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La population indienne en 2011 : anciennes et nouvelles différenciations spatiales François Durand-Dastès Géographie-Cités, UMR 8504 Résumé.— Les résultats publiés six mois après le recensement de 2011 permettent de faire le point sur la masse de la population indienne, le ralentissement de sa croissance, la diversité de l’urbanisation et les problèmes posés par le faible taux de féminité. On s’attache à faire la part des constantes et des inerties d’une part, et des phénomènes nouveaux de l’autre. Les différenciations spatiales sont décrites et cartographiées à l’échelle fine des 600 districts. Les recherches d’explications mènent à des réflexions sur les processus de diffusion et sur les rapports des faits du présent avec des caractères profondément enracinés dans le temps. Croissance démographique • Géographie du genre • Inde • Processus de diffusion • Urbanisation • Recensement Abstract.— Based on information available six months after the census, this paper comments upon the mass of India’s population, its slowing growth, the diversity of urbanization, and problems concerning the low feminity rates. We have focused on separately acknowledging the role of stable phenomenon and inertia on the one hand, and of new phenomena on the other. Spatial differentiations are described and mapped on a large scale, based on the use of district data, (14 maps) and the search for explanations leads to considerations about the diffusion process and relations between present situations and characteristics deeply rooted in time. India • Demographic growth • Urbanization • Diffusion process • Gender geography • Census Resumen.— Los resultados publicados seis meses después del censo 2011 permiten puntualizar sobre la masa de la poblacion, la disminución de su crecimiento, la diversidad de la urbanización y los problemas ligados a la taza débil de feminidad. El autor pone énfasis de un lado en los elementos constantes y las inercias, del otro en los nuevos fenómenos. Las diferenciaciones espaciales son descritas y cartografiadas en la escala fina de los 600 distritos. Las búsquedas de explicaciones conducen a reflexiones sobre los procesos de difusión y las relaciones de los hechos del presente con caracteres profundamente arraigados en el tiempo. Crecimiento demográfico • Geografía del género • India • Procesos de difusión • Urbanización • Censo D u fait de l’ampleur de sa masse démographique, tout ce qui se passe en Inde est lourd de conséquences sur nombre de grands problèmes planétaires, comme l’alimentation ou les émissions de gaz à effet de serre. Il y a dans la position mondiale de l’Inde comme une démesure, qu’il est coutumier d’apprécier en rappelant par exemple que l’Inde représente 17,5 % de la population mondiale. Mais cette position se décline sous des formes multiples et présente des aspects qui sont M@ppemonde 108 (2012.4) http://mappemonde.mgm.fr/num36/articles/art12401.html 1 M@ppemonde

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La population indienne en 2011 : anciennes etnouvelles différenciations spatiales

François Durand-Dastès

Géographie-Cités, UMR 8504

Résumé.— Les résultats publiés six mois après le recensement de 2011 permettent de faire le pointsur la masse de la population indienne, le ralentissement de sa croissance, la diversité del’urbanisation et les problèmes posés par le faible taux de féminité. On s’attache à faire la part desconstantes et des inerties d’une part, et des phénomènes nouveaux de l’autre. Les différenciationsspatiales sont décrites et cartographiées à l’échelle fine des 600 districts. Les recherches d’explicationsmènent à des réflexions sur les processus de diffusion et sur les rapports des faits du présent avec descaractères profondément enracinés dans le temps.Croissance démographique • Géographie du genre • Inde • Processus de diffusion •Urbanisation • Recensement

Abstract.— Based on information available six months after the census, this paper comments uponthe mass of India’s population, its slowing growth, the diversity of urbanization, and problemsconcerning the low feminity rates. We have focused on separately acknowledging the role of stablephenomenon and inertia on the one hand, and of new phenomena on the other. Spatial differentiationsare described and mapped on a large scale, based on the use of district data, (14 maps) and the searchfor explanations leads to considerations about the diffusion process and relations between presentsituations and characteristics deeply rooted in time.India • Demographic growth • Urbanization • Diffusion process • Gender geography • Census

Resumen.— Los resultados publicados seis meses después del censo 2011 permiten puntualizarsobre la masa de la poblacion, la disminución de su crecimiento, la diversidad de la urbanización y losproblemas ligados a la taza débil de feminidad. El autor pone énfasis de un lado en los elementosconstantes y las inercias, del otro en los nuevos fenómenos. Las diferenciaciones espaciales sondescritas y cartografiadas en la escala fina de los 600 distritos. Las búsquedas de explicacionesconducen a reflexiones sobre los procesos de difusión y las relaciones de los hechos del presente concaracteres profundamente arraigados en el tiempo.Crecimiento demográfico • Geografía del género • India • Procesos de difusión • Urbanización •Censo

Dufait de l’ampleur de sa masse démographique, tout ce qui se passe en Indeest lourd de conséquences sur nombre de grands problèmes planétaires,comme l’alimentation ou les émissions de gaz à effet de serre. Il y a dans la

position mondiale de l’Inde comme une démesure, qu’il est coutumier d’apprécier enrappelant par exemple que l’Inde représente 17,5 % de la population mondiale. Maiscette position se décline sous des formes multiples et présente des aspects qui sont

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moins couramment évoqués. Ainsi bien que l’Inde (annexe) soit justement considéréecomme peu urbanisée (taux d’urbanisation de 31 %), l’effectif de sa populationurbaine est nettement supérieur à la population totale des États-Unis ; ou encore, lepremier État de la fédération, l’Uttar Pradesh, avec 200 millions d’habitants, viendrait,s’il était un État souverain, au cinquième rang des pays du monde, juste devant leBrésil (et, incidemment, pendant quelques années récentes, son gouvernement a étédirigé par une femme de basse caste).La publication des premiers résultats du recensement de 2011 offre l’occasion de

faire le point sur l’état de la population indienne, ses caractères, sa dynamique, etaussi de reprendre quelques considérations sur les indications que les résultats durecensement soulignent ou révèlent quant aux structures spatiales du pays (Durand-Dastès, 1995 ; Guilmoto, 2006 ; Landy, 2010 ; Saglio Yazimirsky, 2001).Le choix des documents présentés ici dépend de la documentation disponible et

de l’intérêt particulier de certaines questions. Nous avons tenu à prendre en compteles résultats qui concernent des échelles spatiales fines, celle des districts, qui sontprès de 600. Les données par États et par territoires sont plus rapidement fourniesaprès chaque recensement et plus faciles d’accès, mais elles souffrent de la trèsgrande inégalité de taille des entités et de la très grande dimension de certainesd’entre elles. Au moment de la rédaction de cet article, les renseignementsdisponibles à l’échelle des districts concernaient les masses de population, les tauxde croissance, la composition par genres et l’alphabétisation.Ces données permettent de répondre à des questions fort actuelles en ce qui

concerne la démographie de l’Inde. Celle d’abord du ralentissement de la croissancedémographique, un phénomène relativement nouveau. L’étude de la variationspatiale de la croissance dans le temps peut présenter un double intérêt : d’une part,aider à comprendre le phénomène global lui-même, et d’autre part, mettre enévidence des structures de l’espace indien.Par ailleurs, l’Inde, comme plusieurs autres pays de l’Asie du Sud et de l’Est, est

caractérisée par un taux de féminité des populations très faible par rapport auxtendances mondiales. La variation dans l’espace de ces taux est révélatrice desconditions de vie des femmes, et s’enrichit de la confrontation avec d’autresindicateurs, comme les taux d’alphabétisation selon le genre. Ce travail d’associationdes variables cartographiées complète le tableau de structures significatives quisuggère des hypothèses explicatives, notamment par des mises en relation avecd’autres caractères connus de l’espace indien.Dans la mesure du possible, on a introduit une dimension diachronique en

comparant les données de 2011 avec celles des deux, voire des trois recensementsprécédents. Une introduction qui, assez banalement, révèle le jeu combiné deschangements et des permanences, des conjonctures et des enracinements. Ellepermet aussi de s’interroger sur les processus à l’œuvre dans l’évolution de ladifférenciation spatiale, notamment les processus de diffusion.

1. Le poids de l’IndeLa concentration de 37 % de la population mondiale en Chine et en Inde(respectivement 19,5 % et 17,5 %) peut être considérée comme un des traits majeursde la géographie du monde. C’est un phénomène qui a des racines anciennes, unvieux fond de peuplement fort, sur lequel s’est greffée une croissance notable depuis

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un siècle. On ne reviendra pas longuement sur l’enracinement dans le temps long. Ilpeut être mis en rapport avec les interactions entre le peuplement et des systèmesagricoles dotés d’une productivité par unité de surface relativement forte par rapportaux autres systèmes « traditionnels», que l’on dit parfois issus de la révolutionnéolithique, et caractérisés en même temps par de très grands besoins en force detravail humain (pour une formalisation de cette interaction, Durand-Dastès, 1995).La grande croissance de la population indienne a commencé assez tardivement,

dans les premières décennies du XXe siècle, pour s’accélérer après la deuxièmeguerre mondiale et rester à des niveaux élevés. C’est seulement après 1981 qu’unfléchissement s’est manifesté, qui semble en train de s’accentuer (tableau 1).La figure 1, qui donne une image plus détaillée pour le dernier demi-siècle, montre

bien comment, autour des années 1980, l’Inde a commencé sa phase de sortiede l’explosion démographique, telle qu’elle est décrite dans le modèle de la transitiondémographique. Un classement fondé sur les mêmes données que celles utiliséespour la figure 1 portant sur 190 pays nous a permis de préciser la position relativede l’Inde dans le monde. Dans une partition en huit groupes, l’Inde se situe avecdes pays d’Asie du Sud, du Moyen-Orient et du Maghreb, ainsi qu’avec les Étatsandins et le Mexique.

La conséquence immédiate de la masse considérable de la population est la valeurélevée de la densité, sur l’ensemble du pays, à l’exception de la bordurehimalayenne. En contraste marqué avec les autres pays du monde de taille et demasse comparables, et particulièrement avec ceux de l’ensemble «BRIC» (Brésil,Russie, Inde, Chine), l’Inde fait figure d’espace plein, sans vastes espacessusceptibles de mise en valeur avec de nouvelles options techniques. La figure 2montre certes des inégalités, mais il convient de souligner que, toujours en dehors dehautes montagnes, les valeurs des régions relativement faibles apparaîtraient commerelativement fortes sur des cartes de pays comparables par leurs milieux physiquesou leurs économies, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine.

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1. Taux de croissance de la population indienne (1901 - 2011)Période intercensale Croissance décennale %

1901/1911 5,7

1911/1921 -0,31

1921/1931 11,0

1931/1941 14,2

1941/1951 13,3

1951/1961 21,7

1961/1971 24,8

1971/1981 24,7

1981/1991 23,9

1991/2001 21,5

2001/2011 17,7

Ceci dit, la figure 2 montre une structure de la répartition de la population qui esttrès stable sur le temps long, une stabilité elle-même liée pour une très large part àl’efficacité des systèmes agricoles. Ce n’est pas le lieu de commenter longuementcette organisation bien connue. La carte montre l’existence de deux espaces quipeuvent être considérés comme «périphériques», en donnant au terme unesignification générale, en suivant par exemple Alain Reynaud (1981). Une périphérieexterne, celle de la bordure montagneuse, incluse dans l’Union indienne au nord-ouest (Jammu et Kashmir) et au nord-est. Une périphérie « interne», suivant un axequi va du Rajasthan à l’Odisha, qui associe dans une continuité géographique desrégions qui se sont mal prêtées aux peuplements agricoles massifs et continus,plaines sèches au nord-ouest, collines et moyennes montagnes très arrosées maisaux sols médiocres au sud-est. On voit apparaître dans cette périphérie internequelques espaces plus « forts» : des taches d’urbanisation et d’industrialisation, etdes couloirs qui la traversent, le principal étant celui qui suit la frontière entre leRajasthan et le Madhya Pradesh. Des auteurs comme Frédéric Landy (2007) ontsouligné récemment l’importance des «couloirs» dans l’organisation de l’espace enInde. Les fortes densités se trouvent en plages discontinues le long des côtes de lapéninsule, surtout avec les deltas de la côte Est, et bien sûr tout le long de la plainedu Gange. L’intérieur de la péninsule est en position intermédiaire. On reviendra plusloin sur la position des grandes agglomérations urbaines et le semis de villes plusisolées, notamment de l’intérieur.La densité démographique est certes un bon descripteur de la répartition de la

population sur un territoire, mais elle ne permet pas de mettre en évidence le degréde concentration de cette distribution, une donnée qui a son importance. Pour latraiter, on dispose d’outils comme des courbes de concentration, des indices divers etdes cartographies telles que celle qui a été utilisée pour la figure 3. La concentration

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Taux en ‰

Date de fin des quinquennats1955

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1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Natalité

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MortalitéCroissance totale

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1. La fin de l’explosion démographique (1955-2011)

de la population indienne reste assez stable : les courbes de concentration construitesà partir des données population/superficie pour 2001 et 2011 se superposent à peuprès complètement, si bien qu’on ne les a pas reproduites ici, l’intérêt de courbes etdes indices résidant surtout dans la possibilité qu’ils offrent d’effectuer descomparaisons. Les concentrations majeures (première carte, 20 % de la populationsur 9 % de la superficie) mettent en évidence le rôle des villes et des deltas de l’est,tandis que la deuxième ajoute les régions de forte tradition agricole, et que latroisième met en valeur et situe les périphéries dont il a été question ci-dessus. Avec20 % seulement de la population, elles s’étendent sur 36 % de la superficie...Malgré l’augmentation de la population, donc de la densité, ces premiers

documents renvoient encore et surtout à une organisation de l’espace indien bienenracinée dans les temps longs de la nature et de l’histoire. Mais parmi les apportsdu recensement récent, c’est plutôt le changement qui attire l’attention en matière decroissance, d’urbanisation, d’évolution socio-culturelle.

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

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Densité d’habitantspar km2 en 2011

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365

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Absenced’information

Moyenne: 382

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2. Densité de la population en 2011

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Districts réunissant 20% de la populationsur 9,5% de la superficie

Districts réunissant 50% de la populationsur 33% de la superficie

Districts réunissant 80% de la populationsur 64% de la superficie

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011

3. Concentration de la population de l’Inde en 2011

2. Le ralentissement de la croissanceUne baisse du taux global de croissance démographique s’est manifestée à partir dela période intercensitaire 1981-1991 (tableau 1), après des décennies d’augmentationou de stabilité à des valeurs élevées. Il y a donc eu un renversement de tendancesignificatif en cette fin du XXe siècle. La politique — prudente — d’encouragement aucontrôle de la fécondité, adoptée très précocement mais longtemps d’une efficacitémodérée, a commencé à mieux faire sentir ses effets dans le contexte detransformations économiques et sociales, accélérées depuis les années 1990.La transformation a eu lieu selon un processus différencié dans l’espace indien ;

une différenciation dont l’étude peut fournir des renseignements sur le processus lui-même, et sur les structures géographiques de l’Inde, et pas seulement dans ledomaine de la démographie. On a donc élaboré la figure 3 qui est composée de troiscartes représentant les taux de croissance aux trois dernières périodesintercensitaire, puisque l’aspect diachronique est ici essentiel. Ces cartes utilisent ledécoupage des districts de 2001 pour faciliter les comparaisons (1).Sur les trois cartes, on repère bien des différenciations ponctuelles, qui reflètent les

fortes croissances des districts contenant les villes majeures, un aspect fondamentalsur lequel il faudra revenir. Mais l’aspect le plus frappant est la différenciation entredes aires souvent étendues et dotées d’une cohérence spatiale marquée.Entre 1981 et 1991 (fig. 4), les taux les plus faibles sont observés dans le sud de

l’Inde et dans les régions le long de la baie du Bengale, un ensemble étendu assezcontinu, auquel viennent se joindre quelques districts en groupes plus restreints, dansle Gujarat et l’extrême nord-ouest, entre la région de Delhi et la frontière pakistanaise.Les taux restent plus forts dans un grand ouest, qui englobe incidemment une grandepartie de la «périphérie intérieure», et dans les montagnes du nord.Pendant la décennie suivante (fig. 5), l’évolution conduit à une répartition très orga-

nisée des taux de croissance, avec une opposition nette de part et d’autre d’une ligneallant de la région de Mumbaï (Bombay) jusqu’au nord du Bengale occidental, ettoujours les valeurs les plus fortes le long de la frontière pakistanaise, au Rajasthan.Après 2001 (fig. 6), l’organisation assez simple de la décennie précédente se défait

pour une large part, les contrastes majeurs opposent des aires étendues avec destaux au-dessous de 20 % à des districts et des groupes de districts urbains et àquelques aires cohérentes, moins étendues comme l’ouest du Rajasthan et l’est de laplaine du Gange ; et l’on voit apparaître, ponctuellement, des évolutions négatives.La succession des trois cartes suggère l’existence d’un processus de diffusion, à

partir d’un état initial où l’innovation que représente la baisse de la croissance estd’abord concentrée dans le sud, pour ensuite se diffuser vers le nord-est puis vers lenord, accentuant ainsi des contrastes entre les zones atteintes et non atteintes par leprocessus. Ensuite, dans la dernière des trois étapes envisagées, il apparaît unecertaine tendance à l’homogénéisation. L’hypothèse demande cependant à êtreconfirmée et surtout complétée.L’étude d’un processus de diffusion implique une hypothèse sur le mode de

transmission de l’innovation, mais aussi éventuellement l’identification de lieux depremière apparition de celle-ci, et la mise en évidence du rôle de « récepteurs»potentiels, dont la présence ou l’absence est susceptible d’orienter les courants dediffusion. Le rôle de ces « récepteurs potentiels» vient se combiner à celui dela distance. Les hypothèses faisant état, d’une part, d’un processus de diffusion

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par contagion et, d’autre part, d’une intervention de facteurs de différenciationpréexistant au jeu de la diffusion peuvent parfaitement ne pas s’exclure mutuellementet être complémentaires.Bien que la période observée ici soit relativement courte, les cartes suggèrent

fortement qu’il y a eu jeu d’un processus du type «contagion». On est en droit desupposer qu’il a tenu un grand rôle. Mais il faut aussi rendre compte des raisons quiont expliqué pourquoi et comment le processus a commencé dans le sud, et ensuitequels sont les facteurs autres que la distance qui sont intervenus dans le processusde diffusion. Notamment, ceux qui ont conduit à la dissymétrie entre le nord-est plusouvert au changement que le nord-ouest. Pour l’une et l’autre question, denombreuses hypothèses ont été avancées, qu’il est impossible de discuter en détaildans le cadre de cet article. On peut cependant retenir qu’on a affaire à descombinaisons multi-causales.

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4. Taux de croissance démographique, 1981-1991

Ainsi, en ce qui concerne le caractère précoce de l’innovation au Kerala qui faitfigure de point de départ du processus, on peut faire état d’une série d’interactionsentre baisse de la fécondité, taux d’alphabétisation (notamment des femmes),ouverture aux idées politiques avancées, le tout facilité par une position qui a mis larégion en contact avec l’extérieur, et aussi par l’héritage d’influences anciennes,constructions politiques autochtones efficaces, voire anciennes structuresmatriarcales (Durand-Dastès, 1995).L’adoption plus ou moins rapide de l’innovation, la présence de « récepteurs

potentiels» (en matière de démographie) montre une opposition assez claire entre,en gros, le sud et l’est de l’Inde, et le nord et l’ouest. Les oppositions à petite échelle,entre espaces de grandes dimensions tels que ceux que nous rencontrons ici, sontsouvent moins bien documentées dans la littérature sociologique et anthropologiqueque les études à grande échelle. On peut cependant faire état de ce que dit AmartyaSen (2007) des sociétés aux structures plus rigides dans le nord et l’ouest.

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5. Taux de croissance démographique, 1991-2001

Une synthèse claire est offerte par Christophe Jaffrelot (2005) à propos de différencesmarquées dans les rapports des hautes castes avec les castes moyennes etinférieures entre le nord et le sud du pays. Il en étudie l’effet sur les comportementspolitiques, mais ils peuvent très bien avoir des effets hors de ce champ.On peut évidemment se demander quel est le rôle de la géographie des religions

et des pratiques religieuses dans la différenciation qui nous intéresse ici. Lesindications sur cette influence se situent dans deux domaines.En premier lieu, des indices indirects suggèrent qu’un hindouisme de type plus

« traditionaliste» est davantage implanté dans le nord et l’ouest que dans le sud etl’est. Un fait qui est relevé par Amartya Sen dans le texte déjà cité, et que l’on seraittenté de voir confirmé par les résultats électoraux du parti hindouiste-nationaliste BJP(Bharatiya Janata Party – «parti du peuple de l’Inde»). Il est globalement assez bienimplanté dans le nord-ouest, et, surtout, il a une difficulté certaine à pénétrer dura-blement dans un domaine englobant l’extrême-sud et les régions bordières de la baiedu Bengale, celles où la baisse de la croissance s’est diffusée le plus rapidement.En second lieu, il est avéré par des enquêtes sur les temps longs que les taux de

fécondité et de croissance sont plus forts chez les musulmans que chez les fidèles detoutes les autres religions de l’Inde, notamment que chez les hindous, et ils ont unetendance à être plus nombreux dans le nord et l’ouest (Sachar Commission, 2006).Ces constatations suggèrent une influence possible de la répartition des musulmanssur celle des taux de croissance. Mais la portée de cette suggestion est atténuée pardeux faits : d’abord, les analogies entre les cartes des effectifs de musulmans et lestaux de fécondité ne sont que très générales ; les très nombreuses exceptions limitentla corrélation entre les phénomènes. Ensuite, fécondité et croissance chez lesmusulmans varient dans l’espace comme celles des populations hindoues. Lescorrélations au niveau des États entre les valeurs pour les musulmans et les hindousque l’on peut calculer à partir de la source citée sont nettement significatives. Ce quitend à montrer le rôle majeur d’un ensemble complexe de caractères des sociétéslocales, où le poids de l’islam peut avoir une part, mais seulement une part.Tous ces éléments mettent en cause des structures sociales enracinées dans les

temps longs, ainsi que des évolutions et des contacts anciens. Mais les ensemblesainsi constitués par le jeu des héritages et de la diffusion sont remarquablementhétérogènes du point de vue économique. Il y a par exemple des différencesaffirmées dans le domaine du nord-ouest entre l’ensemble Delhi Punjab - Haryanad’une part, le Rajasthan et l’est de la plaine du Gange d’autre part. Il en va de même,dans l’autre grand domaine distingué, avec les nuances entre les périphériespéninsulaires et l’intérieur. Ce qui ne veut sans doute pas dire que le niveauéconomique soit sans effets sur la démographie, mais son influence peut s’exercer àtravers des médiations complexes qui modifient les rapports spatiaux.

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3. Croissances urbainesLe taux global d’urbanisation reste faible en Inde et progresse plutôt lentement,puisqu’il est passé de 25,7 à 27,8 % de la population de 1991 à 2001 et de 27,8 à31,0 % de 2001 à 2011, une accélération modérée qui laisse l’Inde au-delà du150e rang sur 195 pays pour cet indicateur. La capacité des campagnes indiennes àretenir une part relativement forte de la population est un sujet qui suscite pas mal dedébats depuis quelques années. Ce fait est partiellement masqué par les nombresabsolus puisque, selon une évidence que l’on oublie un peu parfois, les valeurs quirésultent de pourcentages faibles sur des totaux très forts atteignent des niveauxélevés : 377 millions d’urbains en 2011, 91 millions d’habitants de plus dans les villesen 2011 par rapport à 2001.

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6. Taux de croissance démographique, 2001-2011

La «présence urbaine» sur le territoire indien est très inégale ; on a choisi de ladécrire d’abord par une carte au niveau des districts, classés selon la population deleur ville principale en 2001 et 2011 (fig. 7) puis par une représentation du semis desvilles de plus de 200 000 habitants (fig. 8). Les caractères de la métropolisation sontdécrits par les figures 9 et 10. Pour évaluer les dynamismes des villes (fig. 8) et desagglomérations millionnaires (fig. 9), on a préféré à la cartographie des taux decroissance celle d’un indicateur qui permet de situer l’évolution de chaque entité parrapport à une tendance observable pour l’ensemble des deux séries de données, soitles résidus d’une régression linéaire entre les effectifs de 2011 et ceux de 1991 pourles villes et de 2001 pour les agglomérations (encadré). Pour celles-ci, on a adoptéles définitions du Census of India.

Du point de vue de la présence urbaine, on observe une certaine stabilité. On voitbien que les districts qui font l’«acquisition» entre 2001 et 2011 d’une ville de rangsupérieur (fig. 7, cartons 2, 4 et 6) sont, dans la très grande majorité des cas,adjacents à des districts déjà «bien» pourvus. Ceci est particulièrement net pour lesdistricts qui acquièrent une ville dont la population est comprise entre 200 000 à500 000 habitants, puisqu’ils sont tous accolés à des districts où il y avait déjà uneville d’au moins 200 000 habitants en 2001.

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1/ Méthode des résidusElle est utilisée pour l’analyse des phénomènes décritspar les figures 8, 9 et 14. Elle permet de filtrerl’information, et de mettre en valeur des caractères quisont masqués dans les données brutes.Par exemple, pour la figure 8, on utilise les populationsurbaines en 1991 et 2011. Il existe entre les deuxséries de valeurs une relation qui est exprimée par uneéquation linéaire entre les populations de 2011 etcelles de 1991 [population de 2011 = population de1991 x 1,163 + 6114]. Il s’agit là d’une tendancegénérale. Pour chaque ville, il y a un écart entre lavaleur observée et la valeur calculée d’après cettetendance. L’ensemble des écarts est assez faible pourque l’on puisse dire que la relation est significative.Chaque écart est intéressant, il montre la spécificité dechaque ville par rapport à la tendance d’ensemble. Onqualifie souvent ces écarts de « résidus», parce qu’ilsmontrent ce qui « reste à expliquer» quand on a faitintervenir la relation d’ensemble (ou encore, le modèleexplicatif). Souvent, comme c’est le cas ici, la relationd’ensemble est importante mais banale, les résidusapportent une information plus originale, efficace pourla connaissance de la différenciation spatiale, et ilsméritent d’être cartographiés et commentés.2/ Analyse en composantes principalesTechnique statistique qui permet de synthétiserl’information apportée par un tableau de données, etqui a donc une application en cartographie :l’élaboration de cartes synthétiques. Elle est utilisée icipour la figure 15. Elle consiste à substituer auxvariables dites «de départ » de nouvelles variableshiérarchisées, dites «composantes principales» ou

«axes factoriels», qui concentrent une grande part del’information totale apportée par les variables dedépart. Ici, le premier axe factoriel concentre près de50 % de l’information. On peut ensuite situer chaqueindividu — dans le cas présent les districts — surchaque axe factoriel («coordonnées sur l’axe») etcartographier le résultat. Ce qui a été fait pour le seulaxe 1 (première composante principale), et résumedes informations essentielles.Les districts qui ont des coordonnées positives surl’axe 1 (en rouge sur la carte) tendent à avoir desvaleurs relativement fortes pour les variables « taux deféminité de la population totale», « taux de féminité des0-6 ans», « taux d’alphabétisation des femmes». Cesvariables sont dites «sur-représentées». Au contraire,les valeurs tendent à être relativement faibles pour letaux de croissance démographique et le pourcentagedes enfants dans la population.(variables dites sous-représentées). Cet effet est d’autant plus marqué queles coordonnées sont fortes, donc que le rouge estplus intense sur la carte.Il y a inversion complète pour les districts auxcoordonnées négatives, en bleu sur la carte: sur-représentation des variables «croissance démographi-que» et «part des enfants» ; sous-représentation desvariables « taux de féminité» et « alphabétisation desfemmes». Une combinaison très différente de celle quicaractérise les districts apparaissant en rouge.Ainsi, une seule carte fait apparaître des oppositionsessentielles quant à la condition des femmes enInde, telle qu’elle se reflète dans des caractèresdémographiques.

Rappels méthodologiques

Les grands traits que conserve cet ensemble urbain de base offrent quelquesaspects attendus. Les régions «périphériques», au sens défini ci-dessus, sontfaiblement urbanisées dans l’ensemble. Les «périphéries internes» offrent un typed’urbanisation assez particulier, dont la faiblesse globale contraste avec l’existencede quelques grandes villes, celles qui s’alignent le long du corridor Delhi-Gujarat dontil a été fait état, et surtout de cinq villes «millionnaires», capitales d’État ou centresd’industrialisation hors de ce corridor.Dans le reste de l’Inde, les inégalités de la présence urbaine présentent quelques

traits, dont certains restent dans une large mesure des sujets d’interrogations. Il enest ainsi des semis assez denses de l’Inde du Sud et du Gujarat, du contraste entrel’est et l’ouest du centre de la péninsule, et dernier aspect mais pas des moindres, ducaractère assez lâche du réseau de la plaine du Gange.

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Réal

isatio

n:F.

D-Da

stès

Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

Catégories des districtset nombre de districtsdans la catégorie

1

2

3

4

5

6

N=25

N=17

N=13

N=10

N=61

N=7Pas de villes > à200 000 hab. en2001 et 2011

Définition des catégories de districts selon la population dela ville la plus peupléeCatégorie 1: Plus de 1 million en 2001 et en 2011Catégorie 2: Plus de 1 million en 2011, mais pas en 2001Catégorie 3: De 500 000 à 1 million en 2001 et en 2011Catégorie 4: De 500 000 à 1 million en 2011, mais pas en 2001Catégorie 5: 200 à 500 000 en 2011 et en 2001Catégorie 6: 200 à 500 000 en 2011, mais pas en 2001En jaune: Districts où toutes les villes ont moins de 200 000 hab.

PAKISTAN

AFGHANISTAN

CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

BHUTAN

MYANMARBANGLADESH

7. La présence de grandes villes dans les districts (2001 et 2011)

Les dynamismes relatifs que mettent en évidence les résidus de régressionscartographiés sur la figure 8 ont une répartition assez contrastée. En dehors de laplaine du Gange, où les dynamiques différent sensiblement entre villes voisines, ilapparaît des oppositions nettes entre des ensembles spatiaux cohérents. Les villesmillionnaires espacées et isolées (pas de villes entre 200 000 et 1 million d’habitants)de la périphérie interne ont une forte dynamique relative, à l’opposé de ce qui sepasse (hors des métropoles) dans les vastes espaces à urbanisation dense etcohérente du sud et de l’ouest de la péninsule. À quelques exceptions près, commecelle de Coimbatore aux confins du Tamil Nadu et du Kerala, les dynamismes sontinférieurs à la tendance Inde-entière (résidus négatifs).Les principaux points forts de l’Inde urbaine restent évidemment l’ensemble des

grandes agglomérations métropolitaines, dont on a rappelé la structure et essayé dedécrire le dynamisme avec la figure 9 ; la figure 8 permettant des comparaisonssignificatives.

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Fait avec Philcarto©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

Résidus de la régression de la populationde 2011 sur la population de 1991

Positifs

L’équation de la régression est:Pop2011 = 1,16*pop1991 + 6114R2=0,95

Négatifs

Nombre d’habitants en 2011

200 000

12 500 000

Données pour 194 villes deplus de 200 000 hab.Source: recensement de la population, 2011

Bombay(Mumbai)

Ranchi

RaipurBhubaneshwar

Hyderabad

Madras (Chennai)Bengalore

Jaipur Lucknow

Patna

Srinagar

ChandigarhDehra Dun

Gandhinagar Bhopal

Calcutta(Kolkata)

PAKISTAN

AFGHANISTAN

CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

BHUTAN

MYANMAR

BANGLADESH

8. Villes majeures et modalités de croissance de 1991 à 2011

Les situations actuelles et les héritages permettent de distinguer trois composantesdans l’espace des métropoles de l’Inde : des espaces qui demeurent polycentriquesavec quelques très grands centres, dans la plaine du Gujarat et au Kerala, les quatregrandes agglomérations de ce que l’on a pu appeler le «quadrilatère métropolitain»de base, Mumbaï (Bombay), Delhi, Kolkata (Calcutta) et Chennai (Madras). Enfin lesdeux nouvelles venues au palmarès du dynamisme, Bangalore et Hyderabad.À vrai dire, l’aire urbanisée du Kerala pose quelques problèmes, et son aspect sur

la carte tient un peu de l’artefact. En effet, l’ensemble des plaines de la région a unetelle densité humaine qu’il a semblé loisible aux autorités locales et aux recenseursd’intégrer des districts entiers dans les agglomérations urbaines, qui ont été ainsidotées de masses et de taux de croissance qui faussent un peu la perspective.D’autre part, les grandes villes dynamiques du centre du Gujarat, autour du golfe deCambay, peuvent apparaître comme une partie de l’agglomération de Mumbaï. Il estcertain que les rapports sont importants entre les unes et l’autre ; mais les distances

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Fait avec Philcarto©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

Source: recensement de la population, 2011

Agglomérations de plusde 1M d’habitants en 2011(milliers)

1 000

18 000

3 447

Écart de la croissancede chaque agglomérationà la croissance attendueen fonction de la tendancegénérale de l’évolutionentre 1991 et 2001

2 528

655

0

– 598

– 814

– 3 107

L’équation de la régression est:Pop2011 = 1,5*pop1991 + 644

Gandhinagar

Bombay(Mumbai)

Bhopal

Calcutta(Kolkata)

Raipur

Hyderabad

Madras (Chennai)Bengalore

Jaipur Lucknow

Patna

Srinagar

Dehli

PAKISTAN

AFGHANISTAN

CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

BHUTAN

MYANMAR

BANGLADESH

9. L’évolution des agglomérations millionnaires de 1991 à 2011

sont notables, les centres du Gujarat gardent une autonomie certaine – c’est bien uneinteraction qu’il y a et qu’il y a eu entre deux domaines individualisés.Faute de place, on ne reviendra pas ici sur les success stories qui font de

Bangalore et Hyderabad des représentants bien connus de la «shining India» et deses activités modernes — ces deux cas, avec leurs similitudes et leurs différencesoffrent pourtant de beaux sujets de réflexion sur l’explication des localisations. Ce quiest dit dans la Géographie Universelle sur les bases de ces évolutions demeurevalable pour l’essentiel (Durand-Dastès, 1995).Contrastant avec ces évolutions brillantes, les quatre grandes métropoles, tout en

croissant fortement, tendent à se situer un peu en retrait de la tendance pan-indienne,comme le montrent les résidus négatifs par rapport à l’expression mathématique decette tendance (relation linéaire entre les populations de 1991 et de 2011). C’est lecas pour toutes les périodes et tous les types d’espace pour Kolkota et Mumbaï. Maisil y a plus de nuances dans le cas de Delhi et de Chennai. Pour toutes deux, l’aireurbaine apparaît avec des résidus négatifs pour la période 2001-2011, mais quand onpasse à une période plus longue, et surtout quand on passe au cadre del’agglomération, le signe de la relation change. C’est là un effet de l’incorporation,dans l’entité traitée, des villes dynamiques qui entourent la ville-centre. Le phéno-mène est très visible à Delhi, où l’on a incorporé à l’agglomération des villes à fortecroissance situées sur les bordures du district fédéral, bien visibles sur la figure 8.Cet effet n’a pas pu jouer avec la même ampleur à Mumbaï. Bien que des villes

périphériques très peuplées aient été incorporées à l’agglomération, l’extension decelle-ci vers l’intérieur a été limitée par la barrière des Ghâts, et c’est à près de200 km au sud-est qu’a été rejeté le puissant ensemble urbain en forte croissance dePune-Pimpri-Cihnchewad, très intégré à l’économie mumbaïte, mais qui reste hors del’agglomération. Le cas de Kolkota est différent ; ici se manifeste plus nettement unecertaine faiblesse économique. Les villes périphériques ont, comme la cité centrale,des croissances relativement faibles (fig. 8), et leur incorporation à l’agglomération n’apas pu améliorer la position de l’ensemble.L’Inde est une terre de vieille urbanisation. Mais son réseau était profondément

marqué par les implantations littorales des créations coloniales ; une empreinte quis’atténue peu à peu, avec la diversité d’évolutions commencées il y a plusieursdécennies, mais accentuées lors de la dernière.L’accentuation récente d’un autre phénomène aux racines anciennes est aussi très

spectaculaire : la masculinisation de la population.

4. Des femmes – inégalement – manquantesL’expression «Les femmes manquantes» a été popularisée — peut-être inventée —par un Indien, Amartya Sen : «more than 100 millions women are missing» (Sen,1990). Il y a de bonnes raisons pour cela, puisqu’un des caractères fondamentaux dela population indienne est la faiblesse du taux de féminité, 936 femmes pour 1 000hommes, contre 983 pour l’ensemble du monde. Cette valeur mondiale estconsidérablement abaissée par le poids de l’Inde et de la Chine ; si l’on effectue lecalcul sur les populations de l’ensemble des pays moins celles de l’Inde et la Chine,le taux de féminité «mondial » passe de 983 à 1016 ; les taux sont de 1075 pourl’Europe, 1025 pour l’Amérique latine, autour de 1010 pour de grandes parties del’Afrique : les contrastes sont des plus nets.

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Classée au 214e rang sur 226 pays, l’Inde est parmi les pays les plus mal placés,avec la Chine et quelques autres voisins de l’Asie du Sud et l’Est, et des pays duMoyen-Orient, qui doivent, eux, en partie leur classement à une forte immigrationmasculine – ce qui n’est le cas ni de l’Inde ni de la Chine.Il est difficile de ne pas invoquer, comme causes directes de cette situation, une

nette surmortalité féminine, elle-même résultat de carences en matière de soins etd’alimentation, de la dureté des travaux imposés, et aussi de franches maltraitanceset violences.Ces conditions qui affectent toutes les classes d’âge sont encore aggravées dans

le cas des très jeunes enfants — le taux de féminité des 0-6 ans (914 filles pour 1 000garçons) est inférieur à celui de l’ensemble. Il implique, entre autres, ledéveloppement, avec l’échographie, de l’avortement sélectif aux dépens desembryons féminins. Le cas du taux des enfants est particulièrement grave du point devue de l’évolution : si l’indice global remonte légèrement depuis 1967, après unebaisse continue de 1950 à cette date, la baisse est régulière pour les 0-6 ans (de 927à 914 de 2001 à 2011).Les causes générales de cet aspect de la condition féminine, et des violences

qu’elles subissent, posent des questions difficiles. On s’interroge en particulier sur lesfacteurs de la convergence qui crée des situations semblables dans des pays certescomparables par bien des points, mais dont les organisations sociales sont assezdifférentes. Dans le cas de l’Inde, on souligne, à juste titre le rôle majeur du régimedotal, qui pénalise les familles où les filles sont nombreuses. Il est assez spécifiquede l’Asie du Sud, comme l’ont bien montré des travaux de comparaison desprestations matrimoniales à l’échelle mondiale (Testart et al., 2002). Mais pour l’Indemême, il peut y avoir d’autres facteurs, et des explications, différentes d’une partie àl’autre du domaine asiatique, interviennent probablement.Pour essayer d’apporter quelques éléments sur les aspects de ce phénomène et

les explications possibles, il peut être utile d’étudier les disparités internes de l’espaceindien, décrites par les figures 10 et 11.À priori, les disparités peuvent dépendre de deux facteurs : la surmortalité féminine

et les mouvements migratoires. Les migrations internes à longue distance, d’unerégion à une autre, sont essentiellement masculines, ce qui tend à baisser les taux deféminité dans les régions d’immigration, et à les relever dans les régions de départ.Les données sur les migrations internes sont toujours publiées tardivement, et il seraimpossible, pour quelque temps encore, de procéder à des analyses fines pour fairela part de ces effets migratoires, par rapport au rôle de la surmortalité féminine.L’influence des mouvements de population est évidente sur les taux particulièrementbas des grandes villes, tandis qu’ils peuvent contribuer à relever ceux de régionsconnues comme source d’émigration comme le Kérala. Mais la plupart des régions defaible féminité tendent plutôt à présenter des déficits migratoires, et par ailleurs lesmigrations ne peuvent pas être invoquées pour expliquer les différences des tauxpour les 0-6 ans. On a donc le droit de considérer que, pour l’essentiel, lesdifférenciations spatiales des taux de féminité reflètent les inégalités dans lesconditions de vie imposées aux femmes.

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Les cartes de ces taux pour 2001 et 2011 (fig. 10 et 11) montrent une répartitionnettement organisée en ensembles spatiaux cohérents (Oliveau, 2010), et unestabilité certaine — les deux cartes se ressemblent beaucoup. Elles soulignentl’extension limitée des domaines où le taux de féminité est supérieur à 1 000, uneopposition entre le sud, particulièrement les régions côtières de la péninsule, et touteune partie nord et nord-ouest de l’Inde des plaines ; avec une exception dans le suddu Rajasthan. Les zones de féminité forte s’étalent vers l’intérieur dans le nord-est dela péninsule, et se retrouvent en taches dispersées dans les bordures montagneuses.On retrouve à peu près les mêmes traits majeurs dans la répartition des taux pour les0-6 ans (fig. 13). Les taux ont des valeurs particulièrement basses dans les régionsles plus prospères, au nord-ouest de la plaine du Gange, avec l’ouest de l’UttarPradesh, le district fédéral de Delhi, le Haryana et le Punjab, les plaines du Gujarat,un vaste arrière-pays de Mumbai (l’essentiel du Maharashtra). Ce sont là des régionsdynamiques, dont les populations, plus riches, ont plus que d’autres l’accès à des

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

1 148

Nombre de femmespour 1 000 hommesen 2001

1 000

970

940

910

890

591

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MYANMARBANGLADESH

10. Taux de féminité 2001

échographies, souvent destinées à permettre l’élimination des embryons féminins.Ces échographies se paient d’autant plus cher qu’elles se situent dans le cadre d’unesemi-clandestinité, puisque des mesures destinées à limiter les pratiques sélectivesont été prises par le gouvernement.L’espace où les conditions paraissent moins défavorables aux femmes semble

avoir des racines anciennes. Les démographes du Census of India ont calculé, àpartir des données détaillées, les valeurs d’un certain nombre de variables, dans lecadre reconstitué des États actuels, pour tous les recensements depuis 1901 ; letravail a été fait notamment pour les taux de féminité. En calculant pour chaque Étatet pour chaque recensement les écarts à la valeur pour toute l’Inde. En additionnantensuite ces écarts, on met l’accent sur les tendances spécifiques à long terme auniveau des États — ce qui a été fait pour réaliser la figure 13. Les ressemblancesentre les grands traits des répartitions et celles qui sont visibles sur les figures 10 à12 suggèrent qu’elles sont dotées d’une certaine permanence, de racines anciennes.

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

1 176

Nombre de femmespour 1 000 hommesen 2011

1 000

970

940

910

890

100

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AFGHANISTAN

CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

BHUTAN

MYANMARBANGLADESH

11. Taux de féminité 2011

Les informations sur la condition des femmes données par les taux de féminitépeuvent être complétées par celles produites par le taux d’alphabétisation desfemmes, un autre indicateur disponible dans le recensement (fig. 14) ; on a ajouté unecomparaison avec les taux masculins par la méthode des résidus.On retrouve ici quelques traits majeurs des répartitions précédentes avec quelques

nuances. En particulier, les taux élevés et les résidus positifs sont très caractéristiquesdes régions les plus dynamiques du point de vue économique : essentiel du Mahara-shtra, plaines du Gujarat, région Delhi-Haryana-Punjab ainsi que les métropoles horsde ces espaces. L’«avantage» féminin relatif (résidus positifs) dans l’extrême sud-ouest et dans les États du nord-est bordier est fortement souligné par la carte.

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

1 013

Nombre de filles pour1 000 garçons(enfants de moins de6 ans)

1 000

970

940

910

890

773

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AFGHANISTAN

CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

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MYANMARBANGLADESH

12. Taux de féminité. Enfants de moins de 6 ans, 2011

Au total, tous ces documents sur la géographie de la condition féminine renvoientà des processus et à des situations que nous avons déjà rencontrés et qui posent lesmêmes problèmes : des processus de diffusion à partir de foyers méridionaux et desdifférences socio-culturelles profondes.Dans des études très solidement argumentées sur la répartition des taux de

féminité, Christophe Z. Guilmoto (Guilmoto, 2008a et 2008b) décrit le jeu d’unprocessus de diffusion analogue à celui que nous avons rencontré ci-dessus à proposde la croissance démographique. Il identifie un processus de contagion et des airesde départ, faisant état pour celles-ci d’enracinements anciens : « Il semblevraisemblable que la discrimination a pris pied initialement dans les zones historiquesde forte discrimination envers les filles, régions occidentales s’étendant du Gujarat auPendjab où l’infanticide féminin combattu par les autorités coloniales était le plusfréquent. Mais la discrimination a visiblement essaimé de proche en proche autour deces foyers pour conquérir de nouveaux espaces et recouvrir une vaste part du

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Fait avec Philcarto Source: recensement de la population, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

738

Somme des écarts *

355

0

– 77

– 450

– 476

– 2 052Absenced’information

* Somme, pour chaque État, des écarts des taux de féminité dechaque année de recensement à la valeur pour toute l’Inde del’année considérée. (Tous les census de 1901 à 2011)

Calcul effectué dans le cadre des États de 2001 reconstituéspour les années antérieures et pour 2011

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CHINE

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MYANMARBANGLADESH

13. Féminité relative des États indiens sur le long terme, 1901-2011

territoire national. ». Puis il montre le rôle des potentiels d’adoption qui orientent etlimitent la diffusion : «La composition ethnico-religieuse de la population a facilitél’introduction rapide des nouvelles attitudes discriminatoires dans certaines zones,mais elle a créé ailleurs un mur de verre, freinant la progression de ces nouvellespratiques dans près de la moitié du pays. Cette résistance des systèmes sociauxdans les régions du sud ou de l’ouest explique pourquoi la discrimination envers lesfilles ne s’est pas étendue plus largement, comme en Chine.». Bien sûr, il convientd’être très prudent, mais le «mur de verre» que mentionne Christophe Z. Guilmotoressemble assez, par son tracé qui sépare du reste du pays l’extrême sud et lesbordures de la baie du Bengale, à celui qui semble limiter l’implantation solide etdurable du Bharatiya Janata Party, comme on l’a vu ci-dessus.

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Fait avec Philcarto©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

Avantage relatif féminin

Résidus de régresion40

80

L’équation de la régression est:Taux féminin = 1,27 (taux masculin) – 39,8R2 = 0,74

Désavantage relatif féminin

Source: recensement de la population, 2011

Taux d’alphabétisationdes femmes (%)

355

0

– 77

– 450

– 476

– 2 052Absenced’information

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CHINE

NÉPAL

Sri Lanka

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MYANMAR

BANGLADESH

14. L’alphabétisation des femmes

La distribution en vastes domaines peut évidemment être modifiée localement pardes phénomènes jouant sur des ordres de grandeur plus faibles. Il en est ainsi desconcentrations des populations définies comme « tribales». Comme elles sontrecensées à part, on connaît leurs taux de féminité, qui sont variés mais tousrelativement élevés. Ce sont les concentrations de ces populations qui expliquentlargement les bons taux dans des espaces comme le nord-est de la péninsule et lesbordures montagneuses

ConclusionFinalement, les processus de diffusion, les structures de la société, les systèmes dereprésentation se combinent pour construire une structure géographique que l’on aessayé de résumer sur la figure 15 au moyen d’une analyse factorielle encomposantes principales, fondée sur cinq variables significatives entre lesquelles les

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Fait avec PhilcartoSource: recensement de lapopulation, 2011©Mappemonde 2012 (GS)

0 500 km

4 515

Coordonnées sur l’axe 1 d’uneanalyse en compsantesprincipales sur 5 variables

Variables surreprésentées

Négatif PositifTaux de croissance 2011-2011 Taux de féminité dans la population totale

Part des enfants de 0 à 6 ans Taux de féminité des enfants de 0 à 6 ans

Taux d’alphabétisation des femmes

1 331

595

0

– 622

– 1 341

– 6 073Absenced’information

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MYANMARBANGLADESH

15. Les structures démographiques : une opposition fondamentale

corrélations positives ou négatives sont fortes, si bien que la première composanteprincipale concentre une grande part de l’information, et permet de construire uneimage synthétique des informations relatives aux comportements démographiques etau sort fait aux femmes, nettement liés entre eux par des interactions claires. Lesvaleurs positives des coordonnées des districts sur l’axe 1 de l’analyse factorielleopposent une Inde plus féminine et davantage prête au freinage de la croissancedémographique, que l’on serait tenté de dire (avec prudence et réserves) plus«ouverte», à une Inde qui l’est moins, à l’aune de facteurs socio-culturels, dont lanature et le rôle sont complexes et l’objet des débats évoqués plus haut. Ilsproduisent une image spécifique de l’Inde ; elle vient compléter celles, assezdifférentes, qui procèdent des répartitions des densités et des villes et agglo-mérations, plus directement marquées par les temps de la nature et de l’économie.

BibliographieDURAND-DASTÈS, dir. (1995). «Monde indien». In BRUNET R., dir., Géographie

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Note1. Un certain nombre de districts de 1991 et 2001 ont été divisés en 2011. Dans ces cas, on a totaliséles valeurs observées en 2011 pour retrouver le découpage de 2001. Des calculs du même genre ontété faits pour l’ensemble des cartes de cet article.

Adresse de l’auteurFrançois Durand-Dastès, Géographie-Cités, UMR 8504. Courriel : [email protected]

Annexe. Carte de repérage

M@ppemonde 108 (2012.4) http://mappemonde.mgm.fr/num36/articles/art12401.html 25

GujaratGandhinagar

Rajasthan

Punjab

HimachalPradesh

Jammu etKashmir

UttarakhandHaryana

Uttar Pradesh

Bihar

MizoramTripura

Manipur

NagalandMeghalaya

Sikkim

WestBengal

Assam

ArunachalPradesh

Jharkhand

Odisha

Chhattisgarh

MadhyaPradesh

Maharashtra

AndhraPradesh

GoaKarnataka

TamilNadu

Adamanet Nicobar

Laquedives

Golfe du BengalMer d’Arabie

Kerala

Mahé

Réalisation: F. D-Dastès©Mappemonde 2012 (GS)

Bombay(Mumbai)

Bhopal Ranchi

AlzawlAgartala

Shillong

Dispur

RaipurBhubaneshwar

Hyderabad

Madras (Chennai)

Pondichéry

Thiruvananthapuram

Bengalore

Goa

Itanagar

Imphal

KohimaJaipur Lucknow

Patna

DELHIRohtat

Srinagar

ShimlaChandigarh Dehra Dun

0 500 km

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AFGHANISTAN

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MYANMARBANGLADESH

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