La réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie

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La réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie

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  • INSTITUT ALLEMAND DE DEVELOPPEMENT

    La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie

    Susanne Neubert Sihem Benabdallah

    Etudes et rapports dexpertise 11/2003

    Bonn 2003

  • Deutsches Institut fr Entwicklungspolitik

    Tulpenfeld 4 D-53113 Bonn Telefon + 49 0228 94927-0 Telefax + 49 0228 94927-130

    [email protected]

    www.die-gdi.de

    ISBN 3-88985-259-9

  • Prface

    Cette tude est issue dun projet de coopration entre Dr. Sihem Benabdallah (Centre International des Technologies de lEnvironnement de Tunis, CITET) et Dr. Susanne Neubert (Institut Allemand de Dveloppement, IAD, Bonn).

    Cette tude tente de rpondre quelques questions importantes qui sont dbattues actuellement au ni-veau international sur lutilisation des eaux uses traites. Lintrt analytique de ltude rside dans le fait de confronter lidal dune approche intgre de la gestion de leau avec les conditions pratiques locales cest--dire ici, dans un pays assez dve-lopp qui souffre cependant de pnurie deau et dexaminer les motifs daction des acteurs dans le secteur de leau. Lintrt par rapport aux politiques du dveloppement consiste contribuer au posi-tionnement de la coopration allemande dans ce domaine et rendre possible un jugement raliste sur la procdure. Enfin, il doit tre concrtement clarifi dans cette tude quel moment et sous quel-les conditions il est judicieux pour la coopration allemande de soutenir la stratgie de lutilisation des eaux uses dans lagriculture et de cofinancer aussi les projets correspondants.

    Le travail sadresse donc en premier lieu aux d-cideurs tunisiens et allemands, au Ministre de lAgriculture et lOffice National de lAssai-nissement (ONAS), au Ministre Allemand de la Coopration et du Dveloppement (BMZ) ainsi quaux organismes de dveloppement allemands et internationaux (FZ/TZ) oeuvrant dans le secteur de lenvironnement et de leau.

    Dans le cadre de llaboration de cette tude, les auteurs ont discut avec de nombreux experts et dcideurs en Tunisie et en Allemagne (liste en an-nexe, 2me Partie). Ces discussions ont t trs utiles et plusieurs aspects et opinions mentionns par les interlocuteurs ont t labors dans la prsente tude. Que tous les interlocuteurs soient ici cordia-lement remercis pour la disponibilit dont ils ont fait preuve lors des changes.

    Merci nommment Klaus Wenzel (CITET/GTZ) pour son assistance fondamentale au niveau de

    lorganisation. En outre, je remercie particuli-rement Andreas Kuck et Jrgen Blanken pour leurs prcieuses critiques du manuscrit. Je remercie Alexandre Sessouma pour la traduction de la deuxime partie de cette tude et Fatia Elsermann pour le remaniement rdactionnel.

    Bonn, novembre 2003 Susanne Neubert

  • Introduction

    Bien quune politique de leau soit partie exem-plaire, les ressources deau en Tunisie deviendront aussi encore plus rares si la gestion deau actuelle ainsi que les chiffres de demande deau se main-tiennent. Un objectif stratgique important de la politique de leau dans ce pays est donc daug-menter de manire efficiente lutilisation de leau. Lutilisation des eaux uses traites (EUT) dans lirrigation agricole est une possibilit importante pour parvenir cet objectif.

    De ce fait, la Tunisie a formul lobjectif national daugmenter le taux dutilisation des eaux uses dans lagriculture 50 %. Cependant, malgr des incitations conomiques et des tarifs chelonns en fonction des diffrentes qualits de leau, il est beaucoup plus difficile datteindre cet objectif tel que prvu initialement.

    Ainsi, le taux dutilisation des eaux uses slve depuis quelques annes 20 % au maximum et sta-gne ce niveau. Dans la prsente tude, on identifie les obstacles la ralisation de cet objectif et on en dduit des recommandations pour les surmonter.

    Le problme essentiel est que lpuration conven-tionnelle des eaux uses ne prend pas en consid-ration les besoins de qualit des utilisateurs de cette eau mais, traditionnellement, produit des qualits deaux uses destines tre dverses dans des cours deau. Le point crucial de cette tude est de voir comment ce facteur porte prjudice aux intrts des acteurs

    Le travail se compose de deux parties :

    Dans la 1re Partie (Sihem Benabdallah), on nonce dabord le contexte cologique, conomique et insti-tutionnel de lutilisation des EUT en Tunisie. A ce propos, on indique les donnes sur les ressources hydriques et la qualit de leau en Tunisie et on analyse les mcanismes juridiques et les besoins de qualit. Finalement, on explique le statut quo de la purification de leau use et on prsente les diff-rents projets de lutilisation des EUT.

    Dans la 2me partie (Susanne Neubert), on examine les diffrentes perspectives de plusieurs acteurs touchs par lutilisation des EUT. On analyse les avantages et les inconvnients lis lutilisation des EUT pour les diffrents acteurs et particulirement pour les agriculteurs. Ce moyen permet de dceler les entraves la mise en oeuvre de lutilisation des EUT et de dduire des recommandations pour les surmonter. Enfin, on examine la question de savoir si un traitement complmentaire dans les stations dpuration disponibles est le geste adquat pour surmonter les obstacles. On en analyse les condi-tions ainsi que la question de celui qui doit prendre en charge les frais. En outre, des diagrammes de dcision doivent faciliter la dcision selon les cas et soumettre une valuation raliste des variables.

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie I

    Rsum

    Lutilisation des eaux uses traites (EUT) dans lagriculture est un bon moyen pour les pays en pnurie deau de recycler les eaux uses de faon profitable et, ainsi, dutiliser plus efficacement leurs ressources deau.

    En Tunisie, lutilisation des EUT est dclare comme un objectif national et on vise un taux dutilisation de 50 % dans lagriculture irrigue. La bonne volont des dcideurs tunisiens mettre srieusement sur pied le processus de lutilisation des EUT se manifeste non seulement travers la mise en uvre de conditions juridiques valables, mais aussi par le dveloppement dun systme dvacuation relativement trs avanc, la fixation de tarifs diffrentiels, ainsi que par les projets existants dans le domaine de lutilisation des eaux uses.

    Cependant, le taux dutilisation des eaux uses stagne depuis quelques annes et slve avec les grandes fluctuations saisonnires un maximum de 20 %. Dans cette tude on identifie les entraves la mise en uvre pour atteindre cet objectif et on en dduit des suggestions pour les surmonter.

    Comme mthode dapproche, lanalyse dacteurs a t choisie car cest seulement en comprenant les motifs daction des acteurs concerns que lon peut identifier les entraves la mise en oeuvre et le cas chant les surmonter. Puisque dans la dis-cussion relative ce thme la perspective co-nomique des agriculteurs nest pas souvent traite de manire suffisante, ce travail met laccent sur les utilisateurs des eaux uses.

    Les rsultats de la prsente tude montrent que sous un premier point de vue, lutilisation des EUT serait profitable pour lensemble de la soci-t, lenvironnement et les vacuateurs. Lutili-sation des EUT naugmente pas seulement lutili-sation efficiente de la ressource hydrique en soi ni la valeur ajoute par unit de volume deau, mais aussi elle soulage au niveau des substances les cours deau. Mme pour les vacuateurs, le pro-cessus est clairement positif. Il leur permet dor-ganiser lvacuation de manire plus efficace et

    plus facile quil nest souvent possible dans des pays arides o les points deau sont gnralement loigns et possdent peu deau. En mme temps les fournisseurs deaux uses peuvent obtenir des revenus financiers qui nexisteraient pas en dehors de lutilisation des EUT.

    Mais il est trs difficile dvaluer la manire dont les changements quantitatifs causs par luti-lisation des EUT dans la distribution de leau ont des consquences sur le secteur environnemental. Jusquici, les milieux rcepteurs aquatiques ont profit quantitativement des adductions deaux uses. En revanche, dans lutilisation agricole, les eaux uses sont remises dans le sol, dans leau souterraine, dans les produits et dans latmos-phre. Selon les cas, cela peut causer un important dficit qui serait plutt valu ngativement. Mais dans le cas des villes ctires comme Tunis la capacit de drainage se jette quelques kilo-mtres plus loin dans la mer de sorte quon pour-rait ngliger les pertes.

    On doit sinterroger galement sur le profit pro-cur toute la socit par lconomie nette des ressources hydriques conventionnelles du fait de lutilisation des eaux uses. La manire dutiliser cette eau conomise la laisser dans lenviron-nement (par exemple en exploitant moins deau de sources environnementales) ou sen servir pour tendre ou intensifier lirrigation dans lagricul-ture dpend des dcisions des politiques de leau qui ne sont pas encore prises en Tunisie. Sous les conditions gnrales donnes, on doit supposer toutefois que les ressources deau conomises savrent profitables pour le secteur agricole. Mais en raison du renforcement optimis des sys-tmes dapprovisionnement de leau, cest le sec-teur environnemental qui souffre davantage en Tunisie du manque deau et cest plutt ce sec-teur quon devrait fournir ventuellement cette eau pour lintrt gnral de la socit. On pour-rait rsoudre ce problme en limitant la part des ressources deau totale qui doivent tre alloues au secteur agricole dans un pays. Ici, il est n-cessaire dvaluer les diffrents besoins.

    Les utilisateurs des eaux uses cest--dire les agriculteurs sont des groupes dacteurs qui, sous

  • II Rsum

    des conditions dencadrement donnes, ont plus dinconvnients que davantages par lutilisation des EUT. Cette thse est valable si on compare lutilisation des EUT avec loption alternative de lirrigation conventionnelle. Elle se rfre donc des sites dirrigation absolus do on a gnrale-ment accs aussi aux sources dirrigation conven-tionnelles. Malgr les incitations de prix viden-tes, pour les agriculteurs, les cots dopportunit et les risques de production plus levs prdomi-nent largement si ces agriculteurs utilisent des eaux uses traites. Cest la raison pour laquelle en Tunisie il existe dans plusieurs endroits des problmes dacceptation vis--vis de lutilisation des EUT.

    Le problme essentiel se trouve dans le fait que lpuration conventionnelle (constitution mat-rielle des eaux uses) na pas t adapte au mo-ment de la construction des systmes dvacuation aux besoins agricoles mais aux besoins des cours deau, entirement daprs le modle des pays riches en eau. Pour atteindre le consentement des agriculteurs et ainsi mettre sur pied lutilisation des EUT, le pas dcisif pour la Tunisie est de corriger cette lacune de compatibilit.

    Le faible accord entre la technique dpuration conventionnelle et les besoins agricoles concer-nent une srie de paramtres. Dans ce sens, on doit nommer particulirement la charge rsiduelle des germes pathologiques trop leve des eaux uses, lvaluation oppose de concentration des substances nutritives dans lcoulement, lazote tel quil se prsente lors de lcoulement ainsi que la salinit parfois trs leve. Le risque concernant les critres de dversement dans un cours deau est beaucoup moindre que dans lutilisation agri-cole parce-que les germes pathologiques meurent vite deux-mmes pendant un bref temps et leffet de dilution fait gnralement baisser les concen-trations de sel des niveaux tolrables. Cest pourquoi on pouvait tre satisfait dans lvacu-ation conventionnelle des concentrations donnes; par contre, les valeurs dcoulement habituel ont t insuffisantes jusqu maintenant pour une utilisation non restrictive dans lagriculture.

    La scurit hyginique des eaux uses aprs une puration conventionnelle en deux phases, est donc approprie lutilisation agricole certes pour les crales, les plantations, les plantes fourrag-res, etc. Par contre, pour les plantes qui se con-somment crues (comme les lgumes et les herbes directement broutes) la scurit ne serait vrai-ment plus assure dans tous les cas, mme en Tunisie.

    En consquence, le gouvernement tunisien a in-troduit des restrictions de culture pour des plantes consommation crue (particulirement les cultu-res marachres) si on utilise des eaux uses pour les arroser. Cette dcision tait certes approprie, mais pour les utilisateurs des eaux uses elle en-trane des consquences conomiques ngatives. Par cela ils ont de hauts cots dopportunit qui stagnent le processus. Pour exploiter une entre-prise agricole de faon rentable, les agriculteurs doivent non seulement optimiser la culture dun type particulier de plantes cultives par superficie mais aussi combiner de manire optimale les dif-frents types de culture selon un plan (cropping pattern).

    Mme si lutilisation des EUT est rentable pour chaque diffrent type de culture par les avanta-ges de cots on peut couvrir les frais qui sont de 200 300 DT / ha (100150$ / ha) plus levs que dans lirrigation conventionnelle les agriculteurs qui utilisent les EUT doivent, en raison des res-trictions de cultures marachres, dvier un plan de production conomiquement optimal pour pro-duire des types de culture de moindre valeur. Pour un hectare, les frais dopportunit dus lutilisation des eaux uses traites slvent jusqu 3000 DT (1500 $). Mme si un agriculteur dune exploitation de 10 ha, en tenant compte des capacits de travail limites, cultivait seulement deux hectares avec des cultures marachres, ses frais dopportunit remonteraient au double des gains quil obtiendrait en raison des incitations de prix et des avantages de cots des EUT.

    En outre, il existe pour les utilisateurs des eaux uses dautres srieux inconvnients :

    1 A certains endroits, loffre des eaux uses est trop faible et beaucoup moins fiable que les

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie III

    sources hydriques conventionnelles. Cela entrane pour les agriculteurs une augmentation de risque de production.

    2 Les eaux uses sont souvent trs sales de sorte quil faut sattendre des pertes de revenus sur les types de plantes cultives. En plus, il y a le risque dun excs de salification pour les sols si on ne prend aucune mesure damnagement particulire.

    3 Le risque rsiduel de sant et dagrocologie est trs difficile valuer pour les agriculteurs car les agriculteurs tunisiens ne sont pas conseills concernant lutilisation des EUT.

    Par ailleurs, les agriculteurs nutilisent pas effec-tivement la valeur de fertilisation des eaux uses et ne tirent donc pas rellement un avantage im-portant par rapport aux cots. De ce fait, ils nob-tiennent que des couvertures de cots sous opti-males.

    Dans les conditions donnes en Tunisie, les agri-culteurs rendraient de ce fait un service la so-cit sils utilisaient des eaux uses traites mal-gr un accs aux sources dirrigation convention-nelles.

    Par rapport la politique de leau, cela signifie que des prix deau chelonns ne suffisent pas pour diffuser cette technique dans des rgions o il existe aussi loption davoir accs leau dir-rigation conventionnelle. Pour atteindre cela, lpuration des eaux uses devrait tre plus forte-ment oriente vers les besoins qualitatifs et quan-titatifs des utilisateurs des eaux uses. De cette manire, lutilisation des EUT serait rentable pour eux aussi sur lensemble de lexploitation.

    En principe, il serait possible datteindre les exi-gences hyginiques dune manire relativement avantageuse laide dune stratgie de traitement quasi-naturelle. Par exemple, on peut obtenir une dsinfection suffisante des eaux uses seulement en la faisant sjourner autour de trois semaines dans des lagunes deaux uses. Cependant, consi-drant les systmes existants, linstallation ult-rieure dun traitement complmentaire reprsente-rait aussi la bonne solution. Mais ceci est logique uniquement pour les endroits qualifis pour les

    cultures marachres et auxquels dautres qualits des eaux uses traites (particulirement la sali-nit) suffisent pour irriguer avec ces eaux uses des cultures marachres. Pour dcider si linves-tissement pour le traitement secondaire est raison-nable, il ne faut alors procder que cas par cas.

    Pour prendre cette dcision il faut considrer plu-sieurs critres et les valuer. A cet effet, on a d-velopp et labor dans la prsente tude des diagrammes de dcision . Grce ces dia-grammes, on peut prendre en considration toutes les variables dinfluence importante et on peut faire une pondration approprie. Les diagrammes de dcision peuvent servir aussi bien pour les autorits tunisiennes que pour la coopration al-lemande (EZ) comme base de dcision rapide et systmatique selon les cas.

    En Tunisie, on prfre la technique de lirradiation aux rayons UV comme mthode de dsinfection bien quelle ne fournisse point de rsultats opti-maux. En revanche, la technique de membrane est trs efficace pour tous les micro-organismes. Ses cots, qui sont plus levs, reprsentent cependant un inconvnient ; on suppose que cest probable-ment la raison pour laquelle on prfre lirradiation aux rayons ultraviolets en Tunisie. Dans cette tude, on recommande dexaminer encore cette dcision pralable.

    La dsinfection des eaux uses ne doit tre en principe recommande que lorsquil y a relle-ment abolition des restrictions de culture concer-nant les eaux uses dsinfectes. Lappui de la coopration allemande peut tre li cette condi-tion.

    Si le site est appropri pour un tel traitement com-plmentaire, il se pose encore quand mme la question de savoir qui doit prendre en charge les frais. Etant donn que pour les agriculteurs les avantages dun traitement complmentaire se-raient normes et que cela sert particulirement lobjectif de lutilisation inconditionnelle dans lagriculture, une participation aux cots (cost-sharing) de la part des agriculteurs semble appro-prie.

  • IV Rsum

    La part des frais que les agriculteurs peuvent payer dpend des paramtres suivants :

    4 Nombre dexploitations fournies en eaux uses et sur lesquelles on peut prlever les frais dexploitation.

    5 Valeur des cots dopportunit pargns, cest--dire, les parcelles qui seraient effectivement cultives avec des cultures marachres.

    6 Potentiel du march local pour les cultures marachres et volution des prix.

    Il est important de veiller, lors de la participation aux frais, ce quun profit net soit garanti pour les exploitations agricoles.

    En plus des frais dexploitation, les cots de construction dun traitement secondaire doivent tre aussi financs. Dans cette tude, on considre quun engagement de la coopration allemande est gnralement raisonnable. Les arguments suivants militent en faveur dun engagement financier :

    7 Lutilisation des EUT est en principe une stratgie valable pour utiliser leau de manire plus efficace et plus durable.

    8 La coopration financire (KfW) sest forte-ment engage jusqu prsent dans la construction et lexploitation des infrastructures dapprovisionnement et dvacuation de leau de sorte quil est assez logique de poursuivre aussi cette assistance quand on adapte les institutions existantes aux exigences et aux ncessits en volution.

    9 Les expriences en matire de coopration avec la Tunisie sont jusquici trs positives.

    On recommande la Socit Allemande de la Coopration Technique (GTZ) de sengager, pour complter cela, dans les secteurs suivants :

    10 Appui lors de la formulation de concepts de politique de leau pour la diffusion et la bonne pratique de lutilisation des EUT. Le but principal serait dintgrer adquatement la perspective des utilisateurs des eaux uses dans le concept dvacuation et dans la distribution des frais. Un autre point dintrt serait danalyser dans quelle mesure il serait valable de faire une rpartition

    sectorielle des ressources deau conomises par lutilisation des EUT.

    11 Elaboration de guidelines pour les agriculteurs (selon le modle du BWP et du RWP, de la GTZ Jordanie). Grce ces guidelines on pourrait laborer et diffuser le bon usage des eaux uses. La priorit devrait tre, en plus de lusage correct de leau sale, le recours optimal aux substances nutritives contenues dans les eaux uses.

    Au niveau de sa conception, lutilisation des EUT devrait certes prendre en compte le principe viter avant remploi 1, mais gnralement on devrait traiter cette question fondamentale de ma-nire pratique. L o il existe dj des systmes sanitaires et deau potable, lutilisation des eaux uses est en tout cas un progrs par rapport lvacuation conventionnelle.

    Cependant, partout o des stratgies dvacuation locale sont nouvellement planifies il existe un terrain potentiel dactivits de participation au secteur stratgies dviter pour la coopration allemande (FZ et TZ). Des opportunits soffrent toujours aux endroits o sont conus de nouveaux quartiers urbains ou de nouvelles zones touristi-ques. On pourrait appliquer ici, plus srieusement que par le pass, des concepts dvacuation quasi-naturels. Cela concerne non seulement la ralisa-tion de nouvelles stratgies dans le domaine sani-taire (par exemple ECOSAN, GTZ) mais aussi la construction de lagunes deaux uses ou des ins-tallations de dcantation vgtale si on peut garantir une gestion professionnelle. Enfin, un tel engagement serait intressant pour la Tunisie et pour la Coopration allemande (EZ) parce quil reprsenterait un modle pour dautres pays. La Tunisie pourrait servir ainsi dexemple de matrise des problmes dadaptation dans le processus de vulgarisation de lutilisation des EUT.

    Il faudrait distinguer les concepts pour les pays en dveloppement les plus pauvres et les concepts pour les pays en dveloppement avancs parce que la situation de dpart dans les pays plus pau-

    1 Il faut viter dabord de produire des eaux uses avant de

    penser les rutiliser.

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie V

    vres se diffrencie fondamentalement de celle dans les pays avancs. Par manque de systmes dvacuation dans des pays plus pauvres, les eaux uses parviennent gnralement sous la forme brute et sont, dans la plupart du temps, rutilises uniquement sous cette forme. En consquence, dautres solutions sont ncessaires cest--dire des prix plus avantageux quen Tunisie pour atteindre une utilisation sre et durable des eaux uses dans des pays pauvres. Llaboration dune tude qui prend en compte les diffrentes situa-tions de dpart concernant lconomie et la tech-nique dvacuation des diffrents groupes de pays, serait donc utile.

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie

    1re Partie

    Point de dpart, conditions-cadres et stratgie politique deau

    Sihem Benabdallah, CITET

  • Table des matires 1re Partie

    Abrviations

    1 Bilan des ressources en eau en Tunisie 1 1.1 Aperu sur les ressources en eau conventionnelle en Tunisie 1 1.2 volution de la demande en eau 3

    2 La stratgie nationale dconomie et de valorisation des eaux 3 2.1 Historique 3 2.2 La stratgie dconomie deau 4 2.3 Le recours leau non conventionnelle 5 2.4 La stratgie pour la promotion de la rutilisation des EUT 6

    3 Etat dassainissement en Tunisie en tant que point de dpart pour la rutilisation des eaux 8

    3.1 Etat des lieux 8 3.2 Redevance de lassainissement 9 3.3 Qualit des eaux uses traites 10

    4 Utilisation des eaux uses traites pour lirrigation cadres et projets 13 4.1 Cadre politique, institutionnel et rglementaire 13 4.1.1 Cadre politique 13 4.1.2 Cadre rglementaire 14 4.1.3 Cadre institutionnel 16 4.2 Etat actuel de la rutilisation des eaux pures en irrigation 17 4.3 Les contraintes lies au dveloppement de la rutilisation dans le secteur agricole 19 4.4 Les projets agricoles programms 20 4.5 Tarification des eaux conventionnelles et non conventionnelles 20 4.6 Etude stratgique de valorisation des EUT 21

  • Liste des Tableaux

    Figure 1 : Rpartition gographique de la ressource conventionnelle en Tunisie 2

    Tableau 1 : volution de la demande en eau 3 Tableau 2 : Programme de mobilisation globale des ressources en eau en Mm3/an 5 Tableau 3 : Nombre dhabitants des communes prises en charge par lONAS 7 Tableau 4 : Indicateurs de performance de lONAS 8 Tableau 5 : Mode de facturation de lONAS en DT 9 Tableau 6 : Redevance de lassainissement pour lusage industriel en DT 10 Tableau 7 : NT 106.02 normes de rejets 11 Tableau 8 : Rendement purateur des STEP 13 Tableau 9 : Caractristiques des STEP 13 Tableau 10 : Norme NT 106.03 15 Tableau 11 : Les primtres irrigus partir des EUT 18 Tableau 12 : Evolution des cots moyens dexploitation et dentretien et des

    tarifs de leau dirrigation 20

  • Abrviations

    AIC Associations dIntrts Collectifs ANCSEP Agence Nationale de Contrle Sanitaire et Environnemental des Produits ANPE Agence Nationale de Protection de lEnvironnement AVFA Association pour la Vulgarisation et la Formation Agricole BOT Contrat de transfert propre la construction (Build-own-transfer contract) CITET Centre International des Technologies de lEnvironnement de Tunis CRDA Commissariat Rgional du Dveloppement Agricole DBO5 Demande biochimique en oxygne DCO Demande chimique en oxygne DGGR Direction Gnrale du Gnie Rural DGRE Direction Gnrale des Ressources en Eaux DHMPE Direction de lHygine du Milieu et de la Protection de lEnvironnement DT Dinar Tunisien (1euro ~ 1,4 DT) EUT Eaux Uses Traites FAO Food and Agricultural Organization (Organisation des Nations Unies pour lAlimentation et lAgriculture) ha hectare INNORPI Institut National de la Normalisation et de la Propret Industrielle j jour MA Ministre de lAgriculture MAERH Ministre de lAgriculture de lEnvironnement et des Ressources

    Hydrauliques MEAT Ministre de lEnvironnement et de lAmnagement du Territoire MES Total des matires solides en suspension mil Millimes (1/100 du Dinar Tunisien) Mm3 Millions de mtres cube MSP Ministre de la Sant Publique NT Norme Tunisienne OMS Organisation Mondiale de la Sant ONAS Office National de lAssainissement PCB Poly Chloro Biphnyles PCT Poly Chloro Terphnyles SONEDE Socit Nationale dExploitation et de Distribution des Eaux STEP Station dpuration UFC Coliformes fcaux

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 1

    1 Bilan des ressources en eau en Tunisie

    1.1 Aperu sur les ressources en eau conventionnelle en Tunisie

    Les ressources deau en Tunisie sont confrontes des problmes de quantit et de qualit. Ces res-sources sont limites en raison du climat semi-aride aride dans la majeure partie du territoire, avec des scheresses pisodiques, et subissent une dtriora-tion de leur qualit par ruissellement sur les diff-rentes roches salifres rparties sur le territoire Tu-nisien.

    La Tunisie reoit en moyenne 230 mm/an de pluie; soit 36 milliards de m3 par an. Ce volume varie entre 11 milliards de m3/an en anne de scheresse gn-ralise et 90 milliards de m3 en anne fortement pluvieuse. La variabilit du climat mditerranen au Nord et saharien au Sud rend la ressource la fois rare et ingalement rpartie dans lespace et dans le temps. La pluviomtrie annuelle est en moyenne de 594 mm au Nord, de 289 mm au centre et nest que de 156 mm dans le Sud du pays. Le rapport entre les prcipitations maximales et minimales varie de 4,4 au Nord 15,8 au Sud confirmant ainsi lirrgularit et la variabilit dune rgion une autre.

    Les ressources en eau en Tunisie sont estimes 4700 Mm3 dont 650 Mm3 de ressources non renou-velables, soit un taux de 13,8 % du total de la res-source. Par consquent, le ratio par habitant et par an nest que de 450 m3, un taux faible par rapport aux normes internationales considrant les pays ayant moins de 1000 m3 par habitant par an en tant que pays pauvre en eau.

    Les ressources en eau de surface sont estimes 2700 Mm3 par an rparties sur quatre rgions natu-relles distingues par des conditions climatiques et hydrologiques et des aspects gomorphologiques et gologiques relativement homognes :

    Lextrme Nord, en loccurrence la rgion de Bi-zerte-Ichkeul, bien que sa superficie ne reprsente que 3 % de la superficie totale du pays, fourni des apports en eau de surface valus 960 Mm3, soit 36 % du potentiel total du pays. Le Nord reprsent par les bassins de la Medjerda, du Cap Bon et de

    Mliane fournit des apports relativement rguliers valus 1230 Mm3, soit 46 % du potentiel total en eau de surface.

    Le centre comprenant les bassins versants de Neb-hana, Merguellil, Zeroud et le Sahel, prsente des ressources irrgulires dont la moyenne annuelle est value 320 Mm3 soit 12 % du potentiel total du pays. Le Sud du pays qui reprsente environ 62 % de la superficie totale du pays, est la rgion la plus pauvre en eau de surface et ne possde que des res-sources trs irrgulires values 190 Mm3 soit 6 % du potentiel total des eaux. On signale que 81 % des ressources en eau de surface sont situes au Nord du pays.

    La qualit des eaux, value par son degr de salini-t varie selon lorigine de la ressource. Ltat Tuni-sien considre quune eau ayant une salinit de moins de 1,5g/l est une eau de bonne qualit. Envi-ron 72 % du total des eaux de surface reprsentent un niveau de salinit infrieur 1,5g/l. La qualit de leau est reprsente aussi dans une rpartition go-graphique. Les eaux de moins de 1,5g/l prsentent 82 % des eaux du nord, 48 % des eaux du centre et 3 % des eaux du Sud.

    Cette ingalit dans la qualit de la ressource fait quune bonne partie des eaux du Nord est transpor-te vers le Sahel et le Sud afin damliorer la scuri-t dapprovisionnement en eau potable. Dans le cas o on pargnerait la bonne ressource superficielle (salinit infrieure 1,5g/l), seulement 28 % de la ressource superficielle pourraient tre allous au secteur agricole.

    Les ressources en eau souterraine sont estimes 2000 Mm3, soit 42,5 % de la totalit des ressources. Celles-ci sont rparties entre 212 nappes phratiques renfermant 719 Mm3 par an1 et 267 nappes profon-des. Les nappes profondes ont un caractre fossile et sont trs peu renouvelable. Il est estim que 650 Mm3 des ressources profondes, localises principa-lement dans le Sud, sont non renouvelables.

    1 DGRE (1998).

  • 2 Sihem Benabdallah

    Lingalit de la rpartition des ressources touche aussi les ressources souterraines. En effet, les nap-pes phratiques et profondes sont distribues com-me suit :

    le Nord possde 55 % des ressources des nappes phratiques et seulement 18 % des ressources des nappes profondes,

    le centre renferme 30 % des ressources phrati-ques et 24 % des ressources profondes,

    le Sud ne renferme que 15 % des ressources phratiques alors quil possde 58 % des res-sources profondes.

    La qualit des eaux souterraines, juge selon le ni-veau de la salinit, est rpartie comme suit :

    8 % avec une salinit de moins de 1,5 g/l, 71 % entre 1,5 et 5 g/l et 21 % suprieure 5 g/l pour les nappes phratiques,

    20 % avec une salinit de moins de 1,5 g/l, 57 % entre 1,5 et 3 g/l et 23 % suprieure 3 g/l pour les nappes profondes.

    Si on admet une salinit jusqu 3g/l pour lusage agricole et la production deau potable, environ 36 % des ressources souterraines sont non utilisa-bles pour ces deux secteurs qui sont en demande croissante.

    Un autre phnomne, courant en Tunisie, et qui affecte la qualit des eaux, est la scheresse. En effet, en priode de scheresse, la salinit des eaux stockes dans les retenues de barrages peut atteindre 3,5 g/l. Le dficit en eau est combl en partie par lexploitation des nappes souterraines qui servent aussi bien leau potable qu lirrigation. Une si-tuation qui se traduit par le tarissement du niveau des nappes et laugmentation de la salinit.

    Il faut noter que le phnomne de scheresse se manifeste deux trois fois tous les 10 ans et peut durer deux trois voire quatre annes successives.

    Figure 1 : Rpartition gographique de la ressource conventionnelle en Tunisie

    Source : Ministre de lAgriculture (1998)

    0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

    Eau de surface 78% 38% 19% 58% Nappes phratiques 14% 26% 10% 15% Nappes profondes 8% 36% 71% 27%

    NORD CENTRE SUD TOTAL

    (en % par rapport au total de chaque ressource)

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 3

    En rsum, le graphique (figure 1) prsente la rpar-tition gographique des ressources en eau conven-tionnelle en Tunisie.

    1.2 volution de la demande en eau

    En 1996, on relevait quatre grandes catgories dutilisation totalisant un volume annuel de 2.528 Mm3 deau. Ces utilisations sont exposes dans le tableau 1.

    La demande en eau dirrigation est de 2115 Mm3, soit 84 % des allocations totales. Lagriculture est donc la plus grande consommatrice deau. Cest pour cette raison que ce secteur a t principalement concern par les mesures dconomie deau, de valorisation et de rationalisation de la gestion.

    Par ailleurs, la demande en eau pour les besoins domestiques, touristiques et industriels ne cesse daugmenter. Les centres importants de la consom-mation deau se situent sur le littoral lEst alors que les ressources en eau sont localises essentiel-lement dans le Nord et lintrieur de la Tunisie. Do la ncessit de transfert de leau de plus en plus coteux dune rgion une autre.

    La satisfaction de la demande croissante en eau dune part et le dsquilibre spatio-temporel des ressources en eau en quantit et en qualit dautre part ont plac la problmatique de la raret de leau et de son cot parmi les priorits les plus urgentes pour la Tunisie.

    2 La stratgie nationale dconomie et de valorisation des eaux

    2.1 Historique

    Depuis les annes 1970, des plans directeurs de mobilisation de la ressource spcifique chacune des rgions naturelles du pays sont mis en excu-tion. Il sagit des trois plans directeurs de luti-lisation des eaux du Nord, du centre et du Sud. Ces plans ont permis ltablissement dun chrono-gramme des ouvrages de mobilisation, le transfert deau, lexploitation mixte des eaux de surface et des eaux souterraines, la protection contre les inon-dations et la valorisation et lutilisation des eaux des nappes du Sud.

    Au dbut des annes 90, la ralisation de ltude conomie de leau 2000 , ayant pour objectif fondamental de proposer une stratgie de gestion deau permettant de rpondre la demande en eau sur le plan national au cours des prochaines dcen-nies, a fait apparatre les limites dutilisation de certaines ressources conventionnelles moyen terme, particulirement cause de la salinit. Une stratgie nationale de dveloppement des ressources en eau, permettant datteindre la fois les objectifs de dveloppement conomique et social et ceux de prservation de la ressource en eau, a t ralise en 1991.

    En 1990, une stratgie nationale de mobilisation des eaux, ayant pour objectif de mobiliser la totalit des ressources du pays actuellement identifies de ma-nire satisfaire les demandes des diffrents sec-teurs au cours des prochaines dcennies, a t mise en oeuvre. Cette stratgie a permis la Tunisie de se doter de 23 barrages, 79 barrages collinaires, 497 lac collinaires, 20.000 forages et 50.000 puits de surface quips. Cette infrastructure a permis la mobilisation de 67 % des eaux mobilisables, soit 3,1 milliards de m3. Un taux de mobilisation de 95 % est prvu dici 2011.

    En 1997, une tude du secteur de leau, ralise par un groupement de bureaux dtudes germano-tunisien pour le compte de la direction des ressour-ces en eau DGRE, a trait des thmes relatifs lestimation de la demande, les dpenses publiques,

    Tableau 1 : volution de la demande en eau

    1996 2010 2020 2030

    Agriculture 2115 2141 2083 2035

    Eau potable 290 381 438 491

    Industrie 104 136 164 203

    Tourisme 19 31 36 41

    Total 2528 2689 2721 2770

    Source : Ministre de lAgriculture (1998)

  • 4 Sihem Benabdallah

    lvaluation du suivi, la gestion des nappes, la pollu-tion hydrique, la demande conomique de leau, les cadres lgislatifs et institutionnels, la rutilisation des eaux uses traites et le renforcement des capa-cits humaines.

    2.2 La stratgie dconomie deau

    Face laggravation de son dficit en ressources mobilisables par rapport ses besoins, le choix stra-tgique est donc de passer de lapprovisionnement (mobilisation des ressources en eau) la gestion de la demande travers les mesures financires ,de tarification, techniques, lgales et institutionnelles.

    La stratgie nationale sarticule autour de trois axes :

    La gestion de la demande : il sagit de conser-ver la ressource, dassurer lefficience cono-mique, de prserver lquit sociale par une bonne rpartition et de garantir la faisabilit po-litique.

    La gestion intgre et conjointe des ressour-ces : le recours aux nappes souterraines durant les priodes de scheresse, la recharge artifi-cielle des nappes phratiques pour faire face leur surexploitation et la dgradation de leur qualit, le recours aux eaux uses pures et aux eaux saumtres.

    La prservation de la ressource et la protec-tion de lenvironnement : conservation quanti-tative (renforcement et amlioration de la cap-ture et du stockage) et qualitative des ressources en eau et des cosystmes (rduction de la pol-lution des cours deau, et des nappes) et suivi de lvaluation des cots.

    En ce qui concerne la gestion de la demande en eau, des taux dconomie sont fixs par secteur dactivit et ralisable dici 2010 :

    30 % pour lagriculture par amlioration des systmes dirrigation, rhabilitation de lqui-pement hydraulique, modernisation des rseaux de distribution, etc.,

    20 % pour lindustrie : par recyclage, amliora-tion des processus de production et lintro-duction de technologies propres,

    27 % dans le secteur de leau potable par la modernisation des rseaux dadduction et de distribution.

    En ce qui concerne la gestion intgre et la prser-vation de la ressource, le gouvernement sest fix les objectifs suivants :

    la rutilisation des eaux uses pures (allant jusqu 50 %),

    lvaluation du potentiel de recharge de la nap-pe,

    la promotion de la rutilisation dans le secteur industriel,

    le dessalement des eaux saumtres et sales,

    Lutilisation des espces agricoles avec plus grande tolrance la salinit,

    La prvention contre la pollution hydrique.

    Lapproche adopte pour lconomie de leau en irrigation sest concrtise en appliquant les rfor-mes suivantes :

    lamlioration de lefficience des rseaux col-lectifs dirrigation et ce travers des program-mes de maintenance, de rhabilitation et de mo-dernisation des systmes deau ;

    la gnralisation de lutilisation des techniques dirrigation meilleur rendement comme las-persion et le goutte goutte; il est prvu dqui-per 90 % des primtres irrigus (soit 360.000 ha sur 400.000 ha au total) par des systmes dconomie deau ;

    la mise en place dun systme de tarification de leau dirrigation suivant des tarifs graduelle-ment croissants permettant dinciter les utilisa-teurs des conomies deau ;

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 5

    une participation plus active des Associations dIntrts Collectifs (AIC) la gestion des p-rimtres irrigus et leffort dquipement pour lconomie de leau et ce, par des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation.

    Les encouragements lutilisation des techniques dconomie deau englobent le recouvrement de 60 % des frais engags par les agriculteurs : 20 % du montant sous forme de subvention et 40 % sous forme de prt.

    Un effort est galement fourni pour la rduction des pertes dans les rseaux de leau potable. Le taux de desserte en eau potable en zone urbaine est proche de 100 % et en zone rurale est de 77 %. Linfra-structure hydraulique est sujette des pertes deau au niveau du rseau dadduction et de distribution. Diverses actions ont t entreprises pour le suivi des volumes deau produits, distribus et consomms travers :

    le comptage,

    la rgulation et la tlmesure,

    la recherche des fuites,

    la rhabilitation du rseau et des branchements,

    la sensibilisation des utilisateurs.

    En ce qui concerne la consommation en eau potable, une tarification progressive a t adop-te pour rduire le gaspillage et rationaliser lutilisation de leau.

    2.3 Le recours leau non conventionnelle

    En se basant sur les tableaux 1 et 2, en effectuant un simple bilan hydrique pour lhorizon 2010 entre le volume total mobilisable de la ressource conven-tionnelle estim 3090 Mm3 par an et la demande globale estime 2689 Mm3 on constate que la res-source atteint ses limites dans le futur proche. Les ressources exploitables tant les mmes, si ce nest pas un peu moins, du point de vue de lexploitation du volume non renouvelable et de la diminution des capacits de stockage dans les barrages par le ph-nomne denvasement, leau devient un facteur limitant au dveloppement face laugmentation de la demande. Ainsi la Tunisie se trouvera en situation de tension hydrique dans le futur proche.

    Face laugmentation de la demande en eau potable urbaine et rurale, estime 491 Mm3 en 2030 (381 Mm3 en 2010), et la croissance de la demande industrielle avec un taux daccroissement annuel moyen de 2 %, le recours des ressources non conventionnelles est devenu une ncessit afin de combler le dficit hydrique entre la ressource conventionnelle de 2.732,2 Mm3 et la demande to-tale de 2.770 Mm3 en 2030.

    La stratgie tunisienne moyen terme fait recours aux ressources en eau non conventionnelle et par-tir :

    de la rutilisation des Eaux Uses Traites (EUT),

    du dessalement des eaux saumtres,

    de la recharge artificielle des nappes.

    Tableau 2 : Programme de mobilisation globale des ressources en eau en Mm3/an

    Ressources exploitables

    1996 2010 2020 2030

    Ressources conventionnelles 2647 3090 2792,5 2732,5

    Ressources non conventionnelles 120 210 314 389

    Total 2767 3300 3106,5 3121,5

    Source : Ministre de lAgriculture (1998)

  • 6 Sihem Benabdallah

    Le recours aux eaux uses pures constitue une opportunit importante pour la satisfaction dune partie des besoins des secteurs de lagriculture irri-gue, de lindustrie et du tourisme. Cette ressource peut contribuer raison de 6,3 % pour lan 2010 et 12,4 % pour lan 2030. Elle constitue une ressource non ngligeable des ressources en nappes phrati-ques reprsentant un quivalent denviron 30 %.

    Avec le dveloppement urbain dune part, et laugmentation de la demande en eau dautre part, le volume des eaux pures slvera en consquence. Par ailleurs, lutilisation des EUT prsente plusieurs avantages dont :

    lconomie des ressources en eau convention-nelle et son utilisation dans dautres secteurs plus exigeants en terme de qualit ;

    la protection des milieux rcepteurs en particu-lier le littoral, le milieu naturel et les ouvrages hydrauliques (barrages) contre une eau riche en nutriments ;

    la prservation de certaines zones humides en manque deau ;

    la stabilit de la ressource par rapport celle lie la pluviomtrie ;

    la rduction des quantits dengrais utiliss en agriculture si les agriculteurs prennent en comp-te cet aspect.

    La stratgie tunisienne pour la promotion de la r-utilisation ainsi que ltat des lieux en Tunisie se-ront traits dans un volet part.

    Le dessalement des eaux saumtres pour leau pota-ble a dj commenc dans certaines rgions de Tu-nisie. Le dessalement se fait partir deau souter-raine saumtre dont la salinit est infrieure 10 g/l. Il existe trois stations de dessalement en Tunisie :

    La station de dessalement de Kerkennah : ralise en 1984, elle fut la premire unit de dessalement en Tunisie. Elle a une capacit de 3300 m3/j.

    La station de dessalement de Gabes : mise en ser-vice en Juin 1995, elle a une capacit de 22.500 m3/j en premire phase et 30000 m3/j en phase finale.

    Stations de dessalement de Jerba et Zarzis : mise en service en 1999, et ayant chacune une capacit de 12.000 m3/j.

    La recharge artificielle qui a dbut en 1992 concerne une douzaine de nappes, et reprsente environ 100 Mm3 par an. Elle seffectue partir des techniques de conservation des eaux et des sols ( travers le long des lits des oueds forte permabili-t, travers des bassins amnags pour cet objectif et par pandage des crues) par injection directe des ressources en eau de surplus dans des forages et des puits. Les ressources en eau ainsi infiltres permet-tent non seulement daugmenter le volume stock, mais aussi de lutter contre lintrusion saline dans les nappes ctires.

    2.4 La stratgie pour la promotion de la rutilisation des EUT

    Ltude stratgique du secteur de leau, labore par le Ministre de lAgriculture en 1999 a vis loptimisation de la gestion de la ressource ; Parmi les thmes tudis dans cette stratgie, le thme 9 qui concerne la promotion de la rutilisation des eaux uses traites dans le secteur agricole ou au-tres.

    La mise en place de cette stratgie sest base pour cela sur les critres suivants :

    prservation de la sant publique et de len-vironnement ;

    promotion de la rutilisation des eaux uses traites sur la base dune demande relle en eau, des normes de qualit appropries pour les di-vers usages prvus ;

    une rglementation pertinente qui incitera tous les usagers des eaux uses traites se confor-mer aux diverses exigences lies cette prati-que et effectuer un suivi sanitaire rgulier ;

    un contrle efficace sur tous les usages ;

    un coordinateur unique responsable de tous les aspects relatifs la rutilisation des EUT.

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 7

    Les objectifs donc fixs pour le Xme plan de dve-loppement sont :

    un taux de rutilisation des eaux pures de 60 % pour tous usages ;

    une superficie irrigue par les eaux uses pu-res de 22.000 ha.

    Pour ce faire, la stratgie pour la promotion de la rutilisation des EUT se base sur deux orientations principales, savoir :

    la substitution des eaux conventionnelles par les eaux uses traites au niveau des activits con-sommatrices deau ;

    la cration dune nouvelle demande avec des projets stratgiques initis par le gouvernement dans une planification long terme.

    La mise en uvre de cette stratgie porte principa-lement sur lapplication des certaines mesures prendre en compte sous les aspects suivants :

    a) Le renforcement du cadre lgislatif et institu-tionnel en appliquant les mesures suivantes :

    renforcer la lgislation existante afin de prciser la qualit des eaux et les modalits de rutilisa-tion des eaux uses traites ;

    identifier et clarifier les responsabilits de cha-cun des intervenants dans la rutilisation ;

    mettre en place des mesures institutionnelles et organisationnelles en vue dune relation contractuelle entre les fournisseurs et les bn-ficiaires des eaux uses traites.

    centraliser autour dun coordinateur toutes les oprations qui ont trait la rutilisation.

    b) Le contrle de qualit :

    La supervision et le contrle environnemental et sanitaire couramment appliqus doivent se poursuivre dans le but de garantir un contrle prcis des performances de chaque projet de r-utilisation ;

    la mise en place dun cadre rglementaire qui responsabilise les industries polluantes en effec-tuant des analyses rgulires sur la qualit.

    c) Lintgration de la rutilisation des EUT dans la gestion des ressources en eau, en dveloppant de nouveaux usages des eaux uses traites et en diversifiant ses filires. Dans une optique de prservation et de valorisation des EUT, La ges-tion des eaux uses traites doit se faire la source. A cet effet, lONAS doit veiller la qua-lit des rejets des eaux uses lamont des STEP et intgrer les opportunits de rutilisa-tion des eaux uses traites. Du point de vue technique, des solutions doivent tre cres pour augmenter les volumes de stockage inter-saisonnier (au niveau des primtres aliments par les grandes STEP. Ceci pourra tre ralis par le biais de :

    rservoirs de surface,

    stockage souterrain.

    d) Laspect conomique doit rpondre une relle demande en eau en quantit mais surtout en qualit. Les projets spcifiques raliser doi-

    Tableau 3 : Nombre dhabitants des communes prises en charge par lONAS

    Nombre dhabitants par com-mune

    Nombre de communes prises en charge par lONAS

    Pourcentage

    > 100.000 8 100 %

    De 50.000 100.000 18 100 %

    De 10.000 50.000 91 83 %

    De 5.000 10.000 25 36 %

    < 5.000 2 4 %

    Source : ONAS (2002b)

  • 8 Sihem Benabdallah

    vent tre conomiquement justifis et mis en oeuvre cas par cas. La rutilisation agricole se-rait trs intressante au cas o les eaux uses traites subiraient un traitement complmen-taire. Toutefois, il en ressort que le cot actuel des eaux de barrage est beaucoup moins lev que le cot dun traitement tertiaire (40 Milli-mes/m3 contre 50150 Millimes/m3). Pour ces raisons, le niveau de traitement des eaux uses doit tre dpendant de son utilisation.

    3 Etat dassainissement en Tunisie en tant que point de dpart pour la rutilisation des eaux

    3.1 Etat des lieux

    LOffice National dassainissement ONAS a t cre en 1974, ses attributions ont t modifies par la loi 9341 du 19 avril 1993. Il est actuellement charg de :

    la lutte contre les sources de pollution hydrique dans les zones dtermines par dcret ;

    la gestion, lexploitation, lentretien, le renou-

    vellement et la construction de tout ouvrage destin lassainissement des villes ;

    la promotion de la distribution et de la vente des eaux pures, des boues provenant des stations dpuration et de divers sous-produits ;

    la ralisation de projets dtudes et de travaux dassainissement.

    A travers des programmes de priorit pour protger les zones touristiques, les grandes villes et puis les villes de petites et moyennes tailles, lONAS pos-sde un parc de station dpuration assez important.

    LONAS est en train de mettre en uvre un pro-gramme de dlgation aux oprateurs privs des activits dexploitation de rseau dassainissement (10 % de participation du secteur priv). Une impor-tante opration sous forme de BOT est galement prvue pour la station de Tunis Ouest avec un cot de projet estim 200 millions de DT.

    Selon son rapport dactivit pour lanne 2001, lONAS gre 61 stations dpuration en fonction-nement traitant un volume de 169 Mm3 sur une ca-pacit totale de 218 Mm3 et 12 stations dpuration en cours de construction ou dquipement avec une capacit de 35.155 m3.

    Tableau 4 : Indicateurs de performance de lONAS

    Indicateurs 1999 2001

    Nombre dhabitants (en millions) pris en charge par lONAS 5,1 5,3

    Nombre dabonnement au rseau ONAS (en milliers) 835 990

    Taux de branchement dans les zones prises en charge par lONAS (%) 68 80

    Taux de branchement pour tout le territoire (%) 43 51

    Nombre de communes prise en charge 142 144

    Linaire de conduite dans les ZPG (Km) 9000 10250

    Nombre de stations de pompage 385 455

    Nombre de stations de traitement (STEP) 60 61

    Volume deau potable distribue 192 210

    Volume deau use collecte (en Mm3) 163 196

    Volume deau use traite E.U.T. (en Mm3) 135 169

    Pourcentage deau use traite 82 % 88 %

    Source : ONAS (2002b)

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 9

    35 Mm3 parmi 169 Mm3 dEUT, soit environ 20 %, ont t rutiliss pour irriguer 7400 ha, rpartis sur 6600h de terres agricoles, 600 ha de terrains de golfs, et 200 ha despaces verts et rcratifs.

    Le nombre de communes prises en charge par lONAS est de 144 sur un total de 260 communes soit 55 % des communes. La population raccorde est estime 5330 habitants, soit 86 % des habitants communaux et 51 % de la population totale. Le taux de raccordement est suprieur 77 % dans le Nord et le Nord Est du Pays, entre 67 et 69 % dans le Nord-Ouest et le centre de lEst, et infrieur 50 % dans le centre de lOuest et dans le Sud.

    Limportance du nombre dhabitants dans les com-munes prises en charge par lONAS est prcise dans le tableau ci-dessus :

    Prs de 88 % des eaux uses collectes sont traites par diffrents types de procds de traitement rpar-tis comme suit :

    44 stations boues actives (78,7 % des volu-mes) ;

    3 stations lits bactriens (5,1 % des volumes) ;

    14 stations lagunage (16,2 %).

    Les diffrents types de traitement sont donns en annexe. Les eaux brutes traites dans les stations dpuration sont constitues essentiellement des :

    eaux uses dorigine domestique (74 %) ;

    eaux uses dorigine touristique (9 %) ;

    eaux uses dorigine industrielle (17 %).

    Les stations dpuration traitent principalement la pollution organique. Un taux de rabattement denviron 90 % de la charge organique est rapport dans les documents de lONAS. Seulement 5 sta-tions dpuration assurent le traitement tertiaire qui consiste la dnitrification et llimination de phos-phate. Ces stations traitant 4,8 % des eaux uses, sont conues pour protger la retenue de barrages de Sidi Salem (capacit de 770 Mm3) et certaines zones touristiques. Par ailleurs, nous prsentons dans le tableau 4 certains indicateurs de lactivit de lONAS.

    3.2 Redevance de lassainissement

    Le systme tarifaire actuel de lassainissement est progressif selon lusage et la tranche de consomma-tion deau. Trois catgories dusage sont num-res :

    Domestique (mnages, commerce, public et industrie) : la redevance est base sur le volume deau consomm.

    Tourisme (htellerie) : la redevance est base sur le volume deau utilise.

    Industriel : la redevance est base sur le volume deau consomm partir du rseau de la SO-NEDE ou partir dune autre source et de la

    Tableau 5 : Mode de facturation de lONAS en DT

    Tranche VARIABLE FIXE

    en m3

    20 0.017 1.310

    2140 0.021 0.155 1.410

    7041 0.219 0.219 0.219 3.860

    15071 0.219 0.219 0.219 0.424 7.600

    150 et plus 0.219 0.219 0.219 0.424 0.468 7.820

    20 m3 20 m3 30 m3 70 m3 > 150 m3

    Source : Arrt des ministres des finances et de l'environnement et de l'amnagement du territoire en date du 30 juillet 1997, relatif aux redevances d'assainissement

  • 10 Sihem Benabdallah

    qualit des eaux rsiduaires rejetes. La qualit du rejet est classe en trois catgories de factu-ration : faible pollution, moyenne pollution et forte pollution.

    les usagers domestiques prsentent 98 % des abonns et contribuent raison de 70 % du vo-lume deau traite. Une tarification progressive qui dpend du volume deau consomme est applique en considrant cinq tranches de con-sommation en m3 par trimestre. Le tableau 5, sous forme de schma, prsente le mode de fac-turation de lONAS en dinars tunisiens (DT) en application depuis 1998.

    La redevance dassainissement pour lusage touris-tique est uniforme comprenant une charge fixe de 7.880 DT et 0.926 DT le mtre cube consomm.

    Les tarifs appliqus lindustrie dpendent du degr de pollution dfinie selon la charge organique. Le tableau 6 illustre la tarification industrielle.

    Toutefois, ce systme tarifaire ne permet pas la cou-verture des cots moyens de lexploitation. En effet, lONAS recouvre raison de 70 % de lusage do-mestique, 85 % pour lusage industriel et 90 % pour lusage touristique.

    3.3 Qualit des eaux uses traites

    Les eaux uses traites doivent rpondre la norme NT 106.02, homologue le 20 juillet 1989, avant rejet en milieu hydrique. Cette norme a dfini la qualit de leffluent en fonction du milieu rcepteur, quil soit maritime, public hydraulique ou canali-sations publiques sans tenir compte de ses particula-rits.

    Elle a dfinit les seuils de rejet de 54 paramtres (paramtres physico-chimiques, paramtres bact-riologiques, plusieurs mtaux lourds, et quelques micro-polluants organiques : hydrocarbures, pestici-des, PCB/PCT, et phnols) voir tableau 7 .

    Dune part, lONAS est tenu de dverser des rejets en conformit avec la norme, et dautre part, il a le droit de refuser systmatiquement le branchement son rseau dun effluent qui ne rpond pas la nor-me NT106.002.

    LONAS rapporte que le rendement purateur varie selon le type de procd de traitement appliqu. De point de vue limination de traitement organique, les procds intensifs boues actives ou lits bac-triens sont en moyenne les plus performants don-nant une charge moyenne de 24 mg/l pour la DBO5, 85 mg/l pour la DCO et 26mg/l pour les MES. En ce qui concerne la qualit micro-biologique, les EUT prsentent une charge suprieure 105 coliformes2.

    Le traitement par procds de type lagunage permet une meilleure rduction de la charge micro-biologi-que (103 104) alors quil est moins performant pour la rduction de la pollution organique (DBO5 = 60 mg/l, DCO = 206 mg/l et MES = 50 mg/l). En ce qui concerne la qualit micro-biologique, la qualit des EUT est mauvaise voire trs mauvaise.

    En outre, elle ne satisfait pas la norme de rejet dans un milieu naturel qui est de 2.000 units fcales par 100 ml. En effet, pour certains types de traitement, le dnombrement des germes fcaux dans les ef-fluents des STEP est 100 fois suprieur la norme NT 106.02.

    2 voir El Koundi (2002).

    Tableau 6 : Redevance de lassainissement pour lusage industriel en DT

    Critre DBO5 DCO MES Tarifs par m3 Fixe

    Pollution faible

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 11

    En comparaison avec les critres de qualit deau, souvent utiliss pour la pratique dactivit rcrative de contact primaire (baignade) qui est de 200 UFC/100ml, et secondaire (pche, etc.) qui est de 1000 UFC/100ml, les effluents des STEP sont de

    mauvaise qualit et ncessitent dune part un traite-ment pouss et coteux pour la production deau potable, et dautre part des prcautions particu-lires pour labreuvement des bovins limmdiat aux points de dversement des STEP.

    Tableau 7 : NT 106.02 normes de rejets Paramtres Expression des rsultats Milieu hy-

    draulique Canalisations pu-bliques ONAS

    Temprature mesure au moment du prlvement en degr Celsius C < 25C < 35C

    PH 6.5

  • 12 Sihem Benabdallah

    Une tude de la contamination bactrienne a t ralise par le laboratoire microbiologie du centre de recherche du gnie rural pour la station dpuration de la Charguia. Cette tude a montr que la concentration en germes fcaux la sortie de la station est de lordre de 106 coliformes fcaux par 100 ml et de 105 streptocoques fcaux par 100 ml. En plus, la charge bactrienne prsente des fluctua-tions journalires et saisonnires.

    Le traitement secondaire, que se soit biologique ou physico-chimique, nopre pas dlimination appr-ciable des germes. Seul le traitement complmen-taire permet le passage de 106107 103102 coli-formes par 100 ml. La prsence de ces concentra-tions en bactries dans les EUT implique donc une certaine probabilit dexistence de germes pathog-nes pour lhomme et les animaux. Le rendement

    purateur en pourcentage de la DBO5 selon le type de procds est prsent dans le tableau 8 :

    Par ailleurs, la comparaison des EUT issues dune dizaine de stations dpuration (Cherguia, Choutra-na, Ctire Nord, Sud Mliane, Nabeul SE4, Sousse Nord, Sousse Sud, Monastir , Kairouan et Sfax) a montr que la qualit chimique des eaux diffre dune station une autre en fonction de la qualit de leau dalimentation, de linfiltration dagents pa-thognes dans le rseau, du site de la station de trai-tement, de la proportion des eaux industrielles par rapport aux eaux domestiques et de la filire de traitement.

    Tableau 7 : NT 106.02 normes de rejets (suite) Bore : B mg/l 2 2

    Cadmium : Cd mg/l 0,005 0,1

    Chrome hexavalent : Cr6 mg/l 0,01 0,5

    Chrome trivalent : Cr3 mg/l 0,5 2

    Cobalt : Co mg/l 0,1 0,5

    Cuivre : Cu mg/l 0,5 1

    Cyanures : CN mg/l 0,05 0,5

    Etain : Sn mg/l 2 2

    Fer : Fe mg/l 1 5

    Manganse : Mn mg/l 0,5 1

    Mercure : Hg mg/l 0,01 0,01

    Molybdne : Mo mg/l 0,5 5

    Nickel : Ni mg/l 0,2 2

    Plomb : Pb mg/l 0,1 1

    Slnium : Se mg/l 0,05 1

    Titane : Ti mg/l 0,01

    Zinc : Zn mg/l 5 5

    Bactriologiques Coliformes fcaux Par 100ml 2000

    Strptocoques fcaux Par 100ml 1000

    Salmonelles Par 5 L absent

    Vibrions chlolriques Par 5 L absent

    Source : INNORPI (1989a)

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 13

    Le dpouillement des donnes obtenues sur le ren-dement purateur de 5 STEPs prsent dans le ta-bleau 9 pour une priode de 4 ans, cest--dire de 1997 2000, nous permet de faire les remarques suivantes, lexception de la STEP de Bja dont les rejets ne sont pas conformes, presque le 1/5 de lanne la norme en raison du raccordement de la brasserie de Bja :

    le rendement moyen dpuration varie entre 87 et 96 % ;

    le nombre de jours dpassant la norme pour la DBO5 varie entre 4 et 15 jours par an ;

    le nombre de jours dpassant la norme pour la DCO varie entre 6 et 19 ;

    le nombre de jours dpassant la norme pour les MES varie entre 3 et 41.

    Sur le plan de rduction de la charge organique, un effort supplmentaire est ncessaire pour mieux optimiser le rendement purateur en fonction des informations relatives aux caractristiques des eaux uses lentre.

    La salinit des EUT diffre dune STEP une autre selon le mode de traitement, ltanchit du rseau dassainissement et la qualit deau potable. On estime que la concentration en sels dans les eaux uses domestiques excde celle de leau potable de 200 300 mg/l. La moyenne annuelle en rsidus secs dans les EUT varie entre 1 et 15 g/l . Les STEP dans la rgion du Nord Ouest du pays possdent la meilleure qualit en terme de salinit (entre 1 et 1,5 g/l). Par ailleurs, le rsidu sec varie entre 2,8 et 6 g/l pour le grand Tunis, 1,6 et 2,6 g/l pour le Nord Est, 1,8 et 4,6 g/l pour le centre et le Sahel lexception de la station de Mahdia dont les effluents sont de 15,1 g/l.

    4 Utilisation des eaux uses traites pour lirrigation cadres et projets

    4.1 Cadre politique, institutionnel et rglementaire

    4.1.1 Cadre politique

    Dans le but de porter le taux dutilisation des EUT dans lirrigation de 21 % actuellement plus de 50 % lhorizon 2006, il a t dcid lors du Conseil Ministriel Restreint du 21 dcembre 2000 de gnraliser le traitement complmentaire dans les nouvelles stations dpuration, dintroduire ce pro-cd progressivement dans les stations existantes aprs ralisation des tudes sociales, conomiques et techniques, et de mettre en place un programme parallle pour la cration de rseaux dachemi-nement des EUT vers les zones de consommation deau dirrigation tout en garantissant les conditions de scurit sanitaire et un contrle rigoureux.

    Lors du Conseil Ministriel Restreint du 21 Juin 2001, il a t dcid de prendre plusieurs disposi-tions afin datteindre un taux dconomie deau de 30 % et de mettre disposition 7 % des eaux non conventionnelles. Plusieurs mesures ont t arrtes afin de doter toutes les zones irrigues en quipe-ments appropris pour lconomie deau et dinciter les industriels recourir aux sources de substitution dans le circuit de production. Ces mesures consis-

    Tableau 8 : Rendement purateur des STEP

    Type de traitement Rendement en % de la DBO5

    Chenaux doxydation 96

    Lits bactriens 94

    Boues actives 92

    Lagunages 84

    Source : El Koundi (2002)

    Tableau 9 : Caractristiques des STEP

    STEP Systme de traitement

    Jendouba Aration prolonge

    Bou Salem "

    Bja "

    Siliana "

    Teboursouk "

    Medjez El Bab "

    Source : ONAS (2002b)

  • 14 Sihem Benabdallah

    tent en (1) loctroi de subvention spcifique concurrence de 50 % avec un plafond de 2500 DT pour les oprations daudit obligatoires des syst-mes deau (2) loctroi de subvention spcifique concurrence de 20 % avec un plafond de 15.000 DT aux investissements ralises par les petites et moyennes entreprises visant la recherche, la produc-tion et la commercialisation des ressources non conventionnelles ainsi que lconomie deau (3) loctroi des avantages tels quautoriss par le code dinvestissement aux activits daudit et dexpertise en conomie deau (4) instaurer une subvention de 20 30 % pour le renouvellement des quipements dconomie deau et (5) instaurer des normes obli-gatoires pour les quipements de distribution des eaux.

    4.1.2 Cadre rglementaire

    Leau constitue une richesse nationale qui doit tre dveloppe, protge et utilise dune manire ga-rantissant la durabilit de la satisfaction de tous les besoins des citoyens et des secteurs conomiques.3

    La rglementation tunisienne concernant la rutilisa-tion des EUT a commenc par la promulgation du code de leau4 qui a interdit en partie lutilisation des eaux uses brutes et lutilisation des EUT pour lirrigation ou larrosage des cultures consommables crues. Lutilisation des EUT pour dautres cultures est conditionne par lautorisation du Ministre de lagriculture.

    Larticle 86 de la Loi 2001116 du 26 novembre 2001 du code de leau considre la rutilisation des EUT des fins de production et de services en tant que ressources hydrauliques dutilit publique.

    Le dcret 8586 du 2 Janvier 1985 a rglement les rejets des eaux uses dans le milieu rcepteur et a fix les conditions gnrales des rejets.

    3 Extrait de larticle 86 de la Loi 2001116 du 26 novembre

    2001 modifiant le code des eaux promulgu par la loi 7516 du 31 mars 1975.

    4 Loi No. 7516 du 31 mars 1975.

    Le dcret n 932447 du 13 dcembre 1993, mo-difiant le dcret no. 891047 du 28 juillet 1989, a fix les conditions dutilisation des eaux uses trai-tes des fins agricoles stipulant lobligation dune autorisation pralable, la frquence des analyses effectuer et la ncessit de bonne gestion afin dviter les impacts ngatifs. En rsum, les 12 arti-cles du dcret sont les suivants :

    Article 1 : indique que lutilisation des EUT des fins agricoles sont soumises une autorisa-tion du ministre de lagriculture aprs accord des ministres de lenvironnement et de lam-nagement du territoire et de la sant publique.

    Article 2 : stipule que les EUT doivent rpondre aux normes dutilisation fixes par la norme NT 106.03.

    Article 3 : fixe la frquence des analyses physi-co-chimiques et bactriologiques comme suit:

    Une fois par mois au minimum des chantillons moyens composs de prlvements effectus sur 24 heures en vue des analyses physico-chimiques suivantes : PH. DBO5, DCO, MES, Cl, Na, NH4 et conductivit lectrique. Une fois par semestre au minimum des chantillons moyens composs de prlvement effectus sur 24 heures en vue des analyses chimiques sui-vantes : Arsenic, bore, cadmium, chrome, co-balt, cuivre, fer, fluorures, manganse mercure, nickel, organochlors, slnium, plomb, zinc. Une fois tous les 15 jours des chantillons moyens composs de prlvement effectus sur 24 heures en vue de la recherche des ufs de parasites.

    Article 4 : met la charge des organismes dis-tributeurs la ralisation des analyses.

    Article 5 : interdit lirrigation des cultures ma-rachres et des crudits.

    Article 6 : interdit le pturage direct dans les parcelles irrigues par les EUT.

    Article 7 : limite lutilisation des EUT une liste de culture condition quaucune autre cul-ture ne soit contamine.

    Article 8 : affecte le contrle biologique et phy-sico-chimique des cultures irrigues par EUT au Ministre de la Sant publique

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 15

    Article 9 : oblige linstallation de plaque sur les robinets des EUT.

    Article 10 : mentionne lloignement des pri-mtres irrigus par aspersion par rapport aux agglomrations et puis des surfaces destines lalimentation en eau potable.

    Article 11 : interdit les stagnations deau, les mauvaises odeurs, les gtes larvaires et la con-

    tamination de la nappe souterraine occasionns par lirrigation des EUT.

    Article 12 : rglemente les modalits dappli-cation chaque utilisation par un cahier de charge.

    La norme tunisienne NT 106.03 de Juin 1989 rela-tive lutilisation des EUT des fins agricoles a t labore sur la base des recommandations de la FAO et de lOMS. Les spcifications physico-chimiques et bactriologiques sont mentionnes dans le tableau 10.

    La norme tunisienne est moins svre par rapport FAO pour le cobalt, le cuivre, le manganse, le s-lnium et le zinc alors quelle est plus svre pour le plomb.

    Du point de vue micro-biologique, la NT 106.03 ne prend en compte que le nombre dufs de nmato-des. Par contre, lOMS recommande un taux de coliformes fcaux infrieurs 1000 unit/100 ml pour lirrigation des terrains de sport et des jardins publics et une directive plus stricte de 200 units par 100 ml pour les lieux avec lesquels le public pour-rait avoir un contact direct comme par exemple les pelouses.

    Larrt du 21 Juin 1994 du Ministre de lAgri-culture fixe la liste des cultures qui peuvent tre irrigues par les EUT comme suit :

    les cultures industrielles dont le coton, le tabac, le lin, le jojoba, le ricin, et le carthame ;

    les cultures cralires dont le bl, lorge, le triticale et lavoine ;

    les cultures fourragres dont le bersim, le mas, le sorgho fourrager et la vesce ;

    les arbres fruitiers dont les dattiers, les agrumes et les vignes condition quils ne soient pas ir-rigus par aspersion ;

    les arbustes fourragers dont lacacia et latri-plex ;

    les arbres forestiers ;

    Tableau 10 : Norme NT 106.03

    Paramtres Unit Concentra-tion maxi-

    male

    FAO

    pH Entre 6,5 et 8,5

    Conductivit us/cm 7000

    DCO mg O2/l 90

    DBO5 mg O2/l 30 30

    MES mg/l 30 30

    Chlorures mg/l 2000

    Fluorures mg/l 3 1

    Organochlors mg/l 0,001

    Arsenic mg/l 0,1 0,1

    Bore mg/l 3 3

    Cadmium mg/l 0,01 0,01

    Cobalt mg/l 0,1 0,05

    Chrome mg/l 0,1 0,1

    Cuivre mg/l 0,5 0,2

    Fer mg/l 5 5

    Manganse mg/l 0,5 0,2

    Mercure mg/l 0,001

    Nickel mg/l 0,2 0,2

    Plomb mg/l 1 5

    Slnium mg/l 0,05 0,02

    Zinc mg/l 5 2

    Oeufs de nma-todes intestinaux

    < 1/1000ml

    Source : INNORPI (1989b)

  • 16 Sihem Benabdallah

    les plantes florales scher ou usage indus-triel dont le rosier, liris, le jasmin, la marjo-laine et le romarin.

    Par ailleurs, le cahier des charges prvoit une srie de mesures de prvention pour le stockage et la distribution des EUT, les pratiques de gestion et la protection des ressources en eau souterraine et de surface. En ce qui concerne les agriculteurs, il sont obligs de mettre une tenue de travail rserve la manipulation des EUT, de se vacciner contre le ttanos et deffectuer un examen mdical annuel leur charge.

    4.1.3 Cadre institutionnel

    Le cadre institutionnel pour la gestion des eaux uses traites fait intervenir principalement quatre type doprateurs :

    (A) Le producteur des EUT

    Il se trouve que LONAS est le producteur des eaux uses traites. Il a pour mission de promouvoir la distribution et la vente des eaux pures, des boues provenant des stations dpuration et de tous autres sous-produits.

    (B) Les contrleurs

    Plusieurs acteurs de contrle pour la rutilisation des EUT dont principalement le ministre de la sant publique pour le contrle sanitaire des exploi-tants et de la population riveraine des primtres irrigus ainsi que des produits, activits tenues par les services de la Direction de lHygine du Milieu et de la Protection de lEnvironnement (DHMPE) et par lAgence Nationale de Contrle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) et le ministre de lagriculture, de lenvironnement et des ressources hydrauliques travers lANPE :

    La DHMPE est charge de la supervision des condi-tions dhygine, de lvaluation, du contrle, de lassistance technique, de la sensibilisation du public et de la recherche. Elle veille viter les risques sanitaires dus la prsence de composs chimiques, toxiques ou de germes infectieux. En

    vue dexaminer leur tat dhygine, elle contrle les conditions dutilisation des EUT par les utili-sateurs et par la population environnante de mme quelle intervient pour le contrle sanitaire des eaux traites, des distributeurs deau ainsi que pour celui du secteur agricole utilisant les EUT.

    LAgence Nationale de Contrle Sanitaire et Envi-ronnemental des Produits (ANCSEP), cre en 19995 comme un tablissement public sous la tutelle du ministre de la sant publique, a pour mission de (1) veiller au respect de la rglementation et des normes nationales et internationales en matire de contrle sanitaire et environnemental des produits, (2) de prendre les dcisions concernant les applica-tions des normes et des rgles en vigueur et notam-ment celles relatives aux procds et aux rsultats des analyses, (3) de contribuer la formation et linformation en matire de contrle sanitaire et environnemental des produits.

    LAgence Nationale de Protection de lEnviron-nement (ANPE), cre en 19926 sous tutelle du Mi-nistre de lAgriculture de lEnvironnement et des ressources hydrauliques a pour mission de lutter contre toutes les sources de pollution et de nuisance et contre toutes les formes de dgradation de lenvironnement. Elle intervient pour lapprobation des tudes dimpacts sur lenvironnement des pro-jets de rutilisation des EUT.

    Ces tudes sont exiges par le dcret no. 91.362 du 13 mars 1991 qui a rendu obligatoire la ralisation dune tude dimpacts sur lenvironnement avant la ralisation des nouveaux projets (units industriel-les, agricoles ou commerciales) pouvant tre gnra-teurs de pollution ou de dgradation de lenviron-nement.

    En tant que police de lenvironnement, lANPE veille la conformit de la qualit des eaux rejetes dans le milieu naturel y inclus celles pures par lONAS.

    5 Dcret No. 99769 du 5 avril 1999.

    6 Loi No. 92115 du 30 novembre 1992.

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 17

    (C) Le fournisseur

    Les CRDA (Commissariats Rgionaux au Dvelop-pement agricole), sous tutelle du MAERH, se char-gent de la distribution des eaux uses traites par-tir de lexutoire des stations dpuration de lONAS jusquaux primtres irrigus par la ralisation des stations de pompage et du rseau damene et de distribution et assurent ensuite lexploitation et lentretien des leurs ouvrages.

    La Direction Gnrale du Gnie Rural (DGGR) avec les arrondissements au niveau des CRDA rali-sent les tudes, la gestion et la distribution des EUT.

    (D) Les utilisateurs

    Dans les primtres conventionnels, on volue vers un systme de gestion participatif la dlgation de la gestion des primtres irrigus aux associations dusagers deau (AIC ou association dintrt col-lectif) avec un appui de la part des CRDA.

    La passation de la gestion aux AIC des EUT reste encore hsitante et ncessitera dune grande assis-tance de la part de ladministration du point de vue technique pour lentretien et la rparation des infras-tructures hydrauliques assez importantes au niveau des primtres irrigus par les EUT et du point de vue sanitaire concernant lexposition des utilisateurs aux risques infectieux inhrents lutilisation des EUT.

    4.2 Etat actuel de la rutilisation des eaux pures en irrigation

    Le secteur agricole consomme la plus grande part des ressources conventionnelles et cest donc le secteur le plus cibl par la rutilisation des EUT. Dautre part, la continuit dans le temps des volu-mes disponibles par les EUT, mme en priode de scheresse avec des impacts ngatifs sur les revenus des agriculteurs, reprsentent environ 28 % de la population active de la Tunisie.

    Par ailleurs, lutilisation des EUT pour certaines productions agricoles vulnrables la scheresse ne peut tre que bnfique pour combler les dficits

    agroalimentaires. En effet, certaines tudes ralises au niveau du ministre de lagriculture montrent que 70 % de la variation dans la production cralire sexplique par la variation pluviomtrique saison-nire de lautomne et environ 64 % de la variation dans la production des oliviers sexplique par la variation des pluies de lanne prcdente. La ruti-lisation des EUT en Tunisie a dmarr en 1965 dans les vergers de la Soukra situe environ 5 km au Nord-Est de la ville de Tunis.

    Ltat actuel de la rutilisation des EUT7 est rsum dans le tableau 11 :

    Lirrigation du primtre de Moknine (100 ha) partir des EUT a t abandonn pour des raisons lies la salinit leve des eaux. Actuellement, ce primtre est aliment partir des eaux convention-nelles du barrage Nebhana.

    Les cultures pratiques comportent essentiellement des fourrages (luzerne, lavoine, le sorgho, le raye gras et le bersim) sur 2.060 ha, des crales (bl dur et bl tendre) sur 1.019 ha, et des arboricultures (olivier, agrumes, pcher, vigne de cuve, amandier et grenadier) sur 1.299 ha, soit un total exploit de 4.378 ha Ceci donne un taux dintensification de 66,3 % sur une superficie de 6.603 ha quips. Les cultures industrielles de betterave sucre et de co-ton ne sont plus pratiques. En effet, les sucreries tunisiennes se limitent au raffinage du sucre.

    Au niveau de la STEP de Gabes, des cultures indus-trielles de henn et de tabac sont en cours dex-primentation. Un projet pilote ralis par lONAS, dans lenceinte de la STEP de Choutrana, a fait la comparaison de la production de plantes florales (le rosier, liris, le jasmin, la marjolaine et le romarin) irrigus partir des EUT en utilisant les boues de la station sur une parcelle et le fumier sur une autre. Une augmentation de production 20 % a t obser-ve sur la parcelle ayant t pandu par les boues.

    Diffrents modes dirrigation sont pratiqus au ni-veau des primtres irrigus par les EUT. Cepen-dant, la submersion est la pratique la plus rpandue en raison de la charge leve en matire de suspen-

    7 ONAS (2002a).

  • 18 Sihem Benabdallah

    sion dans les EUT qui peuvent colmater les asper-seurs et les quipements de goutte goutte.

    En ce qui concerne le rendement des cultures, il faut noter que les primtres irrigus par les EUT don-nent un meilleur rendement que ceux irrigus par leau conventionnelle. Un ratio de deux fois plus grand est observ pour la production de certaines cultures fourragres (Bersim, Luzerne, Sorgho) et un ratio de 2,67 plus lev a t observ pour la production des oliviers.

    Par ailleurs, lirrigation des terrains de golf est rali-se 90 % avec les EUT. Au total, 570 ha de ter-rains de golfs sont arross principalement par les EUT avec un complment deau conventionnelle (forage ou barrage) pour amliorer la salinit des eaux. Lirrigation des espaces verts en milieu ur-bain, autour des aroports et des parterres pleins centraux de quelques routes est en croissance. De plus, il faut noter que le taux de rutilisation des EUT est proche de 20 % pour lan 2001. Ce taux varie dune rgion une autre (6,7 environ 90 % au niveau du primtre Dra Tamar Kairouan).

    Tableau 11 : Les primtres irrigus partir des EUT

    Gouvernorat Primtres Date de mise en service

    Superficie en ha

    STEP Longueur du rseau dadduction en m

    Bassin de stockage en m3

    Observation

    Sabela-B Touil

    1990 3200 Choutrana +Charguia +ctire Nord

    1600 Sauvegarde des agrumes

    Ariana

    Soukra 1965 600 Charguia 4000 5800

    Ben Arous Mornag 1991 1047 Sud M-liane

    9500 Terres Domaniales

    Nabeul O.Souhil Messadi Bir Rommana

    1984 236 70 40

    SE4 Nabeul 3000 600 Sauvegarde des agrumes

    Sousse Zaouiet sousse

    1987 205 Sousse Sud 1800 2500

    Monastir Moknine Ouardanine Lamta-Sayada

    1996 1996

    100 50 50

    Moknine Ouardanine Lamta Sayada

    700 2300

    1000 Irrigu partir des EC

    Kairouan Dra Tammar 1990 240 Kairouan 4000 1500

    Kasserine O. Essid 1998 100 Kasserine 2200 2500

    Sfax Hajeb 1987 425 Sfax Sud 13000 345 ha de terres domaniales

    Gafsa El Aguila 1991 116 Gafsa 250

    Gabs O. Edissa 1999 200 Gabs 2600

    Medenine Sidi Salem Lella Mariem

    4 20

    91 Primtre priv Terres domaniales

    Total 6703

    Source : ONAS (2002a)

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 19

    4.3 Les contraintes lies au dveloppe-ment de la rutilisation dans le secteur agricole

    Le dveloppement de la rutilisation des EUT dans le domaine agricole rencontre plusieurs contraintes :

    1. Attitude des agriculteurs : En se basant sur les rsultats de ltude stratgique de la valorisation des EUT (2002) et ceux prsents dans le thme 9 de ltude du secteur de leau relative la promotion des EU, les attitudes vis vis de la rutilisation varie selon plusieurs facteurs.

    La non disponibilit dalternative dirrigation partir dautres ressources conventionnelles en-gendre une demande pour les EUT tel est le cas du primtre de Borj Touil.

    Les craintes de problmes de sant et de risques sanitaires et environnementaux dpendent du niveau dinstruction et du niveau social des agriculteurs. Daprs les statistiques de lAs-sociation pour la Vulgarisation et la Formation Agricole (AVFA), 86 % des exploitants sont des petits exploitants. Le niveau dinstruction de ces petits exploitants reste faible et leur ge moyen est estim 53 ans dont 37 % sont gs de plus de 60 ans. le vieillissement et l'analpha-btisme (prs des trois quarts sont illettrs) de ces exploitants est un problme dans le secteur agricole dans son ensemble.

    Un troisime facteur jouant un rle dans lacceptation des EUT est le type de culture ap-plique dans le primtre. Il semble que les p-rimtres darboriculture ont plus de succs (cas du primtre de lOurdanine). Par ailleurs, la restriction des cultures pose un facteur limitant aux agriculteurs qui veulent irriguer les cultures haut rendement telles que les cultures mara-chres.

    2. Qualit des eaux : La salinit des EUT associe aux conditions climatiques et pdologiques pose un facteur limitant pour le dveloppement de la salinit. En effet, laccumulation des sels dans le sol qui dpend de la nature de ce dernier, af-fecte la croissance des vgtaux. A titre

    dexemple, une salinit de 8,5 g/l est tolrable par les grandes cultures sur des sols sableux alors que cette limite est de 1,2 g/l pour la mme culture sur des sols argileux. Le prim-tre de Moknine a t abandonn cause de la salinit des EUT. Le suivi de la salinit des sols dans le primtre de la Soukra sur une priode de 2 annes conscutives a montr que la conductivit lectrique est passe de 0,92 ds/m 1,91 ds/m sur les premiers 40 centimtres de profondeur de sol en tenant compte des aspects climatiques, les apports en sels pendant les deux annes sont estims 6,2 t/ha.8. Le problme daccumulation des sels dans le sol peut tre r-solu en appliquant la lixiviation afin denlever les quantits transportes par les EUT. Cepen-dant, ce procd peut tre difficile prvoir sur-tout dans les zones arides o la pluviomtrie est rare.

    3. Risque sanitaire : Dans le cas o les rgles dhygine seraient respectes par les utilisa-teurs, la rutilisation des EUT pourrait ne pas prsenter de risques normes. Lvaluation de ces risques ncessitent un suivi pidmiologi-que de la population expose. Une enqute r-alise9 en 1995 dans le primtre de la Soukra a montr que la population concerne a t tou-che par des maladies dermiques (dmangeai-sons, boutons, irritation) et des maladies infec-tieuses (nauses, fivres, diarrhes, conjonctivi-tes) dans 21 % des cas. Les statistiques de la DHMPE montre que 85 % des cas ne respectent pas les rgles dhygine, 65 % des ouvriers ne se soumettent pas la visite mdicale annuelle et 70 % ne sont pas vaccins.

    4. Contraintes techniques : Plusieurs facteurs daccompagnement sont ncessaires pour rus-sir un projet dirrigation par les EUT, dont no-tamment linstallation de systme de drai- nage afin de protger le sol de la salinit, le stockage des EUT pour faire face la demande inter-saisonnire engendre par lirrigation et ladaptation du systme dirrigation et afin de

    8 Zekri et al. (1995).

    9 Zekri et al. (1995).

  • 20 Sihem Benabdallah

    surmonter les problmes lis la maintenance et aux cots dinvestissement levs. En effet, 30 % des primtres manquent encore de bassin de stockage. Par ailleurs, limpact de stockage des EUT sur la qualit des eaux physico-chimiques et bactriologiques dans un climat semi aride saison estivale chaude nest pas en-core bien matris.

    5. Problmes fonciers : Le contexte de lagri-culteur tunisien li dune part aux aspects finan-ciers (morcellement des terrains li aux droits de succession et dhritage, absence de titres fonciers, absentisme des exploitants en liaison avec la pratique de l'agriculture extensive, etc.), dautre part aux moyens matriels et financiers posent des contraintes au dveloppement des EUT.

    6. Manque dinformation, de communication et de sensibilisation : Un effort supplmentaire est ncessaire pour remdier aux mfiances et rticences des futures bnficiaires. LONAS ne dispose pas de programme de communication et de vulgarisation pour crer une demande de la part des utilisateurs. Les services du Ministre dAgriculture, de lEnvironnement et des Res-sources hydrauliques assurent des programmes de vulgarisation pour le secteur agricole. Ce-pendant, ces programmes sont plutt axs sur les pratiques culturales. Le niveau de connais-sance des vulgarisateurs nest pas toujours jour en ce qui concerne les EUT.

    4.4 Les projets agricoles programms

    A moyen terme, les projets de rutilisation des EUT pour des primtres irrigus couvriront 2.940 ha. Un grand projet autour de la ville de Tunis est en cours dtude pour la cration de 6.000 ha de primtres irrigus dont la premire tranche couvrant 100 ha est programm pour 2011. A long terme, il est envi-sag dirriguer 22.000 ha par les EUT lhorizon de 2020, soit une augmentation de plus de 300 % par rapport la situation actuelle.

    En outre, six terrains de golf sont programms Djerba, Ghammarth, Mahdia et Tozeur couvrant une superficie supplmentaire de 570 ha. Un programme national de cration de parcs urbains aliments partir des EUT envisage de couvrir une superficie de 607 ha en lan 2006 et datteindre lavenir une superficie de 959 ha. Un autre projet dalimentation en EUT des jardins dhtels couvrant 82 ha dans la zone touristique de Monastir et de 262 ha dans la zone touristique de Sousse est envisag lhorizon de 2011.

    Dautres projets despaces verts sont programms pour lautoroute Tunis-Msaken et pour lembel-lissement des berges du lac Nord de Tunis totalisant une superficie de 257 ha lhorizon de 2011 et 481 lhorizon de 2021.

    4.5 Tarification des eaux conventionnel-les et non conventionnelles

    La politique tarifaire applique depuis 1991 consiste augmenter annuellement les prix de leau de 15 % en valeur nominale visant le recouvrement intgral des cots dexploitation et dentretien. Les tarifs de leau ne couvrent pas les frais damortissement et de renouvellement. Le tableau 12 donne les taux de recouvrement (TR) atteints dans les primtres pour lanne 2000.

    Lvolution des cots moyens dexploitation et dentretien et des tarifs de leau dirrigation par r-gion10 sont galement indiqus dans le tableau 12.

    10 Hamdane (2002).

    Tableau 12 : Evolution des cots moyens dexploitation et dentretien et des tarifs de leau dirrigation

    2000 Rgion

    Tarif en mil/m3

    Cot en mil/m3

    TR

    Nord 101 85 119 %

    Centre 68 63 107 %

    Sahel 116 143 81 %

    Sud 35 42 83 %

    Tunisie 94 82 115 %

    Source : Hamdane (2002)

  • La rutilisation des eaux uses traites en Tunisie : 1re Partie 21

    Les taux de recouvrement dans les rgions du Sahel et du Sud restent faibles car laugmentation syst-matique des tarifs na pu tre respecte en raison des considrations sociales relatives au maintien des revenus des agriculteurs.

    En ce qui concerne lapprovisionnement partir des nappes phratiques, le cot de revient de leau varie entre 50 et 95 mil/m3 et dpend essentiellement de la profondeur de pompage. Il faut signaler que ces cots sont entirement la charge des agriculteurs. Etant donn que le cot de revient de leau partir de la nappe phratique et est moins chre, les agri-culteurs prfrent le creu