La possible grandeur de l'homme contre l'égoïsme et la superficialité ambiante

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« Les événements sont l'écume des choses, mais c'est la mer qui m'intéresse » Paul Valéry. « La grandeur de l’homme, c’est qu’il est un pont et non une fin ». « Deviens ce que tu es » Friedrich Nietzsche. Philosophie actuelle et citations. Schopenhauer, Bergson, Descartes, Spinoza, ...

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La possible grandeur de l'Homme contre lgosme et la superficialit ambiante

Plus nous volons haut, et plus nous paraissons petits ceux qui ne savent pas voler Nietzsche

Les vnements sont l'cume des choses, mais c'est la mer qui m'intresse Paul Valry

Je pense donc je suis Descartes. La philosophie a toujours eu pour ambition damliorer nos vies en nous faisant comprendre ce que nous sommes, damliorer le regard quon porte sur le monde et le sens quon lui donne. Cest en amliorant notre manire de penser, de sentir et dagir que nous pourrons nous interroger sur le cadre plus large de notre vie et sur son sens. Balthasar Thomass.

I) Bonheur, panouissement et accomplissement de soi

L'effort de crer est plus important que le rsultat (Henri Bergson), car mme si celui-ci n'aboutit pas un rsultat, il nous a permis de nous crer pour devenir ce que nous sommes. Le chemin qui mne un but est donc plus important que le fait de l'atteindre, car il a particip la construction de ce que nous sommes, et de ce partir de quoi nous pouvons maintenant crer (voir partie II). On aime mieux la chasse que la prise Pascal. L'homme doit chercher son bonheur dans l'action mme plutt que dans la perspective du rsultat. C'est bien de cette manire qu'il vie malgr qu'il ait conscience de mourir un jour.Ce qui rend un homme heureux, c'est le fait que sa situation soit en adquation avec la vision qu'il a du monde et de son existence, et davoir conscience dagir en consquence. Tenter dtre heureux cest donc tenter dtre en phase avec soi-mme.Est sage celui qui sait faire la part entre ce qui dpend de lui et ce qui ne dpend pas de lui. [] Dsirer plaisir, richesse, puissance et gloire, cest dsirer ce qui ne dpend pas de soi, devenir dpendant des autres et des vnements. En revanche, mes reprsentations dpendent de moi. Ce ne sont pas les biens dont les autres me privent ni les blessures quils minfligent ou les insultes quils profrent mon encontre qui sont des maux rels, mais la reprsentation que jen ai. Bernard Piettre. Ce nest pas la mort que je crains, mais la reprsentation que jen ai. De cette manire ce ne sont pas seulement les choses et les vnements que nous apprcions, mais la reprsentation que nous en avons. La jouissance proprement dite ne rside pas dans la chose dont on jouit, mais dans lide quon sen fait KierkegaardIl nous faut dabord apprendre par lexprience ce que nous voulons et ce que nous pouvons. Cest seulement par la connaissance de son individualit que lHomme montrera du caractre, et cest seulement ainsi quil accomplira quelque chose de juste Schopenhauer. Cela lui vite de se laisser garer par linfluence passagre de lhumeur ou de limpression du moment prsent. Nous connaissons notre volont en gnral et ne nous laissons gure dtourn par notre humeur, ou par des invites extrieures dcider dans le cas particulier de ce qui lui est contraire dans lensemble. Schopenhauer. Saisir la globalit cest faire preuve de lucidit. Il serait insens de toujours veiller jouir autant que possible du prsent qui est seul certain, alors que pourtant la vie entire nest quune part de prsent plus grande Schopenhauer. Parfois ce nest pas le prsent que lon apprcie le plus, mais le souvenir quon en a. Nous prouvons du plaisir ou de la satisfaction partir dune reprsentation dune situation vcue. Cela montre de limportance de nos actes pour notre bonheur futur. Lorsquun mal nous ronge, nous imaginons avec envie une situation o cette souffrance ne serait pas prsente, nous comprenons le bonheur de la simple absence de cette souffrance ou de ce manque. Il peut nous arriver de regretter de ne pas avoir plus apprci les moments du pass ou cette souffrance ntait pas prsente, de ne pas avoir pris conscience de la chance que nous avions, et de la valeur de cette situation que nous avions alors peut-tre considre avec ennui, comme banale. Il sagit donc de prendre conscience et de savoir apprcier toutes les choses qui constituent notre bonheur et dont il dpend, avant quelles ne soient plus. Si le futur est une porte qui mne vers ce qui ne dpend pas que de nous (ncessit externe), le pass (exprience) en est la cl, et un bagage pour lapprhender grce au prsent. Le prsent est une arme en tant que moyen daction sur un avenir constructible et influenable mais non soumis notre seule volont (ncessit interne). Lhomme entier nest que manifestation de sa volont. La volont est soumise dans toutes ses manifestations la ncessit, alors quon peut cependant dire quelle est en soi libre, et mme toute puissante Schopenhauer. Lorsque la volont veut la libert, la libert libre la volont. La libert se cre, donc. Elle est un tat d'esprit Marc Halvy.

Avoir une personnalit, cest savoir ce que lon veut et ce que lon peut en vertu de sa propre individualit, et ainsi nos capacits dessinent lhorizon de ce que lon peut atteindre: notre primtre daction potentiel. Pour tre heureux, il faut parvenir distinguer ce qui dpend de soi et ce qui nen dpend pas. Si nous dpendons du monde, celui-ci ne dpend pas de nous; seules nos actions dpendent de nous. D'o la ncessit de se structurer un horizon dattente adapt la connaissance quon a de nos forces et de nos faiblesses, car La source de nos insatisfactions rside dans nos tentatives sans cesse rptes pour accrotre nos prtentions alors que le reste inchang lautre facteur, qui empche daller dans ce sens Quand nous avons clairement et une fois pour toutes reconnu nos qualits et nos forces aussi bien que nos dfauts et nos faiblesses, alors notre objectif est fix partir de l et nous nous satisfaisons de linatteignable; nous chappons ainsi le plus srement, pour autant que notre individualit le permet, la plus terrible de toutes les douleurs, linsatisfaction par rapport nous-mmes, cette insatisfaction qui est la consquence inluctable de lignorance de lindividualit propre. On ne se comprend pas soi-mme tout moment ; au contraire, on se mconnat souvent jusqu ce quon ait acquis la connaissance personnelle de soi uncertain degrs Schopenhauer.D'aprs Balthazar Thomas, Spinoza part du principe quon ne peut faire abstraction de ses motions, quelles sont au contraire le point de dpart incontournable dune vritable comprhension de soi car la ralit humaine est dabord une ralit affective. Nous ne pouvons chapper notre vie affective, sans quoi nous serions bien plus indiffrents tout que rationnels, raisonnables et sages. Si parfois les motions nous garent et nous dsorientent, ce sont elles aussi qui nous orientent. Peut-tre trouvons-nous nos affects stupides, immatures, excessifs, nous ne pouvons pourtant pas nous en dtourner pour nous consacrer uniquement lintelligence. La vraie comprhension suscite une motion aussi, une motion plus forte englobant les motions quelle comprend. Le chemin de la sagesse commence donc par lintelligence de nos motions. Dune part, lintelligence de nos affects nous permettra de comprendre ce qui nous meut et nous trouble, nous abat et nous emporte. Dautre part, et inluctablement, cette comprhension transformera son objet, lmotion. Cest parce que nous la comprenons que lmotion volue, que lmotion devient elle-mme intelligente. Le but nest donc pas une connaissance abstraite et thorique de notre vie affective, mais de rendre intelligents nos affects, et de rendre affective notre intelligence.Le bonheur est diffrencier des plaisirs. Nous redoublons dnergie pour atteindre nos fins, satisfaire nos dsirs, comme si le monde en dpendait, comme si notre ego tait le centre du monde Schopenhauer. Dsir, vieil arbre qui le plaisir sert dengrais Baudelaire.LHomme qui pense que profiter de la vie signifie vivre une succession de plaisirs est un ternel insatisfait. Le dsir de consommation et de possession mne une qute sans fin de joies imaginaires ou phmres, dont le but est la satisfaction du plus grand nombre de plaisirs possibles. De l dcoule une vie de souffrance allant "de la douleur du dsir insatisfait l'ennui qui suit sa satisfaction" Schopenhauer. Lillusion phmre sachte mais ne comble jamais, les doses augmentent alors au mme rythme que la dpendance. Une fois satisfait, le dsir tend renatre plus puissant, ainsi les plaisirs peuvent devenir de plus en plus malsains, alors que les plaisirs simples quon ne consomme pas mais quon apprcie nous comblent.Divertissement: action de divertir, de dtourner. Certains hommes ont constamment besoin de se divertir et de se distraire pour ne pas se retrouver seuls face eux-mmes et la ralit de leurs existences. Ils tentent en vain de combler leur vide intrieur, un espace inconnu dont les chos renvoient la grandeur de lunivers. tez leur le divertissement, vous les verrez se scher dennui. Ils sentent alors leur nant sans le connatre, car cest bien tre malheureux que dtre dans une tristesse insupportable aussitt quon est rduit se considrer Pascal. Pour tre heureux, il faut avoir conscience de soi-mme travers la connaissance de son individualit et de la construction de sa personnalit. La socit vise nous sparer par la haine, mais aussi nous loigner de nous-mme et de ce que nous devrions devenir(des Hommes intelligents et capables de pense critique) en nous assommant de divertissements inutiles qui font lloge de la btise humaine. On a beau tre toujours le mme, on ne se comprend pas soi-mme tout moment; au contraire, on se mconnat souvent jusqu' ce qu'on ait acquis la connaissance personnelle de soi un certain degr. Schopenhauer. Divertissement utile: morceau d'exprience qui est susceptible de nous enrichir en participant la construction de nos grilles de perception du monde et de perfectionner notre manire de voir le monde et de vivre. Regardez alors avec esprit critique les divertissements tlvisuels qui mettent en avant des personnes superficielles qui n'ont aucune conscience du monde qui les entoure et qui sont les esclaves des normes de la socit (argent, pouvoir), ici pour perptuer le systme lui-mme. Nos penses sont structures par des modles de vie superficiels qui nont rien voir avec la ralit, et qui nous proposent de rentrer dans des cases\cages, afin de mieux contrler la masse globale ignorante et soumise. Un mensonge rpt dix fois reste un mensonge, Un mensonge rpt dix milles fois devient une vrit Hitler. Mais il faut garder lide quun mensonge, mme partag par un peuple entier, reste un mensonge.Entrez dans le circuit de la rsignation, pour que certains puissent asseoir leurs profits au fur et mesure que les tours dfilent et emportent tout sur leur passage. La propagande fabrique pour vous des mythes infonds qui en justifient d'autres, dans le but de normaliser des comportements irrationnels qui simposent comme des normes de vie. Des besoins invents l o il ny en a pas suffisent rendre acceptable lesclavage des uns pour les dsirs des autres. Lexploitation du tout permet de grossir le profit dune minorit au dtriment du reste et de la plante. L'on vous prpare depuis toujours croire que tout cela est invitable, on minimise ses consquences, on dtourne votre regard et vous cache lvidence de ses alternatives afin que toute remise en cause soit perue comme marginale. On a donc vendu une jolie paire de lunettes aux verres opaques un peuple qui avance firement dans un monde o les rcompenses de nos actes importent plus que leurs consquences et o une mauvaise rputation est plus crainte qu'une mauvaise conscience. Lon mesure actuellement lambition dun Homme daprs sa capacit oublier la vritable nature et valeur des choses, en les voyant, parfois aussi merveilleuses soient-elles, pour leur utilit, leur valeur conomique, ou pour leur capacit donner du plaisir et non pour ce quelles sont. Lessentiel est priphris au profit de lavoir, du matriel, de lapparence, du gavage, de laccumulation dinutiles Marc Halvy. Linconscient avance aveuglement dans un contexte endoctrinant qui se laisse apparatre comme sans alternative, une socit base sur la consommation et le progrs contre laquelle il simagine impuissant, qui prne des valeurs et des normes de russites dgradantes, parfois malsaines et insultantes. Alors que certains se laissent imposer un systme d'esclavage mental sans rsistance, il ne suffit plus que de les assommer de divertissements pour en faire en un peuple parfaitement docile et rsign vnrer sa propre btise. Au contraire, un peuple conscient, inform et capable d'esprit critique est le plus grand obstacle son asservissement. Mais une vrit qui drange n'attire personne, alors que les mensonges qui font plaisir sont tellement rconfortants.

Le monde est un zoo, un cirque, un parc d'attraction. Dcompressez, vous travaillez si dur, faites donc un petit tour de mange, vous le mritez. La vie de celui qui se contente dillusions ne sera quillusion. Il sen contente et ne veux rien savoir de plus car il pense tre heureux, mais le vritable bonheur et un bonheur de lucidit qui ncessite une certaine comprhension du monde et de soi-mme. L'homme n'est pas spectateur de lui-mme. Il est au monde et il doit bien s'y conduire, non point en se conformant quelque rgle extrieur en mais en sefforant toujours d'tre conscient pour chapper aux marchands de sommeil Paul Valry. La conscience n'est pas un tmoin mais un juge, elle permet de se comporter, de se conduire pour tre acteur de sa vie, plus que tmoin de la vie. L'inconscient ne se rend pas compte. Quil est vain de croire que la seule raison de notre existence est de jouir de plaisirs illgitimes quand le super-flux des uns est sans limite alors que l'essentiel des autres n'est mme pas satisfait (Le syndrome du Titanic). Linconscient parle de profiter de la vie, mais na aucune ide de ce que cela reprsente. Il na jamais song la vie pour ce quelle est mais la peroit seulement superficiellement tel que le contexte actuel veut de lui quil la peroive. Ce contexte est tel quil est, mais na pas toujours t, pourrait-tre diffrent et peut tre autrement: il volue.Il sagit alors de penser hors contexte, et de questionner la lgitimit des normes, valeurs, rgles et de toutes les choses tablies sur leur vritable nature, en tant conscient de lHistoire des Hommes et en interrogeant leur patrimoine. Il sagit de sintresser lHomme pour ce quil est en dehors de toute culture, mais galement de comprendre les cultures pour avancer, puisquelles sont le tmoignage de toutes les habitudes ou aptitudes qu'il a apprises en tant que membre dune socit, par opposition ce quil a dinn (Lvi-Strauss). La cause de tous les maux nos socits nest autre que lgosme de lHomme: un problme dgo. Tant que certains Hommes simagineront tre le centre de lunivers et se penseront suprieurs aux autres espces au point de les torturer pour leur seul plaisir, la paix nexistera pas. Ce qui fait la supriorit de lHomme, cest sa pense, sa raison, mais ceux-l ne lutilisent pas et se comportent comme des animaux. Certains nont pas conscience de l'intensit du lien qui nous unit la nature, de laquelle dpendent nos besoins et notre existence, et laquelle nous maltraitons pour satisfaire nos dsirs, dans une course insense qui profite souvent aux plus malhonntes. L'homme faonne lenvironnement et celui-ci le faonne galement au cours du temps, de cet change n l'quilibre ncessaire la vie et sur lequel repose la nature, un quilibre en mouvement donc, et non une chute; voici alors le centre du monde autour duquel tout est connect. Vu la force que nous disposons pour pouvoir agir sur cet quilibre, et nos incroyables capacits, il nous serait possible de nous servir de tout ce que nous a appris le pass pour commencer agir raisonnablement, pour le bien de nous-mmes, de tous, de la plante et du futur.

Celui qui croit en la grandeur de lHomme, ne peut qutre plus heureux que celui qui se dit firement tre rsigner ce systme, et qui a donc par la mme occasion une bien basse estime de lui-mme et de la vie. Spanouir cest saffirmer en tant que sujet de soi-mme au destin unique. Le chemin de notre destin propre doit aller dans le sens de lhumanit, qui doit aller dans le sens de la biosphre, sans quoi nous nous dtruisons nous-mme. Lorsque nous comprenons que tout est connect, nous ne sommes plus emprisonns dans le champ troit et isol de notre crne. Toute lhistoire du monde se conoit comme la biographie dun seul homme Nietzsche. La partie ne prend sens que part et dans le tout. Le rel est un. Du Tout-Un mane tout ce qui existe et chaque chose, chaque tre exprime et manifeste ce Tout-Un sa manire, selon son destin. Aussi, fort logiquement, la trajectoire de chaque partie au sein du tout prend sens et valeur que par rapport ce tout quelle exprime. De l, vient lide que chaque tre humain est une partie dun tout appel humanit, elle-mme partie dun tout plus vaste qui sappelle biosphre, elle-mme partie dun tout encore plus immense appel univers. Comment un Homme vrai peut-il se dclarer humaniste ds lors que lhumanit renie copieusement le Tout dont elle est partie intgrante? Marc Halvy. Chacun porte en soi lentiret de tous ses propres devenirs possibles. Tu dois devenir lhomme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire; deviens sans cesse celui que tu es, sois le matre et le sculpteur de toi-mme Nietzsche. LHomme nest quune bauche de lui-mme, un destin inachev. Aller lencontre de son destin cest aller lencontre de soi-mme, cest passer ct de la chance qui nous est offerte de nous dcouvrir et de devenir ce que nous pouvons devenir. D'aprs Balthazar Thomas, si beaucoup de philosophes conoivent la pense comme compltement spare et distincte du corps, la position de Spinoza est beaucoup plus subtile. Nous percevons bien l'me et le corps comme deux choses distinctes: en effet, l'exprience de la pense est radicalement diffrente de celle du corps. Nous percevons nos ides d'une tout autre manire que nous percevons le corps. Le corps est tendu dans l'espace, et se caractrise par ses dimensions, son mouvement, son poids, alors que nos penses n'ont rien de spatial ou de quantitatif. Mais cela n'implique nullement que l'me et le corps-la pense et la matire- ne soient pas une seule et mme substance. L'esprit et le corps ne sont que deux versants d'une seule ralit, deux faces d'une mme mdaille. Simplement nous avons deux voies d'accs cette ralit, deux manires de la toucher et d'en faire l'exprience: par l'esprit, et par le corps. L'esprit ne peuvent donc pas s'opposer, ne peuvent pas tre contraires l'un l'autre [] Tout ce qui se produit dans le corps se produit aussi dans l'esprit, tout ce que vit le corps, l'esprit le pense, et vice versa. Balthazar Thomas. Do limportance de profiter au maximum de son corps: un instrument pilot par lesprit, son latelier de sculpture et dexprimentation, le don de la nature quon se doit dexplorer au maximum pour aller la rencontre de soi, se construire, senrichir, se connatre et se comprendre. Le destin cest donc la ralisation de soi: lHomme qui profite de ses capacits pour accomplir ce qui est accomplissable, au service de ce qui lenglobe. Se rsigner cest la faiblesse, labandon de soi. Veux-tu avoir la vie facile? Reste toujours prs du troupeau, et oublie-toi en lui Nietzsche. Le salut de lhumanit ne sera que le salut de quelques Hommes suprieurs. Le troupeau, lui, croupira dans sa bassesse avant de sy dissoudre. LHomme ne compte pas [] seule son uvre compte. Et cette uvre ne compte que dans la stricte mesure o elle contribue lavnement de ce qui dpasse lHomme. Hors de l, lHomme nest quune vermine qui pille et saccage la surface de la Terre Marc Halvy. L'tre humain est n pour tre aim et les biens matriels, fabriqus pour tre utiliss.Si le monde est l'envers, c'est parce que les biens matriels sont aims et les humains utiliss. Ils sen contentent tant quils peuvent lire ceux qui profiteront deux, tels des coqs en cage, ils prfrent se battre la place plutt que de sallier pour schapper. O, quand et pourquoi l'humanit est-elle entre en dmence jusqu' tout salir, tout dtruire, tout accaparer, tout dvoyer, jusqu' tuer la vie et se suicider d'orgueil ? Marc Halvy. Toute l'histoire du monde se conoit comme la biographie d'un seul homme Nietzsche. L'histoire de l'humanit se dveloppe selon un schma parallle celle de chaque tre humain. Nourrisson jusqu'au nolithique et petit enfant jusqu' l'ge du bronze. Bel enfant sage et cratif durant l'antiquit o l'on joue au soldat et la maman, o l'on dcouvre le monde et o l'on apprend se servir de sa pense. Ensuite, pradolescence mdivale, ptrie de contes de fes et de sorcires, d'anges et de diables, de tourments et de peurs. Avec l'ge moderne, c'est l'adolescence : affirmation de soi (humanisme), recherche de personnalit (cartsianisme), meurtre du pre (athisme du "Dieu est mort") et mpris de la mre (utilitarisme du "salut par l'conomie"), qute d'idaux et d'Idal (les Lumires), rves de puissance (tout savoir, tout exploiter, tout essayer) et ambitions dmesures (tout possder, tout dominer, tout asservir). Bref, l'hybris, la dmesure, l'exubrance, l'arrogance. La crise majeure de notre poque n'est autre que l'invitable sortie de cet ge ingrat. L'adolescence est, parait-il, un mal ncessaire. Soit. Mais il faut alors la quitter dare-dare de peur de s'y laisser enfermer. L'adolescent attard devient vite un adulte rat, un nvropathe vie, un dsquilibr, un psychotique dangereux. La bonne question est donc : comment faire sortir l'humanit de l'adolescence et comment la faire entrer de plain-pied dans l'ge enfin adulte ? Les spcialistes situent l'adolescence entre mancipation (affirmer sa puissance, construire une sduction, affronter les tabous) et dviance (exprimenter les interdits, prendre des risques, tester les limites). L'attrait du suicide est caractristique par peur de se rater. Ce sont bien l toutes les caractristiques de la Modernit humaine. Pour sortir de cette adolescence qui fut mancipatrice mais qui devient suicidaire et dviante si elle perdure, pour entrer dans l'ge adulte, l'humanit doit assumer sa maturit procrative et retrouver les modles paternel et maternel, c'est--dire le sens du Divin et le sens de la Nature : renouer avec la transcendance et avec l'immanence. Spiritualit et cologie, en somme Marc Halvy. Pas de vie heureuse sans croyance. tre heureux, c'est croire en la grandeur de lHomme plutt qu'en sa bassesse, cest croire limportance de sa vie plutt que de se penser rsign appartenir un systme de pense bas sur le mythe de la fatalit. L'gosme n'est pas une fin en soi, il est prsent en tant que tel pour justifier son illgitimit et conforter son hgmonie. Ce qui importe n'est pas qui on finit par tre dans la socit, mais qui on est vraiment, la ligne de volont qui a dirig notre vie, entran nos actions et qui fait de nous ce que nous sommes. Certaines personnes passent leur vie vouloir tre et admirer ce qu'ils aimeraient tre, avant de se rendre compte que le but est de comprendre ce que lon est dj et de devenir ce que nous pouvons devenir, en fonction de ce que l'on veut pour soi et pour sa vie, daprs un modle de russite que l'on se dessine consciemment, bien loin des normes castratrices, dvalorisantes et humiliantes qui influencent et troublent les comportements et les manires de penser, en prsentant la vie comme une course la concurrence orchestre par ceux qui en profitent. Rejoignez-nous, la course est lance, profitez en tant qu'il reste des bolides. Vous avez de la chance, il n'y en aura pas pour tout le monde, alors soyez fier den avoir un. Plusieurs sont proposs, faites votre choix mais dpchez-vous. Pour ne pas tre disqualifi, peu importe ce quil arrive, ne vous arrtez jamais tant que vous tes en course.La russite nous est prsente comme victoire sur les autres depuis notre enfance (entre autre par le systme ducatif actuel), The American Dream ou l'individualisme qui ronge les socits modernesalors que la vritable victoire est sur soi-mme, et faire tous ensemble. La socit est un thtre, si tous les acteurs sont attirs par le premier rle, et ne prennent conscience de la puissance de leurs individualits ncessaires former un tout (unit), la pice qui en rsulte et leurs propres rles seront dpourvus dmotions. Le culte de la superficialit absorbe les esprits faibles, des pantins qui vendent leurs mes pour des ficelles en or, alors que celles-ci nont toujours taient quillusion. LHomme est acteur de sa propre existence. Mme si on doit se soumettre au contexte actuel et quelque rgle extrieure pour nos besoins, limportant est de ne pas y soumettre sa manire de percevoir et de penser la vie et les choses. La vision que l'on a d'une chose dpend de sa perspective, do limportance de parvenir penser consciemment et le plus objectivement possible. Soi cette perspective est le fruit de ce que vous tes, soit elle vous est gentiment prsente en promotion, profitez-en vous navez plus qu en profiter.

Ce qui importe ce nest pas limage que lon renvoie aux autres mais ce que lon fait de la vie qui nous est offerte. La pression que nous avons sur les paules ne doit pas tre celle de devenir quelquun dans la socit, mais une motivation de faire quelque chose de sa vie en vertu de sa propre individualit et en fonction de notre manire de concevoir la vie. Limportant est de connatre la valeur des choses, car cest ncessaire pour les apprcier et apprcier la vie. Tout comme la russite, la fiert nest pas matrielle, elle est consciente.La beaut est partout et en chacun de nous, il suffit davoir le recul ncessaire la voir. La lucidit nous prserve de certaines dsillusions et nous protge de la crainte de la mort en tant lucides sur notre condition. La lucidit ne nous apporte pas directement le bonheur, mais elle en est coup sr une condition ncessaire. Conserver une lgre distance par rapport nos entreprises, nos partis pris, nos rves et nos projets est une condition du bonheur. Un grain dhumour sur ce quon ait et sur soi-mme donne juste ce quil faut de lgret lexistence, pour la rendre susceptible daccueillir le bonheur Bernard Piettre.

II) Conceptualiser la vie

Intro: Lexprience comme grille de perception et de lecture du monde
Nous pensons, agissons et nous exprimons en fonction de deux choses:
- notre condition (physique et mentale)
- notre exprience (=notre vcu, propre chacun)

Notre exprience dessine notre manire de percevoir le monde et les choses. Chacun de nous possde alors sa propre perception et comprhension du monde, puisqu'il crer du sens en fonction de sa propre exprience. Notre exprience structure ainsi nos grilles de perception du monde.

En fonction de nos intrts, gots et qualifications par exemple, nous ne percevons pas le monde et les choses de la mme manire. Si notre exprience reprsente ce que nous sommes, elle dtermine ce que nous aimons, et est reprsentative de nos aptitudes et de notre savoir. Ainsi existent des spcialistes de domaines. Si un mdecin dbutant n'observera pas le dtail observable par un expert sur une radiographie, une personne qui pratique le skateboard s'attardera certainement sur des dtails de la ville autres qu'un couvreur. Il remarquera par exemple la qualit du sol, mme s'il se balade pied, estimera certainement la hauteur des rampes descaliers qu'il croise sur son chemin, et comptera srement toutes les marches qu'il aperoit et s'imagine sauter. De cette manire et en partant des mmes documents, un sociologue, un philosophe, un conomiste et un historien, feront quatre livres diffrents car le regard qu'ils portent sur ces documents et sur le monde est diffrent.
Lorsqu'on peroit le monde, chacun de nous cre du sens en fonction de sa propre exprience; d'o l'intrt du Symbolisme, dans la peinture avec Picasso par exemple, ou encore de l'abstraction dans le spectacle de danse (Cunningham, Trisha Brown), o le spectateur est invit fabriquer du sens partir de sa propre exprience (cration par rception).

- Nous sommes ce que nous faisons


Et de mme que le talent du peintre se forme ou se dforme, en tout cas se modifie, sous l'influence mme des uvres qu'il produit, ainsi chacun de nos tats, en mme temps qu'il sort de nous, modifie notre personne, tant la forme nouvelle que nous venons de nous donner. On a donc raison de dire que ce que nous faisons dpend de ce que nous sommes. Mais il faut ajouter que nous sommes dans une certaine mesure ce que nous faisons, et que nous nous crons continuellement nous-mmes Henri Bergson.

Si il y a d'un ct la rception et de l'autre la cration, la rception est galement cration. Notre rception du monde et des vnements vcus construit notre exprience. Ainsi cette rception en soi nous permet de devenir ce que nous sommes et ce partir de quoi nous pouvons maintenant crer. Nous sommes ce que nous faisons, ainsi, nous nous crons nous mme continuellement dans le temps. Cette cration de soi par soi est d'autant plus complte, d'ailleurs, qu'on raisonne mieux sur ce qu'on fait Henry Bergson. Prendre conscience de cela et de son importance permet de mieux penser encore grce la raison, et d'ainsi mieux agir. Le fait de tenter de situer au mieux son existence dans celle du monde nous permet d'chapper l'aveuglement du quotidien pour agir avec conscience, raison et lucidit. LHomme qui utilise sa raison est un tre capable dagir en fonction de lui-mme, la raison est donc une capacit de rflexivit. On a distingu la raison de lentendement, quon trouve aussi chez les animaux. Lentendement animal nentend que les moyens, les fins lui sont dictes par ses instincts. La raison, cest toute la diffrence, est capable denvisager les fins. Cela suppose un rapport soi qui permet une distance vis--vis de soi-mme et donne une vue densemble sur la relation entre fin et moyen. La raison entre en jeu quand le savoir naccompagne pas seulement la volont, mais lengendre. Il faut pour cela sextraire de soi et se dpasser. Ltre humain dbute donc sa carrire dtre raisonnable au moment o il sort de lui-mme, o il se transcende. Lanimal transcendant, lHomme peut se flatter de regarder le tout distance respectueuse; do limpression quil a dtre semblable Dieu. Il remarque en mme temps quil peut certes sortir de lui-mme, mais pas du rgne animal: il en fait partie. Il est tiraill entre un dieu qui contemple le tout et un animal qui fait partie du tout Rdiger Safranski. La divinit nest pas une personne dune autre nature, mais un tat accessible par tout un chacun en sa propre nature. Lglise a voulu et prch lhumanisation de Dieu, mais elle se refuse bien promouvoir la divinisation de lHomme Marc Halvy. D'aprs Nietzsche, Dieu est impersonnel, Toute glise est la pierre sur le tombeau d'un Homme-Dieu . LHomme est un animal non fix, un semi-produit, un tre pas tout fait termin qui doit dabord se complter Nietzsche. Peut-il le faire de son vivant? Ou le corps qui nous est offert ne sert-il qu faire grandir l'embryon de notre esprit jusqu' ce que celui-l seul suffiseet s'chappe de son corps, tel l'closion d'un papillon? Une thorie en tant que possibilit de ce type en une vie aprs la vie n'est pas un mal car elle ne nous empche pas de profiter de notre vie en nous faisant croire en une aprs mort qui nous comblera au point de soublier, mais nous montre l'importance de saisir au maximum la chance que nous avons. De ce dont on ne peut pas tre sr, il faut comprendre que tout est possibilits, notre raison en value les degrs d'aprs nos connaissances et notre exprience consciente. Il ny a rien de plus parfum, de plus ptillant, de plus enivrant que linfini des possibles . Manquer de possible signifie que tout nous est devenu ncessit et banalit Kierkegaard.

- La vie comme cration, l'Homme comme artiste et notre vie comme uvre dart

Lartistea plus dimagination que le commun des hommes. Donnons raison Nietzsche sur ce point: lartisteconcilie imagination et lucidit, dune faon tonnante. Il existe une forme de sagesse suprieure chez lartiste qui est bien synonyme de lucidit, et qui, loin de napporter quun contentement rsign, apporte du bonheur, le bonheur mme dexister Bernard Piettre.
La base de la vie est cration. Se nourrir du fruit de la terre pour le rendre digr. Respirer c'est inspirer et expirer. Il sagit alors de voir la vie comme un change constant, un mouvement de va et vient, une rencontre entre soi et le monde qui donne lui des constructions matrielles mais galement immatrielles. Lunivers rsonne en chacun de nous, lart est la respiration de lme.

Pourquoi agir? Nietzsche fait de l'action, au-del de la connaissance, le moteur de la libration de l'Homme. Pourquoi agir? Pour transformer le monde. Rien nest, tout devient, advient, tout se transforme et vit , vivre cest crer Marc Halvy. Nous crons en fonction de deux choses:
1/ Notre condition- notre condition universelle en tant qu'essence (ce qui fait que je suis un homme)- notre condition particulire, la base physique et mentale qui caractrise la singularit de notre condition, ADN
2/ Notre exprience (=notre vcu, propre chacun)

LHomme reoit la naissance une condition, avec laquelle il a la possibilit de simprgner et de se nourrir du monde qui l'entoure, pour crer ce qu'il s'en dgage hors des limites de son corps. Il sagit-l de remplir le monde de soi de quelque chose qui nest pas toujours perceptible, mais qui peut tre imagin comme flottant dans lair, intemporel. LHomme peut alors tre pens comme un artiste qui simprgne du monde pour en ressortir de lui quelque chose d'unique, d'aprs un ADN qui lui est propre. Fais ce que toi seul peux faire Nietzsche. Cet Homme-artiste a pour volont de s'inspirer du monde pour s'exprimer: inspirer le monde pour expirer de l'art.