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En sortant de la gare Kourskaïa, traversez la place bruyante, en évitant les chiens errants, longez la petite décharge improvisée, fau- filez-vous entre les kiosques dé- glingués de gadgets bon marché, entre deux murs aveugles, au bout de la rue, vous y êtes. Winzavod, centre d’art contemporain. Une oasis exubérante au cœur d’un quartier industriel lugubre pro- che du centre. Briques rouges et architecture industrielle, graffitis et jeunes branchés, c’est l’un des clusters artistiques de la capitale, né dans la foulée des Biennales d’art contemporain de 2005 et 2009 et fondé sur le modèle oc- cidental de la transformation d’une fabrique abandonnée en un haut lieu culturel. Moscou, jadis capitale mondiale du prolétariat, abrite nombre d’usines désaffec- tées, partiellement ou totalement, souvent situées dans les quartiers du centre, car la mégapole a de- puis longtemps avalé ses premiè- res couronnes. Assaut créatif sur les usines en friches Depuis quelques années, la Russie s’est éveillée au concept d’industrie créative. Les projets de réhabilitation des friches industrielles se font une place dans le monde des affaires. GALINA MASTEROVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI VERONIKA DORMAN SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI L’État a décidé d’investir 19,3 milliards d’euros dans l’amélioration des infrastruc- tures et des services médicaux. Enjeu : la sauvegarde d’un sys- tème de santé public et gratuit. Quand Evguenia Ivanovna a été hospitalisée récemment, sa fille Zoïa savait intuitivement qu’il lui faudrait régler « au noir » une partie des frais à l’infirmière, bien que l’hôpital soit public. Elle a donné 500 roubles (12 euros). Ce n’est pas tant le montant qui pose problème, disent les socio- logues, que la nature de ces pots- de-vin. Sur le papier, le système de santé russe est gratuit. Ce pa- pier, c’est la Constitution russe, rédigée en 1993, qui stipule que chaque citoyen a droit à la gra- tuité médicale. En réalité, la mé- decine russe fonctionne à dou- ble vitesse, mêlant des services de santé privés et un système pu- blic à la traîne. Ce dernier, ra- vagé par des années de finance- ment insuffisant, se caractérise par des hôpitaux décrépits dont le personnel déprimé et lamen- tablement sous-payé encourage souvent une rémunération ad hoc de son travail. Sauver le régime de soins Santé Le Kremlin s’attaque à la refonte d’un système à deux vitesses, dont le secteur public est le parent pauvre SUITE EN PAGE 3 SUITE EN PAGE 8 Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux Distribué avec Mercredi 18 mai 2011 L’art engagé prend ses quartiers dans la cité Promenade orthodoxe Le groupe « Voïna » des- cend dans la rue pour ses « performances » politiques. Nous avons constitué pour vous un itinéraire autour de six fameux sites orthodoxes dans le centre de Paris. P. 7 P. 8 De nombreux jeunes diplômés russes partent à l’étranger pour acquérir une précieuse expé- rience, voire pour émigrer défi- nitivement, accentuant le déficit de cadres en Russie. Tentés par l’expatriation PAGE 2 PAGE 5 Plongez dans le Baïkal Le splendide et gigantesque lac Baïkal offre à ses visiteurs sa nature sauvage et les met en contact avec l’ancienne et riche culture sibérienne. Laissez-nous vous y guider ! L’université de Tcheliabinsk et le géant industriel américain Emerson ont fondé un laboratoire de recherche en commun pour diversifier l’économie régionale. Un projet qui devrait faire des émules. Innovation en province PAGE 4 LEGION MEDIA SERVICE DE PRESSE SERVICE DE PRESSE PHOTOXPRESS PHOTOXPRESS ANNA ARTEMEVA REUTERS/VOSTOCK-PHOTO PAGE 6 Candidats obligés aux présidentielles OPINIONS Poutine et Medvedev n’ont pas d’autre choix que d’être can- didats l’un contre l’autre, es- time le politologue et journa- liste Georgy Bovt. Loin de provoquer un schisme, leur mise en concurrence pourrait être un facteur stabilisateur pour le régime. Il ne suffit pas d’investir dans les équipements : c’est tout le système qui est à repenser pour notamment enrayer le déclin démographique. C’est le 9 mai (non le 8, la fau- te au décalage horaire) que la Russie commémore la victoire des alliés contre l’Allemagne nazie. Le 66ème anniversaire a PHOTO DU MOIS Le jour de la Victoire Halte aux extorsions et place à la rébellion de police spécialisée dans la lutte contre la corruption se sont pré- sentés avec des documents pour réquisitionner sa société, ce fut un véritable choc. Les policiers se sont comportés comme s’ils saisissaient un bien qui leur ap- partenait. À cheval sur ses prin- cipes, Yana a refusé de payer pour échapper à la tentative d’extor- sion. Cette noble action lui a valu d’atterrir en prison, un univers qu’elle connaissait pour avoir donné des cours de réinsertion dans un centre de détention pour femmes. « C’est une guerre ter- rible qui est livrée contre les fem- mes et hommes d’affaires, condui- te en premier lieu par certains fonctionnaires russes », affirme Yana Iakovleva. En 2006, Yana Iakovleva était une femme d’affaires ambitieuse, co- propriétaire de Sofex, une en- treprise de produits chimiques. Elle pensait maîtriser les roua- ges du business russe. Mais quand des membres d’une unité VLADIMIR ROUVINSKIY LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Yana Iakovleva a passé sept mois en prison pour avoir refusé de céder à la corruption. Désormais, elle lutte contre ce fléau et vient en aide aux entreprises les plus vulnérables. Corruption Dans les milieux d’affaires, les victimes se rebiffent Iakovleva a été emprisonnée à tort pendant plusieurs mois. SUITE EN PAGE 2 été célébré en présence de vé- térans de la Seconde Guerre mondiale, comme ici à Moscou. Consultez notre dossier sur larussiedaujourdhui.fr/9mai

La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

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Le journal français consacré à la Russie pour tous ceux qui s'intéressent à sa vie sociale, culturelle, politique et écomique

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Page 1: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

En sortant de la gare Kourskaïa, traversez la place bruyante, en évitant les chiens errants, longez la petite décharge improvisée, fau-filez-vous entre les kiosques dé-glingués de gadgets bon marché, entre deux murs aveugles, au bout de la rue, vous y êtes. Winzavod, centre d’art contemporain. Une oasis exubérante au cœur d’un quartier industriel lugubre pro-che du centre. Briques rouges et architecture industrielle, graffitis et jeunes branchés, c’est l’un des clusters artistiques de la capitale, né dans la foulée des Biennales d’art contemporain de 2005 et 2009 et fondé sur le modèle oc-cidental de la transformation d’une fabrique abandonnée en un haut lieu culturel. Moscou, jadis capitale mondiale du prolétariat, abrite nombre d’usines désaffec-tées, partiellement ou totalement, souvent situées dans les quartiers du centre, car la mégapole a de-puis longtemps avalé ses premiè-res couronnes.

Assaut créatif sur les usines en friches Depuis quelques années, la Russie s’est éveillée au concept d’industrie créative. Les projets de réhabilitation des friches industrielles se font une place dans le monde des affaires.GaLina MasteRova

La russie d’aujourd’hui

veRonika DoRManspéciaLement pour La russie d’aujourd’hui

L’État a décidé d’investir 19,3 milliards d’euros dans l’amélioration des infrastruc-tures et des services médicaux. enjeu : la sauvegarde d’un sys-tème de santé public et gratuit.

Quand Evguenia Ivanovna a été hospitalisée récemment, sa fille Zoïa savait intuitivement qu’il lui faudrait régler « au noir » une partie des frais à l’infirmière, bien que l’hôpital soit public. Elle a donné 500 roubles (12 euros). Ce n’est pas tant le montant qui pose problème, disent les socio-logues, que la nature de ces pots-de-vin. Sur le papier, le système de santé russe est gratuit. Ce pa-pier, c’est la Constitution russe, rédigée en 1993, qui stipule que chaque citoyen a droit à la gra-tuité médicale. En réalité, la mé-decine russe fonctionne à dou-ble vitesse, mêlant des services de santé privés et un système pu-blic à la traîne. Ce dernier, ra-vagé par des années de finance-ment insuffisant, se caractérise par des hôpitaux décrépits dont le personnel déprimé et lamen-tablement sous-payé encourage souvent une rémunération ad hoc de son travail.

sauver le régime de soins santé Le Kremlin s’attaque à la refonte d’un système à deux vitesses, dont le secteur public est le parent pauvre

suite en PaGe 3

suite en PaGe 8

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux

Distribué avec

Mercredi 18 mai 2011

L’art engagé prend ses quartiers dans la cité

Promenade orthodoxe

Le groupe « Voïna » des-cend dans la rue pour ses « performances » politiques.

nous avons constitué pour vous un itinéraire autour de six fameux sites orthodoxes dans le centre de paris.

P. 7

P. 8

de nombreux jeunes diplômés russes partent à l’étranger pour acquérir une précieuse expé-rience, voire pour émigrer défi-nitivement, accentuant le déficit de cadres en russie.

tentés par l’expatriation

PaGe 2 PaGe 5

Plongez dans le BaïkalLe splendide et gigantesque lac Baïkal offre à ses visiteurs sa nature sauvage et les met en contact avec l’ancienne et riche culture sibérienne. Laissez-nous vous y guider !

L’université de tcheliabinsk et le géant industriel américain emerson ont fondé un laboratoire de recherche en commun pour diversifier l’économie régionale. un projet qui devrait faire des émules.

innovation en province

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Poutine et Medvedev n’ont pas d’autre choix que d’être can-didats l’un contre l’autre, es-time le politologue et journa-liste Georgy Bovt. Loin de provoquer un schisme, leur mise en concurrence pourrait être un facteur stabilisateur pour le régime.

il ne suffit pas d’investir dans les équipements : c’est tout le système qui est à repenser pour notamment enrayer le déclin démographique.

C’est le 9 mai (non le 8, la fau-te au décalage horaire) que la Russie commémore la victoire des alliés contre l’allemagne nazie. Le 66ème anniversaire a

Photo Du Mois

Le jour de la VictoireHalte aux extorsions et place à la rébellion

de police spécialisée dans la lutte contre la corruption se sont pré-sentés avec des documents pour réquisitionner sa société, ce fut un véritable choc. Les policiers se sont comportés comme s’ils saisissaient un bien qui leur ap-partenait. À cheval sur ses prin-cipes, Yana a refusé de payer pour échapper à la tentative d’extor-sion. Cette noble action lui a valu d’atterrir en prison, un univers qu’elle connaissait pour avoir donné des cours de réinsertion dans un centre de détention pour femmes. « C’est une guerre ter-rible qui est livrée contre les fem-mes et hommes d’affaires, condui-te en premier lieu par certains fonctionnaires russes », affirme Yana Iakovleva.

En 2006, Yana Iakovleva était une femme d’affaires ambitieuse, co-propriétaire de Sofex, une en-treprise de produits chimiques. Elle pensait maîtriser les roua-ges du business russe. Mais quand des membres d’une unité

vLaDiMiR RouvinskiyLa russie d’aujourd’hui

yana iakovleva a passé sept mois en prison pour avoir refusé de céder à la corruption. Désormais, elle lutte contre ce fléau et vient en aide aux entreprises les plus vulnérables.

Corruption dans les milieux d’affaires, les victimes se rebiffent

iakovleva a été emprisonnée à tort pendant plusieurs mois. suite en PaGe 2

été célébré en présence de vé-térans de la seconde Guerre mondiale, comme ici à Moscou. Consultez notre dossier sur larussiedaujourdhui.fr/9mai

Page 2: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro Politique & société

Préparé parVeronika dorman

lu dans la Pressela mort de Ben laden laisse les russes sceptiques

Le Président Dmitri Medvedev redoute que l’élimination d’Ous-sama Ben Laden n’ait des réper-cussions sur la sécurité dans son pays, Al-Qaida opérant aussi sur le territoire russe. La presse s’in-terroge sur les effets réels de cette décapitation du « terroris-me mondial », sur la capacité du monde à affronter le nouvel or-dre (ou désordre) qu’il a instauré et sur l’avenir du djihadisme.

une morT sYmboliqueLa rédactionvedomosti

un PersonnaGe secondaire Fedor Loukianovgazeta.ru

ben laden n’esT Pas morTMikhail Rostovskymoskovski komsomolets

En Russie, nous savons que la li-quidation d’un Bassaïev n’a pas réduit la terreur dans le Caucase du Nord. La structure en réseau du terrorisme moderne ne repo-se pas sur une direction centrale - les combattants sont financés par des sources différentes et vi-sent des objectifs ciblés. La mon-dialisation est aussi celle des mé-thodes et les kamikazes du métro moscovite ressemblent à ceux qui faisaient exploser les bus israé-liens il y a 20 ans. Ils n’ont rien à voir avec Al-Qaida et n’ont pas d’objectifs planétaires. La déclara-tion de guerre au terrorisme mon-dial remonte à George Bush mais le symbole de ce terrorisme a été éliminé par Barack Obama.

Ben Laden a créé l’image de l’en-nemi idéal, du mal absolu. Tout gouvernement raisonnable se de-vait de soutenir les Américains dans leur volonté d’en débar-rasser la planète. Le leadership des États-Unis, après la fin de la Guerre froide, a revêtu une for-me concrète. Dix ans plus tard, le « terrorisme international » quitte la scène politique, mais les ques-tions qui troublent l’ordre mondial ne sont pas résolues. Les institu-tions internationales du XXème siècle sont inadaptées. L’Amérique va devoir chercher de nouveaux moyens d’assurer sa domination. Ben Laden, légende vivante, puis morte, restera dans l’Histoire com-me un moment de transition.

Que nous donne la mort de Ben Laden, au-delà de la satisfaction morale ? Les débats sur les consé-quences de cette mort portent en fait sur la vielle querelle du rôle de l’homme dans l’Histoire. Ben Laden a su faire du djihadisme mondial un modèle international. Il est moins l’organisateur de la terreur que son idéologue et ins-pirateur. Il continuera à tuer long-temps après sa mort. Il est devenu le symbole de ceux qui ont la vo-cation du martyre. Le ben-ladisme vivra et vaincra tant que n’appa-raîtra pas un anti-Ben Laden, un leader spirituel qui pourra appor-ter une réponse moins sanguinaire aux questions de jeunes gens qui se sentent laissés pour compte.

max seddonspécialement pour la russie d’aujourd’hui

de nombreux jeunes russes s’expatrient pour acquérir une précieuse expérience, voire pour émigrer définitivement. un grave problème de déficit de cadres se profile pour la russie.

Sous l’attrait de l’étranger : la fuite des talents

émigration la jeunesse a soif d’ailleurs

en forte progression annuelle de-puis 1998, un niveau de pauvre-té réduit de moitié et une éco-nomie en hausse de 7% par an en moyenne.Mais selon les experts, c’est l’at-mosphère du pays le fait fuir. « La raison principale est le man-que d’air frais, ainsi que le dé-crivait Blok dans son poème consacré à la mort de Pouchki-ne », estimait récemment Dmi-tri Orekhov dans le journal d’op-position Novaya Gazeta. « Il devient de plus en plus pénible pour une personne libre et indé-pendante de respirer dans la Rus-sie de Poutine. On n’y trouve pas sa place ». D’où vient donc cette atmosphè-re ? Comme le montrent les résul-tats de l’étude accompagnant l’ar-

ticle de Dmitri Orekhov, 62,5% des lecteurs de Novaya Gazeta at-tribuent la vague d’émigration ac-tuelle à la situation personnelle, notamment l’activité, l’âge, la connaissance de langues étrangè-res, la situation familiale et le ni-veau d’éducation. Dans l’espace russophone du site LiveJournal, il existe même une communauté nommée « Time to go ? » où l’on s’échange expériences et conseils en matière d’émigration.Le point de vue d’Anna, 32 ans, commissaire d’exposition dans un important centre d’art de Moscou, tranche avec cette vi-sion. Après plusieurs stages en Europe, elle est finalement ren-trée en Russie : « Cela peut pa-raître paradoxal, mais vous trou-verez plus de possibilités de carrière ici si vous le voulez vrai-ment. Quitter le pays pour un temps permet d’acquérir de l’ex-périence et d’élargir ses horizons, mais cela vaut vraiment la peine de rentrer ».

Anton, 25 ans, occupe un poste clé à Moscou, dans un important groupe pétrolier. Mais il postule pour un emploi à Londres, qui sera moins rémunéré, ou pour une formation à l’étranger. Car pour lui, « la Russie est trop triste, surtout en hiver ».Les pays occidentaux attirent les jeunes diplômés russes qui y trouvent de plus grandes chan-ces, de meilleures formations, ou tout simplement un climat plus doux. Cette dernière raison peut paraître dérisoire, mais nom-breux sont ceux qui plient ba-gage pour vérifier si l’herbe est effectivement plus verte ailleurs. « Chaque année, je demande à mes étudiants ce qu’ils veulent faire dans 3 où 4 ans. En sep-tembre 2010, ils ont été une bonne moitié à répondre qu’ils projetaient de déménager à l’étranger, notamment en Alle-magne, en Grande-Bretagne, en Irlande et en Argentine », note Alexandre Auzan, professeur d’économie. Dmitri Medvedev s’en inquiétait en juillet 2008, lors d’un sommet du G8 : « Nous devons créer de bonnes condi-tions pour nos citoyens. C’est le manque de telles conditions qui les pousse à partir ». Selon les dernières indications, ce discours n’a pas convaincu. D’après Ser-gueï Stepachine, président de la Cour des comptes de Russie, plus de 1,25 million de Russes ont quitté le pays ces dernières an-nées, ce qui, couplé à la chute de la natalité et au niveau élevé de mortalité, entraîne une impor-tante baisse démographique.L’émigration continue inquiète les autorités, alors que la Russie connaît une croissance constan-te sans précédent, avec un PIB

1,25 million de russes ont quitté le pays ces dernières années.

halte aux extorsions et place à la rébellion

pratiques. Récemment, Yana a également été nommée à la pré-sidence d’un centre anti-corrup-tion russe qui collabore depuis peu avec le syndicat des PME russe Delovaïa Rossia. « Il s’agit de l’union de deux forces, car les autorités sont à la fois contre la corruption et contre le monde des affaires », a annoncé Boris Titov, à la tête de Delovaïa Ros-sia, et qui co-préside le centre anti-corruption avec Iakovle-va. Galina et Evgeni Konovalov font partie des tout premiers entre-preneurs à s’être adressés au cen-tre. Leur société implantée à Krasnodar a subi une descente des autorités locales. « En 2008, nous avons appris que le pro-priétaire avait mystérieusement été remplacé, et lorsque nous sommes allés porter plainte au tribunal, mon mari a été arrêté sur de fausses accusations », ra-conte Galina Konovalov. Les avo-cats lui ont dit que son cas était sans espoir, mais cette même année, le couple a enregistré deux victoires : en février, le tribunal

« Ils peuvent s’attaquer à n’im-porte quel entrepreneur, engager des poursuites pénales pour fi-nalement lui extorquer de l’ar-gent. Et la victime comprend qu’elle va devoir se battre contre cette machine bureaucratique jusqu’à sa mort », explique la femme d’affaires. Aujourd’hui âgée de 39 ans, elle a passé sept mois de sa vie en prison et at-tend toujours son jugement. « Je n’arrivais pas à croire ce qui m’arrivait. Ma réputation, et tout ce pour quoi j’ai toujours tra-vaillé menaçait soudain de s’écrouler ». Mais son cas a fini par attirer l’attention des défen-seurs des droits de l’homme. Cinq ans plus tard, Yana est de-venue une figure emblématique de la lutte contre la corruption. Les entrepreneurs en détention provisoire se compteraient par milliers, même si aucune statis-tique officielle n’existe. Rares sont ceux qui ont été acquittés. Les investisseurs étrangers ne sont pas les seuls à craindre les fonctionnaires russes en quête de pots-de-vins et spécialistes des arrestations abusives. Selon une récente étude menée par le gouvernement, 17% des entre-preneurs russes ont l’intention d’émigrer, tandis que 50% disent vouloir refuser de céder au chan-tage. Au lieu d’abandonner son pays, Iakovleva a créé sa propre organisation, le Comité Solida-rité Business, pour soutenir les entrepreneurs victimes de ces

a reconnu plusieurs violations à l’encontre de l’accusé, et en mars, l’entreprise a été rendue aux époux Konovalov. Pour autant, l’affaire contre Evgeni n’est tou-jours pas classée, et les biens de la société ont été vendus au cours de la procédure judiciaire. Le centre anti-corruption est la première initiative incitant les entreprises à combattre elles-mê-mes le fléau dont le noyau « ne faiblit pas et prend l’économie à la gorge », pour reprendre le dis-cours du 31 mars de Dmitri Med-vedev. « Chaque année, près de 70 000 entreprises sont victimes de corruption en Russie. Les som-mes versées en pots-de-vin peu-vent atteindre jusqu’à 10% des dépenses totales. Il s’agit effec-tivement d’un racket à grande échelle et qui touche toutes les institutions du pays », précise le président de Delovaïa Rossia, Boris Titov. Yana Iakovleva es-time que le droit pénal constitue actuellement la voie principale de saisie des entreprises : « Aupa-ravant, ces pratiques concer-naient principalement les tribu-

Yana iakovleva est aujourd’hui une militante emblématique de la lutte contre la corruption.

6 mesures de medvedev contre la corruption

1 Réduire la charge fiscale dont le niveau élevé peut conduire les entrepreneurs à

enfreindre la loi afin de préserver une certaine rentabilité.

2 Le parquet doit réagir face aux cas de corruption publiés dans la presse. Il

s’en saisit parfois mais ne fait pas toujours redescendre l’information vers les médias.

3 Mettre fin à l’anarchie dans l’établissement des normes. Souvent, les mi-

nistères adoptent des dispositions légales en contradiction avec une législation existante. Le ministè-re de la Justice doit y mettre bon ordre.

4 Créer une institution res-ponsable des investis-sements qui suivra et

solutionnera les problèmes des in-vestisseurs.

5 Avant le 15 mai, conso-lider un graphique de la privatisation des gros por-

tefeuilles d’actions au sein du do-maine fédéral.

6 Les ministres et repré-sentants de l’administra-tion présidentielle doivent

quitter les conseils des chefs des entreprises nationales avant le 1er octobre 2011.

17%des entrepreneurs russes ont l’intention d’émigrer, et 50% déclarent vouloir refu-ser de céder à la corruption.

70 000entreprises sont tou-chées chaque année par les demandes de pots-de-vin qui peu-vent atteindre 10% de leurs dépenses totales.

35%C’est la diminution du nombre de poursuites liées aux délits écono-miques en 2010, selon le ministère de l’Inté-rieur.

chiffres clés

naux d’arbitrage parce que la qualité de la justice et l’indépen-dance des juges étaient fai-bles ».De nouveaux amendements du Code pénal atténuant les sanc-tions en cas de délits économi-ques sont entrés en vigueur le mois dernier. Les amendes de-vraient remplacer les peines de prison. « Nombre de nouvelles lois ont été adoptées. Le problè-me, maintenant, est de les faire respecter », insiste Yana. « Jusqu’à mon arrestation, je n’imaginais pas qu’une entreprise puisse avoir pour rôle d’ agir sur la so-ciété, ni qu’elle soit amenée à dé-noncer des injustices ».

suiTe de la PremiÈre PaGe

« quitter le pays permet d’acquérir de l’expérience [...] mais cela vaut la peine de rentrer »

Le nombre d’émigrants poten-tiels russes n’a pas augmenté de-puis 2000, d’après le Centre Leva-da. Mais les moins de 35 ans sont deux fois plus nombreux à vouloir partir. Certains citent les chances de carrière et un salaire plus élevé comme principales raisons d’émi-grer, tandis que la plupart mettent en avant les facteurs culturels et de meilleures conditions de vie.

« Partir pour toujours ? »les sondaGes monTrenT que quaTre russes sur cinq n’enVisaGenT Pas de quiTTer le PaYs.

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Page 3: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro santé

chiffres clés elle l’a diT10 millionsde Russes, soit près de 10% de la population totale du pays, sont af-fectés par un handicap. Les han-dicapés constituent la minorité la plus conséquente de toutes.

51,6%des Russes meurent d’incidents cardio-vasculaires, 24,4% de can-cers, 10,2% des suites d’accidents, victimes d’homicides ou d’abus d’alcool.

2015 C’est l’échéance que s’est fixée le gouvernement russe pour enrayer le déclin démographique qui sévit depuis des décennies et constitue une menace pour l’avenir du pays.

Tatiana Golikova

minisTre de la sanTé eT du développemenT social

le gouvernement russe doit inves-tir 19,3 milliards d’euros dans la ré-forme du système de santé.

" Comparés à l’année 2002, les investissements de santé ont augmenté

de 5%. Par rapport à l’année 2007, cette augmentation atteint 53,6%. La Russie est l’un des seuls pays à avoir accru ses efforts financiers dans ce domaine pendant la crise. La santé est d’ailleurs celui qui reçoit le plus d’aides de l’État en Russie. Pour autant, les principaux problèmes sont moins une question d’argent que de gestion ».

cure nécessaire pour le système de santé... et la démographieC’est l’une des grandes contra-dictions de la société russe : elle compte de très bons médecins et chercheurs originaires d’un pays où, à quelques centaines de kilomètres de Moscou, les fa-milles des patients sont tenues d’acheter à leurs frais les pan-sements, seringues, poches de so-lution saline et tout le nécessai-re pour un séjour hospitalier. La presse décrit des hôpitaux où les instruments sont stérilisés dans des casseroles posées sur des ser-pentins électriques. Le gouvernement russe se lance donc dans une immense réforme qui prévoit une injection de 19,3 milliards d’euros pour doter les hôpitaux du pays d’équipements dernier cri, et revaloriser les sa-laires du personnel médical. La Russie devrait accroître ses dé-penses de santé de 3,9% à 5%

suiTe de la première paGepar an pour se rapprocher de l’Union européenne. Le piteux état du système de santé, doublé d’indices de mor-talité alarmants, ont servi de ca-talyseur. « La Russie a un taux de natalité de pays développé, c’est-à-dire bas, et un taux de mortalité de pays en développe-ment, c’est-à-dire élevé », com-mente Macha Lipman, une spé-cialiste du centre de réflexion Carnegie de Moscou. Elle ajou-te qu’il y a « plusieurs causes à la forte mortalité, dont l’une est la mauvaise qualité du système de santé ». Les démographes les plus pessimistes prédisent que la population russe pourrait chu-ter de 142 millions à 100 mil-lions en 2050. Mais il n’y a pas de tendance irréversible : si les Russes s’investissaient dans une vie plus longue et plus saine, ils seraient peut-être enclins à avoir plus d’enfants.

Le gouvernement construit une série de centres médicaux dans tout le pays, en mettant l’accent sur la lutte contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers. Dmitri Pouchkar, 47 ans, est le principal urologue de la Russie. Ce chirurgien de réputation in-ternationale est à l’avant-garde de l’utilisation de technologies pour le traitement du cancer, et en Russie, c’est un pionnier de la médecine préventive pour les hommes. Il a obtenu des finan-cements du ministère de la Santé et du Développement social pour importer des équipements opé-ratoires robotisés dans quatre hôpitaux du pays, mais il estime que le problème n’est pas seule-ment financier. « Il revient à la société elle-même de délivrer le message », dit-il. « La société, c’est tout le monde, le président, le Premier ministre, les tra-vailleurs. Une société unie doit

déclarer que nous comprenons ce que cela signifie d’être un bon docteur et à quel point c’est im-portant ». Le système soviétique, gratuit pour tous, se concentrait sur les spécialistes et les soins, négli-geant la prévention. Les Russes sont aujourd’hui peu nombreux à faire confiance à leur système

de santé. Les classes aisées pré-fèrent se faire soigner à l’étran-ger. Soulignant l’aspect moral du problème, Pouchkar conclut : « Il est impossible de réformer en un an, mais nous pouvons commen-cer par reconnaître qu’il y a de bons et de mauvais médecins. Nous devons absolument soute-nir les bons ».

pour de meilleurs soins néonatals, un texto à la fois

mères à faible revenu n’ayant pas accès aux informations sanitai-res. Trois fois par semaine, des textos les informent sur des su-jets tels que les soins prénatals, les vaccinations ou encore la sé-curité des sièges-auto pour bébé. Véritable révolution, le program-me a réuni plus de 135 000 abon-nés aux États-Unis en une seule année. Une perfomance qui a conduit la Russie à une collabo-ration bilatérale pour importer ce programme. La version russe est prévue pour septembre 2011. Sur un des plus importants mar-chés de téléphonie mobile au monde, le projet a tout de suite reçu un appui massif, y compris du gouvernement russe. Des ex-perts du Centre Kulakov, qui fait partie du ministère de la Santé, devraient jouer un rôle prépon-dérant dans la diffusion des mes-sages. Pour Judy Twigg, spécia-liste de la santé en Russie et professeur à l’Université du

Commonwealth de Virginie à Ri-chmond, « il ne s’agit pas seule-ment de changer le système de santé. Les campagnes d’informa-tion publiques jouent un rôle cru-cial ». De nombreux défis ont dû être surmontés pour mener à bien le projet Text4Baby. Il a fallu no-tamment coordonner l’action des organisations gouvernementales

services le programme Text4Baby propose une aide par téléphone aux jeunes mamans

Ces dernières années, la Russie a connu un mini-baby boum, en partie grâce à la loi de 2007 qui octroie un « capital de materni-té », soit une aide financière di-rectement versée à la naissance du deuxième enfant. Le taux de natalité a ainsi augmenté de 21% depuis 2005, et en 2009, la po-pulation russe a progressé pour la première fois depuis 15 ans. Le gouvernement a également lancé une initiative visant à mo-derniser les maternités. Que se passe-t-il quand bébé ren-tre à la maison ? Tapez Text4-Baby. Lancé aux États-Unis, ce programme s’adresse aux fem-mes enceintes et aux jeunes

les futures mères peuvent désormais recevoir des conseils par sms.

et non gouvernementales pour assurer la mise en œuvre de cette plateforme de soins à distance. Des experts linguistiques ont également été sollicités pour la rédaction de messages à la fois courts et clairs. Pour Elena Dmi-trieva, directrice du programme Text4Baby en Russie, la difficul-té majeure a été d’inciter les mé-decins à développer des qualités d’écoute et de conseil, et à adop-ter une approche plus humaine. Les patients devront eux aussi changer leur comportement vis-à-vis de la médecine, devenir plus actifs et poser de nombreuses questions.

emma burrowsla russie d’aujourd’hui

après son succès au états-unis, Text4baby débarque en russie dans l’espoir d’améliorer les soins des futures mamans à l’aide des téléphones mobiles.

dépenses de san-té jusqu’à 2020

ben arisBusiness new europe

des hôpitaux souvent délabrés et insuffisamment financés : la réforme, avec l’aide de l’indus-trie pharmaceutique, est deve-nue une priorité pour le Kremlin.

régime prescrit : fortes injections financières

investissements rénovation des hôpitaux

La Russie va investir 107,5 mil-lions d’euros dans les hôpitaux de 55 régions russes. La plus grosse tranche, 11 millions d’euros, est destinée à la région de Krasnodar, tandis que Mos-cou et Saint-Pétersbourg, les deux villes les plus peuplées, re-cevront respectivement 8,4 et 8,6 millions d’euros. Le gouvernement a prévu de consacrer 3,2 milliards d’euros à la réforme de la santé sur la période 2008-2013. La gestion des hôpitaux a déjà été restruc-turée et la rémunération des mé-decins revue à la hausse. Le nom-bre de Russes à avoir reçu des soins sophistiqués a été multi-plié par cinq (290 000 person-nes) ces cinq dernières années. Mais il reste beaucoup à faire. « Pour atteindre le niveau de l’Union européenne en 2020, la

Russie doit augmenter ses dé-penses de santé de 15% par an », explique Lev Iakobson, un uni-versitaire.Au cœur de la réforme : le dé-veloppement des industries phar-maceutiques et d’équipement médical russes, auquel l’État a déjà alloué 950 millions d’euros. En outre, le Kremlin a lancé sa campagne « la carotte ou le bâton » pour encourager les en-treprises internationales phar-maceutiques à augmenter leurs investissements en Russie. Le bâton, ce sont des taxes accrues sur les produits médicaux im-portés (6,1 milliards d’euros en 2010), et la carotte offre des avan-tages fiscaux aux entreprises qui produisent en Russie. Du coup, la multinationale pharmaceuti-que AstraZeneca construit une nouvelle usine et un centre de recherche (101 millions d’euros) dans la région de Kaluga, tan-dis que le finlandais Orion dit être en pourparlers avancés pour une acquisition, suivant l’exem-ple de Novartis et GlaxoSmith- Klein, qui ont déjà des usines de fabrication en Russie.

médecine 2.0Poser des questions à un médecin via Internet, c’est rassurant, mais les consultations de visu sont plus efficaces. Pourtant, les hôpitaux russes en voie de modernisation valorisent la communication pa-tients-médecins sur la Toile.

les médecins doivent développer des qualités d’écoute et de conseils, les patients, savoir poser des questions.

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Page 4: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

04 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro économie

en bref

Le patron de Total pour la Rus-sie, Pierre Nerguararian, a fixé des objectifs très ambitieux à son groupe dans la région. Total espère multiplier par trente sa production d’hydrocarbures en Russie au cours de cette décen-nie, grâce aux gisements dans les régions de l’Arctique et de la Caspienne. Pierre Nargua-rarian situe la production du groupe français entre 300 000 et 400 000 barils par jour aux alentours de 2020. Les parte-naires de Total en Russie sont Gazprom, Novatek et Lukoil.

Total a foi dans l’arctique et la caspienne

affaires à suiVreconférence sur la « modernisaTion de l’économie russe »Le 19 mai, déLégation économique et commerciaLe de La russie en france, 49 rue de La faisanderie, Paris

La conférence sera centrée sur les « Opportunités des Zones économiques spéciales (ZES) d’innovation et de production ». Elle permettra d’examiner les perspectives offertes à la Russie par ces ZES et leur cadre régle-mentaire et administratif.

www.medef-champagneardenne.fr ›

forum d’affaires franco-russe3 et 4 juin, hôteL Président, 24 rue BoLchaïa iakimanka, moscou

Le forum « Partenariats Public-Privé au service du développe-ment des infrastructures régio-nales et municipales » propose un échange d’expériences et des rencontres avec plus de 400 décideurs locaux.

www.ppp-forum.com ›

tous Les détaiLs sur notre sitelarussiedaujourdhui.fr

Selon le quotidien Kommersant, la première banque russe Sber-bank mènerait des négociations avec BNP- Paribas pour le ra-chat des opérations de sa filia-le Cetelem en Russie. Spéciali-sée dans le crédit à la consommation et automobile, Cetelem, après avoir tenté en vain d’acquérir le leader natio-nal de la spécialité, Rousski Standart, est en volume le sep-tième acteur sur le marché du crédit à la consommation russe, où la compagnie française opère depuis 2007. Sberbank occupe une place de leader et mène une politique d’expansion agressi-ve dans tous les segments.

sberbank convoite cetelem

Paul duVerneTLa russie d’aujourd’hui

l’université d’état du sud-oural (ueso) s’est associée au géant industriel américain emerson pour former une technopole unique en son genre en russie.

Tcheliabinsk en tête de la course à l’innovation

hautes technologies une région de l’oural adopte le modèle américain de collaboration entreprises-universités

pour la production de capteurs et de compteurs à pression, des équipements utilisés dans de nombreuses industries. Emerson est présent dans la région de Tchéliabinsk depuis 2004, date à laquelle le groupe a racheté Metran, le principal producteur russe de compteurs à pression.

On connaissait déjà la ville aux sept collines, celle aux mille clo-chers. Tcheliabinsk pourrait être surnommée celle aux dix mille cheminées… d’usines. Située juste derrière la chaîne de l’Oural, à l’entrée de la Sibérie, la ville est connue pour ses usines qui crachaient tanks, tracteurs et bulldozers à un rythme inégalé jusqu’à l’effondrement de l’URSS. Tcheliabinsk se réadapte lente-ment aux réalités économiques actuelles et mise sur les hautes technologies pour se diversifier et sortir du marasme.Le coup de pouce est venu du groupe américain Emerson Pro-cess Management, qui a inaugu-ré le 12 avril dernier un labora-toire baptisé PlantWeb destiné à la recherche appliquée et à la formation des étudiants de l’Uni-versité d’État du Sud-Oural (UESO) aux technologies d’auto-matisation et de commandement à distance et sans fil d’usines de toutes tailles. Emerson a déjà in-vesti 50 millions de dollars dans un laboratoire au sein de l’uni-versité. Simultanément, le grou-pe américain a renforcé sa pré-sence industrielle dans la région en ouvrant une nouvelle ligne

Le PDG d’Emerson David N. Farr était sur place pour l’inau-guration, qui coïncidait avec la conférence « Journées de l’inno-vation », organisée par le gou-verneur régional Mikhaïl Ioure-vitch. Très confiant dans ses opérations russes, David N. Farr a expliqué vouloir « investir dans les cerveaux. C’est ça le plus im-portant. Nous investissons dans l’éducation ». Il ambitionne de développer des partenariats avec d’autres universités russes.Ce type de partenariat, courant aux États-Unis, est une premiè-re en Russie, où grandes univer-

sités et grandes entreprises se re-gardent le plus souvent en chiens de faïence. Ces dernières se plai-gnent du fait que les universités forment des étudiants selon des technologies complètement dé-passées et décalées par rapport aux demandes du marché. Les universités craignent d’être ins-trumentalisées mais souffrent en même temps de sous-investisse-ment.Le recteur de l’UESO, Alexan-dre Chestakov, se félicite du par-tenariat avec Emerson qu’il qua-lifie de « gagnant-gagnant ». Selon lui, l’UESO met en place

un modèle « pionnier » pour les universités russes, et rappelle que l’UESO a également la particu-larité d’avoir monté un centre de compétences avec le fabricant de puces américain Intel : « Nous sommes la seule des 38 univer-sités d’État russes à posséder un super-ordinateur d’Intel de der-nière génération ». Tcheliabinsk réussit donc l’exploit de mettre sur pied un « mini-skolkovo » (en référence à la future techno-pole moscovite ultra médiatisée). Sans publicité et quasiment sans aide fédérale. Un exemple qui devrait faire des émules.

une ligne de production de compteurs de pression mis au point par le groupe emerson.

millions de dollars ont été inves-tis par Emerson dans la création d’un laboratoire de recherche au sein de l’Université d’État du Sud-Oural.

des équipements électroniques d’apprentissage et de formation utilisés dans l’enseignement supé-rieur russe sont mis au point par l’UESO.

de croissance des ventes, c’est l’objectif que s’est fixé Emerson pour ses équipements en Russie et dans l’ex-URSS au cours des quatre prochaines années.

50

70%

100%

chiffres clés

« investir dans les cerveaux. c’est ça le plus important. nous investissons dans l’éducation »

Paul duVerneTLa russie d’aujourd’hui

Pour son deuxième exercice en russie cette année, l’assureur français pense doubler son chiffre d’affaires, grâce à la prise de conscience du risque survenue après la crise.

La Coface flaire un fort potentiel à l’Est

assurance-crédit un marché de niche en passe d’exploser

mes a une position dominante sur le marché russe, qui s’ex-plique par la prépondérance des exportations allemandes en Russie. L’autre concurrent de Coface est une co-entreprise entre le russe Ingosstrakh et le belge Office National Du Du-croire (ONDD). « Nous sommes la seule société d’assurance in-ternationale à proposer ces pro-duits sous notre propre nom », précise Didier Bourgeois, qui

La filiale de Natixis a mis sur le marché russe ses primes d’assu-rance-crédit en juin 2010 et réa-lisé cette première année un « chiffre d’affaires modeste : 6 millions d’euros, admet Didier Bourgeois, directeur régional Russie et CEI (Communauté des États indépendants) à la Coface (Compagnie Française d’Assu-rance pour le Commerce Exté-rieur). Nous pensons doubler notre chiffre en 2011 », ce qui ne veut pas dire tous les ans ; « dif-ficile de dire si le taux va évo-luer de manière linéaire à 10, 15, 20% par an ».Aujourd’hui, le segment de l’as-surance-crédit pèse 40 millions d’euros et est largement domi-né par l’allemand Euler Her-mes, représenté en Russie par Rosno (les deux groupes appar-tiennent à Allianz). Euler Her-

attribue à la Coface un avan-tage concurrentiel solide avec ses services d’intelligence éco-nomique très développés. « Notre travail s’appuie sur une base de données de 750 000 en-treprises russes sur un total de 4 millions d’entités juridiques en Russie. Cette activité existe tout d’abord pour les besoins de notre assurance, mais nous la proposons aussi à des clients tiers qui veulent se conforter sur le risque d’un client russe donné ». Cette activité a repré-senté un quart du chiffre d’af-faires de la Coface en Russie l’année dernière. Les clients rus-ses ne constituent que 25% de l’activité de l’assureur, mais la proportion devrait monter à 40% à terme. « Le niveau de risque en Russie est assez élevé car dans une crise comme la dernière, les entreprises s’arrêtent vite de payer leurs fournisseurs », note Yves Zlotowski, économiste en chef de Coface. Le marché russe est cependant « difficile en rai-son d’une faible transparence des entreprises, même par rapport à des pays émergents comme la Turquie et l’Inde ».

didier bourgeois, directeur ré-gional de la coface pour la cei.

ben arisBusiness new euroPe

les internautes russes, dont le nombre croît de façon exponentielle, n’hésitent pas à faire et régler leurs achats en ligne, décuplant la taille marché et attirant les gros acteurs.

L’américain PayPal mise sur le marché russe

internet L’achat en ligne en ébullition

que Simon Dunlop, entrepreneur sur Internet. De nombreux sites acceptent les paiements via un téléphone mo-bile : le client envoie sa comman-de par SMS à un numéro spécial, et le coût de la transaction est alors inclus dans les frais de té-léphone. Un service toutefois très onéreux. PayPal est pourtant très confiant, et mène déjà des négociations avec les fournisseurs de téléphonie mo-bile et Internet locaux.En 2009, Yandex.Money et Web Money étaient les principaux sys-tèmes de paiement en ligne en Russie, représentant 90 % du mar-ché russe, révèle l’Association pour la monnaie éléctronique (EMA). PayPal a donc du pain sur la plan-che. Créé en 1998, WebMoney est officiellement enregistré à Belize, en Amérique centrale, où vit son propriétaire et administrateur du site. Initialement conçue pour des clients russes, la société a connu un essor fulgurant et compterait aujourd’hui plus de 14 millions d’utilisateurs dans le monde en-tier.

Le service de paiement en ligne américain PayPal a balayé d’un revers de main les avertissements concernant la corruption en Rus-sie. Car en fait, il compte bien se faire une place sur un mar-ché Internet considéré comme l’un des plus dynamiques au monde. Le nombre d’internau-tes double environ tous les 18 mois en Russie. Selon les experts, ils pourraient être 50 millions à surfer sur la Toile d’ici à la fin de l’année 2011. Mais pour le paiement des achats en ligne, les difficultés demeu-rent. « Le faible taux de péné-tration des cartes de crédits si-gnifie qu’il est impossible pour certains d’effectuer des opéra-tions de retrait en ligne, même si le client a les moyens », expli-

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Page 5: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Régions

Les femmes russes ont des enfants de plus en plus tard, à l’instar des Européennes.

[email protected] larussiedaujourdhui.fr/lettres

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Niché dans le sud de la Sibérie, loin des destinations touristiques classiques, le lac Baïkal offre à ses visiteurs un paysage excep-tionnel, avec ses 12 000 mètres carrés de pureté et de charme naturel. Sur ce site cohabitent

des dizaines d’espèces de � ore et de faune sauvages uniques, dont les fameux phoques sans oreilles ou encore l’omul, un pois-son qui constitue l’une des prin-cipales ressources alimentaires des riverains.Réputé le plus profond du monde (1 637 mètres), le lac Baïkal constitue aussi la cinquième ré-serve d’eau douce de la planète. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1996, il est ainsi devenu un lieu d’expédition pour les scienti� ques. Ce qui a provo-qué un engouement touristique

pour la région, et certains habi-tants craignent que les nombreux voyageurs ne détruisent à terme la beauté sauvage du site. Aujourd’hui, la haute saison tou-ristique débute en juin pour se terminer en août. Une période qui offre aux visiteurs des condi-tions idéales pour la randonnée, le vélo, le camping, le canoë-kayak et la pêche. Mais l’activi-té favorite reste le traditionnel « bania », un sauna à la russe, avec toute la culture qui lui est propre. En hiver, les touristes peuvent pro� ter des promena-

Surnommé « la perle de Sibérie » et connu dans le monde entier pour ses richesses naturelles, le lac Baïkal demeure un lieu intemporel mais menacé par le développement.

EVA HUALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

des en traîneau et de la pêche sur glace.Pour certains, le lac Baïkal sera l’une des escales du voyage à bord du Transsibérien. Le plus souvent, les voyageurs descen-dent à Irkoutsk et choisissent le village le plus développé de la région, Listviyanka. Ce lieu est presque devenu le con� uent de deux continents, car on y croise de nombreux Asiatiques et Euro-péens. L’île d’Olkhon, située à environ 300 km au nord d’Irkoutsk, reste l’un des sites les plus purs et sauvages de la

Tourisme Dans son écrin de beauté, le mythique et gigantesque plan d’eau place les visiteurs au contact de la riche culture sibérienne

région. Accessible en bus ou en taxi, Olkhon est la plus grande des 27 îles qui entourent le lac Baïkal. Pour atteindre Khoujir, la capitale de l’île, il faut comp-ter une demi-journée sur des routes rocailleuses, ainsi qu’une traversée en bac. Pourtant, ceux qui se sont aventurés sur l’île d’Olkhon ne l’ont jamais regret-té. Le temps semble y avoir re-tenu son souffle, protégeant ses quelques 1 500 habitants de la vie stressante et mouvementée des grandes villes et de la civi-lisation. Ici, l’électricité n’est ins-tallée que depuis 2005. Les peuples de Sibérie se diffé-rencient des autres habitants de la Russie par leur exposition per-manente aux éléments naturels. Ils disent vivre en harmonie avec la nature, respecter les traditions. Sa situation géographique fait d’Olkhon le lieu idéal pour ren-contrer de tels individus, de même que les peuples du Baïkal comme les Bouriates d’Asie. Selon leur culte, le Rocher Sha-manka aux alentours serait sacré. En respect pour les croyances lo-cales, les touristes ne peuvent pas prendre de photos des chamans ni endommager les marquages sur les arbres, ou autres symbo-les sacrés. L’île d’Olkhon offre aussi des paysages contras-tés : des montagnes rocheuses et des forêts, mais aussi des step-pes à perte de vue, et même un petit désert. Mais ces lieux pré-servés ne sont pas pour autant dépourvus de tout confort : de nombreux hôtels accueillent aujourd’hui les touristes, et l’île a son propre musée. Elle offre également des aires de jeux pour enfants, une bibliothèque com-portant des livres en anglais et en allemand, et un zoo. L’hôtel Nikita, dirigé par Nikita Ben-charov, résident de l’île et fer-vent écologiste, reste de loin le plus connu de la région. Contrai-rement aux stéréotypes sur les

Le futur super-télescope, qui entrera en service d’ici six ans, devrait offrir une vision plus précise des phénomènes cosmi-ques. Orienté vers le grand trou noir au centre de notre galaxie, il pourrait en extraire des neu-trinos, ces particules issues de différentes réactions atomiques et porteuses d’informations. « En une année de travail, on ne parvient à récupérer que quelques dizaines de particules uniques », explique Alexandre Avrorine, ingénieur en chef du projet. Mais elles peuvent four-nir nombre d’explications sur la formation du cosmos. Le phy-

Le lac Baïkal est sur le point d’accueillir l’un des plus grands télescopes du monde, qui devrait aider à percer l’un des mystères de notre galaxie.

Un super-télescope au fond du lac pour scruter les trous noirs du cosmos

L’eau du Baïkal, gelée pendant 6 mois, supportera la plateforme.

ANTON KOUTOUZOVLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

sicien russe Pavel Tcherenkov a découvert qu’à travers une cer-taine épaisseur d’eau ou de glace, ces particules émettent une légère lueur bleue. Ce qui explique le choix d’un plan d’eau comme base du futur té-lescope.Les anciens modules n’ont per-

mis d’enregistrer que les neu-trinos nés dans notre atmosphè-re. Le nouveau télescope, perfectionné et 100 fois plus grand, repérera des objets plus éloignés. En raison des conditions natu-relles uniques du lac Baïkal, le

Un engin 100 fois plus grand captera la lueur d’objets très éloignés émise dans l’épaisseur aquatique

télescope russe reste moins cher que ses analogues étrangers. Deux télescopes comparables sont déjà en activité dans le monde : Antares en Méditerra-née et Amanda en Antarctique.Selon Igor Belolaptikov de l’Ins-

titut russe des recherches po-laires, l’observation ne peut se faire que dans une direction, et les objets les plus intéressants sont précisément dans la futu-re ligne de mire du télescope du Baïkal.

Russes et la vodka, Nikita Ben-charov a privilégié un accueil pour le moins différent de la tra-dition : l’alcool au sein de l’éta-blissement est interdit. À la place, le gérant offre à ses visiteurs une délicieuse cuisine sibérienne, dans la plus pure tradition. Les habitués de la vie chère de Moscou sont souvent étonnés par les prix locaux : 750 roubles (20 euros) pour une nuit d’hôtel et trois repas au buffet en libre-ser-vice. Si vous choisissez de pren-dre une chambre au Nikita, vous recevrez un repas offert par l’éta-blissement. Le développement du tourisme dans la région, notamment l’hé-bergement, a cependant contri-bué à la destruction des ressour-ces naturelles. Le risque serait qu’à terme, le tourisme submer-ge l’île et la fasse disparaître. Mais, donnant raison aux an-ciennes légendes, c’est l’esprit du lac qui attire les visiteurs, venus de plus en plus nombreux du monde entier contempler le site et communier avec la nature : le signe, peut-être, que quelque chose restera éternel...

Les amateurs de voyages fer-roviaires pourront, dès le 14 août prochain, embarquer pour « l’Odyssée transsibérienne », du nom de la nouvelle liaison en train Moscou-Pékin. Le trajet em-pruntera notamment la fameuse ligne historique Krougobaïkals-kaïa, construite sur les rives du lac Baïkal.

DÉCOUVERTE

Voyage rétro autour du Baïkal

Tous les détails surlarussiedaujourdhui.fr/12242

5 RAISONS DE

SE RENDRE

AU LAC BAÏKAL

1 C’est le plus grand lac d’eau douce au monde et le plus profond. Il abrite

848 espèces animales et 133 es-pèces végétales endémiques.

2 Il est l’une des destina-tions touristiques les plus réputées pour ses circuits

aventure : randonnées pédestres et VTT, baignade, rafting, équi-tation, excursions en jeep, pê-che, ou encore séjour exotique dans une yourte confortable au bord du lac.

3 C’est un lieu mythique à la fois du bouddhisme et du chamanisme en Rus-

sie. Des centaines de visiteurs viennent découvrir les danses ri-tuelles des chamans, ou méditer dans un monastère bouddhiste.

4 La route menant au lac Baïkal vous fera décou-vrir des paysages splen-

dides et profiter des équipe-ments offerts par la Sibérie.

5 En 1996, le lac Baïkal a été classé au Patrimoi-ne mondial de l’huma-

nité par l’UNESCO, et nominé au concours des sept merveilles na-turelles du monde en 2008.

Le lac Baïkal entre nature et civilisation

Le diaporama surlarussiedaujourdhui.fr

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Page 6: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

06 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro opinions

Deux canDiDatures inéluctables

Georgy bovt spécialement pour

la russie d’aujourd’hui

les analystes politiques de Russie et du monde entier s’interrogent : qui sera donc le locataire du Kremlin en

2012, pour six ans contre quatre actuellement (en raison d’ un amendement à la Constitution, adopté au tout début de la prési-dence de Dmitri Medvedev et por-tant le mandat présidentiel à six ans, et à cinq ans pour les dépu-tés de la Douma) ? Les membres du tandem dirigeant semblent tout faire pour maintenir le suspense à son paroxysme. Les observateurs politiques conti-nuent de s’enflammer, et ne taris-sent pas de commentaires sur les divergences supposées entre Pou-tine et Medvedev. Les deux hom-mes se sont retrouvés dans une situation complexe, découlant des particularités de la politique russe. Quand un président sortant ne se représente pas, il se produit une vacance qui n’a rien à voir avec la situation américaine. Ce n’est pas un « canard boiteux » (lame duck), c’est un cheval mort, dont le cadavre est piétiné. La politi-que russe est traditionnellement centrée sur le premier personna-ge de l’État (ou, dans le cas pré-sent, sur les deux premiers per-sonnages). L’ensemble de la bureaucratie s’articule non pas autour des institutions, des lois et des règles écrites, mais avant tout autour du Chef, de son style, de ses désirs, ses habitudes, ses caprices, ses points forts et fai-bles. Dès que le Chef part ou lais-se entendre qu’il part, il cesse d’exister. Ainsi, si Medvedev déclare aujourd’hui qu’il ne se présen-tera pas, cela signifiera en pra-tique que la Russie se retrouve-ra sans président à un an du scrutin. Si c’est Poutine qui an-nonce qu’il quitte la politique, cela provoquera une situation dans laquelle toute la machine hiérarchique gouvernementale, déjà peu efficace, cessera com-

par exemple si les deux hommes ont pris en compte un facteur crucial de la politique moderne au sein d’un monde chan-geant : la lassitude de l’électorat face à un pouvoir qui s’éternise. La mentalité moderne privilégie l’évolution permanente. Selon certains sondages, 25% des Rus-ses préféreraient que ni Poutine, ni Medvedev, ne figure dans la liste des candidats au scrutin présidentiel de 2012. Le problème ne réside pas tant dans l’identité des candidats que dans leur message. La priorité du message permettrait de sta-biliser le pays, actuellement en proie à de grandes difficultés en raison de la crise mondiale et de la stagnation du programme de modernisation. Une campagne opposant Pou-tine et Medvedev, centrée sur les principaux points de divergence les séparant, permettrait au pays de maintenir le cap sur son dé-veloppement, et de conserver in-tact son système politique.

plètement de fonctionner. Une machine, qui plus est, bâtie selon les principes d’une stricte cen-tralisation. Poutine et Medvedev ne le com-prennent que trop bien, et ne sou-haitent visiblement pas prendre un tel risque. Sans oublier qu’ils ont tous deux des ambitions po-litiques et des visées personnel-les sur le siège présidentiel. Une autre question, moins évi-dente, serait de savoir quelle conception les membres du tan-dem avaient de cette situation quand ils l’ont créée en 2008. Comment Poutine avait-il prévu les événements ? Medvedev, « gardant au chaud » le siège pré-sidentiel, devait-il quitter volon-tairement le pouvoir, en laissant entendre qu’il ne prétendait pas

à un deuxième mandat ? Ce n’est pas un hasard si, au début de la présidence de Medvedev, des ru-meurs laissaient entendre qu’il devait renoncer au pouvoir avant terme, afin d’éviter la perpétra-tion d’un « président impuis-sant ». Mais pourquoi Poutine discréditerait-il la présidence, qu’il avait lui-même conscien-cieusement renforcée et à laquel-le, selon l’hypothèse énoncée plus haut, il comptait revenir ? Pou-tine n’imaginait-il pas qu’en conservant si longtemps le fau-teuil de Premier ministre et, constatant que Medvedev s’ac-quittait de ses fonctions et des engagements pris, il risquait de se retrouver sur le bas-côté bien avant 2012 ? Une telle hypothè-se rend toutefois incompréhen-sible cette forme d’« exil » pour un homme politique encore re-lativement jeune. Il se peut que le scénario de la « tandemocratie » et la façon d’en sortir en 2012 n’aient pas été pensés en détail en 2008. Il se peut que les circonstances aient entraîné des ajustements impré-vus du programme. On ignore

Georgy Bovt est un commenta-teur politique basé à Moscou.

25% des russes préféreraient que ni poutine, ni medvedev, ne soit candidat au scrutin de 2012

Konstantin simonov

the moscow times

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lA RuSSIE d’AujOuRd’huI ENTEND OFFRiR DES iNFORMATiONS NEUTRES ET FiABLES POUR UNE MEiLLEURE CONNAiSSANCE DE LA RUSSiE.

une fausse maléDiction

ter les impôts sur le gaz et le pétrole afin de stimuler les in-vestissements dans les industries de transformation et les autres secteurs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la Russie a fait des progrès dans la diversi-fication de son économie. En plus des industries de transformation, elle est dotée d’un fort secteur tertiaire, dont la croissance est le signe d’une économie déve-loppée. Un autre indicateur de la diver-sité, c’est la répartition du nom-

bre d’employés par secteur. 10,5 millions de Russes travaillent dans le secondaire, soit dix fois plus que dans le primaire. Près de 12 millions de personnes tra-vaillent dans le commerce, 6 mil-lions dans l’éducation, 5 millions dans la santé et les services so-ciaux, 1,2 million dans l’hôtel-lerie et la restauration, et 1,1 mil-lion dans la banque et la finance. Contrairement à la croyance populaire, les secteurs de transformation et des servi-ces battent à plate couture celui des matières premières pour ce qui est du nombre d’employés. Mais ils produisent peu de ri-chesses pour le pays, comparés au gaz et au pétrole. Si toutes les ressources naturel-les de Russie venaient à dispa-raître, il est peu probable que les employés se mettent subitement à travailler mieux ou que les éli-tes se ruent sur les réformes. Il faut cesser de recourir à la théo-rie de la malédiction des matiè-res premières pour expliquer tous les maux de la Russie. Oui, ils y sont en partie liés. Mais ce n’est pas la raison principale pour la-quelle la Russie se traîne derriè-re les autres puissances écono-miques. Nous ferions mieux de laisser de côté les malédictions et nous concentrer sur le déve-loppement et la modernisation politique et économique des ins-titutions russes.

de la malédiction tendent à mi-nimiser la place des États-Unis dans la production mondiale des ressources naturelles pour ne pas contredire leur théorie. Norvège, Canada et Australie sont autant de bons exemples prouvant que des démocraties stables et des institutions publi-ques efficaces conjurent la ma-lédiction de la dépendance des matières premières. Il y a dix ans, analystes et ob-servateurs économiques insis-taient sur la nécessité d’augmen-

depuis des années, les ana-lystes parlent de la ma-lédiction que seraient les ressources naturelles

pour la Russie. Le débat a désor-mais gagné l’ensemble de la po-pulation. Selon des sondages ré-cents, 50% des Russes ont conscience de la principale consé-quence de la malédiction : les prix élevés du pétrole, profitables à court terme, ont un impact néga-tif sur le développement à long terme du pays. La logique est sim-ple : l’aubaine des pétrodollars obtenus grâce à des prix anor-malement élevés a corrompu l’éli-te dirigeante, la privant de toute ambition de diversifier l’écono-mie au-delà de l’exportation de ressources naturelles. Il n’y a pas de fatalité : une éco-nomie diversifiée n’empêche pas de nombreux pays d’exploiter à fond leurs matières premières. Par exemple, les États-Unis. L’année dernière, ils ont dépas-sé la Russie en devenant le pre-mier producteur de gaz naturel. Ils occupent aussi la deuxième place au monde pour l’extrac-tion de charbon et la troisième pour la production de pétrole. Mais les partisans de la théorie

Konstantin Simonov, directeur de la Fondation de la sécurité énergétique nationale.

Le courrier des Lecteurs, Les opinions ou dessins de La rubrique “opinions” pubLiés dans ce suppLément

représentent divers points de vue et ne refLètent pas nécessairement La position de La rédaction de La russie

d’aujourd’hui ou de rossiyskaya Gazeta. merci d’envoyer vos commentaires par courrieL :

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françois Perreaultspécialement pour

la russie d’aujourd’hui

œuvrent à détruire entièrement l’ancien appartement, en vue d’en refaire un tout neuf. Em-bauchés par le proprio, ils vi-vent visiblement dans le chan-tier, probablement gratuitement, contre les travaux qui sont pro-bablement tout aussi bénévoles. Dans ce qui était la salle de bains, une mer de câbles pen-douille dans les flaques d’eau saumâtre, tandis que l’un des ouvriers prend une pause ciga-rette à côté de l’entrée du gaz de ville. En voyant le tuyau cen-tral du radiateur d’où coule une eau tiédasse dans un seau, notre camarade comprend pourquoi le chauffage ne fonctionnait plus chez lui depuis une semaine.Dans un sabir tadjiko-russe, le chef de chantier Djamchid, très sympa, conseille Jean-Pierre. C’est tout simple : pour la durée des travaux, il suffit de relier à la terre la tuyauterie sous ten-sion avec la boîte électrique. Un fil d’environ cinq mètres zigza-guera ainsi dans tout l’appart de Jean-Pierre, mais c’est quand même plus sécurisant. Au fait, la durée des travaux ? Pas plus de six mois, juré, craché. Un an plus tard, lorsque les ouvriers s’en vont, Jean-Pierre s’est ha-bitué. Effectivement, il ne prend plus le jus grâce aux conseils de Djamchid ; et il suffit simple-ment d’enjamber le câble pour aller de la salle de bain au salon. Quant aux bruits nocturnes, ils n’ont plus aucun effet sur notre petit camarade. D’ailleurs, sa première nuit calme a été terri-ble : il a été incapable de s’en-dormir.

tout a commencé mysté-rieusement, dans la nuit de dimanche à lundi. Jean-Pierre est réveillé

en sursaut par des bruits sourds, réguliers, émanant du logement d’en bas. Une heure durant, les murs tremblent sous le choc, puis, plus rien. Quel-ques jours plus tard, Jean-Pier-re, de retour du bureau, note d’étranges traces de ciment dans la cage d’escalier de son immeuble, de plus en plus nombreuses au fil des jours. Il ne le sait pas encore, mais une aventure traumatisante, qui va le marquer à vie, vient à peine de commencer : le voisin du dessous a décidé de rénover son appartement. Nuit après nuit, c’est désormais le même cir-que : les bruits sourds com-mencent vers les trois heures du matin, puis vers six heures la scie sauteuse rejoint le concert. Neuf heures marque l’arrivée de la perceuse, jusqu’au départ de Jean-Pier-re au travail. Le concert est quotidien, et ne semble pas connaître de pause le week-end. Le niveau de tolérance de Jean-Pierre est dépassé lors-que notre ami prend une vio-lente décharge électrique sous la douche : toute la robinette-rie est visiblement sous ten-sion, sans nul doute à cause des travaux. Encore engourdi par les 220 volts, Jean-Pierre descend, toujours dégoulinant, au quatrième étage. Le spec-tacle est terrifiant. Trois pau-vres bougres d’origine tadjike

ces sacrés russes

un voisinage d’enfer

François Perreault est expatrié à Moscou depuis cinq ans.

Présidentielle de 2012 : qui choisira ?le fuTur PrésidenT russe sera-T-il choisi Par les élecTeurs, Par le Tandem PouTine-medVedeV, ou Par PouTine TouT seul ?

sondaGe

la chronique « ces sacrés français » de natalia Gevorkyan est ex-ceptionnellement absente ce mois-ci, son auteur étant en congés. Vous la retrouverez dans le prochain numéro.

dmitry divin

niyaz karim

source:levada.ru

Page 7: La Russie d'Aujourd'Hui 18 Mai 2011

07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Culture

Denis Matsuev impressionne à plus d’un titre : par son art bien sûr, mais aussi par une carrure typique de sa Sibérie natale et par son charme. L’homme de-meure tout aussi charismatique lorsqu’il troque son costume à queue-de-pie de concertiste pour un style plus décontracté, dans un pub anglais du centre-ville de Moscou : « Pourriez-vous bais-ser la sono pour ne pas gêner l’enregistrement de la conversa-tion ? », s’enquiert-il auprès du serveur tandis que je prends place à sa table. Pour l’entretien, Denis a accep-té de quitter un instant le studio où il enregistre son nouvel album - il en a déjà sorti 16 ou 18, il ne sait plus exactement. Le jeune pianiste (35 ans) donne plus de 160 concerts par an. Nous enta-mons la discussion sur le pro-chain : « Cette fois-ci, je m’en-vole avec un programme romantique. Une sonate de Schu-bert, la sonate № 23 de Beetho-ven dite l’« Apassionata », une Mephisto-Valse de Liszt, et la deuxième sonate de Rachmani-nov : quelques-uns de mes mor-ceaux préférés ». Un programme

Musique Denis Matsuev, le pianiste sibérien qui a conquis la scène mondiale, donne un récital à Paris le 20 mai

Denis Matsuev avait 14 ans quand il fit résonner son piano dans les murs de la Sorbonne. Deux décennies plus tard, il retourne en virtuose accompli dans un pays spécial pour lui.

à découvrir le 20 mai à Paris, au Théâtre des Champs Elysées.Les critiques internationales le présentent souvent comme « le nouvel Horowitz » (The Times), ou le baptisent « l’ours de la scène » (La Scena Musicale) - mais un ours aux doigts de ve-lours - ce qui ne semble pas le contrarier du tout. Tout a com-mencé il y a plus de trente ans, dans la ville sibérienne d’Irkoutsk, lorsque le petit garçon de trois ans pose la main sur le clavier du piano familial et, sans même apercevoir les touches, reproduit l’indicatif de la météo, diffusée à la télévision. « À la maison, la musique faisait partie du quoti-dien, se souvient Denis. Maman enseignait à l’école de musique. Papa était pianiste et composi-teur. Il dirigeait l’orchestre d’un théâtre dramatique et donnait des cours au conservatoire. Oui, j’avais l’oreille absolue, j’étais capable de mémoriser une sona-te en quelques jours. Mais je n’ai jamais travaillé dix heures par jour pour y arriver. J’étais un petit garcon comme les autres : j’aimais le hockey, le football ».En avril 1991, un événement fait basculer la vie du jeune Matsuev, alors étudiant au conservatoire. Une fondation russe consacrée à la découverte de jeunes musi-ciens (« New Names » - nouveaux noms) organise une audition à Irkoutsk. À l’époque, le pianiste en herbe semble s’intéresser da-vantage à ses entraînements de

foot mais ses parents s’interpo-sent. Son agilité et sa virtuosité séduisent le jury. Six mois plus tard, la carrière de Denis est lan-cée. Le virtuose se produit au siège de l’OTAN et de l’ONU, au Palais de Buckingham et au Cen-tre Carnegie, devant le Pape et la Reine d’Angleterre : « C’est à ce moment que j’ai réalisé que la musique pouvait réellement devenir mon métier », dit-il aujourd’hui. Mais il n’en aura con� rmation qu’en remportant le concours Tchaïkovski en 1998. Le musicien défend son art : de-puis 2008, Denis Matsuev dirige la Fondation New Names, et as-siste à son tour les jeunes talents. L’avenir de la musique classique le

L’«ours» aux doigts de velours retrouve la patrie de son cœur

ALENA TVERITINALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

laisse songeur : « Tout est com-mercialisé. Les directeurs de mai-sons de disques préfèrent pro-duire un artiste connu qui interprétera des œuvres connues. Investir dans de jeunes talents sans savoir si l’on va y gagner, c’est plus rare ». C’est dans ce but que Denis organise en 2005 le Festival Crescendo : « On di-sait l’école russe de la musique disparue. Nous avons prouvé le contraire. Le Festival connaît un immense succès et les jeunes ta-lents qui y ont participé il y a quelques années sont aujourd’hui des artistes reconnus ». Fort de sa propre expérience, Denis Matsuev se focalise sur les jeunes : « En août dernier, j’ai participé à un festival féerique à Annecy, qui accueillera cette année Valery Gergiev, Yuri Bash-met parmi d’autres célébrités, mais aussi des jeunes talents ». Le pianiste russe dit s’être « tou-jours senti proche de la France, mon premier voyage à l’étran-

ger. C’était dans le cadre d’un échange sco-laire. Cela remonte à 1989, quand

le petit musicien venu d’Irkoutsk que j’étais a fait résonner son piano dans les murs ancestraux de la Sorbonne. Je ne l’oublierai jamais ».La France, pour Matsuev, c’est aussi le jour où Alexandre, le pe-tit-� ls de Serguei Rachmaninov, lui a proposé d’interpréter les pièces inédites du grand com-positeur russe. Composées pen-dant ses années d’études au conservatoire, les œuvres auraient été envoyées par Rachmaninov à Tchaïkovksi, dont le secrétaire les auraient perdues. « Je les ai enregistrées sur le piano de Ra-chmaninov, dans sa propriété en France. Le disque a eu un suc-cès fou, et il a marqué le début de ma collaboration avec la Fon-dation Rachmaninov ».La suite ? Lorsqu’on l’interroge sur ses rêves, Denis Matsuev ré-pond avec aplomb : « Que cette folie ne s’arrête jamais ».

La Tête de mon père est le cin-quième roman d’Elena Botcho-richvili, jeune auteure russopho-ne d’origine géorgienne et émigrée au Québec, tout comme le narrateur, auteur de cette lon-gue lettre en réponse à son � ls, conduit en Géorgie pour son voyage de noce et qui veut en savoir plus sur ses racines. Point de départ des souvenirs, une blessure : « Entre le pays où je suis né et moi il n’y a pas des années et des distances, il y a la mort de mon père, sa tête enter-rée séparément de son corps sous un arbre arraché avec ses raci-nes dans un village qui n’existe plus… ce sentiment me déchire en morceaux ».Ce sont pourtant des moments de vie lumineux que le narra-teur choisit ensuite d’évoquer : ses parents, couple improbable, dont l’insouciance et la fantai-sie rappellent les héros de Fel-lini ; la mère, interprète d’un rôle unique et sulfureux, autant que le permettait le cinéma de l’épo-que, « la plus grande de toutes les actrices méconnues » ; le père, « citoyen soviétique on ne peut plus ordinaire », rédacteur des discours officiels qui, un jour, ne revient pas d’une banale pro-menade et dont la tête est en-terrée à quarante pas de la dat-cha qu’il a reconstruite avec les rondins de sa maison natale. Le narrateur déroule le � lm des souvenirs en noir et blanc comme son sentiment de haine et d’amour pour l’URSS, comme la relation orageuse des parents, entre disputes et réconciliations, comme le cinéma de l’époque auquel il fait référence, comme la nostalgie d’un temps révolu, comme l’URSS même : « Dans le � lm noir et blanc de l’Union soviétique… les gens travaillaient tous ensemble, ils étaient joyeux… Un sentiment d’unité et d’égalité face à notre avenir, un sentiment de désolation et d’impasse nous unissait. Et la joie de vivre pouvait atteindre des sommets incroyables… ce sentiment d’unité entre les gens, quelle que soit son explication me manque. Cette frénétique joie de vivre me manque ».La forme « sténographique » (ainsi que l’auteure dé� nit ses romans) permet le « montage » cinématographique d’une nar-ration parfaitement adaptée aux chamboulements de l’Histoire et aux mécanismes de la mémoi-re : discontinuité, oublis, répé-tition d’images, d’objets, de bouts de phrases qui reviennent en boucle, points d’ancrage emblé-matiques qui campent les per-sonnages et contribuent à don-ner son charme à ce court roman qui évoque des pans tragiques de l’Histoire avec la légèreté, la drôlerie et la poésie d’un film d’Otar Iosseliani.

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Roman en noir et blanc

Christine Mestre

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TITRE : LA TÊTE DE MON PÈREÉDITIONS : BORÉALAUTEUR : ELENA BOTCHORICHVILITRADUIT PAR BERNARD KREISE

À L’AFFICHEDANSE « DELHI » D’IVAN VIRIPAEVJUSQU’AU 1ER JUINTHÉÂTRE LA COLLINE, PARIS

Composé de sept brèves pièces en un acte, le spectacle oscille entre mélodrame et vaudeville. Au cœur de l’action, une danse mystérieuse joue à l’Arlésienne avec le spectateur dans cette mise en scène de Galin Stoev, qui se consacre ici pour la qua-trième fois à une œuvre de Vi-ripaev.

www.colline.fr ›

TRILOGIE RUSSEDU 1ER AU 7 JUINOPÉRA NATIONAL DU RHIN, STRASBOURGLe ballet s’ouvre sur le célèbre Sacre du printemps et se pour-suit par deux trésors enfouis, à savoir Chout de Prokofiev et Le Baiser de la fée de Stravinsky. Confiées respectivement à trois pointures de la chorégraphie - Garry Stewart, Virginia Heinen et Michel Keleminis - ces trois œuvres réunies promettent un spectacle riche en surprises.

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ANASTASIA GOROKHOVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Entre un phallus de près de 60 mètres sur un pont et une voitu-re de police renversée dans la rue, le collectif Voïna donne du fil à retordre aux autorités. Et reçoit un prix officiel !

L’art engagé prend ses quartiers dans la cité

Expression Un groupe d’artistes russes, s’inspirant de l’art de rue, « bouscule » la société

le collectif d’une soixantaine de membres est dirigé par le phi-losophe Oleg Vorotnikov et sa femme, la physicienne Natalia Sokol, ainsi que Leonid Niko-laev, un ex-employé de bureau. À ce jour, son plus gros coup a été réalisé sur la place du Palais de Saint-Pétersbourg pour dé-noncer la réforme du ministère de l’Intérieur. Un soir, le � ls de deux ans d’Oleg et Natalia jette son ballon sous une voiture de police. Pour le récupérer, quatre activistes du collectif renversent le véhicule. On ne sait combien de voitures ont subi le même sort aux mains du groupe cette nuit-là. Motif des artistes mili-tants : montrer comment réfor-mer la police russe - de façon radicale et sans compromis. L’af-

Pour la police pétersbourgeoise, la nuit du 14 juin 2010, qui a coïn-cidé avec le 82ème anniversaire de la naissance de Che Guevara, fut tourmentée. Neuf jeunes ar-tistes masqués, vêtus de noir et armés d’un pot de peinture blan-che prirent d’assaut le pont Li-teyni de Saint-Pétersbourg. Il ne leur fallut que 23 secondes (sur les 40 que prend le levage des ponts de la ville le soir, ou leur abaissement au petit matin) pour y peindre un énorme phallus de 65 mètres, à la verticale, juste en face du siège du FSB (ex-KGB).

L’action « révolution du palais »Revendiquée par les activistes du collectif artistique Voïna (la guerre), l’œuvre intitulée « Pénis prisonnier du FSB » � t la une des journaux russes. Si les autres actions du collectif comme « Par-touze au Musée biologique » ou « À l’assaut de la Maison Blan-che » sont passées inaperçues, cette fois, les exécutions des jeu-nes artistes attirèrent l’attention du pays tout entier. Créé en 2007,

faire a eu des suites juridiques non négligeables. Pour certains, les autorités ont fait ce qu’elles auraient dû faire depuis longtemps : traduire les responsables en justice. Oleg et Leonid ont passé quatre mois en

détention provisoire. Sans la lourde caution versée par le cé-lèbre artiste de rue britannique Banksy, ils seraient encore der-rière les barreaux. Ils sont en at-tente de jugement.

Improvisation politico-artistique : Leonid Nikolaev, un seau bleu sur la tête, singe le gyrophare des autorités. Le conducteur est furieux.

AFFICHE

Du grand classiqueUne sonate de Schu-bert, la sonate n°23 de Beethoven, une Me-phisto-Valse de Liszt, et la 2ème sonate de Rachmaninov : c’est le programme à dé-couvrir le 20 mai au Théâtre des Champs-Élysées.

Un débat agité sur l’artSur Internet, une polémique est née lorsque des artistes qui n’avaient rien à voir avec Voïna prirent l’initiative de nominer son œuvre phallique pour un prix national organisé par l’État : celui de l’Innovation... qui lui a été attribué ! Andreï Erofeev, res-ponsable de l’exposition « Atten-tion ! Religion ! », lui aussi ré-cemment appelé à comparaître devant un tribunal, a décla-ré : « Un graffiti géant, c’est un symbole de protestation digne d’un prix ». Les militants de Voïna ont boycotté la remise de ce prix décerné par le ministre russe de la Culture, ennemi juré du collectif. De son côté, le mi-nistère a souligné qu’il n’avait pas pris part aux délibérations du jury ni au choix du lauréat. De grands artistes russes se sont joints à la polémique. Le pein-tre Ilya Glazounov, dont la ga-lerie est située dans l’enceinte du Kremlin, s’est indigné : « Des-siner un sexe sur un pont, de l’art ? Cela n’a rien à voir avec l’art ! ». Mais le critique d’art Jo-seph Backstein voit les choses autrement : « Les actions des groupes artistiques ne sont pas toutes univoques. Beaucoup ont un caractère provocateur, mais Voïna renvoie à la Russie des si-gnaux forts ». Oleg Vorotnikov enfonce le clou : « Nous voulons bousculer la société ».

« Un graffiti géant, c’est un symbole de protestation digne d’un prix », estime le collectionneur Erofeev

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08 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Loisirs

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larussiedaujourdhui.fr/12021

À TABLE !

Oukha, la mère des soupes russes

Il y a deux façons de préparer l’oukha, la plus ancienne des soupes de Russie. La première, celle que j’ai expérimentée sur les rives du lac Baïkal en 1990, consiste à attraper un poisson d’eau douce, le jeter dans une marmite d’eau claire comme du cristal et faire bouillir jusqu’à ce que les yeux sortent des orbites. C’est le signe que la cuisson est bonne. À consommer immédia-tement. Et c’est tout.Mais nul besoin d’aller jusqu’en Sibérie et apprendre à pêcher, ni même trouver le courage de faire face à des yeux de pois-son. Il peut être utile, toutefois, de devenir ami avec le poisson-nier du coin qui vous fournira le poisson le plus frais possible.L’oukha se cuisine depuis des siècles, et comme tous les plats russes, elle a évolué, en s’adap-tant aux cuisines et aux rives où elle était préparée. À l’origine, elle n’avait rien à voir avec le poisson. C’était un brouet épais et gras, préparé à partir de res-

tes de bœuf et de cochon, y com-pris les oreilles, les pieds et autres tendons. Le mot « oukha » est de-venu synonyme de bouillon, puis simplement de soupe de poisson, consommée par les paysans com-me par les nobles.À la table du tsar, l’oukha « am-brée » de safran précieux était cuisinée avec de la perche ou de l’esturgeon. Les chefs français qui travaillaient dans les cuisines de l’aristocratie russe se sont em-ployés à perfectionner l’apparence et la saveur du bouillon lui-même, en le clarifiant avec du blanc et de la coquille d’œufs et en l’expé-rimentant avec d’autres types de poisson. Certains chefs russes tien-nent à l’ajout de pommes de terre et autres légumes ; pour d’autres, les seuls ingrédients de l’oukha sont le poisson et l’eau. J’ai assis-té à des débats violents sur l’utili-sation de rondelles de citron et le droit de mélanger différents types de poissons. Il y a beaucoup de poissons dans la mer, et autant de recettes de l’oukha.

Ingrédients : 2 litres de bouillon de poisson (voir ci-dessous) 750 g de poisson blanc désossé et écaillé : brochet, perche, flétan, en cubes de 5 cm de coté. 750 g de filet de saumon, en cu-bes de 5 cm. ½ racine de persil ou de navet, en cubes de 2 cm.½ racine de céleri, en cubes1 c. à soupe d’huile d’olive2 poireaux ou un gros oignon2 feuilles de laurier15 grains de piment de Jamaïque4 c. à soupe de gros sel1 c. à soupe de poivre noir en grains1 botte de persil plat frais1 botte d’aneth fraisRondelles de citron (si vous osez !)

Préparation :• Faites revenir le poireau ou oignon dans une marmite à soupe à fond épais, à feu moyen.• Quand ils sont translucides et souples, ajoutez les racines en cubes et faites sauter jusqu’à ce qu’elles soient tendres (5-7 min.)• Ajoutez le bouillon de poisson, laurier, poivres et sel. Augmentez le feu et portez à ébullition. • Réduisez le feu, couvrez, et lais-sez mijoter pendant 30 minutes. • Ajoutez le poisson, en le faisant légèrement pocher à feu doux, 7-8 minutes.

• Enlevez le laurier et ajoutez le persil et l’aneth hachés• Servez immédiatement. Les rus-ses accompagnent généralement la oukha avec des tourtes au poisson, ou le koulibiak au saumon.

Bouillon de poissonIngrédients : 2 têtes de poisson, sans les yeux et les branchies (d’où la nécessaire bonne entente avec le poissonnier)2 litres d’eau1 botte de céleri½ oignon jaune2 c. à soupe de gros sel1 c. à soupe de poivre en grains3 clous de girofle écrasésTiges d’herbes fraîches : persil, aneth, ciboulette, estragon, etc.3 blancs d’œuf et coquilles

Préparation :• Placez tous les ingrédients sauf les œufs et les coquilles dans une marmite à soupe.• Portez à ébullition, réduisez le feu, laissez mijoter à feu doux pendant une heure en écumant la surface de toute mousse qui s’accumule. • Enlevez du feu.• Tapissez une passoire avec de la gaze ou un torchon propre et pas-sez le bouillon dans une marmite propre.

Jennifer Eremeeva SPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

D’autres recettes surlarussiedaujourdhui.fr

Assaut des industries créatives sur les friches

Reconversion L’apparition de centres artistiques génère une nouvelle économie

seignement supérieur. « Avant de pouvoir parler d’une industrie, il faut former une couche solide de professionnels de haut niveau », explique-t-il, installé dans le café cossu de Strelka, autour duquel se structure la vie du centre, tis-sée de manifestations ouvertes au public. « Notre système éducatif ne prépare pas à penser globale-ment. Nous faisons appel à des spécialistes de renommée mon-diale, Rem Koolhaas ou Reinier De Graaf ». Mais il ne suffit pas de former des créateurs performants. Il faut aussi instruire la société dans son

L’État n’a pas encore mis en route de politique économique et cultu-relle pour une « industrie créa-tive » en Russie, fondée notam-ment sur la petite et moyenne entreprise, explique Elena Zelent-sova, directrice de l’agence de conseil Industries créatives. Ce qui n’empêche pas l’essor de di-vers centres artistiques d’un type nouveau pour le pays, hybrides, polyvalents, résolument moder-nes. À Moscou, Winzavod, Strel-ka, Artplay, Garage, Proekt Fa-brika ou encore Flakon, ont investi avec succès des fabriques, s’appropriant des milliers de mè-tres carrés de hangars. Ces en-treprises sont souvent � nancées par de richissimes mécènes comme Alexandre Mamut et Ser-guei Adoniev (Strelka). D’autres (Artplay et Winzavod) affichent des résultats équilibrés en sous-louant leurs locaux. De vastes espaces d’exposition accueillent des rétrospectives prestigieuses (Ilya Kabakov en 2008 à Winzavod) ou des expos-ventes pour artistes débutants : le salon annuel « Student Art-fair » de Artplay expose des étu-diants, en sollicitant galeristes, experts et médias. Ces clusters réunissent des professionnels sous les mêmes toits et ambitionnent de sortir la Russie de son « pro-vincialisme culturel » pour l’in-tégrer à la scène internationale. Ils entendent promouvoir et po-pulariser l’art contemporain et ses applications. L’innovation et le design, leur valeur marchande, et les problématiques socio-éco-nomiques connexes, sont le res-sort de spécialistes qui se sont investis d’une mission civilisatri-ce. L’Institut média, design et ar-chitecture Strelka, présidé par Ilya Oskolkov-Tsentsiper, a ouvert l’an dernier un programme d’en-

ensemble et susciter une deman-de pour ces produits nouveaux. « Nous devons éduquer le regard. L’art contemporain ne va pas de soi », explique Alena Saprykina, directrice artistique d’Artplay, qui rassemble les grandes agences de design et architecture. Les clus-ters accordent une place de choix aux projets interactifs a� n de ne pas devenir des réserves intro-verties d’experts, mais des fabri-ques culturelles populaires, des lieux ouverts de transmission. Malgré tous ces obstacles et la crise économique de 2008, les cen-tres moscovites se félicitent d’être

en développement constant, la demande restant largement su-périeure à l’offre. Le centre de ré� exion Strelka a été choisi par la mairie de Moscou pour l’aider à la restructuration de l’immen-se parc Gorki, au centre de la ca-pitale. « Il y a deux ans, nous avi-ons l’impression à être les seuls à avoir besoin de cette aventure, ni la société, ni les autorités n’étaient particulièrement inté-ressées », se réjouit Ilya. « Le pou-voir comprend qu’il faut évoluer, se moderniser, mais il ne sait pas comment s’y prendre, et c’est là que nous intervenons ».

Winzavod. Fondé en 2007, dans une ancienne brasserie, et dirigé par Sofia Trotsenko, ce centre d’art contemporain se consacre à tous les arts visuels, en réunis-sant, autour des ses six espaces d’exposition, des galeries privées, des showrooms, des boutiques et un café.

Strelka. L’Institut médias, archi-tecture et design occupe l’un des bâtiments d’une splendide an-cienne usine de chocolat, Octo-bre rouge, en plein cœur de Mos-cou, qui accueille par ailleurs des galeries de photo et d’art, des restaurants branchés, quelques rédactions de magazines et de chaînes de télévision.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

D’une cathédrale à l’autrePromenade Six lieux de culte dans le Paris orthodoxe

Au XIXème siècle, les immigrés orthodoxes de Russie célébraient leur culte à l’ambassade russe de Paris, qui ne pouvait accueillir tous les � dèles. Aussi, dès 1847 commence l’édi� cation de la ca-thédrale Saint-Alexandre Nevs-ky, achevée en 1861. Depuis, les contructions se sont multipliées et Paris est aujourd’hui consi-dérée comme l’une des princi-pales capitales orthodoxes de l’Occident. On y compte pas moins de vingt lieux consacrés à l’orthodoxie, dont dix sont rus-ses. Le temps d’une balade, dé-couvrez six de ces sites les plus emblématiques.

3 Dérobée derrière de lourdes portes, la pa-roisse St-Séraphin de Sarov élève ses deux bulbes bleus au milieu de nombreuses petites cours boisées.

2 La cathédrale des Trois Saints Docteurs et de St-Tikhon-de-Za-donsk recèle la relique de la Sainte Vierge d’Iversky, protectrice des Moscovites.

1 La paroisse de la Sainte-Trinité et des nouveaux martyrs russes regroupe les or-thodoxes de différents pays de l’Est : Russie, Ukraine, Roumanie...

6 Installée dans une ancienne chapelle pro-testante allemande, la paroisse St-Serge a été décorée par le peintre Dmitri Stelletsky.

5 L’église St-Leu-St-Gilles détient une des reliques orthodoxes les plus importantes : celle de la Sainte Impé-ratrice Eléna, mère de l’Empereur Constantin.

4 La cathédrale St-Alexandre Nevsky est devenue dès 1917 l’un des grands sites orthodoxes de Paris. Picasso y a célébré son mariage avec Olga Kokhlova.Préparé par

Maria Tchobanov

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