La Passion de Juhayman - L'art de lier les savants au Terrorisme

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Le 20 novembre 1979, Juhayman Ibn Saif al-‘Utaybi s’empare de la Grande Mosquée de la Mecque avec 400 rebelles. Durant deux semaines, ils prennent en otage plus de 50 000 musulmans et massacrent près de 250 pèlerins. Vingt ans plus tard, l’attentat sanglant d’al-‘Utaybi sera exploité par un grand nombre d’« islamologues » opportunistes qui vont réécrire l’histoire du siège dans une tentative de démontrer que « l’idéologie » des grands savants du XXe siècle a nourri les idées qui ont produit Juhayman et les membres de la « rébellion mecquoise », un phénomène qui, selon eux, allait plus tard faire naître al-Qaïda. « La Passion de Juhayman - L’art de Lier les Ulémas au Terrorisme », contient une analyse détaillée des calomnies et propos diffamatoires de différents « spécialistes de ‘l’Islam » à l’encontre des membres les plus respectueux de la communauté musulmane. L’étude démontre comment ces chercheurs ont perpétré une série d’infractions déontologiques pour pouvoir mettre en corrélation les ulémas contemporains au terrorisme...

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  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

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    En novembre 1979, Juhayman al-Utaybi sempare de la Grande Mosque de la Mecque avec 400 rebelles. Lopration fait 250 morts et prs de 600 blesss.

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    La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    e 20 novembre 1979, quelques semaines

    seulement aprs la fin du Hajj, le khariji

    saoudien Juhayman Ibn Saif al-Utaybi sempare de la Grande Mosque de la Mecque avec un groupe de plus de 400 rebelles. Durant deux

    semaines, ils prennent en otage plus de 50 000

    musulmans lintrieur de lenceinte du Haram al-Sharf. Lopration finit en bain de sang faisant 250 morts et prs de 600 blesss, la plupart des victimes

    sont des plerins et des membres

    des forces de scurit

    saoudiennes.

    Lacte terroriste dal-Utaybi et ses adeptes fut justifi par leur

    conviction que Mohammed al-

    Qahtani, le beau-frre de

    Juhayman, fut le Mahdi auquel

    les musulmans devaient prter

    allgeance au pied de la Kaba1. Pour rsoudre la crise, les

    dirigeants saoudiens mobilisent

    les savants du pays. Sheikh

    Abdul-Aziz Ibn Bz met une

    fatwa autorisant une intervention

    militaire dans la Mosque

    Sacre. Le 3 dcembre, lassaut est lanc et les plerins assigs

    finissent par tre librs.

    Juhayman et son commando se

    font capturer et plus tard

    dcapiter2. Son beau-frre, le

    Mahdi prsum, mourut dj lors des premiers jours

    du sige.

    Manhattan, deux dcennies aprs la rbellion

    mecquoise de Juhayman al-Utaybi, les trois tours3 du milliardaire juif Larry Silverstein seffondrent dans leur assise. Le inside job du 11 septembre 2001 entraine un vritable boom dans lindustrie de lislamophobie dont vont largement profiter les islamologues et les spcialistes du monde arabe.

    1 Plus prcisment entre la pierre noire et Maqm Ibrahm 2 lexception des rebelles qui navaient pas utilis darmes lors du sige, ceux-ci ont t emprisonns. 3 Il sagit des tours WTC 1, 2 et 7.

    Des fonds dmesurs sont dbloqus pour financer la

    guerre contre le terrorisme et ouvrir

    officiellement la chasse aux barbus. Du jour au

    lendemain, un nombre impressionnant dhistoriens, anthropologues et sociologues sont promus

    spcialistes de lIslam et commencent rdiger des analyses scientifiques pour alerter le monde

    sur le danger rampant du fondamentalisme

    islamiste et de l intgrisme salafiste .

    Le chercheur qui se veut

    objectif ne peut maintenir une

    crdibilit intellectuelle en

    sattaquant directement lIslam. Pour luder ce problme, les islamologues

    recourent deux astuces

    tactiques. Lune se dploie dans la guerre terminologique avec

    une manipulation lexicale pour

    dissimuler, voir justifier, le

    discours islamophobe des lites

    franaises. La deuxime astuce

    moins subtile consiste cracher sur les ulmas avec une

    salive envenime qui, en ralit,

    est destine la religion

    musulmane. Cest par le biais de cette propagande honte qui

    se rpand sous couvert de

    recherches sociologiques quils ont fini par suspecter tous les

    musulmans orthodoxes dtre de potentiels terroristes imprgns dune croyance kharijite.

    Ce nest donc pas en 1979, mais partir de septembre 2001 quun nombre non ngligeable de chercheurs opportunistes issus de la mafia

    islamologiste ont pu exploiter les fonds de recherche

    scientifique pour rcrire lhistoire de Juhayman al-Utaybi4. Lobjectif de leurs analyses consiste dmontrer que lidologie des grands savants de

    4 Les islamologues ont coopr, dans plusieurs dizaines de livres et

    darticles sur Juhayman, avec les militants libraux du monde arabe, qui avaient dj tent, en vain, dexploiter laffaire de Juhayman pour sattaquer lIslam.

    L

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

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    Les islamologues ont rcrit lhistoire de Juhayman dans une propagande insidieuse pour dmontrer la culpabilit idologique des savants de son poque.

    cette poque a nourri les ides qui ont produit

    Juhayman et les membres de la rbellion

    mecquoise , un phnomne qui, selon eux, allait

    plus tard faire natre al-Qada.

    AL-ALBANI LE MUHADDITH DISSIDENT

    Un des chercheurs dont les crits ce sujet sont

    caractriss par une absence totale de scrupules est

    l expert du salafisme Stphane Lacroix qui sest spcialis dans la prsentation danalogies trompeuses entre le terrorisme et les grands savants

    contemporains de lIslam.

    Dans son livre La rbellion

    mecquoise 5, Lacroix compile

    une srie de tmoignages

    recueillis chez des libraux

    saoudiens et des tmoins

    prsums anonymes6.

    Louvrage a pour but de mettre en corrlation directe les

    savants majeurs du XXe sicle

    lattaque terroriste contre la Grande Mosque de la Mecque

    en 1979, attentat que Lacroix

    dcrit comme une des

    oprations les plus

    spectaculaires de lhistoire du militantisme islamiste 7.

    En 2003, le professeur Lacroix sest rendu pendant plusieurs mois en Arabie Saoudite aprs avoir

    recouru la ruse pour sy faire inviter8. Ce qui devait initialement tre une tude historique de lattentat de Juhayman sest trs vite transform en prtendu fouilles idologiques pour ensuite finir en

    campagne diffamatoire contre trois savants

    5 Le livre, initialement crit en anglais, a t traduit en arabe par un

    militant libral en Arabie et est sa 2e dition. 6 Les crits de Lacroix sont bonds de sources inconnues comme

    un ancien islamiste , un ancien membre des No Ahl al-

    Hadith , un ancien disciple de Sheikh al-Albani , etc. 7 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, The Meccan

    Rebellion , p.18 8 Le parrain de Stphane Lacroix est Gilles Kepel qui lui fournit

    tous les moyens (financiers et autres) pour effectuer ses recherches.

    Sciences Po, cest Gilles Kepel qui dcide qui crit quoi pour les recherches lies lIslam. Il est impossible pour un chercheur dentreprendre un voyage de recherche ou de sortir un livre sans laccord et lagrment de Kepel qui contrle le monde des recherches sur lIslam et de ses sectes comme un dictateur paranoaque. (Source : entretien avec un employ de linstitution de Sciences Po qui souhaite rester anonyme)

    contemporains: Sheikh Ibn Bz, Sheikh al-Albani et

    Sheikh Moqbil al-Wdii. Le message principal vhicul par Lacroix est celui dune idologie attribue aux trois savants qui aurait nourri la

    croyance dviante de Juhayman qui, son tour, allait

    tre une source dinspiration pour le terrorisme contemporain.

    Le tmoin principal dans ltude du professeur Lacroix se nomme Nsir al-Huzaymi, un ancien

    adepte de Juhayman quil a frquent entre 1976 et 1978 et qui, aprs tre pass dune extrmit lautre, sest converti au libralisme9. Les articles

    dal-Huzaymi dans les journaux arabes rvlent

    clairement son inculture

    gnrale, sa mythomanie et son

    ignorance de la religion

    musulmane10. partir de 2003,

    ce libral dcomplex exploite

    son passe avec Juhayman pour

    discrditer les savants sunnites

    et, last but not least, empocher

    un joli pactole. Bien qual-Huzaymi soit rput pour tre

    un personnage non crdible,

    Stphane Lacroix sest entretenu avec lui plusieurs

    reprises pour toffer sa

    recherche avec un complot

    terroriste dont seraient

    complices les ulmas.

    Le professeur Lacroix commence sa thse en

    clamant que le groupe JSM11 duquel taient issus les membres du groupe terroriste de Juhayman avait t fond dans les annes 1960 par des

    disciples de Sheikh al-Albani12 (1914 1999). Dans un autre article, il mentionne de manire explicite

    que les enseignements dal-Albani formaient la base

    9 Nsir al-Huzaymi a pass huit ans de prison o il aurait entrepris

    une recherche spirituelle. Selon Lacroix, ceci lui aurait permis de dlaisser ses convictions islamistes et de devenir un

    intellectuel libral . 10 Nsir al-Huzaymi mentionne, pour ne citer quun exemple, que la raison pour laquelle les Salafis portent leurs qamis jusquau mi-tibia est pour se distinguer des gens du mouvement de la Sahwa.

    Al-Huzaymi semble ignorer quil sagit dune sunna prophtique. 11 Abrviation de al-Jama al-Salafiya al-Muhtasiba 12 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, The Meccan

    Rebellion , p.10

  • La Passion de Juhayman

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    Aprs stre converti au libralisme, Nsir al-Huzaymi a exploit son pass avec Juhayman pour discrditer les ulmas et lancer sa carrire journalistique.

    idologique du groupe JSM duquel surgiront les

    rebelles de Juhayman13.

    Dautre part, Lacroix tente de consolider les liens supposs entre Sheikh al-Albani et les rebelles

    mecquois avec une citation de Nsir al-Huzaymi qui

    prtend que le JSM organisait des cours avec Sheikh

    al-Albani dans les tentes de Mina pour les adeptes de

    Juhayman14.

    Trs ambitieux, le professeur ne se contente pas des

    allgations dal-Huzaymi et dcide de broder lui-mme sa nouvelle affabulation

    mystifiante, question de brouiller

    les pistes pour rvler par la suite

    l'instar dun Sherlock Holmes de l'islamologie lintrigue de la connexion salafo-terroriste . Sans citer de

    tmoin ni mme mentionner une

    source quelconque, Lacroix

    accuse Sheikh al-Albani davoir visit rgulirement Bayt al-Ikhwan, le quartier gnral du JSM dans les banlieues de

    Mdine, pour y donner des

    confrences15.

    Dans plusieurs passages de son

    livre sur lattentat de 1979, Lacroix va jusqu prtendre que Juhayman fut un tudiant de

    Sheikh al-Albani et que les deux furent trs proches

    lun de lautre. Cest ainsi que le chercheur Kepeliste dduit que le groupe de Juhayman fut influenc en

    particulier par lidologie de lcole Ahl al-Hadith de Sheikh al-Albani16.

    Voil pour le rquisitoire lac dress pas Nsir al-

    Huzaymi et Stphane Lacroix qui semblent ignorer

    que Sheikh al-Albani stait, son poque, dj dfendu contre ces accusations calomnieuses portes

    par des libraux arabes qui se sont acharns

    entacher sa rputation:

    13 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, Rejectionist

    Islamism p. 4 14 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, The Meccan

    Rebellion , p.60 15 Ibid, p.49 16 Ibid, p.22

    Dune part, ceux qui ont perptr lattentat contre la Mosque de la Mecque saffiliaient la Salafiya. Dautre part, il a t suppos quils faisaient partie de mes lves. Si ces gens-l faisaient partie de la

    gnration de personnes qui ont tudi chez moi

    lpoque o je fus professeur de Hadith lUniversit Islamique de Mdine il y a maintenant quinze ans17, alors on aurait pu dire quils ont t duqus par Sheikh al-Albani et quils faisaient partie de ses tudiants. Mais ces gens-l ne mont jamais rencontr l-bas Plus tard, je me suis rendu deux reprises en Arabie, une fois pour la

    Omra pendant le mois du

    Ramadan et une fois pour le Hajj.

    Cest l quils sont venus me voir un jour ou deux pendant une heure

    ou deux, pas plus. Et cest pourquoi certaines personnes ont

    suppos quils faisaient partie de mes lves. Ceci est un exemple

    sur lequel sapplique le verset Et nul ne portera le fardeau

    d'autrui. 18

    En effet, les adeptes de Juhayman

    al-Utaybi nont rencontr Sheikh al-Albani qu une ou deux reprises, pendant une heure ou

    deux, pas plus19. Comment est-il

    alors possible que le sheikh soit

    parti dans leur QG pour y donner

    des confrences ? quel moment

    les adeptes de Juhayman auraient-ils pu organiser

    des cours avec le sheikh Mina ? De plus, sils nont vu le sheikh que pendant quelques heures, comment

    ces rebelles auraient-ils pu tre ses tudiants ?

    Comment le sheikh et Juhayman auraient-ils pu tre

    trs proches lun de lautre ? Mais avant cela, comment al-Huzeymi a-t-il pu prtendre que le

    groupe JSM avait t fond par des disciples de

    Sheikh al-Albani ? Et surtout, comment Lacroix a-t-

    il eu laudace de dire que les enseignements du Muhaddith albanais formaient la base idologique du

    JSM ?

    17 Sheikh al-Albany fut professeur lUniversit Islamique de Mdine entre 1961 et 1963. 18Ecouter laudio ici 19 Sheikh Moqbil mentionne que, lors de ces quelques rencontres

    avec le Muhaddith albanais, plusieurs adeptes de Juhayman ont

    dlaiss leur croyance takfiriste ( Al-Maghraj min al-Fitna ,

    p.125) Ceci prouve bien que si Sheikh al-Albani avait eu une

    influence sur eux, elle ne put tre que positive.

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

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    Sheikh al-Albani explique dans sa Silsila al-Ahdith al-Dafa que lgarement du groupe de Juhayman tait d leur ignorance profonde de la religion.

    Le fait de sasseoir de temps autre au cours dun sheikh, de lire ses livres ou de participer ses

    confrences ne veut nullement dire quon est considr comme tant son lve. Un tudiant est

    suppos sinstruire en sasseyant durant une longue priode auprs de son sheikh qui lui enseigne

    plusieurs livres de faon rigoureuse. Or, Juhayman et

    ses adeptes taient des faibles desprit Nsir al-Huzaymi en est dailleurs la preuve vivante qui nont jamais tudi la science religieuse auprs dun savant quelconque. Dans sa Silsila al-Ahdith al-

    Dafa , Sheikh al-Albani explique justement que la cause

    de lgarement du groupe de Juhayman fut leur ignorance

    profonde de la religion :

    Une des causes de

    lgarement du groupe de Juhayman qui a caus la fitna

    du Haram al-Makki, fut leur

    double ignorance20 21

    Si on veut lier l'attentat des

    suiveurs de Juhayman Sheikh

    al-Albani pour le simple fait que

    ces premiers se soient assis

    quelques fois dans un cours du

    sheikh, il faut galement porter

    la mme accusation contre tous

    les savants saoudiens qui

    enseignaient des cours et auxquels assistaient les

    rebelles de temps autre. De plus, Juhayman al-

    Utaybi et ses adeptes ntaient pas du tout connus pour tre des tudiants en science religieuse comme

    laffirme al-Albani :

    Les gens qui ont suivi Juhayman taient des faibles

    desprit, des sots et des gens malveillants. Plus tard, Allah a mis fin leur fitna aprs quils aient fait couler le sang dun grand nombre de musulmans. Oui, Allah a dbarrass Ses serviteurs de leur

    mal. 22

    Toutes les paroles de Sheikh al-Albani lies

    laffaire de Juhayman ont bien entendu t ngliges pas Stphane Lacroix qui sest entt donner la

    20 C.--d. quils ne savant pas tout en tant ignorant quils ne savent pas. 21 Mohammed Nsir al-Din al-Albani, Silsila al-Ahadith al-Daifa Wal Madoua wa Atharouha al-Sayyi fil Umma , Vol.4, p.423 22 Ibid, Vol.5, p.235

    version de ses frres libraux. Noublions pas que le professeur travaille dans un milieu o les articles

    liant les musulmans orthodoxes au terrorisme rapportent gros.

    Le problme avec Nsir al-Huzaymi est quil a tellement menti quil a fini par semmler les pinceaux. Pour tablir un autre lien fallacieux entre

    al-Albani et Juhayman, al-Huzaymi a prtendu dans

    certains journaux arabes que Juhayman fut tudiant

    lUniversit de Mdine23. Or, dans le livre de Lacroix il rclame que

    Juhayman na pas t plus loin que la quatrime anne de

    primaire24 du fait quil ne savait pas lire25. Comment quelquun qui na pas obtenu son diplme denseignement primaire et qui ne savait pas lire, aurait-il pu

    sinscrire dans une universit aussi prestigieuse que celle de

    Mdine ?

    Dans au moins cinq articles et

    deux livres, Lacroix a li de

    faon systmatique le savant

    albanais au terroriste Juhayman.

    Il na pas rdig un article sur Sheikh al-Albani sans y avoir

    mentionn lassaut de la Grande Mosque en 1979 de mme qu'il

    na jamais crit sur lattentat de Juhayman sans qu'il n'ait fait mention de Sheikh al-Albani afin

    dexpliquer le contexte idologique de lattentat. Nanmoins, il est vrai que sans lier Sheikh al-Albani

    au terrorisme, les articles de Lacroix sur Juhayman

    al-Utaybi nauraient trs probablement jamais t publis. Nen doutez pas, pour russir dans le monde de lislamologie, il faut servir des articles avec une bonne sauce terreur-naise, cest celle que Gilles Kepel savoure le plus

    23 Ghata Juhayman , interview avec Nsir al-Huzaymi, al-Majalla (journal libral arabe situ Londres) 24 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, The Meccan

    Rebellion , p.13 25 Juhayman ne savait en effet pas lire, certains disent quil fut dyslexique, dautres disent quil fut illettr.

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    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

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    Dans son analyse de lattentat de Juhayman al-Utaybi, Olivier Da Lage fait preuve dune malhonntet intellectuelle patente.

    IBN BZ ET LES REBELLES LOYAUX

    Le deuxime savant que les islamologues ont

    massivement diffam dans lhistoire de lassaut du Haram al-Mekki est Sheikh Abdel Azz Ibn Bz

    (1910 1999). Cest nouveau le professeur Lacroix qui commande le bataillon lac dans cette offensive

    contre lancien Mufti quil taxe de pape Wahhabite dans certains de ses articles.

    Selon Lacroix, le JSM a pu se dvelopper sous la

    protection dIbn Bz qui aurait accept dtre le guide suprme de lorganisation26. Cette allgation est nouveau

    base sur un tmoignage de Nsir

    al-Huzaymi qui prtend que le

    sheikh ne voyait aucun mal dans

    les brochures renommes de

    Juhayman qui dnonaient la

    dcadence des dirigeants du

    pays27. Al-Huzaymi va mme

    jusqu proclamer que lancien Mufti aurait ajout des annotations

    dans ces brochures en question28.

    Imaginez-vous, un grand savant

    comme Sheikh Ibn Bz faire les

    annotations dune brochure qui critique le gouvernement qui

    lemploie dans les hautes sphres religieuses. Il est connu que le

    sheikh ne faisait que des annotations douvrages rdigs par des auteurs connus pour leur science et

    leur intgrit, deux qualits que Juhayman, de toute vidence, ne possdait pas.

    nouveau, plusieurs questions surgissent. Comment

    se fait-il que jusqu ce jour, on nait pas retrouv un seul exemplaire de cette fameuse brochure avec les

    annotations de Sheikh Ibn Bz qui tait pourtant

    imprime en grande quantit selon Nsir al-

    Huzaymi ? Et pourquoi ce mme al-Huzaymi a-t-il

    attendu le dcs de Sheikh Ibn Bz pour dbiter cette

    histoire absolument invraisemblable ? En effet, les

    morts ne peuvent pas se dfendre, mais les comptes

    se rgleront le Jour Dernier.

    Le professeur Lacroix se sert galement des propos

    de certains libraux arabes pour imputer une doctrine

    26 Stphane Lacroix et Thomas Hegghammer, The Meccan

    Rebellion , p.49 27 Ibid, p.16 28 Ibid, p.16

    kharijite aux savants du Najd. Selon ces libraux,

    Juhayman aurait fait revivre des concepts

    importants29 des savants Wahhabites de la ligne

    dure du 19e sicle comme Suleyman Bin Abdillah

    l-Sheikh et Hamad Ibn Atq.

    Le chercheur qui souhaite propulser sa carrire en

    bruitant des calomnies doit tre cohrent dans son

    discours, faute de quoi il risque un jour dtre dmasqu. Cest une leon qui pourra profiter Olivier Da Lage, un spcialiste du Moyen-Orient

    qui fait preuve de malhonntet intellectuelle en

    colportant des contrevrits avec

    une maladresse crasse. Dans un

    article sur la prise de la Grande

    Mosque de la Mecque, il rclame :

    Aprs avoir quitt la Garde

    Nationale, Juhayman suit deux

    annes durant les cours de

    luniversit islamique de Mdine o il est llve de Sheikh Abdelaziz Ibn Bz. 30

    Premirement, Juhayman na jamais suivi de cours lUniversit de Mdine tout comme il na jamais mis les pieds dans un

    lyce31. Le deuxime problme est

    que Sheikh Ibn Bz na jamais enseign lUniversit Islamique de Mdine, bien qu'il y fut recteur durant neuf ans32. Donc, si nous

    avons bien compris, Olivier Da Lage veut faire

    croire ses lecteurs que Juhayman, qui ne savait pas

    lire, a tudi une universit dans laquelle il ne sest jamais inscrit chez quelquun qui ny a jamais enseign, et cela pendant deux ans. Une

    analyse remarquable qui dmontre une fois de plus le

    brio intellectuel des pseudo-experts franais.

    29 Parmi ces concepts, selon Stphane Lacroix, se trouve celui du

    Wal wa al-Bar (lalliance et le dsaveu) qui est un concept que les islamologues attaquent avec ferveur et que les libraux

    arabes cherchent abolir ( The Meccan Rebellion , p.17). Pour

    Gilles Kepel, le Wal wa al-Bar est une passerelle vers le terrorisme. La croyance du Wal wa al-Bar fait intgralement partie de la religion musulmane, mais doit tre comprise selon la

    comprhension des Salafs et non selon celle de Juhayman. 30 Olivier Da Lage, Il y a quinze ans : La prise de la Grande

    Mosque de La Mecque 31 Mme Stphane Lacroix reconnait que Juhayman na jamais tudi luniversit. Voir The Meccan Rebellion , p.13 32 En 1961, Sheikh Ibn Bz fut nomm recteur de lUniversit Islamique de Mdine. Il a maintenu ce poste jusquen 1970.

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

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    Selon Lacroix, Sheikh Moqbil na pas pu participer lattentat de Juhayman en 1979 du fait quil fut expuls de lArabie un an avant.

    Olivier Da Lage poursuit son analyse avec une

    lgende qui est digne dun scnario hollywoodien:

    Juhayman fait imprimer au Kowet plusieurs

    pamphlets dnonant la corruption des dirigeants.

    Ce regain dactivisme lui vaut dtre arrt avec 98 de ses disciples pendant lt 1978, un an avant laffaire de La Mecque. Sheikh Abdelaziz Ibn Bz participe aux interrogatoires. Juhayman et son

    groupe lui doivent dtre relchs aprs six semaines de dtention: "Ce sont des musulmans gars, mais

    loyaux", a tranch le vieux Sheikh qui juge

    inadmissible quon puisse emprisonner des tudiants en thologie. 33

    Sheikh Ibn Bz se serait donc

    invit lui-mme dans les

    interrogatoires policiers de

    personnes qui imprimaient

    des brochures dnonant la

    corruption des dirigeants dans

    le but de les faire relcher. Et

    cela une poque o il fut

    prsident du conseil pour la

    recherche islamique. Mais de

    qui se moque-t-on ? Et de

    quelle source Da Lage a-t-il

    recueilli ces propos

    dconcertants dIbn Bz o il aurait dit : ce sont des musulmans gars, mais

    loyaux . Il sagit dune citation attribue perfidement lancien Mufti pour la simple raison quil est inconcevable que Sheikh Ibn Bz qualifie de loyaux des gens qui se rebellent en dnonant la

    corruption des dirigeants. Rajoutons cela que cette

    parole suppose est introuvable dans luvre immense du sheikh qui regroupe toutes ses paroles,

    crites et orales.

    Finalement, lassertion dOlivier Da Lage comme quoi le vieux Sheikh jugeait inadmissible quon puisse emprisonner des tudiants en thologie , est

    galement errone, vu que Sheikh Ibn Bz lui-mme

    en a emprisonn plus dun (Safar al-Hawli, Salmn al-Awda etc.) 34.

    33 Olivier Da Lage, Il y a quinze ans : La prise de la Grande

    Mosque de La Mecque 34 Il est trs probable que Da Lage a calqu ces contrevrits, sans

    aucune vrification pralable, du livre Inside the Kingdom de

    Robert Lacey, un journaliste anglais qui est connu pour sa flagrante

    mythomanie et sa haine abjecte contre les musulmans orthodoxes.

    Si Da Lage souhaite recourir au mensonge pour

    stigmatiser les rfrences de lIslam et assouvir sa haine des barbus , il ferait mieux de mentir avec

    modration afin de conserver une certaine crdibilit.

    En effet, lart de lier les savants musulmans au terrorisme en leur attribuant des tudiants qui, en fin de compte, ne lont jamais t, jouit dune grande vogue dans le monde de lislamologie35.

    MOQBIL LE TERRORISTE CHANCEUX

    La croisade de Lacroix et ses acolytes ne sarrte malheureusement pas l. Aprs avoir train dans la boue kharijite deux grands savants que les no-

    Khawrij eux-mmes

    considrent comme apostats,

    la mafia islamologue sen est pris au Muhaddith du Ymen,

    Sheikh Moqbil Ibn Hdi al-

    Wdii (1933 2001).

    Stphane Lacroix, toujours

    gonfl dun orgueil indomptable, rclame haute

    voix:

    Sheikh Moqbil al-Wdii fut assez chanceux d'avoir t

    expuls de l'Arabie en 1978,

    raison pour laquelle il n'a pas particip lattentat de Juhayman en 1979 36

    Notre professeur Sciences Po dclare, sans aucune

    retenue, que Sheikh Moqbil na pas pu participer lattentat barbare de Juhayman dans lequel ont t massacrs 250 musulmans parce qu'il fut expuls

    de lArabie un an avant . Voici bien une accusation directe de terrorisme contre un des savants

    contemporains les plus connus et respects.

    Stphane Lacroix nest pas sans savoir que Sheikh Moqbil sest distanci de Juhayman et ses adeptes

    35 De la mme manire, Stphane Lacroix a fallacieusement attribu

    Sheikh al-Albani deux tudiants qui taient des figures cls dans

    le mouvement jihadiste saoudien qui ont t arrtes et

    emprisonnes aprs les attentats la bombe en mai 2003

    (Stphane Lacroix Al-Albanis Revolutionary Approach to Hadith , ISIM Review 21, p. 7). Les deux personnes en question

    nont jamais tudi auprs du Muhaddith albanais. (Voir Les Fables de Lacroix , p. 35) 36 Stphane Lacroix Al-Albanis Revolutionary Approach to Hadith , ISIM Review 21, p. 7

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    8

    Parmi les rebelles de Juhayman se trouvaient de nombreux membres du groupe al-Takfr wal Hijra , un lment crucial qui a t infirm ou nglig dans les tudes des islamologues.

    avant leur garement37. Cette sparation fut prcde

    de plusieurs conseils de savants. Dans une assise

    Mdine, les sheikhs Moqbil, Hamd al-Ansri et

    Abu Bakr al-Jaziri ont essay de convaincre Juhayman de ne pas se dissocier des gens de la

    Sounna et de ne pas former un groupuscule sous le

    nom de Jamat al-Dawa . Mais Juhayman refuse de suivre le conseil des gens de science et se

    proclame indpendant38. Cet isolement prcipitera

    son garement qui se soldera

    par le massacre dun grand nombre de plerins39 dans le

    lieu le plus sacr de lIslam.

    Il est vrai qu une poque, Sheikh Moqbil condamnait le

    traitement svre des

    dirigeants saoudiens envers

    Juhayman et son groupe et

    voyait que ce fut une cause de

    leur marginalisation40. Le

    sheikh privilgiait une

    approche dans laquelle le

    gouvernement envoie des

    savants ngociateurs aux rebelles apprentis pour

    les convaincre de revenir de leur garement41. Une

    autre cause, selon al-Wdii, qui les a pousss commettre lattentat est linfluence de takfiris gyptiens qui ont radicalis le groupe aprs stre joint eux42. Le fait que les autorits aient trouv un

    grand nombre dgyptiens membres du groupe al-Takfr wal Hijra parmi les rebelles de Juhayman,

    37 Sur sa sparation avec Juhayman, Sheikh Moqbil dit: Lorsque

    jai dcouvert quelle tait la voie (relle) que suivaient Juhayman et ses adeptes, je les ai rprouvs. Je me suis spar de lui depuis la

    publication de ses brochures. (Audio du Sheikh) 38 Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Al-Maghraj min al-Fitna , p.125 39 Massacrer les musulmans est une caractristique qui est propre

    la secte des Khawrij. Le Prophte a dit en dcrivant les

    Khawrij: Ils tuent les musulmans et laissent tranquille les gens

    didoltrie (Sahh al-Bukhri, no 3344 et 7432) 40 Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Al-Maghraj min al-Fitna , p.126 41 Les savants de lIslam stipulent que - dans certains cas et sous certaines conditions - il est permis de dbattre avec les Khawrij

    pour les aider sortir de leur garement. Dans son Sahh, lImam al-Bukhri a un chapitre intitul Taaluf al-Khawrij wa Adam Qitlihim (Concilier les Khawrij et ne pas les tuer) ce qui

    indique que dans certains cas les Khawrij ne sont pas combattus

    par les armes, mais par les preuves claires issues des textes

    religieux. Cest ce qua fait, entre autres, le Compagnon Ibn Abbs

    Hrra (en Iraq) o il a dbattu avec les Khawrij. Aprs ce

    dbat historique qui est dtaill dans les livres de hadith et

    dhistoire, 4000 parmi les 6000 kharijites sont revenus la comprhension correcte de lIslam. Cest dans ce contexte que doit tre comprise la parole de Sheikh Moqbil. 42 Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Al-Maghraj min al-Fitna , p.127

    confirme parfaitement la parole de Sheikh Moqbil. Il

    sagit dun lment crucial qui dmontre comment un groupuscule isol a pu tre repris par le

    mouvement kharijite. Ltude de cette empreinte takfiriste est indispensable pour comprendre

    lemprise idologique exerce sur le groupe de Juhayman. Or, elle est entirement infirme ou

    nglige par les islamologues du fait que sa

    confirmation invalidera leur thse dune influence doctrinale des savants

    majeurs sur les rebelles.

    Moqbil Ibn Hdi al-Wdii a toujours considr le groupe

    de Juhayman comme des

    bught43 et a fermement condamn leur attentat dans

    lequel ils ont perptr une

    srie importante de pchs

    majeurs44.

    En sachant cela, comment

    Stphane Lacroix a-t-il eu

    laudace de prtendre que Sheikh Moqbil aurait particip lattentat de 1979 s'il n'avait pas t expuls un an avant ? Le

    professeur est bien conscient que le sheikh est

    aujourdhui dcd et que les membres de sa famille nont nullement la possibilit de poursuivre en justice un professeur europen qui a diffam un

    dfunt parmi leurs proches. En contrepartie, Lacroix

    na pas de problme faire appel l'institution Sciences Po pour introduire une plainte afin dexiger la fermeture du site de rponse son gard et de

    menacer juridiquement ceux qui dvoilent son

    incomptence45. Le professeur Lacroix, serait-il

    davis que son honneur et ses sentiments soient suprieurs ceux des familles des ulmas quil

    43 Al-Bught sont des musulmans qui se rvoltent contre

    lautorit du gouverneur musulman en ayant une fausse interprtation et dans le but de renverser le pouvoir tabli. Ils sont

    uniquement appel bught sils reprsentent une certaine force et puissance. 44 Sheikh Moqbil mentionne le port darmes dans les lieux saints, le massacre de musulmans et le khurj contre un gouverneur

    musulman, des pchs qui sont dautant plus graves du fait quils ont t commis dans un mois et un lieu sacr. ( Al-Maghraj min

    al-Fitna , p.127) 45 Aprs la plainte de Sciences Po, nous avons accept de fermer le

    site en question, mais avec la condition que Stphane Lacroix

    prsente ses excuses pour ses diffamations islamophobes. Vu que le

    professeur a refus de sexcuser, le site a t remis en ligne cette adresse : www.replique-a-stephane-lacroix.com (Stphane, dsol

    pour le retard !)

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    9

    Le spcialiste du salafisme Laurent Bonnefoy cherche se revaloriser en rabaissant les musulmans orthodoxes et en calomniant leurs savants.

    accuse de vhiculer des idologies qui alimentent le

    terrorisme.

    Larticle dans lequel Stphane Lacroix fait passer Sheikh Moqbil pour un terroriste assez chanceux

    davoir t expuls avant lattentat sanglant de Juhayman semble avoir inspir Laurent Bonnefoy46,

    un autre geek de lislamologie qui cherche se revaloriser en rabaissant les musulmans orthodoxes

    avec sa vision confuse de la

    Salafiya.

    Bonnefoy a dvelopp une

    thorie qui contient une

    conspiration idologique et

    trame dans laquelle le

    mouvement des Ikhwn 47

    aurait influenc le salafisme

    ymnite. Le chercheur

    franais, aprs avoir prcis

    que Sheikh Moqbil fut un

    acteur du JSM dont une

    fraction a assig la Grande

    Mosque, rclame :

    Lexpulsion de Moqbil al-Wdii la fin des annes 1970 ainsi que la rbellion mecquoise

    apparaissent comme deux vnements dcisifs qui

    ont faonn pour longtemps la doctrine spcifique du

    salafisme ymnite. 48

    Une doctrine spcifique du salafisme ymnite? Ah

    bon, le salafisme contient maintenant diffrentes

    doctrines en fonction des zones gographiques ?

    Analysons de plus proche les lments qui, selon

    Bonnefoy, auraient engendr cette doctrine qui est

    propre au salafisme ymnite :

    46 Laurent Bonnefoy est diplm Sciences Po et chercheur au

    CERI. Entre 2001 et 2009, il fut assistant de recherche au Centre

    franais darchologie et de sciences sociales de Sanaa o il croit stre spcialis dans le salafisme au milieu des vestiges archologiques. 47 Al-Ikhwn est une organisation tribale qui a vu le jour en 1913. Les nomades du groupe taient issus des tribus de Najd et constituaient une force militaire de lmir Ibn Saoud, le fondateur du oyaume dArabie. En 1927, Fayal al-Duwaysh, membre de la tribu Mutair, dfia lautorit des Saoud en mobilisant contre eux les Ikhwn. Lmir Ibn Saoud remporta une victoire importante dans la bataille de Sibila en 1930, qui fut suivie de plusieurs attaques

    lances contre les camps des Ikhwn. Juhayman est n dans un des

    camps des Ikhwn Sajir, dans le Qasim. Il tait fier de ses origines

    et fut un grand admirateur des Ikhwn dont il vantait la rvolte

    contre lautorit saoudienne. 48 Laurent Bonnefoy, How Salafism Came to Yemen: An Unknown

    Legacy of Juhayman al-'Utaybi 30 Years On

    En effet, la rpression des Salafis par le

    gouvernement saoudien cette poque a affect

    durablement la relation dal-Wdii envers la politique et a renforc sa critique du gouvernement

    saoudien.

    La position que Sheikh Moqbil avait prise cet

    gard fut fautive et cest pourquoi il la rectifie vers la fin de sa vie. Nanmoins, ce ijtihad personnel du

    sheikh na en aucun cas influenc ou faonn ce que

    Bonnefoy appelle la doctrine

    spcifique du salafisme

    ymnite . La Salafiya, qui est

    tout simplement lIslam dans sa comprhension orthodoxe et

    originale, est base sur des

    principes et des fondements

    que Sheikh al-Wdii a toujours respects. Ce sont le

    respect et le suivi de ces

    principes qui permettent de

    dterminer si une personne suit

    la voix des pieux prdcesseurs

    ou non. Comme Laurent

    Bonnefoy ignore quels sont ces fondements dAhl al-Sunnah wa al-Jama, il est incapable de concevoir ce quest la Salafiya et considre quun ijtihad erron dun sheikh quivaut une transformation doctrinale.

    DES PARALLLES IDOLOGIQUES

    Avant de pouvoir se prononcer sur le salafisme dun pays ou dune personne de science, il faut dabord tudier et comprendre un minimum des fondements

    de lIslam. Chez les islamologues, cette tude des fondements religieux est inexistante do ils sont obligs de se baser exclusivement sur la

    revendication personnelle de chaque barbu

    fondamentaliste . Consquemment, tous ceux qui se

    rclament du salafisme seront considrs comme

    Salafis, mme si leurs croyances se contredisent et

    sopposent aux principes de la Salafiya.

    La Salafiya au Ymen, que ce soit durant la priode

    o Sheikh Moqbil critiquait les autorits saoudiennes

    ou aprs, na donc jamais t diffrente de la Salafiya autre part. Vu que Bonnefoy ne comprend

    pas cela, il ne cesse dmettre sa conjecture absurde :

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    10

    Pour Sheikh Moqbil, lArabie Saoudite a toujours t un pays musulman contre lequel il ntait pas permis de se rvolter.

    Avec le temps, ces deux vnements ont t les

    principaux traits caractristiques du type ymnite

    de salafisme et ont contribu son succs au-del

    des frontires.

    Ne vous dtrompez pas, ce sont bien les expulsions

    violentes et les attentats terroristes qui contribuent au

    succs de la Salafiya ! Selon Bonnefoy, Sheikh

    Moqbil voyait dans son expulsion une justification

    pour condamner la politique saoudienne ce qui lui

    aurait permis dacqurir limage dun savant sans concession . Cette allgation

    mne le chercheur un

    deuxime point dans lequel il

    tente dtablir une analogie entre les convictions des sectes

    extrmistes et celle du sheikh

    ymnite en rclamant que sa

    critique du Royaume ft

    attirante pour ceux qui

    ddaignaient lapplication de certaines politiques

    saoudiennes49 . Dans une

    troisime tape, Bonnefoy

    prsente ce quil croit tre des parallles doctrinaux entre

    Juhayman et Sheikh Moqbil:

    Dans ses livres et ses confrences, Moqbil al-

    Wdii restait consquent dans les sujets cls de la doctrine des Ikhwan Le mouvement salafi du Ymen qui fut construit au dbut autour de Moqbil

    al-Wdii avait beaucoup en commun avec la Jamaa al-Salafiyya al-Muhtasiba (JSM)

    tudions de plus prs les lments cls de la doctrine

    des Ikhwan avec lesquels Sheikh Moqbil serait rest

    en harmonie. Laurent Bonnefoy explique que la

    critique de Moqbil envers lArabie dans les annes 1980 reflte en grande partie un argument de

    Juhayman dans lequel il dit que le rgne des l-

    Saoud tait illgitime du fait quils ne sont pas descendants de Quraych . Vraisemblablement,

    Bonnefoy ne cesse de tout mlanger. Sheikh Moqbil

    na jamais contest la lgitimit du gouvernement saoudien et considrait lArabie comme un pays musulman contre lequel il ntait pas permis de se rvolter50. La thse de la descendance Quraychite est

    une pure fabrication qui fut ncessaire pour exhiber

    49 Bonnefoy cite comme exemple la prsence de troupes

    amricaines pendant la Guerre du Golfe depuis 1990. 50 Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Al-Maghraj min al-Fitna , p. 127

    un soit disant lien idologique entre Sheikh Moqbil

    et Juhayman. Ce dernier, contrairement al-Wdii, fut davis quavoir une ascendance qui remonte la tribu de Quraych est une condition sine qua non pour

    diriger un pays51 et voyait que le musulman peut

    uniquement prter allgeance un gouverneur

    Quraychite52.

    Sheikh Moqbil et Juhayman divergeaient donc dans

    des sujets cls et des fondements de la croyance

    dAhl al-Sounna. Cest prcisment cette drive sectaire qui explique pourquoi

    Juhayman a pu justifier son

    insurrection contre un

    gouvernement quil considrait comme illgitime.

    Il est donc incorrect de

    concevoir les critiques de

    Sheikh Moqbil envers le

    Royaume saoudien comme un

    lment qui a faonn une

    doctrine spcifique semblable

    celle du terroriste Juhayman.

    Trs zl, Laurent Bonnefoy

    continue dargumenter avec ce quil croit tre des parallles idologiques :

    En outre, le conservatisme social extrme dal-Wdii il rejetait les photos, la musique et disait quil tait illicite de travailler en tant que fonctionnaire d'tat ou de servir dans larme ymnite ainsi que certaines de ses interprtations non orthodoxes des textes (il voyait, par exemple,

    quil tait permis de prier avec les chaussures) correspondaient tous avec la doctrine de Juhayman

    al-Utaybi.

    Notre chercheur considre que le rejet de Sheikh

    Moqbil des photographies dtres vivants et de la musique ainsi que sa conviction quil est permis de 51 Sheikh Moqbil fut davis quil fallait mme reconnaitre lautorit dun non-Quraychite qui sest install au pouvoir suite un soulvement contre un gouverneur Quraychite. ( Ghrat al-

    Achrita , Vol.1, p.424, 423) 52 Laurent Bonnefoy sest, pour cette contrevrit, inspir de la fausse accusation de Stphane Lacroix o il prtend que Sheikh al-

    Albani considrait la descendance Quraychite comme tant une

    condition obligatoire pour reconnaitre la lgitimit dun gouverneur ( Quest-ce que le salafisme ? , p. 61). Selon Lacroix, Juhayman aurait pris cette conviction du sheikh albanais ce qui est impossible,

    car Sheikh al-Albani, tout comme Sheikh Moqbil, na jamais t de cet avis. ( Al-Huda wa al-Nr 229).

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    11

    Laurent Bonnefoy considre que prier en chaussures est un sujet cl dune doctrine spcifique Sheikh Moqbil et Juhayman qui prouve quils partageaient la mme idologie.

    prier en chaussures sont tous des sujets cls dune doctrine spcifique que le sheikh ymnite partageait

    avec Juhayman. Or, il sagit de sujets sur lesquels il y a un consensus islamique53. Impossible donc de

    qualifier ces prceptes de lIslam de conservatisme extrmiste ou dinterprtations non orthodoxes54.

    Le fait que Bonnefoy ignore que ces aspects font

    intgralement partie de lIslam la pouss croire quil sagissait dune doctrine anticonformiste. Notre spcialiste du salafisme aurait aussi bien pu

    mentionner que parmi ces mmes similitudes

    doctrinales se trouvait leur interdiction de boire de

    lalcool, de manger du porc ou encore de forniquer.

    Quant laccusation comme quoi Sheikh Moqbil

    interdisait de travailler en

    tant que fonctionnaire d'tat

    ou de servir dans larme ymnite, alors il sagit nouveau dune ineptie honte et taille sur mesure

    pour lier fallacieusement le

    sheikh ymnite

    Juhayman. Au Ymen, il est

    de notorit publique que

    Sheikh Moqbil avait de

    nombreux tudiants qui taient engags dans larme ymnite. Le sheikh ne leur a jamais interdit

    deffectuer leur travail, ni a-t-il dclar que servir dans larme ymnite tait illicite. De mme, le sheikh na jamais interdit de travailler dans une administration publique quelconque, comme

    lindiquent ses nombreuses fatwas.

    Laurent Bonnefoy a donc profr une srie de

    contrevrits en prsentant des sujets cls dune doctrine quil croyait spcifique Juhayman pour dmontrer que le mouvement Salafi du Ymen,

    construit autour de Moqbil al-Wdii, avait beaucoup en commun avec le groupe terroriste de la rbellion

    mecquoise.

    53 Il y a un consensus sur linterdiction de la musique en Islam et sur la permission de prier en chaussures. Quant linterdiction de prendre des photos dtres vivants, Sheikh Moqbil est du mme avis que la majorit des savants. 54 Pour plus de dtail sur la permission de prier en chaussures, voir

    Les Fables de Lacroix , p. 24

    Le manque de connaissances rudimentaires de la

    religion musulmane, combin avec une aversion

    maladive de lIslam, mne les islamologues dvelopper des thses totalement farfelues55 o il

    devient possible de lier les ulmas aux attentats

    terroristes.

    En partant de la conviction que Juhayman et Sheikh

    Moqbil avaient une mme idologie, Bonnefoy tente

    dexpliquer la loyaut de Sheikh al-Wdii envers les autorits ymnites un acte qui se trouve lantipode des convictions de Juhayman comme une manuvre pour se soustraire la rpression

    du pays, une leon quil aurait tire des erreurs de

    Juhayman . Il ny a pas de doute ; Bonnefoy agit avec

    trs mauvaise foi.

    Insatiables de gloire et de

    fortune dans un petit monde

    o ils nont pas leur place, les islamologues tentent

    assidment de dceler la

    moindre erreur des savants mme rtracte pour en faire une srie danalyses qui vont mtamorphoser cette

    erreur en rgle gnrale et

    idologie religieuse56. Si Sheikh Moqbil est revenu

    sur ses critiques des autorits saoudiennes57,

    pourquoi encore vouloir se servir de cette faute pour

    lui prter une idologie quil na jamais partage. Cette approche des islamologues dmontre quel

    degr ils sont avides de sensations bases sur les

    frictions entre personnes de science.

    55 Autre exemple est celui de Gilles Kepel qui croit que dormir

    couch sur le flanc droit est une spcificit des Tabligh ( Jihad,

    expansion et dclin de lIslamisme , p. 80) 56 Cest aussi ce qua fait Stphane Lacroix avec la parole de Sheikh al-Albani dans laquelle il avait accus Sheikh Ibn Abdel-Wahhb de ne pas diffrencier entre le hadith sahih et daif, parole sur laquelle Sheikh al-Albani est revenu plus tard. Voir Les

    Fables de Lacroix , p. 16-17 57 Sheikh Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Muchhadti Fi al-Mamlaka al-Arabiya al-Saoudiya

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    12

    Turki al-Hamad dcrit Allah et le diable comme deux faces dune mme pice. Pour le professeur Lacroix, ce libral saoudien est un penseur brillant .

    LES VRAIS ENNEMIS DES MUSULMANS

    Dans leurs tudes sur laffaire de Juhayman, les islamologues ont d

    perptrer une srie dinfractions dontologiques pour pouvoir

    mettre en corrlation les ulmas

    contemporains au terrorisme.

    aucun moment ont-ils pris la peine

    de relater les fatwas de Sheikh Ibn

    Bz contre les croyances dviantes

    des Khawrij, ni celles de Sheikh

    al-Albani contre les attentats

    terroristes et encore moins celles

    de Sheikh Moqbil qui mettait dj

    en garde contre Osama Bin Ladin

    en 1997, bien avant que ce dernier

    soit connu en Occident58. Cette

    partialit perverse fait

    malheureusement partie intgrante

    du domaine de lislamologie qui constitue la branche intellectuelle du militantisme islamophobe qui se

    rpand comme un cancer dans les socits

    occidentales.

    Au dbut des annes 1980, lattentat odieux de Juhayman al-Utaybi avait fourni un prtexte certains ennemis de lIslam dans les pays arabes59 pour diffamer les savants. De son vivant, Sheikh

    Moqbil comprenait dj que lattentat de Juhayman fut exploit par ces athes arabes:

    La ralit est que lacte de Juhayman fut un crime envers la prdication islamique, car les gens nafs

    croiront que les prdicateurs sont tous ainsi. Les

    athes se sont rjouis de cet acte, car maintenant,

    chaque fois quils voient des prdicateurs ils disent: ceux-l font partie du groupe de la Grande Mosque60 61

    partir du 11 septembre 2001, cette propagande

    panarabe dsute retrouve un nouveau souffle avec

    58 Dans le journal kowetien al-Rayu al-m, Sheikh Moqbil dclare en 1997 : Je me dsavoue dOsama Bin Ladin, car il reprsente un mauvais augure et un flau pour la communaut

    musulmane et ses actes sont malfiques . (Source : tmoignage de

    Sheikh al-Borai, audio ici.) Sheikh Moqbil a galement une cassette intitule Osama Bin Laden, la tte de la fitna. 59 A cette poque, il sagissait surtout de communistes, bathistes et adeptes fanatiques du panarabisme. 60 C.--d. le groupe de Juhayman 61 Muqbil al-Wdii, Ijbat al-sil al ahamm al-masil , p.482

    les libertins arabes qui se sont immiscs dans la lutte

    contre le terrorisme. Plusieurs

    libraux ont ainsi exploit le crime

    de Juhayman pour dnigrer lIslam et appeler labolition des lois islamiques62. Le plus bruyant

    dentre eux est sans aucun doute le facho-libral Mansour al-

    Nuqaydn63 qui a crit Qissa al-

    Muhtalln lil-Masjid al-Haram 64.

    Il y a aussi Turki al-Hamad65 qui

    est un apostat saoudien66 soutenu

    par les racistes antimusulmans en

    Occident67. Lattention mdiatique dont profitent ces personnages aux

    USA est impressionnante68.

    Cette vague de nouveaux libraux

    fut accompagne de lirruption opportuniste post 9/11 de la mafia

    62 Un des plus connus parmi eux est al-Qdi Isa qui sefforce occidentaliser la constitution saoudienne. 63 Mansour al-Nuqaydn considre que la doctrine Wahhabite

    est takfiriste et une cause des attentats terroristes. Il appelle

    dlaisser toutes les formes de salafisme et veut un nouvel Islam

    bas sur le rveil du Irj. Stphane Lacroix a eu plusieurs entretiens

    avec al-Nuqaydn et le dcrit comme un intellectuel courageux .

    ( Post-Wahhabism in KSA , ISIM Review 15, p.17), Pour plus sur

    Mansour al-Nuqaydn lisez Les Fables de Lacroix , p. 28 64 LHistoire de ceux qui ont occup la Mosque Sacre . Mansour al-Nuqaydn a cocrit ce livre avec Nsir al-Huzaymi

    mais a escroqu ce dernier en publiant le livre son insu et sans son

    consentement. (Source : http://m.al-marsd.com/c-20034/) 65 Turki al-Hamad est un Saoudien qui a tudi aux USA o il sest radicalis aprs un endoctrinement libral de plusieurs annes. Il y

    dlaisse lIslam et revient comme militant du libralisme intgriste luttant contre les ulmas et lapplication des valeurs islamiques. Selon al-Hamad Allah et le diable sont un et reprsentent deux

    faces dune mme pice . Stphane Lacroix a interview plusieurs fois Turki al-Hamad et le dcrit comme un penseur brillant et

    intellectuel . (Voir Saudi Liberals, Elitist ambitions and the

    reality of Saudi society , al-Majalla) 66 Les sheikhs Sleh al-Luhaydn et Abdul- ahmn Ibn Aql ont clarifi le radicalisme fanatique de Turki al-Hamad alors que

    Sheikh al-Abbd a dmontr sa mcrance vidente dans six

    rponses. Lire ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6. 67 Le plus actif parmi eux est Stphane Lacroix qui a crit une

    dizaine de brochures et livres de proslytisme libral o il dcrit ses

    frres libraux comme de grands intellectuels et les savants de

    lIslam comme des personnes qui ont dlaiss la raison. (Voir entre autres : Between Islamists and Liberals: Saudi Arabias New Islamo-Liberal Reformists ) 68 Al-Nuqaidan a pu se faire passer pour une victime dans le New

    York Times, al-Hamad a pu se plaindre sur la BBC des musulmans

    (quil appelle islamistes) et de lIslam (quil appelle le radicalisme ) alors quAbdullah Thbit, dans le Washington Post, dcrit lArabie comme un pays takfiri et appelle tous les extrmistes mener une vie remplie dart et de musique pour regagner leur humanit.

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    13

    Les ulmas ont expliqu que le plus grand ennemi des pays musulmans est celui qui veut rendre tout permis en anantissant la moralit, les murs et les valeurs islamiques.

    islamologue. Plus de vingt ans aprs lassaut de la Grande Mosque, les experts de lIslam et leurs allis arabes ont dvelopp une passion pour le

    personnage de Juhayman et y ont trouv un prtexte

    idal pour porter atteinte lhonneur des ulmas.

    Certes, Sheikh Ibn Bz, Sheikh al-Albani et Sheikh

    Moqbil ne sont plus l pour se dfendre contre les

    accusations diffamatoires portes par les

    islamologues avec laide gnreuse des libraux arabes. Or, lhritage scientifique quils ont laiss derrire eux est une preuve vivante et largement

    suffisante pour abolir lensemble des calomnies infmes colportes par leurs

    dtracteurs.

    La dernire parole de Sheikh

    Moqbil sur lArabie Saoudite fut un coup de grce pour les

    libraux et les Khawrij qui

    combattent tous les deux le

    Royaume:

    Il incombe aux musulmans

    dans tous les pays musulmans

    daider le gouvernement saoudien, ne fut quavec une bonne parole, car ses ennemis de lintrieur ainsi que de lextrieur sont nombreux. Il y a des gens de la passion qui,

    lintrieur du pays, veulent y rendre tout permis, mais Allah

    les en a empchs par la consolidation de ce

    Royaume bni, wal hamdoulillah 69

    Cet ennemi intrieur dont parlait le sheikh constitue,

    jusqu ce jour, un flau dvastateur bien trop nglig pour la communaut musulmane. Cest pourquoi Sheikh Moqbil aimait tirer lattention sur le danger des hypocrites libertins (al-Munfiqn 70) qui

    incitent la dbauche dans le but dabolir les valeurs musulmanes au oyaume dArabie et en faire un tat civil soumis aux lois et normes occidentales. Il est

    important de comprendre et concevoir ce cataclysme

    spirituel, car limpunit dont jouissent les libraux dans bon nombre de pays islamiques est un vecteur

    69 Sheikh Moqbil Ibn Hdi al-Wdii, Muchhadti Fi al-Mamlaka al-Arabiya al-Saoudiya 70 Les hypocrites sont ceux dont lapparence est en contradiction avec les convictions intrieures et qui se font passer pour des

    musulmans alors quils ne le sont pas.

    dgarement pour beaucoup de jeunes musulmans qui finissent par rejoindre les rangs des Khawrij.

    Dans un article apparu il y a quelques annes, le

    grand Muhaddith de Mdine Sheikh Abdul-Mohsin al-Abbd explique que la scurit et la souverainet

    de lArabie Saoudite sont menaces par trois ennemis qui cherchent affaiblir et dtruire le pays.

    Aprs avoir cit les Houthis et les Khawrij, connus

    pour leurs massacres dinnocents, le sheikh dveloppe le cas du troisime ennemi:

    Quant au troisime ennemi, il est bien pire et plus

    ancien que les deux autres et il

    constitue la plus grande menace

    pour ce pays. Cet ennemi veille

    anantir la moralit et s'efforce

    par tous les moyens de changer

    les fondations sur lesquelles ce

    pays a t tabli. Ce sont ces

    gens de passions aux opinions

    irraisonnes qui veulent que ce

    pays dvie entirement. Ces

    gens-l sont les ennemis des

    citoyens et du gouvernement de

    ce pays, bien quils se fassent passer pour des allis Ce sont eux les vrais ennemis contre qui

    il faut mettre en garde, comme

    la dit Allah (par rapport aux Munfiqn): L'ennemi c'est eux. Prenez-y donc garde 71

    Il sagit de libertins qui appellent les musulmans renier leur foi et se convertir au lacisme intgriste.

    Les actes des sectes extrmistes ne sont quune raction excessive et non justifie contre la

    corruption seme par ces hypocrites:

    Le premier et le second ennemi72 ne sont que le

    rsultat et le fruit de la corruption seme par ce

    troisime ennemi qui, avec les paroles et les actes,

    appellent tre ingrat envers les bienfaits dAllah. Cette ingratitude engendre, son tour, les calamits

    et encourt la punition d'Allah. 73

    Les hypocrites qui se sont infiltrs dans les rangs des

    musulmans constituent sans aucun doute la plus

    71 Sheikh Abdul-Muhsin al-Abbd, Bild al-Haramayn wa

    Khatar Adih al-Thalltha 72 C.--d. les Houthis (Rafidis) et les radicaux (Khawrij et autres) 73 Ibid.

  • La Passion de Juhayman

    Lart de lier les Ulmas au Terrorisme

    14

    Pour la premire fois dans son histoire, la France tente dempcher les parents dinculquer des valeurs musulmanes leurs enfants sous le couvert dune lutte contre le terrorisme.

    grande menace pour la Oumma74. Les Munfiqn ne

    massacrent peut-tre pas physiquement des

    personnes, mais dtruisent des nations entires et

    tuent les curs des musulmans bien avant leur mort :

    Ces groupes de jeunes qui ont t prouvs par les

    attentats la bombe, la destruction et le massacre

    dinnocents ne sont pas moins dangereux que ceux qui tuent les murs et la morale parmi les suiveurs malades de la passion et de lobscurit qui sment la corruption sur terre

    aprs son

    rtablissement. Ces

    gens-l veulent jeter

    ce pays dans la drive

    totale. Ce qui se passe

    comme massacres

    dinnocents et comme destructions des biens

    est le rsultat de leurs

    pchs par lesquels ils

    dtruisent les murs. Allah dit : Quiconque altre le bienfait

    d'Allah aprs qu'il lui

    soit parvenu... alors vraiment, Allah est dur en

    punition.75

    Certes, combattre et mettre en garde contre les

    Khawrij est une obligation religieuse, mais comme nous le rappelle Sheikh al-Fawzn il nest pas admissible de ngliger lautre bout qui s'oppose aux extrmistes et qui comporte les gens de

    la dbauche et lirrligiosit. Les deux groupes sont les ennemis de lIslam et des musulmans 76. Juhayman al-Utaybi et Nsir al-Huzaymi sont les deux faces dune mme mdaille, tout comme le sont Mohammed Merah et Dounia Bouzar. Il serait

    incorrect de penser quil faut choisir ou soutenir un de ces deux camps, car tous sont ennemis de lIslam.

    En France, le gouvernement a bien saisi la menace

    que constituent les hypocrites dorigine arabe ou berbre pour les musulmans. Les plus corrompus

    parmi eux deviennent des porte-paroles officieux des

    lites islamophobes et occupent les plateaux tlviss

    o ils obtiennent du prime time inou pour inviter

    leur communaut rejeter les prceptes de leur

    74 Cest aussi lavis de Sheikh al-Fawzan ici 75 Sheikh Abdul-Muhsin al-Abbd, Taqbh Nabz al-Sadiya bil-

    Wahhbiya wa Ittihmuha Zawran bil-Irhb 76 Sheikh Slih al-Fawzan, Libraux ou Khawrij, qui est pire ?

    religion. Cest par leur biais que la France, pour la premire fois dans son histoire, tente dempcher les parents dinculquer des valeurs musulmanes leurs enfants.

    En effet, le monde mdiatico-politique impose ce genre de vermines comme rfrences religieuses

    et reprsentants de la communaut musulmane .

    Leur fonction primaire est dinviter les musulmans une assimilation culturelle et doctrinale en adoptant

    des valeurs qui ne sont

    pas les leurs. Leur

    deuxime tche

    consiste calomnier et

    stigmatiser les

    musulmans orthodoxes

    en les faisant passer

    pour des fanatiques

    marginaux sous

    emprise mentale.

    Noublions donc pas lequel de nos

    adversaires reprsente

    la plus grande menace

    pour notre communaut. Remettons les choses dans

    leur juste contexte, tout en scartant des extrmes qui sont laberration sectaire des Khawrij et la drive laque des hypocrites. duquons notre

    communaut, soyons engags et prenons position,

    mais surtout noublions jamais qui sont nos vrais ennemis.

    Kareem El Hidjaazi

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