Paul FREI,docteur en dtoit.

La reconstruction en Italie des regions eprouveespar des calamites,

: d'apres M. Domenico Romano1.

C'est en Italie, pays si frequemment et si douloureuse-naent eprouve par les fleaux de la nature, que sont neespour ainsi dire la science et la litterature des grandescalamites.

II y a 13 ans, le senateur Ciraolo, alors president dela Societe italienne de la Croix-Eouge, presentait a laXe Conference internationale de la Croix-Eouge un rapportsur les secours apportes aux peuples frappes de calamites.Ce rapport fait date, car il peut etre considere comme ledebut de la science des cataclysmes, a laquelle le gouver-nement fasciste a voue par la suite une attention touteparticuliere en creant une Commission speciale de l'Aca-demie royale des Lincei. Depuis lors, les cataclysmesont fait l'objet de nombreuses et serieuses etudes, aupremier rang desquelles se place l'ouvrage de M. DomenicoEomano sur « 1'Action du gouvernement fasciste pourla reconstruction des regions eprouvees par des cala-mites ». Ce livre qui, grace a l'initiative du Ministre destravaux publics, M. Araldo di Crollalanza, a paru enoctobre 1932, revet une importance particuliere, tant acause de son objet qu'en raison de la personnalite deson auteur, le premier expert choisi par le Comite exe-cutif de l'Union internationale de secours.

Ci-apres nous donnons un compte rendu sommaire del'ouvrage et de larges extraits du chapitre VIII sur « Lesservices de premiers secours en cas de ealamites publiques».

1 Ministero dei Lavori Pubblici. Direzione Generale dei ServiziSpeziali. L'Azione del Governo Fascista per la ricostruzione delle zonedanneggiate da calamiia (Sign6 : II Direttore Generale DomenicoKomano ; Roma, 28 Ottobre 1932 — X). — S.l.n.d. In-4 (210x315),IX et 345 pp., pi.

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Calamitys et •reconstruction en Italic

La reconstruction des regions e'prouve'espar des calamities.

Au retour de son voyage de Sicile en 1924, M. Mussolmi,impressionne par les ruines qui encore encombraientMessine, disait : « Je ne puis dormir lorsque je pense auxhonteuses baraques ou, depuis 15 ans, les sinistres vivententass^s. Je brulerai ces baraques a mesure que je recons-truirai les maisons », paroles, comme toutes celles duDuce, caracte"rise"es par une realisation presque immediate.

Jusqu'alors, il est vrai, de reels efforts avaient 6t6tentes pour d^blayer et reconstruire les regions de Sicileet de Calabre si durement 6prouv6es par le tremblementde terre du 28 decembre 1908. En 1922, lors de l'avene-ment du fascisme, 1,098,508 m2 de superficie avaient e"t6deblay^s; des 67,846 chambres que contenaient les baraquesconstruites apres le sinistre, 9,000 environ avaient e te"d^molies et remplace'es par 2,437 logements deiinitifs ;des constructions avaient et6" entreprises par le gouver-nement pour une somme globale de lires 149,436,755.26.L'Etat ne pouvant, pour faciliter la reconstruction, pro-uder a une expropriation ge"ne"rale, avait institue" unorganisme special, 1' Vnione Messinese, destine" a att^nuerles effets d'une expropriation partielle et, au moyen deprfits de faveur et de contributions directes de l'Etat, avenir en aide aux petits propri^taires. Mais en depit deces mesures, I'o3uvre de reconstruction £tait loin d'etreachevee, et restait pour ainsi dire en friche.

Sous l'impulsion ardente du Duce le fascisme abordar^solument ce lourd probleme, herite^ du passe". II entrepritcette oeuvre admirable qui, en neuf ans, a fait renaitreMessine, Eeggio de Calabre, Palmi, Catanzaro et tantd'autres villes et villages, ceuvre que M. DomenicoEomano nous de"crit en details avec une sobri4t6 qui nefait qu'en accuser les proportions grandioses. De tresbelles photographies et des statistiques suggestives

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^talent a nos yeux le travail accompli. Mais les chiffres sontplus suggestifs encore: de 1924 a 1932,12,151 chambres ont£te d^molies dans les baraques de Messine (1,640 seulementavaient 6t6 supprim^es avant 1924), 19,000 en Calabre ;des maisons et edifices publics ont et6 construits pourune somme de lires 611,629,102.—, sans compter lires227,886,279.— destinies aux eglises et aux institutionsde bienfaisance, qui jusqu'alors avaient 6t6 negligees.Paute de plans unifies et precis, Messine et d'autres loca-lites avaient ete' reconstruites selon des systemes dispa-rates. Le fascisme commenca par reorganiser toutel'administration des regions devastees, en supprimantVUnione Edilizia Nazionale (qui en 1915 avait succe"d6a F Unione Messinese) et en centralisant toute l'acti-vite entre les mains du Ministre des travaux publics.Afin de fournir plus aisement des credits aux sinistr^set d'activer en meme temps la reconstruction, le gou-vernement ajouta aux prets de faveur et aux contribu-tions d'Btat de ja existantes des effets negociables sousforme d'obligations danneggiati terremoto, qui represen-taient un paiement anticip^ des contributions de l'Etat.Ces titres nominatifs, payables dans les 120 jours de lapresentation a l'intendance des finances, obligeaientle propri6taire a une reconstruction rapide sous peined'extinction du titre trois ans apres son emission. Des plansregulateurs, inspires des donne"es les plus modernes,preciserent les modes de reconstruction. Divis^es logique-ment en quartiers d'industrie, de trafic maritime, d'habi-tation, espac^es de larges avenues, dot^es d'aqueducs,dugouts et d'installations modernes, embellies enfind'une universite, d'un dome et d'e"difices publics somp-tueux, Messine et d'autres villes ont pris un aspect desplendeur qu'elles n'avaient jamais connu.

Cette activite fievreuse ne s'est pas bornee a laCalabre et a la Sicile, mais a ete etendue aux 350 com-munes ravagees par le tremblement de terre du 13 jan-

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vier 1915 et a toutes celles qu'eprouverent les seismessuccessifs de 1916 a 1930. La aussi les ruines et les.bara-ques, qui encore subsistaient, ont ete deblayees et rem-placees par des cites modeles aux arteres rectilignes.

II est interessant de noter les innovations apporteespar le fascisme lors des seismes qui se sont produitsapres son avenement. Le 26 decembre 1927 des mouve-ments sismiques dans les Gastelli Romani causerentdes dommages considerables. Afin d'activer la recons-truction, le gouvernement fit executer a ses frais toutel'oeuvre de reedification, sous reserve de remboursementpartiel (40%-60%) par les proprietaires. Dans l'espacede quelques mois toutes traces de degats avaient disparu.Les memes mesures rapides furent appliquees apres leseisme de la Carnie du 26 mars 1928. Lors du tremblementde terre de Bologne du 10 avril 1929, une nouvellemethode fut tentee : les subsides pour la reconstruction(40%-60% des frais de reconstruction) ne furent octroyesque sur la base d'expertises faites d'office et sous condi-tion que les proprietaires termineraient les travauxdans un delai determine, systeme qui fit ses preuves,puisque 10 mois a peine apres la catastrophe, les recons-tructions etaient presque terminees. Enfin, le tremble-ment de terre du Vulture (23 juin 1930) permit unpremier essai d'une nouvelle organisation de secours,dont le parfait fonctionnement fut un succes. Le trainde secours ministeriel arrivait sur les lieux le jour memedu desastre, et le Ministre des travaux publics, investides son arrivee de pouvoirs dictatoriaux s'etendant atoute la region atteinte, prenait les mesures necessairespour organiser les premiers secours et l'isolement immediatde la zone. Lorsque le 7 aout les organismes de premierssecours furent demobilises, les services destines au vasteprogramme de reconstruction et leur personnel etaientdeja constitues, toutes les mesures utiles avaient eteprises.

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Apres avoir consaere plus de la moitie de son livreaux tremblements de terre, l'auteur examine plus brieve-ment les autres calamites.

Les eruptions volcaniques, en raison de leur moindrefrequence et des regions restreintes qu'elles menacent,n'occasionnent jamais des devastations comparables acelles des s&smes. Elles ne tiennent par consequentqu'une dizaine de pages parmi les 344 du livre deM. Romano. D'ailleurs, les principes studies lors desseismes s'appliquent en grande partie a la reconstruc-tion des regions atteintes par les eruptions successivesde l'Etna de 1923 et 1928 et du Vesuve de 1929.

Plus importantes sont les devastations causees chaquehiver par les alluvions, les inondations et les eboulements,consequence surtout du deboisement des regions mon-tagneuses et des pluies rares, mais parfois diluviennes.Dans ce domaine aussi, le faseisme a accompli unetache immense. Au contraire des seismes et des eruptionsvolcaniques, ces calamites ont l'avantage de pouvoiretre att&iuees dans une large mesure par des travauxde renforcement ou de prevention. Les gouvernementsanterieurs s'etaient occup^s du probleme, mais n'avaientjamais entrepris une ceuvre de grande envergure pourcombattre efficacement la trop grande frequence de tellescalamites. II suffit de citer les 204,809,516.38 lires d^pen-sees par l'Etat de 1924 a 1932 pour des oeuvres de defensecontre les eboulements et le transfert de localites mena-cees d'eboulements. De vastes travaux ont ete egalemententrepris pour endiguer des fleuves ou torrents, syst^ma-tiser ou regler leur debit et leur cours et il est a esp^rerqu'ainsi les alluvions, inondations et eboulements dimi-nueront de frequence et d'intensite.

Dans le dernier ehapitre de son livre intitule, «principesde construction anti-sismique», M. Domenico Romanoexamine enfin la legislation basee sur les dernieresdecouvertes de la science qui, en matiere de construction,

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ont permis de creer des edifices capables de r&sister auxtremblements de terre. II est interessant de noter que lespremiers jalons d'une legislation anti-sismique furentposes des le XVIIe siecle dans le royaume de Napleset que les memes principes inspirerent les mesures quele gouvernement italien dut prendre lors des tremble-ments de terre de 1883 et 1887. Mais il ne saurait etrequestion d'une legislation veritablement moderne, adap-ted aux donnees de la science actuelle, avant le deeretroyal du 16 septembre 1906. Oe decret qui, par la suitea servi de base a toute la legislation encore en vigueur,pose les principes suivants : 1) les constructions etreconstructions ne seront autorisees que sur un sol denature et de constitution geologique adaptee; 2) lesfontdations de tous les Edifices devront etre ancr^essolidement dans le sol, de maniere a obtenir entre le solet l'edifice un synchronisme d'oscillations aussi grandque possible ; 3) les constructions en ciment arme sontles plus aptes a register aux vibrations sismiques. A lasuite du tremblement de terre de Messine, un nouveaudecret royal du 15 juillet 1909 amplifia ces mesures enles appliquant aux regions deVast^es. La hauteur maximades maisons d'habitation fut fix^e, sauf exceptions, a10 m. et 2 stages, tout edifice devant avoir des mursd'une epaisseur minima determine, solidement relieshorizontalement par les planchers et un toit non debor-dant. La largeur des rues fut portee a 10 m. au moinset les coefficients sismiques de construction (rapportsentre les forces horizontals et le poids de la masse)a a/i2 pour l'entresol et 1/s pour les etages superieurs.Tous ces principes, a part quelques modifications duessurtout aux experiences acquises par la suite, se retrou-vent dans la legislation plus r&cente.

Grace a son expose clair et precis, M. DomenicoBomano nous permet de mesurer ainsi tout le cheminparcouru, surtout depuis l'avenement du fascisme,

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dont l'oeuvre grandiose apparait dans toute son ampleur.En groupant scientifiquement toutes les experiences enmatiere de calamites, l'auteur a rendu en outre un ser-vice Eminent a son pays, car une telle etude servirasans doute de base aiix de>eloppements ulterieurs duprobleme si angoissant de la prevention et de la repara-tion des dommages causes par les cataclysmes. II esta souhaiter que d'autres pays imitent cet exemple, afinde susciter une entr'aide internationale plus efficacesous les auspices de l'Union internationale de secours.

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Les services de premiers secours en cas de catamite'spubliques

«Nous avons eu plusieurs fois l'occasion au cours de lapre"sente etude de mettre en evidence l'oeuvre de premierssecours deployee directement par le gouvernement oufavorisee et coordonnee par lui dans le but de soulager lespopulations frappees d'une grave calamite. Si des resul-tats satisfaisants ont ete obtenus dans ce domaine,notamment a la suite du desastreux tremblement deterre du Vulture, c'est grace au fonctionnement rapide etefficace des differents services dont l'organisation consti-tue un des nombreux merites du gouvernement fasciste.

II n'est malheureusement plus necessaire de rappelerle triste privilege de l'ltalie en matiere de calamitesnaturelles, parmi lesquelles les phenomenes sismiques, parleur retour periodique et la gravite des dommages causes,tiennent la premiere place : de 1860 a nos jours, plus de350 tremblements de terre ont ete enregistres, dontenviron 50 catastrophiques. Mais en depit de la douloureuseexperience de ces terribles fieaux, le probleme de l'orga-nisation des services de premiers secours et de l'assistanceaux populations sinistrees n'avait jamais ete affrontecompletement, et cependant ces mesures, outre leurs

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Catamites etreconstruction en Italic

effets humanitaires bienfaisants et immediats, ont unegrande importance pour la preparation du retour auxconditions normales, conditions sine qua non du deVelop-pement de l'oeuvre definitive...

La rapidite et par consequent l'efficacite de 1'interven-tion gouvernementale se sont souvent heurtees a uneconnaissance imprecise de l'etat et des limites du desastre,a une incertitude de competence, a un manque d'outillageet de moyens pecuniaires appropries. A diverses occasions,l'initiative priree se r6vela encore plus tumultueuse etsterile. Animee d'une magnifique generosity, elle nedisposait pas, dans la meme mesure, de moyens et depersonnel appropries au but, et sa cooperation n'etait enaucun cas soumise a une autorite directrice. II arriva ainsique certaines equipes de volontaires ne purent aceomplirleur mission d'une maniere appropriee; souvent dessecours trop nombreux s'accumulaient dans une localite,tandis que d'autres en etaient privees ou ne les recevaientque tardivement; parfois des equipes nombreuses, arriv^essur les lieux sans approvisionnements et abris suffisants,ne purent aceomplir leur tache. II en resultait une perteevidente de moyens et d'energies. Le president de laCommission pour l'etude des grandes calamites, instituteau sein de l'Acade"mie royale des Lincei, remarquaitjudicieusement, dans une etude recente sur l'Unionmternationale de secours, imagined et cr^^e par lui;« l'improvisation, qui est la caracte>istique particuliere dessecours d'urgence dans les plus grandes calamites despeuples, comporte, comme consequence fatale, uneaugmentation du cout de tous les objets et de tous lesservices, une serie de doubles emplois, une disproportionentre les depenses generales et le ben&Kce retire ». Et cetteremarque a ete corroboree par ee qui s'est passe apres letremblement de terre du 28 decembre 1908 : a cetteoccasion « le sentiment fut plus grand que le rendement...chaque comite apportait une aptitude particuliere et des

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materiaux de fortune qui etaient toujours utiles, mais nontoujours les plus n^eessaires ; ils auraient ete certainementplus appropries aux besoins si un centre unique avaitpreVu a temps l'unification de la preparation et de ladistribution du materiel».

Cette necessite d'unite", ce besoin de coordination, condi-tions essentielles d'un afflux rapide et efficace dessecours, comportent la designation d'une autorite chargedde pr£sider aux differentes operations, a la determinationdes differentes attributions de chaque ministere et desdirectives a suivre. 11 importait done de cr^er d'avanceune organisation bien disciplinee, qui, en cas de besoin,ferait fonctionner toutes les activites des differents orga-nes gouvernementaux et publics et canaliserait les multi-ples initiatives privees, de facon que celles-ci, regiees etcoordonnees par une autorite directrice unique, soient ameme d'atteindre le but avec une plus grande rapiditeet un plus grand profit. En raison de la nature meme desdispositions a adopter et de l'experience acquise, leMinistere des travaux publics apparaissait commel'organe le mieux indique pour assumer la directionsupreme des services en question.

Ces directives, ebauchees par le decret-loi royal du2 septembre 1919, n° 1915, ont ete, par l'oeuvre du regimeactuel, precisees d'une facon complete et pour touteespece de calamites graves eii general, par decret-loiroyal du 9 decembre 1926, n° 2389, qui a assigne entreautres une somme de 10 millions de lires a la prepara-tion des moyens et du materiel necessaires. Le reglementd'application des dispositions legislatives sus-mention-nees a ete promulgue sous forme de d6cret interminis-teriel du 15 decembre 1927 : les administrations d'Etatet les autorites publiques, appeiees a concourir a l'oeuvrede secours, edicteront les instructions interieures neces-saires afin de conformer les services respectifs auxnormes generates en vigueur.

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Le decret-loi royal du 9 decembre 1926, qui pose lesbases de l'organisation, s'inspire surtout des principessuivants : 1) rapidite maxima pour le signalement et lareconnaissance d'une calamite; 2) unification generalede l'ceuvre de secours sous l'autorite du Ministere destravaux publics ; 3) coordination maxima des interven-tions de secours, soit des organisations publiques, soitdes organisations privees du pays ; 4) coordination pre-etablie des moyens de secours, afin qu'en cas de besoinils puissent etre employes immediatement et de la manierela plus efficace.

Nous avons prefere le terme de « coordination » a celuide « preparation », parce qu'apres examen attentif l'admi-nistration des travaux publics a estime qu'il n'y avait paslieu de constituer dans le royaume des magasins demateriel de premiers secours. II fut reconnu en effet quel'installation et l'approvisionnement de tels magasinsseraient assez couteux et surtout que la conserva-tion du materiel ainsi entrepose, notamment de certainsobjets non susceptibles d'etre remplaces, serait assezdouteuse. II a paru au contraire plus avantageux d'uti-liser, en cas de besoin, les moyens et le materiel dontcertaines administrations d'Etat et organisations desecours disposent deja dans les differentes localites duroyaume, et ce principe s'est revele efficace lors du recenttremblement de terre du Vulture. Ainsi l'autorite militaire,qui dispose d'un materiel considerable, peut fournir desmoyens de transport pour les personnes et le materiel,des camions et autocars ; elle peut procurer des provisionsde vetements, de lainages et de couvertures et assurerle ravitaillement et le campement des populations dansles regions devastees.

Le materiel necessaire aux services sanitaires peutetre fourni par le Service de sante civil et militaire,ainsi que par la Croix-Bouge italienne. Enfin, les cheminsde fer de l'Etat, dont le reseau, grace a son etendue dans

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tout le territoire national, se prete aisement a ce but,possedent dans leurs magasins de larges reserves de mate-riel et d'outilage indispensables aux premiers secoursimmediats. Cette administration dispose en effet d'unmateriel considerable qui peut etre utilise pour les pre-miers secours (brancards, disinfectants, pompes a incen-die, etc.); de materiel pour la construction de baraques(bois, toiles goudronnees, tole, etc.); de literie et demobilier pour les baraques ; d'outils et de materiaux deterrassement; de materiel d'eclairage et enfin d'objetsde consommation aux usages divers (torches a vent,charbon vegetal, bois a bruler, sacs, etc.).

L'administration des travaux publics dispose done atout moment de tout ce dont elle peut avoir besoin,d'autant plus qu'elle peut requisitionner, par une pro-cedure assez rapide, des materiaux, des moyens de trans-port, des locaux, des navires, etc. Et afin de faciliterles requisitions, des listes appropriees de personnel,materiel, de moyens de transport et de locaux sont dresseeset tenues a jour par les prefectures et les bureaux dugenie civil de toutes les provinces du royaume.

En ce qui concerne le personnel d'Etat, qui, en cas decalamte publique, doit assurer le service, il a ete consi-dere opportun, afin d'eviter les improvisations nuisiblesdu passe, de le designer a l'avance au moyen de listesnominatives dressees a cet effet conservees et tenuesa jour au Ministere des travaux publics. Ce personnelest muni par les diverges administrations de cartesd'identite individuelles, e'est-a-dire de laissez-passerdonnant acces a la region atteinte.

Comme le Ministre des travaux publics, ainsi que nousl'avons mentionne plus haut, dirige l'organisation, iletait indispensable que celui-ci fut a meme, des qu'undesastre se produirait, de se transferer sur les lieux avectous les fonctionnaires de sa suite et les moyens neces-saires a l'execution de sa tache. Un train ministeriel de

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secours a dt6 pr6par6 a cet effet, comprenant, outre lesvoitures du personnel et des bureaux, deux wagons, l'unconstruit pour contenir deux automobiles, et l'autre,arrange" en fourgon special pour les services eleetriquesde communication. Ce train peut etre forme" en moins detrois heures. Cettevoiture-fourgon, construiteparlesusinesdes chemins de fer de l'Etat, selon les pro jets du Ministeredes travaux publics, m&ite une mention sp^ciale. Ellea e'te' dot^e par les soins de l'Institut d'exp&imentationdes postes et tel^graphes, d'installations teM^graphiques,tele"phoniques et radiotele"graphiques. II est Evident quedans un service de caractere urgent, comme celui despremiers secours, l'efficacit^ des communications estune condition essentielle pour l'accomplissement de toutesles operations : pour cette raison l'am^nagement en ques-tion a fait l'objet d'une £tude approfondie qui a permisde r^aliser une installation qui — au dire des spe'cialistes —n'a pas d'^quivalent en Europe...

Une station radiote'le'graphique a 6te" e"galement ame"-nag^e au Ministere des travaux publics. De cette facon,si les communications par fil ont e"t6 totalement ou par-tiellement interrompues, les installations radiote'le'gra-phiques peuvent assurer ainsi les communications localesentre la voiture-fourgon et les stations installers dans laregion atteinte, la station du ministere ou, le cas ^che'ant,d'autres stations gouvernementales. En outre, les instal-lations en question peuvent etre e"galement employeescomme bureau de tel^graphe priv6 dans la mesure oule permet le service.

Examinons brievement le fonctionnement des servicesen cas de de'sastre :

II est certain que la prompte intervention de l'actionde secours depend de la cel&it6 avec laquelle la nouvelledu de^astre est transmise. A cet eff et, toutes les auto-rit^s locales, les bureaux des te'le'graphes, les obser-vatoires g^odynamiques et me^orologiques, les stations

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de semaphores et les united navales de la marine royalesont tenus de porter imm6diatement toute calamitesurvenue sur le territoire national a la connaisaaneedu Ministere des travaux publics. II est prescrit queles mouvements sismiques ne seraient signals queorsque l'intensite des secousses telluriques atteindrait

les 6me et 7me degres de l'echelle Mercalli. Et comme,des les premiers instants, les lignes teiegraphiques ettelephoniques peuvent 6tre interrompues et les routesdevenir impraticables, l'aviation, afin de determinerl'extension de la region atteinte et si possible la naturedes dommages, est charged de reconnaissances imme-diates dont elle rendra compte au Ministere des tra-vaux publics. Ce dernier, etant propose au service desecours, informe imm£diatement de'la calamity le chefdu gouvernement, tous les ministres, le commandantg^n^ral de la Milizia volontaria per la sicurezza nazionale,le Comite central de la Croix-Bouge italienne et l'Ordresouverain et militaire de Malte, afin que ceux-ci puissentenvoyer sur les lieux le personnel et le materiel dontils disposent.

II est cependant evident que meme si les organisationsde secours deploient la plus grande diligence, leur inter-vention ne pourra etre instantan^e. La loi pre>oit parconsequent que, jusqu'a I'arriv6e du Ministre des tra-vaux publics, toutes les autorites civiles et militaireset les comites de la Croix-Eouge proposes a la regionatteinte, seront tenus d'organiser, sous les auspices dupreset de la province, les premiers secours immediats.Tout a ete dispose dans la limite des previsions humainespour que les populations atteintes se sentent reconforteespar un eian de pleine solidarity de toute la nation : de laformation et du depart des trains de secours et des trainshopitaux a la mobilisation du personnel des differentesadministrations d'Btat et des organisations de secours,

d'avance pour se rendre sur les lieux, afin de

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prater leur concours sous la direction du Ministre destravaux publics.

Les exigences a satisfaire imme'diatement dans detelles circonstanees peuvent se resumer ainsi:

1) Sauvetage et secours des blesses, police mortuaire,demolition et sondage des edifices croulants, conserva-tion et recuperation de valeurs et d'autres objets.

2) Campements, refuges provisoires, approvisionne-ment et surveillance de l'hygiene des populations, assis-tance aux orphelins mineurs ou abandonne"s et auxdeiaisses en general.

3) Organisation des communications et des transportsdans la region atteinte, ainsi que de la protection de 1'ordrepublic et de la propriety, preparation d'installationsprovisoires pour les bureaux publics, la justice, lescultes, etc.

4) Beinstallation des autorites locales afin de pre-parer le retour a des conditions normales.

Les fonctionnaires superieurs des differentes admi-nistrations d'Btat preposes a des services speciaux,coopereront avec le ministre pour l'etablissement desmesures a adopter. Ainsi concourront les dirigeantsrespectifs des differents services du genie civil, desservices sanitaires, ferroviaires, postaux, eiectriques etenfin des services de monopole (sel et tabac). Des normesspeoiales reglent le developpement des services eux-me'mes, groupes en trois categories : groupes techniques,sanitaires et administratifs.

Un office special d'information est rattache directe-ment au ministre. Cet office recueille les listes journa-lieres des morts qu'il a ete possible d'identifier, desblesses extraits des deeombres ; il doit fournir tous autresrenseignements necessaires aux besoins materiels etmoraux de la population atteinte et, par consequent,au moyen de la presse, donner la plus grande diffusionpossible aux listes et aux informations recueillies.

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Des instructions spe"ciales assurent l'approvisionne-ment de la population dans les premiers jours, et notam-ment la fabrication du pain par les autorite"s militaires,les organisations et comites. Afin de sauvegarder l'ordrepublic et la regularite du transit dans la region atteinte,ses voies d'acces seront barr^es et soumises a unesurveillance severe. Le transport des refugies a e"te prevuparticulierement.

Enfin l'afflux vers les regions devastees d'aides chari-tables ou d'organisations privies de secours a fait l'objetd'une reglementation spe'ciale. Celles-ci n'auront accesdans la region meme qu'avec l'autorisation du Ministredes travaux publics, auquel les prefectures du royaumeauront eu soin de signaler le nombre des membres et lesmoyens dont disposent les equipes.

Cet expos^ de l'organisation des services de premierssecours ne serait pas complet si nous ne mentionnions— du moins sommairement— que l'administration destravaux publics a collabore re"cemment aux etudes etrecherches confines a la Commission institute aupres del'Academie royale des Lincei pour l'etude des grandescalamites. Cette Commission est destined en particuliera recueillir des donnees et des elements scientifiquesrelatifs aux types de fle"aux naturels les plus frequentsen Italie et dans les pays du bassin mediterranean, colla-borant ainsi a la preparation de cet atlas histo-riogeographique des calamites, qui devra fournir desdirectives certaines pour l'activite bienfaisante del'Union internationale de secours. Cette institution,comme nous le savons, due a l'initiative italienne etconstitute a Geneve par la Convention du 12 juillet1927, a re§u l'adhesion de 43 Etats et, en premierlieu, du gouvernement fasciste, qui ne pouvait que suivreavec sympathie une initiative tendant a instaurer uneorganisation internationale de secours analogue a cellequi est deja instituee sur le territoire national.... »

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