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UNIVERSITE D’ALGER FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DES SCIENCES DE GESTION DEPARTEMENT DES SCIENCES DE GESTION Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Magistère Filière : Monnaie et Finances Présenté par : Encadré par : M lle BEN YOUSSEF Fatma M. BENISSAD Hocine Les Membres du jury : M. CHIHA Khemis (Président) M.BENISSAD Hocine (Directeur de recherche) M. MESSAR Moncef (Membre) Année Universitaire 2005/2006 LA POLITIQUE DE CHANGE EN ALGERIE (AVEC REFERENCE A L’ALBANIE)

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UNIVERSITE D’ALGER

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DES SCIENCES DE GESTION

DEPARTEMENT DES SCIENCES DE GESTION

Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Magistère

Filière : Monnaie et Finances

Présenté par : Encadré par :

Mlle BEN YOUSSEF Fatma M. BENISSAD Hocine

Les Membres du jury :

M. CHIHA Khemis (Président)

M.BENISSAD Hocine (Directeur de recherche)

M. MESSAR Moncef (Membre)

Année Universitaire

2005/2006

LA POLITIQUE DE CHANGE EN ALGERIE

(AVEC REFERENCE A L’ALBANIE)

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R remerciements

Mes vifs et très sincères remerciementsvont à mon professeur et encadreurMonsieur Benissad Hocine pour sonengagement et surtout sa disponibilité.

Mes remerciements éternels à meschers parents, mes frères et sœurs et tousmes amis.

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T A B L E D E S M A T I E R E SPage

INTRODUCTION GENERALE 01

PREMIERE PARTIE : LES REGIMES DE CHANGE 08Chapitre I : L’évolution du Système Monétaire International 09 Introduction 09 Section 1. Les échanges commerciaux avant 1944 11 1.1: Le régime de l’étalon-or 11 1.2: Le régime de l’étalon de change-or 13 Section 2. La Conférence de BRETTON-WOODS 16 2.1 : La portée de la Conférence 16 2.2 : Les institutions de BRETTON-WOODS 20 2.3 : L’effondrement du système de BRETTON-WOODS 23 2.4 : Définition et rôle du Système Monétaire International 28 Conclusion 30

Chapitre II : Marchés des changes, Théories et Politiques de change 31 Introduction 31 Section 1. Notions de taux de change et marchés des changes 32

1.1 : Définitions, concepts et participants aux marchés des changes 321.2 : Le marché au comptant 351.3 : Le marché à terme 38

Section 2. Les déterminants fondamentaux du taux de change 41 2.1 : La théorie de la parité des pouvoirs d’achat 41 2.2 : La théorie des parités des taux d’intérêt 45 2.3 : L’ajustement par la balance des paiements 47 Section 3. Les politiques monétaires d’équilibre des comptes extérieurs. 49 3.1 : La politique des taux de change fixes 49 3.2 : La politique des taux de changes flottants 51 3.3 : La politique du contrôle des changes 52 Conclusion 57

DEUXIEME PARTIE : CONTROLE DES CHANGES ET DEGRE DE 58 CONVERTIBILTE EN ALGERIEChapitre I : Le système d’inconvertibilité 59 Introduction 59 Section1 : Le régime d’allocation de change administré 61

1.1 : Les mesures protectionnistes 611.2: Les aspects restrictifs de l’allocation de change pour le commerce extérieur 641.3 : Les répercussions du régime restreint de l’octroi du change 70

Section2 : Généralités sur la structure économique de l’Albanie 75 2.1 : L’agriculture et l’industrie 75 2.2 : Le secteur financier et la politique monétaire 79 2.3 : Le commerce extérieur et la politique de change 82 Section 3 : Le degré d’inconvertibilité actuel du Dinar algérien 85 3.1 : Les mesures de levée de restrictions par le programme d’ajustement structurel 85 3.2 : Le cadre réglementaire déterminant la convertibilité du Dinar algérien 90 Conclusion 97

III

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Chapitre II : Le Taux de Change 99 Introduction 99 Section 1 : La question de la dévaluation dans les pays en transition 100

1.1 : Les causes et les motivations de la dévaluation 1001.2 : L’efficacité de la dévaluation dans l’ajustement structurel 1031.3 : La dévaluation en tant que mesure protectionniste en Algérie 106

Section 2 : L évolution des régimes de change en Algérie 112 2.1 : Le régime du taux de change fixe 112 2.2 : Le régime du flottement dirigé 115 Conclusion 118

CONCLUSION GENERALE 119BIBLIOGRAPHIE 124ANNEXES 129INDEX DES TABLEAUX 132INDEX DES GRAPHES ET COURBES 132INDEX DES ANNEXES 132

IV

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I N T R O D U C T I O N G E N E R A L E

Au fur et à mesure que les échanges commerciaux entre les nations se

développaient, l’homme s’aperçoit que les échanges de troc ne pouvaient plus

s’accommoder devant l’immensité et la rapidité de l’évolution du commerce.

Le besoin de trouver les meilleurs modes de conclure les transactions

commerciales s’accroît de jour en jour, à côté de celui de trouver un autre moyen

de paiement. Ce moyen devait renfermer certaines propriétés : de la valeur,

facile à manipuler, et ne devait pas se détériorer pendant les manipulations. Il

devait permettre aussi aux échanges de s’accomplir dans les plus brefs délais. La

monnaie est ce moyen qui a été créé pour ce but.

Les monnaies les plus courantes, ont été frappées en cuivre, puis en argent,

et enfin en or. Au 19éme siècle, la monnaie consistait surtout en ces deux derniers

matériaux. L’or est devenu prédominant, car il avait un usage durable,

homogène et divisible. Ces avantages considérables ont en fait progressivement

la seule monnaie internationale d’échange.

D’ailleurs les mercantilistes, aux 15eme et 16eme siècles, croyaient que l’or

arrivé d’Amérique est à la base des richesses des nations et seul le commerce

extérieur pouvait générer cette richesse. Ils ont été amenés à développer

l’échange externe, tout en encourageant l’Etat à s’intervenir pour réaliser un

excédent dans la balance commerciale à travers l’augmentation des exportations

et la diminution des importations ; aux fins de dégager des surplus en or.

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En effet, l’Europe s’enrichit et devint le "fief" de l’industrialisation au

17 éme siècle. Et pour conduire le commerce extérieur vers une croissance

rapide ; un marché mondial des capitaux est installé pour régir les échanges

commerciaux où l’or jouait le rôle d’intermédiaire entre les monnaies ; ces

dernières étaient donc convertibles contre de l’or à parité fixe.

Ce concept a fait apparaître un régime monétaire international qui est le

régime de l’étalon-or. Mais des incohérences d’une part et le manque de

disponibilité de l’or d’autre part, l’ont fait reculé pour laisser apparaître un autre

régime plus flexible, mais toutefois édifié sur le même principe de la fixité par

rapport à l’or: "l’étalon de change-or " éphémère à son tour puisqu’il fût

abandonné quelques années plus tard.

L’entrée en scène de J.M.Keynes et de H.D. White, "architectes" du

système de BRETTON-WOODS en 1944 aux Etats-Unis d’Amérique, a fait

ériger un nouveau modèle pour la réglementation des flux monétaires et le

règlement des échanges commerciaux internationaux. Ce modèle était institué

suivant les règles d’un système monétaire international, fondé sur des taux de

changes fixes et réalistes.

Cependant tout allait changer ; les taux de changes fixes ont été considérés

comme un frein au commerce international et comme cause des crises

monétaires. La flottaison s’est généralisée dés 1976, malgré qu’elle aussi fut

considérée comme cause de la crise des années 30 ; d’ailleurs, le but de la mise

en place du régime fixe lors des accords de BRETTON-WOODS était de

favoriser la libre circulation des capitaux, et de mettre fin à la spéculation et

l’instabilité des échanges commerciaux de ces années là.

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Cette évolution des taux de change fixes au taux de change flottants était

peut-être liée à la recherche d’un taux de change "optimal", du moment qu’étant

considéré comme un simple prix, le taux de change obéit à l’offre et à la

demande optimales.

La détermination d’un taux de change optimal a incité de nombreux

chercheurs et théoriciens à étudier son comportement, dans différentes

conjonctures ; son rôle, dans l’ajustement de la balance des paiements, en a fait

un outil puissant pour les autorités monétaires.

L’étude conceptuelle de l’évolution des régimes de change, nous permettra

de nous pencher sur leur rôle dans le redressement d’une balance commerciale

déficitaire ; soit par un taux de change fixe, un taux de change flottant, ou

encore par le contrôle des changes, considéré comme un instrument de

développement économique autarcique et planifié, ce dernier a été adopté par

tous les pays du bloc socialiste à l’image de l’Albanie.

La technique du contrôle des changes est une prérogative des autorités

monétaires d’un Etat, elle est aussi la forme d’organisation administrée du

change qui agit sur le système d’allocation de change qui à son tour agit sur la

politique commerciale et peut la restreindre.

Le système des quotas, ou le contingentement et le système des licences

d’importation sont des mesures de la politique commerciale dont l’Etat use. Ces

moyens permettent à l’Etat de s’imposer et d’orienter le commerce extérieur

suivant ses plans, il octroi la devise pour l’importation des biens qu’il juge

nécessaires et s’abstient pour d’autres.

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Dans cette étude, nous allons nous intéresser à la politique du contrôle des

changes, jugée conforme à l’ensemble du développement économique, l’Algérie

l’a employé afin de rationaliser et préserver ses réserves en monnaies étrangères.

Peut-elle cette politique être avantageuse ou pénalisante pour un pays qui puise

d’une seule source en devise : la rente pétrolière ?

La politique de -contrôle des changes- a été menée pendant toute la

décennie des années 70, et même celle des années 80, quand elle a été

réaffirmée, après un allégement pour un laps de temps. Le recours au contrôle

des changes était justifié par la chute des prix du pétrole en 1986 et surtout le

resserrement des conditions d’emprunts extérieurs.

A- Problématique

L’analyse de la politique de change en Algérie revient à étudier son

évolution à travers l’orientation de la politique économique en général, vers la

planification pour la première phase, puis vers la libéralisation du commerce

extérieur et le passage à l’économie de marché dans une deuxième phase. Cette

analyse, va nous aider à poser la problématique suivante :

La politique de change en Algérie est elle libérale ou restrictive ?

A coté de cette problématique, nous essayerons de poser quelques

questions partielles :

1 – Est-ce que la politique de change, a pris en considération le rôle que

doit jouer le taux de change dans l’équilibre de la balance des paiements ?

2 – Est-ce que la politique de change adoptée est parvenue à déterminer un

taux de change réaliste ?

3- Peut-on utiliser le taux de change comme moyen pour améliorer la

compétitivité-prix au niveau international ?

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4 – Le passage à l’économie de marché exige-t-il obligatoirement le

flottement de la monnaie nationale?

5 – Pourquoi le Fonds Monétaire International incorpore t-il

systématiquement la dévaluation de la monnaie nationale dans ses programmes

d’ajustement structurel ?

6 – Quel est le rôle effectif de la dévaluation dans les pays de transition ?

B- Les hypothèses de la recherche

Pour tenter de répondre à toutes ces questions, nous avons essayé

d’analyser le sujet sur une base comparative. Pour cela nous avons choisi

l’Albanie, un pays du bloc de l’Est européen, qui a partagé la planification et le

socialisme avec l’Algérie.

L’Albanie, est un petit pays de la péninsule balkanique, et l’une des nations

les moins développées de l’Europe. Devenue un champ de bataille, pour les

grandes puissances pendant la première guerre mondiale, l’Albanie fut occupée

par l’Italie de Mussolini puis l’Allemagne nazie avant d’être libérée en 1944.

Son alliance avec la Yougoslavie, la Russie puis la Chine lui a permis de copier

son système planifié sur ces trois pays communistes.

L’Albanie vivait essentiellement de l’agriculture et des ressources

hydroélectriques. D’importantes réformes économiques ont été introduites dés la

fin de l’année 1991, après l’effondrement du bloc socialiste en Europe.

A partir de cette brève description de l’Albanie, nous avons envisagé les

hypothèses suivantes :

1 – Beaucoup de pays qui sont passés d’une économie planifiée à une

économie de marché souffraient d’un déficit de la balance des paiements, ainsi

d’un endettement extérieur assez lourd.

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2 – La transition vers l’économie de marché repose essentiellement sur

l’abolition du système de monopole de l’Etat sur le commerce extérieur,

l’autonomie de l’entreprise publique, voire sa privatisation et la réhabilitation du

secteur privé et de la concurrence.

3 – La dévaluation de la monnaie locale agit sur la compétitivité de

l’économie nationale et sert à déterminer un taux de change convenable.

4 – Le taux de change de la monnaie locale ne peut pas être la résultante

d’un mécanisme de marché dans les pays en voie de développement.

C- Importance de la recherche

L’intérêt que nous avons porté à l’étude de la politique de change en

Algérie, nous a amené à étudier en même temps l’évolution du taux de change à

travers les différentes étapes de fixation de son niveau et de voir, par la suite, si

cette variable aurait contribué au réajustement de la balance des paiements.

A partir de cette recherche, nous avons essayé aussi de faire sortir les

points communs entre l’Algérie et l’Albanie : Les deux pays sont en voie de

développement et ont rompu avec le mode de gestion planifié et se sont orientés

vers l’économie de marché. Aussi l’application du programme d’ajustement

structurel édicté par le Fonds Monétaire International, quelque soit en Algérie ou

en Albanie s’est effectué en suivant les mêmes démarches, après que ces deux

pays ont été lourdement endettés et souffraient d’un déficit budgétaire.

D- Le cadre méthodologique de la recherche

Méthodologiquement, nous nous sommes appuyés sur la méthode

descriptive historique pour relater les faits de la politique de change d’une part

et de la méthode analytique, dés lors que la recherche a été élaborée sur une base

comparative, en se référant à une période bien déterminée s’étalant de la fin des

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années 80 jusqu’au début des années 90. Aussi nous nous sommes servis des

données statistiques pour pouvoir répondre à notre problématique.

E- Plan et structure de la recherche

Ce travail qui se fixe pour principal objectif l’étude de la politique de

change en Algérie dés les premières années de son indépendance a été scindé en

deux parties distinctes.

Chaque partie est composée de deux chapitres. Le premier chapitre de la

première partie est consacré à une étude historique de l’évolution des régimes de

changes. Le second porte sur une étude conceptuelle sur le taux de change.

La deuxième partie est elle aussi scindée en deux chapitres ; le premier

portera sur l’évolution du degré de la convertibilité du Dinar algérien, tout en

exposant en parallèle la politique du contrôle des changes acquise. Quant au

deuxième chapitre, il sera consacré à l’étude de l’évolution du taux de change, et

aux conditions dans lesquelles la flottaison a été réalisée. Mais avant cela nous

tenterons d’étudier en premier la question de la dévaluation qui est souvent

recommandée par le Fonds Monétaire International pour les pays en transition.

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PREMIERE PARTIE

LES REGIMES DE CHANGE

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C H A P I T R E I :

L’ EVOLUTION DU SYSTEME MONETAIRE

INTERNATIONAL

Introduction

C’est Vers la fin du 18éme siècle que les échanges commerciaux

internationaux s’effectuaient grâce à des techniques financières régies par la

"City de Londres " en tant que banquier du monde. Ces échanges étaient basés

sur un régime de parité fixe qui n’a cessé d’évoluer, au fil de ses difficultés,

jusqu’à la Conférence de BRETTON-WOODS en 1944. Avant cette date il y

avait un système de fait, un système monétaire international de facto. L’étude

historique de l’évolution de ce système nous amènera à prendre cette date

importante pour référence.

L’objectif de ce chapitre est de montrer comment a été effectué le passage

des parités fixes vers les parités flottantes. Alors que les taux fixes étaient au

cœur de la conférence de BRETTON-WOODS et ont montré une stabilité et une

convertibilité libre entre les monnaies.

La répartition de ce chapitre en deux sections nous aidera à relater des faits

historiques. Dans la première section il s’agira d’étudier l’évolution des régimes

de l’étalon-or et de l’étalon de change-or ainsi que de leurs mécanismes. Nous

développerons dans la deuxième section la portée de la Conférence de

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BRETTON-WOODS et la mise en place du Système Monétaire International

pour régir les échanges commerciaux internationaux, sans les restreindre.

Cette conférence était fondée sur des principes telle que la fixité et la

convertibilité, et avait engendré la création de deux institutions monétaires

internationales : le Fonds Monétaire International et la Banque Internationale

pour la Reconstruction et le Développement

Jusqu’à quelle limite les statuts de ces institutions ont assuré la stabilité

des échanges commerciaux d’une part et ont contribué à leur

développement d’autre part?

C’est ce que nous essayerons d’éclaircir dans le troisième paragraphe de la

deuxième section. Nous achèverons ce chapitre par une définition qui

déterminera le rôle du Système Monétaire International dans les relations

d’échanges contemporaines.

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Section 1 : Les échanges commerciaux avant 1944

1.1 : Le régime de l’étalon-or

C’est un régime de taux de change fixe et unique, où toutes les monnaies

étaient définies par un poids fixe d’or contre lequel elles étaient librement

convertibles auprès des institutions bancaires. La liberté de la circulation

internationale de l’or limitait l’ampleur des fluctuations de change ; la stabilité

des cours des changes était donc satisfaisante durant environ les trente cinq

années qui ont précédé la première guerre mondiale, période de l’apogée de

l’étalon-or.

Au 19eme siècle une Livre Sterling valait 7.3 grammes d’or, un Dollar

américain valait 1.5 grammes d’or, et un Franc français valait 282 milligrammes

d’or. De ces mesures, on pouvait déduire le prix d’une monnaie en une autre par

une opération arithmétique, d’où une Livre était égale à 5.13.7 = 4.86 Dollars.

Ainsi les monnaies étaient convertibles entre elles et permettaient aux

transactions commerciales internationales de s’effectuer de la manière suivante :

Les échangistes commerciaux d’une nation "A" convertissent leur monnaie en or

au niveau de la Banque Centrale de cette nation .L’or qui circule librement d’un

pays à un autre est transporté par ces échangistes vers une nation "B" où il est à

son tour converti au niveau de la Banque Centrale de cette dite nation "B". Les

échangistes reçoivent l’équivalent de cet or en monnaies nationales du pays

d’accueil, ils peuvent ensuite effectuer par la suite leurs transactions1.

1-Michel Vaté, Leçons d’économie politique, (France, Economica, 8eme ed, 1999), p : 448 .

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D’une façon générale, la libre circulation de l’or, et sa totale couverture de

l’émission de monnaie ne posaient pas de problème quant à la convertibilité des

monnaies entre elles à cette époque là.

Mais l’or en tant que moyen métallique précieux commençait à

s’épuiser en raison de l’expansion internationale survenue à cette époque. L’or

ne pouvait plus assurer la totale conversion de l’émission de monnaie devenue

abondante à cause des besoins de la première guerre mondiale 1914-1918. Cette

dernière avait bouleversé l’équilibre monétaire dans plusieurs pays de l’Europe.

Et c’est à partir de ce moment là que la convertibilité-or interne commençait à

être remise en cause, ceci a fait d’elle l’une des raisons majeures qui ont mené à

son abandon.

L’autre raison qui a poussé vers l’abandon de l’étalon-or, était le fait de la

relance de l’économie traumatisée des pays entrés en conflit. Ces derniers

avaient opté pour un régime plus flexible que celui de l’étalon-or, mais qui

reposait cependant sur le même principe que le précédent, c’est-à-dire sur la

parité fixe des taux de change. Par ailleurs, même si des tentatives furent prises

en 1925 pour le redressement de ce régime en Grande-Bretagne, elles n’étaient

qu’éphémères.

Rappelons toutefois que la convertibilité interne désignait à cette époque,

la possibilité d’échanger la monnaie fiduciaire interne contre de l’or. Autrement

dit, on pouvait transformer la forme d’une monnaie en une autre forme. Avant la

première guerre mondiale, la plupart des monnaies étaient convertibles de cette

façon là.

Quant à la convertibilité externe, celle-ci permettait à une monnaie d’être

échangée librement en toute autre monnaie étrangère suivant un taux de change

légal ou fixé par le marché des changes.

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En résumé, l’étalon-or a joué un rôle important dans la stabilité des taux de

changes, grâce à la fixité des unités monétaires des pays au poids d’or fin. Le

taux de change s’établissait par comparaison des poids d’or des monnaies ;

aussi l’étalon-or a contribué à la libre transformation des monnaies en or sans

aucunes restrictions, et encore à la libre circulation de l’or à un taux fixe ou à

l’intérieur de marges de fluctuations restreintes. C’est le mécanisme des points

d’or ; point d’entrée ou point de sortie selon que la monnaie soit surévaluée ou

sous-évaluée. Ces points ont un rôle stabilisateur et corrigent les déséquilibres

de la balance commerciale.

1.2– Le Régime de l’étalon de change-or

C’est lors de la conférence de Gênes en 1922 en Italie que des

changements ont été proposés, visant à créer un nouveau régime de change

mais, toujours basé sur un étalon-or, à coté d’un système de monnaies de

réserves. C’est le principe de l’étalon de change-or ou selon l’expression

anglaise "Gold Exchange Standard : G.E.S ". Ce régime n’est qu’un

aménagement du précédent, ayant pour but d’économiser l’utilisation de l’or.

On le distingue de l’étalon-or par la constitution de ses réserves de changes. Si

le précédent détenait des réserves en or, le second été fondé sur l’existence, à

coté de l’or, des monnaies étrangères convertibles en or et considérées comme

équivalentes à l’or dans les réserves des Banques Centrales. Ces monnaies été

appelées monnaies-clés1.

1-une monnaie est dite monnaie-clé ; si elle détient une parité fixe et réponds à une importante offre et

demande.

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Deux devises, la Livre Sterling britannique et le Dollar américain étaient

convertibles en or, donc considérés comme monnaies-clés depuis 1918-1919.

Les autres monnaies étaient dites monnaies périphériques et étaient convertibles

en or par l’intermédiaire des deux premières. Très récemment des monnaies

européennes et le Yen japonais ont accédé dans une mesure très limitée à ce

statut.

En fait, ce nouveau régime avait été pratiqué avant encore cette date

(1922) par la Grande-Bretagne dans ses colonies, d’une façon moins similaire,

mais qui s’appuyait sur le même principe de la convertibilité. Pendant longtemps

la Roupie indienne était convertible seulement contre la Livre Sterling.

Le régime de l’étalon de change-or est aussi un régime de taux de change

fixe. Il est apparu entre les deux guerres mondiales. La plupart des pays venaient

de redémarrer ou sortir d’une guerre qui avait tout endommagé. Pour subvenir à

une demande accrue, ces mêmes pays étaient appelés à importer de la

marchandise manquante et de ce fait les importations étaient donc supérieures

aux exportations. Et c’est ainsi que la demande sur la monnaie étrangère pour le

paiement était trop élevée par rapport à l’offre ; ce phénomène a fait déprécier

les monnaies nationales.

En somme, la mise en place de ce nouveau régime n’était qu’un essai de

retour à la stabilité des changes, mais avec plus de flexibilité. A son tour il se

heurta à de forts obstacles, allant jusqu’à sa déstabilisation, même s’il avait

montré une flexibilité par rapport au précédent. Ces obstacles se résument à :

1. Le rôle important que commençait à acquérir le Dollar américain grâce à

son économie accrue dés 1914 ; ce rôle avait remis en cause la

prédominance de la Livre Sterling.

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2. Le développement des marchés de New York et de Paris favorisait le

déplacement des capitaux de Londres vers ces deux pays, provoquant

ainsi l’affaiblissement de la Livre Sterling, surévaluée en tant que

monnaie de réserve, et le renforcement du Dollar américain.

3. Les écarts des années 30 entre des monnaies surévaluées comme la Livre

Sterling pour la mise en vigueur de sa parité-or, et, les dévaluations

concurrentielles des autres monnaies comme le Franc français et le Franc

belge dans le but d’encourager les exportations augmentaient

l’impossibilité de retrouver l’équilibre des monnaies. Elles étaient donc

flottantes.

4. L’inflation persistante des années 20 dans plusieurs pays de l’Europe

notamment en Allemagne, (comme le montre le tableau suivant) était due

aux pénuries causées par la première Guerre mondiale.

Tableau n°1 :Parité du Dollar par rapport au Mark allemand

Années Parité dollar/mark1914 1USD = 4DEM1921 1USD = 75 DEM1922 1 USD = 402 DEM Juillet 1923 1 USD = 7200 DEMDécembre 1923 1 USD s’échange contre 4 trillions de marks.Source : P.H.BRETON et A.D. SCHOR , La dévaluation, (France , PUF,1976), p : 30.

USD et DEM sont le code ISO du Dollar américain et du Mark allemand respectivement.

Ces perturbations financières, ont jusqu’en 1939, conduit la Grande-

Bretagne à abandonner l’étalon-or le 21 Septembre 1931. La Livre Sterling

n’était plus convertible en or ; devenue plutôt une monnaie flottante, elle fut

dévaluée de 30% par rapport au Dollar américain (1GBP=4.03USD), et

plusieurs pays de l’Europe ont suivi l’exemple de la Grande-Bretagne.

Ainsi, les Etats-Unis ont suivi le mouvement en 1933, la France en 1936,

et dans le but de stabiliser les taux de change entre le Dollar, la Livre et le Franc,

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un accord tripartite a été signé par les pays correspondants à ces monnaies le 25

Septembre 1936. Cet accord était déjà moribond à sa date de signature et devint

inopérant à partir du déclenchement de la seconde guerre mondiale (1939-1945).

Cette guerre a entraîné la destruction de plusieurs économies.

Aussi se souciait-on en 1944 d’établir un nouveau régime, qui basé sur

l’accord conventionnel des Nations, permettrait de reconstruire l’économie de

ces pays et de favoriser les échanges internationaux. Les accords de

BRETTON-WOODS aboutissaient à cela.

Section 2 : La Conférence Monétaire de BRETTON-WOODS

2.1– La portée de la Conférence

La deuxième guerre mondiale n’était pas encore finie, que déjà, des

représentants de quarante quatre pays étaient réunis le 1erjuillet 1944 à

BRETTON-WOODS dans le New Hampshire des Etats-Unis, pour anticiper un

programme préventif pouvant éviter toute crise économique semblable à celle

des années 20. Les initiateurs de ce forum espéraient par là, éviter les grandes

perturbations monétaires qui étaient le résultat de violentes fluctuations des taux

de change.

La conférence de BRETTON-WOODS avait mis en place un nouveau

régime ; on parle alors d’un SYSTEME MONETAIRE INTERNATIONAL Ce

dernier prévoyait des taux de change fixes par rapport au Dollar américain qui, à

son tour, préconisait une valeur invariable par rapport à l’or en raison de 35

Dollars l’once. La conversion des monnaies se faisait par l’intermédiaire du

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Dollar américain. La valeur des monnaies qui était définie par un certain poids

d’or permettait cette conversion.

Les objectifs de cette conférence visaient le retour à l’ordre et la stabilité

dans les règlements internationaux, ainsi que la relance des échanges

commerciaux et des mouvements des capitaux sans en imposer des restrictions

aux échanges internationaux1. Par ce biais il était envisagé le redressement des

économies détruites lors de la Guerre et la promotion de l’économie des pays

en voie de développement.

Toutefois, même si cette conférence avait institué des taux de change fixes

et uniques, elle avait à choisir entre deux thèses2 ; celles de:

-John Maynard Keynes, économiste, financier et réformiste britannique et,

-Harry Dexter White économiste du Trésor des Etats-Unis entre 1942-1944.

Les avis des deux économistes s’accordaient sur deux buts à assigner aux

Système Monétaire International ; le premier favorisait la concurrence et la

coopération entre les nations et décourageait l’autarcie et l’hégémonie. Le

second visait la promotion des flux des capitaux internationaux, dans le but

d’encourager le commerce international et non de le perturber. Par contre ils

s’opposaient sur un troisième point, qui constituait l’objet de la conférence de

BRETTON-WOODS.

1- P.R.Krugman et M. Obstfeld, Economie Internationale, (Paris, De Boeck Université, 3eme ed,

2001), p : 617.

2- J.M.Boughton , "Harry Dexter White et le Fonds Monétaire International", Finance et

Dévellopement, volume35, n°2, Septembre 1998, p :39.

J.M.Keynes proposait la création d’une banque supranationale, et d’une

nouvelle monnaie intermédiaire appelée le "Bancor" définie par une parité fixe

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par rapport à l’or. A travers cette banque et avec la participation des banques

nationales toutes les dettes des pays créditeurs seront compensées par les

créances des pays débiteurs par l’intermédiaire de cette nouvelle monnaie. Le

taux de change des monnaies nationales serait alors exprimé en terme de Bancor.

H.D.White refusait la fondation d’une banque centrale internationale et

envisageait la création d’un fonds où le Dollar américain aurait un rôle

fondamental. Ce fonds devait participer à corriger les déséquilibres des pays en

difficultés, en octroyant des crédits. Les pays membres de cette institution

auraient à contribuer à ce fonds par des apports, soit en or ou en monnaie

nationale, suivant des critères strictes.

De ce bref exposé des deux plans, il apparaît que les deux économistes ne

s’entendaient pas sur les pouvoirs de l’organisme international préconisé.

Cependant le plan White a été retenu, à l’issu de cette conférence qui s’est

achevée le 22 Juillet 1944, et un consensus approuvé portant sur la création de

deux institutions internationales ce sont :

- Le Fonds Monétaire International

- La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

Le système de BRETTON-WOODS été fondé sur des principes formant

les règles de BRETTON-WOODS ; ce sont:

1. Règle d’unicité de change : le système de BRETTON-WOODS est un

système de taux de change fixe et unique qui condamne le système de

taux de change double ou multiple.

2. Règle de stabilité des changes : le système mettait l’accent sur la stabilité

des changes, et autorisait une marge de fluctuation de plus ou moins 1%

sur la parité définie de chaque monnaie par rapport au Dollar sur le

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marché des changes ; si la valeur d’une monnaie s’écarte de cette marge,

la Banque Centrale intervient en achetant ou en vendant sa monnaie

contre les Dollars.

3. Règle de convertibilité-or : elle consiste à ce que la valeur de toutes les

monnaies soit fixée à l’or ou au Dollar américain. Et seul le Dollar pivot

du système était convertible contre de l’or ; il joue le rôle d’intermédiaire

entre les monnaies et l’or.

Cette règle de convertibilité est l’un des articles fondamentaux du statut

du Fonds Monétaire International. Récemment elle renvoie aux échanges de

monnaies entre elles. Elle consiste aussi à ce que toutes les monnaies soient

convertibles entre elles, sans aucune restriction, pour les opérations courantes

(articles VIII du statut du F.M.I).

Les pays étaient donc engagés à éliminer tout contrôle des changes sauf

pour ceux qui connaissaient des difficultés de paiement, le Fonds leur accordait

une dérogation dans leurs politiques de restrictions sur les paiements courants

par le biais des contrôles des changes (article VIX du statut du F.M.I).

La définition de la convertibilité prend alors une nouvelle dimension : On

dit "qu’une monnaie convertible est une monnaie qui peut être utilisé librement

dans les transactions internationales par les citoyens de tout pays. "1 ou, encore,

la convertibilité est " la possibilité pour tout agent résident ou non résident

d’échanger sa monnaie contre n’importe quelles autres monnaies. "2

1- P.R.Krugman et M.Obstefld, op cit, p :617.

2-M.Vaté, op cit, p :448.

2.2– Les Institutions de BRETTON-WOODS

Le Fonds Monétaire International (F.M.I) :

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"C’est une réserve d’or et de devise1" , souvent qualifiée de gendarme qui

veille à ce que les pays membres respectent les cours de ses statuts. Son rôle

était donc de :

Maintenir la stabilité des changes, ainsi, toute modification du taux doit se

faire avec autorisation du Fonds.

Financer les déséquilibres de la balance des paiements des pays membres

en difficultés ; cette mesure est l’une des composantes du programme de

"sauvetage " du Fonds ; l’autre composante est l’application du

programme d’ajustement conditionnel ou le programme de réformes

économiques.

Veiller à ce que l’évolution du système contribue à la promotion du

commerce international ; le fonds prévoyait l’élimination des contrôles

des changes, pour, au moins les transactions courantes.

Veiller au bon fonctionnement du marché des changes et au

démantèlement progressif des restrictions sur les opérations de changes.

Plusieurs pays souverains de cette époque ont adhéré à ce fonds, à

l’exception des pays communistes. L’Algérie a adhéré au Fonds Monétaire

International le 26 Septembre 1963. L’Albanie a à son tour adhéré au Fonds le

15 octobre 1991.

3-H.Benissad, Cours d’Economie International, (Algérie, OPU, 1983), p : 102.

Quant aux ressources du fonds celles-ci proviennent de :

A - Des quotes-parts : des pays membres qui s’élèvent à 25% en or et 75% de

devises du pays.

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B - Les Droits de Tirages Spéciaux : en conséquence de la décision des

Banques Centrales, des dix pays les plus riches1 de ne plus intervenir sur le

marché de l’or pour stabiliser le cours du Dollar, vers la fin des années 60, l’idée

d’instaurer un nouvel instrument de réserves fut approuvée lors de l’assemblée

annuelle du fonds avec ces pays en Septembre 1967 à Rio De Janeiro (Brésil) à

condition que cet instrument soit crée par le F. M .I, qu’il puisse se substituer à

l’or et que tous les pays y compris ceux en voie de développement en reçoivent

une part.

Le projet a subi des modifications, passant de Droit de Tirage de

Réserves (D.T.R) au Droit de Tirage Spéciaux (D.T.S). Les premiers D.T.S. ont

été émis en Septembre 1969, par crainte d’une pénurie de liquidité, pour un

montant équivalent à 9.5 milliards de Dollars.

A l’origine le D.T.S était une unité de compte, composée d’un panier de

seize monnaies, et n’en comprend depuis 1981 que les monnaies des cinq pays

les plus exportateurs de biens et de services. Tous les cinq ans le Fonds

réexamine la composition du panier pour s’assurer que les pondérations acquises

à ces monnaies reflètent leur importance dans le système monétaire

international. A partir de 1999, les montants des monnaies allemande et

française furent remplacés par leurs équivalents en Euros.

1- Les pays les plus riches sont : l’Allemagne, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis, la

France, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.

C - Les emprunts : le Fonds s’adresse à partir des souscriptions aux états

membres, aux Banques Centrales, à la Banque des Règlements Internationaux,

ou aux marchés des capitaux nationaux ou internationaux.

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La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

(B.I.R.D)

C’est aussi un organisme financier international qui s’est attribué au départ

le rôle de financer les opérations de reconstruction des pays détruits par la

guerre. Cette banque, dénommée par la suite Banque Mondiale, s’intéresse aux

projets de long terme et à la promotion de l’investissement à l’étranger .Les

ressources de la banque sont constituées des quotes-parts des pays membres.

Notons que la différence entre les deux institutions réside dans la nature

des objectifs qu’elles s’assignent respectivement ; le Fonds Monétaire

International finance des opérations de redressement macro-économiques, que

complète la Banque Mondiale par des prêts en vue de réformes structurelles

sectorielles méso-économiques, ou par des prêts sur investissements en

infrastructures.

2.3– L’effondrement du système de BRETTON-WOODS

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C’est vers la fin des années 50 du siècle précédent, qu’ont apparu les

premières difficultés du système. La balance des paiements américaine est

devenue déficitaire suite aux exportations américaines vers l’Europe qui

diminuaient et aux importations européennes vers l’Amérique qui augmentaient.

En conséquences les économies européennes se développaient rapidement dans

tous les domaines, notamment dans les paiements. Ceci a incité les pays de

l’Europe à conclure, en 1950, entre eux des accords pour la mise en place de

"l’Union Européenne des Paiements : UEP " dont l’objectif était d’accélérer le

règlement des transactions commerciales. Cela affirmait la disparition des

restrictions sur le commerce et l’abolition des contrôles des changes.

Entre 1952 et 1959 l’Europe a enregistré un excès de Dollar qu’elle voulait

échanger contre de l’or. Les réserves de l’Europe et du Japon avaient, en or et en

monnaies convertibles en or, augmenté pour atteindre 22 milliards de Dollars,

comparativement aux 57 milliards de Dollars pour le reste du monde entier.

La confiance dans le Dollar faiblissait et les réserves d’or américaines

commençaient à s’épuiser, comme le montre le tableau suivant :

Tableau n°2 : Les réserves d’or des Etats-Unis en milliard de Dollars.

années 1946 1949 1957 1960 1964 1965 1966 1967valeur 20.7 24.5 22.8 17.8 15.5 14.1 13.2 12.1Source : G.Bramouillé et D.Augey, Economie Monétaire, (Paris, Dalloz, 1998), p :398.

D’un autre coté les spéculations prenaient place sur le marché de Londres,

et entraînaient la dévaluation du Dollar à 40 l’once le 20 Octobre 1960.

Devant cette dégradation du Dollar américain sept pays de l’Europe, avec

le soutien des Etats-Unis, ont formé un " Pool de l’Or " et commençaient à

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intervenir pour maintenir le prix de l’or plus ou moins stable. Effectivement,

entre 1960 et 1967, le prix de l’or était stabilisé au seuil de 35.35 Dollars l’Once.

Mais les assauts de la spéculation ont fait subir aux monnaies des Etats du

"Pool de l’Or" un désordre monétaire fait de dévaluations et de réévaluations.

Le pool était alors amené à vendre de ses réserves d’or sur le marché libre.

Ceci a fait réduire les réserves des Banques Centrales en or. Comme cette

tentative n’a été soutenue par aucun gouvernement des pays membres de ce

pool, il fut alors dissout le 13 Mars 1968.

En conséquence les gouvernements ont cessé de vendre de l’or sur le

marché libre et c’était aux Banques Centrales d’intervenir pour la convertibilité

du Dollar en or.

Encore une fois la balance commerciale américaine au début de l’année

1970 s’est détériorée à cause de :

1. L’inflation qui a abouti à la surévaluation du Dollar.

2. Aux dépenses militaires lors de la guerre du Viêt-Nam.

3. Aux redressements des économies de l’Europe.

Aussi et devant l’incapacité de convertir les Dollars en or des autres pays,

le Président américain Nixon avait déclaré, le 15 Août 1971, la suspension de la

convertibilité du Dollar en or. Et c’est ainsi que deux ans plus tard, les autres

monnaies avaient cessé de conserver une parité fixe devant le Dollar ; en

conséquence l’étalon de change basé sur le Dollar s’est lézardé.

Suite à cette décision, les autres pays non pas hésité à prendre des

décisions diverses en faisant flotter leurs monnaies ; Les statuts du F.M.I.

n’étaient plus respectés et aucune autre monnaie n’était convertible en or.

Le 18 Décembre 1971 lors des accords de Washington (Etats-Unis) et dans

une tentative de revenir au système des parités fixes, les Etats-Unis ont pris

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quelques concessions, notamment en dévaluant leur Dollar par rapport à l’or, le

faisant passer de 35 à 38 Dollars l’once. Ceci entraîna les autres monnaies vers

une dévaluation pour certaines ou une réévaluation pour d’autres par rapport au

Dollar.

Le tableau ci-dessous montre les parités de ces différentes monnaies par

rapport au Dollar et à l’Or, au 18 Décembre 1971.

Tableau n°3 : Dévaluation et réévaluation des monnaies en pourcentage.

Par rapport à l’or Par rapport au dollarDollar américain -7.89 % - Lire italienne - 1% 7.48 %Franc français et Livre

Sterling anglaise

- 8.57 %

Florin hollandais et

Franc Belge

+2.76 % 11.57 %

Deutsche Mark allemand +4.61 % 13.58 %Yen japonais +7.66% 16.88 %Source :J.Bouruet et Y.Zenou, Monnaies et Système Monétaire , (Paris, Breal, 7emeed, 1990), P :108.

Aussi pour permettre une certaine flexibilité, les marges de fluctuations

ont été élargies de plus ou moins 2.25%, comme le montre le

graphique suivant :

Marges de fluctuation (système de Bretton Woods)

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Source : J. Peyrard, Risque de change, ( Paris, Vuibert,1986), P :19.

Le "manège " des monnaies, entre dévaluation et réévaluation, la

déconnexion du Yen japonais face au Dollar américain et la spéculation

continue contre ce dernier sont autant de facteurs qui ont fait perdre la confiance

dont jouissait la monnaie américaine.

Ajoutons à ces raisons que le Dollar, n’a pas connu une grande capacité

d’investissement1, malgré les réserves de change importantes des pays

exportateurs de pétrole, cela lui fit perdre sa valeur, et il fut alors dévalué encore

une fois pour passer de 38 à 42.42 Dollars l’once durant l’année 1973.

Devant toutes ces raisons, les Banques Centrales refusaient de soutenir la

parité des monnaies par rapport à un Dollar faible et abondonnérent de ce fait

les accords de BRETTON-WOODS.

Le Dollar s’est mis alors à flotter ; entraînant un changement significatif

du système monétaire .Toutes les autres monnaies ont commencé à flotter aussi.

Cette initiative marquait le début d’une ère de flottaison des monnaies.

Aussi, des amendements ont été, en 1976 à Kingston (Jamaïque) apportés

au statut du F.M.I. Ces amendements sont :

1-H.Benissad, op cit, p :113.

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1. La démonétisation de l’or comme monnaie de réserves ; une monnaie

n’est plus définie par rapport à l’or. Ce dernier devint un simple métal et

le Système Monétaire International est complètement détaché de l’or.

2. Le système monétaire international est basé sur les Droits de Tirage

Spéciaux dont le panier et la définition étaient composés à 33% par le

dollar américain.

3. La modification de l’article IV du code du F.M.I instituant les parités

fixes .Les Etats étaient donc libre d’adopter un régime fixe ou flexible

selon leur choix, tout en s’engageant à lutter contre les variations

erratiques par l’intervention des Banques Centrales sur le marché des

changes.

Ces nouvelles données ont mis fin aux règles de BRETTON-WOODS. Le

Système Monétaire International est passé des taux de changes fixes à des taux

de changes flottants où le cours des monnaies est défini selon les mécanismes

(plus ou moins purs) du marché libre.

Le rôle de "gendarme " dont jouissait le Fonds Monétaire International,

n’avait plus besoin d’exister : désormais ses prérogatives devinrent :

-Le F.M.I fixe la composition des D.T.S.

-Le F.M.I. émet de nouveaux D.T.S sous la décision majoritaire de 70%

des voix des pays membres.

- Le F.M.I renforce son action aux Etats membres en difficultés.

D’un autre côté et devant l’échec des parités fixes de BRETTON-

WOODS, l’Europe qui se construisait a mis en place le 13 Mars 1979, le

Système Monétaire Européen. Ses objectifs étaient :

- D’assurer la stabilité des changes entre les monnaies européennes.

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- De rapprocher les situations économiques des pays membres de la

Communauté Economique Européenne (C.E.E.).

-De promouvoir une unité monétaire européenne (ECU), prémisse de

l’euro.

Les taux de changes flottants ont fait l’objet de critiques en avançant qu’ils

étaient très instables à court terme, et décourageaient le commerce et

l’investissement internationaux. A l’inverse, même si des voix réclamaient le

retour à la stabilité des changes lors du sommet de Versailles1 en 1982 des pays

industrialisés, le régime flottant s’est généralisé depuis 1976.

2.4– Définition et rôle du Système Monétaire International

Après avoir étudier les étapes de l’évolution du Système Monétaire

International , mis en place lors de la conférence de BRETTON-WOODS en

1944 , pour remédier aux troubles monétaires de la période des entre deux

guerres, le système peut être défini comme étant un ensemble de mécanismes et

de pratiques de paiement régis par des institutions financières permettant de

convertir la monnaie -en tant qu’instrument d’échange - d’une nation "A" en

une monnaie d’une nation "B" , et d’échanger par la suite des biens et des

services.

C’est aussi " un ensemble de modalités et de règles de paiements qui, sur

la base des prix et des monnaies nationales, permet des règlements, des

placements, des prêts et des investissements entre les pays."2

1 Les pays du sommet sont : les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Canada et l’Italie.2- M.Beaud, l’Economie Mondiale dans les années 80, ( Paris, la découverte, 1989), p :133

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Il s’agit aussi " d’un dispositif d’organisations monétaires qui permettent

de créditer les déficits extérieurs."1

Ce système se confond de nos jours au Système Financier International,

qui s’appuie sur l’existence d’organisations financières telles le F.M.I et la B.M,

et les marchés des capitaux. Il opère donc sur des opérations d’endettement, de

placement, d’investissement et de titrisation. Ce système inspire donc son rôle

de ses organismes, il veille à :

-Assurer la stabilité des taux de change.

-De promouvoir les transactions internationales.

-De créditer les pays dont la balance commerciale est déficitaire.

Le système relie les pays du Nord, les pays du Sud en voie de

développement et les pays de l’Est, par des opérations de crédits et

d’endettement ; Il a participé aussi à la mondialisation.

1 - J.P. Fougére et C.Voisin, Le Système Financier et Monétaire International, ( Paris, Nathan, 3eme ed, 1994), p :7 .

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Conclusion

Vers la fin des années 60, l’économie mondiale souffrait d’une insuffisance

de liquidité. L’or qui était à la base des paiements multilatéraux était soupçonné

d’être un frein au développement des échanges commerciaux internationaux, on

crée alors les DTS en 1969 pour remédier à cette insuffisance, mais en vain. Les

perturbations monétaires continuaient à apparaître, en témoignant cette fois-ci

les taux de changes fixes d’être incapables de s’ajuster devant l’immensité des

flux des capitaux ; ils furent abandonnés et cèdent le passage au flottement

général des monnaies.

Pour certains, les taux de changes fixes sont à l’origine des crises

monétaires survenues ces dernières décennies (le Mexique 1994, l’Asie 1997 , la

Russie 1998, la Turquie 2001), mais leur disparition n’a pas entraîné celle de la

convertibilité qui, d’ailleurs, s’accommode plus au flottement des monnaies.

Aujourd’hui la convertibilité est assurée pour tous les pays industriels,

mais il n’en n’est pas de même pour le reste des pays. Toutefois le nombre de

ces pays qui adoptaient ce régime fixe recule de plus en plus, surtout chez ceux

membres du F.M.I. Ce dernier, exerçant une surveillance des politiques

monétaires, oblige ses adhérents à se plier conformément à ses règles pour

pouvoir financer leurs déficits extérieurs.

En somme, une question s’impose : si réellement le passage des taux de

changes fixes aux taux de changes flottants, ne s’accomplit que pour permettre

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d’être à l’abris des crises ? Où encore la flottaison est-elle une stratégie qui

accompagne les réformes structurelles pour une transition de l’économie

planifiée à l’économie de marché ?

C H A P I T R E II:

MARCHE DES CHANGES, THEORIES

ET POLITIQUES DE CHANGE

Introduction :

Pendant que l’on se souciait de reconstruire les pays détruits par les deux

guerres mondiales, les "architectes" de BRETTON-WOODS se souciaient de

rétablir les relations du commerce extérieur dans un environnement résistant aux

crises soudaines.

L’évolution des marchés des changes prenait de l’élan et faisait apparaître

de nouveaux concepts et de nouvelles théories déterminantes du taux de

changes, cette variable qui noue les pays du monde entier, mais qui se

caractérise d’une certaine volatilité, mérite d’être étudier ainsi que ses

déterminants soit fondamentaux ou qui résultent d’une surréaction du marché.

Etant une variable volatile, le taux de change expose les comptes extérieurs à

des situations de déséquilibres, et leurs réajustements interpellent dans certains

cas l’Etat pour l’application d’une politique monétaire ou budgétaire conforme à

la conjoncture économique du pays en question.

Ce chapitre sera donc réservé à une étude théorique et conceptuelle du

taux de change, en commençant par la définition et l’exposé des théories

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fondamentales qui agissent dans sa détermination. Nous verrons par la suite

quelles sont les politiques monétaires qu’un Etat entreprend pour rééquilibrer

les comptes de la balance des paiements.

Section 1:Notions du taux de change et marchés des changes.

1.1 : Définitions, concepts et participants aux marchés des changes

Pour définir le taux de change, partons d’abord de l’explication du terme

change. C’est l’opération même qui permet d’obtenir à partir de la monnaie

nationale une monnaie étrangère appelée aussi " devise ".

C’est aussi " l’acte par lequel on arrive à convertir et par la suite à échanger les

monnaies des différentes nations pour un paiement ou un transfert de capitaux à

l’international"1. C’est donc une opération de conversion d’une monnaie en une

devise.

Pour convertir les monnaies nationales en devises étrangères, on choisit

l’une d’entres elles, et on la considère comme un étalon de mesure, dont l’unité

est le prix. Ce dernier permet à une monnaie nationale d’être échangée contre

une autre ; il exprime donc le prix d’une monnaie dans une autre. Ce prix n’est

que le taux de change. Souvent le Dollar américain est considéré comme un

étalon de mesure ou numéraire.

Le taux de change peut alors être défini comme étant "le prix d’une devise

étrangère en terme de monnaie nationale." 2

L’Etat, les ménages, les entreprises, les banques, effectuent des opérations en

devises, avec le reste du monde, et tous ces mouvements seront enregistrés dans

la balance des paiements.

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1- P.H.Lindert et T.Pugel, Economie Internationale, (Paris, Economica, 10eme ed, 1997), p :456.

2- Y.Simon et D.Lautier, Techniques Financières Internationales, ( Paris, Economica, 8emeed, 2003),

p :144.

Etant considéré comme un prix, le taux de change obéit aux règles du

marché et il résulte donc d’une confrontation de l’offre et de la demande sur le

marché des changes. Ces derniers n’ont pas de limites géographiques. Au départ

c’était un marché interbancaire mais, compte tenu de l’ampleur des transactions

internationales, ces marchés se sont implantés à différentes places dans le

monde. Les marchés des changes, sont munis de matériels électroniques très

sophistiqués, ils affichent en terme réel sur les écrans Reuters, Telerate et

Bloomberg, les cours des monnaies ; ces terminaux relient les salles de changes

du monde entier entre elles.

Le marché est dit "au comptant" si la livraison des monnaies intervient

dans un court délai, et est appelé marché "à terme" si la livraison est différée

pendant une plus longue période, voire même plusieurs années.

A : Les concepts du taux de change :

a- Le taux de change nominal :

C’est le prix d’une monnaie ; il est déterminé par la confrontation de

l’offre et de la demande sur le marché des changes.

Il est bilatéral quand il est défini par rapport à une seule monnaie, et

effectif nominal quand il est défini par rapport à un ensemble de monnaies. Il

permet de comparer la valeur des biens entre deux pays.

b- Le taux de change effectif nominal :

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C’est un taux de change, calculé à partir de la moyenne pondérée des taux

de change d’un pays par rapport aux monnaies de ses différents partenaires

commerciaux.

c-le taux de change réel : 1

Il donne la valeur réelle de la monnaie nationale par rapport à une

monnaie étrangère ; ce taux cerne l’évolution de la compétitivité-prix d’un pays

par rapport à un autre, tout en prenant compte de l’évolution du taux de change

nominal et du mouvement des prix dans le pays concerné, et le reste du monde.

Autrement dit, il mesure le prix des biens nationaux par rapport au prix des

biens étrangers, quand ils sont évalués dans une monnaie commune.

d-le taux de change effectif réel :

C’est la valeur réelle de la monnaie nationale par rapport à un panier de

monnaies pondérées. Le taux de change effectif réel tient compte de l’évolution

nominale de la monnaie, de l’évolution des prix dans le pays concerné et dans le

reste du monde.

B : Les participants aux marchés des changes.

Les marchés des changes sont ouverts aux Banques Centrales, aux

banques commerciales, aux institutions financières, aux particuliers, aux

investisseurs et même aux entreprises.

a- Les Banques Centrales :

Elles sont qualifiées d’acteurs puissants ; elles interviennent pour réguler

et contrôler les fluctuations, pour se protéger des variations erratiques et elles ne

visent pas le but lucratif.

b-Les banques commerciales :

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Ce sont les principaux opérateurs de ces marchés ; elles prennent en charge

les opérations de change en achetant ou en vendant des devises au profit de leurs

clients ou à leur propre compte.

1- J.B.Ferrari, Economie Financière Internationale, ( Paris, collection Amphi, 2000), p :17.

c-Les institutions financières

Ces institutions telles que les compagnies d’assurances, les établissements

financiers etc … prennent une place importante sur ce marché, compte tenu de

leur rôle dans l’investissement.

d-Les entreprises non financières et les opérateurs :

Ils n’interviennent pas directement sur le marché mais par le biais d’agents

spécialisés ou d’agents de changes.

e-Les courtiers ou agents de change :

Ils jouent le rôle d’intermédiaire entre leurs clients et le marché des

changes. De plus ils informent leurs clients sur les cours pratiqués, et les

surveillent.

1.2 - Le marché au comptant ou Spot market :

Lors d’une transaction internationale on qualifie d’un échange immédiat,

un échange qui fait l’objet d’un règlement dans la limite de deux jours ouvrés.

Ainsi l’échange de devises sur le marché au comptant, doit s’effectuer dans les

quarante huit heures qui suivent la transaction.

Cette devise qui s’échange contre une monnaie est soumise à une cotation

déterminée par l’interaction de l’offre et de la demande sur le marché des

changes. Cette devise a un prix d’achat, un cours acheteur (bid price) auquel la

banque ou le cambiste achète la devise, et un prix de vente, un cours vendeur

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(ask price) auquel on vend la devise. L’écart entre le prix d’achat et le prix de

vente représente la marge de l’opérateur et s’appelle le "spead". L’écriture de la

cotation prend un aspect particulier comme le montre l’exemple suivant :

CAD/EUR :1.5500-1.5508 qui signifie que la banque achète le Dollar

canadien à 1.5500 euro et le vend à 1.5508.

Ces transactions ne s’effectuent pas uniquement entre deux monnaies,

mais entre une multitude de monnaies ; elles sont simultanées et engendrent un

croisement débouchant sur une nouvelle cotation entre deux monnaies par

rapport à une troisième.

Le Dollar américain reste la monnaie de référence. Ces cours croisés

permettent de convertir une devise en une monnaie en passant par le Dollar.

Exemple 1 1 U S D = 1,29955 EUR

1 U S D = 0 ,85302 C H F

1 CHF = 85302.0

29955.11.52346 EUR

1 EUR = 65639.029955.1

85302.0 CHF

Le tableau suivant illustre l’exemple de cours croisés des principales

monnaies convertibles sur le marché des changes.

Tableau n°(4 ) :Cours croisés des principales monnaies.

Dollar 100 yens Euro LivreSterling

Franc Suisse

New York 0.95493 1.29955 1.85755 0.85302Tokyo 104.72000 136.02000 194.42000 89.28571Paris 0.76950 0.73519 1.42930 0.65664Londres 0.538340 0.51435 0.69970 0.45924Zurich 1.17230 1.12000 1.52290 2.17750Source : Le monde, n° : 18604, du 18 novembre 2004, France.

La cotation des cours sur le marché au comptant prend deux aspects :

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- Cotation à l’incertain ou cotation directe

- Cotation au certain

1- les symboles :USD, EUR, CHF désignent respectivement le code iso du Dollar américain, de l’Euro

et du Franc suisse.

Pour la cotation à l’incertain, le cours est déterminé pour toute une quantité

définie de monnaie (100 unités pour la plupart) et non pas pour l’unité

monétaire .

Cette cotation est utilisée pour la plupart des pays. L’Algérie cote sa monnaie à

l’incertain et elle est désignée par le code iso DZD.

Exemple : on cote 100 DZD pour 95,51 EUR, et non pas

1 DA pour 0,9551 EUR (cours du 24 / 11/ 2004)

Quant à la cotation au certain, celle-là est effectuée au Royaume-Uni, en

Australie, en Nouvelle-Zélande et indique directement la cotation de l’unité

monétaire locale en devise étrangère.

Exemple 1 GBP = 0, 53834 USD

Comme tout autre marché où les participants cherchent à tirer un gain par

l’achat et la vente des biens, le marché des changes obéit lui aussi à cette règle,

par un processus dit "arbitrage"

L’arbitrage désigne une série d’opérations qui fournissent un profit certain

sans mise de fonds initial.1

On distingue : - un arbitrage bilatéral ou géographique et

- un arbitrage multilatéral ou triangulaire

Ce processus ne se limite pas seulement à tirer profit, mais aussi à ajuster l’offre

et la demande de devises sur le marché au comptant.

A - L’arbitrage bilatéral : Dans ce cas un cambiste aura à acheter la devise

là ou elle est bon prix (bon marché) et la vendre là ou elle est plus chère. Ainsi il

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en résulte un profit pour l’opérateur ; c’est la marge entre le prix d’achat et le

prix de vente.

Un exemple sera donné en annexe n° (1) pour illustrer ce cas.

1- Y.Simon, Encyclopédie des Marchés Financiers, (Paris, Economica, T :1, 1997), p :64.

B - L’arbitrage triangulaire : C’est un arbitrage qui s’opère sur trois

monnaies (au lieu de deux) ; l’une de ces monnaies est considérée comme une

devise tierce ou médiane. Cet arbitrage permet de réaliser un profit

supplémentaire par rapport à l’arbitrage bilatéral.

L’annexe n° (2) montre comment s’effectue cet arbitrage.

1.3- le marché à terme (foward market) :

C’est le second compartiment du marché des changes interbancaires où des

contrats sont traités entre deux opérateurs : le prix de la devise est fixé

immédiatement mais le règlement de l’opération s’accomplit ultérieurement ; à

une échéance spécifiée. Le terme peut varier entre 1, 3 ou 6 mois jusqu’à un an.

On peut assimiler ce taux au prix d’une marchandise livrable dans le futur.

Ce contrat est donc "un accord pour échanger une monnaie contre une

autre monnaie à une date future à un prix fixé aujourd’hui "1.

L’échange ultérieur de monnaie s’accompagne du taux de change futur qui peut

être bénéfique (si le taux de change est en hausse), ou pénalisant (si le taux de

change est en baisse) ; c’est le concept "du risque de change".

Quant à la cotation actuelle des cours à terme, elle est fonction du taux

d’intérêt étranger et domestique.

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Si le cours à terme est supérieur au cours au comptant, on parle de prime

ou de report (premium) et s’il est inférieur au cours au comptant, on parle alors

de perte ou déport (discount).

1- P.Lindert et T.Pugel, op cit, p : 48.

Pour mieux comprendre la cotation, en termes de report ou de déport,

admettons les hypothèses suivantes :

- une personne qui possède des Dollars cherche à les placer pour réaliser un

gain

- cette personne peut accomplir cette opération soit à Londres ou à New

York.

On désigne par :

I GBP : Le taux d’intérêt à N terme sur la Livre Sterling

I USD : Le taux d’intérêt à N terme sur le Dollar.

S : le taux de change au comptant : 1GBP = S USD

F : le taux de change à terme N : 1GBP = FUSD

New York est considéré comme le marché domestique et Londres comme le

marché étranger.

A- Cotation en terme de déport :

Si le taux d’intérêt à Londres est supérieur au taux d’intérêt à New York

le taux de change F à terme N est donné par la relation suivante :

F = S (1)

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1 + (IGBP

. N /360)1 + (IUSD . N /360)

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Cette équation montre que le cours à terme GBP / USD est inférieur par

rapport au cours au comptant GBP / USD, on dit alors que la Livre est en

déport par rapport au Dollar.

Le Déport D = S – F

Avec : S : taux de change au comptant

F : taux de change à terme

B - Cotation en terme de report :

Si le taux d’intérêt à New York est supérieur au taux d’intérêt à Londres le

taux de change F à terme N est donné par la même équation (1). Celle ci

montre que le cours à terme GBP/USD est supérieur au cours au comptant S

GBP/USD. On dit alors que la Livre est en report par rapport au Dollar.

Le report R = F - S

Avec : S : taux de change au comptant

F : taux de change à terme.

Quant au taux de report ou de déport, il est exprimé en pourcentage annuel

et est égal à :

Taux de report : r = (R/S ) . ( 360/N ) . 100

Taux de déport : d = (D/S) . (360/N) . 100

Avec N le terme

L’intérêt des contrats à terme, est qu’il prévoit le taux de change à terme,

cette prévision présente deux intérêts simultanés : celui de protéger contre le

risque de change et celui d’en tirer profit à la même manière du marché au

comptant par le biais des opérations d’arbitrages ou celles des spéculations.

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Si le taux de change à terme est égal au taux au comptant, on dit que la

devise est au pair.

a - L’arbitrage :

Dans une transaction à terme, l’arbitrage naît d’une différence des taux

d’intérêt entre deux pays, qui consiste à acheter au comptant et à vendre à

terme, en vue de bénéficier du différentiel des taux d’intérêts1.

1- F.Gauthier, Relations Economique Internationales, (Canada, ed :PUL , 2eme ed, 1994), p :404.

b - La spéculation :

La spéculation résulte des prévisions sur l’évolution du taux de change soit

au comptant ou à terme : elle comporte donc des risques car le prix peut être

différent de celui qui a été anticipé.

Un spéculateur bénéficie d’un gain quand il y a hausse des cours au

comptant par rapport au cours à terme, et il tire profit de la différence entre le

prix d’achat à terme et le prix de vente au comptant.

Un spéculateur qui anticipe une baisse des cours des devises à terme peut

aussi jouir d’un gain résultant de la différence entre le prix d’achat au comptant

et le prix de vente à terme.

Section 2 : Les déterminants fondamentaux du taux de change

2.1- La théorie de la parité des pouvoirs d’achat :

Cette théorie est l’œuvre de GUSTAV CASSEL. Formulée au lendemain

de la première guerre mondiale, après l’interruption des mécanismes de l’etalon-

or et le flottement des monnaies, il fut son défenseur durant les années 20.

Voulant fournir à son gouvernement une nouvelle méthode pour définir le taux

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de change en vue de rétablir les relations du commerce international, son

argument fut que l’application de cette théorie pouvait faire éviter les grands

écarts des cours des différentes monnaies, et participerait à leurs ajustements à la

suite d’une situation inflationniste éventuelle. Cette théorie établit donc une

relation entre le taux d’inflation et le cours des monnaies dans deux pays

différents.

La théorie de Cassel présente deux types d’approches : une approche

absolue et une approche relative. L’approche absolue repose sur des hypothèses

particulières : comme une liberté de circulation des marchandises sans coût de

transactions, l’absence des droits de douanes et l’absence des coûts de

transports. En somme la théorie de la parité des pouvoirs d’achats repose sur la

loi du prix unique, selon laquelle le prix d’une marchandise échangeable doit

être identique dans les différents pays.

Ainsi si le pouvoir d’achat, d’une unité de la monnaie d’un pays "A" est

le double de celui de la monnaie du pays "B", et afin de retrouver son équilibre,

les biens du pays "A " qui sont plus chers, seront donc de fait moins vendus au

pays "B". A l’inverse le pays "B " , pourra exporter d’avantage sa marchandise

vers le pays "A". le taux de change d’équilibre s’écrit alors :

TC = Pe

Pn

Avec : TC :taux de change nominal.

Pn : niveau général des prix domestiques.

Pe : prix général des biens étrangers.

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En résumé la parité des pouvoirs d’achats, dans sa version absolue stipule

que le taux de change étant le prix relatif entre deux monnaies doit être égal au

rapport entre le prix domestique et le prix étranger. Ceci permettra d’acquérir la

même quantité de marchandises, avec une unité de devise précise étrangère dans

les deux pays.

Cependant, les hypothèses de cette version ne sont pas très réalistes.

L’alternative consiste à retenir la version relative de cette théorie, qui repose sur

des hypothèses moins strictes et explique l’évolution du taux de change entre

deux périodes. Elle permet aussi d’analyser la variabilité du taux de change par

rapport à celle des taux d’inflation domestiques et étrangers1.

Ainsi et pour mieux expliquer cette théorie imaginons :

- deux pays " A " et "B"

- le taux d’inflation du pays "A " est moins élevé que celui du pays "B".

Pour faire baisser le taux d’inflation, le pays "B" va diminuer ses

exportations vers le pays "A ", et augmenter ses importations de ce même pays

"A ", au prix des biens moins élevés dans le but d’absorber la masse monétaire

circulante. Ce mécanisme va engendrer une balance déficitaire du pays "A"

(aux prix élevés )qui conduit à une dépréciation de sa monnaie de façon à

compenser la différence des hausses des prix résultants entre les deux pays.

Ainsi la variation du taux de change influencé par le taux d’inflation va annuler

ses pertes. Par contre le pays "A" au taux d’inflation moins élevé, aura

tendance à faire apprécier sa monnaie.

A long terme et à partir d’une situation macroéconomique donnée, ces

variations feront émerger une nouvelle parité des taux de change d’équilibre

dont l’équation est la suivante :

43

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1- C.Descamps et J.Soichot, Gestion Financière Internationale, ( Paris, ed :litec, 1995), p :72.

Avec :

T1B/A : Le taux de change de la monnaie du pays "B" par rapport à la

monnaie du pays "A " au temps t1.

T2 B/A : Le taux de change de la monnaie du pays "B" par rapport à la

monnaie du pays "A" au temps t2. (Ce taux est le taux recherché).

P 1 A : Le niveau des prix au pays "A " à t1

P 1 B : Le niveau des prix au pays "B " à t1

P 2 A : Le niveau des prix au pays "A " à t2

P 2 B : Le niveau des prix au pays "B " à t2

A long terme le pays à taux d’inflation élevé voit sa monnaie se déprécier,

et le pays à taux d’inflation moins élevé voit sa monnaie s’apprécier. Le taux de

change est ce taux qui égalise entre les pouvoirs d’achat des monnaies en

question.

La théorie de la parité des pouvoirs d’achat a été longuement critiquée ;

nous noterons de façon sommaire :

- Cette théorie s’appuie sur l’indice des prix qui évalue le pouvoir d’achat

des monnaies. Cependant cet indice renferme plusieurs prix des biens

non échangeables.

44

P2A / P

2B - P

1A / P

1B T

2B/A . T

1B/A

T1B/A

P1A / P

1B

T1B/A .

P2AD’où : T

2B/A P

2B

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- La théorie de la parité des pouvoirs d’achat ne concerne que l’échange des

biens et services et néglige le mouvement des capitaux qui peut tout aussi

influencer le taux de change.

- Cette théorie suppose qu’une variation des prix des biens implique une

variation de la demande des exportations du même degré que les prix.

- La parité des pouvoirs d’achat ne prend pas en compte les barrières

qu’impose un état sur le commerce extérieur.

- La mesure de l’inflation est différente selon que l’on se réfère aux prix de

la consommation, ou à celui de la production ou autres.

2.2 - La théorie des parités des taux d’intérêt.

Cette théorie est l’œuvre de JEAN MEYNARD KEYNES. Les taux

d’intérêt contribuent aussi à la détermination des taux de change à partir des

prêts, des emprunts et des placements à l’international.

J.M.Keynes avait étudié la relation entre les taux de change et les taux

d’intérêt, et en avait déduit qu’un investisseur qui place son actif dans un pays

où le taux d’intérêt est plus élevé que sur son marché, n’aura pas à en tirer un

gain important, du moment que la différence des taux d’intérêt -entre les deux

pays- sera compensée par la différence des taux de change au comptant et à

terme.

Comment les taux d’intérêt participent à ce que les monnaies retrouvent

leurs équilibres ? Supposons que les taux d’intérêt dans deux pays "A "et "B"

sont respectivement "a" et "b" avec "a" inférieur à "b". Mais la monnaie du

pays "A" est en report par rapport à la monnaie du pays "B". Des sorties de

capitaux du pays "A" vont entraîner une hausse des taux d’intérêt dans ce pays.

La monnaie de "A" va se déprécier par rapport à celle de "B", qui sera plus

demandée en raison de sa forte rentabilité ; ce qui conduit à l’élimination du

report de "A" par rapport à "B". De cette façon l’équilibre sera retrouvé 1 , et le

nouveau cours à terme est calculé par l’équation suivante :

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Si on désigne par : CC : cours comptant

CT : cours à terme ( taux recherché )

Ie : taux d’intérêt étranger nominal

Id : taux d’intérêt domestique nominal

1- P.Aroyo et P.d’Arvisenet, le Marché des Changes, (Paris, Dunod, 1994), p : 64.

D’ou : CT = CC (IE - ID ) + CC

CT = CC (IE - ID + 1 )

J.M.Keynes avait résumé cette théorie plus simplement, en prouvant que

le report ou le déport d’une devise du pays "A" par rapport à une devise du pays

"B" sont déterminés par le différentiel des taux d’intérêt sur les marchés

monétaires de "A "et de "B". Mais le différentiel des taux d’intérêt n’est pas le

seul facteur explicatif dans la formation des taux de change, il s’ajoute aussi

l’offre et la demande de devise et aussi les anticipations sur les cours au

comptant futurs des différentes devises. Ces anticipations peuvent prendre un

aspect spéculatif si un déséquilibre survient sur le marché des changes et tout

écart par rapport à l’équilibre entraînera des opérations de spéculations et aura

par conséquent un impact sur la formation du cours à terme.

Contrairement à ce qu’on imagine sur le concept de la spéculation ;

opération qui consiste à profiter des fluctuations du marché pour réaliser une

plus-value, cette opération à un effet stabilisateur sur le marché des changes, et

sa multiplication conduira à rétablir l’équilibre.

46

CT CC IE

IDCC

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En conclusion, on note que les taux d’intérêt mettent en relation le

marché monétaire avec le marché des changes, par la remise en ordre d’un

marché en déséquilibre par des opérations d’arbitrage et de spéculation.

2.3 – L’ajustement par la balance des paiements.

Les relations commerciales que détient un pays avec le reste du monde et

qui se concrétisent par l’échange des biens et des services sont portées dans la

balance des paiements. Cette balance est un document statistique qui

comptabilise toutes les transactions commerciales, financières ou monétaires

effectuées entre les agents économiques résidents qu’ils soient ou non résidents

d’un pays, pour une durée bien précise généralement un an.

L’ordonnance n° 03 – 11 du 26 Août 2003 relative à la monnaie et au crédit

définie dans son article 125 les résidents comme étant toutes personnes

physiques ou morales ayant pour siége principale de leurs activités l’Algérie, et

les non résidents ; toutes personnes physiques ou morales ayant pour siége

principal de leur activités à l’extérieur de l’Algérie.

Toutes les transactions effectuées sont regroupées dans deux grands

comptes :

-Le compte courant

-Le compte de capital

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Le compte courant à son tour est composé de :

-La balance commerciale

-La balance des services

-La balance des transferts unilatéraux

Le compte de capital est composé de :

-La balance des capitaux à long terme

-La balance des capitaux à court terme

L’étude du rééquilibrage de la balance des paiements comme étant un

élément déterminant du taux de change revient à étudier l’ajustement de cette

balance avec un taux de change fixe ou flottant.

Rappelons que l’analyse d’une balance déficitaire ou excédentaire revient à

étudier le solde de la balance commerciale qui correspond au solde des

exportations et importations des marchandises, par conséquent l’entrée et la

sortie des devises.

- L’ajustement de la balance des paiements par un taux de change fixe 1

Si le solde de la balance commerciale est positif, c’est-à-dire les

exportations sont supérieures aux importations, il y a donc entrée de devises ; la

balance est excédentaire. La demande sur la monnaie nationale devient

importante, et cela va entraîner son appréciation. Afin de maintenir un taux de

change fixe la Banque Centrale va vendre sa monnaie contre des devises ou

contre de l’or, jusqu’à l’obtention de l’équilibre de la balance.

Si le solde de la balance commerciale est négatif, c’est-à-dire les

exportations sont inférieures aux importations, il y a donc une sortie de

devises et la balance est déficitaire. L’offre de la monnaie nationale est

importante, ceci va pourvoir à sa dépréciation. Pour soutenir le cours de la

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monnaie nationale, la Banque Centrale doit acheter sa monnaie en utilisant les

réserves de change ou le stock pour ramener la balance à l’équilibre.

1- D.Eiteman et autres, Gestion et Finance Internationale, (France, Pearson Education, 10eme ed,

2004), p :110.

- L’ajustement de la balance des paiements par un taux de change flottant 1

Théoriquement, l’ajustement de la balance des paiements en situation de

taux de change flottant, se réalise automatiquement par les forces du marché,

sans l’intervention des Banques Centrales.

Un pays qui enregistre un déficit, voit la valeur de sa monnaie baisser suite

à son excès d’offre sur le marché des changes ; cette baisse va encourager les

exportations qui permettront à la balance de se rééquilibrer.

Section 3 : Les politiques monétaires d’équilibre des comptes

extérieurs

3.1 – La politique des taux de change fixes

C’est le cas où la valeur de la monnaie locale est fixée par rapport à une

devise étrangère par une parité fixe. Ce principe nous fait rappeler le système de

BRETTON WOODS, dont l’objectif était d’éviter les perturbations

économiques et monétaires des années 20.

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Quant à la parité des monnaies, elle est déterminée par rapport à un étalon

soit :

- l’or (jusqu’au milieu des années 70, où il a été démonétisé.)

- une devise, comme le Dollar américain, auquel plusieurs pays ont

rattaché leur monnaie, après la seconde guerre mondiale. Ainsi cette

monnaie locale aura à suivre le Dollar dans ses fluctuations. Le Rial

saoudien a été rattaché au dollar américain au début des années 80.

1-D.Eiteman et autres, ibid, p :110.

- un panier de monnaies ; la monnaie locale sera définie par la valeur

moyenne d’un certain nombre de monnaies. On peut citer comme

exemple de panier de monnaies :

Le panier des "Droits de Tirage Spéciaux. D.T.S. "

Le panier de "l’European Currency Unit. ECU "

Le Dinar de Compte Arabe.

L’ECU est composé des monnaies des pays membres de l’Union

Européenne.

Le Dinar de Compte Arabe, crée par le Fonds Monétaire Arabe est une

unité de compte semblable aux D.T.S.

La monnaie rattachée à l’un de ces trois paniers sera définie par la valeur

moyenne des monnaies y comprises.

Le taux de change fixe ne l’est pas de manière absolue. Une marge de

fluctuation est autorisée pour faire fluctuer ce taux, et une politique de la Banque

Centrale intervient selon le cas si le taux a tendance à trop s’écarter d’un certain

seuil par les moyens suivants :

- Modifier l’offre et la demande, en achetant ou en vendant la devise

contre la monnaie nationale.

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- Modifier les taux d’intérêt afin d’influencer les mouvements des

capitaux à court terme.

- Imposer un contrôle des changes sur les échanges commerciaux

internationaux.

- Modifier la politique macroéconomique.

Enfin les taux de changes fixes présentent des avantages mais aussi des

inconvénients qu’on peut résumer comme suit :

1-Avantages :

- Ce régime offre la stabilité des échanges commerciaux

- Il attribue à la devise du pays une confiance

- Il réduit le risque de change

2-Inconvénients :

- Il facilite la spéculation ; l’intervention de la Banque Centrale pour une

dévaluation ou une réévaluation empêche le taux de change de trop s’écarter.

- La réserve importante de change au niveau des Banques Centrales

constitue des liquidités inutilisables pour le commerce international

- Il limite les politiques monétaires du pays ; en fixant le taux de change cela

empêche le pays d’aller vers sa position d’équilibre optimum.

3.2– la politique des taux de changes flottants :

C’est un régime ou les forces du marché déterminent le taux de change de

la monnaie en question par le libre jeu de l’offre et de la demande. Il n’y a donc

plus de fixité. Ce régime n’exclut pas les interventions de la Banque Centrale ; il

en ressort que le flottement peut être pur ou impur, c’est-à-dire libre ou surveillé.

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A- flottement pur :

Théoriquement la Banque Centrale n’aura pas à intervenir dans le cas d’un

taux de change flottant, sauf si le taux atteint est alarmant. Dans ce cas les

autorités monétaires agiront sur l’offre et la demande du marché des changes et

l’objectif serait donc celui d’éliminer les fluctuations indésirables sur le marché,

et de garantir des conditions ordonnées des devises. En somme il s’agit de

réguler les mouvements du marché d’une manière harmonieuse entre l’offre et la

demande des devises.

B- flottement surveillé :

Dans le cas d’un flottement surveillé ou "impur " les interventions joueront

pour influer sur le niveau des taux de change.

La flottaison présente elle aussi des avantages et des inconvénients. Les

avantages théoriques sont nombreux. Ce régime permet une grande autonomie

des politiques économiques. Il prévient les opérateurs sur le marché des devises

et des risques de spéculation. Le cours de la monnaie se détermine librement et

les Banques Centrales n’ont pas besoin de garder des réserves importantes pour

soutenir le cours de leur monnaie.

Par contre, il expose l’économie à l’hyperinflation et les entreprises aux

risques de change ; il introduit l’élément d’incertitude dans les transactions

internationales à cause de la volatilité des cours.

3.3 – La politique du contrôle des changes :

A- Historique et définition

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Pour lutter contre les déséquilibres des comptes extérieurs, la technique

des contrôles des changes est apparue dés le premier conflit mondial (1914-

1918), mais à cette époque ce contrôle ne pouvait être comparé avec celui qui lui

a succédé entre les deux guerres. Les Etats se sont servis de mesures restrictives

pour lutter contre les entreprises originaires des pays ennemis pendant la

première guerre mondiale, ou encore pour accroître leurs moyens de paiements

destinés au financement des importations.

Par contre, le contrôle des changes de l’entre deux guerres était établi pour

lutter contre le désordre monétaire qui s’était abattu partout en Europe après

l’abandon du régime de l’étalon-or par la Grande-Bretagne. Ces pays étaient

devenus sensibles aux fluctuations de l’économie britannique et cherchaient un

moyen pour éviter qu’une crise économique ne réapparaisse comme celle des

années 20.

Il était donc devenu nécessaire pour les Etats concernés d’instaurer

certaines règles afin de remettre de l’ordre dans les échanges commerciaux

internationaux.

Le contrôle des changes est donc une intervention gouvernementale directe

en matière de paiements extérieurs, qu’un Etat impose pour agir sur l’entrée ou

la sortie de la monnaie étrangère ; tels les moyens de prohibition, des

contingents et des licences. Le principal objectif de cette opération est de

défendre le cours de la monnaie nationale ; d’une appréciation ou d’une

dépréciation. Autrement dit son but est de stabiliser les taux de changes.

Les mesures de contrôle des changes peuvent prendre la forme quantitative

ou agir sur le taux de change et elles ciblent deux composantes : l’une liée aux

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opérations du compte courant, l’autre relative aux agents économiques,

résidents qu’ils soient ou non résidents. Aussi l’analyse de ce régime fait

apparaître des caractéristiques propres à lui ; citons : l’émergence d’un marché

noir, l’estimation d’un taux de change d’équilibre et l’utilisation des parités

glissantes1.

1-A.O’Krueger, La détermination des taux de change, (Paris, Economica, 1985), p : 142.

D’autres mesures de contrôle peuvent réglementer soit le régime des

changes, soit les modalités de paiements, soit la soumission des importations à

des obligations réglementaires.

Concernant le régime de change, les autorités monétaires peuvent

appliquer soit :

1- Un régime de change unique qui s’applique pour l’ensemble des

transactions.

2- Un régime de change double faisant apparaître un taux officiel et un taux

libre ; cette discrimination entraîne l’encouragement ou le

découragement de certaines pratiques liées aux opérations d’importations

ou d’exportations.

3- Un régime de taux de change multiple où à coté du taux officiel, est fixée

une série de taux de change qui s’applique à telle ou telle transaction ;

cette procédure vise la pénalisation des importations qu’on veut

décourager. Ainsi le taux de change multiple protège les activités

nationales.

Les modalités de paiement internationales peuvent varier entre :

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1- Les accords de troc : principe d’échanges de biens et de services, sans

passer par la monnaie.

2- Les accords de liste : accords commerciaux bilatéraux comportant des

listes de contingents d’importation pour chaque pays.

3- Les accords de paiements : accords entre contractants, reposant sur la

définition des modalités de paiement, la détermination du taux de change

et la date de l’échéance.

4- Les accords de compensation ou de "clearing" : par lesquels sont cédés à

un office de compensation national les recettes des exportations d’un

agent "A" pour le règlement des dettes d’importations d’un agent "B".

Quant aux obligations réglementaires ce sont :

1- Un délai octroyé par la banque -réduit au minimal- à l’importation pour

l’achat des devises nécessaires au paiement de ses dettes

2- L’opération d’importation doit être domiciliée dans une banque.

3- L’importateur doit être munis d’une licence d’importation (délivrée par les

services du Ministère du Commerce) et d’un avis favorable d’un

intermédiaire agrée (banque) chargé d’appliquer le contrôle des changes

pour la domiciliation de l’opération d’importation.

4- Dans le cas d’un paiement à terme, la couverture doit se limiter à trois

mois fermes.

Plusieurs pays ont, dés la période d’après guerres ou de colonialisme,

utilisé cet instrument pour agir d’une manière stricte sur le commerce extérieur,

par le biais des paiements et, voire même, des restrictions prohibitives sur la

sortie des capitaux. Le contrôle des changes accompagne généralement les pays

à économie planifiée, quant aux pays à économie de marché ils le pratiquent

pour ceux à faible réserve de change.

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L’Algérie, pays en voie de développement, avait opté pour le socialisme

planifié au lendemain de son indépendance, se voit confronter déjà à cette date

aux transferts des capitaux vers l’étranger. L’Algérie freine cette fuite par

l’instauration d’un dispositif de contrôle sur le commerce extérieur et le change,

promulgué par le décret n°63-188 du 16 Mai 19631.

1-République Algérienne, Décret n°63-188 du 16 Mai 1963, fixant le cadre contingentaire pour

l’importation des marchandises, Journal Officiel.

B- Les objectifs du contrôle des changes :

Les gouvernements utilisent le contrôle des changes à des fins de

développement économique et ces mesures peuvent être utiles de différents

points de vue :

1- La préservation de la parité de la monnaie nationale :

Si la demande sur la devise dépasse celle sur la monnaie nationale, on

enregistre un cas de déficit budgétaire et donc une dépréciation du cours de la

monnaie nationale. Pour défendre sa parité, les autorités agissent sur la demande

de devise par le biais du contrôle des changes, en instituant un système

d’allocation centralisé de devises. Cette action à caractère quantitatif a pour

finalité d’éliminer à court terme la dépréciation du taux de change et de

stabiliser le cours officiel de la monnaie nationale.

2- La conservation des réserves de change :

Pour lutter contre la pénurie des devises, les autorités utilisent le contrôle

des changes comme moyen de protection, notamment dans le domaine

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cambiaire ; en organisant des achats et des ventes contre la monnaie nationale

pour éloigner le risque d’épuisement de son stock de liquidité internationale.

3- La recherche de l’isolement :

Etant une technique apparue dés le premier conflit mondial, ses objectifs

diffèrent d’une époque à l’autre. Autre fois les gouvernements utilisaient le

contrôle des changes en quête de l’autarcie. C’est ainsi qu’en 1926, l’Union

Soviétique s’est isolé du marché mondial capitaliste connu par ses turbulences et

ses instabilités.

Conclusion

On retient de ce chapitre que le taux de change n’est qu’un prix, mais pas

comme le reste des autres prix, même s’il obéit aux règles du marché dans sa

détermination. Au contraire, il représente une base sur laquelle se forment le

reste de tous les prix des biens et services, qu’ils soient échangeables ou non.

On retient aussi, du concept du taux de change réel, que celui-ci mesure le

prix des biens nationaux par rapport aux prix des biens étrangers,quand ils sont

évalués dans une monnaie commune. Une augmentation du taux de change réel,

dégrade la compétitivité internationale de l’économie nationale.

L’importance donnée à cette variable découle de ce qu’elle présente

comme risque de déséquilibre de la balance des paiements par une appréciation

ou une dépréciation de la monnaie nationale. C’est pourquoi le choix d’une

politique de change est essentiel dans la préservation et la gestion des réserves

de changes.

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L’Algérie se heurte, après son détachement de la zone Franc, au

phénomène de la fuite des capitaux. Elle décide d’instaurer une politique de

change basée sur le contrôle des changes.

Dans quel but s’ébauche cette politique ? Quels ont été ses moyens de lutte

contre la fuite des capitaux ? Quels ont été ses effets ? Étaient- ils bénéfiques ou

pénalisants pour l’économie algérienne ? Qu’en est-elle devenu après la phase

de transition vers l’économie de marché ?

Nous essayerons de répondre à toutes ces questions dans la seconde partie

de cette étude, qui sera réservée à l’étude de l’évolution de la politique de

change en Algérie sur une base comparative.

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Deuxième Partie

Contrôle des changes

Et

Système d’inconvertibilité en Algérie

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C H A P I T R E I :

LE SYSTEME D’INCONVERTIBILITE

Introduction :

La politique de change en Algérie a connu plusieurs étapes. Elle visait en

permanence l’adaptation, face aux soubresauts et perturbations monétaires et

économiques mondiales. Les autorités algériennes faisaient appliquer cette

politique de change par le biais de la politique commerciale pour la faire

dissimuler. Ils instaurent alors plusieurs textes législatifs pour agir sur les

importations en les restreignant, et même sur les exportations pour réglementer

la cession des devises.

Cependant, et compte tenu des perturbations du marché pétrolier, et la

diminution des réserves de change vers la fin des années 80, l’Algérie rompe

avec le régime de l’allocation de change administré et notamment avec tous le

système planifié et fait entrer un certain assouplissement pour l’octroi des

devises.

Nous allons essayer donc dans ce chapitre de procéder à une étude

rétrospective de la politique de change en Algérie et de citer dans la première

section les différents aspects de cette politique qui prenait une forme

protectionniste de la production nationale au départ, tout en faisant restreindre

les importations.

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Nous verrons par la suite quelles ont été les implications de cette politique

sur quelques secteurs économiques notamment productifs et financiers, avant de

passer à la troisième section et d’étudier quelles ont été les mesures

d’améliorations du système d’allocation de change, nous proposons une

description générale de la structure économique de l’Albanie dont on fait

référence.

Le choix de l’Albanie comme référence n’est pas du au hasard. Au

contraire la ressemblance entre ces deux pays est remarquable. Rappelons que

ces deux pays ont été colonisés, et qu’à l’aube de leur indépendance respectives

tous deux ont choisi le régime planifié. Ensuite les deux pays ont fini par

rompre avec ce régime et se sont orientés vers l’économie de marché dés le

début des années 90, après une déstabilisation économique.

Cette approche nous permettra donc d’en tirer des conclusions inhérentes

sur les programmes de stabilisations et de réformes économiques édictés par le

Fonds Monétaire International. Le F.M.I. applique ces programmes d’une façon

similaire à tout pays dont la gestion est planifiée et qui enregistre un déficit

dans ses comptes extérieurs, et un endettement important.

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Section 1 : Le régime d’allocation de change administré

1.1 – Les mesures protectionnistes

Dans le but de protéger la production nationale et de limiter les

importations et surtout celles dîtes de luxe, l’Etat algérien procède par des

mesures protectionnistes et restrictives, à l’allocation de changes pour les

importations.

Dés l’indépendance, le décret n° 63-188 du 16 Mai 1963 a été promulgué

pour régir le commerce extérieur. L’Etat procède d’abord par le régime de

quotas en octroyant des "licences d’importations" pour les biens jugées

prioritaires pour le développement économique, et, ayant un intérêt national

Aussi cette procédure visait à orienter les importations provenant des pays avec

qui l’Algérie avait noué des relations amicales.

A côté de l’autorisation acquise par l’importateur, auprès du Ministère de

Commerce, l’avis favorable du Ministère des Finances était obligatoire pour la

domiciliation de l’opération d’importation dans le cadre du régime du contrôle

des changes.

Et c’est ainsi que la fin de l’année 1963 verra la création de l’Office

National de Commercialisation "ONACO ". Cet organisme s’est emparé

d’environ 40 % des importations relatives aux produits de grandes

consommations (sucre, thé, café, huile…). A coté de cet office des entreprises

publiques de production, ainsi que des "groupements professionnels d’achat "

représentant le secteur privé, exerçaient dans leurs opérations d’importations les

produits relevant de leurs activités. Ces groupements étaient au nombre de cinq :

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1- Le bois et ses dérivés.

2- Le coton et les fibres synthétiques.

3- Le lait et ses dérivés.

4- Les cuirs et les peaux.

5- Les autres textiles.

Principalement, ces organismes étaient supposés allouer le surplus de leurs

activités à "la Caisse d’Action et d’Intervention Economique : la CAIE ".

Toutefois, dans la réalité ce fonds n’a jamais fonctionné ; au contraire c’était au

Trésor ou à la Banque Nationale d’Algérie (B.N.A) d’intervenir pour

subventionner les pertes de ces organismes.

En dépit du conflit qui avait surgit entre le secteur privé, animé par le

profit et le secteur public où des Sociétés Nationales émergeaient dés 1966, une

série d’ordonnances était promulguée en 1971, stimulant la monopolisation du

commerce extérieur. Désormais, l’Etat attribue à ses sociétés nationales

l’exclusivité en matière d’importation ; les sociétés nationales étaient devenues

seules bénéficiaires du droit de change pour l’importation.

En revanche les conséquences d’une telle procédure étaient désastreuses ;

citons 1 :

1- Des pénuries répétitives dans les biens de consommations, causées par

une programmation d’importation peu rigoureuse.

2- Des conflits de la nature des prérogatives des tutelles de ces sociétés

nationales, du fait de la superposition des attributions entre les corps.

3- Les procédures administratives compliquées, entravaient l’opération de

distribution et se répercutaient mal sur les prix.

1- H.Benissad, L’Algérie de la planification socialiste à l’économie de marché, ( Algérie, ENAG,

2004), p :91.

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4- La non qualification des prestations de services, surtout quand il s’agit

d’une société importatrice d’appareils électroménagères. Celle-là ne

pouvant assurer la garantie ; cette tâche est alors accomplie par une

société publique qui n’assure pas une totale satisfaction au

consommateur.

Vers la fin de 1973 (achèvement du premier plan quadriennal 1970-1973),

on s’interrogeait sérieusement sur l’efficacité de ce système. En réponse,

l’ordonnance n°74-12 du 30 Janvier 19741 avait annoncé un allègement du

monopole de l’Etat et institut "le programme général d’importation :P.G.I. ".

Ce programme prévoyait des listes pour l’importation des marchandises au taux

de change officiel et étaient réparties comme suit :

- Des marchandises librement importées.

- Des marchandises de contingentement, ce système consiste à fixer à

l’avance la nature et la quantité à importer de l’étranger.

- Des marchandises importées dans le cadre "des autorisations générales

d’importations : A.G.I."

Les A.G.I. comme les P.G.I. sont établis par le Gouvernement lors de la

définition de la loi de Finances à la fin de chaque année. L’Etat recommande aux

organismes publics et aux entreprises publiques par le biais du Ministère du

Commerce le plan et les estimations d’importation des biens jugés nécessaires.

Parallèlement les entreprises privées, sont autorisées à importer des biens

d’équipements ou de la matière première ; tous deux destinés à l’opération de

production.

1-République Algérienne, Ordonnance n°74-12 du 30 Janvier 1974, relative aux conditions

d’importation des marchandises, Journal Officiel.

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Cette mesure a été renforcée à partir des articles 106 et 107 de la loi de

finances de 1977 du 29 Décembre 1976. Les autorités algériennes ont introduit

le système "d’importation sans paiement" .Ce mode était, ayant recours au

marché parallèle des devises signifiant puisqu’il mettait de la lumière sur les

canaux non officiels des transferts des devises. C’était donc une mesure pour

tolérer ce marché.

Ces deux modes d’importation annonçaient d’une façon implicite la mise

en place des budgets-devise ; effectivement le décret n°88-167 du 6 septembre

19881 avait introduit une certaine flexibilité au système d’allocation de change

mais, avant cela et durant toute une décennie (1978-1988), le système avait

connu plus de rigidité en monopolisant le commerce extérieur.

Nous continuerons dans le paragraphe suivant, d’exposer les différentes étapes

de la politique de change de la période d’avant les réformes ; période de

centralisation totale du commerce extérieur.

1.2- Les aspects restrictifs de l’allocation de change pour le

commerce extérieur :

Même si la fin des années 70, et jusqu’au début des années 80, étaient des

années florissantes grâce au prix du pétrole qui a connu des montées

vertigineuses, l’Etat algérien avait pris des mesures encore plus restrictives en ce

qui concerne l’allocation de change, relative au commerce extérieur. Cette

décision devait contribuait à la réalisation d’une infrastructure industrielle allant

à faire évoluer l’économie.

1- République Algérienne, Décret n°88-167 du 6 Septembre 1988, relatif aux conditions deprogrammation des échanges extérieurs et à la mise en place des budgets devises au profit desentreprises publiques, Journal Officiel.

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La loi n° 78-02 du 11 février 1978 relative au monopole de l’Etat sur le

commerce extérieur, avait suspendu toutes les activités d’Import/Export du

secteur privé. Seuls l’Etat et ses organismes publics, entreprises socialistes,

offices et établissements publics pouvaient jouir du droit d’importer des biens et

des services. Ces organismes exerçaient cette opération d’Import/Export dans le

cadre du programme général annuel mis en place par le ministère du commerce.

Cette loi était suivie par une instruction présidentielle en date du 17 juin

1978 qui recommandait aux entreprises, dans leurs transactions avec l’étranger

certaines directives ; citons1 :

1- Evaluation des capacités de productions locales avant de recourir à

l’importation.

2- Donner la priorité dans l’opération d’importation aux pays déjà liés à

l’Algérie par des accords commerciaux.

3- Essayer de saisir l’offre de crédits le plus avantageux pour financer les

transactions à l’étranger.

L’étatisation du commerce extérieur, avait réduit jusqu’à même négliger le

système de quotas, et les marchandises librement importées. Cependant trois

types d’autorisations générales étaient introduites ce sont :

1- Des autorisations générales d’importation monopole : seules les

entreprises publiques bénéficiaient de ces autorisations et avaient

l’exclusivité d’importer et de distribuer des biens stratégiques de

consommations, des produits intermédiaires et des produits de matière

première.

1-The World Bank, Algeria foreign exchange allocation, March, 1989, p:4.

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2- Des autorisations générales d’importation de fonctionnement : celles-ci

étaient acquises aux entreprises nationales qui exigeaient dans leurs

opérations de fonctionnement des pièces de rechanges, de la matière

première et des biens d’équipements importés.

3- Des autorisations générales d’importations à objectifs planifiés : ces

autorisations étaient décernées aux entreprises ayant un agrément pour

leur projets et faisant part du plan de développement planifié par l’Etat.

Cette loi interdisait formellement le recours aux intermédiaires, courtiers

qu’ils soient ou commissionnaires, pour contracter un marché avec l’étranger.

C’était donc à l’Etat et ses organismes d’opérer directement avec les entreprises

étrangères ; les conditions des marchés et contrats étaient précisés dans des

cahiers des charges.

Cependant la fin des années 80 était caractérisée par une évolution

défavorable du prix du pétrole. La baisse des prix de ce dernier avait entraîné

une chute d’environ 50% des recettes des exportations en hydrocarbures en 1986

comparativement à l’année 1985. Le tableau suivant montre l’évolution des

recettes d’exportations d’hydrocarbures sur la période 1985-1990.

Tableau n°(5) : Recettes des exportations des hydrocarbures ;période 1985-1990.

Année 1985 1986 1987 1988 1989 1990Prix du pétrole USD/baril

29.03 14.85 18.55 16.19 18.50 23.50

Valeur enmillions de $

12723.80 7278.62 8531.47 7351.66 9095.70 12183.00

Valeur enmillions dedinars

63298.00 34059.26 40638.75 42933.69 68927.21 103903.93

Taux de changeDZD/USD

4.97 4.68 4.76 5.84 7.58 8.53 (1)

Source : Rapport de la Banque d’Algérie, Novembre 1990.

(1) :Taux de change moyen mensuel sur les dix premiers mois de l’année 1990.

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Nous remarquons de ce tableau que la remontée du prix du pétrole n’est

apparue qu’en 1990 et n’a impliqué qu’une légère augmentation des recettes des

hydrocarbures en Dinar à cause de la dépréciation de ce dernier par rapport au

Dollar.

Avant cette reprise et devant cette situation défavorable du prix du pétrole,

d’une part, et une dépendance accrue vis-à-vis des hydrocarbures d’autre part,

l’Etat algérien était tenu de renforcer le système de l’allocation de change déjà

restreint. Ainsi le programme annuel d’importation en 1986 qui avait prévu

d’autoriser des opérations représentant un montant de 48 milliards de Dinars

contre 42 milliards en 1985 , a été réduit à 34.6 milliards de Dinars à la fin de

l’année 19861.

Vers la fin des années 80 les Autorités algériennes ont réaffirmé la loi

portant sur le monopole du commerce extérieur, à travers notamment la loi

n°88-29 du 19 juillet 19882.

Cette loi autorisait l’importation des biens et des services dans le cadre du

programme général du commerce extérieur suivant les contraintes du marché et

en fonction des objectifs du développement planifié.

Les biens importés n’étaient donc pas destinés à la revente ; au contraire ils

étaient destinés à l’opération de production. C’était donc des biens

d’équipements et de la matière première.

1- Algérie : Rapport des services du FMI, Janvier 1988, p :14.

2- République Algérienne, Loi n° 88-29 du 19 Juillet 1988, relative à l’exercice du monopole

de l’Etat sur le commerce extérieur, Journal Officiel.

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L’Etat, ses organismes publics, ses entreprises publiques et les

groupements d’intérêt commun, exercèrent le monopole de l’Etat sur le

commerce extérieur en faisant recours aux concessionnaires. Les conditions

générales et particulières de la mise en œuvre de ce monopole ainsi que les

droits et obligations des concessionnaires sont précisés dans des cahiers des

charges. Cette loi avait pour objectifs :

1. L’orientation des échanges extérieurs suivant les directives édictées par le

Gouvernement.

2. La réduction des importations en diversifiant les sources

d’approvisionnement locales.

3. La promotion de la production nationale.

Malgré cette diversification des lois dans le but d’améliorer la gestion des

changes, le système des autorisations générales des importations n’a pas réduit

la pénurie de devises. Et, dans une tentative de faire introduire une certaine

flexibilité au système d’allocation de change, l’Etat annonce par le décret n°88-

167 du 6 septembre 1988 la mise en place des budgets-devises au profit des

entreprises publiques.

Désormais, il était possible à celles-ci d’accéder directement à la Banque

Centrale, après avoir planifier annuellement leurs prévisions pour l’octroi de

changes, concernant l’importation des biens pour leur fonctionnement.

Les budgets-devises étaient considérés comme un instrument de gestion du

change et du commerce extérieur, et entraient en harmonie avec les impératifs de

l’autonomie des entreprises publiques. Ils furent élargis et devinrent pluriannuels

et couvrirent même les dépenses d’investissements.

Les budgets-devises prennent la forme d’un plan de financement externe à

moyen terme et s’intègrent dans la stratégie de développement de l’économie

nationale ; leur élaboration était conséquente de l’offre de devises.

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Dans l’ensemble les budgets-devises avaient présenté une flexibilité

incontestable, cependant, ils ont fait l’objet de quelques critiques parmi

lesquelles : le fait qu’ils soient exprimés en Dinars (article 14 du même décret),

les entreprises étaient incitées donc à dépenser rapidement leurs ressources en

monnaie étrangères pour minimiser les coûts du risque de change ; ceci en

raison de la dépréciation du dinar durant cette période.

Aussi, et compte tenu des contraintes du système de planification, les

budgets-devises pouvaient être ajustés en hausse ou en baisse ; c’était donc une

autre façon pour l’Etat d’imposer son monopole dans l’allocation de change.

Encore une fois le Dinar était convertible de facto.

La portée de la loi n°90-10 du 14 avril 1990 relative à la monnaie et au

crédit avait attribué à la Banque Centrale toutes les prérogatives dans l’achat, la

vente, l’escompte, la réescompte… de tout instrument libellé en monnaie

étrangère (article 165 de la loi citée) . Elle oblige aussi les sociétés exportatrices

ou les concessionnaires qui activent dans le domaine des mines et de l’énergie,

d’avoir des comptes-devises à son niveau, ce qui leur permettra de s’intervenir

pour effectuer des opérations en devises.

Cette même loi a fini par être été abrogée et remplacée par l’ordonnance

n° 03-11 du 26 Août 2003, qui relative à la monnaie et au crédit, réaffirme

l’obligation à toute société de droit algérien exportatrice de produits miniers ou

énergétiques de maintenir des comptes en devises auprès de la Banque

d’Algérie. Cette procédure de fait à permis à cette dernière de s’imposer dans

les transactions effectuées en devises (article 130 de la même ordonnance) et

donc d’appliquer le contrôle des changes.

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1.3– Les répercussions du régime restreint de l’octroi du change :

Les répercussions de la politique restrictive de change adoptée par

l’Algérie durant les années 70 et 80, d’une part, et la dépendance majoritaire

vis-à-vis des hydrocarbures pour la relance et le développement de l’économie,

d’autre part ont influé négativement sur tous les secteurs économiques, en raison

principalement des fluctuations des prix du pétrole.

Nous allons essayer, dans ce paragraphe d’étudier ces répercussions sur les

secteurs dominants de l’économie (industrie et agriculture), et de décrire

brièvement le secteur bancaire et la politique monétaire lors du régime de

planification.

A – Le secteur industriel

La doctrine des "industries industrialisantes" que l’Algérie avait entamé

dés les années 70 s’inscrit dans une perspective socialiste et était considérée

comme la "colonne vertébrale " du système planifié.

Cette industrie était supposée être la locomotive d’une haute technologie

qui devait participer au développement d’investissements massifs de l’ensemble

des industries lourdes et légères. Elle était financée de façon singulière, par les

recettes des exportations des hydrocarbures qui représentaient à elle seule, en

1985, 96% de la totalité des exportations. Ces recettes ont servi de moyens de

financement à l’ordre en moyenne de 40% du PIB, et ont contribué au

développement d’importantes entreprises industrielles (complexe d’El Hadjar

dans la région de Annaba).

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Cette stratégie montre clairement le privilège dont jouissaient les

investissements lourds liés aux hydrocarbures, aux dépens de ceux qui visaient

la production des biens intermédiaires et des biens de consommations.

Cependant, cette stratégie dont l’objectif était de substituer progressivement les

importations n’a pas trouvé le terrain adéquat pour ses perspectives à cause de :

1. La technologie sophistiquée "importée " n’était pas toujours maîtrisée.

2. Le planificateur se souciait beaucoup plus de la réalisation des

investissements en quantité, que de la productivité, la compétence, et

l’exportation hors hydrocarbures

3. La confrontation des entreprises publiques industrielles aux difficultés

financières dues aux systèmes de contrôle rigoureux sur les

investissements, les importations et les prix.

En fait, ces entreprises, agents réels de la fabrication voyaient leur rôle

marginalisé. Le contrôle rigide sur le calcul des prix des ventes qui était alors

administré freinait leur capacité de productivité et leur efficience. Aussi il ne

leur permettait pas de réaliser des projets, encore moins de s’autofinancer, au

contraire c’était au Trésor public de subventionner leurs déficits qui s’élevaient à

21 milliards de DA en 1982, et atteignirent les 52 milliards de DA en 1983 pour

revenir à environ 30 milliards de DA en 1984. En raison du fléchissement des

prix des hydrocarbures, les pouvoirs publics avaient alors durci légèrement la

politique financière au cours de cette année, mais cela n’a pas empêché les

déficits des entreprises publiques de chiffrer un montant de 43 milliards de DA

en 1985, venait ensuite la chute des prix du pétrole en 1986, pour mettre fin à la

période de vive expansion.

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B– Le secteur de l’agriculture :

Dans le secteur agricole, et même si le pays dispose de 8 milliards

d’hectares de superficie agricole utile (S.A.U) , l’Algérie figure parmi les plus

gros pays importateurs mondiaux de produits agricoles et alimentaires ;d’une

moyenne de 3 milliards de Dollars par an .

Cette dépendance est le résultat de plusieurs contraintes qui ont entravé les

performances de ce secteur qui n’a lui aussi pu échappé au monopole de l’Etat.

Tout a commencé avec l’avènement de la révolution agraire en 1971.

Celle-ci avait introduit la limitation de la propriété privée en procédant à la

nationalisation des terres arables pour les redistribuer par la suite aux paysans

sous forme de coopératives. Ces dernières fonctionnaient grâce aux aides

fournies par "les fonds de subventions " alimentés par le trésor de l’Etat.

Vu les distorsions qu’il a connu le secteur agricole algérien et qui ont

perduré environ deux décennies, ces distorsions ont entraîné une dégradation de

la valeur ajouté de ce secteur passant de 13% en 1967 à 7% en 1985. Aussi la

valeur des exportations alimentaires des fruits et légumes avait baissé entre 1972

et 1983 de 90% pour ne représenter que 3% de la totalité des exportations vers la

fin des années 80.

La restructuration de ce secteur a été vite entamé par rapport aux autres

secteurs, et l’objectif principal était de réduire les importations des biens de

consommations ; par conséquent la dépendance alimentaire.

La période 1981 – 1983 a connu un profond changement dans l’orientation

de la politique agraire ; les coopératives agricoles ont été abolies et remplacées

par "les domaines agricoles socialistes : D.A.S ".

72

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La même initiative a été conçue pour les fonds de subvention qui ont été

donc remplacés par la création de la Banque Algérienne pour le Développement

Rural en 1982. Cette banque avait pour prérogative principale le financement du

secteur public agricole en général et le secteur privé en particulier. En

conséquence le nombre de demandes au crédit du secteur privé avait augmenté

de 9200 demandes au début de sa création à 50 000 demandes en 1987.

Aussi dans le contexte d’une réorganisation plus libérale du secteur

agricole, les "D.A.S" ont été remplacés par " les exploitations agricoles

collectives E.A.C " ; ce sont des groupements autonomes qui assumaient

l’entière responsabilité dans la gestion de leurs propriétés ainsi que celles

inhérente à leurs pertes ou profits. Ce processus de réorganisation s’est accentué

en Février 1988, quand environ 60 à 70% des D.A.S ont été dissouts et

redistribués aux groupes privés.

D’autres efforts ont été fournis vers la fin des années 80 et visaient dans

le cadre des réformes structurelles du secteur agricole, à étendre de plus en plus

la superficie cultivée, et à libérer la commercialisation de la plupart des produits

agricoles, mis à part les céréales.

Malgré la succession des mesures libérales, les résultats de ce secteur

n’étaient pas très satisfaisants ; car aussi contraint par des difficultés financières,

ce secteur n’a enregistré qu’une légère amélioration après l’assouplissement du

contrôle des importations et des prix en 1984.

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C- Le secteur bancaire et la politique monétaire :

Les mesures d’édification du secteur bancaire algérien ont été prises en

même temps que le contrôle des changes a été instauré, tout en commençant par

la création de la Banque Centrale d’Algérie. Cette banque se chargea du droit

d’émission de la monnaie, à coté des fonctions classiques dévolues à toutes

autres banques centrales, citons :

-La fonction de banque des banques.

-La fonction de banque de l’Etat.

-La fonction de banque de changes.

La Banque Centrale d’Algérie était chargée d’exercer ces fonctions

conformément à l’intérêt national.

A coté de cette banque, deux autres organismes spécialisés, étaient fondés ;

il s’agit de "La Caisse Algérienne de Développement : la C.A.D " , et "La Caisse

Nationale d’Epargne et de Prévoyance : la C.N.E.P ", en attendant la création de

trois autres banques nationales : "La Banque Nationale d’Algérie : B.N.A ", "Le

Crédit Populaire d’Algérie : C.P.A" , et "La Banque Extérieur d’Algérie :

B.E.A ". Tous ces organismes bancaires ou financiers fonctionnaient dans le

cadre des exigences de l’économie planifiée.

Dans ce contexte, la gestion des réserves de changes de l’Algérie est en

exclusivité une fonction de la Banque Centrale d’Algérie ; par conséquent la

gestion du taux de change et l’élaboration de la réglementation sur les changes.

Et c’est ainsi que l’octroi de change aux besoins des opérateurs économiques

était centralisé au niveau de cette banque par l’intermédiaire des autres banques.

Ces derniers cèdent à la Banque Centrale d’Algérie les produits tirés des

opérations du commerce extérieur.

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Suivant les mêmes orientations planifiées, la politique monétaire était

définie par le Plan National de Crédit. Elle s’accommodait passivement aux

besoins de financement pour l’investissement. Cette orientation a amené à une

liquidité excessive dans l’économie qui est la source des problèmes, tels que

l’inflation, la pénurie des biens, les marchés parallèles et la pression sur les

importations.

En somme, dans le cadre de la gestion planifiée, la politique monétaire a

joué un rôle secondaire et passif, à côté d’un système bancaire inopérant.

Section 2 : Généralités sur la structure économique de l’Albanie :

2.1 – L’Agriculture et L’Industrie :

Bien que 70 % des terres albanaises soient montagneuses et seulement

22% soient des terres cultivables, l’agriculture est considérée comme un secteur

de base dans l’économie de ce pays. Par ailleurs deux tiers de la population

vivent dans des zones rurales. Ce secteur emploi 50% de la main d’oeuvre

albanaise.

Durant les années 50, d’importants projets de drainage et de défrichement,

ont permis d’augmenter la superficie des terres arables, qui ont été totalement

collectivisées en 1967, conformément au régime planifié adopté dés les années

40, à l’exception de quelques lots de terrains limités à une culture de

consommation individuelle. L’objectif essentiel de cette stratégie était de réaliser

une autosuffisance en matière de produits agricoles, et une distribution équitable

des revenus.

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Cependant, ce mode de gestion planifié a souvent été la cause du coût

élevé de la production dû à une utilisation d’outils vétustes, d’un sous-emploi

sévère de la main d’oeuvre et d’une allocation non appropriée des terres et des

ressources. En conséquence le secteur agricole a connu une sérieuse dégradation

à laquelle se sont ajoutées des conditions climatiques peu avantageuses. Tout

cela a amené la population albanaise au bord de la famine vers la fin des années

80. Rappelons que l’Albanie est aussi un exportateur d’énergie hydroélectrique.

L’échec du système de planification avait poussé l’Albanie à, comme

beaucoup d’autres pays socialistes, entrer en économie de marché dés le début

des années 90. L’entame s’est faite par la privatisation des terres agricoles dans

le but de relancer l’agriculture en tant que secteur dominant dans l’économie

albanaise.

L’Etat avait instauré une loi foncière stipulant :

- La dissolution des coopératives étatiques agricoles.

- Permettre aux agriculteurs de fixer les prix de leurs récoltes à

l’exception de quelques produits de base (blé, farine, maïs, lait,

viande…)

- Permettre aux producteurs agricoles d’entamer des opérations

d’exportations.

- Encourager les éleveurs privés en leur vendant le bétail des

coopératives étatiques.

En somme, l’Albanie est l’un des rares pays ayant réussit son opération de

privatisation du secteur agricole. Comparativement à l’Algérie, qui demeure

encore parmi les pays importateurs des produits alimentaires, l’Albanie a pu

réaliser une autosuffisance majoritaire.

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Quant à l’industrie, l’Etat dominait virtuellement ce secteur. Des plans

quinquennaux ont été mis en place à partir des années 50 et avaient pour but de

développer le secteur industriel de l’Albanie ; notamment l’industrie lourde et

les produits manufacturés. En 1990 ce secteur comprenait 400 entreprises

étatiques, faisait employer 23% de la population et absorbait 75% du revenu

total des exportations. L’industrie était régie par quatre ministères, on comptait :

- Ministère de l’industrie lourde, des mines et de l’énergie.

- Ministère de l’industrie légère et alimentaire

- Ministère de la construction.

- Direction générale de l’industrie mécanique

Grâce au soutien des Soviétiques puis des Chinois, durant les années 50et

60, et ce jusqu’à la fin des années 70, l’Albanie avait réalisé une rapide

croissance industrielle en construisant des usines de produits chimiques, de

ciment, d’engrais, des machines-outils, des raffineries de pétrole ainsi qu’une

entreprise de sidérurgie.

Cependant le taux de croissance industriel déclinait au début des années 80

à cause de la cessation des aides extérieures. Entre 1980 et 1989 la croissance

industrielle avait crû de moins de 3% par an en terme réel et avait décliné à

7.7% en 1990. Cette dégradation a été accélérée en 1991 et est la résultante de

plusieurs facteurs, dont: la détérioration des matériels et équipements industriels.

La privatisation des entreprises étatiques en Albanie dés 1991 était le

résultat non satisfaisant d’un mode de gestion totalement planifié. Les

entreprises albanaises, comme les entreprises algériennes, et d’ailleurs comme

beaucoup d’autres entreprises régies par le système socialiste se chargeaient

uniquement de la tâche productive.

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Le rôle des "managers" dans la gestion financière de l’entreprise est

totalement marginalisé ; leur rôle se limitait à la réalisation des projets de l’Etat

déjà planifiés. C’est l’Etat même qui se chargeait de toute l’opération de

production voire : quantité, désignation du produit, détermination des prix à la

revente et même des opérations de distribution et de commercialisation.

Les entreprises n’étaient donc pas animées par l’esprit de la concurrence

ou encore la réalisation des bénéfices ; ceci a impliqué leurs déficits. Et c’est

encore à l’Etat de les subventionner pour équilibrer les balances des

entreprises.

Au total le déficit budgétaire était passé de 4.6% du PNB en 1990 à plus

de 48% du PNB en 1991 ; en conséquence il lui été peu évident de couvrir plus

de 4% de ce déficit. Le reste déficitaire nécessitait le recours aux prêts de

l’extérieur.

Le tableau suivant montre le montant des réserves et la dette extérieure pour la

période de 1980 à 1990, quant à l’année 1991, les chiffres sont des estimations.

Tableau n° ( 6 ) : Réserves officielles et dettes extérieures de l’Albanie en

millions de dollars.

1980 1982 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991Les réserves officielles

extérieures.

82.6 95.3 24.5 23.1 34.7 165.3 429.5 223.2 16.6

Le total de la dette :

-en monnaie convertible

-en monnaie non

convertible

16.1

0.0

16.1

1.1

0.0

1.1

9.9

0.0

909

2.3

0.0

203

22.7

0.0

22.7

57.1

0.0

57.1

120.9

74.4

45.5

422.3

342.0

80.3

497.4

406.7

90.7

Source : The World Bank, Albania : Policies for the development of a market economy,

February, 1992, p:20.

Devant cette situation d’échec et d’endettement, le gouvernement albanais

78

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avait pris quelques mesures de redressement en contrôlant les prix des

acquisitions des entreprises pour celles en monnaie étrangère. Ainsi l’Etat avait

réduit ses dépenses, celles inhérentes aux subventions, et fut convaincu qu’un

remaniement du régime planifié devait se faire ; c’est dans ce sens que des

mesures de réformes économiques et de privatisation ont été instaurées dés

1991.

L’Albanie avait entamé la privatisation de tous les secteurs, voire :

l’énergie, les mines, le pétrole, le gaz, les télécommunications, l’hydraulique, le

transport aérien, ferroviaire et maritime…tout en permettant aux entreprises

joint-ventures de s’installer avec la participation de capitaux étrangers.

2.2 – Le Secteur Financier et la Politique Monétaire :

Le secteur financier albanais a lui aussi été longtemps soumis à la gestion

planifiée de l’état. La prise de décisions d’accorder ou pas des emprunts aux

entreprises revient uniquement à l’état, où le refus ou l’accord est tributaire de

ses propres objectifs. La plupart des prêts n’étaient accordés donc qu’aux

investissements qui réaliseront ses buts particuliers.

Le rôle des banques dans le financement des entreprises était marginalisé,

ce qui faisait limiter leurs nombres dés la fin des années 40, à essentiellement

quatre banques :

- La Banque Nationale de l’Albanie : son activité principale est

l’émission de monnaie et la mise en place de la politique monétaire.

Considérée comme le banquier de l’Etat, la B.N.A. assumait les tâches

d’une banque commerciale, en réalisant des opérations de crédits à

79

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court et long terme, aux sociétés nationales et plus tard aux entreprises

privées et aux personnes physiques.

- La Banque Nationale de l’Agriculture : créée en 1970, cette banque

finançait les firmes étatiques, les coopératives agricoles et tout autre

investissement en zones rurales.

- La Banque Nationale des Relations Etrangères de l’Albanie : créée en

1991, sa principale fonction était d’assurer les transactions en monnaies

étrangères et d’assister ses clients dans leurs opérations du commerce

extérieur. Avant cette date le transfert de la monnaie étrangère se faisait

par l’intermédiaire de la Banque Nationale de l’Albanie ; au "Centre

Albanais pour le Change".

- L’Institut National pour l’Epargne et l’Assurance : crée en 1948, son

actif est constitué des dépôts et des cotisations des individus. Cet

institut n’était pas autorisé à octroyer des prêts, au contraire il déposait

tout son fonds au niveau de la Banque Nationale de l’Albanie.

Quant à la politique monétaire et la politique du crédit, celles-là ne

différaient pas du cas algérien. La nécessité d’avoir un plan du crédit comme

base de la politique monétaire et du crédit a été soulignée parmi les objectifs des

plans de l’Albanie. Jusqu’en 1991, le financement à court terme faisait partie du

plan national du crédit annuel et les banques ne pouvaient rejeter un tel prêt.

Seul le financement à long terme dépendait du budget de l’état.

Cette brève description du système bancaire albanais montre qu’il était

compris entre un nombre d’institutions financières très restreint ; ce qui faisait

limiter ses activités ainsi que ses outils financiers.

80

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La limitation du nombre des banques, le poids de la Banque Nationale

Albanaise, la non diversification des moyens de paiements, la couverture des

déficits des entreprises par les subventions de l’Etat sont autant d’agents qui ont

contribué à faire accentuer le déficit budgétaire de l’Etat passant de 16% du

PNB en 1990 à 34% en 1991.

Devant cet échec du système financier et bancaire, l’Albanie tout comme

l’Algérie entament le programme de libéralisation et de restructuration de ces

secteurs. La réforme de tout le système financier se faisait alors en parallèle avec

la restructuration des entreprises, voire leur libéralisation du monopole de l’Etat.

Plusieurs lois ont été alors articulées pour réguler le rôle de la Banque

Centrale de l’Albanie : le taux d’intérêt, les programmes de crédits, l’émission

de lois de prudence bancaire et les lois concernant les transactions avec

l’étranger. Toutes ces lois ont participé à réorganiser le système bancaire en

banques commerciales et institutions financières, tout en créant une Banque

Centrale indépendante ayant l’autorité de superviser tout le système bancaire.

Dans ce contexte de réformes bancaires, les autorités albanaises avaient

envisagé dans un premier temps de transformer les banques de l’ancien régime

en banques commerciales ; la Banque Nationale de l’Agriculture devint

indépendante de la Banque Nationale de l’Albanie, et d’incomber à cette

dernière le rôle de Banque Centrale. L’Institut National pour l’Epargne et

l'Assurance a été réaménagé en séparant ses fonctions.

Le but de cette réorganisation était de créer un environnement où ces

nouvelles institutions peuvent opérer d’une manière lucrative et de placer les

surplus dans les institutions et les marchés financiers.

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2.3 – Le Commerce Extérieur et la Politique de Change :

Jusqu’en 1988, le commerce extérieur était totalement étatique et un

nombre limité d’entreprises l’exerçait, sous les directives du Ministère du

Commerce. Celui-ci ne se chargeait pas seulement des procédures de règlement

et des transactions avec l’extérieur mais, aussi, de la désignation, de la qualité et

de la détermination des prix des produits à exporter ou à importer, toujours, à

partir des plans quinquennaux.

Le bénéfice réalisé revenait à l’Etat, mais ce dernier absorbait aussi toute

perte dérivant de cette opération d’Import/Export. En Albanie, le commerce

extérieur était entièrement séparé du commerce intérieur ; par exemple, dans sa

détermination des prix des biens, l’Etat ne prenait pas compte si le produit en

question est à exporter ou à consommer localement. Ce mécanisme mettait les

firmes en isolation de toutes influences des prix étrangers, il ne leur permettait

pas de concurrencer les prix étranger. au contraire, l’économie albanaise

subissait les conséquences des fluctuations du commerce international surtout

que la conversion des Dollars en Lek (monnaie nationale albanaise), soit à

l’importation ou à l’exportation, se faisait au taux de change officiel au niveau

de la Banque Nationale de l’Albanie.

Cette politique de monopolisation du commerce extérieur, de subvention,

de fixation des prix y compris le taux de change, ont fait subir à la balance

commerciale de l’Albanie durant les années 80 un déficit significatif et qui s’est

encore aggravé au début des années 90, comme le montre le tableau suivant :

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Tableau n° (7) : La balance commerciale de l’Albanie en millions de Dollars

1980 1982 1985 1986 1987 1988 1989 1990Balance du

compte courant

16.0 -67.1 -36.7 -3.3 5.2 -5.3 -55.2 -154.3

Les ressources

de la balance

67 -86.9 -43.7 -9.0 -2.1 -60.3 -64.6 -167.3

Exportations 378.1 373.6 319.6 327.3 333.6 348.3 419.0 317.7Importations 371.4 460.5 362.8 336.3 335.7 408.6 483.6 485.1Source : Ibid, p :19.

Fondamentalement la crise économique albanaise est apparue vers la fin

des années 80, et est due à l’interruption de l’aide financière provenant de la

Russie puis de la Chine jusqu’en 1978. Cette aide représentait en moyenne 44%

de l’investissement national et 12% du revenu national, durant la période allant

de 1950 à 1978.

Cette rupture alliée des conditions climatiques défavorables qui ont frappé

l’Albanie en tant que pays exportateur d’énergie hydraulique ainsi que la

sécheresse qui avait exacerbé l’activité agricole élément potentiel dans

l’économie albanaise, les investissement ont été réduits, plusieurs entreprises ont

fermé et le taux de croissance avait baissé effroyablement pour atteindre 2% du

PNB pour la première moitié des années 80 et 0.4% pour la seconde moitié.

Cette dégradation de la croissance a mis l’Albanie en situation

d’endettement extérieur critique pour chiffrer un montant estimé à 497.4

millions de Dollars en juin 1991. Le tableau n°6 déjà présenté montre la

situation de la dette extérieure pour la période allant de 1980 à 1991.

Face à cette situation défavorable, l’Albanie procède à plusieurs

changements entrant dans le cadre de l’application du programme d’ajustement

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structurel, édicté par le F.M.I., permettant dans une première phase le passage à

l’économie de marché grâce aux mesures de stabilisations économiques, à court

terme, et d’entamer dans une seconde phase des réformes structurelles

sectorielles. Ainsi les mesures de la première étape tournaient autour de :

1. La libéralisation des prix, d’abord des biens de consommation ; les

autorités albanaises avaient établi une liste des biens dont le prix n’était

plus fixé par l’Etat à travers ses plans, mais qui se fait par la confrontation

de l’offre et de la demande, sur le marché. La liste a été élargie pour

comprendre les produits industriels de base comme le ciment, les

fertilisants, les produits raffinés du pétrole…

2. La légalisation du secteur privé ; les firmes privées deviennent aussi

importantes que celles de l’Etat et participent à la croissance économique.

3. La dissolution des coopératives agricoles.

4. La limitation des subventions de l’Etat graduellement pour permettre aux

entreprises de se reconstruire.

5. La libéralisation du commerce extérieur et la levée des barrières tarifaires

en réduisant les tarifs douaniers jusqu’à leur disparition.

6. La disparition des licences d’importation et des restrictions quantitatives

sur les importations.

7. La détermination du taux de change ; par le libre jeu de l’offre et de la

demande sur le marché des changes.

8. La dévaluation du taux de change officiel passant de 8 à 10 Leks pour 1

USD le premier Janvier 1991 et à 25 Leks pour 1 USD en Septembre de la

même année, pour arriver à 50 Leks contre 1 USD en Janvier 1992.

Cependant les conséquences sociales de l’application de ces mesures

étaient lourdes et semblent être les même que celles apparues en Algérie : la

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compression des travailleurs, la baisse du pouvoir d’achat, la hausse des taux

d’inflation et de chômage … et pour alléger ces conséquences "un filet de

sécurité sociale" a été mis en place. Ce filet fait partie du programme

d’ajustement structurel.

Section 3 : Le degré d’inconvertibilité actuel du Dinar algérien :

3.1- Les mesures de levée de restrictions par le programme

d’ajustement structurel

Grâce aux richesses pétrolières, les exportations des hydrocarbures

dominent à 95% toutes autres exportations, ce qui a permis au secteur du

commerce extérieur d’acquérir une place importante dans l’économie nationale.

Mais les perturbations de la conjoncture externe a mis l’économie algérienne en

état de détresse vers la fin des années 80, et a fait surévaluer le dinar et

accumuler la dette extérieure.

Globalement, l’économie algérienne souffrait de certains déséquilibres qui

sont:

1- Une dépendance quasi exclusive vis-à-vis des hydrocarbures, basculant

l’économie dans une croissance incertaine.

2- Un montant élevé d’importations de matières premières, de biens

d’équipements et de denrées alimentaires.

3- Une répartition sectorielle déséquilibrée des investissements.

4- Une pénurie sur le marché de certains biens de consommations, en dépit

du développement du secteur informel.

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5- Un déséquilibre entre les zones urbaines et les zones rurales où se

concentre la pauvreté.

6- Un endettement global de 25.5 milliards de Dollars soit 52% du PNB vers

la fin de 1989 (et qui s’élève à 21.8 milliards de Dollars, soit 26.4 %du

PIB jusqu’au 31 Décembre 2004 1)

7- La surévaluation de la monnaie nationale qui donnait l’impression que le

capital était abondant et pouvait continuer à financer l’économie.

Cet environnement a poussé les autorités algériennes à signer un premier

accord stand-by le 30 Mai 1989, entrant dans le cadre de la stabilité économique

à court terme, et qui constitue la première phase d’un programme d’ajustement

structurel, en attendant de signer un deuxième accord stand-by le 3 Juin 1991,

pour entamer la deuxième phase basée sur la réforme structurelle, dont la

principale conditionnalité est : la libéralisation du commerce extérieur et la

dévaluation du dinar, à côté d’une libéralisation des prix, d’une réforme du

système fiscal, douanier, financier et bancaire.

C’est dans ce contexte, que les autorités algériennes ont annoncé dés le

mois d’Avril 1991, qu’il était désormais possible pour tout agent public ou privé,

résident ou non résident, d’avoir droit au change, au taux officiel auprès de la

Banque d’Algérie ou un autre agent chargé d’appliquer la réglementation du

change. Le Dinar devint donc convertible, aux titres des opérations de

transactions commerciales, à l’exception des produits qui pouvaient avoir

atteinte à la religion, à la santé, et à la faune et la flore2.

1- "Evolution de la dette extérieur de l’Algérie, 1994-2004", Media Bank, n°76, Fev/Mar 2005, p :5.

2- The World Bank, Democratic and Popular Republic of Algeria : Exchange and Trade reform, April

1991, p :17

Cependant, et pour soutenir cette convertibilité, le taux de change officiel

passe de 5.9 Dinars pour 1 Dollar américain en 1988 à 9.0 Dinars en 1990, et fut

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déprécié encore jusqu’à 22 Dinar pour 1 Dollar en Octobre 1991. En terme

effectif réel, la valeur du dinar était réduite d’environ 60% entre 1988 et la fin de

1991.

Ce premier pas vers la libéralisation du commerce extérieur a entraîné une

demande excessive sur la monnaie étrangère ; mais sans rendre une grande

satisfaction. La Banque d’Algérie continuait à jouer un rôle important dans

l’allocation de change, et limitait les fonctions des autres agents à travers des

règlements et des notes régissant cette opération.

Ce premier pas fut donc un échec, dont les autorités algériennes s’en

aperçoivent et optent pour une autre stratégie ; ils créent les comités

interministériels "ad hoc" par l’instruction n°625 du 18 Août 19922.

Ces comités se chargeaient d’étudier au cas par cas les demandes d’octroi

de change et donc de les classer par ordre prioritaire.

Le financement des importations s’effectuait soit par l’accord de prêts

extérieurs ou par l’allocation de change au taux officiel.

Cette mesure était accompagnée aussi par de nombreux règlements, pour

orienter le commerce extérieur -en fait- vers les objectifs de l’Etat ; par exemple,

les importations étaient scindées en trois catégories :

La première concernait l’importation des biens d’équipements pour le

maintien et le développement des exportations des hydrocarbures, ces

importations étaient les plus privilégiées.

2- République Algérienne, Instruction n°625 du 18 Août 1992 relative au commerce extérieur et à son

financement.

Pour la deuxième, il s’agissait des biens qui sont nécessaire à la

production nationale et les objectifs de l’investissement.

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La troisième catégorie était elle-même subdivisée en deux sous

catégories : la première incluait les produits de consommation de lux, la

seconde des biens non éligibles à importer au taux de change officiel ou

par l’octroi de prêts extérieurs. Au contraire le financement de ces

produits devait s’effectuer grâce aux ressources propres des importateurs.

Vers la fin de l’année 1992, les autorités algériennes renforcent les mesures

restrictives en édictant d’autres : toute opération d’importation dont le montant

dépasse 100 000 Dollars, doit obligatoirement avoir l’accord de ces comités,

aussi les délais de paiement étaient limités entre 18 à 36 mois.

Ainsi les importateurs qui se trouvaient incapables de s’adapter avec de

telles conditions se sont orientés vers, uniquement l’importation des produits

finis ; encore une fois l’Etat limite ce genre d’importations en excluant les moins

utiles.

En principe ces comités allaient transférer leurs activités aux banques

commerciales, quelques temps après leurs installations ; cependant ceci ne s’est

pas produit Ce qui montre que l’Etat continuait à exercer ses pressions ou son

"monopole" sur le commerce extérieur à travers ces comités. Mais ce mode de

gestion s’est montré désavantageux et les délais de paiement n’étaient pas

respectés ; il y avait donc une incompatibilité avec la supposée dite

restructuration des entreprises et les tendances vers la décentralisation du

"management".

En fin de compte, tous ces moyens qui en principe devaient libérer le

commerce extérieur et le change et supprimer le déficit budgétaire, ne sont pas

parvenus à réaliser cet objectif. Au contraire les déséquilibres monétaires

persistaient et les réserves de change avaient baissé de moins de 1.5 billions de

Dollars vers la fin de l’année 1993 à cause des prix du pétrole qui ne semblaient

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pas se stabiliser, poussant le gouvernement à prendre de nouvelles dispositions

pour améliorer le commerce extérieur et l’octroi de change.

En effet dés les débuts de l’année 1994, le gouvernement renoue avec la

convertibilité et l’unification du Dinar (élimination du marché parallèle) et

décrète une nouvelle série de règlements et d’instructions à coté d’une

dévaluation d’environ 50% de la valeur du dinar ; passant à 36 DZD contre 1

USD pour la première fois en Avril 1994, suivie d’une autre dévaluation en

septembre 1994.

Quant aux nouvelles mesures ce sont :

1- L’abolition des comités interministériels, la responsabilité de l’octroi de

change est cédée aux banques commerciales.

2- Le soulèvement de la majorité des restrictions sur les exportations qui ont

été introduites en 1992.

3- A l’exception des voitures personnelles, la loi édictée sur l’importation

des biens de consommation financés par les ressources propres à

l’importation a été abrogée.

4- La réduction des biens dits stratégiques et la possibilité d’importer pour

revendre ont été affirmées.

5- Permettre aux exportateurs, de retenir les 50% de leurs revenus, à

l’exception des produits des hydrocarbures et miniers.

6- A coté de l’élimination de ces restrictions, se joint une réduction graduelle

des droits des douanes sur les importations.

En somme, l’Algérie en tant que pays membre du Fonds Monétaire

International et sous la pression de la conditionnalité, qui d’ailleurs se confirme

aux principes de l’article VIII des statuts de cet organisme, tente d’améliorer le

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degré de convertibilité qui va de pair avec le contrôle des changes et utilise une

réglementation par le biais de la Banque d’Algérie pour fixer les règles de cette

convertibilité.

Nous essayerons dans le paragraphe suivant d’étudier les étapes du

processus de déroulement de la convertibilité à partir de la réglementation.

3.2 : Le cadre réglementaire déterminant la convertibilité du

Dinar algérien

Dans le cas général, la restauration de la convertibilité d’une monnaie

exige que certaines conditions soient réunies, citons par exemple :

1- L’existence d’avoirs extérieurs pour faire face aux demandes de devises,

car la levée des restrictions de change subite entraîne nécessairement une

forte demande sur la monnaie étrangère.

2- La politique de change est appelée à être flexible, pour que le taux de

change puisse jouer son rôle en tant qu’instrument régulateur des prix

internes par rapport aux prix mondiaux, et éliminera de fait le taux de

change parallèle.

Dés 1990, des mesures ont été prises pour la transition vers l’économie de

marché, ces mesures se sont succédés rapidement tout en mettant l’Algérie face

à la libéralisation du commerce extérieur et donc face à la nécessité d’avoir des

ressources en monnaies étrangères importantes pour pouvoir satisfaire la

demande excessive sur la devise.

Cependant, ces ressources semblaient incertaines ces années là, à cause de

la dépréciation notable du Dinar en 1990 et 1991 ; et pour pouvoir subvenir à

cette insuffisance, les autorités algériennes n’ont pas hésité à élaborer une

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réglementation spécifique au contrôle des changes et au commerce extérieur

pouvant gérer les avoirs extérieurs au mieux.

L’ouverture des comptes devises en faveur des personnes physiques et

morales est considérée comme un pas vers la transition à l’économie de marché.

Ces comptes devises ont permis à ces personnes d’effectuer des opérations avec

l’étranger dans le cadre d’une réglementions de change adaptée à cette

évolution. Cette réglementation a codifié aussi le droit d’inscription dans un

compte devise d’une partie du produit des opérations d’exportation qui jusqu’ici

était cédé totalement à la Banque Centrale. Elle a aussi fixé les conditions de

transfert des capitaux en Algérie pour le financement des activités économiques,

et le rapatriement de leurs revenus (règlement n°90-03 du 8 Septembre 19901).

Toutefois,la convertibilité du Dinar a été entamée dés le début de 1991,

aux titres des transactions courantes dîtes aussi convertibilité commerciale, mais

n’a été véritablement mise en œuvre qu’en 1994, depuis que la libéralisation des

paiements aux titres des importations devint possible à partir de cette date.

Cette convertibilité a été renforcée par la mise en place des séances de

fixing au niveau de la Banque d’Algérie pour la détermination du taux de

change en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes.

1- République Algérienne, Règlement n°90-03 du 8 Septembre 1990 fixant les conditions de

transfert des capitaux en Algérie pour financer des activités économiques et de rapatriement

de ces capitaux et de leurs revenus, Journal Officiel.

Le droit de change au titre des prises en charges des frais de missions à

l’étranger, ou l’obtention d’une allocation en devise à l’occasion d’une

hospitalisation ou d’un décès des nationaux à l’étranger fut approuvé par le

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règlement n°91-01 du 20 Février 1991 et le règlement n° 91-06 du 16 Mai

19911.

La convertibilité du Dinar a permis à l’Algérie d’adopter les dispositions

de l’article VIII des statuts du Fonds Monétaire International, et elle s’est

poursuivie pour les transactions courantes invisibles dés 1995. les instructions

n°46-95 et 47-95 du 14 Juin 19952 ouvrent droit au change au profit des

nationaux poursuivant une scolarité à l’étranger ou devant subir des soins

médicaux.

Ces dépenses sont autorisées sur pièces justificatives et les montants sont

fixés dans une limite annuelle. Ils ont été augmentés pour la première fois en

1996, par les instructions n°09-96 et n°10-96 du 19 Décembre 1996, passant

respectivement de 5000 DA à 7500 DA et de 100 000 DA à 120 000 DA, et

pour la deuxième fois en l’an 2000 par l’instruction n°7-2000 du 26 Juillet 2000

concernant cette fois ci uniquement le droit de change au profit des nationaux

résidents poursuivant une scolarité à l’étranger et passe à 9000 DA.

1- République Algérienne, Règlement n°91-01 du 20 Février 1991 fixant le droit de change

au titre des indemnités compensatrices des frais engagés à l’occasion de missions temporaire à

l’étranger, et règlement n° 91-06 du 16 Mai 1991 fixant les conditions d’attribution

d’allocation en devises à l’occasion d’hospitalisation et/ou de décès des nationaux à

l’étranger, Journal Officiel.

2- République Algérienne, Instruction n°46-95 du 14 Juin 1995, instituant un droit au change

au profit des nationaux résident poursuivant une scolarité à l’étranger et instruction n°47-95

du 14 Juin 1995 instituant un droit au change au profit des nationaux devant subir des soins à

l’étranger, Journal Officiel.

Cependant, et compte tenu de l’avènement du marché interbancaire des

changes, le processus de convertibilité se poursuit mais en parallèle avec le

contrôle des changes. Dans ce contexte, la Banque d’Algérie institut le

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règlement n°95-07 du 23 Décembre 19951 qui fixe les règles de convertibilité et

semble parfois même freiner des opérations pour lesquelles la convertibilité a

été reconnue.

Ainsi, les conditions de l’octroi de changes aux importateurs des biens et

services par le biais d’un intermédiaire agrée sont arrêtés par la Banque

d’Algérie ou conformément à ces orientations en matière d’endettement

extérieur.

Concernant les règles relatives au paiement des importations et

exportations des marchandises, la domiciliation est obligatoire auprès d’un

intermédiaire agrées seul habilité à transférer ou à rapatrier les fonds vers ou de

l’étranger conformément aux règlements n°91-12 et 91-13 du 14 Août 19912.

En 1997, la Banque d’Algérie complète le processus de la convertibilité et

autorise des dépenses pour voyage des nationaux à l’étranger ; le montant de la

dépense s’élève à 15 000 DA par année civile (instruction n°08-97 du 28 Août

1997 relative au droit de change pour voyage à l’étranger).

L’instruction n°1-2003 du 6 Janvier 20033, autorise les entreprises

économiques à exercer le droit de change au titre des frais de missions à

l’étranger au lieu des banques intermédiaires agréées qui s’en chargeaient avant

de cette opération.

1- République Algérienne, Règlement n°95-07 du 23 Décembre 1995 modifiant et remplaçantle règlement n°92-04 du 22 Mars 1992 relatif au contrôle des changes, Journal Officiel.2- République Algérienne, Règlement n°91-12 du 14 Août 1991 relatif à la domiciliation desimportations et 91-13 du 14 Août 1991 relatif à la domiciliation et au règlement financier desexportations hors hydrocarbures, Journal Officiel.3- République Algérienne, Instruction n°1-2003 du 6 Janvier 2003portant modification del’instruction n°22-92 modifié du 10 Juin 1992 relative aux indemnités compensatrices de fraisengagés à l’occasion de missions temporaires à l’étranger, Journal Officiel. Quant aux opérations de services découlant des frais de réparations ou

autre main d’œuvre rendus à l’étranger, l’instruction n°03-2001 du 9 Mai 20011,

précise les modalités de paiement des frais consécutifs à ce genre de services en

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appliquant les règles de l’article 37 du règlement n°95-07 du 23 Décembre 1995

qui hormis les services cités par l’article 36 du même règlement ( citons à titre

d’exemple : les services de transport et d’assurance liés aux importations et

exportations de marchandises, les contrats d’assurances technique…)font l’objet

de textes particuliers, ou sont soumis à l’autorisation préalable de la Banque

d’Algérie.

D’autres textes législatifs édictés par la Banque d’Algérie ont réglementé

le transfert des capitaux vers l’étranger, telle que l’instruction n°02-98 du 21

Mai 19982 par laquelle la Banque d’Algérie précise avec fermeté les conditions

de transfert ; elle autorise les travailleurs étrangers recrutés suivant la

réglementation d’emploi des étrangers de transférer une partie de leurs salaires

vers leur pays d’origine.

La partie transférable est arrêtée contractuellement entre l’employeur et le

travailleur étranger et doit être effectuée par un guichet de banque agrée ou

établissement financier, intermédiaire agrée ou encore au centre des chèques

postaux.

1-République Algérienne, Instruction n°3-2001 du 9 Mai 2001 fixant les conditions et les

modalités de règlement des frais de réparation de transformation ou complément de main

d’oeuvre rendus à l’étranger au titre des exportations temporaire de matériels ou

d’équipements, Journal Officiel.

2- République Algérienne, Instruction n°02-98 du 21 Mai 1998 relative au transfert sur

salaires perçus en Algérie par les travailleurs étrangers, Journal Officiel.

Dans le cadre de la promotion de l’investissement étranger en Algérie, le

règlement n°2000-03-du 2 Avril 20001, fait bénéficier les investisseurs étrangers

du transfert des produits de leurs investissements, sous l’autorisation des

94

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services du contrôle des changes de la Banque d’Algérie. Pour les

investissements conclus en partie mixte du Dinar ou apports en d’autres natures,

la Banque d’Algérie intervient pour fixer le montant des transferts de ces

produits.

Le mouvement des capitaux au titre de l’investissement de portefeuille est

codifié par le règlement n°2000-04 du 2 Avril 20002, qui ouvre droit à cet

investissement qu’aux non résidents, mais qui limite ce droit par uniquement

l’entrée des devises librement convertibles, pour l’achat et la vente d’actions et

obligations cotées en bourse. L’entrée des devises s’effectue aussi auprès des

représentants de la Banque d’Algérie.

L’instruction n°03-2002 du 23 Septembre 20023 étend le champ de

l’investissement à l’étranger aux opérateurs économiques algérien, sous réserve

des conditions de transfert des fonds et des montants prévus à cette activité,

précisés par le Conseil de la Monnaie et du Crédit. Le rapatriement des produits

est obligatoire et doit être effectué dans les délais.

1- République Algérienne, Règlement n°2000-03 du 2 Avril 2000 relatif aux investissements

étrangers, Journal Officiel.

2- République Algérienne, Règlement n°2000-04 du 2 Avril 2000 relatif aux mouvements des

capitaux au titre des investissements de portefeuille des non résidents, Journal Officiel.

3-République Algérienne, Instruction n°03-2002 du 23 Septembre2002 fixant les conditions et

les modalités de transfert de fonds en vue de la réalisation des investissements à l’étranger par

les opérations économiques de droit algérien et le rapatriement des produits de ces

investissements, Journal Officiel.

En conclusion, la convertibilité du Dinar a été établie dans un contexte de

consolidation de la balance des paiements du cours du Dinar sur le marché

95

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interbancaire des changes, mais aussi pour promouvoir les investissements des

non résidents dans un climat de stabilité des taux de changes.

Par ailleurs, la réglementation édictée par la Banque d’Algérie semble

cerner cette convertibilité et la limiter pour quelques opérations

d’Import/Export. Pour les autres opérations de services la Banque d’Algérie

indique qu’il faut se référer aux textes spécifiques qui concernent l’opération, et

s’il n’y a pas de textes la banque indique qu’il faut une autorisation préalable

pour l’octroi des devises.

Conclusion

96

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A partir de ce chapitre, nous avons essayé de relater les faits de l’évolution

de la politique de change en Algérie. Celle-ci a parcouru deux étapes distinctes,

selon les orientations de la politique économique en général, du socialisme et la

planification au libéralisme et l’économie de marché.

Ainsi plusieurs mesures restrictives ont été prises durant la première phase

pour orienter l’économie vers une industrialisation qui pourra se substituer à

l’importation ; ces mesures s’accordaient donc aux buts du régime planifié dans

la recherche de l’autarcie.

Avant de détailler comment la politique de change a été appliquée dans la

seconde étape, nous avons essayé d’abord de décrire l’économie albanaise pour

pouvoir comparer les deux pays, qui se sont trouvés vers la fin des années 80, et

pour les mêmes raisons face à deux crises :

- La chute drastique du prix du pétrole a entraîné l’Algérie vers un

endettement extérieur assez lourd.

Cette image correspond exactement à l’Albanie, qui elle aussi s’est trouvée dans

une situation de dettes à cause de la rupture des aides financières venues de la

Russie et de la Chine.

- Les deux pays étaient aussi face à l’échec du régime planifié.

Ils rompent alors avec ce dernier et se lancent dans les réformes économiques

pour la même période.

C’est donc à partir de ces réformes que se schématise la seconde phase de

la politique de change en Algérie qui opte cette fois-ci pour une convertibilité

97

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graduelle. Toutefois nous nous sommes parvenus à déduire que cette

convertibilité du Dinar a souvent été contrecarrée par la réglementation de la

Banque d’Algérie habilité à fixer les règles et les conditions de conversions du

Dinar algérien en monnaie étrangère.

Cependant les textes législatifs de la Banque d’Algérie ne sont pas les

seuls moyens de restrictions ; l’Algérie procède encore par un autre outil qui agit

quantitativement sur l’allocation de change.

Nous essayerons de se pencher sur cet outil dans le chapitre suivant.

C H A P I T R E 2 :

98

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LE TAUX DE CHANGE

Introduction :

Les instruments de restrictions cités précédemment, que l’Algérie avait

exercé ses pressions avec sur le commerce extérieur et le change, s’avèrent

inadéquats pour un pays qui a rompu avec le régime socialiste et, qui s’engage

dans la transition vers l’économie de marché ; donc vers le libéralisme.

Cependant les débuts des années 90 ne furent pas prospères devant des

réserves de change peu prometteuses pour le lancement de l’opération de

libéralisation du commerce extérieur et une convertibilité plus ou moins totale

du Dinar ; ce dernier semblait encore surévalué et ne reflétait pas la valeur réelle

des produits locaux.

La diversification des biens échangeables devint une nécessité absolue

pour renforcer les ressources en monnaies étrangères ; mais cette opération

semble inopérante à, au moins court terme. Et c’est en ce moment là, que la

dévaluation apparaît pour, en "principe", motiver et encourager la production

nationale.

Ce dernier chapitre est scindé en deux sections ; la première est consacrée

pour débattre la question de la dévaluation en Algérie, et dans quelle limite

aurait-elle joué son rôle de stimulateur de la production nationale à dessein de

concurrencer la production internationale ou, que son but resterait autre ?

La deuxième section récapitulera l’évolution des régimes de changes en Algérie

et le passage d’un régime fixe à un régime flottant.

Section 1 : La question de la dévaluation dans les pays en

99

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transition

1.1 : Les causes et les motivations de la dévaluation :

L’ensemble des mouvements des biens et services est d’une part, et des

mouvements des capitaux d’autres part, retracé dans la balance des paiements.

Cette balance représente les offres et les demandes en devises qui se manifestent

sur le marché des changes.

Dans un régime de taux de change fixe, la valeur du taux de change est

fixée par l’Etat. Ce cours peut être différent de celui établit sur le marché des

changes (cours commercial). Et si l’écart est important entre les deux cours, les

autorités monétaires interviennent pour ramener le cours commercial au plus

proche du cours officiel et ainsi, rétablir l’équilibre de la balance des paiements.

Dans ce cas la Banque Centrale vend ou achète la monnaie nationale

contre les devises. Et, s’il y a lieu d’achat de devises, les réserves de changes

vont diminuer, ce qui signifie une cessation de paiement. Pour éviter cet état de

non paiement, la dévaluation apparaît comme un moyen ultime pour rétablir le

déséquilibre extérieur ; en diminuant la valeur du taux de change officiel par

rapport à sa position initiale.

La dévaluation est donc un acte de la politique économique et diffère de la

dépréciation ; phénomène activé par le libre jeu de l’offre et de la demande que

subit une monnaie suite aux conditions du marché des changes et de la balance

des paiements. Une monnaie qui se déprécie ou une monnaie dévaluée est une

monnaie qui perd de sa valeur.

100

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Souvent le déficit budgétaire est considéré comme cause de dévaluation, et

les importations sont supérieures aux exportations. Ceci peut engendrer une

inflation qui peut, à son tour, causer la hausse des prix des biens et des services.

Pour cela et pour égaliser les prix des biens nationaux aux ceux des biens

étrangers, les autorités monétaires dévaluent le cours de la monnaie nationale.

Le pays qui dévalue aura tendance à accroître ses exportations et à réduire ses

importations.

L’effet de la dévaluation sur la balance commerciale joue le rôle d’un

coefficient majorateur du prix des importations et minorateur de celui des

exportations. Cette modification aura un effet à son tour mécanique sur le

volume des exportations qui vont augmenter alors que les importations vont

diminuer.

Mais ces échanges extérieurs ne peuvent être isolés de l’opération de

production intérieure. Souvent les biens sont produits à partir des matières

premières ou d’équipements importés. Et la dévaluation provoque le

renchérissement des importations et l’augmentation mécanique des prix peut

provoquer l’inflation.

Le but de la dévaluation est donc l’amélioration de la compétitivité-prix

des biens et des services. Cependant ce but n’apparaît pas immédiatement, au

contraire ; dans un premier temps les effets seront négatifs. Le déficit de la

balance commerciale va encore se creuser, avant de retrouver son équilibre au

bout d’un temps plus ou moins long, ceci est la théorie de la courbe en "J ",

comme le retrace le graphe suivant :

101

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Courbe en "J"

B

Source : D.Begg et autres, Macroéconomie, (Paris, Dunod, 2002), P : 278.

Le point A marque le déficit initial de la balance commerciale, le passage de A à

B explique la détérioration supplémentaire de la balance commerciale, puisque

le coût des importations exprimé en monnaie nationale s’accroît et les recettes

des exportations toujours exprimées en monnaie nationale diminuent. Quant au

passage de B à C, celui-ci s’explique par la modification des prix qui

encouragent les exportations ; les entreprises voient leurs marges s’accroître et

sont donc encouragés à accroître leurs parts.

D’un autre côté, les importations vont freiner parce que leurs prix exprimés en

monnaie nationale vont augmenté.

En résumé, et théoriquement, les effets bénéfiques d’une dévaluation

n’apparaissent que si elle est accompagnée d’un programme de redressement

visant à réduire la demande interne et à encourager les exportations.

102

C

Temps

A

0

+

-

Sol

de d

u c

omm

erce

ext

érie

ur

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1.2 : L’efficacité de la dévaluation dans l’ajustement structurel :

La question de la dévaluation est considérée comme une des mesures

centrales dans un programme de réforme économique, et est souvent qualifiée de

non négociable par certains experts des institutions financières internationales.

L’étude de son efficacité nous mène à démarrer de l’équation d’équilibre

fondamentale de la comptabilité nationale ou :

Y +M = C+I+X (1)

Où : Y : représente le produit national

M : représente les importations

Y + M : forment les ressources

C : représente la consommation

I : représente les investissements

X : représente les exportations

C + I + X : forment les emplois

Si on désigne par l’absorption : A = C + I

On peut écrire l’équation (1) de la manière suivante : Y + M = A +X

D’où : Y – A = X - M (2)

X – M représente le solde de la balance commerciale ; on peut aussi le désigner

par B, et on obtient de l’équation (2) :

Y – A = B

Ceci signifie que le solde de la balance commerciale est égal au produit national

diminué de la demande nationale ou absorption.

103

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Dans le lancement d’un programme d’ajustement structurel le déficit de la

balance commerciale (M > X), à côté d’une absorption domestique supérieure

par rapport à la production (A >Y) sont toujours présents. Pour résorber ce

déficit on agit soit sur le revenu (ou le produit) en le faisant accroître, soit sur

l’absorption en la faisant diminuer. Cependant, dans un pays entrant dans

l’application du programme d’ajustement structurel, les conditions de faire

augmenter le produit ne sont pas réunies (vu l’état des unités de production

détérioré) ; il est donc plus facile d’agir sur l’absorption pour la faire réduire et,

ceci par le seul moyen de la dévaluation. Cette dernière est susceptible de

provoquer la baisse de l’absorption par différents effets :

1- La dévaluation provoque la hausse des prix des biens de la production

nationale car ceux-ci sont fabriqués à base de matières premières et de

matériels importés ; la dévaluation entraîne l’augmentation des prix de

ces produits et donc la hausse des biens finis, ce qui entraînerait une

baisse de la consommation.

2- La dévaluation provoque aussi le recul de la demande extérieure et en

conséquence la baisse des revenus des produits à exporter.

3- La dévaluation provoque la diminution des salaires réels, ce qui implique

la modification de la répartition des revenus. Par conséquent ceci

entraîne la diminution de la consommation.

4- La dévaluation provoque aussi la hausse des prix des importations, donc

affecte les prix intérieurs des biens échangeables, ce qui entraînera encore

une fois la réduction de l’absorption.

104

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Ces effets montrent que la dévaluation agit sur : l’offre, l’absorption, les

recettes et les dépenses extérieures ; autrement dit sur les deux membres de

l’égalité :

Y – A = X – M

La dévaluation semble donc réparatrice du moment qu’elle arrive à

résorber les déséquilibres de la balance commerciale.

Cependant, l’efficacité de la dévaluation reste inopérante si elle n’est pas

accompagnée d’une flexibilité, du côté de l’offre nationale d’exportation et,

même de celui, de la demande étrangère d’importation.

Cette hypothèse fait appel au théorème des élasticités-prix définis par le

rapport de la variation relative des quantités importées ou exportées (volume) et

la variation relative des prix des importations ou exportations

La dévaluation est censée diminuer le prix en devises des exportations et

donc augmenter le volume de ces dernières. Elle vise aussi à gonfler le prix des

importations en monnaie nationale, et réduire leurs volumes. Ces élasticités sont

en principe négatives, mais la résultante de leurs variations en valeur absolue est

une condition nécessaire pour qu’une dévaluation puisse améliorer la balance

commerciale.

Le succès d’une dévaluation dépend donc du niveau des élasticités de la

demande étrangère d’exportation et de la demande d’importation nationale.

105

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1.3 : La dévaluation en tant que mesure protectionniste en

Algérie

Dés les années 70, le FMI note avec fermeté la surévaluation du Dinar

algérien et recommande aux Autorités Algériennes la dévaluation. Ces dernières

ont rejeté celle-ci car la jugeant inopérante soit à l’exportation soit à

l’importation, en argumentant ceci par :

1. Théoriquement, le but de la dévaluation est de stimuler la production des

biens exportables. Comme les exportations algériennes sont dominées par

le pétrole, dont le prix est fixé par le marché mondial et échappe à toute

modification ; il n’y a donc pas lieu de procéder à une dévaluation car ne

pouvant accomplir son rôle quant il s’agit de la compétitivité-prix.

2. Etant donné que les importations dépendent en grande partie du plan

alimentaire, la dévaluation ne peut que causer une hausse des prix des

biens de consommations au détriment du pouvoir d’achat de la

population.

Le secteur des hydrocarbures étant au cœur de l’économie algérienne, leurs

prix élevés ont eu pour effet un boom économique assez important qui a pris fin

au milieu des années 80 et, quand les prix du pétrole ont chuté en 1986,

entraînant une baisse de la rente pétrolière de 50% ; mettant l’Algérie face à des

déséquilibres tant budgétaires qu’extérieurs importants.

Les déficits du compte courant nourris par des prêts du F.M.I ont fait

accumulé la dette extérieure et le ratio du service de la dette est passé de 35%

des exportations en 1985 à 78% en 1988.

106

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Cette crise a fait apparaître les distorsions de l’économie algérienne basée

sur la seule ressource pétrolière libellée en Dollar américain. La baisse du cours

de ce dernier avait en ce temps là, provoqué la détérioration de la balance des

paiements ; les réserves de changes étaient de plus en plus faibles et ne

pouvaient plus préserver la parité de change du Dinar algérien. L’Etat était

contrarié de recourir à l’endettement extérieur pour financer le déficit de la

balance des paiements.

La baisse des recettes des hydrocarbures a donné lieu à une réaffirmation

des lois sur le monopole de l’Etat et le contrôle des changes, entraînant un

effondrement de la croissance pendant toute une décennie. Le taux de change en

terme réel sur le marché parallèle a augmenté d’environ cinq fois

comparativement au taux de change nominal.

Cette conjoncture avait remis en question la politique du taux de change ;

celui-ci ne jouait pas son rôle dans l’ajustement des déséquilibres de la balance

des paiements. On reconnaît que la parité du Dinar algérien n’était pas réaliste

et ne reflétait plus la valeur réelle de la production nationale ; les produits étaient

donc surévalués. On estime par ailleurs qu’en 1986, le taux de change du Dinar

algérien s’est déprécié de 8% en terme effectif réel du fait, principalement, de la

dépréciation du Dollar américain par rapport aux autres monnaies1.

Même si le taux de change algérien avait légèrement baissé, il demeurait

toujours surévalué. On prôna alors à l’Etat Algérien de procéder d’abord par une

dévaluation graduée, en laissant glisser la valeur officielle du Dinar algérien. Les

données suivantes montrent le glissement du cours officiel moyen du Dinar pour

la période allant de 1970 à 1990.

1- Fonds Monétaire International, Algérie- Rapport des services du FMI, Janvier 1988, p :14.

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1970 : 4.940

1971 : 4.940

1972 : 4.480

1973 : 3.960

1974 : 4.180

1975 : 3.950

1976 : 4.160

1977 : 4.150

1978 : 3.970

1979 : 3.850

1980 : 3.840

1981 : 4.320

1982 : 4.590

1983 : 4.790

1984 : 4.980

1985 : 5.030

1986 : 4.700

1987 : 4.870

1988 : 6.730

1989 : 8.030

1990 : 12.02

(Source : Rapport de la Banque Centrale, (Algérie, Mars, 1991)

Les données ci-dessus montrent la quasi stabilité du cours du Dinar par

rapport au Dollar américain entre 1974 et 1980, par contre on enregistre une

légère appréciation entre 1981 et 1985 due à la hausse à cette période du Dollar

américain Le Dinar avait repris son glissement avec un rythme plus accéléré

entre 1986 et 1990, en perdant 20% de sa valeur en 1989 et plus de 50% en

1990.

En fait ce glissement n’est qu’une "dévaluation douce1" de la monnaie

nationale pour la faire passer inaperçue aux yeux de l’opinion publique. Elle a

été accélérée à partir de 1989, date de transition vers une économie décentralisée

dans le contexte des réformes structurelles.

La mise en ouvre de ce programme de réformes repose essentiellement sur

la dévaluation du taux de change de la monnaie nationale et la libéralisation du

commerce extérieur ; obligatoire pour tout pays qui se lance dans l’application

du programme de réformes structurelles. Et c’est ainsi que le Dinar algérien fut

dévalué pour la première fois le 03 Septembre 1991 de l’ordre de 25% par

rapport au Dollar américain pour être stabilisé à 22.5 Dinar pour 1 Dollar après

1 Abdelkarim Naas, Le Système Bancaire Algérien, de la décolonisation à l’économie de marché, (Paris, INAS, 2003), p :216.

108

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avoir subit le glissement suivant durant le premier trimestre de l’année en

question :

Janvier 1991 : 15.8889

Février 1991 : 16.5946

Mars 1991 : 17.7653

Ce taux -de 22.5 Dinars pour 1 Dollar- resta stable jusqu’à la fin de 1993.

La première dévaluation entre dans le cadre du programme de stabilisation

économique à court terme, lancée déjà dés 1989 par le FMI. Quant à la

deuxième, elle s’adapte aux exigences des réformes structurelles qui visent

l’accélération du processus de la transition vers l’économie de marché,

l’amélioration de l’allocation des ressources par le biais du réalignement des

prix relatifs et la libéralisation progressive du commerce extérieur1.

Dans ce contexte le Dinar fut dévalué d’environ 50% par rapport au Dollar

pour réajuster sa valeur surévaluée en procédant par deux étapes :

- La première, en Avril 1994 où 1 USD = 36 DZD

- La deuxième, en Septembre 1994 où 1 USD = 41 DZD

Cette dévaluation ne s’arrête pas là. Elle continue durant les années qui

suivent parallèlement à une hausse du prix du pétrole même si légère soit-elle.

Le tableau ci-dessous montre l’évolution réversible entre le prix du pétrole et le

taux de change pour la deuxième moitié des années 90.

11- The World Bank, Stratégie macroéconomique à moyen terme pour l’Algérie, Mai , 2003, p : 9.

109

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Tableau n°(8) : Taux de change et prix du pétrole $/baril.

1994 1995 1996 1997 1998 1999Prix du pétrole 16.29 17.57 21.65 19.46 12.85 17.91Taux de change 36.32 47.68 54.74 57.71 58.76 66.64Source : Ministère des Finances.

On remarque dans ce tableau que la dévaluation a été importante pour les

années 1996 à 1999, durant lesquelles le prix du pétrole a tant de même connu

une légère hausse par rapport aux années précédentes.

D’un autre côté, le tableau suivant montre la quasi stabilité des réserves de

changes pour les mêmes années, alors que la dette extérieure n’a cessé

d’évoluer.

Tableau n°(9) :Réserves de changes et dettes extérieures en milliards de Dollars.

1994 1995 1996 1997 1998 1999Réserves de changes 2.62 2.11 4.23 8.05 6.84 4.41Dettes extérieures 29.4 31.5 33.6 31.2 30.4 28.3Source : Ministère des Finances.

Ce n’est qu’à partir de l’an 2000 que les indicateurs extérieurs ont

commencé à s’améliorer devant un taux de change plus ou moins stable ; le

tableau ci-après montre cette amélioration pour les cinq dernières années.

Tableau n°(10) :Taux de change et indicateurs extérieurs en milliards de Dollars.

2000 2001 2002 2003 2004Taux de change 75.285 77.264 79.685 77.391 72.060Réserves de change 11.91 17.96 23.1 32.94 42.11Dettes extérieures 25.261 22.571 22.642 23.353 21.8Sources : Ministères des Finances.

Toutefois la question de la dévaluation du Dinar algérien renvoie à se poser

la question sur son efficacité, du moment qu’elle devait aboutir à relancer

l’économie non pétrolière par le biais d’une amélioration de la compétitivité-

110

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prix. Or le tableau suivant montre la domination des exportations des

hydrocarbures à 95.7% en moyenne sur une période allant de 1995 à 2004.

Tableau n°(11):L’évolution des exportations.Période 1995-2004 en millions usd.

Groupes d’utilisation 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Alimentation 110 136 37 27 24 32 28 35 48 59

Energie et lubrifiant 9731 12494 13378 9855 12084 21419 18484 18091 23939 31302

Produits bruts 41 44 40 45 41 44 37 51 50 90

Semi produits 274 496 387 254 281 465 504 551 509 571

Biens d’équipements

agricoles5 3 1 7 25 11 22 20 1 0

Biens d’équipements

industriels18 46 23 9 47 47 45 50 30 47

Biens de

consommations61 156 23 16 20 13 12 27 35 14

Total 10420 13375 13889 10213 12522 22031 19132 18825 24612 32083

% des produits

énergétiques193% 93% 96% 96% 96% 97% 96% 96% 97% 97%

Source : Centre National de l’Informatique et des Statistiques.1- calcul personnel.

Section 2 : L’évolution des régimes de change en Algérie

2.1: Le régime du taux de change fixe

En quête de son autonomie monétaire l’Algérie qui appartenait à la zone

Franc, institue le Dinar algérien par la loi n° 64-111 du 10 Avril 1964 instituant

111

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l’unité monétaire internationale. Il est côté alors à raison de 1 Dinar pour 1Franc

français, et la valeur du Dinar est définie par 100 milligrammes d’or fin (article

2 de la même loi).

Le taux de change du Dinar était stable, et cette stabilité était nécessaire

pour un pays qui avait opté pour une stratégie de développement rapide de

l’industrie lourde. Munis d’un contrôle des changes rigide, le taux de change ne

formait pas un obstacle devant cette stratégie, d’autant plus qu’aucune autre

exportation hors hydrocarbure n’était encouragée, ni même promue.

L’Algérie qui avait choisi la non convertibilité suivait au départ un régime

de taux de change fixe. Mais son rattachement au Franc français a fait déprécier

le Dinar en 1969 ; à cause des perturbations monétaires de cette époque là qui

s’ensuivirent en raison de l’effondrement du système de BRETTON-WOODS,

et la généralisation des flottements des monnaies en 1976.

Cette instabilité des taux de change à l’international a poussé les Autorités

algériennes à trouver un autre régime plus compatible avec son économie

planifiée. Elles décident de le rattacher à un panier composé de plusieurs

monnaies. Et depuis Janvier 1974, le cours du Dinar est fixé par rapport à la

pondération de 14 monnaies étrangères selon l’importance de la devise en

question, dans ces échanges commerciaux avec le reste du monde.

La pondération des monnaies tenait compte des revenus des exportations et

des règlements du service de la dette effectués en Dollar, celui-ci jouissait alors

de la plus grande part dans la pondération des monnaies.

Ces monnaies, sont : le Dollar Américain :USD, le schilling

Australien :ATS, le Franc Français :FRF, le Franc Belge :BEF, la Couronne

Danoise :DKK, la Couronne Norvégienne :NOK, la Couronne Suédoise :SEK,

le Deutsche Mark :DEM, la Lire Italienne :ITL, le Florin des Pays-Bas :NLG,la

112

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Livre Sterling :GBP , la Peseta Espagnole :SPP, le Franc Suisse : CHF et le

Dollar Canadien :CAD.

Ce favoritisme envers le Dollar américain met l’économie nationale en

expansion grâce au boom pétrolier des années 1973 et 1974 qui a apporté une

solvabilité supplémentaire à l’Algérie et aux pays exportateurs de pétrole en

général. Le dinar s’est apprécié et a entraîné une hausse des importations.

Cette conjoncture correspond au concept du" DUTCH DISEASE " qui est

typique des pays exportateurs et producteurs des matières premières.

L’expression -dutch disease- ou syndrome hollandais est apparue au cours

des années 70, et fait référence aux difficultés rencontrées par l’économie

hollandaise à la suite de la découverte, dans les années 60, de gisements de gaz

naturel. Cette découverte a provoqué un recul de l’industrie manufacturière et

donc une baisse des exportations hors gaz parallèlement à une hausse des

importations.

Le syndrome hollandais désigne la modification de la structure d’un pays

sujet à un boom d’un secteur d’exportation, en l’occurrence celui des

hydrocarbures. Mais sans se limiter uniquement au secteur de l’énergie, il peut

aussi s’agir d’un boom de cacao, de café ou de produits miniers…

Le boom du secteur exportateur pétrolier algérien du début des années 70

a effectivement entraîné une appréciation du taux de change grâce à l’excédent

de la balance courante enregistré. Ce boom a provoqué aussi la hausse des

importations qui sont devenues plus compétitives que les biens produits

localement, il explique aussi les tendances négatives sur les autres secteurs

agricoles et manufacturiers.

113

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Globalement, la théorie du dutch disease, stipule la proposition suivante :

un boom d’exportation entraîne une appréciation du taux de change provoquant

à son tour :

- un recul des exportations des produits hors hydrocarbures

- une hausse des importations

- un recul aussi des secteurs productifs et agricoles

- une hausse de la production du secteur des services

En Algérie les deux booms pétroliers de 1973 et 1978 ont impliqué une

dé-industrialisation. Cependant le retour aux conditions normales a obligé le

pays à devoir s’ajuster à partir des années 80 quand le rattachement du Dinar

algérien dépendait en majorité du Dollar ; ce qui a soulevé la question de la

compétitivité-prix.

L’augmentation de la valeur du Dollar au début des années 80 avait

provoqué l’augmentation des prix des exportations hors hydrocarbures ; la

valeur réelle du Dinar algérien ne reflétait pas la valeur réelle des biens finis.

Le Dinar commençait graduellement à perdre de sa valeur en s’éloignant de la

réalité économique.

C’est alors que le Dinar algérien fut, dans une tentative de réajustement

des prix déprécié d’environ 100% pour chiffrer une valeur de 22 Dinars pour 1

Dollar américain en 1991. Ainsi l’écart entre le marché officiel et le marché

parallèle s’est encore creusé au début de l’année 1994 entraînant deux

dévaluations successives importantes durant cette année. Les autorités

algériennes manipulèrent avec plus de flexibilité la gestion du taux de change, à

partir des séances de fixing journalières détenues au niveau de la Banque

114

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d’Algérie, et réunissant les représentants des banques commerciales. Le taux de

change, était déterminé au moyen des adjudications ; cette procédure permettait

aux banques commerciales de se familiariser avec les opérations du marché des

changes prévu pour l’année 1995. Et ceci traduisait le passage d’un régime de

taux de change fixe à un taux de change flottant.

2.2:Le régime du flottement dirigé

Après avoir mis fin, en Décembre 1995, à la détermination du taux de

change par les séances de fixing, et par conséquent le régime fixe, la Banque

d’Algérie, instaure par le biais du règlement n°95-08 du 23 Décembre 19951, le

marché interbancaire des changes où le taux de change du Dinar est déterminé

par le libre jeu de l’offre et de la demande.

Cependant, cette nouvelle procédure de la détermination du taux de change

n’a pas empêché la Banque d’Algérie de jouir d’un rôle important sur ce

marché.

1-République Algérienne, Règlement n°95-08 du 23 Décembre 1995 relatif au marché des changes,

Journal Officiel.

Son intervention entre dans le cadre de la gestion des réserves de changes

aux moyens des recettes des hydrocarbures et des produits miniers, ainsi que

dans le cadre du contrôle des changes, par l’intermédiaire du règlement n°95-07

du 23 Décembre 19951.

Le régime de change est passé d’un régime fixe à un régime flottant, mais

un flottement dirigé. Dans ce cas la banque fixe un taux de change primordial,

115

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et peut le faire varier en prenant en considération plusieurs indicateurs : l’état du

marché parallèle, l’évolution de la balance des paiements, l’évolution des

réserves de changes…

Le marché interbancaire des changes regroupe la Banque d’Algérie en tant

que membre offreur de devises, les banques commerciales, les établissements

financiers et les intermédiaires agrées en tant que demandeurs de devises.

Sur ce marché sont traitées toutes les opérations de changes (vente et

achat) entre la monnaie nationale et les monnaies étrangères librement

convertibles, constituant ainsi le lieu de détermination des cours de change par

la confrontation de l’offre et de la demande (article 8 de l’instruction n° 79-95

du 27 Décembre 1995)2.

Ce marché comprend deux compartiments :

-le marché interbancaire de change au comptant (spot market)

-le marché interbancaire de change à terme (forward market)

Ce même marché joue un rôle important dans la conclusion des opérations du

commerce extérieur.

1-République Algérienne, Règlement n° 95-07 du 23 Décembre 1995 relatif au contrôle des changes,

Journal Officiel.

2-Réoublique Algérienne, Instruction n°79-95 du 27 Décembre 1995 portant organisation et

fonctionnement du marché interbancaire de change, Journal Officiel.

Comme tout autre marché au comptant ou à terme, le report ou le déport

constitue le différentiel de taux d’intérêt sur les monnaies échangées (article 23

de la même instruction).

La Banque d’Algérie a apporté, par l’intermédiaire du règlement n ° 95-07

du 23 Décembre 1995 certains assouplissements, notamment en permettant aux

banques commerciales, ainsi qu’à d’autres intermédiaires locaux ou étrangers,

116

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de disposer d’avoirs en devises pour la couverture des besoins de leur clientèle.

Cette approche avait pour objectif l’intégration graduelle de ces institutions dans

le marché des changes.

Conclusion

Ce dernier chapitre a permis d’analyser la question de la dévaluation qui

devait théoriquement réparer l’économie productive d’un pays déficitaire. En

Algérie la dévaluation aurait relancé l’économie non pétrolière par une

amélioration de la compétitivité-prix.

117

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Par contre, l’application de la dévaluation par les autorités algériennes sous

la pression du F.M.I ne semble pas accomplir ce but réparateur, au contraire,

son rôle se superpose à celui des autres mesures restrictives, tel que le

contingentement ou le système de quotas ou de licences.

En fait, toutes ces mesures n’ont été utilisées que pour compresser

l’allocation de changes ; elles s’avérèrent donc toutes agissantes sur la quantité

de devises à allouer.

C O N C L U S I O N G E N E R A L E

Si nous nous sommes préoccupés au départ de ce que peut être la politique

de change en Algérie ; libérale ou restrictive, nous nous sommes retrouvés en fin

de compte devant d’autres préoccupations, entre autre la dévaluation du Dinar

algérien.

118

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Considérée pendant longtemps comme un sujet tabou, la dévaluation a

attiré notre attention, du fait qu’elle soit toujours accomplie dans le même

scénario : le déficit de la balance des paiements, le lourd endettement extérieur,

mais aussi la structure planifiée du pays qui dévalue.

Beaucoup de pays de l’ex-bloc socialiste, à côté du Mali, du Niger, de

l’Egypte, de Madagascar… ont dévalué leur monnaie avant de s’orienter vers

l’économie de marché.

Pour pouvoir établir le lien entre la politique de change en Algérie, et la

dévaluation de sa monnaie nationale, partons d’abord d’un résumé sommaire de

cette recherche, en faisant rappeler les différentes étapes de l’évolution des

régimes de change en général. Ces derniers ont retenu l’attention de nombreux

chercheurs et économistes.

La fixité des taux de change et la réglementation des flux des capitaux qui

formaient le pilier de la conférence de BRETTON-WOODS en 1944, ne sont

plus qu’un souvenir : soupçonnés d’être à l’origine des crises monétaires, les

régimes fixes reculent alors que les régimes flottants se généralisent de plus en

plus. Vers la fin de l’année 2001, plus de la moitié des pays appliquait encore un

taux fixe, le nombre de ces régimes en 2004 a notablement baissé depuis.

A la flottaison tout comme la fixité, considérées comme des mécanismes

de la balance des paiements, permettent de conserver en équilibre les comptes

extérieurs d’un pays. Le contrôle des changes est tout autant considéré comme

une technique d’équilibre qu’un Etat impose pour agir sur l’offre et la demande

des monnaies étrangères.

119

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A l’aube de son indépendance, l’Algérie avait utilisé ce moyen pour freiner

au départ la fuite des capitaux. Elle a continué à l’exercer durant une vingtaine

d’années environ (1970-1990), dans le but de rationaliser l’allocation des

devises dépendantes de deux sources : l’endettement extérieur et la rente

pétrolière. Plus tard sont apparues les conséquences de cette dépendance.

En effet cette politique de change s’est, jusqu’au début des années 90,

manifestée négativement sur les secteurs productifs en particulier. Souvent la

production algérienne a été qualifiée de mauvaise qualité ; ne pouvant être en

concurrence à l’échelle internationale, donc inexportable.

Quant à l’agriculture, celle-là ne suffisait même pas à la consommation

locale. L’Algérie reste un des plus gros importateurs des produits alimentaires.

Parallèlement, la politique du taux de change a basculé d’un taux de

change fixe par rapport au Franc français à un panier de monnaies choisi en

fonction des principaux partenaires commerciaux.

Les restrictions d’accès au marché des changes ont donné naissance à un

marché informel dont le cours était bien loin du cours officiel ; l’écart entre les

deux marchés reflétait donc l’irréalisme du taux de change officiel du Dinar

algérien.

Le premier contre-choc pétrolier en 1986 d’une part et le gonflement de la

dette extérieure d’autre part ont conduit l’Algérie vers une crise économique et

sociale. L’Algérie céda aux suggestions du F.M.I. en ce qui concerne la

surévaluation du taux de change officiel, laissant le dinar se déprécier à partir de

1987.

120

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La solution semblait unique ; la rupture avec le système planifié devenait

inévitable. Mais en contre partie, le passage à l’économie de marché impose un

changement radical ; c’est alors que, vers la fin des années 80, des réformes à

caractères économiques et juridiques ont donné un nouveau souffle à l’économie

algérienne : l’autonomie des entreprises (1988), la loi sur les prix (1989), la loi

sur la monnaie et le crédit (1990).

La comparaison du cas algérien au cas albanais, nous révèle que la

libéralisation du commerce extérieur, l’autonomisation des entreprises publiques

et la réhabilitation des entreprises privées semblent être les conditions

nécessaires pour accéder à l’économie de marché ; du moment qu’elles se

répètent de la même façon et pour beaucoup de pays socialistes.

Quant à la dévaluation, elle semble souvent être exigée comme condition

préalable à la négociation d’un prêt et à l’application des programmes

d’ajustement structurels.

En fin de compte cette comparaison, nous a permis d’étudier les

hypothèses de départ.

Nous avons remarqué en ce qui concerne la première hypothèse, que

l’Albanie avait, elle aussi enregistré des déficits budgétaires importants et un

endettement dus à l’interruption de l’aide financière provenant de la Russie puis

de la Chine, jusqu’en 1978. Ceci nous fait rappeler l’Algérie dépendante aussi

de l’extérieur.

Les mêmes démarches ont été effectuées aussi bien par l’Algérie que par

l’Albanie pour la transition vers l’économie de marché : la rupture avec le

monopole de l’Etat sur le commerce extérieur, l’autonomisation des entreprises

publiques, la réhabilitation du secteur privé, la promotion des prix, l’élimination

des subventions et la quasi-neutralité des tarifs sont des moyens qui ont été

utilisés pour la réforme de l’économie.

121

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Quant à la troisième hypothèse, nous avons noté que la dévaluation n’a pas

aboutit à relancer l’économie non pétrolière -du moins à court terme- mais

semble plutôt agir sur les ressources en devises en les canalisant vers le service

de la dette extérieure.

L’attention portée à la quatrième hypothèse sur la détermination du taux de

change ; effectivement, celui-ci ne peut pas être considérée comme la résultante

d’un mécanisme de marché. Le taux de change doit être administré même si un

marché des changes existe. L’intérêt de cela est d’enrayer le marché parallèle

des devises.

Enfin et en réponse à notre problématique nous retenons que la politique

de change en Algérie a parcouru plusieurs étapes. Le contrôle des changes a été

instauré au lendemain de son indépendance comme dans la majorité des pays

socialistes en quête d’un développement économique autarcique.

Le régime de l’allocation de change administrée était donc le premier pas

de cette politique ; considérée comme une mesure protectionniste de la

production nationale. Ce régime a connu plusieurs modes de gestion ; partant

des licences d’importations aux autorisations générales d’importations, aux

programmes généraux d’importation et aux budgets devises.

L’allègement de cette politique revient à l’échec de la gestion planifiée et

l’effondrement du socialisme en général qui ont poussé l’Algérie à redémarrer

pour la reconstruction de son économie tout en changeant de "cap" ; l’économie

de marché devient inévitable devant les tendances d’une mondialisation de

l’économie internationale.

122

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Toutefois, l’Algérie a continué d’appliquer discrètement le contrôle des

changes en instituant des lois et en imposant des conditions remettant la question

de la dévaluation en cause.

Le résultat général qui ressort donc de cette recherche est que la politique

de change en Algérie reste toujours restrictive même si on parle d’un allégement

des lois. En fait, la réglementation édictée dans ce domaine n’est qu’une autre

forme de restriction, qui s’ajoute à la dévaluation ; mesure qu’on utilise pour

compresser l’allocation de change quantitativement.

La dévaluation agit donc non pas comme réparateur des distorsions de

l’économie mais, plutôt, comme une mesure restrictive quantitative. Son rôle

dans la gestion et l’allocation des devises ne diffère pas des autres mesures

restrictives.

Il revient à dire que la Banque d’Algérie pratique le contrôle des changes

en utilisant deux moyens pour agir tantôt sur la gestion, l’acquisition, la

détention des ressources en devises et tantôt sur le taux de change lui-même par

une dévaluation.

Enfin et en perspective, pouvons-nous nous permettre de nous demander si

l’Algérie, sur le seuil de l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce et à

l’Union Européenne, pourra-t-elle continuer à se "doter" de cette politique de

change restrictive ?

B I B L I O G R A P H I E

I . Les Ouvrages:

1- Aftalion F, Marchés des changes et produits dérivés, (Paris, PUF, 1995)

2- Aroyo P , d’Arvisenet P et Schwood T, Le marché des changes (Paris,

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II. Mémoire de Magistère

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49- Banque d’Algérie, contrôle des changes et réformes du système de

convertibilité en Algérie, Mars, 1991.

50- The World Bank, Albania: Policies for the development of a market

economy, 1992 (Tome I et Tome II).

51- The World Bank, Algeria: The transition to a market economy, May, 1994.

52- The World Bank, Severin Kodderilzsh, Reforms in Albania agriculture

assessing a sector in transition, March, 1999.

53- Banque d’Algérie, note sur le contrôle des changes et la convertibilité du

Dinar, Mars 2001.

54- The World Bank, Rapport: Stratégie macro-économique à moyen terme pour

l’Algérie, Mai, 2003.

126

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ر - 55 أسعا إدارة و سياسة القتصادية السياسات معهد العربي، النقد صندوق

و بحوث سلسلة خرون، آ و الصادق توفيق علي تحرير العربية، البلدان في الصرف

من الثالث العدد العمل حلقات ظبي 25إلى 21مناقشات أبو .1997سبتمبر

و- 56 الستقرار تحقيق الجزائر آخرون، و كريم النشاشبي الدولي، النقد صندوق

واشنطن السوق، اقتصاد إلى 1998التحول

IV-Revues et Périodiques

57- "La dévaluation" , Revue Finance et Développement, volume2, n°2,

Septembre 1983.

58- "Harry Dexter White et le FMI", Revue Finance et Développement, volume

35, n°2, Septembre 1998.

59- "Une bipolarisation persistante" , Revue Finance et Développement, volume

41, n° 1 , Mars 2004.

60- "La finance mondiale hier et aujourd’hui," Revue Finance et

Développement, volume 1, n° 41, Mars 2004.

61- "Nouveau régime des changes et des mouvements des capitaux ",Média

Bank, n°14, oct/nov 1994.

62- "Le fixing" , Média Bank, n° 14, oct/nov 1994.

63- "Evolution de la dette extérieur de l’Algérie : 1994-2004 ", Média Bank,

n°76,Fev/Mars 2005.

64- "La politique de change a connu des avancées prudentes", El Watan

économie, n°7, du 11 au 17 Avril 2005.

65- Le Monde, n°18604, du 18 Novembre, 2004.

66- "Le syndrome hollandais", revue : la lettre des économistes, n°8, Mars,

2005.

V- Lois et Règlements.

67- Loi n°78-02 du 11 Février 1978.

68- Loi n°90-10 du 14 Avril 1990.

69- Loi n° 64-111 du 10 Avril 1964.

127

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70- Règlement n°90-03 du 8 Septembre 1990.

71- Règlement n°91-01 du 20 Février 1991.

72- Règlements n°91-12 et 91-13 du 14 Août 1991.

73- Règlements n°95-07 et 95-08 du 23 Décembre 1995.

74- Règlement n °2000-03 et 2000-04 du 02 Avril 2000.

75- Instructions n°46-95 et 47-95 du 14 Juin 1995

76- Instruction n° 02-98 du 21 Mai 1998.

77- Instruction n°03-2001 du 9 Mai 2001

78- Instruction n°03-2002 du 23 Septembre 2002.

79- Instruction n° 01-2003 du 6 Janvier 2003.

80- décret n° 88-167 du 6 Septembre 1988.

VI – Sites sur Internet

81- www.banquemondiale.org.

82- www.bank-of-algeria/dz.

Annexe 1 : L’Arbitrage bilatéral.

Soit la cotation suivante : 1 USD = 1.29955 EUR en Europe

1 USD = 1.29960 EUR à New York

Un cambiste qui dispose en Europe de 10 000 000 d’Euros aura à les vendre à

New York où le prix est plus cher. Pour savoir combien valent-ils en Dollar en

128}

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Europe, ces 10 000 000 Euros, on peut les convertir par une règle de trois, en

appliquant la cotation donnée de la manière suivante :

1 usd = 1.29955 eur on déduit que :

X usd = 10 000 000 eur Xusd . 1.29955 eur = 1 usd . 10 000 000 eur

Xusd = 7 694 971 .3 usd

Donc les 10 000 000 d’Euros valent 7 694 971.3 Dollars en Europe.

Ce cambiste aura à les vendre à New York où la cotation du Dollar par rapport à

l’Euro est plus élevée qu’en Europe.

Le prix de vente des 7 694 971.3 usd à New York est :

1 usd = 1.29960 eur on déduit que :

7 964 971.3 usd = X eur Xeur. 1usd = 1.29960eur.7 694 971.3 usd

Xeur = 10 000 384 eur

C'est-à-dire que les 10 000 000 d’Euros dont disposait le cambiste en Europe,

valent 10 000 384 Euros à New York, d’où le cambiste tire un profit égal à :

10 000 384 – 10 000 000 = 384 Euros.

Annexe 2 : L’Arbitrage triangulaire :

Soit la cotation suivante :

1 usd = 1.29955 eur

1 usd = 1.85755 GBP

1 GBP = 0.69970 eur

129

}1.29960 eur.7 694 971.3 usdXeur

1 usd

Xusd1.29955 eur

1 usd . 10 000 000 eur

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Si un cambiste est chargé de vendre 1 000 000 d’Euros au profit de son client du

Royaume-Uni, deux possibilités s’offrent à lui :

- La première est un marché direct entre la Livre Sterling et l’Euro :

en appliquant la règle de trois, les 1 000 000 d’Euros valent 1 429 184 GBP du

moment que :

1 usd = 0.69970 eur on déduit que :

XGBP = 1 000 000 eur XGBP . 1 000 000 eur = 1 GBP . 1000 000 eur

X = 1 429 184 GBP

- La deuxième possibilité est un marché intermédiaire, on fait appel au Dollar

américain ; on convertit les 1 000 000 d’Euros en Dollar et on obtient :

1 usd = 1.29955 eur on déduit que :

Xusd = 1 000 000 eur Xusd.1.29955 eur= 1 usd . 1 000 000 eur

Xusd = 769 497.13 usd

On convertit la somme obtenue (769 497.13usd) en Livre Sterling, et on

obtient :

1 usd = 1.85755 GBP On déduit de ces deux équations que :

769 497.13 usd = X GBP X GBP .1 usd = 769 497.13 usd . 1.85755 GBP

X GBP = 1 429 379.3 GBP

130

1 GBP . 1 000 000 eurXGBP0.69970 eur

}

}

}769 497.13 usd . 1.85755 GBP

1 usdX GBP

Xusd1 usd . 1 000 000 eur

1.29955 eur

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Si on compare cette somme (1 429 379.3GBP) à la somme obtenue de la

première possibilité (1 429 184 GBP), on s’aperçoit que le cambiste peut dégager

un gain égal à :

1 429 379.3 GBP – 1 429 184 GBP = 195.3 GBP par rapport à la première

possibilité.

I N D E X D E S T A B L E A U X

N° Titres Page1 Parité du Dollar américain par rapport au Mark allemand 152 Les réserves d’Or des Etats-Unis 233 Dévaluation et réévaluation des monnaies en pourcentage 254 Cours croisés des principales monnaies 36

131

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5 Recettes des exportations des hydrocarbures en Algérie 666 Réserves officielles et dettes extérieures de l’Albanie 787 Balance commerciale de l’Albanie 838 Taux de change et prix du pétrole 1109 Réserves de change et dettes extérieures de l’Algérie 11010 Taux de change et indicateurs extérieurs en Algérie 11011 L’évolution des exportations en Algérie 111

I N D E X D E S G R A P H E S

N° T I T R E S PAGE1 Marges des fluctuations 262 Courbe en "J" 102

I N D E X D E S A N N E X E S

N° T I T R E S PAGE1 L’arbitrage bilatéral 1292 L’arbitrage triangulaire 130

132