8
Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Distribué avec Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux Mercredi 16 octobre 2013 Grande rétrospective Serge Poliakoff La « Semaine du cinéma russe » Au Musée d’art moderne de Paris : 150 toiles du peintre abstrait franco-russe. Des films pour tous publics lors de la onzième édition dans trois salles parisiennes, du 13 au 19 novembre. P. 7 P. 8 Produit de Russia Beyond the Headlines Reportage dans une prison pour femmes. La grève de la faim d’une militante Pussy Riot incarcérée a stigmatisé la nécessité d’humaniser le système pénitentiaire russe. La vie des détenues PAGE 3 PAGES 2 et 6 La signature prochaine et probable d’un accord d’association entre Kiev et Bruxelles inquiète Moscou, qui ne ménage pas ses efforts pour regagner son influence perdue. L’Ukraine à l’Ouest ? MOUNZER HALLOUM LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Dès que la guerre civile a em- brasé la Syrie, des milliers de familles ont dû fuir pour survi- vre, et la situation perdure. Rencontre avec l’une de celles qui ont trouvé refuge en Russie. Une vie à refaire loin de la guerre civile Témoignage Une famille syrienne réfugiée en Russie raconte nibles restent vifs.Yarob, 39 ans, se souvient qu’au début des troubles, les gens n’hésitaient pas à descendre dans la rue pour par- ticiper à des manifestations qui ressemblaient à des fêtes. On y emmenait les enfants, les mani- festants ne craignaient pas les arrestations, qui n’étaient pas encore à l’odre du jour. Et puis... Yarob lui-même n’a « pas re- marqué comment un jour, subi- tement, on ne sait pourquoi et comment, des armes sont appa- rues dans l’un de ces rassem- La famille de Yarob est arrivée à Moscou à la fin du mois de jan- vier. Aujourd’hui, elle vit dans un appartement que leur a trou- vé son frère et les enfants vont à l’école, mais les souvenirs pé- blements. On nous a expliqué que c’était pour la protection des civils. Personne n’a été tué ou arrêté dans notre village jusqu’à ce qu’une moto piégée explose près du poste de contrôle à l’entrée d’Al-Skelbia (20 000 habitants chrétiens). Après cela, l’armée a installé un camp près de notre village ». Inopinément, les combattants issus des Frères musulmans ont commencé à tirer jour après jour en direction du camp militaire. Ils ignoraient les demandes des habitants de ne pas utiliser leurs maisons pour mitrailler l’armée. « Un jour j’étais dans ma phar- macie et un homme armé est entré. Je lui ai dit : vous dites que vous avez pris les armes pour protéger les civils, mais alors pourquoi nous utilisez-vous comme boucliers vivants : vous tirez à partir de maisons dans lesquelles vivent des gens ? Bien sûr, il ne m’a rien répondu. Mais le lendemain, une fusillade a éclaté entre l’armée et les com- battants et un enfant de trois ans a été tué. C’était la première vic- time civile », raconte le phar- macien qui a quitté son pays. La famille Rachid a émigré à Moscou où elle loue un appartement. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Le Daguestan est actuellement la région la plus troublée du Caucase Nord. Pour endiguer la violence et les problèmes so- ciaux, les autorités recherchent la coopération sur le terrain. Caucase : la main tendue aux bonnes âmes Société Un dialogue prometteur s’est ouvert entre les autorités du Daguestan, la société civile, les islamistes modérés et les ONG Le Daguestan a mauvaise presse à Moscou, plus encore que sa voi- sine la Tchétchénie. Le flot de nouvelles s’apparente à une li- tanie d’assassinats de policiers et de représailles sanglantes contre les terroristes. Or, derrière ce rideau de fumée, des signes d’évolution positive émergent, qui ne sont remarqués ni par les médias russes, ni par la presse internationale. Le gouvernement de la république a enfin engagé un dialogue avec la société civile et les islamistes modérés. La presse locale est plus libre que dans bien d’autres régions russes, avec au moins quatre titres in- dépendants n’hésitant pas à cri- tiquer le pouvoir. Enfin, les ONG (Organisations non gouverne- mentales) travaillent dans de meilleures conditions, malgré la récente loi dite des « agents étrangers », qui complique leur financement. SUITE EN PAGE 3 SUITE EN PAGE 2 Les demandes de la popula- tion sont avant tout d’ordre social : défense des droits des femmes et infrastructures. L’art se heurte à la politique dans une galerie de Saint-Pétersbourg La vibrante Russie racontée autrement ! larussiedaujourdhui.fr/art Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire sur www.subscribe.larussiedaujourdhui.fr/subscribe et recevez des nouvelles de Russie directement dans votre boîte mail ! MIKHAIL SINITSYN PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO MAX AVDEEV

La Russie d'Aujourd'hui

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médLa Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.iatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

Citation preview

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux

Mercredi 16 octobre 2013

Grande rétrospective Serge Poliakoff

La « Semaine du cinéma russe »

Au Musée d’art moderne de Paris : 150 toiles du peintre abstrait franco-russe.

Des films pour tous publics lors de la onzième édition dans trois salles parisiennes, du 13 au 19 novembre.

P. 7

P. 8

Produit de Russia Beyond the Headlines

Reportage dans une prison pour femmes. La grève de la faim d’une militante Pussy Riot incarcérée a stigmatisé la nécessité d’humaniser le système pénitentiaire russe.

La vie des détenues

PAGE 3 PAGES 2 et 6

La signature prochaine et probable d’un accord d’association entre Kiev et Bruxelles inquiète Moscou, qui ne ménage pas ses efforts pour regagner son influence perdue.

L’Ukraine à l’Ouest ?

MOUNZER HALLOUMLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Dès que la guerre civile a em-

brasé la Syrie, des milliers de

familles ont dû fuir pour survi-

vre, et la situation perdure.

Rencontre avec l’une de celles

qui ont trouvé refuge en Russie.

Une vie à refaire loin de la guerre civile

Témoignage Une famille syrienne réfugiée en Russie raconte

nibles restent vifs. Yarob, 39 ans, se souvient qu’au début des troubles, les gens n’hésitaient pas à descendre dans la rue pour par-ticiper à des manifestations qui ressemblaient à des fêtes. On y emmenait les enfants, les mani-festants ne craignaient pas les arrestations, qui n’étaient pas encore à l’odre du jour. Et puis...

Yarob lui-même n’a « pas re-marqué comment un jour, subi-tement, on ne sait pourquoi et comment, des armes sont appa-rues dans l’un de ces rassem-

La famille de Yarob est arrivée à Moscou à la fi n du mois de jan-vier. Aujourd’hui, elle vit dans un appartement que leur a trou-vé son frère et les enfants vont à l’école, mais les souvenirs pé-

blements. On nous a expliqué que c’était pour la protection des civils. Personne n’a été tué ou arrêté dans notre village jusqu’à ce qu’une moto piégée explose près du poste de contrôle à l’entrée d’Al-Skelbia (20 000 habitants chrétiens). Après cela, l’armée a installé un camp près de notre village ».

Inopinément, les combattants issus des Frères musulmans ont commencé à tirer jour après jour en direction du camp militaire. Ils ignoraient les demandes des habitants de ne pas utiliser leurs maisons pour mitrailler l’armée.

« Un jour j’étais dans ma phar-macie et un homme armé est entré. Je lui ai dit : vous dites que vous avez pris les armes pour protéger les civils, mais alors pourquoi nous utilisez-vous comme boucliers vivants : vous tirez à partir de maisons dans lesquelles vivent des gens ? Bien sûr, il ne m’a rien répondu. Mais le lendemain, une fusillade a éclaté entre l’armée et les com-battants et un enfant de trois ans a été tué. C’était la première vic-time civile », raconte le phar-macien qui a quitté son pays.

La famille Rachid a émigré à Moscou où elle loue un appartement.

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le Daguestan est actuellement

la région la plus troublée du

Caucase Nord. Pour endiguer la

violence et les problèmes so-

ciaux, les autorités recherchent

la coopération sur le terrain.

Caucase : la main tendue aux bonnes âmesSociété Un dialogue prometteur s’est ouvert entre les autorités du Daguestan, la société civile, les islamistes modérés et les ONG

Le Daguestan a mauvaise presse à Moscou, plus encore que sa voi-sine la Tchétchénie. Le flot de nouvelles s’apparente à une li-tanie d’assassinats de policiers et de représailles sanglantes contre les terroristes. Or, derrière ce rideau de fumée, des signes d’évolution positive émergent, qui ne sont remarqués ni par les médias russes, ni par la presse internationale. Le gouvernement de la république a enfi n engagé un dialogue avec la société civile et les islamistes modérés. La presse locale est plus libre que dans bien d’autres régions russes, avec au moins quatre titres in-dépendants n’hésitant pas à cri-tiquer le pouvoir. Enfi n, les ONG (Organisations non gouverne-mentales) travaillent dans de meilleures conditions, malgré la récente loi dite des « agents étrangers », qui complique leur fi nancement.

SUITE EN PAGE 3

SUITE EN PAGE 2

Les demandes de la popula-

tion sont avant tout d’ordre

social : défense des droits des

femmes et infrastructures.

L’art se heurte à la politique

dans une galerie de Saint-Pétersbourg

La vibrante Russie racontée autrement ! larussiedaujourdhui.fr/artInscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire sur www.subscribe.larussiedaujourdhui.fr/subscribe

et recevez des nouvelles de Russie directement dans votre boîte mail !

MIK

HA

IL SINITSY

N

PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO

MAX AVDEEV

02LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Politique & Société

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, NAVBHARAT TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DE SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF

NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE. 

EMAIL : [email protected]. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)

EN BREF

Les essais du Soukhoï T-50 (ou PAK FA), chasseur russe de cin-quième génération, se pour-suivent avec succès, sa mise en service étant prévue au-delà de 2017. En attendant, l’armée russe se dote du Su-35S, avion de chasse polyvalent.

Cet avion, de quatrième gé-nération, constitue une sorte de prototype du T-50 : les nouvelles technologies élaborées par les ingénieurs russes à destination de ce dernier ont été d’abord testées et intégrées dans le Su-35S. Au moment du lancement de la production en série, presque toutes les caractéris-tiques de ce chasseur, outre la furtivité, correspondaient donc aux exigences de la cinquième génération.

Les autorités russes ont fermé au cours de l’année dernière presque 2 414 pages Web décri-vant des méthodes de suicide ou faisant l’apologie du suicide auprès des internautes. Les sites de ce type sont assimilés à des mouvements sectaires et accu-sés d’attiser la curiosité susci-tée par des événements funestes, disposition inhérente à la na-ture humaine. De tels contenus sur la Toile apparaissent le plus souvent sur les pages des ré-seaux sociaux.

L’avion de chasse

Su-35S vole en

attendant le T-50

Les autorités en

guerre contre les

sites suicidaires

Le Service fédéral des douanes russe vient de lever le régime renforcé de contrôle douanier à la frontière russo-lituanienne, conformément à une directive du président russe Vladimir Poutine. Par contre, l’interdic-tion d’importer en Russie des produits laitiers lituaniens de-meure. L’Union européenne a réagi immédiatement à cette annonce par le biais de la Commission européenne, qui a déclaré que les produits alimentaires litua-niens étaient de haute qualité et que la Russie n’avait fourni aucune preuve du contraire. Pour Bruxelles, il s’agirait donc d’une confrontation politique entre la Russie et la Lituanie dans le contexte du prochain sommet du Partenariat orien-tal à Vilnius, qui devrait mar-quer un rapprochement entre l’UE et certains pays post-so-viétiques.

Le lait lituanien

déborde sur les

enjeux politiques

Des réfugiés syriens témoignent

L’épouse de Yarob Suzanna se mêle à la conversation : « Il y avait une pièce dans notre mai-son que nous utilisions comme refuge. Nous avons été obligés de quitter la maison et une se-maine plus tard, un obus est tombé précisément sur cette pièce. Mais là où nous avons fui la guerre, la guerre nous a rat-trapés ». Yarob et sa famille ont d’abord loué un appartement dans une région plus sûre, puis ont déménagé à Al-Skelbia.

Yarob se rappelle ce qui est arrivé à leurs amis et proches : « Deux amis se sont disputés, l’un était dans l’Armée libre, l’autre dans l’armée régulière. Résultat : celui de l’armée ré-gulière a tué celui de l’Armée libre. Le frère du meurtrier sou-tenait l’Armée libre en lui ver-sant 4 500 d’euros par mois ». Par la suite, raconte Suzanna, la maison de ce frère, sa laite-rie, la maison de son fils et quelques boutiques ont été brû-lées, comme cinq autres mai-sons de ses parents les plus proches. « La maison de mon oncle qui n’y était pour rien dans cette histoire a été incen-diée. Et le magasin aussi. Puis la maison de ma tante, et la pharmacie ».

C’était l’une des plus grandes pharmacies du district de Hama, avec un stock de 225 000 euros rien qu’en alimentation pour enfants. Le propriétaire a pro-posé 52 500 d’euros pour sau-ver son commerce. On lui a pris l’argent, mais la pharmacie a quand même été incendiée.

Après cet incident, les habi-tants de la ville ont décidé de faire grève et ont fermé toutes les pharmacies pour une jour-

En regardant son deuxième fi ls, elle se rappelle qu’avant la guerre, il se rendait tout seul chez son grand-père, même quand il faisait déjà nuit. Main-tenant, il a peur d’aller aux toi-lettes sans se faire accompagner. Quand un feu d’artifi ce a dé-tonné à Moscou à l’occasion d’une fête, les enfants ont cru que la guerre recommençait. La famille Rachid n’est pas la seule à avoir décidé de fuir : « Près de 65% des habitants ont quit-té notre quartier, en direction de la Turquie ou d’ailleurs en Syrie. Beaucoup d’entre eux n’avaient ni passeport, ni argent ».

Tout a disparu dans la ville natale de Yarob : nourriture, eau, électricité. Suzanna s’est mise à fabriquer du pain à la mai-son, mais la farine est devenue hors de prix. « Il est arrivé que nous passions trois jours sans manger une miette. Il faisait très froid l’hiver. Une fois, une fusil-lade violente a éclaté. Nous nous sommes cachés dans le couloir, assis sur le sol en pierre. Nous étions gelés mais il était impos-sible d’aller chercher des vête-ments chauds car les balles n’ar-rêtaient pas de fuser à travers les fenêtres », raconte Suzanna.

En dépit des épreuves, l’un de ses fi ls garde la nostalgie de son enfance en Syrie : « Je ne connais personne ici… Mes amis Ibrahim, Mahmoud, Rachid me manquent... ». « Moi, tonton et grand-père me manquent », lâche son frère cadet.

Yarob secoue la tête : « Le plus important pour moi main-tenant est d’obtenir un permis de travail. Comment vivre sans travail ? Mais notre situation est tout de même mille fois meil-leure que celle des autres ».

née. « Moi aussi j’ai fermé bou-tique, mais on m’a prévenu : si tu ne l’ouvres pas, elle sera in-cendiée », raconte Yarob. C’est ce qui s’est passé avec les autres pharmacies, contre lesquelles des grenades ont été lancées.

La situation empirait. Trois fois la maison des Rachid a été touchée par des obus, avant qu’ils ne quittent le pays, et deux fois après leur départ pour la Russie. « Ça tirait tout le temps », se souvient Suzanna.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

larussiedaujourdhui.fr/

14464

IOULIA KOUDINOVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le Kremlin n’a pas su convaincre

le pouvoir ukrainien de rester

dans l’orbite russe, alors que

Moscou et Bruxelles rivalisent

pour élargir leurs zones

d’influence.

Moscou s’inquiète de voir l’Ukraine prendre le large

International Le rapprochement entre Kiev et Bruxelles sanctionne une perte d’influence russe sur le pays voisin

nufacturière ukrainienne est tournée vers le marché russe (aé-ronautique, nucléaire, construc-tion navale, machines outils, tubes d’acier), tandis que l’in-dustrie chimique ukrainienne et la population sont de très gros consommateurs de gaz russe. De son côté, Moscou est moins dé-pendant des liens traditionnels avec l’Ukraine, mais ses secteurs stratégiques (aéronautique, spa-tial et nucléaire) vont connaître une profonde restructuration si l’Ukraine poursuit son intégra-tion avec l’Europe.

Malgré le risque pour ses sec-teurs de haute technologie, déjà fragilisés, le pouvoir ukrainien a, lui, mis le cap sur l’intégra-tion européenne depuis 2005 et ce, quel que soit le gouvernement. Le président actuel Viktor Yanou-kovitch, souvent perçu comme pro-russe en Europe, a maintes dois déclaré que son but ultime était de faire partie à part en-tière de l’Union européenne. « Les médias occidentaux nous ont qualifi és de pro-russes », dé-clarait le 10 octobre le Premier ministre ukrainien Nikolaï Aza-rov en parlant de lui-même et du président. « Il s’agit d’un ma-

Ces dernières semaines, le Krem-lin a multiplié les déclarations priant l’Ukraine de reconsidérer son intention de signer un ac-cord d’association avec l’Union européenne. Moscou s’efforce de mettre en place un projet concur-rent à l’UE baptisé l’Union eu-rasiatique, dont la première étape est une Union douanière à la-quelle participent déjà le Bela-rus et le Kazakhstan. Le 10 sep-tembre, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a prévenu que si l’accord d’association avec l’UE était signé début novembre, « il ne doit y avoir aucune illu-sion… pour nos partenaires ukrainiens, l’entrée dans l’Union douanière sera fermée ». L’enjeu est aussi bien économique que géostratégique. Les économies russe et ukrainienne sont forte-ment interdépendantes. La ma-jeure partie de l’industrie ma-

lentendu. En réalité, nous avons toujours été pro-Ukraine, et nous estimons que notre pays doit adopter les normes européennes pour se développer ». D’un autre côté, Azarov souligne « qu’en aucun cas l’Ukraine ne cherche à s’éloigner de la Russie. Il y a des difficultés temporaires, mais il est impossible de fâcher pour de bon la Russie et l’Ukraine ».

Le principal sujet de fâcherie entre les deux pays, le prix du

gaz, ne devrait pas connaître de résolution rapide. Moscou a pro-posé à Kiev de diviser le tarif par deux en l’échange d’une ces-sion de 50% du système de ga-zoduc ukrainien à Gazprom et de l’intégration de Kiev dans l’Union douanière dominée par Moscou. L’Ukraine refuse, y voyant le sacrifi ce de son indé-pendance. « Nous payons notre gaz russe beaucoup plus cher que l’Allemagne, malgré notre proxi-mité immédiate avec la Russie, se plaint Azarov, qui se dit prêt à réduire à zéro l’achat de gaz à Gazprom ».

Pour le politologue Vadim Ka-rassev, la position d’Azarov consistant à minimiser le diffé-rend avec Moscou « revient à cou-per l’herbe sous le pied du Krem-lin, car cela prive Vladimir Poutine d’arguments ». En terme de calendrier, l’expert estime « qu’il n’y aura pas de crise sé-rieuse entre les deux pays au moins jusqu’aux Jeux Olym-piques de Sotchi », car le Krem-lin ne veut pas donner du pays une mauvaise image alors que la Russie est sous les projecteurs du monde entier. En revanche, les experts s’accordent pour pré-voir une remontée de la tension entre 2015 et 2017. « 2015 est l’an-née des élections présidentielles en Ukraine, souligne le polito-logue Vladimir Fessenko, Poutine sera tenté de peser sur le choix des Ukrainiens, bien qu’il ne dis-pose pas de relais sérieux à l’in-térieur du pays ».

V. Yanoukovitch et H. Van Rompuy (président du Conseil européen).

L’Ukraine penche depuis toujours pour un accord d’association avec l’Union européen-ne, alors que la Russie lui propose de rejoindre l’Union eurasiatique. L’enjeu est économique et géostratégique

SERVICE DE PRESSE

ALAMY/LEGION MEDIAREU

TER

S

MIKHAIL SINITSYN (2)

03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Société

M.OBRAZKOVA, L.NAZDRATCHEVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La grève de la faim d’une

contestataire a braqué les

projecteurs sur les conditions de

détention des femmes et

sensibilisé les autorités sur la

nécessité de les « humaniser ».

Le bruit autour de la vie des détenues franchit les barreaux

Système pénitentiaire Reportage dans une prison pour femmes

Les femmes s’exécutent. Elles ouvrent des sacs en plastique contenant une paire de chaus-sures de rechange et une blouse d’atelier. La surveillante s’ap-proche et examine le sac de cha-cune d’elles. Une procédure obli-gatoire, à laquelle les femmes de la colonie doivent se soumettre deux fois par jour : le matin, lorsqu’elles se rendent à l’atelier, et le soir, pour rentrer dans leur cellule. « C’est pour qu’elles ne rapportent rien de l’atelier de couture, explique la surveillante. Les femmes sont pires que les hommes. Elles rapportent des outils et s’en servent ensuite pour attaquer leurs co-détenues ».

Pourtant, les attaques entre détenues sont plutôt rares. Sur les murs des cellules, des chif-fons sales sont étendus. Dans le long couloir, des bassines de linge à tremper jonchent le sol cris-sant sous les semelles. « Qu’est-ce que ça fout là ?, hurle la gar-dienne. Vous irez à l’isolement pour manque d’hygiène ! »

Une jeune femme saute de son lit et bondit dans le couloir pour récupérer une bassine et la faire glisser sous le sommier. Une autre se précipite dehors vers le conduit d’eau pour rincer le linge d’une deuxième bassine. Le décor rappelle les dortoirs uni-versitaires soviétiques pour jeunes fi lles où, chaque année, des travaux étaient entrepris, mais où l’humidité revenait à nouveau sur les murs quelques mois plus tard et où les parquets pourrissaient tout aussi rapide-ment.

Tout le monde doit travailler à l’atelier de couture, sans ex-

Fin septembre, Nadejda Tolokon-nikova, l’une des Pussy Riot, a publié une lettre ouverte dans la-quelle elle dénonçait le harcèle-ment dont sont victimes les femmes détenues dans la colonie pénitentiaire de Mordovie, répu-tée particulièrement dure, où elle purge sa peine. Elle disait aussi avoir reçu des menaces de la part de la direction du camp. De son côté, l’administration pénitenti-aire dément toute menace à l’égard de la jeune femme, qui a entamé une grève de la faim, et assure que les conditions de dé-tention de la colonie de Mordo-vie ne diffèrent pas de celles des autres camps de travail russes. Suite à la plainte de la Pussy Riot, le Conseil des droits de l’homme auprès du Président de la Fédé-ration de Russie a lancé une pro-cédure de vérifi cation.

La Russie d’Aujourd’hui s’est rendue dans l’un de ces centres de détention pour femmes, dans la région d’Ivanovo. Derrière l’im-mense clôture en fer de la colo-nie pénitentiaire pour femmes, trois bergers allemands aboient férocement, prêts à se jeter sur leur proie. Les femmes s’arrêtent, sans broncher. Une clôture sépare les baraquements des ateliers de couture.

« On ouvre les sacs, et vite ! », crie la gardienne.

cings, souvenirs d’une vie anté-rieure libre : Alina, incondition-nelle fêtarde, connue de tous les concerts de rocks et discothèques techno. « Jamais je n’aurais cru me retrouver un jour ici », re-connaît la jeune femme. « Dans les baraquements, il fait froid. Mais le pire, c’est qu’il y a des bandes ici et que tu dois te mon-trer sûre de toi si tu veux sur-vivre. Ces groupes de femmes coopèrent avec l’administration. C’est plus facile de faire régner l’ordre ainsi ».

Auparavant, Alina étudiait la

chimie à l’université et passait son temps libre dans les disco-thèques, où elle vendait des dro-gues douces. Elle a été condam-née à trois ans d’incarcération. « Les six premiers mois, j’étais tout le temps sur le qui-vive. Maintenant, on me laisse plus ou moins tranquille », avoue-t-elle. Au total, selon les données rapportées par Maria Kanna-bikh, présidente de la Fondation caritative interrégionale pour l’aide aux prisonniers, la Russie compterait près de 58 000 femmes en détention.

On travaille dans un tiers des prisons

Présidente de la Fondation carita-tive interrégionale pour l’aide aux prisonniers, organisme à but non lucratif, et membre de la Chambre civile de la Fédération de Russie, Maria Kannabikh admet l’existence de problèmes dans les colonies pénitentiaires. « Bien sûr, Nade-jda (Tolokonnikova, ndrl) a raison lorsqu’elle dit que le système pé-nitentiaire doit s’améliorer. Dans de nombreux camps, les prison-niers travaillent plus de 8 heures par jour. Mais seules un tiers des colonies proposent un travail. Et elles sont en concurrence entre

elles », précise-t-elle. Selon un ex-pert, les prisonniers peuvent tra-vailler 10 ou 11 heures par jour, mais reçoivent en échange un sa-laire qui équivaut à celui d’un em-ployé du système pénitentiaire. « J’en ai parlé avec eux : ils disent recevoir environ 150 euros, soit à peu près ce que touche un em-ployé de cantine. Cela dit, le pri-sonnier n’étant pas une personne libre, il lui reste difficile de vérifier l’exactitude de ces témoignages ». Plusieurs reportages récents ont révélé qu’en réalité, les détenus ne sont pas rémunérés.

« Le pire, ce sont les bandes [de détenues]. Tu dois te montrer sûre de toi si tu veux survivre »

Le trafic de drogue est à l’origine de quasiment toutes les incarcérations de jeunes femmes

ception. Sur une table à l’écart, des tsiganes se serrent les unes contre les autres. On ne confi e pas de machines à coudre aux détenues. Réduites à ne manier que les ciseaux, celles-ci coupent méthodiquement, sur chaque pièce, les fi ls à coudre qui dé-passent. Elles sont quasiment toutes ici pour trafi c de drogue. Ces dernières années, leur nombre n’a fait que croître.

Toutes les femmes du camp sont vêtues d’une jupe bleue qui tombe sous les genoux et d’une veste informe, ainsi qu’un large foulard blanc qui recouvre leurs cheveux. Dans la colonie d’Iva-novo, toutes les femmes se res-semblent. Seule la jeune Alina, 20 ans, ressort du lot. Son fou-lard laisse passer ses mèches en « dreadlocks » (rastas). Son nez et son arcade sourcilière portent encore la marque de ses pier-

Au total la Russie compterait près de 58 000 femmes en détention.

Caucase : la main tendue aux bonnes âmes cial, assure Azizkhanov. Il faut résoudre la question du partage des terres entre les différentes composantes nationales de la ré-publique. Il faut aider les retrai-tés, les populations monta-gnardes paupérisées par la dégradation des infrastructures. Nous luttons aussi contre la cor-ruption, l’injustice sociale, l’ex-trémisme religieux, l’illettrisme et l’image négative du Dagues-tan créé par les médias fédéraux, en particulier la télévision ». Mais le problème le plus urgent, c’est de mettre fi n à la violence qui ravage la république. Le rap-port annuel de la Chambre Ci-vique, publié le mois dernier, sou-ligne l’importance d’associer la population aux efforts pour lut-ter contre le banditisme et le ter-rorisme. Le rapport critique vi-vement les structures de sécurité fédérales pour leur in-capacité à communiquer sur leurs opérations, creusant le fossé avec la société civile.

Diviser pour mieux régner est une stratégie vieille comme la politique. Mais appuyer sur les lignes de fracture est dangereux dans une république qui en compte davantage que les autres. Le Daguestan compte une tren-taine d’ethnies différentes qui ont toujours eu du mal à se par-tager les terres.

Le « grand frère » russe a su en jouer et s’est imposé comme arbitre incontesté, tandis que le

Mères du Daguestan ! ». Cette ONG a fait couler beaucoup d’encre depuis sa création en 2007, car elle critiquait violem-ment les autorités, surtout les forces de sécurité accusées d’avoir enlevé et exécuté des di-zaines de personnes : « Les Mères du Daguestan ont immédiate-ment gêné le pouvoir, qui n’y voyait que des veuves de com-battants islamistes ».

Aujourd’hui, cette ONG s’est séparée de ses membres radicaux et se concentre sur la défense des droits des femmes et des per-sonnes incarcérées. Mais elle garde une dent contre le gouver-nement. « Nous n’avons pas été invité au conseil de coordination [des ONG] », rectifi e Svetlana Is-saeva, présidente de Mères du Daguestan. « Les médias du pou-voir continuent de nous diffamer, la police continue de me harce-ler avec des convocations sans sanction judiciaire. Nos comptes sont épiés par le fi sc et il nous est quasiment impossible d’ob-tenir des fi nancements russes », se plaint-elle.

Le label infamant d’« agent étranger » guette-t-il au tour-nant ? « Pour l’instant, nous avons réussit à l’éviter… parce que les comptes sont à sec », sou-rit Issaeva. Gêner le fi nancement des ONG reste donc un outil sé-lectif du pouvoir. Certes, le Da-guestan est en progrès, mais le chemin est encore long.

« Le pouvoir a multiplié les ponts avec la société civile ces dernières années », commente Alucet Azizkhanov, président de l’ONG « Nabat », qui vient en aide aux réfugiés et aux personnes dépla-cées. « Notre nouveau président [de la République, en fonction de-puis janvier 2013, ndlr] Ramazan Abdoulatipov rencontre fréquem-ment les représentants de la so-ciété civile », se félicite cet acti-viste, qui est également directeur adjoint de la Chambre civique, qui regroupe les principales as-sociations et ONG de la répu-blique du Daguestan. Le rôle de cet organisme est de faire l’inter-face avec le gouvernement da-guestanais, qui héberge désormais plusieurs ONG et la Chambre ci-vique dans un vaste bâtiment baptisé « Maison de l’Amitié » en plein cœur de Makhatchkala, la capitale régionale. Juste à côté du siège du gouvernement. Pour dialoguer plus aisément, mais peut-être aussi pour contrôler da-vantage. « Il est vraiment impor-tant pour les ONG de disposer d’une aide matérielle. Certaines ONG n’ont rigoureusement rien pour fonctionner, même pas de téléphone », note Abdourakhman Yunousov, directeur de l’ONG « Rakurs » et vétéran de la dé-fense des droits de l’homme.

« Les demandes de la société civile sont avant tout d’ordre so-

Les populations montagnardes sont les plus paupérisées.

Les produits à base d’or sont

traditionnels dans la région.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

" La situation sociale est à la source de tous nos pro-blèmes. En montagne, le

chômage frappe 60% de la popu-lation. Si notre société civile est quasi inexistante, c’est que la po-pulation n’a pas foi dans les insti-tutions. Les gens estiment que les autorités ne respectent pas la loi. Plus de 50% des gens ne font pas confiance à la police. Or, le salaire d’un policier est le triple de celui d’un professeur d’université. »

IL L’A DIT

Le sociologue Z.Abdoulagatov

russe est naturellement devenu la lingua franca de la république, qui ne compte plus que 4% de Russes au sens ethnique du terme. Depuis les années 90, une autre ligne de division explosive est apparue avec l’intrusion du salafi sme, importé du Proche-Orient. Armes en main, les sala-fi stes mènent une guerre de basse intensité à la fois contre l’islam soufi traditionnel du Caucase et contre le gouvernement de la ré-publique, fi dèle à Moscou. « Mal-heureusement, le salafi sme a de l’avenir, car il est très populaire parmi les jeunes », s’alarme Zaïd Abdoulagatov, sociologue à l’Aca-démie des Sciences. « Les rai-

sons sont plus sociales que reli-gieuses, mais les prêcheurs salafi stes font une propagande très efficace qui exploite le mé-contentement ».

« Le pouvoir a longtemps eu une politique consistant à sépa-rer les ONG loyales des autres, considérées comme des ennemies, note Yunousov. Depuis que le gouvernement a créé un conseil de coordination des ONG, les choses se sont arrangées et un véritable dialogue s’est engagé. Il n’y a désormais plus de bar-rière entre les ONG loyales et les autres ». « Tous sont repré-sentés, et tous sont invités », ren-chérit Azizkhanov. « Même les

PHO

TOSH

OT/

VO

STO

CK-

PHO

TO

PHO

TOSH

OT/

VO

STO

CK-

PHO

TO

REU

TER

S

MA

X A

VD

EEV

04LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Économie

IT

Hi-tech

Bio & médecine

VOICI LE NOUVEAU CLASSEMENT DES START-UPS RUSSES !

110 participants innovateurs et prometteurs

START-UPS RUSSESDécouvrez les présents et les absents !

larussiedaujourdhui.fr/startups

La clientèle russe suit les tendances européennes

Chine reviennent à plus cher », se plaint Tatiana, 24 ans. Toute-fois, l’achat en ligne ne peut pas entièrement remplacer le maga-sin pour la simple et bonne rai-son qu’un vêtement, il faut en général l’essayer. Or la concur-rence en ligne a mis fi n aux va-riations de prix, de 100 à 120% comme en 2009. Aujourd’hui, la différence de prix entre des marques de moyenne gamme et de haut de gamme ne dépasse pas 20-30% (ce qui s’explique par les frais de douane + la TVA de 18%), indique Daria Ïader-naïa. Ce qui freine véritablement la baisse des prix dans le seg-ment des vêtements bon marché est surtout le coût des loyers commerciaux. Les centres com-merciaux sont très sollicités et gonfl ent les prix ; beaucoup sont construits sans étude de marché préalable, sans garantie d’une clientèle suffisante, et le marché est soumis à une conjoncture ins-table. La plupart des détaillants se fi ent aux choix des marques étrangères. Si Zara ou H&M s’y installe, c’est un endroit rentable.

Malgré tout, on remarque un essor des enseignes de vêtements à petits prix comme Oodji, Sela, Bershka, Stradivarius, Incity, River Island, New Yorker ou cer-taines marques russes comme Sportmaster. Cette année, l’alle-

« Mon placard déborde, mais je n’ai rien à me mettre ». Ce leit-motiv de la femme russe carac-térise assez bien la situation glo-bale du marché vestimentaire en Russie. Les marques phares in-ternationales sont omniprésentes, les centres commerciaux sont bondés mais un tiers des Russes continuent de s’habiller sur les marchés en plein air.

Ces deux dernières années, le marché du prêt-à-porter a connu une croissance à deux chiffres et semble avoir atteint son point de saturation. Il est retombé à 2,3% de croissance seulement ces huit derniers mois. « Ce n’est pas encore la crise dont parlent avec effroi les distributeurs, mais nous sommes loin de la crois-sance connue jusqu’à mainte-nant. Une croissance de 2,3% marque indéniablement une sta-gnation du marché », constate Daria Ïadernaia, directrice exé-cutive de l’Esper Group, société de conseil dans l’industrie de la mode. Selon elle, les marques françaises à bas prix tardent à pénétrer le marché russe.

Le secteur porteur est au-jourd’hui celui du bon marché. Une grande partie de la popu-lation continue d’acheter ses vê-tements sur les étals : 29% en tout (contre 37% en 2008), en raison d’un choix limité de tailles en magasin. Pour les grandes tailles, il existe les magasins spé-cialisés mais les prix sont sou-vent très élevés. Par ailleurs, les marchés proposent des contre-façons et des imitations des grandes marques.

Les consommateurs plus jeunes et plus intéressés vont gla-ner les vêtements à petit prix sur Internet. « J’achète quasiment tous mes vêtements en ligne aux États-Unis, profi tant des soldes, des offres spéciales ou de ventes privées. Y compris des grandes marques comme Ralph Lauren. Il y a de bonnes affaires. Je me fais livrer par des services pos-taux, sans passer par la poste russe (qui met trop de temps). Pourquoi en ligne ? Les prix dans les magasins en Russie sont trop élevés et le service médiocre. Même les vêtements fabriqués en

mand Takko Fashion a fait son entrée sur le marché russe.

La directrice marketing de Takko Fashion Russia, Veronika Goriatchaïa, prévoit un gros chiffre d’affaires. « Il existe certes des difficultés pour trouver du personnel qualifi é, des problèmes d’infrastructure et de logistique, des lacunes technologiques, mais le marché russe est un bon choix, cela ne fait aucun doute. Le consommateur a très bien ac-cueilli la marque Takko Fashion et nos ventes le confi rment, ra-conte Veronika. La Russie est un marché immense avec une faible

concurrence par rapport à l’Eu-rope. Les marques occidentales sont en train de le tester par le biais de franchises et beaucoup vont arriver ensuite pour se dé-velopper sur ce marché », ex-plique-t-elle.

Daria Ïadernaïa conclut : « Il y a cinq ans, les marques inter-nationales avaient tendance à amener en Russie une sélection de moindre qualité. Aujourd’hui, avec la concurrence et Internet, ce n’est plus possible. Les prix se rapprochent tant que possible des prix européens et l’assorti-ment est le même ».

ETIENNE BOUCHELA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Transaero et Aigle Azur

entendent séduire une clientèle

russe en pleine croissance. La

concurrence fait rage sur un

trajet historiquement dominé

par Aeroflot et Air France.

Vive concurrence sur la ligne Moscou-Paris

Aviation Libéralisation du transport aérien

des vols est aujourd’hui est au-jourd’hui insuffisante », juge Dmi-tri Stoliarov. Seulement, en l’état actuel, le développement des deux compagnies reste bridé par les conditions posées par l’accord in-tergouvernemental, qui leur ne permettent pas d’augmenter la fréquence de leurs rotations. Cha-cune d’elles assure aujourd’hui un vol quotidien, contre cinq pour Aerofl ot et Air France.

Dans ces conditions, Transae-ro entend miser sur l’améliora-tion de ses services. La compa-gnie prévoit notamment de lancer à bord de ses Boeing 737-800 une nouvelle classe pour ce type d’avion, l’Impériale. « Les voyageurs friands de luxe et d’exclusivité pourront appré-cier l’aménagement de cette classe, équipée de fauteuils cocons convertibles en lit », sou-ligne M. Stoliarov. Un privilège aguicheur qui sera également proposé sur les moyens-cour-

riers. Par ailleurs, la compagnie envisage, d’ici à la fi n de l’an-née, de généraliser l’accès à In-ternet sur 30 de ses appareils. Deux formules tarifaires seront proposées : à l’heure ou illimi-té. La deuxième compagnie russe ne lésine pas : les passa-gers pourront également utili-ser leur téléphone mobile. Au-tant d’appâts qui attireront, sans doute, les hommes d’af-faires du Moscou-Paris. La com-pagnie Aigle Azur, qui a trans-porté 55 000 passagers sur sa ligne Orly-Vnoukovo, veut quant à elle pallier son manque de notoriété sur le marché russe, consciente que près des trois quarts de ses passagers sont de nationalité russe. Son prochain objectif : établir, dans les pro-chaines semaines, des corres-pondances sur le réseau domes-tique russe.

Un signe que l’avion n’est plus tout à fait réservé aux fortu-nés : entre 2011 et 2012, l’Agence fédérale du transport aérien a relevé une hausse du nombre de passagers de 17,4%. En Rus-sie, le transport aérien se porte bien, affichant un taux de crois-sance supérieur à la moyenne mondiale. Désormais plus mo-bile, le citoyen russe perçu comme appartenant à la fa-meuse « classe moyenne » de-vient une cible commerciale convoitée. Un an après avoir ob-tenu l’autorisation d’assurer une liaison entre Paris et Moscou – en vertu d’un accord intergou-vernemental –, Transaero reven-dique quelque 78 000 passagers. Si ce premier bilan est jugé pro-metteur, la direction évalue sur-tout ses possibilités de dévelop-pement : « La demande est en constante progression sur ce tra-jet », se réjouit son directeur adjoint, Dmitri Stoliarov.

Jusqu’à juillet 2012, les vols directs reliant les capitales russe et française étaient uniquement assurés par les compagnies Ae-rofl ot et Air France, réunies au sein de l’alliance SkyTeam. Transaero a obtenu son feu vert en signant un accord d’exploi-tation commune de cette ligne avec la compagnie française Aigle Azur. Cette autorisation a de fait mis fi n à un monopole historique : tandis que les par-tenaires Aerofl ot et Air France effectuent leurs vols de Roissy Charles-de-Gaulle et Moscou Cheremetievo, les compagnies nouvellement introduites trans-portent leurs passagers depuis les deux autres aéroports civils moscovites – Domodedovo et Vnoukovo – jusqu’à Paris-Orly.

« Nous mettons nos forces en commun via un partage de codes afin de faire face à la concurrence, explique Fabrice Ebner, directeur commercial d’Aigle Azur. Ce partenariat nous permet à la fois de propo-ser plus de fl exibilité dans les horaires, mais aussi d’établir un réseau de correspondances », précise-t-il. Ainsi, les passagers voyageant sur vol direct auront désormais la possibilité de choi-sir leur compagnie. La concur-rence est ouverte.

Pour autant, le tandem Tran-saero / Aigle Azur peut-il se me-surer aux prestigieuses Aerofl ot et Air France ? « L’augmentation de la demande sur le trajet Mos-cou-Paris révèle que la fréquence

La demande est en augmentation constante entre les deux capi-

tales, surtout au départ de Moscou.

Transaero mise sur l’amélioration de ses prestations et Aigle Azur, sur une meilleure notoriété en Russie

Chacune des deux compagnies assure un vol quotidien contre cinq effectués par Aeroflot et Air France

Niches attractives

Les grandes lignes du secteur en un coup d’œil

Croissance des secteurs du vête-

ment pour hommes et enfants

et du vêtement de sport. Les dé-penses des familles en vêtements pour enfants ont crû de 50% au cours de ces deux dernières an-nées.Croissance de la vente en ligne. Les analystes évaluent ce marché en Russie à 6,1 milliards d’euros (soit 244,6 milliards de roubles).Consolidation du marché autour

des grands groupes travaillant principalement dans le segment « marché de masse ».

centres commerciaux d’une sur-face combinée de plus de 30 mil-lions de mètres carrés, construits au cours des dix dernières années.

2 000EN CHIFFRES

La concurrence de la vente en ligne et la fidélité aux étals de marchés ont resserré les écarts de prix

EN BREF

L’entreprise française « Iner-gy » va construire sa troisième usine russe, dédiée à la pro-duction de systèmes d’alimen-tation en carburant au sein du parc industriel « Marino » de Saint-Pétersbourg.

« Nous prévoyons d’y pro-duire des réservoirs d’essence en polymères, en particulier pour Ford et Nissan », indique Dmitri Kostek, directeur gé-néral de co-entreprise « Plas-tic Omnium Inergy ».

Inergy enclenche

la troisième

Pour vous infor-mer sur les der-nières nouveautés de l’aviation d’af-faires, consultez notre site.

larussiedaujourdhui.fr/

25853

VICTOR KOUZMINELA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le marché de l’habillement en

Russie donne les premiers

signes de saturation mais il

reste des segments porteurs,

comme celui des vêtements à

bas prix.

Commerce du vêtement Recherche du bon marché de qualité dans le prêt-à-porter

NATALIA MIKHAYLENKO

SERVICE DE PRESSE

05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Économie

MARIA AFONINALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Dans la foulée d’un Cognac Club

à Cognac, Hakob Hakobyan pro-

jette d’en ouvrir un près de

Moscou. Et d’offrir aux produc-

teurs français une porte d’entrée

sur le marché russe.

Après Cognac, Moscou : un club pour amateurs de boisson noble

Spiritueux La famille Hakobyan fait la promotion de l’eau-de-vie fine française à l’épicentre de sa production, mais aussi hors de France

des affaires sur le moment : ce serait pour les petits-enfants, c’est-à-dire pour moi », explique Hakob non sans fi erté. Le grand-père est mort en 2000. En son honneur, la famille a commencé à fabriquer de l’eau-de-vie ven-due aujourd’hui en Russie et dans quelques autres pays sous le nom de Frans. « Mais mon grand-père a toujours rêvé d’avoir quelque chose à Cognac, poursuit Hakob. Il n’a pas vécu pour voir son rêve réalisé, mais en 2006 mon père a trouvé le domaine de Châtenay et décidé de l’acheter ».

Visite du rez-de-chaussée, ses salons, son restaurant et sa salle des fêtes baignée par le soleil, puis Hakob nous montre au deuxième étage le cœur du Domaine – le Cognac Club, où « 110 produc-teurs sont représentés » et où il « va en attirer encore autant d’ici un an ». En tout, les producteurs de cognac sont plus de 300 dans la région.

Le Cognac Club, tout de bois et de velours, impressionne par la diversité des marques et des bouteilles exposées : des monstres

sacrés comme Rémy Martin ou

Hakob Hakobyan, un jeune en-trepreneur de 24 ans, est en pour-parlers pour la création d’un Co-gnac Club dans la proche banlieue de Moscou. En 2014, les grandes marques de cognac, ainsi qu’une grande collection de whiskys et de vins français devraient être présentés dans l’ancienne mai-son d’un chef d’armée soviétique, qui a souvent accueilli Staline. Un tel club a ouvert ses portes cet été à Cognac même, au Do-maine de Châtenay.

C’est là, dans la propriété fa-miliale, que Hakob, qui a fait des études fi nancières à l’université de Londres, a consacré les deux dernières années à la création d’un lieu unique permettant de déguster et d’acheter tous les types de cognac sur le marché. Et c’est là qu’il nous reçoit.

En déambulant dans les salles fraîchement restaurées du châ-teau, le jeune homme raconte qu’au début des années 1990, sa famille a racheté une exploita-tion vinicole à Erevan, en Armé-nie. « À l’époque, on ne fabriquait que du vin rouge, du vin blanc et des mousseux. Mon grand-père aimait beaucoup les cognacs fran-çais. En 1994, après la chute de l’URSS, il est venu à Cognac pour acheter un alambic charentais ». Et la famille Hakobyan a com-mencé à produire de l’eau-de-vie en Arménie.

« Mon grand-père disait tou-jours que ce n’était pas pour faire

Hennessy à de petites entreprises familiales comme Hardy ou Fra-pin. Le gérant du club et ses as-sistants aident le visiteur à s’y retrouver. « Le Club Cognac dans le Château de Châtenay est une vitrine de qualité, cela ne peut que renforcer et véhiculer l’image de ce produit noble », dit Anne Coldebœuf, administrateur des ventes pour Cognac Frapin.

Le Domaine de Châtenay a donc été repris en 2007 par le père de Hakob, Hrayr Hakobyan, un entrepreneur russe d’origine arménienne, qui travaille dans l’aviation, la pêche et le tourisme. Il a confi é la direction du domaine à son fi ls. Restauré en quelques années, le château a ouvert ses portes aux touristes et amateurs de cognac il y a trois mois.

« Ma famille a investi une somme importante, 5 millions d’euros, dans ce projet, mais en fait l’investissement est encore plus grand : ma mère et ma sœur vivent à Paris, mon autre sœur et moi vivons à Cognac depuis deux ans, et mon frère fait ici des études d’œnologue », explique le jeune homme d’affaires.

3FAITS SUR LE CHÂTEAU DE CHÂTENAY

1  Édifié au XVIème siècle, le château est le fief de Louis de Savoie. Il est ensuite pas-

sé dans la famille des Valois, dont le membre le plus connu est Fran-çois Ier.

2  Le château abrite un res-taurant gastronomique, où travaille le chef Chris-

tophe Roumagne. La carte est re-nouvelée tous les quatre mois. Les légumes proviennent du potager du domaine.

3  En juillet dernier, le châ-teau a accueilli 3 500 per-sonnes lors de la dernière

journée du festival Cognac Blues Passions. En 2014, il sera ouvert au public tous les jours de la ma-nifestation.

Il y a cinq chambres d’hôtes au château. Chacune est décorée de façon originale et dans une gamme de couleurs différentes. Chaque chambre est parée d’une salle de bain au carrelage peint à la main en Arménie. Dans l’une d’elles, ce sont les portraits des rois de France qui ornent les murs.

Les repreneurs « ont gardé l’es-prit du château, en ajoutant de la modernité avec raffinement et élégance », explique Marianne Soupé, la propriétaire de la marque de cognac Sylvelune. Les vitraux représentant les anciens propriétaires du domaine ont été conservés et la chapelle accueille désormais des cérémonies de ma-

riage (la première depuis la réou-verture a eu lieu fi n septembre).

Outre la France et la Russie, Hakob Hakobyan compte ouvrir des Cognac Clubs en Belgique, Grande-Bretagne, Suède, Suisse et Chine : « C’est un bon moyen pour les producteurs, surtout les moyens et les petits, d’entrer sur de nouveaux marchés, assez inac-cessibles individuellement ».

Sous les murs du château, des vignes. Mais on ne produit pas de cognac ici. Toute la produc-tion sert à la distillation d’une eau-de-vie conservée pour la des-cendance.

VLADIMIR EMELIANENKOROUSSKI REPORTER

Dans une boutique de Nazran,

en république d’Ingouchie (sud

de la Russie), Akhmed Shadiev

a installé un atelier de couture

aux débouchés prometteurs.

Une peau de poisson tannée prête à porter Innovation Un créateur caucasien vise l’international avec sa technique d’exploitation du matériau fourni par l’esturgeon et la truite

viennent pas. « Admirez », dit Galina Kotovitch, la femme d’Akhmed, en étirant avec une facilité déconcertante deux mor-ceaux de peau d’esturgeon aux refl ets dorés et argentés. Le cuir s’étire comme du tissu stretch.

« La maison de haute couture française Hermès nous a propo-sé un contrat . Mais pour l’ins-tant, je n’ai pas les moyens de les approvisionner en quantité nécessaire. Il faut que j’augmente ma production, explique Akh-med. J’ai réellement conçu un matériau du futur, fonctionnel et bon marché. Ceux qui l’ont vu l’ont immédiatement compris, même s’ils demandent des lots d’essai pour « expertise ». J’ai accepté dès la première demande. Des Français. Je n’ai qu’une condition : faites-en ce que vous voulez, mais vous avez obliga-tion de spécifi er le nom du fabri-cant, la société Shadi, Russie ».

Spécialisé depuis ses jeunes années dans le cuir vestimen-

Lorsque que Shadiev a pro-posé à la ville de Nazran de faire construire entre 130 et 135 usines de traitement de peaux de poisson, on a cessé de le qua-lifi er de « barjo ». Mais les re-présentants et investisseurs po-tentiels se font discrets. « La raison, c’est que les autorités lo-cales ne sont pas en mesure d’évaluer l’ampleur de sa décou-verte ni les perspectives de ce business lucratif », estime Svet-lana Tsoï, créatrice de prêt-à-porter pour la maison Fish Skin, célèbre en Russie et à l’étranger et qui participe régulièrement à la Fashion Week de Paris et de New York.

Pour l’heure, le précurseur du Caucase tient bon et continue d’espérer qu’un jour, la marque « cuir ingouche » portera haut dans le monde les couleurs de la Russie.

Article original publié sur le site de Rousski Reporter

Le créateur a réussi l’audacieux pari de créer dans son coin du Caucase une ligne de vêtements en peau d’esturgeon et de truite destinée à une production mon-diale. Aujourd’hui, la liste des origines de ses commandes est impressionnante : Chine, Alle-magne, Canada, Israël, Espagne.

Les peaux de poisson sont uti-lisées depuis toujours, même si elles s’usent aussi facilement qu’elle se tannent. Celles de l’es-turgeon et de la truite sont si capricieuses et fragiles que leur exploitation n’avait jamais abou-ti. Jusqu’à aujourd’hui. Akhmed Shadlev le prouve pour la qua-trième année consécutive, et les professionnels étrangers n’en re-

taire, ayant appris les secrets de la tannerie pendant ses vacances universitaires, Akhmed avait étu-dié à Volgograd le traitement de la peau de poisson, « un travail à la main, parce que les vête-ments en cette matière sont très fragiles. À Volgograd, j’ai aussi découvert un procédé industriel

qui permet de donner à la peau de poisson une texture similaire à celle du tissu ».

Le créateur a mis au point 27 moyens de fabrication indus-trielle des peaux de poisson, dont deux d’entre elles, l’esturgeon et la truite, répondent pour la pre-mière fois aux normes étatiques russes, GOST : elles possèdent toutes les propriétés d’un tissu standard de par l’épaisseur et la thermostabilité, la fi xation des couleurs résistant au lavage et au nettoyage à sec. En apparence, la matière ressemble à une peau de serpent, mais bénéfi ciant des propriétés du poisson, elle est quasiment imperméable.

« Vous imaginez que nous te-nons dans nos mains la matière du futur ? s’exclame Akhmed. Si le cuir de vache, dont le coût de traitement est colossal, n’en contient au fi nal que 16 à 18%, la peau de poisson est quasiment pure, la teneur pouvant monter jusqu’à 90% ».

Svetlana Tsoï, créatrice de prêt-à-porter pour la maison Fish Skin.

La matière ressemble à la peau de serpent mais elle a l’avantage d’être quasiment imperméable

EUG

ENY

KO

ND

AKO

V

MARIA AFONINA

MARIA AFONINA

MARIA AFONINA

SERVICE DE PRESSE

MA

RIA

AFO

NIN

A

06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Opinions

Préparé parVeronika Dorman

LU DANS LA PRESSELES MESAVENTURES JUDICIAIRES DE GREENPEACE EN RUSSIE

Depuis plusieurs semaines, 30 membres de l’équipage de l’Arc-tic Sunrise sont en détention à Mourmansk. Ils encourent 15 ans de prison pour piraterie, notam-ment pour avoir tenté d’aborder une plateforme pétrolière appar-tenant à Gazprom. Pour les uns, l’action des militants était tota-lement inoffensive et ne mérite pas une telle punition. Les autres y voient une atteinte sérieuse à l’ordre. Pour tous, la réaction du pouvoir est symptomatique.

DANS L’ORDRE DES CHOSES

ÉditorialGAZETA.RU / 04.10

LA GUERRE DE POUTINE

CONTRE GREENPEACE

Gueorgui BovtTHE MOSCOW TIMES / 08.10

PIRATERIE OU

IRRESPONSABILITÉ?

Vladimir KotliarNEZAVISSIMAÏA GAZETA  / 09.10

Cette action est tout au plus un petit acte de hooliganisme. Que le pouvoir monte en épingle cette histoire microscopique en y voyant l’occasion de montrer sa force au monde entier témoigne de sa phobie et de son agressivité croissantes. Malgré la campagne de persuasion à la télévision et dans les sondages, la société russe reste généralement indiffé-rente. Une répression de plus, un autre procès exemplaire n’étonne-ront personne. L’opinion interna-tionale quant à elle ne cesse d’y voir des raisons de sa juste co-lère et notre pouvoir est devenu un partenaire idéal : il fournit de telles raisons à la chaîne.

La dureté démonstrative à l’en-contre des militants de Green-peace est comparable à la sévé-rité avec laquelle ont été punies les Pussy Riot, dans le but de dissuader toute tentative future d’expression politique sur un site religieux. Poutine est convaincu qu’il doit ériger les militants en exemple pour que le monde en-tier sache qu’il n’est pas bon d’in-terférer avec les intérêts russes en Arctique. Les dirigeants russes sont sincèrement convaincus que les membres de Greenpeace sont payés pour exécuter les ordres des ennemis de la Russie, en l’oc-curence ses rivaux pour les res-sources naturelles de l’Arctique.

L’équipage du brise-glace et les membres qui n’ont pas quitté le navire n’ont commis aucun crime et pourraient être remis en liber-té. Mais ceux qui ont escaladé la plateforme et le capitaine, par-faitement au courant du projet, doivent répondre d’avoir enfreint la loi russe sur la sécurité des pla-teformes, ainsi que pour le préju-dice moral infligé aux employés de celle-ci. Ce sera une autre his-toire si l’enquête découvre que cette action était financée par des « écologistes » du type de Do-kou Oumarov (rebelle tchétchène, ndltr) ou par d’importants expor-tateurs de pétrole et concurrents de Gazprom en Arctique.

L’UKRAINE DANS LE CAMP EUROPÉEN ?

Andreï OkaraPOLITOLOGUE

À un mois du sommet qui se tiendra en novembre à Vilnius et au cours du-quel l’Ukraine signera

probablement un accord de libre-échange avec l’Union euro-péenne, chaque journée apporte son lot de « surprises » dans les relations entre Moscou et Kiev. À travers des initiatives tantôt douces, tantôt musclées, les di-rigeants russes visent à faire comprendre à l’Ukraine que sa place est dans l’Union douanière et dans un futur proche au sein de l’Union eurasienne, et non pas dans l’Union européenne. Les chaînes de télévision russes bran-dissent la menace d’un effondre-ment économique, d’une déva-luation de la hryvnia et de la désintégration du pays. En Ukraine cependant, cette vision apocalyptique est accueillie avec ironie. À Kiev, même les euros-ceptiques voient dans cet accord avec l’UE un mécanisme poli-tique pouvant permettre de li-miter le poids du Kremlin dans ses relations avec l’Ukraine. L’in-térêt politique de Moscou est évident : sans l’Ukraine, la Rus-sie n’a jamais été et, semble-t-il, ne pourra jamais être un empire. Pour l’empire russe comme pour l’Union soviétique, l’Ukraine constituait en effet une « masse critique » politique, économique et humaine.

L’intégration au sein de l’Union européenne apparaît bien plus prometteuse que la perspective de rejoindre l’Union eurasienne pour les élites poli-tiques comme pour les forces d’opposition ukrainiennes et de larges couches de la société. Le pouvoir ukrainien comme les oli-garques redoutent l’Union doua-nière et l’Union eurasienne, es-timant que ces initiatives visent à les livrer pieds et poings liés au grand « business » russe. L’op-position ukrainienne est depuis déjà longtemps active dans la défense et la promotion des va-leurs européennes.

La plus grande force de l’UE réside dans la séduction de ses valeurs proclamées : droits de l’homme, priorité accordée à l’in-dividu, garantie du respect de la propriété privée, élections libres et alternance politique.

Les valeurs de l’Union doua-nière s’avèrent problématiques. Le principal argument avancé par les promoteurs ukrainiens de l’intégration eurasiatique est la perspective de prix réduits pour les importations de gaz et de pétrole. Des idéologues de l’Union eurasienne estiment que l’orthodoxie et les racines slaves partagées par la Russie, l’Ukraine et le Belarus constituent les prin-cipales fondations idéologiques de ces projets d’intégration. Tou-tefois, le Kazakhstan, membre infl uent de cette union, se rat-tache à d’autres traditions cultu-relles et religieuses (l’islam).

Quant à tous ceux qui estiment que l’héritage de l’appartenance à l’Union soviétique devrait for-mer la base commune de l’Union douanière et de l’Union eura-sienne, ils se bercent d’illusions sur la manière dont cet héritage

est perçu dans l’espace postso-viétique. Les têtes pensantes à l’origine de la création de l’Union douanière et de l’Union eura-sienne n’ont formulé aucun pro-jet spécifi que en termes de va-leurs, d’où le peu d’enthousiasme des élites et de la population du pays pour l’intégration au sein de ces entités.

La voie de l’intégration au sein de l’Union européenne en faveur de laquelle ont pris position le Président Viktor Yanoukovitch et son entourage proche fragilise

l’autorité morale de l’opposition. Si, par le passé, la rhétorique de l’opposition reposait sur un contraste entre europhilie et eu-rophobie, désormais la quasi-to-talité des atouts en faveur de l’in-tégration au sein de l’UE sont entre les mains de Yanoukovitch. Seul l’emprisonnement de l’an-cienne responsable du gouver-nement, Youlia Timotchenko, constitue un obstacle à des pro-grès rapides sur la voie de cette intégration. L’Ukraine représente un tel enjeu que les dirigeants européens sont prêts à accepter un compromis selon lequel Ti-motchenko ne serait pas libérée mais bénéfi cierait d’un traite-ment médical en Allemagne.

Pour l’Ukraine, la principale difficulté réside dans le caractère imprévisible des conséquences du choix en faveur de l’Union euro-péenne. Les avantages sont évi-dents pour les États fondateurs d’une union aussi puissante et at-tractive que l’UE, et il est bon d’en constituer le noyau avec l’Al-lemagne et la France. Mais qu’en est-il pour un pays récemment intégré ? La classe politique ukrainienne n’a pas encore su of-frir de réponse cohérente.

En outre, la question de l’in-tégration au sein de l’UE a été traitée comme une question re-ligieuse, complètement idéalisée. Le volet des intérêts économiques tangibles de l’Ukraine semble passer au second plan, ce qui ne permet pas de recenser les fai-blesses et les lacunes de la can-didature ukrainienne à l’intégra-tion. Tout cela suppose que la main de l’Union européenne ne tremblera pas en novembre pro-chain et que Bruxelles signera fi nalement avec l’Ukraine cet ac-cord élaboré dans la douleur.

L’auteur est politologue au Centre d’études sur l’Europe orientale.

EXCEPTION ET MULTIPOLARITÉ

Dmitri SouslovPOLITOLOGUE

L’exceptionnalisme, qui a été discuté par Poutine et Obama il n’y a pas long-temps, est l’un des piliers

de l’idéologie américaine et l’une des traditions majeures de la po-litique étrangère des États-Unis. L’exceptionnalisme peut même être considéré comme la cause principale de la difficulté de la superpuissance à comprendre un monde multipolaire et à se dé-faire de son attachement au lea-dership, un attachement qui forme le paradigme de sa politique étrangère et fonde sa philosophie de la participation ou de la non-participation aux relations inter-nationales.

L’exceptionnalisme repose sur l’idée que les États-Unis incarnent le meilleur système politico-so-cial. Le meilleur système de gou-vernance. Un système au centre duquel se trouvent l’individu, sa liberté, ses droits et ses intérêts. Historiquement, dans le contexte de la fi n du XVIIIème et du début du XIXème siècles, c’était une réa-lité. L’exceptionnalisme est ainsi devenu le fondement idéologique de la politique d’isolationnisme des États-Unis, qu’ils ont menée jusqu’au milieu du XXème siècle. Dans une situation où le monde était dominé par des empires eu-ropéens, il n’y avait pas de meil-leur moyen de conserver « l’ex-ceptionnalisme » du système américain.

Lorsque les États-Unis sont passés à une politique étrangère internationaliste, l’exceptionna-

Seul l’emprisonnement de Youlia Timotchenko constitue un obstacle sur la voie de l’intégra-tion au sein de l’UE

Le débat sur les valeurs partagées ne penche pas en faveur de l’Union douanière ou de l’Union eurasienne

lisme est devenu le fondement de l’attachement des États-Unis à leur statut de leader. Ce n’est pas un hasard si ce pays n’a pas pris part à une « régulation » du monde sur des bases égalitaires – selon le schéma qui en ferait un centre parmi d’autres centres d’un monde multipolaire.

Les États-Unis sont passés d’un bond d’une non-participation à une régulation internationale vécue comme « autre », du XVIIIème siècle à la première moitié du XXème siècle, à la créa-tion de leur propre ordre inter-national pendant la deuxième moitié du XXème et le début du XXIème siècles.

Cette approche ne laisse pas de place à un dialogue entre égaux, ne permet pas de faire des États-Unis une des sources de régula-tion parmi d’autes, empêche la participation égalitaire à un sys-tème de prise de décision et de fi xation des priorités mondiales, interdit de participer à la créa-tion et la gestion d’une régulation multipolaire. Quel autre pays que celui possédant le meilleur sys-tème au monde et le mode de vie le plus progressiste pourrait être leader ?

En vertu de leur exceptionna-lisme, les États-Unis ne peuvent qu’être leader dans tout proces-sus international, ou ne pas y prendre part du tout. Il n’y a pas de troisième voie : celle de la par-ticipation sur une base égalitaire.

L’auteur est Directeur adjoint du Centre des études européennes et internationales à l’Université de recherche nationale – Hautes études économiques.

CE SUPPLÉMENT DE HUIT PAGES EST ÉDITÉ ET PUBLIÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), QUI ASSUME L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DU CONTENU. SITE INTERNET WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EMAIL [email protected] TÉL. +7 (495) 775 3114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125 993, RUSSIE. EVGENY ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, JEAN-LOUIS TURLIN : DIRECTEUR DÉLÉGUÉ, MARIA AFONINA : RÉDACTRICE EN CHEF, DIMITRI DE KOCHKO : CONSEILLER DE LA RÉDACTION, ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, ANDREI ZAITSEV : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE PUBLICITE & RP ([email protected]) OU EILEEN LE MUET ([email protected]). MARIA TCHOBANOV : REPRÉSENTANTE À PARIS ([email protected], 07 60 29 80 33 ). © COPYRIGHT 2013, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS.ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL DE DIRECTION, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRODUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÊTES À [email protected] OU PAR TÉLÉPHONE AU +7 (495) 775 3114. LE COURRIER DES LECTEURS, LES TEXTES OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINION” RELÈVE DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTEURS OU DES ARTISTES. LES LETTRES DESTINÉES À ÊTRE PUBLIÉES DOIVENT ÊTRE ENVOYÉES PAR ÉMAIL À [email protected] OU PAR FAX (+7 (495) 775 3114). LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES ET DES PHOTOS ENVOYÉS.LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI ENTEND OFFRIR DES INFORMATIONS NEUTRES ET FIABLES POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LA RUSSIE.

LE COURRIER DES LECTEURS, LES OPINIONS OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT

REPRÉSENTENT DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE LA RUSSIE

D’AUJOURD’HUI OU DE ROSSIYSKAYA GAZETA. MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL :

[email protected].

ILS RÉAGISSENT...Mikhaïl Troitskii

PROFESSEUR AU MGIMO

Edouard PonarinDOCTEUR EN PHILOSOPHIE,HAUTE ÉCOLE D’ÉCONOMIE

Je ne pense pas que l’excep-tionnalisme américain tel qu’il est conçu aux USA, ou du moins parmi les dé-

cideurs politiques américains, représente une menace pour le monde. Je crois à une théorie de la stabilité hégémonique : il est crucial qu’une puissance excep-tionnelle garantisse le respect des règles par tous les pays. Par exemple, il faut lutter contre la piraterie dans le golfe d’Aden ou contre le terrorisme internatio-nal en Afghanistan et au Pakis-tan.

D’un point de vue histo-rique, la conception américaine de l’excep-tionnalisme est issue de

l’isolement du pays par rapport au Vieux Continent ; elle a été renforcée et réinterprétée lorsque les USA ont émergé en tant que puissance dominante après la Se-conde Guerre mondiale. Quoi qu’il advienne, ce statut d’hyper-perpuissance s’achève. Des forces remettent en cause l’ordre mon-dial. Dans de telles circonstances, les États-Unis vont vers une confrontation avec ces forces.

ALEXEY IORSH

07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Culture

Evguéni Grichkovets nous offre avec Le Taquet un recueil de six récits légers et drôles qui mettent en scène avec une bien-veillante ironie des héros or-dinaires dans toute leur dimen-sion humaine . Avec la fragilité et l’opiniâtreté de fourmis, leur agitation paraît vaine et absurde, échappant à leur contrôle et leur conscience.

Le héros du récit qui donne son nom au recueil est en ce sens emblématique. La cin-quantaine bien tassée, Igor Se-mionovitch est un bagarreur assagi et un sévère buveur. Venu de son lointain Oural pour af-faires, l’homme, plutôt rustre, est bouleversé par la rencontre fortuite d’une femme dont il tombe amoureux. Rencontre platonique et fugace. Igor Se-mionovitch est en proie à des émotions qu’il ne comprend pas, comme ce phénomène in-contrôlé qui lui est propre, ce déclic intérieur, ce taquet qui s’abat soudain, coupant l’in-quiétude et la douleur, et le dé-livre de ses angoisses d’homme mieux que les pires beuveries.

Dans la vie des héros de Grichkovets, les intentions avortent et l’action, lorsqu’elle est déployée, n’aboutit pas : Kostia rêve de partir à Mos-cou et laisse passer sa chance (La cicatrice), le soldat risque sa vie pour célébrer son ving-tième anniversaire (La dernière fête), le cadre insomniaque rêve d’aller à Paris et n’en verra rien sauf sa chambre d’hôtel (Un sommeil réparateur). Mais le narrateur de conclure : « J’ai compris que la sagesse était partout, que c’est elle qui im-primait à toute chose son mou-vement régulier et répétitif… Je me suis senti léger… ».

Christine Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Des héros si humains ...

AUTEUR : E. GRICHKOVETS TITRE : LE TAQUET

ÉDITION : BLEU AUTOUR

TRADUIT PAR S. DUDOIGNON

larussiedaujourdhui.fr/

chroniques/litteraires

À L’AFFICHE

LE 7ÈME SALON DU LIVRE

RUSSE

DU 24 AU 26 OCTOBRE CENTRE DE RUSSIE POUR LA SCIENCE ET LA CULTURE RUSSE

Le CRSC invite maisons d’édi-tion, librairies, auteurs, traduc-teurs et tout ceux qui y sont intéressés à se joindre à cette manifestation dont le but est de promouvoir la littérature russe et russophone en France sous toutes ses formes. › www.russiefrance.org

« AM I BEAUTIFUL ? »

JUSQU’AU 2 NOVEMBRELA GALERIE RTR, PARIS

Cette exposition photogra-phique présente sept regards d’artistes russes contemporains sur leur manière de concevoir la

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITELARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

beauté, au temps des réseaux so-ciaux et de l’inflation des images artificielles dans notre vie quoti-dienne. Sont exposées des photos d’Oleg DOU, Tina Chevalier, Mar-go Ovcharenko, Dasha Yastrebova, Maria Yastrebova, Sonia & Mark Whitesnow. › www.rtrgallery.com

EXPOSITION PERSONNELLE

D’ALEXANDRE SMIRNOV

DU 5 JUSQU’AU 23 NOVEMBRELA GALERIE NATALIE BOLDYREFF, PARIS

La Galerie Natalie Boldyreff, si-tuée dans le quartier du Musée du Louvre, organise une exposition personnelle consacrée au peintre Alexandre Smirnov. Le vernissage, en présence de l’artiste, aura lieu le jeudi 7 novembre à partir de 19h. › www.galerie-boldyreff.com

RENCONTRE AVEC ANDRÉ

MARKOWICZ AUTOUR

DE « L’IDIOT » DE FIODOR

DOSTOÏEVSKI

LE 14 NOVEMBRELIBRAIRIE DU GLOBE, PARIS

Cette nouvelle rencontre avec An-dré Markowicz, écrivain, traduc-teur et homme de théâtre, sera consacrée à trois des plus grands romans de Dostoïevski. Pen-dant les prochains mois, André Markowicz échangera avec les lec-teurs sur Les Démons (le 4 dé-cembre), L’adolescent (le 14 jan-vier), Les frères Karamazov (le 12 février). › www.librairieduglobe.com

CHLOÉ VALETTELA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Du 18 octobre 2013 au 23 février

2014, le Musée d’art moderne

de la Ville de Paris accueille une

rétrospective du peintre franco-

russe Serge Poliakoff regrou-

pant près de 150 de ses œuvres.

Avec Serge Poliakoff : splendeurs et mystères de l’abstrait

Peinture Grande rétrospective parisienne

en passant par l’entre-deux-guerres et sa rencontre détermi-nante avec Kandinsky, Delauney et Freundlich, le jeune Poliakoff deviendra fi nalement l’un des ar-tistes les plus modernes, mais aussi les plus énigmatiques de son époque.

Les tableaux de ce grand maître de l’abstraction ne laissent pas indifférents. La vi-sion du spectateur sur le monde s’en trouve modifi ée, les percep-tions, déplacées. Comme si les lignes, les perspectives de sa peinture possédaient une capa-cité à transformer le réel. « Peut-être est-ce le signe que l’art est en train de nous faire sortir de l’ère du spectacle et que nous re-venons, riches d’expériences contradictoires, vers l’ère de l’in-tériorité ? », se demande le di-recteur du musée Fabrice Her-gott. Selon lui, « Poliakoff revient au centre des préoccupations ar-tistiques parce que l’on s’inté-

Déjà plus de 40 ans que la ville de Paris n’avait pas connu une exposition d’une telle envergure, retraçant l’ensemble du parcours artistique de Serge Poliakoff ! La rétrospective «  Le rêve des formes » au Musée d’art moderne (MaM) de Paris est un voyage à travers le cheminement pictural de l’artiste français d’origine russe entre 1946 et 1969.

Ainsi se succèdent différentes périodes et, à travers elles, l’évo-lution de ses peintures, bercées par les rencontres et événements divers. De ses débuts académiques lorsqu’il débarque à Paris, à la gloire fulgurante des années 50-60

resse à nouveau à la manière dont une œuvre d’art est faite ».

Artiste majeur de l’École de Paris, celui qui déclara un jour : « si vous prenez une règle pour faire un carré, il meurt », offre aujourd’hui aux visiteurs la pos-sibilité d’explorer son univers, à la recherche des couleurs, des mouvements chromatiques et des formes à géométrie variable.

Une relecture pensée par la Commissaire de l’exposition Do-minique Gagneux, qui a souhai-

té retrouver toute l’intensité et la spiritualité des œuvres du jeune émigré russe en France, que la vie mènera vers une abstraction toujours plus épurée. « Beaucoup évoquent le caractère "silencieux" de la peinture de Poliakoff. Mais comment parler d’une peinture silencieuse ?, s’interroge Domi-nique Gagneux. C’est justement ce regard que nous avons souhai-té développer, à travers la contem-plation, mais aussi le mystère de sa peinture, en recréant une am-biance, un peu à l’image de celle des églises », précise-t-elle à La Russie d’Aujourd’hui.

Les toiles en exposition « Jaune et noir » (1952), « Compo-sition murale » (1965-1967) ou « Forme » (1968) dévoilent entre autres l’aboutissement des re-cherches de Poliakoff sur la re-lation entre surface et profon-

deur, vibration de la matière, lumière et couleurs. Avec tou-jours cette superposition qui ap-porte une texture dense et iné-dite aux tableaux. «  Cette relecture devrait réserver des sur-prises parce que l’exploration systématique de la forme et de la construction chez Poliakoff exprime un principe extrême-ment contemporain, assure Do-minique Gagneux. C’est un ar-tiste singulier, qui a su se renouveler ».

L’exposition, qui rassemble près de 150 tableaux parmi les-quels des œuvres maîtresses, s’ac-compagne d’un large dispositif documentaire photo et vidéo, ainsi que de nombreux docu-ments d’archives qui apportent un éclairage supplémentaire sur la vie de Poliakoff et sa quête de l’abstraction intégrale.

Composition abstraite, 1968 (à gauche), Composition, 1950 (à droite).

ETIENNE BOUCHEPOUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUU

C’est avec le ballet Marco

Spada, qui mit en vedette

Rudolf Noureev dans les années

1980, que Lacotte revient au

théâtre Bolchoï dont il avait fait

le gala de réouverture en 2011.

Le grand retour de Pierre Lacotte au BolchoïDanse « Marco Spada » : une première en Russie donnée par le chorégraphe français à partir du 8 novembre

complexe », commente le metteur en scène dans le journal Izvestia. « Bien que ce soit un ballet clas-sique, l’action se passe à la fois dans un château, dans la rue et à la campagne. Il se passe tout le temps quelque chose, comme au cinéma. Je pense que le public sera agréablement surpris ».

Passionné par la danse depuis l’enfance, Pierre Lacotte a d’abord commencé comme petit rat à l’Opéra de Paris où il côtoie les danseurs Serge Lifar – qui sera un temps son parrain au sein de l’institution – et George Balan-chine. Sa rencontre avec Lioubov Egorova infl uencera l’ensemble de sa carrière : l’ancienne balle-rine du Mariinsky, émigrée en France à la Révolution, décèle chez le jeune homme le talent requis

À l’origine, l’œuvre avait été pré-sentée à l’Opéra de Paris en 1857, mise en scène par Joseph Mazi-lier sur une musique de Daniel Auber. Exhumé par Pierre Lacotte il y a trente ans pour l’Opéra de Rome – avec Noureev dans le rôle-titre –, Marco Spada fait au-jourd’hui l’objet d’une nouvelle version pour le grand théâtre mos-covite. C’est la première fois qu’il sera représenté en Russie. « C’est un ballet à la fois magnifi que et

avant de donner plusieurs repré-sentations au Bolchoï le mois der-nier. « Je me sens proche des Russes, aussi bien du public que des danseurs », confi e à Izvestia le chorégraphe. En 2000, il donne à Svetlana Zakharova le premier rôle de La Fille du pharaon, monté pour le Bolchoï. Quelques années plus tard, Lacotte s’entiche d’une autre ballerine, Evguénia Obraz-tsova, aperçue dans Les Poupées russes de Cédric Klapisch. L’étoile russe, qui excelle dans La Syl-phide, devient l’une de ses inter-prètes privilégiées. Infatigable, le chorégraphe de 71 ans a reçu en 2012 une distinction spéciale du jury du Prix Benois, une récom-pense honorant son apport consi-dérable à la connaissance du bal-let du XIXème siècle.

Les danseurs

français Ma-

thias Hey-

mann et Lud-

mila Pagliero

dans le ballet

Paquita.

pour le ballet classique et lui fait jurer de se consacrer à cet art.

Fasciné par La Sylphide et son interprète féminine, la danseuse Marie Taglioni, Pierre Lacotte rêve de ressusciter ce ballet roman-tique. C’est chose faite en 1971.

Dès lors, il consacre son travail à ce patrimoine enfoui, s’attachant à reconstituer des œuvres du passé, parmi lesquelles Paquita (1846), recréé pour l’Opéra de Paris en 2001. La troupe est pas-sée par Novossibirsk en 2010

- La fille de Maïakovski nous parle de son passé et de son héritage- Littérature LGBT en Russie : un courant constant- « Auteurs classiques à la Une » : devinez l'oeuvre

Rendez-vous dans la rubrique spéciale Lire la Russie sur larussiedaujourdhui.fr/lire_la_russie

SER

VIC

E D

E PR

ESSE

(2)

AFP

/EA

STN

EWS

GET

TY IM

AG

ES/F

OTO

BA

NK

08LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Magazine

DARIA MOUDROLIUBOVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La onzième édition, qui se

déroulera du 13 au 19 novembre,

propose une sélection variée où

les meilleures productions

russes de 2013 représentent une

large palette de genres divers.

Les meilleurs films russes de l’année visent tous les publics

Cinéma Trois salles parisiennes, l’Arlequin, le Majestic Passy et le Reflet Médicis, accueillent la « Semaine du cinéma russe »

ricains, le plus grand succès de l’année au box-office russe n’a pas à rougir : Légende n°17 est « enfi n un vrai fi lm hollywoo-dien », selon les jeunes qui ont afflué en masse au cinéma pour découvrir l’histoire d’un hoc-keyeur amenant l’équipe de l’URSS à la victoire contre le Ca-nada en 1972. Si la recette n’est pas nouvelle, la réalisation est enlevée et le jeu d’acteur, convaincant.

Selon le directeur de l’événe-ment, le producteur et réalisa-teur Renat Davletiarov, la « Se-maine du cinéma russe » a pour but de montrer autre chose que le seul « cinéma d’auteur, déjà très souvent présenté dans des festivals internationaux. Nous montrons les fi lms de genre, les premiers fi lms d’auteur, les fi lms primés dans des festivals en Rus-sie, et les succès de box-office. Et en même temps, il ne s’agit pas d’une sélection de fi lms chao-tique, mais de la volonté de pro-duire un refl et objectif des ten-dances qui existent dans le cinéma russe d’aujourd’hui ».

(Judas), mais surtout des produc-tions proposant des réalités pa-rallèles (Corps et biens, Les épouses célestes du peuple Mari).

Ce sont ces deux derniers fi lms qui devraient créer l’événement lors du festival à Paris. Corps et biens est le premier long métrage de la très prometteuse Taïsia Igu-mentseva primée à Cannes en mai dernier pour le moyen mé-trage En chemin. Dans Corps et Biens, la jeune réalisatrice pro-pose une vision mi-Kusturica mi-Noce lounguinienne pour cette journée d’apocalypse : les habi-tants d’un minuscule village dé-cident d’organiser un ultime ban-quet avant la fi n du monde, et doivent en affronter les consé-quences lorsque, le lendemain, ils réalisent que celle-ci n’a pas eu lieu.

Les épouses célestes du peuple Mari est quant à lui un ovni mer-veilleux et poétique que l’on pour-rait qualifi er de Decameron païen tant les composantes mystique et érotique sont liées dans ce conte pour adultes. Un kaléidoscope de 22 épisodes évoque la vie de 25 jeunes fi lles du peuple Mari, l’un des derniers peuples païens en Europe et sans doute le plus fl am-boyant, dont les rites anciens ont été par miracle conservés dans la Russie contemporaine.

Les héros de Moi aussi, d’Alexei Balabanov, cherchent eux aussi à atteindre un monde parallèle, celui du bonheur éter-nel. « Un Clocher du bonheur » dissimulé quelque part entre Saint-Pétersbourg et Uglich, dans une zone radioactive où l’hi-ver ne cède jamais au printemps, attire les cinq personnages du film en quête désespérée d’un monde meilleur. Salué au Festi-val de Venise l’année dernière, Moi aussi évite avec maestria les écueils du genre, se transformant de fable tragicomique en fi lm ini-tiatique. Au total, un miroir du cinéma russe actuel.

Après des années difficiles où des crises de fi nancement se succé-daient aux crises d’inspiration dans un chassé-croisé sans fi n, le cinéma russe remonte la pente. Et la bonne nouvelle, c’est que cinéma d’auteur et fi lms de genre amorcent cette remontée main dans la main, des budgets en hausse permettant aux premiers de gagner en professionnalisme, aux seconds en qualité artistique. L’un des fi lms d’auteur les plus attendus de l’automne, Le Géo-graphe a bu son globe (sortie en Russie le 7 novembre), a ainsi été réalisé avec un budget de 4 millions d’euros qui ferait rêver nombre de cinéastes français. Du côté des fi lms populaires, sou-vent décriés pour n’être qu’une pâle copie de leurs modèles amé-

Si le format de la Semaine est identique à Paris et Berlin, le pu-blic, lui, est différent : « Le public français aime le cinéma d’auteur, tandis qu’à Berlin les spectateurs préfèrent le cinéma social », ex-plique Renat Davletiarov. Ce qui n’empêchera pas les programma-teurs de présenter à Paris Une longue et heureuse vie de Khleb-

nikov, un drame social de bonne facture sur la lutte d’un fermier peu conciliant avec une adminis-tration gangrénée par la corrup-tion, ainsi que Elle, de Larissa Sadilova, sur le destin d’une im-migrée tadjik, et La Honte, de Youssoup Razykov, sur la vie des femmes de sous-mariniers dans le nord de la Russie.

La réalité peu reluisante de la vie quotidienne russe qui trans-paraît dans ces fi lms reste l’un des thèmes de prédilection des cinéastes russes, mais trouve un contrepoids dans les tout aussi nombreux fi lms échappatoires. Parmi eux, des fi lms héroïco-pa-triotiques (Légende n°17, le fi lm-catastrophe Métro) ou religieux

Une scène du film Légende n°17 (en haut), Corps et biens d’Igoumentseva (à gauche) et Les épouses

célestes du peuple Mari (à droite).

MARIA AFONINALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

À contre-courant de la tendance

pro-asiatique et européenne,

Sergueï Berezoutski a choisi de

se faire le chantre d’une cuisine

typiquement russe. Le succès

est au rendez-vous.

Aux sources ancestrales de la cuisine russe Gastronomie Un jeune chef remet au goût du jour des produits traditionnels du terroir et puise son inspiration dans le folklore national

des études à Saint-Pétersbourg, c’est un stage dans un restau-rant américain à Chicago, « Ali-néa », détenteur de trois étoiles Michelin, qui lui a donné le goût des bons produits et du travail bien fait. Sa spécialité : les pro-duits russes d’antan qu’il remet au goût du jour. « Personne ne fera mieux une pizza qu’un Ita-lien, pourquoi vouloir occuper ce créneau ? Nous avons tant d’excellents produits russes », clame Sergueï.

« En plus du fameux crabe de Kamtchatka, que tout le monde connaît, et du pain de Borodi-no, nous avons aussi le meilleur des saumons, le saumon rouge, le lichen, les baies, le jus de bou-leau et bien d’autres… ».

C’est sur ces produits spéci-fi ques que Sergueï a misé du-rant les Saisons de la Gastro-

sons de la Gastronomie franco-russe. Les jeunes chefs com-mencent à voyager et présenter la cuisine russe sous un autre jour, ce qui éveille la curiosité pour la cuisine et à la culture russes ».

Sergueï Berezoutski n’hésite pas à puiser son inspiration aussi dans les contes folklo-riques. C’est le cas de la « Soupe à la hache », un plat de blé aux petits légumes, potiron et argou-sier, ou encore de la « Nappe magique », qui se couvre de vic-tuailles comme par enchante-ment. Ce symbole d’hospitalité et d’abondance réjouira les convives avec un assortiment de desserts typiquement russes, dont de petites bûches de bou-leau délicieuses. L’hospitalité : sans doute le maître mot de ce chef atypique.

Son restaurant moscovite « Kak Est’ » (Comment manger), on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ou plutôt si, car c’est elle qui sert de poignée de porte à cette enseigne ouverte il y a cinq mois. À l’intérieur, en guise de déco, des branches de sorbier, des ca-nards dodus et des conserves maison, comme sorties tout droit de la cave de la babouchka. Le jeune chef avoue avoir mis son grain de sel pour l’aménagement du nouvel espace.

Sergueï n’a que 27 ans. Après

nomie franco-russe qui se sont déroulées sur la Côte d’Azur fi n août dernier, en séduisant les papilles du public français avec ses coquilles Saint-Jacques au

caviar, ses radis crème-vodka et son orge perlée aux petits lé-gumes pour terminer par son fameux dessert aux framboises Rubus.

« Dans le temps, les familles d’aristocrates cossus avaient des propriétés dans le Nord, où poussait cette baie qui faisait le bonheur des dames et des petits princes. Elle ressemble à la fram-boise arctique, avec un goût très prononcé », explique Sergueï. Le chef français Erwan Louai-sil du « Moulin de Mougins », avec qui Sergueï a travaillé pen-dant cinq jours, intrigué par cette baie rare, a promis de se renseigner auprès de son épouse russe.

Les Saisons furent l’occasion également de déguster les plats respectifs des deux chefs ju-meaux Berezoutski, Sergueï et Ivan, chef au restaurant « PMI bar » à Saint-Pétersbourg.

« La gastronomie russe com-mence à renaître, dit Natalia Marzoeva, directrice des Sai-

Sergueï Berezoutski ressert à sa façon la « Soupe à la hache ».

Le Prochain NUMÉRO

20Novembre

Recevez les dernières nouvelles de Russie

larussiedaujourdhui.fr/subscribe

SER

VIC

E D

E PR

ESSE

(3)

SER

VIC

E D

E PR

ESSE

(2)