FLN - YouTube youtube.com

Un sentiment national s’était développé et de Gaulle l’avait minimisé lorsqu’il proposait la 3ème solution de l’association.

Le départ des pieds-noirs