8
Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mercredi 3 octobre 2012 À bicyclette sur les traces de Tolstoï Grand amateur de la petite reine, l'écrivain a inspiré une expédition cyclotouristique. P. 8 Biennale d'art à Ekaterinbourg Jusqu'au 22 octobre les usines de la ville ouvrent leurs portes aux ama- teurs d'art contemporain. P. 7 PAGE 2 PAGE 5 Veliki Novgorod La ville médiévale attire les visi- teurs grâce à ses églises ortho- doxes, ses lacs sans frontières et son hospitalité slave. PAGE 4 Biologiste marin et photographe plongeur à ses heures, Alexandre Semionov, 25 ans, partage ses photos de créatures observées dans la Mer Blanche. Découvrez la Cyanea capillata. Pour en savoir plus : larussiedaujourdhui.be/15921 PHOTO DU MOIS Créatures de la mer Arctique La Caspienne attise les ambitions militaires lance-missiles de 250 tonnes, construit par l'usine de l'Oural Zenit. À l'avenir, ce pays prévoit le lancement de deux autres na- vires lanceurs d'engins. Quelle est la raison d'une telle démons- tration de force ? Dans cette ré- gion, on observe deux points de crispation : la question non réso- lue de la division de la mer Cas- pienne, liée aux ressources natu- relles du plateau continental, et le problème iranien. Du 17 au 23 septembre, les ma- nœuvres militaires russes Kav- kaz-2012 se sont déroulées à proximité de la mer Caspienne. Le 18 septembre, l'Iran a tenu dans la partie sud de cette mer KONSTANTIN VOLKOV IZVESTIA La question de la délimitation territoriale et le risque de frappe contre l'Iran forcent les pays limitrophes de la Caspienne à augmenter la capacité de leurs marines respectives. Conflit Les hydrocarbures et le nucléaire iranien attisent la tension SUITE EN PAGE 2 Magnifique région monta- gneuse logée en plein cœur du continent eurasiatique, la République de l’Altaï souffre de sous-développement et du braconnage, qui menace plu- sieurs espèces en voie de dis- parition. Privé de chemin de fer et d’industrie, l’Altaï se tourne vers le tourisme, grâce à une nouvelle liaison aé- rienne directe depuis Moscou. Grâce aussi à quelques idées innovantes permettant aux autochtones de repenser leur relation avec la nature. Produit de Russia Beyond the Headlines Une couturière venue de Sibérie recycle - sans prétention - les grandes icônes de la culture russe des deux derniers siècles. Tissu souvenir La mobilisation des manifes- tants est en baisse, mais la créa- tion d'une structure de coordi- nation pourrait la relancer. L'opposition se cherche EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE Dix femmes emblématiques du monde des affaires LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/15901 Gazprom se rebiffe La popularité de Poutine PAGE 4 PAGE 6 ÉCONOMIE Selon la direction du géant d'État russe, l'enquête menée par la Commission européenne sur ses entraves à la concurrence est guidée par des intérêts po- litiques. Les experts pensent que Bruxelles cherche surtout à ob- tenir des rabais sur les prix. Malgré la stabilité de la cote pré- sidentielle, qu'analyse le socio- logue Alexeï Levinson, les Russes attribuent majoritairement à Poutine la responsabilité des dif- ficultés du pays. OPINIONS des exercices de mise en place de mines. Le Turkménistan a ter- miné ses exercices navals il y a une semaine, fignolant une stra- tégie visant à repousser un en- nemi ayant pénétré dans le pays en raison de la détérioration de la situation dans la région. En avril, ce sont les gardes- frontières azerbaïdjanais qui s'entraînaient, leur mission consistant à protéger les infras- tructures pétrolières. Enfin, le Kazakhstan a mis à l'eau ce prin- temps un navire d'artillerie L'Altaï sauvé par le micro-crédit ? SUITE EN PAGE 3 © ITAR-TASS © ALEKSANDR SENYONOV © MIKHAIL MORDASOV_FOCUS PICTURES © SLAVA PETRAKINA © KONSTANTIN CHALABOV_RIA NOVOSTI © ALAMY/LEGION MEDIA © ITAR-TASS

La Russie d'Aujourd'hui

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

Citation preview

Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mercredi 3 octobre 2012

À bicyclette sur les traces de TolstoïGrand amateur de la petite reine, l'écrivain a inspiré une expédition cyclotouristique.

P. 8

Biennale d'art à EkaterinbourgJusqu'au 22 octobre les usines de la ville ouvrent leurs portes aux ama-teurs d'art contemporain.

P. 7

PAGE 2 PAGE 5

Veliki Novgorod

La ville médiévale attire les visi-teurs grâce à ses églises ortho-doxes, ses lacs sans frontières et son hospitalité slave.

PAGE 4

Biologiste marin et photographe

plongeur à ses heures,

Alexandre Semionov, 25 ans,

partage ses photos de créatures

observées dans la Mer Blanche.

Découvrez la Cyanea capillata.

Pour en savoir plus :

larussiedaujourdhui.be/15921

PHOTO DU MOIS

Créatures de la mer ArctiqueLa Caspienne attiseles ambitions militaires

lance-missiles de 250 tonnes, construit par l'usine de l'Oural Zenit. À l'avenir, ce pays prévoit le lancement de deux autres na-vires lanceurs d'engins. Quelle est la raison d'une telle démons-tration de force ? Dans cette ré-gion, on observe deux points de crispation : la question non réso-lue de la division de la mer Cas-pienne, liée aux ressources natu-relles du plateau continental, et le problème iranien.

Du 17 au 23 septembre, les ma-nœuvres militaires russes Kav-kaz-2012 se sont déroulées à proximité de la mer Caspienne. Le 18 septembre, l'Iran a tenu dans la partie sud de cette mer

KONSTANTIN VOLKOVIZVESTIA

La question de la délimitation

territoriale et le risque de frappe

contre l'Iran forcent les pays

limitrophes de la Caspienne à

augmenter la capacité de leurs

marines respectives.

Conflit Les hydrocarbures et le nucléaire iranien attisent la tension

SUITE EN PAGE 2

Magnifique région monta-gneuse logée en plein cœur du continent eurasiatique, la République de l’Altaï souffre de sous-développement et du braconnage, qui menace plu-sieurs espèces en voie de dis-parition. Privé de chemin de fer et d’industrie, l’Altaï se tourne vers le tourisme, grâce à une nouvelle liaison aé-rienne directe depuis Moscou. Grâce aussi à quelques idées innovantes permettant aux autochtones de repenser leur relation avec la nature.

Produit de Russia Beyond the Headlines

Une couturière venue de Sibérie recycle - sans prétention - les grandes icônes de la culture russe des deux derniers siècles.

Tissu souvenir

La mobilisation des manifes-tants est en baisse, mais la créa-tion d'une structure de coordi-nation pourrait la relancer.

L'opposition se cherche

EN LIGNE SURLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

Dix femmes emblématiques du monde des affairesLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/15901

Gazprom se rebiffe

La popularité

de Poutine

PAGE 4

PAGE 6

ÉCONOMIE

Selon la direction du géant d'État russe, l'enquête menée par la Commission européenne sur ses entraves à la concurrence est guidée par des intérêts po-litiques. Les experts pensent que Bruxelles cherche surtout à ob-tenir des rabais sur les prix.

Malgré la stabilité de la cote pré-sidentielle, qu'analyse le socio-logue Alexeï Levinson, les Russes attribuent majoritairement à Poutine la responsabilité des dif-fi cultés du pays.

OPINIONS

des exercices de mise en place de mines. Le Turkménistan a ter-miné ses exercices navals il y a une semaine, fi gnolant une stra-tégie visant à repousser un en-nemi ayant pénétré dans le pays en raison de la détérioration de la situation dans la région.

En avril, ce sont les gardes-frontières azerbaïdjanais qui s'entraînaient, leur mission consistant à protéger les infras-tructures pétrolières. Enfi n, le Kazakhstan a mis à l'eau ce prin-temps un navire d'artillerie

L'Altaï sauvé par le micro-crédit ?

SUITE EN PAGE 3

© IT

AR

-TA

SS

© A

LE

KS

AN

DR

SE

NY

ON

OV

© M

IKH

AIL

MO

RD

AS

OV

_F

OC

US

PIC

TU

RE

S

© S

LA

VA

PE

TR

AK

INA

© K

ON

STA

NT

IN C

HA

LA

BO

V_

RIA

NO

VO

ST

I

© A

LA

MY

/LE

GIO

N M

ED

IA

© IT

AR

-TA

SS

Page 2: La Russie d'Aujourd'hui

02LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Politique

Le nouveau représentant permanent de la Russie auprès de l'OTAN, Alexandre Grouchko, vient d'être nommé. « Nous attendons avec impa-tience l'arrivée du nouveau représentant russe et espérons qu'elle se fera dans les semaines qui viennent », a indiqué la direction de l'OTAN.

NOMINATIONL'OTAN ATTEND IMPATIEMMENT LE REPRÉSENTANT RUSSE

BRÈVES ET IMAGES

Mitt Romney a vivement été cri-tiqué par les démocrates pour les investissements réalisés en 2011 par son fonds dans les ac-tions de sociétés russes (Gazprom et Yandex).

Le député allemand Werner Schulz, membre du Groupe des Verts/Alliance libre européenne, a présenté la candidature des Pussy Riot au prix Sakharov pour la liberté d'expression.

Mitt Romney

achète russe

Le prix Sakharov

aux Pussy Riot ?

PAVEL NIKOULINELA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

L’opposition russe a redéfini ses

objectifs pour la nouvelle saison

politique. En toile de fond :

l’affaire des Pussy Riot et les

arrestations de manifestants.

Une périodede doutepour la contestation

Opposition La mobilisation va en faiblissant, mais la création d'une structure unique de l'opposition pourrait la revitaliser

services sociaux restent très po-pulaires en Russie, et ils devraient avoir plus d’impact à l’automne, lorsque les Russes seront rentrés de vacances et auront senti les effets de la hausse des prix dans le secteur du logement, entrée en vigueur le 1er juillet.

Cependant, vu la couverture médiatique actuelle des lois controversées relatives aux liber-tés sur Internet et aux ONG, Moukhine pense que l’opposition se concentrera davantage sur les événements qui pourraient être interprétés comme des répres-sions. « Cela concernera le pro-cès des Pussy Riot et l’arrestation de personnes lors de la manifes-tation du 6 mai, que les opposants considèrent comme des prison-niers politiques  » , estime Moukhine.

Les demandes de libération de prisonniers politiques sont éga-lement fréquentes au sein de l’op-position, même si le statut de ces personnes n’est pas défi ni dans la loi russe. Les opposants ne sont d’ailleurs pas tous d’accord pour dire que les membres des Pussy Riot sont des prisonnières d’opi-nion. En revanche, tous consi-dèrent que les manifestants arrê-tés en mai appartiennent à cette catégorie. L’opposition promet que ceux qui ont été appréhen-

Les opposants russes se sont ras-semblés le 15 septembre pour une nouvelle « Marche des millions », marquant l’ouverture de la sai-son politique. Selon des militants de l’opposition, leur agenda de cet automne comprendra avant tout plus de manifestations, le contrôle des élections régionales d’octobre et la lutte pour la libé-ration des protestataires empri-sonnés. Les analystes s’attendent à des changements stratégiques de l’opposition : les actions de protestation seront désormais ac-compagnées d’exigences sociales et de slogans anticléricaux.

Ilia Iachine, un des leaders du mouvement « Solidarnost » (So-lidarité), a confi rmé aux journa-listes que les membres de l’oppo-sition pourraient utiliser des slogans à caractère social, mais d’après l’analyste politique Alexeï Moukhine, ces thèmes devraient tout de même avoir moins de suc-cès que ceux sur les libertés d’ex-pression et de rassemblement. Les appels aux changements dans les

dés lors de manifestations précé-dentes ne seront pas oubliés dans les prochaines marches. « Il n’y aura pas le même battage média-tique que pour les Pussy Riot, mais le thème des arrestations du 6 mai aura une place importante dans l’agenda », indique Sergueï Vlassov, représentant du mouve-

ment de défense des droits de l’Homme « Rosouznik » (Prison-nier russe).

Un des principaux objectifs de l’opposition cette saison sera de créer des organisations légitimes. Pour y arriver, elle organisera ses primaires et créera un organisme de coordination. Plusieurs tenta-

La « Marche des millions » du 15 septembre.

tives de créer un tel organe avaient déjà été entreprises par le passé, sans succès. Dans le cas de cette commission, les chances de suc-cès sont bien plus grandes car les opposants comptent organiser de véritables élections, à la fois sur Internet et dans de vrais bureaux de vote partout en Russie.

Parmi les candidats, il y aura non seulement des politiciens pro-fessionnels, mais aussi des mili-tants inconnus du grand public, comme par exemple l’artiste contemporain Artiom Loskoutov, originaire de Novossibirsk. « L’un de mes objectifs est d’aborder le sujet de l’anticléricalisme dans les rangs de l’opposition. Les po-liticiens ont peur de le faire et es-sayent de se désolidariser des actes des Pussy Riot. Si les poli-

ticiens n’ont pas assez de culot pour dénoncer les liens entre l’Église et l’État, je le ferai moi. Cela ne plaira pas à tout le monde, mais je tenterai de défendre la société contre la cléricalisation » .

Au lendemain du procès des Pussy Riot, la relation entre l’Église et la société est devenue un des thèmes les plus chauds dans la presse et la blogosphère. Mais le politologue Vladimir Pri-bylovski doute du succès futur des slogans contre le clergé. « Les leaders de l’opposition ont clai-rement un problème avec l’Église », explique Pribylovski. « Ils trouvent qu’elle s’implique trop dans la vie du pays. Toute-fois, l’anticléricalisme fera diffi-cilement partie du top 10 de leurs slogans ».

Descendre encore

dans la rue ?

Suite aux élections législatives du 4 décembre 2011, les Russes sont spontanément descendus dans les rues pour participer aux plus grandes manifestations que le pays ait connues depuis vingt ans. Frus-tré par le manque de transparence et d’engagement du système poli-tique, le mouvement de protesta-tion a continué à grandir durant l’hiver, avec à sa tête des leaders comme le bloggeur anti-corruption Alexeï Navalny, le politicien libéral d’expérience Boris Nemtsov et le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov.Même si les protestations conti-nuent à attirer de larges foules, le mouvement manque claire-ment d'inspiration. Certains mili-tants ont entrepris des actions plus concrètes telles que superviser des bureaux de vote ou se présen-ter dans certaines localités, mais le mouvement dans son ensemble n’a toujours pas d’objectifs précis.

14 000manifestants ont par-ticipé à la « Marche » du 15 septembre, se-lon la police. Les orga-nisateurs en ont eux compté 100 000.

39 partispolitiques sont actuel-lement enregistrés en Russie. Près de 200 autres sont en cours d’inscription.

17 personnessont toujours soupçon-nées d’incitation à la violence lors de la ma-nifestation d’opposition du 6 mai.

EN CHIFFRES

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE SOIR, BELGIQUE• EUROPEAN VOICE, UE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE •DUMA, BULGARIE •GEOPOLITICA, SERBIE • THE WASHINGTON POST ET THE NEW YORK TIMES, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, INDE • YOMIURI SHIMBUN, JAPON • CHINA BUSINESS NEWS, CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DO SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • POLITIKA, SERBIE • TODAY, SINGAPOUR • UNITED DAILY NEWS, TAÏWAN.

EMAIL : [email protected]. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLE - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94.800 EXEMPLAIRES

La Caspienne attiseles ambitions militaires

Le confl it entre l'Azerbaïdjan et le Turkménistan autour du champ de pétrole « Kapaz  » constitue un autre point sensible.

Les gardes-frontières azerbaïd-janais ont arrêté au début de l'été un navire scientifi que battant pa-villon turkmène, qui menait des recherches sismologiques dans la

« L'incertitude autour de la déli-mitation constitue l'aspect le plus grave », estime le professeur Vla-dimir Sajine, de l'Institut d'études orientales. La partie sud de la mer fait effectivement l'objet de litiges depuis des années. Seuls la Rus-sie et le Kazakhstan ont résolu le problème de leur frontière de façon bilatérale en 2002, en divi-sant le fond et en laissant les eaux pour un usage commun. Pour les autres pays, les cartes regorgent de territoires litigieux.

La raison principale, ce sont les ressources naturelles, en par-ticulier les hydrocarbures. Azer-baïdjan, Iran, Turkménistan - chaque pays cherche à s'assurer les conditions les plus favorables. L'Iran, par exemple, propose de diviser la mer de façon « juste », c'est-à-dire en fournissant à chaque pays 20% de la surface totale de la mer Caspienne.

L'intention de Téhéran est claire : dans tous les cas, le pays ne sera pas en reste, la côte mé-ridionale possédant des réserves prouvées de pétrole (pas encore exploitées). Rien que cet été, les Iraniens ont découvert dans leur secteur un gisement de 2 millions de barils de pétrole et environ 50 milliards de mètres cubes de gaz. À cela, il convient d'ajouter l'es-turgeon iranien, une autre richesse de la République islamique.

zone. L'UE tente de concilier les intérêts de Bakou et Achkhabad, en proposant de construire un ga-zoduc transcaspien. Mais en vain jusqu'à présent.

Sur le problème iranien, ses voi-sins de la mer Caspienne tentent à se prémunir contre une possible attaque militaire Occidentale.

« Si l'Iran fait l'objet d'une frappe, Dieu nous en préserve, cela affectera toute la région, ex-plique Vladimir Sajine. Les voi-sins - l'Azerbaïdjan et le Turkmé-nistan - vont bien sûr prendre des mesures pour profi ter de la situa-tion ».

« Surtout compte tenu des di-

vergences entre Téhéran et Bakou, liées au fait qu'Israël pourrait uti-liser le territoire de l'Azerbaïdjan pour frapper l'Iran », ajoute Jeen Natalia Kharitonova, expert de l'Eurasie.

La Russie, dans ce cas, est dans la meilleure position, au moins en raison du fait qu'elle possède la marine la plus puissante de la mer Caspienne. En témoigne la mise en exploitation, en août de cette année, de la corvette Da-ghestan, équipée de technologies furtives. Dans l'ensemble, la fl ot-tille de la Caspienne compte en-viron 30 navires de différentes classes - des dragueurs de mines aux patrouilleurs.

« La flottille de la mer Cas-pienne est utilisée en premier lieu pour soutenir notre groupe dans le Caucase du Nord », précise l'ex-pert militaire Dmitri Litovkine. Cependant, l'accroissement des forces russes dans la mer Cas-pienne n'est pas uniquement lié au Caucase et aux tentatives de mettre fi n à la pêche illégale de l'esturgeon. Étant donné que ses voisins renforcent leur puissance militaire, Moscou, habitué à se considérer comme le leader dans la région, est contraint d'en faire autant. Les perspectives incer-taines de l'Iran ne font qu'aggra-ver cette tendance.

Article publié dansIzvestia

Le spectre d'une intervention occidentale en Iran effraie les riverains.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Avec sa flotille de la Caspienne, la Russie reste de loin la première puissance navale dans le bassin

© GRIGORY SYSOEV_RIA NOVOSTI

© PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO© REUTERS/VOSTOCK-PHOTO

© IT

AR

-TA

SS

© R

US

LA

N S

UK

HU

SH

IN

Page 3: La Russie d'Aujourd'hui

03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Société

Vaincre le braconnage à coup de crédits

et le World Wildlife Fund. L’ob-jectif commun des trois organi-sations est de « promouvoir le dé-veloppement de PME liées au tourisme dans l’Altaï » à travers des bourses et des micro-crédits à taux réel nul. « Pour Citi, il s’agit d’argent injecté dans un projet social et environnemental qui n’est pas destiné à nous revenir », explique Denis Denissov, porte parole de la banque en Russie.

La république de l’Altaï compte 200 000 habitants, pour l’essen-tiel vivant chichement de l’éle-vage dans un cadre montagneux ou semi désertique. « Le niveau de vie est très bas et le taux de chômage, très haut », remarque Tatiana Pahaeva, directrice du Fonds Sodeïstvie et native de la région. « Le résultat, c’est que la tentation est grande de se livrer

Lassé de voir le monde moderne s’infi ltrer dans son environnement sans pouvoir en profi ter, Olga Sa-vatova, 35 ans, a pris le taureau par les cornes. « Je suis restée trois ans au chômage, assise chez moi. Puis j’ai compris que le tourisme allait à la fois me permettre de me développer personnellement et apporter un revenu complé-mentaire à mon foyer ». Olga Sa-vatova élève deux enfants à Gorno Altaïsk, la capitale de la répu-blique de l'Altaï, en Asie centrale. Le déclic s’est produit en 2008.

« J’ai entendu parler d’une for-mation sur la transformation de la laine, et la conception de sou-venirs et d’habits. J’y ai partici-pé, j’ai été séduite et j’ai immé-diatement monté un atelier chez moi. Dès la première saison, j’ai vendu toute ma production » , se réjouit Olga Savatova, qui envi-sage désormais d’élargir son ate-lier. « Je fais travailler trois per-sonnes », explique-t-elle en montrant un stand où reposent des fi gures de laine. Elles repré-sentent des animaux de l’Altaï, ces mêmes espèces qui symbo-lisent la région… et sont en voie d’extinction. Parmi elles, l’once (irbis ou panthère des neiges), et le moufl on des neiges (argali).

Pour se reconvertir, Savatova a aussi bénéficié d’un coup de pouce, sous la forme d’une bourse accordée par le Fonds Sodeïstvie, une ONG elle-même fi nancée par un projet conjoint entre Citibank

au braconnage d’espèces en voie de disparition. Leur commerce sur le marché noir est très lucra-tif, mais il menace radicalement la biodiversité ». La promotion de l’écotourisme s’est logiquement

Défilé de mode de la couturière Aïssoura Takhanova, à Tchoui Ozi.

Le chanteur Bolot Baïryshev

Chevaux paissant en liberté.

Lac dans le district d'Oulagan.

million de touristes ont visité la république de l'Altaï durant l'été 2012, soit une augmentation de 12% par rapport à 2011.

1,3EN CHIFFRES

imposée comme moyen de conci-lier les intérêts des autochtones et de l’environnement. « Les cré-dits sont mieux que les bourses pour responsabiliser les entrepre-neurs, qui par ailleurs n’inté-

ressent pas du tout les banques habituelles. Nous tenons à ce que ceux qui habitent les parties les plus isolées de la république aient aussi accès à une aide. Dans cer-tains villages, le taux de chômage atteint les 90% », souligne Pa-haeva. Savatova reconnaît qu’une aide fi nancière lui est indispen-sable. « Nous ne sommes pas sur un pied d’égalité avec les Russes venant de Moscou ou de Sibérie. Ceux-là bénéfi cient de connec-tions, de capitaux. Beaucoup ont pu acheter des terres. Tandis que les autorités ne font rien pour nous » déplore-t-elle.

La composition ethnique de l’Altaï explique la singularité de la région. L’essentiel de la popu-lation appartient à de toutes pe-tites ethnies comme les Tubalars, les Telengits et les Chelkants, qui sont très majoritairement adeptes du chamanisme. Ils sentent leur culture vulnérable au monde mo-derne et restent très attachés à leur mode de vie. « Gazprom veut construire un gazoduc passant par un endroit qui est sacré pour nos anciens » s’indigne Savatova. « Je suis contre. Ils ont déjà construit des baraquements et jettent tout autour des bouteilles de vodka vides », poursuit-elle.

Une caractéristique des autoch-tones est la force de caractère des femmes. « Elles sont à la fois plus ouvertes et plus entrepreneuses que les hommes », remarque Pa-haeva, qui ajoute « la plupart des 30 bénéfi ciaires de micro-crédits sont des femmes ». Une force qui s’appuie sur la lucidité. « On ne nous aide pas pour nos beaux yeux, mais pour sauver la faune en disparition. C’est pourquoi nous devons à notre tour aider ces animaux à qui nous devons tant », conclut Savatova.

MARIA AFONINALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

OMSK est une marque

européenne aux origines russes

reconnaissables (de Tolstoï au

groupe rock Kino) sur ses

vêtements. Le tout sans

prétention tapageuse.

Quand le tissu s'imprègne des icônes

Portrait Une couturière d'origine russe recycle les grandes figures culturelles

nant des matières de meilleure qualité, nos vêtements sont plus élégants. Mais toujours avec de l'humour et en gardant un côté alternatif. Nous avons abandon-né le « Girls ». La marque est tout simplement OMSK Belgium, pour que nos clients mecs se sentent plus à l’aise, explique Valeria. La tranche d’âge des clients de cette ligne est entre 25 et 40 ans ».

Valeria est le moteur de la marque et la créatrice principale, mais elle n’est pas seule. Depuis le début, Philippe Koeune la suit dans cette aventure. « Philippe est mon partenaire. Nous n’avons pas de mécènes ou d’anges gardiens,

En 2002, Valeria Siniouchkina, une frêle jeune blonde de 25 ans, se sépare de son amoureux. La collection qu'elle vient de lancer est emprunte de toute sa mélan-colie. Elle décide de faire passer la pilule en imaginant une bande de jeunes nanas délurées, aven-turières modernes qui, ramènent de chacun de leurs voyages quelque chose de singulier. C’est comme cela qu’est apparu GIRLS FROM OMSK. La même année, Valeria obtient son diplôme à l’École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre à Bruxelles et parvient à vendre toute sa collection au magasin Henri Bendel de New York.

« Girls » incarne des lolitas de Nabokov, vivant dans la ville de Omsk et qui ne pensent qu’aux virées avec leurs copains. La pre-mière collection de streetwear était prête en 2007 : jeans, t-shirts imprimés aux couleurs flashy, blousons.

Pendant 5 ans, les fi lles bour-linguent entre Los Angeles, New York, Londres, Berlin, Rome, Mexico et Moscou. Après leur sé-jour à Paris en 2010, les demoi-selles se sont féminisées, le streetwear s’est mué en casual fashion. « Nous utilisons mainte-

donc nous devons compter sur notre propre volonté et auto-dis-cipline », plaisante Valeria. Philippe a suivi des cours de management pour apprendre à gérer la petite entreprise. De plus, il est le desi-gner graphique et le styliste de la collection homme. Irina Kikina, qui travaille à Londres comme de-signer textile pour diverses marques, aide aussi la griffe rus-so-belge pour le design graphique.

« Nous vendons nos vêtements dans des magasins multi-marques dans plusieurs pays (Belgique, France, Allemagne, Japon, Rus-sie, Espagne, Hong-Kong, etc.), mais il nous semble plus rentable de miser sur la vente en ligne que d’ouvrir un magasin de la marque », explique Valeria. Selon Philippe, chargé du commercial, la vente en ligne représente à ce jour 25% des recettes, mais la so-ciété compte sur le développe-ment de ce segment.

A. VEDENEEVA, E. GABELEVAKOMMERSANT

Découvert au siècle dernier, le

gisement de Popigaï contient 5

milliards de carats de diamants

d'une dureté exceptionnelle. Ils

pourraient révolutionner

plusieurs secteurs industriels.

Le déluge de diamants qu'on nous avait caché

Science Révélation fracassante

était impossible d'affirmer que ces diamants pouvaient présen-ter une quelconque utilité.

Les applications pour l'indus-trie sont nombreuses. Ils sont in-croyablement plus durs que les autres diamants connus jusqu'ici. Une véritable révolution indus-trielle pourrait se produire dans les domaine de l'outillage, du fo-rage, du façonnage de matières dures car il s'agit du matériau naturel le plus dur qui soit.

Les diamants peuvent être uti-lisés dans divers secteurs indus-triels de haute technologie : en électronique, en optique. Ils per-mettraient également d’élaborer des lentilles avec grande préci-sion. Il y a d'autres perspectives à explorer. La mine de Popigaï pourrait approvisionner le monde entier en diamants pendant 3000 ans.

Cette mine se situant à la fron-tière de la province de Kras-noïarsk et de la Iakoutie renferme un volume de diamants dépas-sant toutes les ressources mon-diales réunies. Popigaï s'est for-mée à la suite de la chute d'une météorite. Découverte dans les années 1970, il était alors impos-sible de l'exploiter.

L'exploration des diamants s'est faite dans le plus grand se-cret pendant des années en rai-son de l’immensité des réserves. Ce secret a été gardé tant qu’il

Son truc pour rendre hommage à ses racines, c’est l’impression sur les tissus d'icônes de la culture russe

Le marché du diamant

Valeria et Philippe vivent en Begique. Alors pourquoi le nom de Omsk, une ville de Sibérie ? C'est que le père de Valeria en est originaire, même si elle-même n’y a séjourné qu’une fois, contrairement à Moscou où elle se rend tous les ans. À la fi n des années 70, le père de Valeria tra-vaillait comme représentant d’Aerofl ot en Suisse, où Valeria est née. Ensuite, la famille a dé-ménagé à Montréal puis en 1992, elle s’est fi xée à Bruxelles et Va-léria a poursuivi des étude à la Cambre.

« Cette école prépare les futurs stylistes des grandes maisons de mode comme Balenciaga, Jean-Paul Gaultier, Martin Margiela. J’ai moi aussi travaillé pour une grosse marque de jeans, et j’ai compris que je n’étais pas faite pour la hiérarchie. Je veux in-carner moi-même dans mes vê-tements ma propre vision du monde ».

Son petit truc à elle, pour rendre hommage à ses racines, c’est l’impression sur les vête-ments de ces « OMSK ICONS » typiques de la culture russe, des personnages clés comme Anton Tchékhov, Vladimir Maïakovski, Vladimir Vissotski ou Viktor Tsoï, chanteur du groupe Kino. La mascotte de cette saison sera rien moins que Léon Tolstoï.

« Nous essayons de ne pas en-nuyer les gens avec notre histoire. Tout le monde n’a peut-être pas envie de savoir qui est cette tête de barbu sur le t-shirt. Mais si on nous le demande, nous l'ex-pliquerons volontiers. Certains détracteurs disent que nous le faisons pour attirer les intellos. Notre but est de proposer quelque chose de neuf, non seulement du point de vue visuel mais aussi intellectuel. Nous sommes une marque européenne d’origine russe », explique Valeria.

EMMANUEL GRYNSZPAN LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Une solution inédite est mise en

oeuvre dans l'Altaï pour résoudre

simultanément le problème du

chômage rampant et celui des

dégâts causé à une nature des

plus vulnérables.

Développement régional Reportage dans l'un des recoins les plus magiques de la fédération de Russie

Depuis le début de leur projet, WWF et Citi Fund ont permis la création de plus de 50 emplois et formé 580 habitants de l'Altaï au démarrage d'une entreprise.

50

© S

LA

VA

PE

TR

AK

INA

© A

LA

MY

/LE

GIO

N M

ED

IA

© V

ER

A U

ND

RIT

Z

© E

MM

AN

UE

L G

RY

NS

ZP

AN

© E

MM

AN

UE

L G

RY

NS

ZP

AN

Page 4: La Russie d'Aujourd'hui

04LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Économie

EN BREF

Le gouverneur de la région de Moscou, Sergueï Choïgou, et l'ambassadeur de Belgique en Russie Guy Trouveroy ont évo-qué l'augmentation du volume des investissements belges dans la région de Moscou. À ce jour, la région compte 14 entreprises à capitaux belges. Le montant total des investissements s'élève à plus de 500 millions d'euros, et les investissements ont atteint près de 127 millions de dollars l'an dernier. Le plus important représentant belge est le produc-teur verrier Glaverbel.

Fin septembre, le site de Tche-repovets, la plus grande centrale thermique de la région de Vo-logda, a reçu un bloc moteur des-tiné à une tranche en construc-tion (PSU-420). Fabriquée par Siemens, l'installation a été li-vrée d'Anvers à Saint-Péters-bourg, où elle est partie en pé-niche. L'équipement de base comprend un générateur ainsi que des turbines à gaz et à va-peur d'un poids de près de 930 tonnes. Cet équipement n'a pas d'équivalent dans la région.

Davantage

d'investissements

belges à Moscou

Une turbine

venue d'Anvers

ALEXANDRE KILIAKOVLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

La direction de Gazprom vient

d'approuver une restructuration

des actifs européens et assure

que les prétentions de la

Commission européenne n’ont

rien à voir avec cette opération.

Gazprom cherche une parade contre Bruxelles

Énergie Le géant gazier russe s'offusque de l'enquête menée par la Commission européenne sur ses pratiques commerciales

Ces propos du responsable eu-ropéen font écho à une récente déclaration du président russe Vladimir Poutine, qui a exprimé sa déception face au lancement de l’enquête. « L’Europe unie veut préserver son infl uence politique et nous faire payer le prix. Ce n’est pas une approche constructive », a indiqué le chef de l’État russe.

Le représentant du Parlement européen Béla Kovacs a pour sa part indiqué que l’UE ne voulait pas procéder à des sanctions contre le groupe russe et préfé-rait résoudre le confl it par le biais du dialogue. « Le risque d’une amende existe, mais je ne pense pas qu’elle sera infl igée », a-t-il précisé, en ajoutant qu’il prônait le dialogue.

De son côté, le vice-président de la société russe, Alexandre Medvedev, a fait savoir que le groupe était prêt à discuter de la controverse avec l’UE. « J’envi-sage de rencontrer prochainement le sous-commissaire européen à la concurrence pour discuter avec lui en personne », a déclaré M. Medvedev. Gazprom continue de clamer son innocence. Alexandre Medvedev souligne que le groupe était parmi les pionniers de la li-béralisation du marché gazier eu-ropéen « à l’époque où personne n’offrait encore des parts de mar-

La Commission européenne a an-noncé le 4 septembre avoir ouvert une enquête contre le géant ga-zier russe soupçonné d’avoir com-mis trois violations éventuelles de la législation européenne anti-trust. Selon un communiqué de la Commission, Gazprom est no-tamment accusé d’avoir « divisé les marchés du gaz en entravant la libre circulation du gaz entre les États membres », d’avoir « em-pêché la diversifi cation de l’ap-provisionnement en gaz » et d’avoir « imposé des prix dé-loyaux à ses clients en liant le prix du gaz aux prix pétroliers ».Un représentant de la Commis-sion, Antoine Colombani, a ce-pendant tenu à préciser que l’en-quête ne visait pas la Russie, mais concernait exclusivement le groupe Gazprom. « Comme toute compagnie opérant sur le mar-ché européen, Gazprom doit res-pecter les règles européennes de concurrence », a-t-il annoncé aux journalistes.

ché en cadeau ». Selon le respon-sable, la société souffre encore du blocage de ses capacités sur le marché européen, mais respecte toujours la législation des pays dans lesquels elle est présente.

« En ce qui concerne l’accusa-tion d’abus de la position domi-nante, nous n’agissons que dans le cadre de nos contrats et toutes les révisions tarifaires doivent être justifi ées », a souligné le chef ad-joint de la compagnie russe, en ajoutant qu’à ce jour il ne restait

Bruxelles soupçonne Gazprom de ne pas jouer le jeu de la libre concurrence.

à s'entendre sur les prix qu’avec le tchèque RWZ, le polonais PGNiG ainsi qu’avec la Lituanie.

« Cependant, tout changement de formule tarifaire éventuelle-ment imposé au géant russe par l’UE, pourrait en effet augmenter la compétitivité du gaz russe sur le marché européen et garantir la croissance des exportations à long terme », estime le président de la société de conseil East Eu-ropean Gas Analysis, Mikhaïl Kortchemkine dans son blog.

Selon l’expert, il est peu pro-bable que la Commission euro-péenne condamne le groupe russe à une amende. Gazprom sera plu-tôt forcé de créer un climat pro-pice à la libre concurrence, en au-torisant par exemple les opérations de swap ou l’inversion virtuelle des fl ux de gaz, ce qui pourrait même être bénéfique pour Gazprom. La société cher-chant à établir un équilibre entre

les recettes intérieures et exté-rieures, les prix du gaz pour les consommateurs russes baisseront aussi.

Dmitri Alexandrov, directeur de la recherche de la société d’in-vestissement Univers Capital, es-time pour sa part que l’enquête

lancée par la Commission euro-péenne vise à forcer Gazprom à faire des concessions dans les né-gociations sur la formule tarifaire. Cependant, l’expert n’exclut pas que le géant russe se voie infl iger une amende, l’Union européenne ayant auparavant réussi à sanc-tionner d’autres compagnies.

Quant à la restructuration de Gazprom, annoncée à la mi-sep-tembre, certains experts l'ex-pliquent comme une tentative de nuire à l’efficacité du troisième paquet énergétique promu par l'UE.

Au fond, le plan de restructu-ration des actifs ne change pas les principes clés de l'activité de Ga-zprom en Europe, remarque le di-recteur de la fi liale 2k Audit/Mor-rison International et consultant Oleg Semionov. Comme aupara-vant, le consortium contrôlera tou-jours la production et le transport, ce qui va directement à l'encontre des exigences du troisième paquet énergétique européen.

Le vice-président de l'entre-prise Alexandre Medvedev sou-ligne quant à lui que « la ques-tion est étudiée indépendamment de la Commission européenne. Nous avons la tâche de vendre efficacement ».

EN CHIFFRES

150 milliards de mètres cubes de gaz natu-rel ont été livrés en

2011 par Gazprom à ses clients eu-ropéens. Soit une hausse de 8,2% par rapport à l'année précédente.

Il ne faut pas perdre de vue l'objectif final de Bruxelles, qui est d'obtenir des rabais sur le prix du gaz

VERA SITNINA KOMMERSANT-VLAST

Le Kremlin recommence à

injecter des fonds publics dans

les entreprises non rentables, en

utilisant les banques publiques

ou les grandes sociétés d'Etat.

Au mépris des règles du marché.

L'État sauve les industries rouilléesSauvetage La crise approchant force des mesures d'urgence pour prévenir une montée du chômage

La région de Sverdlovsk a récem-ment connu deux confl its sociaux, dont la résolution met à jour les principes de la politique indus-trielle. Le premier incident a eu lieu dans l'usine Automobiles et moteurs de Novoouralsk, où l’in-tervention des autorités régionales a permis d’arrêter une grève de la faim, la deuxième en un mois. Pri-vatisée en 2003, cette entreprise affiche une dette de 111 millions d’euros, dont près de 700000 euros d’arriérés de salaires cumulés de-puis octobre 2011. Les locaux ex-pliquent la diligence des autorités à résoudre le problème par l'ap-proche d’élection municipales, pré-vues le 14 octobre prochain.

Le second confl it concerne le géant Ouralvagonzavod, qui en-tretient une relation très spéciale avec le président Poutine. En 2005, le directeur adjoint de l’usine, Alexeï Jaritch, lance un site internet intitulé “Pour Pou-tine !” En 2009, il se transforme en site de campagne “Poutine 2012”. Et en décembre 2011, les ouvriers forment le premier “co-mité de soutien à Poutine”. L’an-cien chef d’atelier Igor Kholmans-kikh devient une véritable vedette - lors de l'émission télévisée an-nuelle de questions à Vladimir Poutine, il menace en direct les manifestants de l'opposition et se déclare prêt à venir les affronter “avec ses camarades” à Moscou.

Les autorités n'ont toujours pas fait le choix entre une économie de marché et une économie dirigée

PARTENAIRE

En mai, le président élu russe nomme cet ouvrier au poste de représentant spécial du Kremlin dans la région de l’Oural, un poste supérieur à celui de gouverneur. Aujourd’hui, Ouralvagonzavod doit payer le prix de l’amour que le pouvoir lui porte et venir en aide à Novoouralsk.

Une histoire similaire s’est pro-duite à Krasnotourinsk, une autre ville de la région de Sverdlovsk.

Les ouvriers de la principale en-treprise de la ville, l’usine de pro-duction d’aluminium de Bogos-lovski BAZ, appartenant au groupe Rusal, ont également com-mencé une grève de la faim. La crise a été provoquée par un confl it sur le prix de l'électricité entre deux milliardaires, Oleg De-ripaska (Rusal) et Viktor Veksel-berg, qui possède la centrale élec-trique fournissant l'usine BAZ.

La grève a pris fin lorsque M.Deripaska, le ministre de l'Éco-nomie Andreï Belooussov et le gouverneur Evgueni Kouïvachev se sont rendus sur place. L’État a de nouveau accordé son aide. L’affaire s’est terminée par la si-gnature d’un accord grâce auquel Rusal a obtenu un rabais sur l'électricité, ainsi qu’un crédit de 1,36 million d’euros à 7% (le taux de refi nancement de la banque centrale russe est de 8,25%) pour BAZ, fourni par la banque pu-blique Vnesheconombank.

«  Ces exemples démontrent que les problèmes d’une entreprise peuvent être résolus “manuelle-ment”, mais dès que les autorités cessent de contrôler la situation, cette société tombe en faillite  », estime le directeur des recherches économiques de l’École des hautes études en sciences économiques, Sergueï Aleksachenko, en préci-sant : « Dans l’économie il y a deux voies qui peuvent toutes deux être considérées comme la norme. La première est l’écono-mie contrôlée. Mais pour qu’elle fonctionne, il faut la perfection-ner, en créant des agences pu-bliques de contrôle, comme le Gosplan (comité soviétique pour la planification, ndlr). La deu-xième voie est l’économie concur-rentielle dans laquelle le plus fort gagne. Le problème de nos auto-rités est qu’elles tentent de rester au milieu ».

« Nous ne pouvons pas prévoir les crises, alors il ne nous reste qu’à éteindre les incendies  », note Anton Danilov-Danilian, vice-président de l’ONG La Russie des affaires. « Débloquer de l’argent du fonds de réserve pour aider une entreprise en détresse, c'est bien mais ce n'est pas suffisant. Il faut trouver des solutions pour le développement des entre-prises ».

La nécessité de surveiller les usines en difficultés régulièrement et pas uniquement en cas d’ur-gence, s’est imposée suite au chan-gement de la situation politique dans le pays. Les élections régio-nales, aussi formelles qu’elles soient, sont influencées par les protestations sociales qui de-viennent un facteur important de la politique régionale.

La dépendance des "monovilles"

Les villes dépendantes d'une indus-trie ou d'une usine unique sont ap-parues en URSS à la suite de l'éco-nomie planifiée. L'usine fournit non seulement les emplois, mais aussi tout le reste à la ville : de l'infras-tructure au palais de la culture...

À l'époque soviétique, c'est l'État qui était responsable de la pros-périté de ces entreprises. Elles sont au nombre de 450 dans tout le pays et le gouvernement actuel n'a aucun programme pour assurer leur pérennité.

" La Russie va chercher des débouchés sur d’autres marchés. À Vladivostok, j’en

ai parlé avec plusieurs dirigeants asiatiques. Là-bas, l'énergie russe est très demandée. Nous dévelop-perons rapidement le gaz liquéfié. "

" Nous suspectons les auto-rités de l’UE de négocier des rabais en coulisse. Si

Bruxelles veut réguler les prix du gaz, il doit le dire et expliquer com-ment cela peut être fait dans le res-pect des principes du marché. "

ILS L'ONT DIT

Vladimir Poutine

Alexandre

Medvedev

PRÉSIDENT RUSSE

VICE-PRÉSIDENT DE GAZPROM

© SERVICE DE PRESSE

© M

AK

SIM

BO

GO

DV

ID_

RIA

NO

VO

ST

I

© A

P

Page 5: La Russie d'Aujourd'hui

05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Régions

Retour aux sources des Slaves

EMMANUEL GRYNSZPANLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Veliki Novgorod cherche sa place

entre Moscou et Saint-

Pétersbourg et lance un timide

appel aux touristes avec ses

églises millénaires et ses cours

d’eau sauvages.

Tourisme Voyage aux racines de l'orthodoxie et de l'architecture moyenâgeuse

Il est un coin de terre immaculée fl eurant bon la Russie ancienne. Une région constituée de lacs, de champs, de tourbe et de forêts. Une vaste zone souvent marécageuse d’où ont émergé les premières tri-bus slaves. Cette région a pour centre la ville de Veliki Novgorod (qui se traduit littéralement par « Villeneuve-la-Grande »), l’une des plus anciennes villes de Rus-sie. Fondée entre le 8ème et le 9ème siècle, Veliki Novgorod a, malgré son histoire mouvementée, été pré-servée des destructions tatares et soviétiques. Seul Hitler a réussit à la détruire partiellement.

Aujourd’hui, elle compte 218 000 habitants et un centre ville fort agréable à vivre. Notamment grâce à son vaste Kremlin, proba-blement le mieux conservé du pays. Ses hauts murs rouges abritent Sainte-Sophie, le plus ancien sanc-tuaire en pierre de taille de Rus-sie, construit entre 1045 et 1050, soit un siècle avant Notre-Dame de Paris. Bâtiment cubique blanc

Où se loger Les options haut de gamme sont limitées au "Beresta Palace Ho-

tel" (2nde Studencheskaïa). Le 3 étoiles "Volkhov" est correct. (24, rue Predtechenskaïa).

Où se restaurer Cuisine européenne dans un cadre très contempo-rain : Nice People (1/1,

rue Meretskova-Volosova).

Pour s’y rendreLe train "Ilmen" part de Moscou tous les soirs et arrive à la gare de Veliki

Novgorod 9h plus tard pour 27 euros.

Vue sur l'icône de la vierge d'Ivérie

Elle est exposée dans le monastère orthodoxe de l'île Selvitsky au lac Valdaï, à 10 km de la ville de Val-daï. Sa construction a commencé à l'été 1653. En quelques mois, deux

églises étaient construites en bois, et dès 1656, la cathédrale de l'As-somption était achevée. En 2008, le Patriarche Alexis II a rebaptisé la cathédrale.

surmonté de cinq coupoles, son austérité est toutefois empreinte d’un caractère majestueux.

À un jet de pierre de Sainte-So-phie, une imposante sculpture de bronze « Le millenium de la Rus-sie », peut retenir l’attention de n’importe quel visiteur pendant une bonne demi-heure. Erigé en 1862, cette œuvre d’art collective de 15 mètres de haut en forme de cloche raconte l’histoire de l’em-pire depuis l’arrivée du Varègue Rurik à Novgorod mille ans plus tôt.

Parmi les innombrables person-nages sculptés dans le bronze se côtoient des écrivains, des guer-riers, des patriarches et scienti-fiques à pied d’égalité avec des tsars, ce qui est fort inhabituel pour une œuvre aussi officielle. Une ab-sence notoire : celle d’Ivan le Ter-rible, qui a massacré des milliers d’habitants de Veliki Novgorod en 1570 et mis défi nitivement fi n à la timide expérience démocratique de l’administration locale. Veliki Novgorod aime d’ailleurs à se sur-nommer le « berceau de la démo-cratie russe », ce qui prête à débat parmi les historiens.

Dernier élément incontournable d’une visite du Kremlin : la re-marquable collection d’icônes du musée, probablement la plus im-pressionnante du pays après la

Galerie Tretyakov de Mos-cou. Elle comporte des icônes du 11ème au 19ème siècle, dont une série exécutée par Théophane le Grec, mentor de l’il-lustre Andreï Roublev. Un autre musée mérite le détour, celui de la porcelaine, un domaine d’ex-cellence local.

Situé dans l’ancien monastère Deciatinni, il regroupe une collec-tion héritée des plus grands maîtres locaux. Une annexe « in-teractive » du musée initie les vi-siteurs à la fabrication de la por-celaine. Une initiative originale, qui a reçu le soutien du Fond Po-tanine pour sa démarche inno-vante.

Dans les environs immédiats

de la ville, une multitude d’églises médiévales aux architectures va-riées sert de prétexte à de longues promenades. Le lac Ilmen, qui borde le fl anc Sud de Veliki Nov-gorod permet d’agréables sorties en bateau vers des paysages har-monieux et intacts. Un village mé-diéval « Vitoslavitsy » constitué de maisons en bois remontant au 16ème siècle transporte le visiteur au Moyen-Âge, avec notamment, un imposant édifi ce construit en 1531 et qui est le plus ancien de tout le Nord-Ouest de la Russie.

Non loin du village se trouve le monastère de Iouriev, fondé au 11ème siècle, au centre duquel trône l’imposante et austère sil-houette de l’église Saint Georges. La région compte une bonne dou-zaine de monastères au total, et les amateurs d’orthodoxie ne man-queront pas celui d’Iverski, à une centaine de kilomètres en direc-tion de Moscou. Fondé au 17ème siècle sur une île bordée par le magnifi que lac Valdaï, il offre une architecture beaucoup plus ornée et d’une magnifi cence qui le rend incontournable. Il serait dommage, entre deux excursions à thème culturel, de ne pas goûter aux charmes naturels de la région.

EMMANUEL GRYNSZPANLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Si la région de Veliki Novgorod

est aussi agréable à parcourir,

c'est qu'elle a été ignorée par le

pouvoir soviétique. Pas de

conglomérats industriels, et donc

une situation écologique idéale.

Le tourisme comme sauveur de l’économie

du tourisme parie aussi sur les voyageurs étrangers, qui consti-tuent environ 10% des visiteurs. « L’Izba Rouge doit beaucoup à la ville de Strasbourg, dont l’of-fice du tourisme a financé une partie du projet (via un pro-gramme TACIS) et apporté son savoir-faire », explique Nazarova. Maison en bois à deux étages, l’Iz-ba Rouge apporte toute l’infor-mation nécessaire, diffuse des bro-chures gratuites et offre même un accès wi-fi gratuit à tous les vi-siteurs dans un rayon de 100 mètres. Une initiative qui peu sembler banale, mais qui est pra-tiquement unique en Russie. « Notre objectif : retenir les tou-ristes plus d’une journée, car sinon, les investissements dans le secteur ne sont pas rentables », estime le président du comité pour le tourisme régional Sergueï Fliougov. « Nous cherchons à dé-velopper suffisamment de pro-grammes complémentaires pour qu’ils restent au moins une nuit sur place ». À partir de ce seuil, les investissements dans le seg-ment hôtelier sont amorcés et les investissements privés suivent.

Mais l'absence d'industrie a une vilaine conséquence : une écono-mie sous-développée. La région tente aujourd’hui de transformer ce handicap en atout pour déve-lopper l’industrie touristique. « Nous souffrons d’un important défi cit de main d’œuvre pour dé-velopper l’industrie », explique Alexandre Smironov, adjoint au gouverneur pour le développe-ment économique. « Or, le tou-risme ne nécessite ni de gros in-vestissements, ni une importante main d’œuvre ».

La région est déjà connue au niveau domestique, comme le rap-pelle Ksenia Nazarova, respon-sable de l’Izba Rouge, l’office de tourisme local. « Veliki Novgorod était une des destinations les plus populaires des touristes sovié-tiques ». Aujourd’hui, l’industrie

EVGUÉNIA TSINKLERLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Pour trois jours, du 21 au 23

septembre, Veliki Novgorod a

fait un grand saut à l’époque de

la naissance de l’État russe.

Veliki Novgorod se souvient

Célébration L'État russe a 1150 années derrière lui !

coiffées de kokochniks bigarrés (coiffes traditionnelles). C’est dans cette atmosphère de 9ème siècle, là où Rurik a fondé la première principauté que la « Pierre prin-cière » a été inaugurée, un rocher de 2,6 mètres de haut pesant près de 40 tonnes.

En plein centre de Veliki Nov-gorod, la fête bat son plein avec la foire médiévale. Sur la rivière Volkhov, des navires du Moyen-Âge, comme ceux destinés, à l’époque à traverser la mer Bal-tique vers Byzance. Parmi eux, un navire varègue venu de loin, le Forkome, qui a suivi sur 1200 km la route des Varègues aux Grecs depuis le petit village suédois de Nortelie. Une foule en costume, tradition chez les locaux, flâne sur le pont avant de re-joindre l’autre rive.

Les habitants de Veliki Novgorod ont toujours considéré leur ville comme la première ville de Russie. Ainsi, c’est au Riourikovo Goro-dichtché, la vieille cité sur la col-line surplombant la rivière Volk-hov à 2 km de la ville, le lieu de la première résidence de Riourik, que s’est tenu le gros des festivi-tés liées au 1150ème anniversaire de l'État russe.

Ici et là sur le site surgissent des points de reconstitution his-torique : des batailles à l’épée en armure médiévale, des fi lles à la longue chevelure en robes de lin Les petits Novgorodiens laissent voler les symboles de paix.

Malgré son histoire mouvementée, la ville a été préservée des destructions tatares et soviétiques

Les forêts sont riches en gibier et les rivières poissonneuses à souhait. L'une d'entre elles se prête au rafting

Où danser Avec la jeunesse bran-chée, sur une péniche avec des DJs venant de

tout le pays, au Vertigo et à la Casa del Mar (14 a, rue Velikaïa, sur le quai en face du théâtre Dostoevski).

© D

MIT

RY

KA

SC

HE

EV

_R

G

© MIKHAIL MORDASOV_FOCUS PICTURES

© P

HO

TO

XP

RE

SS

Page 6: La Russie d'Aujourd'hui

06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Opinions

CE SUPPLÉMENT DE HUIT PAGES EST ÉDITÉ ET PUBLIÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), QUI ASSUME L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DU CONTENU. SITE INTERNET WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE EMAIL [email protected] TÉL. +7 (495) 775 3114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, SALLE 720, MOSCOU 125 993, RUSSIE. EUGÈNE ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, MARIA AFONINA : RÉDACTRICE EN CHEF, MILLA DOMOGATSKAYA : RESPONSABLE DE L’ÉDITION (VERSION PAPIER), ANDREI ZAYTSEV : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE PUBLICITE & RP, ([email protected]), VICTOR ONUCHKO : REPRÉSENTANT À BRUXELLES.

© COPYRIGHT 2012,AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS.ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉDACTIONNEL, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRO-DUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÊTES À [email protected] OU PAR TÉLÉPHONE AU +7 (495) 775 3114.

LE COURRIER DES LECTEURS, LES TEXTES OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” RELÈVENT DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTEURS. LES LETTRES DESTINÉES À ÊTRE PUBLIÉES DOIVENT ÊTRE ENVOYÉES PAR EMAIL À [email protected] OU PAR FAX (+7 (495) 775 3114). LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES ET DES PHOTOS ENVOYÉS.

LE COURRIER DES LECTEURS, LES OPINIONS OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT REPRÉSENTENT

DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

OU DE ROSSIYSKAYA GAZETA. MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL :

[email protected]

Préparé parVeronika Dorman

LU DANS LA PRESSEMARCHE ARRIÈRE,

TOUTE !

Peut-être que Poutine voulait sin-cèrement rétablir le rythme de ses premières huit années au pouvoir, associées à la croissance écono-mique et à la stabilité. Et il n'était pas le seul : il y a un an, une partie de la nomenklatura, effrayée même par un semblant de changement, applaudissait Poutine, qui devait resserrer un peu les vis desserrées par Medvedev pour que tout aille bien. Mais ceux-là déchantent au-jourd'hui, car les risques ont aug-menté en un an. La côte de popu-larité du pouvoir est en chute et la société semble de plus en plus irri-tée. Voilà un an que Poutine s'est attelé à la restauration de la stabi-lité et de l'ordre en Russie, mais il n'en reste déjà plus rien.

UN AN APRÈS LE ROQUE

Mikhaïl Fishman VEDOMOSTI, 21 SEPTEMBRE

Vladimir Poutine n'était pas en-core élu, qu'il promettait déjà de revenir sur les mesures et ré-formes mises en place par Dmi-tri Medvedev. Il a mis son plan à exécution. Dès les premiers mois de sa présidence, Poutine a rele-vé l'âge limite des haut fonction-naires et les a autorisés à siéger à nouveau à la tête des grandes entreprises. Il a fait voter des lois restrictives sur les manifestations. Petit à petit, l'héritage libéral de Medvedev est défait et effacé.

LES RÉVISIONS DE M.POUTINE

A. Belouza, A. GarbouzniakMOSKOVSKIE NOVOSTI, 19 SEPTEMBRE

MEDVEDEV N'A JAMAIS EXISTÉ

Oleg KashinKOMMERSANT FM, 21 SEPTEMBRE

Ce n'est pas un hasard si ces der-niers temps de nombreux accom-plissements de Medvedev au poste de président ont été annulés ou remis en question. Y compris les réformes dont Medvedev était par-ticulièrement fier, comme la décri-minalisation de l'article sur la dif-famation. Medvedev a annulé le passage à l'heure d'hiver en février dernier, mais Poutine s'est dit prêt à restaurer le changement d'heure. Plus inquiétant, Poutine s'est em-pressé de durcir les lois limitant le droit de manifester, alors que l'an-cien président avait mis un veto sur l'amendement de ces lois. Dans le même esprit, Poutine a imposé des restrictions aux ONG, auxquelles Medvedev avait permis de souffler.

Avec le retour à l'heure d'hiver maintenant, tout se déroule de telle sorte que bientôt il ne restera au-cune trace témoignant de la pré-sidence de Medvedev. Bientôt on commencera à détruire Skolkovo, on interdira la vente de l'iPhone et on bloquera Twitter... Mais ce n'est pas utile, faites savoir là-haut que nous avons bien compris le mes-sage : le président Medvedev n'a jamais existé, c'est Poutine qui a di-rigé le pays sans interruption depuis 2000. Mais cela ne sert à rien de prouver la non-existence de Med-vedev avec toutes ces mesures. Il a disparu il y a un an, presque jour pour jour, lors de ce sommet de Russie Unie [lors de l'échange de fauteuils avec Poutine, ndlr].

POUTINE RATTRAPÉPAR LA RÉALITÉ

ON PRÉFÈRE LE RÉALISTE OBAMA

Alexeï LevinsonVEDOMOSTI

Boris

Mejouïev IZVESTIA

Ces derniers temps, on en-tend de plus en plus sou-vent dire que la cote de popularité du président

russe Vladimir Poutine est en baisse. Et il est vrai qu’en août dernier, elle a chuté de quatre points par rapport au mois de juil-let. Toutefois, il faut noter qu’elle n’a régressé que d’un seul point par rapport à juin 2012.

En effet, 63% des personnes in-terrogées se sont dites satisfaites de l’action du Président Poutine, et en douze ans de sa gouvernance, ce résultat a été observé à plu-sieurs reprises. Il serait pertinent de préciser que cet indice, appelé « cote de popularité de Vladimir Poutine », ne refl ète pas la répu-tation du dirigeant russe, mais plu-tôt l’état de la société à un mo-ment donné.

Chamboulée par l’apparition du pluralisme dans la vie politique au cours des années 1990, la so-ciété russe avait besoin d’une fi -gure unifi catrice, et c’est Vladimir Poutine qui, dès l’année 2000 et jusqu’à nos jours, répond à ce be-soin. C’est pour cette raison que sa cote de popularité n’a jamais ressemblé à celle de la plupart des dirigeants dans le reste du monde et c’est ce facteur d’unifi cation qui lui procure une stabilité inédite.

Vladimir Poutine a réalisé que personne n'égalait Barack Obama au sein de la classe politique améri-

caine. Et il en a conclu qu'il conve-nait de soutenir Obama là où il le pouvait. Bien sûr, si Romney gagne, Moscou traitera avec Romney. Mais il est préférable de travail-ler avec quelqu'un qui se dit prêt à faire, après sa victoire, un pas vers la Russie sur la question de la défense antimissile, qu'avec un homme considérant la Russie comme l'ennemi géopolitique N°1.

Pour paraphraser l'astronaute Armstrong, nous pouvons dire que cette prise de conscience est un petit pas pour un leader mais un grand progrès pour l'ensemble de la Russie. Il y a quatre ans, quand Obama a affronté le sénateur John McCain lors de l'élection, la plu-part de ceux qui suivaient en Rus-sie la campagne électorale des États-Unis étaient pour McCain. Pour quatre raisons. Certains es-péraient que McCain, une fois de-venu locataire de la Maison Blanche, s'engagerait immédia-tement dans une lutte contre les autorités russes, déverserait ses dollars sur l'opposition, et exige-rait de Poutine et Medvedev qu'ils s'inclinent face à la foule rassem-blée à grand renfort de dollars.

D'autres ont invoqué le fait que les menaces et les intentions agressives manifestes des États-Unis forceraient notre classe di-rigeante à s'unir pour mener une modernisation des forces armées russes et de l'économie en géné-ral. D'autres ont continué à croire à la vieille fable des républicains apparemment durs, mais en réa-lité secrètement pacifi ques, et des démocrates doux, mais sournois et perfi des. Ce sont pourtant les quatrièmes qui avaient la plus grande infl uence. Ces derniers ai-ment tout simplement la grossiè-reté, la férocité et la brutalité.

Alors qu’un indice de popularité refl ète généralement les succès et les échecs de la politique menée par les dirigeants, ce n’est pas le cas de Vladimir Poutine, dont la cote invariable a été qualifi ée de « téfl on ».

Laissons de côté l’ensemble des éléments mystiques contenus dans les propos de diverses personna-lités, selon lesquels Poutine serait

pour la Russie un cadeau du ciel; le sens de telles affirmations se résume à l’idée que, pour la plu-part des Russes, la fonction pré-sidentielle dépasse le cadre de l’ac-tivité d’un simple mortel. La vocation du chef de l’État est de renforcer le prestige de son pays, non de se mêler de politique et d’économie comme quelque autre dirigeant.

Viennent confi rmer cette idée les deux questions que nous avons posées au public depuis l’année 2001 : « à qui attribuez-vous les succès rencontrés par la Russie ? » et « qui jugez-vous responsable des problèmes du pays ? », cha-

Il semble qu'une inflexion ré-jouissante se soit produite dans l'es-prit des élites russes – pouvoir comme opposition. Ils ont compris que la Russie n'était pas prête à une confrontation frontale avec l'Occident. Nous avons devant nous d'autres républicains et des démo-crates totalement différents de Nixon ou Reagan. À part Obama, on ne voit pas l'ombre d'un « vrai réaliste » sur la scène politique.

Cela ne manquera pas de ré-jouir ceux qui s'orientent en fonc-tion des intérêts nationaux du pays. Obama n'a jamais cherché, durant son premier mandat, à créer des tensions avec la Russie.

C'est vrai, Obama n'a pas osé toucher aux grandes banques. Il n'a pas eu le cran de mettre au pas la Réserve fédérale. On a at-tendu en vain un nouveau New

Deal, et tous ceux qui comptaient sur le retour de l'État dans l'éco-nomie ont été déçus. Le lauréat du prix Nobel ne s'est pas parti-culièrement distingué par une dé-fense du droit international, ni du droit en général. La Russie et toute l'humanité progressiste, comme on disait il y a longtemps, n'ont aucune raison de contem-pler le 44e locataire de la Maison Blanche avec adoration. La Rus-sie doit chercher dans les diri-geants américains non des idoles, mais des partenaires fi ables. Et si Obama ne convient pas en tant qu'idole, il est évidemment pré-férable en tant que partenaire.

Boris Mejouïev est politologue.

Article publié dansIzvestia

cune appelant cinq réponses pos-sibles.

À la première question, une ma-jorité écrasante des répondants ont désigné Vladimir Poutine. En réponse à la seconde question, le public a préféré donner tort au « gouvernement » ou à Dmitri Medvedev (quand il était encore président) plutôt qu’à M. Poutine.

Comme nous l’avons précédem-

ment indiqué, la cote de popula-rité de ce dernier montre que l’at-titude à son égard n’a pas changé. C’est la même impression que l’on ressent en étudiant les réponses à la première des deux questions ci-tées.

Près de 60% des personnes in-terrogées considèrent que M. Pou-tine est le principal responsable des « réussites de la Russie dans les domaines de la politique inter-nationale, de l’économie et de l’augmentation du bien-être du peuple ».

Au fi l des ans, nous avons en-registré ce résultat à plusieurs re-prises, mais en ce qui concerne

la seconde question, selon nos ex-perts, c’est la première fois qu’une majorité de Russes, soit 51%, es-timent que Poutine est respon-sable « des problèmes existant dans le pays et de la hausse du coût de la vie ».

Lors des sondages précédents, ce taux ne dépassait pas 31%, et l’année dernière, il se chiffrait à 29%, tandis que 40% des per-sonnes interrogées accusaient le gouvernement (mais non son chef), et que 41% considéraient M. Medvedev, président à l’époque, comme le responsable des pro-blèmes du pays. En août 2012, le nombre des Russes rejetant la res-ponsabilité des difficultés sur le Premier ministre était trois fois moindre que celui des personnes donnant tort au président.

Cette évolution pourrait signi-fi er que les temps ont changé et qu’aujourd’hui, près de la moitié des Russes perçoivent Vladimir Poutine comme un président or-dinaire qui mérite leur gratitude pour ses succès, mais qui doit éga-lement assumer la responsabilité des problèmes non résolus du pays.

Alexeï Levinson est sociologue, chef du département de re-cherche socioculturelle du centre d’étude de l’opinion publique du centre Levada.

Article publié dansVedomosti

... Pour la première fois, une majorité de Russes attribuent à Poutine la responsabilité des difficultés rencontrées

Obama n'a jamais cherché, durant son premier mandat, à créer des tensions avec la Russie

Le président incarne l’unité du pays et continue d’être crédité des succès de la politique russe, mais...

© ALEKSEI IORSH

© SERGEI YOLKIN

Page 7: La Russie d'Aujourd'hui

07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Culture

Zakhar Prilepine, l’enfant ter-rible de la littérature russe - il vient d’écrire une lettre à Sta-line qui fait grand bruit - re-vient avec un roman écrit à la première personne. Même si Prilepine ne donne pas, comme il le fait souvent, son prénom au héros qui restera sans nom tout au long de cet étrange roman, ce dernier lui ressemble, ne serait-ce que parce que comme lui, il est écrivain, jour-naliste et fasciné par les faits de société qui agitent la Rus-sie, ici les enfants assassins. Il est à un moment où sa vie pa-tine. Pataugeant dans ses rela-tions amoureuses, entre une maîtresse qui fi nit par le congé-dier, une prostituée qui se fait tuer, il fuit son épouse et sa fa-mille se délite.

Espérant collecter un pré-cieux matériau pour son pro-chain livre, notre héros se lance dans une enquête sur les en-fants assassins. Les enfants sont dénués de pitié, « ils ne connaissent pas la peur … ni les … catégories du bien et du mal… ils ne comprennent pas ce qu’est la cruauté. » Le phé-nomène des enfants assassins, récurrent dans l’histoire, semble pouvoir aider le héros à répondre à son questionne-ment : « Qu’est ce qui est le plus inhérent à la nature hu-maine : la résignation ou la ré-volte ? Quand la résignation fait-elle d’un saint un pauvre type ? Et quand la révolte fait-elle d’un héros national un psy-chopathe paroxystique ? ».

Refl et du chaos du monde et de l’univers du héros, la nar-ration est saccadée. On ne sait jamais exactement quand ni où l’action se situe, dans un im-meuble où toute la population aurait été massacrée par des enfants sauvages, au Moyen-âge, sur un champ de bataille où déferlent des hordes d’en-fants, dans des lieux où ils sont objets d’étude : laboratoire se-cret ou terrarium ; ou encore dans la déambulation du nar-rateur à travers les cours de la ville ou dans ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, à moins que ce ne soit dans son délire morbide ?

Comme toujours chez Prile-pine, quelques pépites poé-tiques viennent éclairer un récit brutal comme le monde qu’il dépeint : sanguinaire et ma-lade, peuplé d’enfants inno-cents et sauvages et d’adultes immatures, « mous comme des pommes pourries », incapables de protéger leur progéniture. Malgré les thèmes habituels, le lecteur aura peut-être du mal à retrouver dans ce roman, l’au-teur prometteur de Pathologies et du Péché, consacré en 2011 en Russie meilleur auteur de sa décennie.

Christine Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Innocentset sauvages

TITRE : LE SINGE NOIRAUTEUR : ZAKHAR PRILEPINE ÉDITION : ACTES SUD TRADUIT PAR JOËLLE DUBLANCHET

Découvrez d’autreschroniques surlarussiedaujourdhui.be

À L'AFFICHE

Avec son charme slave, et sa voix où éclatent les accents de son pays natal, Vadim Piankov chante des pays imaginaires, dénonce et se joue des murs de pierre, de métal, de silence, d'argent qui nous séparent, nous isolent et nous opposent. › www.lejardindemasoeur.be

Le flûtiste Toon Fret et la pianiste Veronika Iltchenko redécouvrent à travers ce choix d’œuvres fran-çaises, les échos musicaux d'un passé lointain. ll n’est pas pos-sible de balayer la mosaïque mu-sicale de la Belle Époque en un seul concert, mais cette sélection d’œuvres de Debussy, Gaubert et Fauré s’est efforcée de lever une partie du voile en faisant revivre son dynamisme musical. › www.jette.be

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE

LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

CASSE-MURAILLES AVEC

VADIM PIANKOV

DU 17 AU 18 OCTOBRE,

LE JARDIN DE MA SOEUR, BRUXELLES

CLASSIQUE À L'ABBAYE.

VERONIKA ILTCHENKO ET

TOON FRET

LE 21 OCTOBRE, MUSÉE COMMUNAL DU

COMTÉ DE JETTE

DARIA KEZINALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Pour une fois, les artistes ne sont

pas cantonnés au recyclage

d'espaces industriels désaffectés.

Ils investissent jusqu'aux usines

en fonctionnement, avec la

bénédiction des propriétaires.

L'art contemporain prend possession des usines de l'Oural

Biennale Jusqu'au 22 octobre, l'industrie d'Ekaterinbourg ouvre ses portes aux artistes

Des dizaines d’artistes venus de 30 pays différents (Allemagne, France, États-Unis, Russie) sont venus participer à la 2e Biennale industrielle d’Ekaterinbourg, à 1755 km de Moscou. Ils se sont penchés sur le thème de « l’indus-trialisation régionale et ses inte-ractions avec la culture contem-poraine », en transformant les usines de l’une des plus anciennes régions industrielles de Russie en résidences artistiques.

Les artistes ont pu occuper « Ouraltransmach », une usine de matériel de montagne ; le musée de Nijni Taguil ; le musée d’his-toire et d’architecture de Ne-viansk (une tour élevée au XVIIIe siècle par un entrepreneur qui y fabriquait de la fausse monnaie ou fondait en douce de l’or et de l’argent issus de ses mines) ; la principale imprimerie de l’Oural et le stade central d'Ekaterin-bourg. Une trentaine de projets se sont installés dans l’imprime-rie « L’Ouvrier de l’Oural », dont la moitié est désaffectée.

L’une des installations n’était qu’un amoncellement de boîtes en carton vides, sans que l’on sache s’il s’agissait de déchets ou d’une future œuvre d’art. En réa-lité, c’était un élément d’une gi-gantesque installation de l’artiste bulgare Netko Salakov, intitulée « Tout ce que vous avez toujours rêvé de faire à certaines per-sonnes, surtout avec l’élite poli-tique, faites-le avec ces cartons ». Non moins mystérieuse est l’im-mense tache jaune sur un mur, avec cette modeste légende : « J’ai confi é cette tache jaune à l’assis-tant de l’exposition mais j’ai com-plètement oublié pourquoi ».

L’artiste turc Kutluk Ataman a assemblé 40 postes de télévi-sion dont chacun diffuse une in-terview avec un habitant d’un ghetto turc. Vladimir Seleznev,

originaire d’Ekaterinbourg, a dé-coré une salle entière avec les slo-gans des campagnes électorales récentes. Au premier abord, les inscriptions sont invisibles. Elles n’apparaissent que sous un éclai-rage particulier. L’auteur consi-dère que les promesses électorales

" La Biennale m’a permis de créer mon premier projet de taille : repeindre le symbole

révolutionnaire de la ville d’Ekate-rinbourg, le château d’eau blanc, l’embraser de nouveau, telle une flamme. Un tel projet aurait été impossible en France, alors que c’est si simple ici."

"  J’ai créé une installation sur le thème de la vallée de titane de l’Oural. Nous avons visité

l’endroit où avait été construite la première usine. Je viens moi-même de la « silicon valley » américaine. Une équipe importante a participé au projet, des gens venus de 13 fuseaux horaires. "

IL L'A DIT IL L'A DIT

Mathieu Martin James Morgan

Les performances ont attiré un public peu habitué à ces pratiques.

ne sont d’actualité que pendant la campagne. Après les élections, on les oublie. C’est pourquoi les slogans disparaissent quand on éteint la lumière, et on voit appa-raître l’inscription « En vain. En vain… ».

L’Américain Nikolas Freiser

suggère que les règles du marché libre rappellent une partie de base-ball. Il a donc proposé aux ouvriers de l’usine métallurgique de Nijni Taguil d’y jouer avec lui.

« À chaque artiste, son usine » - telle est la devise de la Bien-nale. Mais cet espace industriel,

à quoi ressemble-t-il ? En géné-ral, c’est un local abîmé aux murs délabrés, avec des machines-ou-tils vétustes. « Y introduire des œuvres d’art est un art particu-lier », a noté le critique d’art Alexandre Stepanov, membre de l’Union des artistes.

MARIA TROFIMOVALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les 7, 12 et 15 octobre dans la

commune de Brakel, dans les

Flandres-Orientales, le

carilloniste Alexandre

Khlopovskikh fera tinter les

cloches de la tour centrale.

Les sons du carillon à la russeMusique Portrait d'un jeune talent folklorique de passage en Belgique

« Je me souviens, quand je ve-nais juste d’intégrer l’ensemble, la directrice Larissa Demtchen-ko me dit : « Sacha, nous partons en tournée en Allemagne, mais tu ne peux pas venir car tu ne connais pas ton programme ».

Il suit toutefois très vite les tournées et à l’un des concerts, Jo Haazen, l’ancien directeur de l’École royale de carillon de Ma-

Quand Alexandre, simple gars de Voronej, s’est engagé dans l’ins-titution militaire la plus presti-gieuse de Russie, l’Académie Sou-vorov, sa carrière d’officier semblait toute tracée. Or, un mois après, un ulcère à l’estomac le força à rentrer chez lui. Telles sont les circonstances qui l’ont poussé à se remettre à la musique.

« Ayant passé toute ma scola-rité en École de musique, j’ai dé-cidé de m’y remettre ». Avec suc-cès, car après avoir obtenu le diplôme du Collège musical Ros-tropovitch avec excellence, il entre à l’Académie des arts de Voronej. En dernière année, il se fait re-marquer et est invité à rejoindre l’ensemble Classic dombra, l’un des ensembles folkloriques les plus populaires dans la Russie post-soviétique.

lines, l’entend jouer et lui propose de venir étudier en Belgique.

Les méthodes d’enseignement entre les deux pays s'avèrent très différentes. En Russie, l’accent est mis sur la technique de jeu tan-dis qu’en Belqique, c’est la théo-rie qui prime. Alexandre doit s’adapter et réapprendre à jouer pratiquement de zéro. L’artiste affirme toutefois que cette expé-

rience a été très enrichissante : « L’expérience acquise en Russie m’a aidé à venir étudier dans l’éta-blissement musical le plus pres-tigieux d’Europe. Qui à son tour m’a permis de constituer mon propre collectif ».

Aujourd’hui, son ensemble de folklore russe Slavianka, né en 2000, se porte à ravir. « Nous tour-nons surtout en Europe. Nous jouons des instruments tradition-nels russes comme la domra, l’ac-cordéon ». Le groupe a déjà joué sur la scène de l’Opéra de Bruxelles, au Théâtre royal de la Monnaie, et devant les représen-tants des Nations Unies.

Ce printemps, le groupe a par-ticipé au tournage du fi lm Fly me to the moon, du réalisateur belge Ben Stassen. Les musiciens ont non seulement écrit la bande ori-ginale du fi lm mais ont joué leur propre rôle.

Difficile de réduire ce musicien et compositeur de talent à une seule activité, mais le destin a de toute évidence décidé de lier sa vie à la musique et a mis toutes les chances de son côté pour qu’il puisse révéler son talent.

Le groupe a joué sur la scène du Théâtre royal de la Monnaie.

© IT

AR

-TA

SS

© A

RC

HIV

ES

PE

RS

ON

NE

LL

ES

© T

AT

IAN

A A

ND

RE

EV

A

ARTISTE FRANÇAIS ARTISTE AMÉRICAIN

Page 8: La Russie d'Aujourd'hui

08LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA

ET DISTRIBUÉ AVEC Loisirs

facebook.com/larussiedaujourdhui twitter.com/larussie

Le film "L'Innocence des Musulmans" doit-il être interdit en Russie et dans le monde ?

Donnez votre avis :larussiedaujourdhui.be

7 Novembre

Élections aux USA :quelles retombées ?

P o u r c o n t a c t e r l a r é d a c t i o n : r e d a c @ l a r u s s i e d a u j o u r d h u i . b e S e r v i c e d e p u b l i c i t é s a l e s @ r b t h . r u t é l . + 7 ( 4 9 5 ) 7 7 5 3 1 1 4

MORITZ GATHMANNLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Entre les melons d’Astrakhan et

les nids de poule de Toula, le

cyclotourisme en Russie ne

manque ni de charme ni

d’écueils. Trois compagnons ont

suivi la voie tracée par Tolstoï.

Suivre Tolstoï à la force des molletsDécouverte Grand amateur de bicyclette, l’écrivain russe a inspiré une expédition cyclotouristique dans les régions de Kalouga et Toula

Derrière nous retentit un klaxon, puis un camion Kamaz passe à toute allure. Transporte-t-il du gravier, des melons d’Astrakhan ou du raisin de Moldavie ? Nous n’avons pas le temps d’y réflé-chir : devant nous apparaît la côte suivante et un nouveau camion approche.

Nous sommes sur la chaussée de Simferopol, la vieille route qui va de Moscou jusqu’en Crimée. Après une semaine en selle, c’est la pire route possible pour des cyclistes : à double voie, emprun-tée par des camions, n’offrant, pour éviter les véhicules, que des bas-côtés jonchés de gravier.

Nous sommes trois, un Alle-mand russe, un Berlinois et un ami originaire de Kalouga, à ef-fectuer à vélo le trajet de Toula jusqu’à la rivière Oka. Nous avons parcouru 350 kilomètres et arri-vons au terme de notre périple qui nous mène « sur les traces de Tolstoï ».

Léon Tolstoï avait la bou-geotte : depuis son domaine de Iasnaïa Poliana (littérale-ment «  la clairière lumi-neuse ») près de Toula, il par-courait souvent 170 kilomètres pour aller jusqu’à Moscou et ai-mait se rendre au monastère d’Optina Poustyne dans l’oblast voisin de Kalouga, pour discuter avec les moines de son rapport compliqué avec Dieu.

Optina Poustyne est notre pre-mière destination en arrivant de Kalouga. Le monastère, qui vit

Deux des trois compagnons qui

ont découvert à vélo les lieux

parcourus par Lev (Léo) Tolstoï

(photo de gauche). À droite, une

photo d’époque montre l’écrivain

et son propre vélo.

Avis aux amateurs

cyclotouristes

Mieux vaut venir avec sa propre bicyclette et suffisamment de chambres à air et de rayons de rechange : en-dehors des villes comme Kalouga ou Toula, il est dif-ficile de trouver des pièces déta-chées en cas de besoin. Attention : il n’y a pas grand monde qui s’y connaisse en moyeu à vitesses in-tégrées en Russie.Hébergement : on peut camper presque partout en Russie. Petit conseil : pas trop près des villages, car la jeunesse locale risque de vous faire passer une soirée fort ar-rosée à la vodka !

du mythe selon lequel il repré-sentait une source de spiritualité avant la révolution, fait plutôt une impression «  profane  » au-jourd’hui. Des cars sont garés de-vant l’entrée, l’atmosphère est rythmée par un va-et-vient

constant, et dans le réfectoire du monastère, le mot « prix » sur les étiquettes des sandwiches au ca-viar a été remplacé par la for-mule « don » (de 20 euros).

Une ambiance très différente règne au couvent de Chamardi-

no. C’est ici, où sa sœur était re-ligieuse, que Tolstoï s’est rendu lors de sa dernière fugue. À quelques kilomètres d’Optina Poustyne, les murs en brique rouge du couvent nous saluent depuis une colline bucolique au

pied de laquelle des sources d’eau froide et claire jaillissent entre les hêtres et les bouleaux.

Tout autour des sources ont été construites de petites cabanes en bois. En cette chaude après-midi d’été, les visiteurs font la queue pour un bain dans l’eau rafraî-chissante et la pénombre d’une cabane. On entend à l’intérieur

des bavardages animés et à l’ex-térieur, les Russes, qui ne sont pas particulièrement réputés pour parler facilement aux inconnus, semblent gagnés par l’énergie po-sitive du lieu : l’ambiance est joyeuse. Une odeur de pommes séchées provient d’un four situé sur les terres du couvent : les re-ligieuses se préparent pour le ca-rême et le long hiver à venir.

Le lendemain, nous quittons la région de Kalouga. Nous passons au milieu de champs de fl eurs aux parfums exquis, devant des kolk-hozes en ruines et dans de petits villages paisibles. Tantôt la route est un chemin à travers champs, tantôt nous nous frayons un pas-sage dans le gravier, puis soudain, la voie est de nouveau goudron-née. Il semble n’y avoir aucune logique apparente dans cette al-ternance.

La ville de Beliov, dans l’oblast de Toula, présente une image cho-quante : à gauche de l’artère ur-baine apparaissent des dépotoirs fumants, à droite, du métal amas-sé attend d’être évacué. Les usines sont barricadées, des ordures s’amoncellent le long de la rue

Karl Marx. Dans cette localité de 14 000 habitants, nous cherchons pendant une bonne heure avant de trouver un endroit où manger. Beliov, cité vieille de 850 ans, souffre du lourd handicap d’une « ville cul-de-sac » : le chemin qui mène à Toula, capitale admi-nistrative de l’oblast, est long et mal bitumé, et celui qui mène à l’oblast de Kalouga est non car-rossable.

Nous cherchons à nous éloigner rapidement d’ici. Un vent du soir favorable et chaud nous emmène sur la petite route de Toula ; des deux côtés de la voie, des peu-pliers nous offrent leur ombre. Cette route-là ne suit pas le cours des rivières, mais passe par des collines. Nous arrivons à Toula dans la soirée et mobilisons nos dernières forces pour atteindre Iasnaïa Poliana, à l’extérieur de la ville.

Ceux qui ont lu le roman de Sophie Tolstoï À qui la faute ? pour se mettre dans l’ambiance d’Iasnaïa Poliana reconnaîtront l’allée des longues promenades, bordée de peupliers, les écuries, les habitations du personnel do-mestique et de la famille Tolstoï elle-même. Derrière, dans le parc, à l’ombre des arbres, se trouve un monticule de peu d’apparence, recouvert de pelouse : la tombe de l’écrivain. C’est à Iasnaïa Po-liana que Tolstoï a écrit Guerre et Paix, il recevait ici ses admi-rateurs venus du monde entier, il s’y disputait avec son épouse, et c’est d’ici qu’il est parti pour une dernière errance, qui s’est ache-vée dans une gare du sud de la Russie, où il est décédé. Pour nous aussi, le voyage se termine. Le re-tour à Kalouga se fera en train depuis Aleksine, au bord de l’Oka : plus confortable mais moins exotique.

PAULINE NARYCHKINALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Pour la 11ème année consécutive

le festival « Art contemporain

dans les musées traditionnels »

bouscule les habitudes du public

pétersbourgeois.

Art Jusqu'au 14 octobre 2012 dans neuf musées de Saint-Pétersbourg

« Avec ce projet, nous faisons d’une pierre deux coups. Nous rendons accessible l’art contem-porain et amenons un nouveau public dans les petits musées », explique Elena Kolovskaïa, direc-trice de la Fondation pour l’art et la culture Pro Arte à l’origine du festival.

Cette année, le festival s’est ou-vert par un cirque fi nlandais bur-lesque. Un départ sur les chapeaux de roues pour le plaisir des petits et des grands. « L’art, c’est aussi pour rire. C’est bien de le dédra-matiser, de vouloir le rendre plus accessible dans une ville qui est

Rostan Tovassiev, installation : « Question de paysage ». Un bouleau

en peluche prend la pose du modèle.

(1) Musée de l'optique. Installation de l'allemand Michael Vorfeld:

« La musique des ampoules électriques ». (2) Musée de l'histoire po-

litique: reconstituez votre homme politique idéal avec les « Cubes »

de Diana Vichnevskaïa et Igor Tsvetkov.

Pour vous

guider tout

au long du

parcours, des

bénévoles

brandissent

des pan-

cartes au lo-

go facile-

ment

reconnais-

sable. Ici,

Olessia, étu-

diante en art

et future ga-

leriste.

très traditionaliste », commente Olessia, étudiante de 23 ans.

Le concept est simple : des ar-tistes russes mais aussi fi nlandais, canadiens, allemands, investissent neuf musées traditionnels peu connus de Saint-Pétersbourg comme le musée du métropoli-tain, de l’optique, de la sculpture urbaine ou de l’histoire politique et aussi les appartements-musées de peintres ou de scientifi ques cé-lèbres. La condition est que chaque oeuvre s’inspire du thème du musée. Avec, par exemple, un jeu de cubes politique, un concert d’ampoules, un amas de déchets qui se métamorphose en cité, des plans de métro brodés à la main, un arbre en peluche qui fait of-fi ce de modèle dans un atelier de peintre...

« Métropolis », de Vladimir Se-leznev, a provoqué une polémique. Ce plasticien d’Ekaterinbourg a

installé dans une des casemates de la forteresse Pierre et Paul un tas de déchets qu’il a enduit d’une peinture phosphorescente et qui, une fois la lumière éteinte, se ré-vèle être Saint-Pétersbourg vue d’en haut. Les réactions ont na-turellement été des plus diverses.

« Nous étions d'abord méfi ants lorsque la salle se remplissait de bouteilles plastiques et autres ré-sidus. Mais le résultat nous a bluf-fés. C’est un peu la citrouille qui se transforme en carrosse », ra-conte la gardienne de la salle, Ta-tiana Mikhaïlovna.

La route alterne sans logique apparente entre chemin à travers champs et voie goudronnée

Un festival parvient à réconcilierles Anciens et les Modernes

1 2

larussiedaujourdhui.be/15741

Moscou alloue de gros moyens pour

l'espace

© V

OS

TO

CK

-PH

OT

O

© M

OR

ITZ

GA

TH

MA

NN

© P

OL

INA

NA

RY

SH

KU

NA

(4

)