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LA PAROLE EST UN ACCÉS À L’UNIVERSALITÉ.
PARLER, C’EST ÊTRE,
AU SENS PROPRE DU TERME.
Philippe MEIRIEU
LA PAROLE EST ACCÉS AU SYMBOLIQUE.
LE SYMBOLIQUE N’EST PAS L’IMAGINAIRE.
Philippe MEIRIEU
LA PAROLE EST LE MÉDIATEUR PRIVILÉGIÉ
DANS LA CONSTRUCTION DU RAPPORT SOCIAL.
Marie-Christine PRESSE
LA PAROLE EST UN ACTE D’EXPRESSION DE
SOI, UNE PRISE DE RISQUE, UN VÉHICULE QUI SERT
À PÉNÉTRER LE MONDE, UN VECTEUR D’ÉMOTION,
D’AFFIRMATION ET DE DÉCOUVERTE DE SOI ET
DES AUTRES.
Jean-François VINCENT
Président National de l’OCCE
Congrès Fédéral d’Arras, Introduction
C o n t e … C o n t e u r … C o n t e r … C o n t e … C o n t e u r … C o n t e r … C o n t e … C o n t e u r … C o n t e r … C o n t e … C o n t e u r … C o n t e r …
Le mot « conte » apparaît en Français au 12
ème siècle, en rela�on avec le verbe « conter », qui lui-même est
rela�f au terme la�n « computare » qui est à la base du verbe « compter ». Ce terme appar�ent à une famille de
mots construits à par�r de « putare » signifiant « émonder les arbres » et / ou « apurer un compte », d’où : ju-
ger, penser …
Ce n’est qu’à par�r du 14ème
siècle, que le terme « compter » se spécialise dans le sens de calculer. Conter,
était à l’origine, « relater un fait en énumérant ses diverses circonstances ». Le conte est donc défini comme un ré-
cit situé dans un temps et un lieu indéterminés, un récit simple, transparent et opaque : sa simplicité est donc
trompeuse.
On pressent très vite que ce récit ingénu dissimule des significa�ons importantes ; on sent confusément
qu’il dit autre chose que ce qu’il dit. Comme le rêve, il se présente avec un contenu manifeste qui dissimule le con-
tenu latent.
Littérature orale : La li1érature orale recueille les récits de fic�on invariables dans leurs fonds (mais ils peuvent varier dans
leur forme), anonymes, et transmis oralement. Les genres de la li1érature orale sont : le mythologie, l’épopée, la
légende, le conte, le chant, les fables, mais aussi … les proverbes, les dictons, les virelangues ..
Oralité : Oraliser, c’est dire ou lire un texte à haute voix. Le conteur n’oralise pas. Le récit qu’il donne n’est pas l’ap-
pren�ssage par cœur d’un texte qu’il a lu. Le récit qu’il délivrez est une re-créa�on à par�r d’une structure narra-
�ve.
Orature : L’orature est l’ensemble des textes donnés oralement, et qui ont une visée éthique et esthé�que.
Le mot « orature » est un mot ancien qui avait disparu au 16ème
siècle, et qui a été réu�lisé ensuite. Au
19ème
siècle, Paul Sébillot le remplace par l’expression « li1érature orale », mais ce terme semble impliquer un pas-
sage par l’écriture, ce qui ne convient pas à l’orature, dont les textes sont improvisés et/ou transmis sans passage à
l’écriture. En effet, beaucoup de conteurs dans le monde en�er, sont analphabètes, ce qui ne les empêche pas de
dire des textes de valeur.
Symbole : Le symbole est polysémique. C’est une mise en dynamique … un être, un objet, une image qui figure une
idée abstraite. Ainsi, la forêt peut être un lieu de refuge ou un endroit où l’on se perd. Le lion peut renvoyer au cou-
rage ou à l’agressivité.
Le conte et les jeunes enfants
Le conte a aujourd’hui, dans notre société, une image enfan�ne, voire infan�le. Mais ini�alement, le conte était un
texte pour adulte. Il y a des niveaux différents de compréhension ... et sans doute un certain rapport, entre
les adultes / les enfants ; les classes cul�vées /les classes populaires ; les riches / les pauvres. (Guy Prunier, Con-
teur)
Raconter est un acte simple, sans doute culturel, et ... assurément social puisqu’il réunit.
Le conte parle du monde pour nourrir la vie, car il recons�tue, reconstruit, propose des solu�ons, donne du
sens aux choses ... L’homme lorsqu’il parle aurait tendance à vouloir convaincre. Le conteur n’a pas pour voca�on
de convaincre, mais plus simplement de faire voir, de donner à imaginer, de faire naître ou nourrir des rêves.
"Une des principales causes de l’échec scolaire est une maîtrise insuffisante de la langue. Les textes de la
tradi�on orale sont un ou�l précieux et efficace pour aider les enfants à acquérir le lexique, les structures gramma-
�cales et les figures stylis�ques qui leur manque. Ils leur perme1ent aussi de développer une pensée sub�le, et leur
ouvre l’accès à la culture et aux savoirs." (Chris�an Montelle)
A travers le conte, l'enfant fait l'appren�ssage de l'intégra�on sociale. Be1elheim l'explique en ces termes :
"Pour qu'une histoire accroche vraiment l'a1en�on d'un enfant, il faut qu'elle le diver�sse et qu'elle éveille sa cu-
riosité. Mais pour enrichir sa vie, il faut en outre qu'elle s�mule son imagina�on., qu'elle l'aide à développer son
intelligence et à voir clair dans ses émo�ons, qu'elle soit accordée à ses angoisses et ses aspira�ons, qu'elle lui fasse
prendre conscience de ses difficultés tout en lui suggérant des solu�ons aux problèmes qui le troublent."
Dans les histoires pour de jeunes enfants, les méchants sont punis, parfois même éliminés ; les bons sont ré-
compensés ; le faible peut l'emporter sur le fort s'il trouve des alliés ou fait preuve d'intelligence. On assiste au
triomphe du courage, de la tolérance, de l'amour. Tout est bien qui finit bien ... Car l'enfant a besoin d'une morale
simple et adaptée pour l'aider à reconnaitre le Bien du mal, et "trouver l'éthique qui sou�ent son désir de s'iden�-
fier à un héros" (Françoise Dolto). C'est ainsi que l'enfant puisera ses forces pour affronter ce qui l'a1end, même si
ce doit être : la violence, la malveillance, la jalousie, la rivalité, l'injus�ce.
Si l'on nourrit les enfants d'histoires, si l'on accepte de leur redonner celles qu'il préfèrent et réclament, leur
univers sera enrichi, leur imagina�on s�mulée, et leur langage évoluera. Car les histoires encouragent les enfants à
accroître leur bagage lexical, et à a1eindre le niveau de langage explicite du récit.
"Le conteur diver�t et fait rêver, tout en faisant comprendre l’expérience humaine et susciter la réflexion.
Mais les contes ouvrent aussi les portes de l’imaginaire, et font du conteur, un « passeur vers d’autres ailleurs » et
vers un autre temps.
Les élèves que nous trouvons dans nos classes, sont riches d’une histoire intérieure et porteurs de conflits
et de désirs. Ils passent leur temps à fabriquer de l’imaginaire dans les jeux pour donner du sens à ce qui les en-
toure.
Conter, c’est naviguer sur l’océan des mots. « Il était une fois » … suit ce qui était, et précède … ce qui se-
ra." (Henri Cazaux)
ASSOCIATION DÉPARTEMENTALE DES PYRENÉES ORIENTALES
OCCE : Autonomes
& Solidaires
Les arts et la parole
Le temps
Le plaisir
La jouissance
La technique
(Son et
lumière)
Projet
Coopératif Les décors
Les costumes
Les objets
La musique
La danse
La voix
Le chant
Le monde du
spectacle
Le spectacle du
monde
(Apprendre à voir
et à écouter)
Le texte
L’improvisation
Le corps
(DOSSIERS COOPÉRATIFS N°4)
La jouissance : plaisir d’écouter
avec ses oreilles, son coeur et son
âme
Le produit
fini
Communicable
à l’autre
DOSSIERS COOPÉRATIFS N°4
Types de textes ou comment classer les textes selon leurs fonctions et leurs caractéristiques
Types ou classes Fonctions et
caractéristiques
Exemples
Ecrit
Exemples
Oral
NARRATIF - raconter
- distraire, émouvoir
- former, enrichir
• Se déroule dans le temps
(chronologie)
- conte, roman, récit de vie,
chronique, biographie…
- fait divers
- fable...
- conte, histoire, récit
- entre�en libre
- reportage, fait divers...
DESCRIPTIF - inséré dans d’autres écrits, pré-
sente des personnages, des lieux,
des objets
- isolé (pe�tes annonces, cata-
logues…)
• Se réfère à l’espace
- pause descrip�ve dans le récit
- é�que1e
- �cket
- pe�te annonce
- ….
- pause descrip�ve dans un
débat, une interview, un expo-
sé
- communica�on téléphonique
(commande)
- ...
INFORMATIF
EXPLICATIF
- porteur d’informa�ons sensées
être ignorées du des�nataire
• Objec�vité, effacement de
l’éme1eur
- très proche mais plus pédago-
gique; souci de faire comprendre
- répond aux ques�on : pour-
quoi? Comment?
- ar�cle
- encyclopédie
- livre
- manuel scolaire
- rapport
- compte rendu
- mémoire
- publicité (affiche, presses…)
- exposé
- conférence
- enquête
- interview
- débat
- message sur répondeur
- publicité (radio)
- ….
INJONCTIF - conseiller
- faire faire
- aider
- me1re en garde
• U�lise l’impéra�f, l’infini�f
• Ordre chronologique, lo-
gique
- consigne, rece1e, mode d’em-
ploi, ordonnance
- jeu
- ...
- instruc�on, recommanda�on,
consigne
- jeu
- ...
ARGUMENTATIF - convaincre
- faire partager son point de vue
- persuader, jus�fier en u�lisant
des arguments, en en réfutant
d’autres
• Nombreux connecteurs
- essai, éditorial
- tract, publicité, affiche
- fable
- courrier des lecteurs, droit de
réponse, le1re
- conte philosophique, disserta-
�on
- discussion, débat
- discours, plaidoirie, accusa-
�on
- publicité, démarchage com-
mercial
- dispute, contesta�on, récla-
ma�on, négocia�on...
Types ou classesTypes ou classesTypes ou classesTypes ou classes Fonctions Fonctions Fonctions Fonctions
et caractéristiqueset caractéristiqueset caractéristiqueset caractéristiques
Exemples Exemples Exemples Exemples
EcritEcritEcritEcrit
Exemples Exemples Exemples Exemples
OralOralOralOral
POÉTIQUE - u�liser toutes les ressources de la
langue
- émouvoir
- établir des liens
- jouer avec les connota�ons
• Se caractérise par un écart pho-
nique, rythmique, syntaxique,
lexical, avec la prose
- poème, chanson
- jeu de mots
- slogans poli�que ou publici-
taire
- jeu poé�que
- ...
- texte lu, dit, chanté
- improvisa�on
- jeu oral
- ...
CONVERSATIONNEL
OU
DIALOGAL
- échanger
- dialoguer
- dialogue dans le récit
- pièce de théâtre
- ...
- conversa�on, communica-
�on téléphonique, interview
- discussion, débat
- négocia�on, entre�en
- improvisa�on, jeu de
rôles ….
RÉFLEXIF - réfléchir, penser
- s’auto-évaluer
- me1re à distance
- analyser
• Métalangagier, métacogni�f
- note
- commentaire
- journal
- carnet de bord
- aide-mémoire méthodolo-
gique
- grille méthodologique
- ….
- entre�en
- pause méthodologique
- évalua�on forma�ve
- bilan
- ….
LIRE
ET
COMPRENDRE
COMPÉTENCE
TEXTUELLE
ÉCRIRE
PARLER
DIRE
ÉCOUTER
ET
COMPRENDRE
Comment développer la communica�on orale ? DOSSIERS COOP ÉRATIFS N°4
LA PAROLE EST ÉGALEMENT LE VECTEUR QUI
PERMET LA PRODUCTION DE NORMES SOCIALES,
DE RÈGLES, DE LOIS …
C’EST PAR ELLE QUE SE TISSENT LES
RELATIONS, QUE SE PRENNENT LES DÉCISIONS
QUI NOUS PERMETTENT DE VIVRE ET D’AGIR
ENSEMBLE (…)
LA PAROLE (…) EST LE VECTEUR D’APPRENTISSAGES
RELATIONNELS ET SOCIAUX.
Jean-François VINCENT
Entre
Ce que je pense ,
Ce que je veux dire ,
Ce que je crois dire ,
Ce que je dis ,
Ce que vous avez envie d’entendre ,
Ce que vous croyez entendre ,
Ce que vous entendez ,
Ce que vous avez envie de comprendre ,
Ce que vous comprenez ,
Il y a dix possibilités
qu’on ait des difficultés
à communiquer.
Mais essayons quand même ….
B. WEBER
Les contesLes contesLes contesLes contes
Voyagent et se transmettent par la bouche de conteuses et de conteurs
Qui eux-mêmes les tiennent d’autres conteurs,
qui s’en souvenaient de veillées d’antan.
Ou bien, ils se dissimulent dans des ouvrages
Qui depuis des générations ont recueilli et conservé
les trésors de la tradition orale
Venus de la nuit des temps et du monde entier.
Tout conteur n’est qu’une voix,
Qui, avec ses propres paroles et sa sensibilité,
Transmet ces trésors,
Afin qu’on ne les oublie jamais.
Transmettre les contes est la preuve que leur passage continue de vivre.
C’est donc un devoir de les raconter.
D’après Michel BOURNAUDMichel BOURNAUDMichel BOURNAUDMichel BOURNAUD
Contes du Jardin
(Editions Hesse)
Le renouveau du conte en France (et ailleurs), a permis de faire émerger
de nouvelles pra�ques culturelles et de nouveaux répertoires. Des conteurs, ici ou
là exercent une fonc�on de « passeurs culturels » et contribuent, par leur noma-
disme, à la circula�on de la parole et des imaginaires. Le conte est aujourd’hui re-
devenu un art vivant qui traverse les fron�ères, se faisant le représentant de
genres, de cultures et de généra�ons diverses. (Nadine Decourt)
Une des principales causes de l’échec scolaire est une maîtrise insuffisante
de la langue. Les textes de la tradi�on orale sont un ou�l précieux et efficace pour
aider les enfants à acquérir le lexique, les structures gramma�cales et les figures
stylis�ques qui leur manque. Ils leur perme1ent aussi de développer une pensée
sub�le, et leur ouvre l’accès à la culture et aux savoirs. (Chris�an Montelle)
Le conteur diver�t et fait rêver, tout en faisant comprendre l’expérience
humaine et susciter la réflexion. Mais les contes ouvrent aussi les portes de l’ima-
ginaire, et font du conteur, un « passeur vers d’autres ailleurs » et vers un autre
temps.
Les élèves que nous trouvons dans nos classes, sont riches d’une histoire
intérieure et porteurs de conflits et de désirs. Ils passent leur temps à fabriquer de
l’imaginaire dans les jeux pour donner du sens à ce qui les entoure.
Conter, c’est naviguer sur l’océan des mots. « Il était une fois » … suit ce
qui était, et précède … ce qui sera. (Henri Cazaux)
« Les histoires, au-delà des appren�ssages postérieurs qu’elles facilitent,
perme1ent à l’enfant de se cons�tuer un stock d’images mentales, qui développe
son imaginaire, dont une des fonc�ons est d’assumer l’absence.
S’entendre raconter une histoire, c’est vivre un moment où l’on vous donne
quelque chose, sans vous demander de répondre à des ques�ons, ni d’exécuter
une consigne.
Une autre retombée pédagogique concerne l’écoute, pour construire
l’écoute de l’autre (point important de la pédagogie de l’oral à la maternelle).
Ecouter l’autre est un signe de socialisa�on.
Ecouter, pour un enfant signifie se taire. Or, se taire, est très difficile. Le si-
lence risque, pour lui, d’être synonyme de perte, de vide intérieur. Pour supporter
le vide psychique, il faut avoir intériorisé des présences (images parentales, ou
images d’histoires, de personnages, qui peuvent apporter des sa�sfac�ons imagi-
naires, des images contradictoires, qui perme1ent de sa�sfaire l’ambivalence des
sen�ments de l’enfant).
Seul, l’imaginaire, pour le pe�t enfant, est le garant de l’accepta�on du si-
lence. Cela lui permet d’a1endre, de différer. »
Chantal BOLOTTE, Professeur à l’université de Nantes,
(a travaillé sur le « devenir élève »)
Pour beaucoup d’enfants, l’âge de la scolarité à l’école maternelle est la seule période de leur vie pendant la-
quelle on leur aura raconté des histoires ! Après, c’est beaucoup moins fréquent : on a autre chose à faire !
Et pourtant …..
Qu’est-ce qu’entendre (ou raconter) une histoire ?
C’est un moment où l’on donne quelque chose sans demander des réponses à des ques�ons … ni d’exécu-
ter une consigne, ni d’effectuer un exercice : C’est gratuit ! L’adulte donne quelque chose à l’enfant sans rien
demander en échange : lorsqu’on apprend à lire aux enfants, c’est pour qu’ils puissent ensuite lire seuls, et c’est
très bien ! Mais cela sous-entend un inves�ssement à long terme. Le conte, c’est quelque chose que l’on fait
pour eux seulement, pour qu’ils reçoivent ac�vement, sans rien demander en échange.
Entendre raconter une histoire, c’est aussi le plaisir des mots !
Aimer raconter et aimer entendre raconter, c’est se livrer au plaisir de la parole, à celui des mots qui sont
là pour cela, qui ont de jolies sonorités et qui font naître, bizarrement des émo�ons et des images dans la tête.
( C’est le plaisir qu’on aura plus tard avec les romans et les poèmes )
C’est encore la capacité de ressen�r des émo�ons à par�r de choses, dont on sait bien (ou dont on s’en
doute) qu’elles n’existent pas. Ce1e capacité n’est pas donnée à la naissance ! Capacité de se délecter, se réjouir
ou s’a1rister… C’est aussi jouer avec des images mentales, qui peuvent différer d’un individu à l’autre pour la
même histoire, contrairement aux images de la télévision.
C’est enfin la parole pour autre chose que la vie pra�que, pour se livrer ensemble à quelque chose qui
n’est ni visible, ni u�le… juste pour le plaisir de penser ensemble aux mêmes choses.
Le « merveilleux », c’est tout ce qui dans une histoire ne pourrait exister dans la réalité, mais c’est peut
être aussi tout ce qui est beau et qui nous émerveille.
Le conte est un domaine privilégié où la réflexion de l’adulte procure à l’enfant un plaisir intellectuel à son
niveau.
Le monde actuel mul�plie les technologies nouvelles, modernes, fascinantes; les programmes scolaires et
les courants pédagogiques entrainent de plus en plus les enfants et les jeunes vers l’abstrac�on, la rigueur de la
pensée scien�fique… Tous ces ou�ls de pensée sont précieux et efficaces mais ils excluent la nuance, l’entre-les-
lignes, le sous-entendu, le clin d’œil, la connivence, la contradic�on.
Le conte donne aux enfants une provision de fantaisie, d’humour, de poésie. Ne nous privons pas de leur
raconter des histoires, nous les aiderons ainsi à mieux appréhender et comprendre le monde.
OCCE du Rhône Conte et Tradi�on orale
Quelques conseils pratiques :
LECTURE— CONTE :
Il y a une différence entre lecture et conte :
Quand il lit, le lecteur choisit son rythme ; il peut s’arrêter, revenir en arrière, recommencer une phrase…
Le livre introduit un écran, une barrière entre le lecteur et l’auditeur ! (s’il s’agit de deux personnes dis�nctes).
De plus, les illustra�ons du livre contrarient l’imagina�on de l’auditeur, créant une « réalité » qui ne peut
être celle que celui-ci se construisait intérieurement dans le fil de l’histoire.
Le conte écrit n’a pas nécessairement besoin de dialogues : il est fait pour être lui (il est important alors, que le
lecteur ne le lise que pour lui).
Par contre, le conte dit a besoin de dialogues quand on l’écoute.
Lorsqu’on écoute un conte, on peut donner corps au conte, en imaginant ce qui s’est passé, en faisant
comme si on y était…
Le plus simple est sans doute de raconter au présent !
C’est plus simple et plus vivant. S’il est besoin d’un passé, u�liser plutôt le passé composé (éventuellement
l’imparfait). Le passé simple est un temps de li1érature (donc fait pour être lu).
Eviter les : « il dit », « elle ajoute », « il répond » …. Le conteur est la bouche qui exprime ce que disent les per-
sonnages du conte.
RECIT— CONTE
Il ne faut pas confondre récit et conte :
Le récit se situe dans la narra�on,
Le conte se situe dans la vie.
Pour raconter, il faut installer les personnages devant le conteur, c’est-à-dire, entre le conteur et le public.
Ne pas hésiter à nommer les héros : cela allège le (ra)contage.
Il faut oser être lent quand on raconte ;
Et ne pas avoir peur des silences.
Ne pas se crisper sur les mots; tendre vers des images.
LÉGENDE - CONTE :
Le conte est intemporel. Les personnages ont une existence floue.
Quand ils sont nommés, leur prénom est banal : Marie, Jean …
Dans une légende, l’histoire est datée et localisée. La légende naît d’une par�cularité historique, géographique
ou géologique.
SAVOIR et INTUITION :
Le conteur est un « découvreur » de forêt, puisque le conte est une forêt !
Le conteur ne se situe pas dans un savoir, mais dans une intui�on.
« Le savoir est l’époux, la saveur est l’épouse, et leur fille est la vérité »
Henri GOUDAUD, Les dits de Maitre Shonglang, Seuil.
Raconter, c’est aussi oser se taire.
Il y a plusieurs sortes de silences :
- celui qui permet de laisser venir l’image,
- celui qui permet au public d’arriver là où est le conteur, là où est l’histoire,
Il y a aussi les silences d’invite… de connivence… de reconnaissance ;
Il y a celui qui prévient : « a1en�on, il va se passer quelque chose »,
ce silence permet d’amener un suspens…
Il y a aussi celui pendant lequel le conteur se ressource…
Il ne faut pas avoir peur du silence :
il permet à chacun de se situer,
de trouver ses images personnelles,
de respecter le rythme de l’histoire...
Avant de raconter, le conteur se doit de :
- récapituler (en 30 secondes, et pour lui), toute l’histoire : les noms, les lieux, les passages obligés, les objets
par�culiers, la chanson ou la rece1e ou la formule magique …
- installer l’histoire devant lui,
- puis, il laisse ensuite l’histoire venir vers lui (au fur et à mesure qu’elle avance vers lui, il oublie tout et ne
fait que traduire en mots, les images qui se présentent à lui : il raconte le film !)
- se trouver dans une réelle envie de partager ce qu’il aime avec les gens qu’il aime (c’est ce qui donnera de
l’authen�cité à son conte !)
Aussi, il est calme, concentré à regarder son conte. Il raconte tout ce qu’il voit. Il finit ses phrases, même si ce qu’il
va dire parait évident; et il ose répéter ce qu’il a déjà dit si les choses se répètent.
La vie du conte est dans le mouvement, le dialogue, l’échange : il faut donner le plus possible la parole aux person-
nages de l’histoire, c’est ainsi que le conte paraitra vivant.
A1en2on aux 2cs verbaux et/ou sonores !
Tics sonores : claquements de la langue, raclements de gorge….
Tics verbaux : donc…, et puis…, alors…
La ges2on des oublis :
Eviter de dire « j’ai oublié de vous dire... »
Essayer de faire un retour en arrière naturel dans le déroulement de l’histoire.
OCCE du Rhône Conte et Tradi�on orale
Le conteur a plusieurs ou�ls :
le conte, sa voix, son regard, ses gestes …
Il se doit donc d’être sobre !
Ce n’est pas la peine d’en rajouter
Et de risquer ainsi de parasiter l’imaginaire de l’autre !
Il faut susciter, pas imposer !
L’HOMME, le CONTE et le MOT
ont suffisamment de points communs pour se rencontrer
et avoir des choses à faire ensemble !
Ils ont tous les trois trois corps :
- le corps physique
- le corps mental
- le corps émo2onnel
L’homme Le conte Le mot
Corps physique Le corps, le physique
comme son nom l’indique
Les mots Le son
Corps mental Le raisonneur
Le ques�onneur
Le penseur
Le grincheux ...
Les sens répondant aux
ques�ons du mental de
l’homme.
La défini�on
Corps émo�onnel Les sens
Les mémoires sensi�ves
L’intui�f
Le créa�f
L’effet produit et l’éveil pro-
bable (et souvent incons-
cient) des mémoires an-
ciennes
(« Je le savais, mais j’avais
oublié que je le savais! »)
Ce que le mot suscite dans le
corps émo�onnel de
l’homme, qui nourrit l’émo-
�onnel du conte.
DES CLEFS POUR ENTRER DANS LE CONTE :
En France et dans les pays celtes,
le conteur u�lise souvent « Il était une fois ... »
Dans les pays arabes, on dit :
« Que mon conte soit beau et se déroule comme un fil ... »
En Turquie, on dit :
« Quand le temps était dans le temps,
Quand les chameaux jouaient à la balle,
Quand le crible était dans la paille,
En ces temps-là ... »
Au Moyen Orient :
« Au-delà des 7 terres, et des 7 mers... »
Mais il y a aussi des formules plus personnelles :
« Ni sans doute, ni peut-être ... »
« L’antan, c’était l’antan,
Aujourd’hui, c’est un autre temps ... »
« Les sourds des deux tympans porteront la nouvelle aux absents,
Et les aveugles des deux yeux feront voir aux boiteux,
L’endroit où s’est passé le jeu ... »
Classement des contes
(par genres)
Contes mythologiques
(nos racines)
Contes merveilleux
(nos rêves) Ils proposent des solu�ons et se terminent toujours bien.
A la différence du héros mythologique, le héros d’un conte merveilleux n’existe que pendant ce1e quête. Les
contes merveilleux comportent des éléments constants et symboliques : forêt, eau, feu, certaines couleurs …
(Cf. Morphologie du conte Vladimir PROPP)
Contes é2ologiques
(notre chemin) Ils sont sources d’enseignement; ils expliquent … pourquoi les choses du monde sont/vont
ainsi.
Contes d’aver2ssement
(lois de vie et de mort)
Contes facé2eux (farces)
Contes d’animaux
Contes de mensonges
Contes– Randonnées (jeux de nourrices?)
Mais aussi …. Contes …. religieux,
scatologiques,
fantas�ques,
de science fic�on
Virelangue
Pie niche haut,
Oie niche bas. Natacha
Mais où hibou niche? N’attacha pas son chat Pacha
Hibou niche ni haut ni bas ! Qui s’échappa
Cela fâcha Sacha
Qui chassa Natacha !
Chat vit rôt,
Rôt tenta chat … Six chats chauves sont assis
Chat mit patte à rôt. Sur six souches
Rôt brula patte à chat, De sauge, sèches.
Patte à chat quitta rôt !
Quatre coquets coqs
Croquaient en caquetant
Tas de riz, tas de rats Quatre croquantes coquilles.
Tas de riz tentant,
Tas de rats tenté !
Tas de riz tentant tenta tas de rats tentés.
Tas de rats tentés tâta tas de riz tentant.
Latte otée, trou y a-t-il? Hans en chasse a sa chance
Latte otée, trou il y a. Si son chat chasse aussi.
Latte remise, bouché trou !
Quand un cordier cordant, veut sa corde accorder,
Pour sa corde accorde, trois cordons il accorde.
Mais si l’un des cordons de corde décorde,
Le cordon décordant fait décorder la corde !
Virelangue Ah pourquoi Pépita
Sans répit m’épies– tu ?
Ma riche amie Marie Dans les bois Pépita
N’a ni amie, ni mari Pourquoi te tapies– tu ?
Vous savez sa vie Tu m’épies sans pitié
Son père mort marin à Marmara C’est piteux de m’épier
Sa mère remariée Maharané de Kamarani De m’épier Pépita
Son parrain est à Marennes Pourrais– tu te passer !
Sa marraine est à Pavie
N’enviez pas sa vie. Mur usé
Trou s’y fit Au bout du pont
Rat s’y mit. La cane y coud
La poule y pond.
Kiki était cocotte et Coco concasseur de cacao.
Kiki la cocotte aimait beaucoup Coco le concasseur de cacao.
Or un marquis caracolant caduque et cacochyme, conquis par les coquins quinquets de
Kiki la cocotte offrit à Kiki la cocotte un coquet caraco kaki à col de caracul.
Quand Coco le concasseur de cacao s’aperçu qu’un marquis caracolant, caduque et
cacochyme, conquis par les coquins quinquets de Kiki la cocotte avait offert à Kiki la
Cocotte un coquet caraco kaki à col de caracul,
Coco le concasseur de cacao conclut : je clos mon caquet, je suis cocu.
Si ton tonton tond ton tonton, ton tonton est tondu Ane et ver et taupe ont-ils os?
Ane a os, ver non, taupe si.
Petit pot de beurre
Quand te dépetitpotdebeurreriseras– tu ? Les laitues naissent elles?
Je me dépetitpotdebeurreriserais Yes, mes laitues naissent.
Quand tous les petits pots de beurre
Se dépetitpotdebeurreriseront. Qu’a bu l’âne au lac?
L’âne au lac a bu l’eau.
Une bien bonne vieille bouteille de bien bon vin blanc vieux.
RÉDUCTION
D’UN MESSAGE ORAL
Dans un message transmis oralement, le récepteur est touché par le VERBAL et le NON VERBAL. Le
récepteur est sensible pour 7% aux mots u�lisés, pour 56% à l’apparence physique, au regard, aux
gestes et pour 37% par la voix.
ÉMETTEUR RÉCEPTEUR
Ce qu’il sait
Ce qu’il veut dire 100%
Ce qu’il dit vraiment 80%
Ce qu’il entend
60% (perturba�ons sonores,
physiques, stress…)
Ce qu’il écoute
50% (tout ce qui n’est pas ses
centres d’intérêt)
Ce qu’il comprend
40% (son interpréta�on,
ses jugements…)
Ce qu’il re�ent
20% (les premiers et derniers mots,
la tonalité affec�ve…)
Ce qu’il va appliquer, u�liser
10% (ce qui le concerne…)
BIBLIOGRAPHIE
CONTES DE TOUS LES PAYS
Contes des quatre vents Natha Caputo - Fernand Nathan
Histoire merveilleuse des 5 con�nents (3 vol.) Ph. Et Ré Soupault - Poket Junior
L’arbre à Soleils Henri Gougaud - Seuil PointP304
L’arbre aux trésors Henri Gougaud - Seuil PointP361
L’arbre d’amour et de sagesse Henri Gougaud - Seuil Point360
Le conteur amoureux Bruno de la Salle - Casterman
365 contes pour tous les âges Muriel Boch - Gallimard
365 contes de gourmandises Luda - Ha�er
365 porte bonheur Giorda et Muriel Boch - Ha�er
365 devine1es, énigmes et menteries Muriel Boch - Ha�er
Les enfants, contes de l’Europe Casterman
Fées et Sorcières, contes de l’Europe Casterman
Rois et Reines, contes de l’Europe Casterman
Mille ans de contes (plusieurs volumes) Milan
Contes et légendes (plusieurs volumes) Gründ
Les plus beaux contes des conteurs Syros
Cœur de conteurs Syros
Collec�on Parole de conteur Syros
CONTES DE FRANCE
Contes merveilleux des pays de France (2 vol.) Dagmar Fink - Iona
Trésor des Contes (6 vol.) Henri Pourrat - Gallimard
Contes Charles Perrault - Poche n° 6767
Contes du chat perché (bleu et rouge, 2 vol.) Marcel Aymé - Folio
Contes de la mort Jean Markale - Albin Michel
Contes du Lundi Alphonse Daudet - Poche n° 1058
7 contes Michel Tournier - Folio n° 264
Laïs de Marie de France Marie de France - Poche n° 4523
CONTES DE SAGESSE
Le cercle des menteurs Jean-Claude Carrière - Plon
Le bol et le baton, 120 contes zen Deshimaru - Albin Michel
Contes hassidiques J.L. Peretz - Stock
Les contes de Rabbi Nachman Mar�n Buber - Stock
Le Mesveni, 150 contes soufis Rùmi - Albin Michel
Sagesses et malices de Nasreddine, le fou… Jihad Darwiche - Albin Michel
OUVRAGES D’INTERET GENERAL
Psychanalyse des contes de fées Bruno Be1elheim - Poche n° 8342
La pe�te fille dans la forêt des contes Pierre Péju - Laffont
L’archipel des contes Pierre Péju - Laffont
Pe�t Poucet deviendra grand, le travail du conte Pierre Lafforgue - Mollat éditeur
Encore un conte ? Le pe�t chaperon rouge à l’usage des adultes Cl. De la Guénardière - PU Nancy
Ce que disent les contes Luda Schnitzer - Le sorbier
Magie des contes Lily Boulay - Colin Bourrelier
Miroir des contes Lily Boulay - Colin Bourrelier