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54 Festival de la BD «Dessine-moi le Printemps arabe» D essine-moi le Printemps arabe. » C’est sur ce thème évocateur que la septième édition du Festival international de la bande dessinée de Tétouan (FIBADET) a ouvert ses portes avec une rési- dence artistique, le 21 mai dernier. Les jeunes artistes arabes regrou- pés autour de deux dessinateurs, l’Espagnol Bartolomé Segui et le Français Jean-Luc Sala, ont tenté de coucher sur du papier des des- sins se rapportant à la révolution des pays arabes. Il s’agissait entre autres de la liberté d’expression, de l’importance d’Internet, des dictatures, de l’usage des médias par les gouvernements, de l’ar- mée et des martyrs, pour ne citer que ceux-là. Ainsi, chaque artiste choisit un thème et esquisse une image qui sera complétée par un autre artiste, lequel pourra déve- lopper la même thématique ou en aborder une autre. Une fois ce tra- vail terminé, la BD, réalisée sous forme de dépliant, devrait être éditée et publiée, dévoilant à cette occasion le regard de ces jeunes dessinateurs sur leur époque. « Je suis surpris par l’enthousiasme de ces futurs bédéistes. J’espère qu’un S Le Festival international de la bande dessinée de Tétouan a fermé ses portes le 26 mai dernier. Satisfecit général pour les organisateurs. Mais quel avenir pour le 9 e art au Maroc ? jour nous pourrons faire un tra- vail commun avec des artistes espagnols », déclare Bartolomé Segui pour qui cette rencontre a été très enrichissante. Le Prin- temps arabe est aussi artistique. Une rencontre, un échange La résidence artistique s’est déroulée durant cinq jours (la manifestation s’est achevée le 26 mai) pendant la durée du festival, et les festivaliers ont eu droit à des vernissages thé- matiques, des visites, une ren- contre avec l’artiste espagnol José Luis Agrega à l’Institut Cervantès, qui s’est dit satisfait d’échanger avec ces étudiants. « J’ai beaucoup aimé l’enthou- siasme des étudiants marocains. Il faut le maintenir. » Ainsi, les étudiants de l’Institut natio- nal des Beaux-Arts de Tétouan (INBA), dirigé par Abdelkrim Ouazzani, ont pu faire montre de leur talent artistique en ex- posant des planches originales. Certaines ont été sélectionnées pour les concours prévus lors du FIBADET. La première place du grand prix « Jeunes talents, projet d’album » a été rempor- tée par Omar Ennaciri qui verra son projet édité dans un ave- nir proche. Richesse du continent Lancé en 2004, lors de l’ouver- ture du département consacré à la bande dessinée à l’INBA, le FIBADET est d’abord un espace d’encouragement pour les étu- diants et lauréats de cet insti- tut. D’ailleurs, le directeur Ab- Culture Que se passe-t-il à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan ? En marge du festival de la BD, des étudiants ont contacté actuel pour dénoncer un malaise qui dure depuis la première promotion de lauréats de cet institut. En effet, certains lauréats de l’INBA ont nourri le désir de poursuivre leurs études après leur quatrième année, d’autres ont voulu intégrer la fonction publique par le truchement de l’ENS. Hélas, leurs diplômes n’avaient pas d’équivalence. Ils montent donc au créneau avec, à l’appui, un dossier revendicatif exhaustif demandant un statut équivalent aux autres instituts de l’enseignement supérieur. Depuis le 28 mai, ils occupent la terrasse de l’Institut et ne veulent dialoguer qu’avec le ministre de la Culture. Le directeur de l’INBA, Abdelkrim Ouazzani, a tenté de les approcher, en vain. Selon le directeur de l’INBA, « les étudiants refusent le dialogue et demandent des choses surréalistes ». De leur côté, les étudiants estiment que leurs droits sont bafoués et réclament que justice soit faite. n S La révolution des croqueurs actuel / Semaine du 2 au 8 juin 2012

LA PERESSE FESTIVAL INTERNATIONAL DE BD DE TETOUAN 2012

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Festival de la BD « Dessine-moi le Printemps arabe »

Dessine-moi le Printemps arabe. » C’est sur ce thème évocateur que la septième édition du Festival international de la bande dessinée de Tétouan (FIBADET)

a ouvert ses portes avec une rési-dence artistique, le 21 mai dernier. Les jeunes artistes arabes regrou-pés autour de deux dessinateurs, l’Espagnol Bartolomé Segui et le Français Jean-Luc Sala, ont tenté de coucher sur du papier des des-sins se rapportant à la révolution des pays arabes. Il s’agissait entre autres de la liberté d’expression, de l’importance d’Internet, des dictatures, de l’usage des médias par les gouvernements, de l’ar-mée et des martyrs, pour ne citer que ceux-là. Ainsi, chaque artiste choisit un thème et esquisse une image qui sera complétée par un autre artiste, lequel pourra déve-lopper la même thématique ou en aborder une autre. Une fois ce tra-vail terminé, la BD, réalisée sous forme de dépliant, devrait être éditée et publiée, dévoilant à cette occasion le regard de ces jeunes dessinateurs sur leur époque. « Je suis surpris par l’enthousiasme de ces futurs bédéistes. J’espère qu’un

S Le Festival international de la bande dessinée de Tétouan a fermé ses portes le 26 mai dernier. Satisfecit général pour les organisateurs. Mais quel avenir pour le 9e art au Maroc ?

jour nous pourrons faire un tra-vail commun avec des artistes espagnols », déclare Bartolomé Segui pour qui cette rencontre a été très enrichissante. Le Prin-temps arabe est aussi artistique.

Une rencontre, un échange La résidence artistique s’est déroulée durant cinq jours (la manifestation s’est achevée le 26 mai) pendant la durée du festival, et les festivaliers ont eu droit à des vernissages thé-matiques, des visites, une ren-contre avec l’artiste espagnol José Luis Agrega à l’Institut Cervantès, qui s’est dit satisfait d’échanger avec ces étudiants. « J’ai beaucoup aimé l’enthou-siasme des étudiants marocains. Il faut le maintenir. » Ainsi, les étudiants de l’Institut natio-nal des Beaux-Arts de Tétouan (INBA), dirigé par Abdelkrim Ouazzani, ont pu faire montre de leur talent artistique en ex-posant des planches originales. Certaines ont été sélectionnées pour les concours prévus lors du FIBADET. La première place du grand prix « Jeunes talents, projet d’album » a été rempor-

tée par Omar Ennaciri qui verra son projet édité dans un ave-nir proche.

Richesse du continentLancé en 2004, lors de l’ouver-ture du département consacré à la bande dessinée à l’INBA, le FIBADET est d’abord un espace d’encouragement pour les étu-diants et lauréats de cet insti-tut. D’ailleurs, le directeur Ab-

Culture

Que se passe-t-il à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan ? En marge du festival de la BD, des étudiants ont contacté actuel pour dénoncer un malaise qui dure depuis la première promotion de lauréats de cet institut. En effet, certains lauréats de l’INBA ont nourri le désir de poursuivre leurs études après leur quatrième année, d’autres ont voulu intégrer la fonction publique par le truchement de l’ENS. Hélas, leurs diplômes n’avaient pas d’équivalence. Ils montent donc au créneau avec, à l’appui, un dossier revendicatif exhaustif demandant un statut équivalent aux autres instituts de l’enseignement supérieur. Depuis le 28 mai, ils occupent la terrasse de l’Institut et ne veulent dialoguer qu’avec le ministre de la Culture. Le directeur de l’INBA, Abdelkrim Ouazzani, a tenté de les approcher, en vain. Selon le directeur de l’INBA, « les étudiants refusent le dialogue et demandent des choses surréalistes ». De leur côté, les étudiants estiment que leurs droits sont bafoués et réclament que justice soit faite. n

S La révolution des croqueurs

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delkrim Ouazzani ne manque pas de le souligner : « Le FIBADET, c’est la rencontre entre des étudiants et des artistes expérimentés qui vien-nent partager leur savoir-faire. » Malgré une préparation difficile, le directeur est fier du travail de ses étudiants et salue au passage le rôle crucial joué par les artistes français et espagnols lors de cette manifestation artistique. Avec la participation des bédéistes tels

que Jérémie Nsingi (Tchoutchou/RDC), Yannick Deubou (Bitchakala/Cameroun), Max Obiang Nguéma (Alum Ndong Minko/Gabon), et Platini Lubunu (La médaille du Khramulahaja/RDC), le FIBADET garde les pieds sur le continent. Sans oublier la présence de Jean-François Chanson, bédéiste français établi au Maroc depuis une dizaine d’années, et auteur de plusieurs albums dont certains ont été tra-duits en darija et en tifinagh. Il n’y a pas de doute pour les organisa-teurs, le festival a été à la hauteur de leurs objectifs.

Quid de la BD au Maroc ?Mais peut-on faire abstraction de l’importance de la bande des-sinée dans la société marocaine où l’image est prégnante ? Que nenni. Le neuvième art, considéré comme un support à part entière, a son rôle à jouer dans l’éveil des consciences au même titre que les médias classiques. Sa pénétration est d’autant plus importante qu’elle touche d’abord les plus jeunes. Or malgré le fait que le Maroc soit le premier pays du continent africain à proposer une filière BD, et qu’il abrite désormais trois festivals dédiés, la production ne suit pas.

Ce malaise connu de tous ne laisse pas indifférent mais aucune solu-tion concrète n’a été proposée à ce jour. Et le FIBADET n’a pas évoqué le sujet. C’est à croire que les rai-sons sont irrémédiables. Pourtant, dans les couloirs, certaines indis-crétions laissent entendre que le véritable problème résiderait au niveau de l’écriture du scénario. Il y aurait une pénurie flagrante de bédéistes-scénaristes marocains. Cela expliquerait pourquoi la plu-part des lauréats de l’INBA font carrière dans l’enseignement ou dans des agences de communi-cation. C’est dire que la question de la compétence graphique est moins problématique que celle de l’écriture scénariste. La BD a certainement de beaux jours au Maroc. On pourrait voir émerger au moins cinq dessina-teurs de talent par an. Pour cela, l’Etat et les responsables d’établisse-ment devraient songer à renforcer la formation de ces futurs artistes en commençant par l’introduction d’un cours de scénario. Les étudiants gagneraient, aussi, à échanger régu-lièrement avec des bédéistes pro-fessionnels à l’instar de José Luis Agrega au FIBADET. D’autres pistes ? Ferdinand Demba

José Luis Agrega, bédéiste espagnol, refile des tuyaux aux étudiants de l’INBA sur la réalisation d’une bonne planche.

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