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la lettre du CNC n o  129 juillet - août 2016 éditorial de Frédérique Bredin p. 2 les principaux chiffres de l’animation en 2015 p. 3 à la une p. 4-5 Un accord, au service des spectateurs, pour améliorer la diffusion des films en salles ; Un nouveau cadre conventionnel pour les Régions en faveur du cinéma et de l’audiovisuel ; Les ciné-clubs du 21 ème siècle le dossier p. 6-7 Retour sur La Fête du cinéma 2016 l’entretien p. 8 Delphine de Vigan – Présidente de la commission de soutien au scénario et à la réécriture en bref p. 9-10 Le CNC et Le Front populaire p. 10 les publications p. 11

la lettre du CNC no 129 juillet - août 2016

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Page 1: la lettre du CNC no 129 juillet - août 2016

la lettre du CNC no 129juillet - août 2016

éditorial de Frédérique Bredin p. 2

les principaux chiffres de l’animation en 2015 p. 3

à la une p. 4-5Un accord, au service des spectateurs, pour améliorer la diffusion des films en salles ;Un nouveau cadre conventionnel pour les Régions en faveur du cinéma et de l’audiovisuel ;Les ciné-clubs du 21ème siècle

le dossier p. 6-7Retour sur La Fête du cinéma 2016

l’entretien p. 8Delphine de Vigan – Présidente de la commission de soutien au scénario et à la réécriture

en bref p. 9-10

Le CNC et Le Front populaire p. 10

les publications p. 11

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éditorial

J’ai eu la joie de voir mon mandat renouvelé pour une période de trois ans à la présidence du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Cette confiance dont le Président de la République m’honore, récompense le travail considérable que nous avons accompli ensemble depuis mon arrivée en 2013, pour la modernisation du modèle français de soutien et de développement du cinéma et de l’audiovisuel, à l’ère du numérique.

Ce furent des années très denses, des années de réflexion, de réformes importantes, d’innovation, pendant lesquelles nous avons su nous mettre autour d’une table pour le bien de l’intérêt général. Je voudrais remercier les équipes du Centre et tous les professionnels qui ont donné leur temps, leur énergie, leurs idées pour faire avancer les choses depuis ces trois dernières années pour mener à bien les nombreuses réformes que nous avons mises en œuvre en faveur de la diversité culturelle, de la structuration économique du secteur, et du renforcement de l’attractivité de la France dans nos secteurs : - la revalorisation massive des crédits d’impôts touchant à la fois le secteur du cinéma,

de l’audiovisuel mais aussi les tournages étrangers et le jeu vidéo ;- la reconnaissance du statut culturel de la salle de cinéma avec la réduction du taux de TVA

pour les exploitants en échange de l’opération pour les jeunes « 4€ pour les moins de 14 ans » ; - une revalorisation des soutiens à la production et à l’exploitation et à la distribution

et la création de nouveaux instruments extrêmement novateurs autour des nouveaux enjeux de la diffusion ;

- les réformes de l’audiovisuel : documentaire, animation et spectacle vivant, pour recentrer le soutien sur l’écriture et la création originale, les œuvres fragiles et la création d’emplois ;

- la mise en place d’obligations de transparence dans le secteur de la production et de la distribution, pour le cinéma et l’audiovisuel, essentielles pour attirer de nouveaux investisseurs ;

- la mise en place du programme le plus ambitieux du service civique en France pour relancer les ciné-clubs ;

- la poursuite de la numérisation et restauration du patrimoine cinématographique, avec un bilan très positif, près de 600 films aidés, des ressorties en salles, des diffusions en ligne et télévisuelles ;

- l’innovation fiscale pour s’adapter à la révolution numérique. La reconnaissance par la Commission européenne dans ses propositions de la directive SMA de l’objectif, partagé avec l’Allemagne, d’extension de la taxe sur les vidéogrammes aux opérateurs établis à l’étranger, dès lors qu’ils réalisent un chiffre d’affaires en France.

Ce nouveau mandat assure une continuité de réflexion et d’action dont nous aurons besoin pour relever les nouveaux défis qui nous attendent.

Je vous souhaite un très bel été.

Frédérique BredinPrésidente du CNC

Divines de Houda Benyamina © Diaphana Distribution. Film bénéficiaire de l’avance sur recettes, du Fonds Images de la diversité, et Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes 2016

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apportsétrangers

29,7%

mandats9,6%

chaînes TV12,3%

aidesrégionales3,1%

aidessélectives2,0%

SOFICA0,3%

producteursfrançais31,9%

Emploi dans l’animationLe secteur de l’animation en France emploie

près de 5 300 salariés(+26,2 % en 10 ans)

Masse salariale : près de 100 M€

Exportation de l’animation En 2015

8 films d’animation inédits sont sortis en salles à l’étranger

Record de fréquentation des films d’animation français à l’étranger :

21,2 millions d’entrées (5,7 fois plus qu’en 2014)

Audiovisuel animationProduction de programmes audiovisuels d’animation

285 heures d’animation aidées par le CNC

Devis :

180,8 M€ (+1,5 % par rapport à 2014)

Coût horaire :

633,7 K€ (-7,5 % par rapport à 2014)

Apports des chaines TV : 43,3 M€ (-7,2 %)

Apports étrangers : 43,7 M€ (-4,4 %)

Apports du CNC : 37,1 M€ (+11,2 %)

Animation à la télévision

141 films d’animationdiffusés à la télévision

45,0 % du volume horaire d’animation (films + programmes audiovisuels) diffusé sur les chaînes est français

Télévision de rattrapage

663 heures d’animation disponibles chaque mois

1,2 milliard de vidéos vues de programmes jeunesse en 2015

(+92,2 % par rapport à 2014)

chiffres-clés du marché de l’animation en 2015

Longs métrages d’animationProduction

3 longs métrages d’animation produits

Devis : 21,9 M€Devis moyen : 7,3 M€Financement des films d’animation en 2015

La diffusion dans les salles

34 films d’animation inédits5,2 % de l’offre totale14 films projetés en 3D20 distributeurs de films d’animation

Un film d’animation est diffusé en moyenne dans

338 établissements en première semaine

Résultats en salles

29,8 millions d’entrées+27,7 % par rapport à 2014

Recettes : 177,9 M€

Recette moyenne par entrée : 5,98 €Entrées des films français : 5,6 millionsLe plus haut niveau de la décennie

L’étude intégrale est disponible sur www.cnc.fr.

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à la une

Un accord, au service des spectateurs, pour améliorer la diffusion des films en salles

Dans le cadre du 2ème volet des Assises du Cinéma relatif à la diffusion des films en salles, un accord sur les engagements de programmation et de diffusion a été signé à Cannes le 13 mai dernier par toutes les organisations professionnelles après d’intenses négociations conduites par le CNC pendant plusieurs mois.

Avec l’avènement du numérique et l’accroissement du nombre de films, les pratiques de diffusion ont beaucoup évolué ces dernières années. D’une part, la durée de vie des films en salles s’est raccourcie, et d’autre part, il est de plus en plus difficile de voir ces films dans les zones rurales et les agglomérations de moins de 50 000 habitants. Cet accord, qui est sans doute l’avancée la plus importante en matière de régulation depuis les années 1980, va ainsi apporter une plus grande diversité et une meilleure qualité de l’offre de films en salles.

Il prévoit tout d’abord d’étendre les engagements de programmation aux établissements de six écrans et plus alors que ces derniers étaient uniquement souscrits auparavant par les établissements de huit écrans et plus. Cet accord permet également une meilleure régulation de la multidiffusion (programmation d’un même film dans plusieurs salles d’un même établissement simultanément) en imposant aux exploitants le respect de plafonds de multidiffusion applicable à chaque instant. Par ailleurs, les exploitants soumis à engagement devront désormais, pour chacun de leur établissement, s’engager à une exposition minimale des films européens et des cinématographies peu diffusées, exprimée en nombre de séances garanties pendant une durée minimale de deux semaines et faisant l’objet d’un engagement écrit au plus tard deux semaines avant leur sortie nationale. Enfin, les exploitants devront également s’engager à programmer un nombre fixé au préalable de films de distributeurs ayant réalisé moins de deux millions d’entrées (dont au moins 60 % de distributeurs ayant réalisé moins de 700 000 entrées).Parallèlement au renforcement des engagements de programmation, l’accord prévoit que les distributeurs devront, pour la première fois, souscrire des engagements de diffusion. Les distributeurs devront ainsi s’engager à diffuser des films art et essai dits « porteurs » (sortis sur plus de 175 points de diffusion) dans les zones rurales et

agglomérations de moins de 50 000 habitants. Cette mesure forte d’aménagement culturel du territoire entrera en vigueur le 1er janvier 2017.

Afin d’atteindre cet objectif, une recommandation conjointe du Comité de concertation pour la diffusion numérique en salles, créé par la loi du 30 septembre 2010 relative à l’équipement numérique des établissements de spectacles cinématographiques, et de la Médiatrice du Cinéma sera élaborée à l’intention de l’ensemble des distributeurs. Le non respect de ces engagements constituera l’un des critères d’appréciation pour l’attribution des aides sélectives à la distribution - qui seront renforcées par le CNC - et une condition de l’accès par les distributeurs au dispositif de soutien de l’Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC). Enfin, un point d’étape sous forme d’un bilan intermédiaire établi par le CNC, soumis à l’avis de la Médiatrice du cinéma, sera effectué au second semestre 2017.

Un nouveau cadre conventionnel pour les Régions en faveur du cinéma et de l’audiovisuel

Pour la première fois, le CNC a voulu construire et élaborer avec les Régions les futurs partenariats qui définissent la politique cinématographique et audiovisuelle territoriale. Le 5 juillet dernier, l’ensemble des représentants locaux et des parties prenantes se sont réunis à Lille, pour une journée consacrée à la restitution des synthèses des contributions de tous les acteurs des territoires pour la rédaction des nouvelles conventions entre les Régions et l’état. Frédérique Bredin, en ouverture de cette journée, a rappelé les grandes orientations de la politique territoriale menée par le CNC, et fait plusieurs annonces qui traduisent une volonté d’élargir et de renforcer la politique des régions : Augmentation des fonds de soutien des collectivités« Le CNC accompagnera financièrement toutes les régions qui augmenteront leurs fonds de soutien au financement de films et d’œuvres audiovisuelles. Dès lors que la collectivité met 2 € dans la production, le CNC ajoute 1€. » a déclaré formellement Frédérique Bredin. « C’est un investissement pour l’avenir » a-t-elle ajouté.

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Développement de l’implication des télévisions localesdans la création La présidente du CNC a rappelé son attachement à la pro-duction cinématographique et audiovisuelle en régions, cet échelon jouant un rôle essentiel dans le renouvellement et la diversité de la création : « Nous aiderons les régions qui intègreront dans leurs Contrats d’objectifs (COM) avec les té-lévisions locales, la production d’œuvres réalisées dans leurs territoires, spécifiquement la production de documentaires et la recréation de spectacles vivants. »

Pour Frédérique Bredin, les télévisions locales permettent de « cultiver la force des territoires, de structurer le tissu local mais sont aussi un espace de création essentiel pour les créateurs ».

Mise en place d’un réseau d’animateurs culturels dans les salles de cinéma « Le CNC s’engage à soutenir les salles Art et Essai afin de développer et de renforcer l’animation culturelle dans les cinémas, en les aidant à financer des emplois de médiateurs pour attirer le public, notamment les plus jeunes, faire décou-vrir aux spectateurs la diversité du cinéma. » a déclaré Fré-dérique Bredin, après avoir rappelé l’importance du cinéma dans les territoires : « le cinéma, dans de nombreuses petites villes et de communes rurales, est aujourd’hui le seul, l’unique lieu culturel qui existe »Elle a également rendu hommage aux salles Art et Essai - qui représentent la moitié des cinémas en France – pour leur rôle dans la transmission de la cinéphilie française.

Les ciné-clubs du 21ème siècle

« Les ciné-clubs ont formé des générations entières à la découverte et à l’amour du cinéma. Le service civique est une très belle opportunité pour inventer le ciné-club de demain. » a déclaré Frédérique Bredin.

En initiant, à l’automne 2015, le programme « Cinéma et citoyenneté », Frédérique Bredin a souhaité, grâce à la mobilisation de volontaires du Service civique, sensibiliser le plus grand nombre de collégiens, de lycéens et d’apprentis aux enjeux liés à l’image. En partenariat avec l’association Unis-cité, ce sont plus de 300 jeunes volontaires, répartis sur l’ensemble du territoire national (16 départements et 9 régions de France) qui ont organisé et animé un millier de projections de films depuis le début de l’année 2016. Cela, dans le but d’encourager le dialogue citoyen et de partager des moments de cinéma, car « le cinéma nous

préserve de l’ignorance par le débat qu’il suscite » a rappelé Frédérique Bredin. Le CNC a mis à disposition des volontaires « Cinéma et citoyenneté » un catalogue de 26 films français et Camille redouble. Celui-ci a été constitué en collaboration avec le ministère de l’éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Unis-Cité, association pionnière et spécialiste du Service civique en France, a mobilisé pour ce projet ses antennes dans 20 villes de France (Marseille, Rouen, Tours etc.) qui ont accueilli, formé et accompagné les volontaires dans leurs missions de service civique.Compte tenu du succès rencontré par cette année pilote, le CNC mobilisera 1000 nouveaux volontaires dès l’an prochain avec Unis-Cité, faisant de cette mission la première grande mission nationale de Service civique dans le champ de la culture.Ce projet s’inscrit dans le cadre du grand programme « Citoyens de la culture », lancé par le ministère de la Culture et de la Communication, visant à mobiliser 8 000 jeunes volontaires en Service civique.Cette première promotion de volontaires « Cinéma et citoyenneté » s’est réunie, le 9 juin dernier, au Centre Pompidou pour une journée de rassemblement et de partage d’expériences, en présence de Frédérique Bredin, et des partenaires du projet.

Journée de rassemblement des volontaires « cinéma et citoyenneté » au Centre Pompidou © Farida Brechemier.

« le cinéma, dans de nombreuses petites villes et de communes rurales, est aujourd’hui le seul, l’unique lieu culturel qui existe »

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le dossier

Retour sur La Fête du cinéma 2016En 1985, La Fête du Cinéma est créée par Jack Lang, ministre de la Culture, et par tous les professionnels comme un grand moment populaire et culturel, dont l’ambition était de faire découvrir à tous le cinéma, et particulièrement aux plus jeunes.En 2016, 30 ans après son lancement, le CNC a souhaité remettre à l’honneur une série d’évènements en faveur du cinéma et ouverts à tous les publics. Grâce à des projections inédites, animations originales, invités surprises, ateliers pour enfants, débats, master class, etc. le public a pu participer à de nombreuses manifestations autour du cinéma : manifestations qui ont ainsi accompagné la grande opération de promotion en salles menée par la FNCF qui comme chaque année propose aux spectateurs, des places de cinéma au tarif exceptionnel de 4 € pour tous.

La Fête du cinéma dans le mondeDes projections, des animations des débats partout dans le monde ont été proposés du 20 au 30 juin, grâce au partenariat avec l’Institut français : Istanbul, Beyrouth, Jakarta, Alger, Libreville, Rio de Janeiro, Mexico, New-York, Séville, florence, Londres…au total 40 alliances françaises et 30 postes mobilisés dans plus de 20 pays !

La Fête du cinéma en débatSalle comble pour le grand débat organisé au théâtre de l’Europe I’Odéon sur le thème : « le cinéma en débat, comment changer le monde », animé par Frédéric Taddéï, entouré de Nabyl Ayouch, Maïmouna Doukouré, Samuel Blumenfeld, Deniz Gamze Ergüven, Costa-Gavras, Baya Kasmi et Michel Leclerc.

La Fête du cinéma à la télévisionFrance Télévisions a fêté le cinéma, en proposant une soirée évènementielle sur France 2 le 25 juin. « Le Grand Show du cinéma » est revenu en images et en musique sur 50 ans de cinéma français. Cette émission, présentée par Michel Drucker, qui s’est entouré de grandes personnalités du cinéma, a été l’occasion de découvrir le classement des vingt films préférés des français !

© Farida Brechemier

Projection à Antananarivo à Madagascar ! © Tony Rakoto

© Studio VOA

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La Fête du cinéma partout dans la ville, dans les musées, à Paris et en régions…Plus de 2000 personnes au Wanderlust, à Paris, qui a proposé trois jours d’animations en continu autour du cinéma : projections, ciné-concert, ciné-karaoké, ateliers de maquillage, Film Book, ateliers pour enfants, Cabine Harcourt, réalité virtuelle etc.

Plusieurs musées et cinémathèques ont proposé des projections de films, des ateliers pour enfants, des visites guidées : Institut du monde arabe, Musée Guimet, Cité de l’Architecture et du patrimoine, L’Agence du court métrage, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, le Musée gaumont etc.

La Fête du cinéma pour tousHôpitaux, maisons de retraite, centre pour personnes handicapées, centres d’asiles, centres pénitentiaires en collaboration avec Résonance Culture ont participé à l’édition 2016.

La Fête du cinéma en coulissesLe public a pu assister à de nombreux ateliers, ou visiter des lieux réservés aux professionnels du cinéma comme le cinéma les Fauvettes, La Fémis, La Cinémathèque française, Les studios de doublage VOA etc. Plus de 1 000 visiteurs sur un week-end pour cette édition !

© Farida Brechemier

© Farida Brechemier

© Fondation Jerôme Pathé Seydoux

© Farida Brechemier

© Studio VOA

La Ciné-BrocanteAffiches, livres, appareils, objets de cinéma et fanfare à la grande ciné-Brocante qui a réuni 39 exposants sur le parvis de la BnF, et qui a rencontré un vif succès !

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Delphine de Vigan – Présidente de la commission de soutien au scénario et à la réécriture

Vous présidez la commission de soutien au scénario et à la réécriture depuis septembre 2015, vous étiez-vous fixé des objectifs durant votre mandat ?

Non, pas vraiment. C’était pour moi une expérience nouvelle, une aventure à mener sans idée préconçue. Je suis assez ouverte à différentes formes de cinéma, j’étais curieuse de voir quels types de projets sont étudiés dans cette commission, d’écouter les échanges qu’ils suscitent.

Quel regard portez-vous sur l’écriture cinématographique actuelle ?

J’aime sa diversité. Je me rends compte au fil du temps que j’ai des goûts assez éclectiques et que je peux adhérer à des écritures très différentes. J’ai beaucoup de respect pour l’acte d’écrire, qu’il s’agisse d’un livre ou d’un scénario. Je sais ce que cela représente. Soumettre un traitement ou un scénario à une commission comme celle-ci, ce n’est pas rien. Tenter de donner à lire le film que l’on imagine, s’exposer au regard des autres, encaisser les réserves ou les critiques… ce ne sont pas seulement des enjeux financiers. Les auteurs attentent un retour éclairé sur ce qu’ils ont écrit. Il importe qu’une commission comme celle-ci puisse accueillir des projets de toute sorte, et certains sont très audacieux…

Quel est votre lien au cinéma ?

J’ai un lien très fort avec le cinéma. Le cinéma a fait partie de ma construction, à la fois en tant que personne et en tant qu’écrivain. Autant que les livres, je crois. J’aime cette idée que nous sommes faits de nos lectures, des films que nous avons vus et aimés, que les mots et les images, - même ceux que l’on a oubliés - font aujourd’hui partie de notre ADN. Chaque âge de ma vie est intimement lié aux films que j’ai vus à cette période. J’aime aller au cinéma seule, j’aime être assise dans le noir d’une salle de cinéma et sentir le public autour de moi. C’est un lien assez viscéral, nécessaire. Depuis quelques années, il m’arrive d’écrire pour le cinéma. Le plus souvent dans le cadre de collaborations. Je ne suis pas scénariste. Je suis un écrivain qui

collabore à des scénarios, et il me semble que c’est un autre regard, qui peut apporter quelque chose.

Quel bilan faites-vous de votre expérience après un an de présence au sein de cette commission ?

J’ai beaucoup aimé présider cette commission. C’est passionnant. J’ai essayé d’être à l’écoute des membres et de laisser une chance à toutes les formes d’écriture. De ne jamais passer en force et de respecter les auteurs. J’ai appris beaucoup. Je suis heureuse de voir que de films de genre, des documentaires, des films d’animation, arrivent à obtenir l’aide. Il me semble que c’est plus difficile pour la comédie. Ce n’est pas un a priori contre le genre, cela tient au fait que l’humour est sans doute la chose que nous partageons le moins. Ce qui fait rire les uns laisse les autres de marbre, et vice-versa. Heureusement, quelques projets de comédie ont obtenu l’aide cette année et je m’en réjouis.

Quels sont vos projets pour l’année à venir ?

Je vais accompagner les traductions de mon dernier livre à l’étranger. Je vais donc beaucoup voyager. Ensuite je reprendrai une lecture musicale que nous avons créée avec la Grande Sophie et que nous allons rejouer à Paris et un peu partout en France. Je ne pourrai malheureusement pas renouveler mon mandat cette année, mais ce n’est que partie remise !

l’entretienLa commission du soutien au scénario, long métrage cinéma, a pour objectif d’accompagner et de favoriser l’ambition et la créativité des auteurs au moment de l’écriture ou de la réécriture de leur scénario.

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en bref

Depuis 2007, le Fonds Nouveaux Médias accompagne des œuvres audiovisuelles innovantes qui intègrent les spécificités des nouveaux médias et nouveaux usages dans leur démarche de création et de diffusion. Les projets issus de ce laboratoire éditorial et économique se caractérisent par leur diversité : ce sont des séries digitales, des narrations interactives, des applications mobiles ou encore des expériences en réalité virtuelle. Le conseil d’administration du CNC du 7 avril 2016 a adopté une proposition de réforme de ce Fonds, dont le fonctionnement n’avait pas été modifié depuis sa création en 2007. Ainsi, le fonds s’articule désormais autour de trois aides permettant d’accompagner toutes les phases de réalisation du projet : aide à l’écriture (réservée

aux auteurs), aide au développement (entreprises de production), aide à la production (entreprises de production)Bien que la distinction entre l’aide au développement « multisupports » et l’aide au développement « internet / écrans mobiles » disparaisse, le Fonds Nouveaux Médias permettra toujours de soutenir des projets fondés sur une architecture transmédia dès lors que le déploiement proposé sur le digital recouvre des enjeux narratifs singuliers.D’autre part, ces trois aides ne sont plus contraintes par un plafond en valeur absolue. Cette mesure permet de tenir compte de la maturation sectorielle qui a récemment entrainé une hausse importante des devis de production, correspondant notamment à des projets de séries digitales ou de films en réalité virtuelle. Enfin, les

règles en matière de territorialisation sont assouplies dans le sens d’une harmonisation avec la réglementation du fonds de soutien audiovisuel. Ainsi, dans le cas d’une coproduction internationale, le pourcentage minimum des dépenses de production en France s’élève désormais à 24%.

Frédérique Bredin a par ailleurs nommé, le 18 juillet dernier, le cinéaste Pierre Schoeller président de la commission, en remplacement de Céline Sciamma, qui a accompli un travail remarquable durant ces deux dernières années.

Le descriptif complet du Fonds Nouveaux Médias est accessible sur le site du CNC : http://www.cnc.fr/web/fr/aide-aux-projets-nouveaux-medias

C’était attendu et annoncé : la Commission européenne a présenté sa proposition de révision de la directive sur les services de médias audiovisuels (directive SMA) le 25 mai dernier. Cette directive qui date de 2010 établit les règles applicables aux chaînes de télévision et aux services audiovisuels à la demande en Europe : droit de diffusion dans les territoires des autres états membres, harmonisation des règles en matière de protection des mineurs et de publicité, dispositions en faveur de la promotion des œuvres européennes, etc.Le nouveau texte reprend plusieurs des propositions de la France et de ses partenaires. Il va désormais être discuté et amendé au sein du Conseil des Ministres de l’UE et du Parlement européen, les deux co-législateurs européens, au cours des prochains mois.

Des changements importants pour lesservices audiovisuels à la demande :Le texte prévoit que, pour les services « non linéaires » en ligne, les règles du pays ciblé par le service s’appliqueront à l’avenir en matière d’obligation d’investissement ou de paiement de taxes/contribution à des fonds de soutien nationaux. Cela signifie concrètement qu’une plateforme, dès lors qu’elle réalise un chiffre d’affaires en France, pourrait acquitter la taxe sur les vidéogrammes (qui alimente le compte de soutien du CNC), même si elle est établie dans un autre pays européen. De plus, les services à la demande devront avoir au moins 20% d’œuvres européennes dans leurs catalogues, et ils seront soumis à une exigence de mise en avant des œuvres européennes.

Les autres nouveautés etaménagements notables : Les plateformes de partage de vidéos entrent dans le champ de la directive et seront soumises à des règles européennes communes en matière de protection des mineurs et de lutte contre l’incitation à la haine, comme les médias traditionnels. Par ailleurs, les règles relatives à la publicité sont allégées (la limite de 20% du temps de diffusion ne s’appréciera pas sur une heure mais sur une journée), et le placement de produit est autorisé sous conditions.

Quelques dispositions –clés restent cependant inchangées : la définition de l’œuvre européenne ou encore les quotas de diffusion d’œuvres européennes applicables aux chaînes de télévision.

Les points essentiels de la réforme du Fonds Nouveaux Médias

Régulation audiovisuelle européenne : de nouvelles orientations prometteuses

la lettre du CNC numéro 129, juillet - août 2016 — 9

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Le CNC eT Le FRoNT PoPULAiRe

à l’occasion des 80 ans du Front populaire, le CNC a organisé avec l’Université Sorbonne Nouvelle Paris -3, le 8 juin dernier, un colloque à l’Assemblée nationale sur le thème: « Le Front populaire architecte de la politique du cinéma français ». En présence de Claude Bartelone, président de l’Assemblée nationale, Frédérique Bredin, présidente du CNC et Laurent Creton, président de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris-3, ce colloque a été l’occasion de mettre en avant l’importance des réformes du Front populaire qui ont permis au secteur cinématographique de sortir de son marasme. Avec l’aide active de Jean Zay, alors ministre de l’éducation nationale et des Beaux-Arts, le Front populaire marque ainsi la naissance d’une réelle politique du cinéma qui va se déployer de 1936 à 1939. Dans le même temps, pour célébrer les 80 ans de la signature des accords de Matignon, Manuel Valls, Premier ministre, a reçu à l’hôtel de Matignon des volontaires du Service civique engagés par le CNC, ainsi que plusieurs personnalités du cinéma. Il est revenu au cours de son discours sur les liens étroits entre le cinéma et le Front populaire, et sur la manière dont le Front populaire a posé les bases de notre politique culturelle, et notamment en matière de promotion du septième art. Le CNC a également souhaité dans ce cadre, organiser une programmation de films de l’époque, réalisés par Jean Renoir, – dont le film La Vie est à nous est nouvellementrestauré – Julien Duvivier, Marcel Carné, Jean-Paul Dreyfus et bien d’autres. Faire découvrir et redécouvrir des œuvres rares, comprendre leurs influences dans l’orientation

politique et culturelle du monde, mesurer leurs héritages, ce sont ces orientations qui ont été déclinées dans le cadre de ce festival, au cinéma l’Arlequin à Paris du 7 au 10 juin dernier. Le CNC publiera prochainement les actes du colloque, qui seront disponibles sur cnc.fr.

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7 8 9 10 juin 2016

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En 2006, deux films ont symbolisé le renouveau du cinéma roumain : « Comment j’ai fêté la fin du monde » de Catalin Mitulescu, et « La mort de Dante Lazarescu » de Cristi Puiu. L’année suivante, « 12h08 à l’Est de Bucarest » de Corneliu Porumboiu et « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » de Cristian Mungiu ont confirmé l’apparition d’une « Nouvelle Vague » du cinéma roumain, et suscité un vif intérêt de la part des professionnels français du cinéma. C’est pourquoi, dès 2009, les gouvernements des deux pays ont signé un nouvel accord de coproduction visant à encourager la coopération entre

les producteurs français et roumains. Le précédent accord de coproduction franco-roumain datait de 1966. Depuis la signature de l’Accord de 2009, la relation de coproduction s’est considérablement intensifiée avec la Roumanie : durant la seule année 2015, cinq projets d’initiative roumaine ont été coproduits officiellement avec la France. Le 29 octobre 2013, Frédérique Bredin et son homologue roumain, Mihai Ioan Kogalniceanu, ont signé à Bucarest une « déclaration commune » par laquelle les « CNC » roumain et français s’engageaient à coopérer dans plusieurs domaines. Le 15 mai dernier,

à l’occasion du 69e Festival de Cannes, les ministres française et roumaine de la culture, Audrey Azoulay et Corina Suteu, ainsi que les dirigeants des deux CNC, ont signé une convention de coopération contenant un véritable programme de travail autour de quatre chantiers prioritaires : le patrimoine (formation d’un agent des Archives du film roumain, programmation de films restaurés, etc.) ; l’éducation à l’image (échange de bonnes pratiques) ; les outils fiscaux (élaboration d’un dispositif de type Sofica en Roumanie) ; et les enjeux européens.

Convention de coopération France -Roumanie

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1 MOTEUR !

UN PROGRAMME ÉDUCATIF ET CULTUREL DU CNC EN PARTENARIAT AVEC L’ÉDUCATION NATIONALE

JUIN 2016LES ENFANTS DES LUMIÈRE(S)

M TEUR N°1

Bilan du marché du documentaire en 2015à l’occasion du marché international du documentaire Sunny Side of the Doc, le CNC a publié pour la septième année consécutive une étude sur le marché du documentaire qui présente une analyse de la production et de la diffusion (salles de cinéma, télévision, vidéo physique, vidéo à la demande, télévision de rattrapage et exportation) des documentaires cinématographiques et audiovisuels. 2015 est une année record en termes de nombre de films documentaires produits avec 47 documentaires agréés, soit 10 titres de plus qu’en 2014 pour un devis total de 27,0 M€. En 2015, le devis moyen des documentaires est de 573,5 K€, contre 4,4 M€ pour l’ensemble des films agréés.

L’offre de long métrage documentaire en salles atteint le niveau le plus élevé de la décennie avec 104 documentaires, soit 15,9 % de l’ensemble des films sortis dans l’année. 70 films français inédits sont sortis en salles, soit 67,3 % de l’ensemble des films documentaires inédits. Les films documentaires sortis en 2015 réalisent 2,2 millions d’entrées dans les salles de cinéma (+9,0 % par rapport à 2014). 1,0 million d’entrées sont réalisées par les films documentaires français, soit une part de marché de 47,1 %. La production de documentaires audiovisuels s’élève à 2 480 heures (-4,3 % par rapport à 2014) pour un total des devis de 409,0 M€ (+2,6 %). Le coût horaire moyen augmente de 7,2 % à 165,0 K€. L’apport du CNC s’élève à 82,1 M€ et représente 20,1 % du financement du documentaire.

L’étude intégrale est disponible sur www.cnc.fr

Moteur ! Le CNC a publié le premier numéro du journal Moteur ! qui s’inscrit dans le programme « Les Enfants des Lumière(s) ». Ce programme éducatif et culturel du CNC, en partenariat avec l’éducation nationale a pour ambition de mettre en place des ateliers de pratiques artistiques à destination d’enfants scolarisés en zone d’éducation prioritaire. Il s’agit pour le CNC de renforcer sa mission de promotion, de diffusion et d’éducation à l’image en direction de l’enfance et de la jeunesse, tout en contribuant, par la pratique, à accompagner les plus jeunes dans la découverte des métiers du cinéma, des professionnels et des œuvres. éveiller la curiosité, former le discernement et l’esprit critique, développer la compréhension des œuvres et le plaisir du cinéma, voilà quelques-uns des objectifs des Enfants des Lumière(s), programme qui a été lancé en septembre 2015.

Le journal Moteur ! recueille écrits, dessins, affiches, témoignages etc. de l’ensemble des élèves qui ont participé au dispositif, et qui retrace ce qu’il ont vécus au cours de cette année autour du cinéma : rencontres, films vus, visites etc.

les publications

la lettre du CNC numéro 129, juillet - août 2016 — 11

Page 12: la lettre du CNC no 129 juillet - août 2016

directrice de la publicationFrédérique Bredincoordination généraleEvelyne Laquitcoordination adjointe secrétaire de rédactionAriane Nouvet

comité de rédactionBenoit Danard, Emmanuelle Deprats, Alice Landrieu, Jean-Paul Clergeau, Lionel de Sousa, Steeve Desgagné, Hugo Dessaigne, Marion Gollety, Aurore Jenkins, Éric Le Roy, Sabrina Mihoubi, Laurent Bismuth, Catherine Merlhiot, Ariane Nouvet, Laurence Peyré

Ont participé à ce numéroRafaele Garcia conception graphique : c-albumImpression : Bialec, NancyDépôt légal à parution ISSN : 1762-4789Reproduction autorisée avec mention d’origine