LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°234

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  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

    1/171n 234 - 20 novembre 2015 - Communes - la l ettre

    234 - 20 novembre 2015

    CommunesDpartements & Rgions deFrance

    DITORIAL,par Pierre Cohen

    eFN SR

    La lettre lectronique de Communes de Franceet de la Fdration nationale des lus socialistes et rpublicains8 bis, rue de Solfrino - 75007 Paris Tlphone 01 42 81 41 36 Fax 01 48 74 00 78 [email protected]

    V

    endredi soir 13 no-vembre, la France a,une nouvelle fois, t

    frappe par des atten-tats, Paris et en Seine-St-Denis. Un groupe terroriste or-ganis a fait plus de cent trentemorts sur notre sol et plusieurscentaines de blesss. Je souhaiteexprimer aux familles, aux amiset aux proches des victimes, nos

    sincres condolances. Je souhaite dire nos collgues lus deParis et de Seine-St-Denis notre fraternel soutien. Je souhaiterendre un hommage appuy toutes celles et tous ceux qui,faisant une fois encore lhonneur du service public, ont secourules victimes et affront ces terroristes.

    Quelques heures seulement aprs ce terrible drame, le Pr-sident de la Rpublique a su ragir avec sang-froid, matrise etdignit en prenant les dcisions ncessaires : la proclamationde lEtat durgence, lenvoi de forces ariennes en Syrie, puis lex-pression devant la reprsentation nationale runie en Congrs.Le Prsident la dit, il ny a quun seul but la guerre dans la-quelle la France est entre : dtruire Daesh. Pour assurer le suc-cs de cette entreprise, la France proposera une rsolution auxNations-Unies, demandera la cohrence europenne et uneseule coalition pour se battre contre Daech.

    A travers ces assassinats, massifs et coordonns, ce sont les

    valeurs de la France qui ont t attaques, au cur de Paris,dans des quartiers o la population, de tous les ges, de toutesles confessions, de toutes les origines, a lhabitude de se mlerpour clbrer la vie. Cest ce qui fait la France, cest ce qui carac-trise notre peuple qui a t vis : son attachement la libert, lgalit, la fraternit et la lacit.

    LEtat joue pleinement son rle en assumant ses comptencesrgaliennes, dans cette priode de crise. Dans cette situation ex-

    ceptionnelle, les lus locaux mesurent prcisment lenjeu de laporte de leur mission. Car cest bien dans nos communes, auquotidien, que se construisent le vivre-ensemble, la tolrance et

    le respect. Plus que jamais, dans nos choix, dans les arbitragesque nous oprons dans nos collectivits, nous devons faire durenforcement de la cohsion sociale la premire de nos priorits.

    Cette cohsion sociale, ce sont les lus locaux qui, jour aprsjour, dans un partenariat troit avec lEtat et au contact directavec la population, en sont les garants. Pour organiser la viede la cit, dans laquelle chacun trouve sa juste place et se sentebien, quelle que puissent tre les diffrences entre les habitants.

    Aujourdhui, nous le sentons bien sur nos territoires, la peurque veut nous imposer Daesh gagne des esprits, car, contrai-rement aux attaques de janvier qui avaient vis des symbolesou une communaut, les attentats de la semaine dernire ont

    montr que Daesh frappait de faon indiffrencie. Et cettepeur, nous en connaissons les consquences potentielles :une conscience collective qui glisse peu peu et sextrmise,lmergence damalgames dsignant des pans entiers de la po-pulation franaise la vindicte, et des passages aux actes deceux qui se sentent encourags, y compris par loutrance decertaines paroles publiques.

    Laffrontement de catgories de Franais, la dstabilisation dela Rpublique, la rupture du pacte social sont exactement lesobjectifs recherchs par Daesh. Face cela, les lus locaux etlensemble des agents territoriaux ont une mission : rassurer,expliquer, mais aussi prvenir. Prvenir de la radicalisation po-

    tentielle de certaines jeunes qui, isols, faibles, ne se voyant au-cun avenir, se laissent gagner par des projets fous.

    Ce sont des dfis qui sinscrivent dans le temps car la menace dure-ra elle-aussi, nous en sommes tous conscients. Les lus socialisteset rpublicains sont pleinement conscients du rle qui est le leur, fi-dles aux valeurs qui fondent leur engagement pour la collectivit.

    Pierre Cohen, prsident de la FNESR

    Face la barbarie, raffirmons nos valeursde libert, d'galit, de fraternit et de lacit

    Som

    maireLettre aux militants socialistes- Le courrier de Jean-Christophe Cambadlis aux membres du PSLe Rassemblement des maires de France- Le Prsident de la Rpublique devant 2 000 maires runis ParisMandats locaux- Scurit : le gouvernement en soutien aux polices municipalesLe Congrs du Parlement- Franois Hollande : "La France est en guerre"- Extraits des interventions des prsidents des groupes PS et PRG

    Prvention de la radicalisation- Malek Boutih : "Le combat ne peut pas tre au point d'arrivede la radicalisation"

    En bref- L'appel du Conseil franais du culte musulman

    A lire- Quelques livres parus sur l'aprs-Charlie

    http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/http://www.maisondeselus.fr/communesdefrance/
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    2 Communes - la lettre - n 234 - 20 novembre 2015

    FOCUSLETTREAUXMILITANTSSOCIALISTES

    Cher-es ami-es,Chers compagnons de lunit,Cher-es camarades,

    La Marseillaise a retenti, lundi 16 no-vembre 2015, dans la salle du Congrs

    au Palais de Versailles, chante partoutes les reprsentantes et reprsen-tants de la nation. Elle a fait cho au dis-cours du Prsident de la Rpublique quiincarnait la France dans lpreuve.

    Ce fut l, la Concorde nationale pour ladfense de la Rpublique, ses valeurs, salacit, son vivre ensemble.

    La France est rentre en rsistance face une arme terroriste se rclamant dunevision fanatise de lIslam.

    La France, fidle son message des Lu-mires, a dans un mme lan dcid : Ilsne passeront pas !

    Lassassinat de masse perptr le ven-dredi 13 novembre annonce un combatvital pour ce que nous sommes. Il an-nonce des annes de sang, des annesde guerre.

    Nul nen doute maintenant.

    Comme la raffirm le Prsident de laRpublique, le but de la guerre nest pasle conflit de civilisations, mais la destruc-

    tion de Daech, pour que vive la coexis-tence pacifique des civilisations.

    La France a t durement frappe danssa chair et dans ses valeurs. La France sedoit de rpondre avec ampleur.

    La reprsentation nationale runie enCongrs a fait bloc. Le Prsident de la R-publique, conformment notre consti-tution, a dlivr son message la nation.

    Il nous faut dabord tre auprs des famillesendeuilles et accompagner les blesss.Nous partageons tous leur souffrance, tout

    comme nous ressentons la peine, la colre,la peur de tous nos concitoyens.

    Il sagit de mener une guerre totale enne perdant jamais de vue le but : dtruireDaech et son jihad global nihiliste.

    La France a bombard Raqqa, capitalede larme terroriste et continuera defrapper les infrastructures de comman-dement et dentranement l o il le faut.La France veut continuer le faire dansun cadre international lgal, avec lespuissances qui partagent ses objectifs.

    La France proposera une rsolution auxNations-Unies, demandera la cohrenceeuropenne et une seule coalition pourse battre contre Daech.

    Toutes les nations du monde, quelle quesoit leur philosophie ou leur religion,sont devant leurs responsabilits : Au-cun soutien Daech, un isolement mon-dial, une destruction totale .

    En France, nous mnerons une luttesans relche contre la propagande terro-riste, partout o les sergents recruteursde la haine exercent leurs talents pourles tnbres.

    Ensuite, il sagira dassurer nos conci-toyens la scurit maximale, cest essen-tiel. La mise en place de ltat durgence,le rtablissement des contrles aux fron-tires et le dploiement de 3 000 soldats,laugmentation des moyens pour ladmi-nistration, les services judiciaires et lesdouanes, sont des dcisions exception-nelles mais indispensables. Ces mesurespermettront dacclrer considrable-ment le travail denqute et de renforcersensiblement nos dfenses. Les modi-fications du cadre constitutionnel et l-gislatif seront ncessaires pour tre lahauteur de lvnement.

    " Dtermination ! Sang-froid !

    Rassemblement dans la dignit ! "Jean-Christophe Cambadlis,1ersecrtaire du Parti so-cialiste a adress une lettre l'ensemble des militantssocialistes, le 20 novembre.

    Communes de Francelapublie dans son intgralit

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    FOCUSLETTREAUXMILITANTSSOCIALISTES

    Enfin, troisime dimension de notre ri-poste, il faut assurer la Concorde nationale.

    Celle-ci va au-del de la simple unit

    nationale. Il ne sagit pas de laffaire desseuls partis, mme si chacun compren-dra quil faut tre uni. Il sagit du peuplede France tout entier, dans sa diversit.Il sagit de mettre toutes et tous sousla protection nationale. Il sagit de fairechec lobjectif stratgique de Daech :transformer lagression en guerre de re-ligion.

    Des compatriotes musulmans ont ttus et blesss comme tous les Franais

    Pourtant, les rseaux sociaux se sontremplis de haine et des exactions contreles mosques ont t perptres. Elles nesont pas acceptables au nom de la Rpu-blique et du combat contre Daech.

    Cher-es ami-es, ltat durgence va treprolong.

    Dans les mois qui viennent, il va falloirtre des citoyens durgence mais aussides militants durgence, sachant adopterle bon comportement, portant les bonsarguments. Sachons-le, nos concitoyensnous regardent, ils attendent de nousdes rponses et que le gouvernementissu de nos rangs agisse, sans se prcipi-ter et sans trembler.

    Dans ce moment si difficile, si pesant, ilfaudra de la dtermination.

    Le Parti socialiste est dtermin. Il estdtermin car il doit assumer son rledmocratique essentiel pour clairer lesdbats et orienter les dcisions.

    Le Parti socialiste est dtermin soutenirtous les efforts des autorits franaises

    pour dtruire Daech. Le Parti socialisteest dtermin dfendre nos valeurs etnotre mode de vie, donc dtermin d-fendre la Concorde nationale car cest lameilleure rsistance contre la barbarie, lemeilleur antidote contre la haine.

    La campagne lectorale va reprendreses droits lundi avec le dbut de la cam-pagne officielle et la guerre psera sur les

    dbats. Ce nest pas seulement normal,cest dcisif.

    Le Parti socialiste lance un appel : Auxurnes les citoyens . Cest une autre ma-nire de combattre en montrant unpeuple debout. Voter cest dmontrerque la dmocratie est plus forte que laterreur.

    Dans cette campagne, il faudra dfendrelintrt gnral et dployer une attituderpublicaine rassemble, tre le ple destabilit, dunit et le cur de la lutte.

    Nous dfendrons les dcisions de laFrance au combat. Nous plaiderons sansrelche pour lunit, pour que vivent lalibert, lgalit et la fraternit.

    Nous serons au niveau national, commeau niveau local, le Parti de la Concordenationale pour que vivent la Rpubliqueet le vivre ensemble.

    Nous refusons ceux qui veulent nousdiviser en instillant le poison de la sus-picion.

    De nombreuses questions vont tre

    abordes. Non seulement nous y rpon-drons et nous allons lancer un dbatnational : le dialogue dans la dignit etle rassemblement. Nous irons au-devantdes Franais dans des cafs dbats, surles marchs pour rpondre leurs ques-tions et plaider sans relche pour lunion.

    Nous regrettons quune droite divisehsite entre lunion nationale et rupturenationale. Mais nous ne polmiqueronspas. Lextrme droite elle, fidle sa na-ture, tentera de faire de llection un rf-

    rendum contre les musulmans Nousrpondrons sans ambigut.

    La chasse aux musulmans cest affai-blir la France et inscuriser les Franais.Nous devons aux Franais la Concordenationale, pas la guerre civile.

    Nous sommes tous Franais , Nousaimons la vie en France , Nous vou-lons protger le vivre ensemble . Touteautre querelle est subalterne et affaiblitla Rpublique . Nous coutons lesavis, les propositions, nous les reprenons

    dans un esprit defficacit et dunion . Mais nous ne polmiquerons pas. Si lavie continue et elle continuera, si le dbatreste libre et il le restera, nous refusonsde donner le spectacle de chamailleries

    alors que la France est dans la peine etle combat . Lunit fait notre force et le

    sang-froid notre dignit .

    Et nous ne ferons pas croire que les r-gions puissent rgler le conflit en cours.Mais en faisant vivre le vivre ensemble,et en en faisant une priorit budgtaire,nous avons conscience de participer lergler.

    Enfin, nous dirons notre fiert de lactionferme, rassembleuse du Prsident dela Rpublique qui, dans cette nouvellepreuve, a non seulement eu les mots

    justes mais les dcisions justes.

    Je suis persuad que notre formation po-

    litique saura faire face, comme le dbatau bureau national extraordinaire la d-montr, dans lunit, dans la discussionfraternelle, dans la volont de se battresur notre triptyque commun : la guerretotale contre Daech, la scurit maximalepour les Franais, la Concorde nationale.

    Au-del de la comptition de premiertour que nous avons toujours combat-tue, nous ne serons pas seuls. Il faut noterque, Ccile Duflot, dans une interventionremarque au Congrs ou Emmanuelle

    Cosse et Pierre Laurent devant le Pr-sident de la Rpublique le 15 novembredernier, sans oublier les reprsentantscommunistes au Parlement, lianeAssassi, Andr Chassaigne et CorinneBouchoux pour le groupe cologiste auSnat, tous ont dclar leur accord globalavec les mesures nonces par le Pr-sident. Ce qui tait dj en cours, savoirlalliance de second tour, va saccentuer.Les Franais sont dignes, rassembls etcourageux, prenons exemple sur eux.

    Voil, cher-es ami-es, cher-es camarades,les conditions dune fin de campagnedont lorganisation sera tout la foisperturbe et politiquement rvalue auregard de lHistoire.

    Amitis socialistes,

    Jean-Christophe Cambadlis

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    FOCUSRASSEMBLEMENTDESMAIRESDEFRANCE

    Le Congrs des maires 2015 a trduit une demi-journe. Il navoqu que les questions les plusurgentes en lien avec lactualit,hormis une assemble gnrale

    statutaire rapidement expdie. Au pre-mier chef, bien sr, figure la lacit, dont legroupe de travail avait t dcid lors du

    prcdent Congrs, en novembre 2014,mais dont les tueries de janvier et denovembre ont rappel quelle tait la pre-mire vise par le fanatisme qui inspireles assassins. Ils rcusent en effet lidequon ne puisse pas tre soumis unevrit rvle et en particulier la leur. Les"mcrants" doivent tre chtis et privsde la vie ; leur existence est tout simple-ment nie. Les dogmes qui transpirentde ce fanatisme morbide ainsi que lapropagande diffuse sur internet et ac-

    cessible hlas tous en tmoignent.Coprsident du groupe de travail lacit,Patrick Molinoz a prsent les grandeslignes du vade-mecum labor parlAMF et diffus largement lensembledes maires de France pour leur rappeler la fois quelques lments conceptuelsmais aussi et surtout pour leur don-ner des outils pratiques pour rpondreaux situations auxquelles ils sont, pourcertains dentre eux, quotidiennementconfronts. Il est vrai que, depuis une

    vingtaine dannes, le retour du religieuxstant impos dans la quasi-totalit de lasphre sociale et publique, cest aux prin-cipes laques quil convient de sadosserpour prserver un "vivre ensemble" queles maires entendent maintenir en dpit

    des surenchres et des revendicationscroissantes dont ils sont lobjet, y comprisdevant les tribunaux lorsquils ne cdentpas aux demandes parfois inspirespar un communautarisme sans borne.Le maire PRG de Vnarey-les-Laumes arappel que la lacit est un principe qui"agrge", "pacificateur", loin des carica-

    tures de ceux qui la dvoient dun ct duspectre politique ou qui la caricaturentpour mieux labattre de lautre ct. Pa-trick Molinoz a soulign combien ceslectures de la lacit taient en ralit enopposition avec lesprit de la loi de 1905.Ce principe a donc besoin dune "revita-lisation"dont les maires sont les mieuxplacs pour lassurer.

    Sagissant du vade-mecum lui-mme, ilentend donner des rponses pratiquesaux maires qui sont sollicits pour lattri-

    bution de subventions des associationsdont il convient de sassurer quelles res-pectent un minimum de rgles rpubli-caines, en particulier quant lgalit detous les citoyens, et que les discrimina-tions envers les femmes ne peuvent enaucun cas faire lobjet dun soutien finan-cier de la puissance publique, fut-ellelocale. Sagissant des crches de Nol,qui avaient donn lieu des polmiqueslan pass aprs des initiatives du Conseilgnral de Vende et de la mairie de B-

    ziers, lAMF interpelle ltat et le lgisla-teur afin de "trancher" dans la mesureo la jurisprudence gnre des contra-dictions patentes. Le prsident de lAMF,Franois Baroin, sest inscrit lui aussidans le registre consensuel qui a prsid

    Les maires, plus que jamais

    fantassins de la RpubliqueLe Congrs des maires deFrance a t report auprintemps prochain enraison des tueries perptres

    dans la capitale et en Seine-St-Denis, le 13 novembredernier. Un rassemblementa toutefois t maintenu,le 18 novembre, dans uneatmosphre de gravit et deresponsabilit exception-nelle. Le prsident de la R-publique, Franois Hollande,

    sest exprim en conclusionde ce rassemblement orga-nis au Palais des Congrsde la Porte Maillot

    A.Fevrier-A

    MF

    Photos:BrigitteBossu

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    FOCUSRASSEMBLEMENTDESMAIRESDEFRANCE

    aux travaux des maires sur la lacit, etsoulign la ncessit dune "reconqute"aprs que celle-ci ait subi depuis desannes par trop "daccommodements".Le maire de Troyes, au risque de se d-marquer de nombreux responsables

    de son parti, a ainsi assur que la loi de1905, en ltat, permettait de rpondreaux questions de principe poses parla lacit aujourdhui. Dans le cadre dudbat organis ensuite, beaucoup demaires sont intervenus sur le thmede la lacit. Le maire de Wittenheim,le haut-rhinois Antoine Hom, parexemple, sest alarm de lextension desphnomnes de dscolarisation et de lamanire dont les jeunes se runissaientde plus en plus selon des critres eth-

    niques ou religieux. Maire de Sarcelles,

    dans le Val-dOise, Franois Pupponi, adonn la mesure du chantier qui reste accomplir pour les responsables pu-blics : Tous les jours, des jeunes, parfoismme des trs jeunes, sont happs pardes rseaux djihadistes dans nos quar-tiers. Qui va tre en mesure de contre-carrer ces phnomnes ? Nous avonsbesoin de mesures trs prcises et trsconcrtes ! . Beaucoup de maires sontintervenus sur le thme de la jeunesse,comme Christophe Rouillon, maire deCoulaines (Sarthe), qui dveloppe dans

    le cadre des activits priscolaires ladiffusion des valeurs rpublicaines endirection des jeunes de sa commune.Pour Olivier Dussopt aussi, il y a urgence imaginer des rponses concrtes pour

    faire face la situation : En janvier, lestueurs sen taient pris des symboles.Le 13 novembre, ils ont montr quils

    pouvaient sen prendre tout le monde.Nous ne pouvons plus nous contenterde mots , observe le maire dAnnonay

    et prsident de lAssociation des pe-tites villes de France. Toutes tendancesconfondues, les maires se retrouvaientdans lanalyse dAndr Laignel pour quiles lus municipaux sont des vecteursessentiels de diffusion des principes dela Rpublique. Les rponses apportes

    par les communes, elles sont celles quivitent la socit de se dliter compl-tement , assurait ainsi le maire dIs-soudun et 1ervice-prsident dlgu delAMF.

    Dans sa forme initialement prvue, leCongrs de lAMF avait sollicit deux ob-servateurs de la socit pour clairer lesdbats. Le politologue Pascal Perrineau etlacadmicien et romancier Erik Orsennaont tour tour livr leur expertise, mmesi cela sest fait sous une forme conden-se. Le premier a ainsi corrobor lideselon laquelle les valeurs de la Rpu-blique, ce sont les maires qui les portentet les incarnent , ces derniers bnficiantgnralement dune confiance levealors que partout ailleurs, la dfiance est

    gnralise . La dmocratie locale aainsi un rle dcisif jouer et il faut ac-centuer la dcentralisation, assure PascalPerrineau. Les maires assurent dune cer-taine manire la dcentralisation des va-

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    FOCUSRASSEMBLEMENTDESMAIRESDEFRANCE

    leurs. Le pouvoir doit faire confiance auxmaires car le peuple leur fait confiance .

    Pour lacadmicien, laccent doit tremis durgence sur lcole et il sinsurge

    contre le fait que les exemptions descolarit se multiplient travers le ter-ritoire. Il faut aussi, selon Erik Orsenna,endiguer ce quil estime inaccep-table , la dgradation continue de lacapacit des lves de lire et dcrire. Lespcialiste de gographie a aussi misen cause les rformes successives enmatire de dcentralisation : La clartdans les rformes est essentielle. Lesrformes quon ne comprend pas etqui manquent de clart engendrent le

    simplisme et donc le populisme. Nousavions parat-il un millefeuille, nousavons en plus un mikado ! . linstarde plusieurs maires, Erik Orsenna a r-pondu ceux au sein du patronat oudes "think-tank" qui mettent en cause lenombre de communes en France : Il ya 36 000 maires ? Tant mieux ! Heureu-

    sement quils sont l ! Mfions-nous decertaines modernits : si la modernit ale prix du dsert, je nen veux pas ! , a-t-illanc, dplorant que la politique dam-nagement du territoire ne soit pas plusvolontariste.

    En prsence du Prsident de la Rpu-blique, ldition restreinte du Congrsdes maires 2015 a permis aux lus den-tendre successivement le 1er vice-pr-sident dlgu, le prsident du Snat, lamaire de Paris et le prsident de lAMF.Autour du Premier ministre, ManuelValls, taient prsents le ministre de laDfense, Jean-Yves Le Drian, la garde dessceaux, Christiane Taubira, la ministrede la Dcentralisation, Marylise Lebran-chu, et le secrtaire dtat la Rformeterritoriale, Andr Vallini. Le ministre delIntrieur, Bernard Cazeneuve tant deson ct retenu St-Denis par linter-vention policire visant neutraliser etcapturer les complices de la tuerie du13 novembre.

    Cest la Rpublique que les territoiresvoulaient abattre, a lanc Andr Lai-gnel en introduction son propos. Lalibert, lgalit, la fraternit, la lacit, ce

    sont les valeurs exactement contraires celles des tueurs . Pour Grard Larcher,

    cette preuve inflige par ces individus aveugls par le fanatisme islamistedoit renforcer notre rsolution d-fendre ce que nous sommes et incar-nons. Trs mue, la maire de Paris, unecapitale martyrise , a relev : Ilsont cherch nous interdire de vivre.Mais face ce terrorisme barbare, nousresterons debout. Nous continuerons assumer notre identit collective . AnneHidalgo a salu la magnifique unitqui se dgage de cette assemble , t-moignant aussi des innombrables mes-

    sages parvenus des villes du mondeentier en direction de la capitale de laFrance. La maire de Paris a t applaudielonguement et debout par lensembledes maires lissue dun discours dontla gravit le disputait la dtermination.Pour Franois Baroin, les auteurs decette folie meurtrire ne sen sont pas

    pris ltat mais la socit tout en-tire . Dans ce contexte, les maires

    sont mobiliss aux cts de ltat , aassur le prsident de lAMF, citant par

    exemple leur rle dans la dtection desphnomnes de radicalisation. Il a aussiexpliqu que les questions de scuritet de lutte contre le terrorisme devenantune priorit, il convenait dassurer parexemple une meilleure formation auxmembres des CLSPD. Nous pouvonsvous aider mettre en uvre le pactede scurit , a complt le maire deTroyes en sadressant au chef de ltat.Mentionnant laction des polices muni-cipales aux cts des forces dtat, Fran-ois Baroin a aussi soulign combienles maires gagneraient tre mieuxinforms des initiatives de ltat dans ledomaine de la scurit lorsquils sontconcerns. Pour endiguer les foyers den-doctrinement et de radicalisation, nous

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    FOCUSRASSEMBLEMENTDESMAIRESDEFRANCE

    pouvons mieux faire , a ainsi expliqule prsident de lAMF. En concluant sonpropos et en dsignant ses milliersde collgues prsents au palais des

    Congrs, le maire de Troyes a aussivoqu lune des propositions misesdepuis le 13 novembre : Monsieur lePrsident de la Rpublique, laile avan-ce de la Garde nationale, elle est l sousvos yeux ! .

    Rendant dabord hommage aux forcesde scurit pour leur action, le Prsidentde la Rpublique la rpt : Ces actionsnous confirment, une fois encore, quenous sommes dans la guerre, une guerrecontre un terrorisme qui, lui-mme, adcid de nous mener la guerre. Cestlorganisation djihadiste Daesh. Elle dis-

    pose dune arme, de ressources finan-cires, ptrolires. Elle occupe un terri-toire, elle a des complicits en Europe etdans notre propre pays, avec des jeunesislamistes radicaliss. Elle commet desmassacres, l-bas, et veut tuer, ici. Elle atu. Au cours de la nuit du 13 novembre,au moins 129 personnes ont perdu lavie. Nous pensons elles, ces femmes, ces hommes qui ont t lchement as-

    sassins, bless, traumatiss. Nous pen-

    sons leurs familles, plonges dans unindicible chagrin . Face la volont deplonger le pays dans leffroi et la divi-

    sion , Franois Hollande a au contraire

    appel prserver lunit qui fait notreforce .

    Le Prsident de la Rpublique a aussi

    confirm leffort de recrutement pourles forces de scurit, la justice, lesdouanes. Plus de 8 000 postes sontcrs dans ces administrations civileset plus aucun poste ne sera suppri-m dans les Armes : Cela veut direconcrtement davantage de policiers,de gendarmes dploys dans les com-munes de France avec des personnelsmieux quips et mieux arms. Il y auraaussi, srement, et le prsident Baroin

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    FOCUSRASSEMBLEMENTDESMAIRESDEFRANCE

    Outre un rappel de la dfinition et du droit, le vade-mecum de l'Association des mairesde France se veut avant tout un outil trs pratique, immdiatement utilisable par lesmaires pour rpondre des situations concrtes en matire de lacit. Le financentdes associations, les crches et la petite enfance, la restauration scolaire, les sortiesscolaires, l'encadrement des activits pri et extra-scolaires, l'galit filles-garons, lestenues l'cole, les coles prives hors contrat, les activits culturelles et sportives, laneutralit des lus, des agents et des btiments publics, le parrainage rpublicain, lemariage et les funrailles, la mise disposition de salles communales et enfin les s-pultures Sur tous ces sujets, le vade-mecum fournit la fois un rappel du droit et desprconisations. Il recense aussi les thmes sur lesquels l'AMF a interpell les pouvoirspublics pour obtenir des clarifications, l ou des ambiguts ou des imprcisions de-meurent. Trs pratique galement, le modle pour une charte communale ou inter-

    communale et un modle de clauses types pour une convention d'objectifs.Pour tlcharger le vade-mecum :http://www.amf.asso.fr/document/?DOC_N_ID=14082&refer=siteinfos

    men a fait la proposition, rflchir surce que nous pouvons faire avec les collec-tivits locales pour assurer la vigilanceet ltat, qui a, vous le savez, des enga-

    gements europens et qui entend lesrespecter autant quil est possible, doitgalement pouvoir assurer sa scurit.Dans cette perspective qui va tre longue,

    je veux que toute la puissance de ltatsoit mise au service de la scurit de nosconcitoyens, mais je sais galement pou-voir compter sur votre concours et surcelui des 3 900 polices municipales deFrance. Je tiens saluer le rle quelles

    jouent, complmentaire de celui de laPolice nationale et de la Gendarmerie .Le Prsident de la Rpublique a indiqula dtermination de lexcutif mieux

    protger nos policiers municipaux en fi-nanant leur quipement et en apportantaux maires qui le souhaitent des armesqui seront prleves sur les stocks de laPolice nationale . Les contrats locaux descurit seront galement renforcs pardes moyens supplmentaires : Jattacheune grande importance la participa-tion des maires de France aux actionsque nous allons engager, notammentdans le cadre de ltat durgence. Je pense

    par exemple linterdiction de circulationdes personnes et des vhicules dans deslieux donns. Seuls les maires peuventnous donner ces prcisions. Je pense ga-lement la protection des btiments pu-blics ou des difices privs qui pourraientconstituer des cibles potentielles pour lesterroristes. L encore, nous avons besoinde votre concours. Cest dans cet espritque le ministre de lIntrieur a demandaux prfets dorganiser dans tous les d-

    partements des runions avec les mairesafin de les informer de faon prcise surltat de la menace terroriste, sur la pr-

    sence des individus dangereux et sur lesmesures de scurit que ltat est amen prendre. Je sais aussi que les maires et

    leurs quipes, dans certaines villes, sontgalement impliqus dans les dispositifsmis en place dans les zones de scurit

    prioritaires. L encore, nous pourronsagir pour lutter encore davantage contreles trafics dans certains quartiers, avecdes moyens appropris. Vous tes ga-lement parties prenantes des cellules de

    suivi et de prvention de la radicalisationqui ont t cres par ltat dans chaquedpartement. Il sagit l dune mission es-

    sentielle et lon en voit aujourdhui, hlas,

    la pertinence, pour viter que de jeunesFranais ne deviennent un danger poureux-mmes mais surtout pour le payso ils ont grandi et auquel ils appar-tiennent , a poursuivi le chef de ltat. Ila ensuite mis en garde contre les tenta-tions de repli : Nous devons tre impla-cables contre toutes les formes de haine.

    Aucun acte xnophobe, antismite, an-timusulman ne doit tre tolr et si cer-tains individus se livrent lapologie du

    terrorisme dans certains lieux, dans desassociations, dans des groupements de

    fait, le projet de loi prsent ce matin enConseil des ministres prvoit quils pour-ront tre dissous. Ils le seront immdiate-ment. Jen appelle aussi votre vigilance

    parce que vous, les maires de France,vous connaissez mieux que personnevotre territoire, votre population .

    Le Prsident de la Rpublique a aussi sa-lu lattachement des maires la lacitdont il a soulign les vertus, particulire-ment dans le contexte actuel : La laci-t, ce sont des rgles de droit qui valent

    pour les services publics, les coles, leslieux de culte, et qui protgent lespace

    priv. La lacit, cest une Rpubliquequi fait sa place tous mais nautoriserien qui puisse la menacer. Cest cetteconfiance dans nos principes communs,dans le projet et lidal que nous por-tons au-del de nos diffrences, qui faitque nous sommes tous Franais et fiersdtre Franais . Cest une Marseillaiseentonne par tous les maires qui a en-suite conclu les propos du Prsident dela Rpublique, lequel avait achev sondiscours par une nouvelle clbration delunit nationale : Je sais pouvoir comp-

    ter sur la mobilisation des maires deFrance, sur les 500 000 lus locaux, cettebelle et grande avant-garde nationale.

    Je sais pouvoir compter sur lunion detoutes les forces de la Nation pour que,dans cette guerre, oui, cette guerre, vivela Rpublique et vive la France .

    Philippe Foussier

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

    9/179n 234 - 20 novembre 2015 - Communes - la l ettre

    FOCUSMANDATSLOCAUX

    Scurit : la police municipale

    a aussi un rle jouerLes polices municipalessont de plus en plus mises contribution dans les3 900 communes et inter-communalits o elles sontdployes. Le ministre delIntrieur, Bernard Caze-neuve, sengage amliorerleur efficacit sur le terrain

    Point de rappel important, unepolice municipale na pas obliga-tion dtre arme. Cette dcisionne peut tre prise que par dli-bration du conseil municipal,

    comme ce fut le cas Dijon o les syn-dicats de police municipale ont demand tre arms. Mais Franois Rebsamen,maire de Dijon, a refus. Beaucoupdautres maires partagent cette option.Sa police municipale est cependant do-te de gilets pare-balles. Dautres com-munes ont organis des rfrendumslocaux et la rponse sest avre ngativecomme ce fut le cas il y a quelques mois Beauvais. Les policiers municipauxont remplac les lotiers dans certainescollectivits. Ils sont donc prsents surle terrain, directement au contact de la

    population. Cette position peut-tre ris-que, comme en janvier dernier, quandClarissa Jean-Philippe a perdu la vie sousles balles dun terroriste djihadiste ou en-core Aurlie Fouquet, tombe sous le feude braqueurs dans le Val-de-Marne en2010. Ils sont tout aussi exposs que lesfonctionnaires de la police ou de la gen-darmerie nationales.

    Des moyens supplmentaires

    En raction aux attentats de Paris, Fran-ois Hollande veut aider les maires quile souhaitent armer leur police muni-cipale avec des armes prleves sur les

    stocks de la police nationale . Le Pr-sident de la Rpublique a salu devantles maires de France, le rle jou parles polices municipales et leur actioncomplmentaire celle de la police na-tionale et de la gendarmerie . Il a gale-ment annonc que les contrats locauxde scurit seront galement renforcs

    par des moyens supplmentaires pour

    que nous puissions agir dans le mmeesprit et la mme force .

    Le ministre de lIntrieur stait rendu aucommissariat de St-Ouen le 6 novembredernier, en prsence du prsident du

    Conseil dpartemental de la Seine-St-De-nis, Stphane Troussel, et du dput Bru-no Le Roux.

    Cette visite intervenait 6 mois aprs lelancement dun vaste plan de lutte contrele trafic de drogue. Le ministre a rencon-

    tr lensemble des acteurs qui luttent auquotidien contre le trafic sur cette zonede scurit prioritaire (ZSP) et prsen-t un nouveau plan daction. En 6 mois,1 316 personnes ont t interpelles, 123ont t dfres devant la justice et 30croues. Quelque 881 des interpellslont t pour infraction la lgislationsur les stupfiants, dont 732 acheteurs,94 vendeurs et 29 guetteurs. Le plandaction concerne en effet lensemble desacteurs : acheteurs, rabatteurs, guetteurs,vendeurs et organisateurs.

    Bernard Cazeneuve tient galement sappuyer sur les collectivits territo-riales pour mener bien cette lutte ensoulignant le travail en collaboration despolices nationale et municipales ou inter-communales. Celle de St-Ouen va ainsi re-cevoir des armes et des gilets pare-ballesen dotation. La coopration entre les po-lices permet une prsence accrue sur lavoie publique et une augmentation descontrles routiers. Le cinquime pointde ce plan porte sur la mise en place de

    mesures de prvention situationnelles, savoir une aide aux mairies dans lins-tallation de rseaux de vidosurveillanceurbains et dans lassistance aux bailleurssociaux pour proposer des amnage-ments urbains destins empcher laprolifration des trafics. Cest une force

    supplmentaire dans la lutte communeque nous menons contre les rseaux detrafiquants de drogue , observe BernardCazeneuve.

    Julien Bossu

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

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    10 Communes - la lettre - n 234 - 20 novembre 2015

    FOCUSLECONGRSDUPARLEMENT

    La France est en guerre. Les actescommis vendredi soir Pariset prs du Stade de France sontdes actes de guerre . Cest parces mots que le Chef de ltat a

    commenc son discours devant les 925parlementaires, runis dans la salle duCongrs pour entendre les annonces deFranois Hollande. Lennemi est claire-ment dsign : le groupe Daech, armedjihadiste qui nous combat parce quela France est un pays de libert, parceque nous sommes la patrie des Droitsde lHomme . Dans son analyse de lasituation que vit le pays, le Prsidentde la Rpublique a tenu apporter uneprcision essentielle : Nous ne sommes

    pas engags dans une guerre de civilisa-tion, parce que ces assassins nen repr-

    sentent aucune .Le Prsident a ensuite salu le travailet laction des services de secours et desoins, ainsi que des forces de lordre :

    Vendredi, cest la France tout entire quitait la cible des terroristes. La France quiaime la vie, la culture, le sport, la fte. LaFrance sans distinction de couleur, dori-

    gine, de parcours, de religion .

    Rponse internationale

    Face ces actes de guerre planifis enSyrie et organiss en Belgique , et une organisation qui dispose dune as-

    sise territoriale, de ressources financireset de capacits militaires , une rponseinternationale simpose. Le Chef de ltata ainsi demand une runion du Conseilde scurit afin dadopter une rsolu-tion marquant la volont commune destats de lutter contre le terrorisme. Fran-ois Hollande a galement annonc uneintensification des oprations en Syrie,avec la poursuite des frappes et le sou-tien du porte-avions Charles de Gaulle,dpch dans cette zone. Lobjectif desprochaines discussions de la Franceavec ses allis sera de constituer uneseule et unique coalition contre Daech.

    Franois Hollande a annonc une pro-chaine rencontre avec Barack Obama etVladimir Poutine qui permettra dallerdans ce sens.

    Pour le Prsident de la Rpublique, lEu-rope doit elle aussi sinvestir pleinement

    dans ce combat contre le terrorisme : LEurope ne peut pas vivre dans lideque les crises qui lentourent nont pasdeffet sur elle . Pour cela, Franois Hol-lande souhaite saisir les autres paysmembres au titre de larticle 42-7 du trai-t de lUnion, prvoyant que lorsquuntat est agress, tous les tats membresdoivent lui apporter solidarit . Dautrepart, le ministre de lIntrieur est invit faire valoir les exigences de la Francedans le cadre dune runion avec seshomologues : assurer le contrle effectif

    des frontires extrieures, lutter contrele trafic darmes, mais aussi permettreladoption du PNR europen avant la finde lanne.

    Donner les moyens dagirLtat durgence, proclam dans la nuitdu vendredi 13 novembre lors du Conseildes ministres, a permis deffectuer plusde 300 perquisitions. Pour que les inves-tigations et laction des services puissent

    tre poursuivies rapidement, le Parle-ment sera saisi dun projet de loi prolon-geant ltat durgence pour trois mois etadaptant son contenu lvolution destechnologies et des menaces , pour ren-forcer et consolider le rgime de lassi-gnation rsidence et des perquisitionsadministratives.

    Mais le Prsident souhaite aller plus loin,pour donner aux pouvoirs publics lesmoyens dagir contre le terrorisme deguerre. Pour cela, Franois Hollande sou-

    haite que soit adopte une rvision de laConstitution, suivant les prconisationsdu comit Balladur de 2007, pour fairefigurer ltat durgence aux cts de ltatde sige dans larticle 36 de la Constitu-tion. Dautre part, Franois Hollande sou-

    Franois Hollande :

    La France est en guerre Aprs les attaques qui ontfrapp la France Paris et Saint-Denis dans la nuit devendredi samedi, le Pr-sident de la Rpublique adcid de runir lensembledes parlementaires de laNation en Congrs, orga-nis Versailles lundi 16novembre pour marquerlunit nationale

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

    11/1711n 234 - 20 novembre 2015 - Communes - la l ettre

    FOCUSLECONGRSDUPARLEMENT

    haite tendre la procdure de dchancede nationalit aux binationaux ns fran-ais condamns pour terrorisme ou at-teinte aux intrts fondamentaux de laNation.

    Renforcer les moyensPour mener bien ces missions, le Pr-sident de la Rpublique a dcid de ren-

    forcer substantiellement les moyensdont disposent la justice et les forces de

    scurit . Franois Hollande a assumclairement le surcrot de dpenses en-gendr par ces dcisions : Je considreque le pacte de scurit lemporte sur le

    pacte de stabilit , a affirm avec force lechef des Armes.

    Les magistrats antiterroristes pourrontrecourir aux techniques de renseigne-ment les plus modernes ainsi quauxmoyens denqutes les plus sophisti-qus. Le Chef de ltat a galement vo-qu lextension de la lgitime dfense despoliciers. Ces diffrentes propositionsferont lobjet dune loi qui sera prsenterapidement.

    Franois Hollande a ensuite prsentses dcisions concernant le renforce-ment des moyens destins assurer lascurit des Franais. Ainsi, 5 000 em-plois supplmentaires de policiers et degendarmes seront crs dici deux ans,portant 10 000 le total des crations

    demploi de scurit sur le quinquennat.Cela permettra de restaurer le potentieldes forces de scurit intrieur au niveauquelles connaissaient en 2007 , a prci-s le Prsident de la Rpublique. Le mi-

    nistre de la Justice disposera de 2 500postes supplmentaires pour ladminis-tration pnitentiaire et les services judi-ciaires. 1 000 postes seront crs dansladministration des douanes.

    Quant aux armes, particulirementsollicites depuis plusieurs mois dansle cadre des oprations extrieures, lePrsident de la Rpublique a annonc la

    fin des diminutions deffectifs jusquen2019, au bnfice des units opra-tionnelles, de la cyberdfense et du ren-

    seignement . Le Chef de ltat souhaitegalement rflchir une potentiellegarde nationale forme des rservistes,

    lment fort du lien entre larme et laNation .

    Pour conclure, Franois Hollande a af-firm sa volont que la France puisserester elle-mme . Cest pour cela que laConfrence sur le Climat et les lectionsrgionales ne seront pas reportes ouannules. Avant que la Marseillaise nesoit chante par lensemble des parle-mentaires et des membres du gouverne-ment, Franois Hollande a affirm avecune dtermination sans faille : Le terro-risme ne dtruira pas la Rpublique, carcest la Rpublique qui le dtruira .

    Yohan Letertre

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

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    12 Communes - la lettre - n 234 - 20 novembre 2015

    FOCUSLECONGRSDUPARLEMENT

    Bruno Le Roux. Nous sommesen guerre. Le Pr-sident de la R-publique vient decommencer ainsi, nouveau, sonintervention. Il ladit aux Franaisds vendredi soir :

    nous sommes en guerre et nous connais-sons notre ennemi. Nous savons tous icique cette guerre sera longue, quelle pren-dra des formes multiples, que notre payssera trs certainement nouveau frapp.Nous savons tous ici que nous combat-tons, avec nos allis, un ennemi totalitaire

    qui veut imposer son ordre terroriste, laterreur, la barbarie, coloniser le monde etles esprits pour mieux les dtruire et lesasservir. Cet ennemi est le mal absolu, quitransforme des hommes en kamikazes,qui est entirement rgi par la pulsion demort et par la haine de notre modle d-mocratique. ()

    Ecarter la haineJen viens la scurit de notre territoire

    et, par l mme, celle de nos conci-toyens. Nous souscrivons toutes les me-sures prsentes, qui visent supprimertous les lieux de radicalisation sur notreterritoire. Il nest pas possible, en France,de tenir des propos de haine et dappel la violence, des propos de djihad. Oui, ilfaut se donner les moyens dcarter tousceux qui appellent la haine ! Oui, il fautstopper ceux qui veulent substituer la loireligieuse la loi de la Rpublique. Oui,il nous faut porter haut nos principes delacit, et cela commence lcole. Oui, ilfaut fermer les mosques qui prnent ledjihad. Le problme dailleurs nest pascelui des mosques mais de ceux qui, lintrieur, y professent la haine. Oui, ilfaut pleinement dployer nos systmesde renseignement et de surveillance,comme le propose le ministre de lInt-rieur. Depuis janvier dernier, nos servicesne sont pas rests immobiles ; notre Par-lement nest pas rest immobile. Depuisdes mois, depuis les attentats de janvierdernier, des expulsions ont eu lieu, des

    filires ont t dmanteles, des tenta-tives dattentats ont t djoues, desdchances de nationalit ont t pro-nonces, un plan de lutte contre la proli-fration des armes feu a t lanc.

    Ltat de droit nest pas ltat de fai-blesse , rappelait Robert Badinter. Ltatde droit, c est notre protection, c est notrerempart. La France occupe une placesingulire dans le monde. Certains pour-raient tre tents de penser que si notrepays stait repli sur lui-mme, il nau-rait pas t touch comme il la t ven-dredi soir. La tentation est grande, par-fois, de vouloir dtourner notre pays dela marche du monde. Cette tentation, jele dis ici, serait une erreur et une illusion.Gardons toujours lesprit quils veulentnous frapper non pas simplement pource que nous faisons mais avant tout pource que nous sommes. Et si nous doutonsparfois de notre identit, sachons que

    nos ennemis savent qui nous sommes :nous sommes le pays de la libert, delgalit et de la fraternit. Nous sommesun pays dans lequel, fort heureusement,les femmes sont libres, de travailler, deconduire, de shabiller comme elles leveulent, de vivre leur vie. Nous sommesun pays o chaque croyant peut pra-tiquer son culte, et, parmi les victimesde vendredi soir, toutes les confessionstaient prsentes. Cest pour cela que jaiconfiance. Le peuple franais ne cde-

    ra jamais en rien sur ses valeurs et surson mode de vie. La tragdie qui vient defrapper notre pays tmoigne dun mondeque parcourent des idologies toutes en-tires tournes vers la pulsion de mort.Cest un ennemi qui frappe toutes lesgrandes dmocraties.

    Nous avons pu constater ds vendredisoir, comme nous avions pu le consta-ter le 11 janvier dernier, que, dans denombreux pays du monde, les couleursde notre pays ont t honores. Partout

    des voix se font entendre pour dire avecnous : Nous sommes la France, noussommes debout, nous rsistons et nousvaincrons .

    Aprs le discours du Pr-sident de la Rpublique, lesprsidents des groupes par-

    lementaires de l'Assemblenationale et du Snat sontintervenus leur tour.

    Communes de Francepropose des extraits si-gnificatifs des propos desprsidents des groupes PSet PRG des deux Chambres :les dputs Bruno Le Roux

    et Roger-Grard Schwar-tzenberg et les snateursDidier Guillaume et JacquesMzard

    Les 6esRencontresde la lacitA l'initiative de Jean Glavany, dpu-t des Hautes Pyrnes, les 6es Ren-contres de la lacit du groupe so-

    cialiste de l'Assemble nationale setiendront le 8 dcembre prochain de16h30 20h au Palais Bourbon. Lethme de cette dition sera "La laci-t : dfense et promotion des droitsuniversels". Aprs l'ouverture par Bru-no Le Roux, le prsident du groupeSRC, interviendront l'historien PatrickWeil, Yvette Roudy, ancienne ministre,ex-dpute du Calvados, et Latifa IbnZiaten, mre du soldat tu Montau-ban par Mohamed Merah et fonda-

    trice de l'association Imad Ibn Ziatenpour la jeunesse et pour la paix. JeanGlavany conclura les dbats.

    Inscrition pralable obligatoire :[email protected]/ 01 40 63 52 94

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

    13/1713n 234 - 20 novembre 2015 - Communes - la l ettre

    FOCUSLECONGRSDUPARLEMENT

    Didier Guillaume. En janvier ont tattaqus des jour-nalistes, des juifs,des policiers. Ennovembre, cest letour de la culture, dusport, de la jeunesse les forces vives. Cesattentats sont simi-laires : ils partent de

    la mme ligne, de la mme histoire ; ilspartent de ceux qui veulent mettre malnon seulement notre pacte rpublicain,mais notre pays. Ils veulent abattre lessymboles de la France, dchirer notre pacterpublicain, abmer notre faon de vivre.

    Mais aprs 1940, quand la France avait ungenou terre, lme de la Rsistance sestleve ; la flamme de la Rsistance a brill.Les Franaises et les Franais se sont levscontre le nazisme : ils ont rsist. En no-vembre 2015, alors que la France a t atta-que par le fascisme, lintgrisme religieuxet le djihadisme, par Daech, je ne doute pasun instant que lme de la Rsistance souf-flera encore chez nos compatriotes et queles Franaises et les Franais sauront sedresser notamment la jeunesse, qui a t

    vise, cette belle jeunesse que certains ontparfois tendance stigmatiser, mais quiest lavenir, la force, la joie de notre pays.Oui, cette jeunesse-l, ce sont les Rsistantsde demain. ()

    Rpublique, lacit,vivre ensembleIl faudra, videmment, amliorer la loi de1955 sur ltat durgence ; le lgislateur de1955 ne connaissait pas les ordinateurs,

    les tlphones portables, ou les adressesIP ! Dans cette tche, Monsieur le Premierministre, nous nous tiendrons aux cts duGouvernement, pour aller vider les caves,vider les hangars, vider les lieux o toutesces armes prolifrent. Profitons de ce mo-ment pour nettoyer la France et certainsterritoires de France qui sont attaqus ! ()

    Oui, aujourdhui, nous sommes en guerrecontre Daech, mais nous devons inlas-sablement rpter beaucoup de nosconcitoyens que nous ne sommes pas

    en guerre contre lislam, qui est une belleet grande religion ; que nous ne sommespas en guerre contre les Arabes, hritiersdune belle et grande civilisation ; que nousne sommes pas en guerre contre les im-migrs de France ce sont nos frres et

    encore moins contre la jeunesse immigrede France : ce sont nos enfants, ou les amisde nos enfants.

    Nous devons lassumer haut et fort chaquejour : il est de notre rle de parlementairesque de le dire. Faire lamalgame entre r-fugis et terrorisme nous mnerait versle nant, vers le chaos : je ne veux mme

    pas voquer cela maintenant. Oui, noussommes en guerre contre Daech, et cetteguerre est rude ; nous devons la gagner,nous devons vaincre lennemi, comme ledisait le Prsident de la Rpublique. ()

    Nous avons trois objectifs. Premirement,dfendre et promouvoir la Rpublique.Nous devons la porter le plus haut possible.La Rpublique jusquau bout ! Deuxime-ment, faire en sorte que la lacit prvalepartout, dans tous les territoires, ruraux eturbains, et dans tous les quartiers de notre

    pays. Cest par la lacit que nous renfor-cerons notre pays ! Troisimement, cestvidemment le vivre ensemble pour tousqui doit nous guider dans le cadre de notrepacte rpublicain.

    Monsieur le Premier ministre, le groupesocialiste et rpublicain soutiendra lactionde votre gouvernement et les propositionsdu Prsident de la Rpublique, pour que laFrance reste la France, pour que les Fran-aises et les Franais soient fiers de vivre enlibert et puissent se dire avec force : Nous

    sommes tous Franais, nous sommes desfrres, des surs, des cousins, des pres etdes mres, et une chose nous rassemble : lalibert, lgalit, la fraternit .

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

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    FOCUSLECONGRSDUPARLEMENT

    Jacques Mzard.Monsieur le Premierministre, vous avez dclar que noussommes en guerre. Alors, comme ledisait et le faisait le plus grand de vos

    prdcesseurs, auquel, par-del nosdiffrences, nous sommes tous deuxtrs attachs, faites-l ! Faire la guerre,cest accepter den subir les cons-

    quences. Si les Franais prennent conscience de la gravit dela situation, ils attendent que tous les moyens soient mis enuvre pour assurer la scurit dans le pays. C est la priorit despriorits !

    Vous voulez une prolongation de ltat durgence ? Vous lobtien-drez, sous le contrle du Parlement ! Cest une restriction des li-berts ? Oui ! Cest contraire nos principes ? Oui ! Mais, pendantcette priode de crise dramatique, si cela permet de sauver une

    seule vie dinnocent, nous vous accorderons cette confiance in-dispensable. Vous prenez la dcision de fermer des mosques ola haine est prche, de poursuivre des imams propagateurs dehaine ? Vous avez raison et nous vous approuvons !

    Comment ne pas rappeler ici que larticle 26 de la loi de 1905dispose qu il est interdit de tenir des runions politiques dansles locaux servant habituellement lexercice dun culte , etque son article 35 dispose notamment que, si un discours

    prononc ou un crit affich ou distribu publiquement dansles lieux o sexerce le culte, contient une provocation directe rsister lexcution des lois ou aux actes lgaux de lautorit

    publique , ceux qui commettent ces infractions sont passibles

    de deux ans de prison ? ()Quand la IIIeRpublique devait faire preuve de fermet contrele pouvoir religieux dans la sphre publique, pourquoi la

    Ve Rpublique napplique-t-elle pas la mme loi contre ceuxqui prchent la haine et la mort dans nos murs ? Le but clai-rement identifi de Daech est de diviser notre socit. Tout cequi concourt marginaliser, isoler de lensemble de la na-

    tion franaise les 5 millions de Franais musulmans doit trecondamn. La minorit qui discrdite nos compatriotes mu-sulmans doit tre combattue car elle est dabord lennemie denos compatriotes de confession musulmane. Tout ce qui estun obstacle lintgration harmonieuse de ces derniers est undanger pour la Rpublique. Il est de la responsabilit, du de-voir, de lhonneur de chacune et de chacun des responsablespolitiques de sinterdire tout propos discriminatoire vis--visde compatriotes qui sont partie intgrante de la communautnationale. La graine de la division est facile cultiver. Il nousappartient de lempcher de germer.

    Jai rappel la loi de 1905. Ce rappel a deux objectifs. En premier

    lieu, affirmer le caractre laque de notre Rpublique et expri-mer au nom du groupe parlementaire qui la toujours incar-n que toutes les drives communautaristes que nous avonsdnonces ces dernires annes sont incompatibles avec nosprincipes ; que cela commence lcole et se poursuit danstous les secteurs de la vie en socit. En second lieu, appelerune nouvelle fois lattention du gouvernement sur limprieusencessit, plutt que de lgifrer constamment en raction auxvnements, dappliquer les lois existantes, dont larsenal est laplupart du temps suffisant. Sil existe certaines lacunes dans laloi de 1955 et concernant les drives de lutilisation dinternet,comblez-les ! Mais aujourdhui nos concitoyens nattendent pas

    seulement de nouvelles lois : ils attendent de laction en excu-tion des lois existantes de la Rpublique.

    Roger-Grard Schwartzenberg. Voici donc, en ce nouveau sicle, le retour de la barbarie, la rsurgence dela violence et de la haine, avec ces adeptes de lobscurantisme qui veulent imposer de force leur croyance autrui, comme au temps lointain et recul des guerres de religion.

    Le terrorisme vise inspirer la frayeur, la sidration. Ce rsultat ne sera pas atteint dans notre pays. On necde pas au terrorisme, on le combat, pour dfendre la libert et pour la dfendre ensemble, sans dis-tinction entre nos diffrents partis. Nos partis sont divers, mais nous devons faire bloc et faire front. Nous

    devons ragir avec unit et nous rassembler face au terrorisme qui cherche nous diviser. La volont desunir doit lemporter quand lessentiel est en jeu. ()

    La Constitution dispose ds son article 1erque la France est une Rpublique laque. Elle respecte toutes les croyances, mais sparecelles-ci de ltat. Dans les circonstances prsentes, la lacit est plus que jamais ncessaire, et ce un double titre. Dabord, elle estun principe de libert : libert de penser, libert de conscience face tout proslytisme. Ensuite, elle est un principe de fraternit. Ellepermet tous de vivre ensemble par-del les diffrentes appartenances confessionnelles. La lacit runit et rassemble. Elle fdre.Elle renforce lunit de la Rpublique. Il importe donc de la revitaliser dans notre socit, qui tend parfois loublier.

    Les terroristes de Daech veulent imposer leurs croyances par la force, par la contrainte. Ils refusent la libert de conscience etveulent dicter leur loi. Il y a deux sicles et demi, dans son Trait sur la tolrance, Voltaire crivait avec une certaine emphase quine lui tait pas coutumire : Puissent tous les hommes se rappeler quils sont frres ! Quils aient en horreur la tyrannie exerce

    sur les mes ! Il faut bien se rendre lvidence : le genre humain nest pas divisible, mme sous leffet de thologies rivales. Lhu-manit est une. De partout dans le monde viennent des messages de soutien la France meurtrie, des messages de solidarit, de

    compassion et de concorde. Cela sappelle lhumanisme, et le terrorisme ny peut rien !

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

    15/1715n 234 - 20 novembre 2015 - Communes - la l ettre

    FOCUSPRVENTION

    Avant, il y avait une sortedavant-garde qui tait s-lectionne pour devenir desprofessionnels du terrorismealors quaujourdhui les ter-

    roristes ont des mthodes de massifica-

    tion du terrorisme. Le nombre de candi-dats prts mourir pour leur cause estnorme. Il y a un travail de deux ordres :de scurit et de guerre mais il faut aussicouper le robinet de la haine en amont.Il faut scuriser le territoire dans sa com-posante humaine et pas seulement ma-trielle. On retrouve toujours les mmes :les salafistes [] La fameuse sparationentre les quitistes, ceux qui veulent prieret ceux qui passeraient au terrorisme estartificielle. ()

    Il faut croire ces gens-l dans ce qu'ilsdisent. Arrtons de penser quon auraitune sorte de dcorum, que la Syrie se-rait un dfouloir pour les adolescents.Tous les grands mouvements de massecommencent par les personnes les plusfragiles mais il y a des personnes avecdes diplmes. Il faut arrter de les d-crire comme une bande dillumins im-bciles, sales sur eux, qui savent justepianoter sur Internet. On a aujourdhuides forces trs structures qui ont desannes dexprience dans les paysarabes. Cest une nouvelle forme deterrorisme quil faut combattre avec denouvelles armes.

    On a des forces militaires prpares poura nous aussi. Mais pour obtenir gainde cause, le combat ne peut pas treau point darrive de la radicalisation. Ilfaut trouver un moyen de couper net les

    jeunes qui sont attirs par cette radicali-t avant quelle ne les emporte. Ce qui sefait dans les cits en fait des bases arrire.Dailleurs, les perquisitions qui ont lieu sefont dans ces territoires trs cibls. Cestune guerre militaire mais aussi politiqueet idologique. Au sein des musulmans,il faut construire une colonne rpubli-caine pour les affronter.

    Si dans notre pays nous passons notretemps nous demander cest la faute qui, on navancera pas. Moi-mme jau-rais des raisons dtre enrag [] Quandvous tirez la sonnette dalarme pendant20 ans et que vous voyez que rien ne se

    fait, vous avez envie de baisser les bras.Mais je ne le fais pas. []. Car je pensequil nest pas impossible de contre-at-taquer. Des jeunes issus de ces quartiersnen peuvent plus, ils ont envie dtre en-gags, quon leur donne une chance decombattre ces gens-l. Nous avons unearme rpublicaine potentielle sur leterritoire. Il faut cesser toute une srie depolitiques. Dassistanat, de mise en ghet-to des populations [] et rompre avec uncertains nombres dmetteurs, lextrme

    gauche, qui veulent culpabiliser la popu-lation. Avec les communiqus quils ontproduits dans ces dernires 48 heures,ils sont tombs dans le fascisme.

    Leur comportement [des terroristes]dans le Bataclan caractrise ce quilssont. [] Cest un comportement quiressemble ce quont t les nazis. Il nyaura pas de compromis avec ces gens-l.Ce nest pas parce que vous retirerez vostroupes de leur territoire quils cesserontde vos attaques. LHistoire nous a apprisune chose. Vous signez les accords deMunich et vous avez la guerre derrire.()

    Je ne crois pas la thorie qui consiste expliquer que cest loppression de la so-cit franaise qui aurait radicalis ces

    jeunes. Je ne crois pas au dterminismesocial et biologique. Mais on voit la per-mabilit de ce quon a laiss se dvelop-per, le gangstrisme. ()

    La majorit des musulmans qui viventen France sont heureux dans ce pays, ils

    nont pas peur du racisme, ils ont peurdes intgristes .

    Malek Boutih : "Le combat ne peut pas tre

    au point darrive de la radicalisation"

    Dput de l'Essonne, Malek

    Boutih est l'auteur d'unrapport remis au Premierministre il y a quelquessemaines. Il portait sur laradicalisation de la jeunesse.Il tait l'invit de France Interle 16 novembre. Extraits

  • 7/24/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N234

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    16 Communes - la lettre - n 234 - 20 novembre 2015

    FOCUSENBREF

    Mobilisation locale europenne contre la radicalisationRunis loccasion de la Confrence internationale pour la prvention de la radicalisation menant lextrmisme violent, une

    centaine de maires, lus et reprsentants locaux de 22 pays europens ont adopt le 18 novembre une dclaration commune.Ils appellent une mobilisation des pouvoirs locaux, en concertation troite avec les gouvernements nationaux, autour dunealliance des villes europennes pour contrer la monte de la radicalisation et les actes de violence extrme qui en dcoulent.

    La dclaration souligne le caractre exceptionnel du rseau que constituent les millions de maires et dlus locaux travers lEu-rope. Ce rseau unique peut contribuer par sa connaissance du terrain et des populations une alerte prcoce de toute drivede radicalisation. Nous demandons aux autorits nationales dinclure systmatiquement les dcideurs locaux dans llabora-tion, la mise en uvre et laccompagnement des stratgies qui sont dveloppes au plan europen et national , ont dclarles participants la confrence. Ils se sont engags associer tous les acteurs de dimension locale et proposent de lancer unealliance des villes pour la prvention de la radicalisation menant lextrmisme violent.

    Dans cette perspective, ils suggrent que soit dvelopp un accompagnement des collectivits et un soutien de ce rseau parune plateforme numrique dchange des initiatives, des expriences et des ressources dj disponibles sur la lutte contre laradicalisation. Enfin, ils invitent les lus locaux et rgionaux se rencontrer Rotterdam en 2016 dans le contexte dun Sommet

    europen des maires.Cette confrence a t co-organise par le Congrs des pouvoirs locaux et rgionaux du Conseil de lEurope et le Forum euro-pen pour la scurit urbaine. Elle tait suivie, les 19 et 20 novembre, par une confrence sur "Construire la rsilience la radi-calisation et lextrmisme violent" organise par la ville dAarhus (Danemark).

    Villes de France : "Assurer notre scurit, premire des liberts""Les vnements de janvier 2015 et les attentats de ce vendredi 13 novembre sont venus nous rappeler avec une extrmecruaut que lun des premiers droits fondamentaux dune socit dmocratique est sans doute la sret. Sret des personneset des biens, sans laquelle la libert de penser, de croire, dcrire, de manifester, de possder ou dentreprendre ne serait plus

    possible. Les attentats abjects qui ont marqu nouveau notre territoire sont effectivement une atteinte notre art de vivre, notre culture, et plus globalement notre vouloir-vivre ensemble. Mais en mme temps, les ractions courageuses de tmoinsou de victimes, ainsi que les lans de solidarit au niveau international, constituent autant de motifs de consolation et dassu-rance dans notre modle dmocratique.

    Passe cette priode dindignation lgitime, les pouvoirs publics doivent aujourd'hui agir pour garantir la scurit, droit fon-damental prsent dans notre Constitution depuis la Dclaration des droits de lhomme et du citoyen. Le Prsident de la Rpu-blique, voquant le peuple franais, ce peuple courageux qui ne se rsigne jamais , a annonc devant le Congrs runi Versailles plusieurs mesures pour assurer la scurit des Franais.

    Parmi celles-ci, la prolongation de ltat durgence pendant trois mois - au del des 12 jours prvus par la loi du 3 avril 1955. Cergime particulier permet au prfet - en lien indispensable avec le maire la mise en place dun couvre feu, linstitution de zonesde protection, et la ralisation de perquisitions administratives. Le ministre de lIntrieur peut de son ct prononcer des assi-gnations rsidence de toutes personnes susceptibles de causer un trouble lordre public.Il va de soi que les lus de Villes de

    France sont prts s impliquer pour assurer la scurit des personnes et des biens. Ltat et nos concitoyens peuvent comptersur les maires et les prsidents dintercommunalit pour animer et prserver les fondements de notre dmocratie".

    Communiqu du 17 novembre de Villes de France, dont Jean-Franois Debat, maire de Bourg-en-Bresse, est prsident dlgu

    Le prsident du CFCM : "Nous refusons le dni"Le Conseil franais du culte musulman a diffus un appel solennel destin tre lu dans les 2 400 mosques de France le ven-dredi 20 novembre. Il est rappel le rejet catgorique de toute forme de violence ou de terrorisme qui sont la ngation mmedes valeurs de paix et de fraternit que porte l'islam . Le texte poursuit : Nous, musulmans de France, sommes des citoyens

    franais part entire, faisant partie intgrante de la Nation et solidaires de l'ensemble de la communaut nationale. Nous,musulmans de France, proclamons notre attachement indfectible au pacte rpublicain qui nous unit tous. Nous, musulmans

    de France, proclamons notre adhsion totale aux valeurs de la Rpublique . Anouar Kbibech, le prsident du CFCM, prsentantcet appel, expliquait : Notre prche du vendredi 20 novembre marque une dclaration de guerre aux maux qui nous rongenten France et qui sduisent les jeunes musulmans. Nous sommes des Franais de confession musulmane, nous faisons partiede la France. Nous sommes atteints parc ce qui se passe. Nous refusions le dni et nous prenons notre part de responsabilit

    pour conduire les jeunes vers le vrai visage de l'islam .

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    FOCUSALIRE

    Retours sur Janvier 2015Les attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers ont donn lieu une grande production ditorialeet lire ces ouvrages la lumire du nouveau carnage du 13 novembre leur donne une rso-nance particulirement loquente

    On pourra ainsi lire avec profit Prendre dates,cordig par lhistorien Patrick Boucheron

    et lcrivain Mathieu Riboulet(Verdier, 140p., 4,50 ). Entre deuil personnel prouvpar les deux auteurs, motion collective,

    vision de lcrivain et analyse de lhistorien, ce petitlivre fait merger une crainte, celle de la guerre. Les mots dudni nont plus de prise sur le rel : cest nous, cest la guerre, cestici. Tout, ds lors, se resserre inexorablement comme un pige,

    puisque cest du proche que viendra dsormais le danger. Ceretournement des choses constitue la logique mme de guerrecivile. Elle passe par une conversion urbaine. La gographie fami-lire, dun coup, se laisse gagner par la topographie de la peur .En retraant la vie des tueurs de Janvier, Riboulet et Boucheron

    soulignent quon est loin de la misre sociale qui a parfois tcomplaisamment mise en avant les concernant : Voici pour-quoi cest un jour de guerre civile. Voici pourquoi, ce jour-l, tousles idaux, tous les discours, toutes les justifications, tous les r-

    flexes, toutes les habitudes de la gauche antiraciste se trouvent terre . Lhistorien et lcrivain en appellent la lucidit : Il faut

    se faire lide quil y a aussi des Franais, de souche commeles autres, pour penser et dire ouvertement de nous, blancs de

    peau et de peur : Sale Franais . Guerre civile, disons-nous .Les auteurs avouent avoir t longtemps insensibles la thma-tique de la lacit, renvoyant pour eux comme pour beaucoup des dbats dats. Le rveil nen est que plus douloureux. Cetteanne, Mein Kampftombe dans le domaine public, allez-y voir :

    gnralement, les grands criminels de lhistoire ne surprennentpas leur monde. Ils annoncent ce quils vont faire lavance, avecfranchise. Cest le cas pour les djihadistes daujourdhui .

    Retrouver le sens du collectifCe sont aussi deux autres auteurs qui reviennent surces vnements en les replaant dans une perspectiveplus longue traversAu pril des guerres de religion

    (PUF, 100 p., 12 ).Denis Crouzet et Jean-Marie Le Gall,tous deux professeurs dhistoire moderne la Sor-bonne, en prenant appui de manire trs rigoureuse

    sur les conflits qui ont travers la France et lEurope au nom deDieu et en rcusant ce quils appellent une histoire "guimauve",interrogent : Faut-il du sang pour secouer lindiffrence, faut-il

    souffrir ce point pour sortir de lapathie, faut-il du malheur pour

    retrouver le sens du collectif ? . Crouzet et Le Gall mettent aussien garde contre une tentation laquelle ont cd de nombreux

    mdias en faisant des tueurs des "monstres" comme pour mieuxles loigner de notre quotidien : Ce ne sont pas des illuminsenturbanns et barbus et ils ont tous les traits du mle moderne

    plus que du mal. Jeunes, photogniques, connects, mobiles,"modernes", lidentification risque dtre facile pour un certainnombre de semiadolescents et de jeunes qui ces "barbares"ressemblent. Des dizaines de milliers de personnes ont tweet ettweetent sans doute encore "Nous sommes Kouachi". Le mal lemot doit venir qualifier ces actes a le visage dun homme "nor-mal", banal, mdiocre, et non dun "barbare" ou dun "monstre".Ne loublions jamais .

    Autre livre, fort utile au dcryptage des cons-

    quences politiques des attentats de janvier : celuique proposent le spcialiste de lopinion JrmeFourquet et le sociologue Alain Mergier. Avec forcetableaux et cartes, les auteurs de Janvier 2015:le catalyseur (Fondation Jean Jaurs, 128 p., 6 )mettent en lumire comment la France qui na pas

    dfil lors des manifestations des 10 et 11 janvier est celle quivote le plus en faveur du Front national, contredisant ainsi les as-sertions douteuses dEmmanuel Todd, dailleurs dmontes partous les analystes srieux. Ce nest donc pas une France raciste, de

    catholiques zombies hostiles lislam, qui a dfil ces jours-lmais au contraire une France gnreuse, ouverte, qui clamait lafraternit et la lacit comme des valeurs de rassemblement hu-maniste et duniversalisme. Mais loriginalit principale du travailde Fourquet et Mergier est de dmontrer aussi comment les atten-tats de Janvier viennent sinscrire dans une sorte de continuumdans lequel linscurit, sociale, conomique, civique, culturelle apris une place considrable, gnrant une anxit trs largementpartage. Les questions du multiculturalisme, de limmigration,de lislam, de la lacit se trouvent durablement au cur de toutdbat politique , constatent Fourquet et Mergier, qui redoutentqu les laisser tre accapares par le Front national, les partis duchamp rpublicain concdent quils sont parfois dmunis pour

    y apporter des rponses conformes la tradition dmocratiqueet sociale de la France. La rponse viendra de l, et uniquement

    de l car, laffirment les deux auteurs, lattaque du porte-voix netarira pas la voix. Bien au contraire .

    Philippe Foussier