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« Il n’y a pas de petit écogeste ». La maxime qui concerne les économies s’applique également au respect de l’eau. Il est clair que les pouvoirs publics et les entités institutionnelles d’enver- gure sont «en première ligne» pour lutter contre les pollutions. Leurs décisions touchent un territoire dans son ensemble. Une mesure comme l’interdiction du phosphate dans les produits de lessive textile a porté d’indéniables fruits. La qualité des eaux du Léman s’est améliorée. Pour participer à la lutte à la source contre les polluants, les citoyens, les communes, les agri- culteurs, les arboriculteurs et les industriels sont aussi les bienvenus pour trouver des solu- tions aux problèmes d’aujourd’hui. Quelques bonnes pratiques, astuces et conseils à suivre sont proposés aux particuliers pour la vie quotidienne dans cette Lettre du Léman. François Rapin, secrétaire général de la CIPEL état du léman pas de brassage du lac Les eaux du Léman ne se sont pas brassées entièrement au cours de l’hiver 2010-2011. Le mélange n’a pu se faire que jusqu’à 100 m de profondeur. Lors d’hivers froids et venteux, il arrive que l’habituelle stratification des eaux en couches aux densités différentes s’estompe. Lorsque toute la masse d’eau est refroidie pendant l’hiver et atteint la même densité, cela permet une circulation que l’on appelle brassage des eaux du lac, un phénomène physique aux conséquences bénéfiques pour l’écosystème, puisqu’il oxygène les eaux jusqu’en pro- fondeur. Les deux derniers brassages du Léman ont eu lieu aux mois de mars 2005 et 2006. La concentration d’oxygène au fond du lac est actuellement encore satisfaisante. la quantité de phosphore baisse légèrement La concentration moyenne de phosphore dans les eaux du Léman a très légèrement baissé (2%). En 2010, cette concentration s’élevait à 22.4 µg P/L, contre 22.8 en 2009. Pour lutter contre l’eutrophisation aiguë du Léman, une prolifération d’algues importante due au phos- phore (90 µg P/L en 1979), la CIPEL a préconisé des mesures environnementales et fixé comme objectif pour 2010 un taux de 20 µg P/L de phosphore. Désormais, elle estime que seule une concentration encore plus basse, soit de 10 à 15, serait à même de rendre le lac oligotrophe, équilibré, sain. Il convient donc de poursuivre les efforts. L’utilisation de poudres ou tablettes sans phosphate pour le lave-vaisselle est d’autant plus recommandée. la qualité des plages tourne au bleu Le pourcentage de plages en catégorie bleue (eau de bonne qualité) a augmenté et se monte à 83%, soit 4% de plus que la saison passée (2009-2010). En revanche, il y a cette année une plage de catégorie rouge (eau de mauvaise qualité, baignade interdite) et une classée en jaune (eau momentanément polluée, éviter de plonger). Des problèmes locaux d’assai- nissement imparfait sur le bassin versant et une activité agricole mal maîtrisée sont en cause. Des actions sont en cours pour enrayer ces pollutions. no 42 juin 2011 issn 1016-3395 dossier ecogestes et bonnes pratiques pour les citoyens et pour les collectivités vrai ou faux ? l’usage de l’eau en dix questions brèves l’arve, pure en 2012? protéger les eaux souterraines deux sous-marins sondent le lac la lettre du léman bulletin d’information de la commission internationale pour la protection des eaux du léman La riviera vaudoise. © Pierre-André Doriot – fotolia.com

la lettre du léman · a fortiori sur les bordures de routes et espaces bitumés, où leur utilisation est carrément in - terdite en Suisse. Les collectivités publiques sont incitées

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Page 1: la lettre du léman · a fortiori sur les bordures de routes et espaces bitumés, où leur utilisation est carrément in - terdite en Suisse. Les collectivités publiques sont incitées

«Il n’y a pas de petit écogeste». La maxime qui concerne les économies s’applique égalementau respect de l’eau. Il est clair que les pouvoirs publics et les entités institutionnelles d’enver-gure sont «en première ligne» pour lutter contre les pollutions. Leurs décisions touchent unterritoire dans son ensemble. Une mesure comme l’interdiction du phosphate dans les produitsde lessive textile a porté d’indéniables fruits. La qualité des eaux du Léman s’est améliorée.Pour participer à la lutte à la source contre les polluants, les citoyens, les communes, les agri-culteurs, les arboriculteurs et les industriels sont aussi les bienvenus pour trouver des solu-tions aux problèmes d’aujourd’hui. Quelques bonnes pratiques, astuces et conseils à suivresont proposés aux particuliers pour la vie quotidienne dans cette Lettre du Léman.

François Rapin, secrétaire général de la CIPEL

état du lémanpas de brassage du lacLes eaux du Léman ne se sont pas brassées entièrement au cours de l’hiver 2010-2011. Lemélange n’a pu se faire que jusqu’à 100 m de profondeur. Lors d’hivers froids et venteux, ilarrive que l’habituelle stratification des eaux en couches aux densités différentes s’estompe.Lorsque toute la masse d’eau est refroidie pendant l’hiver et atteint la même densité, celapermet une circulation que l’on appelle brassage des eaux du lac, un phénomène physiqueaux conséquences bénéfiques pour l’écosystème, puisqu’il oxygène les eaux jusqu’en pro-fondeur. Les deux derniers brassages du Léman ont eu lieu aux mois de mars 2005 et 2006.La concentration d’oxygène au fond du lac est actuellement encore satisfaisante.

la quantité de phosphore baisse légèrementLa concentration moyenne de phosphore dans les eaux du Léman a très légèrement baissé(2%). En 2010, cette concentration s’élevait à 22.4 µg P/L, contre 22.8 en 2009. Pour luttercontre l’eutrophisation aiguë du Léman, une prolifération d’algues importante due au phos-phore (90 µg P/L en 1979), la CIPEL a préconisé des mesures environnementales et fixé commeobjectif pour 2010 un taux de 20 µg P/L de phosphore. Désormais, elle estime que seule uneconcentration encore plus basse, soit de 10 à 15, serait à même de rendre le lac oligotrophe,équilibré, sain. Il convient donc de poursuivre les efforts. L’utilisation de poudres ou tablettessans phosphate pour le lave-vaisselle est d’autant plus recommandée.

la qualité des plages tourne au bleuLe pourcentage de plages en catégorie bleue (eau de bonne qualité) a augmenté et se monteà 83%, soit 4% de plus que la saison passée (2009-2010). En revanche, il y a cette annéeune plage de catégorie rouge (eau de mauvaise qualité, baignade interdite) et une classéeen jaune (eau momentanément polluée, éviter de plonger). Des problèmes locaux d’assai-nissement imparfait sur le bassin versant et une activité agricole mal maîtrisée sont en cause.Des actions sont en cours pour enrayer ces pollutions.

no 42

juin 2011

issn 1016-3395

dossier

ecogestes et bonnes pratiques

pour les citoyens et

pour les collectivités

vrai ou faux?

l’usage de l’eau en dix questions

brèves

l’arve, pure en 2012?

protéger les eaux souterraines

deux sous-marins sondent le lac

la lettre du lémanbulletin d’information de la commission internationale pour la protection des eaux du léman

La riviera vaudoise. © Pierre-André Doriot – fotolia.com

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à la maison

équipez vos robinets d’aérateursCe dispositif permet d’économiser en moyenne3% d’eau.

équipez vos robinets de mitigeursEn réglant simultanément température etdébit, vous pouvez économiser jusqu’à 10%d’eau.

préférez la douche au bainUne douche de durée moyenne consomme 50litres d’eau, un bain 3 à 4 fois plus !

un robinet qui goutte, ça coûteUn joint défectueux sur un robinet peut vousfaire gaspiller jusqu’à 100 litres d’eau par jour,une chasse d’eau qui fuit jusqu’à 600 litrespar jour.

installez une chasse à double débitEn équipant ainsi votre chasse d’eau, vous di-viserez alors par 2 voire 3 sa consommation.Ou plus simple : insérez une brique ou unebouteille d’eau pleine à l’intérieur du collec-teur d’eau; ou réglez la butée de remplissage.Cela réduira sa capacité, donc votre consom-mation.

préférez un électroménageréconome en eau, en électricitéL’éventuel surcoût à l’achat est amorti par leséconomies d’eau et d’énergie.

lavez malin !Attendez que votre lave-linge soit plein avantde le faire fonctionner. Souvent, un pro-gramme à 30° ou 40° C suffit si le linge estpeu sale. Cela économise de l’énergie etépargne vos tissus.

supprimez le prélavage !Nos textiles modernes ne nécessitent plus deprélavage en machine. Vous économiserezainsi 15% d’énergie !

une vaisselle lavée sans phosphate !Utilisez un produit sans phosphate pour lelave-vaisselle contribue à lutter contre la pol-lution et la prolifération d’algues.

optimisez votre lave-vaisselleAttendez qu’il soit plein pour le mettre enmarche. À noter, les vaisselles à la main sontplus coûteuses en énergie et en eau, maissont exemptes de phosphate.

ayez le réflexe déchetterieNe jamais déverser les huiles de vidange, lessolvants, etc. dans votre évier. Ces substancestrès dangereuses pour l’environnement doi-vent être apportées à la déchetterie ou sur lelieu d’achat pour un recyclage adéquat.

les médicaments : en cas demaladie seulementLes substances actives ne sont pas utiliséesentièrement par notre corps. Une partie nonnégligeable se retrouve dans nos urines et ex-créments et peut s’accumuler dans les eaux.Faisons-en un usage raisonné.

ne jetez jamais de médicaments !Si votre armoire à pharmacie déborde de mé-dicaments inutilisés, donnez-les à votre phar-macien, qui en fait la collecte gratuitement,pour protéger vos enfants et préserver la na-ture.

contre les mouches : la tapette !Préférez cette bonne vieille méthode, moinsnocive qu’un insecticide et tout aussi efficace.

vers un bon état des eauxécogestes et bonnes pratiques

comment faire pour améliorer

la qualité des eaux du

bassin versant? sachant que

nous sommes tous des

usagers, donc à priori des

pollueurs de l’eau, voici

un répertoire non exhaustif

d’exemples et de conseils.

à suivre sans modération ;

ou presque.

L’eau du robinet, boisson idéale et écologique. © Crème solaire : avec filtres minéraux. ©

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buvez l’eau du robinetL’eau du réseau est d’excellente qualité. Ellesubit un traitement adéquat et n’a que peud’impact sur l’environnement.

avez-vous un verre à dents ?Très utile, quand on sait qu’un robinet quicoule consomme 12 à 18 litres d’eau par mi-nute. Fermer celui-ci pendant le brossage dedents épargne l’eau d’autant.

nettoyez tout au vinaigre blanc !Très efficace, économique et moins agressifque les autres détergents.

dans vos loisirs

des filtres minéraux dans votrecrème solaireLes filtres solaires (UV) chimiques sont soup-çonnés d’être des perturbateurs hormonauxpour les êtres vivants, humains compris. Pri-vilégiez une crème protectrice contenant desfiltres minéraux contre les rayons solaires.

soyez un pêcheur raisonnableRespectez les tailles minimales de capture despoissons et des écrevisses, afin de permettrele renouvellement des espèces.

naviguez avec respectLes roselières, réserves naturelles et embou-chures de rivière sont des zones où la fauneet la flore trouvent refuge. Les embarcationsn’y ont pas leur place.

respectez les zones humidesLes marais, tourbières, étangs et roselièresjouent un rôle de filtre naturel pour l’eau. Cesont des milieux fragiles. Pensez-y lors de vospromenades !

respectez les fleurs sauvagesPromeneur, limitez votre cueillette de fleurs ;et n’arrachez surtout pas les racines.

pas de neige au ski ? tant pis !Le développement de la neige de culture peutnuire aux milieux aquatiques.

les mégots de cigarette peuventtuer les poissons !Les filtres de cigarettes jetés dans la rue, en-traînés par les eaux de pluie, aboutissent aulac. Ils peuvent ainsi tuer les poissons qui lesconfondent avec de la nourriture.

lâchers de ballons = danger pourla faune !Limitez les lâchers de ballons. Ceux-ci, lâchésdans les airs finissent, pour certains, une foisdégonflés, au lac ou à la mer. Poissons et oi-seaux les confondent avec de la nourriture.

jardinez au naturel

1 binage = 2 arrosagesEn binant la terre, on améliore l’efficacité del’arrosage.

arrosez votre jardin le soirSous le soleil, 60% de l’eau s’évapore avantmême d’avoir été absorbée par les plantes.

salade rincée, plantes arroséesRéutilisez l’eau de rinçage de la salade(presque 2 litres !) pour arroser vos plantesvertes.

arrosez à l’eau de pluieImpropre à la consommation humaine, l’eaude pluie peut cependant servir à l’arrosagedes plantes. Réfléchissez à l’installation d’un

récupérateur d’eau de pluie dans votre mai-son qui vous permettra de faire des écono-mies d’eau substantielles.

«paillez» vos plantationsDisposer écorces, graviers ou autres, au piedde vos plantations, préserve des mauvaisesherbes, réduit les besoins en arrosage et évitele recours aux pesticides.

désherbez à l’eau de cuisson !Peu coûteuse et non toxique, l’eau de cuis-son de vos pâtes ou légumes est très efficacepour désherber les joints des dalles et pavés;mais aussi contre les champignons.

jardinez malin !Contre les limaces et les fourmis, épandez descendres de bois ou des coquilles d’œufs pi-lées autour de vos cultures.

désherbez à la binette !Ce procédé, moins coûteux et non toxiquecontrairement à un produit chimique, vousfera faire de l’exercice !

faites du compost avecvos déchets végétauxLes déchets végétaux crus, une fois compos-tés, seront très utiles pour améliorer la terrede votre jardin.

arrosez avec un goutte-à-goutteVous consommerez ainsi 4 litres par heure aulieu de 12 litres par minute : 180 fois moins !

recourez aux associationsde culturesCarottes et oignons, par exemple, se protè-gent réciproquement contre la mouche. De-mandez conseil au spécialiste.

Le compost, c’est la baguette magique du jardinier. © Limiter sa cueillette de fleurs sauvages. © Le vinaigre blanc nettoie tout. ©

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des espaces verts plus verts

l’entretien différencié des parcsLes pesticides deviennent des micropolluantslorsqu’ils se retrouvent dans les eaux. Ce sontdes substances indésirables, souvent toxiques,qui peuvent présenter un risque pour la santéet l’environnement. Si le recours aux pesti-cides est souvent vanté pour augmenter lerendement en agriculture, il est difficilementjustifiable, en l’état des connaissances ac-tuelles, d’en épandre dans les parcs publics ;a fortiori sur les bordures de routes et espacesbitumés, où leur utilisation est carrément in-terdite en Suisse. Les collectivités publiquessont incitées à cesser d’utiliser des pesticidessur les espaces verts communaux, en em-brassant les principes de « l’entretien diffé-rencié» (cf. Lettre du Léman N° 39). Favoriserles espèces indigènes aide à se passer de pes-ticides. Passer à une autre forme d’esthétiquede l’espace vert permet de laisser une formede vie sauvage végétale s’immiscer dans leslignes épurées du jardin à la française.

La notion de l’entretien différencié, qui a sesorigines en Europe du Nord dans les années70, peut se résumer ainsi : «Entretenir autantque nécessaire mais aussi peu que possible».Il s’agit de ne plus considérer les espacesverts comme un tout à entretenir de manièrestandardisée, mais comme un ensemble d’es-paces ayant chacun leur vocation et leur es-thétique et donc des moyens correspon-dants. La démarche relève d’un changementimportant et implique que les employés char-gés de l’entretien des espaces verts soientformés lors de séminaires et/ou d’ateliers pra-tiques. Le but est de les sensibiliser à unmode de travail qui est souvent très différentde leur formation initiale. Les sujets traités

abordent principalement les thèmes de la na-ture en zone habitée et du respect de la fauneet de la flore. La Ville de Lausanne a adoptécette méthode en 1992, et constitue un exem-ple à suivre sur le bassin versant du Léman.Côté France, c’est la Ville de Thonon-les-Bainsnotamment, qui joue un rôle phare.

www.lausanne.ch/view.asp?domId=64153&lan-guage=Fwww.vssg.ch

formationsLes établissements suivants dispensant descours et séminaires pratiques destinés auxemployés de commune chargés de l’entretiendes routes et des espaces verts :En Suisse : Le SANU, à Bienne.

www.sanu.chEn France : Le CNFPT Rhône-Alpes

à Grenoble. www.cnfpt.fr

sensibiliser les citoyensau respect de l’eau

Les écogestes favorisant le respect de l’eausont à reproduire sans modération et à véhi-culer auprès des citoyens. «Le guide du jardinnaturel» de la CIPEL (voir ci-contre) est à dis-position gratuitement. Sur demande, un par-tenariat avec une commune pour l’adresser àses habitants jardiniers pourrait être envisagé.http://www.cipel.org/sp/article183.html

protéger les zones humides

Localiser et caractériser les zones humides,les mettre sous protection réglementaire oulégale, les entretenir afin d’éviter qu’elles nes’assèchent.

activités nautiques

les rendre plus respectueuses del’environnementSupprimer les amarrages de bateaux dans lesembouchures de rivières et en pleine eau(corps morts). Optimiser les lieux de parcagedes bateaux (ports à sec). Permettre aux navi-gateurs une bonne gestion de leurs eaux uséesen offrant des lieux de dépose des eaux noires.

communes riverainesdu léman

promouvoir des rives plus naturellesLors de travaux sur les rives du lac, préférerune revitalisation à un nouveau bétonnage.Réfléchir aux besoins, avant d’entamer unagrandissement de port, par exemple. Les ci-toyens apprécient les rives naturelles.

collectivités exemplairesquant au respect de l’eau

Prairie maigre en ville de Lausanne. © Ville de Lausanne La rivière l’Hermance après renaturation. © CIPEL

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1. l’arrosageUne plante a besoin d’une certaine quantitéd’eau pour sa croissance. Impossible de maî-triser la consommation d’eau d’arrosage, àmoins d’assoiffer la plante. Vrai ou faux ?

faux. Quelques astuces de jardinier : Rajou-ter du compost à la terre favorise la bonnecirculation de l’eau et sa rétention. Recouvrirle sol au pied des arbres et des arbustes poury garder l’humidité. Arroser le soir ou tôt lematin afin que l’eau s’infiltre dans le sol plu-tôt qu’elle ne s’évapore sous l’effet de la cha-leur. Arrosez le gazon, les fleurs et les légumesabondamment mais deux fois par semaineplutôt qu’un peu tous les jours. Biner la terreaméliore l’efficacité de l’arrosage.

2. les pesticidesLes désherbants actuels ne sont nocifs quepour les mauvaises herbes. Vrai ou faux ?

faux. Limitez l’usage des désherbants ! Lesdésherbants et autres pesticides sont des pro-duits toxiques. Mal vaporisés, ils peuvent dé-truire la plante qu’ils sont censés protéger etpeuvent polluer les nappes phréatiques ainsique le lac et les cours d’eau en s’infiltrantdans le sol par lessivage. Désherbez à lamain, et/ou tolérez un brin de nature folledans certaines zones du jardin.

3. les déchets solidesLes détritus que l’on jette à la rue seront tou-jours ramassés par le service de voirie. Il n’ya pas de risque de pollution. Vrai ou faux ?

faux. Il ne faut rien jeter par terre. Les piles,par exemple, contiennent des substances trèstoxiques : abandonnées dans la nature, elless’y détériorent et finissent par polluer l’eau

des lacs et des cours d’eau. Déposez-les chezles commerçants qui les récupèrent.

4. laver un véhiculeNettoyer sa voiture ou sa moto dans la rueou dans son jardin peut présenter certainsrisques pour l’environnement. Vrai ou faux ?

vrai. Laver un véhicule dans la rue ou dansson jardin pollue, car les eaux souillées finis-sent par rejoindre tôt ou tard un cours d’eauou une nappe phréatique. Un véhicule se lavedans une station de lavage, car ce lieu estéquipé de circuits de collecte, d’évacuation etde traitement adaptés. En outre, cela permetd’économiser beaucoup d’eau.

5. les emballagesAcheter la même quantité d’un bien dans unconditionnement différent n’a pas de réper-cussion sur l’environnement. Vrai ou faux ?

faux ! Réduisons notre consommation d’em-ballages ! Evitez les produits à usage unique.Choisissez plutôt des produits dans des em-ballages recyclables ou biodégradables. Lesmatières plastiques ont un impact direct surla faune et la flore jusqu’en mer. Les tortuesde mer par exemple, avalent les sacs en plas-tique qu’elles prennent pour des méduses, etpeuvent mourir d’occlusion. Privilégiez les al-ternatives durables et de qualité comme lessacs en tissu par exemple.

6. évier, lavabos, wcLes évacuations dans une maison rejoignentl’égout. On peut donc jeter ce qu’on veut de-dans, pourvu que ce soit liquide. Vrai ou faux?

faux. Il ne faut pas déverser n’importe quoidans une évacuation. Certaines substances,

bien que liquides, peuvent perturber le fonc-tionnement d’une station d’épuration. Il s’agiten particulier des produits corrosifs, des pro-duits toxiques ou inflammables, des solvants(White Spirit, acétone), des huiles de friture,des produits d’entretien non dilués et des pein-tures, vernis et laques. Ces produits doiventêtre déposés dans des déchetteries pour re-cevoir un traitement spécifique. Même en fai-ble quantité, certains d’entre eux peuvent avoirdes conséquences graves pour les écosystèmeset présenter des dangers pour la santé.

7. les toilettesQuelle quantité d’eau par jour peut faire per-dre une chasse d’eau qui fuit ? Jusqu’à 15 li-tres, 50 ou 600 litres d’eau par jour ?

600 L ! Comment détecter facilement une fuited’eau? Savoir détecter une fuite permet d’évi-ter de gros gaspillages. L’un des moyens lesplus simples consiste à tendre l’oreille dansle plus grand silence. Une chasse d’eau quifuit s’entend distinctement.

8. un robinet de lavaboLorsqu’il fuit, combien celui-ci peut-il faire per-dre ? 10, 50 ou 120 L d’eau?

120 L ! Si votre compteur est individuel, ef-fectuez le test du compteur. Juste avant devous coucher, relevez les chiffres puis assu-rez-vous qu’aucun robinet, chasse d’eau, ma-chine à laver le linge ne fonctionnera pendantla nuit. Au réveil, si les chiffres sont différentsde ceux de la veille, il y a probablement unefuite. Procédez ensuite par élimination, en re-fermant l’un après l’autre les robinets d’arri-vée d’eau. La localisation n’est pas toujourssimple et peut nécessiter le recours à unplombier. Une consommation moyenne de

10 questions pour l’eau

Un véhicule se lave dans une station de lavage. ©Arroser le soir ou le matin. © Les pesticides sont des micropolluants. © ACW-Changins

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l’arve, pure en 2012 ?

À l’issue du contrat de rivière, et alors qu’unSAGE (schéma d’aménagement et de gestiondes eaux) se profile, la qualité des eaux dela rivière Arve (Haute-Savoie) semble réagirfavorablement à la mise en place du disposi-tif «Arve Pure 2012». Ce programme destinéà aider les entreprises et les communes dubassin à mieux gérer leurs effluents non do-mestiques et leurs déchets dangereux, se dé-veloppe sur les principales agglomérations in-dustrielles de la moyenne vallée: territoires duSyndicat intercommunal à vocation multiplede la région de Cluses, de la Communauté decommunes du Pays Rochois, de la Commu-nauté d’agglomération Annemasse-Les Voi-rons et de la Communauté de communes deFaucigny-Glières.

Les analyses effectuées par le Syndicat mixted’aménagement de l’Arve et de ses abordsrévèlent un gain de classe de qualité deseaux, notamment sur les polluants métalliques(cuivre, nickel, chrome et zinc). Ces résultatspréfigurent l’atteinte du bon état des eauxpour l’Arve, identifiée dans le SDAGE (schémadirecteur pour l’aménagement et la gestiondes eaux) comme prioritaire dans la luttecontre les substances dangereuses pour l’eau.

protéger les eaux souterraines

En Suisse, une grande partie de l’eau pota-ble consommée provient de l’eau souterraine.Afin de la préserver, des zones de protectiondes eaux souterraines ont été définies autourdes captages d’intérêt public. Pour chacunede ces zones, des restrictions ont été édic-tées pour toutes les activités susceptibles deprésenter un danger pour les eaux.

Edité par le service des eaux de la Ville de Lau-sanne, «Le guide de la protection des eauxsouterraines» sensibilise les principaux acteurs(propriétaires, locataires, forestiers et agricul-teurs) situés ou exerçant une activité en zonede protection. Il les informe sur les moyenspour protéger la qualité des eaux souterraineset sur leurs devoirs et restrictions. Nous avonstous un rôle à jouer pour préserver de manièredurable la qualité des eaux souterraines.www.lausanne.ch/eauservice

l’été des submersibles russes

Elemo, un programme de recherche scienti-fique coordonné par l’EPFL (Ecole Polytech-nique Fédérale de Lausanne), envoie deuxsubmersibles russes MIR dans les profondeursdu Léman. Ces engins de 7,8 m de longueuret 3,6 m de largeur, pesant 18 tonnes chacun,vont notamment sonder les sédiments dufond du lac à 309 mètres de profondeur, lesmois de juin, juillet et août 2011. Quinze pro-jets de recherche d’universités suisses et in-ternationales y participent. Une exposition enplein air sur ce programme d’explorationscientifique est ouverte tous les jours de 10hà 20h du 4 juin au 21 août sur la jetée d’Ou-chy, le long du débarcadère CGN.www.elemo.ch

brèves

160L par habitant et par jour est à considé-rer comme normale.

9. le lave-vaisselleTous les détergents pour le lave-vaisselle nesont pas écologiques. Certains peuvent avoirdes effets nuisibles sur l’environnement. Vraiou faux ?

vrai. Les détergents sans phosphate pour lelave-vaisselle évitent la prolifération d’alguesmicroscopiques, dont la surabondance estdommageable pour la vie aquatique. Ces les-sives ne sont pas plus chères et pas moinsefficaces. Le phosphate a été interdit dans lesdétergents pour la lessive textile en 1986 enSuisse et en 2007 en France. Le phosphateest absent des produits pour laver la vaisselleà la main.

10. les lingettesLes lingettes pour bébé et les cotons-tiges,c’est comme le papier de toilette: Les stationsd’épuration nous en débarrassent. On peutles jeter dans les WC. Vrai ou faux ?

FAUX. Les canalisations ne sont pas des pou-belles. Tout ce qui est introduit dans une ca-nalisation rejoint l’égout mais certains déchetssolides sont difficiles à traiter. Les lingettespour bébé par exemple, bouchent les canali-sations à la sortie des maisons ou des im-meubles. Les cotons-tiges peuvent traverserles grilles des stations d’épuration et rejoin-dre les rivières et le lac. Les bactéries qui agis-sent dans les bassins de traitement des eauxusées ne sont pas prévues pour les éliminer.De tels déchets sont à jeter dans une poubelle.

Source : Lyonnaise des eaux.

Editeur CIPELACW - Changins - Bâtiment DCrte de Duillier, CP 1080, CH– 1260 Nyon 1tél +41 (0) 22 363 46 [email protected], www.cipel.org

Responsable de publication François Rapin

Rédaction Anne Bussy

© Images Fotolia.com, sauf mention particulière

Conception graphique Atelierk, Lausanne – www.atelierk.org

Imprimerie PCL, Presses Centrales SAImprimé sur papier labellisé FSCTirage à 16’000 exemplaires

La qualité de l’eau de l’Arve s’améliore. © CIPELN’utiliser qu’un détergent sans phosphate. © Ces appareils ont filmé le Titanic. © MIR