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la Nature en Languedoc-Roussillon FRANÇOIS LEGENDRE JEAN RAMIÈRE FORÊTS * EAUX * VILLES * LACS MONTAGNE * PLAINES * COTEAUX FAUNE * CAUSSES * PLANTATIONS SANSOUIRES * ZONES HUMIDES GARRIGUES * LAGUNES * VIGNES TORRENTS * RIVIÈRES * PARCS ÉTANGS * FALAISES * COLLINES FLORE * VILLAGES * MAQUIS… L O U B A T I È R E S

La nature en Languedoc-Roussillon

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DESCRIPTION

De la Camargue aux Pyrénées et aux Corbières, du littoral méditerranéen aux Cévennes et aux contreforts de la Montagne Noire, le Languedoc-Roussillon offre une exceptionnelle diversité de paysages et de milieux. C’est aussi la première région de France, en pourcentage, pour la superficie des sites d’intérêt communautaire et des réserves naturelles nationales. Haute montagne, causses, plaines et coteaux, garrigues et maquis, zones humides et cours d’eau, littoral et marais d’eaux saumâtres, sans oublier les espaces villageois et urbains, sont autant d’habitats pour une faune et une flore au sein desquels coexistent espèces dites communes et espèces rares ou endémiques. François Legendre et Jean Ramière nous convient à la découverte de cette précieuse biodiversité et nous font partager leurs connaissances et leur passion. Leur livre est une invitation à arpenter les chemins de Languedoc-Roussillon et à découvrir, observer et admirer une nature accessible à tous. Butor étoilé…

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la Nature enLanguedoc-Roussillon

FRANÇOIS LEGENDREJEAN RAMIÈRE

FORÊTS * EAUX * VILLES * LACS

MONTAGNE * PLAINES * COTEAUX

FAUNE * CAUSSES * PLANTATIONS

SANSOUIRES * ZONES HUMIDES

GARRIGUES * LAGUNES * VIGNES

TORRENTS * RIVIÈRES * PARCS

ÉTANGS * FALAISES * COLLINES

FLORE * VILLAGES * MAQUIS…

L O U B A T I È R E S

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le contexte en Languedoc-Roussillon 150

dunes et arrière-plages 152

la côte rocheuse 156

la haute mer 159

prospective 163

LITTORAL ET MER

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dunes et arrière-plages

Face aux vagues, la plage se pare de diverses laisses de mer, algues etdébris de bois auxquels se mêlent brisés, coquilles et carapaces diverses,certaines encore aiguisées et colorées, d’autres déjà émoussées parl’usure des grains de sables et de l’eau salée. Derrière cet amas se des-sinent doucement les premières courbes d’une dune dont le sablemeuble a conservé les traces de l’escapade nocturne d’un habitantdiscret. Telle une légère calligraphie, la piste serpente dans le substrat

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Cap d’Agde (34). Espace dunaire où lesganivelles en bordure de plage permettent de protéger despiétinements la végétationqui s'installe sur la duneblanche.

La plage de l’Espiguetteau Grau-du-Roi (30), présenteun des plus beaux ensemblesde dunes du littoral régional.

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granuleux et disparaît dans une touffe d’oyats au sommet de la dune.C’est ici l’une des plantes dominantes, particulièrement bien adaptéeà cette vie précaire et ce milieu toujours en mouvement. La dune dite« blanche » est en effet mobile, sculptée par les vents, déplacée au gréde leur souffle. Débarrassée de son sel au fil de sa croissance, elle consti-tue un habitat moins hostile que la plage, mais demeure particulièrementfragile. Sa structure non stabilisée la rend sensible à tout bouleversement.Le piétinement lourd de milliers de visiteursreprésente l’effet d’un bulldozer, accentuantbrusquement le travail de grignotage mené parla mer elle-même. Le mécanisme de formationet de maintien des dunes est étroitement dé-pendant de la végétation qui colonise ces mon-ticules de sable. Les racines maintiennent lesgrains ; la strate végétale contribue à créer desconditions différentes, permettant l’enrichisse-ment par des matières organiques nouvelles,elles-mêmes favorables à l’implantation de nou-velles espèces.

Ayant passé l’hiver à l’abri du sable, un lys de mer pointe vers leciel ses pétales immaculés, surgissant au cœur d’un amas de feuillesvertes tentaculaires. Relativement exubérante pour un tel milieu, cetteplante est typique des dunes blanches et cordons sablonneux des lidosqui parsèment la côte, notamment entre Aude et Hérault. D’autresplantes se rencontrent sur les courbes dunaires, à l’image du panicautmaritime qui contribue, comme l’oyat, à fixer la dune par son systèmeracinaire impressionnant. Au sein de cette végétation, de nombreux

L’HOMME ET LE PAYSAGE: FIXER LA DUNELa dune est un milieu mobile. Offerte aux vents, aux attaques de la mer, elle ne peut se fixer que grâce à la végétation. Spontanément, certaines espèces particulièrement bien adaptées à l’image de l’oyat (Ammophila

arenaria), s’implantent le long de ce cordon littoral.Pourvues de profondes racines, ces plantes jouent un rôle de soutien du matériau de la dune, constituantpartiellement son squelette. Sans leur présence, ladune s’effondre, partage son sable aux quatre ventsalors qu’en retour l’apport de matières alluvionnairesdiminue de plus en plus. Afin de renforcer certainsédifices dunaires remarquables, l’homme a ainsi uséde techniques dites de « génie écologique »consistant simplement à copier habilement la natureet utiliser les propriétés physiques et/oufonctionnelles de certaines plantes et matériaux.Ainsi, la plantation d’oyats et la construction de ganivelles (structures composées de pieux en bois)viennent maintenir les dunes existantes et favoriser

leur évolution spontanée. En parallèle, il est indispensable de maintenir des espaces de circulation réglementéepermettant de proscrire piétinement et accès sur les zones en cours de colonisation par la végétation.

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Le lys de merest l’une des fleurs les plusspectaculaires du milieudunaire.

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hôtes discrets trouvent refuge, se dissimulant parmi les tiges verdâtreset les touffes jaunies par le soleil. L’étonnante truxale méditerranéenne(ou occitane), sauterelle à la tête étirée, croise parfois le chemin d’unecaragouille des dunes, escargot à coquille plate, affectionnant les habitats

dunaires. D’autres habitants attendent le soirpour montrer leurs antennes, passant la jour-née au pied de la végétation, enfouis. Certainsd’entre eux, des coléoptères, tel Psammodiuspierottii sont particulièrement rares, ne se ren-contrant que sur une poignée de sites du lit-toral régional. Identifiées tardivement (lesconnaissances dans l’univers des insectes sont,pour certains groupes, encore très partielles),ces espèces interrogent beaucoup les natura-listes quant à leurs modes de vie et à leur ré-partition exacte.

SITE: LA RÉSERVE NATURELLE DU MAS LARRIEU (66)Non loin des plages surfréquentées d’Argelès-sur-Mer, la réserve naturelle du Mas Larrieu préserve depuis 1984,145 ha d’un des rares massifs dunaires de la côte du Roussillon et permet de découvrir la richesse de ce milieu.

Située entre le Tech et la Riberette,la réserve abrite égalementd’autres types d’habitats plushumides évoquant la flore des ripisylves. L’été venu le site est animé par les cris roulés des guêpiers d’Europe qui nichentsur le périmètre de la réserve. De la végétation dunaire émane,lors des plus chaudes journées,une douce saveur de curry, en faitdiffusée par l’élégante immortelle

des sables dont les panaches délicats d’or surmontent les longues tiges vert argenté. En saison estivale, des visitespermettent régulièrement de mieux connaître le patrimoine naturel de la réserve.

Truxale méditérranéenne.

Vol de sternes caugek,aux ailes effilées et queue échancréeévoquant la silhouetted'une hirondelle.

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Derrière ces sables encore mobiles s’étend la dune fixée, dite « grise »,sur laquelle la végétation est nettement plus importante. Protégée desembruns et de la force du vent par les ron-deurs de la dune blanche, cette partie duréseau dunaire accueille des espèces derenom, à l’image de l’énorme lézard ocellé,qui peuplent les dunes du Mas Larrieudans les Pyrénées-Orientales. D’autresreptiles moins spectaculaires mais toutaussi élégants, comme le psammodromed’Edwards, filent à toute vitesse sur lesable fin, traquant çà et là de petits in-sectes. Les lieux sont également exploréspar un drôle de petit limicole* à la sil-houette rondouillarde. D’un pas nerveux, le gravelot à collier interrompuguette lui aussi de minuscules proies à la surface de cette mer sablonneuse,piétinant de temps à autres les flaques temporaires qui se forment parfoisdans les dépressions humides de l’arrière-dune et qu’affectionne, parexemple, le pélobate cultripède. Rejoignant la mer, une sterne caugekpasse au-dessus des dunes, lâchant au passage un cri éraillé.

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ESPÈCE: LE PSAMMODROMED’EDWARDS (HISPANIQUE) /(PSAMMODROMUS HISPANICUSEDWARDSIANUS)longueur totale (queue comprise) : 10 à 17 cmLézard des milieux ouverts, ce psammodrome se rencontre régulièrement sur les dunes littoralesoù il semble totalement à son aise, parcourant le sable à grande vitesse. Extrêmement rapide, son observation nécessite une bonne dose de patience et de discrétion, le psammodromed’Edwards disparaissant à la moindre alerte. Il se dissimule aussi bien dans la végétation dunaire qu’en s’enfouissant dans le sable. Sa robe à coloration variable est ornée de bandes blancheslongitudinales soulignées de traits sombres.

Pêche à l’anguilleau Grau-du-Roi (30).

Sternes naines,identifiables, outre leurpetite taille, à leur bec jauneet leur front blanc.

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la côte rocheuse

Découpés telles des silhouettes de géants figés pour l’éternité dans leminéral, les grands rochers de la côte reçoivent à leur pied l’incessantbattement des vagues. Le soleil déclinant accentue le rougeoiement del’air et donne à la végétation s’agrippant aux cailloux des teintes de feu.Un trio de goélands leucophées longe la ligne de côte, jouant avec lescourants d’air se formant dans les méandres de la roche. Ils regagnentcertainement leur dortoir, bientôt suivis par d’autres congénères quisemblent tout autant s’amuser des flux thermiques. Sur un rocher, uncormoran de Desmaret profite jusqu’à la dernière minute des rayons dusoleil. Dans un cri, un infatigable martinet pâle fend l’air à la poursuited’amas invisibles d’un plancton aérien constitué d’une multitude depetits diptères et autres insectes. La côte rocheuse du Roussillon permetassez aisément de découvrir ce parent plus méditerranéen (et nettement

Le cap Rédéris à Banyuls(66). Vue sur le cap de l’Abeille et le cap Béar au lever du soleil.

ESPÈCE: CORMORAN HUPPÉ DE MÉDITERRANÉE OU CORMORAN DE DESMAREST / (PHALACROCORAX ARISTOTELIS DESMARESTII)taille : 65 à 80 cm ; envergure : 90 à 105 cmEspèce intégralement protégéeNettement moins connu que le grand cormoran qui lui, pénètre largementà l’intérieur du territoire continental, le cormoran de Desmarest est un taxon* endémique du bassin méditerranéen. La sous-espèce nominale(P.a. arisotelis) se rencontre sur la façade atlantique. Seuls les adultessont dotés d’une légère huppe qui leur a valu leur nom. Excellentplongeur, il traque sous l’eau poissons et divers invertébrés marins. Les juvéniles de Cormoran de Desmarest présentent un ventre quasimentblanc. Côtier, le cormoran huppé affectionne les zones rocheuses qui luioffrent de multiples reposoirs où il prend de longs bains de soleil, l’aidant

à digérer son bol alimentaire. L’espèce ne niche pas sur le littoral du Roussillon mais s’y observe régulièrement, en grande partie issue des colonies corses ou parfois peut-être des Baléares.

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Poulpe commun.

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plus rare en France) du martinet noir, largement répandu. Sous la surface,les interstices des blocs rocheux servent d’abris aux oursins qui agitentleurs épines d’un mouvement presque imperceptible. Les tronçons ro-cheux de la côte du Languedoc et du Roussillon demeurent réduits, etseuls quelques sites remarquables, à l’image des abords de la réserve na-turelle de Cerbère-Banyuls, permettent de percevoir la richesse de cesfonds. Là où la roche cède sa place à un matériau plus sablonneux,quelques herbiers de posidonies laissent onduler dans les va-et-vient del’eau leur feuillage vert porteur de vie. Ces « buissons » sous-marins sonten effet de véritables oasis, accueillant de nombreuses espèces de poissonsmais aussi d’autres animaux aquatiques aussi variés que des crustacés(divers petits crabes) ou des échinodermes (étoiles de mer, oursins) venuss’y dissimuler ou au contraire s’y nourrir. De petits bancs de jeunes pois-sons se maintiennent entre deux eaux, se déplaçant d’un mouvementsynchrone. Parées d’argent et d’or, un groupe de saupes vient brouter lesherbiers. Leurs écailles renvoient sans cesse la lumière du soleil qui pro-vient de l’univers aérien, là-haut, au-dessus de la surface. Une girelle

LE SAVIEZ-VOUS? OURSINS, ÉTOILES DE MERS ET COMPAGNIE…Il existe en fait plusieurs espèces d’oursins en Méditerranée. Tous font partie de la famille des échinodermes(littéralement « à peau de hérisson ») qui regroupe également les étoiles de mer, les délicates ophiures ainsi que les

étranges holothuries, plus connues sous le terme de « concombrede mer ». Seule une espèce d’oursin Paracentrothus lividus,l’oursin commun, est comestible et fait ainsi l’objet d’une pêchenotable le long des côtes. Cette pêche demeure toutefois soumiseà une réglementation locale afin d’assurer la survie de l’espèce.Les oursins sont tous dotés de piquants disposés sur un testcalcaire qui protège les organes de l’animal. De plus, les oursinsdisposent de minuscules pieds ambulacraires, semblables à de fins tentacules dotés d’une ventouse terminale et permettantles déplacements de l’animal. Malgré le nombre important de pieds dont il dispose, l’oursin n’est pas un champion de vitesse, se déplaçant en moyenne d’un centimètre par minute !

ESPÈCES: LES POISSONS DE ROCHESSi l’intitulé évoque plus souvent des idées culinaires, il n’en demeure pas moins que les fonds rocheux abritentprécisément une belle diversité de poissons qui trouvent là des secteurs idéaux offrant abris et nourriture. Dissimulésur le fond de gravier ou sur une énorme pierre, le gobie rayé ainsi que la rascasse rouge font partie des adeptes du camouflage. Les trous et autres cavités sont parfois occupés par d’impressionnantes murènes qui défendent

jalousement leur territoire. Saupes, sars, daurades et obladesmontrent leur caractère grégaire, se réunissant parfois en groupes importants. Les girelles, rougets et crénilabres ne s’aventurent jamais bien loin de la protection de la roche,disparaissant à la moindre alerte dans une cavité. Les abordsde la réserve de Cerbère-Banyuls sont également le fief de l’emblématique mérou brun dont la reproduction effectivesur les côtes du Roussillon ne fut prouvée qu’à partir de 2003, venant couronner près de 20 années de protection.

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Saupe dans un herbier de posidonies.

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qu’appelle-t-on forêt ? 16

la forêt en Languedoc-Roussillon 17

la pinède à crochet 20

hêtraie et hêtraie sapinière 23

les plantations de résineux 26

la châtaigneraie 28

les chênaies 31

les ripisylves 34

prospective 37

PNR du Haut-Languedoc 39

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qu’appelle-t-on forêt ?

La forêt est le stade ultime de colonisation végétale d’un sol duquel, à partirde la roche mère, s’est mis en place tout un processus de pédogénèse*. Lesplantes colonisatrices (mousses et lichens le plus souvent en zone tempérée)s’installent en premier et commencent à dégrader la roche pour en extrairedes minéraux et créer un premier tapis végétal. Sur celui-ci vont pouvoirs’installer des herbacées et des ligneux* bas (genêt, fougère, bruyère), lesquelsvont à leur tour fixer le substrat et créer une première couche d’humus quisera colonisée par des ligneux hauts dégradant le sol plus profondément.Enfin apparaît la forêt climacique ainsi appelée lorsqu’elle correspond

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Quand on évoque la forêt languedocienne, on s’imagine les étendues de pins parasols où cym-balisent les cigales sous un soleil implacable. On entrevoit un tapis d’aiguilles sur un soldesséché aux fortes odeurs de sève et des étendues ravagées par les feux. Loin de ces clichés, laforêt languedocienne se décline en diversité selon les altitudes, les latitudes, les expositions etles sols. Être en forêt, quelle que soit son apparence, c’est « sortir de la civilisation », tant lesmythes qui l ’entourent lui conf èrent une aura particulière. La forêt est l ’espace de nature parexcellence, où l ’on ressent, où l ’on respire, où l ’on écoute et on sent. Elle est régénérante, oxygé-nante, propre à une évasion spirituelle autant que physique.

LES FORÊTS EN LANGUEDOC-ROUSSILLON

Hêtres et conifèresà Ferrals-les-Montagnes(34).

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parfaitement aux contraintes du lieu où elle pousse et qui mettra donc dessiècles avant d’atteindre son climax*. Or, en Languedoc-Roussillon commeailleurs, la forêt porte souvent l’empreinte de l’homme que ce soit dans lesessences qui la composent, dans sa répartition et dans son âge moyen.

L’homme a toujours réalisé les plantations qui lui semblaient adéquatesaussi bien en fonction des contraintes stationnelles qu’économiques. Laforêt est souvent considérée comme une ressource, et fait à ce titre l’objetd’une exploitation plus que d’une protection. Cela lui laisse peu de chanced’atteindre ce fameux stade climacique, d’autant que la nature elle-mêmevient jouer les troubles fêtes en remettant parfois les compteurs à zéro. Feux,glissements de terrains, avalanches, inondations, climats et évolutions cli-matiques, tempêtes… interviennent comme autant de facteurs qui modèlentune forêt sauvage et naturelle… en dehors des interventions humaines.

la forêt en Languedoc-Roussillon

La forêt française connut son minimum d’extension au milieu du XIXe siè-cle. L’exploitation à outrance due à la révolution industrielle, le surpâturagegénéré par une forte croissance démographique, l’utilisation massive dubois comme moyen de chauffage et surtout l’absence d’exploitation coor-donnée et réglementée avaient fini de mettre à mal la couverture forestièrefrançaise, réduite à moins de 14 % du territoire. La forêt présentait alorsun bien triste visage en dehors de quelques zones inaccessibles. Elle étaitprincipalement constituée de reliquats dévolus à la chasse ou de taillisinformes dont l’exploitation permanente interdisait tout vieillissementdu peuplement. Que dire des étendues d’où elle avait quasiment disparucomme en Languedoc-Roussillon? Des plaines aux sommets, les millions

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Pinède à Fabrègues (34),présentant un sous-boisclair dénué de stratesintermédiaires.

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de moutons qui la parcouraient d’hivernages en estives dans les Pyrénées,la Montagne Noire et toutes les hauteurs du Gévaudan n’étaient pascompatibles avec la recolonisation ou même la survie d’une surface fo-

restière. La ressource bois était surexploitée et l’érosion très activedes fortes précipitations marquait profondément de ses

ravines l’ensemble des reliefs.Il fallut l’exode rural dû à la révolution industrielle

pour que la pression commençât à se relâcher. Ce-pendant, l’absence d’un substrat adéquat à mêmed’accueillir une forêt, notamment dans les pentes,ne facilitait pas une recolonisation forestière na-turelle. Les premières lois de 1827 interdisant lesdéfrichements et mettant en place les premières

opérations de reboisement sous l’égide de la toutenouvelle Administration des Eaux et Forêts (qui

deviendra l’ONF en 1966) permirent d’inverser latendance. La gestion durable mise en œuvre se résumait

alors à cette maxime: « Imiter la nature, hâter son œuvre. »Le Second Empire fut marqué par le lancement de grands

travaux avec le boisement des Landes et de la Sologne et la politiquede restauration des terrains de montagne (RTM) pour lutter contreles risques naturels. Le massif de l’Aigoual, aux confins Gard-Lozère,est un des symboles les plus marquants de la RTM en Languedoc-Roussillon. Totalement dépouillé de végétation, extrêmement érodésous l’effet des épisodes cévenols* qui peuvent apporter jusqu’à 400 mmde pluie en 24 heures (soit 400 litres par mètres carrés), il fallut toutel’opiniâtreté et l’obstination de Georges Fabre (1844-1911) pour mener

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LES CHIFFRES DE LA FORÊT

EN LANGUEDOC-ROUSSILLON:

Taux de boisement de la région : 34 % soit 934 000 ha

département le plus boisé : la Lozère avec 45 %

département le moins boisé : l’Aude avec 28 %

moyenne nationale : 26 %

forêts privées : 74 %

Abattage d’arbresà Canilhac (48).

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à bien ce projet à partir de 1875. Cet ingénieur consacra sa vie au re-boisement de l'Aigoual et à la création de l'observatoire météorologiquetoujours en activité aujourd'hui. C’est en impliquant les habitants eten leur fournissant un emploi en complément de leurs maigres ressourcesagricoles qu’il finit par remporter l’adhésion de la population et que lemassif put être reboisé jusqu’en 1914. Il constitue aujourd’hui, 150 ansaprès, une des plus vieilles et plus riche hêtraie sapinière de la région.Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, l’État, par le biais dufonds forestier national (FFN), accorda des aides aux particuliers etaux communes pour reboiser. Quasiment toutes les forêts du Langue-doc-Roussillon, aux apparences parfois si naturelles, sont le fruit d’unepolitique de reconquête.

La faune comme la flore n’ont pas manqué de se réin-staller dans ces nouveaux écrins de verdure. Le phénomèneest toujours d’actualité avec, par exemple, l’implantationde la chouette de Tengmalm dans nombre de boisementsqui atteignent aujourd’hui un stade adéquat. Il en est demême pour la rosalie des Alpes, insecte coléoptère remar-quable strictement inféodé aux vieilles hêtraies.

La variété des influences climatiques (méditerranéenne,supraméditerranéenne, montagnarde, subalpine, subconti-nentale, atlantique), des substrats (granitiques, basaltiques,calcaires, schisteux), des expositions (ubacs* et adrets*), desvents, des empreintes de l’homme (abandon, reconquête,urbanisation…) créent non pas une forêt mais des forêtslanguedociennes tant sont incomparables les chênes kermèsdes plaines et les pins à crochets de l’étage subalpin.

Entre les forêts exploitées et les boisements spontanésde tous âges, toutes les essences présentes en France se ren-contrent en Languedoc-Roussillon dans une mosaïque d’ha-bitats à découvrir… les sens en éveil.

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Vieux chêne offrant une multitude de micro-habitats à Saint-Germain-du-Teil, vallée du Lot (48).

La rosalie des Alpesest un des plusimpressionnantscoléoptères présents en France.

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BIBLIOGRAPHIEET SITES INTERNET

Pour aller plus loin, vous trouverez ci-dessous quelques ouvrages trèscomplets et sites Web riches en informations sur la nature en Langue-doc-Roussillon. Il ne s’agit que de pistes d’ouverture ; de nombreusesautres ressources sont à explorer, complémentaires au présent ouvrage.Plusieurs guides naturalistes d’ampleur nationale satisfont tout à faità l’identification des espèces présentes dans la région. De même, detrès nombreux topo-guides et autres ouvrages de balades fournirontd’intéressantes informations sur des circuits à parcourir.

à lire

Collectif, Oiseaux au fil d'étangs, à la découverte des oiseaux du littorallanguedocien, Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze, 2005.

GENIEZ Philippe et CHEYLAN Marc (coord.), Reptiles et amphibiensde Languedoc-Roussillon et régions limitrophes, Atlas biogéographique,Biotopes éditions, 2012.

RENAULT Jean-Michel, La Garrigue grandeur nature, Les créationsdu Pélican, 2000.

VEZON Thierry et BOURRA Olivier, Gard sauvage, Éditions du CentreOrnithologique du Gard, 2011.

à consulter

ALEPE, association lozérienne pour l'étude et la protection de l'environnement : http://lozere.alepe.over-blog.com

Ligue de protection des oiseaux de l'Aude : http://aude.lpo.fr

Aude nature : http://www.audenature.com

Ligue pour la protection des oiseaux de l'Hérault : http://herault.lpo.fr

Les écologistes de l'Euzière : http://www.euziere.org/

Groupe ornithologique du Roussillon : http://gorperpignan.pagesperso-orange.fr

Centre ornithologique du Gard : http://www.cogard.org

Faune Languedoc Roussillon, portail participatif et base de donnée en ligne : http://www.faune-lr.org

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Crédit photographique. 4, 8, 16, 27h, 39, 42, 45b, 46h, 52h, 53h, 54, 61, 64h, 92, 93b, 97h, 98h,99h, 111h, 117b, 118b, 124h, 132, 135, 138h, 139h, 141b, 148, 159h, 168h, 170h, 175h, 180, 183,184 : Julien Gieules ; 6, 7, 10, 13, 18, 19b, 26b, 47m, 48b, 58b, 59h, 62b, 63m, 63b, 64b, 65h, 65b, 67h,68h, 69h, 69b, 75h, 75m, 77h, 77b, 80b, 87h, 116, 119h, 120h, 120b, 121, 122h, 122b, 123h, 123b,124b, 125h, 126h, 127h, 128h, 129h, 129b, 130h, 130m, 130b, 131b : François Legendre ; 9, 23h, 94h,106h, 118h, 140h, 156h, 162, 166 : Alain Baschenis ; 11 : Craig Drollett/Frederick Wildman and Sons ; 12 :Joop Kuipers ; 17 : Andrew Movenko ; 19h : Lammert Hilarides ; 20h : arenysam/Fotolia.com ; 20b, 21hd,27bg, 33m, 49b : Frank Vassen ; 21hg : Terje Asphaug ; 21b, 103b, 106b, 129m : Joan Simon ; 22hg : YolaSimon ; 22hd : B. Navez ; 22b : Steve & Jem Copley ; 23b : Marrakech99 ; 24h : Havang (nl) ; 24m : Sandy_R ;24b : Aconcagua ; 25h, 67bg : Bernard Stam ; 25b : Ahmed Karatas ; 26h : C. Pasquier ; 27bd : Mongider ;28 : Catherine Justet / http://www.flickr.com/photos/sinopis/ ; 29h: Archives départementales de la Lozère ;29m : Magne Flåten ; 30h : Daniel Larsson ; 30mh, 30mb, 63h : Ettore Balocchi ; 30b : David Short ; 31h :Brigitte Hamey ; 31b : Tomás Royo ; 32h : Maison de la Truffe du Languedoc ; 32m, 86b : Radio Tonreg ;32b : Felix Reimann ; 33h : Mircea Nita ; 33b, 104m, 109b, 176b : Michael Sveikutis ; 34h : Jose ManuelMota ; 34b : Peter Trimming ; 35h : Tomasz Przechlewski ; 35b : Philip « Galli » Rentschler ; 36 : Michel Mon-not/Office de Tourisme Mont Aigoual ; 43h : Luc Viatour ; 43b, 51h, 51m, 67bd, 178b, 179b : Ferran Pes-taña ; 44 : Daniel Buthion ; 45h : Thomas Quine ; 46b : Gabriel Legaré ; 47h : Damian Keith ; 47b :Andrew2606 ; 48h : www.fotoARION.ch ; 49h : Ian Joseph ; 50h : Anne-Marie Veith ; 50m : Shizhao ; 50b :Baptiste Monsion ; 51b : Wusel007 ; 52b, 152h : Bernard Chambres ; 53m : Voies navigables de France ;53b : Serge Costa ; 58h : Céline Lajeunie ; 59b : Claude Bihain ; 60h : Sylenius ; 60b : Brigitte Metge ; 62h :Paul Asman and Jill Lenoble ; 66h : Laurenç Marsol ; 66b : Visa Kopu ; 68b : Oh Weh ; 69m, 84bd, 88, 93h,105h, 107b, 108h, 110h, 110b, 171b, 177b : Jean Ramière ; 70 : Raymond Dejong ; 74 : Monday Morning ;75b : LOC ; 76h : Jonas Bille ; 76bg : Silke Baron ; 76bd : Luis Daniel Carbia Cabeza ; 78h : BMZ-75 ; 78b,141m : José Manuel Armengod Ariño ; 79m : Cornell University Library ; 79b : Klearchos Kapoutsis ; 80h :Thomas Vandenberghe ; 80m: Derek Keats ; 81h : Yves Tennevin ; 81b : IngolfBLN ; 82h : Artur Mikolajewski ;82b : Gillian Moy ; 83h, 99b, 104b, 155h : gailhampshire ; 83b : Sébastien Renoir ; 84h : Jeremy Atkinson ;84bg : Jean Pol de Loof ; 85h : Arno Laurent ; 85b : Andy Walker ; 86h : Laurent Lebois ; 86m, 150h : Poom ! ;87b : Jean-Pierre Matanowski ; 94b : Pierre Mestre ; 95, 96h, 96b, 176h : Alain Falvard ; 97b : Éric Andreoli ;98b : Lanzi ; 100h : Julien Barataud ; 100m : Denis Jevtic ; 100b : Pere prlpz ; 101h : coll. B. Ramière ; 101b :Christine et Hagen Graf ; 102h : Chris Phillips ; 102b : Jaume Calafat ; 103h : Raymond Gimilio ; 104h : EddyCirchirello ; 105m : David Perpiñán ; 105b : Francesco Gasparetti ; 107h : Jan Willem Steffelaar ; 108b : JosDielis ; 109h : TooN Laurent ; 111b : Tom « orangeaurochs » ; 112 : YK ; 117h : Olafur Larsen ; 119b : GaryKramer ; 124m : Sylvain Haye ; 125m : José Ramón Correas González ; 125b : Xavier Muñoz ; 126b : TomC.; 127b : Noel Reynolds ; 128b : Jacme31 ; 131h : Gouffre Géant de Cabrespine ; 138b : H. Zell ; 139b :Trebol-a ; 140b : Alex Rollan/Birdwatching Barcelona ; 141h : Dunkan Hull ; 142h : Joëlle Lampin ; 142b :Armel ; 143h : Teuteul ; 143b : Dûrzan Cîrano ; 144 : Nicolas Peaudeau ; 149h : Clive & David ; 149b : Ter-ranik ; 150b : Liam Quinn ; 151h : François Polito ; 151b, 157b : Philippe Guillaume ; 152b : Laurent Chas-saing ; 153h : candiru ; 153b, 158m : Miluz ; 154h : David Merrett ; 154m : Lucarelli ; 154b : Erwann.d ;155m : Mickael Dia ; 155b : Philippe (Ipon1) ; 156m : Elapied ; 156b : Anthony Milan ; 157h : Jef Dockx ;157m : Albert Kok ; 158h : Tino Strauss ; 158b : Jacky Denis ; 159b : Ilse Reijs/Jan-Noud Hutten ; 160h : mar-coarnunes ; 160b : Kristel Jeuring ; 161h : René ; 161m : coll. Jean-Pierre Bobo ; 161b : Francesca Gigli Ber-zolari ; 167h : Sarah Gregg ; 167b : Fagairolles 34 ; 168b : Ian White ; 169h, 169b : Marie-Élise Gardel ;170b : Sandrine Ruitton ; 171h : Esculapio ; 172 : Tredok ; 173h : Olivier Bacquet ; 173b : Christophe Franco ;174h : Lip Kee Yap ; 174b : Angélique Michaud ; 175m : Andrea Schaffer ; 175b : Hans Hillewaert ; 176m :Phil Sellens ; 177h : Luciano Giussani ; 177m : Tigerente ; 178h : Friedrich Böhringer ; 179h : Francis Burst ;179m : PerroVerd ; 189 : http://d-maps.com/

Je tiens à remercier les naturalistes d’ici et d’ailleurs, croisés au fil des ans sur les chemins de la garrigue etdu littoral, avec qui nous avons partagé d ’inoubliables observations et bien des connaissances qui ontcontribué à m’enrichir et me faire d'autant plus apprécier les terres du Languedoc-Roussillon… Enparticulier : Dominique Clément, Vincent Lelong, Fabien Gilot, Mathieu Bourgeois, Christophe Savon etMorgan Boch.De façon plus personnelle, je remercie mes parents pour m'avoir « importé » dans les terres audoises quittéesdepuis, mais sur lesquelles je prends plaisir à revenir souvent…Merci à mon père, Bernard, pour ses apports et connaissances sur les fantastiques fossiles de la région etpour avoir mis à disposition sa collection de « cailloux » !Merci finalement à Cyrielle, pour sa présence, l ’infinie patience et l ’écoute durant les diverses étapes de cenouveau projet…

J. R.

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dessins de Pierrette Blaise

la Nature enLanguedoc-Roussillon

FRANÇOIS LEGENDRE & JEAN RAMIÈRE

Photo de couverture : le littoral vu depuis le massif de la Clape (Aude). © Julien Gieules

De la Camargue aux Pyrénées et aux Corbières, du littoralméditerranéen aux Cévennes et aux contreforts de la MontagneNoire, le Languedoc-Roussillon offre une exceptionnelle diversitéde paysages et de milieux. C’est aussi la première région de France,en pourcentage, pour la superficie des sites d’intérêtcommunautaire et des réserves naturelles nationales. Hautemontagne, causses, plaines et coteaux, garrigues et maquis, zoneshumides et cours d’eau, littoral et marais d’eaux saumâtres, sansoublier les espaces villageois et urbains, sont autant d’habitats pourune faune et une flore au sein desquels coexistent espèces ditescommunes et espèces rares ou endémiques.

François Legendre et Jean Ramière nous convient à ladécouverte de cette précieuse biodiversité et nous font partager leursconnaissances et leur passion. Leur livre est une invitation à arpenterles chemins de Languedoc-Roussillon et à découvrir, observer etadmirer une nature accessible à tous. Butor étoilé, centaurée de laClape, ophrys d’Aymonin, arcyptère caussenarde, talève sultane,utriculaire, grande noctule, isard, girelle, fou de Bassan, chêne vert…,sont quelques-unes des nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes, depoissons, de mammifères, de reptiles, d’arbres, de plantes et autres,rencontrées dans cet ouvrage. Près de 300 photographies et dessinsillustrent le propos, complété par un glossaire et une carte.

Jean Ramière est ornithologue, naturaliste chargé de mission au sein de l’AssociationNature Midi-Pyrénées depuis 2006. Il est directeur de la collection « La Nature en… »aux Éditions Loubatières et l’auteur de La Nature en Midi-Pyrénées (Loubatières,2012). Il a également coordonné, avec Sylvain Frémaux, L’Atlas des oiseaux nicheursde Midi-Pyrénées (coédition Delachaux et Niestlé/Nature Midi-Pyrénées, 2012).

François Legendre est professeur des écoles, membre de la Ligue pour la protectiondes oiseaux et administrateur de l’Association lozérienne pour l’étude et la protectionde l’environnement. Passionné de nature, il contribue dès qu'il le peut à faire avancerla connaissance et la protection de notre environnement.

ISBN 978-2-86266-685-3

9 782862 66685325 €

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