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1 La notion de Territoire en géographie. Son histoire et son articulation avec les autres problématiques actuelles de la discipline. 18 ET 26 Mars 2004. Topo pour les stages animés par I Nicoladzé et P Lucas. Auteur : S Bourgeat (Doctorant. Laboratoire Territoires. Institut de Géographie Alpine. Grenoble. Adresse : [email protected]) Travail en cours en épistémologie sur les discours de la géographie, et plus précisément sur le passage de la géographie classique aux "nouvelles géographies" -et donc aux territoires-, au travers des filtres universitaires (agrégation, thèses d’État) Introduction : ............................................................................................. 2 1/ L'histoire du concept de territoire .............................................................. 3 11/ Rappel sur la géographie classique ....................................................... 3 12/ Sa remise en cause : pourquoi ? .......................................................... 4 1/ Elle a engendré des perversions .......................................................... 4 2/ La spécialisation croissante des disciplines ............................................ 5 3/ La géographie, à quoi ça sert ?............................................................ 5 4/ Les coups de butoir des nouvelles géographies venues de l’étranger ........ 5 5/ De plus en plus de sensibilité à l’ interdisciplinarité ................................. 5 Conclusion : des « nouvelles géographies » ................................................. 6 13/ Application : le cas de la Chalosse vue sous deux angles ......................... 6 2/Comment caractériser le territoire :............................................................ 9 11/ L’ idée d’appropriation suppose un état des lieux à tel ou tel moment ....... 9 12/ L’ idée d’appropriation suppose une réflexion sur la nature de cette appropriation et ses causes. ...................................................................... 9 13/ L’ idée d’appropriation suppose une réflexion sur les modalités de cette approriation. .......................................................................................... 10 14/ Des territoires de plus ou moins grande taille ....................................... 11 15/ Et donc des territoires emboîtés ......................................................... 12 16/ Quelles limites de territoires ............................................................. 13 3/ Le discours de l'innovation territoriale...................................................... 15 31/ Le cas de Rhône-Alpes, territoire en formation .................................... 15 32/ Á titre de comparaison, Rhône-Alpes vu sous l’angle des réseaux et de la polarisation ........................................................................................... 19 33/ Contrepoint : le cas de l’Espagne ........................................................ 22 34/ La recomposition territoriale de la France du fait des epci ...................... 23 Conclusion : rapport territoire - polarisation ................................................. 25

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La notion de Territoire en géographie.Son histoire et son articulation avec les autres problématiques actuelles

de la discipline.

18 ET 26 Mars 2004. Topo pour les stages animés par I Nicoladzé et P Lucas.

Auteur : S Bourgeat (Doctorant. Laboratoire Territoires. Institut de GéographieAlpine. Grenoble. Adresse : [email protected])

Travail en cours en épistémologie sur les discours de la géographie, et plusprécisément sur le passage de la géographie classique aux "nouvellesgéographies" -et donc aux territoires-, au travers des filtres universitaires(agrégation, thèses d’État)

Introduction : .............................................................................................2

1/ L'histoire du concept de territoire..............................................................311/ Rappel sur la géographie classique .......................................................312/ Sa remise en cause : pourquoi ? ..........................................................4

1/ Elle a engendré des perversions ..........................................................42/ La spécialisation croissante des disciplines............................................53/ La géographie, à quoi ça sert ?............................................................54/ Les coups de butoir des nouvelles géographies venues de l’étranger ........55/ De plus en plus de sensibilité à l’interdisciplinarité .................................5

Conclusion : des « nouvelles géographies ».................................................613/ Application : le cas de la Chalosse vue sous deux angles .........................6

2/Comment caractériser le territoire :............................................................911/ L’idée d’appropriation suppose un état des lieux à tel ou tel moment .......912/ L’idée d’appropriation suppose une réflexion sur la nature de cetteappropriation et ses causes. ......................................................................913/ L’idée d’appropriation suppose une réflexion sur les modalités de cetteapproriation........................................................................................... 1014/ Des territoires de plus ou moins grande taille....................................... 1115/ Et donc des territoires emboîtés ......................................................... 1216/ Quelles limites de territoires ............................................................. 13

3/ Le discours de l'innovation territoriale...................................................... 1531/ Le cas de Rhône-Alpes, territoire en formation .................................... 1532/ Á titre de comparaison, Rhône-Alpes vu sous l’angle des réseaux et de lapolarisation ........................................................................................... 1933/ Contrepoint : le cas de l’Espagne........................................................ 2234/ La recomposition territoriale de la France du fait des epci ...................... 23

Conclusion : rapport territoire - polarisation ................................................. 25

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? Le but du topo : ce n’est pas de faire un cours, ce n’est pas le point détaillésur tel ou tel aspect, mais plutôt souligner, au travers des travaux d’un certainnombre de géographes, quelles sont les problématiques actuelles, les grandestendances de la géographie, leur lien entre elles, et les différences avec lagéographie traditionnelle.

? Plan du topo. Trois parties :

1/ L'histoire du concept de territoire, la différence avec les notions classiques derégion, espace, paysage...Le but étant de montrer :

? Que l'on ne fait pas la même géographie, que l'on n'a pas les mêmesproblématiques quand on parle de territoire que quand on fait de lagéographie classique.? Que c’est une notion qui, comme celle de polarisation, relativise, met ausecond plan le poids du milieu naturel, et permet d’échapper à la« géographie inventaire »

2/ Comment caractériser la notion de territoire.

3/ Le discours de l'innovation territoriale, ses rapports avec la notion depolarisation : un discours « à la mode »…Résumé à l’aide d’exemples, notammenten comparant France (Rhône-Alpes) et Espagne. De plus nécessité de faire lepoint sur les epci.

Introduction :Si l’on suit en premier temps les définitions que l’on trouve dans la plupart desmanuels de Première (sera à nuancer plus tard) : « territoire : espace appropriépar une société »[Définition assez consensuelle, pas la seule, mais donne une base de réflexion]

Ex : Diois est un territoire car les gens du Diois ont ce sentiment d’appartenanceà une terre.

Une remarque d’entrée : il s’agit d’une définition assez récente (elle ne figure pasdans le Dictionnaire de la Géographie de Pierre George de 1974) et elle est unpeu différente du sens commun du terme.

D’où vient ce terme ?

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1/ L'histoire du concept de territoire

Nécessité de replacer cette notion dans l’histoire de la géographie pour montrerque ce n’est pas la même géographie que la géo classique

11/ Rappel sur la géographie classique

? La géographie française, qui s’est mise en place autour de la première guerremondiale (autour de Vidal de La Blache) avait quatre caractéristiquesessentielles :

? Encyclopédisme (la géographie doit dire le monde)

?? science de synthèse entre disciplines variées allant de géologie à économie(donc aspect du généraliste, et pour ses détracteurs du dilettante, de la disciplinefourre-tout)

Remonte à l’antiquité (Strabon)

??? Naturalisme dominant (on commence par la géographie physique), oncherche les liens que le milieu a avec humaine

Le naturalisme et l’héritage des philosophes du 18° puis du 19°siècle :- Kant 1757 : géographie physique- Philosophes français autour des physiocrates, Quesnay, Turgot (recherche dumaximum que l’on peut tirer du milieu naturel)- Montesquieu et la théorie des climats et s’est bien propagée au 19° dans lecadre colonial.- Au 19° Lamarck : évolution est fonction du milieu (a beaucoup plus marqué lesgéographes français que Darwin)

???? discipline des espaces, des paysages, que l’on analysait puis recoupait ensous-ensembles

Grand apport de la géographie française du début du siècle ;

La géographie utilise alors un vocabulaire spécifique1 et plusieurs termes qu’ilimporte de définir : paysage, région, espace…termes qu’il ne faut pas confondredans l’optique de la géo des territoires

Milieu (cf le naturalisme…L’homme est au milieu de la nature)

Qu’est-ce qu’un paysage ? Ce qu’on voit d’un pays. Terme souvent affectif, avecdescription (assez subjective)(Équivalent de panorama) c’est donc une représentation : le géographetraditionnel était celui qui savait « lire » le paysage avec son coup d’oeil

1 P. Baud, S. Bourgeat, C. Bras. Dictionnaire de géographie. Hatier 3° édition 2003.

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Région : terme vague : bout, partie d’un espace plus grand. Mais: avec uneautorité à sa tête (regere : diriger) d’où recteur, régions administrativesOu peut être n’importe quel espace, mais de taille fort vague : ONU parle derégions pour Moyen-Orient, ou Amérique latine, on parle de régions pourn’importe quel espace (astronomes parlent même de régions interstellaires)

Espace (et quelle différence avec territoire ?) : terme assez neutre (au contrairede territoire) du coup on lui mettait des qualificatifs : « espace géographique »,« espace vécu » ….donc un territoire

? Cette orientation a très longtemps marqué la discipline et notammentl’enseignement secondaire

Témoin l’ex programme de Première de 1988 : « la France synthèse despaysages européens » (avec « les grands ensembles de relief ») « les hommes etles activités », « les grandes divisions de l’espace français » (avec « divisionstraditionnelles », (dont naturelles) puis les « grands ensembles de l’espacefrançais » que l’on pouvait redécouper)Du coup, découpages variés (est, couloir, tantôt autonome, tantôt lié avec alsace,tantôt montagnes)

Cette conception de la géographie a :- Des mérites pédagogiques (localisations nécessaires à apprendre)- elle a rempli sa mission d’inventaire à un moment donnéMais …

12/ Sa remise en cause : pourquoi ?Remis en cause dès les années 60-70 dans la recherche, beaucoup plus tard dansle secondaire, et même dans l’enseignement supérieur:

5 raisons :

? 1/ Elle a engendré des perversions

? La recherche de la liaison entre nature et sociétés engendre tentation dudéterminisme (ex EU puissants CAR climat favorable, ou 1/3 Monde pauvre CARclimat défavorable)

Granite vote à droitePédagogiquement et sans en arriver là, il y a toujours eu la tentation de le faire

?? Européocentrisme : tout est vu en comparaison avec l’Europe. Pour France :climat tempéré favorable ??? Climats tropicaux EXCESSIFS (sous-entendu parrapport à nous)

Pédagogiquement, on en arrive toujours à la caricature

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? 2/ Spécialisation croissante des disciplines, du coup le côté superficieldevenait criant// Impossibilité de tout dire, de tout savoir : fin des « honnêtes hommes » quisavent tout…. Même s’il y a eu la tentation de tout dire : visible dans les thèsesd’État de 1000 pages ou plus.

Pédagogiquement ça se traduit par le « syndrome du conteneur » Pose leproblème du « Où on s’arrête ? »De plus le par cœur était favorisé (cf les parents d’élève : « il n’y a qu’àapprendre »)…et donc rien à comprendre.

? 3/ À quoi ça sert ?2-3 citations éclairantes :

Bertrand Kaiser « si la géographie n’existait pas, personne n’aurait l’idée del’inventer »

2 anonymes « La géographie, c’est mettre des guérilleros sur des surfacesd’érosion »

« La géographie : science bonasse »

? 4/ Coups de butoir des nouvelles géographies, venues de l’étranger (nécessitéde voir que cette géographie ne s’était développée qu’en France) principalementen Allemagne (géopolitique) et aux Etats-Unis (cf le classique plan de Chicago)et la polarisation

+ Rôle du contexte extérieur dès les années 1960 :

? Croissance des villes cf pas lié au milieu naturel, nouveaux phénomènes àétudier : polarisation plutôt que site, situation

? 5/ De plus en plus sensibilité à l’interdisciplinarité et aux grands mouvementsculturels du XX° siècle :

Pendant longtemps, discipline fermée, par réflexe car menacée…ouverteseulement vers les sciences naturelles (géologie esst) et vers l’histoire. Puisvers les années 1960

? Marxisme et la notion de centre-périphérie (qui est passée par l’économie ;Samir Amin)

La région parisienne dans une optique traditionnelle, c’est le site de l’île de lacité, puis la situation au centre du bassin parisien et la banlieue qui s’étire lelong des fleuves (protégé par les cuestas tournées dans le bon sens pourprotéger Paris), puis les fonctions de Paris, puis un redécoupage classique dela banlieue

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La région parisienne dans l’optique de la polarisation, c’est la domination deParis sur un espace périphérique, ce qui se traduit par des réseaux, parl’organisation différentielle des banlieues

? Mouvement structuraliste : par la recherche des invariants, et del’explication globale (nomothétie par rapport à la « science bonasse » duparticulier)CF Brunet et ses chorèmes

? Forte sensibilité à l’économie dans les années 60 :- géographie tiers-mondiste (pas liée au milieu).- Mais aussi tentation de néopositivisme par le biais de l’économisme. Là oùavant on décrivait des cuestas, on se met à la recherche du dernier chiffre deproduction, on analyse les réseaux par le biais des chiffres du trafic (surtoutque concomitance avec le développement de nouveaux outils :informatique)….

? Puis à la sociologie. Notion d’espace vécu dès les années 60. Idée croissanteque ce qui est intéressant, c’est l’homme : le sujet n’est plus l’espace, c’est« la terre des hommes » (Claval) ? territoire.

? La notion de territorialité c’est aussi une sensibilité à l’éthologie, la notion deterritorialité chez les animaux (Nombreux travaux sur les parcours urbains)1.

Conclusion : Tous ces phénomènes liés vont donner des « nouvellesgéographies », que l’on peut aujourd’hui diviser en grandes écoles :

- L’analyse spatiale autour de Brunet, qui essaie de voir les invariants, leslois de l’espace

- Une géographie qui compte, qui analyse. Priorité aux réseaux, polarisation- Une géographie sociale mais aussi une géographie culturelle, dominantes à

l’heure actuelle (avec des différences entre les 2) : territoires

Mais ne se pose pas en terme d’alternative entre réseau et surface / territoire.Plutôt des approches complémentaires avec des priorités différentes.2

13/ Application : le cas de la Chalosse étudiée avec les deux démarches

? Analyse concrète d’un même espace avec les deux démarches : celle degéographie classique et avec la géographie des territoires : on arrive à desquestionnements différents.

Fait et réactualisé à partir d’un article de Guy Di Meo et al.3

1 Récemment par exemple F. Guérin-Pace : vers une typologie des espaces de proximité. L’espace géographique 2003. n°4

2 B Elissalde. Une géographie des territoires. L’information géographique. 2002

3 G. Di Méo, J.P. Castaingts, C. Ducournau. Territoire, patrimoine et formation socio-spatiale. Annales de Géographie.n°573, Sept-Oct 1993

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Modèle que l’on peut faire la même chose avec son « pays » Diois, Royans ou leTrièves

La Chalosse : Où est-ce que c’est ? Espace de toute petite taille coincé dan lecoude de l’Adour, entre Béarn, Tursan et Vic Bilh au Sud, Armagnac à l’Est,Grandes Landes et le Marsan au Nord et à l’Ouest

Incontestable territoire car les gens se définissant comme chalossais.

? Avec une approche classique, on commencerait par « un milieu naturel varié »Plaine du Marsan commence en Chalosse, difficile à distinguer des collinesdu BéarnAltitude faible : 150 mMicroclimats nombreux dans un ensemble de type océanique avecprécipitations encore importantes l’étéGéologiquement prépyrénées et terrasses de l’Adour

? Avec l’approche territoire, ça donne :- un milieu naturel varié …et pourtant les gens se sentent chalossais !

(moyen pédagogique de ne pas s’enliser dans le détail des terrasses et desalluvions)

- Mieux : quand on demande aux gens « c’est quoi la Chalosse » 1/3 desinterviewés répondent par des considérations d’originalité naturelle :vallonné, coteaux, humide, « plus humide que le Tursan », « pas commedans les Grandes Landes »Ils ont donc une vraie appropriation de leur milieu à partir de critères en

partie subjectifs.

?? L’histoire : « une histoire variée » en tout cas la Chalosse n’a jamais eud’autonomie politique seigneuriale, ecclésiastique ou juridiqueÁ l’époque moderne, partagé entre 4 sénéchaussées, dont une celle de SaintSever qui mordait complètement sur les Pyrénées atlantiques.Depuis la révolution, appartient majoritairement aux Landes, mais en partie surPA, et à proximité de Pau………………Et pourtant ils se sentent chalossais !(Donc on a un fil directeur, …)

??? Pas lié à une ville qui dominerait la région : vide urbain complet : le cœur dela Chalosse c’est Hagetmau. Et villes qui attirent : c’est Dax (Landes) et Pau (PA)Donc impossible à analyser avec une approche réseau, si ce n’est comme régionéclatée (on n’a même pas d’objet à étudier)Se retrouve dans les sondages et le questionnement : fort sentiment de ruralité(« pays vert, traditionnel, belle architecture »)+ « Patrie des bons repas » « du foie gras » lié à la ruralité…mais vu de loin pas évident cf Gers (Gimond)

Mais explication insuffisante pour expliquer ce sentiment d’appartenance car lesbéarnais ou les landais pourraient dire la même chose (ils ne le font pas) et de

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plus le Chalossais se définit comme ayant une mentalité particulière : « on estsociable, convivial », « ambiance particulière à la région », « plus accueillant quele Grand Landais, qui est un sauvage »,? Preuve que le territoire se double d’un sentiment territorialiste, d’exclusion

? Donc il faut chercher une autre explication :Domaine de ruralité organisé en polyculture (différent des Landes) et par lemétayage.

???? Ceci posé, l’approche de géographie des territoires va privilégier un autreplan que le plan traditionnel : priorité à la représentation et priorité àl’agriculture.Mais surtout on va étudier les raisons du dynamisme de ce sentiment

Présence d’acteurs- Acteurs économiques (deux types d’approche: approche fonctionnelle,

approche politique) :

2 exemples économiques :

* Vignerons inventent le terme de « haute-chalosse » (en fait touche etconcurrence les vdqs du Tursan) qu’ils associent avec l’image du foie gras…* Commandos locaux qui avaient dévasté au début des années 1990 desconserveries de foie gras important du foie bulgare)

- Acteurs culturels: de type anecdotique ? Musée des arts et traditionspopulaires, fête du canard gras, « saint Sever…capitale du poulaisLANDAIS ! ».

- Acteurs politiques avec les epci (conseiller général qui a milité au départpour ça : création d’une Communauté de communes (Chalosse) englobéedans un pays intercommunautaire Adour-Chalosse-Tursan, centré surl’extérieur, c-a-d la capitale du Tursan : Aire sur Adour)

Cet epci est important car :1/ On dit le nom de Chalosse (important pour les locaux)2 : On dynamise l’action : l’epci dispose de moyens financiers, créeses propres réseaux (déchets par exemple)3/ Mais ne recoupe pas le pays, qui est trop grand (on perd notreidentité) débordait sur les Pyrénées atlantiques (de plus en plusintégré dans « le Grand Pau »)

Modèle que l’on peut reconstruire pour des tas de petits pays

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2/Comment caractériser le territoire :

La définition de territoire sous-entend plusieurs choses.En fait 6 idées sont induites par cette définition :

? 11/ Idée d’appropriation suppose un « état des lieux à tel ou tel moment »,donc une prise en compte des temporalités.

3 exemples :

? Exemple développé par la suite avec l’exemple de Rhône-Alpes :Question de base : est-ce un territoire vue la définition que l’on vient de donner ?Pas évident…. de nombreux rhônalpins ne se sentent pas encore rhônalpins, maisen progression…Création artificielle en 1955, ne correspond à rien de préexistant donc pas unterritoire.…Mais cette appropriation est en progression…

Donc territorialisation, approche dynamique

Du coup, on peut tenter de dater le processus d’appropriation.

? Cas célèbre : le Massif central, qui n’existait pas avant le XIX° siècle. Inventépar les géologues. Mais de nos jours fonctionne comme un véritable territoire, lesgens se disant « du massif central M

? Autre cas1 : la Camargue, de nos jours, elle s’auto-identife comme réservenaturelle littorale, d’étangs, et sauvage et terre taurine. Peu de perception de laCamargue en tant qu’identité avant 1860. Mais sous le second empire,importation d’activités taurines par Eugénie, impératrice d’origine espagnole, créeune identité. Importé là car grandes propriétés latifundiaires Le tout est muséifié100 ans plus tard par la construction d’un Parc régional.

? 12/ Idée d’appropriation suppose une réflexion sur la nature de cetteappropriation et ses causes.

? Cette autoréférence doit être qualifiée : culturelle (cas de la Chalosse : Foiegras), politique ou religieuse (cas de l’Europe : occident chrétien, démocratie…),historique (Cévennes, Vendée), naturelle (Chamonix)

? - Pourquoi cette appropriation ou au contraire cette non-appropriation?

? Si on reprend l’exemple de RAlpes et d’une non–appropriation : carcréation trop récente, car milieu et histoire varié, opposition des savoyards,jalousie grenobloise, …

1 Bernard Picon : L’espace et le temps en Camargue. Actes sud 1988

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? Si on parle à l’inverse d’une appropriation, on doit au contraire rechercherpourquoi telle valeur apparaît plutôt que telle autre pour comprendre lescauses de cette appropriation Donc méthodologie suppose l’analyse desdiscours, de façon à faire une étude identificatrice…et de comprendrel’espace de référence.

? 13/ Idée d’appropriation suppose une réflexion sur les modalités de cetteapproriation.

? Ça suppose de définir les moyens de cette territorialisation : qui fait quoi dansun espace et qui fait que l’on se sent de tel ou tel espace ?

Notion d’acteurs.Toujours deux types d’approche à privilégier : fonctionnelle et politique

? Dans les modalités, il y a donc toujours à un moment ou un autre uneappropriation politique

On tombe donc sur la seconde acception du terme telle qu’elle a été formaliséeen sciences po et en droit : territoire : espace avec une autorité à la tête de cetespace (lois territoriales, extra-territorialité pour les ambassades, DST – directionde la sûreté du territoire)

? Approche fonctionnelle : espace se crée par le jeu des acteurs économiquesprincipalement, par le biais des particularités de cet espace.

Si on reprend l’exemple de Rhône-RAlpes conseil régional (approche politique),approche fonctionnelle (poids de Lyon, réseau urbain !)

Mais en même temps, certains acteurs jouent le rôle de freins (2 académies)

On peut tenter de hiérarchiser, de localiser qui est le principal producteur deterritoires, si c’est une démarche qui vient d’en haut, imposée, ou qui vient d’enbas.Cas de la régionalisation : cas français : par en haut ; cas espagnol,régionalisation par le bas

? Ces acteurs sont-ils conscients ou non de leur rôle de production de territoire :(ou sinon sont-ils guidés par leurs références culturelles)

Champ de la géographie culturelle.2 exemples :? cas du Japon, étudié par Berque (pas un spécialiste des territoires, mais plus dela géographie culturelle).Problème classique : manque de place. Façon classique de l’aborder : 1/ Rudessedes conditions naturelles, 2/ Rôle de l’histoire post 1945.

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Mais la représentation que les japonais ont de leur espace est différente. D’aprèsBerque, les japonais n’ont majoritairement pas cette vision ; ...et il y auraitmême l’idée qu’ils ont utilisé moins de place que ce qu’ils auraient pu utiliser :donc qu’ils auraient procédé à une concentration volontaire (image de la rizièrefréquemment présentée : le vide au milieu et les hommes sur les bords)

Ceci dit, pas évident que les japonais ont raison de croire ça (les raisonsnaturelles ont joué objectivement) : simplement, ça a compté et ils se sont faitune représentation idéelle de leur espace

?? Cas de la parabole de Mexico1 : les erreurs sur le recensement de Mexico de1980 se replacent dans un contexte intellectuel (la bombe D) et modifient lecomportement des acteurs durant une décennie : mexicains et internationaux

? 14/ Pas d’idée de taille pour la notion de territoire.

Le programme évoque d’ailleurs comme exemple de territoire : « l’État, la région,l’agglomération, les « pays » ».

Tout petit espace : ça peut recouper la notion de « pays » : unité de lieu de vie.(cf l’exemple développé sur la Chalosse) va poser le problème des epci, descommunautés de communes… et des pays intercommunautaires, qui recoupentplus ou moins cette notion traditionnelle

Mais aussi des grands espaces : on parle de territoire pour la France : le territoirenational, ou pour beaucoup plus grand (territoires du nord ouest au canada)On retombe du coup la seconde acception du terme, acception plus commune.

Ou espace encore plus grand : l’Europe : au sens UE mais aussi au sens decontinent : n’est-ce pas un territoire, quand on voit les problèmes que posel’adhésion de la Turquie (pas chrétien…) ?Là pas d’accord général. Concept d’aire culturelle (selon Claval « ensembleterritorial homogène défini par un, plusieurs ou la totalité de ses traits deculture »)

Aire culturelle et aire de civilisation ; histoire du concept en trois dates clés :Nécessité quand même (on n’y reviendra pas) de faire le point sur cette notion, carqu’est-ce que l’Europe ? :* Correspond à une vieille géographie du début du siècle et notamment de Ratzel(mort en 1904) qui posait le pb des aires culturelles, à travers la lecture dunationalisme du XIX° siècle. Chaque aire culturelle devait avoir un état à sa tête quilui permette de vivre : fondateur de l’espace vital? Gommé suite aux nazis** Réapparu en force dans le discours des géographes après 1989 sur le thème del’Europe (travaux de Michel Foucher, de J. Barrot, de Frémont)*** Puis discours lénifiant de Samuel Huntington sur le « choc des civilisations » quisous-estiment totalement les tensions économiques (le Sud ?) et les tensions

1 J. Monnet : la ville et son double. La parabole de Mexico. Nathan. 1993

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internes à chaque bloc…

? 15/ Idée d’emboîtements de territoires :

Important quand on va parler d’aménagement du territoire dans le programme

? Á l’échelle française : Commune dans la Communauté de communes dans lepays au sens de la DATAR (c-a-d intercommunautaire), dans le département dansla région dans l’espace national dans l’Europe

Donc problématique = comment tout ça fonctionne ensemble ?Car chaque échelon du pouvoir a sa fiscalité propre, ses compétences…avec desobjectifs parfois complètement contradictoires.

Exemple : le cas concret des Parcs régionaux1

? Question à la mode du devenir des parcs régionaux avec l’intercommunalité18 PR et couvrent 30% de la zone de montagne en FranceSi certains sont récents, se créent encore, le principe des parcs régionaux estancien et entre en concurrence parfois avec les epci

? Parcs ont des projets de développement (charte) avec des programmes d’action(donc de l’argent)// Les epci peuvent soit se superposer avec le parc, soit s’emboîter complètementà l’intérieur, soit être en chevauchement concurrentiel.

? Exs :- en Chartreuse, multichevauchements avec objectifs contradictoires.- Parc du Lubéron, cerné par le développement de Manoque, Cavaillon, Pertuis etApt, qui développent des logiques intercommunales de pays, et encerclent leParc, qui lui est amené à redéfinir sa mission dans le sens de l’environnemental

? Mais plus complexe que ça, pour 4 raisons :- des communes n’adhèrent pas à la communauté historique (au pays), au

parc.

- Superpositions d’autres découpages (académies), superposition avec desréférents historiques (Dauphiné) Miiat (missions interrégionalesinterministérielles d’aménagement du territoire) Grand Sud-est = RAlpes +Auvergne.

- Superposition avec des réseaux, notion de polarisation : on se sent en grosdans la région lyonnaise quand on est dans le sud de la Saône et Loire.

1 R. Lafarge : les territoires aux risques des projets. Les montagnes entre Parcs et pays. RGA 2000. Mais aussi : Territoiresau pluriel : projets et acteurs en recompositions. L’information géographique. 2002

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- + idée qu’il y a peu être trop d’échelons du pouvoir : donc on faitdisparaître les départements ?Vieille idée (rapport « vivre ensemble » de 1976 de O. Guichard) mais ledépartement est un territoire car très approprié : dans sondage où ondemande aux gens de se présenter à un inconnu « vous êtes d’où ? » : laréponse est soit la ville (je suis de Valence…même si je suis de Romans !)soit le département, parfois une localisation en fonction d’un critère naturel(les Alpes, le midi) jamais la région !

16/ Idée de limites des territoires :

Pas seulement dire où ça s’arrête mais pourquoi ?3 cas :

? Cas le plus simple ( ?) : territoire limité par une frontière.

? Pose toutes les problématiques de la géographie des frontières (sa nature :toute frontière est historique et pas « naturelle »), sa date de création, est-ceune frontière linguistique, culturelle…

- ses particularismes :? pb des enclaves : Llivia en France, surtout Kaliningrad pour la Russie

Enclave de Kaliningrad, révélatrice de l’évolution d’une perception de sonterritoire :Causes : au départ port russeVu de nos jours de façon différente par russes et européensLithuaniens conformément à Schengen sont en train de mettre en placepasseport et visa pour les russes qui passentEurope considère K. comme zone de non droit, de blanchiment d’argent// Rapport de l’UE qui propose de subventionner pour en faire un « Hong Kongeuropéen »

Russe : proposition de couloir en Lituanie, sentiment de dépossession

Habitants de Kaliningrad partagés entre inquiétude et attirance pour l’Europe

?? pb des « queues de poële »1 (Croatie et sa bande littorale autour deDubrovnik)

Nombreux dossiers dans les manuels de Première sur Yougoslavie : pas unhasard, car pose bien le problème des territoires et de la territorialisation

??? Les héritages liés à la frontière : les Sudètes, comme exemple de territoireapproprié par une communauté qui n’y habite plus.)

1 J. Alpini. De la naissance des territoires aux « queues de poêle » et autres écarts de forme. Mappemonde. Sept 2003.

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???? Pose à l’inverse le problème de l’Europe qui renforce la viscosité duterritoire…et donc le problème des régions transfrontalières qui se développent,souvent dans un sens économique mais aussi culturel

// Sentiments territorialistes : il faut défendre son territoire…

? Territoires aux limites plus floues, sans frontières : problèmes différents

Petits territoires :Communautés de communes. Pourquoi telle commune ne fait pas partie decette communauté là, mais d’une autre ?Pourquoi le parc régional s’arrête-t-il ici et pas là ?

Grand territoires : limites de l’Europe ? (UE : territoires ultra-périphériques)

? Ce qui pose tous les problèmes des territoires éclatés.

2 exs à deux échelles :

1/ Problèmes du tiers-espace1 : recoupe la notion de périurbain, mais termeintroduit par les sociologues(péri-urbain = espace appelé à rejoindre la ville, banlieue future en quelquesorte)30 % de la population française environBesoins urbains en termes de services urbains (Internet en milieu rural, gaz deville, transport) sans avoir les caractéristiques de densitécaractéristiques du milieu rural avec conflits de territorialité : problème de lagestion des exploitations agricoles dans les tissus demi-denses, gestion deschemins agricoles communaux

2/ Les grands espaces éclatés :Un territoire n’est pas forcément un espace uni.On peut citer les études de Joël Bonnemaison sur le Vanuatu2

Système d’îles éparses, et les gens ont un système de relations inter-îles le toutformant un espace social susceptible de coexister sur la même aire avec d'autresespaces sociaux déterminant d'autres groupesDonc pas le « pré carré », mais des systèmes d’espaces emboîtés

Mêmes remarques avec toutes pratiques nomades3. Sauf que la sédentarisationpose alors des problèmes : étude sur la création de la frontière Éthiopie –Érythrée : confrontation entre un territoire nouveau, celui des dirigeants, et unterritoire « d’en bas » qui est tout d’un coup disloqué,alors qu’il correspondait deplus à un imaginaire

1 M. Vanier : métropolisation et tiers-espace : quelle innovation territoriale ? Rencontres de l’innovation territoriale

2 Les fondements géographiques d’une identité : l’archipel des Vanuatu. Orstom 1996.

3 Colloque de 1995 « le territoire, lien ou frontière ». L’harmattan 1999

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Donc territoire notion complexe qui recoupe plein d’aspects politiques,économiques, mentaux mais aussi naturels

3/ Le discours de l'innovation territoriale

2 thèmes :- comment un espace se transforme peu à peu en territoire (les processus)

- Notion d’emboîtement de territoires. Quelles sont les spécificités desproblématiques en France ? du fait de l'emboîtement des territoires, les epcirecoupent la notion de pays

Mais là aussi à partir du concret, étude de cas2 cas qui s’opposent totalement : régionalisation et construction de territoire enFrance (ex de Rhône-Alpes) et régionalisation en Espagne

31/ Le cas de Rhône-Alpes, territoire en formation :

Exemple intéressant car il est à étudier sous deux angles : aspectterritorialisation et aspect polarisation

? État des lieux : est-ce un territoire ?Non pas complètement car Rhône-Alpes n’est pas une «région vécue» :

Résultat de trois-quatre sondages :

1) en 2001 45% des rhônalpins ne savaient pas à quelle région appartenait leurdépartement ! (33% nsp Et 12% croyaient qu’il appartenait à une autre région :PACA pour le sud de la Drôme et Languedoc-Roussillon pour l’Ardèche)1

2) Á la question « « d’où vous sentez-vous en premier lieu ? » Ils répondaienttrès majoritairement le département en milieu rural et la ville en milieu urbain

3) Á la question : l’Ardèche fait partie de Rhône-Alpes. Est-ce logique ?43.8 % des ardéchois répondent NonElle devrait faire partie de Languedoc-Roussillon à 30.9Auvergne et PACA arrivent ensuite

4) Á l’inverse, les habitants de l’Ain se disent majoritairement de RA sauf ceux dupays de Gex

Une remarque préalable : ce n’est pas la seule région à avoir ce problème.Les seules régions à fort sentiment régional sont des régions périphériques(Alsace, Corse, Bretagne) + DOM (mais là, le sentiment régional se confond avecle sentiment départemental, d’où les pbs d’échec du référendum…et à l’inverseles pbs de découpage de la Réunion en 2 départements) 1 Cf Atlas Rhône-Alpes et État de l’opinion. (Conseil régional 2001)

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Parenthèses méthodologiques :? nécessité du sondage (peut-être avec élèves)? Ce qu’on fait ici, c’est une approche différente de celle des réseaux urbains,car quand on regarde les réseaux urbains qui maillent Rhône-Alpes, attirancevers Lyon, mais également vers Marseille, plus que NîmesEt parallèlement, on peut dire que toute la région Rhône-Alpes est polarisée parLyon (même si rôle de Genève…On en reparle plus loin)

Du coup, avec la notion de territoire, on peut poser des problématiques qui nouspermettent d’échapper à la géographie inventaire (pourquoi, et avenir) :

? Pourquoi cette non-territorialisation?

Ca vaut le coup de voir de plus près, car ça montre bien les mécanismes :

3 types de raisons :? Création récente et inertie de la pensée : 1955, mais il faut attendre les loisDefferre de 1982 pour que ce soit une collectivité territoriale (inertie de lapensée : visible quand on voit que les gens parlent du Dauphiné ! …et unDauphiné qui fait autant allusion au Dauphin (une réalité vieille de 6 siècles) qu’àla journée des Tuiles.

?? Raisons liées au découpage qui ne correspond ni à l’histoire, ni à une unité detype paysage :

- Pas une région historique : Dauphiné et surtout Savoie. Mais de plus Lyonn’a jamais dominé cet espace : « Lyon, ville sans Prince ni Province ». Doncdifférent de Alsace par exemple

- De plus la religion n’a pas réussi à unifier ces territoires. Lyon la catholiquen’a eu que peu d’autorité sur les protestants installés de longue date dansla Drôme, le nord des Hautes-Alpes et l’Ardèche.

- Région constituée de milieux très divers : plaines de l’Ain, moyennesmontagnes du rebord oriental du Massif central et du Jura, hauts sommetsdes Alpes et la vallée du Rhône et de la Saône. Leur principal pointcommun est toutefois un certain cloisonnement des espaces etl’organisation d’une partie de la région autour de la vallée du Rhône. ? Pasle sentiment de l’unité au contraire par exemple de la Corse qui vit sur letriple sentiment de l’insularité, de la montagne et du cloisonnement. (plusbien entendu les particularismes culturels)Parenthèse méthodologique : on a avec ce questionnement un moyend’intégrer le milieu naturel

??? Raisons liées à l’absence d’une métropole unique :? ne correspond pas à la région lyonnaise (cf le sud de la Saône-et-Loire, qui

entretient de forts liens avec Lyon, n’est pas dans Rhône-Alpes)…aucontraire de Midi-Pyrénées qui est assez proche d’une grande régiontoulousaine

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? Contestation grenobloise qui souhaitait créer une région «Dauphiné» et dela Savoie, par exemple, rattachée à la France qu’en 1860 et qui a toujoursentretenu autant de relations avec Genève qu’avec Lyon.

? Gap (aujourd’hui dans PACA) demandait son rattachement, et toujours lecas de quelques communes

? Contrepouvoirs nombreux :o Zones d’influence d’autres villes : Marseille et même Toulouseo Concurrence de Grenoble : 2 académies, 2 journaux et le Dauphiné

grenoblois a plus de poids que le progrès de Lyono Encore plus compliqué au point de vue des cours d’appel : cours

d’appel de Grenoble, de Lyon, de Chambéry, et des espacespériphériques qui dépendent de Riom et de Nîmes

? Mais territoire en devenir : de plus en, plus de gens ont conscience de cetteappartenance. Donc territorialisation.

Du coup on pose le problème du comment :

? Approche politique : le rôle du conseil régional

Symbole : Le logo (les 8 départements en forme de sommet et traversés par leRhône) : 85% des gens savent identifier ce logo.(contradictoire avec l’idée qu’ilsne savent pas d’où ils sont)

Schéma régional d’aménagement et de développement du territoire (SRADT)qui fixe les orientations à long terme

Axé sur 4 « grands défis » qui recoupent des notions d’emploi, decompétitivité, d’environnement et d‘insertion européenne

Important car conforte une des images de la région : fort ancrage européen(Sondage réalisé en 2002 : « Imaginons Rhône-Alpes en 2020 »)

Bilan : action peut-être forte mais on lui apporte une reconnaissance commefabrique de territoire très secondaire. Seules compétences qu’on lui attribuespontanément : politique de transport (ter) à 41%, enseignement (30%),

les processus politiques de territorialisation sont toutefois bien plus faibles queles processus fonctionnels.

?? Approche fonctionnelle :

Région fonctionne par les flux qui créent le territoire peu à peu

Dans cette optique, il y a une différence d‘approche quand on rentre dans le sujetpar la polarisation ou par le territoire.

L’approche par les réseaux est plus une approche quantitative – quelle estl’importance des flux ?–, du coup une approche statique : on va caractériser,

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faire des cartes en étoile: on fait de l’analyse spatiale, qui va passer par uneschématisation, par une confrontation avec des modèles ou d’autres régions

Dans le cadre de géographie des territoires, cette analyse spatiale est moinsimportante que le « ressenti », que les pratiques quotidiennes

On ne fait pas le détail des flux, mais deux-trois idées :

? Par exemple, les travaux sur les zones d’emploi telles que caractérisées parl’INSEE1, qui divise le territoire non en flux, mais en zones d’attraction avec eslimites, en identifiant :

* Les zones attractives (surplus d’emplois) : Valence, Grenoble,Chambéry* Zones autonomes (80% des emplois viennent de la zone)* Zones dortoirs (Givors, Villard Bonot) déficit d’emplois* Zones d’échanges diffus, de type « brownien » : par exemple StRambert d’Albon, avec attirance multiforme de Valence, Lyon,Roussillon

(Une des nombreuses terminologies de l’INSEE qui ne correspond qu’en partie àcelle des aires urbaines, couronnes péri-urbaines..)

? Ce qui ensuite crée des flux, mais l’analyse des flux est secondaire

Donc pas d’opposition entre les 2 approches, mais une espèce decomplémentarité d’approche. On peut privilégier l’une ou l’autre.

?? Région fonctionne par son économie :

Économie pas détaillée ici (on pourrait le faire soit en procédant à un inventaireen vue d’expliquer les flux, soit en privilégiant une approche sociologique), maisen tout cas elle est créatrice de richesse …et donc du sentiment d’appartenir àune région riche :92% des rhônalpins identifient la région, à un endroit où l’on vit bien et 85% àune région particulièrement dynamique : mais sondages assistés2 (« commentcaractériseriez-vous Rhône-Alpes ?)

??? Région est un espace vécu par sa taille (on retombe sur le fait de pouvoiraller au chef-lieu en quelques heures grâce au réseau de transport

? Bilan : comment en France un territoire se constitue….

En France par en haut pour le découpage, puis les acteurs jouent par le bas dansce découpage, mais avec des règles imposées par l’État.Car ce qui a été dit peut être vu ailleurs en France.

1 Cf travaux de P. Dumolard, mais aussi P. Julien : mesurer un univers urbain en expansion (économie et statistiques 2000)2 Baromètre opinion Rhône-Alpes

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Nombreuses analyses de géographes1 sur les différentes régions, les plusétudiées étant celles de l’ouest de la France :

- réunion des 2 régions Normandie

- régions centre, pays de Loire et Bretagne à redessiner2 idées :* à court terme, région Centre qui voulait changer de nom, concurrenceavec pays de la Loire :* Ou alors supprimer région pays de Loire permet de réintégrer Nantes àla Bretagne et de faire un grand Val de Loire avec l’Anjou : propositionqui remonte à 1988. Relayée par A. Frémont : "Il faut faire le désossagede l'absurde région Pays de la Loire; cela rendrait à la Bretagne cequi lui revient, et peut-être bien que le Maine aurait autant de légitimitéà être rattaché à la Normandie qu'à être rattaché à Nantes".

32/ Á titre de comparaison, Rhône-Alpes vu sous l’angle des réseaux etde la polarisation

(Polarisation : attirance. Réseau : liens)

Remarque : étudier la polarisation suppose d’étudier plutôt la région lyonnaise(et pas Rhône-Alpes : elle déborde sur Bourgogne, et sur Auvergne) est une despremières à être étudiée en France dès la fin des années 1950

? Mais plus que la question de son cadre régional, c’est la présence de villes-relais qui est intéressante : St Étienne, Grenoble, Valence

Car ça permettait de mettre en application, de confronter avec la réalité, lesgrandes théories de polarisation et de réseaux :

- loi de Zipf (économiste américain des années 50) ou loi rang taille : la troisièmeville –St Etienne- a un poids démographique en gros 3 fois plus petit que Lyon) etqui fonctionnait en dépit du relief

- Région christallérienne avec un réseau maillé !Correspond aux théories de Lösch et de ChristallerWalter Christaller élabore, en 1933, la théorie des places centrales. Les villessont des places centrales offrant des biens et des services plus ou moins étendus.Il faut distinguer deux sortes de biens : les biens de base, qui font la spécificitéde telle ville et les autres, que l’on peut trouver dans d’autres places moinsimportantes. L’éloignement d’une ville engendre un coût supplémentaire pourcelui qui souhaite s’y procurer tel bien ou tel service : c’est la distanceéconomique. Le nombre et la taille des villes sont fonction de ces données etl’on peut distinguer sept niveaux de places centrales, du village à la métropolerégionale. En outre, pour un espace homogène, la disposition de ces placescentrales n’est pas aléatoire mais s’organise selon une mosaïque d’hexagonesemboîtés. 1 Cf colloque de Macon 2000.

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Lösch à la même époque aboutit indépendamment de Christaller aux mêmesconclusions, mais il rajoute le rôle de l’industrie(NB : ne pas oublier que c’étaient des géographes bien proches des nazis)

Présence d’un véritable système de villes en Rhône-Alpes (expression employéepar D. Pumain, tentative de synthèse entre ces théories) : Il comprend

o le réseau urbain (villes reliées par des axes sur lesquels circulent desflux)

o l’armature urbaine (pouvoir d’encadrement des villes sur leur espace,aires d’influence réciproques). Avec par exemple des concurrencesentre villes (Grenoble-Lyon), des emboîtements…

D’autant plus que l’on retrouve dans RA tous les types d’espace définis par lagéo : rural, urbain, urbain périphérique (ou tiers-espace)

? Ces phénomènes de polarisation peuvent être étudiés pour la région à plusieurséchelles :

- soit en fonction de leur originalité en France :Travaux de Damette et Scheibling1, qui font une analyse à l’échelle française :Carte présente dans tous les manuelsRégion RA =

? = région lilloise, mais plus petite en taille, et coincée par lafrontière pendant longtemps

? réseau fortement polarisé (Paris)? réseau linéaire (trottoir de la méditerranée)? réseau bipolaire (= pas de réseau)

? soit dans leur fonctionnement propre (étude des flux, des réseaux routiers enétoile…)

Intéressant pour la région lyonnaise, et souligné dès les années 1960 pour deuxraisons :

1/ car ne tient pas complètement véritablement compte du relief.

2/ Les sept niveaux de ville se retrouvent assez facilement en R-A, alorsconsidérée comme une grande région lyonnaise :

LyonGrenoble – Saint-ÉtienneValence- Annecy – ChambéryThonon - Romans - AltbervilleVoiron -PontcharraPetit bourgVillage

1 La France. Permanences et mutations. Hachette 1999

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Pas développé ici : grand classique, flux étudiés ici en les quantifiant (quelleimportance, quel avenir…)Mais plutôt voir quelles particularités remarquables :

? Rôle d’une grande ville extérieure et étrangère, qui bouleverse les flux :Genève- Annemasse (4° aire urbaine avant Annecy et Valence)

- Qui fait peser une concurrence en terme d’économie et surtout de fluxénormes.* Transports :

Les raisons des flux frontaliers dans le canton de Genève et en Haute-Savoie(46% des Suisses vont en France et 13% des Français vont en Suisse pour fairedes achats alimentaires), la vie sociale (49% des Suisses vont en France voir desamis et 37% des Français viennent en Suisse pour la même raison), et la culture(24% des Suisses vont en France et 35% des Français vont en Suisse pour cela)ou les loisirs en général.

Par exemple quel est le grand aéroport régional ? 8.5 millions de passagersà Cointrin contre 5.9 à Satolas en 2003Mais en train de changer :

* Restructuration des transports suisses sur Zürich* Développement de Lyon-Saint-Exupéry* Particularité des vols sur les dom

? L’aéroport est à la fois polarisant et créateur de territorialité

Frontaliers :- Regroupements transfrontaliers : région Léman Mont-Blanc géré par le conseildu Léman (2 départements et trois cantons suisses : Valais, Genève et Vaud)

2 priorités : développer un tourisme commun et renforcer l’identité

?? Rapport, voire la dépendance vis-à-vis autres territoires :

- Lyon, grande banlieue de Paris (TGV et polarisation renforcée par l’« effet Saint-Flour »).

- Échelle européenne : « Lyon, métropole incomplète ». Le schéma directeur dela communauté urbaine de Lyon « Lyon 2010 » insiste sur « la vocation d’unemétropole européenne généraliste »? Ce qui donne une clé d’entrée pour parler des réseaux transalpins. Bananebleue : ancrage européen renforcé avec liaisons transalpines : et Lyon se verraitbien au centre d’un nœud Milan-Lyon-Barcelone-Paris ?

??? Pose parallèlement le rôle du relief et des couloirs : relief joue quand mêmeet est quand même à prendre en compte dans l’optique de la polarisation :

- en favorisant concentration des flux dans l’axe PLM,- en créant des culs de sac (autoroute Grenoble-Sisteron)- rôle des transports transalpins, et choix du trajet : doit-on favoriser la

métropole intermédiaire (Grenoble) ou le trajet direct et Pontcharra ?

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Bilan : des problématiques particulières, mais là encore on a évité l’inventaire,on a mis les hommes au centre de nos préoccupations, relativisé le rôle du milieu

33/ Contrepoint : le cas de l’Espagne

Exemple pris pour deux raisons :- nombreux travaux actuels là-dessus1,- surtout car ça marche à l’inverse de la France. Donc un ensemble de

problématiques propres- et car le programme parle d’étudier le poids des Provinces en Espagne.

Cas différent de France car tradition nettement moins centralisé que France maisavec une période centralisatrice : franquisme. De plus revendications identitairesfortes (basques, catalans…) qui avaient été gommées sous le franquisme.

Donc si en France, on « créée du territoire », cas espagnol montre comment ontente d’encadrer ces territorialités.

1978 : constitution espagnole a créé « communautés autonomes » base actuelledu découpage régional, et qui prennent le relais des Provinces (marquées parhéritage franquiste, et auparavant utilisées au XIX° siècle par bourbons commemoyen de centralisation)

Cette constitution a été l’occasion d’un véritable débat en Espagne sur lacentralisation ou non, sur l’existence de « plusieurs nationalités »

? Particularité : communautés qui décidaient de leurs limites. Donc on estexactement dans la logique de territoire.

Délimitation de ces territoires a posé problème, car devait être décidée par lesprovinces elles-mêmes…et donc conflits et ne correspondait pas toujours avec lesvolontés des nationalistes :

- Navarre aurait pu appartenir à une grande communauté basque. Paysbasque fut d’ailleurs avec la Catalogne les premières communautésconstituées. Mais finalement Navarre se monte en communauté autonomeau début des années 1980 (territoire en creux : qui s’est constitué par rejetdu nationalisme basque, comme la Rioja)

- Même chose pour la Castille : grande castille (cœur de la nation espagnole)ou pas. Débat sur le centralisme. Finalement concurrence périphérique, lescommunautés de l’extérieur empiétant sur la Castille, et finalement pas derégion Castille, mais une Castille-Léon et une Castille La Manche

Finalement se mettent en place progressivement à partir de 1980

? Décentralisation économique et politiqueOriginalité et différence aussi avec France : c’est que certaines communautés ontdes pouvoirs, autonomie supérieure à d’autres.

1 Par exemple R.Ferras : l’Espagne. La documentation française 1989 ou K. Gabriel-Oyhamburu : la recompositionterritoriale de l’Espagne. R.G.A. 2000

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Communautés à autonomie lente et communautés à autonomie rapide, quinotamment lèvent les impôts (30% de l’impôt levé en Catalogne, la quasi-totalitéau pays basque)

De plus modèle évolutif : des communautés à autonomie lente peuvent rattrapercelles à autonomie rapide

Catalogne, Pays basque et Galicie : statut de nationalité historiqueEt elles ont un poids économique très fort (supérieur aux Länder allemand)

? Territoires en formation :Sondages montraient la territorialisation dès 1989 (c’est-à-dire 6-7 ans après leurmise en place)Á la question « d’où vous sentez-vous en premier lieu ? »La communauté autonome arrivait devant la Province et la commune enAndalousie, Galice et CatalogneEn revanche, loin, derrière la Province en Castille et Pays basque

Le tout s’ordonne avec un échelon inférieur (développement del’intercommunalité également) et dans un cadre européenEn comparaison avec France : autonomie plus grande, taille comparable

34/ La recomposition territoriale de la France d’ici 2020 du fait des epci1

Recomposition territoriale : processus politique qui vise à modifierl’architecture spatiale de la FranceEt toujours la particularité française de décision par le haut…

Des communautés urbaines existent depuis 1966 et des communautés decommunes depuis 1992 (loi Baylet), elles avaient peu intéressé les géographes.Tout change avec les epci

Les EPCI : Depuis 1999, la loi modifie et organise la coopération intercommunaleen créant les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), quiont des compétences et des obligations définies par la loi. On distingue plusieurstypes d’EPCI :

- les syndicats intercommunaux, dont les anciens SIVOM,- les Communautés urbaines, d’au moins 500 000 habitants,- les Communautés d’agglomération, qui regroupent au moins 50 000habitants autour d’une ville-centre d’au moins 15 000 habitants (ou autour d’unepréfecture), et ce sans enclave et sur un territoire d’un seul tenant,- les Communautés de communes pour les ensembles de plus petite taille,mais là aussi sur un territoire d’un seul tenant et sans enclave.

1 M. Vanier : recomposition territoriale : la voie française. L’information géographique. 2002

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// la loi de 1999 favorise les territoires cohérents, avec une « cohésiongéographique, culturelle, économique ou sociale »

Du coup, échelon, du pouvoir de plus, ce qui pose deux questions au géographe :

- question du découpage : on retrouve les anciens pays, concordance plus oumoins grande avec la vieille notion de « pays » : parfois complètementréinventé…du coup on crée un discours qui crée une identité

- question du rapport de ces échelons entre eux et du fait de savoir s’il n’y apas trop d’échelons

Contre-exemple : et s’il n’y avait pas assez de départements ? La bi-départementalisation de la Réunion.Un débat récurrent propose de couper l’île en deux départements, (St Deniscontre St Pierre ?) dans le but de remédier au déséquilibre entre le nord et lesud. En effet, les centres de décision et le pouvoir économique sont actuellementtous concentrés au chef-lieu, Saint-Denis, au nord. Mais les avis sont partagés etrecoupent des clivages politiques et locaux :

Quelques arguments

Pour la bi-départementalisation qui devrait permettre…- un meilleur aménagement du territoire- une meilleure répartition dans l’île des moyens publics- une amélioration des services de proximité pour le citoyen- une délocalisation de l’administration, par la délocalisation éventuelle de

l’Université

Contre la bi-départementalisation qui engendrerait…- un découpage contestable, source de tensions entre Réunionnais- la création de situations conflictuelles entre les collectivités territoriales- (dans une perspective libérale) un alourdissement des structures

administratives

Bilan : nouveau découpage est une réalité naturellement peu perceptible àl’heure actuelle, non appropriée, surtout que pas d’appropriation politique (on nevote pas) mais une simple appropriation fonctionnelle lente (déchets) mais quelavenir ?

Question : quelle architecture de la France à l’horizon 2020 ?

À l’heure actuelle 2000 epci et à court terme 3000 « epci» dont 150communautés urbaines.

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// Projet de la DATAR : superposer 300 « pays » intercommunautaires. (LoiPasqua de 1995, puis Voynet de 1999) ;Pas un échelon administratif, pas une collectivité locale, projet de développementlocal qui entraîne des solidarités en matière d’emploi, de services,d’environnement (donc but : de faire de l’aménagement du territoire par en bas.Terme à la mode : aménagement DES territoires) :

Chantier en cours, car compétences mal définiesSe structurent autour d’une charte de territoire

Mais du coup la lisibilité du territoire est moins grandeCe qui pose le double avenir des départements mais aussi des régions : vers 6 ou7 grandes régions ? MIIAT (missions interrégionales interministériellesd’aménagement du territoire) = même logique que les pays

Bilan ???

Conclusion : rapport territoire - polarisation

2 notions très différentes de la géographie traditionnelle et qui permettentd’échapper à la « géographie inventaire » et relativisent le poids du milieu naturel

Un espace polarisé peut aussi être un territoire, mais approche différenteAvec point commun : Quand on étudie les acteurs d’un territoire, on privilégieune approche fonctionnelle : organisation selon réseaux

// Les rapports avec le problème des données naturelles :On peut l’étudier en termes de e ressources et de contrainte pour le milieu…quiest « entre nature et société »- Ressource culturelle pour les communautés (Chalosse, Chamonix), ressourceéconomique- Pose le problème des acteurs : gérées par qui (parcs, acteurs économiques :aménagement), au profit de qui (à qui sont les Grands Montets?), de quel projet(préservation, utilisation économique ?)

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Bibliographie :

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