38

La guerre sous-marine 1914-1918 No 2

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Magazine d'Histoire de la guerre sous-marine allemande

Citation preview

Page 1: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2
Page 2: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2
Page 3: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

1

EDITORIAL

Le n°1 a connu plus qu’un succès d’estime et j’en r emercie tous les lecteurs qui par leur

visite y ont contribué. Avec ce n°2 l’aventure se p oursuit et voici comment elle est

envisagée.

Sur plusieurs numéros, nous allons suivre le sous-m arin U 35 tout au long de ces

quatre années de guerre et sous quatre Commandants. C’est le sous-marin le plus titré du

conflit, celui qui eut également pour Commandant l’ As des as du monde des sous-

mariniers.

Dans chaque numéro, nous proposerons également l’an atomie d’un U-Boot, le portrait

d’un Commandant et enfin, divers récits, divers épi sodes de la guerre sous-marine ainsi

que des articles d’intérêt général tant dans le dom aine strictement historique que dans le

domaine technique.

Le projet est certes ambitieux mais ce n’est pas le désir de le conduire qui fera défaut et

ce sera d’autant moins difficile que l’audience rés ervée à ce magazine sera à la hauteur de

l’investissement personnel que j’y apporte pour don ner à cette première guerre sous-

marine la place qui doit lui revenir dans l’Histoir e.

Yves Dufeil

Tout savoir ne vaut que s’il est partagé…

Illustration de couverture : En vue de St Kilda, peinture de Claus Bergen

Page 4: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

2

Au sommaire de ce numéro

► En patrouille avec U 35 3 ► Anatomie d’un U-Boot : U 35 11 ► Noel à Cattaro – La mission de l’U 52 à l’automne 1916 13 ► Portrait d’un Commandant : le Kapitänleutnant Hans Walther 22 ► Les Officiers de la Marine Impériale (2/2) ……………………………………………………. 33

Pour ceux des lecteurs qui ne le connaitraient pas encore le forum du site Pages 14-18 auquel participent de savants intervenants et sur lequel il est bien peu de questions qui ne trouvent de réponse, je rappelle son adresse par le lien ci-dessous :

http://pages14-18.mesdiscussions.net/ A signaler également, le site Navires de la Grande Guerre administré par Marc Terraillon, site en interactivité avec le forum Pages 14-18

http://navires-14-18.com/index.php Je vous invite enfin à visiter HISTOMAR mon site web personnel dont une partie est consacrée à la guerre sous-marine 14-18 mais pas seulement.

Ou par le lien Private Message sur la page d’affichage du magazine

Page 5: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

3

Construit au Germania Werft de Kiel, le sous-marin U 35 que nous allons suivre jusqu’à la fin de la guerre a été lancé le 18 Avril 1914 et est entré en service le 3 Novembre de la même année. Ce sous-marin est devenu depuis le plus célèbre de la Première Guerre, totalisant sous quatre Commandants dont le célèbre von Arnauld, un palmarès de 226 navires coulés représentant près de 540 000 tonnes, un chiffre qui ne sera jamais égalé jusqu’à ce jour

Ce n’est que le 12 Janvier 1915, soit deux mois après la mise en service du sous-marin que Waldemar Kophamel son premier Commandant prend ses fonctions à bord. Entre temps, le bateau et son équipage ont séjourné au Centre d’instruction de la Baltique. Ce 12 Janvier, Kophamel appareille de Kiel à 9 h 30 pour rejoindre la Mer du Nord. Empruntant le Kaiser Wilhelm Kanal, il arrive en fin d’après-midi à Brünsbuttel où il s’amarre. Les journées suivantes sont consacrées à divers essais et vérifications dans l’embouchure de l’Elbe puis à la mise en place vers Heligoland où le bâtiment va poursuivre son armement.

La deuxième quinzaine de janvier sera consacrée à la préparation du bateau et de son équipage qui sont désormais incorporés à la

2e demi-flottille de sous-marins de la Flotte de Haute Mer1 (Hochseeflotte) basée dans l’île d’Heligoland. Plusieurs plongées ont lieu ainsi qu’une sortie de 48 heures pour vérifier l’aptitude opérationnelle mais régulièrement, les moteurs Diesel dont la mise au point s’avère assez difficle sur tous les sous-marins, viennent perturber les opérations.

.Les Officiers de l’U 35 à son entrée en guerre

Kplt W.Kophamel- 34 ans Oblt W. Steinbauer 1W/O - 27 ans Ltnt O. Launburg 2W/O - 24 ans Ob.Ing. H.Fechter L.I. - 30 ans

Première patrouille de guerre du 1 au 6 Février 191 5 Pour cette première mission de guerre, U 35 a reçu ordre d’aller se poster en obsevation devant le Firth of Forth car on s’attend à

des mouvements de la flotte anglaise. Ses instructions prévoient qu’il devra faire route d’abord vers la limite sud du Doggerbank avant de se diriger ver l’Ecosse et de prendre position à l’est de May Island hors de la route des vapeurs. L’usage des torpilles est autorisé uniquement contre des navires de guerre et seulement à coup sûr.2

L’appareillage a lieu en fin de matinée depuis la base d’Heligoland. En début de soirée le temps se gâte rapidement, rendant la navigation difficile et le sous-marin instable, Kophamel décide de plonger à 20 mètres pour la nuit. Retour en surface à l’aube dans une mer qui atteint désormais force 8 rendant la progresion lente et difficile ; peu avant minuit, la position sud du Doggerbank est atteinte et U 35 fait à présent route vers l’Ecosse dans la tempête qui arrache deux collecteurs d’échappement de la machine tribord provoquant des émanations à l’intérieur du compartiment.

Enfin, dans la matinée du 3, la tempête commence à perdre un peu d’intensité et en marchant par mer de travers sur un seul moteur, le sous-marin gouverne bien. La mission peut se poursuivre mais à 16 heures, au large de Berwick, une avarie survient sur l’arbre d’hélice bâbord. Cette fois il n’est pas possible de réparer avec les moyens du bord et à 16 h 30 il faut prendre le chemin du retour vers le chantier dans la tempête qui reprend de la vigueur. Au passage, Kophamel observe quelques vapeurs en route de la côte anglaise vers la Norvège. Il est un peu plus de 18 heures quand apparaît l’ombre d’un navire tous feux éteints qui se dirige vers U 35. Destroyer ? Alerte ! Plongée ! Avec cette mer, le sillage du périscope ne peut être décelè et c’est en toute sécurité qu’à 19 heures il refait surface. La mer est de nouveau difficilement maniable et le sous-marin reprend la plongée. Par 25 mètres de profondeur, l’amplitude en tangage atteint encore 3 mètres et le roulis 5 à 6 degrés de chaque bord. A 8 heures du matin il revient en surface et poursuit sa lente progression vers le sud, apercevant quelques chalutiers à vapeur. La mer notée force 6 continue de malmener bateau et équipage tout au long de la journée. Le lendemain matin c’est un problème avec l’antenne radio qui prive le sous-marin de moyen de communication mais l’état de la mer avec un vent qui fraîchit de nouveau ne permet pas d’intervenir sur le pont. Finalement, dans l’après-midi du 6, U 35 pénètre dans la Baie de la Jade puis à minuit dans l’écluse de Wilhelmshaven. La première patrouille placée sous le signe de la tempête et des avaries mécaniques s’achève et l’équipage a bien besoin de repos.

Jusqu’au 21 Février, le bateau est en réparations à l’arsenal. On répare les Diésel, la radio, on installe un canon de 75 mm et le 22 après une plongée de vérifications U 35 met le cap sur Heligoland où il parvient dans l’après-midi. Jusqu’au 5 Mars c’est le séjour à la base qui est ponctué de quelques sorties d’essais et d’entrainement et le 6, un nouvel ordre de mission arrive. Cette fois, U 35 doit faire route vers la Manche.

1 Cette demi-flottille est commandée par le Korvetten Kapitän Arno Spindler dont le nom est resté attaché à son œuvre de référence sur l’hisoire de la guerre sous-marine en 5 volumes « Der Handelskrieg mit U-Booten » 2 A cette date, la guerre au commerce n’était pas encore officiellement entrée en vigueur et dans l’Etat-Major Général de la Marine, partisans et opposants en étaient toujours à s’affronter sur le sujet

Page 6: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

4

Patrouille n° 2, du 7 au 20 mars 1915 Le 7 mars, U 35 appareille à 9h du matin vers la Manche via le Pas de Calais. C’est sa première mission de guerre dans ce secteur

et sa première mission depuis que l’Espagne a déclaré la guerr au commerce sur mer dans ces eaux entourant la Grande Bretagne. Quelques semaines plus tôt, le sous-marin U 24 a célébré avec fracas la nouvelle année quand dans la nuit de Nouvel An, il a envoyé par le fond le cuirassé HMS Formidable, faisant 574 victimes. Inutile de dire que désormais les Alliés sont sur leurs gardes. Les conditions météo sont hivernales avec une mer forte, du vent et de la neige. C’est dans ces mauvaises conditions que le lendemain, il aborde le secteur des Hoofden qui est signalé miné par les Alliés mais n’aperçoit aucune mine et prend la plongée pour franchir ce secteur. Ne pas en voir ne signifie pas qu’il n’y en a pas car à deux reprises, d’abord à 11 heures puis à 13 heures 30, deux explosions sont entendues, la seconde étant même très proche et puissante. Cette navigation à l’aveugle au milieu du champ de mines est angoissante car si ces deux là ont explosé sous l’effet de la mer forte, rien ne dit que la prochaine explosion ne se sproduira pas sous l’effet d’un contact avec le sous-marin. Enfin, au terme d’une plongée de trois heures, on pense la zone est passée et à 15 heures U 35 fait surface. Il s’écoule à peine plus de 30 minuts avant que de nouvelles mines soient aperçues. Il faut reprendre la plongée et poursuive la route à l’immersion de 20 mètres. A 21 heures, on fait surface à l’entrée du Pas de Calais ; à présent les batteries ont besoin impérativement d’être rechargées et de toute façon, la vitesse du sous-marin en plongée n’est supérieure que d’un nœud à la vitesse du courant de flot, la route est poursuivie quelque temps en surface où l’observation de plusieurs phares permet de déterminer la position exacte du bateau. Il est près de minuit quand Kophamel donne l’ordre de reprendre la plongée pour passer le détroit. Quatre heures plus tard, il est enfin derrière U 35 qui à présent a mis le cap vers le secteur de Southampton. Désormais, le principal obstacle franchi, le sous-marin est totalement disponible pour s’attaquer aux navires alliés et d’ailleurs l’occasion ne tarde pas car au lever du jour, un vapeur sans marques de nationalité est aperçu. En surface, une torpille est lancée et fait but. Il s’agit de l’anglais Blackwood qui coule en 40 minutes. Dans l’après-midi un deuxième vapeur est en vue. U 35 plonge et lance une torpille à 300 mètres de distance mais sous un angle de 90 degré et elle manque son but tandis que le vapeur s’échappe. Retour en surface, une nouvelle proie est bientôt en vue. Il s’agit du caboteur français Gris Nez qui est sommé de s’arrêter par un tir de semonce et qui est ensuite coulé au canon quand l’équipage a quitté le bord.

Au matin du 10, le sous-marin se trouve en embuscade au large de l’Ile de Wight, Mer calme. A plusieurs reprises il plonge soit pour se cacher à la vue de destroyers soit pour essayer d’attaquer un vapeur mais la présence militaire alliée est forte et à aucun moment U 35 ne parvient à se mettre en position d’attaquer. Au soir il fait route vers la côte française et reprend sa chasse au large de La Hague. Le temps est devenu très brumeux et comme sous la côte anglaise, la présence alliée est importante, obligeant à de fréquentes plongées. Le 12 il fait mouvement vers les passes du Havre sans véritable possibilité d’attaque, gèné par la brume. Les jours suivants se ressemblent : brouillard, plongées fréquentes en raison de la présence de navires de guerre et en plus des problèmes avec le diésel bâbord dont un cylindre est défaillant. Enfin le 14, malgré le brouillard, une opportunité d’attaque se présente dans les parages du Royal Sovereign. Il s’agit d’un vapeur naviguant sans pavillon. En plongée à environ 300 mètres de distance mais sous un angle de tir de 90°, Kophamel tire deux torpilles. Aucune ne fait but. Le 15 enfin la chance sourit de nouveau ; une torpille lancée en plongée atteint un gros vapeur anglais dont l’équipage évacue dans les embarcations. Mais une heure plus tard, le vapeur est toujours à flot. Kophamel fait surface pour l’achever au canon mais il en est empêché par l’arrivée de 4 chalutiers armés. Le vapeur Hyndford sera finalement remorqué vers un port. Le lendemain, nouvelle tentative de lancement contre un vapeur mais là aussi, la torpille manque sa cible. Le 17 au soir, U 35 s’engage à nouveau dans le Pas de Calais puis dans la nuit, à l’immersion de 20 mètres, il passe le champ de mines sans problèmes mais non sans émotion car durant cette traversée, il vient à froler un orin de mine dont on entend le râclement sinistre tout le long de la coque jusqu’à ce qu’il soit enfin derrière le bateau. Le 20 en fin d’après-midi, il entre à Heligoland. Kophamel notera dans son rapport qu’au cours de cette patrouille, il a du plonger pas moins de 63 fois en raison de la surveillance adverse ! Sur une durée totale de 13 jours et 10 heures, il aura passé en plongée 6 jours, 16 heures et 37 minutes. Une patrouille active pour un maigre résultat. Au moins à présent, l’équipage maîtrise bien les manœuvres d’urgence !

U 35 entre ensuite dans une nouvelle période de réparations. Les difficultés de mise au point des moteurs sont bien réelles.

Page 7: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

5

Wegekarte du franchissement du Pas de Calais au cours de cette patrouille (KTB U 35)

Patrouille n° 3, du 29 Avril au 2 Mai 1915 Après quelques ultimes mises au point de dernière minute, U 35 prend la mer peu avant 18 heures à destination du Canal de

Bristol. Le passage par le Pas de Calais étant peu sûr, l’ordre de mission prévoit que le sous-marin contournera la Grande Bretagne par le Nord. Le lendemain en début de soirée, un vapeur norvégien est intercepté et contrôlé. Il transporte des poteaux de mine vers un port de la Tyne ! Chargement de contrebande qui autorise à le couler. On le fait évacuer par son équipage et une torpille est lancée qui coule le vapeur Laila. Quelques heures plus tard, l’un des pistons d’une pompe d’alimentation BP du diésel tribord se rompt. L’avarie n’est pas réparable à la mer ; U 35 prend la route du retour et s’amarre à Heligoland le 2 mai à 17 heures.

Ce même jour, le jeune Lieutenant Launburg est officiellement avancé au grade d’Oberleutnant zur See. Patrouille n°4, du 29 Mai au 23 Juin 1915

A 11 heures du matin, U 35 appareille de Heligoland à destination des côtes d’Espagne et Ouest-Angleterre. Après une rapide plongée de vérifications, il met le cap vers les Orcades et double Fair Island le 1er Juin. Cette fois, aucune avarie ne vient mettre un terme prématuré à la mission. Le lendemain, le vapeur norvégien Cubano est arrêté et après vérification des documents, son équipage est prié de l’évacuer. Le vapeur est coulé au canon. Le lendemain, un grand trois-mâts carré est en vue et il ne porte pas de marques de nationalité. Une torpille est lancée mais elle manque. Le 4, dans l’ouest de l’Espagne, le voilier anglais George & Mary est arraisonné puis coulé au canon. Du 6 au 13, U 35 patrouille en mer d’Espagne de l’entrée sud au Canal de Bristol. Dans ce secteur, il arraisonne puis coule d’une torpille le trois-mâts barque anglais Sunlight. Le 7, il coule au canon le norvégien Trudvang avant de lancer sans succès sur un yacht anglais forte-ment armé. Le lendemain, c’est le vapeur anglais Strathcarron qui ne portait aucun pavillon qui est torpillé en plongée et la journée se poursuit en sabordant coup sur coup les voiliers La Liberté (F) puis Express et Susannah (GB). Le 9, une avarie de moteur (encore une !) l’empêche de poursuivre l’anglais Teespool qui s’échappe. Le 10, c’est le trois-mâts russe Thomasina qui est coulé au canon. Le 12, deux grand voiliers sont arraisonnés puis coulés au canon : l’anglais Crown of India et le norvégien Bellglade. Poursuivant sa guerre au commerce, U 35 arraisonne suc-cessivement Hopemount, un vapeur anglais puis Diamant, voilier français qui sont coulés au canon et pour finir l’anglais Pelham qui reçoit une torpille en coup de grâce . Il ne reste plus que deux torpilles, le sous-marin prend le chemin du retour en contournant les Shetlands par le nord.

3-mâts barque Sunlight (coll. Uboat.net)

Page 8: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

6

En Mer du nord, il intercepte encore plusieurs navires neutres qui, étant en règle, sont relâchés et rentre finalement à Heligoland le 23 Juin.

Au printemps de 1915, l’Etat Major Général de la Marine, soucieux d’apporter un soutien aux défenseurs des Dardanelles venait de

décider de l’envoi de plusieurs sous-marins en Méditerranée3, décision suivie en Août par celle de renforcer le dispositif déjà existant en envoyant également quatre grands sous-marins de la Hochseeflotte. Au nombre des U-Boote désignés pour cette nouvelle mission, figure l’U 35.

Photo Deutsches Bundesarchiv

Transfert en Méditerranée – Patrouille n°5, du 4 au 23 Août Depuis le début du mois d’août, Kophamel et son équipage travaillent aux préparatifs de départ. Tous les jours, le sous-marin sort à

la mer ; ce sont des plongées de vérification, des essais moteurs, des contrôles des compas et aussi bien évidemment, l’avitaillement en vivres, combustible et munitions en vue de la traversée projetée. Une activité de ruche entoure le sous-marin.

Le 4 août à 9 heures du matin, les amarres sont larguées, les derniers saluts échangés et en compagnie de l’U 34 de son camarade Rücker, Kophamel et son équipage prennent la mer depuis la base d’Heligoland avec pour mission de rejoindre la Méditerranée. D’abord on fait route au nord-ouest, le chemin de la Méditerranée passe par le nord de l’Ecosse ! L’ordre d’opérations en date du 28 juillet précise ainsi les règles de traversée :

Les Commandants ont toute latitude pour profiter dans le cadre des ordres réglementant la conduite de la guerre sous-marine, des

occasions qui seraient offertes pendant la traversée des eaux anglaises déclarées zone de guerre. Il en sera de même dans le golfe de Gascogne contre les navires de commerce se dirigeant vers la côte française. Pendant le reste de la traversée, les navires de commerce ne pourront être coulés qu’en se conformant aux règles habituelles de la guerre de course. Par ailleurs, le but essentiel de la traversée est d’atteindre rapidement et en sécur ité Cattaro afin de commencer au plus vite à agir dans la nouvelle zone d’opérations.

3 Il s’agit de l’U 21, KL Hersing, et des premiers petits sous-marins du type UB qui furent acheminés par rail jusqu’à Pola où ils furent assemblés.

Page 9: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

7

Suivaient ensuite quelques instructions à adopter en cas de rencontre de navires italiens. Pour mémoire, l’Espagne était en guerre

avec l’Espagne-Hongrie depuis le 23 mai tandis que l’Espagne, son alliée ne l’était pas. De ce fait, l’Etat Major estima que les sous-marins allemands devaient servir la cause commune et considérer les navire italiens comme ennemis en les attaquant en surface tout en arborant le pavillon austro-hongrois.

Les deux sous-marins appareillent donc de conserve mais ne tardent pas à perdre le contact et ils ne communiqueront plus de toute la traversée. Ils ne furent pourtant jamais bien loin de l’autre, franchissant Gibraltar la même nuit et U 35 arrivant seulement quelques heures avant U 34 à Cattaro !

Le 6 au matin, on arrondit Fair Island, tout va bien à bord. Dès qu’un destroyer est en vue, U 35 prend la plongée et poursuit sa route jusqu’à ce qu’il ait disparu. A l’évidence, on ne prend aucun risque ; l’objectif prioritaire de la mission est de rallier Cattaro et bientôt l’étrave pointe vers le sud. Le 10 août, U 35 est au sud de l’Espagne à hauteur des voies maritimes conduisant vers l’entrée de la Manche ; il y coule trois voiliers que le hasard a placés sur sa route. Tout d’abord, en début de matinée, c’est le russe Baltzer qui est sabordé avec des explosifs et abandonné en perdition. Vient ensuite peu après midi le tour du trois-mâts barque norvégien Morna dont le sort est règlé par quelques obus tirés dans la flottaison et enfin dans l’après-midi, le trois-mâts français François, de la même façon. Tous étaient chargés de blé à destination d’un port d’Europe. Poursuivant sa descente, U 35 aperçoit quelques proies éventuelles mais maintient le cap vers le sud et au soir du 12, il est en vue du feu du Cap Villano à la pointe nord-ouest de l’Espagne. Les jours suivants, le sous-marin longe les côtes portugaises par grand beau temps et à 20 heures le 14, Kophamel infléchit sa route vers l’est sans apercevoir le feu du Cap St Vincent sans doute masqué. A 10h30 le 15, on prend le cap 122 vers le détroit. Plusieurs vapeurs sont en vue, entrant ou sortant de Méditerranée. L’après-midi se passe en immersion et à 18h15 U 35 vient en surface où il procède à une chasse complète des ballasts avant de lancer les diésels à grande vitesse pour charger les batteries. A 22h30, le feu du Cap Spartel est en vue par deux quarts tribord avant ; on pénètre dans le détroit de Gibraltar. Un quart d’heure plus tard, c’est le feu du Cap Trafalgar qui apparaît sur bâbord. Un vapeur est également en vue à moyenne distance. Minuit et demie, on reconnait le feu de Tarifa ; la mer est belle, tout va bien. A 1 h 30, un très gros vapeur passe à 600 mètres du sous-marin sans le voir mais l’heure n’est pas à l’attaque. Puis c’est la sirène d’un destroyer que l’on entend et encore un gros vapeur qui ne passe pas loin. Il y a décidément beaucoup de monde sur la mer cette nuit mais personne n’aperçoit la silhouette furtive du sous-marin. Kophamel préfère ne pas prendre de risques et plonge à 25 mètres cap à l’est. A 6h20 il revient en surface et fait route au 100 jusqu’à 9h45 heure à laquelle il faut à nouveau plonger pour éviter un destroyer. Retour en surface quelques heures plus tard pour apercevoir l’île d’Alboran sur un horizon désormais brumeux mais il faut poursuivre sur propulsion électrique car un palier chauffe sur un diésel. Bientôt, vient le crépuscule puis la nuit. Le diésel fonctionne à nouveau et U 35 est à présent en route libre en Méditerranée.

Les jours qui suivent sont presque des jours de croisière d’agrément. Il fait très beau, la mer est calme et l’équipage savoure cette détente après la tension du franchissement du détroit. Le 21 au matin, dans le canal de Sicile, on aperçoit même loin à l’horizon, le sommet de l’Etna. Les diésels donnent quelques signes de nervosité mais rien de grave. La mise au point de ces moteurs restera délicate tout au long de la guerre. Dans la nuit du 21 au 22, U 35 vient au cap 340 en route pour le détroit d’Otrante et la mer Adriatique. Dans l’après-midi, le contact radio est établi avec la station de Castelnuovo pour organiser le rendez-vous avec un torpilleur autrichien. Au matin du 23, le rendez-vous est reconfirmé et à 13 heures U 35 et TB 66 font leur jonction pour l’entrée dans les Bouches.

Il est 15 heures 10 quand U 35 s’amarre le long de SMS Gäa qui va devenir désormais sa base. Deux heures et vingt minutes plus tard, U 34 dont on n’avait pas eu de nouvelles depuis le départ, arrive à son tour !

En une semaine seulement, le sous-marin va être révisé, réarmé et être prêt à reprendre la mer.

Page 10: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

8

Patrouille du 31 Août au 22 Septembre 1915 A 14 heures, U 35 déborde du bâtiment de soutien SMS Gäa et sort des Bouches derrière un torpilleur autrichien. Cap sur la mer

Egée. A 6 heures le lendemain matin, il prend la plongée en raison de la présence d’un navire de guerre italien dans le canal d’Otrante. Nouvelle alerte dans l’après-midi, nouvelle plongée. Le 2 par très beau temps, c’est pour échapper à un avion qu’il prend une nouvelle fois la plongée puis une autre fois devant un croiseur auxilliaire. Dans la soirée, le feu du Cap Matapan est en vue.

Au matin du 3, une avarie sur un moteur électrique l’empêche d’effectuer une attaque sur un croiseur italien mais dans l’après-midi, il parvient à se placer en position de tir et lance en plongée. La torpille manque sa cible. Les journées du 4 et du 5 sont marquées par divers incidents machines et des plongées d’alerte pour éviter des navires de guerre. Le 6, dans l’ouest de l’île de Lemnos, un cuirassé français est en vue mais U 35 ne parvient pas à se placer en position de tir. Le 7 dans le Golfe de Salonique, il n’aperçoit que des petits caboteurs et le 9, à grande distance de Moudros, il voit un grand vapeur entrer et sortir de la baie mais sans pouvoir intervenir. Ainsi vont les jours qui suivent, n’apportant aucune proie à portée du sous-marin. Enfin, le 17 au large de la Crète le vapeur français Ravitailleur est intercepté puis coulé au canon après évacuation de l’équipage dont le sous-marin remorque les embarcations jusqu’en vue de la côte. Le 19, dans l’ouest de la Crète, un vapeur sans pavillon est sommé de s’arrêter d’un coup de semonce mais celui-ci au lieu d’obtempérer prend la fuite. U 35 reprend le tir et fait but plusieurs fois. Le vapeur stoppe enfin et met ses embarcations à la mer. Il s’agit de l’anglais Ramazan qui transporte des troupes indiennes. Lorsque ces hommes sont en sécurité dans les canots et éloignés du vapeur, le feu reprend jusqu’à ce que l’anglais coule.

Le lendemain dans les mêmes parages, il lance sans succès sur un vapeur sans pavillon. Faisant aussitôt surface, il engage au canon son adversaire qui tente de fuir à grande vitesse mais après avoir été touché plusieurs fois, il stoppe enfin et met ses embarcations à la mer. Il s’agit de l’anglais Linkmoor qui faisait route vers Malte. Il est coulé au canon.

Le 22 en milieu d’après-midi, il est de retour à Cattaro. Patrouille du 12 Octobre au 12 Novembre 1915 A midi le 12 Octobre, U 35 déborde une nouvelle fois de son poste d’amarrage le long du Gäa. Sa mission pour cette patrouille

consiste à attaquer les transports ennemis devant Salonique et dans le nord de la mer Egée puis à effectuer une mission spéciale sur les côtes de Turquie et finir par la guerre au commerce en Méditerranée orientale.

Le 18 dans le sud de la mer Egée, le vapeur italien Scilla est arrêté et coulé au canon. Du 20 au 25 il croise devant Salonique sans occasion d’attaquer. Le 2, à une trentaine de milles au sud de Salonique, il atteint d’une torpille le transport de troupes anglais Marquette qui coule. D’autres grands transports sont aperçus mais le sous-marin ne peut approcher à portée de lancement.

Le 28 au matin, il entre en contact avec le poste Hersing dans la péninsule de Gallipoli où il reçoit ses ordre de mission qui lui demandent de faire toute sur la base turque d’Orak à quelques milles de Bodrum afin d’effectuer un transport pour le compte des Turcs.

A la base d’Orak, il embarque donc 10 Officiers et une grande quantité de munitions à transporter à Bardija (actuellement en Libye)

où les Turcs sont en guerre avec l’Egypte. Qui plus est, il lui faut prendre en remorque deux voiliers encalminés portant 120 hommes de troupe et des munitions. A 23 heures le 1er Novembre, le convoi fait route vers le large mais à quatre reprises pendant la nuit, la remorque casse. Enfin, à midi le 2, le vent s’étant levé, U 35 peut larguer la remorque mais 4 heures plus tard, le vent étant complètement retombé, il faut reprendre la remorque qui sera conservée jusqu’en début de soirée mais que Kophamel décide cette fois de larguer définitivement à l’approche du détroit de Kassos. U 35 aura ainsi parcouru 110 milles avec les deux bateaux en remorque. Avec 10 hommes de plus à bord et de nomreuses caisses de munitions, les conditions de vie à bord du sous-marin deviennent difficiles et la traversée de deux jours sous grosse chaleur va être particulièrement pénible pour tous ainsi que le rapporte Kophamel dans son KTB. Malgré tout, ceci n’empêchera pas lorsqu’il rencontre le vapeur anglais Woolwich chargé de 3000 tonnes de phosphate, de l’arrêter et de le couler. Dans la nuit du 3 au 4, il tente une attaque en plongée sur un grand vapeur mais ne parvient pas à se placer en position et fait surface pour l’attaquer au canon. Très rapide, le vapeur échappe à son poursuivant. Enfin, le 4 au soir, U 35 atteint le port de Bardija où en quelques heures turcs et munitions sont débarqués. U 35 reprend la mer aussitôt avec un équipage sans doute bien content de se retrouver entre eux. Mais le répit va être bref car à l’aube en Baie de Solloum, le croiseur auxilliaire anglais Tara est en vue. En plongée, U 35 lance une torpille qui fait but. L’équipage anglais se réfugie dans les embarcations où Kophamel les informe qu’étant militaires, ils sont ses prisonniers. Prenant les embarcations en remorque (cela devient une habitude !), il les conduit à Bardija pour les remettre aux Turcs. Dans l’après-midi, U 35 est de retour en rade de Solloum où il découvre

Page 11: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

9

deux canonnières anglaises. Sans hésiter malgré son infériorité en armement mais profitant de l’effet de surprise, il ouvre le feu et atteint à plusieurs reprises les Anglais à qui il cause de sérieuses avaries avant de se retirer.

Après cet épisode mouvementé, U 35 met cap au Nord pour reprendre la guerre de course. Dès le 6, au sud de la Crète, il arrête le pétrolier anglais Lumina puis les vapeurs Caria et Clan Mac Alister. Tous les trois sont coulés au canon. Le 7, l’anglais Moorina chargé de troupes indiennes à destination de Marseille est arrêté et coulé au canon après avoir été évacué. Le lendemain, deux anglais encore, Den of Crombie et Sir Richard Awdry sont interceptés et coulés, le premier au canon et le second d’une torpille lancée en coup de grâce en raison de l’arrivée d’un patrouilleur. Le 9, à l’ouest de la Crète, il rencontre le gros vapeur anglais Californian qui avait été endommagé le même jour par U 34 et qui s’apprètait à prendre une remorque d’un vapeur français. Malgré une forte escorte composée de deux destroyers anglais et de croiseurs auxilliaires français, Kophamel attaque en plongée et fait but sur le Californian qui coule. Torpilles épuisées, il met alors le cap sur Cattaro où il entre le 12. Cette patrouille d’un mois est un succès total.

Au cours de cette patrouille Kophamel a pris plusieurs photos que l’on retrouve attachées à son KTB mais seul le Wacousta est

identifié. Sur la photo ci-dessous à droite, on distingue le canon monté à l’arrière d’un vapeur marchand. C’est sans doute la raison de ce cliché.

Au retour de cette patrouille d’un mois, U 35 doit passer par l’arsenal de Pola et y effectuer un certain nombre de travaux

notamment au niveau des moteurs. Mais avant de partir pour le chantier, le futur Commandant arrive à bord et va effectuer avec eux la traversée vers Pola où dans l’après midi de son arrivée, le 18 novembre, Kophamel cède son commandement à Lothar von Arnauld de la Perière et prend lui-même le commandement de la Mittelmeer Flottille nouvellement constituée.

Ce jeune officier de 29 ans est encore peu connu mais il va devenir l’as des sous-mariniers et sans aucun doute il va influencer son jeune Lieutenant Otto Launburg que nous aurons bientôt l’occasion de retrouver. Quant à U 35, il entre en travaux pour près de deux mois. Outre d’importants travaux sur les moteurs, on va remplacer le canon de 75mm par un 88mm. Enfin, le 10 Janvier le sous-marin et son équipage sont prêts à reprendre du service actif.

C’est là que nous allons le retrouver et véritablement commencer à faire la connaissance de son nouveau Commandant.

(à suivre)

Page 12: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

10

Sources : - Kriegstagebuch U 35 de Janvier 1915 à Octobre 1918, BAMA Freiburg et NARA Washington - Der Handelskrieg mit U-Booten, K.Adm. Arno Spindler. Vol. 1 à 5 publiés entre 1929 et 1964 par E.S. Mittler & Sohn, Frankfurt - Ehrenrangliste der Kaiserlich Deutschen Marine, K.Adm A. Stoelzel, Berlin, Marine Offizier Verband, 1930 (un monument de près de 2000 pages détaillant tous les Officiers de la Marine Impériale – photo ci-contre)

Crédit photo : Les images illustrant cette étude proviennent soit de Deutsches Bundesarchiv soit de collections privées (uboat.net, von Arnauld etc…)

U 35 - Coucher de soleil en Adriatique

Page 13: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

11

ANATOMIE D’UN U-BOOT

Le sous-marin U 35

Mis en chantier au Germania Werft de Kiel le 20 Décembre 1912 Lancé le 18 avril 1914

En service le 3 Novembre 1914 au sein de la II U-Halbflottille der Hochseeflotte, Heligoland. 1er Commandant ; Kapitänleutnant Waldemar Kophamel

Caractéristiques : Sous-marin océanique à double coque Déplacement surface/plongée 685 / 878 t Longueur 64,70 m (52,35 m pour la coque épaisse) Largeur 6,32 m Tirant d'eau 3,56 m Propulsion et performances : 2 moteurs Diesel de 1850 CV 2 Moteurs électriques de 1200 CV Capacité des réservoirs 54 + 79 tonnes Vitesse maxi surface/plongée 16,4 / 9,7 noeuds Autonomie en surface 8790 milles naut. à 8 noeuds en plongée 80 milles à 5 noeuds Profondeur certifiée 50 mètres mais était capable d’atteindre 75 mètres. Armement : 2 tubes Lance-Torpilles à l'avant, 2 à l'arrière / 6 Torpilles de 450 ou 500mm D’origine, 1 canon de 75 mm puis 2 x 88 approvisionnés à 300 coups à partir de 1916 Finalement 1 x 105 mm et 1 x 88 mm en 1917 Equipage normal : 4 Officiers / 31 hommes

Au cours de sa carrière U 35 effectuera 18 patrouilles de guerre et coulera 226 navires représentant 538 500 tonnes. A ce jour dans aucun conflit, aucun sous-marin n’a jamais atteint un pareil total.

U 35 a été interné en GB le 26 Novembre 1918 puis ferraillé à Blyth entre 1919 et 1920.

Page 14: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

12

Page 15: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

13

NOËL A CATTARO – LA TRAVERSEE DE L’ U 52. Ile d’Heligoland, base de la II U-Flottille, Novemb re 1916

U 52, un sous-marin du type Mittel-U est à l’heure où nous débutons ce récit l’une des unités les plus modernes de la Marine Impériale. Il est l’aboutissement de tous les progrès techniques réalisés ces dernières années et monté par un équipage de jeunes hommes motivés, bien décidés à faire honneur au bateau, à son commandant et à leur pavillon.

Justement, ce Commandant, le voici qui monte à bord. Il s’appelle Hans Walther, il est entré dans la Marine il y a 12 ans et à présent il a le grade de Kapitänleutnant (Lieutenant de Vaisseau). Il a l’apparence d’un adolescent, mince, presque chétif mais dans son visage enfantin brillent deux yeux qui trahissent une forte personnalité car ne nous y trompons pas, ce frêle jeune homme est déjà un excellent sous-marinier, doublé d’un chasseur expérimenté à l’audace et au courage qui font les grands chefs. D’ailleurs son équipage qui ne s’y est pas trompé lui voue une confiance aveugle et le suivrait partout où il ira. Walther est sous-marinier depuis 1911 quand il a embarqué sur U 3 en tant qu’Officier de Quart puis il a pris le commandement de l’U 17 en 1915 avec lequel il s’est déjà bien aguerri. U 52 est son deuxième commandement

Pourtant l’ambiance est un peu lourde alors que c’est une troisème année de guerre qui commence. La victoire facile et rapide que l’on prédisait d’un côté comme de l’autre n’est plus qu’un souvenir. Sur terre, la guerre s’est enlisée de part et d’autre d’un front tenu par des hommes enterrés tandis que sur mer en dehors du féroce affrontement de cuirassés qui a eu lieu en Mai dans la Mer du Nord, faisant des milliers de victimes sans apporter d’avantage décisif, tout le poids de l’avenir repose désormais sur les U-Boote. Encore faudrait-il

qu’au lieu de brider leur capacité offensive on les laisse exprimer sous la mer toute la force de cette arme nouvelle mais la conduite de la guerre n’est pas que l’affaire des militaires, elle est surtout celle des politiques et depuis ces derniers mois les sous-marins loins de pouvoir donner toute la mesure de leur force sont cantonnés dans des opérations de surveillance de la Royal Navy qui ne risque pas la sortie de ses précieux cuirassés. La guerre menée contre le commerce maritime est au moins pour le théatre maritime de l’Atlantique à la Mer du Nord, au point mort en raison de quelques incidents retentissants (Lusitania, Sussex) qui ont fait hausser le ton à l’Amérique et dont le Kaiser craint avant tout que celle-ci se départisse de sa neutralité. A l’Etat Major Général de la Marine, il ne manque pourtant pas de voix parmi les Amiraux pour presser l’Empereur d’autoriser la guerre sous-marine sans restrictions, la seule selon eux qui pourrait amener à reddition un ennemi qui chaque jour par son blocus affame un peu plus la Nation. Mais encore faudrait-il frapper vite et fort, très fort même mais le Kaiser hésite encore. Alors on se contente de demi mesures qui n’apportent que de demi résultats, c’est la politique d’un pas en avant, deux pas en arrière.

Le théâtre d’opération de la Méditrerranée est lui quelque peu différent. Sur ces eaux, le risque d’indisposer l’Amérique par quelque torpillage malencontreux est bien moins grand car la plupart des navires que l’on y rencontre sont les navires de nations en guerre avec l’Allemagne et son alliée, la double monarchie austro-hongroise. Déjà, plusieurs sous-marins y ont été envoyés et frappent durement la navigation alliée, servis en cela par des conditions météorologiques souvent bien meilleures que celles du Nord. Donc puisque les sous-marins ne remportent guère de succès dans ce secteur alors autant renforcer celui de Méditerranée.

C’est dans ce sens que vont les ordres qui viennent d’être remis à Hans Walther ainsi qu’à son camarade Metzger qui commande l’U 47. L’un et l’autre viennent d’être désignés pour une patrouille lointaine. Le Haut Commandement leur demande de se projeter dans la région des Canaries par où passe une importante quantité du trafic sud-nord dans l’Atlantique. L’arrivée des U-Boote dans ce secteur devrait provoquer un effet de surprise qui se traduirait par un coup sévère au commerce maritime allié. Mais si l’on ne veut pas se contenter d’un raid de deux jours sur place, il faut trouver le moyen de faire séjourner les sous-marins dans ces eaux bien éloignées de l’Allemagne. La solution est une évidence : ces unités achèveront leur mission en Méditerranée relativement proche. Telle est donc la feuille de route de l’U 52.

U 52 – Type Mittel-U

Cette feuille de route est complètée par les ordres

spécifiques de la mission qui précisent en outre comment procéder selon les circonstances et le lieu. Pour l’essentiel, il est stipulé qu’en Atlantique au sud du 42e parallèle les vapeurs ennemis portant un armement clairement identifié seront coulés sans avertissement. Les autres navires de commerce seront coulés conformément au Règlement sur les Prises. Les

navires américains ne seront coulés que si plus de la moitié de la cargaison est composée de matériel de guerre. Rappel est fait sur la nécessité de faire évacuer par leurs occupants en s’assurant de leur sécurité, les navires qui seraient coulés en application du Règlement sur les Prises. L’attention des commandants est également attirée sur la prudence dont ils devront faire preuve dans toute destruction en n’hésitant pas à

Page 16: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

14

renoncer en cas de doute. En ce qui concerne la Méditerranée, la guerre sera pratiquée à la volonté des

Commandants en respectant les règles en vigueur dans cette mer.

C’est donc muni de ces instructions que le 15 Novembre U

52 prend la mer pour cette longue traversée. Les soutes sont pleines de carburant, les vivres ont été stockées un peu partout, torpilles et munitions sont dans leurs logements et l’équipage est heureux de cette mission à venir. Le temps est beau, comme il peut l’être dans un anticyclone d’hiver : ciel gris, pas de vent, mer belle. Dans un premier temps U 52 fait route vers le Nord ; il n’est pas question de passer par le Pas de Calais. Deux jours plus tard, les Iles Shetland sont dans le sillage. La descente vers le sud commence.

Dans l’ouest de la côte d’Irlande, trois neutres sont arraisonnés le 20 et le 21 ; ils sont en règle et autorisés à poursuivre leur route. Le 24 par contre un vapeur armé anglais est en vue. Walther l’engage au canon, l’Anglais riposte et bientôt U 52 doit rompre le combat. Sa mission principale n’est pas là, il n’est pas utile de risquer une avarie grave. Walther poursuit sa route et nous allons en profiter pour revenir quelques jours en arrière.

Rade de Salamine, 15 Novembre 1916

A l'automne 1916, l'Amirauté française avait décidé de renvoyer le vénérable cuirassé Suffren vers l'Arsenal de Lorient où l'on devait soit procéder à sa remise en état, soit le désarmer. Non pas que le navire fut devenu vieux, il avait 15 ans mais entre temps, il était devenu totalement obsolète avec l'apparition des nouveaux cuirassés de type "Dreadnough". De surcroît, deux années de guerre, une collision avec un vapeur et le séjour qu'il venait d'effectuer dans la zone de combats des Dardanelles l'avaient considérablement éprouvé et pour ne rien arranger, sa machine fatiguée ne lui permettait plus qu'une vitesse maximale de 12 noeuds. Le vieux serviteur était devenu un infirme.

C'est ainsi que le 15 Novembre, sous le commandement du Capitaine de Vaisseau Rodolphe Guépin, il a repris la mer depuis Salamine en direction de Bizerte où il doit charbonner. Il y arrive le 18 au matin et mouille en rade où l'attendent déjà les chalands noirs chargés de charbon. Corvée de briquettes ! Elle va durer toute la journée... Le monstre repu en a englouti 700 tonnes dans ses soutes. Le lendemain Dimanche, la bordée de repos est autorisée à descendre à terre ; certains en profitent pour écrire et poster une carte à leurs familles.

20 Novembre, Suffren reprend la mer vers Gibraltar. Le temps est exécrable, la mer déchaînée et le vent en furie. La traversée est difficile pour le vieux cuirassé qui souffre dans la tempête. Nombre de messages d'alerte au sous-marin sont captés mais aucun ne croise sa route et il vient s'amarrer sur un coffre au pied du célèbre rocher. Une nouvelle fois, corvée de briquettes ! Les chaufferies du cuirassé sont des dévoreuses de charbon. Deux torpilleurs français sont également sur rade et leurs commandants passent saluer le Commandant Guépin. On s'étonne même d'apprendre que le cuirassé va prendre la route de Lorient sans escorte. Guépin le premier s'en est alarmé dès le départ de Salamine, mais il n'y a pas d'escorteurs disponibles lui a-t-on répondu. C'est donc en solitaire que le cuirassé va remonter le long du Portugal, arrondir l'Espagne puis viser Lorient à travers le Golfe de Gascogne. Une traversée d'une centaine d'heures à la vitesse à laquelle se déplace le vétéran, dans une zone où les sous-marins ne sont pas rares. Mais ce sont les ordres.

A 15 heures ce 24 Novembre, le Suffren largue le coffre et met le cap à l'ouest pour sortir du Détroit. Ils sont 648 hommes à bord, 648 marins dont les pensées se tournent désormais vers la Bretagne...

Ce cliché paru après la guerre dans un journal français proviendrait de GB et aurait été pris lors de l’appareillage du Suffren de Gibraltar le 24 Novembre.

Dimanche matin 26 Novembre

L’aube laiteuse a fait place à un ciel en partie dégagé, le vent souffle bon frais de nord-ouest tandis qu’une grosse houle soulève la surface de la mer. Un temps de saison, ni beau ni franchement mauvais. Mille après mille U 52 et son équipage gagnent dans le sud. Au sommet du kiosque l’Officier de quart et deux veilleurs surveillent la mer déserte. Pourtant, l’un d’eux s’est arrêté sur un point de l’horizon qu’il fixe dans ses jumelles. Pas de doutes, c’est bien cela.

- Bâbord, 3 quarts avant, les mâts d’un navire de guerre derrière l’horizon ! En effet, c’est bien un navire de guerre avec des mâts

aussi hauts. Hans Walther qui vient d’être appelé par son Officier de Quart confirme à son tour l’identification.

- Deux cheminées… Pas d’escorte… Route au Nord…On dirait un cuirassé anglais du type Formidable…Alerte ! Plongée !

Docilement U 52 répond aux ordres de son Commandant. Diésels stoppés, électriques embrayés, purges ouvertes. Le fin sillage du périscope raye la surface tandis que Walther prend la route d’attaque sur l’avant du navire. Avec cette grosse houle il n’est pas facile de tenir l’immersion, il faut prendre plus de vitesse mais ce faisant, on risque aussi de venir trop près. Il faut trouver un compromis. Le Commandant ouvre l’angle de route et rejoint une position d’où il pourra lancer avec une

correction de trajectoire pour tenir compte de ces nouveaux paramètres. Pour assurer le coup, Walther fait également préparer les tubes arrière qui sont placés en position d’alerte portes ouvertes. Mais voici que l’alourdissement de l’arrière ajouté à l’effet de la houle fait venir le kiosque en surface à quelques centaines de mètres du cuirassé. Bon sang ! Ce n’est pas le moment de se faire repérer !

Tout le monde à l’avant ! U 52 retrouve son assiette ; apparemment on n’a rien vu

depuis le cuirassé qui poursuit sa route mais attention, le sous-marin est dangereusement en avant du lourd navire, il y a risque d’abordage. Prudence ! La montre de bord indique 8 heures 56.

- Paré à lancer au tube 2 ! - Tube 2 paré ! - Rohr 2… Los ! - 2 ist los ! U 52 brutalement allégé par le départ de la torpille se cabre

un peu ; une petite action de correction sur les barres de plongée ainsi que sur la caisse d’assiette avant le ramène aussitôt dans son attitude initiale.

- Immersion 20 mètres ! Dix huit secondes viennent de s’écouler quand on entend

une première détonation forte et claire. La torpille a fait but mais aussitôt après une seconde explosion retentit, plus grave,

Page 17: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

15

comme plus profonde et celle-là secoue violemment le sous-marin.

- 11 mètres ! Que s’est-il passé ? Il faut aller voir avec le périscope. U 52

commence à remonter quand soudain il devient très lourd de l’arrière puis un choc se produit à l’extérieur, choc suivi d’un bruit de râclement contre la coque. Puis c’est le périscope qui s’arrête à mi-hauteur. Il faut reprendre un peu de profondeur pour remettre de l’ordre. Walther commande de venir à 20 mètres et de s’y maintenir.

Quelques minutes ont passé depuis ces deux explosions et à présent on n’entend plus que le ronronnement du moteur électrique de l’U 52

- Surface ! A 9 heures et 3 minutes le capot crève la surface ; aussitôt

Walther fait lancer les diésels et souffler dans les ballasts puis ouvre le panneau du kiosque. En surface il n’y a plus rien ! Ou plutôt si, juste un nuage d’explosion que le vent emporte au-dessus de la mer recouverte de suie.

A bord de l’U 52 l’équipage est complètement abasourdi par la rapidité des évènements et le commandant fait procéder à un examen du bateau pour voir s’il a subi des dégâts. En effet, quelques dégâts minimes sont visibles. Par endroits, le pont présente des traces d’enfoncement et le périscope arrière porte de profondes rayures. Pas de doute, en coulant le cuirassé a vraisemblablement accroché le sous-marin qui s’est libéré aussitôt. Chance ! si jamais le lourd navire avait entrainé U 52 avec lui, personne ne serait revenu pour raconter ce qui vient de se passer. Au cours de cet examen, on retrouve sur le pont un débris métallique provenant à l’évidence d’un projectile de fort calibre et aussi, accrochés à la coque, un morceau de vêtement de toile ainsi qu’une piève d’étoffe avec un liseré rouge semblant provenir d’un bonnet de marin. L’un et l’autre dégagent une forte odeur de roussi. Durant trente minutes

encore, Hans Walther va parcourir le secteur à la recherche de rescapés ou d’épaves mais il n’y a plus rien sur la mer qui vient d’engloutir instantanément un cuirassé. Cela ne fait aucun doute, la torpille a du exploser à hauteur d’une soute à munitions et a provoqué l’explosion de tout son contenu.

Le commandant Walther ne le sait pas encore mais c’est le cuirassé français Suffren qu’il vient de couler. Il y avait 648 hommes à bord.

Cap au Sud-Sud ouest,U 52 a repris sa route vers les

Canaries où un nouvel épisode l’attend. Pour cet épisode, je passe le relais à Olivier Prunet dont la passion pour les grand voiliers dans la guerre n’est pas un vain mot.

Corsaires aux Canaries (par Olivier Prunet) Après avoir coulé le Suffren, U 52 va quitter les côtes européennes et se diriger vers les îles Canaries pour se mettre en

embuscade, notamment sur la route des grands voiliers remontant du cap Horn vers la Manche. Le premier navire rencontré sera le vapeur hollandais Kediri, 3780 t, appartenant à la Rotterdam Lloyd. Ce navire avait quitté

Java le 9 Octobre 1916 pour Marseille avec un chargement de tapioca, riz, étain, coprah, spiritueux et alcools pour la Suisse. Son équipage se composait de 43 hommes, tous Hollandais., sous les ordres du capitaine Smith

Kediri de la Rotterdam Lloyd. En cette période de guerre, il porte son nom peint en grandes lettres sur la coque.

Page 18: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

16

Le 30 Novembre 1916 il est à 10 milles au SSE de Las Palmas quand sa route croise celle de l'U 52 de Hans Walther. Le sous-marin ouvre le feu au canon. Tous les pavillons sont aussitôt hissés. Le vapeur stoppe et le second capitaine se rend sur le sous-marin avec les papiers. Il revient avec des officiers allemands qui examinent le manifeste et le chargement et déclarent que, la moitié de la cargaison étant de la contrebande, le Kediri sera coulé. S'il s'avère qu'il y a erreur, le gouvernement allemand paiera. Cinq marins allemands restent sur le Kediri, tandis que les 43 Hollandais, répartis dans quatre canots, sont remorqués par le sous-marin jusqu'à 1 mille du phare de Maspalomas à la pointe sud de la Grande Canarie.

Les Hollandais n'ont pas vu ce qu'était devenu leur navire, par contre ils décrivent ainsi le sous-marin qui les a attaqués : 200 pieds de long et 15 à 20 de large 2 canons d'au moins 100 mm Peinture entre vert et gris Grande facilité de manœuvre en surface Selon le commandant, possibilité d'accéder à l'intérieur du sous-marin par une écoutille placée à l'avant Arrière arrondi Pas de numéro, mais l'officier enquêteur inscrit dans la marge de son rapport « U 52» ce qui montre que le sous-marin a été

identifié, au moins par les services du renseignement. On sait d'ailleurs comment, car Hans Walther avait eu une communication avec l'Allemagne depuis les Canaries et cette communication avait été interceptée.

Ils décrivent aussi avec beaucoup de précision le commandant : rasé proprement, environ 30 ans, blond, portant le ruban de la

Croix de Guerre. Il a discuté en allemand avec le capitaine du Kediri qui lui a demandé des nouvelles de la guerre. Il l'a interrogé sur la présence d'autres navires mais le capitaine Smith a répondu qu'il ignorait tout d'éventuels navires dans les parages.

Tous les officiers étaient très jeunes, et en vêtements de cuir. Ils ont eu une très bonne attitude et se sont montrés très polis. Pourtant, ce n'est pas U 52 qui va couler le Kediri, du moins pas seul. La distance entre le point d'interception et la pointe de Maspalomas est grande, plus de vingt milles et le remorquage de quatre

embarcations va prendre du temps. Or un autre sous-marin rôde dans les parages, l'U 47 du KL Heinrich Metzger.

C'est alors que se présente devant la Grande Canarie un autre vapeur hollandais de la même compagnie que le Kediri. C'est le

paquebot mixte Rindjani, 4762 t, qui arrive lui aussi de Java avec un chargement de divers et de tabac. Il est commandé par le capitaine William Adam.

Page 19: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

17

Il est à 12 milles au SSE de Las Palmas, lorsqu'il aperçoit le Kediri stoppé et met le cap sur lui. Avant qu'il ait pu approcher du Kediri, un sous-marin qualifié de « petit » (150 pieds de longueur), de couleur gris clair, apparaît, tire

un coup de canon et hisse le pavillon « Apportez les papiers ». Les papiers sont apportés avec un canot dans lequel prennent place deux officiers allemands. Ils montent sur Rindjani et demande au capitaine d'approcher doucement du Kediri car ils pensent que l'équipage est à bord. Ils le font stopper à ¼ de mille du Kediri et se rendent sur le vapeur. A leur retour, ils disent l'avoir trouvé abandonné et avoir laissé deux hommes à son bord.

Le Rindjani, qui n'a pas été inquiété, s'éloigne et fait route vers Las Palmas. Mais alors qu'il est à 4 ou 5 milles du Kediri, il voit le

petit sous-marin revenir le long du vapeur, puis s'éloigner et plonger. C'est alors qu'apparaît un autre sous-marin, plus grand, gris sombre, qui ouvre le feu sur le Kediri, tirant 10 à 12 coups. Toutefois,

personne ne voit le vapeur couler. D'après les KTB des deux sous-marins, on peut reconstituer l'histoire comme suit : U 52 a arraisonné le Kediri. Tandis qu'il était à Maspalomas, U 47 est venu reconnaître prudemment, à l'aide du RINDJANI, le

vapeur abandonné. Plus tard U 47 a sans doute récupéré les hommes des deux sous-marins laissés sur Kediri, puis U 52 l'a canonné sans parvenir à le couler. Finalement c'est U 47 qui l'a achevé avec une torpille, raflant ainsi la mise. Le Kediri lui sera en effet attribué.

U 52 va continuer sa patrouille dans le secteur des Canaries et le 9 Décembre suivant sa route va croiser celle d'un grand voilier français, l'Emma Laurans.

Emma Laurans est un trois-mâts barque de 2151 tx JB appartenant à la Société des Voiliers Français. Il avait été lancé au chantier de Graville en Février 1902. Depuis, il avait effectué de nombreux voyages, tant sur San Francisco et l'Orégon, pour le transport de grain, que sur l'Australie, le Chili, ou encore la Nouvelle Calédonie pour le transport de nickel. Il porte 2631 m2 de voilure.

Sister-ship de l’Emma Laurans, le trois-mâts Marie, échoué pour carénage.

Emma Laurans a quitté Bordeaux sur lest, à destination de New York, le 18 Novembre 1916. Il est commandé par le capitaine au

long cours Louis Garnier. L'état-major se compose du second capitaine Louis Cornaly, du lieutenant Pierre Rouault et du maître d'équipage Guillaume Kersaudy. Parmi les matelots qui apposeront leurs signatures sur le rapport de mer on trouve les noms de Philippe Célestin, Ange Buquet, Georges Gaudriault, Noé-Adrien Le Veux, Georges Charbonnier, Euliao Le Fauvre et Prudent Bunger.

Mais l'équipage comporte en tout 21 hommes. Le 9 Décembre à 08h30 du matin le navire se trouve par 27°48 N et 23°16 W (Greenwich), route au S30W, v itesse 6 nœuds,

lorsqu’il aperçoit dans le sud un sous-marin qui fait route à 10 nœuds environ. Il fait beau et la mer est peu houleuse. La visibilité est excellente. Le sous-marin tire un coup de canon de semonce, s’approche et demande au capitaine de venir à son bord avec ses papiers. Les basses voiles sont carguées, l’allure prise tribord amures et les embarcations débordées. Très loin sur l’avant de l’Emma Laurans, il y a un autre grand voilier, norvégien, qui fait route. Mais aucuns signaux ne seront

échangés. Le voilier n’était pas armé et n’avait pas de TSF. Les marins durent l’abandonner et le sous-marin les prit tous à son bord. Le

commandant allemand annonce alors qu’il va le couler et trois bombes sont installées par des hommes du sous-marin. Auparavant, le sous-marin prend le voilier en remorque ; les Allemands disposent une manche et transfèrent de l’eau douce depuis le voilier jusqu’au sous-marin, environ 4 tonnes.

Le lendemain 10 Décembre à 16h30, le voilier est coulé par bombes et douze coups de canon.

Page 20: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

18

La suite du rapport et de l’interrogatoire du capitaine Garnier est particulièrement intéressante, pour ne pas dire passionnante, car les Français vont séjourner plus de trente six heures à bord du submersible. Pour la première fois, on découvre la vie de ces hommes des profondeurs vue, ce qui demeure exceptionnel, par les yeux de leurs victimes.

Le capitaine fut donc interrogé par son homologue allemand sur destination, chargement, route suivie …etc. C'étaient les questions

habituelles d'arraisonnement. Le commandant allemand parlait bien le français, mais son second le parlait à la perfection et sans accent. Deux autres officiers le parlaient assez bien, et les officiers mariniers maitrisaient très bien l’anglais.

Il décrit le sous-marin avec force détails : 60 m de longueur pour 6 de largeur, deux canons de 100 mm à poste fixe à six mètres

sur l’avant et l’arrière du kiosque. Quatre tubes lance-torpilles et huit torpilles. Il ne possède pas de projecteurs. Trois périscopes sont situés sur l’avant du kiosque à 40 cm les uns des autres. Mais on ne sort qu’un seul à la fois, celui de l’arrière situé juste au dessus du compas. Le mouvement de rotation est obtenu en prenant à pleines mains deux poignées à angle droit ; on met alors l’œil à une lentille, comme celle d’une longue-vue.

Les antennes TSF ont 8 m de hauteur. Le mât de pavillon national est situé sur l’arrière du kiosque. Les récepteurs et émetteurs radio sont près de la chambre du commandant. Le télégraphiste est très jeune, 18 ans peut-être. Il ne

parle pas le français mais, en cachette de son commandant, il a donné à lire au capitaine le communiqué français du jour. Le sous-marin est peint couleur toile mouillée mais la peinture vieille d’au moins trois mois ; il n'y a presque plus de peinture sur la

coque dont la tôle est galvanisée. Voici les divers dessins effectués par les hommes de l'Emma Laurans. Peu de croquis, effectués lors des enquêtes par les marins

ayant été en contact avec un submersible ennemi, comportent autant de précisions. Enfin, fait rarissime, le sous-marin a été formellement identifié

Le combustible liquide est contenu dans des réservoirs latéraux épousant la forme du navire. La contenance doit être d’au moins 250 tonnes. En raison de la forme de ces réservoirs, l’accostage des embarcations n’est possible que sur l’avant ou sur l’arrière. On note la présence de quatre cloisons étanches.

Page 21: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

19

Vient ensuite la description des sous-mariniers, dont ils n’ont pu connaître les noms. C'est certainement la partie la plus intéressante du rapport fait par les Français.

L’équipage se compose de 43 hommes. Le commandant , 28 ans environ, imberbe, petit, chétif, mais très énergique avec des yeux très vifs, ne porte aucun galon. Le second, environ 25 ans, grand, maigre, d’un caractère jovial, facile, aime beaucoup parler et rire. En fait, c’est le fils d’une

Suissesse française, ce qui explique la facilité avec laquelle il s’exprime dans cette langue. Le 1er lieutenant, environ 30 ans, assez grand (au dessus de la moyenne), figure charnue et qui porte la moustache, manque

d’initiative. Le 2e lieutenant est extrêmement jeune, peut-être seulement 17 ans ; c’est probablement un aspirant, mais il assure néanmoins le

quart en chef. Il a un caractère encore un peu enfantin. Il y a en outre un chef mécanicien et trois mécaniciens brevetés, ainsi que trois sous-officiers. Par beau temps, les vêtements des officiers et des hommes sont les mêmes : paire de bottes en cuir, pantalon en cuir et veste en

cuir, chapeau de toile huilée qui descend sur la poitrine et sur le dos, gants de cuir doublé de mouton à l’intérieur. Par mauvais temps les hommes revêtent un vêtement de caoutchouc, comme les scaphandriers, mais sans casque et sans plomb . Ils gardent mêmes bottes et même chapeau.

Trois hommes assurent le quart passerelle : un officier, un sous-officier et un matelot veilleur, tandis que deux autres sont au

compas, un à la barre et trois dans la machine. Les quarts sont répartis en trois fois huit heures. Le sous-marin manœuvre à la perfection et on ne peut le comparer qu’à une baleine. Le commandant en est fier et pour bien faire

admirer au capitaine du voilier français les qualités nautiques de son bâtiment, il s’est livré à des exercices de plongée et à des manœuvres. Il lui faut moins de 4 minutes pour disparaître sous la surface. Le commandant a dit qu’il pouvait plonger encore plus vite. En plongée sa vitesse est de dix nœuds et son rayon de giration est extrêmement faible. Le sous-marin gouverne parfaitement, ne tangue pas et ne roule pas. Il tient admirablement la mer. Il ne se ravitaille pas en combustible pendant les trois mois. Pour les vivres et autres provisions, il se fournit en partie sur les navires qu’il coule après évacuation de l’équipage.

Le compas est un véritable objet d’art. Il possède un système électrique qui, par un procédé inconnu, permet d’avoir en

permanence, et en tout point du globe paraît-il, le cap vrai du navire, indépendamment de toutes les variations magnétiques. Les officiers ont dit aux Français que la construction d’un tel compas était extrêmement coûteuse, 40000 marks au bas mot. L’équipage prisonnier, qui n’avait pas de notions particulières sur les lois de la mécanique, en est demeuré ébahi. Avoir en permanence le cap vrai leur semblait tenir du prodige4.

L’équipage du voilier, 21 hommes, fut donc logé à l’intérieur du sous-marin, en particulier dans le compartiment des torpilles. Il faut

souligner que les Français ont été très bien traités et que l’accueil a même été chaleureux. « De toute évidence, les Allemands ont voulu leur montrer qu’ils n’étaient pas des sauvages » indique, en marge du rapport, l'officier enquêteur. Les dernières paroles du commandant allemand avant la libération furent : « Vous voyez, les Allemands ne sont pas des barbares ».

Dans le compartiment des machines, les matelots allemands dormaient dans des hamacs. Mais ils les ont prêtés aux marins

français et ont couché par terre. Le Capitaine a été logé dans la chambre du commandant où on lui a installé un hamac. Il y avait seulement deux couchettes, une pour le commandant et une pour le second. La nourriture fut la même que pour l’équipage allemand.

4 On note que les marins français découvrent là un des premiers gyro-compas utilisés dans la marine. Le principe du gyroscope, énoncé par Foucault au 19e siècle, fut appliqué aux compas lorsqu’on disposa de puissance électrique pour entretenir la rotation de la toupie. Le premier gyro-compas fut construit en 1906 par les Allemands Hermann Anschutz et Max Schuller. C’était effectivement une petite merveille d’ingéniosité mécanique. Par la suite, des gyro-compas furent mis au point par l’Américain Sperry et par l’Anglais Brown vers 1911-1912. On apprend donc par ce rapport que les Allemands disposaient en 1916 de cet instrument sur leurs sous-marins.

Page 22: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

20

La vie de cet équipage est tout à fait misérable, et les officiers ont bien laissé entendre qu’ils étaient un peu las de cette guerre.

L’eau douce manque continuellement . Jamais il n’est donné d’eau douce pour le lavage. Pour la boisson, elle est donnée en quantité infime. L’air n’est pas très pur et malgré la ventilation, il fait toujours chaud. Il faut dire que l’on s’est retrouvé à 64 dans cet espace restreint. Les vêtements sont en permanence humides, imbibés d’eau de mer, et il n’y a aucune possibilité de les faire sécher. Bien sûr, il est strictement interdit de fumer à l’intérieur, mais le commandant a donné l’autorisation aux Français de monter cinq par cinq sur la passerelle, afin de pouvoir fumer pendant une demi-heure.

Le sous-marin a donc fait route en surface à la vitesse de 15 nœuds pendant 26 heures. C’est pendant cette navigation que, jetant

un coup d’œil au journal de bord qui n’était pas dissimulé, le second capitaine a pu voir qu’il s’agissait du sous-marin U 52. Selon son équipage, ce sous-marin avait quitté Kiel deux mois auparavant et avait coulé 14 navires dont le Kediri et l’ Emma Laurans. Sa croisière devait durer trois mois. Ensuite il rentre sur Kiel où il reste deux mois au cours desquels l’équipage a droit à 14 jours de permission. Pendant ce temps de permission on leur accorde une ration et demie. A leur retour de permission, ils sont mis dans une caserne flottante où ils se reposent et s’entrainent jusqu’à la date de leur nouveau départ.

Le surlendemain 11 Décembre , le sous-marin est arrivé à la pointe de Maspalomas, au sud de la Grande Canarie. Il a mouillé à

environ 1,5 mille du rivage. Entre 21h00 et 22h00 des signaux lumineux morse ont été faits depuis la terre, destinés au sous-marin. Le 12 Décembre à 06h00 du matin, une grande torche a été brûlée et il s’agissait certainement d’un signal.

Le sous-marin s’est approché à 200 m de la côte, lorsqu’un coup de canon a été tiré. Aussitôt, un matelot allemand a fait des signaux avec une lampe et le feu a cessé. Les Allemands ont dit qu’il s’agissait d’un autre sous-marin, un de leur compatriote, mais les Français n’ont pas pu le voir. (On pense bien sûr à U 47.)

Les Français ont débarqué à Maspalomas dans une embarcation à 14h00 le 12 et ont reçu un bon accueil des autorités espagnoles.

Heinrich METZGER Hans WALTHER

Cet extraordinaire récit donne une vision tout à fait particulière de l’ambiance dans le sous-marin. On n’y sent aucune animosité

entre les hommes enfermés dans cet engin. Il est évident qu'il ne fut pas publié à l’époque dans des revues comme L’Illustration ou autre. Il fallait entretenir la fureur guerrière et ce genre de « camaraderie maritime » comme le signale un enquêteur à propos d’un autre naufrage de voilier, cette fois en Manche, déplaisait profondément.

Le KTB de l'U 52 relatant la capture de l'Emma Laurans est assez succinct, mais il recoupe bien le récit de l'équipage français, sauf

toutefois sur un point : la rencontre avec l'U 47. 09/12/16 11h00 Arrêté le voilier français Emma Laurans. Envoyé un commando de prise à bord. Jusqu'au crépuscule, attendu une occasion de

transférer l'équipage français de 22 têtes. Fait route à l'Est avec la prise. 10/12/16 Vent de NNW s'orientant ensuite vers la droite. (Indication difficile à comprendre?) A 00h30, la prise est arrêtée par l'U 47 Communiqué par signaux avec l'U 47. Il a coulé un Grec. Il dit qu'il est mécontent de la

position qui leur a été assignée.

Page 23: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

21

Au cours de la matinée, le vent tourne vers la droite. Le voilier, durement malmené, se positionne contre le vent. Cela m'oblige à me diriger vers le sud et je décide de le couler5.

Je prends l'équipage à bord et les embarcations en remorque. A 16h30, le voilier Emma Laurans est coulé avec deux bombes et plusieurs obus. Mis le cap sur Maspalomas avec les deux

embarcations en remorque. Les ballasts 1,2 et 3 ont été remplis. Cette manœuvre difficile a été réussie malgré la houle. Mais l'un des canots a été légèrement

endommagé. L'autre est plein d'eau et ne tient que sur ses caissons à air. Il va être perdu pendant la nuit. 11/12/16 Route vers Maspalomas. Vent de nord maniable. Mer houleuse. Très brumeux. L'arrivée devant le phare a lieu dans la soirée du 11 Décembre. Prenant en considération que le canot est endommagé, j'approche à 500 m du phare et l'équipage est débarqué en deux voyages,

avec le canot. Le capitaine me remercie chaleureusement pour le bon accueil reçu. Il me remercie en bonne et due forme pour le bon traitement

reçu à bord. Il semble donc que du côté français, il y ait eu une incompréhension de la part de l'officier enquêteur. La rencontre avec l'U 47 n'a

pas eu lieu au moment du débarquement à Maspalomas, mais alors que l'équipage était encore sur Emma Laurans. L'U 52 a bien failli se faire enlever sa prise par son collègue, pour la seconde fois..

On note en tous cas que Hans Walther ne prend pas de risques avec l'embarcation endommagée et qu'il insiste particulièrement

sur les remerciements du capitaine Garnier, répétant deux fois sa phrase. Certains des officiers si bien décrits, jusque dans leur caractère, par le capitaine Garnier ont été identifiés.

Le second était l'Oberleutnant zur See Otto Cilliax. Il avait eu 25 ans au mois de

Décembre 1916. Toutefois, son ascendance à travers une mère suisse romande n'a pu être établie. Pendant l'année 1939, Otto Cilliax commandera le cuirassé Scharnhorst, puis il deviendra Amiral Cuirassés. C'est à ce titre qu’il conduira l'opération Cerberus en Février 1942, réalisant au nez et à la barbe des Anglais le raid audacieux des cuirassés Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen à travers la Manche.

Le cuirassé Scharnhorst et l’Amiral Otto Ciliax en 1942.

Le 2e officier de quart était l'Oberleutnant zur See Max Ploen. Le 5 Octobre 1917, il disparaîtra avec tout son équipage sur l'U 41,

qu'il commandait. Le 3e officier de quart extrêmement jeune, n'a pu être identifié.

Cap sur l’Adriatique (Y.Dufeil) C’est le 12 Décembre que l’U 52 tourne le dos aux Iles Canaries. La patrouille dont on attendait de bons résultats s’avère

finalement très en dessous des espérances et c’est aussi le cas pour l’U 47 de Metzger. En treize jours sur zone, U 52 n’a coulé que Kediri et Emma Laurans. C’est pourquoi Walther décide d’aller tenter sa chance le long de la côte d’Afrique mais là non plus il ne rencontre pas de trafic et comme le carburant commence à baisser sérieusement il fait route au Nord en longeant le Maroc où le 15, il rencontre un vapeur armé anglais qu’il engage au canon mais sans obtenir de résultat. Le lendemain matin avant l’aube, un gros vapeur naviguant tous feux éteints est en vue. U 52 lance une torpille en surface mais elle manque son but. Walther attend le lever du jour pour engager le navire au canon. Pas de chance là non plus, ce navire est armé avec du gros calibre et il oblige le sous-marin à rompre le combat.

Gibraltar est franchi dans la nuit du 16 au 17 sans difficultés mais le niveau de carburant devient préoccupant aussi Walther ne cherche-t-il pas à ajouter quleque vapeur à son palmarès et il fait route directe vers l’Adriatique arrivant à Cattaro le 24 Décembre, juste à temps pour célèbrer Noël à bord de SMS Gäa en compagnie de son équipage et fêter aussi sa 33ème année.

Bon anniversaire Herr Kaleu ! Hans Walther conclut son KTB en remarquant qu’à l’évidence le trafic maritime commercial si actif dans ces parages avant la

guerre a manifestement été dérouté depuis. En 39 jours U 52 a parcouru 6385 milles et consommé 109 tonnes de carburant. Pour sa part, U 47 arrivera le 27 Décembre après 42 jours de mer.

5 Le voilier est probablement en remorque afin de transférer de l'eau douce. C'est ce qui empêche le sous-marin de tenir un bon cap (O. Prunet)

Page 24: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

22

PORTRAIT D’UN COMMANDANT

Hans WALTHER 1883 - 1950

Hans Walther est né le 25 Décembre 1883 à Patschkau, Silésie, aujourd’hui Paczków en Pologne

1.4.1902 Entre dans la Marine Impériale comme Cadet. Jusqu’au 31 Mars 1903, il effectue sa formation initiale sur le voilier-école SMS Stosch suivie de la période de spécialisation

d’Officier torpilleur jusqu’au 30 Septembre 1904 Du 1er Octobre1904 au 30 Septembre 1905, il est aspirant à bord du cuirrassé Elsass où il est promu Leutnant zur See puis

embarque aussitôt sur le cuirassé SMS Preussen jusqu’au 30 Septembre 1908. C’est durant cette affectation que le 30 Mars 1908 il est promu Oberleutnant.

Le 1 Octobre 1908 il est affecté à la 1ere division de torpilleurs où il occupe le poste d’Officier de Quart sur les torpilleurs S 144 puis S 145 et ensuite Officier torpilleur sur le croiseur SMS Geier d’Avril 1911 jusqu’au 21 Mai 1912

Il finit l’année 1912 en tant qu’Officier de Compagnie à la I Matrosen Division. Début 1913, il suit la formation de base à l’Ecole de

Navigation sous-marine puis navigue comme officier de quart sur le sous-marin d’instruction U 3. Promu Kapitänleutnant le 22.3.1914, il est Officier torpilleur à bord du croiseur SMS Augsburg lors de la déclaration de guerre. Le début d’année 1915 est consacré au cours supérieur de sous-marinier avant de prendre le commandement de l’U 17 le 8 Mars.

Page 25: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

23

Patrouille du 23 au 27 Mars 1915, première patrouil le de guerre Appareillage de Heligoland pour ce qui est sa première patrouille de guerre. L’objectif de cette patrouille est tout en complètant la

formation du jeune Commandant, de s’attaquer au trafic commercial sur l’axe Lindesnes-Ecosse et aussi rechercher d’éventuels navires de guerre anglais dans la partie septentrionale de la Mer du Nord. Cinq vapeurs neutres vont contrôlés puis relâchés mais le 25, dans une mer creuse, la mèche des barres de plongée avant casse réduisant considérablement les capacités du sous-marin à prendre la plongée. Il faut faire demi-tour et revenir à Heligoland où il entre le 27.

Après un passage en cale sèche et divers travaux, U 17 est à nouveau prêt à reprendre la mer début juin. Patrouille du 8 au 22 Juin 1915

Appareillage de Heligoland vers l’est du Firth of Forth, avec pour objectif de pratiquer la guerre au commerce maritime. Durant les deux premières journées de traversée, Walther arraisonne plusieurs vapeurs neutres mais tous sont en règle. Le 10, alors qu’il contrôle un voilier danois, surgissent deux chalutiers armés. U 17 prend la plongée et Walther tente un torpillage mais il manque sa cible. Le 12, il arrête l’anglais Desalba puis lance une torpille en coup de grâce. Le vapeur ne coulant pas, il faut envoyer deux hommes à bord afin de placer des charges de sabordage et d’ouvrir les prises d’eau. Cette fois, le vapeur disparait. Un peu plus tard dans la journée, le voilier danois Cocos est arrêté alors qu’il transporte du bois vers l’Angleterre. Walther y boute le feu.

Dans la journée du 15, plusieurs navires de guerre sont observés dont un vieux cuirassé mais U 17 ne parvient pas à venir à portée. Trois jours plus tard, d’un tir de semonce il arrête un petit vapeur sans marques de nationalité. Il s’agit de l’anglais Ailsa qui lui aussi transporte du bois de Scandinavie. La cargaison est

incendiée et pour faire bonne mesure, les prises d’eau sont ouvertes. Le 20 sur la route du retour, trois croiseurs anglais sont en vue. Walther tente de se mettre en position de lancement et tire quand même bien que n’étant pas en position très favorable. Deux torpilles sont lancées mais elles manquent leur but.

Le 22, U 17 est de retour à Heligoland. Dans son rapport, Walther indique que malgré les mauvaises conditions météorologiques fréquentes dans ces parages, la durée des patrouilles peut atteindre deux semaines mais guère plus en raison des incidents moteurs fréquents qui épuisent le personnel mécanicien.

Patrouille du 5 au 18 Août 1915 Appareillé de Heligoland en direction du Moray Firth, U 17 avait également pour mission de protéger une opération de minage

effectuée par le croiseur auxilliaire SMS Meteor6. Le 8, après que le coiseur eut mouillé ses mines, il reprend sa liberté de manœuvre et ne tarde pas à couler l’anglais Glenravel puis arraisonne le suédois Malmland en route de Narvik à Rotterdam avec une cargaison de fer. Cependant, ce vapeur neutre ayant reçu l’ordre des Anglais de se dérouter vers les Iles Orcades pour contrôle et Walther estimant au vu de la cargaison transportée que les Britanniques ne relâcheraient pas le suédois coule le vapeur. Le 10, le chalutier anglais Utopia est coulé à son tour et le lendemain matin, Walther s’apprête à renouveler l’opération avec un autre chalutier devant le Firth of Forth quand il aperçoit tout près de ce chalutier un sous-marin qui s’empresse de plonger.

SMS Meteor

Avec grande prudence, U 17 essaye malgré tout d’arrêter le navire d’un coup de semonce. Etrangement, son équipage se précipite sur les embarcations pour évacuer le bateau. Walther flaire le piège surtout lorsqu’il aperçoit un périscope à peu de distance de son sous-marin. Il fait malgré tout ouvrir le feu sur le chalutier qui rembarque aussitôt ses hommes et commence à tirer à son tour. Sous cette double menace à laquelle se joint bientôt celle d’un yacht armé, Walther plonge à son tour en urgence et échappe de justesse au piège.

Le 13, il arrête le chalutier Seaking et envoie deux de ses hommes placer les explosifs pour le couler. C’est alors que deux croiseurs apparaissent. Walther n’a que le temps de récupérer ses hommes et de plonger pour attaquer mais sur le calme plat de la mer, son périscope est aperçu et les croiseurs se dérobent. Le 14, il coule au canon le chalutier Gloria puis dans l’après-midi du lendemain, par un coup de semonce, il intime l’odre de s’arrêter à un vapeur suédois. Dans un premier temps, le vapeur s’arrête mais lorsque le sous-marin s’est rapproché de lui, il remet en route avec l’intention semble-t-il d’aborder le sous-marin. Walther l’évite en forçant l’allure et renouvelle son tir de semonce. A nouveau le vapeur tente une manœuvre d’abordage. Cette fois le tir de l’U 17 se fait plus incisif et finalement le suédois s’arrête. Cette attitude ayant été considérée comme une tentative de résistance armée, Hans Walther décide de capturer le navire et place à son bord un équipage de prise sous le commandement du Lieutenant Metz pour le conduire à List (Iles de la Frise). Il s’agissait du vapeur Gotaland. Ce même soir, il arraisonne le voilier danois Marie transportant des poteaux de mine en Angleterre ; U 17 le met en feu. Le 16, le petit vapeur norvégien Romulus est arrêté alros que lui aussi transporte des poteaux de mine vers un port anglais. Lui aussi est envoyé par le fond.

Le 18, U 17 est de retour à Heligoland. De son côté, le Lieutenant Metz n’a pas perdu son temps lui non plus. Sur la route vers List, il envoie le pavillon de guerre allemand sur le Gotaland et oblige le norvégien Tello à stopper en tirant quelques coups de fusil en direction de sa passerelle. Ce vapeur transporte également des poteaux de mine vers l’Angleterre. Contrebande ! Metz y met le feu, ouvre les prises d’eau et le navire file à son tour vers le fond de la Mer du Nord.

6 SMS Meteor ayant effectué sa mission de minage sera identifié puis pris en chasse par les Britanniques. Confronté à une escadre de croiseurs, son équipage n’a pas d’autre alternative que de saborder le navire. Sur ses mines, le navire auxilliaire Ramsey sera perdu le même jour.

Page 26: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

24

Cette patrouille est la dernière de l’U 17. Le sous-marin sera quelque temps après transféré à Kiel où il rejoint l’Ecole de Navigation

Sous-Marine et ne servira plus qu’à la formation des équipages. Au nombre de ceux-là il y aura le Prinz Heinrich que l’on aperçoit à la manœuvre sur la photo ci-dessous.

Hans Walther quant à lui est disponible pour un nouveau commandement. Les navires coulés par Hans Walther avec U 17 :

Navire Pav. Tonn. Date Position

COCOS (voilier) 85 12 6 1915 E Tod Head Pt 5640N, 0124W

DESABLA 6047 12 6 1915 15m E Tod Head Pt

AILSA 876 18 6 1915 12m SE Arbroath (Trondheim- Leith)

GLENRAVEL 1092 8 8 1915 S- 25m. N Kinnard Head

MALMLAND 3676 8 8 1915 T+G- 2m ExS of Rattray Head

GLORIA (chalutier) 130 14 8 1915 5725N, 0051W

MARIE (voilier) 168 15 8 1915 40m off Kinnaird Head

ROMULUS 819 16 8 1915 Env. 250m E de May Island ou100m WSW de Lindesnes 56.50N-03.50E

TELLO 1218 16 8 1915 5700N, 0503 E capturé par équipage de prise du Gotaland GOTALAND 3538 15 8 1915 Mer du Nord – capturé et conduit à List (Sylt)

L’île-forteresse d’Heligoland

Page 27: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

25

Commandant de l’ U 52 Début 1916, Hans Walther est affecté à la supervision de l’achèvement de l'U 52 alors en chantier au Germaniawerft de Kiel. Le

sous-marin destiné à la 1 U-Halbflottille à Heligoland entre en armement le 16 mars 1916 et Walther en prend officiellement le commandement le 9 mai. U 52 sera ensuite transféré le 25 mai à la II U-Halbflottille. Comme lors de chaque mise en service d’une nouvelle unité, le sous-marin entre alors dans une période de recette et de formation de son nouvel équipage. L’une et l’autre se déroulent à Kiel et en mer Baltique.

U 52 exercice de chargement d’une torpille à la mer - 1916

En ce printemps 1916 cependant, le contexte de la guerre sous-marine a évolué. Après les affaires retentissantes du Lusitania et

tout récemment celle du torpillage du paquebot Sussex, les opinions dans les sphères dirigeantes de l’Allemagne sont opposées. Il y a d’une part les tenants d’une guerre sous-marine totale et sans restrictions qui seule pourrait amener l’ennemi à demander la paix et les tenants d’une attitude plus réservée voire même banissant la guerre des sous-marins contre les navires de commerce par crainte de finir par déclencher l’entrée en guerre des USA qui jusuq’à présent sont toujours éloignés du conflit. Dans ce contexte attentiste, l’utilisation des U-Boote s’est considérablement ralentie et à présent, ils ne sortent plus guère que pour des missions d’observation et d’attaque éventuelle des navires de guerre rencontrés autour des Iles Britanniques avec parfois la destruction d’un navire de commerce transportant des marchandises manifestement de contrebande mais encore est-ce bien souvent à la seule initiative des Commandants. On observe donc un net ralentissement de l’activité des sous-marins dans les secteurs Mer du Nord, Manche et Atlantique durant tout l’été.

U 52 - Type Mittel U sous-type U51

Page 28: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

26

La situation est différente en Méditerranée où le risque de couler un paquebot transportant des non combattants ou des citoyens américains est infiniment plus faible mais Hans Walther ne connait pour le moment que les eaux du Nord. Les patrouilles qu’il effectue entre mai et octobre ont pour objectif d’essayer d’attaquer les forces navales ennemies rencontrées dans le nord de la Mer du Nord entre l’Ecosse et la Norvège essentiellement. C’est ainsi que plusieurs sous-marins vont être engagés en marge de la bataille bien connue du Jutland (31 mai 1916). Ce n’est pas le cas de l’U 52. Les succès dans cette période vont rester très occasionnels mais malgré cela, Walther va couler trois chalutiers armés ainsi que le croiseur léger HMS Nottingham le 19 août. Peu de temps auparavant, le 14 juillet précisément, il avait eu la douleur de perdre son camarade Walter Rumpel dont l’U 51 avait été torpillé en vue des côtes allemandes par le sous-marin anglais H5 lors d’une traversée de routine entre Wilhelmshaven et Heligoland. L’ambiance était donc plutôt à la morosité en cet été 1916.

Début octobre pourtant la situation semblait devoir évoluer et on pensait dans le Haut Commandement Militaire que le Kaiser pourrait donner son accord à une reprise de la guerre sous-marine sans restrictions mais il n’obtint pas l’accord désiré bien au contraire tant Guillaume II espérait pouvoir proposer une offre de paix de l’Allemagne ce qui dans ces conditions excluait toute reprise de cette guerre sous-marine par ailleurs tant décriée. On transigea donc sur une demi mesure en maintenant le statu quo actuel à savoir l’utilisation des sous-marins contre les forces navales essentiellement et occasionnellement contre le commerce. Par contre en Méditerranée la situation étant différente, on y renforcerait la présence sous-marine.

Les possibilités de frapper un grand coup sur le trafic commercial allié dans le secteur des Canaries, un axe maritime fréquenté où on ne s’attendait pas à rencontrer des U-Boote avaient également alimenté la réflexion des Etat-Majors et c’est dans ce contexte que l’on demanda à U 47 et U 52 de se préparer à prendre la mer pour une mission dans ce secteur qui s’achèverait ensuite en Méditerranée avant de reprendre le chemin du retour vers l’Allemagne. Cette incursion en Méditerranée présentait le double avantage tout d’abord de permettre le ravitaillement des sous-marins avant de regagner l’Allemagne et de ce fait, augmenter leur autonomie sur zone et enfin, de renforcer même temporairement, le dispositif en Méditerranée.

Patrouille du 15 Novembre au 24 Décembre 1916 de He ligoland à Cattaro Cette patrouille qui va conduire U 52 en Méditerranée est abondamment relatée dans les pages précédentes et n’est donc pas

reprise ici. Elle sera surtout marquée par la destruction du cuirassé Suffren avec la perte de la totalité de son équipage mais aussi par des résultats opérationnels décevants.

Le 24 Décembre, Hans Walther atteint Cattaro et vient s’amarrer à couple du bâtiment base Gäa au terme d’une patrouille de 39 jours. L’équipage arrive juste à temps pour y célébrer Noël et le 33e anniversaire de son Commandant. Coincidence sans doute mais Hans Walther recevra son cadeau sous la forme de la décoration « Pour le Mérite » deux semaines plus tard, le 9 Janvier 1917

Page 29: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

27

Patrouille du 22 Mars au 27 Avril 1917 Après un séjour de 3 mois en Adriatique, U 52 qui présentait un certain nombre de problèmes techniques notamment au niveau

des moteurs, est enfin prêt à reprendre la mer. Le Haut Commandement des U-Boote a décidé qu’il remonterait vers sa base d’origine à Heligoland. Le 22 Mars c’est le départ avec pour mission de pratiquer la guerre de course en Méditerranée occidentale avant de regagner l’Allemagne par l’ouest de l’Irlande et le passage des Orcades. Le contexte opérationnel de la guerre de course livrée par les sous-marins s’est durci et désormais cepuis le mois de février l’Allemagne est engagée dans la guerre sous-marine sans restrictions.

Dès le départ le temps est mauvais et durant les six premiers jours U 52 ne trouve aucune occasion de s’attaquer aux navires ennemis. Malgré le mauvais temps, il fait le tour de la Sicile et remonte par l’est de la Sardaigne. C’est au large de l’extrémité nord de cette île que se présente la première occasion. Pas bien grosse ! Le voilier italien Michelina Catalano est coulé au canon. Il faut ensuite attendre le 4 avril pour que la chasse redevienne fructueuse. Dans le golfe de Gènes, c’est d’abord le vapeur italien Ravenne qui est envoyé par le fond d’une torpille lancée en plongée. Quelques heures plus tard, apparaît un très gros vapeur. Walther lance mais la torpille manque. Il fait surface et ouvre le feu au canon sur le navire qui s’avère être l’américain Missourian (7924 tonnes). Devant la détermination du sous-marin, il stoppe et son équipage évacue. Walther décide de couler ce navire qui venait de quitter Gènes pour Boston. Quelques charges d’explosifs complètées par un tir d’obus dans la flottaison suffiront à l’envoyer par le fond. Le lendemain, le voilier italien Angel Marina est stoppé à sont tour dans la Mer Ligurienne puis sabordé.

Le 7, U 52 est à présent dans le golfe du Lion où il arrête le vapeur américain Seward qui fait route vers Gènes avec un plein chargement de matériel de guerre. Le navire est sabordé à l’explosif à 25 milles dans l’est de Port Vendres. Le lendemain, c’est l’italien Alba qui subit le même sort et coule au large de Barcelone. Le 9 toujours dans ce même secteur au large de Barcelone, le vapeur grec Aghios Georgios qui est arrêté et visité. Une partie de la cargaison est composée de contrebande à destination d’Alger. Walther réquisitionne les marins grecs et leur fait jeter cett cargaison par-dessus bord à la suite de quoi ils sont libres de reprendre leur route. Plus tard dans la soirée, le vapeur français Esterel qui fait route de la côte d’Afrique vers Marseille est en vue. Une torpille lancée en surface suivie d’une torpille en coup de grâce ont raison de lui. Il coule à 20 milles du Cap Bear.

Esterel, Cie Marseillaise de Navigation à Vapeur

U 52 poursuivant sa route de sortie de la Méditerranée se trouve le 11 avril au large de Valencia c’est là qu’il arrête le voilier danois

Ansgar qui est incendié. Le lendemain matin, le vapeur amé anglais Glencliffe est arrêté à son tour après un échange d’artillerie. Des charges de sabordage sont placées pour saborder le navire mais elles ne suffisent pas ; une torpille est tirée et cette fois le vapeur coule. Walther en profite pour faire prisonnier un mécanicien et deux canonniers parmi l’équipage anglais.

Le lendemain soir, Gibraltar est passé sans incidents puis dès le 14, U 52 célèbre son retour en Atlantique à sa façon : à mi-distance du Cap Saint Vincent, il fait évacuer et coule au canon le voilier portugais Tres Macs. La remontée le long de la côte portugaise se poursuit et le 15 le vapeur espagnol Cabo Blanco est attaqué au canon mais parvient à échapper au sous-marin non sans avoir subi quleques dommages. Le 16, c’est le grec Crios transportant du minerai de fer en Angleterre qui est intercepté. Il est sabordé en ouvrant les prises d’eau. Le 19 au large du Cap Finisterre, le voilier portugais Senhora da Conceicao est arrêté à son tour puis sabordé avec des charges explosives. La remontée se poursuit jour après jour et le 20, à l’ouest du Golfe de Gascogne le vapeur armé anglais Caithness est coulé d’une torpille lancée en plongée.

Le 21, alors que le sous-marin se trouve à environ 300 milles dans le SW d’Ouessant, un vapeur est en vue. Sur la coque il porte des marques d’identification norvégiennes avec le nom Pronto. Un coup de semonce est envoyé pour le faire stopper mais au contraire, il force l’allure en crachant de la fumée. Walther fait reprendre le feu et finalement le vapeur s’arrête mais il parait suspect. Prudent, il préfère en faire le tour en immersion. N’ayant rien remarqué d’anormal, il refait surface et les servants du canon reprennent place autour de leur pièce c’est à ce moment précis que le vapeur amène son pavillon norvégien, envoie les couleurs de la Royal Navy et ouvre le feu de ses trois canons ! Par chance aucun coup ne porte directement sur le sous-marin et Walther n’a que le temps de plonger en urgence pour se mettre à l’abri des profondeurs. Le vapeur remet en route et s’éloigne au plus vite ; U 52 toujours en immersion ne pourra pas le poursuivre. Ce faux norvégien était en fait le Q-Ship anglais HMS Heather. Au cours de l’engagement, U 52 a mis un seul coup au but qui allait provoquer la mort du Lt.-Cdr. W.W. Hallwright, son Commandant, tué par un éclat.

Deux jours plus tard alors que l’U 52 arrondit l’Irlande par le Nord, le trois-mats norvégien Acadia est arrêté puis sabordé. Le reste de la traversée se déroule sans incident notable et le 27 Avril il entre à Heligoland.

Dans son journal d’opération, Walther mentionne que le trafic marchand en Méditerranée est beaucoup moins protégé qu’au large des côtes anglaises.

Page 30: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

28

Q-Ship HMS Heather en 1924 (photo d’origine inconnue)

Patrouille du 1 au 19 Juillet 1917 Il aura encore fallu de longues semaines de travail pour que l’U 52 soit à nouveau en état de reprendre la mer et la guerre mais en

ce 1er Juillet il est de retour et appareille pour une patrouille habituelle le long de la route des convois entre Norvège et Shetlands. Le 3 il retrouve l’épave dérivante du vapeur norvégien Stalheim qui avait été torpillé et canonné deux jours plus tôt par U 49 puis par U 60 et laissé en train de couler mais deux jours plus tard, il était toujours à flot. Walther tente de complèter le travail par quelques obus tirés à la flottaison, qui ne suffiront pas davantage à le couler. Finalement ce navire sera remorqué par les Anglais et réparé. Le 5, à environ 60 milles dans l’est des Shetlands, U 52 doit faire face à d’importants moyens qui à l’évidence ne lui veulent pas de bien. Un destroyer, un avion et 4 dirigeables l’obligent ainsi à passer sous l’eau une grande partie de la journée et à s’éloigner de ce secteur.

Le lendemain, au nord des Shetlands il attaque le norvégien Flora au canon et l’achève d’une torpille mais cette journée a bien failli être fatale au sous-marin qui soudain voit 4 sillages de torpille converger dans sa direction. Miracle, toutes manquent leur cible et l’U 52 s’empresse de disparaître dans les profondeurs. Il faut dire que dans ces secteurs à fort trafic de convois, les Britanniques utilisent eux aussi leurs sous-marins pour tenter de couler les U-Boote que l’importance du gibier attire ou lorsqu’ils transitent par ccette route vers ou en provenance de l’Atlantique.

Le 9, alors que l’U 52 est redescendu dans le sud des Shetlands, il s’attaque à un convoir de dix vapeurs escorté par deux destroyers et sept chalutiers. En plongée, Walther parvient à se placer en position de lancer et d’une torpille envoie par le fond le vapeur anglais Prince Abbas. Deux jours plus tard c’est le suédois Vanda qui dans les mêmes conditions subit le même sort suivi le lendemain par le suédois Frederika qui est coulé au sud des Orcades.

Le 14, U 52 est à nouveau attaqué par un sous-marin anglais qui lance deux torpilles dans sa direction et qui elles aussi manquent la cible. En quelques jours cela fait déjà six torpilles qui sont passées bien près de lui ! Mais parfois, les rôles peuvent s’inverser comme va le montrer la journée du 17 Juillet qui a commencé par une prise de plongée afin de ne pas être vu par trois chalutiers armés en patrouille.

Il est 14 heures 35 quand Otto Ciliax dont c’est le quart, sort le bout de son périscope pour faire un tour d’horizon. Soudain, il s’immobilise et pour ses hommes qui l’entourent annonce qu’un sous-marin visiblement anglais est à courte distance, immobilisé en surface. Prudemment, il rentre aussitôt le périscope et appelle son Commandant. Il va falloir se placer en bonne position pour tirer à coup sûr et cela sans alerter l’adversaire. Enfin, une heure plus tard, le sous-marin adverse est en bonne position face aux tubes de l’U 52. Par le périscope, Walther observe qu’il y a trois hommes sur le kiosque et que le submersible est enfoncé dans l’eau jusqu’au pont dans une position de veille, ballasts à demi remplis, prêt à s’immerger très vite en cas de besoin. Une dernière visée puis c’est l’ordre « Los ! » qui libère la torpille. La distance est de 500 mètres et la torpille règlée à 2 mètres de profondeur. Quelques dizaines de secondes plus tard une forte explosion retentit. Coup au but ! U 52 vient en surface et met le cap sur les quelques débris qui flottent encore sur la mer. Au milieu de ces débris, surnageant dans le mazout un homme fait signe. Walther laisse porter jusquà lui tandis que depuis l’U 52 on lui lance un cordage. Quand il prend pied sur le pont, ses premiers mots sont You won the game !7. Une réaction bien britannique car en effet, cette fois, c’est U 52 qui rafle la mise alors que par deux fois les jours précédents il a bien failli lui-même se trouver dans la situation inverse. Cet unique rescapé est le matelot mécanicien Franck Scobie. Il se trouvait sur le kiosque après avoir demandé l’autorisation de monter en griller une ! Prisonnier en Allemagne, il survivra à la guerre. Parfois la vie tient à bien peu de choses. Ce sous-marin anglais est le C34 qui avait appareillé le veille de Scapa Flow pour une mission de surveillance du secteur entre Shetlands et Orcades. A son bord, ils sont 18 hommes à présent en patrouille éternelle.

Deux jours plus tard, U 52 est de retour à Heligoland. Dans son KTB, Walther souligne le mérite tout particulier des 3 hommes qui étaient de quart lorsque les torpilles lancées contre

eux ont été aperçues juste à temps pour pouvoir les éviter. Plus loin, il signale également le mérite de son Second, l’Oblt Ciliax qui a repéré le sous-marin C34 et par sa bonne réaction en a permis cette attaque surprise. Il conclut en disant que tous les quatre se sont taillé une fameuse réputation au sein de l’équipage. Concernant les conditions d’attaque des convois entre Norvège et Shetlands, Walther note que sur 14 jours passés en zone d’opération, 4 jours et demi ont été perdus pour cause de brouillard. Il signale

7 Ceci est rapporté intégralement par Walther dans le KTB de l’U 52

Page 31: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

29

également que les convois sont quotidiens et fortement protégés par des sous-marins ennemis, des destroyers et des dirigeables au point qu’il est rarement possible d’attaquer deux fois de suite le même convoi.

HMS C34. En médaillon son commandant, le Lieutenant Ingleby S Jefferson (Photo IWM retouchée pour inclure le médaillon)

Extrait du KTB relatant la destruction du C34

Page 32: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

30

Patrouille du 16 Août au 15 Septembre 1917 Lorsque le 16 Août U 52 prend la mer pour une nouvelle patrouille son ordre de mission lui enjoint cette fois de faire route vers

l’entrée occidentale de la Manche et la côte française du Golfe de Gascogne en passant à l’aller comme au retour par la route des Orcades.

Lorsque le 16 Août U 52 prend la mer pour une nouvelle patrouille son ordre de mission lui enjoint cette fois de faire route vers l’entrée occidentale de la Manche et la côte française du Golfe de Gascogne en passant à l’aller comme au retour par la route des Orcades.

Durant les premiers jours, la patrouille est sans grands évènements. Le 20 par contre alors qu’il navigue dans l’ouest des Hébrides, Walther aperçoit un gros vapeur anglais escorté par deux destroyers. En plongée il s’en approche et tire une torpille qui fait but. Il s’agit de l’anglais Bulysses qui nécessitera une seconde torpille avant de couler. Les quatre jours suivants sont totalement infructueux en raison d’une profonde dépression dans l’ouest de l’Irlande qui provoque une grosse tempête dans laquelle le sous-marin et son équipage sont mis à rude épreuve. Enfin, le 1er Septembre en fin d’après-midi et à quelques 65 milles de phare de La Coubre, un grand quatre-mâts carré est en vue. U 52 prend la plongée et s’en rapproche pour l’observer de plus près et s’assurer qu’il n’est pas armé puis émerge à 4 milles de lui et aussitôt ouvre le feu pour le faire stopper. Le voilier qui effectivement n’est pas armé ne peut pas se défendre et l’équipage évacue son navire à bord de deux baleinières, c’est un français. Walther fait route sur les embarcations en demandant que le Capitaine se rende à son bord. Ce dernier s’exécute, Hans Walther le fait monter à bord du sous-marin avec une dizaine des hommes

présents dans la baleinière. Un officier et 4 marins allemands les remplacent et se font conduire jusqu’au voilier. Pendant ce temps, Walther interroge le Capitaine Hunault qui lui révèle le nom de son bateau : Tarapaca. Il vient du Chili avec une cargaison de 4000 tonnes de salpêtre. Hans Walther se montre très affable envers le Capitaine avec qui il engage la conversation en français et lui révèle que c’est lui qui a coulé Emma Laurans en Décembre de l’année précédente mais là où l’histoire devient plus extraordinaire, c’est lorsque Hunault reconnaît parmi les officiers du sous-marin un homme qu’il a connu quand il était lieutenant sur un voilier de Hambourg lors d’une escale au Chili,8 ce que l’Allemand confirme également. Si ce n’était la guerre on fêterait cette rencontre avec une bonne bouteille… hélas, les temps ont changé. Enfin, au bout de deux heures, les marins allemands regagnent U 52 et rendent la liberté aux français non sans avoir pris provisions et instruments de navigation à bord du Tarapaca. Peu après, les charges de sabordage explosent et le grand quatre-mâts disparaît en deux minutes. Le lendemain 2 Septembre, dans l’ouest de Belle Ile, le vapeur armé anglais Wentworth est torpillé en plongée. Il transportait du matériel de guerre de New York à La Pallice. Le Capitaine et deux canonniers sont fait prisonniers. Le 3 au large d’Ouessant U 52 lance contre un vapeur mais la torpille manque et le sous-marin faisant surface l’engage au canon. Il s’avère très vite à son armement qu’il s’agit là d’un bateau-piège mais U 52 ne peut finalement rien tenter de plus en raison de l’approche de deux destroyers. A présent sur le chemin du retour, le sous-marin se trouve le lendemain à l’ouvert de la Manche où il torpille l’anglais Peerless un vapeur armé dont là aussi le Capitaine et deux canonniers sont fait prisonniers9. Toujours dans ce secteur, U 52 attaque le lendemain un convoi d’une vingtaine de gros vapeurs escortés par un croiseur et 4 destroyers. Malgré cette protection, Walther parvient à se mettre à portée de tir et lance avec succès contre le pétrolier anglais Echunga qui ne tarde pas à couler. Tout de suite après, Walther lance une torpille qui manque sa cible mais continuant sa course, elle atteint le pétrolier anglais San Dunstano qui bien qu’endommagé, parviendra à gagner un port. Les destroyers prennent alors en chasse le sous-marin sur qui seront lancées 4 grenades sous-marines qui explosent sans doute à faible distance car les explosion sont indiquées par Walther comme étant fortes. Les jours suivants sont plus calmes, U 52 passe les Orcades le 10 et s’attaque le lendemain à un convoi dans l’est des îles. La torpille tirée en plongée atteint cette fois le vapeur russe Tobol qui est coulé.

Le 15 Septembre U 52 est de retour à Heligoland où trois jours plus tard Hans Walther quitte son commandement pour prendre le 2 Octobre 1917 la tête de la I U-Flottille Flandern à Bruges, poste qu’il occupe jusqu’à la fin de la guerre.

Hans Walther est l’un des meilleurs commandants d’U-Boot de la Première Guerre Mondiale. Apprécié de tous pour son courage et

ses qualités humaines, ll termine la guerre avec un palmarès supérieur à 100 000 tonnes obtenu en moins de trois ans ce qui le classe au nombre des As.

41 navires marchands coulés pour 90.772 tonnes,

3 bâtiments de guerre dont un sous-marin coulés pour 18.470 tonnes

Auxquels il convient d’ajputer

3 vapeurs endommagés représentant 11.507 tonnes

1 bâtiment de guerre endommagé 1.250 tonnes

2 navires capturés représentant 4.956 tonnes

8 Cet officier n’a pas encore été identifié 9 Le rapport de mer de ce Capitaine a été retrouvé et peut être consulté sur le site internet uboat.net à la page du Peerless.

Page 33: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

31

Tous les navires coulés ou endommagés avec U 52

Navire Pav. Tonn. Date Position

ONWARD (chalutier armé) 266 11 7 1916 Au large d’Aberdeen

NOTTINGHAM (HMS) 5400 19 8 1916 Mer du Nord 55.34N, 00.12E

CONQUEROR II (chalutier armé) 526 26 9 1916 NW Fair Isle

SARAH ALICE (chalutier armé) 299 26 9 1916 N Fair Isle 5944.6N, 0140.1W

ST. GOTHARD 2788 26 9 1916 T- 12m NbW Fair Isle 5941N 0145W

EGYPTIANA 3818 25 11 1916 W Portugal (endommagé)

SUFFREN (MN) 12750 25 11 1916 T- 90m W Portugal 3930N 1100W

EMMA LAURANS (3mâts) 2153 10 12 1916 Sabordé devant Gran Canaria 2748N, 2316W

MICHELINA CATALANO (voilier) 78 30 3 1917 G- N Sardaigne

MISSOURIAN 7924 4 4 1917 G- au large de Porto Maurizio (Ita.) 4331N, 0814E

RAVENNA 4101 4 4 1917 T- 2 miles off Cape Mele 4400N, 0828E

ANGEL MARINA (s/v) 257 5 4 1917 Mer Ligurienne

SEWARD 2471 7 4 1917 S- 22m. NE Cap Bagur (25m E de Port Vendres)

ALBA 1639 8 4 1917 S- 3 miles de Garraf, SW de Barcelone

ESTEREL 2574 9 4 1917 T- large Port Vendres (20 miles du Cap Bear) 4239N 0330E

ANSGAR (voilier) 301 11 4 1917 Golfe de Valencia

GLENCLIFFE 3673 12 4 1917 2,25m SE Tabarka Isl (au large Alicante)

TRES MACS (voilier) 163 14 4 1917 Entre Gibraltar et Cap St Vincent

CABO BLANCO 2163 15 4 1917 SW du Cap Santa Maria, Portugal 3648N, 0740W - endommagé

CRIOS 4116 16 4 1917 Au large de la côte portugaise

SENHORA DA CONCEICAO (voilier) 206 19 4 1917 S- N Cap Finisterre

CAITHNESS 3503 20 4 1917 T- 130m NWbN Cape Ortegal 44N 10W

ACADIA (3 mâts) 1556 23 4 1917 S- 65m NW of Tory Is.

STALHEIM 1469 3 7 1917 G- 5952N, 0124E – endommagé par artillerie

FLORA 818 6 7 1917 12 miles NE de Lamba Ness

PRINCE ABBAS 2030 9 7 1917 T- 29m E Fair Isl.

VANDA 1646 11 7 1917 T- 6015N, 0120E

FREDRIKA 1851 12 7 1917 T- 50m E des Iles Orcades 59.08N-00.54E

C.34 (HMSub) 321 17 7 1917 T- Entre Orcades et Shetlands 5930N 0005E

BULYSSES (tanker) 6127 20 8 1917 T- 142m WNW Butt of Lewis 5835N 1124W per KTB

TARAPACA (4 mâts carré) 2506 1 9 1917 S- 65m W de la Coubre

WENTWORTH 3828 2 9 1917 T- 36m W¼S Belle Ile

PEERLESS 3112 4 9 1917 T- 60m SW Bishop Rock 4911N, 0716W

ECHUNGA (tanker) 6285 5 9 1917 T- 40m. NbE Ouessant 4900N, 0612W

SAN DUNSTANO (tanker) 6220 5 9 1917 T- 40m N Ouesant – endommagé torpille

TOBOL 3741 11 9 1917 T- environ 70 milles ESE de Duncansby Head 5820N, 0100W

Après la guerre civile de 1919-1920 au cours de laquelle il sert dans les Corps Francs où il est Commandant du 2e Bataillon

d’Assaut du 3e Régiment de la Marine Division à Kiel, il reprend du service dans la Reichsmarine qui le nomme Chef du Personnel de la Divison Marine de la Baltique du 11 Juin au 9 Octobre 1919 avant de lui confier le commandement de la batterie côtière Friedrichsort à Kiel jusquà la fin du mois de Mars 1920 à la suite de quoi il prend une disponibilité de quatre mois.

Il revient au service en Juillet 1920 au département Inspection des Mines et Torpilles de la Station Marine Baltique où il prend la direction du service imprimerie jusqu’en Janvier 1921 puis occupe divers postes dans ce même département jusqu’à la fin Mars 1923.

Promu Korvettenkapitän au 1.3.1921 Entre avril 1923 et Décembre 1924, il est chef de service à l’Etat-Major de la Marine puis prend la direction du Département

Torpilles au chantier de Wilhelmshaven jusqu’en 1926 avant de retrouver la station Navale de la Baltique pendant les trois années suivantes.

Promu Fregattenkapitän le 1.4.1928, il quitte le service le 30 Septembre 1929 avec le grade de Kapitän zur See (Capitaine de Vaisseau) de réserve.

En 1936, il est réactivé dans la nouvelle Kriegsmarine en charge du bureau de recrutement de Coblence poste dans lequel il est

confirmé dans le grade de Kapitän z.S. puis promu au rang de Konteradmiral le 19 Août 1939. De janvier 1941 à la fin Août 1942 il est en charge du bureau de recrutement d’Essen puis c’est la retraite définitive. Hans Walther se retire à Coblence avec les honneurs dus à une belle carrière. De rudes épreuves sont encore devant lui comme

devant le peuple allemand. Son comportement dans la guerre, en particulier à chaque fois qu’il a eu affaire à des marins français ainsi qu’en attestent les déclarations des équipages, a toujours été irréprochable même s’il faut bien reconnaître qu’il se montra parfois bien moins conciliant avec l’adversaire britannique.

Page 34: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

32

Durant la 1e Guerre, il a reçu les décorations suivantes : - Croix de Fer 2e et 1e Classe - Hausorden von Hohenzollern - Pour le Mérite - U-Bootsabzeichen

Hans Walther est décédé à Coblence le 4 janvier 1950 à l’âge de 67 ans.

Sources : - Kriegstagebuch U 17 et U 52, BAMA Freiburg et NARA Washington - The National Archives, Kew, GB, fonds ADM137 - Service Historique de la Défense, Vincennes, fonds SS G - Der Handelskrieg mit U-Booten, K.Adm. Arno Spindler. Vol. 1 à 5 publiés entre 1929 et 1964 par E.S. Mittler & Sohn, Frankfurt - Ehrenrangliste der Kaiserlich Deutschen Marine, K.Adm A. Stoelzel, Berlin, Marine Offizier Verband, 1930

Page 35: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

33

LES GRADES DANS LA MARINE IMPERIALE

Les Officiers supérieurs et généraux (2/2)

Corps des Officiers de Marine

Manche Parement d’épaule Epaulette

Fregatten Kapitän

Kapitän zur See

Konter Admiral

Vize Admiral

Page 36: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

34

.

Manche Parement d’épaule Epaulette

Admiral

Groß Admiral

Officiers supérieurs du Corps des Officiers Mécanic iens

Oberstabsingenieur

Chef Ingenieur

Page 37: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2

35

Au sommaire du N° 3 (prévision)

► En patrouille avec U 35 (suite) ► Anatomie d’un U-Boot : choix selon l’article ci-après ► « Scapa Flow, Acte 1 » ou « Jamais un vendredi 13 ! » ► Portrait d’un Commandant : Hans Joachim Emsmann ou Edgar Freiherr von Spiegel ► U – UB – UC les différents types d’U-Boote Parution prévue fin juillet

© Mai 2011

Toute reproduction même partielle en dehors d’une c opie à usage privé est interdite sans le consenteme nt écrit de l’auteur.

Page 38: La guerre sous-marine 1914-1918  No 2