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Théorie de l'État et du Droit La mémoire vive de la dictature du Chili. Diego Pizarro

La mémoire vive de la dictature du Chili

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La dictature de Pinochet laissa des séquelles importantes, notamment la division de tout un peuple.

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Théorie de l'État et du Droit

La mémoire vive de la dictature du Chili.

Diego Pizarro

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Sommaire

Introduction.

Qui était Salvador Allende.Le Chili avant la dictature.Pourquoi il y a eu une dictature ?

Le 11 septembre 1973 : La mort de S. Allende et l'arrivée au pouvoir du Général Pinochet.

Un coup d'État marquant le début d'une tragédie nationale.Une dictature sans aucune opposition ?

Les séquelles d'une dictature féroce et oppressante.

L'influence de la dictature de Pinochet sur les politiciens chiliens.La division politique du peuple chilien.

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Introduction

Salvador Allende Gossens est né à Santiago du Chili le 26 juin 1908. Il provenait d'unefamille aisée, son grand-père était médecin et son père avocat. Il a vécu dans de nombreuses villesdu Chili en fonction du travail de son père, mais lorsqu'il habita la ville de Valparaiso en 1921, il fitla connaissance de Juan Demarchi un cordonnier italien qui était anarchiste. Selon des confessionsde Salvador Allende, ce cordonnier aurait eu une grande influence sur lui du fait qu'ils discutaientsur différents thèmes pendant qu'ils jouaient aux échecs, une passion d'Allende. Lorsqu'il étaitétudiant à l'Université du Chili, il rejoignit le groupe politique universitaire « Avance », avancée enespagnol. En 1933, quand il n'avait que 25 ans, il participa à la création du parti socialiste chilien etil en fut le premier secrétaire. Le fait de rejoindre le parti socialiste fut une décision d'autant plussurprenante du fait qu'en Amérique du sud, les personnes provenant d'une classe sociale élevéeadhèrent en général aux partis de droite, et vers la première moitié du XXe siècle, cepositionnement politique était plus marqué qu'aujourd'hui. Il occupa plusieurs fonctions politiques :celle de député de Valparaiso et Quillota, où il fut élu avant ses 30 ans, ministre de la santé dugouvernement de Pedro Aguirre Cerda, fut sénateur durant 25 ans, de 1945 jusqu'à 1970 et il futfinalement président du Sénat de 1966 à 1969. Salvador Allende avait pour vocation d'aider lesgens, c'est pour cela qu'il s'impliquait autant en politique et qu'il était devenu chirurgien. C'est aussipour cette raison que lorsqu'il occupa la fonction de ministre de la santé, il obligea les écoles duChili à donner des aliments aux jeunes étudiants, et il demanda la production et la distribution demédicaments contre des maladies vénériennes, parmi d'autres mesures, sa politique ayant eu pourrésultat une réduction du « nombre de morts par typhus ». Il était le symbole national du socialismemodéré, et exerçait sa fonction de manière équanime, à tel point que lorsqu'il quitta la présidence duSénat, le journal El Mercurio lui rendit un hommage, considéré comme surprenant du fait que cejournal était de tendance conservatrice. Salvador Allende s'était présenté quatre fois aux électionsprésidentielles du Chili, en 1952, 1958, 1964 et en 1970, année ou il remporta ces élections. Il eu dumal à s'imposer comme candidat de l'Unidad Popular, une coalition de plusieurs partis politiques(entre-eux le Parti Socialiste et le Parti Communiste), car la plupart des membres de cette coalitionne croyaient pas en lui, en partie à cause de ses échecs aux élections précédentes. Néanmoins, ildevança ses adversaires grâce au soutien du Parti Communiste, le plus grand parti politique de cettecoalition. Les États-Unis financèrent la campagne électoral du candidat de droite Jorge Alessandri,et Salvador Allende reçu un soutien de la part de Cuba et de l'Union Soviétique, notamment de lapart du KGB. Il est intéressant de voir que l'élection présidentielle de 1970 avait un enjeuparticulièrement important pour que les deux plus grandes puissances économiques et militaires del'époque aient aidé les principaux candidats à la présidence du Chili.

Lorsqu'il remporta les élections présidentielles en 1970, c'était la première fois dansl'histoire de l'humanité qu'un politicien socialiste et marxiste arrivait au pouvoir suite à un votepopulaire. L'objectif du président chilien était d'assurer la transition du capitalisme vers lesocialisme. Le parti politique Unidad Popular voulait entre autres nationaliser les entreprises quiexploitaient le cuivre au Chili et augmenter le salaire de tous les travailleurs chiliens. Lesentreprises qui exploitaient le cuivre eurent une indemnisation après qu'elles aient été nationalisées,néanmoins celle-ci ne fut pas très élevée du fait que l'État considéra que les bénéfices exorbitantsqu'elles avaient généré pendant de nombreuses années étaient déjà une sorte de paiement de la partde l'État chilien, leur ayant imposé un impôt quasi nul sur l'exploitation du cuivre, qui leur revintpresque gratuite. Ce phénomène de « chilenización » du cuivre affecta principalement desentreprises américaines, principales exploitantes du cuivre au Chili jusqu'en 1970. Le président desÉtats-Unis, Richard Nixon et son secrétaire d'état Henry Kissinger boycottèrent le gouvernementd'Allende en refusant des demandent de crédits entre autres.

La politique poursuivie par le président Allende était plutôt favorable aux classes populaires,ce n'était pas un président éloigné de son peuple mais au contraire il se sentait proche de lui, de plusles gens l'appelaient «le camarade président».

Salvador Allende dans un discours qu'il prononça devant les Nations Unies en 1972,

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dénonça une agression de la part des multinationales américaines (Kennecott Copper Corporation...)qui voulaient contrôler la vie politique du Chili. Il dénonça aussi que le Chili en plus de subir unbloquage économique de la part des États-Unis qui ne donnait plus de crédit au Chili, avait subit desattentats terroristes qui aboutirent à l'assassinat du commandant en chef de l'armée du Chili, legénéral René Schneider. Dans ce discours, le président chilien démontra qu'une grande corporation,l'ITT, était en relation avec ces attentats et il démontra que cette même corporation avait essayéd'éviter son élection présidentielle, en demandant à ce que les États-Unis interviennent dans la viepolitique du Chili. Par conséquent, Allende en nationalisant de grandes entreprises notammentaméricaines, reçu une forte opposition politique et économique. Il était conscient que ces opposantsvoulaient déstabiliser le pays qui était très touché économiquement, ce qui entraîna un inconfortentre le peuple chilien, néanmoins Allende n'allait pas céder devant toutes ces pressions et menaces.

Des conflits apparurent en 1971, notamment lorsque le gouvernement d'Allende décidad'exproprier plus de deux millions d'hectares du fait que quelques riches familles en étaientpropriétaires et il y eu de nombreuses confrontations violentes entre les paysans et les propriétairesdes terres. Les États-Unis s'opposèrent au gouvernement de Allende et essayèrent à tout prix derenverser son gouvernement. C'est pour cette raison qu'ils financèrent les partis politiques quis'opposaient à lui ou bien soutinrent des grèves qui allaient à son encontre, comme celle d'octobrede 1972 où des camionneurs chiliens réalisèrent une grève nationale accentuant encore plus lesproblèmes économiques que vivait le pays.

Suite à une crise économique importante qui affectait le pays, des milliers de personnes semanifestèrent contre le président chilien. Le Chili se retrouvait dans une situation délicate du faitque le pays était divisé en deux. Bien que Salvador Allende était proche de son peuple, à cause de lacrise économique et des mesures politique drastiques qu'il avait prises (notamment lanationalisation de quelques entreprises textiles... ), de nombreux Chiliens s'opposèrent à lui, leconsidérant comme responsable de cette situation. Malgré cette forte opposition tantôt politiquetantôt populaire, Allende ne changea pas sa démarche politique et ses idéaux restèrent intacts. Ildécida ainsi de maintenir les relations avec Cuba, bien qu'une convention établie par l'Organisationdes États Américains précisait qu'aucune nation de l'hémisphère occidental ne le ferait. De plus en1972, le président chilien invita Fidel Castro au Chili, fait qui suscita de nombreuses critiques auplan national mais aussi international. Mais il faut préciser que le président Allende était leprécurseur de l'idée de « vía chilena al socialismo » , c'est-à-dire, une voie pacifique qui prônait unsocialisme démocratique et multipartisme, un modèle très opposé à celui qui avait été imposé parFidel Castro à Cuba.

Le gouvernement d'Allende n'avait pas que des opposants au Chili mais il avait aussi uneforte opposition internationale du fait qu'à cette époque le monde vivait sous un contexte de Guerrefroide. En 1972, dans son discours devant les Nations Unies, il critiqua fortement la guerre entre lesÉtats-Unies et le Vietnam, qui était selon lui une guerre inutile qui n'aboutirait à rien, en définissantl'objectif des États-Unies comme étant un objectif irréalisable, du fait qu'il est impossible d'imposerune politique spécifique à un peuple avec une conscience révolutionnaire. En 1973, le Chili connaissait une situation tendue, le pays était au bord d'une guerre civile ou mêmed'un possible coup d'état. Une branche de l'armée chilienne était favorable à l'idée de faire un coupd'État contre le président Allende, néanmoins le commandant en chef de l'armée Carlos Prats, ungénéral fidèle à Allende, ne l'aurait toléré. Le parti communiste du Chili lança une campagnepolitique « No a la Guerra Civil » pour essayer de calmer le peuple chilien. Malheureusement, ladivision du peuple était trop importante, et cela se reflétait par de violentes confrontations entre lesjeunes étudiants socialistes et les capitalistes, un panorama qui s'étendait ainsi à toute la nation. Le29 juin 1973, le Chili connu un avant goût de ce qui allait se produire quelques mois plus tard, unepartie de l'armée dirigée par le colonel Roberto Souper se révolta contre le gouvernement et essayade prendre par la force le « Palacio de la Moneda » , le siège de la présidence du Chili. Après uneconfrontation entre branches de l'armée, cette révolte échoua. Le préparatif pour le coup d'Étatcommençait à s'orchestrer, quasiment tout les généraux de l'armée du Chili étaient prêt à agir et lecommandant en chef de l'armée Prats renonça à sa fonction du fait à son impopularité vis-à-vis du

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peuple chilien. Salvador Allende nomma alors à sa place le général Augusto Pinochet, un hommede confiance selon le général Carlos Prats.

Le 11 septembre 1973, le coup d'État commença, les généraux chiliens ordonnèrent àAllende d'abandonner la Moneda sous menace qu'elle serait attaquée. À la tête de ce coup d'État, setrouvait le général Pinochet qui proposa au président chilien de quitter le pays, mais celui-ci refusal'offre. Lorsque la Moneda se faisait bombarder, le président du Chili prononça son dernier discoursoù il dénonça la trahison de ses généraux envers le peuple chilien et remercia la loyauté de cedernier. Les derniers mots de Allende, un président qui luttait pour ses idéaux et pour le bien de sanation, furent : « Estas son mis últimas palabras y tengo la certeza de que mi sacrificio no será envano, tengo la certeza de que, por lo menos, será una lección moral que castigará la felonía, lacobardía y la traición ».

Il sera intéressant d'analyser la dictature chilienne dans ces plus grands traits pour ainsimieux comprendre ce que vécu le peuple chilien tout au long de ces 17 ans de régime dictatorial.Cette expérience, traumatisante pour certains, eu un grand impact sur leur vie, c'est pour cela qu'ilfaudra étudier la société chilienne actuelle en détail afin d'observer les traces que leur laissa ladictature et voir le positionnement des chiliens vis-à-vis de celle-ci. La question que l'on se posera est en quoi la dictature du général Pinochet a eu une influencesur la société chilienne d'aujourd'hui.

Le 11 septembre 1973 : La mort de S. Allende et l'arrivée au pouvoir du Général Pinochet.

A. Un coup d'état marquant le début d'une tragédie.

Les militaires ayant trahi le président chilien entrèrent finalement dans la Moneda le 11septembre 1973 pour l'assassiner, néanmoins Salvador Allende s'était déjà suicidé avec son AK-47,mitraillette que lui avait offert son ami Fidel Castro. Salvador Allende réalisa ce qu'il avait ditquelques instants auparavant, lors de son discours radiodiffusé au peuple chilien : « pagaré con mivida la lealtad del pueblo », c'est-à-dire qu'il préférait mourir avant de quitter sa fonction deprésident. Salvador Allende admirait énormément José Manuel Balmaceda, un ancien président duChili qui se suicida en 1891 pour éviter qu'une Guerre Civile qui avait commencé sous son mandatne perdure. Allende voulait éviter que l'armée assassine plus de personnes, c'est pour cette raisonqu'il se suicida. Nous pouvons dire que Salvador Allende fut l'une des premières victimes de cettedictature.

Le commandant en chef de l'armée, le général Augusto Pinochet, devenait le leader de ladictature chilienne. Cette même journée, plusieurs confrontations eurent lieu dans toute la nation,provoquant de nombreuses arrestations mais surtout de nombreux morts. Ce coup d'État peut êtredéfinit comme étant une tragédie ou bien comme la fin d'un espoir, du fait que Salvador Allendeavait été élu par le peuple chilien, et par conséquent, représentait la démocratie dans son état pur.Ainsi, ce qui s'était produit au Chili depuis les années 70 avait eu un grand impact sur les paysd'Europe, du fait que sous un contexte de Guerre froide, Salvador Allende avait proposé unsocialisme de façon constitutionnel et sans violence. La mort de Allende et la fin de la démocratieau Chili marquèrent les esprits de nombreuses personnes, même s'il y eu plusieurs dictatures danstout le continent, notamment au Brésil et en Argentine, les faits les plus marquants de cette époquefurent : la révolution à Cuba et le coup d'État au Chili.

Le coup d'État fut télévisé, c'était la première fois dans l'histoire de l'Amérique latine quel'on pouvait suivre en direct toutes les atrocités qui se déroulaient. La dictature rappela ce qui s'étaitpassé avec les nazis en Allemagne, du fait que les soldats chiliens brûlèrent des milliers de livresdans les rues désertées du Chili, des centaines de personnes furent arrêtées et emmenées dans lestade national du Chili, ce qui donna l'image d'un camp de concentration où les prisonniersattendaient avec terreur leurs exécutions.

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Le coup d'État du Chili marqua le début d'une fin, la fin d'une nation démocratique, la find'une nation libre, la fin d'une nation sans violence et la fin d'une nation n'ayant pas peur de vivre.Quelques jours après la mort de Salvador Allende, le grand écrivain chilien Pablo Neruda mourraitd'un cancer, la flamme de la liberté s’éteignit peu à peu. De nombreux membres du particommuniste chilien furent présents à l'enterrement du Prix Nobel de littérature, bien qu'ils aient étépoursuivis par les soldats chiliens. À la fin de l'enterrement, la plupart d'entre eux furent arrêtés pardes soldats chiliens et le nom de ces communistes s'ajoutèrent à la liste des noms des disparus lorsde la dictature de Pinochet. Ils étaient conscients qu'en assistant à ces funérailles, ils seraient arrêtés,mais ils se devaient de rendre hommage à Neruda, un fervent défenseur de la démocratie et dusocialisme.

Pendant les années qui suivirent, Pinochet décréta un couvre-feu qui dura pendant quatorzeans, de 1973 jusqu'en 1987. La répression commença le lendemain du coup d'État du fait quePinochet créa la « Dirección de Inteligencia Nacional » ( DINA ), une police secrète dirigée par legénéral Manuel Contreras. La DINA était chargée de poursuivre, séquestrer, torturer et assassinertous les opposants au nouveau régime (les groupes politiques de gauche, les marxistes etc... ) ; elleexista pendant quatre ans, puis elle devint la CNI, seul le nom étant modifié puisque ses fonctionsrestaient les mêmes. Les agents de la DINA furent entrainés par les États-Unis, et leurs principauxobjectifs étaient : les membres du « Grupo de Amigos Personales de Allende » (GAP), un groupefidèle à Allende, les membres du « Movimiento de Izquierda Revolucionario » (MIR), le PartiSocialiste et le Parti Communiste. Ils tuèrent environs 60 membres du GAP, 400 membres du MIR,400 membres du Parti Socialiste et 350 membres du Parti Communiste. De ce fait, on voit quel'opposition à Pinochet avait été fortement touchée et ne pouvait pas agir.

À partir du 11 septembre 1973, le régime militaire du Chili et la DINA censurèrent denombreuse chaînes de télévision, des journaux et des émissions de radio qui étaient en faveur duparti politique Unidad Popular ou bien qui s'opposaient à la dictature. Il y eu une grandemanipulation des médias chiliens par l'armée, du fait qu'ils créèrent un groupe de censure, « Oficinade Censura » qui était chargé de revoir toutes les informations ( télévisées, radiodiffusées etc... )avant qu'elles ne soient diffusées. Cette censure fut telle que les chaînes de télévision donnèrent unenouvelle vision du coup d'état du 11 septembre, ils minorèrent les faits et les changèrent selon lavolonté de l'armée. Les médias furent obligés de se soumettre sous peine de se faire assassiner ouarrêter, et certains médias s'exilèrent du Chili sous l'ordre de l'Oficina de Censura. Mais cettecensure franchit les limites, lorsque des agents de la DINA registrèrent de nombreuses maisons departiculiers pour voir s'ils avaient en leur possession des livres de Pablo Neruda, ou des livresfaisant référence à Salvador Allende. La volonté du général Pinochet était de détruire toute preuvede l'existence de Salvador Allende, par conséquent, les familles furent obligées de détruire deslivres sur lui ou bien d'en arracher les pages. Salvador Allende lors de son dernier discours dit ceci :« Por lo menos mi recuerdo será el de un hombre digno que fue leal con la Patria », c'est-à-dire, lesouvenir qu'aura le peuple chilien de lui serait celui d'un homme digne qui fut loyal envers sa patrie.Pinochet voulait que les chiliens l'oublient et n'aient pas cette vision de lui. Certaines personnesgardaient en secret des informations ou bien des documents faisant référence à Allende, car ils nevoulaient pas l'effacer de leur mémoire.

La DINA employait comme méthode la séquestration puis l'assassinat, c'est pour cette raisonque de nombreux prisonniers faits pendant la dictature sont toujours portés disparus. La violence nes'arrête pas là, et il est intéressant de voir qu'un groupe de l'armée du Chili avait pour objectif detraverser le pays et vérifier les « procès » des personnes qui avaient été détenues après le coupd'État, ce groupe recevant des ordres directes de Pinochet, et fut appelé « la Caravana de laMuerte », la caravane de la mort. C'était en réalité un groupe d'extermination qui avait été créé dufait que certains militaires chiliens traitaient de façon trop douce les prisonniers (notamment lesanciens dirigeant du parti politique Unidad Popular). Les membres de la Caravana de la Muerteassassinèrent des centaines de personnes, mais ce qui était le plus marquant de ceci était la barbarieavec laquelle ils tuaient les prisonniers, en voulant déshumaniser ces personnes en les torturantd'abord puis en les assassinants. Ces personnes étaient ensuite enterrées dans des fausses communes

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ou bien dans des tombes sans aucune inscription.Il est intéressant d'observer que bien qu'il soit « normal » que dans une dictature il y ait de

telles répressions, il est nécessaire de montrer la brutalité et la barbarie dont certains militairesfaisaient preuve, des actes barbares que l'on ne peut que comparer avec les nazis de la SecondeGuerre Mondiale. De plus, ce phénomène ne dura pas quelques années, mais cette violence futprésente tout au long du mandat de Pinochet .

B. Une dictature sans aucune opposition ?

Une grande partie de la population chilienne fut oppressée du fait qu'elle ne voulait pas sesoumettre à la dictature, par conséquent, suite au coup d'État mené par Pinochet, le peuple chilienvivait sous la terreur et la panique, et c'est pour cela que les années passèrent sans que le régimemilitaire n'ait eu une opposition ni politique ni civile. Lorsque la population chilienne eu assimiléles faits, en particulier les partis politiques de gauche, des mouvements révolutionnaires apparurent.Nous pouvons prendre l'exemple du parti politique d'extrême gauche Movimiento de IzquierdaRevolucionaria, et leur premier mouvement de résistance fut le fait de ne pas s'exiler du Chili ( « elMIR no se asila ») bien que tous leurs membres étaient menacés. En 1975, il n'y avait que quelquesmembres du MIR qui étaient actifs, en luttant pour leurs idéaux. Ce fut à partir de ces quelquesrésistants et clandestins que le peuple chilien commença à s'éveiller, des manifestations socialesapparurent, des organisations de personnes sans foyer et travailleurs aux chômage apparurent aussi,mais surtout la diffusion armée des premiers tracts et affiches contre le régime militaire virent lejour. Il y eu l'apparition de « la Fuerza Central del MIR » des combattants qui allaient s'opposer augénéral. À ce moment là de la dictature, les chiliens avaient toujours peur et n'osaient pas seconfronter directement ou indirectement au pouvoir tyrannique de Pinochet, ce fut le MIR quidonna l'exemple à suivre, du fait qu'il voulait renforcer la résistance chilienne et diriger unestratégie de guerre populaire pour renverser le régime de Pinochet. Néanmoins, ils échouèrent dû enparticulier au fortes répressions militaires. Cependant, les membres du MIR ne furent pas les seulsrésistants chiliens et bien qu'ils aient échoués, ils montrèrent le chemin à suivre au reste descitoyens chiliens. Les milices chiliennes, pendant toute la durée de la dictature, eurent une activitéconsidérable, en cambriolant des banques, en coupant la lumières des villes les plus importantes duChili, en effectuant des attentats avec des bombes, entre autres. Le Parti Communiste chilien fut une des plus grandes organisations de résistance lors de ladictature de Pinochet, du fait que ce parti politique avait été très fidèle à Salvador Allende lors deson mandat présidentiel, et ils voulaient établir à nouveau une démocratie au Chili. C'est pour cetteraison qu'en 1983, il y eu la création du « Frente Patriótico Manuel Rodríguez » (FPMR), l'ailearmée du Parti Communiste. Ce groupe armé fut l'opposition la plus importante qu'eu le RégimeMilitaire du Chili puisqu'ils étaient dangereux du fait qu'ils organisaient des embuscades contre lesmilitaires chiliens, des séquestrations et des attentats entre d'autres faits.

Le Parti Communiste justifiait la création de ce groupe armé car il était tout à fait légitimede combattre violemment un régime militaire oppressant. De nombreux membres de ce groupe armérevenaient de l'exil et ils n'avaient qu'une idée en tête, renverser Augusto Pinochet du pouvoir, et ilsétaient prêt à se sacrifier pour la cause. De plus, les communistes chiliens, qui étaient à l'intérieur dupays ou bien qui s'étaient exilés, reçurent l'aide de pays tel que Cuba ou bien l'Union Soviétique.Jusqu'en 1986 le FPMR avait un lien avec le Parti Communiste chilien, mais à partir de cetteépoque ils se convertirent en une entité autonome, et reçurent par conséquent un soutienéconomique et militaire direct de la part de Cuba. Ainsi, à partir de 1986 le FPMR était mieuxéquipé et prêt à s'opposer de façon plus brutale envers les militaires chiliens. Avant cette année-là,ce groupe armé n'avait commis que quelques attentats et des actes révolutionnaires n'ayant pas eubeaucoup d'impact sur la dictature de Pinochet. Le 7 septembre 1986, le FPMR avait préparé uneopération dite « La Operación Siglo XX » qui avait pour but d'assassiner le général Pinochet, quifut une des seules occasions où ils eurent la possibilité de se rapprocher du dictateur. Bien que cette

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opération échoua, il y eu une conséquence importante pour le pays, les Chiliens n'avaient plus lamême vision de Pinochet, celle d'un tyran inaccessible et intouchable.

Malgré cela, la situation politique du continent sud-américain n'était pas favorable auxrésistants puisque la plupart des pays voisins étaient eux aussi sous une dictature, notamment enArgentine et au Brésil. Les régimes dictatoriaux du Chili, Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay,Bolivie avaient établit une coopération dite « la Operación Condor », cette opération avait le soutiende la CIA et elle dura de 1970 jusqu'à 1990. Cette opération s'inspira du décret Nacht und Nebelpromulgué par les nazis lors de la Seconde Guerre Mondiale, et signifiait qu'un « fugitif » chilienpouvait être arrêté par les militaires argentins et il pouvait être déporté au Chili ou bien torturé puisassassiné en Argentine, et ce même phénomène se répétait avec tout les fugitifs des régimesdictatoriaux d'Amérique latine. Ces dictatures procédèrent alors a des pratiques inhumaines enutilisant la torture comme arme principale. Selon des documents dévoilés par la CIA, celle-ci auraitpartagé avec les régimes militaires son savoir sur le domaine de la torture (le nombre de volts quepeut résister un être humain, par exemple... ). Il est nécessaire de dire que cette opération fut penséepar Henry Kissinger, secrétaire des États-Unis à cette époque. Les résistants eurent ainsi beaucoupde mal à agir et ils devaient vivre dans la clandestinité absolue au risque de mettre leur vies endanger. L'Operación Condor provoqua de nombreux morts mais aussi de nombreux disparus, et quile sont encore aujourd'hui : il y eu un grand nombre de disparus du fait qu'une des pratiqueshabituelles utilisées par ces régimes militaires était « les vols de la mort », qui consistait à jeter lescadavres dans la mer depuis un avion, rendant impossible la récupération de ces corps. Cettepratique fut notamment utilisée par les soldats français lors de la Guerre d'Indépendance del'Algérie, pour qu'il n'y ait pas de preuves pour pouvoir impliquer le régime militaire dans lesdisparitions des personnes.

L'ancien général chilien et ancien chef de l'armée, Carlos Prats, fut assassiné par la DINA àBuenos Aires, la DINA reçut l'aide des militaires argentins ; l'ex-ministre du gouvernementd'Allende, Orlando Letelier, fut lui aussi assassiné à Washington mais cette fois-ci ce fut un ex-agent de la CIA qui le tua, Michael Townley. Ces deux assassinats, parmi tant d'autres, faisaientainsi partie de l'Operación Condor.

Il sera nécessaire de dire que les États-Unis jouèrent un rôle très important dans cesdictatures, du fait que la plupart d'entre elles étaient financées en partie par eux, et ces régimesdictatoriaux disposaient de renseignement clés sur leurs oppositions, des renseignements fournis enparticulier par la CIA. Bien que des groupes de résistants tels que le FPMR ou la Fuerza Central delMIR furent un moyen de pression envers la dictature de Pinochet, le soutien incontestable de cettedictature par des forces militaires des pays voisins au Chili et le soutien de la première puissancemondiale de l'époque, consolidèrent cette dictature qui perdura pendant presque deux décennies.Donc certes, la dictature chilienne avait quelques opposants mais qui n'étaient pas capables derivaliser contre un continent soumis aux dictatures.

À présent il sera intéressant de voir la transition politique du Chili, d'un régime dictatorialvers un système dit démocratique.

Les séquelles d'une dictature tyrannique

A. L'influence de la dictature de Pinochet sur les politiciens.

Après 15 ans de dictature, celle-ci était proche de s'achever. En 1988, un référendum futorganisé afin de savoir si Augusto Pinochet continuerait au pouvoir jusqu'en 1997, ou bien si leChili entrerait dans une transition politique. Il y eu une campagne politique où les opposants dePinochet incitèrent le peuple chilien à voter « No » au référendum, ce qui empêcherait le général decontinuer son mandat, tandis que les fidèles à Pinochet défendirent le « Sí ». Des partis politiquesapparurent à nouveau, tel que la « Democracia cristiana » ou bien le Parti socialiste du Chili, entre

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autres. Plusieurs partis politiques de gauche, de centre gauche et de centre s'unirent et créèrent la« Concertación de Partidos por la Democracia », un parti politique qui avait pour but d'instaurer ànouveau une démocratie. Les chiliens n'avaient plus peur d'exprimer leur volonté, en particulierparce que la dictature était affaiblie, elle n'était plus aussi violente qu'auparavant. Néanmoins leschiliens et l'opposition à Pinochet n'avaient pas confiance envers le référendum, du fait que ledernier référendum organisé par le régime militaire en 1980, où ils promulguèrent la Constitutiondu Chili, avait eu pour résultat une Constitution n'ont pas illégale mais douteuse car les registresélectoraux ne furent pas dévoilés, entre autres. Lors du référendum de 1988, les registres électorauxfurent dévoilés, ce qui permis de constater que les Chiliens avaient voté majoritairement « No », quiatteint 55% ; mais ce qui est étonnant, c'est qu'après des années de dictature, le Chili était toujoursdivisé, une partie de la population était toujours en faveur de Pinochet. Ce résultat entraîna unetransition démocratique qui commença en 1990, Pinochet respecta la Constitution qu'il avait établitet par conséquent il fit appel aux élections démocratiques. Il est intéressant de voir qu'en 1989,encore sous le mandat de Pinochet, il y eu une réforme de la Constitution, qui affirma lemultipartisme politique et diminua notamment la portée des états d'exception. Le parti politique le plus important de cette époque était la Concertación de Partidos por laDemocracia qui présenta comme candidat Patricio Aylwin, opposé au parti politique de droite,soutenu en grande partie par le gouvernement de Pinochet, qui présenta comme candidat Büchi.Selon toute logique, Patricio Aylwin remporta les élections présidentielles de 1990. Sa présidencedura 4 ans, et il devait mener à bien la transition démocratique du Chili. On peut observer queAylwin et son gouvernement créèrent « la Comisión Nacional de Verdad y Reconciliación »,commission qui réalisa « el informe Rettig » qui voulait établir à nouveau la coexistence nationaleet apporter plus d'informations sur le non respect des Droits de l'Homme pendant le régime militairede Pinochet. Il faut préciser que Augusto Pinochet n'était plus à la tête du pouvoir politique chilien,néanmoins il continua à exercer sa fonction de commandant en chef de l'armée. Aylwin avaitsoutenu la dictature du général Pinochet, tout comme son parti politique Democracia cristiana, quien 1989 s'uni au parti Concertación de Partidos por la Democracia, soutien expliquant ainsi que laConstitution chilienne ne fut modifiée que trois fois sous sa présidence (notamment la modificationde la durée du mandat présidentiel).

Le FPMR continua à se battre après l'élection présidentielle de Aylwin car selon eux, lenouvel élu, en voulant assouvir ses intérêts personnels (notamment arriver au pouvoir), avaitparticipé au coup d'État chilien. Ainsi, après 1990, le FPMR voulait que justice soit faite et que lesmilitaires ayant participé à la dictature soit condamnés ou tués. Une comparaison intéressante peutêtre faite entre le FPMR et l'E.T.A, du fait que ces deux groupes armés avaient eu une cause noble,rendre la liberté aux citoyens de leurs pays, mais qui, après la fin des dictatures au Chili et enEspagne, devinrent des groupes terroristes.

Lors des élections présidentielles de 1994, le candidat politique du même parti que Aylwin,Eduardo Frei Ruiz, remporta les élections. Il est intéressant de voir que la classe politique chilienneétait influencée directement et indirectement par l'armée, car bien que celle-ci n'eut plus aucun rôledirect dans la politique du Chili, les leaders militaires ayant eu une relation avec la dictature, enparticulier Pinochet, conservèrent les mêmes fonctions militaires qu'ils avaient eu pendant le régimedictatorial. Néanmoins, une démocratie est dans l'obligation de condamner tout acte allant àl'encontre des Droits de l'Homme, et la condamnation du général Pinochet et de tous ses générauxaurait dû être prononcée. C'est pour cette raison que pour certains chiliens, il s'agissait d'unedémocratie déguisée, car les candidats qui se présentaient aux élections présidentielles, bien qu'ilsaient été élus légalement, ne représentaient pas une classe politique voulant défendre la démocratiemais plutôt leurs intérêts. Ces politiciens chiliens ayant survécu à la dictature l'avaient soitdéfendue, soit avaient été forcés à se soumettre à elle, la plupart des leaders des partis politiques quis'étaient opposés frontalement à Pinochet s'étant faits assassiner. Eduardo Frei, politicien démocratechrétien, ne fit aucune réforme en faveur des victimes de la dictature, il ne condamna aucun crimeperpétré par les militaires chiliens et lorsque le général Pinochet fut arrêté à Londres le 16 octobre1998, par une demande du juge Baltazar Garzón qui le condamnait d'avoir assassiné des espagnols

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au Chili, le président chilien demanda sa libération en argumentant que cette arrestation était uneinfraction qui allait à l'encontre de la souveraineté chilienne et que seuls les juges chiliens étaientcompétents pour le juger. Un jugement qui ne se produit jamais suite à la libération de Pinochetquelques mois après son arrestation. Ainsi, il faut rappeler que le parti politique Democraciacristiana s'était opposé à Allende tout au long de son mandat, avait reçu le soutien de la CIA et nes'était pas opposé au coup d'État, Eduardo Frei et Aylwin faisant partie de ce parti politique. En 2000, le politicien Ricardo Lagos, candidat du parti politique Concertación de Partidos por laDemocracia, fut élu président du Chili. Ce qui fut surprenant lors de ces élections, fut qu'aucun desdeux principaux candidats n'avait obtenu la majorité absolue, une première pour l'histoire de cepays. Ce qui était d'autant plus surprenant, fut que le candidat opposé à Lagos faisait partie du partipolitique pro-Pinochet. Lors du deuxième tour électoral, Lagos remporta de peu les élections. Cephénomène nous montre à nouveau la division du peuple chilien, puisqu'élire un candidatpartageant les mêmes idéaux que le dictateur ne ferait pas avancer la nation vers une véritabledémocratie et le fait que ce parti politique soit l'un des plus grands partis politiques de l'époque,nous montre que les militaires chiliens et les pro-Pinochet avaient toujours un grand soutien de lapart du peuple. Ce qui est remarquable, est que le président Lagos créa la Commission Valech en2004, une commission qui était chargée de rendre un rapport où l'on montrait les violations desDroits de l'Homme qu'avait été commises lors de la dictature du général Pinochet. Pour la premièrefois après la dictature de Pinochet, un président fit référence à la violation des Droits de l'Hommeperpétrée par le régime dictatorial. Pendant près de 14 ans, le Chili était dans une phase d'oubli, peude personnes étaient capables de parler de cette tragédie et les politiciens faisaient peu de référencesau passé. L'arrivée du président Lagos montra un changement dans la politique poursuivie par leChili, et il faut ainsi remarquer qu'il faisait partie du parti socialiste chilien avant que celui-ci nes'unisse au parti Concertación de Partidos por la Democracia, et en dévoilant les atrocitésprovoquées par la dictature, il montra la voie à suivre pour les futurs présidents.

Nous pouvons voir la diversité des membres du parti politique Concertación de Partidos porla Democracia, du fait que les deux premiers président du Chili élus après la dictature, avaient euune relation avec celle-ci en étant partisans du gouvernement de Pinochet. Michelle Bachelet, quiremporta les élections présidentielles en 2006, était membre du Parti Socialiste chilien lors de ladictature. Bachelet avait un profil totalement opposé à celui de Eduardo Frei, car le père de Bacheletavait été un général fidèle à Allende, et fut arrêté et torturé jusqu'à la mort parce qu'il s'opposa aucoup d'État. Pour de nombreux chiliens, l'élection de Bachelet entraînerait la condamnation desmilitaires chiliens ayant participé à la dictature et surtout une condamnation du général Pinochet,bien que celui-ci soit décédé quelques jours avant son élection. Pinochet mourru sans êtrecondamné par aucun tribunal, ce qui fut pour certains citoyens chiliens une injustice car il étaitresponsable de nombreuses violations contre les Droits de l'Homme, et ils voulaient qu'unecondamnation soit tout de même prononcée à son égard.

Les présidents Lagos et Bachelet ne voulaient plus oublier le passé, et au contraire incitèrentles citoyens à ce qu'ils se souviennent de la dictature ; c'est pour cette raison que la première grandecommémoration officielle du coup d'État se déroula le 11 septembre 2003, sous la présidence deLagos, alors qu'auparavant seulement les personnes qui soutenaient Allende lui rendaient hommageen secret. En 2010, Sebastián Piñera fut élu président. Piñera, candidat du parti RenovaciónNacional, un parti de centre-droite, mis un terme à quatre mandats présidentiels du parti politiqueConcertación de Partidos por la Democracia. La classe sociale plus élevée, représentée par Piñera,avait un désir d'oublier le passé, du fait que cette classe sociale était très opposée à Allende et avaitdonc soutenu le régime dictatorial. Il est nécessaire d'observer qu'aucun président du Chili ne changea la Constitution de 1980,une constitution instaurée « douteusement » en temp de dictature, et par conséquent, cetteconstitution ne peut plus être valable dans une démocratie étant donné que les idéaux d'unedémocratie et ceux d'une dictature sont totalement opposés. Aucun président n'eu l'initiative dechanger la constitution, seules quelques modifications virent la lumière. Le gouvernement chilienest un des gouvernements d'Amérique du sud qui finance le plus son armée, au lieu de restreindre

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quelques libertés à l'armée, le gouvernement chilien lui en a donné plus. 40 ans après le coup d'État,l'armée chilienne continue à avoir un rôle important. Il sera à présent nécessaire de voir la façon dont le peuple chilien remémore le passé et ainsidémontrer que les chiliens sont divisés en deux, une division qui s’accentue à partir du mandat deAllende et qui s'aggrave lors de la dictature du Chili.

B. La division politique du peuple chilien.

Tout ce qu'avait obtenu le Chili pendant de nombreuses années, c'est-à-dire le fait de devenirun pays progressiste et démocratique, fut anéanti par Pinochet en une journée. Comment une sociétépeut-elle aller vers l'avant, tourner la page suite à une tragédie nationale, si justice n'a pas été faite?De nombreux chiliens ne veulent plus s'intéresser au passé mais plutôt au futur, mais comment unefamille peut ignorer un passé aussi troublant sans savoir où se trouve le cadavre de l'un de sesmembres ? De nombreuses personnes ressentent de la haine contre les militaires chiliens ayant faitautant de mal à leurs concitoyens. De nombreux militaires chiliens se sont fait juger et ont étécondamnés par les tribunaux de justice chilienne, notamment l'ex-général Manuel Contreras quiétait à la tête de la DINA lors de la dictature de Pinochet. Ce type de condamnation, bien qu'ellesn'arrivent trop tard, rendent justice aux victimes de la dictature mais aussi à une nation tout entière.Ces faits feront que les personnes qui défendaient le général Pinochet prennent conscience desbarbaries qui avaient été commises par ces militaires. Bien qu'il y ait une division entre lesdéfenseurs de Allende et ceux de Pinochet, la question n'est pas de savoir quelles idées politiquesprévalent, mais de démontrer que la dictature entraîna des événements terribles et illégaux, ce quine peut être justifié ni défendu en aucun cas. La dictature blessa physiquement mais aussimoralement, c'est pour cette raison que les divisions persistent toujours aujourd'hui. De ce fait, lesjugements contre les militaires chiliens n'étant pas achevés, avec plusieurs jugements en cours, ladictature sera encore un thème d'actualité, qui entraînera encore plus de confrontations entre lesdeux idéologies.

Pour comprendre cette division sociale, il est aussi nécessaire de prêter attention au fait quele peuple chilien fut privé d'informations fiables et non modifiées pendant plus de 15 ans, etvécurent par conséquent dans l'ignorance quasi totale, et c'est pour cette raison que de nombreuxchiliens n'avaient pas connaissance de certains des actes de la dictature. Aujourd'hui, de nombreusespersonnes croient que la dictature de Pinochet fut positive pour le pays, certains le voyant mêmecomme étant un sauveur, du fait que lors du mandat de Allende, le Chili était submergé dans unecrise économique grave, or, comme Pinochet avait entre-autres le soutien des États-Unis, le pays neconnu pas une telle crise économique sous sa dictature. Lors de la réalisation de ce dossier, j'ai pudemander l'avis de deux familles chiliennes ayant vécu différemment la même situation politique ;il est nécessaire de constater que les personnes ne s'ayant pas opposé à la dictature de Pinochet,vécurent sans problème, c'est-à-dire sans aucun risque de se faire assassiner ou enlever. Or, ceci nefut pas le cas pour tout le monde. Pour ceux qui s'opposèrent à Pinochet, ils vécurent 17 ans deterreur et de façon clandestine, ou bien furent exilés. De ce fait, ces personnes n'auront jamais unevision positive de la dictature. Pour eux, il était mieux de vivre avec moins d'argent mais dans ladignité, et non d'être soumis à une force oppressante mais avec un patrimoine économique un peuplus élevé. Cette division est toujours présente de nos jours, où de nombreux jeunes défendent ladictature de Pinochet et d'autres défendent les idéaux de Salvador Allende. Un conflit qui se déroula40 ans auparavant reste le même aujourd'hui, et ce dû à un manque d'informations (documents sur ladictature chilienne récemment dévoilés ) des chiliens, provoqué en partie par les présidents du Chiliqui ne s'intéressèrent pas pleinement à ce sujet. Cette division est visible notamment lorsque le Chilicommémore le 11 septembre, où il y a souvent des confrontations entre les jeunes étudiants, les pro-Pinochet et les pro-Allende.

Il ne faut pas oublier que l'éducation au Chili est très coûteuse aujourd'hui, et seules lesfamilles ayant un revenu considérable peuvent payer l'université pour leurs enfants, tandis que celareprésente un grand sacrifice pour toutes les autres, tout comme pour la santé dite publique. Ainsi, il

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est possible d'illustrer le problème avec l'exemple de certaines études universitaires pouvant coûterjusqu'à 50.000 dollars, les familles chiliennes aisées étant les seules capables de payer de tellessommes. Ce système fait partie de l'héritage de la dictature de Pinochet, il accentue encore plus ladivision des classes sociales jusqu'à aujourd'hui, et se traduit ensuite par un positionnementpolitique représentatif de cette situation, où les classes populaires voteront à gauche et les classesaisées à droite. C'est pour cette raison qu'il y autant de manifestations des étudiants au Chili, quiveulent que l'éducation soit gratuite et accessible pour tout le monde, pendant que les étudiants pro-Pinochet s'opposent à cela. Il faut aussi parler des manifestations des travailleurs (notamment lesmineurs chiliens), qui, la plupart du temps s'unissent à celles des étudiants, du fait que le nombred'heures travaillées n'est pas proportionnel avec leurs revenus. Ce phénomène avait disparu tout aulong de la dictature chilienne, puisque ces manifestations étudiants-ouvriers étaient interdites, maisl'absence de contestations aux décisions du régime dictatorial ne reflétant évidemment pas l'absencede revendications du peuple.

Ces divisions ne seront plus aussi importantes, lorsque les systèmes que le Chili a hérité dela dictature (éducatifs, sanitaires, politiques entre autres) seront démolis et changés. Aujourd'hui, onvoit les Chiliens se manifester à nouveau et lutter pour leurs idéaux, malgré une division toujoursprésente, mais une chose est sûre, c'est que le peuple chilien renaît.

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Bibliographie :

Las venas abiertas de América Latina, Eduardo Galeano.Resistentes y clandestinos, Robinson Silva Hidalgo.

Filmographie :

Missing, de Costa-Gravas. 1982No, de Pablo Larraín. 2012

Sources sur internet :

Google.comWikipediaJournaux : El Pais, El Mercurio, LavanguardiaBBC

Discours :

https://www.youtube.com/watch?v=xZeEfXjTNu4 (dernier discours de Salvador Allende).https://www.youtube.com/watch?v=knewNLlpkMw (discours de Allende, ONU).