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L’ Institut de veille sanitaire a publié ses dernières données sur la rage en France. Le dernier cas de rage humaine d’origine autochtone date de 1924, et les cas importés sont rares (20 cas de 1970 à 2003), provenant d’Afrique essentiellement, avec une morsure canine pour origine. Il n’y avait pas eu de cas rapporté depuis 2003, or, un diagnostic de rage humaine fatale a été établi chez un homme de 42 ans en Guyane en mai 2008. L’infection était due à un virus rabique dit “desmodin”, dont le réservoir animal est la chauve-souris hématophage ou “vampire”, uniquement présente sur le continent sud-américain. L’enquête n’a pu déterminer s’il y avait eu contamination directe ou via un carnivore (chien, chat) infecté. V.L. Source : http://www.invs.sante.fr/surveillance/rage/default.htm La rage tue encore actualités | 6 OptionBio | Lundi 20 avril 2009 | n° 417 Les tests immunologiques à lecture automatisée recommandés dans la recherche de sang dans les selles dépistage Au moment même où le BEH faisait le point sur l’efficacité des tests immunologiques à lecture automatisée dans le dépistage du cancer colorectal, la Haute Autorité de santé rendait un avis favorable pour les substituer aux tests au gaïac actuellement utilisés. A ujourd’hui, les tests de recher- che de la présence de sang occulte dans les selles (fecal occult blood test ou FOBT) présentent l’avantage de la simplicité (lecture visuelle mais non automatisable), de l’innocuité et d’un faible coût, facili- tant le dépistage de masse du cancer colorectal chez les sujets âgés de 50 à 74 ans. Le plus utilisé est l’Hémoc- cult II ® (test au gaïac ou gFOBT), dont l’efficacité sur la baisse de la morta- lité liée à ce cancer est démontrée, mais qui est très mal accepté par la population générale. Une lecture automatisée de tests immunologi- ques (iFOBT) de recherche de sang dans les selles améliorerait le dépis- tage dans la population générale. Tests immunochimiques Les tests immunochimiques, plus spécifiques d’un saignement colorec- tal, déterminent la présence de sang occulte par l’utilisation d’anticorps monoclonaux ou polyclonaux dirigés vers la partie globine. Plus spécifiques que les tests qui mettent en évidence l’activité pseudo-peroxydasique, ils détectent la présence d’hémoglobine à partir d’une perte de sang colique de 0,25 mL par jour, avec les tests au gaïac le seuil minimal est dou- ble. La fabrication d’automates de lecture a renforcé la fiabilité de ces tests et permis d’en réduire les coûts. Cependant ces automates, dont les plus fabriqués, proviennent des fir- mes japonaises Eiken Chemical et Fujirébio, n’utilisent pas les mêmes techniques d’analyse de la réaction immunologique (analyse optique ou analyse d’images) ; les résultats ne sont donc pas comparables entre eux, dépendant en particulier de la quantité moyenne de selles préle- vées et de la quantité de tampon. Les iFOBT présentent l’avantage de n’imposer aucune restriction alimen- taire au patient et de limiter le contact avec la selle ainsi que la longueur de la manipulation sans phase d’étalage du prélèvement. Performances en population générale Aucune étude n’a démontré l’effica- cité des tests immunologiques sur la réduction de la mortalité, par manque de recul. Cependant, il est générale- ment considéré que la comparaison au test au gaïac apporte un niveau de preuves suffisant. Une étude fran- çaise avec Hémoccult II ® (gaïac) et Magstream ® (immunologique) note que, avec le seuil du fabricant (20 ng/mL), le gain de sensibilité du test immunologique (+ 50 % pour le cancer, + 256 % pour les adénomes à haut risque) était associé à une perte de spécificité. Avec un seuil à 50 ng/mL, le test immunologique détectait plus de deux fois plus de cancers et de gros adénomes que le test au gaïac, sans perte de spé- cificité. Avec un seuil de 75 ng/mL, le taux de positivité était identique pour les deux tests, mais la sensibilité et la spécificité du test immunologi- que étaient toutes deux supérieures à celles du test au gaïac (cancers invasifs et néoplasies avancées) ; le gain de sensibilité est de 90 % et le taux de faux positifs est réduit de 33 % pour les néoplasies avancées avec le test immunologique. Feu vert pour la substitution La Haute Autorité de santé a produit un rapport étudiant la possibilité de la substitution du test au gaïac par le test immunologique dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal en France. L’institution conclut que les don- nées concernant les tests Mags- tream ® et OC-Sensor ® , bien qu’ils entraînent un nombre important de coloscopies, « sont suffisantes pour recommander dès à présent la mise en place du processus de substitution gFOBT/iFOBT à lecture automatisée ». Les conséquences organisationnelles porteront notam- ment sur la nécessité de déterminer les centres de lecture et les moda- lités du contrôle qualité, rédiger un nouveau cahier des charges. Cette substitution permettrait une meilleure acceptabilité du dépistage de masse, et renforcerait plus par- ticulièrement la confiance et l’impli- cation des médecins généralistes. | V.L. Sources Launoy G. L’intérêt des tests immunologiques à lecture automatisée dans la recherche de sang dans les selles. Bulletin épidémiologique hebdo- madaire, janvier 2009 ; 2-3 : 30-2. Guitet L, Bouvier V, Mariotte N et al. Comparison of a guaiac-based and an immunochemical faecal occult blood test in screening for colorectal cancer in a general average-risk population. Gut. 2007; 56 : 210-4. Haute Autorité de santé. Place des tests immu- nologiques de recherche de sang dans les selles (iFOBT) dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal en France. Décembre 2008. www.has-sante.fr © schmecko - Fotolia.com

La rage tue encore

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L’Institut de veille sanitaire a publié ses dernières données sur la rage en

France. Le dernier cas de rage humaine d’origine autochtone date de

1924, et les cas importés sont rares (20 cas de 1970 à 2003), provenant

d’Afrique essentiellement, avec une morsure canine pour origine. Il n’y avait pas eu de

cas rapporté depuis 2003, or, un diagnostic de rage humaine fatale a été établi chez

un homme de 42 ans en Guyane en mai 2008. L’infection était due à un virus rabique

dit “desmodin”, dont le réservoir animal est la chauve-souris hématophage ou “vampire”,

uniquement présente sur le continent sud-américain. L’enquête n’a pu déterminer s’il y

avait eu contamination directe ou via un carnivore (chien, chat) infecté.

V.L.Source : http://www.invs.sante.fr/surveillance/rage/default.htm

La rage tue encore

actualités |

6 OptionBio | Lundi 20 avril 2009 | n° 417

Les tests immunologiques à lecture automatisée recommandés dans la recherche de sang dans les selles

dépistage

Au moment même où le BEH faisait le point sur l’efficacité des tests immunologiques à lecture automatisée dans le dépistage du cancer colorectal, la Haute Autorité de santé rendait un avis favorable pour les substituer aux tests au gaïac actuellement utilisés.

Aujourd’hui, les tests de recher-che de la présence de sang occulte dans les selles (fecal

occult blood test ou FOBT) présentent l’avantage de la simplicité (lecture visuelle mais non automatisable), de l’innocuité et d’un faible coût, facili-tant le dépistage de masse du cancer colorectal chez les sujets âgés de 50 à 74 ans. Le plus utilisé est l’Hémoc-cult II® (test au gaïac ou gFOBT), dont l’efficacité sur la baisse de la morta-lité liée à ce cancer est démontrée, mais qui est très mal accepté par la population générale. Une lecture automatisée de tests immunologi-ques (iFOBT) de recherche de sang dans les selles améliorerait le dépis-tage dans la population générale.

Tests immunochimiquesLes tests immunochimiques, plus spécifiques d’un saignement colorec-tal, déterminent la présence de sang occulte par l’utilisation d’anticorps monoclonaux ou polyclonaux dirigés vers la partie globine. Plus spécifiques que les tests qui mettent en évidence l’activité pseudo-peroxydasique, ils détectent la présence d’hémoglobine à partir d’une perte de sang colique de 0,25 mL par jour, avec les tests

au gaïac le seuil minimal est dou-ble. La fabrication d’automates de lecture a renforcé la fiabilité de ces tests et permis d’en réduire les coûts. Cependant ces automates, dont les plus fabriqués, proviennent des fir-mes japonaises Eiken Chemical et Fujirébio, n’utilisent pas les mêmes techniques d’analyse de la réaction immunologique (analyse optique ou analyse d’images) ; les résultats ne sont donc pas comparables entre eux, dépendant en particulier de la quantité moyenne de selles préle-vées et de la quantité de tampon.Les iFOBT présentent l’avantage de n’imposer aucune restriction alimen-taire au patient et de limiter le contact avec la selle ainsi que la longueur de la manipulation sans phase d’étalage du prélèvement.

Performances en population généraleAucune étude n’a démontré l’effica-cité des tests immunologiques sur la réduction de la mortalité, par manque de recul. Cependant, il est générale-ment considéré que la comparaison au test au gaïac apporte un niveau de preuves suffisant. Une étude fran-çaise avec Hémoccult II® (gaïac) et

Magstream® (immunologique) note que, avec le seuil du fabricant (20 ng/mL), le gain de sensibilité du test immunologique (+ 50 % pour le cancer, + 256 % pour les adénomes à haut risque) était associé à une perte de spécificité. Avec un seuil à 50 ng/mL, le test immunologique détectait plus de deux fois plus de cancers et de gros adénomes que le test au gaïac, sans perte de spé-cificité. Avec un seuil de 75 ng/mL, le taux de positivité était identique pour les deux tests, mais la sensibilité et la spécificité du test immunologi-que étaient toutes deux supérieures à celles du test au gaïac (cancers invasifs et néoplasies avancées) ; le gain de sensibilité est de 90 % et le taux de faux positifs est réduit de 33 % pour les néoplasies avancées avec le test immunologique.

Feu vert pour la substitutionLa Haute Autorité de santé a produit un rapport étudiant la possibilité de la substitution du test au gaïac par le test immunologique dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal en France. L’institution conclut que les don-

nées concernant les tests Mags-tream® et OC-Sensor®, bien qu’ils entraînent un nombre important de coloscopies, « sont suffisantes pour recommander dès à présent la mise en place du processus de substitution gFOBT/iFOBT à lecture automatisée ». Les conséquences organisationnelles porteront notam-ment sur la nécessité de déterminer les centres de lecture et les moda-lités du contrôle qualité, rédiger un nouveau cahier des charges.Cette substitution permettrait une meilleure acceptabilité du dépistage de masse, et renforcerait plus par-ticulièrement la confiance et l’impli-cation des médecins généralistes. |

V.L.

SourcesLaunoy G. L’intérêt des tests immunologiques à

lecture automatisée dans la recherche de sang

dans les selles. Bulletin épidémiologique hebdo-madaire, janvier 2009 ; 2-3 : 30-2.

Guitet L, Bouvier V, Mariotte N et al. Comparison

of a guaiac-based and an immunochemical faecal

occult blood test in screening for colorectal cancer

in a general average-risk population. Gut. 2007;

56 : 210-4.

Haute Autorité de santé. Place des tests immu-

nologiques de recherche de sang dans les selles

(iFOBT) dans le programme de dépistage organisé

du cancer colorectal en France. Décembre 2008.

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