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Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux Distribué avec Mercredi 16 mai 2012 Staline continue de diviser les Russes Un roman en écho à la révolution bolchevique Héros ou tyran : le mythe à deux faces du leader sovié- tique 60 ans après sa mort. La vie d’un émigré russe à Paris bascule lorsqu’il revit la tragédie du Potemkine dans le film d’Eisenstein. P. 3 P. 7 PAGE 2 PAGE 5 Un bastion reconverti À la frontière Est du pays, Smolensk a protégé la Russie des envahisseurs à maintes reprises au fil de la longue his- toire du pays... avant d’épouser une vocation touristique. PAGE 4 Une cavalière de l’équipe conjointe de l’Escorte de la cavalerie d’honneur du Régiment présidentiel et de l’École d’équitation du Kremlin, invitée à participer aux célébrations de l’anniversaire du couronnement de la Reine du Royaume-Uni, Elisabeth II. Retrouvez sur notre site Web le reportage et le diaporama du vil- lage de Poutilkovo où l’équipe s’est préparée à l’événement : larussiedaujourdhui.fr/14559. PHOTO DU MOIS Les chevaux d’honneur Stratégie pour une place sur les écrans étrangers « Le cinéma russe souffre d’un double handicap : un manque de demande à l’étranger et une mau- vaise commercialisation » , constatait le producteur Evgue- ni Guindilis lors d’une table ronde le 20 avril à Moscou. « Nous voulons que le cinéma russe puisse être présenté aux publics étrangers. Nous voulons PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Les films russes s’exportent mal. Leur projection dans les grands festivals doit s’accompagner d’une amélioration de la formation et de la recherche de co-productions internationales. Cinéma Des films russes programmés au Festival de Cannes SUITE EN PAGE 7 L’alliance franco-japonaise Renault- Nissan prendra progressivement le contrôle du russe Lada d’ici à 2014 sur un marché qui se porte bien. Le prix a été fixé, mais les modalités du financement restent à préciser. ma »), un organisme d’État char- gé de la promotion du cinéma russe. On en est loin. La présence de celui-ci sur les écrans étrangers reste minimale à ce jour. Hormis quelques rares fi lms d’art et d’es- sai comme Elena ou Faust qui, auréolés de prix dans les grands festivals, font une carrière ho- norable en salle, la production russe reste à consommation na- tionale. Le cinéma populaire est estampillé « inexportable » et la plupart des films d’art et d’essai passent à côté du radar des dis- tributeurs internationaux. Diversité sous les couleurs russes aux JO L’heure des « gestionnaires de crise » PAGE 8 PAGE 6 RENCONTRES À l’approche des Jeux Olym- piques de Londres, nous som- mes allés à la rencontre de qua- tre sportifs russes de haut niveau issus de l’immigration. Ces garçons et filles, qui se sen- tent russes à part entière, ont toutes les chances de faire par- tie cet été d’une délégation na- tionale aux couleurs de la di- versité. Ils nous parlent de leur pays, de leur identité et de leur culture russes ainsi que de leurs ambitions sportives. Le politologue russe Boris Me- jouev évoque, parmi trois orien- tations possibles de la politi- que russe sous Poutine 3.0, le besoin d’une « caste » dirigean- te apte à gérer les crises. Produit de Russia Beyond the Headlines SUITE EN PAGE 2 OPINIONS EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR Le voilier géant Sedov fera le tour du monde en 394 jours LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR/14572 MAXIME TOVKAÏLO, PHILIPPE STERKINE VEDOMOSTI Pour son sextennat, Vladimir Poutine souhaite améliorer le quotidien des Russes. Au cours de ses deux précédents man- dats, il n’avait réalisé qu’un tiers de ses promesses électorales. La poursuite du chantier inachevé Programme présidentiel Poutine a défini les priorités de son troisième mandat, privilégiant les investissements Dès son investiture, le 7 mai, l’ex- et nouveau président a signé 11 décrets fixant les objectifs et les priorités de son nouveau man- dat. Si la plupart reprennent les points annoncés dans son pro- gramme électoral, selon son porte-parole du Dmitri Peskov, les délais de réalisation y sont plus clairement énoncés. Vladimir Poutine a évalué son programme à 1,5% du Produit intérieur brut en dépenses sup- plémentaires annuelles. Le mi- nistère des Finances vise plutôt 2%, et le Centre de recherches macroéconomiques de Sberbank chiffre le montant à 1,3 trillions d’euros entre 2012 et 2018. Le programme s’articule autour des axes suivants : l’éco- nomie (climat favorable aux in- vestissements) ; le social (loge- ment, santé, enseignement et science, démographie, règlement des conflits interethniques, pro- blèmes administratifs) ; l’armée (réforme du service militaire, mo- dernisation de l’industrie mili- taire) et la politique étrangère. L’investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de six ans a été retransmise par six chaînes de télévision nationales. La « marche des Millions » du 6 mai en riposte à l’inves- titure de Poutine a débou- ché sur des affrontements sanglants entre manifestants et forces de l’ordre. Lada roule pour Renault voir nos stars sur les écrans euro- péens et dans des productions américaines », ambitionne Elena Romanova, directrice du dépar- tement international de « Fond Kino » (« Fonds pour le Ciné- La contestation se durcit © RIA NOVOSTI ITAR-TASS LORI/LEGION MEDIA ALAMY/LEGION MEDIA © RAMIL SITDIKOV_RIA NOVOSTI REUTERS/VOSTOCK-PHOTO AP ITAR-TASS ITAR-TASS

La Russie d'Aujourd'hui

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux

Distribué avec

Mercredi 16 mai 2012

Staline continue de diviser les Russes

Un roman en écho à la révolution bolchevique

Héros ou tyran : le mythe à deux faces du leader sovié-tique 60 ans après sa mort.

La vie d’un émigré russe à Paris bascule lorsqu’il revit la tragédie du Potemkine dans le film d’Eisenstein.

P. 3

P. 7

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Un bastion reconvertiÀ la frontière Est du pays, Smolensk a protégé la Russie des envahisseurs à maintes reprises au fil de la longue his-toire du pays... avant d’épouser une vocation touristique.

PAGE 4

Une cavalière de l’équipe conjointe de l’Escorte de la cavalerie d’honneur du Régiment présidentiel et de l’École d’équitation du Kremlin, invitée à participer aux célébrations de l’anniversaire du couronnement de la Reine du Royaume-Uni, Elisabeth II. Retrouvez sur notre site Web le reportage et le diaporama du vil-lage de Poutilkovo où l’équipe s’est préparée à l’événement :larussiedaujourdhui.fr/14559.

PHOTO DU MOIS

Les chevaux d’honneurStratégie pour une place sur les écrans étrangers

« Le cinéma russe souffre d’un double handicap : un manque de demande à l’étranger et une mau-vaise commercialisation », constatait le producteur Evgue-ni Guindilis lors d’une table ronde le 20 avril à Moscou. « Nous voulons que le cinéma russe puisse être présenté aux publics étrangers. Nous voulons

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Les films russes s’exportent mal. Leur projection dans les grands festivals doit s’accompagner d’une amélioration de la formation et de la recherche de co-productions internationales.

Cinéma Des films russes programmés au Festival de Cannes

SUITE EN PAGE 7

L’alliance franco-japonaise Renault-Nissan prendra progressivement le contrôle du russe Lada d’ici à 2014 sur un marché qui se porte bien. Le prix a été fixé, mais les modalités du financement restent à préciser.

ma »), un organisme d’État char-gé de la promotion du cinéma russe.

On en est loin. La présence de celui-ci sur les écrans étrangers reste minimale à ce jour. Hormis quelques rares � lms d’art et d’es-sai comme Elena ou Faust qui, auréolés de prix dans les grands festivals, font une carrière ho-norable en salle, la production russe reste à consommation na-tionale. Le cinéma populaire est estampillé « inexportable » et la plupart des � lms d’art et d’essai passent à côté du radar des dis-tributeurs internationaux.

Diversité sous les couleurs russes aux JO

L’heure des « gestionnaires de crise »

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RENCONTRES

À l’approche des Jeux Olym-piques de Londres, nous som-mes allés à la rencontre de qua-tre sportifs russes de haut niveau issus de l’immigration. Ces garçons et � lles, qui se sen-tent russes à part entière, ont toutes les chances de faire par-tie cet été d’une délégation na-tionale aux couleurs de la di-versité. Ils nous parlent de leur pays, de leur identité et de leur culture russes ainsi que de leurs ambitions sportives.

Le politologue russe Boris Me-jouev évoque, parmi trois orien-tations possibles de la politi-que russe sous Poutine 3.0, le besoin d’une « caste » dirigean-te apte à gérer les crises.

Produit de Russia Beyond the Headlines

SUITE EN PAGE 2

OPINIONS

EN LIGNE SURLARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

Le voilier géant Sedov fera le tour du monde en 394 joursLARUSSIEDAUJOURDHUI.FR/14572

MAXIME TOVKAÏLO, PHILIPPE STERKINEVEDOMOSTI

Pour son sextennat, Vladimir Poutine souhaite améliorer le quotidien des Russes. Au cours de ses deux précédents man-dats, il n’avait réalisé qu’un tiers de ses promesses électorales.

La poursuite du chantier inachevéProgramme présidentiel Poutine a défini les priorités de son troisième mandat, privilégiant les investissements

Dès son investiture, le 7 mai, l’ex- et nouveau président a signé 11 décrets � xant les objectifs et les priorités de son nouveau man-dat. Si la plupart reprennent les points annoncés dans son pro-gramme électoral, selon son porte-parole du Dmitri Peskov, les délais de réalisation y sont plus clairement énoncés.

Vladimir Poutine a évalué son programme à 1,5% du Produit intérieur brut en dépenses sup-plémentaires annuelles. Le mi-nistère des Finances vise plutôt 2%, et le Centre de recherches macroéconomiques de Sberbank chiffre le montant à 1,3 trillions d’euros entre 2012 et 2018.

Le programme s’articule autour des axes suivants : l’éco-nomie (climat favorable aux in-vestissements) ; le social (loge-ment, santé, enseignement et science, démographie, règlement des con� its interethniques, pro-blèmes administratifs) ; l’armée (réforme du service militaire, mo-dernisation de l’industrie mili-taire) et la politique étrangère.

L’investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de six ans a été retransmise par six chaînes de télévision nationales.

La « marche des Millions » du 6 mai en riposte à l’inves-titure de Poutine a débou-ché sur des affrontements sanglants entre manifestants et forces de l’ordre.

Lada roule pour Renault

voir nos stars sur les écrans euro-péens et dans des productions américaines », ambitionne Elena Romanova, directrice du dépar-tement international de « Fond Kino » (« Fonds pour le Ciné-

La contestation se durcit

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02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Politique

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE FIGARO, FRANCE•THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE •EL PAÍS, ESPAGNE •LA REPUBBLICA, ITALIE•LE SOIR, BELGIQUE •DUMA, BULGARIE •GEOPOLITICA, SERBIE •AKROPOLIS, GRÈCE •THE WASHINGTON POST ET THE NEW YORK TIMES, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, INDE •YOMIURI SHIMBUN, JAPON• CHINA BUSINESS NEWS, CHINE •SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) •LA NATION, ARGENTINE•FOLHA DO SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY. EMAIL [email protected]. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)

Poutine programme ses priorités jusqu’en 2018

Pour Poutine, la priorité de son troisième mandat reste la poli-tique sociale. D’ici à 2018, l’es-pérance de vie devrait passer de 69 ans actuellement à 74 ans et le revenu moyen du travail aug-menter de 1,4-1,5 fois. Dès 2012, la rémunérarion des enseignants rejoindra la moyenne des salai-res, tandis que celle des profes-seurs d’université et des méde-cins devrait doubler au cours des six prochaines années. Selon les estimations du Centre de recher-ches macro-économiques, ces deux seules mesures se chiffrent à 87,5 milliards d’euros.

Pas question de hausse des re-traites dans les décrets mais Pou-tine a décidé d’en augmenter le montant pour ceux qui conti-nuent de travailler au-delà de l’âge minimum requis. Le rec-teur de l’École économique de Russie, Sergueï Gouriev, y voit une manière détournée de rele-ver l’âge de la retraite. Non pas détournée mais délibérée, cor-

Poutine a transmis à Medvedev le soin d’achever les privatisations.

Selon le vice-président de la Raiffeisenbank, Andreï Stepa-nenko, seule la Sberbank peut assurer des crédits au taux exigé. Si l’on en croit les prévisions d’ici à 2014, le gouvernement espère maintenir l’in� ation à 4-6%, le

taux maximum pour le crédit au logement devant alors tourner autour de 8%. Pour assurer ce taux, il faudrait mettre en place un véritable marché de l’épar-gne à long terme, considère Ste-panenko : « Ce marché peut être créé à l’aide de l’argent des re-traites ».

Pour le directeur du départe-ment des ventes de Uniastrum Bank, Egor Chkerine, les gros-ses banques d’État peuvent émet-tre des obligations hypothécai-res pour 5 à 10 ans, le taux atteignant alors 9-10%. Or, une augmentation des crédits immo-biliers en l’absence de logements supplémentaires risque d’entraî-ner une hausse des prix.

Poutine compte par ailleurs créer ou moderniser 25 millions de postes de personnel quali� é et augmenter la part des tech-nologies de pointe dans le PIB (elle est actuellement de 11,6%). D’ici à 2018, la productivité de-vrait être multipliée par 1,5 par rapport à 2011 et la Russie grim-per de la 120ème place à la 20ème dans le classement Doing Business.

N’ayant pas exécuté, en tant que Premier ministre, le pro-gramme des privatisations, Pou-tine l’a renvoyé à son successeur Medvedev en le chargeant de le réaliser pour octobre 2012. La privatisation de Rosneft aura l’avantage d’apporter de la li-quidité au marché russe, selon Denis Borissov, expert de Nomos bank. À ce jour, la capitalisation de la totalité des sociétés russes est égale à celle de deux améri-caines : Apple et Google.

Gouriev se garde de tout pro-nostic sur la réalisation des pro-jets de Poutine. Le programme précédent, connu sous le nom de « la stratégie de Gref », n’a été réalisé qu’à 36%, selon les chif-fres du Centre des études stra-tégiques. Bilan : amélioration du niveau de vie, PIB doublé, un budget d’État dans le positif mais échec en matière d’institutions publiques et de gouvernance lo-cale, de réforme juridique et de diversi� cation économique.

ROLAND OLIFANTTHE MOSCOW TIMES

Les activistes, journalistes et particuliers pourront désormais accéder plus facilement aux informations des entreprises et agences gouvernementales en matière d’environnement.

Le Kremlin fait le lien écologie-intérêts du pays

Environnement Les règles vont se durcir

ment, l’introduction progressive d’un système d’audit environne-mental et le tri de tous les dé-chets.

Le document n’offre aucune estimation des coûts de cette transition vers des normes plus strictes, mais précise que de tels projets seront � nancés par les budgets fédéral et régionaux, ainsi que par des partenariats public-privé.

Les écologistes ont salué l’ini-tiative tout en précisant que même si la stratégie promet des évolutions, elle offre peu de dé-tails. « Nous accueillons favora-blement tout document visant à mettre en place un système de protection de l’environnement », commente ainsi Vladimir Tchou-prov, directeur du programme énergétique de Greenpeace Rus-sie. « Malheureusement, le do-cument est très incomplet : même s’il contient de bonnes proposi-tions, aucun passage n’explique concrètement comment elles se-ront appliquées. Aucun organe ministériel n’est nommé pour su-perviser ces politiques ; par exemple, le texte est entièrement écrit à la voix passive ».

Mais Tchouprov a chaleureu-sement salué l’engagement d’in-clure les problèmes environne-mentaux dans les nouvelles mesures d’éducation nationale, point qu’il considère comme une des priorités de la stratégie.

Pour la première fois, le Kremlin reconnaît que « les problèmes écologiques mondiaux liés au changement climatique, à une perte de biodiversité, à la déser-ti� cation et à d’autres processus environnementaux négatifs » ont un impact sur les intérêts de la Russie. Un rapport publié juste avant que Dmitri Medvedev ne quitte la présidence note aussi le mauvais traitement des eaux, la dégradation des terres agri-coles et les quantités croissantes de déchets comme des dé� s ma-jeurs auxquels le pays se trouve confronté. Les propositions in-cluent la promotion « d’une crois-sance économique axée sur l’en-vironnement », en réduisant radicalement la pollution indus-trielle pour atteindre les niveaux « d’autres pays développés » et en renforçant considérablement l’éducation en matière d’envi-ronnement dans les programmes scolaires.

Les entreprises pourraient se voir imposer des contrôles d’im-pact sur l’environnement pour tous leurs projets de développe-

" Poutine a toujours été un politicien pragmatique. Quand il est arrivé au

pouvoir, la contrainte était la vo-lonté de la classe dirigeante de conserver ses titres de propriété, ce qu’il a négocié. Aujourd’hui, la contrainte est de transformer la Russie en un État européen. Qu’il le veuille ou non, Poutine devra s’adapter. STANISLAV BELKOVSKI, POLITOLOGUE

" Poutine présente la Russie comme un partenaire pré-visible. C’est un important

signal pour les Occidentaux : il n’y aura plus de coupures de gaz en Ukraine, d’expéditions blindées en Géorgie. Si l’Occident n’intervient pas dans les affaires intérieures russes. KONSTANTIN EGGERT, EXPERT

ILS L’ONT DIT

« Pragmatique »

rige Vladimir Nazarov de l’Ins-titut Gaïdar : « C’est l’une des manières de lutter contre le dé-� cit des caisses et pour qu’elle soit efficace, il faut motiver les citoyens et les encourager à continuer de travailler. Par exem-ple, par le biais de cette hausse de la pension pour quelqu’un qui travaille cinq ans de plus après l’âge légal ».

D’ici à 2018, chacun doit pou-voir améliorer ses conditions de logement au moins tous les quin-ze ans, mentionne Poutine dans ses décrets. Pour cela, le taux de crédit immobilier ne doit pas dé-passer le taux d’in� ation de plus de 2,2%, tandis que le prix au mètre carré du logement doit di-minuer de 20%, porté par un pro-gramme de construction de lo-gements sociaux. Selon la Banque centrale, en avril, le taux de crédit immobilier était de 12,1% et l’in� ation seulement de 3,1%. D’après le calcul de Pou-tine, les banques ne devaient pas proposer un taux supérieur à 5,8% annuels.

D.KARTSEV ET G.TARASSEVITCHRUSSKI REPORTER

L’appel du 6 mai a provoqué des affrontements à défaut d’une large mobilisation contre l’investiture présidentielle.

L’opposition ne baisse pas les bras, la police non plusContestation L’investiture de Vladimir Poutine entachée par des manifestations qui ont dégénéré dans la violence et la répression

était ouverte : la marche pouvait reprendre. Tout le monde s’est levé. Et c’est là que la cohue a com-mencé : quelqu’un est tombé à terre alors que des manifestants tentaient d’enfoncer les lignes de l’OMON sur le pont… Les heures qui ont suivi ont été indescriptibles. Les opposants les plus ardents se jetaient sur les OMON, lançant dans leur direc-tion des pierres et des fumigènes, recevant en retour une pluie de coups de matraque.

Entre-temps, la durée autori-sée de la manifestation s’était écoulée, mais la police a mis 40 minutes avant de commencer à disperser la foule. Ceux qui étaient plus éloignés de l’épicentre ont pu quitter les lieux. Les autres se sont retrouvés encerclés par la po-lice. Les coups pleuvaient, même sur ceux qui ne participaient pas aux violences : de vieilles femmes ou des étudiants étrangers de pas-

À noter aussi que très peu de nationalistes étaient présents le 6 mai. C’est encore une preuve de la dissolution des alliances poli-tiques de circonstance que favo-risait l’humeur antipoutinienne générale. Le dialogue entre les op-posants modérés et le pouvoir ne n’a pas eu lieu. Le mouvement contestataire reste massif, même s’il a perdu des partisans en rai-son de la simpli� cation des slo-gans. Ce n’est plus un mouvement citoyen, mais politique.

Depuis le 7 mai, plusieurs centaines de contestataires se sont engagés dans une « mani-festation itinérante » ininter-rompue dans le centre de Mos-cou. Malgré des interpellations en masse, la police n’a pas réus-si à endiguer la « promenade ». Les manifestants poursuivent leurs actions en ayant etabli un campement dans le square de la capitale.

En approchant de la place Bolo-tnaïa, destination � nale de ce qui avait été présomptueusement bap-tisé « la marche du million », la foule s’est arrêtée subitement. Une chaîne d’OMON (troupes anti-émeutes) barrait le passage vers le pont de Pierre, qui mène au Kremlin, mais il restait un cou-loir vers la place. Les rangs en tête du cortège ont cessé d’avan-cer et l’opposant Alexeï Navalny a appelé les manifestants à s’as-soir sur le sol jusqu’à ce que l’ac-cès à la place soit complètement dégagé. Par la suite, ce « sit-in » sera quali� é de provocation. Puis l’information s’est répandue dans la foule selon laquelle la place

sage. Bilan : plus de 400 person-nes interpellées, plusieurs dizai-nes de blessés parmi les manifestants et la police, et sur le fond, une polarisation croissan-te entre le pouvoir et l’opposition, voire des tiraillements au sein de cette opposition. La question

centrale étant : comment est-on arrivé à un si triste résultat ?

La plupart des manifestants n’avaient pas du tout prévu de se battre avec la police, ni de mar-cher sur le Kremlin ou de cam-per dans le centre de Moscou - voir plus loin. Mais il est clair aussi

que l’humeur sur Bolotnaïa di-manche 6 mai n’était plus du tout celle des manifestations massives précédentes. La créativité amu-sée a laissé place à la colère.

Les premières manifestations étaient toujours précédées de que-relles autour du choix des ora-teurs : Navalny, Sobtchak, Akou-nine, Koudrine, Nemtsov, Prokhorov, Oudaltsov, Tchiriko-va… Mais le 6 mai, la plupart d’entre eux n’étaient pas présents sur Bolotnaïa. Le cortège n’est pas arrivé à destination, occultant le fossé entre ceux qui mènent et ceux qui suivent.

Une marche autorisée tourne mal sous les yeux de 50 000 personnes rassemblées au centre de Moscou

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Dossier

VLADIMIR ROUVINSKYLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Soixante ans après la mort de Joseph Staline, son image est conspuée, adulée, exploitée, mais surtout ignorée. Une nouvelle campagne vise à refermer la fracture.

Staline : le mythe à deux faces Société Tyran ou héros ? Le souvenir du dirigeant soviétique continue de hanter et de diviser la mémoire collective russe

Les murs du Kremlin dominent une place sur laquelle, il y a plus de vingt ans, des centaines de milliers de Moscovites manifes-taient contre le régime soviéti-que. Aujourd’hui, au même en-droit dans la galerie marchande souterraine « Okhotniy riad », des touristes se font prendre en photo pour quelques roubles avec des personnages transformés en faux Lénine ou Staline. « C’est moi qui suis le plus demandé. Il m’arrive de gagner jusqu’à 500 euros par jour », se vante Stali-ne. Ses clients : surtout des pro-vinciaux. Il arrive aussi que des nostalgiques du communisme dé� lent sous des bannières à l’ef-� gie de leur grand homme.

AmbivalenceEn réalité, les sociologues du Le-vada-Centre, un institut spécia-lisé dans la recherche sur la so-ciété russe contemporaine, constatent que la cote de popu-larité de Staline a légèrement baissé ces dix dernières années, à 30%. Aimeriez-vous vivre sous Staline ? Les Russes ne sont que 3% à dire oui. La division ma-nichéenne entre anti et pro-Sta-line a elle aussi vécu : 60% des Russes ont une double vision du personnage ; d’une part, le tyran cruel qui a fait des millions de victimes et d’autre part, le chef d’État avisé qui incarnait la grandeur de l’Union soviétique. En Occident, Staline est associé à la terreur du Goulag et à la collectivisation de l’agriculture qui a conduit à la famine. Mais en Russie, cette image est pour certains effacée par celle du vain-queur du nazisme.

Boris Doubine, directeur des recherches socio-politiques au Levada-Centre, résume l’inévi-table con� it : mettre en avant les réalisations de l’URSS sous Sta-line, c’est une façon de justi� er ses crimes ; mettre l’accent sur la terreur, c’est attenter à l’iden-tité des Russes qui sont � ers de leur passé. « Nombre de mes ca-marades dont des parents furent victimes de la répression affir-ment sans regret que leurs pro-ches étaient des criminels ! », écrit Alexandre, 15 ans, dans une rédaction sur le thème de Sta-line organisée à la demande de La Russie d’Aujourd’hui dans un lycée de Moscou.

Les dirigeants actuels tiennent un discours ambivalent eux aussi. « À mon avis, on ne peut pas juger de manière générale », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une allocution officielle en 2009, soulignant que sous Sta-line, l’URSS est devenue une vé-ritable puissance industrielle, côté pile d’un régime qui a fait aussi de trop nombreuses victi-mes. Doubine considère que ces deux images de Staline sont in-dissociables dans la conscience collective et peuvent se réveiller séparément, selon le contexte.

Le héros du peuple Les sociologues expliquent la po-pularité de Staline de nos jours par le phénomène du « mythe ». Staline n’est pas un personnage historique concret mais le sym-bole héroïque du peuple sovié-tique. C’est l’image du vainqueur de la Seconde Guerre mondiale et de la Russie érigée en puis-sance militaire et industrielle, explique Boris Doubine.

Le mythe était déjà très affir-mé sous Brejnev dans les années

SONDAGE

Le buste de Staline réalisé par Nikolaï Tomski et installé en 1970 surplombe la tombe du personnage historique sur la Place Rouge à Moscou.

Boris Drozdov : un témoignage en forme d’un « J’accuse ».

lée dans un coin. Il n’y a ni mo-nument, ni plaques commémo-ratives, ni musées, rien », con� rme Arseni Roguinski, direc-teur de l’association Memorial, chargée de réhabiliter les victi-mes des répressions politiques.

Selon le Levada-Centre, la ten-dance la plus marquée des dix dernières années face à Staline et son régime, c’est l’indifféren-ce. Entre 2001 et 2012, la part des « indifférents » a augmenté de 12% à 47%. « Ce n’est pas de l’indifférence, c’est un refus de comprendre qui était vraiment Staline », conclut Lev Goudkov, le directeur de Levada.

Troisième tentativeEn 2011, sous le président Med-vedev, on a soulevé pour la troi-sième fois en 60 ans la question des crimes de Staline. « Ce n’est pas vraiment la déstalinisation, mais plus un hommage à la mé-moire des victimes de la répres-sion politique », précise Mikhaïl Fedotov, chef du Conseil prési-dentiel des droits de l’homme, à l’origine de cette campagne. Le Conseil a proposé, entre autres, de rendre publiques les derniè-res archives secrètes, d’ouvrir des centres du souvenir pour les vic-times à Moscou et à Saint-Pé-tersbourg, et de créer un Insti-tut national de la Mémoire.

En d’autres termes, le Conseil veut mettre l’accent non pas sur la condamnation de Staline mais sur ce qui doit réuni� er la so-ciété : la mémoire des victimes. Selon Mikhaïl Fedotov, l’avenir du programme est incertain. « Il n’est pas à exclure que Vladimir Poutine considère qu’il y a des affaires plus importantes dans la société que ce programme », affirme Fedotov, soulignant par ailleurs que Dmitri Medvedev devenu Premier ministre, il est probable qu’une suite sera don-née : « Pour l’instant, la réalisa-tion du programme est ralentie en raison de la prise de fonctions du nouveau président ».

Il est évident que la société devra tôt ou tard ouvrir le débat. « Une société normale ne peut pas se développer sans un consen-sus social autour des valeurs es-sentielles. Il faut les énoncer : le totalitarisme, c’est le mal, car il tend à considérer l’être humain comme un moyen utilisé par le régime pour atteindre ses objec-tifs », affirme Fedotov. Il n’em-pêche que pour l’instant, en Rus-sie, la norme veut que l’homme soit au service du gouvernement et non pas le contraire.

1960-70, qui ont vu Staline condamné pour ses crimes mais le stalinisme en tant que systè-me, non remis en cause. À l’épo-que, les gens se divisaient en deux catégories : « Ceux qui n’ont pas subi la répression considéraient que Staline était un génie. Ceux qui en ont été victimes le voyaient comme l’incarnation du mal », raconte Boris Drozdov, un Mos-covite de 78 ans dont le grand-père fut fusillé et le père dépor-té dans les camps.

Cette image mythique est tou-jours présente de nos jours dans la conscience collective. Les dé-fenseurs des droits de l’homme considèrent que le pouvoir a beaucoup contribué à entretenir cet amalgame, prenant les avan-cées soviétiques comme modèle de référence. Et même dans les manuels destinés aux professeurs

d’histoire, commandés en 2008 par le Kremlin, Staline est dé-crit comme un « dirigeant effi-cace » et un « modernisateur ».

Selon les sociologues, l’image de Staline-tyran est aussi por-teuse des notions d’ordre et de l’aura du redresseur de torts. « Cette corruption, cette crimi-nalité... Sous Staline, il n’y avait pas tout ça car les gens avaient peur ! », déclare Victoria Soul-tanova, jeune activiste du mou-vement pro-Poutine Nachi.

La mémoire occultéePour les sociologues, dans les an-nées 2000, la société russe s’est réconciliée avec son passé sovié-tique. « Or, cela s’est fait par l’éli-mination de la mémoire de toute les notions de répression liées au régime totalitaire : les massacres, le Goulag, la déportation de po-pulations entières, sans parler de l’Holocauste, qui est quasi-ment absent de la conscience col-lective », explique Doubine.

« En Russie, la mémoire de la terreur, c’est une mémoire refou-

VLADIMIR ROUVINSKYLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Fils et petit-fils de victimes de la répression stalinienne, Boris Drozdov évoque son histoire personnelle et son engagement en faveur de la déstalinisation.

« Les ignominies de Staline dépassent de loin tous ses mérites »

son père en 1921. À peine âgé de 15 ans, il a commencé à travailler. In� rmier, coursier, là où il pou-vait ». Il fut arrêté en 1924 sous le même chef d’accusation : or-ganisation d’une insurrection armée contre le pouvoir soviéti-que. Il fut déporté pour trois ans dans l’Oural. Libéré en 1927, il resta sur place pour participer comme beaucoup d’autres à la construction d’une usine de cel-lulose et de papier, dans laquelle il travailla ensuite comme comp-table, domaine où il excellait. « C’est sûrement ce qui l’a sauvé », note son fils.Pavel voit sa vie s’améliorer petit à petit. Il se marie et a une � lle. En 1932, il est appelé à rejoindre son patron dans la Kolyma, la région des gou-lags les plus durs, comme adjoint du chef comptable de Dalstroï,

Alexeï Kouzmitch, grand-père de Boris Drozdov, fut le premier tou-ché par la vague de répression. En dépit du fait qu’il était bol-chevique, Kouzmitch fut accusé d’avoir résisté à la révolution et au pouvoir soviétiques en Crimée. Il fut fusillé en 1921, 18 jours après son arrestation et sa mé-moire ne fut réhabilitée par un décret ukrainien qu’à la � n des années 90. « En 1924, ce fut au tour de mon père, Pavel Aleksee-vitch, raconte Boris Drozdov. Il avait perdu sa mère en 1920 et

l’organisation chargée de travaux publics ayant recours aux tra-vailleurs forcés.

Boris Drozdov naît à Moscou, tandis que son père se trouvait à Vladivostok. « Ça allait plutôt bien, dit-il, jusqu’à la nouvelle vague de purges qui a suivi le meurtre de Kirov (chef du Parti à Leningrad) en 1934 ». En 1937, Epstein, chef comptable et pa-tron de Drozdov, est arrêté. « Pas mon père car il fallait faire le bilan annuel de Dalstroï », ex-plique Boris. L’arrestation inter-vient le travail terminé, en juin 1938. « Je n’ai su que mon père était vivant qu’en 1951, quand il fut libéré. Ma mère et ma sœur le savaient, mais toute corres-pondance était interdite ».

En 1954, Boris rentre à Mos-cou a� n de poursuivre ses étu-

des. Sa sœur y était déjà et mul-t ipl ia i t les lettres pour convaincre les autorités que son père avait été condamné injus-tement. « En 1956, trois ans après la mort de Staline, la condam-nation de mon père touche a sa � n et il est réhabilité cette même année ». Boris s’inscrit à l’Uni-versité de Moscou en faculté de mécanique et mathématiques. Mais il est renvoyé en tant que � ls d’un « ennemi du peuple ».

Dans les années 2000, Boris Drozdov décide de se documen-ter sur son père et son grand-père. Il trouve de l’aide auprès de l’ONG Memorial. Il veut la déstalinisation du pays : « Les ignominies commises par Stali-ne dépassent tous ses mérites. La construction du communis-me s’est effectuée sur les sque-

lettes des déportés, tandis que la guerre a été remportée avant tout grâce au peuple, juge-t-il. Je n’en veux ni au pays, ni aux gens ».

Les personnes touchées direc-tement par la répression, prêtes à la raconter aux jeunes géné-rations, se raré� ent : « Reste cette impression que cette tragédie peut se répéter. Notre pays est si imprévisible », s’inquiète Boris.

Dans les années 2000, la société russe se serait réconciliée avec son passé soviétique, selon les sociologues

La déstalinisation passera par la réintégration des victimes dans la conscience collective

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Page 4: La Russie d'Aujourd'hui

04 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro économie

Paul duVerneTla russie d’aujourd’hui

le couple renault-nissan débourse 570 millions d’euros pour obtenir indirectement une part majoritaire dans le capital de l’ancien géant soviétique, dont les ventes ont ralenti.

lada passe les clés à renault-nissanautomobile l’alliance franco-japonaise va prendre le contrôle du constructeur russe en 2014

À l’issue d’une réunion le 3 mai à Paris entre les principaux ac-tionnaires d’AvtoVAZ (marque Lada), les constructeurs français et japonais ont annoncé la for-mation d’une coentreprise avec le holding d’État RosTekhnolo-gii qui, jusqu’ici, contrôlait la ma-jorité des actions du construc-teur russe. La coentreprise détient désormais 74,5% d’Av-toVAZ. Le montage financier complexe stipule que Renault et Nissan apporteront des fonds par étapes jusqu’à la fin 2014, date à laquelle l’alliance aura conso-lidé une part de 67,13% de la coentreprise, soit exactement 50,01158% du constructeur russe. Renault, qui a déjà débour-sé 750 millions d’euros en 2008 pour une part de 25% d’Avto-VAZ, va financer 225 millions d’euros supplémentaires. Au total, le groupe français aura in-vesti 1,22 milliards d’euros de-puis 2008. De son côté, le constructeur japonais y contri-buera pour 337,5 millions d’euros. La banque d’investissement Troi-ka Dialog, qui détient un quart du capital d’AvtoVAZ, va pro-gressivement vendre ses parts à la coentreprise entre RosTekh-nologii et l’alliance Renault-Nis-san. Rostekhnologii prend à sa charge (en réalité, il s’agit du

budget d’État) d’éponger la dette du constructeur russe (1,35 mil-liards d’euros).

L’acquisition d’une part de contrôle par l’alliance était at-tendue pour le mois dernier, mais les dernières négociations ont traîné. Du côté de l’investisseur, la volonté d’avoir une meilleure vision de la politique gouverne-mentale lors du troisième man-

dat présidentiel de Vladimir Pou-tine a sans doute joué. Début avril, ce dernier, encore en qua-lité de Premier ministre, a inau-guré une nouvelle chaîne de mon-tage de 350 000 voitures par an à l’usine AvtoVAZ de Togliatti. Cette ligne assemble la Lada Largus, le premier véhicule d’Av-toVAZ basé sur la plateforme Dacia Logan, qui fait depuis plu-sieurs années un tabac dans toute la Russie.

Le gouvernement russe, et Vla-dimir Poutine en particulier,

priaient depuis plusieurs années l’alliance de monter au capital et d’accélérer les investissements dans un constructeur automo-bile stratégique pour le pays. Les économistes estiment à un mil-lion les Russes qui vivent plus ou moins directement de la pro-duction et de la distribution d’automobiles Lada. D’où la vo-lonté politique de garantir la sur-vie d’une usine qui est aussi le poumon économique de la ville de Togliatti. Moscou espère que l’industrie automobile russe dans son ensemble profitera des tech-nologies apportées par l’alliance franco-japonaise.

Une partie des experts voient d’un bon œil l’approfondisse-ment des liens capitalistiques dans le cadre du partenariat.

chaîne d’assemblage de la lada largus, le premier véhicule d’avtoVaZ basé sur la plateforme logan.

en chiffres

1,2 miliards d’euros, c’est la

somme totale dépen-sée par Renault dans le constructeur Lada.

31% Part de mar-

ché de l’alliance Re-nault Nissan AvtoVAZ en Russie.

2,9 millions de vé-hicules

neufs devraient être vendus cette année, contre 2,65 en 2011.

TaTiana hachimila russie d’aujourd’hui

skolkovo, la cité du futur consacrée à la science, la recherche et l’innovation, telle une « silicon Valley » russe, s’apprête à sortir de terre. Projet utopique ou visionnaire ?

La technopole conçue comme une vraie ville

urbanisme skolkovo annonce le futur

Alors que fin 2012 devrait mar-quer le début de la phase de construction suivant un plan d’urbanisme développé par le bureau français AREP, comme le souligne David Chipperfield du Conseil urbain de la Skolk-ovo Foundation, le défi de ce pro-jet consiste à inventer une ville à partir d’une feuille blanche, à passer sans transition et sans his-toire de l’idée à la réalité. La marge de manœuvre est réduite. Le risque est élevé. Est-il possi-ble de tout prévoir, de tout an-ticiper pour concevoir un tissu urbain dans toute sa complexi-té, tant au niveau des interac-tions humaines que de ses in-frastructures ?

De tout temps, des utopies ur-banistiques ont vu le jour : Bra-silia, Auroville, Astana, Ordos... Certaines se sont révélées des réussites. D’autres non. Skol kovo, elle, se singularise par son objet, l’innovation. Les futurs cher-cheurs qu’elle ambitionne d’at-tirer travaillent déjà en réseau. La ville conçue comme une cel-lule s’étire à partir d’un noyau central structuré autour de l’uni-versité et du Technopark, pièces maîtresses de la cité. Sa super-ficie totale de 400 hectares divi-sée en quatre districts comporte

des espaces de logements, de commerces, de loisirs et de ser-vices entrecoupés de nombreu-ses zones vertes. La réalisation des bâtiments conçus dans une optique d’économies d’énergie a été confiée à une série de bu-reaux d’architecture, dont Her-zog & de Meuron, OMA ou Sanaa. Pour rendre la ville at-tractive pour ses usagers (26 000 personnes, dont 6 000 chercheurs qualifiés, 2 500 étudiants ou per-sonnels académiques et 10 000 entrepreneurs), l’innovation y sera non seulement générée, mais aussi présente au quotidien. Comme l’explique Jack Bennet, directeur adjoint à la Skolkovo Foundation, « nous voulons met-tre en œuvre un concept de « Smart City » en partenariat avec l’entreprise CISCO ».

Le projet bénéficie déjà de quelque 250 millions d’euros d’investissement de leaders mon-diaux dans des secteurs de poin-te tels que Boeing, EADS ou IBM, et d’un partenariat avec le Mas-sachusetts Institute of Techno-logy - un premier signe positif de la part du marché pour le pro-jet dont le coût total est estimé entre 4 et 5 milliards d’euros. Si la Russie réussit ce pari risqué, elle pourrait enclencher une dy-namique de nature à diversifier durablement son économie.

Dans cette perspective, Skol-kovo était représentée au pre-mier New Cities Summit, qui vient de se tenir cette semaine à Paris (du 14 au 16 mai), pour échanger sur les défis des cen-tres urbains au XXIème siècle.

TaTiana ToroPoVaspécialement pourla russie d’aujourd’hui

le rêve favori des écrivains de science-fiction se réalisera très bientôt. des chercheurs russes sont en train de mettre au point un logiciel d’interface neuronale, grâce à une bourse offerte par la technopole de skolkovo.

Interface entre cerveau humain et ordinateur : c’est pour demain

Technologie premières avancées concrètes financées par la « silicon Valley » russe

thode appelée électroencépha-logramme », explique Alexan-dre Kaplan, docteur en sciences biologiques, professeur, direc-teur du laboratoire de neuro-physiologie et d’interfaces neu-ronales de l’université d’État de Moscou (MGU). Et d’expliquer que « grâce au système d’inter-face neuronale, les gens ont déjà appris à taper des lettres sur un écran, diriger un objet mo-bile, par exemple une voiture-jouet ou un fauteuil roulant, en modifiant par leur volonté leur activité bioélectrique. On en fait déjà un large usage dans le do-maine médical, mais pas enco-re dans la vie de tous les jours. Le matériel est encore trop mas-sif et trop cher, toujours impar-fait ». Et c’est précisément à

La technologie « Interface Cer-veau-Ordinateur » permet à des gens qui ont perdu la vue ou l’ouïe de voir et d’entendre grâce à l’implantation, dans le corps humain, d’un dispositif qui transmet l’information bio-logique de l’homme à un mi-cro-processeur et inversement. Cela s’appelle implants co-chléaires et implants rétiniens. Cette technologie - l’interface neuronale directe (IND) - per-met également de saisir un texte sur un clavier, diriger des ob-jets mobiles et pratiquer des jeux vidéo, le tout à l’aide de stimuli que le cerveau envoie à un dispositif électronique.

En Russie, les programmeurs projettent, dans un avenir pro-che, de créer des neuro-commu-nicateurs pour que le cerveau di-rige la main, qui agit de manière indépendante, ou tout autre prothèse qui sera mise en mouvement par l’effort de la pen-sée.

« Au fondement de cette tech-nologie repose le décryptage des intentions de l’homme via les ondes cérébrales, une mé-

la russie devrait très bientôt détrôner l’allemagne et devenir le premier marché automobile européen

« L’optimisation de la structure du groupe et de sa direction opé-rationnelle va continuer à por-ter ses fruits », juge Kirill Mar-kine, analyste chez Investkafe. Mais pour Alexeï Zakharov, ex-pert chez Finam, l’accord signé le 3 mai est une déception. « Il ne s’agit que d’un protocole d’in-tention sans obligation juridi-que ». L’expert souligne que « les espoirs de voir Carlos Ghosn [pa-tron de Renault-Nissan] prendre la direction opérationnelle d’Av-toVAZ sont de nouveau repous-sés à plus tard ».

Le 3 mai, Carlos Ghosn a dé-claré que les constructeurs uni-ront leurs efforts et leurs com-pétences afin de potentialiser leurs ressources sur le marché russe, qui connaît une croissan-ce très soutenue. La Russie de-vrait très bientôt détrôner l’Al-lemagne pour devenir le premier marché automobile européen. Les prévisions pour cette année sont de 2,9 millions de véhicu-les. Pour l’alliance, la Russie est déjà le troisième marché mon-dial après les États-Unis et la Chine. Renault, Nissan et Avto-VAZ ont ensemble vendu 878 990 voitures en Russie l’année der-nière, dont 578 387 sous la mar-que Lada. Le constructeur russe est en fait en chute libre sur un marché qu’il dominait il y a en-core six ans et qui était en haus-se de 13% au premier trimestre 2012 ; or, les ventes d’Avtovaz y ont baissé de 15% à 109 388 uni-tés, avec une part de marché de 18%. Mais l’alliance Avtovaz-Re-nault-Nissan représente à ce jour une pénétration de 31%.

l’utilisation des IND au quoti-dien que travaillent actuelle-ment les scientifiques de MGU. « En matière de frappe, les lo-giciels élaborés avant nous per-mettaient de taper huit lettres à la minute, tout au plus. En comparaison, quelqu’un qui n’a

pas d’expérience d’utilisation d’un clavier peut, avec deux doigts, taper 90 lettres à la mi-nute. Nous avons tout optimisé pour obtenir une vitesse de 15 lettres par minute. Cela nous a permis aussi de comprendre quelles sont les perspectives d’avenir. Il est important éga-lement de tenir compte de la rapidité de l’apprentissage. On peut retenir nos algorithmes en trois minutes, et près de 80-90% des personnes qui ont appris ces algorithmes peuvent taper un texte à l’aide de la pensée, les bras croisés », détaille le pro-fesseur Kaplan.

Les chercheurs travaillent aussi sur un autre type de ma-nipulateur. « Vous êtes assis à votre bureau en train d’écrire et tout à coup le téléphone sonne. Dès que vous y avez pensé, le bras manipulateur sai-sit le téléphone à l’autre bout de la table. Ça a l’air drôle et futile. Mais par la suite, on peut doter le manipulateur de che-nilles ou de roulettes, et il aura un champ d’action élargi. Nous travaillons aussi sur les exo-prothèses. Si l’on dotait ces der-nières de mécanismes pour les diriger par la pensée, cela ré-soudrait les problèmes de mil-lions de gens », selon le scien-tifique. « Dès la fin de l’année 2012, nous avons prévu de fa-briquer de tels manipulateurs », poursuit le professeur Kaplan. « Nous aurons encore besoin de six mois pour le robot qui exé-cutera les commandes envoyées par le cerveau de l’homme. Et notre priorité reste évidemment la prothèse ».

C’est le nombre des lettres par minute que peut taper le logi-ciel élaboré par les chercheurs de l’Université d’État de Moscou. Soit deux fois plus que les concurrents.

15en chiffres

le système peut taper des lettres sur un écran et diriger un objet mobile, par exemple un fauteuil roulant

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Page 5: La Russie d'Aujourd'hui

05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Régions

NATALIA KRAINOVATHE MOSCOW TIMES

Malgré ses magnifiques églises anciennes et ses sept collines pittoresques, la ville porte encore les marques du champ de bataille qu’elle fut au cours de sa longue histoire guerrière.

Un bien joli bastionsur le front de l'Est

Destination Smolensk au-delà de l’histoire qui en a fait un fief contre les envahisseurs

Interrogez les habitants de Smo-lensk sur ce qu'ils estiment être le problème numéro un de leur ville, et ils vous parleront de la voirie, en piteux état, surtout au début du printemps et vers la � n de l’automne. Les rues « ne sont pas entretenues du tout ! », se plaint la vendeuse de jour-naux au kiosque de la gare.

Mais la ville située à 60 km de la frontière biélorusse n’a rien perdu de sa � erté, et ses habi-tants espèrent que la célébration du mille cent cinquantième an-niversaire de Smolensk en 2013 donnera lieu à d’importantes améliorations. De fait, la Mairie a prévu de restaurer les vieux immeubles et de réparer la chaussée en vue du jubilé.

Les origines de Smolensk prennent racine dans le commer-ce. La légende rapporte que la cité se trouvait sur la route com-merciale utilisée par les Vikings et les Grecs et qu'elle a été fon-dée à l’endroit même où les mar-chands faisaient porter leurs na-vires du � euve Dvina au Dniepr. La première grande bataille de l’histoire de Smolensk date de 882, quand la ville fut prise par le prince russe Oleg et intégrée à la « Rus de Kiev » (région).

De 1127 à 1243, Smolensk fut la capitale de la Grande prin-cipauté du même nom, l’une des plus puissantes en Russie. Au tournant du XIIIème siècle, la ville abritait plus d’églises en pierre que n’importe quelle autre cité russe. Deux d’entre elles, érigées au XIIème siècle, sont encore en bon état aujourd’hui : l’église de l’Ar-change Michael et celle de Saints-Pierre-et-Paul.

Smolensk a été prise par un prince lithuanien au XIVème siè-cle puis conquise, en 1514, par la Grande principauté de Mos-cou. En 1611, après un siège de 20 mois, la Pologne s’en est em-parée pour l’annexer à la Répu-blique des Deux Nations. Mais la Russie a réussi à la récupérer en 1654. La cathédrale de l’As-somption élevée alors commé-

Pour s’y rendreSmolensk est à 6h30 en train de Moscou. Le billet coûte 21 euros en 3ème

classe et 48 euros en comparti-ment. Le train de nuit, qui quitte quotidiennement Moscou à 23h54 et arrive à Smolensk à 6h35, vous évite de perdre une journée à voyager tout en vous offrant quel-ques heures de sommeil.

Où se loger L’hôtel "Novi", situé dans l’un des vieux quartiers pittoresques de Smolensk,

est un lieu de séjour privilégié pour de prestigieux visiteurs, dont le groupe de hard rock écossais Nazareth. "Smolenskhotel" pro-pose 133 chambres de style euro-péen dans le centre ville histori-que et le quartier des affaires.

Où se restaurer “Smolenskaïa Krepost” sert des repas tradition-nels russes préparés se-

lon les recettes du Prince Dmitri Pojarski, libérateur de Moscou. La brasserie Hagen offre une lar-ge gamme de bières brassées sur place. Les habitants affichent leur préférence pour Russki Dvor et Mandarinovi Gous.

3 CHOSESÀ SAVOIR SUR LA VILLE

1 On trouve à Smolensk l’un des plus longs murs fortifiés au monde (6,5 kilomètres)

avec la Grande Muraille de Chine (4 500 à 6 700 km selon les sour-ces) et les Murailles de Constanti-nople (5 630 km).

2 Il existe plusieurs versions concernant l'origine du nom de la ville de Smo-

lensk. Selon l’une d’entre elles, la ville tire son nom de la tribu an-tique Smolyan. Une autre men-tionne « La route des Varègues aux Grecs ». La ville se situait au bout de la route, là où les navires étaient transportés depuis la Dvi-na occidentale jusqu'au Dniepr. Le portage se faisait sur le site d'ori-gine de Smolensk (aujourd'hui Gnezdovo) où les artisans locaux couvraient les bateaux de résine (« smola » en russe).

3 Le 30 septembre 1933, en montant à 19 000 mètres, le ballon stratosphérique

soviétique « URSS-1 » battait le re-cord du Belge Albert Picard, qui avait atteint les 16 000 mètres l'an-née précédente. La cabine du bal-lon stratosphérique a été construite à Smolensk et le commandant de l'aéronef Gabriel Prokofiev venait également de cette ville.

Katyn se souvient des victimes

Un lieu qui concentre les drames. À 15 km de Smolensk, le village de Katyn est l’endroit où sont en-terrés 4 241 officiers polonais, exécutés secrètement par la po-lice soviétique en 1940, ainsi que 6 500 victimes des purges stali-niennes des années 1930, et 500 prisonniers de guerre soviétiques fusillés par les Allemands en 1943. En avril 2010, le président polo-nais Lech Kaczynski et 88 dignitai-res de l’État polonais qui se ren-daient au mémorial ont péri dans l’accident de leur avion dans les environs de Smolensk. Depuis, l'enquête sur les causes de la ca-tastrophe alimente les tensions entre Varsovie et Moscou. L’entrée coûte 1,20 €, ou 20 € avec un guide parlant anglais ou polonais.

ENTRETIEN

Une industrie très priséeLa Russie d'Aujourd'hui a posé quelques questions à Nikolaï Afa-nasiev, directeur général adjoint de Kristall — un important pro-ducteur de diamants européen et le plus grand de Russie.

Pourquoi l’entreprise Kristall est-elle installée à Smolensk ?C’est le gouvernement soviétique qui en a donné l’ordre en 1961. À l’époque, Smolensk n’avait que deux usines et pas assez d’emplois pour tous les ouvriers. Ensuite, la ville est bien située géographique-ment, sur la voie ferrée de Mos-cou et l’autoroute Moscou-Brest (en Biélorussie), avec un accès aux marchés diamantaires européens. Enfin, l’usine ne consommait pas beaucoup d’électricité, en ces an-nées de pénurie énergétique.

Qui vous approvisionne en dia-mants ?Notre principal fournisseur est Alrosa, qui nous procure les deux-tiers de nos diamants bruts. Nous travaillons avec ces diamants de Sakha depuis bientôt 50 ans et ne prévoyons pas de rompre cette tradition. Le reste vient du marché secondaire.

À qui vendez-vous ?La population locale est fière de notre travail mais la plupart de nos diamants sont vendus à l'étranger. Le plus gros des ventes russes va à Moscou et Saint-Péter-sbourg. Mais les touristes viennent spécialement à Smolensk pour vi-siter notre usine et nos boutiques de diamants locales. Nous ven-dons aussi via l’Internet.

more la résistance héroïque face à l’envahisseur polonais.

En 1812, la plus grande par-tie de la ville a été détruite lors des combats féroces qui ont duré deux semaines au moment où l’armée napoléonienne, tenue en échec à Moscou, battait en re-traite. La bataille est commémo-rée dans le Parc mémorial des héros par un monument de 1912 représentant deux aigles perchés sur un rocher qu’escalade un guerrier armé d’une épée.

Et la guerre de nouveau, quand les troupes nazies ont envahi la ville, en route vers Moscou, à 380 km au nord-est. Les combats à Smolensk et dans les environs ont duré de juillet à septembre 1941, retardant l’armée d’Hitler de deux mois et demi sur le che-min de la capitale.

Malgré cette longue histoire guerrière, Smolensk reste plus connue aujourd’hui pour ses ori-gines marchandes. La ville est souvent appelée la capitale russe des diamants, et Kristall, un im-portant producteur de diamants européen (et le plus grand de Russie) y est d'ailleurs installé.

Que voir en deux heures ?Prenez un taxi ou un bus de la gare pour rejoindre en dix mi-nutes la cathédrale de l’Assomp-tion (Ouspenié), au 5, oulitsa So-bornaïa Gora. C’est le joyau de la ville. Construite entre 1677 et 1772 pour honorer la résistance de la cité aux Polonais, cette égli-se magni� que est restée intacte en 1812 et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle s’élève à 70 m, des fondations au sommet de la croix. Après avoir escaladé le grand escalier qui mène aux portes principales, n’oubliez pas de vous retourner pour une vue époustou� ante sur la ville.

La surface de l’église couvre 2 000 m2 et l’iconostase luxueu-se s’élève à 31 m. Les plus pré-cieuses reliques sont un suaire du Christ du XVIème siècle et deux icônes miraculeuses, No-tre-Dame de Smolensk et Saint Séraphin de Sarov, ainsi qu’une

croix de bois attribuée au célè-bre artiste du XIXème siècle, Vic-tor Vasnetsov.

L’icône de Notre-Dame de Smolensk est une copie de l’une des reliques les plus vénérées en Russie. L’original aurait été peint par l’apôtre Luc, du vivant de la Mère de Dieu. En 1101, le prince russe Vladimir Monomakh a rap-porté l’icône à Smolensk et érigé la première cathédrale de l’As-somption, sur le site de l’actuel-le, pour honorer la sainte image. Mais l’édi� ce a été presque en-tièrement détruit pendant le siège de Smolensk par les Polonais en 1609-1611, et démonté dans les années 1670. L’icône originale a disparu en 1943 quand la ville a été libérée des Allemands.

En sortant de la cathédrale, traversez la route et tournez à

droite jusqu’au premier carre-four, puis à gauche et longez le mur de la forteresse jusqu’au Musée de la vodka russe (4, Stu-dentcheskaïa oulitsa), qui exhi-be de l’alcool de contrebande du début du XXème siècle, des bou-teilles de vodka soviétique, des affiches originales de campagnes soviétiques anti-alcool et autres curiosités. Le musée occupe une seule pièce — le droit d’entrée coûte moins d’un euro.

Que faire si vous avez deux jours ?Le village de Flyonovo, à 18 km au sud de Smolensk, abrite les bâtisses d’une ancienne école agricole et d’une bibliothèque pour les enfants paysans, fon-dées et dirigées à la fin du XIXème et au début du XXème

par la Princesse Maria Teniche-va, une éminente bienfaitrice lo-cale. La bibliothèque a été des-sinée par le peintre Sergueï Malioutine, au début du XXème siècle, en forme de « teremok », le palais des contes russes. La partie inférieure est faite de bri-ques et la partie supérieure de rondins, décorés d’animaux et de frises de bois sculpté et peint. L’école et la bibliothèque appar-tiennent aujourd’hui au musée, tout comme l’église du Saint-Es-prit (début du XXème siècle) et son icône de la Sainte Face.

Aucun office n’a jamais été cé-lébré dans l’église car le célèbre peintre Nicolas Roerich a en-freint les canons de la construc-tion et le clergé a refusé de bénir l’édifice. Actuellement fermée pour reconstruction, l’église vaut

tout de même le détour pour ses extérieurs impressionnants.

Au Teremok (nom officiel de la bibliothèque), les visiteurs peuvent admirer les travaux sur bois exécutés par les élèves de Tenicheva et créés par des pein-tres éminents du tournant du XXème siècle, dont Roerich, Re-pine, et Vroubel.

À Smolensk, les batailles du passé n’occultent pas les origines marchandes de la capitale du diamant

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Page 6: La Russie d'Aujourd'hui

06 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro opinions

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préparé parVeronika dorman

lu dans la pressecomment hollande a convaincu

la presse russe s’étonne dans son ensemble sur le choix des Fran-çais pour un François hollande au style dépeint comme discret, so-bre, voire franchement ennuyeux. un style tout en contraste avec celui d’un nicolas Sarkozy hype-ractif et tapageur. la victoire du candidat socialiste est expliquée par des promesses économiques et sociales populistes qui ont fait mouche en temps de crise.

le choix de la sTabiliTéTatiana MakarovaSlon.Ru

on resTe amisAlexexei TarkahnovKommeRSant

épouse ou compaGne ?Zakhar RadovKomSomolSKaya pRavda

On ne peut pas dire que Hol-lande soit un leader charismati-que, même en forçant le trait : lors du débat avec Sarkozy, il fai-sait plus penser à un instituteur qui sermonne un mauvais garne-ment. Sarkozy s’énervait, Hollande n’était pas convaincant mais res-tait calme. La plupart des Fran-çais semblent préférer un Hollan-de équilibré et un peu ennuyeux, à un Sarkozy brusque et furieuse-ment actif. Hollande est comme un parent attentif qui ne promet peut-être pas des montagnes d’or, mais du moins la certitude du len-demain. Le socialiste a trouvé un équilibre entre ce que voulaient entendre les électeurs et la réalité objective.

La France, après avoir célébré ou pleuré la victoire du candidat so-cialiste, s’est tue, effrayée, par-ce que tout le monde comprend qu’avec le départ de Sarkozy les problèmes ne disparaîtront pas, voire s’aggraveront. Sarkozy a tout mis en œuvre pour se ré-concilier avec son adversaire. Son discours d’adieu et l’invitation adressée à Hollande pour les cé-rémonies du 8 mai témoignent de sa volonté d’un transfert du pou-voir en douceur. En France, il est normal de ne pas achever un ad-versaire qui a perdu dans un duel honnête, mais d’utiliser plutôt son savoir-faire. C’est d’autant plus vrai de Hollande, connu pour sa capacité à trouver des compromis.

L’arrivée au pouvoir du nouveau président est un casse-tête pour le service du protocole. Fran-çois Hollande est le premier pré-sident français entrant à l’Élysée avec une concubine. Le protocole ne sait pas comment présenter la première dame : Mme Valérie Trie-rweiler, la compagne du président de la République, ou Mme Valérie Trierweiler-Hollande ? L’intéressée a déclaré récemment que ses re-lations avec Hollande ne posaient aucun problème, sauf pour une vi-site au Vatican, mais les spécialis-tes prédisent des remous lors de déplacements en Inde, Indonésie ou Arabie saoudite. Or, le couple présidentiel ne compte pas se ma-rier tout de suite.

un Troisième mandaT qui ne faiT pas rêver

boris mejouev

izveStia

comment sera le troisiè-me mandat présidentiel de Poutine ? Sans sur-prise. Le style du nou-

veau président est déjà défini : conservateur, sans à-coups, sans « bond en avant », sans défi à proposer pour l’avenir, sans exal-tation de gauche (progressiste) ni de droite (libérale). On ne nous prépare plus à une modernisa-tion à grande échelle mais à de dures épreuves, à des dangers que nous devrons surmonter en-semble et faire en sorte que les événements ne prennent une mauvaise tournure.

Le conservatisme a imprégné toute la rhétorique électorale de Poutine. Durant la campagne, il s’est obstinément affiché en ges-tionnaire de crise expérimenté qui vient toujours à temps pour sauver la situation. Cette image qu’il cultive correspond à la vi-sion que le nouveau président a de lui-même, mais le conserva-tisme de sa feuille de route n’est pas qu’une affaire d’image.

Aucun domaine de la politi-que nationale ne devrait être sujet à des changements impor-tants. Les experts redoutent pour l’automne, l’hiver au plus tard, une deuxième vague de la crise économique, qui pourrait débou-cher sur la chute de la zone euro, l’écroulement des cours du pé-trole, et par conséquent replon-ger une grande partie des Rus-

ses dans une forte inquiétude. Il est évident que personne ne par-lera de « modernisation techno-logique » et d’affectations bud-gétaires à cette fin tant que la deuxième vague ne se sera pas abattue sur la Russie, ou qu’elle ne nous aura pas, miraculeuse-ment, contournés.

Pas de changements prévus en politique étrangère non plus. Les Américains ne vont pas renon-cer à leur bouclier anti-missile en Europe - l’invulnérabilité stratégique est un objectif pri-mordial de la politique de dé-fense étasunienne. Sur ce front, une trêve maximale a été attein-te et l’avenir ne réserve que des ennuis. Pas tout de suite, car la crise touchera aussi les États-Unis, mais tôt ou tard, les diffi-cultés commenceront.

Enfin, à l’intérieur du pays, l’accalmie semble durable mais sans véritable perspective d’apai-sement. Les « citadins en colè-res » ont été enfermés dans un ghetto de velours, celui de la « classe créative », séparés ainsi de la province mécontente. Dans le passé, le pouvoir travaillait à l’amadouer, cette classe, en lui organisant fondations, maisons d’éditions, magazines ; en es-sayant de prouver qu’il œuvrait pour son bien-être. Désormais, le pouvoir ne compte sur aucu-ne affection particulière de la part des « créatifs » et ne s’at-tend à aucune amélioration.

Dans une situation aussi dé-licate, lorsque sur aucun front personne ne prévoit de passer à

l’offensive, mais en revanche tout le monde est prêt à se faire at-taquer par l’ennemi, il n’y a que trois lignes stratégiques possi-bles.

Premièrement, une réforme du système politique russe, qui ne peut pas survivre dans sa forme actuelle. Dans le système exis-tant, le rôle des partis politiques est totalement incompréhensi-

ble. Cependant le processus de formation rapide de partis est déjà en cours et devrait porter ses premiers fruits aux élections régionales. Les partis vont se ren-forcer et finir par exiger des pou-voirs, comme il se doit pour une formation politique. Dans l’état actuel des choses, le conflit entre les partis et la bureaucratie est presque programmé d’avance. Le pouvoir peut et doit agir dans cette direction.

Deuxièmement, la politique régionale. Quand les ressources centrales s’épuiseront, la classe politique active s’intéressera peu à peu aux régions. C’est là que commencera la vraie vie. Après la décentralisation de Medvedev, les régions obtiendront une plus grande liberté politique et finan-

cière, et la question sera de sa-voir comment elles l’utiliseront. Deux possibilités : soit elles évo-lueront vers plus d’indépendan-ce dans le cadre de la fédération, soit chacune cherchera à y aug-menter son poids. Il va de soi que la fédération ne se renfor-cera que si le second processus domine le premier.

Enfin, il existe un troisième axe, celui du rôle des cadres. L’un des principaux problèmes de ces dernières années, c’est le triom-phe ultime d’un ordre que l’on peut appeler « les boyards des ressources ». Il ne s’agit pas seu-lement des propriétaires des sous-sols riches en ressources mi-nières : dans notre société, tout est devenu ressource, de la terre en friche à la contestation ur-baine. Et à chaque ressource, na-turellement, son détenteur. On peut obtenir un budget pour n’importe quoi et tout peut être, d’une manière ou d’une autre, capitalisé et exploité.

Reste un problème dans ce monde : y vivent mal ceux dont les seules ressources sont leurs capacités personnelles. Précisé-ment, ces « gestionnaires de crise » parmi lesquels voudrait se voir l’actuel président. Ces gens débarquent au moment cri-tique pour tout rectifier et re-partir, en ayant conservé en guise de ressource leur seule réputa-tion. Ces gens-là se sentent aban-donnés par le pouvoir qui a pré-féré s’acoquiner avec les boyards des ressources.

Difficile à dire de quelle façon, mais le pouvoir va devoir s’atti-rer la reconnaissance de cette caste, et à cette fin, former une sorte de « noblesse méritocrati-que », prête a exécuter n’impor-te quelle tâche, pour le succès du pouvoir, et le sien propre, et non pas pour s’approprier des richesses. Seule une telle caté-gorie de personnes, si elles se sen-tent indispensables et unies, pourra, tôt ou tard, nous sortir des marécages de la corruption systémique.

En additionnant ces trois li-gnes d’attaque et en les com-plétant par un programme concret, nous obtiendrons l’axe d’une bonne présidence. Mieux vaut repousser les autres plans et stratégies au mandat sui-vant.

Boris Mejouev est politologue.

redisTribuTion des carTes

fedor loukianovSpécialement pouR

la RuSSie d’aujouRd’hui

difficile de qualifier Vla-dimir Poutine de « nou-veau » président. Il est devenu le visage de la

Russie, populaire à sa façon, mais diabolisé, avec tous les effets po-sitifs et négatifs qui en décou-lent pour le pays. Comment voit-il maintenant sa relation avec les autres chefs d’État ?

Il est de coutume de considé-rer que Poutine est doué pour la recherche d’un terrain d’entente - passé professionnel oblige - et sa politique extérieure est basée sur les relations privées. Son ami-tié avec Gerhard Schröder et Sil-vio Berlusconi est connue et il n’y a rien d’étonnant à ce que l’Allemagne et l’Italie soient de-venues les deux premiers parte-naires européens de la Russie.

Bien sûr, on est en droit de se poser la question : cette bien-veillance de l’Allemagne et de l’Italie envers la Russie, est-ce l’œuvre des ex-dirigeants de ces pays, ou est-ce la conséquence de la politique propre à ces mêmes pays ? Il est indéniable que la personnalité joue ici un grand rôle, que cette « alchimie » sert de catalyseur pour des pro-cessus qui obéissent à leur logi-que interne. Mais elle ne peut aller à contre-courant.

Pourtant, ni Berlusconi, ni Schröder ne sont à l’origine des liens avec la Russie, ils n’ont fait que renforcer ceux qui existaient déjà. L’Italie a été la première, avec l’Allemagne, à acheter le gaz sibérien acheminé en Occident dès la fin des années 60. Les mi-lieux d’affaires italiens et alle-mands, même en pleine Guerre froide, considéraient le marché soviétique avec grand intérêt, quels que soient les gouverne-ments. L’amitié avec Berlusconi et Schröder n’a fait que poten-tialiser une dynamique préexis-tante.

la réforme politique, la place des régions et le rôle des gestionnaires sont les clés des six prochaines années

Encore un exemple flagrant : Nicolas Sarkozy. La ressemblan-ce se retrouve dans le même in-térêt pour la réalisation de grands projets et la volonté d’af-firmer « la grandeur du pays ». Les relations de Nicolas Sarko-zy avec la Russie sont marquées par deux réalisations d’ampleur historique : son rôle dans l’arrêt de la guerre dans le Caucase et la vente à la Russie des navires de guerre Mistral.

Il semble néanmoins que l’épo-que des grandes amitiés soit ré-volue. Depuis longtemps déjà, on devine chez Poutine comme une lassitude de la routine diploma-tique ; l’homme affiche un plus grand empressement à rencon-trer les représentants du monde des affaires - moins de protoco-le et des résultats plus visibles.

Du coup, il est probable qu’une fois devenu Premier ministre,

Dmitri Medvedev va assumer un rôle croissant en politique étran-gère, se faisant en quelque sorte le représentant diplomatique spécial de Poutine, vu ses faci-lités pour communiquer avec les dirigeants internationaux.

À cet égard, la petite phrase d’Obama à Medvedev entendue par les journalistes à Séoul, et qui a fait tant de bruit aux États-Unis, annonce peut-être le mode de communication politique à venir, somme toute réaliste, entre la Russie et l’Occident : « Dis bien à Vladimir... » – « Je lui trans-mettrai ! ».

Fedor Loukianov est le rédac-teur en chef du journal « Russia in Global Affairs ».

l’ex-président medvedev pourrait servir de relais diplomatique à son successeur

article déjà publié dansizvestia

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07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro culture

C’est la fin des années 20, à Paris. Dans cet entre-deux guerres dé-fini par Bultmann comme « une halte douloureuse entre la Cru-cifixion et la Résurrection ». Le jazz mêle ses accents à ceux de La Madelon, les cicatrices lais-sées par la grande guerre sur les hommes et sur toute la société sont profondes. Dans ce Paris léger et tragique, Dali croise Ma-demoiselle Channel et Berdiaev Teilhard de Chardin ; Théo le Russe blanc, croise Mado l’ado-lescente unijambiste, psychopa-the, cynique et pleine de hargne tout droit sortie de la Cour des miracles d’Hugo.

Théo, Fiodor Zavalichine, est un de ces nombreux Russes qui peuplent Paris et sa banlieue. Ancien militaire, médaillé de la grande guerre, c’est la photo por-nographique qui lui assure une existence prospère. Théo et ses amis évoquent leur vie à la lu-mière de la pensée inévitable de Dostoïevski, mais aussi de celle de Pascal, de Spinoza, de la Bible et de la mythologie grecque.

Un jour, la vie de Théo bas-cule. Il revit, à travers le film d’Eisenstein, la tragédie du Po-temkine à laquelle il prit part lors de son service militaire à Odessa. Il réalise soudain qu’il a tiré sur d’innocentes victimes, des femmes et des enfants et, tel le héros de Dostoïevski, Zossi-me, rattrapé par la culpabilité, il court se dénoncer à la police. Mais la justice des hommes ne peut juger un crime qui remon-te à 20 ans et Dieu, « ce mar-chand de honte », demeure si-lencieux… « Le châtiment est inexorable uniquement dans le cas ou Dieu existe ». Théo devra faire seul son chemin expiatoi-re. Le médecin qui soigne sa sou-daine épilepsie le met en garde contre « le sentiment de culpabilité (… ) il est fréquent qu’il oblige un homme à com-mettre des actions fatales, qu’il fasse de lui un esclave et un monstre ». Justement, un curieux engrenage transforme notre héros en quête de rédemption en tueur en série... Il quitte Paris avec Mado, couple improbable dans un road movie qui doit les conduire à Lourdes où un char-latan a promis à Mado de faire repousser sa jambe. Sur son che-min de croix, Théo sent palpiter dans sa poitrine un autre cœur à côté du sien, puis un troisiè-me : le cœur de Jésus, de l’amour, seule rédemption.

Iouri Bouïda livre un roman dense, complexe, raffiné et cru sur ses thèmes de prédilection, le bien, le mal, le silence de Dieu, le cercle vicieux de la vie et de ses souffrances, « un labyrinthe dans lequel se cogne et se débat une conscience stupide qui tente de trouver une sortie là où il n’y a pas d’entrée… ».

christine mestre

chronique liTTéraire

Inaccessible rédemption

TiTre : Potemkine ou le troisième coeurauTeur : iouri Bouïda édiTion : Gallimard TraduiT par soPhie Benech

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À l’affiche les journées de l’hisToire européenneDu 1 au 2 juIn, Centre Malesherbes sorbonne, ParIs

La manifestation consacrée à l’his-toire des relations entre la France et la Russie de 1812 à 2012 propose un vaste programme de conféren-ces sur l’histoire, l’art et la géopo-litique, en marge du 9ème Salon européen du livre d’histoire et du Prix du livre d’histoire de l’Europe.

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ma classique soviétique et ne pro-voquera pas de scandale ». Ro-manova précise que Dans le brouillard a « déjà trouvé un dis-tributeur international et « Fond Kino » est prêt à aider le film s’il rencontre des difficultés à être distribué en Russie ».

Une autre initiative, baptisée « Red Square Screenings » consiste à inviter les principaux représentants internationaux de

l’industrie à assister à des pro-jections privées du 15 au 20 oc-tobre prochain dans l’enceinte du GUM, les célèbres galeries commerciales bordant la Place Rouge. Selon Elena Romanova, « en élaborant le concept de « Red Square Screenings », les organisateurs ont pris en comp-te l’expérience d’Unifrance ».

« Le cinéma n’est pas un sim-ple produit, c’est une part essen-tielle de notre culture », martèle Guindilis. « C’est pour cette rai-

Pour remédier à cette situation, « Fond Kino » lance plusieurs initiatives. Un stand « Cinéma russe » sera présent au Marché du cinéma se déroulant en pa-rallèle au Festival de Cannes (du 16 au 27 mai) avec pour objec-tif de vendre les dernières pro-ductions russes : Doukhless, adaptation d’un best-seller mos-covite, La Dame de pique, le der-nier film de Pavel Lounguine, Baba Yaga, co-production fran-co-russo-belge, animation 3D réalisée par Dan Creteur avec un budget de 15 millions d’euros, ainsi que plusieurs films déjà sor-tis en Russie.

L’intégration du film Dans le brouillard, de Sergueï Loznitsa, à la sélection principale de Can-nes cette année peut éventuelle-ment braquer les projecteurs sur le cinéma russe. « C’est un film plein de talent », juge Andreï Plakhov, président de la fédéra-tion internationale des critiques de cinéma FIPRESCI. « Rien à voir avec son précédent film, « Mon bonheur », qui avait di-visé le public au point de pres-que susciter des bagarres. « Dans le brouillard » renvoie au ciné-

son que nous avons créé « Red Square Screenings ». Ce doit être l’ultime instrument pour la pro-motion de notre cinéma à l’étran-ger. Nous devons offrir un confort maximum aux invités. La concur-rence est très dure ; par consé-quent, nous devons mettre en va-leur le cinéma russe d’une manière exceptionnelle, à deux pas de la Place Rouge ».

Dans les milieux cinématogra-phiques russes, on reconnaît qu’il reste beaucoup à faire à domi-cile avant de réaliser les objec-tifs internationaux désirés. « Il faut une stimulation fiscale pour les producteurs et les distribu-teurs », souligne Romanova, ajoutant que l’industrie russe est défavorisée par rapport à d’autres pays comme le Cana-da ou la France. Tous soulignent l’urgence d’améliorer la forma-tion des professionnels. « La crise actuelle est provoquée par un déficit de personnel compé-tent », remarque Ilia Batchou-rine, directeur général de Glav-kino, un studio de tournage. « Il faut multiplier les échanges avec les studios étrangers, at-tirer les tournages de films étrangers chez nous. Nous n’avons pas uniquement besoin

de financements, mais aussi de compétences ».

Andreï Plakhov attire l’at-tention sur le fait qu’il « n’existe pas de politique gouvernementale claire. Re-gardez ce que fait la France par exemple avec les Jour-nées du cinéma français à Paris. [L’agence de promo-tion] Unifrance fait un tra-vail très efficace du point de vue commercial, ne se limi-tant pas à promouvoir les grandes stars comme Gé-rard Depardieu ou Cathe-rine Deneuve, mais aussi toute la jeune génération ». Or, la Russie n’a rien à envier à la France en terme de jeunes réalisateurs ta-lentueux. Pourtant, on reste du-bitatif en regardant la liste de films russes sélectionnés et aidés par « Fond Kino » ces dernières années. Hormis la réussite indu-bitable de Elena, les autres pro-ductions sont d’un niveau médio-cre, entre comédies adolescentes,

une stratégie pour aider le cinéma russe à s’exporter

une scène du film « dans le brouillard » (ci-dessus) réalisé par sergueï loznitsa (à droite) rivalisera pour la palme d’or de cannes.

suiTe de la première paGe

films de guerre « patriotiques » brouillons et reconstitutions his-toriques dispendieuses et en-nuyeuses. Plakhov conclut : « Nous avons besoin de créer une mode du cinéma russe, comme l’ont fait les Coréens. La dernière fois que le cinéma russe a été à la mode, c’était en 1990 avec « Taxi Blues » de Pavel Lounguine ». Encore faut-il que « Fond Kino » ne se trompe pas de sélection.

« le cinéma n’est pas un produit comme un autre. C’est une part essentielle de notre culture »

en bref

éditionnice : 17ème fesTiVal du liVre du 8 au 10 juin

pétitionpour le russe comme lanGue de l’union européenne

Des écrivains et des artistes par-ticiperont à ce véritable « Festi-val de textes et de voix » où, en-tre autres rencontres proposées, des comédiens liront des extraits de textes d’écrivains russes. Parallèlement, un concert de

Une pétition-sondage visant à faire reconnaître le russe par l’Union européenne vient d’être mise en ligne. L’objectif est de réunir 54 000 signatures en France et ainsi de lancer une ini-tiative citoyenne qui sera exami-

musique classique en hommage aux grands écrivains russes sera donné par les élèves du Conserva-toire de musique de Nice.Le programme complet est dispo-nible sur le site :

nice-livre.com ›

née par la Commission européen-ne si le million de signataires est atteint à l’échelle européenne. La reconnaissance permettra une pri-se de conscience de la dimension continentale de l’Europe. Pour y prendre part, consultez notre site.

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08 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro rencontres

diversité sous les couleurs russesLes sportifs mondiaux se pré-parent pour les Jeux Olympiques à Londres cet été. Deux ans avant le grand rendez-vous des Jeux d'hiver à Sotchi, la Russie se met à l’heure des jeux d’été où elle a des atouts pour briller.

La Russie d’Aujourd’hui a ren-contré les espoirs olympiques rus-ses qui se démarquent par la cou-leur de leur peau. Nés en Russie, ils n’ont jamais songé à changer de nationalité. Nous en avons choisi quatre : la sœur et le frère Ekaterina et Victor Keyrou qui jouent au basket, l'athlète Lyuk-man Adams et Emilia Tourey, ca-pitaine de l’équipe russe fémini-ne de hand-ball. Ils ont toutes les chances d’être retenus pour dé-fendre les couleurs russes.

« J'ai honte pour mon pays quandje vois le racisme »

Le premier athlète noir en sélection

Aux JO pour la revanche

Une chance de plus après Pékin ?

Lyukman Adams est le premier athlète noir à intégrer l’équipe nationale russe. De père nigé-rian et de mère russe, Lyukman a grandi dans un bas-quartier de Saint-Pétersbourg et il aurait pu mal tourner si le sport n’était apparu dans sa vie. Après un bref passage par le basket-ball, Adams s’oriente vers l’athlétis-me, où il affiche un très bon ni-veau en triple saut. En 2006, il quitte Saint-Pétersbourg pour la capitale et dans l’année qui suit, il remporte le championnat d’Europe junior. En 2010, Adams atteint l’âge requis pour intégrer l’équipe nationale. Les Cham-pionnats du monde en salle mar-quent, pour le moment, le som-met de la carrière de ce sportif de 23 ans, mais on peut affirmer

Emilia Tourey, meneuse de l’équi-pe russe féminine de hand-ball, a des racines sierraléonaises : la couleur de sa peau la faisait pas-ser pour une étrangère à As-trakhan, sa ville natale. Après ses débuts dans le club local, elle a été recrutée par de grands clubs danois (Slagelse et Copenhague) ou espagnol (Itxaco). Mais c’est avec l’équipe russe qu’elle a triomphé. Championne du monde 2005, 2007 et 2009, médaillée d’argent aux Jeux de 2008, mé-daillée d’argent (2006) et de bronze (2008) aux Champion-nats d’Europe, meilleur ailier gauche aux Championnats du monde de 2011, elle n’attend plus que l’or aux prochains Jeux.

quelles sont vos chances de rame-ner la médaille d’or à la russie ? Nous allons tout faire pour ça. La défaite en finale à Pékin m’a marquée à jamais. Nous nous sommes réveillées trop tard en seconde mi-temps. Notre équi-pe, en quatre ans, a fait de gros progrès. Nous sommes sûres de nos forces et nous voulons la vic-toire finale.

Victor Keyrou a déjà connu les honneurs olympiques aux Jeux de Pékin. Le père de ce natif de Rostov-sur-le-Don était venu en Russie avec l’équipe nigérienne d’athlétisme aux Jeux Olympi-ques de Moscou en 1980. Victor a décidé de suivre ses traces et s’est lancé dans le basket-ball. Il a d’abord fait partie de l’équi-pe des Unics de Kazan, avant d’être très vite transféré en pre-mière division, où il s’est fait re-marquer et a bientôt été engagé par l’un des meilleurs clubs d’Europe, le CSKA de Moscou. Il a alors intégré naturellement l’équipe nationale dont il est de-venu une valeur sûre. Il est ac-tuellement capitaine du Spartak de Saint-Pétersbourg.

comment te sens-tu en russie ? n’as-tu jamais pensé à émigrer ?J’ai vécu toute ma vie en Russie. Mon père est de la Sierra Leone, mais moi, je n’ai jamais mis les pieds en Afrique. Bien sûr, j’aime-rais bien jouer pour la NBA amé-ricaine, mais il n’en est pas ques-tion pour le moment. Ma famille et moi, nous sommes très bien à Saint-Pétersbourg. C’est une très belle ville européenne. Je me consacre entièrement au Spar-tak et à l’équipe nationale.

Penses-tu participer aux j. o. de londres ?David Blatt (entraîneur de l’équi-pe russe) croit en moi. Je suis au meilleur de ma forme et espère être dans le cinq de départ.

enTreTiens Avec des sPOrtifs nés de L’immigrAtiOn, Prêts POUr Les JO

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20 juinP o u r c o n t a c t e r l a r é d a c t i o n : r e d a c @ l a r u s s i e d a u j o u r d h u i . f r S e r v i c e d e p u b l i c i t é s a l e s @ r b t h . r u t é l . + 7 ( 4 9 5 ) 7 7 5 3 1 1 4

Moscou souterraine, visite guidée

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avec certitude que ce n’est qu’un début.

comment te sens-tu en russie ? n’as-tu jamais pensé à émigrer ?

La Russie est le pays où je suis né. J’y ai grandi, et j’ai été édu-qué selon les traditions russes. Il y a quelques années, je suis devenu orthodoxe. Je suis à moi-tié nigérian mais je n’ai jamais été là-bas et n’ai jamais pensé à

émigrer. Je représente l’équipe nationale

russe, j’habite la capi-tale, quoi de plus pour être heu-reux ?

raconte-nous ta prestation aux championnats du monde d’athlé-tisme de cet hiver.L’année dernière, j’ai pour la pre-mière fois franchi la barre des 17 mètres (17,32). Ensuite, j’ai été obligé de m’arrêter tout l’été suite à une blessure. En novem-bre, j’ai repris l’entraînement et je me sentais beaucoup mieux qu’en hiver 2011. J’ai été sélec-tionné et j’ai conservé la forme jusqu’à Istanbul, où j’ai établi mon record personnel et rem-porté une médaille. Je ne pense qu’aux J. O. J’ai envie de réjouir les supporters de l’équipe de Rus-sie et ma famille.

Propos recueillis parTimour Ganeev

Ekaterina Keyrou suit le trajet de son frère Victor, le basketteur qui a connu sa première partici-pation aux Jeux Olympiques sous les couleurs russes en 2008. Elle avait l’habitude de l’accompagner aux entraînements : on lui a pro-posé de montrer son propre ta-lent. Depuis, la jeune basketteuse reproduit les succès de son frère. Pas à pas, elle a intégré la Super-ligue, tout en poursuivant ses étu-des musicales. Capitaine junior, elle a été appelée trois fois à re-joindre l’équipe nationale.

comment te sens-tu en rus-sie ? Je me sens très bien ici. C’est mon pays, je suis née ici.

a s - t u d é j à é té confrontée au racisme ?

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Je n’ai jamais été confrontée à des actes racistes mais quand je vois des supporters lancer des bana-nes aux footballeurs noirs sur le terrain, j’ai honte pour mon pays. À cause de ces individus, on peut se voir bêtement refuser l’orga-nisation de grandes compétitions internationales et tout le monde

sera perdant.

comptes-tu partici-per aux jo ?

Pour le basket, les Jeux Olympiques sont l’événement sportif majeur. J’ai très envie

d’aller à Lon-dres et de ra-mener une p re m i è re m é d a i l l e olympique.