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LA MAISON GAUDARD · La maison doit son nom au lieutenant baillival Gaudard, qui l’a largement fait re - con s tr ui e1673, ù lpd’ a.L façade principale est marquée par l’imposante

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LA MAISON GAUDARD

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DES ORFÈVRES D’ANTAN AUX BIJOUTIERS CONTEMPORAINS 4

LAUSANNE ET LA CITÉ 6

LA MAISON GAUDARD 8

EN ATTENDANT GAUDARD… 10

UNE FENÊTRE GOTHIQUE 12

LES DÉCORS PEINTS 14

TextesFrançois Christe, 2000

PlansValentine Chaudet, 2000

SourcesGrandjean, M., Les monuments d’art et d’histoire du Canton de Vaud, La ville de Lausanne, tome III, Bâle, 1979, pp. 176-180.

Christe, F., Lausanne - Place de la Cathédrale n°6.Analyse archéologique de la maison Gaudard. Rapport préliminaire. Lausanne, 1998 (Rapport non publié déposé à l’Archéologie cantonale).

Suivi de la publicationCarole Guinard, mudac

Photo page 4Pierre Germond, CEPV

Graphisme, photos pages 14-15Alain Kissling / www.atelierk.org

© mudac, 2012

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Le mudac, musée de design et d’arts appliqués contemporains, a emménagé

dans la maison Gaudard en juin 2000. L’édifice regroupe plusieurs bâtiments

dont les vestiges les plus anciens remontent au XIIIe siècle. Les sources per-

mettent d’en déterminer plusieurs propriétaires et parmi ceux-ci de nombreux

orfèvres : dans la rangée est, on trouve Pierre et son frère Jean qui font peut-

être construire la maison nord (en rouge sur le plan de la page 9) entre 1261

et 1268. A la fin du XIIIe siècle et jusque vers 1340, la maison est habitée

par l’orfèvre Perrot Dorer. Dans la rangée ouest, elle abritait, dès 1386, Mermet

Périsset et sa famille, ceci jusque dans la seconde moitié du XVe siècle.

Dorénavant, passé et présent se rejoignent puisqu’une des salles les plus

anciennes de la maison est devenue en 2012 l’écrin de la collection de bijoux

contemporains du musée et de la Confédération.

Sonia Morel • Bracelet, 2002 • Fil d’argent, câble intérieur en acier, Ø 125mmCollection de la Confédération

Atelier de maître Etienne Delaulne orfèvre francais, 1576Gravure sur bois tirée de Chefs-d’œuvre des arts industriels - Céramique, verrerie et vitraux, émaux, métaux, orfèvrerie et bijouterie, tapisserie par P. Burty, Paris, 1866

DES ORFÈVRES D’ANTAN AUX BIJOUTIERS CONTEMPORAINS

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L’éperon naturellement fortifié de la Cité sera densément réoccupé à la fin de

l’Empire romain. L’habitat n’excédait alors pas la cathédrale actuelle, où un ouvrage

défendait ce flanc de la colline. Trop à l’étroit, la ville va déborder dès le VIIe siècle

jusqu’à la falaise qui domine la vallée du Flon, donnant naissance à la Cité-Des-

sous. Cette expansion va se poursuivre avec la création des autres quartiers de

la ville, à la Palud et au Bourg, à Saint-Laurent et au Pont, prolongés par des fau-

bourgs le long des principaux axes routiers, jusqu’à l’apogée des XIIIe - XIVe siè-

cles. Il n’est alors possible, dans les limites contraignantes du mur d’enceinte,

d’allouer aux habitants qu’une étroite parcelle constructible, qui doit de plus jouir

d’un accès à la rue.

Cette expansion va s’accompagner à la Cité d’une décompression de l’ancien

tissu, avec la création ou l’agrandissement de cours, de rues et de places. Le

plan ci-contre, de 1838, en témoigne : le cloître au nord de la cathédrale a déjà

disparu, comme les défenses et dépendances au nord de l’ancien évêché pour

agrandir la terrasse de la cathédrale, tout comme les ateliers d’artisans établis

sur la place actuelle. Cette évolution est déjà sensible devant la maison Gaudard,

comme l’a démontré la fouille pour le drainage de la façade nord, puisque la ter-

rasse qui la prolonge a été établie au détriment du cimetière de la cathédrale ainsi

que de petites constructions en bois.

Le plan montre bien pourtant l’intégration de la maison au tissu urbain encore

très dense de la Cité-Dessous, en tête de l’îlot descendant jusqu’à l’ancien

hôpital, et flanquée à l’est de deux rangées de maisons, plus étendues en amont

à l’origine. La démolition progressive de ces bâtiments entre 1873 et 1939, pour

assainir le quartier et faciliter la vue sur la cathédrale, ou pour permettre le per-

cement de la rue au sud, dégagera ainsi artificiellement trois des façades de la

maison Gaudard.

Plan de Lausanne en 1838 (détail). Lithographie de Gustave Spengler d’après les plans de Berney.Lausanne, Musée historique

LAUSANNE ET LA CITÉ

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*

XIIIe

fin XIVe – début XVe

fin XVe – milieu XVIIe

1673 : Gaudard

XIXe – XXe

non daté

* Salle Gaudard

La maison doit son nom au lieutenant baillival Gaudard, qui l’a largement fait re-

construire entre 1671 et 1673, où elle prend l’essentiel de son aspect actuel. La

façade principale est marquée par l’imposante tour d’escalier centrale, qui distribue

sur les deux ailes latérales, dont les façades ont été uniformisées alors. La maison

s’est étendue au sud-ouest par l’annexion de sa voisine en 1720, puis au sud-est

vers 1900. Elle abrite alors l’administration cantonale, qui y mènera des travaux

d’entretien très lourds par endroits.

L’analyse archéologique menée lors de la dernière rénovation (1990-2000) a

permis de retracer l’histoire de la maison sur plusieurs siècles. Le contraste entre

le plan des niveaux inférieurs et supérieurs est très frappant, les premiers avec

un cloisonnement très dense, qui disparaît plus haut. Il s’agit en effet à l’origine

de deux rangées de maisons dont la largeur n’excède pas 5 m, bâties de part et

d’autre d’un égout descendant de la Cité. Cette césure, qui va s’élargissant

jusqu’à l’escalier moderne, est encore très lisible en amont au niveau des sous-

sols. Ces étroites parcelles, typiquement médiévales, vont être progressivement

unifiées jusqu’à former le conglomérat actuel, où les différences de niveau tra-

duisent encore ces antécédents.

Ce phénomène est bien connu également à la Cité-Dessus, où les maisons ne

comportent qu’un niveau sur rez, même dans celles des plus hauts dignitaires

ecclésiastiques, et ce souvent jusqu’au XIXe siècle. Il en va différemment à la

Cité-Dessous, où, comme ici, elles vont s’élever de deux niveaux sur rez dès le

XIIIe siècle, puis trois autour de 1400.

La typologie et la datation des bois par dendrochronologie a précisé le rythme de

cette évolution, à partir des premiers éléments des XIIe ou XIIIe siècles. Souvent

bien fragmentaires, ils ne sont plus guère visibles que dans cette salle ainsi qu’au

sous-sol. La nouvelle affectation de musée a imposé en effet de neutraliser les

surfaces d’exposition, de manière à éviter la concurrence entre vestiges archéo-

logiques et art contemporain.

Plan des différents niveaux avec la vue de l’accès à l’escalier à vis de la maison du Clergé de la cathédrale

LA MAISON GAUDARD

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* *

Les plus anciens vestiges ont été repérés au centre de la rangée orientale ainsi

qu’au sud-ouest, avec une hotte de cheminée portant sur des chapiteaux gothiques,

des baies jumelées ou à linteau sur coussinets.

A l’est, ils remontent à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, où une maison

de plan carré est édifiée sur des fondations antérieures. Sa façade nord, en retrait

de 4,50 m par rapport à l’actuelle, s’élève alors de deux niveaux sur rez. Elle sera

déplacée en 1390, avec deux croisées ouvrant sur la cathédrale, et le noyau

central rehaussé d’un étage en 1427. Au sud, la maison du Clergé de la cathédrale

a été reconstruite sur plan carré en 1404, avec récupération, sur deux niveaux,

de solives de 1350. Mitoyenne alors, elle ne prend jour que sur la ruelle par de

grandes croisées à coussièges, banquettes ménagées dans l’épaisseur de la fa-

çade. La partie inférieure de l’escalier à vis est conservée.

Nombre de transformations mineures ont été repérées aux XVe et XVIe siècles,

jusqu’à l’unification de la tête de l’îlot en 1643, où un corps de bâtiment à solivage

mouluré recouvre la césure de l’égout, impliquant sans doute le déplacement au

nord de l’entrée, qui s’ouvrait jusqu’ici latéralement pour chacune des maisons.

Le dernier gros chantier est celui de 1671-1673, avec la reconstruction totale

des façades de l’aile ouest, l’édification de la tour d’escalier et la couverture des

différents corps de bâtiment par une charpente unique. Les encadrements de fe-

nêtre sont plus sobres qu’à l’époque gothique, la mouluration ne portant guère

que sur la corniche de la tour d’escalier et sur l’encadrement de ses portes.

Comme de règle dans un bâtiment de cette qualité, le XVIIIe siècle a dû apporter

bien plus que les lambris Régence de la pièce centrale du niveau 1. Ces éléments

de décor ont vraisemblablement été supprimés ailleurs à l’époque administrative.

Coupe transversale vers le sud du bâtiment avec l’ancienne façade nord de la rangée orientale de l’îlot. Revers de la façade orientale de l’édifice actuel présentant des maçonneries encore médiévales.

EN ATTENDANT GAUDARD…

XIIIe

fin XIVe – début XVe

fin XVe – milieu XVIIe

1673 : Gaudard

XIXe – XXe

non daté

* Salle Gaudard

10 m

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Cette fenêtre gothique à remplage, de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle,

est très rare dans l’architecture privée. D’autres fragments d’arcs trouvés en rem-

ploi dans les maçonneries démontrent qu’elle n’était pas unique dans ce pâté de

maisons. Elle a été transformée en porte lors de la construction de la façade à

son emplacement actuel, en 1390.

Restitution de la fenêtre à remplage gothique qui ornait l’ancienne façade nord de la rangée orientale de l’îlot.

UNE FENÊTRE GOTHIQUE

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Ce fragment de peinture murale a été prélevé en façade nord, où il décorait l’en-

cadrement de la fenêtre à croisée visible à droite, qui fait face au porche des Apô-

tres de la cathédrale, dont la polychromie était peut-être encore visible. Il a été

préservé grâce à la construction, contre l’ancienne façade, de la tour d’escalier

actuelle, qui l’a protégée des décrépissages ultérieurs. Redécouvert lors d’une

restauration du bâtiment en 1925, il présente une architecture feinte en faux marbre

avec décors végétaux et animaux mêlés d’allégories. Ce remarquable décor Re-

naissance peut être attribué au peintre Humbert Mareschet, actif dans la région

pendant le dernier quart du XVIe siècle.

Le plafond de la salle a été mis en place en 1390. Il n’a reçu son décor qu’au

XVIe siècle vraisemblablement, avec des losanges inscrits dans un réseau ortho-

gonal imitant un plafond à caissons. Les motifs quadrilobés qui ajourent ce décor

sont encore de tradition gothique, comme la forte mouluration de gorges entre

tores des poutres de rive, préservée sur une dizaine de centimètres seulement

grâce à une ancienne cloison. La gamme chromatique associe les tons anthracite,

bleu et bordeaux. La restauration de ce plafond présente quatre stades différents

d’intervention, gradués de l’état lors de la découverte sous un faux plafond jusqu’à

la restitution complète.

LES DÉCORS PEINTS

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