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EHESS La question du pastorat féminin en Suède Author(s): J. E. Havel Source: Archives de sociologie des religions, 4e Année, No. 7 (Jan. - Jun., 1959), pp. 116-130 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30120043 . Accessed: 12/06/2014 15:09 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.69 on Thu, 12 Jun 2014 15:09:43 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La question du pastorat féminin en Suède

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La question du pastorat féminin en SuèdeAuthor(s): J. E. HavelSource: Archives de sociologie des religions, 4e Année, No. 7 (Jan. - Jun., 1959), pp. 116-130Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30120043 .

Accessed: 12/06/2014 15:09

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LA QUESTION DU PASTORAT FI2MININ EN SUIDE

EN demandant pour les femmes une situation et des prerogatives analogues A celles des hommes au sein des diverses hi6rarchies chr~tiennes, le f~mi-

nisme ne fait que rester dans sa logique, mais il touche i des questions particulibre- ment d6licates, risque d'6brarler une tradition de dix-neuf siecles et de faire apparaitre davantage les points oi0 se s6parent les confessions chr~tiennes, selon qu'elles mettent I'accent sur une hidrarchie < Dieu-Christ-homme-femme- creation s ou au contraire insistent sur le dialogue entre Dieu et sa creature humaine.

Dans la seconde conception, en effet, le pasteur n'a pas le caractbre d'interm&- diaire obligatoire : il n'est nile repr6sentant de Dieu sur la Terre, nile ministre de sa grace et de son sacrement; il est un homme semblable aux autres hommes, sauf que son rdle est d'administrer les choses de l'Eglise et de veiller au maintien et au d(veloppement des enseignements du Christ. Il n'existe done pas de foss6 entre le pasteur et la lai'c; il n'y a pas de pr~tre, mais, comme le dit Martin Luther, il y a une pr~trise g~ndrale de tous les hommes.

C'est sur cette seconde conception qu'insiste l'enseignement religieux donn6 dans les icoles aux jeunes Subdois, l'Eglise Evangdlique Luth6rienne de Suede 6tant, en effet, al la fois l'Eglise de l'Etat Su~dois et de 92%/o de la population suddoise.

D~jh plusieurs d~nominations chr6tiennes ont admis une 6galit6 totale entre hommes et femmes. Les plus hauts commandements de l'Armde du Salut sont ainsi parfois dans les mains des femmes. Dans les 6glises 6vang6liques luth(riennes le ddbat n'est pas achev6, mais dbs 1928 une femme a 4t6 consacr~e i Hambourg comme pasteur de ( Die unierte Kirche ; d'autres, par la suite, ont it6 consacries non seulement en Allemagne, mais 4galement en France, au Danemark, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en Tchicoslovaquie, etc.

L'attention des Suddois semble 4tre surtout retenue par les cas danois et finlandais. Le Danemark et la Finlande (1) sont, en effet, deux pays pour lesquels les Suddois ont toujours 6prouv6 un intbrat particulier. En outre, les Eglises Evan-

(1) En Norv~ge la question a 6t6 posle des 1901, mais ce n'est que le 14 juin 1956 que la loi a autoris6 les femmes A devenir pasteurs de 1'Eglise Evangelique Luth6rienne de Norv6ge. Lors de la consultation gouvernementale de 1955, les deux facultis de thdologie et 7 des 9 4vgques s'6taient prononces contre le pastorat f6minin, les deux autres Mvgques s'6tant prononcis en sa faveur. Aucune candidate A la conslcration ne s'6tant encore pr6sent6e, la question du pastorat f6minin n'est pas encore completement 4claircie en ce qui concerne la Norv~ge.

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LE PASTORAT FIMININ EN SUEDE

gbliques du Danemark et de la Finlande pr~sentent une situation trbs proche de l'Eglise de Suede: elles sont Eglises d'Etat et rassemblent la quasi-totalit6 des populations de ces deux pays. Si en Finlande une ddcision est rdcemment intervenue, l'6glise de Danemark a d~jh pour sa part consacr6 plusieurs pasteurs femmes depuis la promulgation de la loi danoise du 4 juin 1947 ouvrant le pastorat aux femmes (2). La consecration de trois femmes h Odense en 1948, puis d'une t Aul- borg en 1956 ne provoqua aucune des difficultis que les Danois avaient craintes: il n'y eut aucune scission dans l'Eglise de Danemark et les 514 pasteurs qui avaient menace de quitter l'1glise officielle en cas de consecration de femmes, demeu- rbrent ? leur poste.

Or, le synode de l'Eglise de Suede a rejet6 en 1957 la requite fdministe. Ce synode, dont le pendant n'existe pas au Danemark, est une assemblbe qui se r~unit d'office tous les cinq ans, aprbs de nouvelles dlections, le Roi de Suede pouvant convoquer des synodes extraordinaires. Ce synode comprend 100 d6lguds : 57 laics et 43 clercs. Les laics blisent leurs reprisentants au suffrage indirect, la circonscription de base 4tant la paroisse. Les 13 6v~ques de Suede sont membres de droit du synode, I'archev~que 6tant en outre le president de droit du synode. Les facultis de thdologie d'Uppsala et de Lund dilkguent chacune deux professeurs. Les 26 autres clercs sont Mlus par les pasteurs des dioceses au suf- frage direct. Sont en outre prdsents au synode, avec droit de parole mais non droit de vote, les ministres des affaires ecclhsiastiques et de la justice. Tous les 6v~ques su~dois en particulier s'6taient prononcis contre l'admission des femmes aux fonctions pastorales.

La decision du synode a provoqud des reactions si vives non seulement de la part des organisations fdminines, mais encore de la part de nombreux pasteurs, de la part des journaux dans leur ensemble et de la part du Riksdag (le Parlement de Suede), que le d~bat n'est pas clos et que le gouvernement a annoncd son intention de convoquer un nouveau synode.

Du point de vue qui nous retient, I savoir celui de la sociologie, le ddbat suddois nous rend possible de mesurer le sentiment religieux dans une socidtd oh n'existent pas ces obligations rituelles fr6quentes que l'on trouve dans d'autres socidtis religieuses, par exemple chez les Catholiques. Si un dinombrement d'atti- tudes est normalement sans signification appliqu6 h une socidtd oii il est recommandd, pour prier, de se retirer dans une chambre secrete, la vigueur des reactions de la m~me soci~td lorsqu'elle se trouve en prdsence d'un problkme religieux & rdsoudre est un signe qui trompe mal sur la profondeur et la qualit6 de ses convictions. Je dirais m~me que c'est un signe plus stir que celui que peut fournir un d~nombre- ment d'attitudes rituelles, car tandis que ces dernibres peuvent n'6tre que la rdpItition de gestes et d'attitudes qui se sont peu & pen vidds de leurs sens pri- mitifs, celui-ci traduit directement la vie des couches les plus profondes de l'Ame d'un peuple.

C'est en 1919 que les autoritds ecclhsiastiques suddoises et le Riksdag se saisirent pour la premiere fois de la question de la consecration de femmes- pasteurs. Le projet auquel on aboutit en 1920 tendait i autoriser toute femme ayant terminb les etudes n6cessaires (3) et ayant re~u la < venia n (4) a se charger

(2) La premiere proposition de loi danoise en faveur du pastorat fdmininavait 6t6 dkposbe en 1919. Lors de la consultation gouvernementale de 1946, sept Bvtques s'6taient prononces contre le pastorat fbminin, tandis que les deux autres avaient 6mis une opinion favorable.

(3) Pour devenir pasteur de l'Eglise de Suede il faut, en genbral, avoir obtenu sa licence en theologie puis avoir subi avec succes l'examen pastoral. Les paroissiens choisissent eux-memes, parmi les pasteurs libres, celui ou ceux qu'ils veulent.

(4) La < venia D est l'autorisation de 1'6v~que du diocese de pr~cher dans les 6glises. Elle est accord6e pour une durbe plus ou moins longue, g6nbralement A vie pour ceux qui deviennent pasteurs, A toute personne qui peut apporter un enrichissement A la vie de I'dglise.

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

du soin d'une paroisse, pourvu que les fiddles de cette dernibre ne s'y opposent pas.

Le synode mit alors son veto au projet, non d'ailleurs pour des motifs d'ordre thdologique, mais pour des motifs pratiques. Deux 6v~ques avaient propose des motivations theologiques, mais Nathan Soederblom et les autres 6v~ques ne les retinrent pas.

La grande loi de 1923 ouvrant aux femmes l'acces

des carri~res publiques en Suede, & l'exclusion de la carri~re militaire, se conforma & la resolution du synode, le Riksdag 6tant dans l'obligation de se soumettre aux d~cisions du synode en ce qui touche les affaires de l'Eglise (5). Toutefois, dans sa rdunion du 19 janvier 1924, le chapitre des ~v~ques maintint qu'il ne voyait pas d'empachement d'ordre religieux au pastorat des femmes.

Or, seuls des motifs thdologiques eussent pu constituer un veto dlfinitif. Aussi, quinze ans plus tard, en 1938, le nombre des femmes ayant augment6 consid~rablement dans l'ensemble des professions, six organisations f~minines relancrent-elles la campagne pour que l'Eglise de Suide utilisat plus complkte- ment les services des femmes. Plus humbles dans leur requite, et cherchant surtout & assurer de nouveaux d~bouch~s A l'activit6 des femmes, ces organisations distinguaient entre la fonction 6vang6lisatrice et la fonetion sacramentale: elles acceptaient que cette dernikre demeurit rdserv~e aux hommes, mais deman- daient que, puisque les 6v~ques accordaient aux femmes des < venia n & temps, ils leur accordent aussi des ( venia) & vie ou au moins jusqu'& I'Age de la retrai- te. Des femmes licencides en thdologie pourraient ainsi assister lespasteurs hommes.

Cette distinction inspira l'attitude de l'6v+que de Stockholm, Manfred Bjoerqvist, qui d6posa au synode une proposition tendant & instituer c un service fdminin n au sein de l'Eglise de Suede; mais le synode ne devait pas retenir cette proposition.

Peut-$tre en raison du danger extlrieur que courait la Suede, la campagne en faveur du pastorat f~minin semble s'4tre assoupie alors jusqu'en 1943; mais, en 1946, le Riksdag se saisit & nouveau de la question et le 20 mars, apris un vif dlbat, il d~signa une commission qui fut pr6sid~e par M. Quensel. Cette commission devait remettre le r~sultat de ses travaux en 1950, aussi cette ann6e-l& fut-elle l'occasion d'une vive agitation.

Une consultation fut organis~e aupris de toutes les femmes et jeunes filles licencides ou 6tudiantes en thdologie.Le d6pouillement des 79 rdponses recueillies montra que 24 d'entre elles d6siraient devenir pasteurs, 53 ne le d~siraient pas et 2 4taient indlcises.

Des dcbats eurent lieu dans 119 paroisses (6). Des organisations aussi diverses que l'Association des Pasteurs de Suede et l'Association de Cooperation des Femmes exergant une activit6 professionnelle y prirent part. Dans chacune des rdunions, plusieurs pasteurs se trouvirent presents. A la suite des votes qui cl6turbrent souvent ces r6unions, une majorit6 de 79 paroisses en faveur du pas- torat f~minin parut se digager.

Un sondage parmi les pasteurs semble tgalement avoir fait ressortir une majorit6 en faveur du pastorat f~minin.

C'est dans ce climat fi6vreux que la commission Quensel termina ses travaux

(5) La libert4 de 1'Eglise de Suede est renforcee par l'interdiction de changer l'organisation du synode sans l'assentiment de ce dernier.

(6) La Suede compte 247 paroisses urbaines, 2.228 paroisses rurales et 12 paroisses mixtes.

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LE PASTORAT FEMININ EN SUEDE

le 15 aofit 1950. Par dix voix contre quatre (trois de cleres, une d'une demoiselle), la commission s'6tait ralli~e au projet de loi selon lequel les femmes seraient admises aux m~mes fonctions que les hommes mais ne pourraient exercer que 1i of il y avait diji un pasteur homme. On pensait ainsi d~sarmer la repugnance de certains fiddles.

La proposition de loi fut donc renvoyde devant le synode, lequel se rdunit en 1951, mais la laissa sans suite.

Le 27 avril 1955, une motion du Riksdag renvoya I nouveau la question devant le synode qui, I'ann~e suivante, &carta la question par 62 voix contre 36.

La question devant revenir devant le synode de 1957, au printemps de cette ann~e-lk, l'Association des Pasteurs Su~dois adressa une lettre circulaire aux quel- que deux cents de ses membres exergant dans la diockse de Stockholm. Elle en

rebut 148 rdponses se d~comptant comme suit:

102 contre l'admission des femmes dans le corps pastoral pour des motifs religieux;

4 contre l'admission des femmes dans le corps pastoral pour des motifs pratiques seulement;

38 pour l'admission des femmes dans le corps pastoral; 4 sans opinion.

Sur ces entrefaites, la commission du synode, compos~e de 8 laics et de 6 clercs, dont trois dv~ques et trois pasteurs, conclut au rejet de I'admission des femmes par 10 voix contre 4, ces derni~res toutes laiques. Les motifs du rejet 6taient strictement pratiques (7).

C'est alors que 26 des quarante 6tudiantes en theologie prirent l'initiative d'~crire I leurs iv~ques une lettre oi elles affirmaient qu'elles n'entendaient point devenir pasteurs, qu'elles rejetaient meme l'institution d'un nouveau service fdminin du type de la proposition de l'6v~que Bjoerqvist. Elles ne voulaient pas qu'une scission risque de se produire entre les fiddles. Leurs termes 4taient des plus fermes: ( Nous consid~rons, d'une fagon cat~gorique, un service fdminin comme impossible ) (8).

En sens inverse, la centrale f~ministe suddoise, Fredrika-Bremerfirbundet, organisait le 19 septembre I Stockholm une rencontre pr6sidde par sa propre pr~sidente, dcput6 au Riksdag, fru Elsa Ewerldf.

Au cours de cette reunion, un incident arriva qui devait 6tre particulirement comments dans la presse suddoise : Ester Lutteman, licencide en theologie, ancien professeur I l'6cole des diacres, connue comme prndicatrice de classe et tris apprdcide du monde ecclhsiastique suddois, vint annoncer qu'elle avait pris la d cision de quitter une Eglise qui ne voulait pas d'elle comme pasteur.

Un silence plana sur l'assembl6e. Plus tard, Ester Lutteman reput entre autres des lettres ouvertes de pasteurs lui demandant de revenir sur sa decision. Mais il ne semble pas qu'elle l'ait fait.

En tous cas, l'affaire (( Ester Lutteman i avait jet6 dans la bataille pour les femmes pasteurs un 6l1ment passionnel qui jusque 1I avait fait d~faut. Ester Lutteman apparaissait comme la victime du refus de certains milieux ecclsiasti- ques.

(7) Le texte examin6 6tant le suivant: << F6rslag till lag om kvinnas beh6righet till prflsterlig tjanst (proposition de loi relative au droit de la femme a l'exercice des fonctions pastorales): Par la prdsente il est ordonn6 que la femme aura le mgme droit que l'homme A Stre promue selon son m6rite et sa capacit6 & l'exercice des fonctions pastorales .

(8) < Vi anser, kategoriskt uttryckt, ett kvinnligt pr&astimbete ombjligt ,.

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

Le 24 septembre, a la suite de la rdunion organisde par la Fredrika-Bremer- f6rbund, les leaders de quinze organisations fdminines signaient une p~tition en faveur d'une admission des femmes dans le corps pastoral. Outre l'organisation fdministe, les signataires repr~sentaient des groupements aussi divers que les Femmes Lib~rales, les Femmes de la Droite, les Femmes Agrariennes, les Femmes Socialistes, l'Association Internationale des Femmes pour la Paix et la LibertY, l'Association des Femmes dipl6mdes de l'Universiti, l'Association des Femmes Coopdratrices, le Conseil des Femmes Syndicalistes, l'Association Civique des Femmes Suddoises, la Confederation des Associations des M~nagbres de Suede, le Groupe Suddois de 1'< Open Door s, l'Association de Cooperation des Femmes exergant une activit6 professionnelle, la Confederation Mondiale des Femmes.

Ces associations annoncrent qu'elles avaient derriere elles l'opinion de 800.000 femmes qui leur 6taient affilibes. Celd n'emp~cha pas Svenska Dagbladet, principal organe de la droite, de publier une lettre d'une femme h l'dditeur, protestant contre l'abus fait de sa qualit6 de coopdratrice iA la consommation.

Le 27 septembre 1957, i 10 heures du matin, le synode se r~unissait i nouveau. Aprbs un long d~bat et malgrd les pressions exerces, il se rangea & l'avis de sa commission spciale laquelle, par 26 voix (dont celles de tous les clercs moins un) avait refuse d'admettre les femmes a l'exercice des fonctions pastorales.

Toutefois, I'dv~que John Cullberg de Vaesteraas avait repris la proposition d'un service fdminin dlargi, mais sa proposition n'avait recueilli que 14 voix (dont 8 de clercs et 6 de laics) en commission (9).

Quatre raisons diff~rentes avaient 6t6 proposbes au sein du synode pour le rejet de la proposition gouvernementale:

1) un 6v~que ne saurait, contre sa conscience, 4tre force i consacrer pasteur une femme (proposition de la commission);

2) le temps n'est pas venu (proposition du professeur Auke Hassler); 3) si la base de toute discussion demeure le Nouveau Testament, il faut que

l'Eglise prenne prialablement une d6cision d'ordre universel pour laquelle la seule Eglise de Suede n'est pas comp~tente; il convient done de renvoyer la question devant le Conseil Mondial des Eglises (proposition de l'6v~que Ljunberg);

4) l'organisation de l'Eglise est ind~pendante de celle de la soci~t6 civile. La question doit 6tre renvoyde i une instance sup~rieure A celle de l'Eglise de Suede : i l'Association Mondiale des Eglises Luth~riennes et au Conseil Mondial des Eglises (proposition de l'6veque Nygren).

Ce fut la seconde proposition qui fut retenue. Aussit6t connue, la r~solution du synode entraina de violentes r~actions. Six

pasteurs du diocese de Stockholm rddig~rent une protestation, qui fut sign~e de 90 pasteurs du m~me diocse et publide, avec les noms des signataires, dans les quotidiens en date du ler octobre.

Le 2 octobre on apprenait que plusieurs personnalitds avaient d~cid6 de suivre l'exemple d'Ester Lutteman et de quitter l'Eglise officielle. Il s'agissait entre autres du pasteur auxiliaire Carl David Othzin, connu comme (( le pasteur de la jeunesse et des danses s, de Gunnard Hegrmeus, pasteur h Gceteborg, de Ruth Holmb~eck, professeur de Facult~ i Uppsala, de Hamrin-Thorell, d~put6 au Riksdag.

Simultandment, un 6norme d~bat, comportant une cinquantaine d'orateurs

(9) Entre temps, 1'6v~que Bjnerqvist avait pris sa retraite.

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LE PASTORAT FEMININ EN SUEDE

inscrits, se d~roulait dans les locaux du Parlement, devant des tribunes bonddes de femmes et de journalistes. Commence le 1er octobre i 10 heures du matin, il dut 4tre remis au lendemain, car, A minuit, quinze orateurs n'avaient encore pu se faire entendre.

Tandis que les d~bats continuaient dans la presse et dans le pays, le quoti- dien socialiste du soir Aftonposten organisait un sondage d'opinion i Stockholm et trouvait que 54% des femmes interrog~es et 77% des hommes se d~claraient en faveur du pastorat f~minin.

Un examen de la presse quotidienne de l'6poque montre que la question revient souvent en premiere page des journaux et suscite de nombreuses lettres i l'dditeur. I1 montre aussi l'unanimit6 de la presse quotidienne en faveur du pastorat f~minin, i l'exception peut-ttre de Svenska Dagbladet, plus soucieux de faire entendre les divers points de vue. Seuls les styles different: plus journalisti- ques et plus sensationnels dans le quotidien liberal Dagens Nyheter qui est le plus fort tirage de Suide (aussi l'un des journaux les plus volumineux avec ses 40 pages), ils sont plus serieux et developpent une plus grande argumentation i la fois dans la presse socialiste et la presse de droite. Ces derniires, en effet, ne rdpugnent pas i imprimer les contradictions des adversaires.

Des livres sont publids sur la question, ce qui est aussi un signe de l'intir~t public. I1 s'agit de gros ouvrages comme Kvinnas behirighet till kyrkliga ambeten och tjansten (Le droit de la femme i la fonction et au service dans l'dglise), SOU, 1950, qui cofite 48 couronnes (environ 4.800 francs frangais); Man och kvinna i Kristi Kyrka (L'homme et la femme dans l'Eglise du Christ), par Margit Sahlin, 1950; Exegeterna om kvinnliga prester (Les exegetes et les pasteurs-femmes), par Eric Sjdberg, 1953; il s'agit aussi d'ouvrages plus populaires comme ceux de Mairta Tamm-Gotlind Kvinnliga prasten jorden runt (Le pasteur-femme autour du globe) et de Magda Wolters Annorlunda - Nagra tankar om kvinnligt praistambete och andra kvinnofragor inom kyrkan (Diffkrends - Quelques pensbes sur la fonction pastorale feminine et d'autres questions feminines i l'intirieur de l'Eglise). Or le march6 suddois du livre est relativement restreint. La population suedoise, enfants en bas-Age compris, est de 7.393.000 Ames. I1 est vrai que 8% de la population finlandaise (celle-ci comprend 4.289.000 Ames) parlent aussi le suddois comme langue maternelle, mais l'apport reste mince i l'ensemble du marchd du livre suddois.

Le debat ne pouvait done pas ne pas rebondir encore. Le 20 novembre 1957, i la session du Riksdag, fru Ingrid Gaerde Widemars, dtput6 de la Premiere Chambre, interpella le ministre de la justice M. Lindell. Ce dernier lui repondit qu'un synode extraordinaire serait convoque au printemps 1958, le Gouvernement ayant l'intention de deposer un nouveau projet de loi en faveur du pastorat fcminin.

Trois jours plus tard, l'6v~que de Goeteborg, Bo Giertz, ripostait par une lettre i l'6diteur de Svenska Dagbladet qui la publia. I1 faisait remarquer que c la porte 4tait fermie ,,

contrairement i ce que l'on pouvait croire, et qu'il 6tait impossible de concilier Ecriture et femmes-pasteurs.

Comme annonce, le 15 janvier 1958, une nouvelle proposition de loi sur le pastorat feminin, peu diff~rente de celle examinee par le synode, 6tait depos~e au Riksdag (10).

La question demeurait done de savoir comment serait compose le prochain

(10) La seule difference notable avec le precedent projet de loi est que l'entr~e en vigueur du texte btait report6e au ler janvier 1959.

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synode. L'intir~t pour les blections synodales n'est en effet habituellement pas trbs grand en raison du peu d'importance attribu6e ordinairement & ce qui est d6battu dans cette assembl~e. I1 6tait probable qu'il en serait autrement & cette occasion et que les laies, en particulier, apporteraient une majorit6 conforme a celle souhait~e par le Riksdag et par la presse.

**

Au point de vue th6ologique, la discussion tournait essentiellement autour de l'interpr6tation & donner & certains textes de Paul, quoique d'autres points soient soulev6s.

Contre l'admission des femmes a l'exercice des fonctions pastorales, on avait en effet avanc6 les arguments suivants:

1) Christ 6tait un homme et ne peut done 4tre repr6sent6 que par un homme;

2) les douze ap6tres choisis par J6sus 4taient des hommes; 8) Paul a Ccrit:

a) ( je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. Tout homme qui prie ou qui proph~tise la tote couverte, ddshonore son chef. Toute femme, au contraire, qui prie ou qui proph~tise la tate non voilbe, ddshonore son chef: c'est comme si elle s'etait rasbe. Car, si une femme n'est pas voilbe, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupIs on d'etre rasbe, qu'elle se voile. L'homme ne doit pas se couvrir la tate puisqu'il est I'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme. En effet, I'homme n'a pas 6t6 tir6 de la femme, mais la femme a 6th cr66e & cause de l'homnme. C'est pourquoi la femme, A cause des anges, doit avoir sur la tate une marque de l'autoritR dont elle d6pend >. Cor. I, 11, 3-10.

b) a Que la femme 6coute l'instructionen silence, avec une parfaite soumission. Je ne permets pas A la femme d'enseigner, ni de prendre de l'autorit6 sur l'homme, mais elle doit demeurer dans le silence. Car Adam a 6t6 formb le premier, Eve ensuite; et ce n'est pas Adam qui a 6t6 s~duit, c'est la femme qui, s~duite, s'est rendue coupable de transgression ,. Tim. I, 2, 11-14.

c) a Comme dans toutes les 4glises des saints, que les femmes se taisent dans les assembl6es, car il ne leur est pas permis d'y parler; mais qu'elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris & la maison; car il est malsbant & une femme de parler dans l'6glise. Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? ou est-ce A vous seuls qu'elle est parvenue ? >. Cor. I, 14, 34-36.

Contre ces arguments on avait apport6 les objections suivantes: 1) Nul ne repr(sente Christ sur terre. L'6v~que de Lund, Anders Nygren,

a meme inergiquement soulign : cc On a dit que la femme ne peut pas devenir pasteur parce qu'elle ne peut pas reprdsenter le Christ, en particulier & la C&ne. Mais Celui-ci n'a aucun vicaire, qu'il soit pape ou pasteur ) (11).

1 bis) Le mot juif pour ap6tre ne signifie pas plus que envoy5 s. Le Nouveau Testament n'attribue aucune mission de representation aux Ap6tres.

(11) (( Det har sagt att kvinnan inte kan bli prAst f6r att hon inte kan representera Kristus bl. a. i nattvarden. Han har inte nigon stallf6retrAdare, varken pive eller prist p.

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LE PASTORAT FMININ EN SUBDE

Christ est present dans la Cane, non dans le pasteur qui n'est que le frbre qui fait le service.

2) Les Ap6tres n'6taient pas seulement des hommes, ils 6taient et des Juifs et des Blancs. Paul, I'ap6tre des Paiens, a 6crit: I1 n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme

). Gal., 3, 28. 3) Chaque temps a ses modes et ses croyances. L'Evangile a 4ti prachi dans

une societ6 de type patriarchal. La situation de la femme est toute diff~rente dans la socihth suddoise contemporaine de celle qu'elle fut il y a dix-neuf siicles et demi au Moyen Orient. La femme suddoise d'aujourd'hui est plus instruite, n'est plus perp~tuellement enceinte, travaille en dehors de sa maison.

4) Faut-il lire l'Ecriture selon la lettre ou selon l'esprit ? N'est-ce pas juste- ment Paul qui a 6crit : (( La lettre tue, mais l'esprit vivifie n ? Si l'on suivait Paul & la lettre, 11 faudrait se priver de la propagande par les femmes. Or, on ne le fait pas car les femmes se r~vblent d'excellentes instructrices et missionnaires.

***

A ces contre-arguments, les Suddois en ont ajout6 d'autres.

1) Ils faisaient remarquer qu'aucune religion n'a fait autant pour la femme que la chr(tienne;

2) Ils faisaient encore remarquer que l'Eglise devait Btre un corps vivant, refusant de se figer dans le module primitif. Elsa Ewerlcef 6crivait dans le numdro special de la revue fdministe Hertha consacr6 h la question de l'admission des femmes aux fonctions pastorales: a Laissez-moi B ce propos poser une question au synode. Le synode envisage-t-il comme la t~che supreme de l'Eglise d'etre une gardienne de la tradition, une Eglise statique plut6t que d'etre une Eglise dyna- mique ? L'Eglise de la s~curit6 et l'Eglise combattante ne peuvent-elles pas 6tre assocides ? Une Eglise qui se tienne au centre (des partis, des opinions, des tendances) pour tous et qui combatte de fagon ? ce que ga pate des itin- celles (12) )) (13).

Paul a introduit les Gentils et a dlclard que la circoncision n'dtait pas n~cessaire. Le moine Luther a 6pous6 la nonne Catarina. Pourquoi l'Eglise n'intro- duirait-elle pas de nouvelles innovations ?

3) Les Su6dois faisaient 4galement observer qu'au point de vue du recrute- ment des pasteurs, introduire des candidates stimulerait la compitition et par 1l amiliorerait la qualith des pasteurs des paroisses;

4) Les Su+dois faisaient remarquer la valeur et l'importance des services rendus par les femmes dans les corps comme l'Arm6e du Salut et dans les Eglises (Baptistes, M(thodistes) qui les ont appel6es & des fonctions importantes.

5) Alors que certains Suddois craignaient une scission au sein de l'Eglise de Suede au cas oi les femmes pourraient y 6tre consacrdes, scission qui ne s'est pas produite au Danemark (mais le temperament suddois n'est pas identique au danois), d'autres craignaient qu'en refusant la rdforme, de nombreuses personnes, en particulier des femmes, n'abandonnent l'Eglise de Sudde.

(12) En argot dans le texte suddois. (13) < Lit mig i detta sammanhang st&lla en frLga till kyrkom6tet. Betraktar kyrkomOtet

det som en storre uppgift for kyrkan att vara en traditions-bevarande, en statisk kyrka in att vara en ny orienterande, en dynamisk kyrka ? Kan inte trygghetskyrkan och den kampande kyrkan forenas ? En Kyrka, som staller sig i centrum fir alla och som strider, si att det star gnistor

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

I1 semble que l'opinion suddoise en g~ndral ne comprenait pas bien l'attitude d'un synode qui, d'une part, affirmait qu'il n'y avait pas d'objection thdologique

ce que les femmes exercent les fonetions de pasteur et que la femme 6tait un 4tre respectable, et qui, d'autre part, refusait la consecration des femmes. L'opi- nion ne retenait en fait des raisonnements exposes t l'occasion des reunions eccl~siastiques, que la phrase souvent rp~tie : ((Tid iir inte mogen n (le temps n'est pas venu). On faisait remarquer que la question avait 6t6 posse dis 1919 et que, depuis, les femmes avaient pris une place considerable dans la vie profes- sionnelle comme dans la vie publique. Ne comprenant pas, l'opinion tendait a s'en prendre de plus en plus au courant qui se ddveloppait parmi certains pasteurs, le courant de la (( haute 6glise )).

De leur c6td, des 6v~ques et des pasteurs se plaignaient de la pression que le Riksdag aurait exercd sur le synode. Ils disaient que le temps ne leur avait pas it6 assez largement compt, pour r(flichir et parlaient d'un (( malaise n, d'un a oro )). Mais il est B noter que si encore en 1950 on disait (( oro i fSrsamlingarna n, malaise dans les assemblies, l'expression 4tait devenue sept ans plus tard ((a oro i kyrkan n, malaise dans l'Eglise, comme s'il y avait eu une ( Eglise des pasteurs a diffdrente de l'Eglise des chr6tiens, conception non luthdrienne.

Cette nouvelle expression ne pouvait donc que susciter une reaction et trbs vite un dibat s'ouvrit dans les journaux sur le thbme: priistkyrka eller folk- kyrka ?

,, a Eglise des pasteurs ou Eglise du peuple ?

,, lequel risquait de miner

l'autorit6 accordie au synode. L'opinion, d'abord orale, qu'aprbs tout l'Eglise de Suede 4tait tout le peuple de Suede et ne pouvait done Btre mieux reprdsentde que par le Riksdag, en raison de la base dtmocratique de recrutement de ce dernier, ne devait pas tarder t etre imprimbe.

La presse et les d~bats se teintbrent de mots trbs durs contre le petit groupe de ceux qu'on accusait de trop s'occuper de ce qui se passait & Rome et pas assez de leur propre Eglise et des autres Eglises riformies. Dans une chronique du journal Expressen (liblral) en date du 5 aofit 1957, ceux-1l 4taient trait~s de pharisiens qui empachent tout changement, toute ~volution, mais restent inatten- tifs B ce que dit Matthieu des disciples qui doivent partir sans rien emporter dans leur ceinture, c'est-h-dire sans l'argent du peuple suddois. Entre autres articles faisant bcho i cette chronique d'Expressen, il faut citer la longue lettre 6crite par un pasteur a l'dditeur de Svenska Dagbladet et publi6e par ce dernier le 6 septembre 1957. Le thbme de cette lettre peut etre ainsi r6sum6: les pasteurs de la tendance ( haute 6glise prennent l'argent de l'Etat, mais en mtme temps ( bavardent autour de la soi-disant strangulation de l'Eglise par l'Etat, alors que les pasteurs de l'Eglise de Suede, en tant que fonctionnaires, jouissent d'une libert6 sup6rieure i celle des pasteurs des Eglises non-fonctionnaris~es >.

***

Au seuil de l'annie 1958, il apparaissait done comme peu douteux qu'une decision prompte allait intervenir sur le point de savoir si les femmes pourraient devenir pasteurs de l'Eglise de Suede.

Dans la seconde quinzaine de janvier, les 6v~ques qui avaient dcjh sollicit6 la Commission sociale de la direction des Diaconesses, le Mouvement des Etudiants Chr~tiens, l'Association d'Etudes Eccl6siastiques, le Conseil Eccl~siastique Feminin et I'Association Ecclhsiastique pour la Foi Evangdlique Luthtrienne, inviti~rent 6galement 36 autres organisations i leur fournir leurs points de vue sur les questions thdoriques et pratiques relatives au problkme de la consecration feminine. Les organisations sollicities 6taient les suivantes:

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LE PASTORAT FMININ EN SUtDE

la Direction des Diaconesses, 1'Association des Jeunesses Ecclhsiastiques du Royaume, le Conseil G~ndral des Frdres de l'Eglise, 1'Association des Maitres et des Professeurs d'instruction religieuse, le Mouvement des Lyc~ens Chritiens, la Ligue Chritienne des Jeunes Gens (scouts, auberges, etc.), la Ligue Chr6tienne des Jeunes Filles (guides, auberges, etc.), 1'Association des Pasteurs Suddois, 1'Association des Musiciens d'Eglise du Royaume, 1'Association du Pastorat Suddois du Royaume. la Fondation Luther, la Fondation Katharina, la Fondation Patriotique Evangdlique, l'Association pour la vie Chr~tienne, 1'Association de Liturgie et d'Art Dramatique, l'Association de la Mission des Maitresses et Professeu s-femmes, l'Association des Femmes dipl6mbes des Universitfs, la Ligue Nationale des Associations de Mattresses de Maison de Suede, la Ligue Nationale des Corps d'Auxiliaires militaires fdminines de Suede, la Ligue de CoopEration des Femmes au Travail, les Ouvribres des Eglises, les Ouvribres de la Mission, l'Association des Infirmikres de Suede, la Ligue Frederika Bremer, la Ligue des Maitres des Ecoles de Filles, la Ligue des Maitresses des Ecoles Maternelles, la Ligue des Maitresses d'4cole, la Ligue des Femmes de Droite, la Ligue des Femmes du Parti du Peuple, la Ligue des Femmes Socialistes, la Ligue Suddoise des Femmes Agrariennes, la Ligue des Laics Evangbliques de Suede, la Consororie coop6rative, le Conseil des Femmes de la Conf~ddration du Travail, l'Association Missionnaire des Femmes Suddoises, le Conseil central du Diaconat.

Au premier coup d'oeil, cette liste parait un peu h~t~roclite, mais on y distingue vite la pensde directrice de son choix. A c6td des organisations purement religieuses, les iv~ques manifestent qu'ils ont voulu obtenir l'avis soit des grandes organisa- tions fdminines du Royaume, soit des organisations f6minines particulibrement engag~es dans le service ecclhsiastique ou de la mission. I1 ya un reflet de l'am~na- gement du synode dans ce choix : par les grandes associations et liguesfdminines, on consulte l'ensemble de la population, mais par les fondations et les groupes religieux on accorde une place de choix i ceux et celles qui se sont le plus engages dans la vie chrdtienne organisde. L'affaire se prdsente done comme une sorte de consultation de l'ensemble de la population frninine suddoise.

Les rdponses devaient $tre pr~senties avant la rdunion des 6v~ques, c'est-h- dire avant le 2 juin 1958, a un comit6 special compose de l'6vfque Helge Ljungberg et du directeur Pehr Edwall, par ailleurs secrntaire de l'assembl~e 6piscopale.

De son c6t6, rdpondant t la campagne accusant le Gouvernement de pression sur le synode, le ministre de l'Eglise Edenman d6signait le 27 janvier 1958 un

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

comit6 de cinq sp~cialistes charges d'6tudier les rapports de l'Eglise et de l'Etat.

Le 12 fivrier 1958, la commission parlementaire, saisie de la question du pastorat fdminin, faisait savoir que la proposition de Sa Majest6 Royale sur la question 6tant en principe acceptbe, la demande de r~pit d'une annie pr~sent~e par la Droite ne pouvait 6tre admise.

Le 13 mars la proposition arrivait devant le S~nat. Devant des trav~es bien remplies et des galeries combles, le ministre Edenman vint soutenir la proposition de sa Majest6 Royale. L'un des d6put6s de l'opposition, le liberal Lindbldm, vint i son tour l'appuyer. Au nom de la Droite, le dcput6 Kajser tenta d'obtenir la remise de la d~cision; le pasteur Mogard, inscrit au parti socialiste mais parlant en son propre nom, plaida le rejet. Ce fut en vain. Les majorit~s contre la remise et le rejet furent si consid~rables qu'un d6compte des voix apparut inutile.

A minuit vingt, la Premiere Chambre avait adopt6 le projet de loi. Le 19 mars, la Seconde Chambre s'en saisissait l son tour. La Droite intervint

l nouveau pour demander l'ajournement de la d~cision definitive. Elle fut appuyde par l'agrarien Rubbestad qui fit observer avec une telle vigueur qu'il fallait que la decision vienne de l'6tude de la Bible et non du < diktat a du ministre eccl&- siastique, que ce dernier ne put s'empacher de protester avec 6nergie, faisant remarquer en fin de p6roraison: ( Nous avons une Eglise d'Etat. Le devoir du Gouvernement est de s'occuper des choses temporelles, comme des traitements, des pensions, etc. qui ont affaire avec cette Eglise. En ce sens, le pastorat est une fonction comme une autre et doit done se soumettre aux m~mes rigles que les autres fonctionnaires de l'Etat >.

Pendant le d~bat, inhabituellement long puisqu'il occupa trois bonnes heures, le dlput6 Hedin, de la Droite, fit observer que le premier rble devrait revenir au synode, cependant que le d6put6 Svensson de Ljungskile, du Parti du Peuple, demandait i ce que l'on se hate de d~terminer la frontiire entre l'Eglise et l'Etat de fagon i tviter it l'avenir les conflits d~sagrdables de cette sorte. Mais l'ensemble des autres dlputis, tant socialistes que du Parti du Peuple, qui se succ~ddrent i la tribune, insista sur la lenteur d'un d~bat qui durait depuis quarante annes ddjh et sur l'inutilit6 de distinguer entre l'Eglise et le peuple, car meme le Riksdag et le gouvernement sont parties de l'Eglise.

Par 166 voix contre l'ajournement, 39 pour, 4 abstentions, 21 d~put6s 6tant excuses, il 6tait d~cid6 ce mercredi soir i neuf heures qu'i partir du ler janvier 1959 les femmes de Sudle pourraient devenir pasteurs, conform~ment au projet de Sa Majestd Royale.

La decision fut salude comme d'un soupir de soulagement. On r~p6ta la phrase: < Quarante ans ont 6t6 suffisants i la r~flexion de l'Eglise ).

Restait la mise en pratique.

***

Comme privu, le collige des 6v~ques se r~unit les lundi 2, mardi 3 et mercredi 4 juin 1958 sous la pr~sidence du prdlat de Linkdping, Torsten Ysander. Le dipouillement des r ponses fournies par 45 organisations, done par un peu plus que privu, donnait une majorit6 de 29 rdponses pour le pastorat fdminin. La fondation Luther, I'Association Eccl~siastique pour la Foi Luth~rienne en Europe, la SocitOt des Amis croyants de la Bible ct l'Association des Ouvriires des Eglises se pronongaient au contraire contre la conscration des femmes. 11 organisations,

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LB PASTORAT FAMININ EN SUtDE

surtout des mouvements de jeunesse, 6vitaient de se prononcer. Tandis que la plupart des associations religieuses demandaient un d~veloppement d'un service f~minin different du pastorat, les groupes de nature politique, f~ministe, syndicale ou 4conomique 4taient les plus inergiques & revendiquer le pastorat f~minin.

Pas plus que les groupements consultis, les 6v~ques ne purent se mettre d'accord. La moiti~ estimaient que la Bible ne permet pas A la femme d'6tre consacrbe, l'autre pensaient le contraire. Seul l'6v~que de Karlstad, Gert Borgen- stierna, se dcclarait pret t passer B la pratique.

Le soir du mercredi, l'6vgque Helge Ljungberg lut B la radio le communiqu6 episcopal et le commenta. Il put en particulier indiquer qu'il y avait progrbs en ce sens que tous les 6v~ques 6taient tomb6s d'accord sur le point que la base des recherches devait 6tre la Bible. Il ajoutait que les 6v+ques nordiques se saisi- raient de la question lors de leur prochaine rencontre & Riittvik en aoit prochain, mais que eux, ivdques de Suede, n'avaient pas voulu aller plus avant de fagon ? ne pas prdjuger sur la volont6 du synode extraordinaire convoqu6 pour l'automne.

La pr~paration du synode dominait en effet toute l'actualit6 religieuse depuis la decision du Riksdag. Au Parlement, par exemple, la commission parlementaire charg~e de la question examinait le changement du rituel ndcessit6 par la nouvelle loi au cas oi le synode la ferait sienne et adoptait le 18 septembre le projet mis au point par 10 voix contre 4.Dans les dix voix de la majorit6, on trouve celles des 6veques Torsten Ysander et Gert Borgenstierna, celle du pasteur de cath~drale Davis Lindquist et celle d'un autre pasteur m6l1es i celles des laics. Un seul clerc, le pasteur de paroisse Alf Corell, joignit sa voix i celle des laics de la minorit6. Mais cette minorit6 ne se dressait pas contre le changement du rituel, ce n'6tait 1 pour elle qu'une question subsidiaire. Elle en voulait i la decision du Parlement d'ouvrir le pastorat aux femmes: pendant prds de deux mille ans, observait-elle, il n'y a pas eu de pasteurs-femmes et il n'est pas possible de voter l'alternative <le ~ - ~ la, quand Paul a d~fendu + la femme de parler dans l'dglise.

Les elections au synode furent domindes par les campagnes pour et contre la cons6cration des femmes. L'opinion ne s'en passionna pourtant pas exagdr&- ment car, pour elle, la partie ~tait d~j8 joule; il lui paraissait improbable que la volont6 du synode ne r~fl~chisse pas la volont6 du Riksdag car l'un comme l'autre imanent du peuple de Sudde.

Enfin, le jeudi 18 septembre, le synode extraordinaire ouvrait ses assises. Comme lors des pricidents, le travail se faisait en commission et en assembl6e plhnibre, cette dernibre se rdunissant presque chaque jour en fin de matinde.

Le 25 septembre, au bout d'une semaine de discussions, les travaux aboutis- saient en commission. Aprbs avoir repouss6 une motion dilatoire d~pos~e par la plupart des iv~ques et soulign6 la n~cessit6 d'dviter un schisme, la commission parvenait i l'unanimiti sur trois points:

a) il faut faire A la femme une place plus grande mais aussi s'arranger pour iviter des rencontres malheureuses du politique et du religieux;

b) la solution du problkme doit d~pendre de l'Ecriture Sainte avec le secours des textes confesses par l'Eglise;

c) Jdsus et le Nouveau Testament introduisent une vue toute nouvelle sur la femme et on doit en tenir compte dans toute solution.

Mais l'unanimiti se bornait Ib et ce fut une majorit~ qui adopta des conclu- sions en faveur de la loi du Riksdag (14 contre 6). On peut ainsi rdsumer l'argumen-

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ARCHIVBS DE SOCIOLOGIB DBS RELIGIONS

tation de cette majorit6 : la (( Bonne Nouvelle n a 6td annonc6e pour 4tre divulgue ; selon le 5e article d'Augsbourg, Dieu a institu6 un service de diffusion de l'Evangile et d'administration du sacrement pour que tout homme puisse partager la foi; la mission de l'Eglise est de s'assurer que la foi est communiqude par les meil- leurs moyens; il appartient done a une Eglise luth6rienne de se saisir de toutes les questions concernant la formation et I'organisation du service de diffusion de l'Evangile, donc d'en trancher; en cons6quence, l'Eglise ne saurait 4tre tenue par certaines formes historiques, fussent-elles celles de l'Eglise primitive; on ne dolt pas s'attacher au fait que le Christ a choisi des hommes, car si c'est exact que les ap6tres ont 4t6 choisis pour parler et pour agir au nom du Christ, il est inexact que le pasteur repr6sente l'image du Christ ou le figure devant l'assembl6e. Dans la discussion on s'est concentr6 sur les lettres de Paul aux Corinthiens: l'inter- pr6tation a donner a la d6fense faite a la femme de se lever dans l'assembl6e est seulement une application concrete dans une situation donn~e du commandement du Christ sur l'amour du prochain : il n'existe par cons6quent aucun empachement principiel & ce que des femmes soient consacr6es pasteurs. Au contraire, il existe une situation de fait qui exige, & l'exemple de ce qui se passe dans d'autres Eglises, une plus grande participation fdminine. Si done la femme a la capacit6 de prendre en responsabilit6 le service de l'Eglise dans la soci~t6 moderne, elle doit le faire. (( Le service de l'Eglise doit 6tre ouvert A la fois & l'homme et & la femme pour que l'annonce de l'Evangile aux hommes de notre temps puisse se faire dans les meilleures conditions e.

La majorit6 qui avait vot6 ce texte comprenait l'6v~que Hylander, l'ancien ministre Yvar Persson, le professeur d'universit6 Eva Gun Junker, le maitre de conf6rence & Uppsala Ruben Josefson et dix autres personnes. Dans la minorit6 figuraient les 6v6ques Bo Giertz, Elis Malmestr6m et John Cullberg, le curateur de cath6drale Ove Hassler et le conseiller Sven Lampers, outre le proviseur Axel B. Svensson. Tandis que l'6v~que Cullberg se r6servait pour la motion des 6v~ques qu'il persistait a soutenir, les cinq autres opposants refusaient l'interpr6tation

e Cor. I, 14.

Selon la minorit6 en effet l'interpr6tation de Cor. I, 14 donn6e par la majorith n'est pas certaine; on peut se demander pourquoi J6sus n'a pas institu6 des femmes comme pr6dicateurs; si le service divin n'est pas celui de la synagogue et s'il a son centre dans un repas saint, il faut pr~server & ce repas la pr6sence symbolique voulue par J6sus: or, on peut penser qu'il a voulu un homme; ce n'est peut-6tre qu'une hypothbse, mais quand on remarque l'importance des symboles dans la vie de l'Eglise primitive, cette hypothise prend une haute valeur. En ce qui concerne la d6fense de parler faite aux femmes dans l'6glise, elle relive d'un ordre concret et d6fini du Seigneur de l'Eglise. Dire qu'un commandement du Seigneur n'a plus de valeur, comporte qu'on juge d'une autorit6 sup6rieure & celle du Seigneur lui-m~me. La forme que Christ a donn6e au pastorat n'est pas une forme historique ddterminde mais l'un des dons du Christ & l'Eglise. Pas plus qu'on ne peut changer les 616ments du repas sacrd, on ne peut changer celui-l&.

Voil& pour les motivations des positions & la commission et la composition des majorit6 et minoritd.

Sur un plan pragmatique, la commission formait le voeu que si le synode adoptait la loi vothe par le Riksdag, les 6v6ques ne soient pas obligis de consacrer des femmes malgrd la voix de leur conscience.

Le vendredi 26 commenga le grand d6bat du plhnum. Plus de trente orateurs 6taient inscrits. Les tribunes du public 6taient combles a craquer, au point que des gens qui n'btaient point du synode se tenaient m616s aux d6put6s. On recon-

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LB PASTORAT PiMININ BN SUEDE

naissait l'ancien ministre Ulla Lindstrom et des pasteurs, mais aussi des repr&- sentants des Eglises libres. Nombreuses btaient les dames de tout Age.

On chanta un cantique, puis le president de l'assembl~e, I'+v~que Torsten Ysander, pria au nom de tous. La parole btait au president de la commission, l'dv~que de Lul~a, Yvar Hylander lequel rlsuma les d~bats ant~rieurs et indiqua qu'il se pronongait pour le pastorat f~minin car, aprbs examen du mot de Paul, il ne peut stre que nous soyons lies par une interdiction que nous ne connaissons pas.

L'6v~que Bo Giertz critiqua la m~thode utilisde pour l'interpr6tation de Paul et de Luther et demanda comment rdagiraient les laics. Sa conclusion fut qu'il fallait, pour se prononcer, attendre la r~forme constitutionnelle qui se ferait d'ici deux annres.

Le ministre de l'Eglise Edenman souligna le d~sir de l'immense majorit4 du peuple suddois que les femmes puissent devenir pasteurs: si le Gouvernement n'avait pas pris l'initiative, le Riksdag l'eeit fait. Depuis des d~cennies, l'Eglise avait eu le temps de r~flhchir. L'opposition l l'blargissement du corps pastoral 6tait engag~e dans une discussion bien scholastique sur un mot de Paul. Pourquoi retenir la motion des 6v~ques ? Si un 6v~que refusait de consacrer, le Gouvernement ne l'y forcerait pas.

Les positions 6tant l nouveau indiqudes, le d~bat proprement dit s'ouvrait. La pr6pond6rance de l'argumentation thdologique devait y 6tre considerable. C'est ainsi que Josefson argua qu'une Eglise luth~rienne n'est pas tenue pour son organisation interne et que l'opposition en d~fendant une thbse fondde sur une hypothbse a des bases trop fragiles. C'est ainsi que l'6v~que Borgenstierna refusa de voir en tout verset biblique la parole de Dieu, en la question des femmes- pasteurs une question de salut, et r~clama qu'on digage ce qui est essentiel et qu'on s'arrange pour sa meilleure propagation, la question des femmes-pasteurs ne relevant que du domaine de la libertY.

A 23 heures, le d~bat 6tait suspendu. I1 restait une vingtaine d'orateurs qui allaient se faire entendre le lendemain I partir de dix heures. Mais plus le d~bat avangait, plus la solution paraissait certaine.

Lorsque le samedi 27 septembre 1958 le synode agrdait la loi votde par le Riksdag autorisant la conslcration f~minine I partir du 1or janvier 1959, c'ltait I une telle majorit6 qu'il n'y avait que 22 opposants. D4sormais, une Suddoise peut devenir pasteur de son Eglise nationale au meme titre que ses sceurs nordiques.

I1 faut attendre qu'une Suddoise demande I son 6v~que de la consacrer. Effectivement, Mme Brita Olin-van Zijl le fit au d~but de l'annre 1959. Mais comme elle ne se pr~parait pas I exercer dans une Eglise suddoise, la cons~cration lui fut refusde. La m~me chose 6tait survenue a un homme. Les r~actions qu'on observe chez les th~ologiennes suddoises sont encore des reactions de timidit6. Le cadeau leur semble trop beau et elles n'osent y croire. Chez certaines, il existe encore une crainte de mal faire. Il y a aussi le fait que l'exercice de la carrikre de pasteur peut contraindre ou paraltre contraindre au c6libat des jeunes filles qui voudraient pouvoir devenir aussi des femmes. Mais il est probable que ces consi- derations ne retiendront pas toutes les thdologiennes et que celles-ci suivront bient6t la route tracee par leurs cousines du Danemark. Le peuple suddois est pr~t I leur souhaiter la bienvenue: il les attend.

On avait soulev6 la crainte d'un schisme dans l'Eglise de Suede. Cette crainte s'est rv~vlle erronde.

Aprbs des d~bats de trois jours I la fondation de Hjiilmseryd en Smaland,

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

la ( haute Eglise a d~cidait de rester dans l'Eglise. Pour ces hommes, le synode n'avait pas l'autorit6 de s'4lever contre la parole, de Dieu et le pastorat f~minin 6tait justement contre la Sainte Ecriture et les textes confesses par l'Eglise. La raison qu'ils donnaient de leur attitude, alors qu'en abandonnant l'Eglise de Suede (et du coup leurs traitements) ils se seraient soumis A la tradition protes- tante, 6tait que (1 l'incroyance des hommes ne peut an~antir la solidit6 de la foi en Dieu a. Mais la ( haute Eglise n entendait continuer ? agir: elle fondait un ( ralliement pour la renaissance de l'Eglise n, nommait une commission thbologique charg~e d'examiner le probl~me de la consecration et envisageait la fondation d'un journal. La fin du ralliement 6tait de grouper tous ceux, clercs et laics, qui 6taient d~cidis i lutter contre la consecration des femmes. Il semble qu'effective- ment des cellules se soient formes dans un petit nombre de parolsses.

Cela ressort entre autres de la conference de presse que l'archev~que Gunnar Hultgren r~unissait pour la premiere fois dans les annales des reunions 6piscopales de Suede, i l'issue de la reunion du 11 janvier 1959 i Stockholm. L'archev~que demandait que ne se dresse pas dans les paroisses une opposition entre groupes rivaux pr6tendant 6galement s'appuyer sur l'Ecriture.

A vrai dire, i lire la presse, l'dcho de la resistance de la tendance ( haute Eglise a parait mince...

En guise de conclusion i ces lignes, on pourrait se demander quelle force sociale a le plus joud du fdminisme ou de la religiosit6. La faiblesse d'une seule 6tude est de mal distinguer deux ph6nomines. L'h~sitation suddoise a ouvrir le pastorat aux femmes t~moigne de lourds scrupules i opposer i l'6galitarisme des sexes voulu comme l'un des id~aux suddois. D'autres etudes, grace i des recou- pements devraient nous permettre de mieux mesurer et de mieux saisir ce qu'est la religion des Suddois. Du coup, on introduirait i c6t6 des m6thodes de numera- tion de la sociologie religieuse des m~thodes nouvelles de recherche. L'6laboration de telles m6thodes devrait nous forcer i corriger les conclusions d6ji tir6es lors d'6tudes sur des populations observant (plus ou moins) des rites obligatoires.

J. E. HAVEL.

Facultd des Sciences Politiques Universitd de Montrnal (Canada).

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