Bien qu’implantée à Venise et active dans toute l’Europe, l’entreprise des Giunta affiche clairement les origines floren-tines de la famille comme en témoigne la marque typo-graphique utilisée par l’en-semble de ses membres.

Les marques éditoriales, employées dès l’appa-rition des premiers incu-nables, servent à signa-ler l’appartenance d’un livre à un atelier typo-graphique ou à un né-gociant libraire. Elles sont donc le signe distinc-tif d’une production car elles garantissent la pro-venance de l’ouvrage et font également office de captatio benevolentiae en éveillant l’attention du lecteur.

La marque typographique des giunta

Page de titre : Galien, Galeni Sexta classis eam chirurgie partem amplectitur, in Omnia opera, tome 7, 1550, Eredi di Lucantonio, Venise.

Alexandre d’Aphrodise, in sophisticos Aristotelis elencho

s, comm

entaria

, 1521, Eredi di Filippo, Florence.

Dès la fin du XVe siècle, la marque occupe une place de choix dans l’architecture du livre. Initialement associée au colophon qui ras-semble en fin d’ouvrage le nom de l’imprimeur, la date et le lieu d’impression, la marque se situe par la suite le plus souvent sur la page de titre dont la disposition est progressivement standardisée.

Colophon : Galien, Galeni Sexta classis eam chirurgie partem amplectitur, in Omnia opera, tome 7, Eredi di Lucantonio, Venise, 1550.

Colophon : Isidore da Chiari, Biblia, Eredi di Lu-cantonio, Venise, 1557.

Page de titre : Boccace, Il Decameron ricorretto et emendato secondo l’ordine del sacro Concilio di Trento, Filippo Jacopo e fratelli Giunti, Flo-rence, 1573.

Page de titre : Scipione Ammirato, Orazioni a diversi principi, Filippo il Gio-vane e fratelli, Florence, 1587-1598.

Colophon : Justinien, Corpus juris civilis. Digestum vetus, in Opera, tome 1, Giunta Venise, 1598.

Il convient dès lors de ne pas confondre la marque typographique avec le frontispice, la gravure placée généralement en face de la page de titre qui vise à suggérer le contenu de l’ou-vrage ou à présenter le portrait de l’au-teur ; ni avec l’ex-libris qui est une marque de propriété, une gravure personna-lisée qu’un collectionneur colle sur le contreplat ou sur la page de garde des livres, comme marque d’appar-tenance.

La marque typographique des Giun-ta, parue pour la première fois à Ve-nise en 1490, représente une fleur de lys, symbole de la cité florentine, en-touré de deux putti (des angelots nus et ailés). Il s’agit d’éléments récurrents qui connaissent cependant quelques variantes dans le temps et en fonction des lieux de production. À partir de 1517, la marque employée à Florence est par exemple flanquée des initiales de Filippo, et elle est accompagnée à partir de 1522 de la devise « Nihil candidius ». Le lys devient ainsi un gage de la qualité des éditions giuntiennes tout en rappelant les origines florentines de l’entreprise familiale.

par Hélène Soldini

Page de titre

: Jus

tinie

n, C

orpu

s jur

is ci

vilis

. Gig

estu

m v

etus

, in

Op

era

, tom

e 1,

Giu

nta,

Ven

ise, 1

598.

Page de titre : Mercuriale, De pestilentia lec-tiones, Lucantonio Giunta il Giovane, Venise, 1601.

Page de titre : Bartolo da Sassoferrato, in tres Codicis libros, Lucantonio il Giovane, Venise, 1567.

Page de titre : Sacrarum caeremoniarum sive rituum ecclesiasticorum, Lucantonio Giunta il Giovane, Venise, 1582.