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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mercredi 4 avril 2012 La beauté cachée du monde des fourmis Le photographe Andreï Pavlov est sans égal pour faire poser les insectes. P. 7 Le film russe « Outro » prend part au Millénium Ce documentaire sur un can- cer incurable sera présenté au Festival International à Bruxelles. P. 8 PAGE 2 PAGE 5 Vladivostok revit Vladivostok, le San-Francisco russe, attire les touristes du monde entier. En septembre, il accueillera aussi les hommes d'affaires pendant le sommet APEC-2012. PAGE 4 SUITE EN PAGE 2 Que reste-t-il des réformes ? C'est l'une des questions qui reviennent sur toutes les lèvres : « Poutine va-t-il enterrer les réformes entreprises par Medvedev ? » "Bouranovskie Ba- bouchki" est un grou- pe de femmes âgées de 42 à 86 ans, qui chantent des chan- sons traditionnelles et de la pop classique en russe. Elles ont été choisies par un vote populaire pour repré- senter la Russie au concours Eurovision. Sur la photo : Alevtina Byagicheva (au cen- tre), 54, Ekaterina Chklayeva (à droite), 74, et Zoya Dorodova (à gauche), 74. www. larussiedaujourdhui. be/14357 PHOTO DU MOIS Les grand-mères de l'Eurovision La valeur ajoutée des études en Russie gue. Un séjour d’études en Russie ne s’improvise pas. Mais à peser le pour et le contre, ces obstacles, pour les Européens non russopho- nes, sont largement compensés par la valeur ajoutée qu’apporte un diplôme russe. C'est du moins l'avis de plusieurs étudiants que nous avons rencontrés au cours de notre enquête. La qualité de l’enseignement supérieur dispensé en Russie reste excellente, comme le sont les dé- bouchés professionnels d’un pays qui connaît une croissance net- tement plus solide que celle ren- contrée en Europe. Le double di- plôme n’est certes pas la seule solution, mais il a bien des avan- tages et la faveur des établisse- ments belges et français. Se lancer dans des études en Rus- sie peut prendre parfois l'aspect d'un parcours du combattant : lourdeurs administratives, non- reconnaissance des diplômes bel- ges en Russie, barrière de la lan- CAROLINE GAUJARD-LARSON SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI La qualité de l’enseignement universitaire russe possède des arguments pour séduire les étudiants européens. Mais un choix se pose d'emblée : double diplôme ou diplôme russe ? Enseignement Atouts des universités russes pour les étrangers SUITE EN PAGE 3 IGOR VIOUJNI SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Dmitri Medvedev va rendre en mai sa place à Vladimir Poutine. Celui qui se définit comme un réformateur libéral a cherché pendant quatre ans à réformer la police, la justice et l'éducation. Politique Un bilan des quatre années passées par Dmitri Medvedev au Kremlin Des réformes en matière de santé publique, de l’armée, de la poli- ce, de l’enseignement, du système électoral du pays ainsi qu’une ré- forme clé contre la corruption. Et une sérieuse restructuration po- litique en fin de mandat. Le président « technique », comme l’a surnommé l’opposi- tion, a annoncé plus de réformes que Vladimir Poutine durant ses deux mandats. Pourtant, « qua- siment toutes ces réformes ont été préparées sous Poutine. Et celles annoncées aujourd’hui seront réa- lisées par Poutine », souligne le directeur du Centre d’informa- tion politique, Alexeï Moukhine. Reste à savoir si ces réformes se- ront appliquées et les objectifs at- teints. Réforme de l’armée C’est la réforme la plus comple- xe et la plus coûteuse. Depuis 2008, l’armée russe a subi des transformations radicales, une vé- ritable restructuration de fond comparable, selon Rouslan Poukhov, directeur du Centre des stratégies et technologies, aux ré- formes de l’armée menées à l'ép- poque par Pierre le Grand. On constate le passage du mo- dèle soviétique de la conscription Produit de Russia Beyond the Headlines Dans son programme élec- toral, Vladimir Poutine a promis de grosses dépen- ses qui alarment en raison d'une conjoncture mon- diale incertaine. Risque budgétaire Bruxelles durcit ses sanctions contre Minsk. La Russie reste à l'écart de la dispute, mais s'en inquiète à cause des consé- quences pour sa propre écono- mie, très liée à celle du Bélarus. Triangle biélorusse massive vers une armée plus mo- bile, une armée de métier. La part de l’armement moderne est pas- sée de 10 à 16%. Il faut noter éga- lement que, début 2012, le salai- re des militaires a été augmenté de 2 à 3 fois. En mars, Medvedev a annoncé que d’ici 2020, 2,8% du PNB de la Russie au moins sera consacré à la défense. « C’est l’une des réformes les plus radicales, et qui a été confron- tée à une forte opposition de la part des militaires », raconte Alexeï Moukhine, soulignant les avancées positives. Les mesures prises sont louables, mais la ré- forme ne fait que commencer : le réarmement n’en est qu’à ses pré- misses, ainsi que l’enseignement militaire. Il est prévu d’ici 2017 de procéder à un vaste recrute- ment sur contrat pour former un corps d’armée professionnel. Si cet objectif est atteint en 2017, on pourra dire que la réforme a réel- lement fonctionné. Commencera alors la douloureuse (pour les gé- néraux) mesure consistant à abandonner la conscription. EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE Un regard grinçant sur les femmes Russes LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/14353 Moscou : l’art de faire parler les murs Pas de menace au-dessus de Poutine PAGE 7 PAGE 6 CULTURE À l’instar de ce que fait Pavel 183, l’artiste de rue révélé par la presse anglophone, le graffi- ti est en plein essor à Moscou. Les murs illustrés fleurissent à de nombreux endroits emblé- matiques de la capitale russe. Saison électorale oblige, les graf- ti se colorent de politique. Cette nouvelle vague est dynamisée par Pavel 183, un créateur russe désormais aussi célèbre qu’énig- matique. Portrait de l’homme qui fait hurler les murs. Le politologue russe Leonid Ra- dzikhovski dépeint un Poutine débarrassé de la menace révo- lutionnaire à l'aube de son troi- sième mandat. L'opposition a selon lui trop peur du peuple et Poutine garde les mains libres. OPINIONS © PHOTOXPRESS © PHOTOXPRESS © RBTH © REUTERS/VOSTOCK-PHOTO © REUTERS/VOSTOCK-PHOTO © REUTERS/VOSTOCK-PHOTO © REUTERS/VOSTOCK-PHOTO © SHUTTERSTOCK/LEGION-MEDIA

La Russie d'Aujourd'hui

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mercredi 4 avril 2012

La beauté cachée du monde des fourmisLe photographe Andreï Pavlov est sans égal pour faire poser les insectes.

P. 7

Le film russe « Outro » prend part au MilléniumCe documentaire sur un can-cer incurable sera présenté au Festival International à Bruxelles.

P. 8

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Vladivostok revitVladivostok, le San-Francisco russe, attire les touristes du monde entier. En septembre, il accueillera aussi les hommes d'affaires pendant le sommet APEC-2012.

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SUITE EN PAGE 2

Que reste-t-il des réformes ?

C'est l'une des questions qui reviennent sur toutes les lèvres : « Poutine va-t-il enterrer les réformes entreprises par Medvedev ? »

"Bouranovskie Ba-bouchki" est un grou-pe de femmes âgées de 42 à 86 ans, qui chantent des chan-sons traditionnelles et de la pop classique en russe. Elles ont été choisies par un vote populaire pour repré-senter la Russie au concours Eurovision. Sur la photo : Alevtina Byagicheva (au cen-tre), 54, Ekaterina Chklayeva (à droite), 74, et Zoya Dorodova (à gauche), 74. www.larussiedaujourdhui.be/14357

PHOTO DU MOIS

Les grand-mères de l'EurovisionLa valeur ajoutée des études en Russie

gue. Un séjour d’études en Russie ne s’impro vise pas. Mais à peser le pour et le contre, ces obstacles, pour les Européens non russopho-nes, sont largement compensés par la valeur ajoutée qu’apporte un diplôme russe. C'est du moins l'avis de plusieurs étudiants que nous avons rencontrés au cours de notre enquête.

La qualité de l’enseignement supérieur dispensé en Russie reste excellente, comme le sont les dé-bouchés professionnels d’un pays qui connaît une croissance net-tement plus solide que celle ren-contrée en Europe. Le double di-plôme n’est certes pas la seule solution, mais il a bien des avan-tages et la faveur des établisse-ments belges et français.

Se lancer dans des études en Rus-sie peut prendre parfois l'aspect d'un parcours du combattant : lourdeurs administratives, non-reconnaissance des diplômes bel-ges en Russie, barrière de la lan-

CAROLINE GAUJARD-LARSONSPÉCIALEMENT POURLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La qualité de l’enseignement universitaire russe possède des arguments pour séduire les étudiants européens. Mais un choix se pose d'emblée : double diplôme ou diplôme russe ?

Enseignement Atouts des universités russes pour les étrangers

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IGOR VIOUJNISPÉCIALEMENT POURLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Dmitri Medvedev va rendre en mai sa place à Vladimir Poutine. Celui qui se définit comme un réformateur libéral a cherché pendant quatre ans à réformer la police, la justice et l'éducation.

Politique Un bilan des quatre années passées par Dmitri Medvedev au Kremlin

Des réformes en matière de santé publique, de l’armée, de la poli-ce, de l’enseignement, du système électoral du pays ainsi qu’une ré-forme clé contre la corruption. Et une sérieuse restructuration po-litique en � n de mandat.

Le président « technique », comme l’a surnommé l’opposi-tion, a annoncé plus de réformes que Vladimir Poutine durant ses deux mandats. Pourtant, « qua-siment toutes ces réformes ont été préparées sous Poutine. Et celles annoncées aujourd’hui seront réa-lisées par Poutine », souligne le directeur du Centre d’informa-tion politique, Alexeï Moukhine. Reste à savoir si ces réformes se-ront appliquées et les objectifs at-teints.

Réforme de l’arméeC’est la réforme la plus comple-xe et la plus coûteuse. Depuis 2008, l’armée russe a subi des transformations radicales, une vé-ritable restructuration de fond comparable, selon Rouslan Poukhov, directeur du Centre des stratégies et technologies, aux ré-formes de l’armée menées à l'ép-poque par Pierre le Grand.

On constate le passage du mo-dèle soviétique de la conscription

Produit de Russia Beyond the Headlines

Dans son programme élec-toral, Vladimir Poutine a promis de grosses dépen-ses qui alarment en raison d'une conjoncture mon-diale incertaine.

Risque budgétaireBruxelles durcit ses sanctions contre Minsk. La Russie reste à l'écart de la dispute, mais s'en inquiète à cause des consé-quences pour sa propre écono-mie, très liée à celle du Bélarus.

Triangle biélorusse

massive vers une armée plus mo-bile, une armée de métier. La part de l’armement moderne est pas-sée de 10 à 16%. Il faut noter éga-lement que, début 2012, le salai-re des militaires a été augmenté de 2 à 3 fois. En mars, Medvedev a annoncé que d’ici 2020, 2,8%

du PNB de la Russie au moins sera consacré à la défense.

« C’est l’une des réformes les plus radicales, et qui a été confron-tée à une forte opposition de la part des militaires », raconte Alexeï Moukhine, soulignant les avancées positives. Les mesures

prises sont louables, mais la ré-forme ne fait que commencer : le réarmement n’en est qu’à ses pré-misses, ainsi que l’enseignement militaire. Il est prévu d’ici 2017 de procéder à un vaste recrute-ment sur contrat pour former un corps d’armée professionnel. Si

cet objectif est atteint en 2017, on pourra dire que la réforme a réel-lement fonctionné. Commencera alors la douloureuse (pour les gé-néraux) mesure consistant à abandonner la conscription.

EN LIGNE SURLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

Un regard grinçant sur les femmes RussesLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/14353

Moscou : l’art de faire parler les murs

Pas de menace au-dessusde Poutine

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CULTURE

À l’instar de ce que fait Pavel 183, l’artiste de rue révélé par la presse anglophone, le graffi-ti est en plein essor à Moscou. Les murs illustrés � eurissent à de nombreux endroits emblé-matiques de la capitale russe. Saison électorale oblige, les graf-� ti se colorent de politique. Cette nouvelle vague est dynamisée par Pavel 183, un créateur russe désormais aussi célèbre qu’énig-matique. Portrait de l’homme qui fait hurler les murs.

Le politologue russe Leonid Ra-dzikhovski dépeint un Poutine débarrassé de la menace révo-lutionnaire à l'aube de son troi-sième mandat. L'opposition a selon lui trop peur du peuple et Poutine garde les mains libres.

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02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.Besupplément réalisé par rossiyskaya Gazeta et distriBué avec politique

roman voroBievspécialement pour la russie d'aujourd'hui

l'union européenne a renforcé ses sanctions contre le Bélarus, provoquant l’inquiétude non seulement à minsk mais également à moscou, car les deux économies sont liées.

Minsk ne trouve plus de soutien à Moscouex-urss la marge de manoeuvre du président biélorusse se réduit comme peau de chagrin

cessation de la répression politi-que et de la persécution des mé-dias indépendants et militants de la société civile.

« Nous avons fait clairement comprendre au régime biélorus-se qu’il doit libérer les prison-

la dispute. Le 29 février, il a qua-lifié le conflit entre Minsk et Bruxelles comme étant bilatéral et ne présentant pas de menace pour l'intégration du Bélarus et de la Russie.

Les efforts de Moscou pour ré-gner sur l'espace postsoviétique provoquent l'intérêt du monde des affaires russe pour les actifs bié-lorusses, ce qui effraie Minsk. Selon le politologue biélorusse Alexan-dre Klaskouski, Loukachenko pourrait faire des concessions à l’Europe et commencer un « jeu de libéralisation » pour réduire sa dépendance envers Moscou.

Les experts ne s’attendent pas à ce que cela se produise dans un avenir proche. La résolution du Parlement européen sur la situa-tion en Biélorussie a de nouveau exacerbé au maximum les diver-gences entre partisans et adver-saires de Loukachenko, réduisant fortement les possibilités d’un dialogue constructif.

Le 23 mars, l’UE a élargi la liste des citoyens et entreprises biélo-russes dont l’accès à l’Union euro-péenne est interdit et dont les avoirs sur son territoire doivent être gelés. 243 personnes et 32 or-ganisations et entreprises figurent désormais sur la liste noire. La figure la plus marquante des nou-veaux membres de la liste est l’homme d’affaire Iouri Tchij, connu comme étant le financier du président Alexandre Louka-chenko. Les principales exigen-ces européennes envers le régime de Loukachenko sont la libéra-tion des prisonniers politiques, la

niers politiques. Notre coopéra-tion avec les autorités reprendra si celles-ci se plient à ce que nous leur avons demandé », a com-menté la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères Catherine Ashton à

propos du durcissement des sanctions.

Les experts divergent quant à l’efficacité des mesures prises. « Il n’y a que les sanctions économi-ques qui nuiront à Loukachenko, le forçant à libérer les prisonniers politiques », a déclaré l’ancien président du Soviet suprême de Biélorussie Stanislav Chouchke-vitch dans un entretien à EU Ob-server. Un certain nombre de lea-ders de l’opposition biélorusse ont proposé d’aller plus loin en in-troduisant un blocus économique complet de Minsk, y compris une interdiction sur les livraisons de biens biélorusses vers l’Europe.

À Moscou, les méthodes euro-péennes laissent sceptique. Selon le représentant permanent de la Russie auprès de l’Union euro-péenne Vladimir Tchijov, « le degré de l’efficacité des sanctions éco-nomiques est très contesté ». En réalité, les mesures prises par l’UE suscitent l’inquiétude des auto-

rités russes. « L’économie du Bé-larus est intégrée de plus en plus étroitement à la Russie, de sorte que ces mesures peuvent affecter les intérêts de la Russie », expli-que Tchijov.

Les experts ne s'attendent pas à une intervention décisive de Moscou dans le dossier. « Louka-chenko a plusieurs fois déjà es-sayé de capitaliser sur les conflits d'intérêts entre l'UE et la Russie, mais il semble que cette fois, ni Bruxelles, ni Moscou ne veulent jouer ce jeu », selon l'analyse du politologue Kirill Koktych. Le président élu Vladimir Poutine semble vouloir rester à l'écart de

le président loukachenko est de plus en plus isolé en europe.

(de g. à d.) rachid temrezov, dirigeant de la région, alexandre khlo-ponine, représentant du kremlin, dmitri pumpyanski, investisseur.

Que reste-t-il des réformes libérales de dmitri medvedev ?

ce fléau. Il a assoupli le code pénal en matière de pression fiscale sur les entreprises. Parallèlement, il a établi un contrôle des dépenses des fonctionnaires, l’obligation pour les hauts fonctionnaires et les juges de rendre compte de leurs revenus et dépenses. Et pro-posé un contrôle des fonctionnai-res par la presse.

« Beaucoup a été fait ces der-nières années », a déclaré, en mars, l’opposant libéral Sergueï Alexa-chenko, ex-président adjoint de la Banque Centrale, à propos du début de la réforme. Toutefois, à l’instar de la réforme policière, elle est critiquée pour son man-que de fermeté et d’efficacité. Medvedev a avoué que pour le moment, les résultats de la réfor-me sont quasiment inexistants. Mais pour lui, le principal reste : « Pour la première fois dans toute l’histoire de la Russie apparaît une base normative pour lutter contre la corruption ».

Selon le bilan de l’ONG Trans-parency International sur la cor-ruption dans le monde, durant le mandat de Medvedev, la Russie est passée de la 154e à la 143e place. Les experts russes de cet te organisation lui reprochent de ne pas introduire des poursuites pénales pour les cas de corrup-tion dans les hautes sphères du pouvoir. Medvedev craint que des mesures trop radicales entraînent une crise politique à coup de dos-siers compromettants. Selon Alexachenko, près de 70% sur les milliers de plus hauts fonction-naires de l’État peuvent être soup-çonnés d’enrichissement illégal. « Nous pouvons comprendre que le gouvernement ne peut pas se permettre de limoger tout le monde d’un coup », note un spé-cialiste.

réforme politiqueÀ la fin de son mandat, Medve-

La police était très attendue. Seu-lement 10% des Russes ont confiance dans les forces de l’or-dre. Les miliciens font peur : c'est une structure corrompue affamée de pots de vin et de fausses af-faires pénales pour remplir les quotas.

En 2009, le point crucial de la réforme fut un changement idéo-logique : le passage d’un système répressif à un système préven-tif.

Le changement de nom de la police servit de prétexte pour ré-duire les effectifs de 20%. Le re-nouvellement de contrat du per-sonnel était accompagné d’une sensible hausse de salaire.

Suite à cette réforme, en 2011, presque 150 généraux ont été li-mogés, et les contrats de 5 600 miliciens n’ont pas été renouve-lés. Pourtant cette réforme de Medvedev est l’une des plus cri-tiquées. Les cas de violences po-licières, de corruption et de rejets de plaintes restent toujours aussi fréquents.

Selon l'institut de sondage Le-vada Centre, seulement 7% des Russes considèrent que la police travaille mieux. « La réforme des forces de l’ordre est un échec. On n’observe aucun changement réel », considère Moukhine. Les policiers sont chargés de se contrôler eux-mêmes, et les ef-fectifs n’ont pas connu de renou-vellement. « La réforme des forces de l’ordre reste politique et non pas administrative », considère Gazeta.ru, le journal en ligne in-dépendant.

corruptionDepuis longtemps, il était ques-tion du problème de la corrup-tion en Russie, mais c’est Medve-dev qui a pris les premières mesures concrètes de lutte contre

dev lance une grande restructu-ration politique. L’une des pro-positions phares est le retour à l’élection directe des gouverneurs des régions, abrogée en 2004 sous Vladimir Poutine. Il y a également la simplification de l’enregistre-ment des partis : il ne faut plus que 500 signatures contre les 40.000 actuelles. Une partie de l’opposition a accueilli favorable-ment ce projet de loi, qui a été adopté par la Douma. Medvedev devrait le signer avant la remise de ses fonctions en mai. « Dans l’ensemble, nous sommes satis-faits par cette réforme. Dmitri Medvedev a aboli l’esclavage des partis. Une première historique pour notre pays », s’est prononcé le représentant du mouvement écologique « Zelenyie » (Les verts), Anatoli Panfilov.

Les réformes entreprises par Medvedev touchent à différents domaines mais ce qui les unit, c’est qu’elles constituent un vé-ritable compromis avec les forces dont elles tendent à limiter les privilèges. C’est pourquoi elles sont critiquées : pour leur man-que de fermeté et d’efficacité. En effet, pour le moment, aucune d’entre elles ne fonctionne véri-tablement. « La Russie est un pays très vaste et personne n’a été ca-pable de le changer d’un coup, même pas Pierre le Grand. Il faut être patient », remarque Moukhi-ne. Maintenant, l’avenir de ces ré-formes dépend directement de Vladimir Poutine, qui prendra ses fonctions de président en mai.

la lutte contre la corruption reste encore largement inefficace.

« pour la 1ère fois dans l’histoire de la russie, une base normative existe pour lutter contre la corruption »

loukachenko pourrait faire des concessions à l’europe pour réduire sa dépendance envers moscou

suite de la première paGe

paul duvernetla russie d'aujourd'hui

sept nouvelles stations de ski, 11,5 milliards d'euros d'investissements, 100 000 emplois d’ici 2020, l’etat russe ne lésine pas pour revitaliser l’économie du caucase.

Appel d'offre pour exploiter l'or blanc

caucase recherche investisseurs étrangers

Inaugurée le 18 mars dernier, la station de ski Arkhyz est la pre-mière des 7 stations de ski pla-nifiées par le gouvernement russe à ouvrir ses pistes. La poudreuse du Caucase voit enfin arriver à elle des équipements modernes permettant le développement à grande échelle du tourisme. Le gouvernement russe, qui craint que le sous développement du Caucase Nord ne renforce les for-ces politiques indépendantistes, met sur la table deux milliards d'euros et tente de convaincre des investisseurs russes comme étran-gers de se joindre au projet. Les groupes européens du secteur, dé-sormais à l’étroit dans des Alpes surexploitées, salivent devant ce marché gigantesque.

La France a pris une position très avancée dans l’ensemble du projet, en créant une coentrepri-se avec l’organisme public russe (KSK) qui pilote le projet. Mais tous les pays européens sont ac-tivement courtisés par KSK, qui a fait l'année dernière une tour-née internationale pour présen-ter son projet. « Une fois que le plan d’affaires, que nous élabo-rons avec Ernst & Young, sera prêt, nous pourrons proposer des cibles d’investissements concrè-tes à chaque type d’investisseur », explique Alexeï Nevski, Directeur Général de KSK. « Nous tra-

vaillons déjà avec des investis-seurs français et avec la banque Nexus [Singapour], mais il est trop tôt pour en dire plus. Nous présenterons le plan d’affaires au public lors du Forum Economi-que de Saint-Pétersbourg [en juin] ».

Conscient du défi que représen-te le Caucase pour les investis-seurs, l’État russe a pris les de-vants en offrant toute une série de garanties au secteur privé. Lancer une station de ski est un investissement à long terme, qui peut prendre plus d’une décen-nie avant d’être rentabilisé. Et le Caucase ne bénéficie pas exacte-ment d’une bonne image, ni en Russie, ni à l’Étranger. C’est pour-quoi une garantie d’État couvre jusqu’à 70% des investissements privés en cas de « force majeu-re ». Des allégements fiscaux et la création d’une zone économi-que spéciale devraient également attirer les hommes d’affaires. « En moyenne, le retour sur investis-sement sera de 10 ou 11 ans », estime Alexeï Nevski.

Pour l’instant, un seul grand investisseur privé s’est lancé dans le projet. Il s’agit du groupe de BTP Sinara, appartenant au mil-liardaire russe Dmitri Pumpians-ki. Présent lors de l'inauguration, il a expliqué aux journalistes qu’il allait construire à Arkhyz cinq villages autour d’autant d’hôtels, principalement des trois et qua-tre étoiles.

Le groupe Sud Koréen Korea Western Power a aussi promis d'investir un milliard de dollars dans la construction de cinq cen-trales électriques dans le Cauca-se en partenariat avec KSK.

généraux ont été limogés, et les contrats de 5 600 miliciens n’ont pas été renouvelés suite à la réfor-me de la police, en 2011. Cette ré-forme est l’une des plus critiquées.

150en chiffres

" Medvedev reprend son rôle de second, qu'il n'a jamais cessé d'être. Mais, il ne sera

bien sûr pas un Premier ministre de façade. Il serait vain d'espérer qu'il ne soit qu'un porte-parole."politologue

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.Besupplément réalisé par rossiyskaya Gazeta et distriBué avec société

trouver un cursus en russie

« 37% des accords de double di-plôme passés entre des établis-sements russes et des homolo-gues européens sont d’ailleurs passés avec des établissements français », remarque Nicholas Masek, attaché de coopération universitaire à l’ambassade de France. Un pourcentage qui cor-respond à une centaine de pro-grammes franco-russes. C’est la meilleure façon, estime-t-il, de mettre un pied en Fédération. L’appartenance à une université française partenaire dispense en effet de mésaventures adminis-tratives et ménage quelques pri-vilèges en matière de bourses et d’hébergement. Elle facilite no-

Si Moscou et Saint-Pétersbourg sont les deux villes russes qui at-tirent chaque année le plus grand nombre d’étudiants éuropéens, il est des destinations auxquelles on ne pense guère. Tioumen, en Sibé-rie occidentale, est de celles-là, bien qu’elle présente de sérieux atouts pour qui veut s’initier à la culture russe en immersion totale. Léo et Pierre-Yves, respectivement étu-diants à Sciences Po et à l’École de management de Strasbourg, ont fait ce choix. En échange pour un an à l’université d’État de Tiou-men, les deux Alsaciens ne taris-sent pas d’éloges sur leur nouvel environnement, dont ils vantent « l’accueil chaleureux de la popu-lation » et « la qualité des infras-tructures universitaires ».

« On nous chouchoute lorsqu’on est français à Tioumen », sourit

La Sibérie, une destination originaleen immersion totalecaroline Gaujard-larsonLa ruSSie d’aujourd’hui

micro-trottoir

Ce qui les a incités à venir en russie

" J’ai choisi la Russie com-me destination d’année à l’étranger, obligatoire à

Sciences Po Paris, pour découvrir la culture et apprendre la langue. On s’y attache très vite. J’avais cer-tains a priori qui se sont confir-més ou au contraire qui se sont ré-vélés être faux. Il me paraît tout à fait nécessaire de vivre en Russie pour comprendre le pays. Je passe ma troisième année au MGIMO, où j’étudie le russe et les relations in-ternationales. J’aimerais venir tra-vailler en Russie pour une courte durée puis dans d’autres pays de la région du Caucase.hermine de La BoutreSSe

" Mes études slaves m’ont ouvert la possibilité de choisir une université en

Russie ou en Pologne pour un sé-jour d’échange. La Russie m’in-téressait davantage. Je viens de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et en dehors de mes études slaves, je suis des cours de politique, de russe, de polonais et de rédaction journalistique russe. Je suis ici pour un semestre. Je pense que mon échange sera uti-le pour ma carrière. Pour l’instant, c’est surtout une expérience in-téressante, mais qui finira par me servir d’une façon ou d’une autre.Bert deLeerSnijder

" La Russie est pour moi un pays très à part, qui n’at-tire que peu de monde en

Europe. Je suis venu de Sciences Po Paris faire un échange au MGU, où j’étudie le russe, la géopoliti-que, l’histoire de la philosophie. Je suis déjà ici depuis six mois, et je trouve que le peuple russe est fort, car la vie ici est parfois une vraie lutte. Les moments partagés sont en général très intenses, les Russes affichent leurs émotions. Je pense que cette expérience sera nécessai-rement un atout parce que je sou-haite faire une carrière en relations franco-russes.maxime audinet des stages

sous formede volontariat

Le principe du stage est moins ré-pandu en Russie qu’en Europe, surtout celui du stage rémunéré, quelle que soit sa durée. Les sta-ges se font sur la base du volonta-riat. Pour Sarah, 25 ans, étudiante à Moscou, « la contrepartie, c’est qu’il y a moins de pression que lors d’un stage rémunéré ». Quand Sa-rah ne suit pas les cours de l’Uni-versité de l’Amitié des peuples, elle travaille à la rédaction de nouvel-les sur le site Internet de Memo-rial, une organisation non gouver-nementale (ONG) russe de défense des droits de l’homme. « Ma prin-cipale tâche relève de la traduc-tion pour le site anglais. J’ai choisi de postuler à Memorial qui reste la première organisation de dé-fense des droits de l’homme dans le pays. De plus, son travail est en lien avec la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg, dont le travail et le fonctionnement me passionnent ».

suite de la premiÈre paGe

en liGne

Consultezlarussiedaujourdhui.be/enseignement

Consultez notre dossier sur l’ensei-gnement en Russie :

• Comment les enfants d’expatriés étudient dans les écoles russes ;• Les certificats internationaux pro-posés par Skolkovo.

tamment l’obtention d’un visa étudiant.

l’enseignement du russe en europe est en recul« Aujourd’hui, on supprime des postes d’enseignant de russe en France », regrette-t-on à l’ambas-sade française à Moscou. « Et la Russie n’a pas une politique très active en matière d’enseignement du russe à l’étranger ». Un non-russophone peut-il prétendre à des études en Russie ? « Le ni-veau de russe habituellement exigé par les universités d’accueil est un niveau B1 (moyen) », pré-cise Nicholas Masek. Ceux qui ne l’atteignent pas ont toujours la possibilité d’effectuer un stage linguistique – payant – avant le

séjour ou de prétendre à l’un des quelques diplômes russes pour lesquels les cours sont dispensés en anglais. Reste que les profes-seurs russes anglophones sont en-core rares et c’est un frein impor-tant à la mobilité étudiante. Sans compter qu’il est compliqué pour un Européen de faire reconnaî-tre en Russie son diplôme de li-cence pour intégrer un program-me de maîtrise russe. Des pourparlers sont en cours pour créer de vraies passerelles d’ici à un an.

Quentin, lui, a tenté l’aventure tout seul. Inscrit en maîtrise de sciences politiques au MGIMO (Institut d’ État des relations in-ternationales de Moscou), spécia-lité Politiques et Économies eura-

siennes, il ne parlait que quelques mots de russe en arrivant. Il a donc opté pour un cursus où l’an-glais est la langue d’enseignement. « Le MGIMO a adopté le systè-me européen concernant les di-plômes, précise-t-il, donc le di-plôme sera reconnu en Europe et le système de notation est le même ». Le MGIMO reste à ce jour probablement la grande école russe la plus prisée par les étu-diants.

management et gestion en très bonne placeParmi les disciplines qu’il fait bon étudier en Russie, le management et la gestion sont en excellente place. C’est dans ces filières, le plus souvent, que les cours sont disponibles en anglais. « Dans ces domaines, la France a une forte expertise ; du coup les Russes sont très demandeurs ». Ainsi, le dou-ble diplôme MBA entre HEC et l’École de management de Saint-Pétersbourg est très bien classé, que ce soit en Russie ou à l’inter-national. De là à effectuer son doctorat dans une université russe, la chose n’est pas aisée. En admettant que le diplôme de maî-trise français soit re connu en Rus-sie, se pose le problème de la va-lidation de la thèse : même pour une thèse en cotutelle, les profes-seurs français sont pour l’instant exclus par les jurys russes.

Plusieurs établissements rus-ses entretiennent une tradition d’accueil des Européens. C’est le cas de l’université d’État de Tiou-men en Sibérie (voir notre enca-dré), de l’université de l’Amitié des peuples de Moscou, de MGU ou encore de l’université d’État de Saint-Pétersbourg.

« Le principal avantage pour un étudiant éuropéen qui vient étudier en Russie est la crédibi-lité qu’il acquiert au regard des entreprises européennes ou inter-nationales implantées en Russie, commente Nicholas Masek. Même si les programmes suivis sont en anglais, on suppose que l’étudiant parle russe. Parallèlement à leurs cours, les étudiants sont souvent amenés à effectuer un stage en entreprise (voir notre encadré). C’est un premier contact qui per-met parfois d’être recruté par la suite ». Tant que le stage n’est pas rémunéré, le visa étudiant suffit. Les choses se compliquent dans le cas contraire : un contrat de travail nécessite en effet un visa de travail. Au palmarès des for-mations qui laissent présager une embauche en Fédération de Rus-sie, on retiendra le management, l’ingénierie et le droit, même s’il existe encore très peu de doubles diplômes dans cette matière.

des études en russie confèrent une crédibilité auprès des multinationales installées dans le pays

Que faire avec un diplôme du mGimo

Dorian Marquer, aujourd’hui conseiller du sous-directeur de Rosbank, est issu d’un parcours universitaire pour le moins inhabi-tuel. Arrivé à Moscou il y a 8 ans, il a suivi pendant un an une prépara-tion intensive au concours d’entrée du MGIMO (L'Institut des relations internationales) avant d’y poursui-vre ses études durant cinq ans. « À cette époque, beaucoup de gens étaient sceptiques sur le fait que je puisse entrer dans cette école d’anciens diplomates. L’établisse-ment était encore très « fermé » et acceptait très peu d’étudiants étrangers ». Aujourd’hui encore, ils sont très peu à faire entière-ment leur diplôme au MGIMO. Un vrai plus pour leur CV. « Je vou-lais clairement me démarquer de l’étudiant lambda. Cela a été un vrai atout lorsqu’une fois mes étu-des finies, je me suis tourné vers le marché du travail russe ». Après un VIE [Volontariat International en Entreprise, ndlr] de 2 ans à EDF, le jeune Dorian Marquer dispose dé-sormais de toutes les cartes pour poursuivre une belle carrière.

sites utilesStages :

www.lebij.be ݃tudes :

www.studyrama.be/spip. ›php?rubrique197

5 1 mGu. La Faculté de jo-urnalisme et la Haute-

école XIOS proposent des programmes d’échanges. L’IHECS propose aux étu-diants de participer à l’Éxecutive Master en Com-munication et Affaires Euro-péennes. www.journ.msu.ru

2 l’université russe de l’amitié des peu-

ples. La Faculté de langues étrangères propose un pro-gramme de double diplôme avec l’École supérieur-Uni-versité libre de Bruxelles-École européenne de Saint Aloysius. www.rudn.ru

3 l’université pédagogi-que d’état de moscou

organise des échanges avec l’Université de Gand dans les domaines des techno-logie de l’information et du langage des affaires (an-glais, français, allemand). www.mpgu.edu

4 l’université d’état de saint-pétersbourg,

l’une des plus anciennes de Russie, offre la possibilité d’étudier les sciences na-turelles et les sciences hu-maines et de réaliser un échange avec l’Université d’Anvers. www.spbu.ru

5 l’université d’état de voronej a signé un ac-

cord de coopération bi-latérale avec la Faculté des sciences humaines de l’Université catholique de Louvain. Elles organisent une coopération scientifique et pédagogique. www.vsu.ru

univerSitéS À douBLeS dipLÔmeS

Léo. Le jeune homme avait le choix entre Moscou, Saint-Péter-sbourg et Tioumen : il a choisi la Sibérie pour découvrir la vérita-ble âme russe et ne regrette rien. Avec ses 600 000 habitants, Tiou-men est « une ville moderne dont

le niveau de vie rivalise avec Saint-Pétersbourg ». Et « dans la mesure où l’on est très peu de Français ici, tout le monde nous aide », ajoute Léo, qui espère dé-buter sa carrière en Russie, pour quelques années au moins.

Pierre-Yves est tout aussi sa-tisfait de son choix. « Ici, on est logé en résidence étudiante avec des Russes, explique-t-il. Je ne parlais pas russe avant de venir, ça a été un peu difficile au début, mais j’ai rapidement progressé. Après quelques mois à Tioumen, je parle aussi bien le russe que l’allemand, qui était ma seconde langue ».

léo (à gauche) et pierre-yves se sentent bien à tioumen.

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04 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.Besupplément réalisé par rossiyskaya Gazeta et distriBué avec économie

affaires à suivre

2ème conférence et exposition européenne sur la technoloGie du Graphène – Graphene’2012du 10 au 13 avril, brussels44center

La Phantoms Foundation, l’Uni-versité catholique de Louvain et l’Institut catalan de nanotech-nologie ICN organisent GRA-PHENE’2012. L’événement qui se déroule au Brussels44Cen-ter (Bd Pachéco 44), accueillera plus de 700 entreprises, univer-sités, laboratoires, centres de recherche ainsi que des indus-triels, politiques et financiers. Le ministère russe de l’éducation et des sciences soutient la par-ticipation des représentants des grands instituts de recherche et entreprises de développement de matériaux nanocarbonés.

www.inno-russia.com ›

forum sur le développement des relations entre les ports et partenaires russes et BelGes.le 19 avril, anvers

Les représentants présenteront les différents sites portuaires. MM. Bertrand et Stubbe par-leront de la coopération bel-go-russe et de la coopération internationale PATCH. Les inter-ventions aborderont l'adhésion russe à l’OMC, les énergies du-rables, le GNL ainsi et les ques-tions douanières.

www.ccblr.org ›

GloBal russia Business meetinGles 22 et 23 avril, luxembourg

Pendant ces deux jours, de nombreux groupes de travail, tables rondes et conférences se-ront organisées avec la partici-pation de nombreuses person-nalités académiques, politiques et économiques internationales. Les différentes rencontres du meeting aborderont les ques-tions de l’investissement en Russie, du climat politico-éco-nomique et des enjeux actuels et futurs de l’économie russe.

www.horasis.org ›

la coopération en europe, les relations économiques entre la russie et l’uele 23 avril, hogeschool - universiteit brussel (hub)

L’objectif du Forum est d’ex-pliquer et discuter les récents modèles de coopération et leur adaptation à la situation de cri-ses environnementales et éco-nomiques ainsi qu’aux change-ments politiques. La préparation et le déroulement du Forum in-cluent des jeunes, étudiants et professionnels.

www.larussiedaujourdhui.be ›

viième conférence internationale sur le « dialoGue énerGétique russie-union européenne : les questions Gazières »le 27 avril, bruxelles

La conférence invite des déci-deurs, des scientifiques et des dirigeants de grandes entrepri-ses énergétiques. Au program-me, des table-rondes à propos du gazoduc South Stream, du troisième paquet énergie et des prix du gaz sur le marché euro-péen.

www.gazo.ru ›

tous les détails sur notre sitelarussiedaujourdhui.Be

paul duvernetla russie d’aujourd’hui

fraîchement élu sur un programme dispendieux, vladimir poutine suscite un débat des économistes sur des modes de financement restant liés aux richesses naturelles.

poutine axe sa politique sur la manne des pétrodollars

Budget le cours du pétrole et des matières premières va-t-il suffire pour équilibrer le budget ?

Difficile de dire à quel point les promesses électorales de Vladi-mir Poutine ont joué en sa faveur auprès de l’électorat. Ce qui est certain, c’est qu’elles ont beau-coup animé le débat parmi les économistes. Nombreux sont ceux qui ont émis l’hypothèse d’un virage à 180° après les an-nées de prudence budgétaire sous la houlette de l’ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine.

Parmi les principaux postes de dépenses que la nouvelle admi-nistration s’est engagée à respec-ter, figurent un monumental pro-gramme de réarmement (520 milliards d’euros étalés jusqu’en 2020) et une augmentation mas-sive des salaires dans la fonction publique. Les traitements des po-liciers et des militaires ont été doublés en janvier dernier. Toute une série de très gros chantiers, comme les olympiades d’hiver de Sotchi (2014), l’organisation du Forum Asie-Pacifique cette année et la Coupe du monde de foot-ball en 2018, vont considérable-ment peser sur le budget fédé-ral.

L’effort ne concerne pas que le budget de l’État. Vladimir Pou-tine a également imposé un gel des prix du gaz, de l’essence et

répartition des dépenses sociales

115 dollarsPrix du baril de pé-trole correspondant au point d’équilibre actuel du budget russe.

690 millionsSomme engrangée chaque jour par la Russie grâce aux ex-portations de pétrole.

1,5%Déficit budgétaire pré-vu pour cette année. La Russie risque de voir ce chiffre exploser.

en chiffres

Budget dépendant des prix du pétrole

de l’électricité à de grands grou-pes privés. Une mesure qui a per-mis, juste avant les élections, de réduire à un niveau record l’in-flation (4,2%). Les experts s’at-tendent à un retour de bâton dès que le gel sera levé plus tard cette année.

Selon Vladimir Poutine, les dé-penses budgétaires pour les pro-grammes sociaux vont représen-ter environ 1,5% du produit intérieur brut russe (PIB). Le mi-nistre des Finances Anton Siloua-nov le situe pour sa part à 2% du PIB, soit 26 milliards d’euros. Une étude de la banque d’État Sberbank – qui additionne tou-tes les dépenses budgétaires pro-mises par le nouveau président – place l’estimation entre 4 et 5% du PIB. L’expertise la moins fa-vorable vient de l’agence de no-tation Fitch, qui parle de 122 mil-liards de dollars, soit 8% du PIB.

Selon l’ancien ministre de l’Économie Andrei Netchaïev, « ce serait inquiétant, mais pas ef-frayant, si l’économie se trouvait engagée dans une croissance forte et stable. Malheureusement, la menace d’une récession empirant en Europe, l’atterrissage brutal de l’économie chinoise et la fai-

ble croissance américaine consti-tuent un contexte extrêmement défavorable pour l’économie russe, qui dépend très fortement de la conjoncture internationale pour l’exportation de ses matiè-res premières ».

D’autres problèmes se profilent à l’horizon : la balance commer-ciale reste positive, mais la ten-dance est à une dégradation ra-pide. La Russie continue de manquer cruellement d’investis-sements étrangers directs (par rapports à ses pairs des pays du BRIC - Brésil, Russie, Inde et Chine).

Chris Weafer, stratège en chef à la banque d’investissement Troi-ka Dialog, note que « l’économie est en relativement bon état, avec un niveau actuel du baril de pé-trole permettant d’exporter pour 690 millions d’euros par jour », mais il souligne que « le prochain gouvernement ne peut plus se contenter de tabler sur la manne pétrolière pour obtenir croissan-ce et stabilité domestiques ». Le budget fédéral a besoin d’un baril à 115 dollars pour atteindre l’équilibre. Ces dernières semai-nes, le prix a oscillé entre 120 et 125 dollars. Fin février, la ban-que américaine Citibank estimait qu’un baril à 150 dollars en moyenne serait le point d’équi-libre du budget russe. Le consen-sus des experts prédit une crois-sance de 3 à 4% de l’économie à condition que le cours du baril reste à des niveaux élevés que rien ne garantit dans un climat mondial morose.

Pour Chris Weafer, l’économie russe « a besoin de nouveaux vec-teurs de croissance venant d’ailleurs que de l’exploitation des ressources minérales. La Rus-sie doit améliorer le climat d’in-vestissement, faciliter la création d’entreprises et réduire le senti-ment de pays à risque qui lui colle à la peau ».

l’économie russe a besoin de vecteurs de croissance autres que l’exploitation des ressources minérales

victor kouzminespécialement pourla russie d'aujourd'hui

les exportations russes de diamants ont baissé en volume mais bondi en terme de valeur. d’après les experts, le prix des pierres précieuses va continuer à augmenter régulièrement.

Alrosa bénéficie d'une envolée du prix des diamants

minerais le chiffre d'affaires du monopole russe s'envole

mants bruts, a su en tirer meilleur profit (+37% en valeur), à 2,858 milliards d’euros contre 2,09 mil-liards d’euros en 2010.

La Russie est l’un des princi-paux fournisseurs de diamants sur le marché mondial. Selon Pavel Emeliantsev, expert de l’agence Investcafé, les derniers chiffres montrent que le volume des réserves et des ressources de la société Alrosa (premier pro-ducteur russe, avec près de 98% de la production domestique) est estimé à 1,6 milliard de tonnes de minerais, contenant 1,3 mil-liard de carats. En 2011, la Rus-sie a extrait 35,14 millions de carats. En 2010, elle a exporté 40,406 millions de carats de dia-mants sur 34,857 millions pro-duits. Une différence qui s'ex-

En 2011, la Belgique, et plus par-ticulièrement Anvers, a conso-lidé sa place de principal ache-teur de diamants russes, avec 18,849 millions de carats, soit une valeur de 1,9 milliards d'euros, selon le ministère des Finances russe. Le bilan 2011 af-fiché par le ministère des Finan-ces le montre clairement : la Rus-sie, tout en réduisant de 20% son volume d’exportation de dia-

plique par le fait que des diamants extraits en 2009 et stockés à cause d'une forte bais-se de la demande, ont été réin-troduits sur le marché.

Cet épisode a démontré l'inté-rêt du rôle joué par les réserves de Gokhran (Agence d'État russe des métaux et pierres précieu-ses). « Quand le marché a com-mencé à se rétablir, la demande en diamant brut a connu une en-volée, supérieure à la normale, pour constituer des stocks », se souvient Andreï Poliakov, le porte parole de Gokhran. C’est pourquoi, il est normal, selon lui, que nous assistions aujourd’hui à une baisse des exportations de diamants bruts en volume, afin de rétablir l’équilibre après cette envolée.

En 2011, le prix moyen s’éle-vait, d’après les chiffres du Mi-nistère des finances, à 57,09 euros le carat contre 51,26 euros en 2010.

Dans la première moitié de 2011, la demande était encore en hausse, mais une fois le mar-ché arrivé à saturation, Alrosa a sensiblement réduit les ventes sur le marché spot des diamants, pour contenir les prix.

En 2012, les experts russes pré-voient la continuation de la hausse des prix. Selon Pavel Emeliantsev, cette augmentation atteindra 5 à 7 %, soutenue par la demande de la Chine et de l’Inde. « Pour 2012, nous nous attendons à une bonne année. Nous avons de bons résultats pour le premier semestre, avec un volume de ventes de plus d’un milliard de tonnes », a annoncé Andreï Poliakov.

Si les volumes de production d’Alrosa n’ont pas augmenté de-puis l’année dernière, une haus-se des prix stratégique est à pré-voir. « Il n’y a pas davantage de matière première, pour une de-mande toujours croissante, sur-tout en Asie », ajoute-t-il.

anvers continue d'être le plus gros acheteur de diamants russes.

irina douBovala russie d'aujourd'hui

un accord entre « koramic investment Group » (Belgique) et le conglomérat « sim-ross » (russie) a donné naissance à une usine de fabrication de produits électrotechniques innovants.

Lamifil reproduit une usine dans la ville d'Ouglitch

industrie câbles électriques

La construction de l’usine d’Ouglitch a commencé en avril 2011, et en mai 2012 devraient déjà être livrés les premiers pro-duits. L’usine sera une copie exac-te de l’entreprise belge Lamifil. L’investissement initial de 16 mil-lions d’euros devait assurer la construction du bâtiment de l’usi-ne, la création de l’infrastructure nécessaire, l’approvisionnement et l’installation de l’équipement technique de cette dernière.

L’entreprise aura ses propres laboratoires de recherche et d’es-sais, et par la suite, sa propre pro-duction de fonte. La nouvelle usine fournira à la ville une cen-taine d’emplois. Les futurs spé-cialistes seront formés et entraî-nés à l’usine de Lamifil. L’usine devrait produire annuellement jusqu’à 8 000 km de lignes à haute tension de nouvelle génération.

Comme indiqué par Nikita To-puridze, président du conglomé-rat Sim-Ross, membre du conseil d’administration de la société « Sim-Ross – Lamifil », les prin-cipales caractéristiques de la nou-velle génération de câbles sont qu’ils fournissent une très haute performance opérationnelle, une durabilité importante et de gran-

des retombées économiques po-tentielles. Ces nouveaux câbles permettant de réduire les pertes de 30-40%, l’impact économique attendu grâce à l’introduction de cette nouvelle génération de câ-bles est de plus de 250 millions de roubles par an. De plus, cette introduction diminuera les émis-sions de CO2 dues à des pertes dans les câbles actuels et réduira également le rayonnement élec-tromagnétique.

Les compagnies d’électricité fé-dérales et régionales ont déjà passé de grosses commandes à ce nouveau producteur. D'après les données du ministère de l'Ener-gie, l'usure du réseau électrique du pays atteint 70%. En raison de l’utilisation de câbles et de structures obsolètes sur les lignes à haute tension, les pertes annuel-les atteignent 1,5 milliards d'euros, sans compter le coût des réguliè-res interventions d’urgence dues à des avaries, que l'on peut chif-frer à près de 75 mille euros. Ac-tuellement, une modernisation des lignes électriques est en cours dans la région de Krasnodar, dans la région de la Volga, en Sibérie occidentale et en Extrême-Orient.

la nouvelle génération de câbles fournit une très haute performance opérationnelle, et réduit les coûts de 30-40%

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05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BESUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC Régions

Le réveil de l'Extrême-Orient

ARTEM ZAGORODNOVLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les préparatifs au sommet de l’APEC en 2012 transforment rapidement Vladivostok mais les habitants craignent que le développement ne s'arrête une fois le sommet achevé.

Développement régional Le gouvernement russe récolte les premiers fruits de ses investissements dans la zone Pacifique

En 1959, après une visite en Ca-lifornie, le leader soviétique Ni-kita Khrouchtchev a incité les ha-bitants de Vladivostok à faire de leur ville « notre San Francisco ». Un demi-siècle plus tard, les lea-ders russes ont tenté de donner corps à ce rêve : la cité se prépa-re à accueillir le sommet de l’Asie-Paci� que 2012 à l’automne.

Quand on débarque à Vladivos-tok pour la première fois, les si-militudes entre les deux villes sautent aux yeux : rues escarpées et immeubles qui grimpent et des-cendent les collines autour de la baie de la Corne d’Or ; tramways qui sillonnent les principales ar-tères ; Chinatown ; une scène ar-tistique vibrante et un climat po-litique libéral (un journal local a � èrement titré « Si tout le pays avait voté comme Vladivostok, il y aurait eu un second tour à la présidentielle », Poutine ayant remporté 47,5% des votes, contre une moyenne nationale de 63,75%) ; le port � orissant sur la côte paci� que baigné d’un éter-nel brouillard matinal, dans un climat doux. Et plus récemment, le pont suspendu de la Corne d’Or, presqu’achevé, qui enjambe la baie séparant la ville en deux. Les migrations historiques ont donné une population diversifiée d’Ukrainiens, de Biélorusses, de Chinois...

APEC-2012Ces jours-ci, les étincelles des sou-deurs qui ont embrasé la ville et les grues qui en percent le ciel té-moignent des milliards d’euros que le gouvernement fédéral in-jecte dans la ville en prévision du sommet. La route étroite et dé-foncée qui menait à l’aéroport a été relevée de près de trois mè-tres par endroits et élargie pour devenir une autoroute moderne à quatre voies. Le nouvel aéro-port devrait être inauguré cet été. Deux hôtels Hyatt sont en chan-tier, les monuments, routes et fa-çades ont été restaurés ; un train rapide relie l’aéroport au centre-ville et un nouveau théâtre ouvri-ra bientôt ses portes.

L’un des projets les plus im-pressionnants reste le pont qui mène à l’île Rousski et au nou-veau campus de l’Université de l’Extrême-Orient. D’une longueur de 3,2 km, le pont qui tient en partie sur des pylônes plantés sur des iles arti� cielles, a été com-mencé il y a près de trois ans. Le pylône central s’élève à 320 m. Une fois achevé, ce sera le plus long pont suspendu du monde.

« Quand nous parlons d’inno-vation et de modernisation, les voilà », explique Alexandre Ogne-vski, porte-parole du ministère du Développement régional, en montrant le pont. « Un grand nombre d’entreprises internatio-nales ont renoncé à l’appel d’of-

Où se loger Pour les amateurs d'am-biance familiale, optez pour “l’hôtel de Sibérie”

dans le centre-ville. Pour une vue sur la Baie de l’Amour choi-sissez l’hôtel “Azimut”.

Où se restaurer Dégustez une taupe-grillon frite ou des ten-tacules de calmars fu-

més sur le marché au poisson du centre-ville. Autre curiosité qui mérite le détour : les raviolis de Singapour proposés par le café “Ouzal”.

Pour s’y rendreLe vol Moscou Vladivos-tok dure 9 heures et coû-te 375 euros. Il y a quel-

ques vols depuis Paris avec un transfert à Moscou. Si vous vous sentez de traverser tout le pays sur le plancher des vaches, il vous faudra 6 jours, 17 heures et cela vous coûtera 500 euros.

Gouverneur tout nouveau tout propreVladimir Miklouchevski, 44 ans, vient tout juste d'être nommé gou-verneur de Vladivostok. Son prédé-cesseur Sergueï Darkine, en place depuis dix ans et qui souffrait d'un déficit de popularité, a été écarté par Dmitri Medvedev au début du mois de mars. Miklouchveski, rec-teur de l’Université fédérale d’Ex-trême-Orient depuis 2010, a sans surprise recueilli une grande ma-jorité des voix. Miklouchevski a promis que la transparence et le combat contre la corruption consti-tueraient des piliers de son man-dat.« Le sommet de l’APEC aura un ef-

fet bénéfique à long terme sur le développement de Vladivostok", croit Vladimir Mikoulchevski. "Nous parlons de plus de 200 milliards de roubles d’investissements, y com-pris dans le développement des infrastructures. Le nombre limité d’infrastructures entrave l’investis-sement partout, pas seulement en Russie. Le sommet aidera égale-ment à faire connaître Vladivostok dans le monde ».« C’est un bon gestionnaire et il n’est pas lié aux milieux affairis-tes et criminels locaux », estime le journaliste Vassili Avtchenko. « J’espère que nous allons enfin stopper l'hémorragie de population et réaliser l’énorme potentiel dont notre ville a hérité ».

La "menace chinoise"

Les autochtones soulignent que To-kyo n’est qu’à une heure et demie de vol de là, Séoul deux heures et Pékin, trois. Pour atteindre la capi-tale Moscou, il faut par contre neuf heures de vol ! C'est du pain béni pour les nationalistes russes, qui s'époumonent à répéter que « les Chinois ont pris possession de l’Ex-trême-Orient ».« Il s’agit de l’un des plus grands mensonges de la politique natio-nale », contredit Sergueï Pouch-karev, directeur d’une ONG loca-le venant en aide aux immigrés et aux patrons qui les emploient face aux abus des autorités. De 1993 à 2002, Pouchkarev dirigeait le bu-reau régional du Service fédéral des migrations. « Dieu nous a don-né un voisin paisible et travailleur désireux de s’engager dans une ac-tivité économique mutuellement bénéfique ... et nous vivons dans la paranoïa ».

fres, le projet leur paraissant in-faisable. C’est une � rme d'Omsk qui a pris le contrat. Les techno-logies développées sur ce projet seront utilisées ailleurs et même exportées à l’étranger ».

L’île Rousski abrite des instal-lations militaires, quelques mil-liers de militaires à la retraite et leurs familles y vivent. C’était un quartier calme, totalement excen-tré, jusqu’à ce que le président de l’époque, Vladimir Poutine, ne dé-cide de fusionner les quatre prin-cipales universités de Vladivostok et de loger tous les étudiants sur un unique campus. Sans exagé-ration, on peut affirmer qu’une nouvelle ville a surgi en moins de trois ans : un terrain vague de 160 hectares a été quadrillé de rou-tes, dortoirs, cafés, jardins, sta-des, hôpitaux et ce qui devrait devenir le plus grand océanarium du monde, par près de 16 000 ouvriers venus essentiellement d’Asie centrale, qui travaillent 24/7.

L’ile Rousski accueillera le som-met puis le campus sera transfé-ré à l’Université d’Extrême-Orient

et ses 30 000 étudiants attendus. « La Russie est en crise démogra-phique, et partout dans le pays, les universités commencent à manquer d’étudiants », a con� é Vladimir Miklouchevski, recteur de l’Université jusqu’il y a peu. « C’est pourquoi nous analysons les marchés chinois, indonésiens ou vietnamiens, où il y a une de-

mande inassouvie pour les hau-tes études. Il faut attirer les étu-diants, et nous devons trouver notre créneau. L’enseignement su-périeur russe doit faire face à deux problèmes majeurs : les facs ne savent pas produire ce qu’exigent les entreprises, et les entreprises ne sont pas très intéressées par les produits d’innovation », ex-plique Miklouchevski.

« Il faut reconnaître que per-

sonne, moi compris, ne croyait que le projet serait mené à terme, et certainement pas à temps pour le sommet », admet le correspon-dant local du journal Novaya Ga-zeta, Vassili Avtchenko. « Les auto-rités ont réussi leur pari ».

Force ouvrière immigréeLes journalistes n’ont pas eu l’autorisation de communiquer avec les ouvriers sur les chantiers et dans les dortoirs. « Ils craignent que les ouvriers commencent à vous raconter comment ils sont traités », explique Bakhodir Nou-rakov, qui travaille dans une ONG de défense des droits des ouvriers dans la région, qui aide les im-migrés et leurs employeurs à com-battre les abus des autorités. Nou-rakov n’a pas prise sur l’ensemble des chantiers mais seulement sur certains contractants qui enfrei-gnent la loi en employant des im-migrés plus de 90 jours sans leur fournir un permis de travail lon-gue durée. « Ils leurs promettent de les payer pour 90 jours puis les licencient. À ce moment-là, les travailleurs n’ont aucun re-

cours légal car ils deviennent des migrants illégaux ».

« Certains veulent partir mais n’ont pas d’argent pour s’acheter un billet retour. Ils doivent conti-nuer à travailler pour se nour-rir », dit-il.

Un pont qui ne mène nulle part Une histoire sombre, moins visi-ble encore, est liée à Vladivostok en elle-même : toute la région du Primorski Krai est en voie d’ex-tinction démographique. Durant les 20 dernières années, 300 000 personnes sont parties dans des régions plus clémentes ou à l’étranger – c’est-à-dire l’équiva-lent de la moitié de la population de Vladivostok.

« Pas moins des deux-tiers des étudiants qui apprennent le chinois, veulent poursuivre une carrière à l’étranger », assure Vic-tor Larine, le directeur de l’Ins-titut d’histoire, archéologie et eth-n o l o g i e d e s p e u p l e s d e l’Extrême-Orient. « La majorité des infrastructures de la ville sont délabrées. Les routes sont détrui-tes, il n’y a nulle part où aller se promener avec son épouse. La clé pour donner aux gens l’envie de vivre ici n’est pas dans la construc-tion de ponts qui ne mènent nulle part ».

« Tout le monde s’inquiète de ce qui arrivera après le sommet », dit Avtchenko. « Nous n’avons même pas d’industrie locale de fruits de mer. C’est dommage, parce qu’il n’y a pas si longtemps, l’usine DalMorProdukt – qui a fait faillite il y a quelques années – était connue dans tout le pays. Nous devrions avoir un marché maritime � orissant et des restau-rants de fruits de mer. J’aimerais bien que Vladivostok soit réputée pour être la ville la plus « pois-sonneuse » de Russie et que les gens viennent de loin pour sa-vourer la cuisine locale ».

Vladivostok cherche à retenir des étudiants tentés par l'émigration ou au moins par des études à Moscou

Croissance annuelle du produit ré-gional brut de la région de Vla-divostok en 2011, qui totalise 12,5 milliards d'euros.

milliards d’euros de financement venant du budget fédéral ont été injectés pour améliorer les infras-tructures en vue de l'APEC.

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06 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.Besupplément réalisé par rossiyskaya Gazeta et distriBué avec opinions

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préparé parveronika dorman

lu dans la presseEn prison pour crimE dE lèsE-majEsté ?

Il faut laisser sortir les punkettes d’une prison qui ne les rééduque-ra pas. La société peut répondre autrement. Il y a assez de croyants chez nous, et les musulmans se joindront sans doute aux orthodo-xes outragés. Quand on refusera aux punkettes de louer un appar-tement, d’acheter du pain ou un billet de train, quelque chose chan-gera peut-être chez elles. Elles comprendront qu’elles ont offensé un grand nombre de gens. Elles se sentiront mal à l’aise, avec une seule solution : le repentir public. Sur l’échafaud de la Place Rouge, là où elles ont accompli leur action précédente. Et je serai le premier à leur pardonner. Mais qu’elles se re-pentent !

qu'elles se repentent !Dmitri Stechinekomsomolskaya pravda

Le 21 février dernier, des jeunes femmes cagoulées du groupe de punk-rock dissident « pussy riot » ont fait irruption dans la cathédrale centrale de moscou et ont chanté à tue-tête « marie, mère de dieu, chasse poutine ». deux d’entre elles, mères de jeu-nes enfants, ont été arrêtées par la suite et emprisonnées. depuis, le débat ne tarit pas, dans tous les médias, sur l’attitude que devraient adopter l’église, les croyants, l’état.

l’éGlise sur la selletteOlga Allenovaogoniok

trop près du pouvoirÉditorialgazEta.ru

La haine des orthodoxes qui ac-cusent Pussy Riot provoquera un rejet de l’orthodoxie par une par-tie de la société. On entend déjà partout qu’une religion qui per-met d’incarcérer pour sept ans les mères de jeunes enfants est une mauvaise religion. Les hiérarques devraient montrer l’exemple de la dévotion chrétienne et pardonner les filles. Dieu les punira si elles le méritent. La société risque de se mettre en colère contre l’Égli-se, qui sera la première à pâtir de cette histoire. Une Église forte, re-posant sur le peuple et non sur les hiérarques, représente un concur-rent dangereux pour le pouvoir, qui tire en fin de compte profit de ce discrédit.

Si le patriarche Kirill parle de l’arri-vée de Poutine au pouvoir comme d’un « miracle divin », alors l’ac-tion anti-Poutine du groupe dans la principale cathédrale du pays ne peut être perçue que comme une insulte par l’Église et l’État. Les pouvoirs civils et religieux transfor-ment des jeunes impertinentes en victimes sacrificielles du régime. Si elles n’avaient pas été mises en dé-tention avant le procès, il ne serait resté de la « prière punk » qu’une vidéo sur Youtube. Aucun croyant n’a vu sa foi faiblir après avoir re-gardé cette « prière punk ». En re-vanche, tous voient dans l’arres-tation et dans la poursuite pénale une cruauté injustifiée de l’Église et de l’État.

pas de menace au-dessus de poutine

prudence en syrie

leonid radzikhovski

la russiE d’aujourd’hui

evgueni chestakov

la russiE d’aujourd’hui

comment sera le nouveau mandat - formellement le troisième, en réalité le quatrième - de Vladimir

Poutine ? Verrons-nous un « Pou-tine nouvelle version », un redé-marrage, ou bien le régime s’écrou-lera et nous vivrons la troisième révolution en Russie en un siè-cle ?

Avant de tenter de répondre à cette question, je voudrais d’abord dissiper une erreur fondamenta-le : en regardant les reportages, le public occidental peut avoir l’impression que la Russie est au seuil d’un « printemps arabe » (comme l’a d’ailleurs écrit le sé-nateur McCain dans une lettre à Poutine) et que l’élection du pré-sident peut être rejouée sous la pression de la rue.

En réalité, tout le monde sait que ce ne sera pas le cas. La par-tie est jouée, ses résultats ne se-ront pas révisés. En vertu de la nouvelle loi, Vladimir Poutine est élu pour six ans. Son pouvoir est légitime, un impeachment au Par-lement est impossible car le parti de Poutine y détient plus de 50% des sièges et il n’y a aucun autre moyen de destituer Poutine. Pour ce qui est d’une révolution, c’est un scénario peu probable dans la Russie actuelle. Le choc de 1917 qui a brisé le cours de toute l’histoire russe, n'est toujours pas résorbé. C’est pourquoi même les dissidents les plus furieux, parmi les nationalistes d’extrême-droi-te par exemple, répètent « tout sauf la révolution ! ». Quant aux libéraux pro-occidentaux, ils craignent la révolution comme la peste, ne doutant pas que le « peuple libéré » réglera leur compte comme en 1917. Si les li-béraux critiquent Poutine, ils craignent encore plus le peuple. Il va de soi que ces « révolution-naires » n’accompliront aucune révolution.

Poutine restera donc au pou-voir jusqu’en 2018. Et personne ne pourra le destituer. Sauf s’il décide de lui même de partir.

Essayons maintenant de regar-der Poutine autrement qu’à tra-vers un miroir déformé par la pro-pagande. Qui est Vladimir Poutine ? Le mythe d’une person-nalité cynique et froide est loin de la réalité. En fait il est émotif, sensible, susceptible. Lors du ras-semblement qui a suivi l’annonce de sa victoire à l’élection prési-dentielle, il a pleuré. Admettons

la Russie et la Chine ne sou-tiendront jamais une réso-lution du Conseil de sécu-rité de l'ONU visant à

permettre une intervention mili-taire extérieure en Syrie. En ré-ponse aux projets de plusieurs pays désireux d'utiliser les forces internationales pour renverser le Président syrien Bachar el-Assad, un haut représentant du minis-tère des Affaires étrangères rus-ses s'est exprimé ainsi : « Nous ne les soutiendrons jamais s'ils veulent bombarder la Syrie et nous n'accorderons pas de légi-timité à de tels projets au sein du Conseil de sécurité de l'ONU ». L'opinion publique en Occident se dit surprise et scandalisée par le refus de Moscou et de Pékin d'arrêter les assassinats de civils syriens et par l'opposition de la Russie à l'adoption d'une résolu-

tion condamnant les crimes mi-litaires du régime du Président Assad.

Mais avant de stigmatiser Mos-cou, il faut s'interroger sur qui dans les villes insurgées, défie l'ar-mée syrienne. En parlant de la po-pulation locale qui aurait soit-di-sant pris les armes, l'opposition ne fait qu'entretenir un mythe. Il y a peu de temps, la Secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a publiquement exprimé devant le Congrès des doutes sur la né-cessité d'approvisionner en armes américaines les insurgés syriens, évoquant l'existence parmi eux de groupuscules proches d'Al-Qaïda. Les arguments visant à accuser l'armée syrienne de tirer sur des civils non-armés sont, pour ne pas dire plus, incertains. Il faut aussi s'interroger sur le but de la futu-re résolution du Conseil de sécu-rité de l'ONU relative à la Syrie. Comme l'indiquent à juste titre les dirigeants occidentaux, cet ob-jectif est d'arrêter la tuerie. La Russie soutient tout à fait cette approche. Pourtant, elle considè-re qu'il n'est pas opportun d'in-clure dans la résolution des ques-tions sur l'origine de cette violence en Syrie. En effet, les dis-cussions qu'elles provoqueront

même que ces larmes étaient mises en scène, il était indéniablement ému. Le mythe d’un Poutine dic-tateur, préoccupé uniquement par son enrichissement personnel, est infondé. Poutine a 60 ans, il en a passé douze à diriger la Russie. S’il ne cherchait que son profit, il avait une chance parfaite de quit-ter le poste de président en négo-ciant d’importantes garanties de sécurité, comme l’a fait Eltsine en 2000. Et Poutine aurait saisi cette chance. S’il n’a pas quitté le pou-voir, tout en ayant conscience des « années maigres » à venir, c’est qu’il n’est pas mu par des intérêts particuliers mais par le sens de « sa Mission ».

En quoi consiste-t-elle, cette

n'empêcheront pas le sang de cou-ler. Au cours des derniers mois, les villes contrôlées par Assad ont subi une série d'actes terroristes per-pétrés par des kamikazes, ce qui est la signature d'Al Quaïda et des Talibans afghans. Ces explosions ont provoqué des dizaines des morts parmi les civils. Dans la fu-ture résolution du Conseil de sé-curité de l'ONU, la Russie propo-se de condamner la violence et d'appeler les deux parties du conflit, les autorités officielles de Damas comme l'opposition, à ces-ser le feu.

Moscou et Pékin se prononcent pour que la résolution relative à la Syrie décrive jusque dans les moindres détails les sanctions qu'il serait possible de voir ap-pliquer par la communauté in-ternationale aux parties en cas de non-respect des clauses négo-ciées.

Cela interdirait tout jeu mal-honnête. Cela éviterait que des mesures non abordées par le Conseil de sécurité se cachent der-rière la résolution adoptée. Car selon la Russie, c'est bien ce qui s'est passé en Libye quand l'al-liance nord-atlantique s'est pro-posée d'assurer une zone d'exclu-sion aérienne et s'est en réalité mise à bombarder massivement le pays. Et il n'y a d'ailleurs tou-jours pas d'enquête sur les victi-mes civiles de ces bombarde-ments.

Lors de la visite du ministre des Affaires étrangères russe au quartier général de la Ligue des États arabes en Egypte, cinq points fondamentaux ont été évo-qués. Ces clauses pourraient constituer les bases de la future résolution. Les voici : l'arrêt de la violence par chacune des par-ties, un mécanisme impartial de monitoring, aucune ingérence mi-litaire, le libre accès de tous les Syriens à l'aide humanitaire et un soutien ferme à la mission du représentant spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Moscou affirme que ces points, bien que de nature générale, peu-vent constituer une plate-forme pour l'élaboration d'une « feuille de route » concrète permettant de régulariser la situation inté-rieure en Syrie.

La Russie appelle Damas à pro-céder au plus vite aux réformes qui permettraient de connaître l'avis du peuple sur la gouver-nance du pays et espère que l'op-position syrienne jouera un rôle actif dans leur mise en oeuvre.

Evgueni Chestakov est Rédac-teur en chef du Service interna-tional de Rossiyskaya Gazeta.

mission ? Pour comprendre l’idéo-logie de Poutine, il suffit de l’écou-ter attentivement. En tant que Russe, il croit profondément en une prédestination supérieure de la Russie, tout comme les États-Unis, l’Angleterre ou la Chine croient en leur propre grandeur. En tant qu’homme actif dans les tumultueuses années 1990, il a mal vécu « l’humiliation de la Rus-sie », quand elle était faible et « perdait la face ». En tant qu’of-ficier du KGB, il est convaincu que la source des problèmes rus-ses est une concurrence malhon-nête, de la part de l’Occident en premier lieu, qui « traditionnel-lement n’aime pas et craint la Rus-sie ». Sur toutes ces questions, Poutine jouit d’un soutien solide de la population. Beaucoup de ci-toyens russes sont du même avis.

Ayant lui-même gravi à une vi-tesse vertigineuse les échelons du pouvoir en quelques mois (1998-99), Poutine ne peut que croire en sa bonne étoile. Et les années fas-tes de sa présidence, jusqu’en 2008, l’ont encore plus conforté dans cette idée. C’est peut-être pour cela qu’il supporte difficilement tout ce qu’il interprète comme une « atteinte à son pouvoir ». Ceux qui l’assaillent trop souvent de-viennent des « traîtres ». Les ma-nifestations contestataires l’ont de toute évidence profondément vexé.

À quelle politique pouvons-nous nous attendre de la part de cet homme dans un avenir proche ? Vladimir Poutine ne fera pas de gestes brusques. Il cherchera à di-viser pour régner : une partie de l’opposition est déjà considérée comme « intégrée au système », elle a le droit d’enregistrer des partis et de participer aux élec-tions.

Poutine va-t-il améliorer la li-berté d'expression ? La campa-gne a montré qu’elle ne le mena-ce pas. Poutine a été violemment critiqué, mais il en a tiré profit. Les gens commencent à éprouver de la compassion pour lui, à être irrités par ses détracteurs. La re-cette est simple : conserver le contrôle général de la situation et laisser libre cours à la critique dans les limites de ce contrôle.

Poutine ne partagera pas le pou-voir réel. Le droit de nommer les hauts fonctionnaires restera entre ses mains. Mais il sera à l’écoute attentive de la société. Il fera par exemple tout son possible pour ne pas augmenter l’âge de la re-traite. Ainsi Vladimir Poutine ver-sion 2012 sera un président qui conserve tout le pouvoir réel, tout en élargissant les libertés politi-ques et publiques, en misant sur la propagande patriotique et une politique sociale prudente.

Leonid Radzikhovski est polito-logue.

si les libéraux critiquent poutine, ils craignent encore plus le peuple. ces révolutionnaires ne feront pas de révolution

la russie considère que contourner le conseil de sécurité et soutenir une partie est contraire au droit international

poutine ne partagera pas le pouvoir réel. le droit de nommer les hauts fonctionnaires restera entre ses mains

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07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BESUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC Culture

Nous sommes en Ukraine, c’est l’été 42, l’occupation. Les na-tionalistes ukrainiens, qui ont soutenu l’Allemagne contre l’URSS, déchantent. La terreur a vite effacé le rêve d’indépen-dance, Ukrainiens et Russes s’épanouissent dans une colla-boration sous-tendue par la peur toujours présente. Plus tôt, en septembre 41, quelque 33000 Juifs ont été massacrés dans le ravin de Babi Yar. Pianiste à l’Opéra de Kiev, Valentina Ma-leïeva vit avec sa � lle, Pania, jeune femme d’une beauté ex-ceptionnelle, et toutes deux sont menacées de chantage par l’odieux Lozine, le metteur en scène de l’Opéra qui a décou-vert l’identité « mortellement dangereuse » du père de Pania, vraisemblablement juif.Dans Schubert à Kiev, Léoni-de Guirchovitch bouscule les règles du roman, les glissements entre les voix de la narration sont fréquents et les frontières entre les espaces ténues. Les héros de Schubert à Kiev, dont la vie gravite autour de l’Opéra, nous donnent l’impres-sion d’être eux-mêmes les per-sonnages virevoltants d’un opéra. Décors de carton pâte, indications scéniques, claque-ments de talons, rires forcés et mouvements trop amples, jusqu’à la sortie de scène de chacun à la � n du roman : « Le lecteur aura remarqué que nous avons commencé par les per-sonnages secondaires… c’est dans cet ordre que les chanteurs viennent saluer ». Est-ce là, pour Guirchovitch, une façon de mettre la distance nécessai-re pour éviter de décrire l’hor-reur ou une façon de nous dire que tous les êtres peuvent se transformer en bouffons colla-bos le temps d’un passage sur la scène de la vie ? Car le lec-teur ne trouvera pas dans Schu-bert à Kiev le moindre héros porteur d’espoir.Léonide Guirchovitch mène, parallèlement à son œuvre d’écrivain, une carrière musi-cale comme premier violon à l’Opéra de Hanovre. Schubert à Kiev est un peu la synthèse de ses talents, un roman d’une inouïe virtuosité linguistique, étrange, foisonnant, kaléidos-copique, émaillé de centaines de références musicales, litté-raires, historiques, au style par-faitement adapté au propos : l’écroulement de la culture ro-mantique, dont le nazisme est la dernière étape et Schubert le symptôme par excellence. C’est une métaphore poignan-te sur la � n d’un monde à l’is-sue d’un tournant historique radical : « Un jour cette guerre sera � nie et, quel que soit le ré-sultat, il n’y aura plus de re-tour possible au passé ».

Christine Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

L’air de la fin d’un monde

TITRE : SCHUBERT À KIEV AUTEUR : LÉONIDE GUIRCHOVITCH ÉDITION VERDIERTRADUIT PAR LUBA JURGENSON

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DARIA GONZALESLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

L’artiste russe Pavel 183 est devenu populaire dans son pays natal quand la presse britannique l’a comparé au célèbre Banksy. En mars, la campagne électorale lui a inspiré ses premiers graffitis politiques.

Les murs n’ont plus d’oreilles, mais ils parlent

Graffitis Pavel 183 : un artiste urbain dans un pays où la rue a retrouvé la parole

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« Tsoï est vivant ». C’est en 1990, à la mort de la légende russe du rock Victor Tsoï, qu’est apparu à Moscou, rue Arbat, le premier mur rempli de graffitis, symbole de li-berté et véritable moyen d’expres-sion et de communication. On pouvait y laisser des messages et � xer l’heure d’un rendez-vous. À l’instar de l’entrée de l’immeuble de l’écrivain Mikhaïl Boulgakov, gribouillé de dessins et de cita-tions de son roman Maître et Mar-guerite. Ces deux lieux sont à l’origine du mouvement de l’art urbain en Russie.

Ce sont ces murs qui ont pous-sé Pavel 183 à dessiner dès 14 ans. Il possède deux diplômes à son actif mais refuse de dévoiler sa profession : « Ce sont mes outils,

mon pinceau secret. Les journa-listes ont écrit partout que j’ai étudié le design de communica-tion car j’avais mis ça sur mon site. En fait, c’était une blague. Je me suis toujours moqué des designers. J’ai fait beaucoup d’étu-des : design, typo, psycho et philo ».

En Russie, la reconnaissance n’est arrivée que récemment, vé-hiculée par des articles du Guar-dian et du Daily Telegraph le com-parant au graffeur anglais Banksy : « C’est triste, après 14 ans de vie artistique, d’être com-paré à quelqu’un. Moi, c’est moi, je ne ressemble à personne », in-siste Pavel, pour qui « l’art urbain

russe prend sa source dans le si-tuationnisme révolutionnaire, dans le Manifeste du poète Maïakovski : « Colorions notre

ville avec des peintures de cou-leur ». Pour simpli� er, c’est l’art de la révolution dans la rue. Je fais de la satire de rue ».

L’art est d’ailleurs une notion élastique : « J’ai un ami qui, en

faisant la vaisselle, a découvert, dans les traces de ketchup d’une assiette, le pro� l de Lénine. Il a laissé cette assiette comme ça. Je pense que notre perception, c’est aussi de l’art ».

En 2005, Pavel a tourné un � lm, Le conte d’Alena-2005, où le vi-sage bien connu de la petite � lle sur l’emballage du chocolat so-viétique devient le symbole ano-nyme de l’enfance moderne. Selon lui, chacun est obligé de se ven-dre, depuis tout petit, sans même le vouloir. Ce sont les règles du monde d’aujourd’hui : « Pour ga-gner de l’argent, dans la Russie actuelle, pas la peine d’avoir la tête sur les épaules, tant qu’il n’y

a pas de tête, pas de société civi-le. Belinski disait : à Saint-Péter-sbourg, on ne peut pas être artis-te ou fêtard, il faut au moins être artiste ou au moins fêtard ».

Pour Pavel, « la mission de l’art de rue est le dialogue avec les gens ordinaires. Pour cela, pas besoin de galeries, pas besoin de payer pour voir de l’art. C’est un jeu vi-suel à travers la ville. Je suis de nature plutôt ascétique. J’aime le silence, la solitude, la saleté », fai-sant écho à Marcel Duchamp. Pavel évoque la recherche d’un équilibre, « sans lequel on risque de devenir du « fast food » avec un menu et des portions standar-disées ».

DARIA BOLDAREVALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Andreï Pavlov a consacré sept années de sa vie professionnelle aux insectes sociaux. Il tire son inspiration de l'oeuvre romanesque de Bernard Weber.

La beauté cachéedu monde des fourmis

Photographie Comment la maladie l'a conduit vers l'art

d'Andreï a radicalement changé : � ni les milliers de kilomètres par-courus auparavant avec aisance. En échange, des objectifs distants d’un mètre, deux tout au plus. « J’ai appris à faire de la photo numéri-que dans ma datcha, sur un mètre carré d’herbe, avec tous ses habi-tants. J’ai � ni par tomber sous leur charme. Ce sont les fourmis qui m’ont permis de ne pas baisser les bras », raconte Andreï.

« Antrey », (le roi des fourmis en anglais), c’est le surnom d’An-dreï sur la Toile russe. Il s’est d’abord rendu célèbre par une série de macrophotographies « Histoi-res de fourmis », des scènes où les insectes posaient et exécutaient des actions tout à fait humaines, une séance photo mise en scène avec des êtres vivants. Les fourmis

En sortant de la Faculté arctique de l’Académie de la Marine, An-dreï Pavlov ne pouvait s’imaginer dans aucune autre profession que celle d’explorateur polaire. À l’ho-rizon : expéditions, aurores boréa-les et icebergs enneigés. Mais le destin en a décidé autrement en mettant un terme à la succession des jours et des nuits polaires à la station « Pôle Nord-28 ».

Il y a sept ans, une commotion à la colonne vertébrale lui a para-lysé les mains et les jambes. La vie

De véritables fourmis "posent" devant l'appareil photo d'Andreï.

« La mission de l’art de rue est le dialogue avec les gens ordinaires. Pas besoin de galeries pour ça ! »

rouges Formica Rufa qui vivent dans des fourmilières à 50 m de la maison du photographe sont de-puis six ans les personnages prin-cipaux de ses photos. « Le plateau est installé sur le sentier, les � ashes, fonds et ré� ecteurs, montés sur des piquets en � l de fer, sont plantés dans la terre ».

Antrey assure qu’il n’est pas dif-ficile d’attirer l’attention d’une fourmi : il suffit de placer devant elle un moulage de proie ou d’en-nemi, et il parvient même à diri-ger une troupe entière de cette façon. Il suffit de convaincre une fourmi d’exécuter une tâche pour que les autres suivent, mais tous les acteurs ne sont pas également bons : le photographe écarte les « boulets et les fainéants ».

« Il m’a fallu deux ou trois ans

pour entrer en contact, la fourmi-lière m’a montré ce que je pouvais photographier et comment », ex-plique Andreï. « Parfois je m’ima-gine presque qu’elles me reconnais-sent… Nous pouvons tous apprendre des fourmis : une socié-té qui s’occupe de ses faibles, in-valides et retraités ne peut qu’at-tirer le respect. En 150 millions

d’années d’existence, cette civili-sation biologique a développé de nombreuses méthodes de survie écologiquement propres. On ne sait toujours pas laquelle des civilisa-tions, celle des fourmis ou celle des hommes, s’avérera la plus viable ». La principale différence étant que les fourmis ne savent pas détrui-re.

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08 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.Besupplément réalisé par rossiyskaya Gazeta et distriBué avec loisirs

larussiedaujourdhui.be

2 Mai

L'influence croissante des femmes

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Le ragoût remisau goût du jour

Une des constantes de la cui-sine russe, c’est la cuisson len-te. Cette tendance est accueillie avec enthousiasme par les fem-mes au foyer occidentales, grâ-ce à son principe « gain de temps » : on jette tous les in-grédients dans une cocotte, on règle la minuterie à 5 heures et hop, le dîner pour toute la fa-mille est garanti et l’après-midi vous appartient. Ce type de magie culinaire, qui tire ses origines des temps païens, était pris très au sérieux par les populations agraires de la Russie pré-révolutionnaire. Les Slaves païens croyaient que le feu et l’eau étaient des divinités supérieures et que leurs forces combinées étaient particulière-ment puissantes. La cuisine, qui témoignait parfaitement de cet-te fusion, se faisait dans « pet-chka », les fameux fours russes faits de brique et recouverts de céramique. Ils étaient intégrés dans le coin de chaque maison paysanne, occupant au moins un cinquième de la pièce. Car ce four ne sert pas qu’à cuisiner, mais aussi à chauffer la maison. Plus qu’un four et un réchaud, c’était le véritable cœur du foyer. Sa construction était un événe-ment collectif joyeux, suivi par une fête débridée. Une fois le four achevé, on y plaçait à l’in-térieur un plat de kacha pour nourrir le « domovoï », l’esprit

domestique capricieux qui vivait dans toutes les demeures, capa-ble de faire des misères et semer la pagaille à moins d’être continuel-lement apaisé par de petites of-frandes. Durant les longs mois d’inactivi-té hivernale, les hommes somno-laient souvent allongés sur le four. D’où le mot « petchouchnik », de « Petch » (le four) et qui signi-fie « paresseux » ! On y cuisait du pain, séchait des herbes, faisait mi-joter des soupes ou bouillir diver-ses céréales telles que le sarrasin ou l’avoine. Le ragoût classique russe s’appelle simplement « viande en pot ». Des pots en terre cuite individuels cou-verts, contenant viande et légumes, étaient placés dans le four. L’élec-tricité et le gaz n’ont pas servi la recette, qui manque désormais de saveur et de texture. Et l’ajout fré-quent de mayonnaise pour y re-médier est un désastre. J’avais donc relégué la viande en pot aux oubliettes, jusqu’à un week-end récent. Tandis que la neige tom-bait et que mon mari s’appliquait à faire le « petchouchnik » devant l’écran plat de la télé, je me suis re-trouvée avec tous les ingrédients néces saires sur les bras, et un défi culinaire en perspective. Quelques recherches et expérimentations plus tard, j’ai concocté un ragoût suffisamment bon pour apaiser le plus grincheux des « domovoï » !Priyatnogo appétita !

ingrédients :

Quatre pots en terre cuite indi-viduels ou une cocotte de 2-3 litres • 600 g d’agneau tendre ou de bœuf, en dés de 1,5 cm • 450 g de pommes de terre rou-ges, avec la peau, en dés de 1,5 cm • 3 grosses carottes, pe-lées, en dés de 1,5 cm • 1 grosse aubergine, en dés de 1,5 cm • 1 gros oignon jaune, grossière-ment haché • 400 g de tomates pelées en conserve, hachées • 250 ml de bouillon de bœuf ou de vin rouge, ou un mélange des deux • Un peu de farine • Trois filets d’anchois • 1 c. à soupe de zeste d’orange • 5 gousses d’ail écrasées • ⅓ tasse de per-sil haché • 1 branche de roma-rin frais • 3 branches de thym frais • 2 c. à soupe de concen-tré de tomate • 3 c. à soupe de gros sel • 2 c. à soupe de poivre noir concassé • Huile végétale • Beurre.

préparation :

1. Mélangez l’aubergine et le gros sel, placez dans une pas-soire, au-dessus d’un bol et lais-sez égoutter à température am-biante pendant 45 minutes. Rincez à l’eau froide et séchez avec un torchon. Disposez sur une assiette et passez une mi-nute au micro-ondes, à tempéra-ture maximale. Laissez de côté. 2. Préchauffez le four à 180°C et placez la grille au milieu. 3. Séchez les dés de viande avec

un torchon, roulez-les dans la fa-rine. Faites chauffez de l’huile dans une cocotte et dorez la  viande 30 secondes sur chaque côté.4. Ecrasez les filets d’anchois. Ajoutez l’ail écrasé, du gros sel, les herbes, le citron et le poivre. Mé-langez jusqu’à l’obtention d’une pâte. Laissez de côté.5. Mélangez les tomates, le con-centré de tomate, le bouillon/vin dans un mixeur jusqu’à l’obtention d’un liquide onctueux. 6. Préparez les pots ou la cocotte : beurrez les parois intérieures, dis-posez la viande au fond, badigeon-nez d’un peu de pâte d’anchois, disposez une couche de pommes de terre, puis de carottes, puis d’aubergines, intercalant à chaque fois une couche de pâte d’anchois. 6. Versez la mixture de tomate pour couvrir le contenu. 7. Placez au four et laissez cuire pendant une heure et demie.

jennifer eremeevaSPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Autres recettes sur larussiedaujourdhui.be

paul duvernetLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

seule la barrière de la langue empêche la fantastique scène théâtrale russe de s'exporter tout autour du globe. le festival du masque d'or offre l'occasion de découvrir le théâtre de demain.

un "masque d'or" récompense le meilleur de la création

théâtre Un documentaire sur la fin de vie obtient une forte résonance en Europe

16 avril par une remise des prix sur la grande scène du Théâtre du Bolchoï. 51 spectacles venant de 13 villes russes se disputent les prix dans plusieurs compéti-tions parallèles. Cette année, sur les 183 participants au festival, 16 étrangers ont été sélectionnés, dont les producteurs Claudia Solti (Royaume-Uni) et Daniele Finzi Pasca (Suisse), tous deux nomi-nés pour des spectacles montés sur la scène du Mariinski de Saint-Pétersbourg.

Pour cette dix-huitième édition du Masque d’Or, 11 opéras sont en compétition, dont un contem-porain, « Les âmes mortes » de Rodion Chedrine d’après le célè-bre roman de Gogol. À noter que le Bolchoï de Moscou n’a décro-ché qu’une seule nomination contre trois pour son éternel concurrent, le Mariinski. Le re-nouveau de l’art lyrique vient de la province de Kazan, Ekaterin-bourg, Astrakhan. Les nomina-

Si la vie politique peut paraître ennuyeuse ou décevante, c’est peut-être parce que les Russes mettent toute leur énergie et leurs espoirs ailleurs. Dans le théâtre, par exemple. Le « Masque d’Or », principal festival des arts de la scène, paraît confirmer cette hy-pothèse, tant l’effervescence du théâtre russe saute aux yeux. Ce festival prend d’année en année une dimension sans cesse plus in-ternationale avec une large com-pétition d’opéras et de ballets qui vont tourner à l'étranger.

Le plus prestigieux des festi-vals russes a ouvert ses portes le 27 mars à Moscou et s’achève le

À gauche le spectacle vragui (les ennemis) et à droite la scène du ballet chroma.

tions pour la catégorie ballet res-tent mono-polisées par les deux ca-pitales rus-ses. Seuls les ballets de Perm et de Novossibirsk ont attiré l’attention des sélectionneurs. Très sensi-ble à la création actuelle, le festival a créé une sélection à part pour la danse contemporaine.

Mais c’est la compétition théâ-trale qui constitue le centre né-vralgique du Masque d’Or, d’abord parce que le fondateur du festi-val, Edouard Boïakov, lui-même metteur en scène, y jette toute son énergie. Figure centrale de la scène théâtrale depuis mainte-nant deux décennies, Boïakov est un partisan de l’innovation et un critique sans pitié des théâtres d’État poussiéreux, qui continuent

malgré tout à monopoliser les subven-tions. Dans la sélection 2012 figurent 17

productions dramatiques,

presque toutes d’avant-garde, trois

spectacles de marionnet-tes et quatre spectacles qui

défient toute classification. On retiendra avant tout Le corps de Simone, une pièce du polonais Krystian Lupa basée sur la vie de la philosophe Simone Weil ; File moi du feu, ou la digestion du rock américain par une jeu-nesse russe déboussolée et Les gelés, une pièce politique du ro-mancier Zakhar Prilepine mise en scène par Kirill Serebren nikov, le plus insolent dramatur-ge russe. Le théâtre russe rend tout intéressant, même la politi-que.

vincent joassinLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

le Festival international du Film documentaire « millenium » se déroulera à Bruxelles du 17 avril au 5 mai. dans le programme du festival figure le film russe : outro de ioulia panassenko.

Une fin trop banale, fixéesur la pellicule

cinéma Le documentaire qui a gagné plusieurs prix, mais n'a pas fait pleurer les Européens

l’héroïne du film Svetlana, c’est la rencontre avec sa mère qui ef-fraye encore plus que la mort el-le-même.

« J’ai eu l’impression qu’elle ne voulait pas me repousser parce qu’elle avait peur de m’offenser », raconte la réalisatrice. « Je suis venue près d’elle et je lui ai dit que, peut-être, nous ne devions pas continuer. À ce moment, elle m’a répondu franchement : Non, il faut qu’on aille jusqu’au bout ».

Ioulia Panassenko est une réa-lisatrice russe née en 1979. Elle commence par étudier le journa-lisme à l’université de Vladimir, puis sera diplômée de l’institut cinématographique de l’Univer-sité d’État de Moscou. Elle a réa-

« Je sens que mes yeux se révul-sent… Il me semble que tout a été inutile dans ma vie ».

« Outro » est le mot anglais pour « coda », la fin d’une composition musicale. Dans ce film, Ioulia Pa-nassenko capture les derniers ins-tants de sa voisine et amie Svet-lana. Cette dernière est atteinte d'un cancer de l’abdomen incu-rable, le même dont souffrait le père de la réalisatrice. Et pour

lisé divers documentaires dont Tchourka en 2006, l’Idiot en 2007 et Immersion en 2009. Actuelle-ment, elle vit et travaille à Mos-cou.

En novembre, Outro fut pré-senté lors du Festival du Film Do-cumentaire d’Amsterdam. « À la différence de la Russie, personne n’a versé une larme à Amster-dam », raconte Ioulia Panassen-ko à propos de la réaction du pu-blic européen. Ce dernier a

accueilli le film plus calmement que ce que Ioulia pensait. « Pour la première fois de ma vie de réa-lisatrice, on m’a posé des ques-tions à propos du système de santé en Russie. Les gens étaient plus intéressés par les thèmes so-ciaux ».

Quant à Vitali Manski, prési-dent de l’ArtDocFest, dont Outro à remporté le prix du meilleur documentaire en 2010, il voit le succès de ce film dans sa façon de « pénétrer au cœur de la vie d’autrui jusqu’à un point tel qu’il unit les rôles du héros et du spec-tateur. Après ce court métrage, j’ai compris ce qu’était la mort, chose à laquelle personne ne peut échapper ».

La réalisatrice du film, Ioulia Panassenko et Pavel Petchonki-ne, directeur du Festival Interna-tional du Film Documentaire « Flahertiana » dont Outro a rem-porté le Grand Prix en 2010, se-ront présent à Bruxelles du 20 au 23 avril lors du Festival « Mille-nium ».

Le site du festival : www.festivalmillenium.org/fr/

svetlana n'a pas vécu jusqu'à la première.

P o u r c o n t a c t e r l a r é d a c t i o n : r e d a c @ l a r u s s i e d a u j o u r d h u i . b e S e r v i c e d e p u b l i c i t é s a l e s @ r b t h . r u t é l . + 7 ( 4 9 5 ) 7 7 5 3 1 1 4

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