«La Lumière de l'Image». La Notion d'Image Chez Les Surréalistes Monika Steinhauser, Aude Virey Wallon

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«La Lumière de l'Image». La Notion d'Image Chez Les Surréalistes Monika Steinhauser, Aude Virey Wallon

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  • Monika Steinhauser

    La lumire de image

    La notion image chez les

    surralistes

    Surralistes Andr Breton et Max Ernst ont voulu mettre un terme la primaut une culture marque par la pense positiviste er contribuer redon ner ses droits imagination est en se rclamant de leurs prdcesseurs roman tiques et symbolistes ils plaidrent tous deux pour une libert illimite de la pense tout en attaquant le confor misme et en levant par la polmique et ironie contre la prpondrance du principe de ralit travers le recours au modle de enfance ils attachrent librer les pulsions libidinales conte nues dans les dsirs imposer exp rience subjective authentique contre ses dformations objectives Hostiles aux exigences de la pense instrumentaliste ils voulaient tous deux pratiquer la po sie abolir la frontire entre art et la vie aider homme exprimer sans entra ves.1 Dans le cadre de ce programme ils dvelopprent une nouvelle potique dont les aspects fondamentaux sont criture automatique et image fig est la signification de ces deux nouons pour Breton et Max Ernst que je voudrais tenter de dfinir ici brivement Breton ouvre le dbat par une criti que du naturalisme Dans son premier

    Manifeste du surralisme de 1924 il prne abandon de toute description le rejet de la logique narrative et de son corollaire la plausibilit de action Dans sa croisade contre la littrature romanesque il fait sien le verdict ironi que prononc par Paid Valry qui se refusait crire des phrases comme La marquise sortit cinq heures phrase ordinaire introduisant une action qui apparat soumise aux contingences une ralit quotidienne banale la quelle Breton effor ait prcisment chapper Son dessein est au contraire de stimuler imagination du lecteur par le rapprochement arbitraire de mots dis parates dont le lien syntaxique est certes logique mais dont le sens parat ab surde Il donne ainsi comme exemple de phrase Sur le pont la rose tte de chatte se ber ait image potique mais nigmatique et singulire par ab sence de la conjonction comme la narration qui suggre une causalit par une succession chronologique des faits se substitue la prsence une image alo- gique soustraire au temps Au sein mme du langage quotidien dont elle adopte les schmas de comprhensibilit et information image fait jaillir la po

    sie comme un lment insolite une tincelle proportionnelle au degr

    absurdit et loignement des ralits en prsence Breton lui-mme parle dans ce contexte de lumire de image qui agit comme un choc dchire la bande de la raison et dbride imagina tion la syntaxe intacte faisant apparatre rel imaginaire vraisemblable invrai semblable tout fait dans le sens une concordia discors qui se joue de la valeur logique du principe de contradiction

    De la mme manire Breton passe sans transition dans ses manifestes du discours logique au langage de image irrationnelle et potique Ainsi voque- r-il le choc intentionnel travers une image qui rend hommage une fois en core esthtique du sublime est la plus belle des nuits la nuit des clairs le jour auprs elle est la nuit fig il voque image comme un clair dchirant la ralit avec la soudainet une piphanie Breton simultanment esprit intensit de impact exerc par image et les con cepts apollinariens de la surprise et du merveilleux Cette approche distin

    gue ses images verbales proches de al chimie des pomes phontiques des

    REVOE DE ART no 114 1996-4 68-80

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    Monika Steinhauser La lumire de image

    N* 9-10 Troisime anne Ot-tobre 1927

    LA VOLUTION

    SURR ALISTE

    ECRITURE AUTOMATIQUE HANDS OFF LOVE Visiona de den-soTOmeil Max Erns REVES Aragon Pierre Navili Journal une apparition Robert Desnos El la lune donnaitt et la ose tombait Xavier Forneret Vach Paul Nouge POEMES Paul Eluard Raymond Queneau Jacques Fanny Beznos Pierre Unik La question de analyse par les non-mdecin Sigmund Fr;ud

    Corps corpa Benjamin Peret LE suirialtene et la peinture Andr Breton Vie Heraclite Fnelon Philosophie des paratonnerres Aragon Mieux et moins bien Pierre Naville CHRONIQUES Mouvements perpztuels Aragon La Monade hiroglyphique Michel Leiris Revue de la Presse Eluard et Peret ILLUSTRATIONS Arp le Cadavre exquis Giorgio de Chirico Max Ernst Andr Masson Picasso Man Ray Yves Tanguy Jacques Vache etc ADMINISTRATION Rue facques-Callo PARIS

    AHONNBMKNT Dpositaire gnral Librairie GALLIMARD CE NLMI ISO BLK iiCT 15 Boulevard Raspail 15 Fram francs 100 nines PARIS litranK 12 frvacs Page de titre La Rvolution Surraliste nos 9- Oct 1927

    image telle elle se produit

    dans criture automatique

    illustration Andr Breton La beaut sera convulsive dans Minotaure no

    1934p.10

    dadastes ou des parole in liberta des futuristes et les apparente semble-t-il au thme ancien de la rvlation religieuse Mais rfutant dans le sillage de Rim baud la fonction signifiante du langage par ses images verbales spontanes et en se dfendant contre toute prtention mimtique il est vident que Breton oppose pas la vision intrieure la vision relle visio La lumire de image voque pour Breton la ralit de ima gination et non imagination de la ra lit ou du surnaturel Il se rfre ici implicitement Baudelaire qui travers sa posie bien ancre dans son sicle avait libr imagination des liens qui la rattachaient traditionnellement la mi mesis et avait affranchie de ses implica tions mtaphysiques

    Pour Baudelaire le merveilleux tait plus une manifestation de la transcendance mais naissait un concours de circonstances fugitives et iiHprvues au ur du quotidien Breton radicalise ce terme dans le sens une illumination profane pro duite par une configuration fortuite de mots et objets disparates mots ayant perdu leur rle communicatif et infor- matif objets soustraits leur fonction habituelle est abolition des rap ports rfrentiels ou fonctionnels qui permet de les associer en une combi naison dans laquelle ils se relativisent les uns par rapport aux autres et se mtamorphosent comme en un miroir magique

    Breton toutefois ne se soucie pas de la seule potique il vise aussi manci pation et largissement anthropologi que de art par un court-circuit entre imagination et inconscient En quel ques lignes con ues sur le modle un article de dictionnaire il dfinit le sur ralisme comme un automatisme psy chique une dicte de la pense le liant certaines formes associations et le chargeant de la rsolution des principaux problmes de la vie Bre ton dclame son invention avec le geste oratoire souverain un lgislateur qui exhorte le public le suivre On remar quera la succession des phrases marte les qui expriment de manire vidente la croyance hypertrophique en la valeur universelle du surralisme et procla ment ironiquement la libert absolue de la pense la manire un jugement assertorique

    On sait que Breton dans sa dfini tion du surralisme est rclam de manire syncrtique de divers prdces seurs Citant notamment Freud comme rfrence principale il revendique ainsi une dimension scientifique qui apparat tout fait paradoxale.9 fig En effet dans ses Manifestes Breton lve con

    tre les mthodes analytiques des sciences positives rejette leur dissociation du subjectif et de objectif leur opposant son projet une image dialectique qui efface les scissions artificielles il se rfre Freud il pense

    de toute vidence la technique de la libre association que Freud avait dve loppe dans son Interprtation des rves et il adapte lui-mme son procd de criture automatique.10 Pourtant l o Freud par la stimulation de penses associatives tentait de mettre en vi dence et de rendre accessible origine mme un trouble nvrotique l o il reconnaissait les pulsions de incon scient capables non seulement de gui der la conscience mais aussi de aliner et de la dformer pathologiquement pulsions il agissait donc de soumet tre la raison bref l o Freud em ployait renforcer les fonctions du Moi et bannir les pulsions destructrices Breton voulait au contraire relcher le contrle de la raison de manire certes transitoire mais non dans ide un objectif dfini de manire rationnelle inverse de Freud Breton attribuait pas tat passif auto-observation sans critique seul mme de susciter la libre association un rle fonctionnel et pratique loin de vouloir dchiffrer aide du discours spontan la significa tion latente images de rve manifestes Breton intressait exprience au thentique du processus de pense la libre expression potique de homme On ne tonnera pas ds lors que Freud se soit distanc poliment mais sans ap pel des exprimentations de Breton tra hissant ses yeux une mprise des intentions de la psychanalyse.11 Tenant

    distinguer art et la science Freud percevait le renversement des frontires opr par les surralistes comme pure folie Que Breton veuille dfinir comme de art les coulisses inconscientes de la cration potique ne pouvait apparatre

    Freud que comme une rgression con traire la diffrenciation et la sublima tion autant plus que Freud lui-mme fidle durant toute sa vie un idal culturel humaniste avait interpr t art comme la sublimation de conflits et de dsirs inconscients.12

    est prcisment en prtendant adapter que Breton contredisait la pense freudienne Ce dtourne ment est naturellement rvl f cond pour Breton qui voulait exploiter les pulsions dynamiques de incon scient dans toutes les directions pour la transformation psychique des rap ports avec autrui selon Freud et la transformation matrielle de la socit selon Marx et Trotski comme il exprime en 1930 dans son Second manifeste du surralisme Cette pri-

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    Monika Steinhauser La lumire de image

    Vitrine au muse Freud Vienne

    Dessin mdiumnique obtenu par Mme Fondrillon 1909 dans La Rvolution Surraliste no juillet 1925

    maut accorde la libration de es prit ne pouvait entraner des con flits avec le Parti communiste auquel tait alors ralli Breton Utiliser le potentiel cratif de inconscient pour nourrir les forces de la Rvolution li brer homme du carcan un ordre social rpressif par la mobilisation des potentialits caches de expression individuelle substituer la pense ins trumentaliste imagination que tout homme possde en lui indpendam ment de ses dons et il peut raviver travers les rves diurnes tel tait le message idaliste et provocateur de Breton sa rponse alination de homme par la socit bourgeoise est homme que devaient servir les stratgies subversives des surralistes leur refus des valeurs morales tablies ils traduisaient dans leurs publica tions et leurs actions Breton restait imbriqu dans un dilemme minem ment personnel il dfendait une doc trine avec toute autorit dont il disposait tout en se rvoltant contre tout frein impos imagination Pa radoxalement Breton voulait imposer la libert comme il tait la rincarna tion surraliste de Robespierre

    Starobinski souligne toutefois juste titre que Breton cite Freud plu sieurs reprises mais il se rfre aussi explicitement la branche parapsycho- logique et mdiumnique de la psychia trie fran aise du XIXe sicle qui prenait pour argent comptant un som nambulisme provoqu en ralit artifi ciellement afin de confirmer ses propres hypothses fig Breton trouva ici une prfiguration de auto matisme de la pense il admettait lui-mme mais qui avait t rfute par la neuro-physiologie scientifique ds la fin du XIXe sicle tout en dcouvrant des pratiques comparables criture automatique fig Staro-

    PAR ANDKE BRETON

    Vignette de titre Andr Breton Le message automatique dans Minotaure no 3-4 1933 55

    binski montre encore que la pense suit en fait un droulement bien diffrent de celui imaginaient Breton et ses compagnons La pense avec ses modulations son ouverture au possi ble sa souplesse reflexive ses acclra tions allure divinatoire ne se dveloppe que sur un fond automa tismes intgrs et domins Le pur automatisme en revanche implique une dchance comme exprimerait Freud qui parle lui-mme de manire significative de rgression ou de fixation il voque des phno

    mnes comme automatisme que le psychiatre fran ais Paul Janet avait in terprt comme symptme rvlateur une conscience dlabre Breton put en revanche trouver une interpr tation positive de automatisme dans la parapsychologie de Frederick W.H Myers qui voulait expliquer par sa no tion de moi subliminal existence de facults spiritistes apparaissant en rela tion avec des manifestations supra- normales Comme le note Starobinski Breton est intress cette position mais sans adhrer ses prceptes dogmatiques ce qui le pr occupait tait laboration une mthode capable de faire surgir des images dpassant la conscience et non un retour obscurantiste des pratiques magiques Les surralistes Breton le premier ont toujours manifest leur intrt pour la tradition hermtique de la pense sotrique les sciences occul tes et la dmarche alchimiste qui ren dirent leur art des services maeutiques tout en apparaissant comme des modles de la potisation romantique du monde Ils trouv rent la prfiguration une pense sym bolique voire hiroglyphique tudie au XIXe sicle par les sciences psycho logiques avant de se trouver intime ment lie investigation des rves fig La mthode cryptoscopique des surralistes et leur exploration de inconscient guide par la posie en portent la rminiscence Alors Ho race dans son Ars poetica mettait en garde contre la face obscure de imagi nation ayant esprit les aegri somnia trompeurs et instinctifs alors que imagination tait reste au XVIIIe sicle sous le contrle un en semble de rgles dictes par la raison ne lui permettant de panouir que dans le seul Capriccio les surralistes choisirent de se risquer sur les voies irrationnelles et tnbreuses de la vie psychique Ils agissaient dans le con texte scularis une modernit clai re sur elle-mme contexte qui dterminait aussi depuis poque ro mantique autre facette de art son ct rflchi Ces deux aspects le re-

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    cours inconscient et la reflexivit expliquent intrt port par les sur ralistes au mouvement romantique qui dans une socit moderne dsen chante par la science rhabilitait le banni et le refoul pour enrichir de leurs potentialits imagination poti que est dans ce sens il faut gale ment interprter ce on appel la priode des sommeils durant hiver 1922-1923 sances exprimentales soumettant accs au groupe de Bre ton des tests de capacits mdiumni- ques et criture automatique ou encore Les Champs magntiques de Bre ton et Philippe Soupault 1921) et Une vague de rves Aragon 1925) dmonstrations par exemple de cette nouvelle potique qui se jouait des frontires Les surralistes se fiaient intuition imaginative qui lie ce que la raison spare Ainsi tentrent-ils de renverser opposition hirarchique tablie par le monde moderne entre raison et imagination de contrecarrer ce partage ce ddoublement alinant la ralit pour le transmuer en source de sens potique

    La doctrine de criture automati que qui assignait la conscience le rle passif de simple spectateur ne corres pondait pourtant nullement la ralit pratique comme montr dernire ment la linguistique Il fut en effet tabli que de nombreux tmoignages criture automatique ne se sous trayaient aucunement analyse lin guistique que absurdit et le hasard de ce langage soi-disant spontan taient en ralit le fruit un calcul potique que la censure et le contrle enfin avaient nullement t limins comme le prtendaient les surralis tes Mme les fameux cadavres ex quis quivalent graphique de criture automatique trahissaient la main de leurs auteurs et prsentaient dans leur construction toujours anthropomor- phique une qualit formelle indnia ble fig Autrement dit les strotypes de criture automatique taient toujours manipuls un certain point si ce est simuls comme dans Immacule conception 1930 Eluard et Breton reprodui sant dessein les manifestations verba les de diffrentes formes de folie Breton lui-mme reconnu en souli gnant que Les Champs magntiques prototype de criture automatique dont le titre faisait allusion au magn tisme de Franz Mesmer comportait des fautes de got dues la stylisation du cours de la pense introduite par Soupault Dans les annes trente il parle encore de infortune de criture automatique mais reste fidle sa doc trine selon laquelle la conscience ne

    joue un rle enregistrement du rant la dicte de la pense un rle de plaque photographique fixant des images insolites Ces images verbales surgissant impreviste semblent faire cho par leur succession discontinue

    la correspondance universelle pro pre la potique de Baudelaire Ce sont ces images auxquelles pense Ara gon il dclare en 1926 dans Le Paysan de Paris Le vice appel Sur ralisme est emploi drgl et pas sionnel du stupfiant image il semblait relativement facile de fixer par crit le flot incontrl des associa tions de la pense la succession fugi tive des images on ne savait pas en revanche prcisment si et comment le prtendu automatisme de la pense pouvait se manifester dans la planit de la peinture ou la tridimensionnalit de la sculpture Ainsi se posait nou veau dans le cadre de la potique sur raliste ternel problme de Vut pictura poesis

    Le dbat on le sait avait t soulev par Pierre Naville qui dans La Rvolu tion surraliste de 1924 avait ni sur le principe la possibilit existence une peinture ou une sculpture sur raliste Naville tait alors content noncer ce il tenait apparemment pour une vidence Max Mrise pour sa part procda de manire plus nuan ce il affirma au contraire la possibi lit un art authentiquemenr surraliste sans reculer devant les dif ficults une justification Dans son texte Les Yeux enchants il souligne le caractre statique de image peinte qui inverse de criture ne peut reprsenter le cours de la pense travers sa transposition dans le plan procd qui trahit la reprsentation au thentique de la pense absolue Con trairement au protocole de criture cette transposition suppose selon lui intervention directrice de la con science qui dnature le processus de pense et le fige en une image comme morative Ce danger existait pas dans criture automatique dans la mesure o la pense et le langage ne faisaient un aux yeux des surralistes Le si gnifiant et la chose signifie confon dus dans autoposis manant de la pense se trouvaient dissocis dans la peinture Si on admet comme les sur ralistes que le signifiant et la chose signifie ne sont coordonns que de manire arbitraire et nominaliste

    comme avait admis Ferdinand de Saussure ds 1916 dans son Cours de linguistique gnrale il convient de interroger sur existence un para mtre rgissant dans la peinture sur raliste la relation entre signifiant et chose signifie Cette question sous-

    Salvador Dali Le rve 1931

    Yves Tanguy Joan Miro Max Mrise Man Ray de haut en bas) Cadavre exquis 1926/27 Museum of Modem Arr New York

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    Griffonnage la plume dans Hans Prinzhorn Bildnerei der Geisteskranken 1922 62 Andr Masson Dessin la plume dans La Rvolution Surraliste no 1924 27

    entendant bien sr que les beaux-arts ont toujours volu sur le plan symbo lique une figuration et non sur celui une auto-reprsentation de la pen se

    Mrise tente nanmoins de montrer que le vocabulaire passif prt servir le flux de la pense trouve son quivalent plastique dans le trait de crayon libre et autonome ou dans objet trouv immdiatement disponible auteur prend paradoxalement pour exemple le cubisme qui pour lui comme pour Bre ton apparat pas comme le reflet des modalits de perception ou de leur re prsentation formelle mais comme image fortuite une inspiration mo mentane.26 oscillation humoristi que entre trompe-l il et esprit illustre dans les col

    lages de Picasso se substitue une lecture surraliste de objet trouv intgr dans

    le tableau objet qui prsenterait pour imaginaire la mme disponibilit que le mot cet gard le cubisme peut tre aussi directement compar aux crations plastiques des malades mentaux dont les images hermtiques semblent fixer la pure auto-reprsentation un flux de pense inconscient Si le texte de Max Mrise t illustr un dessin auto matique de Masson introduisant le passage consacr aux peintures des ma lades mentaux est pour prsenter ct du cubisme une autre fa on de consigner les penses prconscientes fig- Alors que dans le dessin de Masson le trac linaire semble guid par les impulsions dynamiques de in conscient et parat incarnation abs traite du principe de la mtamorphose ce sont de plus la non-identit de objet ambivalence smantique et la superpo sition compacte et presque osmotique

    des images qui semblent traduire dans les peintures des psychotiques la dyna mique de imagination cratrice

    La rfrence rcurrente du surra lisme la production psychotique rvle la porte une esthtique renversant les barrires traditionnelles et marque en tre autre par ouvrage de Hans Prin zhorn sur les crations plastiques du malade mental Bildnerei des Geistes kranken 1922 Dans cet ouvrage cl bre ce psychiatre et historien de art avait t le premier souligner que la facult cratrice tait nullement apa nage de quelques gnies ou de quelques malades mentaux comme admettait notamment Cesare Lombroso dans G nie und Irrsinn 1864 en allemand 1920) mais que les facults des psycho tiques comme toutes les facults cratri ces taient comparables parce que places dans un seul et mme continuum

    excitations nerveuses croissantes et d croissantes.27 Ce postulat implique que tous les hommes sont dous une cer taine disposition mme si selon Prin- zhorn cette dernire ne conduit que rarement des uvres artistiques Les surralistes employant essentiellement

    faire sortir art de ses limites ils in tressrent moins observation restric tive de Prinzhorn selon laquelle seuls les psychotiques dots un don spcifi que craient des uvres art la tentative de voir entre le sujet normal et le malade une frontire fluide et in terprter le relchement associatif et ses manifestations plastiques comme expression une disposition cratrice propre tous les hommes.28 instar de Prinzhorn les surralistes ne voyaient plus dans art des fous une matire ser vant le diagnostic psychiatrique mais le modle une vision du monde autre et

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    imaginative La psychose rvla Prin- zhorn comme aux surralistes un poten tiel cratif qui semblait touff par les sanctions une culture enferme dans ses conventions Ceci explique pourquoi Aragon en 1924 dfinit intronisation surraliste de imaginaire comme une nouvelle dclaration des droits de homme pourquoi la folie reprsen tait pour les surralistes une source inspiration subversive et conforme leur conception anarchiste de la libert pourquoi enfin ils firent la guerre la psychiatrie agressive Lettre auxMde- cins-Che des Asiles de Fous de 1925 est significative cet gard.30 Cette dfini tion de image psychotique aussi pro blmatique elle ft avait le mrite exacerber la prise de conscience de la marginalisation sociale et de la discrimi

    nation imposes la folie et attirer attention des surralistes sur les dter minantes psychiques du processus cra teur composantes qui expliquent pas

    uvre art mais prludent son la boration est dans cet tat esprit que Breton souligne dans son Second mani feste du surralisme le bnfice heuristi que de criture automatique par rapport au mcanisme de inspiration tout en critiquant explicitement la thse freudienne de la sublimation qui assi mile imagination potique aux rves diurnes toute une vie de fantaisie qui en ralisant nos dsirs compense les in suffisances de existence vritable 31 En simulant dans Immacule concep tion les expressions verbales propres diffrentes maladies mentales Breton et Eluard ont en outre dmontr que le

    langage psychotique et la posie se rejoi gnent par certaines caractristiques structurelles Cette adaptation potique et cette reconstitution des modi psycho tiques devaient la connaissance psy chiatrique avoir fourni une nouvelle interprtation de inspiration extatique qui selon la doctrine antique insufflait au pote le don de expression potique En autres termes Breton et Eluard profanent ici ancien topos de inspira tion surnaturelle qui associait elle-mme troitement exaltation potique et folie Platon en est le tmoin privilgi il voque dans Ion effet magn tique des Muses.32 Chez Breton et E- luard est inconscient en tant que source des impulsions cratrices qui re prend le rle Apollon charg nagure de frapper les potes de folie et de ccit

    pour les rendre voyants et prophtes Les crations psychotiques les sculptures des peuples primitifs et les dessins enfants qui figurent dans la partie il lustrations de La Rvolution surrealistech de Minotaiire en tant que tmoins di rects de inconscient ont en ce sens la valeur un manifeste fig 10 11)

    Ce matriel servit aussi Prinzhorn de pices conviction de preuves an thropologiques attestant existence impulsions et de besoins expressifs pri mitifs bien il ft parfaitement con scient des problmes mthodologiques poss par ses comparaisons morphologi ques Ce qui lui importait tait de rhabiliter le psychique travers le t moignage authentique fourni par ces images il appuie dans son re cours aux sculptures primitives sur

    Andr Masson 10 Cadavre exquis dans La Rvolution Surraliste 9- 1927 35 11 Ftiche Nouveau-Mexique dans La Rvolution Surraliste nos 9- 1927 34

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    12 Louis Bunuel Un Chien Andulou

    1929

    13 Max Ernst Collage uvre servant illustrer Rptitions de

    Paul Eluard Paris 1922

    analyse de Durkheim et Levy-Bruhl Les fonctions mentales dans les socits inf rieures 1919) qui avaient interprt ces images comme la manifestation un mode de pense non pas infrieur mais qualitativement diffrent il se rfre tude de Freud Totem et tabou qui avait soulign ds 1913 les analo gies de la vie psychique des primitifs et des nvross il poursuit un objectif33 susceptible de conforter approche sur raliste Prinzhorn et les surralistes vo luaient en outre dans le cadre des courants primitivistes qui avaient con tribu closion de art moderne Que la propre tude de Prinzhorn qui con nut auprs des artistes un cho particu lier ait t elle-mme marque par une confrontation avec art expressionniste tmoigne de cette approche commune En soulignant dans ce contexte que la similitude morphologique entre le lan gage psychotique et le langage artistique est en aucun cas la traduction une ralit psychique comparable car le pre mier est assujetti aux contraintes et la dure un syndrome alors que le se cond procde de relchements transitoi res sciemment provoqus Prinzhorn remet rsolument sa place la critique idologique taxant art moderne art dgnr Il explique intrt port

    par les artistes aux expressions verbales apparemment originelles et primitives comme une raction face la socit moderne domine par le rationnel qui met un frein au libre panouissement des pulsions cratrices et intuitives.34 En tablissant ce constat Prinzhorn met en lumire un malaise largement ressenti face la culture tablie malaise gale ment exprim dans la dialectique surra liste par la volont abolir la sparation conventionnelle entre rel et irrel art des fous qui trahit une approche autistique et une interprtation arbi traire de la ralit apparaissait comme le modle une imagination libre qui substituait au rel infini du possible

    Pour fixer le flux associations pr conscientes engrang dans inconscient il fallait naturellement oublier toute technique et empcher sciemment toute prise de conscience par une inversion du postulat freudien il fallait travailler abolition du moi dans le soi Dans

    son Premier manifeste du surralisme Bre ton admet lui aussi indirectement la dif ficult de cette dmarche pour la peinture il ne reconnat aux pein tres cits dans une note une simple tendance surraliste car ils ont interprt la partition de inconscient au lieu de seulement orchestrer Breton abor dera explicitement le problme de la peinture aprs la parution du verdict de Naville en exprimant dans les nu mros suivants de La Rvolution surrea

    le

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    liste Dans le titre de sa srie articles intituls Le surralisme et la peinture Breton reprend la dissociation tablie par Naville pour mieux la contredire dans le texte lui-mme en citant exemple de diffrents artistes qui dclinent comme des di les variantes de automatisme psychique Le fait il ne suive pas ici les lois de argumentation logi que mais il procde une voca tion des tableaux potique en elle-mme se comprend aisment Toutes les manifestations en marge du surralisme reprsentent plutt des options que des justifications tayant son attitude

    Ainsi voque-t-il la peinture comme un vritable langage en au cun cas plus artificiel que autre vante-t-il la puissance illusion qui fait oublier la ralit et ouvre une fen tre sur une autre ralit relevant de imaginaire Il rejette une fois en core le principe de imitation exprim depuis Alberti travers la mtaphore du tableau-fentre principe auquel il tait lui-mme dj oppos dans son premier Manifeste il raconte il fut surpris un soir par image verbale bi zarre et insistante un homme coup en deux par la fentre image qui il lustre la csure abrupte entre la ralit et imaginaire et que Bunuel repren dra plus tard dans Un Chien andal par la squence choquante de il cou p par une lame de rasoir fig 12 13 Ce est pas en vain que le motif de la ccit constitue un leitmotiv de ico nographie surraliste qui reprend le to pos antique du prophte aveugle dans un sens non plus mtaphysique mais psychologique Dans son essai Le message automatique publi en 1933 dans la revue Minotaure dans lequel il aborde non seulement interprtation psychologique des formes expression automatique mais aussi leurs condi tions generatives Breton souligne il tient les inspirations verbales pour in finiment plus riches de sens visuel pour infiniment plus rsistantes il que les images visuelles proprement dites et il lve pour cette rai son contre le prtendu pouvoir vi sionnaire du pote Ainsi donne-t-il cette dfinition peremp toire oeuvre plastique ... se rf rera donc un modle purement intrieur ou ne sera pas fig 14 15 Les principaux exemples en sont naturellement Lautramont Rimbaud et ironiquement Picasso dont les ima ges virtuelles ou matrielles montrent invisible car selon Breton elles bous culent voire dtruisent la smantique par un amalgame discontinu de mots et de formes Breton tablit entre le langage et la peinture un rapport

    analogie sans aventurer dans les ca ractristiques propres chacun des m diums et sans discuter le problme heuristique soulev par Naville et par Mrise

    Max Ernst en dpit de sa fidlit aux principes de Breton procde au trement Ds 1923 Aragon avait inter prt ses collages comme incarnation plastique du surralisme et surnomm Max Ernst le peintre des illusions parce il bouleversait la ralit Aragon avait alors dcrit avec prcision les procds que Max Ernst voquera lui-mme dans ses crits ultrieurs Dans son article intitul Comment on force inspiration publi en 1933 Max Ernst cite affirmation de Naville concernant impossibilit une peinture surraliste et revendi que comme preuve du contraire in vention du collage sutraliste il met indirectement son compte person nel On notera que Max Ernst ne prit la plume que relativement tard une poque o son procd tait dj deve nu un bien commun des surralistes et il le fit la fois pour rpondre Naville et pour clarifier implicitement la question officiellement rprouve des priorits Il rattache ses inventions au domaine du mythe les pare et pas seulement dans le langage verbal de tous les signes un vnement lgen daire suivant ici un modle classique que Breton avait eu de cesse de cl brer afin amener le groupe comme en un rituel initiatique poursuivre le mme dessein subversif il exprime sur les princi

    pes du surralisme Max Ernst suit et cite Breton Ainsi dans son essai est-ce que le surralisme publi en 1934 il voque tout fait dans le sens de Breton le rle purement pas sif de auteur dans le mcanisme de inspiration potique et dnonce comme contraire inspiration tout contrle actif exerc par la raison la morale ou les considrations esthti ques Comme Breton il attaque le mythe elitiste du gnie et voit dans la mobilisation des pulsions inconscien tes le moyen de librer le potentiel cratif Comme Breton il veut abolir la dichotomie entre le sujet et objet mler intimement interne et ex terne transformer rciproquement les

    ralits Il partage aussi les imprci sions et les incohrences thoriques de Breton il sanctionne sans d tour le procd de criture automati que fig 16 il ait connu le recours douteux de Breton aux thories para- psychologiques ne transparat pas dans ses textes Max Ernst fait montre de plus de prcision il agit de la traduction de criture automatique 15 Le groupe surraliste Photomontage dans La Rvolution Surraliste 11 1928 73

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    16 Max Ernst le on criture automatique dit aussi aimant est proche sans doute 1923

    en une dmarche plastique il aborde la diffrence entre le langage et la peinture qui requirent chacun des techniques diffrentes pour allumer tincelle potique Dans ce contexte Max Ernst relativise aussi aspect doc trinal de criture automatique nonc par Breton et en souligne le ct pro visoire il cite des contradictions tho riques ordre gnral et limite enfin la dimension thorique au profit de exprimentation l o Breton mle dlibrment les deux

    Par sa mthode de imagination projective Max Ernst libre les potentia lits esthtiques de objet trouv le d tourne de sa fonction premire par son interprtation le soumet un dpay sement insiste sur action comme en cho la remarque de Reverdy Si les sens approuvent totalement image ils la tuent dans esprit 44 II agit dans un cas comme dans autre de la tension entre la perception sensorielle et la pen se imaginative tension formule en des images presque emblmatiques qui ont perdu leur sens mtaphorique autrefois marqu dans le subscriptio fig 17 18 Max Ernst radicalise ainsi le topos classi que de inspiration tout en affranchis sant de ses liens avec esthtique mtaphysique du gnie Ainsi voque-t- il la succession hallucinante images se superposant les unes aux autres qui se bousculrent en lui en 1919 la vue des illustrations anodines un livre de sciences naturelles et en 1925 la vue des lames un parquet fig 19 de bois Ainsi Max Ernst affirme le caractre ruptif et discontinu de inspiration en opposition la continuit temporelle de la dicte automatique tablie par Bre ton.45 Comme chacun sait cette source inspiration matrielle conduisit Max Ernst inventer ses techniques semi-au tomatiques qui consistaient en une in

    tervention minime sur objet par in termdiaire du dessin de la peinture ou du collage ou dans le cas des parquets de bois en une interprtation figurative de la structure matrielle transparaissant par frottage objet concret se muait ainsi en un rbus chimrique qui obis sait au principe de la mtamorphose mais ne pouvait en rien apparatre comme quivalent plastique de cri ture automatique en raison mme de son laboration pratique En effet la transposition plastique de inspiration ne de objet fait intervenir une r flexion que Max Mrise avait mise en lumire ds 1924.46 Autrement dit il existe entre inspiration et sa traduction formelle une diffrence capitale Lors que Max Ernst se rfre en 1933 aux concepts image paranoaque et

    image multiple chers Dali47 il compare implicitement tat inspira tion une crise psychique un moment de vertige que Friedrich Schiller avait dj voqu et clbr dans une lettre adresse Justinus Kerner comme la condition mme de la libration des pul sions cratrices Il est pas fortuit que Freud lui-mme ait cit ce passage de Schiller dans son Interprtation des rves et dclar sa propre mthode de la libre association comme condition de la cra tion potique Schopenhauer et dans son sillage Chirico associrent ce trou ble passager et productif une amnsie spontane qui dtache le sujet de lui- mme et du monde et permet ainsi une vision tout fait nouvelle et en quelque sorte ingnue de la ralit dans laquelle semblent effacer les coordonnes de exprience un point de vue psycho logique ce dlire transitoire reprsente une situation-frontire que Max Ernst et Dali provoqurent artificiellement et dont ils tudirent les potentialits es thtiques En 1930 dans son essai Ane

    pourri Dali avait soulign toute adresse requise par la mise en uvre un pro cessus paranoaque seul mme de faire surgir des images duelles irrationnelles proches de anamorphose.50 cette poque il admettait encore le rle passif de la conscience auto-observation sans critique dans le cas de criture auto matique ou des rves exprimentaux En revanche dans La Conqute de irration- nel publi en 1935 Dali justifie sa nou velle rserve gard de la doctrine de criture automatique par la possibilit une explication psychanalytique est--dire une interprtation logique des images spontanes et plaide pour cette raison en faveur une mthode paranoaque-critique mme inter prter les associations de phnomnes dlirants 51 Lorsque Max Ernst souli gne en 1936 dans son essai Au-del de la peinture que la vision hypnagogique repose sur autosuggestion et que son procd est bas sur intensification de irritabilit des facults de esprit par des moyens techniques appropris et il se rfre expressment dans ce con texte la mthode paranoaque-critique est le mme refus thorique du dogme de criture automatique il exprime que Dali.32 Ce est pas un hasard il cite galement le plaidoyer de Lonard de Vinci en faveur de imagination cra trice capable partir des salissures de quelques vieux murs de crer des ima ges dont la transcription requerra en revanche une technique parfaitement matrise De manire significative cette le on de Lonard fut rapporte non seulement par Breton mais aussi par Prinzhorn qui voqurent tous deux les taches de couleur les papiers peints et les panneaux de bois comme autant de stimuli suscitant la cration images latentes Dans ce mme contexte Prin zhorn renvoyait aussi essai du physio

    logiste Johannes Mller ber die phan tastischen Gesichtserscheinungen 1826 qui avait dfini cette aptitude la cra tion images comme la plasticit de imagination il citait aussi les inter prtations potiques des taches de Justi nus Kerner 1857) les recherches exprimentales Adolf Hlzel sur les racines du processus imaginatif et enfin le procd graphique ancien consistant

    conserver impression les veines des bois gravs afin attester le libre jeu entre pulsions inconscientes et interven tions directrices.53 Ainsi Max Ernst au rait-il pu se rclamer aussi bien de Dali que de ouvrage de Prinzhorn il con naissait depuis longtemps il tira les consquences thoriques de ses exp rimentations plastiques De imitation invention telle fut la formule choi

    sie autrefois par Apollinaire pour dcrire le passage de ancienne la nouvelle conception de la peinture art surra liste franchi la mme tape mais l o le cubisme adonnait exercice de la forme le surralisme tendait un bou leversement smantique procdant de intronisation de image irrationnelle et de analyse de sa gestation

    Max Ernst intressait une poti que picturale une description et une justification de ses propres procds in directs qui instar des exprimenta tions verbales des surralistes ne correspondaient nullement au concept doctrinaire de criture automatique La meilleure illustration nous en est fournie par ses propres tableaux et colla ges rbus ayant abandonn le rapport conventionnel entre signifiant et chose signifie ils apparaissent comme des images discontinues dans lesquelles se superposent des connotations smanti ques htrognes et droutantes et se heurtent des motifs disparates dissocis de leur identit objective La mise en

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    scne esthtique tempre toutefois cette disparit au moyen analogies formel les de schmas de composition coh rents de combinaisons de matriaux prsentant une structure graphique ana logue ou encore au moyen une pein ture relativement objective qui en renon ant largement la perspective a rienne ou chromatique dfinit les objets par des contours une nettet implaca ble La structure formelle du tableau rend invraisemblable vraisemblable confre aux motifs objectifs leur sou daine prsence Les tableaux deviennent semblables des images oniriques Pour tant objectif de artiste est pas de reproduire des images de rves mais invoquer leur effet l o les topoi ico nographiques de histoire de art se trouvent cits de manire sous-j acente Cela signifie aussi que le caractre appa remment impntrable du tableau im mixtion irritante de trange dans un univers familier sont entirement calcu ls et transmis par des moyens purement artistiques alors que le rejer du contrle esthtique initialement formul en thorie se trouve ici contrecarr dans la pratique Les textes et tableaux raliss par Max Ernst avant 1936 ncessitent une diffrenciation sur les points mmes o ils se trouvent mis en corrlation.54

    La structure des tableaux peut tre dcrite selon les concepts labors par Freud dans son Analyse du rve 1900 et dans son tude Le Mot esprit et ses rapports avec inconscient 1905 Max Ernst avait dj lu ces deux ouvrages durant ses tudes Bonn et se trouvait donc dj dor un certain bagage tho rique il labora ses procds indi rects et ses techniques combinaroires rsolument personnelles Comme on le sait Freud distingue le contenu mani feste du rve de la pense onirique la tente susceptible expliquer le sens mme du rve La transformation des penses du rve en symboles du rve manifeste processus il nomme r gression est pour lui le rsultat du travail de condensation du rve tra vail qui est lui-mme comparable la technique du mot esprit Freud fait preuve une dmarche psychanalytique proche de hermneutique il re constitue littralement les penses du rve et de humour aide de la libre association afin de les rendre accessi bles la conscience Comme crit Freud la condensation et laboration de substituts forment la base de la tech nique de esprit des mots Ils rappellent

    la formation du rve dans le mca nisme duquel nous avons dcouvert les mmes processus psychiques Mais la formation du rve nous est aussi rappe le par les techniques de esprit de la pense le dplacement les fautes de

    17 Max Ernst dipusRex 1922

    Paris collection prive

    18 Il que les premires amours de Jacob Cars Sinneen Minne-Beelden no 28

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    19 Max Ernst Les confidences Histoire Naturelle 17 1925

    raisonnement le contresens la repr sentation indirecte la reprsentation par le contraire qui solidairement ou isol ment trouvent leur place dans la tech nique de laboration du rve Le dplacement donne au rve cet aspect trange qui empche de le considrer comme faisant suite aux penses de tat de veille emploi du contre-sens et de absurde cot au songe sa dignit de production psychique il induit les auteurs assigner comme condition la formation du rve la dchance de ac tivit intellectuelle la trve de la criti que de la morale et de la logique La reprsentation par le contraire est si cou rante dans le rve que rout errones elles soient les populaires clefs des songes en ont tenu compte Reprsenta tion indirecte remplacement de la pen se onirique par une allusion par un dtail procd symbolique quivalent la mtaphore voil justement ce qui distingue le langage onirique de la pen se de homme veill 55

    Si humour apporte un surcrot de plaisir par extriorisation indirecte des tabous le rve pour essence le dsir refoul par les interventions de la

    censure Le travail du rve efface les rapports logiques de la pense ne prend pour ainsi dire que le matriau brut de imagination en vue de la reprsentation

    est prcisment cette mthode que Max Ernst paraphrase de fa on ludique et convertit dans son art On peut parler si veut une regres sioni esthtiquement calcule qui bien sr se soustrait systmatiquement toute interprtation psychanalytique Max Ernst intresse effet insolite et potique du tableau qui en dpit de sa combinatoire drangeante possde un champ smantique dans lequel ap paraissent comme en un miroir magi que des connotations artistiques ou quotidiennes qui chappent toute tentative univoque de dcryptage analyse iconographique se heurte aussi ses limites Werner Spies avec raison donc examin art de Max Ernst sous angle de la technique adoptant une dmarche mthodologi que Adorno avait dj conseille propos de art surraliste Il chappe donc ainsi au danger de dchiffrer de manire rationnelle ces tableaux qui

    Stimulent et provoquent imagination du spectateur prcisment par leur ca ractre ambivalent Bien sr il ne agit pas de renoncer toute lecture sman tique Car la vision proj crive de Max Ernst son interprtation contrle de matriaux ou illustrations retenus au hasard de ses dcouvertes allient une thmatique surraliste complexe et r currente filtre par une longue tradi tion artistique Les tableaux de Max Ernst se dchiffrent un peu comme des palimpsestes interprte se trouvant confront aux mmes difficults m thodologiques avait nagure ren contres Freud dans son interprtation des images de rves Il est intressant dans ce contexte de se rapporter Sta- robinski qui montre combien la rhto rique freudienne se rclame de la mythologie et combien Freud lui- mme use une langue image propre

    dcrire les phnomnes affectifs mais non les rsoudre de manire analyti que Pourtant Freud insist sur ob jectivit scientifique de son analyse en effor ant laborer au-del de image mtaphorique un mtalan- gage qui reste li toutefois au langage de image onirique Cette constatation amne Starobinski se demander si les phnomnes dont parle la psycha nalyse ne sont pas constitus par la manire mme dont elle labore son propre discours Autrement dit mme interprtation freudienne des rves prsente les traits une drama turgie expressive comparable aux pro cds surralistes en dpit de toutes leurs diffrences Les surralistes ont pouss cette dramaturgie extrme et ont gnralise en un principe poti que en extrapolant sur la mthode th rapeutique de la libre association est ce principe auquel pense Louis Aragon il crit en 1926 dans son Dis cours de imagination que le surra lisme consiste dans la provocation sans contrle de image pour elle- mme et pour ce elle entrane dans le domaine de la reprsentation de per turbations imprvisibles et de mta morphoses car chaque image chaque COUD vous force rviser tou Univers

    Ces images subversives renversant les frontires entre interne et ex terne Max Ernst les voques avec art et artifice payant en sa qualit e.pictor doctus un tribut introspection ro mantique qui portait dj en germe le futur rapprochement entre imagi naire et inconscient Cette introspec tion se caractrisait non seulement par un intrt profond port aux phno mnes de la vie psychique du rve et du sommeil mais aussi par un credo artistique que Caspar David Friedrich

    rsume en ces mots Ferme les yeux de ton corps af de voir ton tableau avec les yeux de ton esprit Puis mets au jour ce que tu as vu dans les tn bres que ces images agissent sur les autres et les conduisent de extrieur vers intriorit de tre L o Friedrich attachait encore lan religieux de esprit Max Ernst plac sous le signe une modernit con sciente du forfait recherchait illu mination profane dans la conjonction transitoire et droutante de ralits quotidiennes image sur raliste apparat comme un acte de r sistance symbolique contre accord convenrionel avec la ralit subsis tante comme la revendication une libert subjective dans un monde de servitude objective Servitude qui est autre que alination inflige aux d sirs par une raison utilitaire qui rgne en matre sur homme et le prive de exprimer lui-mme fig 20)

    Traduit de allemand par Aude Virey Wallon

    NOTES

    Breton Manifeste du surralisme 1924 dans Manifestes du surralisme Ides NRF Paris 1965 28 Bibliographie concernant Breton dans cat exp Andr Breton la beaut convulsive muse national art moderne Centre Georges Pompidou Paris 1991 506-509 Breton Ibidem 15 voir ce sujet Albert Chesneau La marquise sortit cinq heures dans

    Publications of th Modem Language Association of America 84 1969 1644-1648 Breton Ibidem 53 Breton Ibidem 51

    Andr Breton Ibidem 52 La reproduction un clair nocturne sur la feuille de ti du 12 de La Rvolution surraliste 15 dcembre 1929 est pas fortuite il est ici associ amour source inspiration et mystre bouleversant la ralit ce qui est un des thmes fondamentaux du surralisme Ch Baudelaire Salon 1846 XVIII De hrosme de la vie moderne dans uvres compltes Claude Pichois d.) Paris 1961 950-952 Charles Baudelaire Le peintre de la vie moderne Ibidem 1163 voir ce sujet Walter Benjamin Charles Baudelaire Ein Lyriker im Zeitalter des Hochkapiansmus RolfTiedemann d.) Francfort-sur-le-Main 1974 Hans Robert

    Jauss Literarische Tradition und gegenwrtiges Bewusstsein der Modernitt dans Literatur-geschichte als Provokation Francfort-sur-le-Main 1974 53-57 Marcel Raymond De Baudelaire au surralisme Paris 1978

    Benjamin Der Surrealismus Die letzte Momentaufnahme der europischen Intelligenz 1929 dans Angelus Novus Ausgewhlte Schriften vol.2 Francfort-sur-le-Main 1966 202-203 Benjamin dveloppe cette notion sur le modle de Nadja Andr Breton et du Paysan de Paris Aragon

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    Brecon op cit. 37-38 Breton reprendra plus tard et confirmera ainsi sa dfinition catgorique du surralisme de 1924 dans le Dictionnaire abrg du Surralisme publi en 1938 en collaboration avec Paul Eluard Breton op cit. 20 33

    10 Breton op cit. 34-36 40-45 dans son Interprtation des rves Sigmund Freud dclare il domine parfaitement la technique de la libre association surtout il crit toutes les ides qui lui viennent spontanment Sigmund Freud Interprtation des rves 1900) trad en fran ais par Meyerson Paris 1973 96 propos de criture automatique voir entre autre Burger Der franzsische Surrealismus Francfort-sur-le-Main 1971 150-165 Steinwachs Mythologie des Surrealismus oder die Rckvenvandliing von Kultur in Natur Neuwied et Berlin 1971 21-39 Dans son Second manifeste du surralisme Breton intresse une nouvelle fois criture automatique mettant accent sur aspect productif de inspiration Breton Second manifeste du surralisme 1929) dans op cit. 115-121 H.A Breton avait rencontr Freud Vienne ds 1921 En mars 1922 il publia dans la revue Littrature une lettre que Freud lui avait adresse dans ce sens Dans son Interprtation des rves Freud noce On se trompera videmment si on veut lire ces signes comme des images et non selon leur signification conventionnelle Or ce sont prcisment ces images qui intressent Breton Sigmund Freud op cit. 242 12 Sigmund Freud La cration littraire et le rve veill 1908) dans Essai de psychanalyse applique Paris Gallimard 1933 69-82 surtout 80 Dans son Second manifeste Breton cite explicitement la thse freudienne de la sublimation Cette citation montre il ne agit pas de la part de Breton une mauvaise interprtation de Freud mais de la recherche un objectif diffrent Andr Breton Second manifeste du surralisme op cit. p.119 13 Starobinski Freud Breton Myers dans La Relation critique il vivant II Paris 1970 p.324 14 Je ne peux aborder la problmatique complexe de cette thse dans le cadre de cette tude On se reportera Robert Short Die Politik der surrealistischen Bewegung 1920-1936 dans Peter Brger d.) Surrealismus Darmstadt Wissenschaftliche Buchgesellschaft 1982 341-369 15 Jean Scarobinski op cit. 328 16 Paul Janet automatisme psychologique Paris 1893 Les surralistes connaissaient naturellement aussi Charles Richet Du somnambulisme provoqu dans Journal de Anatomie et de la Physiologie normales et pathologiques de homme et des animaux vol 1875 348-377 17 Jean Starobinski op cit. 332 et suiv Starobinski appuie surtout ici sur le texte de Breton Le point du jour Paris 1934 Breton utilise pas encore ce terme dans son premier Manifeste 18 Ainsi le magntisme ec inconscient jouaient-ils un rle capital dans la posie allemande et la philosophie de la nature dfendue par les romantiques voir notamment les crits Heinrich von Schubert Symbolik des Traums 1814 Geschichte der Seele 1830) de Carl Gustav Carus Psyche 1846 ou de Justinus Kerner Die Seherin von Prevorst 1829 Breton lui-mme cite par exemple le physicien Johann Wilhelm Ritter qui non seulement dcouvrit les rayons ultraviolets et effet thermolectrique sur les mtaux cristallins mais intressa aussi au magntisme et au somnambulisme Andr Breton Centenaire Arnim dans Le Surralisme au service de la Rvolution 15 mai 1933 est probablement aussi influence de Max Ernst qui conduisit Andr Breton reconnatre dans le romantisme allemand une importante source inspiration ajoutant celle des romantiques

    fran ais Dans son essai Le message automatique publi dans le 3-4 de la revue Minotaurc 12 dcembre 1933 55-65) il se rfre toutefois surtout des sources fran aises et anglaises notamment la Revue spirite et Occult Review Thodore Flournoy et surtout Myers Il se distancie expressment de la croyance en la ralit des spectres 19 Par exemple Peter Burger Der franzsische Surrealismus op cit. 158-179 20 Dans son premier Manifeste Breton excuse encore erreur de Soupault par une influence extrieure Andr Breton Manifeste du surralisme 1924 op cit. 55 Dans son Second manifeste il parle expressment de morceaux de bravoure Andr Breton Second manifeste... op cit. 115 21 Andr Breton Le message automatique dans op cit. 57 Dans une lettre adresse Rolland de Renville dans La Nouvelle Revue Fran aise 1er mai 1932) Brecon crit que les surralistes ont jamais prtendu pouvoir fournir un exemple parfait de criture automatique et une certaine mise en condition pralable aussi minime ft-elle avait toujours jou un rle dans leurs crations potiques 22 Aragon Le Paysan de Paris d de la Nouvelle Revue Fran aise Paris 1926 81 23 Les surralistes admettaient cot simplement que dans la pense spontane et incontrle les images surgissaient de association de mots disparates en autres termes leur notion image potique relevait du domaine du langage et ne se rapportait pas des objets ou leur observation 24 Naville Beaux-Arts dans La Rvolution surraliste 15 avril 1925 27 25 Mrise Les Yeux enchants dans La Rvolution surraliste 1er dec 1924 26-27 26 est Louis Aragon qui soulign cette diffrence en distinguant le papier coll cubiste du collage surraliste voquant pour le premier le relativisme de objet pour le second le relativisme des formes Aragon Max Ernst Peintre des illusions 1923) dans Ecrits sur art moderne Paris 1981 14 plus dtaill Louis Aragon La peinture au dfi op cit. 32 et suiv 27 Prinzhorn Bildnereider Geisteskranken Ein Beitrag zur Psychologie und Psychopathologie der !!) aprs la seconde dition Berlin Heidelberg New York 342-350 Edition fran aise Expressions de la folie Dessins peintures sculptures asile Paris NRF Gallimard 1984 trad Brousse Weber. Voir en outre Pter Grsen introduction de Kunst und Krankheit Metamorphosen der sthetischen Einbildungskralt Francfort-sur-Le-Main 1980 8-10 28 Dans son premier Manifeste Breton voque dj la folie dans ce sens op cit. 13-14 Nadja Paris 1928 en est exemple le plus parlant 29 Aragon reprend ici dans Une vague de rves 1924 assertion figurant dans le titre du premier numro de La Rvolution surraliste IL dec 1924 II faut aboutir une nouvelle dclaration des droits de homme 30 Dans La Rvolution surraliste 15 avril 1925p 29 31 Freud La cration liccraire et le rve veill 1908) dans Essai de psychanalyse applique Paris Gallimard 1933 69-82 surtout 80 Freud compare imagination au jeu de enfant Par ailleurs il opre une distinction encre les rves diurnes du crateur littraire et les fantasmes du rveur veill en soulignant que les premiers par leur forme mme nous procurent un rel plaisir alors que les seconds nous semblent repoussants Breton Second manifeste op cit. 116-119 32 Platon Ion dans Smtliche Werke Cologne 1967 135-137 33 Prinzhorn op cit. 310-322 Prinzhorn renvoie entre autre la publication de Reja Art chez les fous Paris 1907 Contrairement Max

    Ernst er autres surralistes Breton singulirement ne semblait pas connatre ouvrage de Prinzhorn en effet il regrette en 1933 il existe pas ouvrage synthtique sur les tableaux des psychotiques Breton Le message automatique op cit. 60 34 Prinzhorn op cit. 345-349 35 Breton Manifeste du surralisme 1924) op cit. 40 Breton ajoute sa liste des anctres apocryphes du surralisme les noms de ceux qui ne peuvent tre considrs comme surralistes que une manire limite car ils tenaient un certain nombre ides prcon ues Cette restriction est toujours nglige dans les ouvrages histoire de art qui reprochent Breton son attitude arbitraire vis--vis de la tradition littraire il en va ainsi par exemple dans Hans Hollnder Ars inveniendi et investigandi Zur surrealistischen Methode 1970) dans Brger d.) Surrealismus op cit. 247-248 36 Breton Le surralisme et la peinture dans La Rvolution surraliste 15 juillet 1925 26-30 suite dans les numros suivants de la revue Ce est pas en vain que Breton illustre son premier article exclusivement par des uvres de Picasso il reconnat ainsi comme le surraliste par excellence 37 Brecon ibidem 26-27 38 Breton Manifeste du surralisme(1924) op cit. 31-32 39 Il est vident que le mythe oedipal et sa connotation sexuelle joue toujours un rle dans le motif de la ccit En soulignant le contenu visuel des inspirations verbales Breton implique que ces dernires conduisent directement des hallucinations visuelles il cite comme prototype les Illuminations as Rimbaud Breton Le message automatique op cit. 63 40 Breton Le Surralisme et la peinture op cit. 28

    20 Andr Autoportrait criture automatique Photomontage 1938 collection Arturo Schwarz.Milan

    41 Aragon Max Ernst Peintre des illusions op cit. 13 42 Ernst Comment on force inspiration dans Le Sunalisme au service de la rvolution 15 mai 1933 43 43 Ernst Was ist Surrealismus esc-ce que le surralisme? 1934) dans Melken d.) Als die Surrealisten noch recht hatten Du temps que les surralistes avaient raison) textes et documents Stuttgart 1976 323 44 Reverdy Le Gant de crin Paris 1918 34 45 Ernst Comment on force inspiration dans op cit. 45 Ernst Visions de demi-sommeil dans La Rvolution surraliste 9- 1er oct 1927 Ernst Jenseits der Malerei Au-del de la peinture Cahiers art

    6-7 1936) dans Metken d.) op cit. 326-327 Andr Breton Le message automatique op cit. 63 46 Naville avait assimil par ailleurs les mors flottant dans la pense incontrle aux matriaux trouvs entrant dans la constitution des collages Il pensait avoir ainsi trouv un quivalent plastique de criture automatique Spies reprend implicitement ce rapprochement en soulignant la problmatique lie au concept criture automatique Werner Spies Max Ernst-Collagen Inventor und Widerspruch Cologne 1974 83-85 47 Ernst Comment on force inspiration dans op cit. 44 48 Freud Interprtation des reves op cit. 96 49 Giorgio de Chirico Welcher Art knnte die Malerei der Zukunft sein 1913-1914) dans Wir Metaphysiker Gesammelte Schriften Wieland Schmied d.) Francfort-sur-le-Main Berlin Vienne 1973 29 Chirico fait explicitement rfrence essai de Schopenhauer Parerga et )! dans lequel le monde est per comme une reprsentation une apparence

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    50 Dali All pourri dans Le Surralisme service de la rvolution juin 1930 9-12 51 Dali Die Eroberung des Irrationalen La conqute de inatiomiel Paris 1935) dans Merken d.) ibidem 365-66 52 Ernsr Jenseirs der Malerei Au-del de la peinture op cit) dans Merken d.) ibidem p.329 53 Prinzhorn op cit. 25-28 Breton renvoie aussi dans ce contexte aux taches encre de Victor Hugo Andr Breton Le message automatique dans op cit. 56 54 Le rapprochement opr dans les ouvrages histoire de art manque toujours une analyse critique 55 Freud Le Mot esprit et ses rapports avec inconscient 1905 Paris Gallimard 1953 99-100

    56 Spies Collagen... op cit Th Adorno Rckblickend auf den Surrealismus dans Noten zur Literatur Francfort-sur-le-Main 1971 158

    57 Starobinsld Psychanalyse et connaissance littraire dans op cit. 277 58 Aragon Le Paysan dc Paris op cit. 81 59 Caspar David Friedrich usserung bei Betrachtung einer Sammlung von Gemlden von grsstenteils noch lebenden und unlngst verstorbenen Knsdern Considrations aprs la visite une collection de toiles artistes pour la plupart vivants ou morts rcemment 1830) dans Caspar David Friedrich Briefen und Bekenntnissen Sigrid Hinz d.) Berlin 1974 92 60 Adorno op cit. 160

    ABSTRACT The light of the image The Surrea list concept of image The article discusses the central con cepts of Surrealist poetry which will be examined within the framework ofBre-

    and Max programmed wri ting and the theoretical requirements and practical scope for an esthetics wi thout frontiers The key concepts in this context are automatic writing and the light of the image developed by Breton and his colleagues in their discussions with Freud the medium branch of French psychiatry and the

    creativity of the mentally ill in order to clarify the mechanisms of interpreta tion In other words it concerns the psychological factors involved in the creative process which although they do not explain works of art can generate creation Thus last but not least the differences between the theoretical op tions and the poetical pratices of art respectively arc treated as theme Monika STEINHAUSER professeur

    la Ruhr-universit de Bochum Kunstgeschichtliches Institut Univer- sitatsstrasse 150 Bochum 44801 Allemagne

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    InformationsInformations sur les auteursMonika SteinhauserAude Virey Wallon

    Pagination68697071727374757677787980

    IllustrationsPage de titre, "La Rvolution Surraliste", nos 9-10, 1er Oct.1927.L'image telle qu'elle se produit dans l'criture automatique, illustration d'Andr Breton, La beaut sera convulsive, dans le Minotaure no5, 1934, p. 10.Vitrine au muse S. Freud, Vienne.Dessin mdiumnique obtenu par Mme Fondrillon, 1909, dans La Rvolution Surraliste, no 4, juillet 1925.Vignette de titre d'Andr Breton "Le message automatique" dans Minotaure, no 3-4, 1933, p. 55.Salvador Dali, Le rve, 1931.Yves Tanguy, Joan Miro, Max Morise, Man Ray (de haut en bas), Cadavre exquis, 1926/27, Museum of Modern Art, New York.Griffonnage la plume, dans Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken, 1922, p. 62.Andr Masson, Dessin la plume, dans La Rvolution Surraliste, no 1, 1924, p. 27.Cadavre exquis, dans La Rvolution Surraliste, nos 9-10, 1927, p.35.Ftiche, Nouveau-Mexique, dans La Rvolution Surraliste, nos 9-10, 1927, p. 34.Louis Bunuel, Un Chien Andalou, 1929.Max Ernst, Collage, Oeuvre servant illustrer "Rptitions" de Paul Eluard, Paris 1922.Odilon Redon, Les yeux clos, 1890, Paris, muse d'Orsay.Le groupe surraliste, Photomontage, dans La Rvolution Surraliste, no 11, 1928, p. 73.Max Ernst, leon d'criture automatique, dit aussi: l'aimant est proche sans doute, 1923.Max Ernst, Oedipus Rex, 1922, Paris, collection prive.Il n'y a que les premires amours, de Jacob Cats, Sinneen Minne-Beelden, no 28.Max Ernst, Les confidences, Histoire Naturelle, p. 17, 1925.Andr Breton, Autoportrait: l'criture automatique, Photomontage, 1938, collection Arturo Schwarz, Milan.