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La sémiologie du geste Author(s): Jeanne Martinet Source: La Linguistique, Vol. 10, Fasc. 2 (1974), pp. 137-139 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248260 . Accessed: 14/06/2014 08:59 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.129 on Sat, 14 Jun 2014 08:59:37 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La sémiologie du geste

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La sémiologie du gesteAuthor(s): Jeanne MartinetSource: La Linguistique, Vol. 10, Fasc. 2 (1974), pp. 137-139Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248260 .

Accessed: 14/06/2014 08:59

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COMPTES RENDUS ET PRESENTATIONS

La simiologie du geste.

Presentation par Jeanne MARTINET.

On la d6signe en anglais comme kinesics [kai'ni:siks], d'oii le calque << kind- sique >>. On dira mieux, en franqais, < cinetique >> pour d6signer cette branche

de la semiologie qui traite des gestes en tant que signes constituant des systemes utilisis pour la communication seuls ou conjointement avec le langage. Les autres aspects non verbaux de la communication sont 6tudies par la paralinguis- tique et la prox6mique. Ces disciplines semblent delimiter leur champ par rt-f& rence au canal de transmission de l'information : auditif pour langage et para- langage, visuel pour les autres. De tels criteres de classement des faits privilegient la nature physique des ph6nomenes au detriment de la fonction qu'ils assument dans le proces de communication. C'est pourtant en r6f6rence celle-ci que se digage la pertinence qui permet d'6tablir entre linguistique et paralinguistique un type de hierarchisation qu'on retrouvera dans des systemes non vocaux.

Ray L. BIRDWHISTELL dans Kinesics : Inter- and Intra-channel Communi- cation Research, Essais de Simiotique, La Haye-Paris, Mouton, 1972, PP- 527-546, ddfinit la cinetique anthropologique comme l'Ftude des aspects de l'activite du

corps humain structures pour et par la communication et transmis par le canal visuel. II faut donc entendre geste dans un sens tres large, comprenant, par exemple, le sourire conqu comme un acte social. Pour l'auteur, la communica- tion, au sens technique qu'il donne A ce terme, ne r6sulte pas de l'action des

sous-syst~mes multiples qui mettent en ceuvre les divers canaux de transmission de l'information : elle est au contraire le syst6me culturel qui en commande et equilibre la structuration. Il insiste sur le caractere culturel, acquis des syst6mes de communication et sur la necessit6 d'6tudier les interactions entre les sous- structures et entre les 616ments d'une meme sous-structure. Le canal constitue le

champ d'investigation du comportement communicatif. William C. STOKOE Jr., Semiotics and Human Sign Languages, La Haye-Paris,

Mouton, 1972, 177 p., professeur au Collage Gallaudet pour les sourds-muets, se

propose de montrer que le Langage gestuel amiricain (American sign language), dis- tinct de l'anglais dpell au moyen de l'alphabet manuel (signed English) est en fait une langue : sans doute utilise-t-il un canal gestuel-visuel, mais, trait remar-

quable, il presente la double articulation sp6cifique des langues et m6me si certains signifiants y sont iconiques, il procede en fait par signes arbitraires et constitue un syst6me culturel particulier, acquis, et different d'autres langages de m6me type : britannique, israelien, mais proche de ceux qui ont pour source, comme lui, le systdme frangais, tel l'irlandais et le russe.

Etant donne que ce qui peut tenir lieu ici de linguistique et de paralinguis- tique est de meme nature physique cinetique, le probl6me semiologique sera

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138 LA LINGUISTIQUE

d'attribuer pr6cis6ment sa valeur A chaque fait et de debrouiller les pertinences. Outre la simiologie, l'auteur, pour degager l'identit6 de ce langage, l'ana-

lyser et le decrire, recourt A sept modules theoriques d'analyse linguistique : traditionnel, structuraliste, tagmemique, genbratiste, stratificationnel, corr6la-

tionnel, operationnel. Chaque signe correspondant A un mondme est articul6 en trois unites distinc-

tives non successives, mais concomitantes appelees chirkmes, chacune d'entre elles

appartenant A une classe particuliere. Cette analyse, de type phonematique, mais faite avant qu'ait et6 apergue la pertinence d'autre chose que les mains, laisse de c6te des faits analogues aux faits d'intonation pour les langues en ce qu'ils affectent des unites significatives de signifiant non analysable, comme le hausse- ment de sourcil indiquant l'interrogation. Le systhme de transcription propose, interessant, ne rend compte que de la chirimatique.

La presentation sommaire de la premiere articulation nous r6vdle un systeme pronominal original, I'absence de copule, l'absence de modalites temporelles, une grande economie syntaxique, un inventaire de categories syntaxiques rdduit, me semble-t-il, A l'unit6. Mais le langage gestuel, un peu d6preci6, assume diffici- lement son autonomie, pour le sourd total ou partiel, en face de l'anglais, langue de prestige, sous toutes ses formes : parl6e, &crite, 6pelke manuellement.

Les sept moddles interroges livrent finalement assez peu de choses. Sur la foi du corpus trbs insuffisant (vingt petites phrases 6parses), il nous apparait que l'application du moddle fonctionnel permettrait de pousser l'analyse plus avant.

Dans un autre esprit, le Handbook of Gestures, Columbia and the United States, de Robert L. SAITZ et EdwardJ. CERVENKA, avec des illustrations de Mel PEKARSKY,

La Haye-Paris, Mouton, 1972, 164 p., est essentiellement, sous forme d'un

lexique par l'image, la presentation de deux corpus, l'un colombien, l'autre nord-americain. Chaque unit6 correspond A une unite signifiante, phrase ou moneme. Transcrites au moyen du systeme de notation de Stokoe, les 112 (x 2) entr6es (136 p.) tiendraient en une page. Dans leur courte introduction, les auteurs justifient leur etiquetage semantique, et le fait qu'ils n'aient retenu que les gestes d'adultes porteurs d'un message ou accompagnant des messages ver- baux. Il s'agit evidemment d'un sous-systeme d'emploi tras limite, familier, voire

argotique (nombre de gestes obscenes). La monographie de Garrick MALLERY, Sign Language among North American

Indians compared with that among other peoples and deaf-mutes, reproduction photo- graphique de l'original de 1881, La Haye-Paris, Mouton, 1972, nous rappelle en quels termes se posaient les probl6mes du langage dans le dernier quart du

sidcle dernier. L'auteur aborde l'ensemble des probl6mes relatifs A l'origine du ou des langage(s) gestuel(s), leur place en regard de la parole, leur caract&re instinctif (nous dirions aujourd'hui << inn6 >>) ou acquis, la part qui revient aux

jeux de physionomie et aux gestes proprement dits dans la manifestation d'acti- vit6s de type emotif ou intellectuel, celle de la mimique spontan&e ou conven- tionalisee et de l'arbitraire. Centre sur le langage des Indiens des plaines, l'ouvrage pr6sente une dimension g6ographique par la comparaison entre eux de divers systames contemporains; gestes des Siciliens, des sourds-muets instruits ou non, episodiquement des cisterciens; une dimension historique et philologique par le rapprochement dans une meme aire des gestes contemporains avec les

representations figurant sur les vases grecs anciens ou les pictogrammes recueillis en territoire americain, une dimension linguistique et semiologique dans la

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COMPTES RENDUS ET PRiSENTATIONS 139

confrontation des langages gestuels avec les langues indiennes parlkes dans les m6mes aires, d'oh il ressort que l'on est en pr6sence d'une lingua franca, non

homogene, mais efficace. Suit un inventaire de concepts avec leurs traductions

gestuelles dans les diverses communaut6s d'Indiens, puis des dialogues et des narratifs, le tout illustre de fagon claire et attrayante : description et illustrations

permettent au lecteur de reproduire le geste et peut-Wtre d'atteindre des perti- nences que l'auteur n''tait pas en mesure de degager. On a 1A un corpus que l'on pourrait sans doute transcrire selon le systeme de notation de Stokoe et soumettre A une analyse fonctionnelle.

L'article de A. L. KROEBER, Sign Language Inquiry, paru dans International

Journal of American Linguistics, vol. 24, pp. 1-19 (1958), et reproduit en tete de cet ouvrage, propose un bref historique des recherches depuis la monographie de Mallery. II presente et discute l'ouvrage Universal Sign Language de William Tomkins, langage des Indiens des plaines, moribond des cette epoque, quoique conserv6 par les boy-scouts. Substitutif de la parole, ce langage se caracterise par un inventaire restreint de signes et l'impossibilit6 de pousser I'analyse au-delA du mondme. L'auteur met en doute la << transparence o des signes gestuels et voit dans certaines interpr6tations des rationalisations a posteriori.

Le problkme de la notation preoccupe au premier chef Charles F. VOEGELIN dans Sign Language Analysis, on One Level or Two, publi A l.la suite de celui de Kroeber. S'attachant A un dialecte unique, plus precis6ment l'idiolecte de William Shakespeare, Indien Arapaho, Voegelin note que ce langage gestuel n'interesse que la partie sup'rieure du corps, en particulier les mains, et qu'il doit ktre appris. Tout en reconnaissant que l'analyse de Kroeber - au niveau du mon6me - permet d'etablir un lexique et meme une grammaire rudimentaire, il s'efforce d'atteindre le niveau du phoneme. A ce propos, il discute l'int&r~t d'une notation de type choregraphique apte A d6crire dans le d6tail les mouve- ments du corps, mais qui, dans l'application, aboutit A des centaines d'unit6s. Il recherche alors les traits distinctifs qui, porteurs d'information, lui permettront d'etablir, pour un idiolecte donn6, un inventaire limit6 d'unites de manipulation plus ais6e.

On esp rait trouver chez Paul BOUIssAc, La mesure des gestes, La Haye-Paris, Mouton, 1973, 295 p., une notation des gestes ant rieure A l'analyse simiolo-

gique, c'est-A-dire ce qu'est la transcription phonetique A la phonologie. Il

pr"tend s'int&resser A l'acrobatie dans ce qu'il voudrait 6tre << les proldgom~nes A une science des gestes >>. Mais beaucoup de lectures mal dig&rees ne feront pas de lui le Hjelmslev de la cinetique. Il ne s'elkve guere au-dessus des petitions de

principe et ses illustrations fragmentaires ne sauraient remplacer les corpus homog6nes qui font defaut.

ROGER G. VAN DE VELDE, Zur Grundlegung einer linguistischen Methodik, gezeigt am Beispiel der altfriesischen Syntax, Commentationes Societatis linguisticae Europaeae IV, Miinchen, Max Hueber Verlag, 1971, 220 p.

Compte rendu par Anne-Marie HOUDEBINE.

Apris une presentation rapide des m6thodes de la linguistique g6ndrale et des

problkmes qui se posent actuellement A cette thdorie : problkme de constitution

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