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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mardi 26 juillet 2011 Cinéma vérité Entretien avec Alexandre Mindadze dont le film Un samedi anodin a remporté le grand prix à Bruxelles. P. 7 Okrochka : un bouillon d’été exotique Agrémentez votre déjeuner d’un plat rafraîchissant et vraiment original. P. 8 L’oligarque Mikhaïl Prokhorov entre en politique en prenant la direction de l’unique parti libéral autorisé à participer aux élec- tions législatives de décembre prochain. Parti de milliardaire PAGE 2 PAGE 5 Havre de paix La ville de Tambov offre une vue imprenable sur la Russie profonde. Suivez notre guide pour une visite touristique de la capitale des loups et de l’archi- tecture traditionnelle russe. Un nombre croissant d’investisseurs étrangers investissent avec suc- cès dans le secteur agricole russe. L’exemple de Patrick Hoffmann qui, avec son cheptel de 26 000 porcs, a facilement surmonté les difficultés. Heureux comme un cochon PAGE 4 Une Belgique discrète et largement méconnue PAGE 3 LAISSEZ-NOUS VOUS PRÉSENTER LA RUSSIE ! 26 Juillet www.larussiedaujourdhui.be SUITE EN PAGE 8 Un récent sondage révèle que pour un Russe sur cinq, le mot Belgique n’évoque pas la moindre association. Pour une majorité de Russes, seul le cho- colat et le football sont associés au pays. Une toute petite mino- rité est capable de citer une per- sonnalité belge. Cliché pris au centre d’entraîne- ment aux vols civils et de com- bat de Torjok, région de Tver : une séance photo pour les héli- PHOTO DU MOIS Séance de pose pour hélicos L’opposition émerge et change de visage ki, situé à côté de sa maison et en principe protégé. Une décision prise sans concertation avec les riverains. « J’ai réalisé que pendant que je travaillais et que je payais des impôts, on détruisait avec cet ar- gent mon environnement », s’in- digne Chirikova, qui s’est instal- lée dans ce quartier plutôt vert après la naissance de sa seconde lle. Armée de son expérience des affaires et de ses connaissances d’ingénieur, Evguenia a convoqué des résidents locaux et appelé à déplacer la route. Les écologistes ont par la suite proposé onze iti- néraires alternatifs. « Mais l’ad- ministration de Khimki nous a répondu : vous voulez vivre dans les bois ? Allez en Sibérie ». Il y a à peine cinq ans, la Mosco- vite Evguenia Chirikova, 34 ans, n’était qu’un membre lambda de la classe moyenne : ses princi- pales préoccupations étaient sa carrière et ses enfants. Ambitieu- se de nature, elle possédait trois VLADIMIR ROUVINSKY LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI La politique ne se limite plus aux partis. Deux activistes issus de la société civile, Evguenia Chirikova et Alexeï Navalny, incarnent cette métamorphose du paysage politique russe. Société civile Rencontre avec deux personnalités montantes SUITE EN PAGE 2 coptères Mi-24 de l’équipe d’acrobaties aériennes de Be- rkouts (« Aigle Royaux ») avant une démonstration publique. PAGE 6 Revue de presse : l’affaire Strauss-Kahn OPINIONS LOISIRS La presse russe suit avec inté- rêt les développements de l’im- pénétrable « affaire DSK », en s’interrogeant sur ses tenants et aboutissants. Plus d’un homme politique russe a connu des revers similaires. Le Kremlin se partage les partis Nikolaï Troitskiï voit dans la création du Front Populaire par Poutine un moyen de sauver Russie unie, le parti du pouvoir, tandis que Medvedev déploie son bras protecteur autour d’un nouveau parti libéral. diplômes et avait monté sa pro- pre entreprise avec son mari. Elle n’avait pas le moindre intérêt pour la politique. « Je pensais alors que je ne pouvais rien changer, et que c’était donc une activité insen- sée », explique Evguenia. Rien dans son apparence - elle porte jeans et t-shirts - ne sug- gère qu’elle soit l’un des plus cé- lèbres activistes de Russie. Sa métamorphose s’est produite lorsque les autorités ont autorisé la construction d’une autoroute reliant Moscou à Saint-Péters- bourg à travers le bois de Khim- Le plein d’émotions estivales Après les grands festivals musicaux du mois de juillet, le mois d’août propose des événe- ments culturels beaucoup plus variés et originaux comme le festival Achstoyanie, consacré à l’architecture paysagiste, où il sera possible de « sentir » et d’« écouter » des paysages. Où en- core le festival de culture ethnique « Slaviansk », dédié aux traditions des peuples slaves dans l’espace contemporain. Pour des vacances hors du commun, venez en Russie ! © ITAR-TASS © ITAR-TASS © LORI/LEGION MEDIA © ITAR-TASS © PHOTOXPRESS © DENIS VYSHNSKY_KOMMERSANT © PHOTOXPRESS

La Russie d'Aujourd'hui

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mardi 26 juillet 2011

Cinéma véritéEntretien avec Alexandre Mindadze dont le film Un samedi anodin a remporté le grand prix à Bruxelles.

P. 7

Okrochka : un bouillon d’été exotiqueAgrémentez votre déjeuner d’un plat rafraîchissant et vraiment original.

P. 8

L’oligarque Mikhaïl Prokhorov entre en politique en prenant la direction de l’unique parti libéral autorisé à participer aux élec-tions législatives de décembre prochain.

Parti de milliardaire

PAGE 2 PAGE 5

Havre de paix

La ville de Tambov offre une vue imprenable sur la Russie profonde. Suivez notre guide pour une visite touristique de la capitale des loups et de l’archi-tecture traditionnelle russe.

Un nombre croissant d’investisseurs étrangers investissent avec suc-cès dans le secteur agricole russe. L’exemple de Patrick Hoffmann qui, avec son cheptel de 26 000 porcs, a facilement surmonté les difficultés.

Heureux comme un cochon

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Une Belgique discrèteet largement méconnue

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LAISSEZ-NOUS VOUS PRÉSENTER LA RUSSIE !26 Juillet

www.larussiedaujourdhui.be

SUITE EN PAGE 8

Un récent sondage révèle que pour un Russe sur cinq, le mot Belgique n’évoque pas la moindre association. Pour une majorité de Russes, seul le cho-colat et le football sont associés au pays. Une toute petite mino-rité est capable de citer une per-sonnalité belge.

Cliché pris au centre d’entraîne-

ment aux vols civils et de com-

bat de Torjok, région de Tver :

une séance photo pour les héli-

PHOTO DU MOIS

Séance de pose pour hélicosL’opposition émerge et change de visage

ki, situé à côté de sa maison et en principe protégé. Une décision prise sans concertation avec les riverains. « J’ai réalisé que pendant que je travaillais et que je payais des impôts, on détruisait avec cet ar-gent mon environnement », s’in-digne Chirikova, qui s’est instal-lée dans ce quartier plutôt vert après la naissance de sa seconde fi lle. Armée de son expérience des affaires et de ses connaissances d’ingénieur, Evguenia a convoqué des résidents locaux et appelé à déplacer la route. Les écologistes ont par la suite proposé onze iti-néraires alternatifs. « Mais l’ad-ministration de Khimki nous a répondu : vous voulez vivre dans les bois ? Allez en Sibérie ».

Il y a à peine cinq ans, la Mosco-vite Evguenia Chirikova, 34 ans, n’était qu’un membre lambda de la classe moyenne : ses princi-pales préoccupations étaient sa carrière et ses enfants. Ambitieu-se de nature, elle possédait trois

VLADIMIR ROUVINSKYLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La politique ne se limite plus aux

partis. Deux activistes issus de la

société civile, Evguenia Chirikova

et Alexeï Navalny, incarnent cette

métamorphose du paysage

politique russe.

Société civile Rencontre avec deux personnalités montantes

SUITE EN PAGE 2

coptères Mi-24 de l’équipe

d’acrobaties aériennes de Be-

rkouts (« Aigle Royaux ») avant

une démonstration publique. PAGE 6

Revue de presse : l’affaire Strauss-Kahn

OPINIONS

LOISIRS

La presse russe suit avec inté-rêt les développements de l’im-pénétrable « affaire DSK », en s’interrogeant sur ses tenants et aboutissants. Plus d’un homme politique russe a connu des revers similaires.

Le Kremlinse partageles partis

Nikolaï Troitskiï voit dans la création du Front Populaire par Poutine un moyen de sauver Russie unie, le parti du pouvoir, tandis que Medvedev déploie son bras protecteur autour d’un nouveau parti libéral.

diplômes et avait monté sa pro-pre entreprise avec son mari. Elle n’avait pas le moindre intérêt pour la politique. « Je pensais alors que je ne pouvais rien changer, et que c’était donc une activité insen-sée », explique Evguenia.Rien dans son apparence - elle porte jeans et t-shirts - ne sug-gère qu’elle soit l’un des plus cé-lèbres activistes de Russie. Sa métamorphose s’est produite lorsque les autorités ont autorisé la construction d’une autoroute reliant Moscou à Saint-Péters-bourg à travers le bois de Khim-

Le plein d’émotions estivales

Après les grands festivals musicaux du mois de juillet, le mois d’août propose des événe-ments culturels beaucoup plus variés et originaux comme le festival Achstoyanie, consacré à l’architecture paysagiste, où il sera possible de « sentir » et

d’« écouter » des paysages. Où en-core le festival de culture ethnique « Slaviansk », dédié aux traditions des peuples slaves dans l’espace contemporain. Pour des vacances hors du commun, venez en Russie !

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L'opposition émergeen changeant de visage

Pendant le confl it à Khimki, des inconnus ont tabassé plus d'une dizaine de militants engagés pour la protection de la forêt et Evgue-nia a reçu maintes menaces ano-nymes. Mais elle a tenu tête. Elle s'y est habituée et ne au moins ne donne pas l'impression d'avoir peur. « On ne peut pas passer la vie à fuir. Si nous avons peur, c'est que nous avons perdu », dit-el-le.Ses longs entretiens avec les fonc-tionnaires, qui ont expliqué que le projet fédéral ne peux pas être modifié, n'ont pas renforcé sa confi ance envers les autorités. En 2009, le Premier ministre Vladi-mir Poutine a signé le décret auto-risant la construction de l'auto-route à travers la forêt. Selon le politologue Alexeï Moukhine, la composition très hé-téroclite de ses partisans (anti-fascistes, anarchistes, socialistes, libéraux de droite et de gauche) indique qu'il existe dans la so-ciété une mobilisation forte autour de la résolution de problèmes concrets et non liés à des problé-matiques idéologiques. La forêt de Khimki sera malgré tout tranchée par l'autoroute, mais la mobilisation a permis de réduire la zone de coupe de 600 à 100m de largeur.

Navalny n'y a pas cru Parmi les sceptiques face au com-bat mené par Chirikova fi gurait l'avocat Alexeï Navalny, qui s'est fait un nom dans la lutte contre la corruption. Il y a quelques an-nées, il était membre du parti li-béral Iabloko et travaillait dans le Comité de protection des Mos-covites. « On venait me voir et en se plaignant de la construc-tion de l'autoroute de Khimki, se souvient-il. J'ai alors dit : c'est peine perdue, vous ne rassem-blerez personne et vous vous ferez tabasser ». Parmi ces gens il y avait Evguenia. « Désormais, je comprends combien je m'étais trompé », reconnaît Alexeï.Au volant de sa coûteuse berline, il incarne le jeune cadre dynami-que. Orateur charismatique, il convainc en s'appuyant sur une logique solide sans jamais recou-rir à des slogans creux. Navalny, tout comme Chirikova, est deve-nu célèbre par ses actions concrè-tes, en défendant les droits des

actionnaires minoritaires dans les grandes entreprises publiques russes. Ils sont nés la même année, ne sont membres d'aucun parti et tiennent à leur statut de francs-tireurs. Tous les deux, ils ont rassemblé un vaste réseau de partisans issus de différentes obédiences politi-ques. Ils peuvent être considérés comme un nouveau type d'op-position, axée sur la résolution de problèmes réels, note Nikolaï Petrov du Centre Carnegie. « Chirikova incarne la transfor-mation à partir d'un confl it pré-cis vers un engagement citoyen, tandis que Navalny est porté sur l'activisme politique ». Chiriko-va « n'avait pas l'intention de s'impliquer en politique, ce sont les autorités locales qui l'y ont poussée », ajoute Moukhine, no-tant que tous les deux jouissent d'une « image de leader popu-laire répondant aux attentes de la population ».Privé d'accès aux chaînes de té-lévision, contrôlées par le Kremlin, Navalny considère Internet comme le meilleur média pour ses idées. Il s'est fi xé pour tâche de diminuer les voix en faveur de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, aux élections législati-ves de décembre. À cette fi n, il a lancé une campagne appelant à voter pour n'importe qui, sauf pour le parti au pouvoir, ce der-nier concentrant à son avis la cor-ruption.Preuve du crédit accordé à Na-

valny : les 174.000 euros qu'il a collectés en un mois pour les be-soins de son activité anti-corrup-tion. Il compte dépenser cet ar-gent en frais d'avocats et d'analystes, qui l'aident à identi-fi er les transactions publiques sus-pectes et à porter plainte devant les tribunaux. Désormais, Alexeï soutient activement le mouvement de Khimki en passant au crible les appels d'offres sur la construc-tion de l'autoroute. Chirikova et Navalny sont récem-ment apparus côte à côte dans un camp monté dans le bois de Khimki pour mobiliser les oppo-sants. Pendant quatre jours, l'évé-nement a vu affluer plus de 3000 personnes, parmi lesquelles les dirigeants de partis d'opposition ainsi que des représentants du mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi. Tous, des nationationalistes ou anti-facistes, sont venus écouter Navalny. Lucide, il explique : « Je sais que je suis à la mode en ce moment et que les gens se lasse-ront. Ma popularité réelle dans le pays ne dépasse pas les 2% et est liée uniquement à Internet. En province, les gens ne sont au cou-rant de rien. Je ne désarme pas, parce que j’aime ce dont je m’oc-cupe ». Les journalistes lui lan-cent : « Hé, Navalny, quand tu seras président, ne nous oublie pas ! » « Aha, la presse vendue... » rit-il en réponse, C’est à vous que je devrais d’être le premier à aller droit dans le mur... »

Navalny et Chirikova sont récemment apparus côte à côte dans une manifestation de l'opposition.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

" Je déposerai ma candida-ture quand on aura de vraies élections, et non pas une

succession au trône."

IL L'A DIT

Alexeï Navalny

des Russes savent qui est AlexeÏ Navalniy, dont 68% accordent du crédit à l'activité de son site anti-corruption. 23% sont sceptiques.

6%CHIFFRES CLÉS

Votre rapport aux

minorités

SONDAGE

EVGUENY OUTKINELA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

À quelques mois des élections

législatives et présidentielles,

Vladimir Poutine crée une

organisation destinée à

contrebalancer l'effritement

populaire du parti Russie unie.

Offensive pour sauver le partiau pouvoir

Législatives Le Premier ministre manoeuvre pour garder le contrôle du Parlement

Seconde guerre mondiale, le mot « front » sonnait juste. Selon le speaker de la Douma et membre du conseil de coordina-tion du FPP, Boris Gryzlov, le Front peut devenir un système d'ascension sociale permettant l’émergence de gens entreprenants qui, pour une raison ou une autre, ont décidé de ne pas intégrer le parti au pouvoir.Depuis la création du Front, des centaines d’organisations diver-ses y ont d'office inscrit leurs membres, comme la Fédération des syndicats indépendants ou l’Union des industriels et des en-trepreneurs ou encore des asso-ciations comme le mouvement agricole de Russie (38 millions de personnes), les retraités (1,4 mil-

Le 6 mai, lors d’un congrès du parti Russie unie à Volgograd, le Premier ministre a proposé de créer un Front populaire panrus-se (FPP) pour que l’ensemble de la société civile puisse avoir la possibilité de participer à l’éla-boration des décisions gouverne-mentales. La proposition est tom-bée à l’improviste mais le jour était bien choisi : à la veille de l’anniversaire de la victoire de la

lion), les cheminots (1 million) et les postiers (400 000), les auto-mobilistes, les éleveurs de rennes, les gymnastes… Beaucoup d'in-dividus se sont retrouvés mem-bres de l'organisation sans qu'on leur ai demandé leur avis, ce qui a provoqué un débat public.Pour beaucoup, le Front est as-socié au parti Russie unie, comme un simple changement de mar-que, alors qu’il a été créé pour élargir le cadre étroit du parti. Le leader du parti communiste, Guennadi Ziouganov est parti-culièrement critique : « D’habi-tude, c’est l’opposition qui lance un front populaire et pas celui qui dirige, sinon c’est un scanda-le ». Les opposants Vladimir Ryjkov, Boris Nemtsov et Vladimir Milov affirment d’une seule voix que « Poutine est tout à fait conscient que la cote de popularité de Rus-sie unie est en train de chuter ra-pidement » et qu’il faut « la tirer par les oreilles du bourbier ».« La précipitation est suscitée par la compétition », remarque le di-recteur de l’Institut international d’expertise politique, Evgueni Mintchenko, « le but, c’est de se

positionner de telle sorte que l’on comprenne que c’est Poutine qui choisira le candidat du pouvoir pour 2012. Car tout le monde l'a remarqué : Medvedev a de moins en moins de cartes à jouer ».

ALEXANDER BRATERSKYTHE MOSCOW TIMES

Le milliardaire Mikhail

Prokhorov vient de prendre la

direction du parti libéral Juste

cause, avec pour objectif de

restaurer les élections directes

et d'occuper le poste de Premier

ministre.

Un oligarque dans un scrutin de porcelaine

Législatives Prokhorov crée la surprise

Prokhorov, 46 ans veut faire de Juste cause la seconde base de soutien du Kremlin, derrière Rus-sie unie, le parti du pouvoir. « Oublions le mot "opposition". C’est un mot lié aux partis mar-ginaux qui ont perdu tout contact avec la réalité depuis long-temps », a dit Prokhorov aux 114 délégués du parti. « Il doit y avoir deux partis du pouvoir, au lieu d’un seul, comme maintenant », a-t-il poursuivi. « Nous essayons simplement de rassembler nos forces, mais Russie unie nous a lancé un défi , et nous devons le relever ». L’oligarque a présenté une plateforme suffisamment pondérée pour satisfaire à la fois le Kremlin et les électeurs libé-raux. Prokhorov est le troisième homme le plus riche de Russie, avec une fortune personnelle de 12 mil-liards d’euros, selon Forbes Ma-gazine, et des actifs dans l’élec-tricité, le métal, la haute technologie, et l’équipe de bas-ket New Jersey Jets. Il assure l'in-vestissement essentiel de Juste

Prokhorov veut faire entrer Juste Cause au parlement en décembre.

Entretien publié dansMoskovskie Novosti

Eclairé, mais sans despotismeVous avez beaucoup parlé de la si-

tuation de l’homme ordinaire, mais

presque pas de celle des entrepre-

neurs ?

Il faut changer la situation. Et pour cela, la pierre angulaire doit être l'homme. Nous pouvons continuer à construire avec les méthodes du goulag, mais cela n’apportera pas de bonheur. Nous devons créer des conditions de travail normales, payer correctement pour bâtir dans un tout autre état d’esprit. Il faut mettre au centre du program-me le respect de l’autre, ce qui n’a jamais été accompli dans notre his-toire. Si on ne change pas cette mentalité, les gens partiront. Vous dites qu’il faut placer l’hom-

me au centre. Prenons en un qui

vend des téléphones et un second,

un policier, qui fait tout pour ruiner

le premier. Pour lequel de ces hom-

mes êtes-vous ?

Le policier aussi a une femme et des enfants qui ont fait des études mais ne trouvent pas de travail. Le business n’aime pas certaines per-sonnes, les policiers ne sont pas ap-préciés, mais eux aussi sont fatigués de ne pas être aimés. Mais il y a aussi dans ce système un

Article publié dansThe Moscow Times

" Disons le franchement : notre force politique diri-geante, Russie unie, a be-

soin d’idées, de propositions et de visages nouveaux".

" Le cercle des candidatures peut être plus large que celui des membres de Rus-

sie unie. En vertu de la loi, nous pouvons présenter jusqu’à 25% de candidats sur notre liste qui n’ont pas la carte du parti, c'est-à-dire 150 sur 600".

ILS L'ONT DIT

Vladimir PoutinePREMIER MINISTRE

Boris GryzlovPRÉSIDENT DE LA DOUMA

QUESTIONS & RÉPONSES

cause, avec près de cent millions de dollars versés.« C’est Dieu, le tsar et le com-mandant militaire, tout en une personne », a confi é Boris Nade-jdine, un des hauts responsables de Juste cause. Prokhorov a aussi ajouté qu’il n’excluait pas la pos-sibilité de devenir Premier mi-nistre si son parti était élu au parlement. Prokhorov appelle à un accrois-sement des pouvoirs des régions et des districts fédéraux ; à l’élec-tion directe des maires, grands juges, procureurs et chefs de po-lice ; à la restauration des man-dats uniques à la Douma. « Notre pays s’appelle la Fédé-ration de Russie, mais à en juger par le leadership, c’est un empi-re où seul l’exécutif fonctionne », a dit Prokhorov. L’objectif est d’attirer les entreprises étrangè-res victimes de la crise chez elles à venir chercher des opportuni-tés en Russie ».Il est beaucoup trop tôt pour pen-ser que Juste cause deviendra la base politique de Medvedev, considère Andrei Mnukhin, un analyste du Centre pour l’infor-mation politique. « La base élec-torale d’un tel parti ne dépasse pas les 3% ». Prokhorov, lui, s'est fi xé un objectif de 7 à 15% des voix.

grand nombre de gens qui ont pris

l’habitude de récolter des reve-

nus énormes grâce à la corruption

et qui n’ont aucun souci à être mal

aimés. Qu’allez-vous leur dire ?

Notre État est faible parce qu’il ne défend pas l’individu, mais le fonc-tionnaire. Si nous plaçons la person-ne et sa dignité au centre, le système tout entier défendra l’individu. La Russie postsoviétique a connu

trois leaders, avec chacun son sys-

tème de valeurs, son style. De qui

vous sentez-vous le plus proche,

Eltsine, Poutine ou Medvedev ? Qui

accepteriez vous dans votre parti.

Catherine II la Grande ! À mon avis elle a réussi à renforcer l’État rus-se comme personne dans l’histoire. J’ai pris l’habitude de prendre pour exemple les plus forts. Mais sous son règne, l’homme

n’était pas exactement placé au

centre…

C’est exact, mais en Europe, à la mê-me époque, la situation était à peine meilleure.

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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ALEXEÏ CHERNEGAEUROMAG

ALEXANDRE IEMELIANENKOVLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

À quoi pensez-vous lorsque vous

entendez le mot « Belgique » ?

Voici la question qui a été posée

aux citoyens russes. Force est de

constater que pour une majorité,

la Belgique n’évoque rien.

Alexander Iemelianenkov était

vice-rédacteur en chef de

l'hebdomadaire Sobesednik en

août 1991. Il se souvient pour

nous de ces trois jours qui ont

ébranlé le monde.

Discrèteet largement méconnue

Sondage Les russes ignorent la Belgique

Grand-Place de Bruxelles. 2% des Russes associent la Belgi-que uniquement au football. Et les joueurs belges n’y sont pour rien. La faute serait plutôt au scanda-le du championnat du monde de 1986, lorsque l’équipe de l’URSS a perdu en 1/8ème de fi nale contre la Belgique 3 buts à 4. L’un des buts fut notamment marqué par Jan Ceulemans, pourtant déclaré hors-jeu par l’ar-bitre de touche. L’arbitre principal, qui n’a pas vu le drapeau dressé, a alors accordé le but à la Belgique. C'est en tout cas ce dont les Russes se souvien-nent.Un fait qui contribue sans doute à l’image négative que certains Russes ont de la Belgique. Ainsi, 2% des personnes interrogées se souviennent que la Belgique abrite le siège de l’OTAN. L'al-liance ennemie du temps de la Guerre Froide continue d'évoquer des associations négatives. Et 2% des Russes associent la Bel-gique exclusivement à la bière, qu’il jugent simplement « bonne ». Un même pourcentage évoque également la principale attrac-tion de la capitale, la statue du Manneken Pis. 2% pensent aussi que la Belgique est juste « un pays nain », « difficile à trouver sur une carte ». L'acteur Jean-Claude Van Damme n'est associé à la Bel-gique que par un pourcent. Qui voudra bien se dévouer pour don-ner son visage au pays ?

Aucun récit, aucune marque spé-cifi que belge n'a réussi à se frayer un chemin jusqu'à la mémoire du Russe moyen, si l'on en croit une étude réalisée par le journal Euro-mag et le portail de recrutement Superjob.ru. Que la Belgique soit un pays peu connu du grand pu-blic russe, difficile d’en douter. Mais qu’une personne sur cinq (soit exactement 20% des sondés) soit incapable de se souvenir ne se-rait-ce que d'un seul élément pou-vant être associé à la Bel-gique, en revanche, voilà qui est carrément surprenant.Parmi ceux qui ont pu se souve-nir d’au moins une chose en pen-sant à la Belgique, le chocolat est l'élément qui revient le plus sou-vent. C'est une réponse qui ob-tient 12% des voix. Le chocolat est aujourd’hui le cadeau ou sou-venir de Belgique le plus popu-laire, vendu en grande partie dans les boutiques duty free des aéro-ports. D’ailleurs les chocolats belges restent, à tous les niveaux, le principal rival des Suisses et des Français. Mais les personnes interrogées sont cependant inca-pable de nommer ne serait-ce qu'une seule marque de chocolat belge.Le célèbre détective belge Hercu-le Poirot décroche la troisième place parmi les réponses les plus populaires associées à la Bel-gique (6% des sondés).4% des Russes ont également dé-claré que la Belgique est « l’Eu-rope », ou encore, un « pays euro-péen ». L’un d’entre eux a même ajouté « ...avec un énorme patri-moine culturel ». A l’annonce du mot « Belgique », 3% des per-sonnes interrogées se rappellent immédiatement Bruxelles, et no-tamment sa place centrale, la

des Russes ne trouvent strictement rien à associer au mot Belgique. Un constat sans doute dû à l'absence d'une personnalité belge populaire dans l'Est de l'Europe.

20%CHIFFRE- CLÉ

Le service de presse du Comité in-ternational olympique (CIO) a dé-cidé que le slopestyle ski, le snow-board ainsi que le slalom parallèle spécial en snowboard, feront leur entrée au programme des Jeux olympiques de Sotchi en 2014.

Toutes les épreuves sont ouvertes aux hommes et aux femmes.« Ces nouvelles disciplines sont très spectaculaires et attireront le jeune public », a justifié le président du CIO Jacques Rogge lors d'une conférence de presse.

Le contrôle douanier est défini-tivement aboli ce 1er juillet aux frontières entre la Russie, la Bié-lorussie et le Kazakhstan, pays membres de l'Union douanière. Le contrôle des biens et des moyens de transport sera effectué aux frontières extérieures de ces trois

pays. Les services responsables échangeront leurs données sur les marchandises importées. L'Union a été lancée le 1er janvier 2010 par la mise en œuvre d'un tarif douanier unifié. Le contrôle douanier a été partiellement aboli le 1er juillet 2010.

JO 2014TROIS NOUVELLES DISCIPLINES POUR SOTCHI

MIGRATIONRUSSIE-BIÉLORUSSIE-KAZAKHSTAN : FIN DES CONTRÔLES

EN BREF

Article publié dansEuromag

Ce matin à la radio : l'État d'urgence est décrété en URSS !

Souvenirs Il y a exactement 20 ans, un putsch militaire renversait Gorbatchev

Des colonnes de chars prennent

position sur les axes principaux de

la capitale au matin du 4 août 1991.

Comme bien d’autres par ce matin mémorable, je fus réveillé par un coup de fi l : « Allume la radio », s'égosillait un collègue. « Il y a un coup d’État ! ». Je m’élançai vers l'appareil.« Guidés par les intérêts essen-tiels de notre Patrie et de tous les citoyens soviétiques…», lisait le présentateur impassible, « nous avons décidé introduire l’état d'urgence dans certaines régions de l'Union soviétique pour une période de six mois à partir de 4 heures, ce 19 août 1991 ».Je montai le volume.« Un Comité d'État pour l'état d'urgence dans l'Union soviéti-que [GKChP] sera mis en place pour gouverner le pays et gérer efficacement l'état d'urgence ».Les noms des membres du comi-té suivaient, par ordre alphabé-tique : Oleg Baklanov (secrétaire du Comité central du Parti com-

muniste), Vladimir Krioutchkov (chef du KGB), Valentin Pavlov (Premier ministre), Boris Pougo (ministre de l'Intérieur) ...Quand est venu le tour de Dmi-tri Iazov, le ministre soviétique de la Défense, je me suis souvenu d'une conversation que j'avais eue avec lui peu avant. Le ministre s'était indigné lorsqu'on l'avait interrogé sur les rumeurs de coup d'État militaire présumé en ges-tation en Union soviétique. « Voyez-vous un Pinochet en moi ? » avait-il martelé. « L'ar-mée est partie intégrante du peu-ple. Dois-je organiser un coup d'État contre ma mère ? Ou contre le gouvernement ? Je suis moi-

même un membre de ce gouver-nement. Contre Gorbatchev ? Pourquoi me révolter contre lui ? Nos députés peuvent décider de le limoger s'il n'est pas à la hau-teur de sa tâche. Nous sommes maintenant dans une situation telle que nous n'avons pas besoin de coup d’État, nous pouvons tout obtenir par les seuls moyens constitutionnels ».En route pour le travail ce ma-tin-là j’écoutais les bribes d’une conversation : « Gorbatchev n’a qu’à s’en prendre à lui-même, il a relâché la poigne. Et je pense que ces gars vont serrer la vis …», « Pas mal, au moins il y aura de l’ordre…» Les interlocuteurs

avaient environ 35 ans, comme moi. C’étaient les enfants du dégel de Khrouchtchev, ils avaient à peine goûté à la perestroïka et déjà se languissaient d'une main ferme...L'imprimerie de la Pravda, où mon magazine, Sobesednik, était publié, a reçu l'ordre du Comité d'état d'urgence de « suspendre jusqu'à nouvel ordre » l'impres-sion de tous les journaux et ma-gazines, sauf la Pravda, Étoile rouge et sept autres éditions contrôlées par le gouvernement. Nous avons exprimé notre colère en transformant les journaux en affiches et en tracts. Nous les pho-tocopiions à notre maison d'im-pression. Ils étaient ensuite dis-tribués dans Moscou et envoyés à d'autres villes par fax. Quand nous avons compris où était le front principal, les tracts ont été envoyés aux barricades situées devant le siège du gouvernement, la Maison Blanche.

Pendant ce temps, on ignorait tout des faits et gestes du président légalement élu de l’URSS.Les coups de fi l et des messages fragmentaires affluaient vers l'im-primerie depuis l'extérieur de Moscou, dénotant une confusion croissante à la fois parmi les ci-toyens ordinaires et les dirigeants de différents niveaux. Les plus zélés se hâtaient de jurer allé -geance à la GKChP, envoyant leurs « télégrammes de soutien », mais la plupart des politiciens et des chefs d'entreprise adoptèrent une position attentiste, en utili-sant tel ou tel prétexte pour évi-ter de faire des déclarations.Pendant ce temps, des colonnes de chars, de véhicules blindés et des camions de soldats faisaient route vers la capitale depuis dif-férentes directions. Sous leur pro-tection, les membres du GKChP ont donné une conférence de presse pour les journalistes étran-gers et soviétiques au centre de presse du ministère des Affaires étrangères.Mais ce qui est arrivé est arrivé : Eltsine et ses partisans se hissè-rent sur les tanks qui entouraient la Maison Blanche. Les tankistes étaient sur les barricades, étrei-gnant les habitants et riant aux caricatures et aux poèmes ridi-culisant les généraux rebelles. Et les deux divisions blindées qui avançaient sur Moscou ont été ar-rêtées à mi-course avant de re-brousser chemin...

CANDICE HUGHESLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les pouvoirs publics prennent

trop lentement des dispositions

permettant l'intégration des

invalides dans la société.

Sortir de chez soi est déjà un combatHandicapés Témoignage sur le quotidien pénible des personnes à mobilité réduite

suscité des mesures qui, en théo-rie, apportent des solutions. Les grands centres commerciaux of-frent désormais des facilités d’ac-cès pour les handicapés, et Inter-net leur a permis de sortir de l’isolement. Mais les progrès sont aussi lents

Pour quitter son appartement, Li-liana Fiodorova doit descendre six marches étroites et raides. À reculons. En fauteuil roulant. Puis il y a le bord du trottoir pour tra-verser la rue, et le même de l’autre côté. Elle est tombée trois fois, se cognant si fort la tête contre le carrelage qu’elle a dû être hospi-talisée. Les handicapés sont confrontés à un vaste éventail de problèmes, dans les domaines de l’emploi, du logement et des soins médicaux. Ils font face à une discrimination ouverte et à l’indifférence géné-rale. Mais l’obstacle majeur, ce sont les problèmes d’accessibili-té. Le désir de la Russie de se faire accepter dans l’arène mondiale a

« Si l’État pouvait exiler tous les handicapés, il le ferait ».

que le trajet de Fiodorova pour sortir dans la rue. « En Russie, une personne handicapée est ex-clue de la vie sauf quelques rares exceptions », dit-elle. « Si l’État pouvait créer un ghetto et exiler tous les handicapés, comme au temps de Staline, il le ferait. Mais

comme nous voulons être consi-dérés comme un pays civilisé, nous nous retenons ». Elle a perdu l'usage de ses jambes à la suite d'un accident chirurgical. « Je suis arrivée à l’hôpital en talons aiguille, je suis repartie en chai-se roulante », raconte-t-elle. Un an plus tard, son mari la quitte. Le désespoir à laissé la place à la colère. « Je me suis dit : je vais vivre ! »Fiodorova fait partie des 13 mil-lions de Russes atteints de han-dicaps. Selon le gouvernement, 40%, soit 5 millions de person-nes, sont aptes au travail. Mais moins d’un million sont em-ployées, en dépit d’une loi impo-sant aux sociétés de plus de 100 personnes de réserver un quota de 5% aux handicapés. Aujourd'hui, Fiodorova compte consacrer sa vie à la législation en faveur des handicapés : « il y a tellement de gens comme moi en Russie ! »

Les intentions des putschistes

Le 18 Août 1991, un groupe de hauts-fonctionnaires soviétiques rend visite à Mikhaïl Gorbatchev dans sa datcha de Crimée. Le len-demain, le transfert du pouvoir au Comité d'État des Situations d'Ur-gence est annoncé. Leur but : empêcher la dislocation de l'URSS qui, d'après eux, était

programmée pour le 20 Août lors de la signature d'un traité destiné à transformer l'URSS en une confé-dération d'États indépendants. L'armée est déployée dans Mos-cou et d'autres grandes villes, mar-quant le début d'un coup d'État de trois jours qui a en définitive préci-pité la dissolution de l'URSS.

« À 35 ans, ils avaient à peine goûté à la perestroïka mais déjà se languissaient d'une main ferme »

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EN BREF

Fin juin, dans le cadre de la vi-site en Belgique du Ministre du Développement économique de la région de Stavropol Iouri Ia-goudaev, un accord de coopéra-tion avec le centre d'études dans les domaines nanoélectronique et nanotechnologique Imec a été signé.« Nous avons proposé à Imec de se pencher sur la possibilité d'une ouverture à Stavropol d'une représentation russe du consortium de recherche », indique un communiqué de presse du ministère.« La coopération de la région avec le consortium comprend l'organisation de stages en Bel-gique pour les spécialistes de Stavropol, y compris les futurs employés du centre nanotech-nologique ».Les autres dispositions de cette collaboration concernent « l'ex-pertise des projets de la région par des spécialistes de l'Imec et l'examen en laboratoire du ma-tériel technologie de l'entre-prise », note le ministère.D'après les informations du Mi-nistère du Développement éco-nomique régional, un groupe de scientifi ques et d'hommes d'af-faires de la région de Stravopol, sont attendus pour une visite des laboratoires Imec.

Nanotechnologies

au menu des

relations

bilatérales

NIKITA DOULNEVLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Anatoli Tchoubaïs, patron de la

Corporation d'État Rosnano,

dévoile pour nous ses projets les

plus secrets.

Le Kremlin donne un coupde pouce aux nanotechnologies

Innovation Un fonds d'investissement sélectionne les meilleures startups

Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Rosnano a pré-senté plus de 10 projets déjà lan-cés ou qui le seront avant la fi n de l'année. Seuls une centaine de pro-jets sont en cours d'élaboration, bien que près de 2.000 demandes aient été déposées. En moyenne, Rosnano donne son feu vert à une proposition sur 20. « On me dit souvent : avec vous c'est trop dif-fi cile, le processus de sélection est trop long et rigoureux, nous n'al-lons pas travailler avec vous, mieux vaut trouver un autre in-vestisseur », raconte Tchoubaïs. « Moi je pense qu'un sur vingt, c'est normal. En outre, contraire-ment à tout autre investisseur, nous ne nous contentons pas d'investir dans le projet, nous le menons à bien », ajoute-t-il. Le chef de Ros-nano explique que son aide con-siste à aider les entrepreneurs à trouver un ou des investisseurs stratégiques privés. Et ce n'est pas tout : Rosnano offre une protec-tion contre la bureaucratie et autres mésaventures qui guettent l'entrepreneur novice. Pour la ges-tion, Rosnano a pour principe de se cantonner à une participation minoritaire. Selon Tchoubaïs, la société « cultive un jardin » qui, dans quelques années, devrait por-ter ses fruits. Truffés de hautes technologies, bien sûr.

Anatoli Tchoubaïs promet une protection contre la bureaucratie.

4PROJETS

PHARES DE

ROSNANO

1 TRANSMISSION INSTANTA-NÉE DE L'INFORMATION. L'entreprise de Saint-Péter-

sbourg Connector Opticus lance la production de "lasers verticaux". Ces appareils sont nécessaires à la fabrication de fibre optique. L'entreprise doit constituer la base d'un cycle complet de pro-duction de fibre haut-débit en Russie. Grâce aux lasers, on pro-duira des matériaux d'une capa-cité de débit pouvant aller jusqu'à 80 gigabits par seconde.

2 SOUPLE ET ULTRA-RÉSIS-TANTE. Nous nous trouvons dans

la région d'Ijevsk (Oural). L'usi-ne s'appelle sobrement Proujina ("ressort"). Le ressort n'est géné-ralement pas associé à l'innova-tion. Pourtant, il s'agit de ressorts plusieurs fois plus performants que leurs analogues russes. À l'heure actuelle, l'entreprise fa-brique des produits destinés à la construction de wagons. Les ressorts utilisés aujourd'hui dans les trains durent à peine quelques années. Or, la durée de service des wagons est de 30 ans. C'est à peu près la durée de vie de la production de l'entreprise d'Ijevsk.

3 LE MARCHÉ DES PUCES. C'est certainement le pro-jet le plus ambitieux de

Rosnano. Non loin de Moscou, on met en place une usine de produc-tion de micro-puces appelée Sitro-nics-Nano. Le volume des investis-sements atteint 16,5 milliards de roubles (408 millions d'euros). Le chiffre d'affaires attendu en 2015 est de 12 milliards (environ 300 millions d'euros). L'entreprise pro-duira des puces de 90 nanomètres. Comme l'a souligné dans son dis-cours Tchoubaïs, ce n'est pas un re-cord mondial : il existe en Europe, aux États-Unis et en Asie des pro-duits plus complexes. Cependant, 90 nm - c'est la norme nécessaire pour les micro-puces utilisées dans la plupart des appareils électroni-ques modernes. Jusqu'à présent, la Russie ne possédait aucune usine de production de ce type.

4 NANO-FILM. La société Danaflex, ba-sée à Kazan, est l'un des

rares projets de Rosnano dont les produits atteindront le consom-mateur lambda. L'entreprise fabri-que des emballages alimentaires. Le film Danaflex possède un na-no-revêtement qui réduit de plu-sieurs fois la pénétration de l'air et de l'humidité à l'intérieur de l'em-ballage. Il est à peine plus cher que ses analogues, mais au final, il permet des économies en rédui-sant la quantité de conservateurs dans les aliments et en étant faci-lement recyclable.

Structure des

investissements

Des secteurs

d'activité variés

Sur le bugdet de 9,5 milliards d'euros, l'argent public (c'est-à-di-re venant de Rosnano) représente moins de la moitié du total.

La structure des investissements dans les nanotechnologies corres-pond grosso modo à l'activité ob-servée sur les marchés occidentaux.

« On obtient en moyenne 12 petits par portée, un très bon résultat au

regard des standards internationaux », assure Patrick.

ALIAKRINSKAIA NATALIATHE NEW TIMES

Ce n’est un secret pour personne :

monter une affaire en Russie est

compliqué. Mais Patrick Hoffmann

est une exception.

Heureux commeun cochon français en Russie

Élevage Un nombre croissant d'étrangers relèvent avec succès le défi d'investir dans le secteur agricole russe

à l’abattoir, et le site, racheté pour un rouble symbolique. Et il a fallu tout recommencer à zéro. Ce qui n’a pas effrayé Patrick. Ancien ingénieur mécanicien, ex-employé de l’industrie nucléaire, puis ban-quier d’investissement, Hoffmann savait déjà par un ami français qui vendait de la charcuterie en Russie qu’investir dans l’élevage de porc serait rentable. « La Russie est un paradis pour l’élevage de porc », assure Patrick, confiant, en sirotant son jus d’orange. « Ici, le porc est deux fois plus cher qu’en France, et l’alimentation animale, deux fois moins chère ».

La chance de Patrick, c’est que lorsqu’il est arrivé pour conqué-rir le pays en 2005, c’était l’an-née du cochon en Russie. Tous ceux qui décidaient, cette année-là, de développer ce secteur, per-cevaient des subventions. Et les Français ont tout calculé : le coût le plus important dans la construction de la porcherie est l’installation de stalles, qui repré-sente deux tiers de l’investisse-

La société de Patrick Hoffmann produit 26 000 têtes de cochons par an. Leur sort, bien évidem-ment, est tragique : les animaux sont envoyés à l’abattage, pour fi nir dans les boucheries de la ré-gion de Moscou. Mais cela ne sem-ble pas déranger Patrick. Le cochon n’est pas son animal do-mestique préféré, seulement un moyen de bien gagner sa vie. Levé à 5 heures 45, avec au petit déjeuner, fromage blanc au sel et aux poivrons et lecture de la pres-se française. C’est un rituel chez Patrick, originaire de Dalem, un petit village situé à la frontière entre la France et l’Allemagne. Et c’est dans le village de Bolchaya Otrada (Grande Joie), en Russie, qu’il a installé sa société franco-russe rebaptisée Joie des Gènes. Désormais, on y élève des porcs de race pure. Il y a six ans, en 2005, Patrick est arrivé à Dobrins-ky, dans la région de Lipetsk. Sur le site de la Grande Joie, il a trou-vé 400 truies bâtardes, 80 verrats et une cinquantaine d’employés n’ayant reçu aucun salaire depuis longtemps. Les employés ont été renvoyés, les cochons, emmenés

ment. C’est pourquoi il est plus facile de les concevoir soi-même, plutôt que de les importer d’ailleurs. Et c’est comme ça qu’à 40 km de la Grande Joie est ap-parue en 2006, l’usine Euro Slats, qui a permis de recouvrir le sol en béton selon la technique fran-çaise. Des sols stratégiques, car sans eux, la porcherie sombrerait dans la boue. Le fumier s’écoule ici dans des réservoirs grâce à des fentes spéciales. Pour les exploi-tations de porcs domestiques où le sol était auparavant fait de grilles en fonte, c’est un produit moderne et très efficace. Une seule contrainte : la lenteur des procédures administratives. « Ce qu’en France on peut résou-dre en une journée demande une semaine ici », se plaint Patrick. « Chez nous, par exemple, il est possible de négocier oralement avec les fournisseurs, mais ici, il faut absolument avoir le docu-ment original. C’est pénible ». La principale revendication du Français envers la Russie ? Un cadre plus strict. En 5 ans, l’usi-ne Euro Slats a dû licencier près d’un millier de personnes à cause de l’alcool. « Notre règle est sim-ple : si tu te pointes au travail saoul, tu es viré. Tu t’es saoulé et tu n’es pas venu travailler ? Tu es viré aussi », dit Patrick. « Chez nous, on bosse ». « Peut-être que la mentalité kol-

khozienne s’adapte difficilement au capitalisme », suppose-t-il. Chez certains Ukrainiens, cette transformation s’est produite plus rapidement : c’est avec plus d’en-train qu’ils viennent travailler pour les Français. « Au début, nous recevions un peu plus de 500 euros par mois, nous étions logés et nourris gratuitement », ra-conte avec satisfaction Alexeï Mikhaïlov, technologue de Jito-mir. Aujourd’hui, il travaille dans l’atelier de fourrage, mais après plusieurs stages à l’étranger, il est capable de remplir toutes les tâ-ches dans la porcherie, et il compte bien « grandir » en même temps que son employeur.

Aujourd’hui, dans les structures agricoles kolkhoziennes, il y a 12 personnes pour s’occuper des 1200 truies et des 15 verrats. Autrefois, il y avait trois fois moins de bêtes, et cinq fois plus d'employés. « C’est la différence entre une production efficace et une production morte », note Pa-trick. La crise de 2008 n’a eu aucune répercussion sur les af-faires : le crédit avait été obtenu avant la date fatidique et la de-mande en viande n’a pas baissé.Et ce malgré la hausse des prix. Les autorités locales sont ravies : « Les investisseurs français sont des partenaires fi ables », assure Iouri Bojko, le premier adjoint du chef de l’Administration régiona-le. « Il y a encore cinq ans, l’in-dustrie porcine était quasiment détruite dans le pays », déclare Iouri Kovalev, directeur général de l’Union nationale des éleveurs de porc. « Le secteur a survécu grâce à un programme national d’investissement et grâce à des investisseurs comme Joie des Gènes ». Selon lui, ces cinq der-nières années, la production de porc a triplé son volume pour at-teindre 1,2 million de tonnes, et elle va continuer de croître. La population consomme de moins en moins de viande de boeuf en raison de son prix élevé, la rem-plaçant par du poulet ou du porc. Du coup, Patrick Hoffmann a dé-cidé de faire passer sa vie per-sonnelle au second plan. Déjà six ans qu’il passe trois semaines en Russie contre seulement une en France, où sont restés sa femme et ses deux enfants, un fi ls de 16 ans et une fi lle de 22 ans. Et cha-que mois, il fait le déplacement.

Article publié dansThe New Times

EN CHIFFRES

6 Millions € C'est l'investissement total de Patrick Hoffmann et de ses asso-ciés, dont un crédit de 3,8 millions d'euros pris chez Sberbank à un taux de 10%.

5 Millions €par an, c'est le chiffre d'affaire moyen de la ferme. Patrick compte en ouvrir 8 autres dans les 5 ans à venir.

La crise n’a pas eu d'effet sur ses affaires : la demande n’a pas baissé en dépit de la hausse des prix

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PETER KETTENBAUMLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

« Le loup de Tambov est ton

camarade », disent les Russes

pour faire comprendre à leur

interlocuteur que d’amitié entre

eux il n’est pas question. Tambov

n'a pourtant rien d'inamical.

Tambov, un havre de paix au coeurde la Russie éternelle

Tourisme Suggestion de visite par un expatrié qui a vécu plusieurs années sur place

de datchas. Entre la rue princi-pale et la rivière, il y a au centre un jardin public fl euri et boisé, très fréquenté le week-end. Des manèges pour les enfants, des cafés avec terrasses pour les plus grands et des bancs pour se re-poser après une promenade le long de la rivière.Ces dernières années, de nom-breuses demeures ont fait peau neuve et de nouvelles maisons ont pris place dans les terrains vagues, transformant clairement l’image de la ville. Le gris n’est plus de mise, et l’église Pokrovs-kaïa du XVIIIème siècle ou la ca-thédrale de la Transfi guration du Christ brillent d’un nouvel éclat. Tambov est le centre culturel de l’oblast et accueille plusieurs ci-némas et théâtres, une galerie d’arts dont la renommée n’est plus à faire hors de la région et un opéra. La patinoire, au design aussi futuriste que « l’huî-tre enceinte » (la Salle des Congrès) de Berlin, attire les foules. Plusieurs fois par an, le Cirque de Moscou y donne des représentations. L’un des princi-paux points de rencontre de la ville est le monument dédié à Zoïa Kosmodemïanskaïa : en 1944, la jeune partisane a été tuée par les Allemands et élevée au rang d’héroïne. Pour un rendez-vous, on dit simplement « On se voit chez Zoïa ».La région de Tambov est légen-daire pour ses loups, dont on compte encore environ une cin-quantaine de représentants aujourd’hui. Dans quelques an-nées, le premier musée du loup au monde y sera ouvert, où l’on pour-ra, entre autres, faire connaissan-ce avec le tambovski volk, le loup de Tambov. La bouteille de vodka est couronnée d’un bouchon soi-gné en forme de tête de loup.

dinateur les premiers temps, dans l’entreprise, mais de vieilles ma-chines à écrire et encore, unique-ment au secrétariat du directeur général. L’ensemble des docu-ments internes était rédigé à la main. Peu d’employés avaient une voiture, la plupart venaient au travail avec le bus de l’usine. En douze ans, les salaires ont été mul-tipliés par sept, la vie aussi est devenue plus chère. Pendant ce temps, une classe moyenne rela-tivement aisée s’est constituée.Beaucoup d’employés se rendent désormais au travail en voiture. Les emprunts bancaires simpli-fi és l’ont permis. Même les cafe-tières sont achetées à crédit. Le mot « épargner » ne fi gure pas au vocabulaire, et l’infl ation ga-lopante n’y est pas étrangère. On achète de nouveaux meubles, on rénove à grands frais. Les entre-prises offrant ces services connaissent une expansion consi-dérable dans la ville. L’état des datchas, où les habitants de Tam-bov se font un devoir de passer leurs week-ends à partir du mois de mai, traduit également cette aisance nouvelle : à l’époque so-viétique, il ne s’agissait que de misérables bicoques tout juste bonnes à vous abriter de la pluie. Elles existent toujours, mais à leurs côtés se dressent également de magnifiques « châteaux », ceints de clôtures d’un mètre de haut.

En 1986, j’ai pris pour la pre-mière fois le train pour Tambov, à plus de 400 kilomètres au sud-est de Moscou. Une usine alle-mande que je devais surveiller y débutait sa production pour des maisons préfabriquées. Dès mon arrivée, je me mis en quête des attractions touristiques dans la ville avant de me rendre à l’évi-dence : c’était moi l’attraction, il n’y avait quasiment pas d’étran-ger et on me regardait comme un animal exotique. Tambov était alors, tout comme aujourd’hui, une capitale régionale. Le rythme de vie des près de 300.000 habitants est plus tranquille, plus tempéré que dans les grandes villes. On s’y connaît et s’y em-brasse dans les rues, ou bien à l’inverse, on y met rapidement un terme aux amitiés.

Rendez-vous chez ZoïaConstruite en 1636 par le tsar Mi-chel 1er de Russie, pour fêter la victoire sur les Tatars, la ville a perdu son importance straté-gique avec l’extension de l’em-pire vers le sud. Tambov est resté le centre administratif d’un ter-ritoire qui porte l’empreinte des terres noires fécondes et qui, jusqu’à la fi n du XIXème siècle, a très largement vécu grâce à l’agriculture, et est devenu lea-der dans la culture du tabac au début du XXème siècle. Tambov se situe sur les rives de la rivière Tsna, qui sépare en même temps la ville d’un village

Au départ, le chômage était élevé à Tambov, les salaires de nos em-ployés frôlaient les 3.000 roubles (75 euros), ce qui était assez élevé, et nous pouvions nous offrir les meilleurs. Il n’y avait aucun or-

Vue de la rivière Tsna, qui traverse Tambov.

Vue de la rue Internatsionalnaïa.

Sculpture en l'honneur du Travailleur de Tambov. Au fond : l'église

Pokrovskaïa.

S'y rendre On peut rejoindre Tambov depuis la gare Paveletski à Moscou où on trouvera éga-

lement des trains de nuit. Le dé-part a lieu à neuf heures.Par avion au départ de Moscou (aéroport Domodedovo).

Le logementL'hôtel Derchavinskaïa en plein centre (chambre double à partir de 60

euros, www.tambov-hotel.ru), et l’Amaks-Park hotel, un peu plus excentré, (chambre double pour environ 50 euros, www.tambov.amaks-hotels.ru).

Boire et mangerLe Filin (Grand-duc, en fran-çais) est très accueillant, avec sa propre brasserie au

67 de la rue Sovietskaïa. Pour une cuisine traditionnelle russe, c’est au Tambovski Volk (le loup de Tam-bov) qu’il faudra vous rendre, au 121 de la rue Sovietskaïa.

NATALYA KOSTENKO, VIKTORIA PISMENNAYAVEDOMOSTI

Le président Dmitri Medvedev a

profité du Forum économique de

Saint-Pétersbourg pour énoncer

des mesures radicales destinées

à mettre fin à la concentration du

pouvoir dans la capitale.

Plus d'autonomie financière pour les régionsDécentralisation Le Kremlin prend les premières mesures destinées à rationaliser le rapport entre le centre et la province

ponine est chargé des relations fi nancières et fi scales. Tous deux doivent préparer leurs rapports pour le 15 septembre et soumet-tre un plan au 1er décembre.Le principe de la décentralisa-tion vise à appeler le transit de fonds au centre fédéral et à en distribuer une part plus impor-tante directement aux régions, a indiqué un responsable du Kremlin. À ces fi ns, il convient de mettre au point une méthode de transferts inter-budgétaires per-mettant de conserver sur place les impôts excédentaires collec-tés dans les régions. Ce surplus de pouvoir confi é aux autorités régionales pourrait également permettre d'infl uer sur les bud-gets municipaux, en répartissant les fonds entre municipalités fai-bles et fortes.L'objectif de la décentralisation n'est pas d'inventer de nouveaux impôts pour les régions, mais de laisser plus d'argent sur le ter-rain, a déclaré l'assistant du pré-

Le sens de la réforme est avant tout pré-électoral, estime une per-sonne proche de l'administration présidentielle. Lors de la moné-tisation des avantages en nature de 2005, les pouvoirs du centre fédéral et des régions étaient plus nettement délimités.Si les citoyens prennent conscien-ce que non seulement la respon-sabilité en matière de prestation d'aide sociale, mais aussi l'argent du centre fédéral revient au ni-veau régional, le mécontentement de l'électorat se tournera vers les gouverneurs et les autorités mu-nicipales, estime un interlocuteur de Vedomosti.Les amendements nécessaires à la législation doivent être exami-nés à la session d'automne, et en-treront en vigueur à partir du 1er janvier, a confié une source au Kremlin.

Pour le président russe, les régions doivent obtenir plus de liberté dans la répartition des fonds et être investies d'une responsabi-lité politique accrue. Fin juin, Dmitri Medvedev a nommé les vice-premiers ministres Dmitri Kozak et Alexandre Khloponine responsables de la formulation de propositions en matière de décen-tralisation du pouvoir, une me-sure annoncée lors du Forum éco-nomique de Saint-Pétersbourg. Kozak est responsable des rela-tions juridiques entre les autori-tés fédérales et régionales, ainsi qu'entre les autorités régionales et municipales, tandis que Khlo-

sident, Arkadi Dvorkovitch. Le système actuel d'incitations ne suffit plus. Si les régions pou-vaient conserver les impôts ex-cédentaires pour leur développe-ment, cela stimulerait le travail des autorités, et motiverait en outre les entreprises locales à payer leurs impôts, assure le gou-verneur du kraï de Khabarovsk, Viatcheslav Chport.Actuellement, les taxes ne sont pas collectées par les régions, mais par les autorités fédérales, avant de passer par un méca-nisme de redistribution, chacun recevant sa part, rappelle Boris Kopeïkine de Standard & Poor's. Au sein du système actuel, la ré-gion ne participe pas à la col-lecte des recettes. En 2010, les régions ont reçu une liberté ac-crue dans l'utilisation des fonds du programme d'État « Loge-ment ». Une autre mesure de dé-centralisation vise à étendre cette expérience à l'ensemble des pro-grammes. Il se pourrait que l'on

propose également d'impliquer les gouverneurs dans le proces-sus de nomination des chefs des structures fédérales dans les ré-gions.À l'heure actuelle, la distribution des revenus entre les régions et le centre fédéral ne permet pas aux territoires de se développer de façon efficace : l'argent passe à travers l'édifi ce bureaucratique des organismes fédéraux, com-mente un membre de la Cham-bre civile, Viatcheslav Glazychev. L'expérience d'Alexandre Khlo-ponine, ancien gouverneur du ter-ritoire de Krasnoïarsk, pourrait ici être utile. Le problème des mu-nicipalités ne se limite pas aux impôts, estime-t-il : les subven-tions destinées aux municipali-tés sont inévitables, mais il faut les optimiser. L'argent devrait être octroyé directement à la munici-palité en question. Kozak a mené la réforme municipale, il est donc logique que le président lui de-mande d'améliorer la situation.

" Si tout se met à fonctionner ou avancer au signal du Kremlin [...] cela signifie que

le système n'est pas viable, il est nécessaire qu'il soit remanié par des personnes spécifiques."

IL L'A DIT

Dmitri MedvedevPRÉSIDENT DE LA RUSSIE

Les territorialités sont responsables de la plupart des garanties sociales destinées à la population. Pourtant, les fonds supplémentaires destinés à cette fin ne parviennent jamais au bout de la chaîne

Article publié dansVedomosti

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OPTEZ POUR LA RIGUEUR RUSSE

Anders

AslundTHE MOSCOW TIMES

À la lumière de la derniè-re crise qui sévit dans la zone euro, les Russes peuvent affirmer avec

fi erté qu’ils ont remboursé leur dette publique. À l’inverse, les di-rigeants de la zone euro ont com-mis toutes les erreurs possibles, et continuent de les répéter. Leurs bévues mettent en évidence bon nombre de leçons déjà apprises par la Russie lors de la crise de 1998.Aucun gouvernement ne peut ac-cumuler de défi cits budgétaires colossaux pendant de nombreu-ses années sans risquer un effon-drement financier. De 1993 à 1998, la Russie a connu un défi -cit important d’en moyenne 9% de son produit intérieur brut (PIB). En 1998, l’inéluctable ef-fondrement financier est venu frapper le pays. Le gonfl ement de la dette pub-lique russe atteint 66% du PIB fi n 1997, lorsque les investisseurs étrangers réalisent que les poli-tiques fi nancières du pays sont insoutenables. Ils appellent dès lors à stopper le processus. En août 1998, le gouvernement russe se retrouve en défaut de paiement sur la plupart de ses obligations domestiques, plus communément appelées les GKO, ce qui lui per-met de sauver 60 milliards de dol-lars et de rendre ainsi le pays fi -nancièrement viable. Une coupe drastique pour les créanciers en-gouffrés dans la brèche. Le krach fi nancier relance les ré-formes du marché russe alors au point mort. Le gouvernement ne peut plus se permettre les prati-ques néfastes du système, notam-ment le troc, essentiellement uti-lisé pour échapper aux impôts. Sans fi nancements autre que les recettes fi scales, il fallait rééqui-librer le budget étatique, et de 2000 à 2008, le pays connaît d’im-portants excédents. En trois ans, la Russie a réalisé des coupes ex-traordinaires dans les dépenses publiques, avec des réductions al-lant de 48% du PIB en 1997 à 34% en 2000, soit une sacrée di-minution en trois ans. En atten-dant, la Russie est passée d’un défi cit budgétaire de 9% du PIB à un surplus de 3% bien avant la montée en fl èche du prix du pé-trole, tandis que les revenus ont connu une chute de 2% du PIB. Le gouvernement russe a eu rai-son : l’ajustement budgétaire s’est fait de façon rapide et brutale, principalement sur des coupes dans les dépenses publiques. D’importante réformes structu-relles ont suivi entre 1998 et 2002. La Russie adopte un nouveau ba-rème fi scal incluant une diminu-tion des taxes et un assouplisse-ment pour les petites et moyennes entreprises. Elle pro-mulgue également une série de codes juridiques comme les codes

civil et douanier. À peine un an après sa cessation de paiement, l’économie russe repart à la haus-se et connaît en un an des résul-tats similaires à la moyenne an-nuelle de 7% de toute la décennie. De toute évidence, les réformes introduites à la suite de la crise de 1998 sont à l’origine de cette croissance.La Grèce et l’Union européenne pourraient profi ter d’une assis-tance technique du ministère des Finances russe ou d’un membre de l’UE qui a connu récemment une situation similaire, comme l’Estonie, la Lettonie ou la Li-tuanie. Beaucoup prétendent que la Rus-sie a bénéfi cié d’une dévaluation de sa monnaie, qui a permis de relancer l’exportation des matiè-res premières. Mais les profi ts à long terme proviennent principa-lement du choc de la crise et ses conséquences. La Russie n’a ja-mais connu de défi cit du compte courant. Elle n’a donc pas eu be-soin d’une dévaluation pour réé-quilibrer sa balance extérieure.

En fait, le principal problème était l’énorme défi cit budgétaire et son fi nancement par des fonds étrangers. La dévaluation de la monnaie a touché la classe moyenne et a concentré les pro-fi ts dans les mains des oligarques exportateurs de matières premiè-res [et dont les gains sont en dol-lars], détruisant le peu de démo-cratie restant. L’action de l’UE et du FMI dans la crise de l’euro n’inspire pas confi ance. Tout d’abord, l’UE a mis trop de temps à réagir. Deuxièmement, ses actions n’ont pas été guidées par des principes clairs, et ont conduit à des confl its permanents. Troisiè-mement, l’ajustement budgétaire exigé de la Grèce et du Portugal ont été beaucoup plus doux que ceux de la Russie en 1998 ou des pays baltes en 2009. Quatrième-ment, bien que l’UE et le FMI aient pompé une grande quantité de fonds, les montants se sont avérés insuffisants. Et dernièrement, sans principes clairs, personne n’a été capable de vendre ces program-mes aux populations. Bref, l’UE a commis presque tou-tes les erreurs possibles. Elle en a fait trop peu, trop tard, avec des fi nancements trop étroits et sans principes clairs.

Article publié dansThe Moscow Times

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L’action de l’UE et du FMI dans la crise de l’euro ces deux dernières années n’inspire pas confiance

POUTINE ET MEDVEDEVSE PARTAGENT LES PARTIS

Nikolaï TroitskiïSPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les élections à la Douma d'État (chambre basse du parlement russe) de 2011 ne seront pas fondamen-

talement différentes des cam-pagnes électorales précédentes de l'ère Poutine. Cependant, des changements se produiront sur deux points. Premièrement, Rus-sie unie avancera masquée der-nière le « Front populaire pan-russe ». Deuxièmement, pour la première fois depuis 12 ans, un parti libéral, cette fois-ci baptisé Juste cause, aura des chances sé-rieuses de succès. Si le premier changement est le fait de Vladi-mir Poutine, le second est l'oeuvre de Dmitri Medvedev.Vladimir Poutine, en tant que lea-der de Russie unie, a été contraint de sortir le Front populaire de son chapeau afi n de camoufl er, mas-quer, cacher un parti dont l’ima-ge et la réputation ont essuyé de lourds dommages. Une grande partie de la population perçoit Russie unie comme un « parti de fonctionnaires », déconnecté de leurs soucis et de leurs préoccu-pations. En conséquence, sa cote de popularité a commencé à s'ef-friter. Russie unie n'a pas perdu sa capacité d'atteindre la majo-rité simple, plus de 50% à la Douma. Mais la barre a été fi xée beaucoup plus haut : conserver la majorité constitutionnelle, c’est-à-dire conquérir plus des deux-tiers de l’hémicycle.Cette tâche doit être résolue par un moyen purement bureaucra-tique : Russie unie a été reléguée de côté et l’on a propulsé au pre-mier plan un « Front populaire » créé à la va-vite, auquel ont ad-héré des centaines d’associations et de syndicats. On prévoit d’in-clure les dirigeants et les mili-tants de ces syndicats et organi-sations dans la liste électorale de Russie unie (la Douma d'État est élue uniquement par scrutin de liste, les districts à mandat uni-que ayant été supprimés).Les bureaucrates et les fonction-naires de Russie unie devront se serrer. La liste du parti sera ornée par des personnalités publiques, y compris des sans partis. Façon de démontrer la « relation étroi-te avec la société et le peuple ».Ainsi, il s'avère que toute la cam-pagne de Russie unie aura lieu derrière le masque du « Front po-pulaire ». D’ailleurs, le Front bé-néfi ciera largement de l’aura qu’a su conserver son organisateur et initiateur, Vladimir Poutine.Une telle manoeuvre conduira à

tants ardents de la justice so-ciale.De toute façon, il ne restera pas assez de place pour Russie juste, un simple calcul l’atteste. Jugez-en par vous-même : la chambre basse compte un total de 450 sièges. Ses deux tiers, soit envi-ron 300 sièges, seront occupés par Russie unie. Juste cause peut compter sur 30-40 mandats. Mais il reste encore le Parti commu-niste et le Parti libéral-démocra-te, qui doivent maintenir leur po-sition à la simple raison qu'ils possèdent un électorat réel, que l’on ne peut supprimer d’un coup de baguette magique.Le Parti communiste peut comp-ter sur l’adhésion d'un certain pourcentage des électeurs en rai-son de son nom et de son idéolo-gie. L’atout du Parti libéral-dé-mocrate, c’est le charisme de son leader, le tribun Vladimir Jirino-vski, dont la fonction est de neu-traliser le vote protestataire en le convertissant en députés d'une inconditionnelle loyauté envers le pouvoir.La véritable opposition a été li-quidée dès le stade préliminaire, quand les autorités ont refusé d'enregistrer de nouveaux partis, quelle que soit leur orientation – gauche, droite ou nationalistes.Nos dirigeants ne sont pas prêts à prendre le moindre risque : ils veulent un parlement manipu-lable et entièrement contrôlé.

un virage marqué vers la gauche de la rhétorique électorale de Rus-sie unie.Ce virage vers la gauche du prin-cipal parti parlementaire rendra inévitablement nécessaire l’ap-parition à la Douma d'État d’un contrepoids libéral à droite. C’est à ce rôle qu’est destiné Juste cause, dont un des hommes les plus ri-ches en Russie, Mikhaïl Prokho-rov, vient de prendre la direction. Mikhaïl Prokhorov aura pour tâche de convaincre les électeurs potentiels de se rendre aux urnes et de donner leur voix à Juste cause. Le milliardaire a déjà reçu l'aide personnelle du président Medvedev, qui a à plusieurs re-prises déclaré son soutien à ce parti. Ce signal était moins des-tiné aux électeurs qu’aux com-

missions électorales et aux res-ponsables régionaux, à qui l’ont faisait comprendre : « Ne mettez pas de bâtons dans les roues de Juste cause ! »L'expérience de la politique réelle en Russie montre qu’avec une telle aide d'en haut, n’im-porte quel parti peut entrer à la Douma. En 1999, ce schéma avait bien fonctionné dans le cas de l'Union des forces de droite, qui avait récolté 8,52% de suffrages. En 2007, 7,8% des électeurs avaient voté pour Russie juste, lit-téralement créée ex-nihilo. C’est à peu près sur un résultat de ce type que peut compter Prokho-rov et sa Juste cause, rien de plus n’étant d’ailleurs nécessaire.En revanche il n’y a plus de né-cessité à l'existence de factions telles que Russie juste, son chef de fi le de facto, Sergueï Mironov, ayant en outre perdu la con-fi ance des premiers personnages de l’État. Son parti de type so-cial-démocrate ou socialiste était nécessaire à la Douma quand Rus-sie unie jouait le rôle de fraction de la droite conservatrice. En outre, Russie juste était destiné à freiner sur le long terme le Parti communiste, ce qu’elle a échoué à faire. Par suite, il est très pro-bable que le parti de Mironov n’entrera pas à la Douma. Elle y serait la cinquième roue du car-rosse. Russie unie se fera un plai-sir d’endosser la mantille des so-ciaux-démocrates, ses membres étant prêts à se poser en combat- Nikolaï Troitskiï est politologue.

La tâche du Front Populaire est d'offrir au parti du pouvoir au moins deux tiers de l'assemblée

Préparé parVeronika Dorman

LU DANS LA PRESSELES RESSORTS

IMPÉNÉTRABLES DE

L'AFFAIRE DSK Dans l'affaire Strauss-Khan, il y a lui, la femme de chambre, et un troisième personnage, Anne Sain-clair. Aimée par les Français, sym-bole de la femme libérée, riche, qui a réussi. S'il y a une victime, aux yeux des Français, c'est bien elle, à qui il ne reste rien d'autre que de dépenser des millions pour sau-ver un mari indigne. Il ne vient à l'esprit de personne qu'elle puisse l'abandonner, tant que dure le pro-cès, tant qu'agit la présomption d'innocence. Elle aurait pu prendre le parti de la morale. Mais elle est prête à pardonner, comme les fois précédentes, à sortir sous les sif-flement de la foule et les caméras, tout en noir, les yeux bleus incan-descents. On dit qu'elle l'aime.

LA TROISIÈME VICTIME

Gelia Delerins OGONIOK

Le dernier rebondissement de l'affaire Dominique Strauss-Khan passionne la presse russe, friande de complots politiques. Mais la tournure imprévue des événements inspire, une fois n'est pas coutume, une certaine com-passion de la part des plumes des éditorialistes. Plus d'un hom-me politique Russe est tombé dans le passé pour des affaires de moeurs.

LE POIDS DES MOTSKiril KharatianVEDOMOSTI

LE RETOUR DU PILOTE ABATTU

Andreï KolesnikovGAZETA.RU

Il y avait comme une concurrence de réputations : de Strauss-Khan tout le monde savait qu'il aime les femmes, de la femme de chambre on ne savait presque rien. Mais les avocats de DSK et les journalistes ont mené l'enquête, pour se rendre compte que la femme de cham-bre ne raconte pas tout ou bien en rajoute. Elle s'est faite coincer, in-habituée à être au coeur de l'at-tention publique : en cherchant à améliorer sa vie, elle s'est lancée dans une entreprise trop lourde pour ses épaules. Le poste au FMI est définitivement perdu pour DSK, mais on a l'impression que l'accu-sation de viol va s'écrouler. Des mots ont suffi à ébranler l'affaire, tout comme à la commencer.

Ceux qui tombent hors de la poli-tique y retournent rarement triom-phalement. Mais il a suffi que DSK soit libéré et la femme de cham-bre suspectée de faux témoigna-ge, pour que l'ancien patron du FMI amorce un retour en politique. C'est un phénomène étonnant : hier encore non seulement la car-rière, mais la vie entière de DSK semblait détruite. La composante politique de cette affaire modifie le concept de "pilote abattu". DSK a perdu son poste au FMI, il risque de ne pas devenir le candidat des socialistes. Mais s'il est acquitté, ies humiliations passées seront effa-cées, et il pourra très certainement revenir en politique, en tant que leader de son parti.

Dmitri Medvedev a donné son soutien personnel au nouveau parti libéral chargé de couvrir l'aile droite

Anders Aslund est membre se-nior de l’Institut Peterson pour l’économie internationale.

Page 7: La Russie d'Aujourd'hui

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Propos recueillis par Valery Kitchin

Rossiyskaya gazeta

intéressé par les situations à la frontière de l’humain.

Avec un tel sujet, les spectateurs

s'attendent à un film catastrophe,

à du spectacle. Or, vous êtes plu-

tôt dans le drame psychologique.

Ne craignez-vous pas de décevoir

les attentes ?

Oui, le sujet s’écarte très vite de l’explosion du réacteur pour se concentrer sur le héros du fi lm, la vie de ce jeune instructeur du parti, et de sa petite amie. Com-ment ils ont vécu les événements de Tchernobyl. Mais c’est une question de sensibilité du public : suivre les auteurs ou bien atten-dre d’eux quelque chose qu’ils n’avaient pas en tête. À l’écran,

tée à la main, l’absence de lumière

artificielle et de musique d’ « at-

mosphère ».

Tout a été fi lmé de manière assez conservatrice. Quand j’ai essayé d’imaginer les scènes fi lmées à l’aide d’un trépied, j’ai compris que tout s’effriterait. C’est pour cette raison que les scènes fil-mées par le talentueux chef opé-rateur roumain Oleg Mutu ont été prises caméra à la main, d’autant que la caméra est tou-jours à hauteur du personnage, mais ne le dépasse jamais. Ce qui fait que le spectateur est constam-ment en contact avec le héros.

Où avez-vous tourné ce film ?

Nous devions montrer Pripyat telle qu’elle était avant l’explo-sion. Nous avons trouvé deux vil-les ressemblantes, l’une à Do-netsk, l’autre dans la région de Zaporojskyi. Il a donc fallu fi l-mer, envers et contre les publi-cités sur les murs, pour que tout soit comme le Prypiat de 1986, une petite ville propre, cultivée et jeune.

Comment s’est fait le choix des ac-

teurs pour les rôles principaux ?

Anton Chaguine est quelqu’un de très talentueux et je le pres-sentais. Un jeune gars de la ré-gion de Briansk, venu à la capi-tale. En fait, il avait beaucoup plus de chose en lui que ce qu’il a eu le temps de montrer à l’écran, et je n’ai eu qu’à lui de-mander « d’appuyer sur les bons boutons », comme il dit lui même. Je lui ai expliqué que le person-nage n’est pas un de ces héros d’aujourd’hui très populaire, un de ces jeunes taureaux vigoureux sur les couvertures de magazi-nes, mais un gars de la campa-gne, déjà un futur ivrogne au foie malade. Un homme jeune, mais déjà bien amoché. Il veut faire carrière dans le parti et c’est la seule chose qui le motive à ne pas boire. En ce qui concerne la jeune fi lle, c’est une première pour Svetla-na Smirnov-Martsinkevitch, ori-ginaire de Saint-Pétersbourg. Elle m’a plu car elle n’a pas cette « plastique » que toutes les fi lles ont aujourd’hui, ni cette expres-sion du visage une peu pédante. C’est une de ces « fi lles soviéti-ques douces », qui restent très féminines.

Dans vos films, vous traitez tou-

jours de situations extrêmes. Pour-

quoi ce goût des sujets « catastro-

phes » ?

L’extrême correspond à notre quotidien. Pas forcément exté-rieur, il peut révéler notre état intérieur. Comment vivre, com-ment échapper au monde exté-rieur, ces questions sont toujours pour nous d’une actualité brû-lante. Mais ici, c’est le « Tcher-nobyl » de l’humain qui m’inté-ressait. Et l’idée n’était pas de faire une superproduction sur Tchernobyl ou de faire un docu-mentaire sur les présumés cou-pables. Cela fera sans doute un jour l’objet d’un autre fi lm qui sera différent. J’ai toujours été

tout est fait pour emmener le spectateur : après la première scène, plutôt banale, c’est un tout autre genre qui commence.

L’histoire ne retrace pas seulement

la période de Tchernobyl. Il évoque

aussi une mentalité très actuelle...

Je pense qu’on peut caractériser cet état ainsi : la mort est déjà là, mais la vie ne le sait pas en-core. Et pendant ses dernières minutes cette vie connaît une fl o-raison particulièrement pétillan-te. Elle fascine, hypnotise pour ne plus lâcher son héros. Et des petites choses stupides de la vie quotidienne peuvent parfois changer radicalement le destin de chacun, comme lorsque la fi ancée du héros casse l’un de ses talons. Tous deux se retrouvent alors dans un restaurant au lieu de se rendre à la gare. Et comme le héros est un ancien batteur, il se joint à un ami musicien, et tous deux vont ainsi gagner de l’argent, tentant de « désactiver » les doses de radiations par des rasades vin rouge... De drôles de circonstances qui tracent des rou-tes salvatrices à leur façon. Ce type de paraphrase qui survient dans la vie nous est bien connu : tu t'acharnes à améliorer la si-tuation, mais au fi nal tout rede-vient comme avant.

Dans les films américains, il y a

toujours un héros pour sauver le

monde. Dans vos films, les person-Anton Chaguine joue le rôle d'un homme jeune, mais déjà amoché.

BIOGRAPHIE

Alexandre Mindadze

Scénariste et réalisateur d'origine moscovite, Alexandre Mindadze a vu plus d'une vingtaine de ses oeuvres portées sur grand écran depuis le début de sa carrière en 1975. Il a notamment travaillé en

VERONIKA DORMANSPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Pour la première fois de son

histoire, le Festival international

de Moscou, dans sa 33e édition,

a été présidé par une femme,

Géraldine Chaplin.

Les deux visages contraires du cinéma d'auteurFestival Les réalisateurs Sergueï Loban et Nikolaï Khomeriki ont obtenu des résultats diamétralement opposés auprès du jury

moins de succès. Il faut dire que le long-métrage de Nikolaï Kho-meriki, dont les fi lms précédents ont été sélectionnés à deux re-prises par Un certain regard au Festival de Cannes, traite lui aussi de l’absurdité de la vie, mais dans un mode beaucoup moins rocambolesque et at-trayant. Son héros, Kostya, jeune aide machiniste, apprend qu’il est en parfaite santé, mais que son cœur peut lâcher à n’impor-te quel moment. Voila toute l’in-trigue. Il ne se passera plus grand-chose dans l’heure et demie qui suit. Kostya n’est pas loquace, son visage est inexpres-sif. Il déambule dans un décor indéfi ni, mêlant en noir et blanc les rues de Moscou et le métro de Saint-Pétersbourg ; on ne sait jamais vraiment quelle heure il est. Le gens, les lieux, les non-évènements de la vie de Kostya ne sont pas hiérarchisés, tout a l’air inutile et fortuit. Peut-être que Khomeriki voulait montrer qu’en fait, contrairement à l’idée commune, le jour où tu apprends que tu es mortel n’est pas le pre-mier jour du reste de ta vie, mais une journée comme une autre, inscrite dans la vacuité de l’exis-tence.

Cette année la Russie était re-présentée par deux films dont l’un a remporté le second prix le plus prestigieux, le Prix spécial du Jury.Chapiteau-Show de Sergei Loban est un film-devinette, un film charade, composé de quatre ta-bleaux. L’amour : une jeune fi lle sympathique mais solitaire entraine un geek associal qu’elle a rencontré sur internet au bord de la mer, dans le tour-billon d’une ville balnéaire. L’amitié : un jeune homme sourd troque ses amis, sourds eux aussi, pour partir vers la mer en com-pagnie d’une bande déjantée de gens de la télé. Le respect : un père réapparu après huit ans d’absence convainc son fils de descendre vers le sud, vers la mer, pour un voyage de redécouverte de soi. La collaboration : un pro-ducteur malin décide de promou-voir le sosie d’une star défunte

de la cérémonie de clôture, Gé-raldine Chaplin a proposé avec instance ses services au réalisa-teur. L’autre concurrent russe, Le boo-merang du cœur, a eu nettement

Chapiteau - Show, de Sergueï Loban, est un film-devinette composé de quatre tableaux.

Le boomerang du cœur est le

3ème film de Khomeriki.

ENTRETIEN AVEC ALEXANDRE MINDADZE

Une journée existentialisteà TchernobylUN SAMEDI ANODIN (V SUBBOTU) DU RÉALISATEUR RUSSE

ALEXANDRE MINDADZE VIENT DE REMPORTER LE GRAND

PRIX AU FESTIVAL DU FILM DE BRUXELLES

collaboration avec le célèbre réali-sateur russe Vadim Abdrashitov sur pas moins de 11 films primés dans divers festivals cinématographiques internationaux. Son second film en tant que scénariste et réalisateur, V Subbotu (Un samedi anodin), a dé-jà été distingué par 8 nominations à la Berlinale 2011 et par deux prix remportés au dernier Festival Euro-péen du Film de Bruxelles.

nages ignorent le danger et choi-

sissent le chemin de la facilité qui

leur est familier. Est-ce un trait de

caractère national ?

Pour rester modéré, je dirais que c’est une tendance nationale. Telle est notre histoire : nous avons vécu beaucoup de choses. Tout le XXème siècle a été ponc-tué d'événements tragique, et notre génotype a dû inévitable-ment s’adapter à ces conditions. Dans le mal, nous cherchons le bien. Dans les adieux nous trou-vons la réjouissance, et nous trou-vons la joie de vivre là où, sem-ble-t-il, l’herbe ne peut pas

pousser. Bien sûr, c’est lié à notre histoire et à notre caractère : plus complexe, moins stéréotypé, et sans doute pour cette raison aussi intéressant au niveau créatif. Il est moins victorieux que le ci-néma standard américain, et à mon avis, c’est une très bonne chose que nous ne suivions pas le modèle américain. Bien sûr, on fait aussi d’autres films aux États-Unis, plus proches de notre vision...

Dans un certain sens, le style de

votre film rappelle les méthodes

du Dogme danois : la caméra por-

du rock russe, Victor Tsoï, et le ballade comme une marionnette dans les salles de concert vides d’une ville de bord de mer. En fait, il n’y a qu’un (anti) héros dans l’histoire : une personne qui se retrouve dans un univers qui n’est pas le sien, seulement pour faire le terrible constat qu’elle a été bernée, que cet arrachement n’est pas salvateur, mais humi-liant et destructeur. Les person-nages principaux de chaque cha-pitre deviennent les fi gurants des trois autres, en donnant au fi lm

une unité de temps et de lieu ver-tigineuse, renforcée par le leit-motiv du chapiteau, un lieu où chacun se retrouve à un moment ou un autre pour chanter son dé-sarroi, et qui finit par brûler, comme les illusions des person-nages. Chapiteau-Show est l’envers gri-maçant des relations humaines, la réalité y fl irte en permanence avec l’absurde, chaque tragédie personnelle est totalement déva-lorisée par celle du voisin. Le fi lm a été le favori du festival et lors

Chapiteau-Show est l’envers grimaçant des relations humaines, la réalité y flirte avec l’absurde

Le boomerang du cœur traite aussi de l’absurdité, mais le rocambolesque a complètement disparu

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AGE : 62

ÉDUCATION : INSTITUT NATIONAL

DE LA CINÉMATOGRAPHIE

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CHLOÉ VALETTELA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

À mi-été, le meilleur est à venir.

Se profilent à l’horizon de

nombreux événements

artistiques et historiques... À

consommer sans modération.

Le plein d'émotionsFestivals Le mois d'août offre une variété inespérée d'événements culturels

Les 29 et 31 juillet, le petit vil-lage de Nikola-Lenivets, dans la région de Kaluga (à environ 230 km de Moscou), accueillera de nombreux architectes pour des projets étonnants. Une idée ori-ginale de l’artiste Nikolaï Po-

lisski, qui a créé le Festival international d’architecture de paysage « Archstoyanie » en 2006. Le thème, cette année, « La grange »,

inspire et intr igue.

Une sorte de proto-architecture, où

le mot « grange » ne renvoie pas ici à son sens habituel, mais à une idée abstraite, universelle. C’est le symbole du travail, qui tend vers la pureté de l’espace et de la forme, et qui correspond

à l’orientation esthétique du vil-lage de Nikola-Lenivets.Le centre sémantique de l’événe-ment sera cette année autour du parc « Versailles », projet présen-té par les architectes paysagistes français lors du festival 2009. Parmi les participants, le groupe FAS(t), Oscar Madera, l’atelier d’architecture « Panakom », et les paysagistes de l’Atelier 710. Les participants doivent propo-ser divers « codes » de perception de l’espace tout en renforçant la présence de la nature. Ainsi, il sera possible « d’écouter » les paysa-ges et les odeurs.

Authentique RussiePour ceux qui préfèrent s’adon-ner à l’histoire de l’architecture, le festival « Gorodetskoe Goul-bishe » se tiendra mi-août à Ser-guiev Possad, une petite ville des environs de Moscou. Vêtus des cos-tumes d’époque, les amateurs pas-sionnés de l’histoire ancienne de la Russie se rassemblent chaque année, les 13 et 14 août, autour de jeux moyenâgeux : tournois à

« Gorodetskoe Goulbishe » offre

des émotions moyenâgeuses.

Les festivals musicaux se prolon-

gent sur les rives de la Mer Noire.

INNA LEONOVALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les longs délais d'obtention des

visas, une mauvaise image de la

Russie et des tarifs élevés sont

pointés du doigt pour expliquer

des flux touristiques en baisse

constante ces dernières années.

Les visas découragentles touristes étrangers

Tourisme Le gouvernement cherche à refaire de la Russie une destination prisée

augmente plus lentement que la moyenne mondiale », déclare Youri Barzykine, le vice-président de RST. « L'index mondial de la moyenne du tourisme entrant en 2010 était de presque 7%, mais de 2% pour la Russie ».L'association des tours-opéra-teurs russes note une baisse des visiteurs en provenance des pays qui fournissent le principal contingeant. Toutefois, il faut ob-server que les fl ux touristiques

Il est désormais plus facile qu'auparavant d'obtenir un visa russe, mais les délais dus à un "zèle administratif" des consulats rebute toujours les visiteurs, se désole l'industrie du tourisme.Les touristes russes ont dépensé plus de 18,1 milliards d’euros à l'étranger l'année dernière, selon l'Union russe pour l'Industrie du Tourisme (RST) ; les touristes étrangers en Russie n'en ont dé-pensé que 5,6 milliards d’euros. L'an passé, la Russie a accueilli deux millions de touristes étran-gers alors que douze millions de Russes ont voyagé en dehors du pays.« Le tourisme entrant en Russie

Flux en baisse sur le 1er trimestre 2011

totaux en Russie ont augmenté de 5% au premier trimestre 2011, en glissement annuel.Les tour-opérateurs incriminent les contraintes liés au visa russe. « Le déclin du nombre de touris-tes est observé dans des pays où les consulats sont les plus zélés », déclare Irina Tyurine, la chargée de presse de RST.D'autres facteurs contribuent à décourager les visiteurs poten-tiels, comme le manque d'infras-

tructures modernes, de guides touristiques et d'informations en langues étrangères. Mais les opé-rateurs ne sont pas d'accord avec l'argument des prix trop élevés des hôtels moscovites. « L’idée que tout est cher en Russie et qu'il n'y pas d'infrastructures est un mythe », d'après Sergeï Voitovitch, directeur généralde la fi liale russe de Bedsonline.com. « La plupart des touristes qui viennent en Rus-sie prennent le voyage Moscou-St Péterbourg, deux villes avec d'excellents hôtels quatre et cinq étoiles. Pas une semaine ne passe sans qu'un nouvel hôtel n'ouvre et leur qualité est au niveau des standards mondiaux. Durant les cinq dernières années, 850 hôtels au total ont ouvert rien qu'à St Pétersbourg ».Malgré une abondance de sites touristiques et des hôtels confor-tables, le marché touristique russe souffre également d'une trop fai-ble publicité. « Presque tous les autres gouvernements contribuent à leur promotion en payant des publications de catalogues sur leurs pays. Ils paient souvent des extras aux tour-opérateurs qui organisent des charters en direc-tion de leur pays. La Russie ne fait rien de tout ça », d'après Tyu-rina.

À TABLE !

L’okrochka ou la vie !

Mon beau mari russe souffre des excès de la semaine dernière. Il a trop mangé de mauvaise bouffe, bu beaucoup trop d’alcool, il n’a pas fait assez d’exercice, et au boulot, il brûle la chandelle par les deux bouts. Soudain, il frappe du poing le comptoir de la cuisine et crie : « Kéfir et haltères ! » J’acquiesce distraitement en ajoutant le kéfir à la liste des courses. Nous avons déjà les haltères. « Kéfir et haltères ! » est l’éter-nel cri de ralliement masculin du dimanche soir, de Kaliningrad à Ioujno-Sakhalinsk. L’essentiel, c’est la santé, se disent-ils en se dirigeant vers la salle de sport en jogging de l’équipe olympique russe. Là, ils errent en regardant d’un air stupide les étranges ma-chines, puis courent beaucoup trop vite sur le tapis de course pendant trois minutes trente. À bout de souffle, ils attrapent des haltères beaucoup trop lourdes pour un type qui fait deux fois leur taille, font un demi-mouve-ment, avant de les laisser retom-ber au sol avec un grognement. Ayant retrouvé leurs esprits, ils se dirigent, avec soulagement et résignation, vers la seule cho-se qui maintient en vie l’homme russe : le bania (sorte de sauna humide). L’enthousiasme initial pour un régime sain est aussi fragile. Les épouses sont encouragées à remplir la maison de fruits frais, légumes et kéfir, auquel on attri-

Jennifer Eremeeva SPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

bue, en Europe de l’Est, des pou-voirs supérieurs à la pénicilline. Le problème, c’est que ce n’est pas goûteux, et les hommes russes n’ont pas été créés pour le suppor-ter plus d’une journée. C’est aussi la durée réelle d’un régime austère.C’est pourquoi j’ai pensé à l’okro-chka. Cette soupe froide estiva-le est traditionnellement préparée avec du kvas, une boisson de blé fermentée, mais ça marche aus-si avec du kéfir que l’on trouve plus facilement hors de Russie et d’Ukraine, et qui a l’avantage de représenter la moitié du dogme ké-fir + haltères.L’okrochka allie le croquant des lé-gumes frais, la viande et les œufs, pour une soupe à la fois rafraîchis-sante et nourrissante. Les recettes traditionnelles varient largement, ce qui rappelle leurs origines à ba-se de « mélangez tout ce qui reste dans le garde-manger ». Il existe aussi des préférences ré-gionales : certains utilisent la lan-gue de bœuf ou la saucisse pour la viande, d’autres le poisson fumé ou le jambon. Toutes les versions com-portent des concombres frais, de la ciboulette, de l’aneth, des radis et des œufs durs.Faire suivre son régime à mon beau mari fut chose aisée avec cet-te version saine de l’okrochka : du kéfir allégé, du blanc de dinde à la place de la saucisse, et un seul jau-ne d’œuf au lieu de deux. Les légu-mes frais et l’aneth ont fait le reste, et je suis heureuse d’annoncer qu’il est fin prêt pour les haltères.

Ingrédients :

1 litre de kéfir (choisissez la te-neur en matière grasse qui vous convient)1 verre d’eau froide300 g de viande ou poisson, en dés1 concombre, pelé et égrainé, en dés6 radis, en dés4 ciboules finement hachées½ verres d’aneth frais1 cuiller à soupe de sucre1 cuiller à soupe de gros sel2 cuillers à soupe de moutarde de Dijon2 œufs durs

Préparation :

Faites cuire les œufs (17 minutes dans de l’eau bouillante salée), puis plongez-les dans un bol d’eau gla-cée, pour mieux séparer les blancs des jaunes. Enlevez la coquille, séparez les

blancs des jaunes, coupez les blancs en cubes et mettez de côté.Placez les jaunes dans un grand bol et ajoutez la moutarde, le sucre et le sel. Mélangez jusqu’à l’obtention d’une pâte. À l’aide d’un fouet, incorporez len-tement le kéfir et l’eau à la pâte, en vous assurant que le mélange est ho-mogène. (NB : à cet endroit des re-cettes traditionnelles, on ajoute une cuillerée généreuse de crème fraîche. Pour des raisons d’économie, de ca-lories et de matières grasses, j’ai sau-té cette étape, sans que le résultat en souffre. Vous pouvez aussi ajouter du yaourt grec, aussi crémeux mais moins calorique que la crème fraîche). Ajoutez le reste des ingrédients et ré-frigérez pendant au moins deux heu-res avant de servir.

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cheval, escrime et tir à l’arc, ar-tisanat et concerts de musique folklorique. Dans le même esprit, le festival de la culture slave « Slaviansk 2011 » se tiendra les 4 et 7 août, à Sla-viansk-sur-Kouban, dans la région de Krasnodar. Chaque année se sont plus de 400 chorales, troupes de danses et chants folkloriques qui se produisent sur la scène. Dans le cadre du festival, les par-ticipants assisterons à un congrès sur « la culture traditionnelle des peuples slaves dans l’espace contemporain ». Pour les ama-teurs d’artisanat, le festival pré-sente une exposition ethnogra-phique « Artisanat du bois », et un marché de produits authen-tiques provenant de la province : châles d’Orenbourg, bottes de feu-tre de Vologda, bijoux de Kali-ningrad, porcelaine de Gjhel.

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