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La Linguistique Fonctionnelle || Thème, propos, agent et sujet

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Thème, propos, agent et sujetAuthor(s): André MartinetSource: La Linguistique, Vol. 21, Fasc. 1, La Linguistique Fonctionnelle (1985), pp. 207-220Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248958 .

Accessed: 14/06/2014 21:44

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THEME, PROPOS, AGENT ET SUJET

Andre MARTINET

Ecole pratique des Hautes Etudes

Les fonctionnalistes, au sens que nous donnons h ce terme, n'ont gutre pris position vis-a-vis de diverses tentatives qui, sous diverses rubriques, enonciation, pragmatique ou autres, ont, au cours des quelques dernibres annies, vis6 a d6passer l'analyse des enonces en leurs el6ments signifiants et l'examen de leur combina- toire. Les raisons de leurs reticences sont assez claires. Ils estimaient

que devaient etre resolus en prioritd les probl6mes relatifs a l'identification des unit6s et de leur compatibilit6 dans le discours, et qu'avant d'avoir mis au point ce que devait etre un inventaire des unites signifiantes et un examen de leur relation dans la chaine, il etait premature de se risquer au-delk. Pour ne pas se perdre dans la jungle de rapports simantiques echappant B toute discretion, il paraissait indispensable de delimiter precisement une syntaxe, c'est-a-dire de degager des relations dotees chacune d'une forme non ambigu6, phonetique ou positionnelle, et une valeur identi- fiable par opposition. Au cours de cette recherche, toute rdf6rence a la substance semantique ne peut valoir que pour assurer a ces relations une identitd, tout comme la refdrence a la realite arti- culatoire ou acoustique le fait pour les phonemes'. Pour en arriver l), il tait indispensable de s'enfermer dans le cadre de la phrase conque et definie comme l'ensemble form6 par les unites qui se rattachent, dans des relations explicites de determination ou de coordination, a un noyau unique ou a plusieurs noyaux coor-

I. Sur la valeur a attribuer aux designations de traits distinctifs, voir Andr6 Martinet, Substance phonique et traits distinctifs, BSL, 53, p. 72-85, reproduit dans La Linguistique synchronique, Paris, P.U.F., I965, p. I130-46.

La Linguistique, vol. 21, 1985

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donnis. Ces noyaux ont ite dits pr6dicatifs ou, plus simplement, designes comme des predicats.

Tout ceci n'excluait nullement l'existence, d'une phrase B une autre et, bien entendu, d'un bout B l'autre d'un texte, de relations de sens qui assurent la coherence de ce texte. Mais chacune des phrases successives du texte presente un acquis fini, une integration ddfinitive B la forme linguistique d'un pan de l'experience & com- muniquer2. D'une phrase c. une autre, il n'est plus question de remettre en cause les rapports de l'experience a communiquer

. la langue choisie pour le faire, alors que la constitution de la phrase s'est realisee en faisant coincider I'articulation de l'experience avec les ressources de la langue. Soit le pronom il. S'il n'est pas imper- sonnel, c'est-a-dire d'information nulle, il presuppose qu'une entite de genre masculin a dte pricidemment introduite et, trbs normale- ment, dans une autre phrase que celle oih il figure. Dans ce cas, il

n'implique aucune nouvelle prise de position par rapport B l'exp&- rience non encore linguistiquement formie. De phrase a phrase, on reste dans la langue, ce qui n'est pas le cas d'un e1lment de la phrase a un autre. C'est dans le cadre de la phrase que les unites signifiantes de la langue, lexicales, grammaticales et syntaxiques, vont ^tre identifiees en fonction de leurs rapports avec la rdalit6 non linguistique. Une fois parfaitement identifiees et d6finies, elles n'attendent plus rien des relations qu'elles peuvent entretenir de phrase & phrase. Elles sont immediatement exploitables par celui qui veut communiquer ses experiences, et cette exploitation ressortit non plus & la linguistique, mais

. l' tude des textes ou,

si l'on veut, a l'analyse littiraire. A une epoque ohi la linguistique etait a la mode, le public

cultive n'ayant pas encore 6td d6courag6 par les ddbordements

g6nerativistes, il tait certainement tentant de lui annexer tout ce qu'on pouvait du domaine de la littdrature. Nous n'en sommes

2. L'emploi d'expirience, pour d6signer tout ce qui est pergu par l'homme du monde ext6rieur et de ses propres reactions - qu'elles soient physiologiques ou psychiques - A l'impact de l'environnement, s'inspire de la valeur de l'anglais experience et est, de ce fait, souvent mal compris par des lecteurs francais. L'experience, ici, s'identifie avec ce qu'on designe souvent comme la pens&e. On pr6fbre toutefois 6viter ce terme auquel ceux qui l'utilisent semblent accorder une valeur precise, alors qu'ils seraient bien en peine de le definir exactement. << Pens&e >> semble impliquer une prise de conscience, tout un ensemble de < representations >>, une activit6 cr6atrice qui n'interviennent qu'exceptionnellement dans le maniement de la langue. Que le langage, repr6senti par les instruments de communication que sont les langues, ait jou6 un r61e d6cisif dans le d6veloppement de l'intellect humain, la chose est plus que vraisemblable, mais on confond tout si l'on pose, au depart, ce qui n'est qu'un aboutissement.

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heureusement plus 1l. Que les specialistes de ce domaine aient int&ret a pratiquer les linguistes, la chose n'est guere niable, mais ceci n'implique aucunement que les deux disciplines, linguistique et littirature, doivent se confondre. Qu'un linguiste s'interesse A

l'analyse litteraire, c'est son droit absolu, mais, dans l'interet de la clarte, il doit, pour ce faire, << changer de casquette >>, et ceci vaut, bien entendu, pour toutes les disciplines qui se trouvent, d'une fagon ou d'autre, entretenir des contacts avec la linguistique, que ce soit la sociologie, la psychologie, l'anthropologie ou les mathematiques. Le fonctionnement satisfaisant de l'interdiscipline est B ce prix.

L'attention accordee aux notions de theme et de proposs qui a coincide' dans le temps avec l'interet porte aux relations trans-

phrastiques s'en distingue par le cadre dans lequel se posent les problkmes, cadre qui est essentiellement la proposition. Mais, dans l'un et I'autre cas, il s'agit bien d'aller au-dela de ce qu'on consi-

dtre comme la syntaxe, vulgaire et terre a terre, pour tenter de retrouver les raffinements simantiques qui, avant l'avdnement du structuralisme et du fonctionnalisme, representaient l'essentiel de la linguistique lorsqu'elle cessait d'etre philologique ou comparative.

Il ne faudrait pas croire que les termes de thIme et propos, qui ne font, semble-t-il, que traduire leurs equivalents anglais topic et comment, se reifbrent, au fond, "a autre chose que ce qu'on connais- sait traditionnellement sous les termes de sujet et de predicat. Sans doute valait-il la peine de trouver 'a ces deux termes des equivalents plus explicites et, surtout, moins chargis de connota- tions diverses. Pour la plupart des gens, le mot sujet a deux valeurs. C'est, tout d'abord, un terme grammatical que le Frangais moyen difinirait sans doute comme << celui qui fait l'action >> jusqu'au moment oh on lui fait remarquer que ce n'est le cas ni dans il souffre, ni dans il est avocat, il est puni, et oih il invoquera l'accord du verbe. Quant a la valeur du terme dans le sujet du dAbat, elle paraitra B beaucoup tout autre chose que celle qu'on retient dans le sujet de la phrase. Utiliser dans ce dernier cas topic et, en frangais, thIme

3. Sur les notions de sujet, de theme, de propos et, de fagon g6ndrale, ce qui fait I'objet de l'expos6 qui suit, on peut se reporter b la Syntaxe ginirale du present auteur (Paris, Armand Colin, 1985), cc 5-12 ' 5-18 et 8-49

' 8-54. Sur celle de pr'dicat, voir,

ibid., c 3-66.

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210 Andre Martinet

c'3tait utilement replacer la notion hors du cadre 'troitement

syntaxique auquel on peut &tre tent6 de cantonner sujet. Le malheur est qu'aprts avoir renouveld le vocabulaire, on est

vite retombe dans l'ornibre oh s'dtait enlisde la vieille opposition de

sujet a predicat. Autrement dit, tout en constatant qu'il n'y avait

pas ndcessairement coincidence du theme et du sujet grammatical, on a continue a opdrer, tacitement et inconsciemment, comme s'il

y avait, dans toute proposition, un th6me et un propos distincts et comme si le sujet grammatical 6tait naturellement predispos6 a ~tre le theme du discours. Nous nous abstiendrons ici de rien dire sur le choix de l'anglais comment qui semble impliquer une addition marginale au discours plut6t que l'dC1ment central

qu'dvoque beaucoup mieux le frangais propos. Il convient, en la matibre, de rappeler, au depart, que sur le

plan du simple bon sens, dans les himistiches bien connus

un loup survint a jeun qui cherchait aventure

tout est propos et il n'y a pas trace d'un thbme. On ne veut pas laisser entendre qu'il existait un loup et que ce loup..., mais bien

qu'il y avait venue d'un loup affame et a la recherche d'une proie. Mais, lors meme qu'on remplacerait l'article indefini par le defini et qu'on aurait

le loup survint a jeun

oh verrait-on que le loup doit tre compris comme ce au sujet de

quoi on va apporter de l'information ? Y a-t-il, dans cet enonce, autre chose qu'une information relative a la venue d'un loup dedj mentionne dans ce qui precede et pret a devorer une proie ?

La question est donc la suivante : a-t-on un int&r&t quelconque a chercher a analyser toute proposition en un theme et un propos ? N'allons-nous pas, dans la plupart des cas, etre dans l'impossibilite de nous prononcer en termes de logique et, en consequence, tentis de retrouver notre theme dans le sujet grammatical ? Celui-ci a, pour lui, d'etre necessairement present et, de ce fait, n'apportant pas d'information en tant que valeur grammaticale. En outre, dans bien des langues, en frangais et en anglais notamment, il se trouve normalement a l'initiale de la proposition, c'est-a-dire 1A oh l'on attend qu'on vous pr6sente ce dont on va vous dire quelque chose.

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Theme, propos, agent et sujet 211

Lh oih il y a, sans doute possible, position d'un theme, c'est

lorsqu'il se manifeste formellement comme tel au moyen d'une construction particulibre : il y avait un homme qui..., c'est lui qui..., ou une mise en valeur accentuelle : anglais JOHN did. Dans ce cas, rien n'empeche d'integrer ces traits formels a la presentation syn- taxique. En fait, les deux formes frangaises qu'on vient de citer sont generalement aujourd'hui rangees dans une classe de presen- tatifs4. Quant a l'utilisation de l'accent aux memes fins, elle fait

partie de ces traits prosodiques qui acc6dent a la discretion, non

plus par opposition sur l'axe des choix, mais par les contrastes dans la chaine.

Dans les langues - la grande majorite d'entre elles, au moins en

Europe - oh un accent caracterise necessairement certains seg- ments de la chaine, cet accent poss6de, a c6td de sa fonction culmi- native - passive en ce qu'elle ne reclame aucun choix particulier du locuteur -, une fonction active de mise en valeur resultant d'un accroissement volontaire de la tension musculaire des organes de la phonie, y compris les cordes vocales susceptibles de vibrer avec une plus haute frequence. Dans l'anglais Archibald remembered, chacun des deux mots successifs est affubl' d'un accent de place dCfinie, sur Ar- et -mem-, que le locuteur qui a decide d'employer ces deux formes doit ndcessairement produire. I1 n'apporte done aucun 1C6ment d'information qui ne soit implique dans la succes- sion des phonemes caracteristiques des deux unites. Il ne vaut

done que pour faciliter, pour l'auditeur, l'identification comme distincts des deux elements successifs de 1'Fnonce. Ce n'est que lorsque le locuteur choisira de mettre en valeur l'un de ces deux accents au moyen d'une tension suppldmentaire, que l'accent choisi pourra acquerir une fonction positive. En frangais contem- porain, I'accent n'existe plus gutre que comme une tension faculta- tive - faisant done l'objet d'un choix - sur l'une des syllabes initiales du << mot )>, avec une fonction demarcative, pour en faciliter l'identification en l'isolant du contexte : un examen systima-

tique, ou une fonction expressive : ce gosse est impossible, la tension

portant ici plus sur la consonne initiale de la syllabe que sur

l'ensemble de cette syllabe. Le r6le proprement dimarcatif de l'accent facultatif du franqais tend

. exclure son utilisation a des

4. Voir Andre Martinet, Grammaire fonctionnelle du franfais, Paris, Didier, 1979, cc 2-76 a 2-78.

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fins de mise en valeur : l'Nquivalent de l'anglais he saw the KING

[and not the queen] est c'est le roi qu'il a vu [et non la reine] avec l'outil presentatif c'est... qui...

Ce qu'on doit retenir de la litterature relative au theme et au

propos est la necessite de rechercher dans la langue 6tudide les

proced's syntaxiques, qu'ils soient monematiques ou prosodiques, qui y permettent d'expliciter les relations particulibres que tel

&l1ment de l'6nonc6 ~tablit avec son contexte. Il s'agit, bien entendu, non de << fonctions grammaticales >> d'un type parti- culier, mais d'un trait qui peut se combiner avec n'importe laquelle d'entre elles : c'est lui QE j'ai vu, c'est lui QUI est venu, c'est lui A QUI

j'ai parld, il y avait un homme QuI..., ... un homme QUE..., ... un homme AVEC QUI, etc. Tout ce qui a dtd &crit au sujet de topic et comment, de thbme et de propos n'aura pas ete vain si cela aboutit a rap- peler au syntacticien qu'il est de son devoir de relever et de classer tous les procedes de mise en valeur, quelle que soit la forme, mon&-

matique ou prosodique, qu'ils assument. II vaut la peine de se demander pourquoi le << complement

obligatoire >> du verbe que prisentent les langues indo-europdennes de l'Occident a 6te designd au moyen d'un terme, sujet, qui designe 6galement le theme d'un propos ou d'une representation, dans des contextes comme le sujet de mon expos6, le sujet de ce tableau, ce

qu'ily a ' dire au sujet de... Au depart, sujet, en latin sub-iectum, qui traduit le grec hupokeimenon, semble indiquer la base sur laquelle va se construire l'tnonce. Le plus souvent, dans les langues clas-

siques, le sujet se trouve affubld d'une disinence -s, qui parait impliquer un rapport syntaxique spdcifique. II y est cependant congu comme une forme hors syntaxe identifiee a celle qu'on utilise

pour nommer, en dehors de tout contexte, un etre, un objet ou une notion, celle qu'on designe, 'a juste titre, comme le nominatif5. Ce nominatif tend partout a s'imposer, dans l'appel, aux depens du vocatif traditionnel qui est,

. l'origine, la veritable forme hors

syntaxe. La conception de cette forme comme de valeur syntaxique zdro, en depit de l'appendice -s dont elle est friquemment affublee, resulte de sa presence obligatoire : le locuteur n'est pas libre de la faire figurer dans son enonce ou de l'omettre. Elle est necessaire- ment presente. Elle n'apporte, en elle-meme, aucune information

puisque seul est informatif ce qui est conqu, par l'auditeur, comme

5. Cf. Syntaxe gindrale, c 8-13.

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ayant fait l'objet d'un choix du locuteur. La seule information est

apport&e par le point de la proposition oui va apparaitre ce choix zdro qui, selon la nature du message, se manifestera sur tel ou tel nominal de l'dnonc6 : dominus seruom uidet ou dominum seruos uidet, selon que c'est le maitre ou l'esclave qui est cense voir l'autre. Le

sujet, au nominatif, est concevoir non comme impliqu6 dans le riseau des fonctions syntaxiques, mais comme s'il etait simple- ment nomme, c'est-h-dire prdsentd

. l'auditeur comme ce sur quoi

il convient de fixer son attention avant d'entendre ce que l'on va en dire.

La chose est d'autant plus comprdhensible que, dans les langues en cause, la forme verbale comporte des disinences de troisibme

personne qui font, du sujet substantival, une sorte d'annexe appo- sitive qui ne participe au tissu syntaxique du discours que par l'interm'diaire d'une de ces desinences. Dans puer ambulat, for- mellement < l'enfant il se promine >, on n'est pas loin d'une

interpretation comme << l'enfant, il se prombne >, avec une pause virtuelle apres << l'enfant >> qui impose une analyse en theme et

propos. Bien entendu, comme presque toujours dans le langage, ce n'est pas la conception que se font les usagers des relations entre les elements successifs de l'enonce qui va imposer a cet enonce une forme particuliere, mais, .a l'inverse, ce sont les accidents qui se produisent dans cette forme qui vont modeler la conception qu'on s'en fait : c'est l'impossibilite oih se trouve le locuteur d'dliminer la desinence verbale lorsque la presence du substantif la rend super- fitatoire qui impose ce qu'on appelle l'accord. Comment, en effet, pour celui qui parle latin, savoir oh il pourrait couper ambulat s'il voulait dliminer la redondance ? La coupe ambula-t, qui pour- rait sembler s'imposer, est invalidee par ambul-o < je me promine >>. Une fois d'ailleurs qu'il est bien etabli que le sujet implique l'ac- cord, rien n'empeche que cet accord s'etende

au-del, de son

domaine primitif, comme en timoigne le francais populaire l'enfant ii se promene/l fci ispromen/.

De tout ceci il ne faudrait pas conclure que nous avons eu tort d' carter l'identite fonctionnelle de sujet et de theme. Des cir- constances formelles peuvent aller jusqu'a susciter chez les sujets une vision des faits qui n'est pas sans impact sur leur comporte- ment linguistique et peut meme inflichir l'tvolution, sans cepen- dant impliquer que cette vision couvre exactement tous les faits en cause. On constate que le sentiment qu'ont les locuteurs indo-

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europdens que leur sujet 6tait place, en quelque sorte, hors syn- taxe a conduit progressivement A l'identification de la forme du

sujet et de celle du vocatif et du v6ritable nominatif, mais cela ne veut pas dire que chaque substantif en fonction sujet se pr6sentait a leur esprit comme le theme d'un propos. IL se trouve seulement que lorsque les grammairiens ont cherche, pour le sujet, une carac- tirisation semantique, ce qui est, comme nous le verrons, un contresens, ils n'ont trouve rien de mieux que de le ddfinir comme un theme. Pour comprendre comment un rapprochement, voire une identification, justifid dans certains cas, ne saurait sans abus &tre gendralise, on se rappellera le cas des deux genres, masculin et fiminin. Sans doute est-il trbs frequent, et presque la regle, qu'un 6tre de sexe fdminin corresponde h un substantif de genre f6minin. Le terme meme de faminin, qui se refbre en prioritd au sexe, nous parait fort bien s'appliquer au genre du meme nom. Et pourtant il serait ridicule de les reduire l'un a l'autre et, ce faisant, de paraitre epouser les conceptions qui ont pu amener a faire de la terre un faminin parce qu'elle est couverte par le ciel, et, finalement, en frangais, A repartir obligatoirement, entre le masculin et le fdminin, les designations de toutes les entites, qu'elles participent ou non a la sexualite. II serait dangereux de confondre ce qu'on peut appeler l'imaginaire linguistique6 et la rdalite du

langage et des langues. Paralldlement a la conception du sujet comme theme du dis-

cours, va se greffer, dans les langues de l'Occident, I'idde que le

sujet est celui qui fait l'action. De fait, si le verbe designe effecti- vement une action, le sujet, dont la forme, dans ce cas, remonte, dans la grande majoritd des cas, a un ergatif, correspond effecti- vement a un agent. La pression de la forme est, dans ce cas, si forte que lorsque le verbe ne ddsigne pas une action, mais un stat, on n'hisitera pas a le gloser au moyen de faire, verbe d'action

passe-partout. C'est ainsi qu'on peut entendre, de la bouche de ceux que scandalise l'affirmation que le sujet n'est pas ndcessaire- ment un agent, l'affirmation que l'homme soufre equivaut A l'homme fait l'action de souffrir. En anglais, l'dquivalent do assume effective- ment la fonction verbale dans les 'nonc6s ndgatifs et interrogatifs, aussi bien dans he didn't suffer que dans did he kill ? Ceci veut dire,

6. Sur l'imaginaire linguistique, voir Anne-Marie Houdebine, Sur les traces de l'imaginaire linguistique, dans Parlers masculins, parlers fiminins?, Paris, Delachaux- Niestl6, 1983, et, ci-dessus, << Pour une linguistique synchronique dynamique >>, n. 2.

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bien entendu, que do, en anglais, n'est plus uniquement le rem-

plagant eventuel des verbes d'action, mais, au meme titre, celui des verbes d'etat. En frangais, la situation n'est guere diff6rente avec faire, si l'on en croit des enonces du type de on dit qu'il res- semble ac son pare, mais il n'en fait rien qu'on peut entendre au lieu du seul << correct >>... mais il n'en est rien. Toutefois, il n'est plus pos- sible d'identifier sujet et agent dans une langue oui existe un passif a c6td de l'actif : l'homme a /td executd, oi l'homme prdsente toutes les

caractdristiques formelles qu'on peut attribuer au sujet et s'oppose absolument a une telle identification. Ce n'est pas en termes semantiques qu'on identifiera la fonction sujet, comme on peut le faire pour des fonctions spatiales, temporelles ou modales et, jusqu'a un certain point, pour celle d'objet, mais uniquement en termes de copresence.

Ceci a etd bien vu par Otto Jespersen lorsque, a l'issue d'un examen des rapports possibles des termes dans l'enonce', il a pose, en face de la determination et de la coordination, l'existence du nexus, c'est-a-dire de la combinaison de deux termes ndcessaire- ment presents, le sujet et le verbe. Mais cette presentation des faits, qui vise naturellement a une gendralitd maximale et qui annonce les reductions formalisantes des gendrations a venir, a l'inconv6nient de ne pas marquer le statut diff6rent des deux termes.

Or, seule la perception de la diff6rence de statut entre sujet et verbe peut nous permettre de saisir la justification fonctionnelle de cette coexistence obligatoire et, ce faisant, d'envisager qu'elle puisse ne pas etre universelle, encore que majoritairement attestee. On trouve 1 un bon exemple de ces formalisations abusives qui ont pour effet d'exclure toute consideration relative a une cau- salite probable des phenomenes. On sait que le parallilisme, pose comme integral, du signifid et du signifiant saussuriens a long- temps bloqud ]'interpretation fonctionnelle du signifiant comme l'acces au signifid et conduit a l'isomorphisme sterile de la gloss&- matique hjelmslkvienne. De fagon analogue, la mise sur le meme plan des deux termes du nexus ou ses equivalences contemporaines empeche qu'on en recherche et qu'on en trouve une justification dans les faits. C'est la conception du langage comme reproduisant une articulation de l'expdrience qui fait comprendre le pourquoi

7. The Philosophy of Grammar, Londres, G. Allen, 1924, p. 114-1 16.

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de l'adjonction, au noyau de l'inonce, d'une determination obli-

gatoire. Cette adjonction est la marque de cette articulation qui, s'ajoutant

. l'articulation phonematique du noyau, vient confirmer

le caracttre linguistique de la production phonique. On a pu dire que le sujet avait fonction d'actualisation. La for-

mulation n'est pas a rejeter, mais elle demande probablement 'a &tre explicitee, ne serait-ce que, parce qu'en frangais notamment, actuel a pris une valeur temporelle plut6t que modale. << Actuali- sation >>, ici, implique le rappel de l'existence d'une relation entre l'nonce, sous sa forme physique immediate, et la rdalite pergue qui fait l'objet du message. Cette relation est, bien entendu, celle

qu'au-delk des formulations saussuriennes on doit retrouver der-

riere le signe linguistique et, de fagon plus gendrale, derriere tout

usage de la fonction symbolique. << Actualisation >> designe le pro- cede qui signale que les produits phoniques pergus font partie d'un

systhme simiologique, qu'on doit done les interpreter comme autant de signifiants, et de signifiants linguistiques en ce qu'ils font la preuve de leur caractbre doublement articul6. Soit l'Fnonce A sujet Jean arrive. Le seul /ariv/, du fait de sa composition phone- matique, sugg&re, 'a qui connait la langue, le caractbre linguistique de 1'6mission : il ne s'agit pas d'un raclement de gorge, d'un cri, d'un grognement quelconque. Certaines langues peuvent s'en contenter comme nonce complet lorsqu'on sait qui doit arriver ou lorsque seule l'arrivie ou la non-arrivie est en cause. Toute- fois, I'adjonction de Jean, en offrant la preuve d'une articulation en monemes successifs, supprimera toute hesitation sur le caractbre de message linguistique du produit phonique.

L'actualisation linguistique ne se limite pas 5. l'obligation d'un sujet. L'article, en frangais, au-dela de sa valeur oppositive resultant du choix entre le defini et l'indefini, participe A l'actua- lisation en ce qu'il est pratiquement obligatoire hors de contextes

plus ou moins figes, restes d'un stat de langue plus ancien, du type avec calme qui est, en fait, l'dquivalent du syntheme calmement. Il est amusant de constater que deux substantifs coordonnes qui, en eux-memes, se presentent comme garants de la premiere arti- culation du langage, dispensent trbs generalement de l'emploi de

l'article dans des langues ou des contextes oih, hors coordination, cet article apparaitrait necessairement : les 6loves ont fait la grove en face d'6llves et professeurs ont fait la grave.

On a souvent cherche a degager tous les traits qui semblent

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caractdriser le sujet. Mais l'entreprise n'a epistemologiquement aucun sens tant qu'on n'a pas ddfini ce qu'est un sujet. En fait, on s'est contente de ne retenir comme sujets que ceux qu'on iden- tifiait dans les langues pour lesquelles ce concept avait 6t6 degage, c'est-A-dire les langues classiques et modernes de l'Occident. D'autre part, comme la recherche n'etait pas conque comme devant 6tre exhaustive, les traits qu'on relevait ne pouvaient gubre etre considdres comme caracterisant nicessairement tout sujet, mais

simplement comme attestes en conjonction avec ce qu'on designe ainsi. Parmi ces traits, on rel6ve, par exemple, l'accord du verbe. Mais qu'il y ait des langues oh le verbe s'accorde avec le sujet est connu de longue date, et il est beaucoup plus intdressant de relever que cet accord n'est pas necessaire pour qu'on parle, tra- ditionnellement, d'un sujet. I1 n'y a, par exemple, rien de tel en danois contemporain ouh, en termes de grammaire scolaire, une forme verbale est identique A toutes les personnes, de jeg er << je suis >> vi er << nous sommes >>, jusqu'a de er << ils sont >>. Si l'on veut bien faire intervenir les langues << exotiques >>, on relbvera avec interet qu'en basque, par exemple, l'accord du verbe se fait avec les trois participants centraux de l'action : l'agent, le patient et le

bendficiaire. Ceci veut dire que l'accord peut caractdriser autre chose que le sujet, meme si, avec une belle naivetd, on l'identifie ici avec l'agent, sur la foi de traductions dans d'autres langues.

Pour y voir clair, il faut ici, comme ailleurs, volontairement faire abstraction de certaines valeurs qu'a un terme dans l'usage courant et stipuler que seuls certains traits, identifids comme permanents, seront retenus dans la definition de ce qu'est le sujet. Ces traits se reduisent ici a un seul : la non-omissibilite, les autres etant reconnus comme frequents, peut-&tre, mais nullement obli- gatoires, ou comme n'dtant en quelque sorte que des corollaires de la non-omissibilitd. Une fois ceci, tabli, s'il n'existe, dans une langue, aucun accompagnement non omissible du pridicat, on n'hisitera pas A parler d'une langue sans sujet. Si, comme il est

frequent dans les langues A construction ergative, le complement non omissible correspond au patient des transitifs, ce sera bien entendu lui qu'il conviendra de designer comme le sujet. Si l'on rencontrait par hasard un idiome dans lequel tout prddicat 6tait

automatiquement accompagn6 de deux determinations non omis- sibles, il faudrait reconsiddrer la terminologie en fonction des diff6- rences vraisemblables de comportement des deux satellites.

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Une fois le sujet ainsi defini, il conviendra de digager, de cette definition, toutes les implications. On a vu, ci-dessus, comment la non-omissibilit6 pouvait entrainer la conception de l'~C1ment non omissible comme le thbme de l'6nonce. Il convient toutefois de d6terminer si cette conception est, dans tel ou tel cas, plus que latente, c'est-,t-dire susceptible de se manifester dans le discours et, dans le cas contraire, de n'en tenir aucun compte dans la pre- sentation du fonctionnement de la langue.

Le malgache nous permet de bien distinguer entre plusieurs traits qui peuvent caracteriser, separement ou conjointement, certaines formes du complement non omissible8. Le sujet simple y est, en principe, defini ou, si l'on veut, prealablement identifid. II est marque par la position finale dans I'Fnonce. Comme il convient de pouvoir affecter ce caractbre defini " tout participant et a toute circonstance de l'action, le malgache dispose d'un jeu de modes qui va permettre de faire figurer chacun d'eux avec la fonction sujet. Si, cependant, a ce trait << defini )> s'ajoute celui de < theme du discours c>, le sujet, accompagne d'une particule specifique, vient se placer en tote des complements, immidiate- ment apres le verbe initial de proposition. S'il ne s'agit pas d'en faire le theme de l'Fnonce, mais de le mettre en valeur, la position du sujet sera la meme que pricedemment, mais la particule speci- fique sera diff6rente. En resume, on trouve 1I un systeme du

sujet qu'on peut representer comme suit :

Sujet = defini I. Neutre 2. Thematique 3. Mis en valeur.

Il ne faudrait pas, de cet examen rapide de la fonction sujet en malgache, se hAter de conclure que les traits << d'fini >), << th&- matique >) et << mis en valeur )> sont n6cessairement les prerogatives du complement non omissible. La chose est 'vidente dans le cas de << mis en valeur )) dont on sait bien qu'il peut affecter n'importe lequel des complements : c'est A LUI qu'il l'a dit, c'est HIER qu'il est venu. Il en va de meme du caractbre < thematique > : ily avait

8. On s'inspire, ici, de la pr6sentation de la langue par Jean-Michel Builles, dans Le mirina, description phonologique et grammaticale de la varilti de malgache parl i Tananarive, th6se d'Etat de doctorat 6s lettres et sciences humaines, Universite Rend-Descartes, 1984; cf. 6galement Syntaxe ginirale, cc 8-29 a 8-31.

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un homme DONT on ne connaissait pas l'origine. Quant au trait < dffini >>, le chinois nous apporte la preuve que non seulement il peut affecter n'importe lequel des complements, ce dont on se doutait bien, mais qu'il peut caracteriser spicifiquement autre chose

que le sujet. Dans cette langue9, en effet, le premier leIment de la proposition est, de par sa position, compris comme dffini, mais ceci n'en fait pas un sujet, car il est parfaitement omissible. Sa fonc- tion est celle d'un cas agent qui n'apparait que dans les construc- tions transitives. Il existe, en chinois, un complement qui est non omissible, ou impliqu' dans le verbe et cela de fagon si positive que, pour indiquer son absence, il faut ajouter au verbe un substantif bouche-trou de valeur nulle. C'est, bien entendu, ce compl6ment qui est candidat a la dignite de sujet. I1 apparait normalement

aprbs le verbe. Mais, dans le cas d'un verbe intransitif, il peut occuper une autre place, exactement comme le sujet peut, dans ce cas, dans une langue comme le frangais, apparaitre aussi bien

apres qu'avant le verbe : restait cette redoutable infanterie... Ce com- plkment represente le participant unique du verbe intransitif ou le patient du transitif. A premiere vue, on peut vouloir trouver en chinois la meme construction qu'en frangais ou en anglais, puisque, ici et 1, c'est majoritairement l'agent qui vient normalement en tete, suivi du verbe, puis du patient, avec quelques latitudes de construction avec les intransitifs, qui n'impliquent qu'un seul participant. La seule difference, mais elle est fondamentale, est, qu'en chinois, l'omissibilite affecte l'agent, en frangais et en anglais, le patient. Il existe, en chinois, un jeu de particules preposees qui permet de dissocier les notions d'agent et de d6fini, de patient et d'infini, en relevant les complements des contraintes de position.

Ce qu'on retiendra surtout des considerations qui precedent est que les besoins communicatifs de l'homme sont, a la base, assez semblables, quel que soit l'habitat ou le degre de developpement de la communaut6 en cause. Il y aura, par exemple, toujours un moment oui il faut distinguer l'action, l'auteur de l'action et celui qui la subit; partout peut se faire sentir le besoin de distinguer entre le prealablement connu et la nouveaut6; partout on voudra pouvoir mettre en valeur un des ilements de l'6nonc6 aux depens

9. On trouvera, dans Syntaxe ginirale, cc 8-42 A 8-45, une pr6sentation du chinois comme langue A construction ergative et une bibliographic sommaire des problkmes que pose la syntaxe de cette langue.

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du reste. Mais la satisfaction de ces besoins va se rialiser, ici et 1a, de fagon tres variable, avec diffdrents degres de I'intigration du procedc

" la structure grammaticale. On pourra trbs bien, par exemple, reserver l'expression de la distinction entre l'agent et le patient au cas oh il y aurait danger de confusion, ou la rendre automatique soit en caractdrisant positivement I'un et l'autre, soit, plus 6conomiquement, en reservant la marque au terme disi- gnant le patient (construction dite accusative), ou 'a celui disi- gnant l'agent (construction dite ergative), le participant unique de l'action intransitive restant non marque dans les deux cas. La distinction entre defini et indifini peut etre, comme en frangais, pratiquement obligatoire; ailleurs, comme en anglais, elle sera facultative, mais realisee par des moyens grammaticaux, alors

qu'elle peut, comme en russe, n'&tre realisable que par des moyens lexicaux. Dans tous ces cas la recherche, un peu butte et bornee, des universaux du langage, a contribue a freiner, de fagon fort

regrettable, les progrbs de la recherche linguistique.

So, avenue de la Gare, 9233o Sceaux.

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