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La politique culturelle Finlande en Étude effectuée par les soins de la Commission nationale finlandaise pour l'TJnesco Unesco Paris 1972

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La politique culturelle

Finlandeen

Étude effectuée par les soins de la Commissionnationale finlandaise pour l'TJnesco

Unesco Paris 1972

Politiques culturelles : études et documents

Dans cette collection 1. Réflexions préalables sur les politiques cuturelles2. La politique culturelle aux États-Unis

par Charles G. Mark3. Les droits culturels en tant que droits de l'homme4. La politique culturelle au Japon

par Nobuya Shikaumi5. Aspects de la politique culturelle française

par le Service des études et recherches duMinistère des affaires culturelles, Paris

6. La politique culturelle en Tunisiepar Rafik Saïd

1. La politique culturelle en Grande-Bretagnepar Michael Green et Michael Wilding,en consultation avecle professeur Richard Hoggart

8. La politique culturelle en Union des républiquessocialistes soviétiques

par A. A. Zvorykine, avec le concours deN. I. Goloubtsova et E. I. Rabinovitch

9. La politique culturelle en Tchécoslovaquiepar Miroslav Marek, avec le concours deMilan Hromâdka et Josef Chroust

* La politique culturelle en ItalieÉtude effectuée par les soins de la Commissionnationale italienne pour l'Unesco

La politique culturelle en Yougoslaviepar Stevan Majstorovic

La politique culturelle en Bulgariepar Kostadine Popov

La politique culturelle à Cubapar Lisandro Otero, avec le concours deFrancisco Martînez Hinojosa

Quelques aspects des politiques culturelles en Indepar Kapila Malik Vatsyayan

La politique culturelle en FinlandeÉtude effectuée par les soins de la Commissionnationale finlandaise pour l'Unesco.

A paraîtreLa politique culturelle en Egypte

*A l'occasion d'un changement de présentation de cettecollection, la numérotation sérielle a été abandonnée à partirde cet ouvrage.

Publié en 1972par l'Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la cultureplace de Fontenoy, 75 Paris-7e

Imprimé par Chaix-Desfossés, Paris1972 Année

internationaledu livre

© Unesco 1972SHC. 72/XIX.16/F

Préface

Le but de cette collection est de montrer comment divers États membresplanifient et appliquent leur politique culturelle.

Les politiques culturelles sont aussi diverses que les cultures elles-mêmes; il appartient à chaque État membre de déterminer et d'appliquerla sienne, compte tenu de sa conception de la culture, de son systèmesocio-économique, de son idéologie politique et de son développementtechnologique. Néanmoins, les méthodes de la politique culturelle(comme celles de la politique générale du développement) posent desproblèmes universels — principalement d'ordre institutionnel, admi-nistratif et financier — et l'on reconnaît de plus en plus la nécessitéd'échanges d'expériences et d'informations à leur sujet. Les publicationsde la présente collection — dont on s'est efforcé d'uniformiser autantque possible la présentation afin de faciliter les comparaisons — portentessentiellement sur ces aspects techniques de la politique culturelle.

En règle générale, les études traitent des questions suivantes :principes et méthodes de la politique culturelle, évaluation des besoinsculturels, structures administratives et gestion, planification et finan-cement, organisation des ressources, législation, budget, institutionspubliques et privées, contenu culturel de l'éducation, autonomie etdécentralisation culturelles, formation du personnel, infrastructureinstitutionnelle correspondant à des besoins culturels particuliers,préservation du patrimoine culturel, institutions de diffusion culturelle,coopération culturelle internationale et questions connexes.

Les études portent sur des pays représentant des systèmes sociauxet économiques, des régions géographiques et des niveaux de développe-ment différents. Elles reflètent par conséquent une large variété deconceptions et de méthodes de la politique culturelle. Dans leur ensemble,elles peuvent fournir des modèles utiles aux pays qui n'ont pas encoremis au point une politique culturelle. A tous les pays, et notammentà ceux qui cherchent de nouvelles formules pour leur politique culturelle,elles permettent de profiter de l'expérience acquise ailleurs.

Cette étude a été préparée pour l'Unesco par la Commission natio-nale finlandaise.

Les opinions qui y sont exprimées sont celles des auteurs et ne sau-raient engager l'Unesco.

Les désignations employées et la présentation adoptée ici ne sauraientêtre interprétées comme exprimant une prise de position du Secrétariatde l'Unesco sur le statut légal ou le régime d'un pays ou d'un territoirequelconque, non plus que sur le tracé de ses frontières.

Table des matières

9 Introduction : la culture régionale et son rôlefutur

17 L'administration des arts par l'État

20 Aide de l'État aux écrivains et artistesindépendants

24 Coopération culturelle internationale

28 L'administration locale des affaires culturelles

32 L'architecture

36 L'artisanat et le « design »

39 Le théâtre

44 La littérature

49 La musique

54 Les arts plastiques

60 Le cinéma et l'art photographique

65 Les bibliothèques

70 La presse finlandaise d'aujourd'hui

74 La radiodiffusion et la télévision

79 La culture pour tous

Introduction : la culturerégionale et son rôle futur

L'étude des relations culturelles avec l'étranger éclaire d'un jour inté-ressant la « querelle des deux cultures ». Les échanges internationauxintéressant les sciences exactes, la technique, les grandes idées généraleset la méthodologie des sciences humaines ne posent pas de problème; enfait, les questions de nationalité n'ont à cet égard aucune importanceet les différences de langues ne sont guère qu'un inconvénient pratique.De graves problèmes se posent en revanche dès qu'on aborde le contenumême des sciences humaines, la littérature d'un pays, les arts, les écoles,les universités, la télévision, la radio diffusion et la presse, sans oublier lesloisirs. Tous ces éléments, en effet, sont pour quelque chose dans la visiondu monde qu'a chaque pays et l'attitude qu'il adopte à l'égard dessciences exactes, de la technique, des grandes idées et des autres pays.

Les conséquences actuelles et futures de cet état de choses sont par-ticulièrement inquiétantes pour les petites nations. La question estd'importance : étant donné la tendance contemporaine à l'uniformi-sation, tant sur le plan du continent que sur le plan mondial, dans quellemesure peut-on continuer à laisser librement pénétrer toutes les influencesétrangères en comptant sur la tradition, la fidélité aux origines et l'atta-chement à la langue maternelle pour préserver le caractère national?Faut-il plutôt, dans une réaction de défense, protéger et encouragerla culture nationale, dans la mesure où l'expansionnisme des grandespuissances ne se limite pas à la politique, à la technique et à l'économie,mais, se fait sentir partout, et notamment dans le domaine de la culturepopulaire ? Mais, si notre façon de penser et de sentir est dans une largemesure fonction de notre mode de vie, et si les gigantesques complexeséconomiques et industriels internationaux d'aujourd'hui concourent,avec la technologie, à une uniformisation croissante, les petites nationsdotées de langues peu connues et de cultures miniatures peuvent-ellesespérer représenter autre chose qu'une simple relique du passé, qu'unélément décoratif ou une survivance accidentelle ?

Introduction : la culture régionale et son rôle futur

Actuellement, ces questions reçoivent une réponse à peu près auto-matique. Toutes les nations, même les plus petites, travaillent à l'éta-blissement de la société-providence, 'consentent les investissements-et l'effort de formation nécessaires pour demeurer concurrentielles dans-le domaine commercial et technique, mais aussi pour assurer le maintiende la culture occidentale (y compris la culture populaire) sous tous ses.aspects. Il est toutefois inévitable, lorsque les ressources humaines,dont elles disposent sont insuffisantes, que ces nations négligent cer-tains aspects essentiels et forcent leurs possibilités. L'exode des compé-tences et la tendance naturelle qu'a le talent à aller là où il est récompenséaggravent encore la situation.

Ces problèmes ne sont pas d'une urgence particulière dans les grands-États et les moyennes puissances, dont la culture propre est en mesurede se perpétuer sans aide extérieure puisqu'elle est en général suffisam-ment autonome et riche pour pouvoir tirer sa propre subsistance d'elle-même sans que la société ait trop à en souffrir. Quant aux petits États,ils sont, par rapport à la culture mondiale, dans la même situationque les régions et les minorités par rapport à l'État qui les englobe,,et leur -infériorité relative ne fera vraisemblablement que s'accentuer..Est-il rationnel de leur part de chercher à préserver leurs caractéristiques-individuelles ? Ne faut-il pas plutôt, puisque ces États devraient alorsentretenir deux cultures, ne voir dans cet effort qu'une vaine tactiquedilatoire ? Le régionalisme est-il autre chose qu'une tradition mori-bonde, qu'un repli complaisant sur des positions linguistiques d'arrière-garde ?

Tel est le dilemme qui se pose à la Finlande depuis quelques décen-nies. On a soumis une collectivité qui, à l'issue de la deuxième guerre-mondiale, était encore en majorité agricole, à un véritable bouleverse-ment de structure en transplantant une partie importante de la popu-lation rurale dans le Sud, dans les villes, dans le secteur industriel etdans celui des services. La campagne, notamment dans les régions,les plus reculées, est devenue une région abandonnée, sans vie culturelle,privée de tous services. Cette campagne a en outre été soumise à unvéritable pillage économique. C'est ainsi qu'en Laponie on a procédé-à un déboisement massif, sans aucune excuse sur le plan écologique,,et qu'on a évacué des collectivités entières pour faire place à des réser-voirs qui alimentent en électricité le sud du pays. Le mécontentementqui en est résulté s'est traduit par une agitation politique considérable;,l'insuffisance des mesures d'aide économique prises par le gouvernementa poussé en outre un grand nombre de personnes à émigrer, principale-ment en Suède.

On s'est efforcé, par le biais de la politique culturelle, de redresserla situation. On a implanté des établissements d'enseignement supérieurdans des centres ruraux et l'on a accordé aux comtés des subventionspour financer des activités créatrices et éducatives. Mais c'est loin

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

d'être suffisant. La culture ne peut pas subsister à l'échelon local ourégional si l'on en fait quelque chose d'artificiel et d'isolé, ou si la popu-lation est insuffisante; l'animation culturelle, qu'elle soit entrepriseà l'échelle nationale ou sur le plan local ou régional, suppose la sécuritééconomique toute l'année et un niveau de vie suffisant aussi bien pourles animateurs que pour les usagers. Or d'importants secteurs de la cam-pagne finlandaise entrent dans une période d'incertitude et ces structurescommunautaires indispensables à l'animation culturelle locale leur fontdéfaut.

L'expérience finlandaise, d'une part, et ce qui se passe ailleurs,•dans le monde, d'autre part, sont autant de raisons de poser sérieusementle problème du régionalisme.

En Finlande comme dans d'autres pays, le régionalisme et la défense•d'une culture locale ne sont devenus des phénomènes conscients quedepuis la constitution d'une nation, à tel point qu'il est devenu courant,en fait, d'identifier dans une large mesure l'esprit national à celui d'un•endroit du terroir. Les notions mêmes d'État national et de nationalité•sont incompatibles avec le régionalisme, sauf dans les cas relativementrares où une nation est petite et son territoire homogène. De façon géné-rale, les cultures régionales relativement restreintes, avec leurs relations•de parenté et leur dialecte, constituent des unités économiques et édu-catives naturelles et préexistent de ce fait aux entités nationales.

La vitalité de ces unités naturelles est bien connue : qu'on pense•aux Écossais, aux Ukrainiens, aux Basques, pour ne citer que certaines•des plus importantes. Enfin, lorsque des tribus, même étroitement•apparentées, sont amalgamées au sein d'une nation et lui deviennent.subordonnées, il y a toujours perte de substance vitale. Une enquêtefaite en 1962 a en effet démontré que les résultats scolaires des enfants•étaient sensiblement meilleurs lorsque l'instruction était assurée dansle dialecte local que lorsqu'elle l'était dans une langue littéraire.

La persistance et la profondeur des cultures et des tribus régionales.s'expliquent par des raisons sociales, économiques, artistiques, anthropo-logiques et même biologiques. D'après les descriptions que nous en pos-sédons, et notamment les textes écrits en dialecte, il semble que la vie•dans les paroisses d'autrefois ait été patriarcale, traditionnelle et calme.•Cette image correspond à celle qu'on associe généralement aujourd'hui•à la défense des intérêts locaux; la culture et l'économie régionales sontréputées plus conservatrices que leurs homologues nationaux, et le sonten fait souvent.

Nous touchons toutefois ici à un paradoxe intéressant. A mesureque les régions et les tribus locales se constituent en vastes unités ouen États nationaux, les cultures régionales, du moins celles qui sontvigoureuses et fortement hiérarchisées, prennent un caractère de plusen plus subversif, parfois séparatiste, même lorsque l'État central estrégi selon les mêmes principes patriarcaux que l'étaient les entités

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

locales. Dans la Grèce antique, ces facteurs de subversion ont toujoursété tellement puissants que la Grèce n'est jamais parvenue à devenirun État national stable. Toutefois, lorsque le pouvoir de l'État prendune forme stable, une tension, plus ou moins forte mais toujours sen-sible, s'instaure entre les deux types de conservatisme qui s'affrontentalors : d'une part, le conservatisme administratif de l'État, conser-vatisme politique au sens véritable du terme sans être nécessairementde droite (on pourrait parler du conservatisme inhérent au système)et, d'autre part, le conservatisme d'un mode de vie régional.

Il m'est revenu à l'esprit, en réfléchissant à ces deux formes opposéesde conservatisme ou, plus exactement, à ces deux conceptions contra-dictoires de l'organisation des collectivités humaines et de la continuitéhumaine, qu'elles avaient déjà été formulées, dans leurs grandes lignes,il y a bien longtemps. Environ quatre cents ans avant J.-C., elles consti-tuaient déjà, en Chine, l'essence de deux philosophies de la vie et del'État, le confucianisme et le taoïsme. La pensée confucéenne reposesur la systématisation de la hiérarchie familiale paternaliste. L'adminis-tration des districts, des provinces et de l'État lui-même reproduisaitun même schéma de centralisation à tous les échelons, dont le plus élevéétait l'empereur, père suprême du peuple. Ce système a survécu, en gros,jusqu'en 1912. A la conception confucéenne s'est opposé de tout temps,sans jamais parvenir à l'emporter, le taoïsme, qui voyait dans le petitÉtat tribal l'unité idéale. Tchouang-tseu, principal philosophe taoïste,l'a décrite ainsi :

« Ne connaissez-vous pas l'époque où régnait la vertu supérieure?Ce fut celle où gouvernèrent successivement les souverains Jong-tch'eng,Ta-t'ing, Po-kouang, Tchong-yang, Li-lou, Li-hiu, Hien-yuan, Ho-siu,Tsouen-lou, Tchou-jong, Fou-hi, Chen-nong. En ce temps-là, les hommesfaisaient usage des cordelettes nouées; ils trouvaient savoureuse leurnourriture, beaux leurs vêtements, agréables leurs coutumes, confor-tables leurs habitations. D'une principauté à l'autre voisine, les genspouvaient s'apercevoir, entendre le chant des coqs et l'aboiement deschiens; ils mouraient de vieillesse sans être jamais entrés en relations.En ce temps-là régnait un ordre parfait.

» Actuellement, on en est venu à ce que le peuple tende le cou etse dresse sur la pointe des pieds en se disant : "Dans telle région vitun sage." Chacun fait alors provision de vivres et court auprès de lui.On abandonne ses parents et l'on délaisse les affaires de son souverain.Les traces de leurs pieds se suivent aux frontières des seigneuries; lesornières de leurs chars s'entrecroisent à plus de mille stades de distance.Tout cela vient de ce que les hauts dirigeants s'entichent des sages. »

Le taoïsme, ainsi réduit à un bref extrait, peut apparaître commeune parodie du chauvinisme le plus obstiné. N'oublions pas toutefoisque F « état de nature » décrit est situé par l'auteur dans une antiquitélointaine et que cette description utopique est dans le style et la

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

tradition de l'époque. En fait, le texte de Tchouang-tseu est une critiqueacerbe de l'état de choses de son temps. On trouve aussi dans le taoïsmedes prescriptions quant à la façon correcte d'administrer les grandsÉtats et une critique de la morale; à cet égard, le taoïsme met l'accentsur la capacité d'autodiscipline dé l'homme, un peu comme A. S. Neilldans Les libres enfants de Summerhill. L'attitude taoïste à l'égard desrelations entre l'individu et la société procède, de façon analogue, d'unanarchisme confiant proche de celui de Proudhon, père de l'anarchismeeuropéen moderne, qui croyait fermement au sens inné de la justicechez l'homme laissé libre de se développer à sa guise.

Avant tout, le taoïsme se caractérise par une prudente réserve àl'égard de tous les procédés et systèmes artificiels ayant une incidencesur la nature et sur l'homme. Son concept central, le Tao (la Voie),pourrait être défini comme le principe d'une coexistence entre l'hommeet la nature, rendue possible par une autodiscipline mutuelle. Tchouang-tseu critique comme suit (il s'agit de la fin de la citation précédente)la spéculation et l'ingéniosité technique :

« Aussi longtemps que les hommes qui nous gouvernent convoiterontla science sans connaître la Voie, la confusion régnera dans le monde.Et voici comment on saura qu'il en est ainsi : Si vous vous ingéniezà multiplier les arcs, les arbalètes, les flèches, les filets et les pièges àressort, les oiseaux affolés fuient en désordre dans les airs. Si vous vousingéniez à multiplier les hameçons, les appâts, les filets et les nasses,les poissons en sont troublés dans l'eau. Si vous vous ingéniez à multi-plier les piques, les trappes et les filets, les quadrupèdes en sont dérangésdans les terrains marécageux.

» Perfectionnez l'ingéniosité et l'art de tromper, jetez la confusiondans le dur et le blanc, séparez et unissez arbitrairement l'identiqueet le différent, et les hommes s'égarent dans la discussion. Le mondetombe alors dans l'obscurité et le chaos. Ce crime provient de l'amourde l'ingéniosité. Car chacun s'efforce d'apprendre ce qu'il ne connaîtpas, mais il ne cherche pas à approfondir ce qu'il connaît déjà. Chacuncritique chez les autres ce qui le dépasse mais se garde de juger le peudont il est capable. C'est de là que vient le grand désordre. En résumé,l'excès d'intelligence met du désordre dans le rayonnement de la luneet du soleil, effrite les montagnes, dessèche les fleuves et perturbe lasuccession des quatre saisons. Ces maux vont déranger même les verscraintifs et les insectes minuscules dans leurs habitudes propres. Queldésordre l'amour de l'ingéniosité n'apporte-t-il pas dans l'univers1? »

La citation est longue, mais je crois qu'elle en vaut la peine. Si l'onpense aux données dont disposait le philosophe chinois quelque quatrecents ans avant l'ère chrétienne pour fonder sa prédiction, il faut bien

1. Cette citation, de même que la précédente, est tirée de : TCHOUANG-TSEti, Œuvrecomplète, traduit par Liou Kia-hway, Paris, Gallimard, 1969. (Connaissance de l'Orient/Collection Unesco d'œuvres représentatives.)

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

reconnaître que cette dernière est, dans l'histoire de l'humanité, à lafois l'une des plus hardies et aussi l'une de celles qui se sont le plus litté-ralement réalisées. C'est en fait à notre propre génération qu'est réservéle privilège douteux de voir sa prophétie se réaliser. Nombreuses sont lescultures qui, avant la nôtre, se sont détruites en faisant un mauvais usagedes ressources naturelles, mais la nôtre est la seule à démontrer la véritédes relations de cause à effet si hardiment exposées par Tchouang-tseu.

Les hypothèses et les intuitions des anciens Chinois présententmanifestement de l'intérêt pour notre époque. Le taoïsme est un systèmephilosophique pratique inspiré par l'expérience et le sens communautairede la vie; son élément essentiel est sa compréhension du caractère humainde la société et des limites du savoir auxquelles l'humanité peut atteindre.

A mesure que l'industrialisation mondiale croissait jusqu'à son stadeactuel, il devenait de plus en plus évident, à chaque décennie, que desindividus et de petits groupes se trouvaient amenés (voire obligés),par la croissance de l'État et du pouvoir technologique, à assumerla gestion suprême et le pouvoir de décision dans des domaines où ilne devrait pas être permis à des individus de décider et dont de petitsgroupes, pour vastes que soient les ressources mises à leur dispositionpar les ordinateurs, ne peuvent assumer la direction. Quand je dis« où il ne devrait pas être permis à des individus de décider », je faisévidemment allusion au fait bien connu qu'une concentration surhumainede pouvoirs entraîne nécessairement des erreurs et des injustices éga-lement inhumaines; quand je dis qu'un individu ou un petit groupene peut assumer la gestion de certains domaines, je veux dire que,même lorsque le pouvoir administratif et technologique est utiliséavec les meilleures intentions du monde, les conséquences des mesuresprises sont à tel point incalculables que parler de gestion n'a plus aucunsens. Cela est d'autant plus vrai que, du fait de l'explosion démogra-phique, l'importance des concentrations humaines ne cesse de croître,excluant de plus en plus toute considération pour l'individu.

Ces phénomènes n'ont rien de nouveau en eux-mêmes. L'histoiremontre au contraire qu'une société, aussitôt parvenue, par sa tailleet par sa richesse, au rang de grande puissance, fait le plus souventde son pouvoir un usage irrationnel aboutissant à sa propre destruction,comme en témoignent les pyramides, les temples d'Angkor et la dévas-tation des forêts et des terres en bordure de la Méditerranée. Le seulélément nouveau propre à notre époque est que ce risque s'étend désor-mais à la planète tout entière. On tolère par exemple que les centralesatomiques contribuent jour après jour à une pollution radioactivedont les effets se feront sentir pendant des siècles, alors qu'on ignoretotalement quel taux de radiation le système humain peut tolérer.

Le grand public commence à être informé de la course à l'abîmedans laquelle le pouvoir et la technologie entraînent l'humanité, et lérégionalisme redevient, de ce fait et d'une façon inédite, un thème

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

d'actualité. C'est ainsi qu'on peut, à la lumière du taoïsme, établirdes rapports inattendus entre certains phénomènes sociaux récentset un monde de pensée d'inspiration régionaliste. Mon intention n'estpas de soutenir que les taoïstes sont les seuls à avoir perçu clairementces choses, mais 'simplement qu'ils ont été les premiers. Depuis le débutde l'industrialisation, divers arguments ont été avancés par les anar-chistes, par les tenants d'autres systèmes de pensée et par certainessciences (notamment les sciences naturelles, la biologie et l'écologie),arguments qui démontrent de façon de plus en plus probante que lapuissance et le savoir dont dispose aujourd'hui l'humanité échappenttotalement à la maîtrise de l'homme.

On sait qu'au nom de l'efficacité, de la croissance et du profit, lesorganisations intellectuelles et industrielles cherchent à réaliser, par-delà les frontières nationales, des concentrations de plus en plus impor-tantes. Cette tendance aboutit évidemment à une concentration depouvoirs d'un autre genre. On a annoncé avec optimisme aux popula-tions que la production, la consommation et les loisirs allaient augmenterde façon impressionnante. Ce qui se produit en réalité, c'est une prisede conscience croissante du fait que la production et la consommationdétériorent de multiples façons les conditions de vie sur terre. Depuisquelques décennies, des objectifs nouveaux — et des troubles égalementinédits — se font jour dans la vie des collectivités à mesure que l'orga-nisation de la production et de la consommation se traduit par uneconcurrence de plus en plus féroce et par un appareil administratifde plus en plus lourd, nanti d'une bureaucratie envahissante et de plusen plus indifférente à l'existence de l'individu. Aussi a-t-on vu s'exacerberbrusquement en Europe le séparatisme de minorités comme les Gallois,les Écossais, les Flamands et les Bretons, tandis que, dans tous les pays,les provinces contestaient les empiétements de la capitale. Dans Lesnouveaux Européens, Anthony Sampson émet l'opinion que ces diversestendances aboutiront tôt ou tard à la constitution d'une Europe compo-sée d'unités régionales beaucoup plus petites, au terme, évidemment,d'un processus qu'il prévoit « long et peu plaisant ».

C'est aux mêmes causes (et en particulier à la manie de la productionet de la concurrence à outrance) qu'il faut attribuer l'agitation d'unautre genre de minorités qui nous sont devenues familières depuis quelquesannées : révoltes, émeutes, mouvements de contestation de jeunes révo-lutionnaires dans les universités et les écoles, et contestation plus passivedes hippies prônent l'usage de la drogue. Ces mouvements ont forte-ment déconcerté et découragé les générations plus âgées, et l'une deleurs conséquences directes a de toute évidence été de renforcer le conser-vatisme du système. Ils ont toutefois la même valeur symptomatiqueque les mouvements régionalistes : ils indiquent que l'homme tolérera,ou tolère déjà, de plus en plus mal d'être systématiquement conditionnéet enrégimenté pour satisfaire aux exigences de la bureaucratie, de

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Introduction : la culture régionale et son rôle futur

l'économie et de la technologie toute-puissantes, et d'être traité commeun rouage d'un système ou une simple machine à consommer.

Il ne faut pas oublier, lorsqu'on étudie les réactions de la jeunesseinstruite, que c'est elle qui est le plus directement informée de ce quise passe sur le plan écologique et politique et des perspectives d'avenirqu'on peut en déduire. Ces perspectives ne sont pas gaies, et ellesconcernent précisément l'univers dont ces jeunes hériteront. Il n'està mon avis ni étrange ni inquiétant que les mouvements de contestationn'aient, dans l'ensemble, proposé aucune solution de rechange à longterme. Les questions qui aujourd'hui paraissent essentielles pour la surviede l'humanité ne sont considérées comme telles que depuis quelquesdécennies. Le simple fait de prendre conscience de ces questions, de lespasser au crible de l'analyse et de les évaluer représente une tâcheconsidérable pour ceux qui doivent prendre sur eux les responsabilitésde leurs prédécesseurs et chercher à infléchir le cours de l'évolution,ultérieure des événements.

Étant donné que tous ces problèmes ont une cause commune, à savoirla concentration excessive et superflue du pouvoir administratif ettechnologique, à peu près n'importe quel type de décentralisationau profit des régions apparaît comme souhaitable (à l'exception de cer-taines formes extrêmes, d'ailleurs ignorées en Finlande). Le conserva-tisme d'un mode de vie régional et un certain anarchisme typique dela culture régionale sont des contrepoids à la centralisation des pouvoirsd'autant plus précieux qu'ils apparaissent à l'évidence comme le seulrecours devant un danger aussi proche et aussi universel. Le déploiementdes activités économiques et culturelles à l'échelle régionale est mieuxadapté à l'intelligence et aux capacités de l'individu que leur concen-tration entre les mains du pouvoir; il permet en outre un contact plusdirect avec la réalité et c'est là, à mon avis, l'une des principales vertusdu régionalisme.

H n'est évidemment pas question de jeter bas tout système admi-nistratif ou de démanteler la technologie. Ce qu'il faut, c'est mettreen place une multiplicité de contrepoids, décentraliser au maximum,veiller à ce que l'expansion technologique ne dépasse pas les limitesdu raisonnable, sensibiliser l'opinion publique à tout ce qui menacel'équilibre naturel, et prendre les mesures voulues en temps opportun.Selon l'expression de Veblen, les grandes collectivités doivent « payerle prix de leur avance »; et nous espérons que les petites collectivitéspourront « s'enorgueillir de leur faire des emprunts », pourvu qu'ilssoient judicieux. L'existence et la survie de la culture régionale, de mêmeque celle des petites nations, se justifient donc par la nécessité de veillerà ce que la vie et la culture gardent des dimensions humaines et naturelles,et de sauvegarder l'élément naturel du patrimoine humain.

Tuomas Anhava

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L'administrationdes arts par l'Etat

Les années soixante ont été, en Finlande, une période d'intense déve-loppement culturel. L'État y a pris alors une part prépondérante enmettant sur pied un vaste programme de base destiné à assurer l'expan-sion de tous les domaines des arts. Le gouvernement considère qu'ils'agit là d'une tâche aussi normale que celle d'améliorer le bien-êtreen général. Il est bien entendu que cela ne signifie nullement qu'il s'agitde policer l'art et de l'enfermer à l'intérieur de directives édictées parles autorités : il s'agit de créer une organisation et des conditions éco-nomiques qui permettront à l'art de s'épanouir sans aucune restrictionde sa liberté traditionnelle.

Plusieurs amendements ont été apportés à ce programme de baseau cours des années soixante. Aujourd'hui, c'est la loi de 1968 qui définitles responsabilités incombant respectivement à l'État (Ministère del'éducation, Comité central des arts et comités artistiques nationaux)et aux provinces (comités artistiques provinciaux).

Ministère de l'éducation

Depuis 1966, un Bureau des arts du Ministère de l'éducation s'occupede tous les problèmes ayant trait aux domaines artistiques. Il dirigel'administration, prévoit et suit l'exécution des mesures oificiellesdestinées à développer les arts, s'occupe de tous les aspects juridiquesdes arts, rédige les projets d'ouverture de crédits budgétaires, répartitles crédits alloués et en contrôle l'emploi, et nomme des représentantsde l'État, le cas échéant, aux conseils de gestion des instituts et orga-nismes artistiques.

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L'administration des arts par l'État

Comités artistiques nationaux

La réforme de 1968 permet aux écrivains, aux artistes et aux institutsartistiques de travailler avec les représentants qu'ils désignent eux-mêmes afin de déterminer et de décider le type d'action qu'il appartientà l'État de poursuivre.

Il existe sept comités artistiques nationaux, un pour chaque domaineartistique : la littérature, les arts plastiques, la musique, le théâtre,l'architecture, l'artisanat et les arts décoratifs, le cinéma et l'art photo-graphique.

Les membres de chaque comité sont nommés par l'État sur avisdes organisations représentatives. C'est aussi l'État qui désigne le pré-sident de chaque comité, entre trois candidats choisis par le comitélui-même parmi ses membres. Les membres composant chaque comitédoivent être des artistes ou des spécialistes confirmés, leur nombre pou-vant varier de sept à onze.

Il est évidemment important que chaque comité soit représentatif.Il faut tenir compte également de facteurs régionaux et linguistiques(la Finlande connaît le bilinguisme, finnois et suédois étant tous deuxlangues officielles). En temps qu'organisme spécialisé de l'État dansson domaine propre, chaque comité surveille l'évolution générale etles travaux des organismes d'éducation correspondants; il prend desinitiatives ou soumet propositions et recommandations au ministère;il conseille les pouvoirs publics en matière d'art, rédige les projets d'ou-verture de crédits budgétaires et décerne les prix officiels et boursesde l'État.

Comité central des arts

Le Comité central des arts comprend les présidents des sept comitésartistiques nationaux ainsi que trois membres nommés par l'État.Il conseille le ministère sur la politique de développement culturel,prépare projets et propositions, notamment lorsque cela concerneplusieurs domaines artistiques, veille à organiser la coopération entreles divers domaines des arts et prépare aussi, sur la base des propositionsdes comités artistiques nationaux, les projets d'ouverture de créditsdestinés aux arts, pour inclusion par le'piinistère dans la loi de budgetsoumise au Parlement; il répartit les subventions spéciales entre lesdifférents domaines artistiques; enfin, il fait des propositions relativesà la nomination des titulaires de chaires professorales.

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L'administration des arts par l'État

Comités artistiques provinciaux

Les activités de chaque comité national s'étendent à la totalité du pays.Les comités artistiques provinciaux, eux, sont chargés d'administrerles affaires artistiques de manière plus détaillée, car ils sont évidemmentplus au fait des besoins locaux et des possibilités qu'il y a d'encourageret de favoriser les talents locaux. Ces comités constituent des instrumentsde liaison entre les deux niveaux, régional et national, et leur miseen place a été sans doute l'élément le plus important de la réformeadministrative.

Les membres sont nommés par les autorités provinciales après avisdes organismes et des instituts artistiques et culturels. Ils sont néces-sairement artistes ou spécialistes d'un des domaines de la politiqueculturelle régionale et, là encore, les facteurs régionaux et linguistiquesdoivent être pris en considération. Chaque comité compte huit à dixmembres, selon la province, ses dimensions, sa population et sa situation.Chacun d'eux surveille l'évolution locale générale et assure la liaisonavec les organismes artistiques régionaux compétents; chaque comitérend compte et fait ses recommandations au ministère, aux comitésartistiques nationaux et aux autorités provinciales, favorise l'activitéartistique au moyen d'initiatives et de projets divers, et répartit lescrédits alloués chaque année.

Autres organismes

L'Office de la presse et de la culture, qui dépend du Ministère des affairesétrangères, fournit des informations sur la Finlande et contribue àfaire mieux connaître la Finlande à l'étranger, et assure égalementle développement des relations culturelles avec les autres pays.

Le Département des relations internationales, qui dépend du Ministèrede l'éducation, s'occupe, en liaison avec le Bureau des arts, de questionstelles que la participation finlandaise à la coopération internationaledans le domaine des arts. Au ministère, le Département de l'enseignementsupérieur et de la recherche s'occupe des questions de propriété cultu-relle. Enfin, le Département des écoles s'occupe de tout ce qui toucheaux bibliothèques.

D'importantes fondations artistiques ont été créées en coopérationavec le Ministère de l'éducation : la Fondation de bienfaisance des artsplastiques, la Fondation pour le soutien de la création musicale (publi-cations et activités d'enregistrement), la Fondation pour le soutiende l'art musical (bourses destinées à des musiciens) et la Fondationcinématographique finlandaise (qui aide au financement de la distri-bution et de la production de filins).

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Aide de l'Etat aux écrivainset artistes indépendants

Bourses et subventions

Dans les domaines artistiques, l'aide de l'État a traditionnellement étéapportée à des instituts, écoles et organisations artistiqiies, tandis que,jusqu'à une date très récente, les artistes indépendants ne recevaientqu'une part relativement modeste de cette aide sous forme de sub-ventions.

Un changement d'importance a été apporté au début des annéessoixante-dix par la législation qui a instauré les fonctions d'artiste-professeur et les bourses d'Etat aux artistes. L'ancien système d'allo-cations a été supprimé et la participation globale de l'État considérable-ment augmentée.

Des chaires professorales permanentes ou temporaires peuventdésormais être créées pour récompenser les artistes créateurs particu-lièrement méritants. Le professeur doit donner des cours dans les uni-versités et aider les artistes de ses avis, mais il est également censécontinuer à faire œuvre créatrice. Les artistes de premier plan connaissentainsi la sécurité financière et peuvent travailler au développement desdomaines artistiques qui sont les leurs. En 1972, six professeurs aurontété nommés pour une durée de trois ans, sur la recommandation duComité central des arts.

Une innovation encore plus importante a été la réforme du systèmedes allocations individuelles. En vertu du système précédent, cinquantebourses étaient accordées chaque année à de jeunes artistes et cinquanteautres allaient tous les trois ans à des artistes confirmés. Mais ellesallaient seulement à des artistes travaillant dans les domaines de lalittérature, de la musique, des arts plastiques et du théâtre, tandis quel'artisanat et les arts décoratifs, l'architecture, le cinéma et la photo-graphie étaient négligés.

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Aide de l'État aux écrivains et artistes indépendants

TABIJEATJ 1

Domaine

EcrivainsTraducteursArtistes (arts plastiques)CompositeursMusiciens (exécutants)ActeursDanseursArchitectesSpécialistes de l'esthétique industriellePhotographesCritiques -

1 an

184

144

162254575

2 ans

617321

111

3 ans

3

51

TOTAL 104 23

Selon les nouvelles dispositions, les allocations seront attribuéeschaque année pour des périodes d'un, trois ou cinq ans, et elles pourrontaller à tout artiste, quel que soit son domaine d'activité. Le tableau 1donne les chiffres de la répartition de ces bourses lors de la premièreannée.

En 1974, 218 artistes bénéficieront d'une bourse; sur une périodede cinq ans, près de 900 artistes auront reçu une subvention. Cela repré-sente une amélioration considérable par rapport à l'ancien système.Étant donné que les subventions sont accordées par les différents comitésartistiques nationaux, les artistes interviennent directement dans undomaine qui revêt une grande importance de politique générale. Lessubventions sont destinées à faciliter travaux et études, et aucunecondition d'âge ou autre n'est requise.

Le Comité central des arts attribue en outre chaque annéel'équivalent de quarante bourses d'État (représentant en 1971 environ550 000 marks, soit quelque 135 000 dollars) pour aider à couvrir lesfrais de grands projets entrepris par des artistes ou groupes d'artistes.

Le Ministère de l'éducation octroie des subventions de dédomma-gement aux auteurs et aux traducteurs dont les œuvres sont disponiblesdans des bibliothèques publiques. En 1971, ces subventions se sontélevées à 692 000 marks (170 000 dollars) pour les bibliothèques publiques(5 % de certaines subventions accordées au cours de l'année civileprécédente au titre de la loi sur les bibliothèques). Au moins 45 % deces subventions vont aux écrivains, 10 % aux traducteurs et 45 % aumaximum aux écrivains et traducteurs malades, invalides, âgés ouindigents. L'attribution de ces subventions se fait d'après les avis d'unorganisme spécialisé.

Dans certains cas exceptionnels, le ministère attribue des subventionspour des expositions, des voyages d'études ou d'autres activités.

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Aide de l'Etat aux écrivains et artistes indépendants

Prix nationaux _~

Les prix nationaux récompensent les réalisations exceptionnelles. Aquelques exceptions près, la décision appartient aux comités artistiquesnationaux. En 1971, la valeur des prix décernés dans chaque domainedes arts représentait de 10 000 à 30 000 marks (2 400 à 7 200 doÙars) ;ils furent attribués à des écrivains, à des auteurs de livres pour la jeunesse,à des auteurs dramatiques, à des traducteurs, à des peintres et sculp-teurs, à des professionnels du cinéma, à des photographes et à des sty-listes et spécialistes de l'esthétique industrielle.

Il n'existe pas de règlement précis régissant l'attribution des prixaux écrivains. A l'heure actuelle, c'est le Comité national de la littéra-ture qui choisit parmi les œuvres d'imagination publiées au cours del'année civile précédente, en finnois ou en suédois.

Le Ministère de l'éducation a élaboré un règlement pour l'attributiondes prix destinés aux auteurs de livres pour la jeunesse. Les livres doiventavoir été publiés sous forme imprimée au cours de l'année civile précé-dente. Ces récompenses sont également décernées par le Comité nationalde la littérature.

Un comité spécialement créé à cet effet décerne les récompensesnationales aux auteurs dramatiques pour une pièce montée ou publiéepour la première fois au cours de l'année précédente. Les pièces destinéesà la radio ou à la télévision ne sont pas retenues par ce comité.

Le Comité national des arts plastiques décerne ses prix à l'issued'un concours national, sur la base de trois œuvres d'art achevées aucours de l'année et présentées pour ,1e concours, soit au cours de l'annéemême du concours, soit dans le courant des deux années précédentes.

Les prix nationaux destinés aux professionnels du cinéma sontdécernés par le Comité national de l'art cinématographique et récom-pensent une réalisation marquante de l'année précédente, à l'un destitres suivants : scénario, mise en scène, prise de vues, animation, effetssonores, montage, décors, costumes, musique, aussi bien qu'à un acteurou à un danseur et à toute autre personne ayant contribué à la réali-sation du film. Le même comité national attribue également les récom-penses aux photographes auteurs des meilleures photos prises au coursde l'année précédente.

Dans le domaine de l'artisanat et des arts décoratifs, les prix sontdécernés par le Comité national des arts industriels et vont à des sty-listes et spécialistes de l'esthétique industrielle travaillant seuls ou enéquipe. Peuvent recevoir un prix : des objets (produits, série de produitsou prototypes, produits graphiques ou typographiques fabriqués indus-triellement ou manuellement); des ensembles destinés à l'environnement ;des études de projets et des idées de recherche.

Les réalisations susceptibles d'être primées doivent avoir été achevéesou annoncées au cours de l'année civile précédente.

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Aide de l'État aux écrivains et artistes indépendants

Les anciens prix nationaux du cinéma ont été remplacés, par uneaide apportée à la production de films finnois de qualité. Le montantde cette aide (700 000 marks, soit 170 000 dollars en 1971) est consi-dérable par rapport à ce que représentaient les prix nationaux. Lessommes sont réparties par un organisme constitué par le Ministère del'éducation.

Autres formes d'aide

Les crédits alloués chaque année par l'État pour l'acquisition d'œuvresd'art vont directement aux artistes. Les achats sont effectués par plu-sieurs commissions (y compris la Commission nationale pour l'acquisitiond'œuvres d'art et la Commission des acquisitions de l'Académie finlan-daise des arts). Les sommes ainsi dépensées en 1971 ont représenté365 000 marks (environ 90 000 dollars). Les œuvres achetées sont affec-tées à des musées d'art, des bureaux et des établissements nationaux(principalement des immeubles récents).

Des subventions sont attribuées pour développer la productiond'œuvres d'imagination ou dramatiques en finnois et en suédois, etpour financer l'échange de critiques entre pays nordiques. Il existeégalement des prix communs de littérature et de musique pour l'ensembledes pays nordiques.

Enfin, dix-huit pensions ont été accordées en 1971. Ces pensionsétaient primitivement une forme de distinction et étaient attribuéesà des artistes même relativement jeunes. Jean Sibelius en reçut uneavant d'avoir atteint quarante ans. Depuis quelque temps, l'accentest mis davantage sur des considérations de besoins financiers. L'en-semble de ce système est en cours de révision, en liaison avec la nouvellelégislation sur les pensions des travailleurs indépendants.

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Coopération culturelleinternationale

La participation, à la coopération culturelle internationale — et parti-culièrement au cours des vingt dernières années — a eu en Finlandeun effet bénéfique sur la politique culturelle et les activités culturellesen général.

Coopération entre pays nordiques

La coopération culturelle fait partie intégrante des échanges entre lespays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède).La communauté nordique est fondée sur la similitude des caractèressociaux et historiques de ces pays, ainsi que sur celle de leurs valeurséthiques ou culturelles. Elle repose également sur le fait que Danois,Norvégiens et Suédois se comprennent mutuellement et qu'en ce quiconcerne la Finlande et l'Islande, la connaissance de l'une ou l'autredes langues Scandinaves est suffisamment répandue pour que leurs natio-naux puissent faire partie de la communauté linguistique Scandinave.(Ainsi qu'il a été indiqué précédemment, le finnois et le suédois sonttous deux langues officielles en Finlande.) La coopération culturellepermet d'affirmer et de renforcer l'existence, jusque-là négligée, de cescaractères communs.

Le début de la coopération culturelle officiellement organisée coïncideavec la première réunion des ministres de la culture et de l'éducationdes pays nordiques, qui a eu lieu à Copenhague en 1938. Après uneinterruption due à la guerre, une seconde réunion ministérielle eut lieuen 1946. Depuis lors, ces ministres se rencontrent régulièrement chaqueannée.

Suivant la recommandation de la réunion de 1946, la Commissionculturelle nordique (Nordiska Kulturkommissionen, NCC) fut créée en1947. La Finlande y nomma des représentants en 1948.

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Coopération culturelle internationale

Au sein de la NCC, on compte trois sections qui s'occupent des pro-blèmes suivants : section 1, éducation supérieure et recherche; section 2,éducation scolaire; section 3, éducation extrascolaire et arts, c'est-à-direla culture proprement dite. Chaque pays dispose de trois représentantsdans chacune des sections, délégués gouvernementaux et représentantsd'instituts et d'organisations culturels.

La NGC est un organisme essentiellement consultatif, mais elle exé-cute aussi des tâches concrètes. Elle forme des groupes de travail ad hoc.Ses recommandations ont conduit à la création d'organismes ou deprogrammes communs requérant une étroite collaboration entre lesdépartements compétents des gouvernements des pays nordiques.

La section 3 a été à l'origine de différents projets auxquels la Fin-lande s'est activement associée. Son champ d'activité couvre la litté-rature, le théâtre, la musique, les arts plastiques et le cinéma, la section*n faisant connaître les réalisations à l'intérieur ainsi qu'à l'extérieurde la région où elles naquirent. Chaque pays réserve une large part deson budget annuel au financement des échanges artistiques entre les paysnordiques.

Pour harmoniser davantage les systèmes d'éducation, il a été recom-mandé aux gouvernements de donner aux ressortissants de tout paysnordique pleine liberté d'utiliser les moyens culturels et éducatifs den'importe quel autre pays nordique; il leur a été également recommandéde coordonner leurs différents programmes en matière d'éducation.

Parmi les récents projets proposés par la section 3 figurent uneimportante conférence sur les rapports entre la politique culturelle etles enfants ainsi qu'une proposition finlandaise visant à créer un institut.Scandinave du design.

En 1969-1970, les gouvernements des pays nordiques ont alloué5 186 400 couronnes danoises (environ 710 000 dollars) à des projetsrelatifs à l'éducation extrascolaire et aux arts. La contribution budgé-taire finlandaise s'élevait à 1 104 600 couronnes (environ 150 000 dollars).De nouvelles possibilités sont apparues en 1966 avec la création d'unorganisme semi-gouvernemental, le Fonds culturel nordique. Depuis1971, le Fonds attribue 5 millions de couronnes danoises chaque année-(environ 700 000 dollars) à des projets portant sur l'expérimentationen matière d'éducation, de culture et de recherche. Plus de la moitiéde cette somme va aux projets qui touchent aux arts et à l'éducationextrascolaire. La plupart de ces projets sont réalisés par des organismesnon gouvernementaux.

L'organisation administrative était relativement pesante. En consé-quence le Conseil nordique a recommandé en 1970 que les gouvernementspréparent une convention culturelle des pays nordiques devant entrer envigueur le 1er janvier 1972. Un groupe de travail a été constitué pourmettre au point un projet de convention et en prévoir l'application. La con-vention a été dûment signée par les ministres le 15 mars 1971 à Helsinki.

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Coopération culturelle internationale

Un conseil des ministres en est l'organe de direction suprême, aidéd'un comité de hauts fonctionnaires gouvernementaux. Un secrétariatà la coopération culturelle des pays nordiques sera installé à Copenhague-On estime à 42 millions de couronnes danoises (600 000 dollars) la sommenécessaire en 1972 à l'élargissement de la coopération prévue par laconvention.

A l'entrée en vigueur de la convention, la NCC cessera ses activités-et ses travaux en cours seront transférés à de nouveaux organes quiseront créés aux termes de la convention.

Coopération multilatérale

Depuis l'origine, la Finlande a pris une part active aux travaux del'Unesco, où elle est entrée en 1956 après être devenue membre desNations Unies en 1955. Depuis 1966, la Finlande est membre du Conseilexécutif de l'Unesco, où elle est officieusement le porte-parole des autrespays nordiques.

La première conférence ministérielle mondiale sur les politiquesculturelles, qui s'est tenue à Venise en 1970, a étudié la responsabilitéde l'État dans le développement de la culture, la recherche en matièrede politiques culturelles, et la coopération entre États concernant lesproblèmes de politique culturelle. Cette conférence sera suivie en 1972par une conférence européenne, qui sera accueillie par la Finlande.

La participation finlandaise aux échanges multilatéraux et à lacoopération internationale en général s'est trouvée renforcée lorsquela Finlande a adhéré, en 1970, à la Convention culturelle européenne,devenant de ce fait membre à part entière du Conseil de la coopérationculturelle.

Coopération bilatérale

La Finlande a signé des accords et des protocoles portant sur les échangesculturels avec un certain nombre jde pays : accords avec la France^la Hongrie, la Pologne et l'URSS, protocoles avec la Bulgarie, laRépublique démocratique allemande, la Roumanie et la Tchéco-slovaquie.

Conformément à ces programmes bilatéraux, de nombreux échangesd'artistes, d'expositions, etc., sont organisés chaque année et des comitésspéciaux ont été chargés de s'en occuper, par exemple la Délégationpour les expositions culturelles internationales, qui dépend du Ministèrede l'éducation.

En ce qui concerne les pays avec lesquels ni accord ni protocole n'aété conclu, des échanges peuvent cependant être organisés par l'inter-

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Coopération culturelle internationale

médiaire des organisations multilatérales auxquelles appartiennent cespays ou sur la base d'ententes spéciales d'un caractère moins officiel.

Le service administratif chargé au premier chef de planifier et detraduire concrètement la participation finlandaise à la coopérationculturelle entre pays nordiques ainsi que dans le cadre d'accords bila-téraux ou multilatéraux est le Département des relations internatio-nales du Ministère de l'éducation.

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L'administration localedes affaires culturelles

Le système finlandais de gouvernement local est différent de celui de laplupart des pays, sauf les autres pays nordiques et la République fédéraled'Allemagne.

Les autorités locales sont juridiquement et économiquement auto-nomes, elles sont démocratiquement responsables de leurs propres-affaires locales et elles sont habilitées à prélever des impôts distincts.

Cette autonomie démocratique revêt une importance particulièreen ce qui concerne l'administration des affaires culturelles locales, carcela permet d'établir les plans en fonction d'une connaissance plus-approfondie des problèmes locaux. En règle générale, les problème»ruraux sont encore aggravés par le pouvoir d'attraction des municipalités-d'un type plus développé, et cela est encore plus vrai de la Finlande,,où le processus d'urbanisation est relativement fort avancé.

Le statut des municipalités est défini par la constitution — « l'admi-nistration des municipalités repose sur le principe de l'autonomie locale,ainsi qu'il est prescrit par les lois spéciales » — et leurs pouvoirs, ycompris ceux qui leur permettent de prendre en mains le développementculturel, sont confirmés par la loi sur les municipalités (1948).

Quelques remarques, au passage, sur l'enseignement : la future-école polyvalente de neuf ans de scolarité obligatoire sera une écolemunicipale financée par l'État, la municipalité étant l'unité adminis-trative de base du nouveau système scolaire finlandais. L'applicationdu système d'écoles polyvalentes obligatoires déjà commencé s'achèveraau cours des années 1973-1975. L'analyse qui suit laisse délibérémentde côté toute nouvelle étude du rôle de l'enseignement dans la culture.

Les activités culturelles des municipalités comportent les activitésprévues par la législation et celles qui relèvent de leur propre initiative.Elles sont administrées par le conseil exécutif de la municipah'té et pardes comités de la politique culturelle. On peut également les classer enactivités directes, c'est-à-dire menées par la municipalité elle-même,,

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L'administration locale des affaires culturelles

et activités indirectes, c'est-à-dire exécutées par différentes organisa-tions collectives recevant une subvention de la municipalité.

Il peut y avoir un comité distinct pour chaque domaine artistique :littérature, musique, etc. C'est le conseil municipal qui répartit les subven-tions (les citoyens ont droit de regard sur l'administration des affairesculturelles, à l'occasion des élections municipales, tous les quatre ans).

La portée, la nature et la méthode de l'administration des affairesculturelles dépendent évidemment, dans une large mesure, des conditionslocales, des autorités locales elles-mêmes et de certains individus influents.

Étant donné que les municipalités n'ont aucune obligation absolueen ce qui concerne l'administration des affaires culturelles, exceptél'organisation du système d'enseignement primaire (la future écolepolyvalente obligatoire de neuf ans), elles n'ont pas d'organisme culturelspécial. L'aiguillon de la critique publique, qui joue pour les questionsmatérielles et pour la politique sociale, fait ici défaut. Les problèmescorrespondants sont donc souvent plus grands que dans les autres sec-teurs de l'administration locale. La municipalité doit assumer desresponsabilités sans cesse croissantes à mesure que la collectivité en estde plus en plus tributaire du point de vue des crédits et des connaissancesspécialisées, dans le domaine culturel comme dans d'autres. On peutmentionner qu'un sixième des dépenses totales des municipalités urbaineset rurales est consacré à l'enseignement et aux activités culturelles(bien que l'État prenne à sa charge la plus grande partie des différentesdépenses d'enseignement). A cet effet, les pouvoirs publics ont créé aucours des dernières décennies des organes statutaires spécialisés danschacun des domaines suivants : écoles primaires; formation profession-nelle; bibliothèques et lutte contre l'alcoolisme; apprentissage; écolescommerciales ; collèges et instituts d'éducation populaire. Dans le secteurnon statutaire, autrement dit celui qui est laissé à l'initiative des muni-cipalités, des comités ont été établis pour le sport, la musique, l'actionen faveur de la jeunesse, l'économie domestique, la protection de la nature,le tourisme et même pour certains aspects de l'éducation populaire.Les comités des arts plastiques jouent un rôle important dans les villes.

Les activités d'éducation libres des municipalités se sont développéeset diversifiées depuis la guerre ; les comités les plus actifs sont en généralceux de la lutte contre l'alcoolisme, du sport, de l'action en faveur de lajeunesse et de l'éducation populaire.

Les objectifs, les programmes et les activités concrètes de ces comitéset de certains autres sont très proches (cela est vrai surtout des comitéspour l'action en faveur de la jeunesse et de la lutte contre l'alcoolisme,qui sont caractéristiques des pays Scandinaves).

Le sport, les activités de plein air et les autres formes d'éducationphysique, qui relèvent surtout du comité municipal des sports, sont desaspects importants de l'éducation des jeunes. La situation actuellereprésente peut-être une transition entre un système où des volontaires

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L'administration locale des affaires culturelles

élus assument des tâches de caractère général et celui qui reposera sur l'em-ploi d'un personnel permanent et rémunéré faisant un travail plus spécialisé.

Dans l'effort de coordination de l'administration des affaires cultu-relles, il ne faut pas perdre de vue la nécessité de préserver l'activitémunicipale et purement locale. L'Etat, les organismes compétent» et lesmunicipalités doivent travailler en collaboration. La politique culturelleappliquée par l'Etat et ses organismes ne peut fonctionner sans la coopé-ration des municipalités. Dès lors, la politique municipale en matièrede culture est appelée à jouer un rôle complémentaire essentiel, dontil est dûment tenu compte dans la plupart des initiatives gouvernemen-tales. Bien entendu, l'action propre des municipalités est, elle aussi,importante, puisque c'est elle qui est à l'origine d'une grande partiede l'aide financière, des bourses, des subventions destinées à l'actionen faveur de la jeunesse et à la lutte contre l'alcoolisme, des films surla région, des rétrospectives historiques, des expositions, des spectaclesdramatiques et des concerts.

La coopération municipale est essentielle à deux titres :1. Les municipalités adoptent l'administration des affaires culturelles

qui correspond le mieux aux conditions locales et aux besoins parti-culiers de la collectivité, comme cela se fait en matière de politiqueet d'affaires sociales.

2. Les municipalités sont à même de favoriser une culture locale durableet d'en protéger les caractéristiques spéciales. Toute la populationdoit avoir accès à la culture et aux moyens de distraction au niveaudu district, c'est-à-dire dans la région où elle vit et travaille.

La tradition culturelle finlandaise prend sa source à une ancienne culturepaysanne structurée sur des unités relativement petites — la paroisseet la province — qui sauvegardaient les particularités de leurs traditionspopulaires. A la suite de la transformation de l'économie due à la révo-lution industrielle, la paroisse n'est plus une unité économique au senstraditionnel du mot. C'est la province, moderne et diversifiée, qui remplitaujourd'hui le rôle d'unité naturelle de l'activité économique, et laconstruction rationnelle de l'organisation provinciale est à la base dudéveloppement de notre société dans son ensemble.

Toutefois, le manque de conseillers compétents dans différentsdomaines à l'échelon de la province — qui est pourtant le centre natureldes services de conseils et d'experts — se fait également sentir au niveaude l'administration culturelle. A mesure que les besoins augmentent,la formation continue de dirigeants culturels compétents devient unetâche urgente et particulièrement astreignante pour les organes culturelstant provinciaux que nationaux.

On peut distinguer trois composantes dans la vie culturelle à l'échelonlocal : spirituelle, intellectuelle et artistique. L'aspect spirituel relèvesurtout de l'Église nationale, l'Église évangélique et luthérienne deFinlande; à l'aspect intellectuel correspond un système complexe d'éta-

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L'administration locale des affaires culturelles

blissements d'enseignement et d'organisations culturelles bénévoles;l'aspect artistique enfin est pris en charge par diverses sociétés et asso-ciations et, de plus en plus, par les municipalités elles-mêmes.

L'administration municipale se trouve aux prises avec la tâchedifficile de coordonner ces courants de base, de les canaliser en un gulfstream qui devra vivifier et animer la politique culturelle locale.

On parle déjà de la « municipalisation » de l'activité culturelle. Ilconvient de préciser la portée de ce terme, en examinant dans quellemesure il est possible de concentrer de plus en plus les activités culturellesentre les mains d'organisations civiques bénévoles, l'autorité municipalese bornant au rôle d'organe directeur.

Sur le plan concret, l'administration implique la nécessité de trouverles ressources nécessaires à la réalisation d'idées et de projets. L'adminis-tration de l'enseignement et de la culture coûte de plus en plus cher.Les crédits viennent en partie des municipalités elles-mêmes, en partiede subventions de l'Etat. Une autre source de revenus importante estconstituée par la part du produit du monopole d'État sur l'alcool quiest répartie tous les ans entre les municipalités et qui aide à financerdiverses activités éducatives (l'antialcoolisme, l'action en faveur de lajeunesse, le sport, l'éducation populaire gratuite, etc.). Les donationsde particuliers, de fondations et de certaines organisations représententune source supplémentaire mais relativement limitée.

Pour quelles puissent triompher des difficultés de demain, il fautque les collectivités locales trouvent les crédits nécessaires. L'adminis-tration culturelle est bien entendu affectée par les réformes en cours,par les différentes manières dont les différentes municipalités la con-çoivent, par la situation particulière des petites municipalités, par leremaniement du tracé des communes et par la répartition des coûtsentre le gouvernement central et les autorités locales.

A en juger par les tendances générales, l'administration municipaledes affaires culturelles sera sans doute fonction, au cours des prochainesannées : a) de la croissance générale de l'économie nationale et de l'impor-tance accrue des affaires culturelles; V) de l'augmentation des respon-sabilités culturelles assumées par le secteur public; c) de la répartitiondes tâches entre les autorités centrales et les autorités locales.

Le calendrier municipal doit s'adapter à l'expansion de l'économienationale. Il est essentiel d'établir un plan d'ensemble pour les pro-grammes de politique culturelle des municipalités si l'on veut que lapolitique culturelle soit placée sur le même niveau que la politiqueéconomique et sociale. D'après des études sur l'importance d'une infor-mation adéquate pour l'amélioration de la situation économique et desconditions de vie dans le pays, ces trois domaines de la politique commu-nautaire — économique, social et culturel — sont étroitement liés etjusqu'à un certain point interdépendants.

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L'architecture

En Finlande, c'est sans doute dans le domaine de l'architecture plusque dans tout autre domaine artistique que l'éparpillement de la res-ponsabilité administrative est le plus grand. L'enseignement de l'archi-tecture dépendait de deux ministères jusqu'en 1971, date à laquelle leMinistère de l'éducation en a assumé l'entière responsabilité; la plani-fication communautaire est contrôlée par un troisième ministère; lestravaux de construction de l'Etat sont soumis au contrôle de plusieursadministrations, mais les programmes sont d'ailleurs distincts desprogrammes de construction de logements subventionnée par l'État.Bien qu'il y ait eu un début de centralisation et de meilleure organisationde cette administration, la situation actuelle se caractérise par deschevauchements et par l'absence de directives centrales.

La formation des architectes est assurée dans trois universités : lesuniversités techniques d'Otaniemi et de Tampere et l'Université d'Oulu.Le nouveau programme du département d'architecture de l'universitétechnique, résultat de la forte pression exercée par les étudiants eux-mêmes, peut être considéré comme l'un des aboutissements du débatsur 1' « enseignement démocratique », qui se poursuit activement enFinlande. Il est désormais possible de choisir les matières d'étude et deles combiner, on applique un système de points sanctionnant les résultatsobtenus, les cours sont plus nombreux, l'enseignement des matières lesplus importantes est étalé sur plusieurs années et l'on insiste davantagesur la théorie. L'Université d'Oulu a également établi un rapport sur laréforme du programme d'enseignement et sur la définition des objectifsde l'enseignement. Ces universités appliquent également une politiquecommune de numerus clausus et recrutent sur concours. L'enseignementde l'aménagement du paysage et la formation des architectes paysagistesont également été réorganisés.

Ces modifications découlent de la tendance générale à organiserde façon plus satisfaisante le passage de l'école secondaire à l'université.

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L'architecture

A l'heure actuelle, les étudiants en sciences du comportement et enéconomie peuvent combiner dans leur programme certaines des matièresenseignées par l'université technique.

Depuis 1968, il existe un centre distinct d'études supérieures d'urba-nisme. Il est rattaché à l'université technique et a suscité un intérêtconsidérable parmi les étudiants diplômés. D'une manière générale,l'intérêt porté aux cours de perfectionnement et à la recherche s'est trèssensiblement accru ces dernières années.

L'enseignement de l'architecture comporte un séminaire annuelsur l'architecture et l'urbanisme en Finlande, organisé par l'Associationdes architectes finlandais avec le concours du Ministère de l'éducation.Ce séminaire est principalement destiné aux architectes et stylistesétrangers, et le nombre des participants double chaque année.

L'Association des architectes finlandais est la seule organisationprofessionnelle d'architectes en Finlande. Au départ, il y a quatre-vingtsans, elle n'était qu'un sous-département de l'Association technique;elle compte aujourd'hui 900 membres environ. Outre ses activités pure-ment professionnelles, l'association dirige le système des concoursd'architecture et l'Institut des normes de planification et de construc-tion.

Les concours d'architecture permettent de trouver les meilleuressolutions aux problèmes de construction et d'architecture communau-taire. Le système du concours repose sur une longue tradition et a étéun important moyen, tant en Finlande que dans les autres pays nor-diques, de présenter et de discuter les nouveaux courants en architectureainsi que l'œuvre de jeunes architectes de talent. Il y a entre dix etvingt concours par an, certains internationaux, d'autres réservés auxScandinaves. Tous les concours finlandais sont organisés par l'Associa-tion des architectes finlandais.

L'Institut des normes de planification et de construction est unvaste établissement d'information, de recherche et de normalisation.Sa tâche essentielle consiste à fixer des normes (surtout dans le domainede la construction) d'après des travaux et des recherches préalables.L'institut est en contact, dans des domaines nombreux et variés, avecdes organisations étrangères similaires.

Des courants novateurs semblables à ceux qui ont caractérisé l'acti-vité des universités en diverses parties du globe se sont fait sentir ausein de l'Association des architectes finlandais. Peu de jeiines architectesavaient pris la peine d'adhérer à l'association, considérant qu'elle n'avaitrien de bien important à leur offrir, et un certain nombre d'anciensmembres avaient quitté l'association. Mais l'organisation de l'associa-tion a été récemment modifiée pour permettre à chaque membre decontribuer davantage à en orienter les activités. Les membres qui ontquitté l'association n'ont pas créé d'association concurrente.

Le Musée d'architecture finlandaise est le plus grand organisateur

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L'architecture

d'expositions d'architecture en Finlande. C'est l'un des premiers muséesde ce type. Il monte chaque année plusieurs dizaines d'expositionsd'architecture finlandaise dans le pays ou à l'étranger. Son action a étél'un des moyens les plus efficaces de faire connaître l'architecture fin-landaise. Le musée constitue un inventaire photographique des œuvresd'architecture finlandaise et rassemble en fonds d'archives dessins,épures et projets. L'ensemble de ses archives sont ouvertes aux chercheurs,à la presse, etc. Le musée a également produit quelques films sur l'archi-tecture et a organisé des débats sur des questions d'actualité contro-versées. Il bénéficie d'une subvention du Ministère de l'éducation.

La Commission archéologique assure la conservation et la restaurationdes bâtiments anciens. Les responsabilités de cet organisme d'États'étendent également au Musée national. L'une des plus importantesfonctions actuelles de la commission est l'inspection et le contrôle destravaux de restauration, prévus pour plusieurs années, des châteauxd'Olavinlinna et d'Hâmeenlinna. Au demeurant, il y a toujours quelquestravaux de restauration en cours dans telle ou telle église médiévale.Le projet de restauration néo-classique le plus considérable concernel'hôtel de ville d'Helsinki. La première phase en est terminée et lesméthodes employées pour la restauration ont suscité un très vif intérêt.

La conservation des bâtiments anciens et leur protection contred'inutiles altérations relèvent de la loi sur la protection des bâtiments.La loi n'a été promulguée qu'en 1964, mais elle n'a pas donné jusqu'iciles résultats escomptés. L'État s'efforce bien de s'en recommander poursauver des bâtiments menacés par la démolition, mais il s'est aperçuque les frais de dédommagement qui lui sont imputables de ce faitsont si élevés qu'il ne peut pas y faire face. Il n'a donc pu protéger quequelques constructions de moindre importance et peu « coûteuses ».

Le principe de la protection n'a été appliqué avec succès que pourles bâtiments appartenant à l'État, à des collectivités locales ou àl'Église et, dans certains cas, à des particuliers assez riches pourassurer eux-mêmes cette protection. Il existe aujourd'hui en Finlandeune tendance nette et affirmée à démolir des bâtiments anciens et à lesremplacer par des constructions nouvelles et plus rentables. L'opinionpublique s'est déclarée opposée à cette attitude, discutable sur le plannational et qui, de surcroît, donne naissance à des ensembles urbainsassez incohérents.

On a reproché à l'architecture finlandaise moderne une certainemonotonie de tons, en blanc et noir; cette critique a été notammentformulée par les habitants des nouveaux immeubles résidentiels. Lesarchitectes ont répondu que cette uniformité était le résultat inévitabledes règlements qui régissent la construction des logements subventionnés,d'où une répétition des styles de construction, et qu'elle était aussiune conséquence de la concurrence sur le marché du bâtiment. Quoiqu'il en soit, cette critique a porté des fruits, car des solutions plus

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L'architecture

colorées et moins uniformes ont été adoptées dans certaines zones rési-dentielles.

Ces derniers temps, toutefois, le public s'est surtout intéressé à cequ'on appelle en Finlande la « planification démocratique », qui consistesurtout à rendre public le processus de la planification. Selon certainsarticles, la planification représente un pouvoir impersonnel qui rendles structures urbaines hostiles à l'homme, sans que les habitants puissentinfléchir l'issue du processus. On critique aussi la conception de la cir-culation centrée sur l'automobile. La première à réagir à ces critiquesa été la ville d'Helsinki, avec sa banlieue. Une exposition y a été orga-nisée en 1970 pour présenter le plan directeur de la ville et le publica été invité à exprimer son opinion sur des panneaux disposés à côtéde ceux de l'exposition. L'avis du public a été sollicité de la mêmemanière sur la première « rue pour piétons » d'Helsinki, expériencequi s'était heurtée à l'opposition des commerçants mais était réclaméepar les autres habitants. En outre, les municipalités d'Helsinki et desa banlieue ont exposé des projets non terminés d'aménagement dezones aux futurs habitants et ont recueilli leurs observations.

L'organe spécialisé le plus élevé pour l'architecture et les autresarts est le Comité d'État pour l'architecture, au Ministère de l'éducation.Comme on l'a vu, l'architecture relève de plusieurs administrations.Le Comité des arts a considéré que certains domaines qui lui avaientété confiés s'apparentaient davantage à la science. Un nouvel organismede liaison a donc été institué poux faire en sorte que les cas marginauxde ce genre ne soient pas négligés parce qu'ils ne relèvent ni de la scienceni des arts de manière précise.

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L'artisanat et le « design »

Le mot « design » — qui a des acceptions différentes selon les pays —est devenu une sorte de slogan, mais il est en fait beaucoup plus que cela :c'est un concept, une manière de penser, un mode de vie.

La Finlande du xixe siècle a subi la double influence de Stockholmet de Saint-Pétersbourg et, par leur intermédiaire, s'est trouvée en contactavec les courants dominants du reste du monde. Les formes finlandaisessont le reflet de l'histoire du pays : le style byzantin et celui de l'Europegothique se sont intégrés aux traditions nationales de la Finlande elle-même.

Dans la dernière partie du xixe siècle, afin d'éveiller et de sauve-garder le sentiment national au sein du peuple, d'ardents patriotesfinlandais ont créé diverses associations, dont la Société de l'artisanatet des arts décoratifs, qui, fondée en 1875, est l'une des plus anciennesassociations de ce type au monde.

En 1881 a eu lieu à Helsinki la première exposition d'arts industrielsfinlandais. Sans doute les œuvres exposées n'étaient-elles guère originales,mais c'était un premier pas. Les effets de la révolution industriellene se sont fait sentir que tardivement en Finlande et le renouvellementdes arts industriels, qui avait commencé au Royaume-Uni, fut marquéen Finlande par la création, à la fin du xixe siècle, du petit atelier piloteIris, à Porvoo.

En Europe, de nombreux artistes avaient fui le monde civilisé pourchercher l'inspiration dans un milieu primitif et vierge par-delà les mers ;de même, artistes et architectes finlandais s'en furent vers les régionsreculées de leur pays en quête d'inspiration nationale. D'où l'apparitiondu style romantique finlandais. L'Exposition universelle de 1900 à Parisen vit la synthèse : pour la première fois, les Finlandais étaient repré-sentés dans un concours international par leur propre pavillon, quiretint beaucoup l'attention. Le Grand-Duché de Finlande avait trouvé làune excellente occasion de faire prendre conscience aux peuples étran-

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L'artisanat et le « design »

gers de son identité nationale et, comme on le vit par la suite, le pavilloncontribua pour beaucoup à la reconnaissance de la Finlande en tantqu'État indépendant par les grandes ptiissances en 1917. Au demeurant,le succès obtenu à l'étranger stimula l'activité dans le pays même.

Architectes et artistes finlandais préparèrent aussi le terrain pourla création de la profession de « designer ». En. 1911, une organisationprofessionnelle appelée Ornamo fut fondée. Elle trouva un moyen termeentre le romantisme national et le rationalisme international, jetantainsi les premières bases d'un concept qui allait connaître une granderéussite en tant que « formes finlandaises ». Les expositions annuellesorganisées par la Société de l'artisanat et des arts décoratifs et parOrnamo ont largement servi pour développer l'artisanat et les formesnouvelles et pour les faire connaître.

Afin de marquer l'accession de la Finlande à l'indépendance, on voulutconstruire plusieurs bâtiments modernes, symboles d'un pays libre.Ce fut un puissant stimulant pour les stylistes, qui reprirent contactavec le monde extérieur, notamment avec la Suède. Le courant Bauhausexerça une forte influence sur la jeune génération. Une exposition eutlieu en 1929, en liaison avec le 700e anniversaire de la fondation del'ancienne capitale, Turku, et fut une date marquante dans l'histoiredes arts industriels finlandais. Une seconde exposition eut lieu l'annéesuivante. Il s'agissait de montrer qu'il fallait créer des objets domes-tiques bon marché, pratiques, solides et esthétiquement agréables.L'amélioration de la qualité de la vie pour de nombreuses couches dela population était au centre des préoccupations des industriels éclairésqui, partageant l'enthousiasme créateur et les judicieuses idées des sty-listes, recrutèrent un nombre croissant d'artistes. Les avantages dela coopération entre les créateurs de formes et l'industrie furent ainsiamplement démontrés.

Un certain nombre d'industries finlandaises d'articles ainsi styliséssont parmi les plus importantes du monde : porcelaine et verre, textiles,ameublement, acier inoxydable, pour ne citer que quelques-unes desexportations finlandaises. Les entreprises correspondantes ne sont passeulement importantes par leur taille et par leur outillage moderne,mais peuvent également s'enorgueillir de solides traditions, puisquecertaines d'entre elles font remonter leurs origines au xviii6 siècle.L'excellence du « design » finlandais fut reconnue de manière éclatanteà la IXe Triennale de Milan, en 1951.

Depuis les années cinquante, une étroite collaboration s'est instauréeentre les sociétés de « design » finlandaises et celles du Danemark,de Norvège et de Suède, et des expositions communes ont été organiséesen Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Australie.On insiste tout particulièrement dans ces quatre pays sur le « design »appliqué à l'ameublement et aux objets domestiques.

Toutefois, les conditions dans lesquelles travaillent les « designers »

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L'artisanat et le « design »

finlandais diffèrent quelque peu de celles de leurs collègues du restede la Scandinavie : très peu d'entre eux en effet ont un atelier privé;ils travaillent surtout pour des entreprises industrielles soit à titrepermanent, soit sous contrat temporaire. L'industrie et les artistesunissent leurs forces, intellectuelles et matérielles, pour que ceux quiconçoivent et ceux qui produisent puissent transmettre leur sens dela beauté même à l'ustensile utilitaire le plus insignifiant. La preuveest ainsi faite que lorsque le « design » est d'inspiration populaire etqu'il s'adresse au peuple, son attrait peut être tout à la fois universelet caractéristique d'un pays.

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1. La nouvelle librairieacadémique d'Helsinki,due à Alvar Aalto,compte parmi les plusimportantes d'Europe.

2. Le Musée Sibelius,à Turku.

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3. Panneau muial Aurinkosade (Pluie de soleil). Grains decéramique et de verre cimentés sur socle en bois, 25 X 10pieds. (Photo Pietinen.)

4. Elissa et Alvar Aalto, Bibliothèque municipale de Seinajoki, 1965. (Photo Ingervo.)

5. Les quotidiens d'Helsinki.(Photo MainosvalokuvaamoPF. Studio.)

6. Théâtre municipal d'Helsinki.(Photo Martti I. Jaatinen.)

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7. Finlandia Hall, œuvre de l'architecte Alvar Aaltola grande salle de concert. (Photo Lehtikuva Oy.)

8. Finlandia Hall, œuvre de l'architecte Alvar Aalto. (Photo Lehtikuva Oy.)

Le théâtre

En Finlande, le théâtre est apparu plus tard que dans beaucoup d'autrespays. Ses origines remontent à la fin du XIXe siècle et il est issu d'un fortcourant national et romantique qui conserve encore dans une certainemesure la force et l'enthousiasme de ses débuts.

Il y a bien eu quelques représentations théâtrales en Finlande aucours des xviie et xviii6 siècles, mais il s'agissait de groupes d'amateursou de troupes ambulantes. Ainsi donc, pendant près de deux siècles,les représentations théâtrales en Finlande ont été données presque exclu-sivement par des troupes étrangères venant de Russie, des provincesbaltes, d'Allemagne et de Suède. Mais elles faisaient ainsi pénétrer dansle pays divers courants artistiques et dramatiques.

La Finlande n'a de théâtres permanents que depuis une centained'années. Le premier théâtre de langue suédoise fut créé en 1867 etle premier théâtre qui assura des représentations en finnois s'ouvrit en1872.

Dès l'origine, ce fut un théâtre populaire. La Finlande n'a jamaisconnu de théâtre de cour, contrairement à de nombreux pays européensoù l'intérêt manifesté par le souverain et son appui avaient été pré-pondérants. D'autres éléments jouèrent dans le cas de la Finlande.Le théâtre de langue suédoise répondait aux aspirations culturellesdes fonctionnaires, des officiers et de la classe supérieure en général;le théâtre de langue finnoise fut créé par la majorité ethnique, c'est-à-direle peuple.

Le caractère populaire et le succès du théâtre finnois furent encoreaccentués à la fin du xixe siècle et au début du XXe par l'inclusion del'art dramatique parmi les activités des vastes mouvements de la jeu-nesse rurale et ouvrière. Dès lors, le théâtre et des groupes dramatiquesapparurent dans tout le pays. Des compagnies professionnelles se cons-tituèrent peu à peu au cours des premières décennies de ce siècle etcommencèrent bientôt à bénéficier de l'aide de l'État et des autorités

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Le théâtre

locales. Le nombre des spectateurs ne cessa d'augmenter, et le théâtredevint rapidement l'art le plus prisé, ce qu'il est encore aujourd'hui.

Les chiffres de fréquentation sont éloquents. Le total annuel avoisine2 millions (1,8 million en 1970) pour une population totale de 4,7 millions,et ce chiffre ne tient pas compte du public d'un millier de compagniesd'amateurs.

Une circonstance intéressante a marqué le développement du théâtreen Finlande. L'indépendance politique de 1917 fut suivie en 1918 d'uneguerre civile qui laissa le pays divisé en deux camps, et cette divisionse répercuta sur le théâtre : jusqu'aux années trente et même quarantede nombreuses villes possédaient deux théâtres, l'un pour la bourgeoisieet l'autre pour les ouvriers. Ce fut essentiellement pour des raisonsfinancières que les deux théâtres d'ime même ville furent contraintsde fusionner : l'État et les autorités locales ne pouvaient pas partagerleurs subventions, surtout dans les petites villes.

La Finlande ne connaît pas le théâtre strictement commercial :tous les théâtres — il en existe trente-quatre dont neuf sont municipaux —reçoivent une aide considérable de l'Etat et des autorités locales. Il s'agittoujours de théâtres à répertoire; les grands peuvent avoir jusqu'à dixpièces à leur répertoire, les moins importants deux ou trois. Il existe quatrethéâtres de langue suédoise; les trente autres jouent en finnois. Le prixdes billets est moins élevé en Finlande que dans beaucoup d'autrespays européens, en raison précisément de l'apport des subventionsofficielles.

Depuis que le théâtre est devenu un aspect permanent de la viefinlandaise, l'art dramatique est mis sur le même pied que les autresarts et bénéficie de l'appui financier de l'État au même titre que lesmusées, les orchestres, les bibliothèques publiques et les écoles. L'Étatprend à sa charge 17 % en moyenne du coût annuel des théâtres,les autorités locales environ 50 %, et 33 % environ proviennent desrecettes. Les autorités locales payent ainsi en moyenne 6,55 marks(1 dollar = 7,28 marks) et l'État 2,40 marks pour chaque billet vendu,ce qui représente au total environ 8,55 marks par billet. Le prix dubillet va en général de 4 à 12 marks.

A titre de comparaison, les grands théâtres de Suède couvrent àpeine 10 % de leurs dépenses avec leurs recettes, tandis qu'en Norvègeet au Danemark le taux de l'aide officielle aux théâtres est à peu prèsle même qu'en Finlande.

Répertoire international

Le public et les acteurs ont l'habitude d'avoir un répertoire de plusieurspièces. Toutes les compagnies professionnelles donnent des pièces,modernes et classiques, offrant traditionnellement un choix varié :

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Le théâtre

les pièces étrangères sont nombreuses, mais au moins 50 % du répertoireest toujours finlandais.

D'excellentes pièces modernes ont été découvertes grâce aux concoursorganisés par des fondations littéraires ou par tel ou tel théâtre et aux-quels prennent part des centaines d'auteurs. Des prix d'État récompensentchaque année les meilleures pièces, ce qui contribue à encourager atiteurs«t acteurs de théâtre.

Malgré la brièveté de l'été et le temps incertain, plus de dix théâtresd'été fonctionnent chaque année en Finlande. Le plus connu est le théâtred'été Pyynikki, à Tampere, dans le beau site des lacs du centre de laFinlande. Le théâtre Pyynikki est célèbre pour son auditorium tournantet pour son exceptionnelle adaptation à la scène du roman de Vâinô Linna,Soldats inconnus, qui est à l'affiche depuis dix saisons et qui a déjà étévue par près d'un demi-million de spectateurs.

Quel que soit le nombre des théâtres subventionnés, des dizainesde milliers de personnes vivent si loin d'un théâtre qu'elles n'y vontjamais. Il a donc été proposé, dans les années soixante, qu'on remédieà cet état de choses en créant ou en agrandissant des théâtres régionaux.Plusieurs théâtres ont reçu une aide plus importante de l'État et cherchentà s'adresser à un public plus vaste. Trois théâtres régionaux fonction-naient en 1970/71 et deiix autres s'ouvriront au cours de la saison1971/72.

De nouveaux publics ont également été touchés grâce à l'organisationde tournées par certaines compagnies et aussi d'un système de transportpour amener le public au théâtre. Le théâtre Rovaniemi, le plus sep-tentrional du monde, qui est le théâtre régional de Laponie, a fait par-courir des centaines de kilomètres à sa compagnie dans la toundra,où la population est clairsemée. Le théâtre Kuopio, situé dans la partieest de la région des lacs au centre de la Finlande, a créé un réseaud'agents et un service de cars amène les spectateurs, quel que soit leurlieu de résidence, au nouveau théâtre, qui est en soi digne d'intérêt,tant sur le plan technique que du point de vue de l'architecture.

Les « voyages au théâtre », c'est-à-dire les longues sorties des habi-tants des districts ruraux vers une ville possédant un théâtre, et mêmed'une ville à l'autre, ont toujours été populaires en Finlande, et leurnombre augmentera sans doute quand les théâtres régionaux aurontété créés.

Depuis quelques années, un petit nombre de théâtres essayent denouvelles formes théâtrales et cherchent à gagner un nouveau public.Il s'agit surtout de troupes de jeunes qui montent des spectacles decabaret sur des sujets politiques et d'actiialité et ont créé des spectaclesd'essai.

Les contacts entre les théâtres finlandais et ceux des autres paysScandinaves ont toujoiirs été étroits. Pendant longtemps, la troupedu théâtre suédois d'Helsinki n'a compté que des acteurs venus de

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Le théâtre

Suède. Il a fallu attendre 1917 poux que ce théâtre, le plus grand théâtrede langue suédoise du pays, commence à engager des acteurs finlandaisparlant le suédois et à organiser des cours réguliers d'art dramatique.

La coopération entre la Finlande et les pays Scandinaves s'est inten-sifiée après la seconde guerre mondiale. La récente Union des théâtresnordiques permet la coopération et la planification en commun. Leprofesseur Arvi Kivimaa, directeur du Théâtre national de Finlande,en a été le premier président, parallèlement aux fonctions de vice-président de l'Institut international du théâtre. Au cours de son mandat,les relations entre le théâtre finlandais et celui des pays Scandinaves,,ainsi qu'avec les théâtres d'autres pays du monde, se sont considérable-ment renforcées.

La Finlande et l'Institut internationaldu théâtre

L'ère nouvelle qui s'ouvrit avec la fondation de l'Institut internationaldu théâtre, après la guerre, se caractérise par des contacts internationauxtrès étroits et par une large diffusion d'informations concernant l'artdramatique. La Finlande est devenue membre de l'institut (qui travailleavec l'Unesco) en 1950. Depuis lors, dans le seul Théâtre national,le plus ancien et le plus grand théâtre de langue finnoise du pays, plusde cinquante compagnies étrangères ont été invitées à donner des repré-sentations. Les troupes invitées étaient parmi les plus réputées du monde(la Comédie-Française de Paris, le Burg-Theater de Vienne, le BerlinerEnsemble et le [Schiller-Theater de Berlin, le Kungliga DramatiskaTeatern de Stockholm, le Théâtre national norvégien d'Oslo, la Compagniedu Helen Hayes Théâtre de New York, le Théâtre Piraikon d'Athènes,le Piccolo Teatro de Milan, le Théâtre national populaire de Paris etla Royal Shakespeare Company de Stratford).

Le congrès mondial de l'institut, qui s'est tenu en Finlande en 1959,a été un événement d'une importance internationale.

Des troupes finlandaises ont effectué elles aussi des tournées àl'étranger. Le Théâtre national, que sa tradition héritée de Tchékhova rendu célèbre, a donné des représentations de pièces finlandaisesà Stockholm, Paris, Berlin, Leningrad, Moscou, Vienne, Copenhague,Lubeck et dans d'autres villes. Des troupes de Tampere se sont renduesen Suède et à Vienne.

Syndicats des métiers du théâtre

L'organisation des métiers du théâtre (artistes et autres employés)est née au cours des années dix. Des syndicats et des fédérations à l'éche-

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Le théâtre

Ion national ont été créés au cours des années vingt. Le Syndicat desartistes de la scène a été fondé en 1913, celui des décorateurs de théâtreen 1928. Il y a deux fédérations syndicales : la Fédération des employésde théâtre (1917) et la Fédération des théâtres finlandais (1922). La Fédé-ration des auteurs dramatiques finlandais a été créée en 1921.

En raison de la forte organisation de la profession, peu d'artistestravaillent en dehors des théâtres. Plus de 800 acteurs et actricesemployés par les troupes théâtrales sont groupés en syndicat (il n'y apas surnombre d'artistes dramatiques, car il n'existe que trois écolesd'art dramatique en Finlande : une école de langue finnoise à Helsinki,une autre à Tampere, et l'École du théâtre suédois à Helsinki).

Les acteurs signent avec leur théâtre un contrat de deux ans. Ilsont deux mois de congé payé l'été. D'ordinaire, un théâtre monte six àhuit créations au cours de la saison, qui dure dix mois, de septembreà juin.

L'art de la danse en Finlande

Les danseurs finlandais exercent leur art depuis le début du siècle,mais ce n'est que depuis l'indépendance que l'art de la danse a attirél'attention et a reçu l'aide de l'État.

Le corps de ballet a été constitué à l'Opéra finlandais en 1922. Leballet finlandais a été influencé par les diverses écoles européennesmais surtout par les Russes. Les premiers maîtres de ballet ont étéformés en Russie. Depuis les années cinquante, le corps de ballet finlandaisa effectué plusieurs tournées triomphales à l'étranger.

Le Syndicat des artistes finlandais de la danse a été fondé en 1937,et il comptait en 1970 quelque 180 membres. A côté du ballet classique,la danse moderne et le jazz ont pris une importance de plus en plus grandedans les années cinquante et soixante. On trouve dans de nombreuxthéâtres une troupe permanente de danseurs.

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La littérature

Les premiers textes écrits en finnois sont apparus au milieu du xvie siècle,mais il fallut trois siècles pour que la littérature finnoise atteignedes proportions appréciables. L'épopée nationale Kalevala (1835, éditionplus complète en 1842), publiée par Elias Lônnrot, et le roman classiqued'Aleksis Kivi, Les sept frères, furent les fleurons de la littérature duXIXe siècle. La littérature finlandaise a été étroitement associée à l'éveilde la conscience nationale et au développement de la culture. Le prophètedu renouveau national, le philosophe et homme politique J. V. Snellman,considérait qu'une littérature en langue nationale est l'élément indis-pensable et essentiel de la création d'une culture indépendante.

Les œuvres littéraires ont été et sont encore publiées en Finlandeen deux langues, le finnois et le suédois. Parmi les plus grands auteursdu xixe siècle, nombreux furent ceux qui écrivirent en suédois, telsJ. L. Runeberg, Zachris Topelius, et jusqu'au champion des droitsde la langue finnoise, J. V. Snellman. La littérature de langue suédoisecompte encore des représentants éminents mais, comparativement,son importance a sensiblement décliné si l'on considère l'ensembledes œuvres publiées dans le pays. A la fin du siècle dernier, près de60 % des livres publiés dans les deux langues nationales étaient de languesuédoise, alors que la proportion n'était plus que de 7,5 % en 1969(ce qui correspond approximativement à la fraction de la populationqui se déclare de langue maternelle suédoise). En chiffres absolus, toute-fois, le nombre d'ouvrages rédigés en suédois est resté pratiquementle même depuis des dizaines d'années. La différence relative est la preuvede la vigoureuse expansion de la littérature finnoise.

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La littérature

Organisations littéraires

La plus ancienne association littéraire finlandaise, Suomalaisen Kirjalli-suuden Seura (Société de littérature finnoise) fut fondée en 1831. Ellefit également fonction d'éditeur, faisant paraître notamment Kalevalaet Les sept frères. Mais, depuis une vingtaine d'années, l'associationest essentiellement une société savante disposant d'excellentes et impor-tantes archives qui servent à la recherche sur le folklore et la languefinnoise. Il existe, pour le suédois, une société analogue, Svenska Litte-ratursâllskapet i Finland (Société de littérature suédoise en Finlande)?créée en 1885. C'est également une importante société d'édition d'ou-vrages scientifiques.

Suomen Kirjailijaliitto (Société finlandaise des auteurs) fut crééeen 1897 en tant qu'organisation centrale pour les auteurs. D'après letexte même de ses statuts, elle œuvre « pour l'amélioration des condi-tions matérielles et intellectuelles de l'activité littéraire », en défendantpar exemple la liberté d'expression et la liberté de la presse, en veillantau respect du droit d'auteur et en s'efforçant d'obtenir une législationplus satisfaisante. La société comptait 423 membres au début de 1871.Finlands Svenska Fôrfattarefôreningen (Société des auteurs suédoisen Finlande) fut fondée en 1919 pour servir de lien entre les auteursde langue suédoise. Elle groupait 170 membres au début de 1971. Cesdeux sociétés bénéficient de l'aide de l'Etat, mais elles ne sont soumisesà aucun contrôle officiel. Ces sociétés participent activement à la coopé-ration entre pays nordiques au sein du Conseil des anteurs nordiques.Des séminaires réunissant des auteurs finlandais et soviétiques sontorganisés depuis 1965.

Il existe plus de dix sociétés locales d'auteurs et d'amis de la litté-rature; elles stimulent la vie littéraire dans les provinces en organisantdes concours littéraires, des séminaires, des débats, en publiant desanthologies, etc. Ces sociétés ne sont pas des filiales de la Société finlan-daise des auteurs, mais elles coopèrent avec elle par l'intermédiaired'un comité spécial et une réunion commune a lieu deux fois par an.

Les écrivains spécialisés sont groupés dans diverses sociétés parti-culières mais, dans leur grande majorité, leurs membres appartiennentà la fois à la Société des auteurs de langue finnoise et à celle des auteursde langue suédoise. La plus ancienne de ces organisations est le SuomettNaytelmàkirjailiitto (la Ligue finlandaise des auteurs dramatiques,créée en 1921 et comptant 290 membres au début de 1971), qui s'attacheà développer la littérature dramatique et veille au respect du droitd'auteur dans ce domaine. Les auteurs de livres pour la jeunesse etpour les enfants ont créé en 1946 Snomen Nuurisokirjailijat (Auteursde livres pour la jeunesse), qui participe aux concours internationauxpar l'intermédiaire du Conseil finlandais du livre pour la jeunesse. L'Asso-ciation des traducteurs finlandais, créée en 1955, collabore avec la Fédé-

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La littérature

ration internationale des traducteurs (FIT). Les auteurs de radio et detélévision ont leur propre organisation, FITERA. TietokirjailijoidenLiitto (Association des auteurs d'ouvrages de référence) fut créée en 1961.Les critiques divers possèdent leur organisation centrale propre, SuomenArvostelijain Liitto (Association des critiques finlandais), fondée en 1950,qui a organisé des échanges de boursiers entre les différents pays nor-diques. L'organisme de coordination entre ces différentes associationset les deux sociétés des auteurs est Kirjâlliset Jârestôt (Organisationslittéraires); son importance s'accroîtra sans aucun doute à l'avenirjusqu'à en faire l'organisation centrale de toutes les activités littéraires.

Deux associations qui comptent parmi leurs membres des critiques,des journalistes et d'autres spécialistes du monde littéraire se sont signaléesces derniers temps. La première, Kiila (Le coin), association d'artisteset d'auteurs de gauche, s'est créée en 1936 et a publié des albums ainsiqu'un journal. L'autre est la société Eino Leino (créée en 1947); en 1963,elle a organisé à Lahti une rencontre internationale des écrivains à laquelleont participé les grands noms de la littérature moderne d'Europe,d'Amérique et d'Afrique. Le Pen Club international a une sectionfinlandaise depuis 1928. La plus importante revue littéraire finlandaiseest Parnasso, fondée en 1951.

Organisations d'État

Des prix littéraires ont été décernés de façon sporadique depuis 1865et régulièrement depuis 1898. Le Conseil d'État de littérature, qui choisitles lauréats, est peu à peu devenu l'organisme spécialisé du Ministèrede l'éducation; quand l'administration des arts a été réorganisée, en 1968,il devint le Comité d'État pour la littérature et reçut de nouvelles res-ponsabilités.

Ce comité d'État conseille le Ministère de l'éducation, distribueles subventions aux auteurs, fait des propositions concernant l'attri-bution de l'aide officielle aux associations d'auteurs et celle des pensionset s'occupe d'autres questions relatives aux activités littéraires et à ladiffusion de la littérature finlandaise à l'étranger. Il se tient en contactavec les comités artistiques provinciaux et organise des réunions consul-tatives sur la littérature. Une étude spéciale des goûts des lecteurset de la diffusion des œuvres littéraires est en préparation.

Les traductions en finnois et, dans une certaine mesure, en d'autreslangues bénéficient depuis 1909 de l'aide de Suomalaisen KirjallisuunsdenEdistâmisrahasto (Fonds pour la promotion de la littérature finlandaise),qui est géré par la Société de littérature finlandaise. C'était autrefois uneimportante organisation littéraire grâce à laquelle de nombreux ouvragesclassiques purent être traduits, mais dont l'importance a diminué enraison de l'ampleur de la tâche et du caractère désuet de sa structure.

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La littérature

L'aide à la littérature

Les prix d'État dont il vient d'être question sont la plus ancienne formed'aide publique accordée à la littérature en Finlande. Au cours des annéesles prix se sont diversifiés et à l'heure actuelle auteurs dramatiques,auteurs de livres pour la jeunesse et traducteurs ont leurs propres prix.Des prix ont également été institués pour les écrivains qui travaillentpour la radio et la télévision. Depuis 1968, des prix spéciaux sont attri-bués à des auteurs d'ouvrages de référence. Les ailleurs âgés peuventprétendre à une pension de l'Etat. Au début de 1971, trente-deux auteursde langue finnoise ou suédoise bénéficiaient d'une telle pension.

Comme dans les autres pays nordiques, les auteurs perçoivent uneindemnité pour les prêts que les bibliothèques publiques font de leursœuvres. La somme totale est fixée à 5 % de la subvention annuelleque l'État accorde aux bibliothèques. Toutefois, contrairement à cequi se passe en Suède, l'indemnité n'est pas calculée en fonction dunombre de prêts de chaque volume : elle est globale et est versée pourl'ensemble des auteurs. Un comité de huit membres nommés par l'Étatet les sociétés des auteurs répartit cette indemnité selon les dispositionssuivantes : 45 % sous forme de bourses à des écrivains, 10 % à des tra-ducteurs, 25 % aux auteurs et traducteurs âgés et nécessiteux et 20 %aux auteurs et traducteurs sous forme d'allocations-maladie.

L'édition

Les plus anciennes maisons d'édition finlandaises ont un peu plus d'un,siècle. Les neuf maisons d'édition de quelque importance publient plusde cent titres chacune par an. Suomen Kustannusyhdistys (Associationdes éditeurs finlandais), créée en 1858, comptait 34 membres en 1964,et il y avait alors un nombre à peu près égal d'éditeurs indépendants.Deux maisons, WSOY (Werner Sôderstrôm Oy) et Otava, sortent600 à 700 titres chaque année.

Au nombre de titres par habitant, la Finlande occupait la septièmeplace dans les statistiques de l'TJnesco pour 1962, avec 587 titres parmillion d'habitants.

Les tirages sont du même ordre que dans les grands pays développés(3 000 exemplaires environ), et la plupart des œuvres font l'objet d'uneseule édition, bien que les romans atteignent parfois des tirages énormes.L'édition de livres de poche a augmenté ces dernières années, tandisque la proportion des ouvrages d'imagination diminuait. Il est évidentqu'en Finlande comme dans le reste du monde les études et reportagessur divers sujets, les ouvrages de polémique et les « livres d'opinion »de tout genre occuperont bientôt une place à mi-chemin entre les pério-diques et le reste des œuvres littéraires.

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La littérature

En ce qui concerne les œuvres de fiction, on applique, en Finlandecomme dans les autres pays nordiques, le contrat dit normal. Il garantità l'auteur des droits représentant au moins 16,66 % du prix de vented'un exemplaire broché, compte non tenu de la taxe sur le chiffred'affaires. Le pourcentage est légèrement inférieur pour les ouvrages deréférence. La moitié des droits est payée à la parution du livre, le restel'est en fonction des ventes.

Librairies

A l'instar des maisons d'édition, les librairies sont des entreprises privéeset strictement commerciales. Certaines de ces librairies sont la propriétéd'importantes coopératives, parfois de maisons d'édition. Le réseaude librairies est dense : on en comptait 896 en 1969. Un tiers d'entreelles (360) étaient des établissements importants.

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La musique

On commença à recueillir les airs folkloriques en Finlande à la fin duxvnie siècle et leur total dépasse aujourd'hui 100 000. Un dixième envi-ron de ces mélodies figurent dans des recueils publiés. Il s'agit de chantsreligieux et profanes, de musique de noces, de danses et de marches,de chansons et d'airs pour le kantele et le jouhikko (instruments à cordestraditionnels finlandais). Les travaux de recherche et de publicationse poursuivent. On peut voir, au Musée Sibelius, à Turku, et dans denombreux autres musées, d'anciens instruments de musique, notammentfolkloriques. L'Institut du folklore de l'Université de Tampere possèdeenviron 300 instruments folkloriques, d'anciens livres de musiqueet des enregistrements magnétiques. L'Institut d'ethnographie nordique.Abo Âkademi (université de langue suédoise de Turku/Abo), est un autrecentre de musique folklorique.

Musique folklorique et musique savante se sont influencées mutuelle-ment. L'influence des traditions musicales de l'Église catholique romaineet de l'Eglise orthodoxe grecque est encore sensible. Le recueil « Piaecantiones », publié en 1582 par des Finlandais, contient des chantsd'église et d'école datant du moyen âge et qui sont encore chantésdans les églises et les écoles aujourd'hui.

Plus de 90 % de la population appartient aux quelque 600 commu-nautés de l'Église évangélique et luthérienne de Finlande (moins de2 % de la population se déclare orthodoxe). Dans chaque communautéon trouve un organiste-chef du chœur, et dans certaines on trouve àla fois un chef du chœur et un organiste. Plus de 400 chorales d'église,chantant aussi bien en suédois qu'en finnois, appartiennent à l'Asso-ciation des chorales d'église. Quant à l'Église orthodoxe, le chant estun élément essentiel de son rite.

Les instituts de formation d'instituteurs, créés il y a plus d'unsiècle en diverses régions du pays, sont également devenus des centresréputés de culture musicale. L'activité musicale de ces instituts et celle

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La musique

des nouvelles écoles normales d'instituteurs rattachées aux universités(et destinées à remplacer peu à peu les premiers) sont souvent de grandequalité, surtout dans le domaine du chant choral, mais aussi dans celuide la musique orchestrale. La vie musicale de la région où se trouventimplantés ces instituts, ainsi que celle des régions avoisinantes, s'entrouve directement influencée. Précisons qu'outre les organistes et chefdu chœur, c'est l'instituteur qui est, dans la plupart des régions, res-ponsable des activités musicales, tant vocales qu'instrumentales.

L'idée d'organiser des festivals de musique et de chant à l'échelonnational est venue du sud du golfe de Finlande, d'Estonie (Estonienset Finlandais sont deux peuples frères). Le premier festival finlandaiss'est tenu à Jyvâskylâ, où se trouve le plus ancien institut de formationd'instituteurs du pays. Les associations nationales d'amateurs organisentdésormais à intervalles réguliers des festivals de chant et de musiquepour chorales, ensembles et orchestres. Les organisations de languesuédoise mettent sur pied leurs festivals régionaux et nationaux. Leschorales d'église se réunissent aussi pour des festivals de musique religieuse.

Les associations de musiciens amateurs comptent environ 45 000membres actifs, chanteurs ou instrumentistes. Il existe 1 300 choraleset orchestres.

Bien que le goût de la musique chez nombre d'amateurs se soit traduitpar une culture musicale de haut niveau, tant dans les villes qu'à lacampagne, la capitale est toujours le cœur des activités musicales.C'est à Helsinki que se trouve la seule université de musique du pays,l'Académie Sibelius; l'Opéra national y est installé, on y trouve les deuxmeilleurs orchestres symphoniques, et de nombreuses manifestationsmusicales s'y déroulent.

L'Orchestre symphonique d'Helsinki, fondé en 1882, et l'Orchestresymphonique de la radio donnent de nombreux concerts. Des solistesfinlandais et étrangers sont invités à se produire au cours de ces concertset donnent aussi des récitals privés à Helsinki et ailleurs. Turku, Tampere,Lahti, Oulu, Jyvâskylâ et Kuopio possèdent également des orchestressymphoniques de qualité, et des concerts sont régulièrement organisésdans d'autres villes. Les orchestres symphoniques donnent souventdes concerts dans des écoles et d'autres centres en dehors de leur ville.Un service de transport public a été organisé pour permettre aux popu-lations rurales d'assister aux concerts donnés par les orchestres descentres régionaux. Certains orchestres municipaux sont en fait desorchestres provinciaux ayant un programme saisonnier fixe dans l'en-semble de leur région.

Il existe souvent des associations d'amateurs de musique qui orga-nisent des concerts de manière indépendante ou en collaboration avecdes associations de musiciens exécutants ou avec des agences de concerts.L'Association centrale musicale des écoles s'est jusqu'à présent limitéeà organiser des concerts scolaires.

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La musique

Certaines mesures sont à l'étude pour amener la musique vivanteaux régions les plus éloignées et les moins peuplées. On ne peut y donnerde concerts sans assistance financière. Ces mesures permettront nonseulement de répartir plus équitablement les services artistiques dansle pays, mais aussi de promouvoir la musique encore davantage endonnant aux musiciens et aux compositeurs de nouvelles occasions des'employer.

Il y avait, à la fin du XIXe siècle, à Helsinki, d'assez nombreuses repré-sentations d'opéra, mais il a fallu attendre 1911 pour qu'un opéra per-manent y fût ouvert. D'autres villes ont également monté des opéras,principalement avec le concours de talents locaux.

Les opéras donnés en été au cours du Festival d'opéra de Savonlinnabénéficient d'un décor exceptionnel, la cour du château médiéval d'Ola-vinlinna (Saint-Olof) aux remarquables qualités acoustiques. Des courset un camp musical pour la jeunesse sont organisés parallèlement à cefestival.

L'enseignement de la musique

L'enseignement de la musique à l'école obligatoire est confié au maîtredans les petites classes, au professeur de musique dans les grandes.On trouve également des professeurs spécialisés en enseignement musicalqui enseignent également d'autres matières. Les instituteurs sont formésà la musique dans les écoles normales où ils font trois ans d'études aprèsle baccalauréat. Les professeurs d'enseignement musical obtiennent leurdiplôme à l'Académie Sibelius, après quatre ans d'études.

L'Académie Sibelius a succédé à l'Institut musical d'Helsinki, fondéen 1882, en même temps que l'Orchestre symphonique d'Helsinki. Cen'est pourtant qu'en 1966 que l'Académie Sibelius reçut une assisefinancière solide. Depuis cette date, elle bénéficie en effet d'une aidestatutaire de l'État. La loi sur l'aide de l'État aux autres institutionsd'études musicales a été votée au début de 1969. En 1971, quinze institutsbénéficiaient de cette aide et trente-sept autres pouvaient prétendreà une aide officielle moins importante. Les premiers se trouvent dansles centres régionaux d'activités musicales. La plupart des bibliothèquesprovinciales de ces centres ont une section de musique bien organisée.

Plusieurs traités savants de musique furent écrits dès le xvii6 etle xvme siècle à l'Académie de Turku (prédécesseur de l'Universitéd'Helsinki). La science musicale est enseignée à l'Université d'Helsinkidepuis 1900, année où fut créé un poste de professeur de musicologie.En 1918, ce poste fut transformé en chaire de musicologie. Depuis 1926,il y a une chaire de science musicale et d'études du folklore à l'Académied'Abo. Enfin, une chaire de musicologie a été créée à l'Université deJyvaskylâ en 1968.

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La musique

Complétant l'enseignement musical à l'école, des stages d'été libressont organisés dans les instituts d'éducation pour adultes, les institutsde musique et les universités. Plusieurs organisations ont mis sur pieddepuis 1961 des camps pour jeunes musiciens et choristes. En 1970,il y en avait une vingtaine, destinés principalement aux instrumentistes,avec possibilité de recevoir des leçons particulières.

Outre le Festival de musique folklorique de Kaustinen et le Festivald'opéra de Savonlinna, d'autres festivals d'été sont placés sous le signede la musique et de la culture, notamment le Festival de musique deTurku, le Festival d'été de Jyvâskyla, le Festival de jazz de Pori et leFestival d'Helsinki, en août-septembre. Ce dernier ne se limite pas àdes concerts et à des représentations d'opéras, mais comporte aussi desreprésentations théâtrales, des projections de films, des récitals de jazzet de musique pop, des expositions d'art profane ou religieux, de dessinsd'enfants, etc. C'est l'organisme Festivals de Finlande qui coordonnetoutes ces activités musicales et culturelles d'été.

Dans le cadre de ces festivals se déroulent également des concoursde chorales et d'orchestres, et parfois aussi des concours de compositeurset de chanteurs. L'Académie Sibelius organise régulièrement des con-cours pour jeunes pianistes; .Kuopio est le centre de concours de vio-lonistes, et à Turku aura lieu en 1972 le premier concours de violonisteset de violoncellistes. Le premier concours de violon Jean Sibelius s'estdéroulé en 1965, pour le centenaire de la naissance du compositeur,et le suivant en 1970, avec un retentissement international; ces concoursauront lieu désormais tous les cinq ans.

L'armateur Antti Wihuri avait créé en 1953 la Fondation Wihuripour les prix internationaux. Le prix Sibelius de la Fondation est décernéà des compositeurs de réputation internationale. Le montant du prixest analogue à celui des prix Nobel.

L'État a créé de son côté en 1957 une dotation pour commémorerl'œuvre de Jean Sibelius. Chaque année prix et récompenses sont décernésà des professeurs de musiq[ue, des musicologues, des compositeurs, deschanteurs et musiciens et à d'autres personnes qui se sont signalées parleur action en faveur de la musique en Finlande.

Le document consacrant la création de la Fondation pour le déve-loppement de l'art musical a été signé au Ministère de l'éducation en 1970.Le capital de départ a été souscrit par les associations de compositeurs,l'Office Teosto du droit d'auteur international des compositeurs finlan-dais et le Ministère de l'éducation. Ce capital assure une base solide à lapublication d'œuvres nouvelles. Un Centre d'information musicaleavait été créé en 1963 à Helsinki sur l'initiative du Conseil de la musiquede Finlande, et il sera désormais financé par cette fondation.

Le premier Festival de musique nordique a eu lieu à Copenhagueen 1888. Ces festivals sont aujourd'hui organisés tous les deux ans parles associations de compositeurs, dans l'une ou l'autre des capitales

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La musique

nordiques. Une excellente coopération s'est instaurée entre les pro-fesseurs de musique des pays nordiques, qui se réunissent régulièrementdans chacun des pays à tour de rôle. Des festivals de musique religieusenordique sont organisés tous les quatre ans successivement au Danemark,en Finlande, en Islande, en Norvège et en Suède. Un grand prix demusique du Conseil nordique est décerné tous les deux ans. Des concoursde musique entre pays nordiques sont organisés chaque année depuis 1969,et des commandes de compositions musicales sont passées d'un paysà l'autre depuis 1970. Des mesures sont également à l'étude pour coor-donner la production et la distribution de disques dans les pays nordiqueset l'on envisage d'y centraliser les activités d'information musicale.L'organe officiel de la coopération nordique est NOMUS (Nâmndenfor Nordiskt Musiksamarbete, Commission de coopération musicalenordique), qui fait paraître une revue d'information musicale intituléeNomus-Nytt. Une édition en anglais en a paru en 1970.

Dans le nord du pays et au-delà, le concours apporté aux municipalitéspar l'Office de radio et télévision finlandais est très important. La musiquereprésente plus de 50 % des émissions de radio, et une grande partiede cette musique est interprétée par les orchestres et les chœurs del'office. L'office commande également des œuvres aux compositeursfinlandais et publie des partitions. Il organise divers concours musicaux,notamment pour stimuler l'intérêt des jeunes. Les concours destinésaux chorales et orchestres d'enfants et de jeunes sont devenus desmanifestations quasi annuelles. A titre de premier prix de concoursdes jeunes solistes, l'office prend à sa charge l'organisation du premierrécital du lauréat. La radio et la télévision ont également contribuéà susciter un regain d'intérêt en faveur de la musique folklorique.

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Lès arts plastiques

Des objets d'une valeur artistique certaine ont été produits en Finlandedans les temps préhistoriques. Mais c'est seulement à partir du xviie sièclequ'on peut identifier certains artistes dans leurs œuvres. Quant à lapeinture finlandaise, notre point de départ est le XIXe siècle.

On a retrouvé en bon état de conservation des objets remarquablesdatant de la période de la céramique incisée au peigne, à l'âge de lapierre (env. 2000 av. J.-G.); il s'agit de vases en poterie exquisementdécorés et de représentations d'animaux et de personnages en pierre,en bois, en argile ou en os. Des objets utilitaires et des ornements dehaute qualité ont été façonnés pendant les périodes préhistoriques ulté-rieures, et certains présentent même des caractéristiques nationalesreconnaissables.

La christianisation (aux XIIIe et XIVe siècles) marque un tournantdans les arts plastiques. Au moyen âge, c'était surtout l'Église qui passaitdes commandes aux artistes, d'où les fresques, retables et statues desaints (généralement en bois) qu'on trouve dans les églises finlandaisesen pierre grise. Il est possible de distinguer les œuvres des artistes quin'ont élu résidence que temporairement dans le pays de celles des artistesqui s'y sont installés et se sont fait naturaliser. Mais la plupart de cesartistes, et même des artistes indigènes, sont plus ou moins anonymes.

Les conditions n'ont guère changé au cours des siècles suivants.La cour et les notables ont commencé à s'intéresser aux arts au XVIe siècle(cf. le château de Turku, décoré de peintures et de tapisseries). Le clergéa également joué un certain rôle comme protecteur des arts au XVIIe etau xvine siècle.

La peinture sur toile et autres supports, ainsi que la sculpture, sesont développées à mesure que le public y prenait goût et que s'affirmaitl'essor national du XIXe siècle, qui a abouti à la fondation de l'Associationdes arts de Finlande et de la première école de dessin, à Turku, en 1846.

L'art pictural finlandais a connu son âge d'or à la fin du xixe siècle.

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Les arts plastiques

II a été influencé en partie par le romantisme nationaliste et en. partiepar des modèles européens. Les arts et métiers ainsi que l'architecturede la Finlande ont également été reconnus sur le plan international àcette époque.

En Finlande, l'art moderne tel que nous le connaissons aujourd'huiremonte à 1910 : il était alors représenté par quelques bons artistesexpressionnistes. Par la suite, le cubisme, le surréalisme et l'art informelont trouvé un sol fertile en Finlande. Ces dernières années, l'art ciné-tique et l'art concret ont fait de nombreux adeptes.

Organisations artistiques

La Finlande possède un certain, nombre d'organisations artistiquescentrales, à côté de quelques associations locales. La Suomen Taiteili-jaseura-Konstnârsgillet i Finland r.y. (Association des artistes de Fin-lande), créée en 1864, est un organisme central pour la défense des inté-rêts professionnels et sociaux des artistes et pour la promotion de l'artet son appréciation par le public. L'association organise des expositions,des concours, des débats et des réunions. Elle publie aussi la principalerevue artistique de Finlande, Taide (Art), qui avait 3 600 abonnés en1971, une revue destinée à ses membres, Taiteilija (L'artiste), et l'an-nuaire Suomen Kuvataiteilijat (Artistes peintres de Finlande). L'asso-ciation comprend cinq organisations membres.

Quelque 60 autres associations et clubs sont ouverts à la fois auxartistes et au grand public. La plus ancienne est la Suomen Taideyh-distys-Finska Konstforeningen (Association des arts de Finlande),fondée en 1846. En 1948, cette association a créé une deuxième écolede dessin, à Helsinki, et, en 1863, le premier musée d'art, qui devaitdevenir par la suite le Musée d'art de l'Ateneum, aujourd'hui propriétéde l'Académie des beaux-arts de Finlande.

L'Académie des beaux-arts de Finlande

Constituée en 1922, l'Académie des beaux-arts est, depuis 1940, unefondation à laquelle l'Association des arts de Finlande a cédé ses collec-tions d'art et son école de dessin (laquelle est devenue l'École de l'aca-démie et l'École nationale des arts), de même que certaines autrescollections et ressources financières. L'État aussi a confié à l'académieses collections d'art (dont la conservation était précédemment assuréepar l'Association des arts), les collections Sinebrychoff et H. F. Antell, lemusée et les locaux scolaires de l'Ateneum, et il a mis à sa disposition lescapitaux et les fonds nécessaires au fonctionnement du musée .et de l'école.

Il est stipulé que les buts de la fondation sont de développer, d'encou-

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Les arts plastiques

rager et de soutenir l'art pictural en Finlande. Il est précisé qu'elle apour principales responsabilités la charge de l'école, le rassemblementet la conservation des collections du musée, la distribution de prix etde dons et l'organisation de concours et d'expositions d'art et de confé-rences sur l'art.

Le Musée d'art de l'Ateneum

Le Musée d'art de l'Ateneum est le musée central de Finlande et il estentièrement subventionné par l'État. Les premiers achats d'œuvresd'art pour le musée ont été effectués en 1849 au moyen de fonds privés.Dix ans plus tard, il a été décidé de constituer et d'exposer une collec-tion permanente. Cette décision a été prise à l'initiative d'une organi-sation civique, l'Association des arts de Finlande (1846), à laquelle ondoit également les débuts de l'enseignement artistique en Finlande.La recherche de locaux a retardé de quelques années le projet de créationd'un musée. Une collection modeste a été ouverte au public en 1863.L'école de Turku a été prise en charge par l'Association artistique deTurku en 1906, mais l'Association des arts de Finlande a géré l'écoled'Helsinki, de même que le musée, jusqu'en 1940, année où ils furentconfiés à l'Académie finlandaise des beaux-arts, qui avait été fondéeà cet effet.

Le Musée d'art de l'Ateneum occupe aujourd'hui un bâtiment achevéen 1887, qui contient aussi deux écoles, l'École de l'Académie des beaux-arts et l'Institut des arts industriels. Ce dernier sera bientôt réinstallédans ses propres locaux. Le Musée d'art de l'Ateneum enregistre plusde 100 000 entrées par an.

L'Ateneum comprend une section d'information (créée en 1958)qui est chargée aussi des expositions internes, du musée. Cette sectionorganise des expositions itinérantes, qui se rendent entre autres dans deslocalités ne possédant pas de musée d'art. Plusieurs expositions et cyclesde conférences sont en tournée en même temps, plus de 70 manifestationsde cet ordre étant mises sur pied chaque année. C'est la section d'infor-mation qui fournit les conférenciers. Des diapositives d'art provenantde la vaste collection de la section sont prêtées gratuitement aux orga-nisateurs de conférences et aux écoles. Plus de 30 000 diapositives sontainsi mises à leur disposition tous les ans» La section prête aussi desfilms sur l'art.

La section s'occupe du classement et du catalogue d'articles de presseconsacrés aux arts. La collection de coupures de presse a été commencéeen 1897, mais elle est longtemps restée une activité sporadique. Depuisla création de la section, des coupures de presse sont obtenues de tousles journaux et périodiques publiés en Finlande et sont indexées surfiches à l'intention des chercheurs.

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Les arts plastiques

Autres musées d'art

Une vingtaine d'autres musées sont consacrés exclusivement à l'art pictu-ral. Les musées historiques centraux possèdent également d'importantescollections de tableaux anciens (par exemple, le Musée national, le Muséehistorique municipal de Turku, le Musée municipal d'Helsinki, le Muséed'Hâmeenlinna). Les principaux musées réservés à l'art sont le Muséed'art de Turku, le Musée Amos Andersen à Helsinki, le Musée d'artmoderne de Tampere et le Musée d'art d'Hâmeenlinna. Ils appartiennentà une association, à une fondation et à une municipalité, ce qui reflèteen gros la répartition de la propriété des autres musées d'art en Finlande.

Divers ateliers-musées, tels que le Musée "Wainô Aaltonen à Turkuet le Musée Gallen-Kallela à Helsinki, possèdent des œuvres et dessouvenirs personnels de certains artistes.

Les musées d'art ne sont pas groupés en tant que tels au sein d'unefédération centrale, mais plusieurs musées d'art font partie de l'Asso-ciation des musées de Finlande (Suomen Museoliitto). Les responsablesdes musées d'art se réunissent tous les deux ans dans le cadre de Journéesdes musées, organisées à tour de rôle dans différentes localités.

Expositions d'art

E X P O S I T I O N S D A N S LES M U S É E S D ' A R T

Les musées d'art organisent de plus en plus d'expositions. Elles ne sontgénéralement pas commerciales, sauf les expositions d'art modernefinlandais, où les œuvres sont normalement mises en vente. Certainsmusées appartenant à une fondation (par exemple le Musée d'art AmosAnderson à Helsinki) s'abstiennent de toute vente d'œuvres d'art.Parmi les quelques musées qui réservent leurs cimaises exclusivementà des expositions spéciales, on peut citer les musées Amos Anderson etOstrobothnia.

L'Ateneum organise des expositions depuis les années quarante.Les expositions présentées pour trois ans par l'Académie des beaux-artsdepuis les années cinquante, ainsi que ses expositions rétrospectives,constituent de très intéressantes récapitulations de l'art finlandais. Lapremière, organisée en 1959, était intitulée « Le rococo et le romantismefinlandais ». Elle a été suivie par « II y a cent ans », « Le réalisme »et « Libération de l'art ». L'exposition « Ars 69 » — consacrée à l'artinternational contemporain — a remporté de loin le plus grand succèsauprès du public, avec 81 521 visiteurs, ce qui constitue un recordabsolu pour la Finlande. D'autres expositions très réussies d'art étrangercomportaient des œuvres provenant des collections des musées Moltzay

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Les arts plastiques

et Guggenheim et du Musée municipal d'Amsterdam, ainsi que desœuvres de Rubens, Klee, Picasso et Rodin.

La plupart des musées désireux d'organiser des expositions d'artétranger en sont dissuadés par les coûts excessifs que cela entraîne. Lesdistances à parcourir jusqu'en Finlande sont considérables et les pro-blèmes de transport sont plus compliqués que pour les autres pays nor-diques. C'est pourquoi la plupart des expositions ne concernent quel'art finlandais. Outre l'Ateneum, le Musée Amos Anderson (ouverten 1965, environ 70 000 visiteurs en 1970) fait exception à cette règle :la moitié environ de ses dix ou douze expositions annuelles présententdes œuvres étrangères.

Le Musée d'art de Turku (qui est, par ordre d'importance, le secondde Finlande), le Musée d'art moderne de Tampere, le Musée d'art d'Hâ-meenlinna et le Musée Wâinô Aaltonen récemment inauguré à Turkuorganisent aussi d'importantes expositions étrangères.

Les principaux musées qui montent des expositions sont ceux d'Hel-sinki, de Turku et de Tampere. La décentralisation résultant de la créa-tion de comités artistiques provinciaiix disposant de certains créditsdevrait stimuler le marché de l'art dans les autres régions du pays.

G A L E R I E S D ART

Les galeries d'art d'Helsinki, de Turku, de Vaasa et de quelques autreslocalités organisent des expositions et s'occupent de la vente d'œuvresd'art. Elles sont dirigées par des organismes privés (fondations, associa-tions artistiques) ou par des municipalités. La plus ancienne est la Galeried'art d'Helsinki (fondée en 1928). L'une des plus récentes est la GalerieKluuvi, qui se trouve également à Helsinki et appartient à la ville.De plus, la municipalité met à la disposition de la guilde des artistesd'Helsinki une salle d'exposition moyennant un loyer symbolique;l'entrée en est généralement libre.

G A L E R I E S P R I V E E S

Les galeries d'art commerciales et privées se trouvent surtout à Helsinki,Turku et Tampere — il y en a une dizaine à Helsinki, plus quelquesautres qui organisent des expositions d'une façon plus sporadique.

Les artistes qui exposent dans ces galeries payent d'ordinaire unloyer et une commission sur les ventes. Le loyer varie d'environ 300à 1 500 marks (70 à 350 dollars) pour deux semaines, selon la grandeurdes locaux. La commission s'élève généralement à 15 ou 20 % du prixde vente. Mais il existe des variations considérables.

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Les arts plastiques

A U T R E S L I E U X D E X P O S I T I O N

Ces derniers temps, afin d'intéresser à l'art un public plus large que lepublic relativement restreint qui fréquente les musées et les galeriesd'art, on tend de plus en plus à présenter des tableaux dans d'autresendroits : écoles, centres ouvriers, bibliothèques, théâtres, hôpitaux,usines, restaurants, entrepôts, aérogares. Dans beaucoup de ces endroits,les tableaux sont en vente. Depuis quelques années, les expositionsd'été ont contribué à stimuler notre vie artistique pendant cette saison.Mentionnons aussi les prêts des musées et des collections privées.

Collectionneurs et mécènes

Comme dans d'autres pays, le secteur privé apporte un appui consi-dérable aux arts en Finlande. Les collectionneurs et les mécènes ontfait beaucoup pour les artistes et pour les collections publiques. Cer-taines collections privées d'art contemporain (comprenant une propor-tion importante d'œuvres étrangères) sont également ouvertes au public.

La Nykytaide-Nutidskonst

La Nykytaide-Nutidskonst r.y. (Association d'art moderne) figure parmiles principaux organisateurs d'expositions d'art moderne étranger depuis1939. Cette association a présenté des expositions à la Galerie Artek et aaidé à monter de nombreuses expositions d'œuvres étrangères à l'Ateneiim.

D'une façon générale, de grands progrès ont été réalisés depuisquelques années. Des mesures ont été prises en vue d'améliorer lesconditions financières et sociales des artistes et les municipalités ontapporté dans ce sens un soutien notable. L'intérêt que le public porteaux arts s'est accru d'une manière très satisfaisante : les chiffres de lafréquentation des musées et des expositions d'art ont doublé en dix ans.Non moins significatif est le changement presque total d'attitudevis-à-vis de l'art, qui est considéré aujourd'hui comme un élément impor-tant de la vie quotidienne. Les musées sont devenus plus vivants et plusintéressants.

On pourrait toutefois faire beaucoup plus encore — en fait d'ateliersd'artistes, par exemple. Il conviendrait d'augmenter le nombre desbourses et des allocations. L'apprentissage des artistes, la répartitiongéographique des écoles, les voyages d'étude à l'étranger, ainsi que diversproblèmes éducatifs, ont été très négligés dans le cadre de la planificationnationale. La Finlande ne possède pas encore de musée central d'artmoderne, et de nombreux musées manquent de fonds. La Commissionnationale des arts plastiques s'occupe activement de remédier à cescarences et prend constamment l'initiative de proposer des améliorations.

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Le cinéma et Fartphotographique

On tourne des films en Finlande depuis plus d'un demi-siècle, et l'artde la photographie y a une histoire plus longue encore. Néanmoins leseptième art et la photographie n'avaient pas été officiellement inclusdans le cadre de la politique artistique finlandaise avant l'apparitionde la télévision. Même alors, ils ont été groupés sous la rubrique communedes arts de la caméra, qui englobent le cinéma, la photographie et latélévision. Dans le présent ouvrage, la télévision est étudiée dans lechapitre consacré à la radiodiffusion.

Cinéma

Le Financial times du 17 juillet 1970 commentait : « On ne sait plus trèsbien si le cinéma britannique traverse actuellement une crise, ou s'ils'agit toujours de la même crise qui a commencé il y a soixante-quinze anset qui présente parfois des accès un peu plus visibles... »

En Finlande, la crise a suivi une évolution différente et nouvelle,et au début de 1971, il était clair qu'elle devait soit se résoudre parl'éclipsé totale du cinéma finlandais, soit lui conférer une réputationinternationale. Nous espérons que c'est cette dernière éventualité quise réalisera, tout en étant prêts au pire.

La production cinématographique finlandaise n'a vraiment pris sonessor sur le plan national qu'après l'apparition du cinéma parlant. Lesfilms finlandais ont suscité l'engouement du public pendant la dernièreguerre et les premières années de l'après-guerre. Mais, jusqu'ici, lecinéma n'est jamais devenu un facteur notable dans la politique cultu-relle de notre pays, ni dans l'évolution artistique comprise au sens leplus large.

Assez de faits démontrent que, dans l'ensemble, une productioncinématographique nationale n'a guère d'avenir dans un pays comme

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Le cinéma et l'art photographique

la Finlande, à densité démographique plutôt faible. Cela n'a pourtantpas empêché la production de films en Finlande, pendant un demi-siècle, et, au cours des années de plus grande expansion, on a produitjusqu'à trente longs métrages par an.

Jusque-là, les réussites cinématographiques finlandaises ont étéplutôt rares et s'inscrivaient dans une optique plus négative que positive :on se contentait de flatter sans discrimination tous les goûts du public,on donnait dans le théâtral et le pathos, même si le but visé étaitsérieux. Parmi les films datant du milieu de la décennie 1960-1970,il n'y en a pratiquement pas un seul qui présente un contenu socialvéridique ou qui traite des véritables problèmes de l'heure. Tout celaa changé depuis quelques années. Au début des années soixante-dix,on pouvait dire qu'il n'était plus guère tourné que des films plus oumoins révolutionnaires. Pour une raison ou une autre, c'est précisémentau moment où le cinéma finlandais commençait à faire preuve d'uneprise de conscience des réalités sociales que le public s'est remis à lebouder. Nous saurons d'ici quelques années si, oui ou non, la « nouvellevague » du cinéma finlandais réussira à produire des films capablesd'intéresser aussi les publics étrangers.

Ces derniers temps, la production a accusé une expansion : troislongs métrages ont été tournés en 1967, douze en 1968, huit en 1969et treize en 1970. Il n'en demeure pas moins qu'en dépit de l'évidenteréévaluation des thèmes cinématographiques et malgré une aide finan-cière sensiblement accrue la production cinématographique finlandaiseva aujourd'hui au-devant d'une crise grave. Les raisons en sont lalenteur des réformes, le développement étonnamment rapide de latélévision et la politique à courte vue pratiquée depuis plusieurs décen-nies. Ces facteurs, aggravés par les querelles professionnelles entreproducteurs, ne sont pas de nature à encourager les dirigeants politiqueset culturels à considérer avec bienveillance les problèmes de l'industriecinématographique. Les conditions voulues pour relever les normestechniques sont bel et bien présentes, mais il est difficile de s'en convain-cre parce que, dans nombre de films récents fondés sur des conceptionsintransigeantes, les producteurs préfèrent apparemment ne pas embellirla réalité; on cultive souvent de toutes les façons possibles, y comprisl'imperfection technique, le réalisme de la laideur. Toutefois, la « nou-velle vague » n'a pas encore tout à fait abandonné les traditions natio-nales; les producteurs ont toujours été en désaccord, et cette tradition,au moins, est toujours le lot de la génération « nouvelle vague » dedirecteurs de production, critiques et producteurs de films.

Il ne serait que juste de poser ici une question : à quoi bon discuterdu cinéma finlandais alors qu'il ne souffre pas la comparaison avec,par exemple, la musique et la littérature finlandaise et que les Finlan-dais sont de toute manière incapables de se mesurer, en talent et encompétence, avec les grands réalisateurs étrangers?

61

Le cinéma et l'art photographique

On peut répondre à cette question. Maintenant que la législationculturelle reconnaît que le cinéma est un art et que l'État a renforcéson aide à la production cinématographique nationale, la Finlande doitrechercher des solutions. Une chose est certaine : même si l'ancien sys-tème de distribution de films et les salles de projection qui surviventencore sont appelés à céder la place aux cassettes, à la transmission parsatellite et à la télévision par rayons laser, le monde continuera néanmoinsà utiliser le film — sur une plus grande échelle encore — pour l'éducationet en vue de répondre aux exigences individuelles en fait de culture etde délassement. Dans les années quatre-vingt il y aura toujours unedemande d'artistes et de techniciens compétents pour la productionde films. Sans eux, tout Etat risque de se trouver distancé dans un mondeoù les communications artistiques, scientifiques, techniques et commer-ciales ne cessent de se développer.

Voici donc l'une des raisons pour lesquelles la Finlande s'efforcede créer un climat favorable à la continuation de la production de filmset d'améliorer la qualité de celle-ci. La formation des producteurs defilms avait été assurée à une échelle modeste dès le début des annéessoixante; elle se centralise actuellement à la Section des arts de la camérade l'Institut des arts industriels, à Helsinki. L'État subventionne lesArchives cinématographiques finlandaises, fondées il y a dix ans surinitiative privée. De plus, une Commission de la politique cinémato-graphique vient d'être constituée pour planifier la promotion du cinémaen Finlande et fixer les coordonnées d'une politique cinématographique.

Photographie

L'histoire de la photographie en Finlande remonte à une demi-annéeaprès la publication de l'invention fondamentale de Daguerre. Le premierdaguerréotype a été montré à Turku en 1840. Henrik Cajander, physiciende Turku, fut le premier photographe finlandais. C'est en novembre 1842qu'il prit son premier cliché avec l'appareil photographique qu'il s'étaitacheté. Il s'agissait là de photographie d'amateur sous sa forme la plusélémentaire. L'apparition des premiers professionnels date de l'été 1843.

A ses débuts, la photographie était pratiquement synonyme detirage de portraits. Après 1850, aux daguerréotypes ont succédé lesépreuves sur papier et les ambrotypes sensibilisés sur verre. Mais lesphotographes étaient pour la plupart des étrangers de passage.

La première association finlandaise de photographes amateurs a étéle Fotografiamatôrklubben, appelé aujourd'hui Amatôrfotografklubbeni Helsingfors (AFK) [Club des photographes amateurs d'Helsinki].Cette association, de langue suédoise, avait été fondée en 1887.

Après 1890, les photographes professionnels de langue suédoiseont formé leur propre association, la Finska Fotografernas Fôrbund (FFF)

62

Le cinéma et l'art photographique

[Union des photographes finlandais], qui comptait une cinquantainede membres en 1897. La première revue de photographie, intituléeFotografiskt Allehanda (Variétés photographiques), a été publiée à lafin de 1901 par la AFK, mais elle a dû cesser de paraître un peu plustard, faute d'abonnés et d'argent.

La première exposition photographique publique a été organiséeà Helsinki en 1903, et la suivante en 1907, dans la grande salle de l'Ate-neum, musée d'art national.

Les photographes professionnels de langue finnoise en vinrentgraduellement à s'organiser. Ceux d'entre eux qui travaillaient dans lesvilles de province dans un milieu de langue finnoise pouvaient difficilementconsidérer la FFF comme leur propre association. Quelques annéesplus tard, en 1919, ils fondèrent la Suomen AmmattivalokuvaajainLiitto, aujourd'hui Suomen Valokuvaajain Liitto (SVL) [Associationdes photographes finlandais]. La raison principale qui a déterminéla création de cette association était le coût élevé des fournitures photo-graphiques, qui a incité les photographes professionnels à fonder leurpropre magasin, Suomen Valokuvaajain Osakeyhtiô (SVO).

Plusieurs clubs photographiques ont été constitués au début duXXe siècle. Le Club photographique d'Helsinki (Helsinjin Kanieraseura)remonte à 1921. En 1932, huit clubs se sont groupés pour former uneassociation centrale de photographes amateurs, le Suomen Kameraseuro-jen Liitto (SKL).

Une tradition romantique — celle de la « jolie » photo — qui avaitdisparu dans les autres arts, a persisté en photographie pendant toutesles années vingt et trente. En conséquence, la production de cette périoden'a rien laissé de mémorable. Mais la photographie était de plus en plusutilisée et était devenue un instrument de publicité dès les années vingt.Cette évolution a ouvert le domaine nouveau de la photographie publi-citaire et industrielle.

Comme bien d'autres activités, la photographie d'art et la photo-graphie populaire ont été mises en veilleuse pendant la seconde guerremondiale. Des photographes mobilisés au front ont produit des documentshistoriques importants. La pénurie de matériel photographique pendantla guerre a été palliée par la production nationale du papier sensible,qui a été jusqu'à tout récemment à peu près la seule fourniture photo-graphique pour laquelle la Finlande suffisait à ses propres besoins.La revue Kamera est sortie en 1943, dans le cadre d'un cours par cor-respondance. La SKL l'a adoptée par la suite, mais la revue a cesséde paraître après huit numéros.

Les années de guerre marquent un tournant dans la photographiefinlandaise. Celle-ci a connu un développement assez rapide avec l'expan-sion économique de l'après-guerre. La diapositive en couleur a fait sonapparition sur le marché, où elle s'est assuré une place de choix à partirdes années cinquante.

63

Le cinéma et l'art photographique

Les épreuves en couleur sur papier ont gagné du terrain au coursdes années soixante. Avec tous ses nouveaux perfectionnements, y comprisles photomontages, la photographie est devenue un moyen d'expressiontrès diversifié.

Les intérêts spécialisés ayant constitué leurs propres organisations,le besoin se fit sentir de mettre sur pied une organisation centrale pourla photographie. Le Service consultatif des organisations photographiques(Valokuvajarjestôjen Neuvottelukunta) a été créé en 1968 à l'initiativedu Comité national des arts de la caméra. Ce service a contribué à laconstitution, en 1969, de la Fondation du Musée de la photographiefinlandaise, destinée à servir d'organisme central sur le plan de l'artet du musée. La fédération générale, Suomen ValokuvajarjestôjenKeskusliitto (Fédération des organisations photographiques finlandaises),a été fondée le 6 décembre 1970.

Sur le plan professionnel, la revue Valokuvaaja (Le photographe)a repris en 1964 la succession de l'ancien Suomen Valokuvaaja, qui avaitparu de 1948 à 1963.

Pour les amateurs, le Club photographique d'Helsinki publie, depuis1950,- la revue Kamera. Depuis 1966, la Société des photographes depresse finlandais fait paraître de temps à autre un bulletin d'informationà l'intention de ses membres.

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Les bibliothèques

A quelques exceptions près, les bibliothèques publiques de Finlandeappartiennent aux municipalités, qui en assurent le fonctionnementavec l'aide de subventions officielles. L'État, des universités privées,des instituts de recherche, des sociétés scientifiques et des fondationspossèdent et gèrent la plupart des bibliothèques scientifiques; sur leplan administratif, celles-ci dépendent généralement du Ministère del'éducation.

Bibliothèques publiques

Les bibliothèques publiques sont régies par la loi de 1961 sur les biblio-thèques et par la législation subséquente.

Aux termes de la loi sur les bibliothèques, les activités des biblio-thèques publiques sont dirigées et contrôlées par le Conseil nationalde l'enseignement, qui possède un bureau spécial pour les bibliothèques.Le conseil est assisté d'un comité consultatif des bibliothèques. La gestionrégionale des bibliothèques est confiée aux administrations provinciales,dont les services scolaires comprennent un inspecteur compétent enmatière de bibliothèques et spécialement chargé des questions qui s'yrapportent. A l'échelon des administrations locales, chacune des quelque500 municipalités de Finlande a un comité des bibliothèques, composéd'un président et d'au moins quatre membres, élus par le conseil muni-cipal, l'élection se faisant sur la base de la représentation proportionnellepour une période de quatre ans.

Chaque municipalité a un service de bibliothèque comportant unebibliothèque principale et (selon l'importance ou la dispersion de lapopulation) un certain nombre de bibliothèques auxiliaires qui, toutcomme la bibliothèque principale, doivent avoir à leur dispositiondes locaux, une collection de livres et un bibliothécaire. Dans beaucoup

65

Les Mb]iothê<ju.es

de bibliothèques périphériques, le nombre des personnes qui empruntentdes livres a diminué ces derniers temps en raison de mouvements depopulation provoqués par la restructuration de l'économie, et il a fallufermer plusieurs centaines de bibliothèques auxiliaires.

L'autre face de la médaille est qu'il n'a pas été possible de constituerdes bibliothèques suffisamment vite dans certains des nouveaux centresdémographiques en pleine expansion. Les bibliobus offrent un moyenefficace de répondre aux besoins des deux types d'utilisateurs crééspar cette évolution. Contrairement à ce qui se fait dans beaucoup depays, en Finlande, chaque bibliobus n'est affecté qu'à une seule muni-cipalité, ce qui lui permet de desservir convenablement le territoirequi lui est assigné. Il s'agit de bibliothèques miniatures conçues spéciale-ment pour ce genre de travail et transportant sur leurs rayons de 3 000 à4 000 volumes rangés selon le système de classification décimale Dewey.Ces bibliobus sont assez spacieux pour permettre au personnel d'yfaire son travail et aux usagers de choisir eux-mêmes les livres qui leurconviennent. Le nombre de ces bibliobus ne cesse d'augmenter. On encomptait environ 70 en mai 1971, dont près de 50 desservant des districtsruraux.

En vertu des principes qui régissent leur fonctionnement, les biblio-thèques publiques doivent être accessibles à tous les membres de lacommunauté. C'est pourquoi une attention particulière est accordéeaux besoins des personnes qui se trouvent séparées de leur cadre normal,par la maladie, l'âge ou des circonstances sociales. Une municipalitéou une association de communes peuvent installer une bibliothèquespéciale dans les hôpitaux, sanatoriums, maisons de retraite, homesd'enfants ou hospices qui lui appartiennent.

Au début de 1971, il y avait environ 3 000 bibliothèques locales(principales, auxiliaires ou spéciales), ce qui correspond à une moyenned'une bibliothèque pour 1 500 habitants. La bibliothèque publiquela plus importante est la Bibliothèque municipale d'Helsinki, qui possèdeplus d'un million de volumes.

Les bibliothèques provinciales, en tant que bibliothèques régionalescentrales, subventionnent les bibliothèques locales. Elles desserventtoute une province ou une autre zone économique. Le réseau des biblio-thèques provinciales est encore en voie de formation et ne couvre à cejour qu'environ la moitié du territoire national.

Il existe trois bibliothèques nationales spécialisées. La Bibliothèquedes aveugles, à Helsinki, prête des livres sonores ou en braille aux aveugleset aux handicapés visuels dans l'ensemble du pays, soit directement,soit par l'intermédiaire des bibliothèques locales. La Bibliothèque desmarins, qui se trouve également à Helsinki, fournit des cantines delivres au personnel naviguant en haute mer. Ces deux bibliothèquessont des bibliothèques publiques. Par contre, la Bibliothèque mobiledes forestiers appartient à l'Association d'éducation ouvrière de Finlande.

66

Les bibliothèques

Elle envoie des collections de livres aux ouvriers forestiers de Laponieet des zones frontières orientales.

La bibliothèque principale de chaque municipalité doit : a) acquériret stocker une quantité déterminée d'ouvrages nationaux et étrangers(littérature et livres éducatifs); b) prêter des livres aux habitants dela localité, aux établissements d'enseignement, aux cercles d'étudeet aux associations exerçant des activités culturelles; c) avoir une sallede lecture permanente, dotée d'un système d'indexation adéquat;d) aider les usagers à choisir livres et documents et, dans la mesure dupossible, organiser la présentation des ouvrages au moyen d'affiches, dansla presse, etc., faire des expositions de livres, des réceptions d'auteur, etc.

La bibliothèque principale dispose souvent d'un matériel audio-visuelqu'elle utilise pour les réunions et conférences scientifiques ou artistiques.

Si les circonstances le permettent, ces fonctions de la bibliothèquemunicipale principale peuvent être remplies également par d'autresbibliothèques (auxiliaires ou spéciales) du district.

Les bibliothèques publiques de Finlande comptaient 12 millionsde volumes à la fin de 1970. Quelque 32 millions de prêts à domicileont été enregistrés au cours de cette année (environ 7 par personne :9 dans les villes, environ 5 dans les zones rurales). Les chiffres correspon-dants dix ans auparavant (1960) donnent une idée du progrès accompli :5,5 millions de volumes et 15,3 millions de prêts à domicile.

A côté de la conservation d'ouvrages littéraires et de périodiqueset des expositions de livres axées sur différents thèmes, les bibliothèques— sans excepter les bibliothèques rurales — organisent aussi des débatsentre auteurs et lecteurs, des concours de rédaction pour les jeuneset des récitations de contes de fées pour initier les tout petits au mondedes livres, fondent des clubs littéraires, participent aux manifestationslittéraires locales, etc. Certaines grandes bibliothèques municipalesmontent des spectacles dramatiques à l'intention de leurs abonnés,ainsi que des représentations de marionnettes pour les enfants et desconcours de dessins pour illustrer tel ou tel livre; elles organisent aussides conférences sur les sciences ou les arts, agrémentées de projectionsde diapositives ou de courts métrages.

Les locaux de bibliothèque les plus récents offrent de meilleurespossibilités pour l'organisation régulière d'expositions ; la plupart exposenten permanence des œuvres d'art appartenant à la communauté locale.

L'un des domaines dont les bibliothèques s'occupent le plus com-munément n'est autre que la musique. C'est à Tampere que fut fondéela première discothèque publique. Elle ne prête pas à l'extérieur ses4 000 disques de longue durée, mais on peut les écouter à la bibliothèquemême. En 1970, celle-ci a été fréquentée par 10 631 auditeurs adulteset 6 103 enfants. Parfois, les bibliothèques s'assurent le concours d'or-chestres, de solistes ou d'ensembles de musique de chambre (entréegratuite pour les usagers de la bibliothèque).

67

Les bibliothèques

Assistance de l'État • • ' • • > '

En exécution de la loi sur les bibliothèques, l'État prend à sa 'chargeun tiers des frais courants totaux des bibliothèques dans les villeè etdeux tiers dans les zones rurales. Il participe pour 90 % aux frais desbibliothèques à affectation particulière et pour 95 % à ceux de là Biblio-thèque des aveugles. La plupart des frais afférents aux activités desbibliothèques provinciales sont couverts par l'Etat. Celui-ci a'ccordeaussi des crédits pour l'achat de matériel audio-visuel et de biblio'bus.On peut également obtenir une aide de l'État, à titre de donation directeou sous forme de prêt à faible taux d'intérêt, pour la construction de 'bâtiments de bibliothèque, mais à condition que le Conseil nationalde l'enseignement en ait approuvé les plans et que le projet ait étéautorisé par le Ministère de l'éducation.

Bibliothèques scientifiques

II existe en Finlande environ 300 bibliothèques scientifiques. La diffé-renciation entre les bibliothèqiies scientifiques et les plus grandes desbibliothèques générales (par exemple, les bibliothèques provinciales)n'a rien d'absolu, et certaines bibliothèques importantes possèdentaussi un service scientifique (tel que, par exemple, la Section de techno-logie et de sciences naturelles de la Bibliothèque municipale de Tampere).

La principale bibliothèque scientifique est celle de l'Universitéd'Helsinki. C'est non seulement la plus grande, mais c'est aussi la Biblio-thèque nationale. A ce titre, il lui incombe d'acquérir, d'indexer et deconserver une collection aussi complète que possible des otivragesscientifiques publiés dans le pays. Cette collection est disponible pourla recherche. La Bibliothèque nationale est également chargée de compileret de publier la bibliographie nationale. Ses rayons contiennent approxi-mativement 1,4 million de volumes. A en juger d'après le nombre delivres datant de la période 1820-1917, sa collection Slavica de littératurerusse est la plus riche en dehors de l'Union soviétique.

Parmi les autres bibliothèques scientifiques importantes, citonscelles des universités de Jyvâskylâ, Oulu et Tampere et des universitésfinnoise et suédoise (Abo Akademi) de Turku. La Bibliothèque du Parle-ment sert de bibliothèque centrale pour les sciences sociales. La Biblio-thèque de la Société finlandaise de littérature (Suomalaisen Kirjalli-suuden Seura) est considérée comme la bibliothèque centrale pour lesarts et lettres, tandis que la Bibliothèque des sociétés scientifiquesest considérée comme la bibliothèque centrale pour les sciences naturelles.Ces trois bibliothèques se trouvent à Helsinki. Pour la technique etles sciences naturelles, on peut consulter aussi la Bibliothèque de l'Univer-sité technique et la Bibliothèque médicale centrale.

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Les bibliothèques

Le dépôt légal prescrit par la loi sur la liberté de la presse a eu uneinfluence appréciable sur le développement de la Bibliothèque nationaleet de quelques autres grandes bibliothèques scientifiques. Cette loi stipuleque les éditeurs doivent envoyer gratuitement cinq exemplaires de toutlivre publié par eux à la Bibliothèque de l'Université d'Helsinki, laquelletransmet ensuite quatre exemplaires à des bibliothèques appropriées.

Depuis la guerre, des collections de livres ont aussi été constituéesà l'aide de crédits de l'ASLA. « ASLA » est un sigle qui désigne une loidu Congrès des États-Unis (loi publique 265, 81e Congrès) en vertude laquelle les versements effectués pour l'apurement, en capital et enintérêts, d'un prêt consenti à la Finlande après la première guerre mon-diale sont imputés à un fonds culturel spécial sur lequel des donationsimportantes sont accordées chaque année aux bibliothèques scientifiquesfinlandaises pour l'achat de matériel et de livres américains.

Toutes les bibliothèques de Finlande pratiquent la coopérationmutuelle. N'importe quelle bibliothèque municipale peut obtenir gra-tuitement de la bibliothèque provinciale un livre qu'elle n'a pas pu seprocurer elle-même. Si la bibliothèque provinciale ne possède pas celivre, elle peut l'emprunter à une bibliothèque scientifique, centraleou autre. Ce système de prêts a été considérablement facilité par le télex,qui a été installé dans les principales bibliothèques scientifiques et quile sera aussi dans les bibliothèques provinciales. L'importance que lesbibliothèques scientifiques et provinciales accordent axvjourd'hui à labibliographie a encore facilité ces échanges.

Formation du personnel

Le niveau d'éducation minimal exigé pour un poste de bibliothécaireà temps complet est celui du baccalauréat ou l'équivalent. Mais, dansla plupart des cas, on exige un grade universitaire. Potir le personnelà temps complet des bibliothèques publiques, il faut avoir passé l'examende bibliothécaire du Conseil national de l'enseignement (ce qui supposeenviron deux ans de formation comme bibliothécaire, suivis d'un stagede six mois dans des bibliothèques). Pour obtenir un poste dans unebibliothèque scientifique, les candidats doivent avoir réussi l'examende bibliothécaire, un examen de la fonction publique approuvé par leMinistère de l'éducation ou l'examen d'aide-bibliothécaire de bibliothèquescientifique, ou bien ils doivent justifier d'une expérience équivalentedes fonctions de bibliothécaire. Toutefois, à partir de 1971, la formationdes bibliothécaires, tant pour les bibliothèques publiques que pour desbibliothèques scientifiques, doit se faire à la Faculté des sciences socialesde l'Université de Tampere. Une chaire de bibliothéconomie et dedocumentation a été créée, et l'on prévoit ultérieurement la fondationd'un institut de formation de bibliothécaires.

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La presse finlandaised'aujourd'hui

La presse finlandaise a subi de grandes transformations à la fin de laseconde guerre mondiale. Les journaux communistes ont cessé d'êtreinterdits, tandis que la presse d'extrême-droite, publiée à faible tiragedepuis les années trente, était supprimée.

Après cinq ans de guerre et de conditions anormales, 1946 a étéla première année complète de paix. C'est pourquoi nous l'avons choisiecomme année de base pour les résumés statistiques fournis dans le présentchapitre afin d'illustrer les revirements etl'évolution delà presse finlandaise.

La situation a changé à d'autres égards aussi. Si beaucoup de journauxavaient eu initialement des attaches assez étroites avec tel ou tel parti,cette tendance s'est inversée, et leur rôle de porte-parole des partiss'est estompé. Les journaux indépendants ont augmenté sensiblementen nombre et en importance.

Un autre changement a été la réduction de l'ancienne prédominancedes journaux de la capitale. Au cours des années cinquante, et plusencore dans les années soixante, les principaux journaux de provinceont commencé à marquer des points en termes d'influence et de tirage,comme organes régionaux ou en vertu des opinions politiques qu'ilsexprimaient.

Il est regrettable qu'un certain nombre de journaux aient disparu;d'autres sont toujours en perte de vitesse, surtout les « deuxième »et « troisième » journaux de telle ou telle région.

En tout, 36 journaux ont cessé de paraître depuis 1946, mais, commedans certains cas la disparition d'un journal a été suivie aussitôt parla parution d'un autre journal, la diminution réelle du nombre des jour-naux a été de 33 unités. C'est là un déchet assez considérable. En 1971il n'y avait plus que 88 journaux paraissant au moins trois fois par semaine.Cela représente un taux de plus de 27 % de « mortalité ».

70

La presse finlandaise d'aujourd'hui

Répartition linguistique

La presse, en Finlande, a toujours été enrichie par la publication dejournaux en suédois (voir tableau 2). Ceux-ci sont nombreux, à grostirage, et de qualité élevée.

La fraction de la population qui affirme être d'expression suédoisea constamment diminué (elle est aujourd'hui d'environ 8 %), mais lenombre de journaux s'adressant à cette population n'a guère changéet leur tirage est demeuré à peu près constant. Ce groupe comprendle plus ancien journal de Finlande, Abo Underrâttelser, qui a toujoursparu sous le même titre. Presque tous les journaux de ce groupe ontété fondés au XIXe siècle.

TABLEAU 2

TirageJournaux Nombre Pourcentage

Total Pourcentage

En suédoisEn finnois

1276

13,686,4

161 0002 006 500

7,392,7

TOTAL 88 100,0 2167500 100,0

Une forte proportion des journaux en finnois sont des organes departi, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à un parti politique ou suiventla ligne d'un parti. La presse de langue suédoise, par contre, est indé-pendante, et n'est en aucune façon explicitement tenue d'adhérer àla politique du Parti populaire suédois, qui est le principal parti de lapopulation d'expression suédoise.

Répartition politique

La situation politique a considérablement changé dans les milieuxde la presse au cours des vingt-cinq dernières années. La supérioriténumérique des journaux de parti a disparu, et l'on observe une tendancegénérale vers la suprématie des journaux indépendants. Leur caractèreindépendant n'empêche pas ces journaux de prendre position, ni de contri-buer à former l'opinion. Mais ces journaux n'ont aucun service contrôlépar un bureau politique qui les oblige à écrire sous la dictée d'un parti.Cependant, aucun journal indépendant n'est de gauche.

Deux observations s'imposent. Tout d'abord, le nombre des journauxde parti est tombé de 66 à 41. En second lieu, la relation entre le tiragedes journaux de parti et la diffusion globale de la presse a changé :

71

La presse finlandaise d'aujourd'hui

en 1946, la presse de parti constituait près des deux tiers de la diffusionglobale, tandis que, vingt-cinq ans plus tard, elle en représentait presqueexactement la moitié. Le nombre des journaux de parti s'est pratiquementamenuisé de moitié au cours de cette période. Un plus petit nombre dejournaux est donc lu aujourd'hui par un public qui est près de trois foisplus nombreux qu'en 1946. Dans le groupe indépendant, le nombrede journaux a augmenté de près de moitié et le tirage a plus que doublé.

TABLEAU 3

1946 1971

Journaux Tirage Journaux Tir ige

PartiConservateurCentreSocial-démocrateCommunistes et apparentésProgressiste (libéral)Sociaux-démocrates d'oppositionRural

TOTALIndépendants

GHAND TOTAL

191615133

——

6626

92

274 000207 000115 000116 10088000——

800 100420 000

1 220 100

714117

—11

4138

79

376 000370 000121 700«96 500°—

2400041 500»

1 029 700"1 024 300

2 054 000

o. Y compris les journaux de parti paraissant moins de trois fois par semaine.

La réduction du nombre des journaux de parti ne signifie pas toujoursqu'un journal de parti a cessé de paraître. Dans bien des cas, un ancienorgane de parti a rompu ses liens avec le parti et s'est déclaré indépendant.

Dans le groupe des journaux de parti, c'est la presse qui reflètele point de vue du parti conservateur qui a le plus fort tirage. Toutefois,ces journaux ne représentent numériquement que 7,7 % de l'ensembledes journaux qui paraissent de 3 à 7 fois par semaine. Leur part de ladiffusion globale est de 16,9 %.

La presse du parti du centre a une diffusion presque aussi forteque la presse conservatrice, mais compte deux fois plus de journaux.Ceux-ci ont donc des tirages moyens bien plus faibles que ceux des jour-naux conservateurs.

La presse sociale-démocrate constitue la fraction la plus importanteparmi les journaux de gauche. Elle comprenait 15 journaux en 1948,mais les disparitions et les fusions ont fait tomber ce chiffre à 11. Leurtirage collectif a quelque peu augmenté au cours de la même période.

De nombreux journaux exprimant les vues de l'extrême gaucheont fait leur apparition après la seconde guerre mondiale. Après avoiratteint un maximum de 14, leur nombre est tombé à 7. Par le nombre

72

La presse finlandaise d'aujourd'hui

de journaux et par sa diffusion, ce groupe vient immédiatement aprèsla presse sociale-démocrate. Mais Kansan Uutiset a aujourd'hui le plusfort tirage du pays parmi les journaux de gauche.

Depuis sa formation, l'opposition sociale-démocrate (TPSL) n'a eu•qu'un seul journal, Pâivan Sanomat, fondé à Helsinki en 1957. Il paraîtcinq fois par semaine et annonce un tirage de 24 000. C'est un journaltypique de « troisième position ».

Le parti rural a son propre organe, Suomen Uutiset, qui paraît une fois•par semaine. Son tirage est relativement modeste, mais il a atteint41 500 exemplaires après le succès remporté par le parti lors des élec-•tions générales de 1970. C'est un organe de parti typique, qui ne prétendmême pas, apparemment, être un journal au sens propre du mot.

Le groupe des journaux indépendants, c'est-à-dire qui ne sont pasliés à un parti, est le plus important de la presse finlandaise. A ne consi-dérer que les journaux paraissant au moins trois fois par semaine, cegroupe' représente 41,7 % des journaux et jusqu'à 46,4 % de la diffusionglobale. Tant en nombre qu'en tirage, le groupe indépendant constituedonc près de la moitié de la presse. Si l'on y inclut le groupe de langue.suédoise, qui présente un caractère à part, les chiffres passent à 54,9 %•(nombre de journaux) et 53,6 % (diffusion).

Huit des 22 journaux paraissant sept fois par semaine appartiennent•à ce groupe (y compris Hufvudstadsbladet, en suédois); leur tirage collectifatteint près de la moitié du tirage total des quotidiens. Pour les journauxparaissant six jours sur sept, les chiffres correspondants sont 12 sur 23•et près des deux tiers de la diffusion. On conçoit donc l'influenceconsidérable qu'exercent ensemble les journaux indépendants et lesjournaux de langue suédoise.

Ce groupe comprend le plus grand journal de Finlande, HelsinginSanomat, le deuxième par ordre d'importance, Maaseudun Tulevaisuus,et le quatrième, Turun Sanomat; et aussi le journal qui vient en troi-sième position, par ordre d'importance, parmi les journaux publiés•en dehors d'Helsinki : il s'agit du journal Kaleva, qui paraît à Oulu.

73

La radiodiffusionet la télévision

La radiodiffusion existe en Finlande depuis 1923. La compagnie nationaleOy Yleisradio Ab (Société finlandaise de radiodiffusion) a été fondée en.1926.

Radio

La première grande station radio de la société a été achevée à Lahtien 1928. Dès le début, il y a eu plusieurs stations diffusant sur ondes-moyennes qui atteignaient la grande majorité de la population. Quandl'écoute est devenue difficile en raison d'interférences provenant d'autres-stations, la radio finlandaise a commencé à construire un réseau de sta-tions à modulation de fréquence. C'était en 1953, et la Finlande a été-l'un des premiers pays européens à prendre cette initiative. Elle possèdemaintenant deux réseaux MF couvrant l'ensemble du pays, et une troi-sième chaîne desservant la région habitée par la population d'expres-sion suédoise. La plupart des stations à modulation d'amplitude sontraccordées au réseau MF I.

Au début de 1971, 1 744 039 licences radio avaient été délivrées-en Finlande.

Télévision

Les premières émissions de télévision ont été établies en 1956 par la.Société des ingénieurs radio. Il en est résulté la création de la Oy Tesvi-sion Ab (compagnie indépendante de la Société finlandaise de radio-diffusion) et la diffusion de programmes réguliers de télévision.

La Société finlandaise de radiodiffusion a commencé des émissions,télévisées en 1958.

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La radiodiffusion et la. télévision

La portée de la Tesvision était limitée aux zones sud et sud-ouest dupays, mais la Société de radiodiffusion a rapidement étendu son réseau,qui couvre aujourd'hui la totalité du territoire national.

La Tesvision a été rachetée par la Société de radiodiffusion en 1962,ce qui a fourni à celle-ci deux chaînes parallèles dont l'une dessert aujour-d'hui une honne moitié de la population.

Une autre particularité de la télévision finlandaise est l'existenced'une compagnie commerciale distincte de télévision, Oy Mainos-TV-Reklam Ab. Elle a été créée en 1957 alors que la télévision en étaitencore à ses débuts. Elle diffuse des programmes et de la publicité surles deux chaînes, louant près d'un tiers du temps total d'émission.

Au début de 1971, l 058 374 licences de télévision avaient été^ déli-vrées, plus 4 213 licences de télévision en couleur.

Administration

Administrativement, la radiodiffusion est régie par la loi sur les postesde radio et le décret supplétif de 1927. Ces dispositions confirment leprincipe selon lequel l'autorisation de l'État est requise pour les émissionsradio en Finlande. L'instance responsable est le Ministère des commu-nications.

La loi sur la radio a été amendée plusieurs fois. Elle stipule le paiementd'une taxe fixée par l'État pour la réception de programmes de radio.La Finlande figure donc parmi les pays où la radiodiffusion est fondéesur le système de la taxe de licence.

La Société de radiodiffusion ne détient pas le monopole légal desémissions en Finlande. Son monopole pratique se fonde sur l'obligationd'obtenir l'autorisation de diffuser. Le gouvernement a accordé cetteautorisation uniquement à la Société finlandaise de radiodiffusion, undroit d'usage étant concédé à la Oy Mainos-TV-ReHam Ab.

La Société finlandaise de radiodiffusion est une société par actions.En vertu du règlement intérieur de la société, l'État doit toujours détenirau moins 90 % du capital-actions. La société diffère des sociétés ano-nymes ordinaires par les particularités suivantes : c'est une société sansbut lucratif, elle est financée au moyen d'une taxe d'État, elle est exo-nérée d'impôts, et ses actionnaires n'élisent pas le conseil d'adminis-tration.

Pour ce qui est de ce dernier point, le droit finlandais est assez par-ticulier. En vertu de la loi de 1948, le droit de nommer les membres duconseil d'administration a été retiré à l'assemblée générale des action-naires et confié au Parlement. Sous une forme simplifiée, on pourraitdire qu'en Finlande la radiodiffusion et la télévision dépendent du Par-lement et non de l'État.

Le Parlement élit, sur la base de la représentation proportionnelle,

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La radiodiffusion et la télévision

les 21 membres du conseil d'administration, qui peuvent,être choisisparmi les députés ou non. Le mandat des membres du conseil d'admi-nistration a la même durée que celui du Parlement, soit quatre ans.Il s'ensuit que le conseil d'administration reflète l'importance respec-tive des partis siégeant au Parlement en exercice.

Le conseil d'administration élit à son tour trois comités du programme,toujours proportionnellement à la représentation des partis et pour lamême période. Il y a un comité pour les émissions radio et un comitépour les programmes de télévision, le troisième s'occupant de la mino-rité de langue suédoise.

Organisation

Le conseil d'administration élit les directeurs et les sous-directeurs dejla Société de radiodiffusion, qui, avec leurs adjoints, constituent le comitéde direction. Outre le directeur général, il y a buit directeurs et quatresous-directeurs. Le directeur général, le directeur des programmes, ledirecteur technique, le directeur des finances et le directeur adminis-tratif forment ensemble l'organe exécutif du comité de direction.

La radio, la première chaîne de télévision, la deuxième chaîne detélévision et la section des émissions en langue suédoise ont chacuneleur directeur. La cinquième section est celle de la production des pro-grammes. Elle est subordonnée au directeur des programmes et a com-pétence pour tous les programmes communs à l'ensemble de la société :informations, programmes éducatifs, programmes régionaux et servicedes films.

En 1970-1971, les crédits de gestion étaient répartis comme suit :Radio, 13 700 000 marks; TV 1, 11 145 000; TV 2, 5 998 000; Directiondes programmes, 14 046 000 ; Section suédoise, 5 071 000 ; soit, au total,49 960 000 marks (environ 12 millions de dollars).

En ajoutant les coûts de la retransmission par relais du Championnatdu monde de football, le coût total des programmes représente environ50 millions de marks.

Les dépenses totales inscrites au même budget s'élèvent à 133 mil-lions de marks. Les principaux postes de dépenses sont les investissements,la construction, la technologie et l'administration. Cependant, commetoutes ces rubriques contribuent à la mise en place de l'infrastructurenécessaire pour l'élaboration et la diffusion des programmes, on nesaurait logiquement les dissocier des activités spécifiques afférentes auprogramme.

La société dispose de deux chaînes radio et d'une chaîne de télévision,qui couvrent l'ensemble du pays, plus une chaîne radio et une chaînede télévision de portée plus limitée.

Les chaînes à champ d'émission partiel diffusent les programmes

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La radiodiffusion et la télévision

en suédois. Les deux chaînes principales comportent aussi un programmeen suédois.

Le centre de diffusion est Helsinki, sauf pour la deuxième chaîne detélévision, qui «met à partir de Tampere. En outre, il y a des émissionsrégionales de radio et de télévision.

Les programmes de la société sont extrêmement variés. La société a sespropres orchestres symphoniques et de musique de danse, ainsi que desthéâtres de radio et de télévision, avec des acteurs employés à tempscomplet.

Le personnel permanent comprend environ 400 journalistes et rédac-teurs, plus quelque 700 employés à temps complet affectés aux pro-grammes. Les 2 100 autres employés qui complètent l'effectif totalde 3 300 agents travaillent dans les services technique, administratifet économique.

Activités internationales

La société est la seule compagnie de radiodiffusion qui soit membre desdeux grandes organisations internationales de radio, l'Organisationinternationale de radiodiffusion et télévision (OIRT), pour l'Europeorientale, et l'Union européenne de radiodiffusion (UER), pour l'Europeoccidentale. Les réseaux d'échange de programmes de télévision dans lecadre de l'TJER sont le réseau d'Eurovision et son secteur Scandinave,Nordvision. L'organe correspondant de l'OIRT est Intervision. Leséchanges suivants de programmes ont été organisés en 1969 :Émissions transmises à partir de la Finlande. Vers les pays nordiques, 264

(environ 131 heures au total); vers les pays d'Eurovision, 21 (environ15 heures au total); vers les pays d'Intervision, 41 (environ 23 heuresau total).

Émissions transmises vers la Finlande. A partir des pays d'Eurovision, 296(environ 151 heures au total); à partir des pays de Nordvision,212 (environ 106 heures au total); à partir des pays d'Intervision,54 (environ 20 heures au total).

De plus, la télévision a un programme international de films. En 1969et 1970, la société a présenté 220 longs métrages (y compris les filmsfinlandais). Des films-feuilletons et des documentaires étrangers ontégalement été diffusés (quelque 160 émissions, totalisant environ100 heures).

Les échanges de programmes avec les sociétés de radiodiffusionétrangères ont porté surtout sur des programmes de musique et dethéâtre. Dans ce domaine, la société a reçu plus qu'elle n'a donné. En1969, elle a organisé deux concerts pour le réseau radio de l'UER. Sonorchestre symphonique a fait une tournée en République démocratiqueallemande et sa chorale de chambre s'est rendue à Riga et au Danemark.

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La radiodiffusion et la télévision

Émissions sur ondes courtes et servicede transcription

La station de Pori (située dans l'ouest de la Finlande) émet sur ondescourtes — sur 19, 25 et 31 mètres — pendant 9 heures par jour environ,et retransmet l'ensemble du programme général sur 49 mètres. Desprogrammes en finnois, en suédois et en anglais sont dirigés vers l'Europe,ainsi que vers l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.

Peu de programmes en finnois et en suédois sont produits à seulefin de diffusion sur ondes courtes. La plupart des émissions sont sélec-tionnées parmi les programmes radio quotidiens.

Des programmes spéciaux sont organisés à l'intention des marins.Les émissions en anglais sont limitées à 30 minutes par jour. Ces pro-grammes sont produits en partie par la société et en partie par le Club DXde Finlande.

La société reçoit de 4 000 à 5 000 lettres par an commentant lesprogrammes en langue anglaise sur ondes courtes.

Le service de transcription a commencé à fonctionner en 1969. Aucours de la première année d'activité, des programmes transcrits ontété envoyés à 30 pays, en finnois, en anglais, en allemand, en françaiset en espagnol. Il s'agissait de 18 programmes différents, dont certainsont été préparés à la demande et selon les désirs de diverses sociétés deradiodiffusion.

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La culture pour tous

Pendant la décennie 1960-1970, en Finlande, l'Etat a considérablementaccru ses subventions aux arts en général. De nouvelles lois ont étépromulguées. L'administration correspondante (qui relève généralementdu Ministère de l'éducation) a été réorganisée. Elle agit maintenant parl'intermédiaire d'une Commission centrale des arts et de comités artis-tiques nationaux et provinciaux. Parmi les innovations récentes, men-tionnons les allocations accordées à des artistes pour les périodes de un,trois ou cinq ans, et les donations pour des projets déterminés.

La Commission centrale des arts conseille le Ministère de l'éducationpour la planification à long terme et à moyen terme. Les objectifs sontmis au point à partir d'un modèle de planification culturel. L'évaluationdes résultats indique ensuite quels sont les raffinements qu'il convientd'apporter au modèle et, partant, à la planification et même aux objectifs.

Différents facteurs sont pris en considération : suppléments d'infor-mation (fournis, par exemple, par la recherche); expansion des activitési(par exemple, accroissement du nombre de concerts et d'œuvres d'artproduites ou acquises); formation; éducation, valeurs, attitudes; locaux{par exemple, utilisation d'écoles pour des activités culturelles); calen-driers d'exécution, échelonnement dans le temps; organisation; finan-cement.

La question des ressources et de leur répartition pose un problèmefondamental pour la planification culturelle. Une fois approuvés, les planssont mis en œuvre par le Ministère de l'éducation et les différents comitésartistiques, en coopération avec les autorités locales, diverses associations,les partis politiques, les éditeurs, les universités et d'autres établissementsd'enseignement, etc.

On s'est beaucoup préoccupé du problème des inégalités. L'objectifdéclaré de la politique culturelle du gouvernement finlandais en 1970«tait d'effacer les différences régionales, économiques et sociales etd'assurer à tous les citoyens d'égales ouvertures culturelles. Depuis

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La culture pour tous

plusieurs années, l'État s'est efforcé de créer des services locaux permet-tant la pleine participation de tout un chacun, en dehors de toute con-sidération d'âge ou de lieu de résidence. Pour cela, il faudrait assurerle cadre nécessaire pour (jue les individus puissent développer leursdons et leurs talents propres, et il faudrait fournir aussi plus de servicesorganisés. En pratique, cela pourrait nécessiter par exemple la modi-fication des règlements interdisant d'affecter à des usages d'ordre plusgénéral certains locaux tels que les écoles et les bibliothèques.

Parmi la population, divers groupes s'intéressent de plus en plusà la préservation du milieu et de l'héritage culturels locaux.

L'Etat et d'autres autorités ont assumé la responsabilité de fournirles services qui permettront aux gens de vivre une vie plus complète etde tirer plus de satisfactions de leur temps de loisir, et ils ont sans douteaussi une responsabilité spéciale à l'égard des citoyens qui, jusque-là,tendaient à être négligés en matière de services culturels : les vieux etles jeunes, la population rurale et les économiquement faibles.

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U.S.$2;60p(stg.);8FTaxes non comprises