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La Lettre des parrainages N° 20 — Décembre 2010 Dans toutes les actions de Santé Sud, le droit à la santé est compris dans son sens le plus large. Ci-dessus : les cuisinières de ce Centre de santé des Comores font partie de cette chaîne essentielle à la santé de l’individu, du logement à l’accès aux soins en passant par l’alimentation. Photo : Santé Sud Cette publication est envoyée uniquement aux donateurs réguliers de Santé Sud. Nous y avons sélectionné trois extraits de rapports de mission afin de vous faire vivre au plus près une expérience de terrain, bien loin des projecteurs. Du 17 au 26 septembre 2010, Colette Gabe, psychologue à la Maternité de Pau, et Christophe Milesi, pédiatre dans un service de réanimation pédiatrique à Montpellier, partaient pour Alger afin de sensibiliser les personnels médicaux et paramédicaux entourant la périnatalité sur la prévention du handicap. Environ 450 000 personnes sont en situation de handicap mental en Algé- rie. En dépit de la volonté des pouvoirs publics pour les prendre en charge, l'absence de dépistage précoce de troubles dès la naissance, de diagnostic et d'orientation vers une prise en charge pluridisciplinaire et l'absence de guidance pour les parents qui mènent un dur combat pour l'insertion de leurs enfants handicapés demeurent problématiques. Ces carences sont largement dues à une insuffisance d'expertise qui doit être renforcée. Santé Sud propose d’'intervenir selon une démarche pluridisci- plinaire dès les premières années de l'enfance, car c'est à cet âge-là que se construisent les fondations pour des évolutions positives qui éviteront une aggravation sévère. Durant cette formation, nous avons abordé trois thèmes principaux : l’alliance avec les parents, le travail interprofessionnel et l’importance de l’écoute. Ces thèmes ont d’ailleurs été reformulés par rapport au programme initial à la suite de la visite des unités de néonatologie, pour mieux coller à la demande formulée notamment par les chefs de services… Lors de la rencontre avec les principaux partenaires locaux du pro- gramme, on nous a fait part d’une grande satisfaction concernant la formation, la vivacité des participants, leur écoute et leur interactivité. Cette rencontre a permis de nombreux débats entre les différentes institutions sur la prévention primaire du handi- cap par l’amélioration des pratiques autour de la périnatalité. En termes de perspectives d’action, nous avons identifié deux axes prioritaires : 1) la prévention primaire autour de la périnatalité et 2) la prévention tertiaire autour du dépistage et de la prise en charge du handicap. Nous avons eu l’impression que la demande concernant la prise en charge du nouveau-né était particulière- ment fondée, et appelait un travail plus approfondi, qui sera l’objet de prochaines missions. Photo : Santé Sud Formati on Algérie Prévention et dépistage du handicap Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille. (Extrait de l’Article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.) Le Droit à la santé pour tous que vous avez choisi de défendre, c’est à travers des actions concrètes de formation et d’accompagnement des soignants des pays en développement que nous le portons chaque jour afin que les plus vulnérables puissent accéder à des conditions de vie dignes, et pour longtemps. Ainsi, en tant que ‘parrain’ de Santé Sud, vous vous investissez, vous aussi, dans des projets qui laissent aux pays bénéficiaires le choix des stratégies et des moyens… Merci de votre engagement !

La Lettre - Santé Sud parrainage... · de rapports de mission afin de vous faire vivre au plus près une expérience de terrain, bien loin des projecteurs. ... Du 17 au 26 septembre

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La Lettre des parrainages

N° 20 — Décembre 2010

Dans toutes les actions de Santé Sud, le droit à la santé est compris dans son sens le plus large. Ci-dessus : les cuisinières de ce Centre de santé des Comores font partie de cette chaîne

essentielle à la santé de l’individu, du logement à l’accès aux soins en passant par l’alimentation.

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Sud

Cette publication est envoyée uniquement aux donateurs réguliers de Santé Sud. Nous y avons sélectionné trois extraits de rapports de mission afin de vous faire vivre au plus près une expérience de terrain, bien loin des projecteurs.

Du 17 au 26 septembre 2010, Colette Gabe, psychologue à la Maternité de Pau, et Christophe Milesi, pédiatre dans un service de réanimation pédiatrique à Montpellier, partaient pour Alger afin de sensibiliser les personnels médicaux et paramédicaux entourant la périnatalité sur la prévention du handicap.

Environ 450 000 personnes sont en situation de handicap mental en Algé-rie. En dépit de la volonté des pouvoirs publics pour les prendre en charge, l'absence de dépistage précoce de troubles dès la naissance, de diagnostic et d'orientation vers une prise en charge pluridisciplinaire et l'absence de guidance pour les parents qui mènent un dur combat pour l'insertion de leurs enfants handicapés demeurent problématiques. Ces carences sont largement dues à une insuffisance d'expertise qui doit être renforcée. Santé Sud propose d’'intervenir selon une démarche pluridisci-plinaire dès les premières années de l'enfance, car c'est à cet âge-là que se construisent les fondations pour des évolutions positives qui éviteront une aggravation sévère.

Durant cette formation, nous avons abordé trois thèmes principaux : l’alliance avec les parents, le travail interprofessionnel et l’importance de l’écoute. Ces thèmes ont d’ailleurs été reformulés par rapport au programme initial à la suite de la visite des unités de néonatologie, pour mieux coller à la demande formulée notamment par les chefs de services…

Lors de la rencontre avec les principaux partenaires locaux du pro-gramme, on nous a fait part d’une grande satisfaction concernant la formation, la vivacité des participants, leur écoute et leur interactivité. Cette rencontre a permis de nombreux débats entre les différentes institutions sur la prévention primaire du handi-cap par l’amélioration des pratiques autour de la périnatalité. En termes de perspectives d’action, nous avons identifié deux axes prioritaires : 1) la prévention primaire autour de la périnatalité et 2) la prévention tertiaire autour du dépistage et de la prise en charge du handicap. Nous avons eu l’impression que la demande concernant la prise en charge du nouveau-né était particulière-ment fondée, et appelait un travail plus approfondi, qui sera l’objet de prochaines missions.

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Sud

Formation

Algérie Prévention et dépistage du handicap

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille. (Extrait de l’Article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.)

Le Droit à la santé pour tous que vous avez choisi de défendre, c’est à travers des actions concrètes de formation et d’accompagnement des soignants des pays en développement que nous le portons chaque jour afin que les plus vulnérables puissent accéder à des conditions de vie dignes, et pour longtemps. Ainsi, en tant que ‘parrain’ de Santé Sud, vous vous investissez, vous aussi, dans des projets qui laissent aux pays bénéficiaires le choix des stratégies et des moyens…

Merci de votre engagement !

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Photo: Jean-Claude Varga

Mongolie

Madagascar En juin 2010, dans le cadre du Programme d’appui au développement de la médecine générale communautaire en milieu Rural à Madagascar, le Dr Cyril Estienne se rendait auprès d’un collègue malga-che, le Dr Abraham Rakotoarivelo Vohitriniaina, pour un échange d‘expérience Nord-Sud entre pairs.

Nous faisons route vers Tsiroamandidy, à 200 km à l'ouest de la capitale… A l’arrivée, Mamisoa, en chauffeur expérimenté, préfère faire halte et passer la nuit en sécurité, compte tenu des risques d'attaques nocturnes. Départ à 6 h le lendemain pour encore 90 km, traversée de la rivière Kiranoména, et derniers kilomètres de piste, devenue infernale, avant d'arriver enfin à Mandrarahody, où Abraham est d'autant plus heureux de nous voir que j'amène sa commande de médicaments d’Antananarivo (la capitale) : il est en rupture de stock depuis plusieurs jours.

Installé depuis plus de 4 ans dans ce village d’une des régions les plus reculées des hauts plateaux, Abraham et sa petite famille (sa femme Noro et ses 2 enfants en bas-âge...et bientôt un 3e...) ont d’abord vécu cet isolement comme une véri-table épreuve, avant de devenir un atout pour leur intégration : Abraham est « la seule lumière » de prise en charge des soins dans cette région isolée de tout. Aujourd’hui il connaît la plupart des patients, même ceux qui viennent de loin (jusqu'à 40 km). Il n'est soumis à aucune pression et le prix (modique) de sa consultation n'est pas discuté.

Le gros de l'activité est représenté par les infections digestives (diarrhées, vomissements), ORL et pulmonaires (angine, otite, bronchite et pneumopathie),

parasitaires (paludisme, bilharziose, amibiase) et gynécologiques. Abraham assure toutes les urgences 24h/24 toute l'année, et effectue les visites à domicile en moto, fournie elle aussi par Santé Sud au moment de son installation. Abraham voit entre 20 et 30 patients par jour. Les actes couvrent, bien plus que dans nos contrées, l'ensemble des disciplines médicales : outre les soins locaux de plaies et traumatismes (pansements et petite chirurgie), j'ai assisté à des extractions dentaires (les médecins de campagne malgaches bénéficient d'une formation de base), un accouchement à domicile et des circoncisions traditionnelles.

Nos échanges d'expérience ont été fructueux. Nous nous sommes attachés à améliorer la prise en charge médicale en déve-loppant l'interrogatoire et l'examen clinique permettant de conforter le raisonnement diagnostic et donc les décisions thé-rapeutiques. Nous avons aussi mis à profit le peu de temps libre disponible pour préparer le Séminaire de formation conti-nue des Médecins de Campagne. Cette journée réunit deux ou trois fois par an une dizaine de médecins installés avec l'aide de Santé Sud dans la région. Nous avons clos le séminaire par un repas convivial : c’était l'occasion d’échanger sur leur pratique, et pour moi, de faire connaissance avec l’autre confrère avec qui j’allais partager la semaine suivante.

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Sud

Améliorer l’accès à des soins de qualité pour la population de l’Arkhangaï en Mongolie… « Vaste programme », et qui avance bien si l’on en croit le rapport de la mission de suivi réalisée en trinôme par le Dr Brigitte Simon, référente technique, Buhuu Tsérendagva, coordinatrice en Mongolie et Anne Deflorenne, chargée de programmes au siège.

Nous avons constaté lors de nos différentes visites la multiplicité des projets d'ONG en Mongolie. Santé Sud se distingue cependant par son ancienneté dans le pays, son originalité dans le transfert de compétences « agir sans remplacer », la démarche de projet d'établissement (démarche participative), et le fait d'intervenir en zones rurales.

L'élaboration de quatre projets d’établissements (trois hôpitaux plus la Direction régionale de la santé), dont la restitution officielle a eu lieu en septembre 2010, avait été précédée par la formation, à Oulan Bator, des membres des équipes médi-cales des hôpitaux en charge de la rédaction des projets d’établissements (par les facilitateurs du DOH, notre partenaire national en Mongolie). Par la suite, l’élaboration des projets d’établissement a été fortement perturbée par la grippe A (limitant les déplacements et les regroupements de personnes) et par un hiver exceptionnellement rigoureux. Néanmoins toutes les étapes ont été respectées ! Nous disposions au moment de notre visite des analyses interne et externe énumérant notamment l’ensemble des besoins en équipements et en formations pour deux établissements. Notre rencontre avec les facilitateurs nous a permis de discuter des difficultés rencontrées et de souligner les points forts :

• le changement de comportement du personnel vis à vis de leur outil de travail a été apprécié ;

• le projet d’établissement a permis d’avoir une réflexion sur l'évolution de leur hôpital, de repérer leurs erreurs, d’identifier les problèmes et de les prioriser ;

• l'apport de la population (interrogée via des questionnaires et des boites à idées) a été pris en compte ;

• le projet d’établissement s’est avéré un outils d'aide à la recherche de financement efficace ;

• le guide des bonnes pratiques est largement utilisé...

Compagnonnage

Suivi

200, bd National, Le Gyptis II, Bât. N, 13003 Marseille, France

Tél.: 00 (33) (0)4 91 95 63 45 Fax: 00 (33) (0)4 91 95 68 05

[email protected] www.santesud.org P

hoto

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Sud

Projets d’établissements

Médecine de campagne