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PRENDRE L’INITIATIVE La situation des enfants dans le monde 2002

LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

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Extraits de « La situation desenfants dans le monde 2002 »« Y–a-t-il de devoir plus sacré que celui qui nous voue àdéfendre les droits des enfants avec autant de vigilanceque nous défendons les droits de toute autre personne ?A quoi reconnaîtra-t-on nos talents de dirigeants si cen'est à notre capacité à veiller à ce que tous les enfantspuissent se prévaloir de ces libertés, dans tous les pays,sans exception ? »

– Kofi A. AnnanSecrétaire général des Nations Unies

« Le développement durable d’un pays et la paix et lasécurité dans le monde ne sont possibles que si lesdroits et le bien-être des enfants sont garantis. Le rôled’un bon dirigeant consiste intrinsèquement à s’acquitterpleinement, systématiquement et à n’importe quel prixde cette responsabilité. Celle-ci incombe essentiellementaux chefs d’Etat ou de gouvernement, mais l’engagementet l’action sont nécessaires à tous les niveaux : respon-sables et entrepreneurs locaux, artistes et scientifiques,chefs religieux et journalistes, sans oublier les enfants etles adolescents eux-mêmes. »

– Carol BellamyDirectrice générale du Fonds des Nations Unies

pour l’enfance

« L’avenir de nos enfants dépend de nos capacités d’ini-tiative et des choix politiques des dirigeants. »

– Graça Machel et Nelson MandelaMouvement mondial en faveur des enfants

« Les enfants devraient être au centre des préoccupationsde la communauté internationale. Nous devons revoir lesstratégies de lutte contre la pauvreté de façon à donnerla priorité aux investissements pour les enfants. »

– Nelson MandelaAncien Président de l’Afrique du Sud

Paroles d’enfants du monde entier« Nous voulons un monde où il n’y a pas de discriminationentre les garçons et les filles, entre les personnes valideset celles qui ne le sont pas, entre les riches et les pauvres.Nous voulons un environnement sain, sûr et propre pourtous. Et nous voulons une instruction digne de ce nom etla possibilité de jouer, au lieu d’avoir à travailler. »

– Les « Change Makers »un groupe qui représente des enfants

de huit pays d’Asie du Sud

« (…) mais je pense également que tout le monde participe-ra à ce changement et qu’un jour, nous vivrons tous dansun pays offrant de meilleures possibilités de progrès socialet économique. »

– El Salvador

« Mais lorsque les représentants des gouvernements vien-nent nous rencontrer, ce sont surtout eux qui parlent et ilsne nous laissent pas suffisamment prendre la parole. Ilsdevraient écouter davantage et nous donner l’occasion deposer des questions difficiles. »

– Ethiopie

« Peut-être qu’elles [les familles] veulent m’écouter et mecomprendre, mais, dès que je dis quelque chose, ellesréagissent tellement rapidement que j’abandonne en medisant que je n’essaierai même plus la prochaine fois. Engénéral, je parle de mes problèmes à mes amis, mais ilsn’ont pas suffisamment d’expérience pour m’aider. »

– République islamique d’Iran

« J’aime la vie, et avec tous les problèmes que j’ai, j’aihâte qu’une nouvelle année commence. »

– Sri LankaLa situation des enfants dans le monde 2002

55.00FFISBN 92-806-3668-5

No. de vente F.02.XX.1

PRENDRE L’INITIATIVELa situation des enfants dans le monde 2002

PRENDRE L’INITIATIVE

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LA SITUATION DES

ENFANTS DANSLE MONDE

2002

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Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF)

Une autorisation est nécessaire pour publierquelque partie de cette publication que ce soit.Veuillez vous adresser à la Section des éditions etdes publications, Division de la communication,UNICEF NY (3 UN Plaza, New York, NY 10017 USATél. : 212-326-7513; Télécopie : 212-303-7985Courriel : [email protected]). L’autorisation seraaccordée gratuitement aux établissementsd’enseignement et aux organisations à but nonlucratif. Les autres devront s’acquitter d’unesomme modique.

ISBN 92-806-3668-5

Cette publication figure au catalogue de la Libraryof Congress des Etats-Unis sous le nom suivant : The state of the world’s children 2002

UNICEF, UNICEF House, 3 UN Plaza,New York, NY 10017, Etats-Unis

Courriel : [email protected] sur Internet : www.unicef.org

UNICEF, Palais des Nations,CH-1211 Genève 10, Suisse

Photo de couverture :UNICEF/92-1291/Lemoyne

Ce rapport a été préparé avec l’aide de nombreuses personnes et organisations, y compris les bureaux

extérieurs de l’UNICEF et les Comités nationaux pour l’UNICEF suivants : Afghanistan, Allemagne,

Australie, Autriche, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Canada, Chili, Chine, Cisjordanie et Gaza,

Comores, Costa Rica, El Salvador, Equateur, Erythrée, Etats-Unis, Ethiopie, ex-République yougoslave

de Macédoine, Gambie, Guatemala, Hongrie, Inde, Indonésie, Iran, Jamaïque, Japon, Jordanie, Kenya,

Libéria, Malawi, Maldives, Maurice, Mexique, Mongolie, Mozambique, Pakistan, Pérou, Philippines,

République démocratique populaire lao, République dominicaine, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Somalie,

Sri Lanka, Thaïlande, Timor oriental, Uruguay, Venezuela,Viet Nam, Yougoslavie, Zambie, Zimbabwe.

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LA SITUATION DES

ENFANTS DANSLE MONDE

2002

Carol Bellamy, Directrice généraleFonds des Nations Unies pour l’enfance

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4 T A B L E D E S M AT I È R E S

Table des matières

Avant-propos de Kofi A. Annan, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies

La situation des enfants dans le monde 2002 : prendre l’initiativePar Carol Bellamy, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance

Les gouvernements et les institutions internationales doivent assumer leurs responsabilités en ce quiconcerne les initiatives qu’ils prennent pour placer la question des droits et du bien-être des enfants aupremier rang des préoccupations. Et ceux qui ne le font pas devront rendre des comptes.

Le développement durable d’un pays et la paix et la sécurité dans le monde ne sont possibles quesi les droits et le bien-être des enfants sont garantis. Le rôle des dirigeants consiste intrinsèquement às’acquitter pleinement, systématiquement et à n’importe quel prix de cette responsabilité. Celle-ci incombeessentiellement aux chefs d’Etat ou de gouvernement, mais l’engagement et l’action sont nécessairesà tous les niveaux : responsables et entrepreneurs locaux, artistes et scientifiques, chefs religieux etjournalistes, sans oublier les enfants et les adolescents eux-mêmes.

I. Naissance et promesses non tenues : le village était en émoi, porté par l’allégresse que seulel’arrivée d’un nouveau-né peut procurer. Ayodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elleavait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun a écarté unmoment ses craintes pour l’avenir, la santé et l’alimentation de la famille. Tout le monde a félicité lesparents du bébé et savouré le regain d’espoir que la vie nouvelle porte toujours en elle.

Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, on assistait à une naissance d’un autre type, unenaissance qui suscitait elle aussi un grand espoir. Un nombre sans précédent de présidents et autreschefs d’Etat s’étaient réunis à New York à l’occasion du Sommet mondial pour les enfants. C’était enseptembre 1990, une époque marquée par un optimisme inhabituel dans le monde.

II. « Changer le monde avec les enfants » : depuis ses tout premiers jours, l’UNICEF invite lemonde à s’intéresser à la situation des enfants – aux nombreux laissés-pour-compte du fonctionnementdes sociétés nationales et de l’économie mondiale, aux souffrances qu’ils endurent du fait de la pauvretéde leurs parents, aux effets délétères de l’absence de nourriture ou de vaccination et aux conséquencessur leur développement de leur mauvaise santé, des mauvais traitements, de l’abandon moral et de l’ab-sence d’instruction – et prend des dispositions pour réparer ces préjudices.

III. Les actions qui peuvent changer le monde : il est incontestable que les pays qui sont éco-nomiquement les plus puissants du monde doivent prendre des initiatives en faveur des droits desenfants. Mais les gouvernements des pays en développement ne peuvent se prévaloir du handicap dontsouffre leur pays pour s’abstenir de mobiliser les énergies au nom des enfants. Les droits des enfants sontindivisibles et primordiaux. Toutes les sociétés ne doivent avoir de cesse que les droits de tous soientgarantis et respectés.

Investir en faveur des enfants, c’est tout simplement le meilleur investissement qu’un gouverne-ment puisse faire. Aucun pays n’a pu se hisser au niveau d’un développement appréciable et soutenusans investir de façon substantielle au profit de ses enfants.

....................6

........9

......33

......51

Tableaux statistiques1. OBJECTIF 1 : Réduire le taux de mortalité infantile et de mortalité des moins de 5 ans ................................ 10

2. OBJECTIF 2 : Réduire le taux de mortalité maternelle .................................................................................. 12

3. OBJECTIF 3 : Réduire la malnutrition grave ou modérée chez les enfants de moins de 5 ans ........................ 16

4. OBJECTIF 4 ET 5 : Accès pour tous à de l’eau potable et à des moyens hygiéniques de traitement des excréments................................................................................................ 18

5. OBJECTIF 6 : Accès universel à l’éducation de base ...................................................................................... 22

6. OBJECTIF 7 : Renforcer la protection des enfants .......................................................................................... 24

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5L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

La voix des jeunes1. CHANGER LE MONDE AVEC LES ENFANTS ...................................................................................................... 30

2. SUR LE VIH/SIDA .................................................................................................................................. 40

3. SUR LES CONFLITS .................................................................................................................................... 42

4. SUR LA DISCRIMINATION ............................................................................................................................ 52

5. SUR LA PAUVRETÉ ET L’ÉDUCATION.............................................................................................................. 72

Encadrés1. VACCINATION PLUS ................................................................................................................................ 14

2. TOSTAN : UN MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE .......................................................................................... 20

3. LES ENFANTS DU LIBÉRIA : RÉSOLUS À PRENDRE LEUR DESTIN EN MAIN .......................................................... 28

4. INSTRUIRE TOUS LES ENFANTS : LES ASPIRATIONS DU NAGALAND .................................................................. 34

5. PYALARA : DE JEUNES DIRIGEANTS PALESTINIENS ...................................................................................... 36

6. DES SONDAGES D’OPINION RÉALISÉS AUPRÈS DES ENFANTS ............................................................................ 38

7. MOUVEMENT MONDIAL EN FAVEUR DES ENFANTS : UN RÔLE POUR TOUT LE MONDE........................................ 44

8. DONNER AUX ENFANTS LE MEILLEUR DÉPART POSSIBLE DANS LA VIE : CONSEILS AUX PARENTS EN JORDANIE ........ 54

9. AU MALAWI, LA LUTTE CONTRE LE SIDA COMMENCE À L’ÉCOLE ................................................................ 56

10. DES MANUELS SCOLAIRES À DOS D’ÂNE : L’ÉDUCATION DES FILLES AU BADAKHSHAN........................................ 58

11. L’ENSEIGNANT ANONYME ........................................................................................................................ 60

12. L’IMPLICATION D’ENFANTS DANS LES CONFLITS ARMÉS :PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION RELATIVES AUX DROITS DE L’ENFANT............................................ 62

13. LA VENTE D’ENFANTS, LA PROSTITUTION DES ENFANTS ET LA PORNOGRAPHIE METTANT EN SCÈNE DES ENFANTS :PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT ............................................ 64

14. CHRONIQUE D’UNE CATASTROPHE ANNONCÉE ............................................................................................ 66

15. TIMOR ORIENTAL : LA VOLONTÉ DE BÂTIR UNE NATION INDÉPENDANTE.......................................................... 68

Figures1. LE SOUS-INVESTISSEMENT DANS LES SERVICES SOCIAUX DE BASE ...................................................................... 53

2. AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT, EN POURCENTAGE DU PNB DES PAYS DONATEURS, 2000 .......................... 65

Cartes .......................................................................................................................................................... 77Représentation des conclusions tirées de l’examen de fin de décennie dans plus de 130 pays qui ontévalué la réalisation des objectifs du Sommet mondial pour les enfants. Les indices choisis capturent àla fois les gains obtenus et les problèmes à résoudre pour le bien-être des enfants.

Bilans .......................................................................................................................................................... 85Un résumé des objectifs, gains, et problèmes en suspens de la décennie 1990-2000, extrait du Rapport duSecrétaire général, « Nous, les enfants : examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommetmondial pour les enfants. »

Consultations régionales ...................................................................................................................... 91Extraits des réunions régionales de haut niveau qui ont eu lieu en 2000-2001 dans le cadre des préparatifsde la Session extraordinaire consacrée aux enfants

Références ........................................................................................................................................................ 74

Index ................................................................................................................................................................ 99

Glossaire ........................................................................................................................................................ 103

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Avant-propos

Comme des millions de personnes de par le monde, j’ai participé à la campagne « Dites oui pour lesenfants », qui proclame que « tous les enfants devraient pouvoir grandir en bonne santé, dans lapaix et la dignité ». Y a-t-il de devoir plus sacré que celui qui nous voue à défendre les droits des

enfants avec autant de vigilance que nous défendons les droits des autres personnes ? A quoi reconnaîtra-t-onnos talents de dirigeants si ce n’est à notre capacité à veiller à ce que tous les enfants puissent se prévaloirde ces libertés, dans tous les pays, sans exception ?

Lors de la Session extraordinaire que l’Assemblée générale des Nations Unies consacrera aux enfants enseptembre, la communauté internationale relèvera ce défi tout en évaluant les progrès réalisés depuis leSommet mondial pour les enfants de 1990. Le bilan de ces dix dernières années est mitigé. Grâce en grandepartie aux programmes de vaccination et aux efforts soutenus des familles et des communautés, on évitechaque année le décès de trois millions d’enfants de moins de cinq ans. Dans les pays en développement,le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition a été réduit de 28 millions. La polioa été éliminée dans plus de 175 pays, et le tétanos néonatal dans 104 pays. Mais malgré ces progrès, plusde 10 millions d’enfants meurent encore de maladies qui auraient généralement pu être évitées. Quelque600 millions d’enfants vivent encore dans le dénuement et plus de 100 millions – des filles pour la plupart –ne vont pas à l’école.

De tous les enseignements que nous avons tirés de cette dernière décennie, il en est peut-être un, à l’oréedu XXIe siècle, qu’il nous faut avant tout garder à l’esprit : si nous voulons améliorer la vie des enfants, deleur famille et de leur communauté, il est impératif de prendre l’initiative et de nous mobiliser. L’intérêtdes enfants doit être au cœur même de toutes les décisions politiques, économiques et sociales et de tousnos comportements et actes quotidiens.

Le rapport de l’UNICEF, « La situation des enfants dans le monde », ne pourrait donc être publié à unmoment plus opportun. Ce rapport lance un appel à la mobilisation de tous les pays sur tous les continentset de toutes les catégories sociales. Il illustre les nombreuses et diverses contributions à l’amélioration dela situation des enfants. Et il souligne à quel point il est nécessaire de donner aux enfants le meilleur départpossible dans la vie, afin que chaque enfant reçoive une éducation de base et que les enfants et les jeunes– en particulier les adolescents – participent aux décisions qui les concernent.

A n’en pas douter, ces objectifs sont ambitieux, surtout si l’on considère la persistance de la pauvreté,des inégalités, des conflits et des ravages du VIH/SIDA et d’autres maladies évitables. Aucun gouvernementou aucun organisme ne peut à lui seul espérer les atteindre. Mais, ensemble, nous avons les moyens debâtir un monde digne des enfants, à condition que chacun d’entre nous se sente directement concerné parla situation des enfants et s’acquitte des responsabilités qui lui incombent. La session extraordinaire doitgalvaniser nos efforts collectifs. Ce rapport s’inscrit dans la réalisation de cet objectif essentiel et mérited’être lu par un public aussi nombreux que possible.

Kofi A. AnnanSecrétaire général de l’Organisation des Nations Unies

A V A N T - P R O P O S

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Elections d’enfants au Mexique

Prendre l’initiative

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Le village était en émoi, porté par l’allégresse que seulel’arrivée d’un nouveau-né peut procurer. Ayodele étaitun beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait

toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance detout enfant, chacun a écarté un moment ses craintes pourl’avenir, la santé et l’alimentation de la famille. Tout le mondea félicité les parents du bébé et savouré le regain d’espoir quela vie nouvelle porte toujours en elle1.

Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, onassistait à une naissance d’un autre type, une naissance quisuscitait elle aussi un grand espoir. Un nombre sans précé-dent de présidents et autres chefs d’Etat s’étaient réunis àNew York à l’occasion du Sommet mondial pour les enfants.C’était en septembre 1990, une époque marquée par un opti-misme inhabituel dans le monde.

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INaissance etpromesses non tenues

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L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Ecoliers au Zimbabwe

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Evolution Réduction de 14 % – 3 millions de décès d’enfants en moins

TMM5 en 1990 94 pour 1 000 naissances vivantes

TMM5 en 2000 81 pour 1 000 naissances vivantes

Objectif pour 2010 Réduction supplémentaire de 33 %

Observations 63 pays ont atteint l’objectif de réduction de 33 % et, dans plus de 100pays, le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans a diminué de 20 %.

Sources : Nations Unies,Rapport du Secrétairegénéral, « Nous, lesenfants : Examen de finde décennie de la suitedonnée au Sommet mon-dial pour les enfants »,Nations Unies, New York,4 mai 2001; NationsUnies, Comité préparatoirede la Session extraordinaireconsacrée aux enfants,« Un monde digne desenfants », version réviséedu document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, NationsUnies, New York,juin 2001.

Afriquesubsaharienne

Asie du Sud

Moyen-Orient et Afrique

du Nord

Asie de l'Est

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Amérique latine

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200Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (évolution entre 1990 et 2000)

Taux d’immunisation DT-Coq 1980-1999

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Afrique subsaharienne

Asie du Sud

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Amérique latine et Caraïbes

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Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectif1

Réduire de 33 % letaux de mortalitéinfantile et demortalité desmoins de cinqans (TMM5)

N A I S S A N C E E T P R O M E S S E S N O N T E N U E S10

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La révolution de la santé de l’enfant,commencée plusieurs décennies aupara-vant, avait battu son plein pendant lesannées 80 à l’occasion d’une campagnemondiale de vaccination qui allait sauverdes millions de jeunes vies. La guerrefroide était terminée et l’on s’attendaitun peu partout à ce que l’argent que l’ondépensait jusqu’alors en armements puis-se être consacré au développement humainsous la forme d’un « dividende de la paix ».Le Sommet mondial pour les enfantssemblait lui-même témoigner du fait quele monde était entré dans une phase nou-velle et plus optimiste, qui permettait auxresponsables et hommes politiques de serencontrer pour essayer de garantir auxenfants une vie meilleure, et non plus pourfaire face aux conséquences de la rivalitéentre superpuissances.

Le Sommet mondial symbolisait lesespoirs du monde pour les enfants. Lesdirigeants ont promis de ratifier la Con-vention relative aux droits de l’enfant, quel’Assemblée générale des Nations Uniesavait approuvée à l’unanimité l’annéeprécédente. Ils se sont engagés à atteindreavant l’an 2000 des objectifs ambitieux :réduction de la mortalité infantile, progrèsde la vaccination, éducation de base, pourne citer que quelques-unes des nombreusesmesures prévues. On espérait qu’en assor-tissant un cadre juridique spécifique d’unplan d’action fixant des objectifs concrets,à réaliser dans des délais fixés, on trans-formerait la vie des enfants dans le mondeentier au cours de la décennie qui allaits’ouvrir. La survie, le développement, la pro-tection et l’éducation des enfants n’étaientplus affaire de charité, mais d’obligationjuridique. La Déclaration, à laquelle lesdirigeants de la communauté internatio-nale ont apposé leur signature, était cou-rageuse et sans ambiguïté : « Le bien-êtredes enfants appelle la prise de mesurespolitiques au plus haut niveau. » Pour lapremière fois peut-être dans l’histoire, lacause des enfants se trouvait placée au pre-mier rang des préoccupations mondiales.

Onze ans plus tardAyodele a aujourd’hui 10 ans, elle en aurabientôt 11 – et, bien qu’elle ne le sachepas, elle a été trahie. Sa vie est largementidentique à ce qu’elle pouvait être pourune fille de son âge en 1990. Ayodele tra-

vaille dur. Elle doit piler le grain pour lerepas du soir. C’est loin d’être son premiertravail de la journée : elle a déjà remplid’eau quatre grands bols qu’elle a rappor-tés sur sa tête jusqu’à la demeure familia-le; elle a aidé aux travaux des champs,nettoyé la maison et s’est occupée de sesfrères et sœurs plus jeunes. Bien sûr qu’el-le aimerait aller à l’école, mais les livrescoûtent très cher et, de plus, sa famille abesoin d’elle à la maison.

La vie d’Ayodele n’est qu’un petitélément d’un ensemble de données quimontrent que les analyses les plus opti-mistes faites tant dans son village qu’àNew York au moment de sa naissancen’ont pas été vérifiées. Elle a survécu à sescinq premières années, mais tel n’a pasété le cas de deux de ses frères et sœursnés après le Sommet mondial, qui ontsuccombé à des maladies infantiles contrelesquelles ils auraient pu être vaccinés ouqu’on aurait pu facilement soigner. Sonpotentiel d’apprentissage est loin d’êtreréalisé. L’école n’est pas le seul endroit oùl’on apprend. Certes, elle a acquis, en sui-vant les conseils d’autrui et en s’inspirantde leurs expériences, un grand nombredes aptitudes qui lui seront nécessairespour faire face à la vie dans son village etau-delà, mais elle ne sait pas lire et nepossède que les rudiments les plus élé-mentaires du calcul; elle ne connaît riendu monde au-delà de la ville la plus proche;et elle n’a aucune idée de ses droits.

Les enfants des années 90Un seul enfant ne saurait représenter l’en-semble du monde, mais le tableau généralde la famille humaine, même s’il existequelques zones qui incitent à l’optimisme –surtout si l’on considère la situation danslaquelle on se trouvait en 1990 –, montreque les promesses faites aux enfantscomme Ayodele n’ont pas été tenues. Legroupe des enfants nés au début de la der-nière décennie du XXe siècle était lagénération d’enfants la plus nombreuseque le monde ait jamais connue. Si l’onramenait tous ceux qui sont nés aumoment du Sommet mondial à unecohorte de 100 enfants, proportionnel-lement à leur nombre dans chaquerégion, à quoi cette cohorte ressemblerait-elle ? Et quelle aurait été l’expérience de cesenfants au cours des 10 années écoulées ?

11L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Des chefs de file de la cause des enfants

Carlos Arévalo, colonel desforces de police nationalespéruviennes, a fondé COLIBRI,une ONG qui œuvre en faveurdes enfants abandonnés et desadolescents vivant dans la rue,en les aidant à poursuivre leurscolarité.

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Evolution Aucune évolution – 515 000 femmes meurent encore chaque année dessuites de la grossesse ou de l’accouchement.

1990 Données non disponibles

2000 400 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes

Objectif pour 2010 Réduction de 33 %

Observations Le pourcentage d’accouchements assistés par du personnel qualifié alégèrement augmenté dans quelque 53 pays où la mortalité maternelleest généralement moins importante. Mais, à part cette évolutionrestreinte d’un seul indicateur, aucune autre amélioration des tauxde mortalité maternelle n’a été constatée à l’échelle mondiale.

Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectif2

Monde

Pays en développement

Europe centrale et orientale/CEI et Etats baltes

Amérique latine et Caraïbes

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Asie de l’Est et Pacifique

Afrique subsaharienne

Asie du Sud

0 20 40 60 80 100

56

52

94

83

69

66

37

29

En pourcentage

Accouchements assistés par du personnel qualifié, 1995-2000

Sources : Nations Unies,Rapport du Secrétairegénéral, « Nous, lesenfants : Examen de finde décennie de la suitedonnée au Sommet mon-dial pour les enfants »,Nations Unies, New York,4 mai 2001; NationsUnies, Comité préparatoirede la Session extraordinaireconsacrée aux enfants,« Un monde digne desenfants », version réviséedu document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, NationsUnies, New York,juin 2001.

Risquer la mort pour donner la vie

RégionRisque de décès lié à la grossesse ou à

l’accouchement encouru sur une vie entière*

Afrique subsaharienneAsie du SudMoyen-Orient/Afrique du NordAmérique latine/CaraïbesAsie de l’Est/PacifiqueEurope centrale et orientale/CEI et Etats baltes

1/131/541/55

1/1571/2831/797

Pays les moins avancésPays en développementPays industrialisésMonde

1/161/61

1/4 0851/75

* Varie en fonction du taux de mortalité maternelle et du nombre de naissances par femme.

Réduire de50 % le tauxde mortalitématernelle

UN

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Sur ces 100 enfants, 55 seraient nés enAsie, dont 19 en Inde et 18 en Chine.Huit seraient nés en Amérique latine etdans les Caraïbes, sept au Moyen-Orientet en Afrique du Nord, 16 en Afriquesubsaharienne, six dans des pays del’ECO/CEI et des Etats baltes et huit despays industrialisés.

La naissance de 33 de ces enfants n’apas été enregistrée : ils n’ont donc aucuneexistence officielle ni de nationalité recon-nue. Sans preuve officielle de leur âge etde leur identité, certains d’entre euxn’ont pas accès aux centres de soins et nepeuvent pas aller à l’école.

Trente-deux de ces enfants ont souffertde malnutrition avant l’âge de cinq ans et27 n’ont été vaccinés contre quelque mala-die que ce soit. Neuf sont morts avantd’avoir eu cinq ans. Sur les 91 enfants res-tants, 18, dont 11 filles, ne vont pas àl’école. Dix-huit enfants n’ont pas accèsà de l’eau potable et 39 vivent sans avoiraccès à un réseau d’assainissement.

La différence entre les expériences etles conditions de vie de ces 100 enfants etcelles d’une cohorte comparable ayant eu11 ans en 1990 est loin d’être aussi netteque ce que la communauté internationaleaurait souhaité lorsqu’elle a pris ses enga-gements il y a dix ans. Onze ans après leSommet mondial, les dirigeants du mondevont de nouveau se rencontrer à NewYork pour faire le bilan de la situation desenfants dans le monde, examiner ce qui aété accompli au cours des années écouléesdepuis la rédaction des belles phrases dela Déclaration et la définition d’objectifs,essentiels et précis, pour améliorer la viedes enfants. Les données qui leur serontprésentées montreront que les progrès ontété inégaux et que le bilan est fait toutà la fois de progrès remarquables etd’échecs décourageants.

Objectifs atteints – ou presqueLe premier objectif du Sommet mondialconsistait à réduire d’un tiers entre 1990et 2000 les taux de mortalité infantile etde mortalité des moins de cinq ans.Globalement parlant, la réduction a étéde 14 % – ce qui constitue un progrèsimportant : aujourd’hui, ce sont chaqueannée 3 millions d’enfants de plus qu’il ya 10 ans qui vivent au-delà de leur cin-quième anniversaire. Plus de 60 pays ont

bel et bien atteint l’objectif d’un tiers,notamment la plupart des pays del’Union européenne et d’Afrique du Nordet beaucoup de pays d’Asie orientale,d’Océanie, des Amériques et du Moyen-Orient (voir Objectif 1).

Mais ce bilan général masque des dis-parités majeures selon les régions et lespays. Certains pays riches n’ont pas atteintcet objectif, tandis que certains pays trèspauvres y sont parvenus moyennant desefforts colossaux et des politiques efficaces.La tragédie de l’épidémie de VIH/SIDA, enparticulier en Afrique, non seulement afait s’envoler les taux de mortalité post-infantile de certains pays après des décen-nies d’amélioration, mais aussi a empêchéla progression du chiffre global.

En ce qui concerne l’une des princi-pales causes de mortalité post-infantile, ladiarrhée, le monde a bien atteint son butde réduire de moitié les taux de mortalité.L’objectif fixé pour la rougeole était encoreplus ambitieux : il s’agissait de parvenirde 1990 à 1995 à une réduction de 95 %du nombre des décès dus à la rougeole età une réduction de 90 % des cas de rou-geole. Sur l’ensemble de la décennie, lescas de rougeole ont diminué de près desdeux tiers, ce qui constitue déjà un pro-grès remarquable. L’objectif concernant letétanos néonatal était tout aussi ambi-tieux, à juste titre : il s’agissait de l’avoiréliminé totalement en 1995. Selon le der-nier comptage, 104 pays en développe-ment sur 161 avaient atteint cet objectif –et 90 % de tous les cas restants de tétanosnéonatal étaient concentrés dans 27 pays.

On avait prévu que la poliomyéliteserait éradiquée en 2000. Là encore, lesprogrès ont été extraordinaires sans quel’objectif soit tout à fait atteint. Plus de175 pays ont été déclarés officiellementexempts de la poliomyélite, et l’on compteà présent l’avoir éradiquée en 2005 auplus tard, à condition de maintenir lesengagements pris. Elle deviendra alors ladeuxième maladie, après la variole, à avoirété vaincue entièrement par la volonté etla solidarité des hommes. Par ailleurs, surl’ensemble de la décennie, le nombre descas signalés de dracunculose a diminué de97 %. On ne continue d’en signaler quedans 13 pays d’Afrique et un pays duMoyen-Orient.

Les progrès accomplis dans le domainede la santé de l’enfant ne peuvent faire

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Des chefs de file de la cause des enfants

Henita Asinsaun n’a que 15ans, mais elle a déjà acquisune longue expérience de lamobilisation et du militantisme :dans sa ville natale de MalaianBobonaro (Timor oriental), elleenseigne aux femmes com-ment animer des réunions,établir un budget et définiret atteindre leurs objectifs.

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Vaccination plus ...

Agée de 42 ans, Cecilia Soriano vit avecson mari et ses huit enfants dans unbidonville de Manilles. Depuis qu’elle a

été enceinte de sa fille Katherine, qui a main-tenant cinq ans, Cecilia voit beaucoup moinsbien lorsque l’éclairage est faible. A l’origine,elle pensait que ses troubles de la vuen’étaient qu’une conséquence sans gravité desa grossesse. Après la naissance de sa fille,elle se disait qu’elle commençait tout simple-ment à vieillir. Mais quand elle a remarquéque Katherine rentrait régulièrement à la mai-son le front couvert d’égratignures et debosses après avoir joué dehors le soir et seplaignait fréquemment de ses yeux, Cecilia apris peur. Elle s’est adressée à Nenita Ito, unagent de santé communautaire, qui lui aconseillé de se rendre au dispensaire public.Le docteur a constaté que Cecilia et Katherineétaient toutes les deux atteintes d’héméralo-pie, due à une carence en vitamine A.

La carence en vitamine A, dont souffrentenviron cent millions d’enfants dans lemonde, est la première cause de cécité chezles enfants des pays en développement.Même légère, une telle carence risque d’affai-blir le système immunitaire d’un jeune enfantet ses capacités de résistance face à des mala-dies telles que la rougeole, le paludisme et ladiarrhée, qui peuvent être mortelles chez lesenfants. Le risque de mourir de maladiesinfantiles est 25 % plus élevé chez les enfantsatteints de carence en vitamine A que chezceux qui consomment ce micronutriment enquantité suffisante ou dont l’alimentation estrégulièrement enrichie par des capsules devitamine A.

Au début des années 90, le Gouvernementdes Philippines a encouragé la distribution decapsules de vitamine A et la vaccination detous les enfants en organisant des Journées devaccination nationale et des Journées desmicronutriments. Grâce à des campagnes d’in-formation intensives, près de 90 % des enfantsdes Philippines âgés de six ans ou moins ontbénéficié de ces efforts de 1993 à 1996. En1998, ces campagnes ont été intégrées à unprogramme plus général, dans le cadre duquelles enfants de six ans ou moins recevaient,deux fois par an, des capsules de vitamine A,des vaccins, des traitements pour le déparasi-tage, des suppléments en fer, ainsi que desanalyses et des distributions de sel iodé. Desactivités de sensibilisation à l’allaitementnaturel, à l’hygiène et à l’importance du seliodé ont été organisées à l’intention des mèreset des personnes s’occupant des enfants.

Leticia Bancairen, agent de santé commu-nautaire, se souvient d’avoir entrepris un longpériple pour se rendre dans les villages les

plus reculés des B’laans, l’un des cinq plusgrands groupes autochtones des îles Sarangani,et convaincre les mères d’emmener leurs enfantsau dispensaire. Quatre-vingt-cinq pour cent dela population ciblée a reçu une deuxième dosede vitamine A en 2000. Mais malgré ces efforts,de nombreux enfants philippins risquent encorede mourir des conséquences des carences envitamine A, particulièrement dans les couchesles plus pauvres de la population.

L’un des objectifs fixés lors du Sommetmondial pour les enfants de 1990 consistait àréduire les carences en vitamine A en distri-buant à au moins 70 % des enfants âgés de 6à 59 mois au moins deux capsules de vitamineA par an. Des progrès ont été réalisés ces dixdernières années : le nombre de pays en déve-loppement distribuant des capsules de vitami-ne A à au moins 70 % des enfants de moins decinq ans est passé de 11 en 1996 à 27 en1998 et 43 en 1999. La distribution de cap-sules de vitamine A a probablement permis desauver la vie d’un million d’enfants au coursdes trois dernières années.

Mais en dépit du succès des campagnesde promotion de la vitamine A, il reste à établirde nouveaux systèmes de distribution ou àrenforcer les services actuels de soins desanté primaire, pour que la communauté inter-nationale puisse atteindre l’objectif qu’elles’est fixé : réduire de deux tiers d’ici à 2015les taux de mortalité infantile et de mortalitédes enfants de moins de cinq ans. A cette fin,tous les enfants doivent, au minimum, êtrevaccinés et recevoir régulièrement des cap-sules de vitamine A.

C’est dans les pays les plus pauvres queles vaccins et les vaccinations de routine sontles plus rares et que les enfants ont donc le

plus de risques de mourir avant l’âge de cinqans. L’écart se creuse entre ces enfants etceux des pays industrialisés qui bénéficientde ces vaccinations susceptibles de leur sau-ver la vie.

Pour remédier à ces inégalités, l’Alliancemondiale pour les vaccins et l’immunisation(ou GAVI, de l’anglais Global Alliance forVaccines and Immunization) a été formée en1999, dans le but d’aider les enfants des paysen développement qui ne sont pas vaccinés(et que l’on estime à 30 ou 40 millions). Lespartenaires de l’Alliance – qui compte parmises membres des gouvernements, l’UNICEF, leGroupe de la Banque mondiale, l’Organisationmondiale de la santé, le Programme Bill etMelinda Gates pour la vaccination des enfants,la Fondation Rockefeller, la Fédération interna-tionale des Associations de fabricants de pro-duits pharmaceutiques et des institutions desanté publique et de recherches – espèrentaugmenter considérablement la portée etl’efficacité des programmes de vaccination,pays par pays.

Il est également prévu de mettre à la dispo-sition de tous les enfants en danger des vaccinstrop rarement utilisés, comme par exemplecelui contre la fièvre jaune, et de nouveaux vac-cins contre l’hépatite B et l’Haemophilusinfluenza de type b (Hib) d’ici à 2002 et à 2005,respectivement. Grâce à un réseau mondiald’organismes de développement international,de banques de développement multilatérales,d’organismes philanthropiques, de dirigeantsdu secteur privé et d’autres personnes ou orga-nisations, l’Alliance devrait inciter la commu-nauté internationale à redoubler d’efforts enfaveur de ses citoyens les plus jeunes.

ENCADRÉ

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oublier un fait inquiétant : ce qui était en1990 un phénomène dont la progressionsemblait impossible à arrêter, à savoir lamarche vers la vaccination universelle desenfants, s’est quelque peu ralenti dans ladécennie qui a suivi. On sait aujourd’huique les taux de vaccination de l’époqueoù le Sommet mondial s’est tenu étaienten fait inférieurs (73 %) à ce que l’on sup-posait qu’ils étaient à ce moment-là. Nonseulement le taux de 90 % d’enfants vac-cinés fixé au Sommet n’a pas été atteint,mais le monde a éprouvé de grandes dif-ficultés à maintenir les taux de protectionvaccinale au niveau déjà atteint : plusd’un quart des enfants du monde (envi-ron 3 millions d’enfants) ne bénéficienttoujours pas d’une vaccination systéma-tique. En Afrique subsaharienne, 47 % seu-lement des enfants sont vaccinés contrela diphtérie, la coqueluche et le tétanos.

Dans le domaine de la nutrition, l’ob-jectif principal était de réduire de moitiéles taux de malnutrition des enfants demoins de cinq ans. Cet objectif a étéatteint et même dépassé en Amérique duSud, mais le taux n’a diminué en moyen-ne que de 17 % dans les pays en dévelop-pement. En Asie, où vivent plus des deuxtiers des enfants souffrant de malnutri-tion dans le monde, la baisse des taux demalnutrition infantile a été relativementmodeste, puisqu’elle a été ramenée de36 % à 29 %, tandis qu’en Afrique sub-saharienne, le nombre absolu d’enfantsatteints de malnutrition a en fait augmenté(voir Objectif 3).

En revanche, deux des micronutrimentsdont le Sommet mondial pour les enfantsavait établi qu’ils jouaient un rôle essen-tiel en matière de prévention de la « faiminsoupçonnée » – la vitamine A et l’iode –ont été un succès dans les années 90.L’avitaminose A peut causer la cécité etaugmenter la prédisposition des enfants àla maladie, alors qu’elle peut être préve-nue en enrichissant les aliments ou endistribuant des capsules dans le cadre descampagnes de vaccination. Entre 1996 et1999, le nombre de pays comptant aumoins 70 % de bénéficiaires d’apports envitamine A est passé de 11 à 43 (voirEncadré 1).

La façon la plus simple de traiter lacarence en iode, qui est la principalecause de l’arriération mentale évitable, estl’iodation du sel. L’objectif consistant à

quasiment éliminer les troubles dus à lacarence en iode n’a pas été atteint, mais lepourcentage d’habitants des pays endéveloppement qui consomment du seliodé est passé de moins de 20 % à environ72 %. Ces progrès donnent à penser quel’objectif de l’élimination d’ici à 2005 destroubles dus à la carence en iode pourrasans doute être atteint, mais il ne faudrarelâcher ni les efforts, ni la volontéd’aboutir, car il reste 37 pays où moins dela moitié des ménages consomment dusel iodé.

Dans les années 90, on ne s’est mêmepas rapproché des objectifs fixés au Sommetmondial concernant l’accès universel en2000 à l’eau potable et aux moyens hygié-niques de traitement des excréments. Lepourcentage des bénéficiaires a augmentédans les deux cas – passant de 79 % à82 % pour l’eau et de 55 % à 60 % pourl’assainissement. Mais il reste 1,1 milliardde personnes qui n’ont pas accès à l’eausalubre et 2,4 milliards qui vivent sansinstallations d’assainissement adéquates,l’immense majorité de ce dernier groupese trouvant en Asie (voir Objectifs 4 et 5).

L’objectif de l’accès universel à l’éduca-tion de base est lui aussi encore loin d’êtreatteint. Les taux nets d’inscription dansles écoles primaires ont augmenté danstoutes les régions, mais il y a encore plusde 100 millions d’enfants qui ne sont passcolarisés et un nombre encore bien plusimportant d’enfants qui reçoivent uneinstruction de mauvaise qualité. La discri-mination à l’encontre des filles – l’écartentre les taux de scolarisation et d’achè-vement des études des garçons et ceux desfilles – reste beaucoup trop marquée, mêmesi elle a très légèrement diminué pourl’ensemble du monde et nettement reculédans la plupart des pays du Moyen-Orientet de l’Afrique du Nord. On a enregistréune diminution négligeable de l’analpha-bétisme des adultes, et l’on n’a pas atteint,tant s’en faut, l’objectif escompté d’uneréduction de 50 % (voir Objectif 6).

Progrès négligeablesMais c’est dans le domaine de la santé desfemmes que les pays n’ont fait aucun pro-grès sensible – ce qui montre bien que laplupart des pays continuent de maintenirla femme dans une condition sociale infé-rieure. Il s’agissait de réduire de moitié les

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Des chefs de file de la cause des enfants

Au Kenya, Caroline AwuorAgwanda est devenue chefd’entreprise malgré son handi-cap. A seulement 24 ans, c’estune femme d’affaires reconnuequi emploie 20 artisans dansson atelier, HOPE, et subvientaux besoins des 11 membresde sa famille.

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Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectif3

Evolution Réduction de 17% dans les pays en développement

1990 32 % dans les pays en développement

2000 27 % dans les pays en développement

Objectif pour 2010 Réduction de 33 %, une attention particulière étant accordée aux enfantsde moins de deux ans

Observations Dans les pays en développement, le nombre total d’enfants souffrant demalnutrition a été réduit de 177 millions à 149 millions.

Sources : Nations Unies,Rapport du Secrétairegénéral, « Nous, lesenfants : Examen de finde décennie de la suitedonnée au Sommet mon-dial pour les enfants »,Nations Unies, New York,4 mai 2001; NationsUnies, Comité préparatoirede la Session extraordinaireconsacrée aux enfants,« Un monde digne desenfants », version réviséedu document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, NationsUnies, New York,juin 2001.

Réduire de 50 %la malnutritiongrave oumodérée chezles enfants demoins de 5 ans

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1990 1995 2000

Evolution de la malnutrition infantile : pays en développement, 1990-2000

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Taux de consommation de sel iodé, 1995-2000

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taux de mortalité maternelle; or, rien nepermet de penser qu’il y ait eu une baissesensible. Dans le même ordre d’idées,l’objectif consistant à faire bénéficiertoutes les femmes enceintes de soins pré-natals et des services d’un personnel qua-lifié pendant l’accouchement a rarementété atteint : 29 % seulement des nais-sances ont lieu en présence d’un person-nel qualifié en Asie du Sud et 37 %seulement en Afrique subsaharienne (voirObjectif 2).

L’UNICEF est déterminé à attirer l’at-tention de la communauté internationalesur tout ce qui reste à faire, sur ces enfantsqui, comme Ayodele, n’ont pas encore étésecourus. Le monde ne doit pas se leurrer :en dépit des progrès qui ont été accom-plis, la dernière décennie a été celle desoccasions manquées, et l’on n’a pas finide mesurer l’ampleur de cette tragédie.

Souffrances humaines,ingéniosité humaineLorsque les dirigeants parlent de millionsde gens, les individus en question sonttrop facilement réduits à des chiffres etleurs souffrances ramenées à des statis-tiques et des tendances. Mais, chacun desenfants nés depuis 1990 a un nom et unehistoire; chacun a droit à la santé, à l’ins-truction et à la protection, le droit de réa-liser tout son potentiel et celui d’aider àdéterminer le destin du monde où il vit. Cesdroits ont été violés bien trop souvent.

Pourquoi a-t-on continué de bafouerles droits des enfants ? La pauvreté et lamauvaise santé des enfants sont-elles desmonstres contre lesquels il faudra tou-jours lutter en vain ? L’exploitation desenfants doit-elle demeurer pour toujoursla dure réalité ?

Pas du tout. Au cours de cette mêmedécennie, l’humanité n’a cessé de fairepreuve d’une ingéniosité et de capacitéstechnologiques formidables. Le déchiffragede son patrimoine génétique a progresséchaque année; il se pourrait qu’en l’espa-ce d’une génération, il rende les maladiesmême les plus difficiles à traiter, du can-cer jusqu’à la mucoviscidose, moins terri-fiantes et moins menaçantes qu’elles nel’ont été pour toutes les générations pré-cédentes. Un mammifère, la brebis Dolly,a été cloné pour la première fois – et adonné ensuite naissance à des agneaux

normaux et en parfaite santé. Dans lesannées 90, après avoir été le jouet dequelques privilégiés, Internet est devenuun média qui pourrait bien modifier tota-lement l’idée que nous nous faisons dumonde : on a calculé qu’en 2000, plus de300 millions de personnes utilisaientInternet, ce qui en fait de loin l’outil decommunication à la croissance la plusrapide que l’on ait jamais vue2. Le téles-cope spatial Hubble (2 milliards de dollars),l’observatoire spatial le plus complexe etsensible jamais construit, a été placé surorbite en 1990; un engin spatial améri-cain s’est amarré en 1995 à la station spa-tiale russe Mir, ce qui a représenté uneavancée de portée historique sur ledouble plan de la technologie et de lacoopération internationale; et en 1998,une fusée russe a placé sur orbite le pre-mier élément de la nouvelle station spa-tiale internationale, laquelle est l’objet leplus onéreux jamais construit3. A la fin dela décennie, ce ne sont pas moins de 1,5billion de dollars que la spéculation fai-sait changer de mains chaque jour sur lesmarchés des changes internationaux4.

Face à toutes ces conquêtes, qui pour-rait prétendre sérieusement que la décla-ration d’intention que les dirigeants dumonde ont signée en 1990 pour lesenfants n’était qu’un rêve impossible àréaliser ? Les ressources et le savoir-fairetechnique existent bel et bien. Dans cesconditions, le fait que ces richesses et cescompétences n’aient pas été pleinementmobilisées pour rendre possible un mondedigne des enfants est à mettre au passif dedirigeants malavisés qui ont manqué àleurs obligations.

Les dirigeantsLes gouvernements et les institutions inter-nationales doivent assumer leurs respon-sabilités en ce qui concerne les initiativesqu’ils prennent pour placer la question desdroits et du bien-être des enfants au pre-mier rang des préoccupations. Et ceux quine le font pas devront rendre des comptes.

Le développement durable d’un payset la paix et la sécurité dans le monde nesont possibles que si les droits et le bien-être des enfants sont garantis. Le rôledes dirigeants consiste intrinsèquement às’acquitter pleinement, systématiquementet à n’importe quel prix de cette respon-

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Des chefs de file de la cause des enfants

Le journaliste brésilien Ambarde Barros a fondé ANDI,abréviation en portugais del’Agence de presse sur lesdroits de l’enfant, un organede presse visant à mobiliser età former des journalistes dansle souci de promouvoir l’équitésociale et d’organiserenquêtes et débats sur lesproblèmes des enfants etdes jeunes des rues.

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Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectifs4 et 5

Evolution Amélioration de 3 % : 816 millions de personnes supplémentaires ontmaintenant accès à de l’eau potable.

1990 79 % (4,1 milliards)

2000 82 % (5 milliards)

Objectif pour 2010 Augmentation de 33 %

Observations 1,1 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à de l’eau potable.

Évolution Amélioration de 5 % : 747 millions de personnes supplémentaires ontmaintenant accès à des moyens hygiéniques de traitement desexcréments.

1990 55 % (2,9 milliards)

2000 60 % (3,6 milliards)

Objectif pour 2010 Augmentation de 33 %

Observations 2,4 milliards de personnes, dont la moitié de la population asiatique,n’ont pas accès à des services d’assainissement.

Accès à del’eau potablepour tous

Accès pour tousà des moyenshygiéniques detraitement desexcréments

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Asie du Sud

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Afrique subsaharienne

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Amélioration de l’accès à des services d’assainissement, évolution pour la période 1995-2000

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Amélioration de l’accès à des services d’approvisionnement en eau, évolution pour la période 1995-2000

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Sources : Nations Unies, Rapport du Secrétaire général, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Nations Unies,New York, 4 mai 2001; Nations Unies, Comité préparatoire de la Session extraordinaire consacrée aux enfants, « Un monde digne des enfants », version révisée du document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, Nations Unies, New York, juin 2001.

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sabilité. Celle-ci incombe essentiellementaux chefs d’Etat ou de gouvernement, maisl’engagement et l’action sont nécessairesà tous les niveaux : responsables et entre-preneurs locaux, artistes et scientifiques,chefs religieux et journalistes, sans oublierles enfants et les adolescents eux-mêmes.

Dans le rapport qu’il a présenté aumoment du Sommet du Millénaire, leSecrétaire général de l’Organisation desNations Unies a déclaré : « Le plus impor-tant, c’est que l’être humain soit aucentre de tout ce que nous faisons. Il n’estpas d’aspiration plus noble, pas de res-ponsabilité plus impérieuse que d’aider,dans le monde entier, des hommes, desfemmes et des enfants à vivre mieux. » 5

Chacun d’entre nous peut montrer lavoie à suivre dans le cadre de ses activitésquotidiennes s’il prend la peine de se poserla question : « En quoi cette décision, cechoix affecte-t-il la vie des enfants ? »

Feu Julius Nyerere a démontré ses qua-lités de dirigeant en s’appuyant, pour édi-fier la nation tanzanienne, sur ce qu’il aprésenté comme les « valeurs de justice, lerespect des êtres humains, un développe-ment axé sur l’homme, un développe-ment qui se soucie du bien-être de lapopulation…»6 Lorsque Nyerere est deve-nu le Premier Ministre de la nation nou-vellement indépendante en 1961, 85 %des Tanzaniens adultes étaient illettrés etle pays comptait deux ingénieurs et 12médecins diplômés. Lorsqu’il a quitté sesfonctions de Président en 1985, le tauxd’alphabétisation était de 91 %, des mil-liers d’ingénieurs, de médecins et d’ensei-gnants avaient été formés et presque tousles enfants de la République-Unie deTanzanie allaient à l’école7.

Aujourd’hui, S. E. Maumoon AbdulGayoom, Président des Maldives, est l’unde ces chefs d’Etat qui se prévalent de leurautorité pour investir généreusementdans le secteur social, en particulier dansdes programmes en faveur des enfants.Aux Maldives, l’investissement réalisépour les plus jeunes habitants s’est traduitpar certains des meilleurs indicateurssociaux de la région. On note en particu-lier les faibles taux de mortalité infantileet les taux élevés d’éducation de base etd’alphabétisation de cette nation-archipel.

Les gens ordinaires sont tout aussicapables que les premiers ministres et lesprésidents de prendre des initiatives.

C’est ce que font les directeurs d’école,par exemple, quand ils accueillent dansleur établissement des enfants dont lafamille ne peut pas acquitter le droitd’inscription : ils savent bien, en effet,que s’ils ne le faisaient pas, cela coûteraitdavantage aux enfants, à leur famille et àla collectivité. Les parents font preuved’initiative lorsque, au sein d’une com-munauté où il est normal de n’envoyerque leurs fils à l’école, ils y envoient aussileurs filles, et lorsqu’ils résistent à la pres-sion sociale les invitant à en retirer leursfilles pour les marier très jeunes.

En 2000, neuf cheikhs de Somalie ontmontré la voie à suivre en se rendant auCentre universitaire international pourles études islamiques Al-Azhar, au Caire,pour suivre un cours sur le préjudice quela mutilation génitale des femmes (MGF)cause aux filles et aux femmes dans diffé-rentes cultures un peu partout dans lemonde. C’est aussi ce qu’a fait le Dr AhmedR.A. Ragab, spécialiste des études isla-miques et gynécologue, qui s’est renduaux quatre coins du pays pour animer desséances d’information ciblées au niveaulocal au sujet des conséquences médicalescatastrophiques de la MGF. Suite à cesefforts, non seulement la région d’Awdal,dans le nord-ouest de la Somalie, a faitofficiellement de l’élimination totale dela MGF un objectif prioritaire, mais leschefs religieux et la plupart des autoritésciviles se sont également ralliés à cettecause – ce qui représente un progrès déci-sif dans un pays où plus de 95 % des fillessubissaient jusqu’à présent cette mutila-tion8 (voir Encadré 2).

En Namibie, la marche à suivre est indi-quée, dans le cadre du programme Monavenir dépend de moi (My Future is MyChoice), par des diplômés de l’enseigne-ment secondaire qui reçoivent une for-mation de 10 jours leur permettant d’animerun cours de préparation à la vie actives’adressant à 22 adolescents au maximumâgés de 15 à 18 ans. De 1997 au milieu de2000, le programme a bénéficié à 74 000jeunes et devrait avoir atteint d’ici à la finde 2001 son objectif consistant à former80 % des jeunes de 15 à 18 ans9.

Le Costa Rica montre parfaitement àquel point la présence d’un dirigeantéclairé peut transformer un pays – et enparticulier la situation de ses enfants. Le1er décembre 1948, le Président José

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Des chefs de file de la cause des enfants

Avec cinq amis et 720 dollarsde financement de laFondation Netaid.org, KuheliBattacharya, a montrél’exemple aux adolescentsaussi bien qu’aux adultes endirigeant dans la localité dePune (Inde) un centre de vacci-nation pour enfants pauvres.« Si nous n’agissons pas,demande cette jeune fillede 15 ans, qui le fera ? »

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Tostan :Un mouvement révolutionnaire

I l y a encore quelques années, Ourèye Sallgagnait sa vie en pratiquant l’excision auSénégal. Rien n’avait pu la convaincre de

changer de profession, même pas l’hémorragiedont avait failli mourir l’une de ses filles trenteans auparavant, après une opération effectuéepar la grand-mère de l’enfant. La culture et latradition semblaient insurmontables. Et puis,elle n’avait pas d’autres sources de revenus.Mais en 1997, avec d’autres villageoises, Ourèyea décidé de ranger une bonne fois pour toutesses outils d’exciseuse.

Les mutilations génitales féminines –l’ablation d’une partie ou de l’ensemble desorganes génitaux externes de la femme – exis-tent depuis des millénaires. Mais au cours desquatre dernières années, 282 villages sénéga-lais, représentant environ 220 000 habitants,ont mis fin à cette pratique. Cette décision n’apas été prise sous l’effet de pressions exté-rieures ou de lois nationales, mais bien plutôtgrâce à un mouvement qui a pris naissance àl’échelle locale et dont Ourèye Sall est l’unedes figures de proue.

C’est la tête haute qu’elle explique aux vil-lageois, aux chefs religieux, aux dirigeants,aux journalistes et à la communauté interna-tionale sa décision de ne plus pratiquer l’exci-sion et le rôle qu’elle joue en vue de mettre finà cette pratique dans l’ensemble du Sénégal.

Le mouvement visant à éliminer l’excisiona pris naissance dans le village de MalicoundaBambara. Après avoir participé à un programmed’éducation de base financé par l’UNICEF etorganisé par l’ONG Tostan, les villageois ontdécidé d’abolir la tradition. Dans la langue dela région, le Wolof, Tostan signifie « grand suc-cès ». A la différence des programmes d’al-phabétisation des années 1970 et 1980 qui secomposaient de discussions menées par l’en-seignant et de répétitions de syllabes, Tostansuit une méthode participative. Les élèvess’assoient en cercle et s’instruisent au moyende jeux de rôle, de chansons, de proverbes, depoésie et de théâtre.

En 1997, deux ans après le lancement deTostan, les femmes de Malicounda Bambaraont cessé, avec l’appui de leurs maris et chefsreligieux, de pratiquer l’excision dans leur vil-lage. Invoquant les droits fondamentaux et lesconséquences sanitaires préjudiciables pourleurs filles, elles ont lancé un mouvement deréforme sociale. Une version simplifiée duprogramme d’origine a depuis été utiliséedans plus de 400 villages du Burkina Faso, duMali, du Sénégal et du Soudan, avec des résul-tats comparables.

A n’en pas douter, le programme d’ensei-gnement pratique axé sur les participants està l’origine de cette vague de militantisme social.

Simple et direct, ce programme transmetavant tout des informations techniques. Encommençant par l’initiation aux droits fonda-mentaux et la résolution de problème engroupes, qui constituent les modules de base,ces femmes acquièrent des connaissancesdans différents domaines : hygiène, réhydra-tation orale, vaccination, gestion financière etmatérielle, esprit d’initiative, dynamique degroupe, santé des femmes et activités rému-nératrices. Chaque module tient compte descoutumes, de la langue et des traditions du vil-lage, de façon à instaurer une ambiance derespect et des conditions adaptées aux stylesd’apprentissage des participants. Grâce auxactivités de mobilisation sociale, le processusd’apprentissage est participatif et présente unintérêt pour la communauté.

A mesure qu’ils suivent le programme, lesparticipants prennent l’habitude de discuter dequestions auparavant taboues. Le programmede Tostan présente des faits, et non des juge-ments de valeur. C’est aux participants de déci-der ce qu’ils souhaitent faire des informationsqu’ils ont reçues. « Si vous m’imposez votrepoint de vue, je m’y opposerai », expliqueDemba Diawara, l’Imam de Keur Simbara qui sedéplace de village en village pour mettre fin à lapratique de l’excision. « Mais si l’on me donnela possibilité de décider par moi-même, en toutedignité, je coopérerai sans réserve. »

L’une des activités du programme est unepièce de théâtre qui commence dans la salle declasse et se poursuit dans les villages des envi-rons. Les participants mettent en scène l’his-toire de Poolel, une fillette de huit ans devantsubir le rite traditionnel de l’excision. Commeles autres filles de son âge, elle est censéedevenir une « vraie » femme, propre, respec-table et prête au mariage.

Au fil de la pièce, Poolel se soumet au rite depassage mais saigne abondamment. Ayant peur

de la voir mourir, sa famille l’emmène voir l’infir-mière du dispensaire. Celle-ci envoie Poolel àl’hôpital de la région, où, malgré l’interventionde médecins, elle meurt le lendemain.

Après avoir discuté de la pièce et de leursréactions et avoir répondu à des questionsportant sur l’excision, de nombreux groupesde participants ont conclu qu’il fallait mettrefin à cette pratique traditionnelle. Forts de leurnouvelle compréhension des droits des femmeset des enfants, les participants sont fermementrésolus à protéger leurs filles, petites-filles,nièces et autres filles du village.

« Les femmes africaines sont des mèresextraordinaires et elles sont tellement dévouéesà leurs enfants », explique Molly Melching,directrice de Tostan. « Il est choquant d’entendredire que ce sont des mutilatrices. L’excisionétait pour elles une preuve d’amour, parlaquelle elles protégeaient l’honneur de leursfilles. C’est en mettant fin à cette pratiquepour protéger les droits fondamentaux et lasanté de leurs filles qu’elles expriment main-tenant leur amour. »

Au Sénégal, l’opposition à l’excision vientde la population elle-même, et de la collabora-tion active des femmes, des hommes et deschefs religieux et traditionnels.

Depuis que le mouvement a pris de l’am-pleur, le Parlement sénégalais a adopté uneloi nationale visant à abolir l’excision. Si leslois donnent certes plus de force à l’action dela population, ce sont néanmoins les déclara-tions de villages qui ont le plus d’effet. Cesdécrets adoptés publiquement jouent un rôledécisif. Alors qu’Ourèye Sall et d’autresfemmes se croyaient auparavant obligées deperpétuer la tradition, par peur que leurs fillesne trouvent de mari, elles sont maintenantconvaincues du contraire.

ENCADRÉ

2

N A I S S A N C E E T P R O M E S S E S N O N T E N U E S

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Figueres a supprimé l’armée. « L’arméeremet les clés des casernes, qui seronttransformées en centres culturels », a-t-ildit. « Nous sommes les piliers d’un nou-veau monde en Amérique. Le petit CostaRica offre son cœur et son amour au gou-vernement civil et à la démocratie. »10

Figueres pensait que les institutionsdémocratiques ne pourraient être consoli-dées au Costa Rica que si l’armée étaitdémobilisée. Il a également saisi l’occa-sion pour promouvoir simultanément lesdroits des enfants : d’un trait de plume, ila transféré au ministère de l’éducationl’intégralité du budget de la défense.

Plus de 50 ans plus tard, le Costa Ricacontinue de récolter les fruits de cettestratégie éclairée. Les dirigeants et les gou-vernements se sont succédé au cours desdécennies qui ont suivi le départ deFigueres mais aucun d’entre eux, qu’il soitde gauche ou de droite, n’est revenu surune tradition à laquelle le pays doitdepuis longtemps les meilleurs indica-teurs de développement humain de larégion. Pendant toute la terrible décenniedes années 80 qui a vu les escadrons de lamort et la torture ronger la société despays voisins – El Salvador, Honduras etGuatemala – , et alors qu’un conflit armécatastrophique faisait rage au Nicaragua,le Costa Rica maintenait le même cap pai-sible. En 1999, la mortalité des moins decinq ans, qui est souvent l’indice de déve-loppement humain le plus fiable car ilmesure un résultat et non un apport, étaitde 14 pour 1000 au Costa Rica, contre 60au Guatemala, 47 au Nicaragua et 42 enEl Salvador et au Honduras. « L’argent estvraiment allé aux écoles et à la santé », ditl’économiste Boris Segura. « Les arméessont de l’argent dépensé en pure perte.C’est aussi simple que cela. »11

A l’autre bout du monde, enAfghanistan, un pays où les enfants ontsouffert plus que les adultes de décenniesde conflits armés intérieurs, cela vaut lapeine de noter que l’on a également rele-vé, en 2000 et 2001, des exemples pro-bants d’aptitude à l’exercice de l’autorité.En 2000, quatre Journées nationales de lavaccination se sont déroulées dans lepays. Elles ont toutes les quatre permis devacciner en moyenne 5,4 millions d’en-fants contre la poliomyélite; cinq nou-velles campagnes de vaccination sontprévues pour 2001. Dans chaque cas, jus-

qu’à présent, les activités d’éradication dela poliomyélite ont été menées dans latranquillité : les factions belligérantes etleurs chefs locaux ont respecté la paix,considérant que la campagne de vaccina-tion avait la priorité12.

Affronter le VIHLes conflits sont l’un des principaux obs-tacles qui se dressent sur le chemin desdroits de l’enfant; le VIH/SIDA en est unautre. Au plan international, les paysindustrialisés n’ont pas pris suffisammentleurs responsabilités dans le combat mon-dial de la famille humaine contre le virus.Tous les pays les plus riches ont adoptédès le milieu des années 80 des mesuresurgentes pour enrayer la propagation del’épidémie parmi leurs populations res-pectives, moyennant des activités demobilisation, des campagnes de sensibili-sation du public et des initiatives dans ledomaine de la santé. Mais une fois qu’ilsont constaté que l’épidémie semblait maî-trisée sur leurs territoires respectifs, lesgouvernements ont été trop nombreux àfaire preuve d’insouciance face à ce quipassait dans le reste du monde. Les gou-vernements des pays industrialisés ne sesont intéressés que médiocrement à leurspropres statistiques concernant cettemaladie et ont fermé les yeux devant latragédie qui frappait les pays en dévelop-pement. Ce n’est qu’à l’approche du nou-veau millénaire qu’ils ont compris que,dans ce domaine, les frontières nationalesne comptent guère et que tout porte àcroire que nous en sortirons ensemble ouque nous périrons ensemble.

Le Conseil de sécurité de l’ONU aabordé pour la première fois la questiondu SIDA en janvier 2000, considérant quecette maladie constitue une menace pourla paix et la sécurité internationales. Dansle courant de la même année, le Directeurexécutif de l’ONUSIDA, Peter Piot, adéclaré : « Il ne fait aucun doute que l’an-née 2000 peut être considérée commecelle où le problème du SIDA a été perçuégalement comme un problème poli-tique (...). C’est triste à dire, mais vrai : lesprincipaux décideurs n’ont pour ainsi direcommencé à accorder de l’importance à laquestion que lorsqu’ils se sont renducompte qu’elle affectait sérieusement laproductivité et la croissance économique. »13

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Des chefs de file de la cause des enfants

Estimant que l’excision desfilles et des femmes « mutileaussi bien l’esprit que lecorps », l’ancienneCommissaire de l’Union euro-péenne Emma Bonino a lancéune campagne visant à fairereconnaître que l’excisionconstitue une violation flagrantedes droits fondamentaux et àmodifier la politique européennede droit d’asile à l’égard desfemmes qui sont menacées parcette pratique et cherchent àobtenir le statut de réfugiée.

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Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectif6

Evolution Amélioration, accompagnée d’une réduction de l’écart entre filles etgarçons. Le nombre d’enfants scolarisés a maintenant atteint un niveausans précédent

1990 78%

2000 82%

Objectif pour 2005 Élimination des inégalités entre filles et garçons dans l’enseignementprimaire et secondaire

Objectif pour 2010 Réduction supplémentaire de 50 % du nombre d’enfants non scolariséset taux net d’inscription à l’école primaire d’au moins 90 %

Observations Si le taux net d’inscription à l’école primaire augmente plus rapidementque le taux d’accroissement de la population, plus de 100 millionsd’enfants (dont 60 millions de filles) n’ont toujours pas accès à l’éducationde base. Il s’agit, dans la très grande majorité des cas, d’enfants quitravaillent, sont handicapés ou touchés par des conflits, sont issus defamilles défavorisées ou de minorités ethniques, ou vivent dans desbidonvilles, des régions rurales ou reculées. Ce sont avant tout des filles.

Sources : Nations Unies,Rapport du Secrétairegénéral, « Nous, lesenfants : Examen de finde décennie de la suitedonnée au Sommet mon-dial pour les enfants »,Nations Unies, New York,4 mai 2001; NationsUnies, Comité préparatoirede la Session extraordinaireconsacrée aux enfants,« Un monde digne desenfants », version réviséedu document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, NationsUnies, New York,juin 2001.

Accès universelà l’éducation debase : 80 % au moins desenfants d’âgescolaire restentà l’école jusqu’àla fin du cycleprimaire

Réduction de50 % du tauxd’analphabétismechez les adultes(par rapport auniveau de 1990)

Evolution Réduction de 16 %, bien que le nombre absolu se maintienne auxenvirons de 880 000, en raison de l’accroissement démographique

1990 25 % (895 millions d’adultes analphabètes)

2000 21 % (875 millions d’adultes analphabètes)

Observations L’analphabétisme touche principalement l’Asie du Sud et l’Afriquesubsaharienne. Les femmes sont également les premières concernées.

Taux

(net

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Taux (net) de scolarisation en primaire : évolution sur la période 1990-1998

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Afriquesubsaharienne

Asie du Sud et

de l’Ouest

Etats arabes - Afrique

du Nord

Amérique latine etCaraïbes

Asiecentrale

Asie de l’Est et

Pacifique

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Les profondes conséquences de l’épi-démie sur la vie des enfants et desmembres de leurs familles mettent endanger non seulement la vie et l’esprit dechacun d’entre eux mais aussi les espoirscollectifs de l’humanité. Dans son Rapportprésenté au Sommet du millénaire en2000, le Secrétaire général des NationsUnies Kofi Annan a instamment deman-dé à « tous les pays gravement touchés demettre en place un plan d’action nationaldans l’année qui suivra le Sommet »; il arecommandé que l’on se fixe explicite-ment pour but de réduire le taux d’infec-tion par le VIH; il a exhorté les paysdéveloppés à mettre au point, grâce à despartenariats novateurs entre le secteurpublic et le secteur privé, un vaccin contrele VIH qui soit à la fois efficace et d’uncoût abordable; il a demandé que l’onaméliore les soins et les services offertsaux millions de personnes qui vivent avecle VIH/SIDA; et il a exhorté les gouverne-ments, l’industrie pharmaceutique et lesinstitutions internationales à faire en sorte,ensemble, que les médicaments anti-VIHsoient plus largement accessibles là où ilssont nécessaires14.

Dans un rapport présenté en février2001 à la Session extraordinaire del’Assemblée générale des Nations Uniesconsacrée au VIH/SIDA, le Secrétairegénéral a dit de l’épidémie qu’elle était« une crise de gouvernance et une insuffi-sance de direction ». Et il a ajouté que« l’esprit d’initiative – tant à l’échellemondiale qu’au niveau local – est lameilleure arme contre l’épidémie »15.

Quelques mois plus tard, dans le cadrede ce qui est devenu une intense cam-pagne aux niveaux les plus élevés de lacoopération internationale, le Secrétairegénéral a lancé un « Appel à l’action » lorsdu Sommet des dirigeants africains sur leVIH/SIDA, la tuberculose et les autresmaladies infectieuses, qui s’est tenu enavril 2001, proposant de créer un Fondsmondial pour la santé et la lutte contre leSIDA, doté de 7 à 10 milliards de dollarsqui seraient versés par les gouvernementsdes pays donateurs et des pays en déve-loppement, ainsi que par le secteur privé.M. Annan a annoncé qu’il verserait à titrepersonnel les 100 000 dollars qu’il varecevoir en même temps que le PrixPhiladelphia Liberty.

Saisissant toutes les occasions de

convaincre qu’un tel appui financier estindispensable pour lutter contre leVIH/SIDA, le Secrétaire général a prolon-gé ce Sommet par une série de réunions.En juin 2001 par exemple, une consulta-tion internationale à laquelle ont partici-pé plus de 200 représentants de 50 pays,d’organisations multilatérales et d’ONG,de fondations privées et d’autres entités, aété organisée dans le souci de rendre lefonds opérationnel dans les meilleursdélais possibles. Des gouvernements, lesecteur privé, des fondations ont réponduà son appel. Ainsi, une société du GroupeCrédit Suisse, Winterthur Insurance, a faitune contribution d’un million de dollars.La Bill & Melinda Gates Foundation a deson côté fait un geste extraordinaire enannonçant une contribution de 100 mil-lions de dollars au Fonds, ce qui fait d’ellele plus important donateur privé à ce jour.

En juin 2001, l’Assemblée générale desNations Unies s’est réunie dans le cadrede la première session extraordinaireconsacrée à une maladie. Des délégationsnationales de haut niveau se sont enga-gées à redoubler d’efforts aux plans natio-nal, régional et politique et à se fixer desobjectifs précis pour contenir le fléau et lefaire battre en retraite. Dans une déclara-tion d’engagement, « Crise mondiale –Action mondiale », l’Assemblée a esquisséles secteurs à privilégier : prévention;amélioration de l’accès aux traitements etaux services, soins aux enfants dont lesparents sont morts du SIDA, renforce-ment des partenariats entre le public et leprivé, riposte multisectorielle et apportfinancier en quantité considérable16.

Le VIH/SIDA est en train d’anéantir lesefforts déployés par tous les pays dumonde pour donner la priorité au déve-loppement humain et aux droits desfemmes et des enfants. Dans la région del’Amérique latine et des Caraïbes, parexemple, on a calculé que 210 000 adulteset enfants ont contracté le virus en 2000,ce qui a porté à 1,8 million le nombretotal de personnes infectées par le VIH.Haïti est le pays de la région le plus tou-ché : on estime que 74 000 enfants y sontdevenus orphelins à cause du SIDA17.

Mais c’est en Afrique australe et orien-tale que l’épidémie fait les ravages les pluscatastrophiques. Après des décenniesd’amélioration régulière, les chiffres del’espérance de vie s’y effondrent pour

23L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Des chefs de file de la cause des enfants

Geoffrey Canada a grandi àHarlem, dans les rues de l’undes quartiers les plus durs deNew York. Et il y est resté, afind’aider les enfants et lesfamilles exposés à la drogue,à la violence et à d’autres dan-gers. Sa méthode : organiser àleur intention des programmesd’éducation, de logement etde non-violence.

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Pour les enfantset le développementdans les années 90

Sommet mondialpour les enfants

Objectif7

Cette catégorie regroupe des situations très diverses : les enfants quitravaillent, les enfants impliqués dans des conflits armés, les enfantsvictimes de violences ou d’exploitation sexuelles, les enfants emprisonnés,les enfants handicapés et les enfants issus de groupes sociauxdésavantagés. Ces situations étant souvent dissimulées, clandestinesou encore omniprésentes, il est particulièrement difficile de recueillirdes données à ce sujet.

Renforcer la protectiondes enfants vivant dans desconditions particulièrementdifficiles

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République-Unie de Tanzanie

Le SIDA et la mortalité infantile

Côte d’Ivoire

Libéria

Zambie

Mozambique

Kenya

Namibie

Afrique du Sud

Zimbabwe

Botswana

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22%

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50%

64%

Projection, pour les années 2000 a 2005, de la mortalité infantilechez les moins de 5 ans due au SIDA.`

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Afriquesubsaharienne

Asiecentrale

Asie etPacifique

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Amériques Europe Monde

Pourcentage de naissances non enregistrées (1998)

Chaque année, un tiers des naissances (soit 40 millions d’enfants) ne sont PAS déclarées

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N A I S S A N C E E T P R O M E S S E S N O N T E N U E S

Sources : Nations Unies,Rapport du Secrétairegénéral, « Nous, lesenfants : Examen de finde décennie de la suitedonnée au Sommet mon-dial pour les enfants »,Nations Unies, New York,4 mai 2001; NationsUnies, Comité préparatoirede la Session extraordinaireconsacrée aux enfants,« Un monde digne desenfants », version réviséedu document, A/AC-256/CRP.6/Rev. 3, NationsUnies, New York,juin 2001.

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rejoindre les taux correspondant à lapériode coloniale. Si le VIH/SIDA ravagedepuis 10 ans l’Afrique d’une façon sispectaculairement et effroyablement dif-férente que dans le cas des pays industria-lisés, ce n’est pas parce qu’elle a étéfrappée à l’aveuglette par un fléau, moinsencore parce que ses traditions sexuellessont différentes, mais plutôt parce qu’elleest pauvre : le SIDA est l’indice le plusimpitoyable des inégalités du monde oùnous vivons. Toute infection ne peut queprospérer dans un environnement marquépar la pauvreté, la malnutrition et l’eauinsalubre; c’est aussi vrai du VIH/SIDAque de la tuberculose ou de la rougeole.

Dans la lutte contre le VIH/SIDA, lespays industrialisés n’ont pas, tant s’enfaut, fait preuve de l’initiative et du dyna-misme nécessaires. Néanmoins, on attendégalement des pays africains qui sont leplus durement touchés par l’épidémiequ’ils sachent donner les impulsionsnécessaires – et les gouvernements de cespays ont réagi de façon notablement dif-férente à la menace croissante qu’ellereprésentait. Certains ont paru détermi-nés, des années durant, à adopter unepolitique de l’autruche, affectant d’igno-rer la marée montante de l’infection dansla région jusqu’à ce qu’elle devienne unedéferlante impossible à contenir. On s’ac-corde généralement à reconnaître quel’Ouganda, en revanche, a su montrer lavoie à suivre à la fin des années 80 et audébut des années 90 : le gouvernement ya lancé trois vastes campagnes de sensibi-lisation qui ont expliqué à la populationle mode de transmission du VIH, encou-ragé l’utilisation des préservatifs et analyséla nécessité d’adopter un comportementsexuel sans risque. Le Président YoweriMuseveni est lui-même monté au créneauen parlant franchement du virus et de sonmode de transmission alors que la discus-sion de tout ce qui touche à la sexualité restetaboue un peu partout dans la région.Sans vouloir sous-estimer les souffranceset les pertes que les Ougandais ont endu-rées à cause du VIH/SIDA, on peut doncdire que le pays est parvenu à maîtriserl’épidémie : le taux d’infection par le VIHa été ramené de 30 % des adultes au débutdes années 90 à 10 %, soit l’un des taux lesplus bas de la partie orientale de l’Afrique.

Lorsqu’un pays se trouve plongé dansune situation aussi désastreuse, il a d’au-

tant plus besoin qu’on lui montre la voieà suivre. Au Botswana, le gouvernements’est engagé sur la voie longue et pénibledu rétablissement en faisant de ce paysle premier pays africain à lancer un pro-gramme national de prévention de latransmission du VIH de la mère à l’en-fant. Un projet pilote a démarré en avril1999 dans les villes de Francistown etGaborone et devait être étendu au restedu pays entre juillet 2000 et décembre2001. Il fournit aux femmes enceintes desinformations, des consultations et des testsvolontaires et confidentiels, et met à ladisposition des séropositives, pendant lagrossesse et le travail, des médicamentsantirétroviraux et fournit du sirop à l’AZTau bébé pendant le premier mois de sa vie18.

L’Afrique n’est pas la seule à offrir desmodèles d’engagement politique dans ledomaine du VIH/SIDA. La Thaïlande a eule grand mérite d’être le premier paysd’Asie à admettre que le VIH/SIDA étaitun grave problème sur son territoire et àfaire de la lutte contre cette maladie unepriorité. Conscients des pertes catastro-phiques que l’Afrique avait essuyées, lesresponsables thaïlandais se sont attaquésplus rapidement à leur épidémie de VIHen lançant des campagnes de sensibilisa-tion de grande envergure. La « Campagned’utilisation des préservatifs à 100 % » aété érigée au rang de politique nationaleen 1991 : non seulement l’utilisation despréservatifs a été fortement encouragée,en particulier parmi les jeunes, mais leMinistère de la santé publique a entreprisde fournir gratuitement 60 millions depréservatifs par an, essentiellement auxprofessionnels de l’industrie du sexe.L’utilisation des préservatifs a alors rapi-dement augmenté de plus de 30 % et lenombre de personnes nouvellementinfectées a été très sensiblement réduit19.

Les enfants au centre despolitiquesLe Gouvernement mauricien, de son côté,a su jouer un rôle de direction en s’atta-quant aux problèmes de plus en plusgraves de l’enfance maltraitée et de l’ex-ploitation sexuelle des enfants à des finscommerciales. Il a créé un Service de pro-tection de l’enfance en collaboration avecl’UNICEF, le Haut Commissariat britan-nique et l’ONG Soroptimist Interna-

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Des chefs de file de la cause des enfants

« Si la paix est indispensableaux enfants, ils doivent eux-mêmes faire quelque chose ».Telle est la devise de FaridDadashev, un Azerbaïdjanaisde 11 ans qui a rassemblé plusd’un millier de signatures dansle cadre du Réseau azerbaïdja-nais de la paix d’enfant àenfant.

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ment, en dépit de redoutables obstacles.En 2000, le pays a signalé qu’il était fer-mement résolu à étendre les bienfaits dela vaccination aux populations vivantdans des régions reculées et mal desser-vies, en en faisant profiter un plus grandnombre de personnes – 65 % – que jamaisauparavant23. En Thaïlande, la vaccinationest pratiquement universelle : le gouver-nement finance directement le program-me de vaccination et a déclaré qu’il est enmesure de garantir qu’aucun enfant demoins de cinq ans ne mourra d’une mala-die que la vaccination permet d’éviter.L’objectif de l’éradication de la poliomyé-lite a également été atteint par les Nationsinsulaires du Pacifique, qui sont en bonneposition pour éliminer la rougeole et letétanos néonatal – sept pays de la régionsont parvenus à une couverture vaccinalede 90 % et réussissent à la maintenir.

Sur un plan plus général, certains gou-vernements ont, ces dernières années, prisd’excellentes initiatives pour tenter deprotéger les droits des enfants et d’amé-liorer leur vie – tandis que d’autres affi-chent un bilan particulièrement médiocredans ce secteur. En deux décennies,l’Oman a fait reculer la mortalité des moinsde cinq ans dans des proportions specta-culaires – les décès d’enfants sont tombésde 146 en 1980 à 16 en 1999, ce quitémoigne de l’attachement du gouverne-ment et, en particulier, du Ministre de lasanté, le Dr Ali bin Mohammed binMoosa, à la cause de la santé des enfants.

La Jamaïque, de son côté, s’est mon-trée disposée, ce qui est encourageant, àconsidérer que les enfants doivent êtreplacés au centre de la politique et desprogrammes. Le gouvernement met actuel-lement en service un Office du dévelop-pement de l’enfant qui aura une missiongénérale de surveillance, d’évaluation etde fixation de normes. Il a par ailleurs prisplus au sérieux que jamais auparavant lesproblèmes des adolescents en créant unCentre national pour l’épanouissementdes jeunes et en mettant en place unepolitique nationale de la jeunesse24.

Au Venezuela, la suppression des fraisd’hospitalisation et des honoraires descentres de soins, ainsi que des frais d’ins-cription dans les écoles primaires, aégalement été une initiative récenteextrêmement positive – tout comme l’in-corporation de la Convention relative

tional. Des agents de ce Service ont suiviune formation de deux ans auprès d’ex-perts de la protection de l’enfance venusdu Royaume-Uni et des centaines d’en-fants ont déjà profité de la sensibilisationque le Service a su encourager. Le gouver-nement a également déployé des effortspour tenter de venir à bout du problèmede l’enfance maltraitée à d’autres niveaux,en élargissant ses programmes de déve-loppement du jeune enfant et ses pro-grammes détaillés d’apprentissage des« compétences parentales » 20.

Les gouvernements de certains paysont fait preuve d’un grand sens politiqueen reconnaissant l’importance cruciale querevêtait l’adoption d’une politique spéci-fique et en considérant qu’il fallait remuerciel et terre pour la faire aboutir. On en aun exemple avec la décision prise par leMalawi en 1994 de rendre l’instructionprimaire gratuite et universelle. Cette ini-tiative s’est avérée extraordinairementpopulaire et a fait monter en flèche lesstatistiques de la fréquentation scolaire,qui sont passées de 1,9 million d’enfantsà 2,9 millions. Le système scolaire a enco-re du mal à accueillir tous les écoliers enpuissance – mais le principe de la gratuitéreste en vigueur. On ne s’étonnera pasnon plus de constater qu’un gouverne-ment qui se montre si attaché à promou-voir le développement humain dans undomaine donne également l’exempledans d’autres. Le Malawi a fait de l’éman-cipation des femmes une priorité en for-mulant en 2000 une politique nationaled’égalité des sexes et en s’associant à d’autrespays pour organiser la campagne « 16journées d’action pour enrayer la violen-ce contre les femmes ». En outre, le gou-vernement a maintenu au-dessus de 80%les taux de vaccination : aucun cas de rou-geole n’a été signalé en 2000 et il n’y a euaucun cas de poliomyélite depuis 199221.

Le Cambodge, la Chine et la Républiquedémocratique populaire lao ont joué unrôle particulièrement exemplaire en matiè-re de vaccination. Grâce à de multiplesJournées nationales de la vaccination et àune approche fondée sur le mouvementet s’appuyant sur les engagements prispar les pouvoirs publics, la Chine et laRDP lao ont toutes deux atteint l’objectifde l’éradication de la poliomyélite à la finde 200022. Le Cambodge a lui aussi éradi-qué cette maladie, et en trois ans seule-

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aux droits de l’enfant dans la Consti-tution et la nouvelle loi en faveur desenfants et des adolescents25. En Syrie, leGouvernement a pris une nouvelle ini-tiative consistant à offrir à 75 000 ado-lescentes une deuxième possibilité descolarisation, ce qui montre concrète-ment qu’il est de plus en plus déterminé àaméliorer la condition de la femme.

Autre exemple remarquable, celui duCap-Vert. Le Gouvernement a montrél’importance qu’il attache aux ressourcesbénéficiant aux enfants en affectant, pen-dant toutes les années 90, 29 % du budgetde l’Etat aux secteurs directement liés audéveloppement de l’enfant. Il a mêmeporté ce chiffre à 34 % au cours des deuxdernières années, dépassant ainsi large-ment les 20 % du budget que l’Initiative20/20 recommande26.

Le rôle moteur du secteur privéLes exemples de direction éclairée ne sontnullement l’apanage du secteur public. Lechef d’une entreprise qui refuserait de selaisser enfermer dans les critères étroits dela « compétitivité » ou des règles d’entre-prises similaires, et adopterait des normeséthiques rigoureuses contre le travail desenfants et en faveur des familles, fourni-rait ainsi un excellent exemple. On peutciter un cas particulièrement positif del’engagement du secteur privé au Cam-bodge, où M. Bun Barang, un marchandde sel qui contrôle la quasi-totalité du seldu pays, a promis d’ioder 60 % de sa pro-duction de 2001 et 100 % de celle de200227.

Il n’est pas difficile de montrer que lessociétés privées sont capables de prendrece genre d’initiatives éclairées et éthiquesdans le combat que le monde mènecontre le VIH/SIDA. La société Coca-Colavient d’annoncer qu’elle allait utiliser sonimmense réseau de distribution – qui luipermet d’apporter ses boissons non alcoo-lisées dans pratiquement tous les recoinsdu continent africain – pour aider àapprovisionner les dispensaires même lesplus difficiles d’accès en préservatifs,trousses de dépistage et documentation.Coca-Cola est l’une des nombreusessociétés affiliées au Conseil mondial desentreprises sur le VIH/SIDA, qui s’emploieà mobiliser le secteur privé. Ce Conseil,présidé par William Roedy, président de

MTV Networks International, comptenotamment pour membres MAC Cosmet-ics, AOL Time Warner, Daimler Chrysleret Unilever28.

S’appuyant sur un puissant mouve-ment social, le Gouvernement brésilien aprouvé que le traitement complet des per-sonnes atteintes du SIDA est tout à faitpossible dans le monde en développe-ment. Depuis 1997, chaque patient brési-lien reçoit le même triple cocktail quimaintient en vie les patients d’Amériquedu Nord et d’Europe. Cela a permis, parexemple, à Emerson, qui a sept ans et estséropositif depuis sa naissance, mais n’aété diagnostiqué qu’à l’âge de six ans,d’être encore en vie, en bonne santé etheureux. Le Brésil a ainsi réduit de moitiéson taux de mortalité par le SIDA, dimi-nué le taux de transmission et stabilisél’épidémie.

Mais il n’a pu le faire qu’en copiantdepuis 1998 des médicaments de marque,ce qui lui a permis de réduire considéra-blement le coût de ces médicaments : àRio de Janeiro, le triple cocktail coûte3 000 dollars par an, contre 15 000 à NewYork, et le Brésil compte en faire tomberbientôt le coût annuel jusqu’à 700 dollars.

C’est la vigueur des mouvementssociaux du Brésil pendant les années 90qui a conduit le gouvernement à adopteret à maintenir en place une politiqueradicale de lutte contre le SIDA. JoséSarney, qui est le premier Président civildu Brésil depuis la fin du régime militaireet qui était sénateur en 1996 lorsqu’il aappris le succès du triple cocktail, a décla-ré qu’il s’agissait d’une politique à appli-quer en priorité, même en faveur des pluspauvres : « J’ai vu que la plus grande par-tie des médicaments composant le cock-tail ne serait pas mise à la disposition despauvres, et j’ai eu le sentiment que nousétions en train de parler de la survie del’espèce. »29 Le sénateur a proposé un pro-jet de loi garantissant un traitement àchaque malade du SIDA et le projet a étéadopté. Au début de 1999, l’économiebrésilienne se trouvant en très mauvaiseposture, le gouvernement s’est presque vucontraint de réduire le budget en aban-donnant le programme relatif au SIDA.S’appuyant sur la société civile, lePrésident Fernando Henrique Cardoso atenu bon, convaincu qu’il était que lapolitique de clairvoyance devait prévaloir.

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Des chefs de file de la cause des enfants

A 12 ans, Aminata Diallo a“adopté” des enfants de sonvillage du Sénégal, qui sontmaintenant vaccinés régulière-ment. « J’ai noté leur nom dansmon carnet. Je vais les suivreun par un pour qu’ils ne man-quent aucun rendez-vous. »Aujourd’hui âgée de 22 ans,Aminata continue de défendrela cause des enfants et aentrepris de s’occuperd’un réseau d’enfants.

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Les enfants du Libéria : résolus à prendreleur destin en main

Le Libéria porte encore les cicatrices de laguerre civile qui a fait rage de 1989 à1997. Le bilan fut très lourd : cent cin-

quante mille morts, un million de personnesdéplacées et 666 000 réfugiés. Mais le plushorrible dans ce conflit, ce fut peut-être lerecrutement de quelque 15 000 enfants, enrô-lés de force comme soldats, parfois dès l’âgede six ans. Dans un pays dont l’infrastructurea été détruite et où d’innombrables vies ontété anéanties, la situation des enfants duLibéria semblait désespérée.

Et pourtant, le pays se redresse peu à peuet la population est plus déterminée quejamais à surmonter ces épreuves. Les enfantsen sont le meilleur exemple : ceux-là mêmesqui ont par le passé été exploités à des finsdestructrices s’emploient maintenant résolu-ment à améliorer leur sort.

Agé de seize ans, Solomon fait partie deces jeunes qui ont décidé de reprendre leurdestin en main. Après avoir appartenu à l’undes groupes les plus redoutés d’enfants sol-dats, Solomon participe maintenant à un pro-gramme de réinsertion et de formation à la vieactive financé par l’UNICEF. En s’efforçant dese défaire de son tragique passé, il explique :« Je veux me débarrasser de toutes ces atroci-tés ». Lorsqu’on l’interroge sur ses espoirs, ilrépond d’une voix douce : « Je veux retournerà l’école. Je veux renaître à la vie d’enfant. »

Le Libéria compte d’innombrables enfantsen passe de « renaître à la vie ». Si lestroubles civils, les sanctions internationales etles difficultés sociales continuent de poserproblème, c’est par leur optimisme que lesenfants parviendront probablement au renou-veau qu’ils souhaitent.

« Les enfants se sont battus aux côtés desrebelles et se comportent encore comme desrebelles », explique le magistrat Perry à pro-

pos de la criminalité des jeunes au Libéria. Parle passé, les enfants jugés problématiquesétaient placés en détention avec des adulteset subissaient de sévères punitions corpo-relles ou étaient victimes d’actes de violence.Cela ne faisait qu’intensifier et perpétuer leproblème. L’UNICEF et le Ministère de la justi-ce ont donc lancé un programme de moderni-sation du système judiciaire, de façon àinstituer des salles d’audience de mineurs. Lesmagistrats ont suivi une formation à la justicedes mineurs et l’UNICEF a financé le déplace-ment du Premier magistrat du Libéria enNamibie et en Afrique du Sud, où il a pu obser-ver les programmes judiciaires mis en place àl’intention des mineurs. Dès la fin de l’année2000, des programmes judiciaires pourmineurs ont été instaurés dans quatre comtés,où la détention de mineurs a été réduite de95 %.

Pour la première fois au Libéria, les tribu-naux accordent une attention particulière auxmineurs. L’inspecteur adjoint David White,vétéran de la police de la ville de Tubmanburg,reconnaît que la formation qu’il a suivie l’abeaucoup influencé. « Auparavant, je ne trai-tais pas correctement les enfants. J’étais tropbrutal avec eux », admet-il. « Depuis, on nousa demandé de ne pas traiter les jeunes délin-quants comme des criminels. Il faut se condui-re avec eux comme s’il s’agissait de nos propresenfants. »

Au lieu de qualifier certains enfants de « fon-cièrement mauvais », on prend maintenant encompte les « circonstances défavorables », envue de trouver des solutions pratiques. Lesjeunes délinquants sont aujourd’hui orientésvers des organismes où ils suivent une forma-tion professionnelle et où des conseillersréunissent les familles en vue de régler lesproblèmes. Zoe Thomas a bénéficié de ces

programmes. Installée devant une machine àcoudre à pédale, cette jeune femme de 19 ansconfectionne une robe d’enfant. « Je veuxm’améliorer, explique-t-elle. Je veux travailleret devenir autonome. » D’autres jeunes touchéspar la guerre ont appris à fabriquer des outilsagricoles à partir d’armes qui ne servent plus,afin d’aider leurs communautés.

Les jeunes que la guerre civile a privésd’un enseignement de base participent à unprogramme d’apprentissage accéléré financépar l’UNICEF, qui permet aux élèves trop âgésde reprendre leurs études en rattrapant cequ’ils ont manqué. Un jeune homme de 22 ansinscrit en troisième et quatrième année de pri-maire déclare : « Je suis revenu pour m’ins-truire. J’espère que je serai docteur un jour. »

Malgré les déceptions passées et les diffi-cultés qui subsistent, des communautésentières font preuve d’optimisme et d’ardeurau travail. Lorsque l’OMS, l’UNICEF et leMinistère de la santé du Libéria ont décidé delancer dans le comté de Bong un programmed’éradication de la polio, tout le monde arépondu à l’appel : les pouvoirs publics locauxaussi bien que les ménages. En 2000, six pro-grammes de vaccination à grande échelle ontété menés dans l’ensemble du pays. Le Libériaaffiche désormais un taux de couverture de 90 %.Le comté de Bong a atteint 100 %. « Nousn’avons pas l’habitude d’échouer, dans cecomté », se félicite le chef du comté.

Les enfants ne se contentent pas de rece-voir de l’aide, ils contribuent également pourbeaucoup à aider les autres. Lancée en mars2000, la radio « C’est la vie » est principale-ment gérée par des enfants qui « informentles enfants et les adultes d’un très grandnombre de questions sociales », expliqueKorlu Willie, élève de troisième année de l’en-seignement secondaire. Les émissions radioapprennent par exemple « aux enfants àprendre soin d’eux-mêmes, à écouter leursparents. Quelquefois, nous interviewons desfilles qui ne vont plus à l’école et qui ont quit-té leurs parents, fréquentent des hommes ettombent enceintes. C’est bien que les enfantsprennent la parole, car ils s’instruisent davan-tage. Ils écoutent les autres enfants. »

Lorsque les sans-défense prennent ladéfense des autres, lorsque les victimes finis-sent par vaincre, lorsque le salut vient desenfants, la communauté internationale doitprêter attention. Et s’inspirer d’un tel succès.

ENCADRÉ

3

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Les sociétés pharmaceutiques aurontbeaucoup d’occasions de donner la preu-ve de leur sens des responsabilités et deleur imagination face aux problèmes quepose le VIH/SIDA. La société Bristol-Myers Squibb Company a ouvert la voie àcet égard en annonçant qu’elle vendraitses médicaments contre le SIDA brevetésdidanosine and stavudine pour 1 dollarpar jour à tout pays africain s’employantà lutter contre la maladie avec le concoursd’organismes internationaux de premierplan, dont l’UNICEF. Cette initiative estl’aboutissement de fortes pressions exer-cées aux niveaux local et international.Les étudiants de l’Université Yale auxEtats-Unis, par exemple, ont lancé unevaste campagne exigeant que l’Université,à qui le brevet de la stavudine rapporte40 millions de dollars par an, use de soninfluence pour faire en sorte que les médi-caments contre le SIDA soient mis à ladisposition des pays africains et d’autrespays pauvres à un faible coût. En outre,un fabricant indien de produits pharma-ceutiques a proposé de fabriquer un pro-duit générique en le vendant à un prixégal aux trois quarts de celui de Bristol-Myers Squibb, ce qui le mettrait à la por-tée des systèmes de santé durementéprouvés d’Afrique subsaharienne.

Encore plus récemment, Pfizer a pro-posé de mettre la fluconazole – utiliséedans le traitement d’une infection céré-brale fongique très courante chez lesmalades du SIDA – gratuitement à la dis-position des habitants des pays les moinsavancés. Le laboratoire consacrera parailleurs 11 millions de dollars à laconstruction en Ouganda d’un centre deformation de médecins spécialisés dansla lutte contre le SIDA30. La sociétéGlaxoSmithKline a annoncé de son côtéqu’elle fournirait au prix coûtant troismédicaments contre le SIDA et un médi-cament antipaludéen à 63 des pays lesplus pauvres du monde31. Et dans unedécision que les militants de la luttecontre le SIDA appelaient depuis long-temps de leurs vœux, un groupe de socié-tés pharmaceutiques titulaires de brevetont abandonné le recours qu’elles avaientformé contre la régularité de la loi sud-africaine qui autoriserait la fabrication demédicaments meilleur marché. Ce sont làdes initiatives prometteuses et appréciées,mais beaucoup reste à faire32.

Certaines sociétés privées ont montréune aptitude à prendre des initiativesd’un type différent en trouvant le moyende permettre au commerce de pointe derépondre aux besoins des plus pauvres. Legéant finlandais du téléphone mobileNokia a pris des initiatives sociales axéessur les enfants dans de nombreux pays,comme l’appui financier au journal LePetit Maître en Chine, le développementdes compétences commerciales des jeunesSud-Africains et la participation à un pro-gramme d’encadrement en Allemagne.« Comme nous partageons le point devue selon lequel mieux vaut prévenir queguérir, a déclaré la société, nous partici-pons à des projets à long terme visant àaider les jeunes à bâtir leur présent et leuravenir sur des bases solides. »33 La ventede téléphones mobiles a également profi-té aux enfants palestiniens : la sociétéégyptienne MobiNil a fait don de 140 000dollars de ses recettes aux programmesque l’UNICEF gère en Cisjordanie et àGaza34. Au Bangladesh, GrameenPhonefait don à l’UNICEF de 2 dollars par télé-phone mobile vendu35. La société CiscoSystems Inc. s’est associée au Programmedes Nations Unies pour le développementpour créer Netaid.org, qui joue un rôlecapital dans les préparatifs de la sessionextraordinaire que l’Assemblée généraledes Nations Unies consacrera aux enfantsen septembre 2001.

Mais ce ne sont pas seulement dessociétés fabriquant des produits de hautetechnicité et de « nouvelle génération »qui montrent la voie à suivre en faveurdes enfants. La société indienne Tata IronCompany, qui a été l’un des partenairesfondateurs du Pacte mondial des NationsUnies avec le secteur privé, dirige un vasteprogramme intégré de santé maternelle etinfantile en faveur de ses employés maisaussi de toutes les personnes vivant dansun rayon de 50 kilomètres de son centreprincipal de fabrication. Tata consacrerégulièrement 10 % de ses bénéfices àl’action sociale36.

L’esprit d’initiative desparticuliersOn associe plus facilement les qualitésd’animation et d’esprit d’initiative à desparticuliers qu’à des organisations. Il fautbien se rendre compte que les exemples

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Des chefs de file de la cause des enfants

Tous les enfants des ruesd’Addis-Abeba connaissentGash Abera Molla, la fondationcréée par l’artiste et musicienéthiopien Seleshe Demessepour lutter contre la dégrada-tion de l’environnement de laville. Quelque 13 000 enfantset adolescents, dont beaucoupd’enfants des rues, se sontmobilisés pour participer aunettoyage de la ville et à laréhabilitation d’espaces quienlaidissaient la ville.

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La voixdesjeunes. . .

« Tous les enfants devraient avoir le droit de s’instruire, « le droit de bénéficier de laprotection de leurs parents », « le droit de jouer ». Un jeune Chinois

« Pour moi, le plus important, c’est d’avoir la possibilité de m’exprimer, de dire ceque je ressens ; c’est la différence avec les autres écoles, où ce n’est pas permis. »

Sara, élève en 3e année de secondaire, République dominicaine, (à propos de son école)

« Je pense que nous, Salvadoriens, nous devons reconnaître que les tremblements deterre du 13 janvier et de février ont été très durs, et que, sans l’aide de la communautéinternationale, nous en serions encore à chercher des solutions, que, grâce à leur aide,nous avons déjà obtenues. La responsabilité n’est pas celle d’un homme, il ne suffitpas de citer un nom, c’est notre responsabilité à tous, du plus petit ou plus grand… »

Carlos, 18 ans, El Salvador

« Les enfants ont eux aussi droit à des moments de bonheur. »

Une jeune Allemande de 12 ans

« A mon avis, la pire image que les médias donnent des jeunes, c’est quand ils montrentdes jeunes qui sont indifférents. » Efthimis, 15 ans, Grèce

« Je pensais que ce serait un échec. Je pensais que j’étais l’ambassadeur de tous lesadolescents. Si j’échouais, les gens penseraient que la prochaine génération est irres-ponsable et inutile. Il faut que je leur prouve qu’ils ont tort. »

Kuheli, 15 ans, Inde, à propos d’un projetde vaccination financé par la Fondation Netaid.org

« Nous, les jeunes, derrière notre façade, de bons ou de mauvais adolescents ou dequoi que ce soit, nous devons montrer que nous avons une cervelle et nous devonsoser dire ce qui nous semble vrai. » Seira, 20 ans, Indonésie

[La participation à la prise de décision] « nous donne un sentiment de coopération,nous donne l’impression d’être adultes et nous aide à avoir confiance en nous. »

Un jeune de la République islamique d’Iran

« [Nous] voulons coopérer avec d’autres jeunes, nous voulons également participer àla solution des problèmes. » Un jeune Jamaïcain

« Les adolescents que l’on voit à la télé sont différents de ceux qu’on voit en réalité etde la plupart d’entre nous. Ils sont splendides et ce sont des adultes en miniature. »

Ji-Hye, 12 ans, République de Corée

« C’est bien pour les enfants de donner leur avis, parce que c’est une façon de s’instruire.Ils font attention à ce que disent les autres enfants. »

Korlu, élève en 4e année de secondaire, Libéria

« Nous devons d’abord travailler de l’intérieur et ne pas attendre que les autresfassent tout. » Un jeune Péruvien

« Si j’avais le pouvoir de changer une chose au monde, ce serait que les enfants etles jeunes puissent participer à toutes les décisions qui les concernent. Pour chaqueconseil des ministres, il devrait y avoir un conseil de jeunes équivalent qui permet-trait aux jeunes d’analyser ce qui se passe dans leur région et de donner leur avis. »

Claire, 17 ans, Royaume-Uni

Changer lemonde avecles enfantsLa Déclaration universelle des droitsde l’homme :

■ consacre « les droits égaux etinaliénables de tous les membresde la famille humaine »,

■ stipule que « tous les êtres humainsnaissent libres et égaux en dignité eten droits » et

■ énonce que « l’enfance a droità une aide et à une assistancespéciales ».

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qui suscitent le plus l’inspiration dans cedomaine sont souvent fournis par despersonnes ordinaires dont les actionshors du commun révèlent ce qu’il est pos-sible de faire (voir Encadré 3).

Néanmoins, les particuliers qui met-tent leur nom et la célébrité dont ils jouis-sent auprès du public au service du biencollectif peuvent exercer une immenseinfluence. Un exemple classique en a étédonné en octobre 1999 lorsque 23 desintellectuels de premier plan que comp-tent l’Amérique latine et les Caraïbes ontpublié un manifeste émouvant et d’unegrande franchise dans lequel ils mettaienten demeure les gouvernements et les par-ticuliers de toute la région d’oublier leursdivergences pour élaborer un « pactesocial » en faveur de ses 192 millionsd’enfants et d’adolescents. Le groupe –qui comptait notamment les écrivainsCarlos Fuentes, Gabriel García Márquez,Elena Poniatowska and Ernesto Sábato – aappelé l’attention sur les graves consé-quences qui s’ensuivraient pour tous sil’on continuait à agir comme si de rienn’était. « En Amérique latine, a dit l’écri-vain uruguayen Eduardo Galeano, lamajorité des enfants sont pauvres et lamajorité des pauvres sont des enfants. Lasociété les utilise, les punit, parfois les tue :elle ne les écoute presque jamais et jamaiselle ne les comprend. » La romancièrechilienne Isabel Allende a ajouté : « Desmillions d’enfants meurent des suitesd’un manque de soins qui est cruellementtoléré par la société. Et nous sommes tousmembres de cette société. Vous et moi.Nos gouvernements ont tous ratifié laConvention relative aux droits de l’en-fant. Exigeons qu’elle soit respectée. »

Si l’on organisait un sondage d’opi-nion à l’échelle mondiale en demandantquelle personne vivante sur la scèneinternationale incarne le mieux le princi-

pe de direction éclairée, Nelson Mandelasortirait presque à coup sûr vainqueur oufigurerait parmi les tout premiers nomsretenus. L’ancien Président de l’Afriquedu Sud a été une source d’inspirationpour les habitants du monde entier, et cepas simplement par la façon dont il aanimé une cause ô combien juste – lareconnaissance des droits de la popula-tion noire de son pays et sa libération del’apartheid – ni même par l’immensesacrifice de soi que représentent les 27années qu’il a passées en prison parcequ’il croyait profondément à ses prin-cipes. Depuis qu’il a quitté la présidence,« Madiba » (comme l’on appelle avec res-pect) a continué d’œuvrer inlassablementen faveur de tous ceux qui sont privés deleurs droits en mettant son immense pré-sence morale sur la scène internationaleau service de justes causes – notammentpour tenter de régler les conflits et deconstruire la paix dans de nombreusesrégions du continent africain.

Avec Graça Machel, ancienne Ministrede l’éducation du Mozambique et spécia-liste de la question des enfants victimesdes conflits armés, Madiba s’est voué à lacause des droits des enfants. De concertavec l’UNICEF et d’autres organismes spé-cialisés dans ces questions, Machel etMadiba s’emploient à obtenir des diri-geants du monde qu’ils s’engagent à fairetout ce qu’il faudra pour offrir auxenfants un monde digne d’eux. « L’avenirde nos enfants dépend de la capacitéd’initiative et des choix que les dirigeantsfont, ont-ils déclaré. Nous invitons tousceux que nous avons déjà invités à sejoindre à nous dans un nouveau partena-riat mondial qui appelle ce changementde ses vœux. Nous invitons ceux quenous n’avons jamais rencontrés à s’asso-cier à nous au sein du mouvement mon-dial en faveur des enfants. »37

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Des chefs de file de la cause des enfants

A 24 ans, le journaliste KodjoDjissenou a déjà passé lamoitié de sa vie à défendre lesdroits de l’homme : en 1994,dans son pays natal, le Togo,il a fondé La Conscience,une ONG qui organise desprogrammes d’information etde mobilisation en faveur desdroits de l’homme et de ladémocratie. La Conscience estégalement le nom du journalqu’il publie et qui est rédigéentièrement par des jeunes.« S’il existe un espoir dechangement, explique Kodjo,ce sont les jeunes du paysqui en sont porteurs. »

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Depuis ses tout premiers jours, l’UNICEF invite lemonde à s’intéresser à la situation des enfants – auxnombreux laissés-pour-compte du fonctionnement

des sociétés nationales et de l’économie mondiale. Il met enlumière les souffrances qu’ils endurent du fait de la pauvretéde leurs parents, les effets délétères du manque de nourritureou de l’absence de vaccination et souligne les conséquencessur leur développement de leur mauvaise santé, des mauvaistraitements, et de l’absence de soins et d’instruction – etprend des dispositions pour réparer ces préjudices. Pendantles années 80, l’UNICEF a axé ses efforts sur la révolution dela santé de l’enfant, convaincu qu’il était que des opérationsfaciles à comprendre telles que la vaccination, l’allaitementau sein et la thérapeutique de réhydratation orale sauve-raient la vie de millions d’enfants. Les résultats ont étéremarquables, ce qui montre bien que lorsqu’il y a conver-gence d’une volonté politique, de connaissances et de res-sources, des problèmes apparemment insolubles peuventêtre réglés.

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II« Changer le mondeavec les enfants »

Cette jeune fille se fait prendre les mesurespour l’uniforme de son école à Rajasthan (Inde)U

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Instruire tous les enfants : Les aspirations du Nagaland

C’est dans une région reculée du nord-est de l’Inde, en bordure du Myanmar,que se trouve le Nagaland, une minus-

cule province montagneuse en proie depuisprès d’un demi-siècle à des conflits inces-sants. Les deux millions d’habitants de cetteprovince sont las de la violence, des menacesd’extorsion et de la peur quotidienne. Un cessez-le-feu précaire a été déclaré il y a trois ans.Comme l’écrit un étudiant à l’université, « Jeme souviens d’avoir connu la paix seulementquand j’étais petit – mais pas depuis. »

Avec l’appui du Secrétaire en chef duNagaland, le plus haut dirigeant de l’Etat, unesérie de séminaires de recherches pratiques aété organisée au Nagaland au début de l’an-née 2001, dans le souci de faire évoluer lasituation. Au cours de ces séminaires, les par-ticipants sont invités à « imaginer le Nagaland »en mettant l’accent sur l’Etat dans lequel ilssouhaitent vivre et non sur les problèmes aux-quels ils sont actuellement confrontés. Ilsprennent part à une série d’interviews enquatre phases – Découverte, Désir, Définition etDestinée. Un millier d’interviews ont été effec-tuées à ce jour et il est prévu d’en réaliser 20 000de plus. Chaque interview débouche sur sixautres interviews; l’enquête atteint ainsitoutes les couches sociales du Nagaland et faitparticiper les adultes et les enfants à unecause commune, la création de leur nouvellesociété.

En avril 2001, plus de 70 personnes prove-nant de divers horizons et de huit districts sesont réunies à l’occasion d’un séminaire de« Découverte ». Ils formaient en quelque sortele « tissu social du Nagaland » – des repré-sentants de tous les niveaux hiérarchiquesdes pouvoirs publics, des professionnels desmédias, des enseignants et des législateurs etdes ONG, y compris des représentants demouvements religieux et des militants desdroits de l’homme. Mais, surtout, près d’untiers des participants étaient des enfants etdes jeunes de différentes origines tribales.Beaucoup des adultes présents n’avaientjamais auparavant dialogué sur un pied d’éga-lité avec la jeune génération.

Au départ, les jeunes et les adultes avaientété séparés pour cet exercice. A la question « Enquoi le Nagaland est-il un Etat vivant ? », lesadultes se déclaraient fiers de leur riche héritageculturel, de leur stoïcisme face à la situationactuelle, de leur société sans classe et sanscaste, de leurs solides convictions religieuses etde leur désir de paix et de développement.

Le groupe des jeunes semblait plus tournévers l’avenir que vers le passé. Les enfantsestimaient que « le Nagaland doit s’affranchirdavantage de la violence ». Ils pensaient que

le développement communautaire était plusimportant que le développement individuel.Ils souhaitaient obtenir des parcs et des ter-rains de sports. Et ils déclaraient avoir besoind’enseignement primaire, car, pour reprendreleurs propres termes, « sans fondations, unbâtiment risque de s’effondrer ». Un étudianta écrit :

Ô futurs Nagas, arrêtons ce fléauRétablissons la paixMettons fin au règne des armes,qui n’est pas le nôtreCar nous ne pouvons survivredans cette ambiance deHaine, de conflit et de corruption.

Dès la fin de la première journée, la fran-chise et l’éloquence des jeunes, expriméesdans leurs dessins, leurs slogans et leurspoèmes, avaient touché les adultes. Lesjeunes ont résumé leurs atouts par rapport àla maturité, à l’expérience et aux responsabili-tés des adultes. « Nous sommes plus ins-truits, plus créatifs, plus sincères et pluscourageux et nous privilégions davantage l’ac-tion. » Leur liste de souhaits était claire : paix,unité, reboisement, davantage de progrèsscientifiques et technologiques dans l’Etat etdes garanties d’emploi à la fin de leurs études.

Un groupe de journalistes ayant participéau séminaire ont raconté leur expérience dansle journal local Northeast Herald : « Ceux d’entrenous qui pensaient connaître les problèmesde la société du Nagaland se sont aperçus enfait qu’ils étaient loin de tout savoir. » En écou-tant les élèves et les étudiants, ils ont comprisque « ce sont eux qui sont le plus directementconcernés par l’avenir… Beaucoup d’entre euxsavaient parfaitement quel avenir ils souhai-

taient connaître et la clarté de leur penséenous a stupéfaits ! Ce que nous avons entenduet ce à quoi nous avons assisté étaient mani-festement l’expression de leur angoisse. »

Dans un deuxième séminaire, deux son-dages ont été effectués auprès des intervie-weurs et des interviewés sur les 10 impératifsde l’Appel à la participation en faveur desenfants. « Éduquer tous les enfants » faisait figu-re de priorité dans tous les esprits. Venaientensuite « S’occuper de tous les enfants », « Luttercontre le VIH/SIDA » et « Écouter les enfants ».« Les enfants sont les dirigeants de demain –nous devons donc leur donner une bonne édu-cation si nous voulons être bien dirigés », aécrit l’un des participants.

Dans le même registre, un étudiant a noté :« J’imagine un Nagaland où les gens ont moinsde raisons de se plaindre et de critiquer, où lesenfants vont volontiers à l’école grâce à la quali-té des établissements et des activités extrasco-laires, où les villages participent à leur propredéveloppement et où chacun a conscience deson héritage culturel et y participe. »

Est-ce que ces aspirations – exprimées,répétées et interprétées – finiront par influen-cer la mentalité de la population du Nagalandet est-ce que cette évolution facilitera le chan-gement social nécessaire ? Oui, à en croire unétudiant qui écrit, dans une lettre : « A l’évi-dence, la situation que nous connaissonsactuellement résulte de ce qu’ont déjà fait nosprédécesseurs. L’heure est donc venue deréformer de nouveau notre société. Sinon,l’avenir sera de nouveau la conséquence duprésent et nous en serons responsables. »

Le logo « Imagine Nagaland » a été conçu par Abokou Metha,une étudiante qui a participé à la Réunion régionale de pré-paration à la Session extraordinaire consacrée aux enfants.

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Et puis, la Convention relative aux droitsde l’enfant, adoptée par l’Assemblée géné-rale des Nations Unies en 1989 et entréeen vigueur un an plus tard, a profondé-ment modifié l’engagement de la commu-nauté internationale envers les enfants. Al’instar de la Déclaration universelle desdroits de l’homme de 1948, la Conven-tion exposait des idées essentielles sur lareprésentation que l’humanité se faisaitd’elle-même et constituait pour toutesles générations futures un tournant et unpoint d’ancrage comme il n’y en avaitjamais eu auparavant. La Conventionexprimait une vision cohérente des droitsdes enfants et de la façon dont la sociétédoit les respecter, en se présentant commeun document juridique qui invitait lesgouvernements à accepter ses clauses, puisà rendre des comptes à leur sujet.

La Convention change la situationnon seulement parce qu’en la ratifiant,les gouvernements ont pris acte de leurresponsabilité morale, mais aussi parce quel’acceptation du principe selon lequel lesenfants ont des droits crée sa dynamiquepropre. C’est l’idée même que le mondese fait des enfants qui est en train dechanger. Dans l’optique de la Conven-tion, l’enfant devient un membre actif dela famille, de la communauté et de la

société. Il apparaît de plus en plus claire-ment que lorsque les adultes communi-quent avec les enfants d’une façon quirespecte leurs droits, tout change.

Telle a été la pièce essentielle qui s’estjouée sans bruit dans chaque pays dumonde au cours de la décennie écoulée :les enfants faisant l’apprentissage de leursdroits et les familles et communautésapprenant à changer d’attitude et de com-portement pour se conformer à ce prin-cipe du droit des enfants (voir Encadré 4).

Participation des enfantsLe point de vue de l’enfant n’est pasaccessoire : sa perspective du monde estdifférente. La participation des enfantschange la façon de raisonner et modifie laconception des projets et des progammes.« Si vous écoutez les enfants, vous faitesmieux votre travail. »38

Lorsque PLAN International UK a misen chantier un programme de construc-tion de maisons au Guatemala, parexemple, il avait d’abord pensé construiredes maisons d’une seule pièce. Mais aprèsavoir consulté les familles qui allaient yvivre, il a été décidé de choisir un modèleplus cher avec deux pièces. Pourquoi ?Parce que la société avait consulté non

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« Des entreprises en bonnesanté ne peuvent naître quedans une société en bonnesanté », affirme le BrésilienOded Grajew, qui a fondél’Instituto Ethos, une associa-tion d’entreprises ayant pourmission de développer lesactivités économiques sou-cieuses de l’intérêt collectif,et Fundaçao Abrinq, uneorganisation de défensedes droits de l’enfant quiencourage les entreprisesà respecter les enfants.

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PYALARA :De jeunes dirigeants palestiniens

D errière les grandes baies vitrées d’unbureau ensoleillé qui offre une vuepanoramique sur l’un des principaux

carrefours des environs de Jérusalem, dejeunes Palestiniens regardent passer le flotincessant des voitures tout en réfléchissant àleurs vies. Ils sont arrivés à l’âge des décisions :quel mode de vie choisir, quelle formationsuivre, pour quel avenir ?

S’ils sont venus dans ces locaux – del’Association des jeunes Palestiniens pour lesfonctions de direction et l’exercice des droits(PYALARA, en anglais) –, c’est pour rencontrerd’autres jeunes confrontés aux mêmes choix etéchapper momentanément à l’atrocité desconflits qui les entourent. A l’heure où de nom-breux jeunes Palestiniens redoutent de ne plusrien avoir à perdre, de n’avoir plus de raisonsde vivre ou de travailler ou de faire des études,d’être privés de tout pouvoir d’action et d’ex-pression, PYALARA offre un nouvel espoir. Avecl’appui de l’UNICEF, de Cordaid (Pays-Bas), dela Fondation Friedrich Naumann (Jérusalem),de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient etd’autres organismes, PYALARA touche environ150 jeunes de 14 à 22 ans.

« Nous n’essayons pas de convertir lesjeunes, mais nous nous efforçons de montrerà la plupart d’entre eux que la situation n’estpas désespérée », explique Hania Bitar, direc-trice générale de l’Association. « Noam Chomskyconsidère que les êtres humains ont avanttout besoin de créer, et non d’amasser. Nousvoulons aider nos jeunes à servir leur pays età exprimer leur passion et leur nationalismede façon créative et constructive », ajoute-t-elle.

PYALARA vise à accroître le pouvoir d’ac-tion des jeunes par des programmes de for-mation aux techniques de communication etd’information, par des séminaires organisésrégulièrement sur l’animation de groupe et lesdroits de l’enfant, par la solidarité entrejeunes et les conseils mutuels. Entre autresprojets, l’Association apporte son appui auxjournalistes en herbe qui publient le YouthTimes, le premier et le seul journal de jeunesqui soit distribué dans toute la Palestine.Lancé en 1998, ce mensuel de 16 pages, quicompte 7 000 lecteurs, est écrit en anglais et

en arabe. De la sélection initiale des sujetsd’article à la production finale, le journal estentièrement l’œuvre de jeunes, encadrés pardu personnel et des bénévoles. Grâce à un siteInternet récemment conçu (www.pyalara.org),le mensuel est maintenant diffusé dans lemonde entier.

Plus de 2 000 jeunes Palestiniens ontenvoyé leurs articles à PYALARA, s’adressantainsi à un lectorat national, régional et inter-national. Dans le milieu du journalisme, dominépar des adultes, ces jeunes Palestiniensessaient, par leurs écrits et leurs opinions, detrouver le ton juste. Cette année, ces jeunesjournalistes préparent un livre qu’il est prévud’intituler « Jeunes voix de Palestine ». Cetouvrage présentera au monde entier le récitde la vie de jeunes Palestiniens.

Mais ces jeunes ne sont pas seulement desjournalistes; ce sont également de jeunes diri-geants palestiniens. Constatant les ravages phy-siques et psychologiques provoqués par lasituation politique, PYALARA a lancé un pro-gramme de communication baptisé « We Care »(« On est là »). Ce projet consiste à former desjeunes aux techniques d’écoute et de conseilsmutuels, individuellement ou en groupe, afinde les aider à aider d’autres jeunes. Par leursoutien, ces jeunes adultes arrivent à remon-ter le moral de leurs camarades, en apaisantles tensions, en discutant de leurs problèmespsychologiques, affectifs et autres et en pro-posant des solutions concrètes.

« Pendant le bombardement de Ramallahd’il y a deux jours, j’ai tenu ma petite sœurserrée dans mes bras…. Je lui ai couvert lesoreilles de mes mains…. Je ne voulais pasqu’elle entende les coups de feu et les bom-bardements…. Je n’y suis pas arrivée…. Elleest partie en courant vers ma mère, qui pleu-rait elle-même à gros sanglots et se sentaitcomplètement impuissante », raconte Dima,âgée de 18 ans et étudiante en premièreannée à l’université Birzeit.

« A PYALARA, l’espoir prend une formeplus concrète », explique Saleem Habash, 18ans, qui fait partie des fondateurs del’Association. « Nous exprimons notre raisond’être et notre sentiment d’appartenance,

nous hiérarchisons nos besoins et nos préoc-cupations, nous acquérons des techniques decommunication et d’information, nous appre-nons à informer les autres et à dialoguer libre-ment avec les jeunes de Palestine et d’ailleurs,et nous apprenons à aider nos familles, nospairs, la société, et, surtout, à nous aidernous-mêmes. »

Le projet « We Care » fait œuvre de pion-nier en répondant aux besoins affectifs et psy-chologiques des enfants et des jeunes vivantdans une ambiance de violence quasi quoti-dienne. « Nous sommes “les enfants de laguerre des pierres”, comme nous ont baptisésles médias, mais nous n’avons pas pourautant des cœurs de pierre ! Nous avons lecœur brisé et les larmes aux yeux (pas forcé-ment à cause des gaz lacrymogènes !). Nosproches sont portés disparus et nos famillesbrisées. Le bombardement de nos villes, denos villages et de nos camps a laissé deprofondes cicatrices, et pas seulement surles murs en ruine », racontent de jeunesPalestiniens.

Avec le concours de l’UNICEF, un groupede ministres et d’ONG palestiniens a décidéd’apporter un peu de bonheur aux enfantspalestiniens, à l’occasion de la Journée del’enfant palestinien, qui a lieu le 5 avril. Sousle slogan « Nous voulons vivre notre enfance »,les jeunes membres de PYALARA ont conçu,réalisé et présenté des émissions spéciale-ment destinées aux enfants, qui ont été diffu-sées pendant tout le mois d’avril. D’aprèsHania Bitar, le message était clair : « Pour sur-vivre, persévérer et préserver une certainequalité de vie, nous devons ménager uneplace au rire, à l’enfance et à l’innocence. »

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seulement les parents, mais aussi leursenfants. Les filles ont dit aux chercheursqu’elles ne voulaient pas avoir une seulepièce où tout le monde dormirait ensemblecar « alors on nous touche là où nous nevoulons pas être touchées».

Autre exemple, le rôle qu’a joué PLANdans la vie d’une communauté pauvre deNairobi. Au départ, les adultes avaient ditque les enfants avaient besoin de bâti-ments scolaires en meilleur état. Mais,consultés séparément, les enfants avaientprésenté leur propre liste de priorités. Ilsvoulaient des bâtiments scolaires enmeilleur état, certes, mais ils voulaientsurtout des écoles où on ne les battraitpas et où les maîtres seraient présents; ilsvoulaient des rues avec moins d’ordures;des pères qui ne rentrent pas ivres à lamaison; et une protection contre les vio-lences sexuelles.

On le voit, les messages des enfantspeuvent être embarrassants pour lesadultes – mais plus le message est embar-rassant, plus il y a de chances qu’il n’au-rait pas été compris ou prévu si l’onn’avait pas cherché à obtenir directementle point de vue des enfants. C’est particu-lièrement le cas des violences physiquesou sexuelles, que les chercheurs ont retrou-vées dans toutes les enquêtes qui pre-naient la peine de consulter les enfants.Lorsque l’UNICEF à Suriname a consultédes enfants en âge de fréquenter l’écoleprimaire dans le cadre d’une campagnede promotion des droits de l’enfant àMarowijne en juillet 1999, il a constatéque les châtiments corporels figuraientparmi les violences les plus graves. Il adonc organisé, en 2000, des activités com-plémentaires destinées à montrer auxadultes la façon de discipliner les enfants,tant à l’école qu’à la maison, sans recou-rir à la violence physique. En outre, lesadultes ont participé à deux ateliers degestion du stress pour acquérir une apti-tude à la maîtrise de soi39.

Il peut même s’avérer très utile deconsulter des enfants d’âge préscolaire.Dans un quartier pauvre de Londres, on ademandé à un groupe d’enfants de quatreet cinq ans de réaliser une peinture muraledécrivant leur environnement local commeil était, puis comme ils aimeraient qu’ilsoit. Les chercheurs ont eu la surprise deconstater que les enfants ne voulaient pasde terrains de jeux couverts d’herbe. Quelle

en était la raison ? Ils préféraient le bétoncar, dans l’herbe, ils avaient du mal àvoir les morceaux de verre cassé, lescrottes de chien et les aiguilles jetées parles toxicomanes40.

Quand il s’agit de concevoir des pro-jets en faveur des adolescents, ce seraitune grave erreur de ne pas solliciter leursvues et de ne pas en tenir compte (voirEncadré 5). Le Comité du Bangladesh pourle progrès rural (BRAC) connaît bien lavaleur de ce type de consultation, qu’ilpratique depuis plus de 20 ans. Non seu-lement l’apport des adolescentes a chan-gé du tout au tout le caractère des écoleset des programmes du BRAC, mais il aégalement fait voler en éclats les concep-tions initiales des agents des ONG, quiétaient persuadés que ces villageoises mani-festeraient davantage d’intérêt pour desprojets de mariage que pour s’instruire –ce qui montre bien le poids des traditionset perspectives culturelles qui, dans denombreuses régions du monde, entraventla participation et la consultation desenfants. A présent, les adolescentes suiventauprès du BRAC une formation d’ensei-gnantes et de coordonnatrices de centresde lecture – et même de photographes41.Au niveau national, les adolescentes duBangladesh peuvent faire entendre leurvoix à la télévision : ainsi, la nouvellechaîne privée Ekushey Television (ETV)diffuse une émission d’informations pré-sentées par des adolescentes, intituléeMukto Khobor 42.

Au Guatemala, les groupes de jeunesont été particulièrement visés par la per-sécution qui a sévi pendant la période dela dictature et les organisations de jeunesmanquent encore de dynamisme. Maison observe les signes d’une renaissanceet, dans la mesure où ces organisationsconstituent pour les adolescents la prin-cipale expérience de la démocratie, il estessentiel de les revitaliser afin de pouvoiraméliorer la situation des droits de l’hom-me dans ce pays. L’expérience de ces orga-nisations peut constituer une sourced’inspiration – en particulier pour ce quiest de leurs répercussions sur la vie deleurs membres. Dans la ville de VillaNueva, par exemple, le groupe de jeunesIqui Balam comprend une cinquantainede membres de deux bandes rivales. A lasuite du décès du jeune frère d’un des chefs,provoqué par une overdose de cocaïne, le

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En Sierra Leone, le père BertonGiuseppe, un Italien de 69 ansqui milite depuis 30 ans pourla protection des enfants etleur réinsertion, obéit à uneseule devise : travailler avecles enfants et pour les enfants.

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Des sondages d’opinion réalisés auprèsdes enfants

Ces deux dernières années, des inter-views détaillées ont été menées auprèsd’environ 40 000 enfants et jeunes de

9 à 18 ans vivant dans 72 pays d’Asie de l’Estet du Pacifique, d’Europe et d’Asie centrale etd’Amérique latine et des Caraïbes. L’UNICEF aen effet entrepris de recueillir systématique-ment leurs idées et opinions sur les questionsqui les touchent de très près. Dans le cadre decette enquête internationale, l’une des plusgrandes jamais réalisées auprès des enfants,l’UNICEF a interrogé les jeunes sur l’école, laviolence au quotidien, ce qu’ils attendent despouvoirs publics et bien d’autres sujets enco-re. Les résultats donnent un aperçu inesti-mable de la situation des enfants dans lemonde, telle que les enfants eux-mêmes laconçoivent.

Le droit à l’éducationEnviron la moitié des enfants d’Europe etd’Asie centrale et d’Amérique latine et desCaraïbes déclarent aller à l’école pour s’ins-truire. Lorsqu’on les interroge sur leursdroits, près de 60 % des enfants d’Amériquelatine et des Caraïbes évoquent spontané-ment le droit à l’éducation, et plus de 40 %souhaitent bénéficier de lois garantissant cedroit. En Asie de l’Est et dans le Pacifique,l’UNICEF a constaté que la moitié des enfantsinterrogés citaient spontanément l’éducationparmi les droits de l’enfant, et que, comme onpouvait s’y attendre, l’école était le principalsujet de conversation des enfants avec leursamis.

Lorsqu’on demande aux enfants d’Europeet d’Asie centrale ce qu’ils diraient à leursenseignants s’ils pouvaient s’exprimer libre-ment, 20 % déclarent souhaiter que les rela-tions entre enseignants et élèves s’améliorent.En Amérique latine et dans les Caraïbes, lesélèves associent souvent de mauvaises rela-tions avec les enseignants à des attitudesautoritaires et au manque de possibilités d’ex-pression des enfants.

Reconnus, entendus et aimésPlus de la moitié des enfants interrogés enAmérique latine et dans les Caraïbes ont l’im-pression qu’on ne les écoute pas, ni chez euxni à l’école. En Europe et en Asie centrale,plus de 60 % des enfants estiment que leursopinions ne sont pas suffisamment prises encompte par les pouvoirs publics; et seuls30 % déclarent faire confiance à leur gouver-nement. Près de 20 % des enfants estimentque participer aux élections ne sert pas àgrand chose.

Lorsqu’on les interroge sur ce qu’ils sou-haiteraient demander aux institutions sociales –l’église, le maire, les pouvoirs publics et lesautorités législatives – les enfants d’Amériquelatine et des Caraïbes souhaitent avant toutqu’une aide soit apportée aux pauvres et auxnécessiteux. Près de la moitié des enfants inter-rogés en Europe centrale et orientale, dans laCEI et les pays Baltes souhaitent que la situa-tion économique de leur pays s’améliore etque tout le monde ait du travail. Les enfantsde toutes les régions revendiquent égalementle droit d’être aimés.

La violence dans la famille et àl’extérieurEn Europe et en Asie centrale, six enfants surdix déclarent être témoins de comportementsviolents ou agressifs dans leur famille, et unpeu plus du quart des enfants interrogés enAmérique latine et dans les Caraïbes font étatde comportements très agressifs, notammentde coups et de cris, dans leur foyer. En Asie del’Est et dans le Pacifique, 23 % déclarent êtrebattus par leurs parents, pourcentage qui estencore plus élevé dans certains pays commele Cambodge (44 %), le Timor oriental (53 %)et le Myanmar (40 %).

En Europe et en Asie centrale, près d’unenfant sur cinq estime habiter dans un quartieroù l’on ne peut se promener en sécurité. Dansla région de l’Amérique latine et des Caraïbes,le sentiment d’insécurité est partagé par 43 %des enfants; environ 15 % des enfants interro-gés ont été eux-mêmes dévalisés.

VIH/SIDASeuls 15 % des 14-17 ans interrogés dans larégion de l’Asie de l’Est et du Pacifique disentêtre « très bien » informés du VIH/SIDA. Plusde la moitié des enfants interviewés en Europecentrale et orientale, dans l’ECO/CEI et lespays Baltes, et 40 % des enfants en Europe del’Ouest, disent être très peu ou pas du toutinformés de la maladie. En Amérique latine etdans les Caraïbes, un tiers des enfants esti-ment ne pas avoir suffisamment d’informa-tions en ce qui concerne l’éducation sexuelle,le VIH/SIDA et le problème des drogues. Dansdes pays comme l’Équateur, le Guatemala et lePanama, environ 20 % des enfants croient àtort que pour éviter de contracter le VIH/SIDA,il suffit de ne pas s’approcher des personnesséropositives. Quatre pour cent des jeunesinterrogés croient que le VIH peut se transmettreen touchant une personne séropositive. EnThaïlande et dans la région de l’Asie de l’Est etdu Pacifique, ce chiffre est de 10 %.

Justice sociale et paixPlus de la moitié des enfants interviewés enEurope et en Asie centrale estiment que lesenfants des familles pauvres sont victimes dediscrimination, et 46 % pensent que les enfantshandicapés ne sont pas traités de manièreéquitable. En Europe centrale et occidentale,plus de 40 % des enfants interrogés déclarentque, dans leur pays, les enfants d’origine eth-nique différente ne sont pas traités de maniè-re équitable. En Amérique latine et dans lesCaraïbes, environ 12 % des enfants sondéscitent le droit de ne pas être victime de discri-mination parmi les thèmes des lois qu’ilsaimeraient promulguer en faveur des enfantset des adolescents.

Dans la région de l’Amérique latine et desCaraïbes, un enfant sur cinq souhaite que lapaix règne dans son pays, ce chiffre atteignant50 % dans les pays des Andes. Et en Europe eten Asie centrale, environ 40 % des enfantsinterrogés par l’UNICEF aimeraient que leurpays soit un havre de paix. Leur volonté devivre dans un pays sans criminalité et sans vio-lence, et où règne la paix, prime d’ailleurs surleur désir de plein emploi et d’amélioration dela situation économique.

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groupe a renoncé à la violence et s’esttourné vers le théâtre, la musique et lesactivités de santé extra-hospitalière. Ilsont atteint un bon niveau artistique etcomposent des pièces dont les sujets sonttirés de leur propre expérience de façon àtransmettre des messages sur la violencefamiliale, la toxicomanie ou encore leSIDA. Avec l’aide de l’UNICEF, le groupeest en train de se transformer en ONG etpropose une formation d’animateur ainsiqu’une formation à la gestion de petitesentreprises.

Cela dit, il est encore rare que les enfantset les adolescents soient consultés.Soucieux de connaître leurs vues d’unemanière plus systématique, l’UNICEF aprévu d’organiser au niveau des régionsune série de sondages d’opinion auprèsdes jeunes, l’objectif à long terme étantde créer une base de données qui aideral’Organisation à évaluer dans quelle mesureles droits des enfants sont respectés 43 (voirEncadré 6 ).

Discrimination à l’encontredes enfantsLe fait de prêter attention à ce que lesenfants ont à dire montre bien la nou-velle voie que le monde doit emprunter sil’on veut respecter leurs droits fondamen-taux. L’ennui, c’est que le fait de ne pass’être soucié jusqu’ici de l’avis des enfantsles a rendus invisibles pour les respon-sables à tous les niveaux de la société et,comme l’a dit la Présidente du Parlementeuropéen, Nicole Fontaine, l’invisibilitédes enfants a « des conséquences fonciè-rement discriminatoires »44.

L’idée que les enfants soient victimesde discrimination choque tous ceux qui ysont confrontés pour la première fois. Ellepeut même rebuter ces militants qui fontcampagne depuis toujours pour les droitsde l’enfant. Notre première réaction, il estvrai, est de nous insurger contre cetteidée, car les enfants sont attachants etsuscitent naturellement notre sympathie.Comment ce genre de discriminationpourrait-il exister ?

La discrimination à l’encontre desenfants est généralement moins directeet flagrante que celle qui s’exerce, parexemple, à l’encontre de groupes raciauxou ethniques. On part du principe que lesenfants et leurs intérêts sont représentés

et protégés par les adultes, qu’il s’agissede leurs parents, de leurs enseignants oud’autres symboles d’autorité. Mais lesenfants n’ont ni le droit de vote ni ledroit de représentation politique, et n’ontpas accès non plus aux tribunaux (voirEncadré 7 ). Dans de nombreux pays, ilsrestent les seules personnes qu’il est licitede frapper. On leur demande rarementleur avis et les médias s’en font rarementl’écho d’une manière un tant soit peusérieuse.

Nul ne considère que les jeunes enfantsdevraient avoir le droit de vote : l’article12 de la Convention relative aux droits del’enfant énonce clairement que « sur toutequestion l’intéressant, [il convient deprendre dûment en considération] les opi-nions de l’enfant (...) eu égard à son âge età son degré de maturité ». Il est pourtantétrange, c’est le moins que l’on puissedire, que dans le monde entier, les ado-lescents peuvent être mariés ou envoyésà la guerre des années avant de pouvoirparticiper à des élections. Et dans unedémocratie, le fait que les enfants ne puis-sent pas voter peut avoir pour consé-quence que les représentants élus neprêteront pas attention aux intérêts desenfants. Le résultat net peut être catas-trophique pour les enfants. Au cours des20 dernières années, par exemple, on aenregistré un accroissement de la pauvre-té des enfants dans presque tous les paysde l’Union européenne et la part desdépenses publiques consacrées aux enfantsa diminué – alors que la croissance éco-nomique a été régulière et que le niveauglobal de richesses a augmenté.

Il convient de réagir dans deux directionsà la fois. Conscients des risques probablesd’une discrimination, fût-elle indirecte etnon malintentionnée, les gouvernementsdoivent mettre en place des dispositifsspécifiques afin de garantir que leurs poli-tiques et programmes respectent les droitsde l’enfant : ainsi, certains pays ont dési-gné des médiateurs chargés de concevoirdes mécanismes spécifiques pour prendreen compte les vues des enfants et desadolescents. En Bolivie par exemple, desOffices de protection de l’enfance ont étécréés dans 158 municipalités – et l’on sepropose d’en ouvrir au moins un danschacune des 314 municipalités du pays.Ces Offices ont participé activement à ladénonciation d’actes de violence qui

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Candlelight for Health andEducation est l’une des raresorganisations qui encouragentactivement les femmes à parti-ciper aux programmes sociauxen Somalie, grâce en grandepartie aux efforts et au rayon-nement de sa fondatrice,Shukri Ismail, une femme élo-quente et dynamique qui dirigeles opérations sur le terrain.

Des chefs de file de la cause des enfants

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« Je pense que nous, les jeunes, nous n’écoutons pas nos aînés parce que, dans la plupartdes cas, ils font le contraire de ce qu’ils prêchent, ce qui, à mon avis, n’est pas juste. »

Un jeune Africain

« La plupart des campagnes ne sont pas mises au point avec la participation desjeunes (…) c’est peut-être pour cela qu’elles ne sont pas efficaces, parce qu’il ne s’agitque de campagnes du Ministère de la santé faites par des adultes. Elles ne sont pas cool ! »

Une jeune Africaine

« En Azerbaïdjan, les parents sont souvent opposés à l’éducation sexuelle, tandis queles enfants y sont favorables. » Un jeune Azerbaïdjanais

« Mais pour changer nos comportements, il ne suffit pas d’être informé duVIH/SIDA. Il y a un autre facteur : le pouvoir. Le SIDA s’attaque principalement àceux qui n’ont pas de pouvoir, et les filles sont les plus vulnérables. Il arrive souventqu’elles aient des relations sexuelles parce qu’elles y sont contraintes ou qu’ellescèdent à des pressions. Ou bien, elles sont privées des informations dont ellesauraient besoin pour prendre une décision en toute connaissance de cause. Les fillesont rarement les moyens de négocier avec des garçons ou avec des hommes et ne sontpas suffisamment sûres d’elles-mêmes pour contester l’autorité de ces derniers; lesfilles ont peur de ne pas être appréciées si elles s’affirment trop. Même quand unefille prend une décision en connaissance de cause, elle n’a pas toujours la possibilitéde négocier de façon à avoir des relations sexuelles protégées. »

Hortense, 19 ans, Côte d’Ivoire

« Ils [les voisins] sont tous au courant. Ils pensent que nous sommes tous séroposi-tifs également. Avant, les gens aimaient vraiment bien ma mère. Ses frères l’aidaient.Par une ONG, elle a pu faire gratuitement un test de dépistage. C’est comme ça qu’ellea appris qu’elle était séropositive. Ensuite, elle nous a fait faire des tests parce qu’elleavait peur que nous soyons aussi séropositifs. Dieu merci, nous sommes tous séro-négatifs. Nos voisins ne sont plus comme avant – ils ont pris leurs distances. Ilsdevraient prendre leurs distances vis-à-vis du virus, et non de nous. »

Ammanuel, 13 ans, orphelin du SIDA, Ethiopie

« Ils [les autres membres de la famille] veulent nous séparer. Ils veulent que noussoyons leurs serviteurs. Personne n’a cherché à ce que nous restions ensemble et ànous aider. Ils ont choisi qui ils voulaient prendre chez eux – pour que nous soyonsà leur service – pas pour nous aider. Et nous ne voulons pas être séparés les uns desautres. Nous voulons rester ensemble. Nous sommes prêts à ne manger que des hari-cots, si cela nous permet de rester ensemble. »

Yemisrach, 21 ans, Ethiopie, dont les parents sont morts du SIDA

« Je dois dire que même si j’entends beaucoup parler du SIDA, j’ai toujours l’impressionque ça concerne les autres et que ce n’est pas un problème qui me touche directement. »

Lucie, 15 ans, Europe centrale et orientale

« Ce qui est sûr, c’est que je veux faire quelque chose qui soit utile aux autres. Lapriorité la plus urgente ces jours-ci est d’empêcher la propagation du VIH/SIDA, quidétruit notre pays. Les jeunes peuvent contribuer pour beaucoup à cette prévention ens’aidant les uns les autres à ne pas contracter le virus. Les jeunes doivent égalementparticiper à des activités constructives, de façon à améliorer leurs communautés. »

Teleza, 13 ans, Malawi

« Nous sommes tous des êtres humains normaux, nous marchons et nous parlons. »

Nkosi Johnson (décédé depuis), 12 ans, Afrique du Sud

« J’ai encore des moments de tristesse, mais je veux vivre pour voir ma fille grandir –je veux vivre pour ma fille. »

Lan, jeune Vietnamienne séropositive d’une vingtaine d’années

Sur leVIH/SIDA■ La moitié de tous les nouveaux cas

de séropositivité se produisent chezdes jeunes de 15 à 24 ans.

■ On estime qu’il y a actuellementdans le monde 1,4 milliond’enfants séropositifs de moinsde 15 ans.

■ 80 % des enfants séropositifs demoins de 15 ans sont africains.

■ Depuis le début de l’épidémie,4,3 millions d’enfants de moinsde 15 ans sont morts du SIDA.

■ Plus de 13 millions d’enfantsde 14 ans ou moins ont perduau moins l’un de leurs parentsà cause du SIDA.

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ment représentés les enfants placés dansdes établissements médico-sociaux, maisaussi des conseils de la jeunesse qui tra-vaillent en collaboration avec les 18 admi-nistrations locales du pays pour associerles jeunes au processus décisionnel46. EnAzerbaïdjan, le Forum de la jeunesse nonseulement permet aux adolescents d’adres-ser des recommandations au Ministèrede la jeunesse et des sports, mais il a, en2000, présenté au Parlement une recom-mandation ayant pour effet d’instituer,auprès de la Commission des politiquessociales, un groupe de jeunes faisant offi-ce de consultants. De plus, l’Azerbaïdjancompte un nombre de jeunes élus membresdu Parlement supérieur à la moyenne,et parmi lesquels se trouve la présidentede l’Organisation des enfants47. En Afriqueégalement, les parlements des enfants fontleur chemin : on a en créé sous une formeou sous une autre dans presque tous lespays du continent.

Comme l’ont dit dans une déclarationcommune les enfants assistant à la réunionde janvier du Comité préparatoire de lasession extraordinaire de l’Assemblée géné-

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Rodwell Jacha d’Image AfricaAdvertising a mis son expé-rience du secteur privé auservice d’une cause d’intérêtpublic : la lutte contre les vio-lences sexuelles infligées auxenfants. Une campagne média-tique lancée au Zimbabwe àl’occasion de la Journée 2000de l’enfant africain a sensibiliséla population à la question eta amené un plus grand nombrede personnes à demander desinformations (sur ce thèmeainsi que sur le VIH/SIDA)qui soient mieux “adaptéesaux enfants”.

Des chefs de file de la cause des enfants

seraient auparavant passés inaperçus,comme le cas récent des sévices sexuelsinfligés à une fille autochtone par 11 soldats.La mobilisation de l’opinion publique etdes médias locaux a débouché sur des pour-suites qui, naguère, auraient été haute-ment improbables45.

Cependant, les gouvernements doiventaussi trouver le moyen de prendre plussérieusement en considération les vuesdes enfants – et en particulier des adoles-cents. La multiplication des parlementsdes jeunes, par exemple, est un fait nou-veau important. Il ne faut toutefois pasles considérer (comme on est souvent tentéde le faire) comme une simple activitépédagogique organisée pour les enfants etadolescents qui y participent, mais commed’importantes institutions démocratiquesen elles-mêmes. Certaines des démocra-ties en formation d’Europe orientale et dela Communauté d’Etats indépendants –en particulier l’Albanie, l’Azerbaïdjan, laGéorgie et la République de Moldova –font œuvre de pionnières à cet égard. AuMoldova, il existe non seulement unParlement des enfants élu où sont notam-

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« Beaucoup d’adultes avaient approuvé le Mandat [pour la paix en Colombie] parcequ’ils y voyaient un bon exercice d’instruction civique pour les enfants colombiens.Mais, en votant en aussi grand nombre et en montrant que nous comprenions vrai-ment les conséquences que la guerre a pour nous, nous avons donné une leçon auxadultes : c’étaient eux qui n’avaient pas été à la hauteur. C’étaient eux qui n’avaientpas participé aux élections, nous avaient donné un gouvernement faible et avaientlaissé la guerre se poursuivre. » Mayerly, 16 ans, Colombie

« Ma mère, mes jeunes frères et sœurs et moi sommes partis ensemble de Senafelorsque les bombardements aériens ont commencé. Nous sommes allés directementdans les montagnes comme tout le monde et nous sommes restés cachés dans desgrottes pendant plusieurs jours. Ma mère a décidé que je devrais continuer le voyagetout seul, parce que mes frères et sœurs et elle ne feraient que me ralentir. J’avais peuret j’étais tout seul, mais j’ai réussi à me faire conduire à Adi Keyih. J’y ai retrouvéquelques garçons plus âgés de mon quartier. J’ai fait tout le voyage avec eux jusqu’àMai Habar. Maintenant, nous vivons tous ensemble dans une seule tente. Je n’ai pasde nouvelles de ma mère ou de mes frères et sœurs. Cela fait maintenant plus de deuxmois. » Mulugeta, 12 ans, Erythrée

« Ce que je n’aime pas, ce sont les bombardements [d’artillerie]. Il y en a quasimenttous les jours. C’est pour cela que nous avons dû changer deux fois l’emplacementde notre école. A l’emplacement précédent, lorsque les bombardements commençaient,nous devions courir nous abriter dans des caves. Il y a eu des blessés [de la localité],mais pas parmi les enfants de l’école. Tout de même, j’ai peur chaque fois quej’entends des bombardements. » Hadgu, 12 ans, Éthiopie

« Dans l’attentat d’Omagh (…) mon meilleur ami a été tué (…) Je ne m’en suis pasremis, mais il y a maintenant en Irlande du Nord un cessez-le-feu. Donc il n’y a plusde bombes, sauf que le cessez-le-feu risque bientôt de ne plus être respecté, et j’aimaintenant de nouveau peur que si le cessez-le-feu n’existe plus (…) il y aura tousles mois, peut-être même toutes les semaines, des morts, à seulement quelques cen-taines de kilomètres d’ici, et c’est désespérant de savoir qu’il y a des gens trop jeunespour comprendre pourquoi…. » Briain, 12 ans, Irlande

« Lorsqu’il y a un conflit en Europe, au Kosovo, le monde entier s’y intéresse et écouteles nouvelles. Mais en Afrique, il se passe des choses plus graves, et personne ne faitrien. Est-ce du racisme ? » Robert, 16 ans, Lettonie

« Je veux me débarrasser de toutes ces choses atroces. Je veux retourner à l’école.Je veux renaître à la vie d’enfant. » Solomon, 16 ans, Libéria

« La guerre nous touche directement et indirectement (…) quoi que nous fassions,elle est là, avec nous. Nous ne pouvons y échapper. Comme un ballon que l’on essaiede plonger sous l’eau et qui finit toujours par refaire surface. »

Mahesh, 16 ans, Sri Lanka

« Nous avons imploré le monde entier et beaucoup de gens sont venus prendre desphotos et nous ont promis de faire quelque chose, mais ils ne reviennent jamais etnous ne voyons jamais de résultats. » Un jeune Soudanais

« Je voudrais que vous fassiez passer un message. S’il vous plaît, faites de votremieux pour expliquer au monde entier ce qui nous arrive, à nous les enfants. Pourque les autres enfants n’aient pas à subir cette violence. »

Une fille de 15 ans, enlevée par la Lord’s Resistance Army (LRA) en Ouganda et obligée de tuer un garçon qui avait fait une tentative d’évasion.

« Je ne sais pas pourquoi la mort d’un demi-million d’enfants iraquiens à cause dessanctions ne suscite pas plus d’intérêt dans le monde. Je trouve qu’un demi-milliond’enfants, c’est vraiment beaucoup d’enfants. » Marwa, 10 ans, Etats-Unis

Sur lesconflits■ Sur les 35 millions de réfugiés et

de personnes déplacées que l’oncompte dans le monde, 80 % sontdes femmes et des enfants.

■ De 1990 à 2000, 2 millionsd’enfants ont été massacrés,6 millions blessés ou handicapésà vie et 12 millions ont été privésd’abri, à cause des conflits.

■ Entre 80 % et 90 % des morts etdes blessés que causent les conflitssont des civils – des enfants et leursmères pour la plupart.

■ Au cours des dix dernières annéesdu XXe siècle, plus d’un milliond’enfants ont perdu leurs parentsou ont été séparés de leur familleà la suite de conflits.

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rale des Nations Unies qui sera consacréeaux enfants, « Nous voudrions que lesadultes tiennent les promesses qu’ils nousont faites de façon à ce que nous puis-sions aspirer à un avenir meilleur (…).Nous plaidons également en faveur de laparticipation des enfants et des jeunesparce que nous connaissons mieux quepersonne les questions qui nous concer-nent. Nous demandons à nos gouverne-ments respectifs de respecter nos droits.La session extraordinaire a été convoquéepour les enfants : vous vous devez denous entendre. Après tout, si ce n’est pournous, pour qui tout cela a-t-il été conçu ?Les enfants doivent être vus et entendus,et non « vus et non entendus ».48

Le Mouvement mondial enfaveur des enfantsLa Convention relative aux droits de l’en-fant a exercé une profonde influence aucours de la dernière décennie du XXesiècle – et cette influence continue decroître, lentement mais sûrement, au fildes mois. Chaque jour voit s’élargir lepublic familiarisé avec l’idée des droits del’enfant; chaque jour, d’autres respon-sables de l’administration nationale etlocale s’accommodent des conséquencesde leur obligation juridique de respecterles droits des enfants; chaque jour, lesenfants et les adolescents sont plus nom-breux à réussir à faire respecter leur droitd’être écoutés et de façonner le mondedans lequel ils vivent en faisant évoluerle point de vue des adultes. Cette vagued’opinion et de mobilisation en faveur d’unobjectif commun donne naissance à unmouvement mondial composé d’enfantset de leur famille et de tous ceux que lesdroits de l’enfant ne laissent pas indifférents.

Soucieuses de donner à ce mouvementen plein essor la possibilité de se faireentendre, six organisations de premier planqui travaillent avec les enfants – BRAC,Netaid.org Foundation, PLAN Interna-tional, Save the Children, UNICEF etWorld Vision – se sont engagées ensembleà lancer un Mouvement mondial enfaveur des enfants. Ce mouvement uni-versel vise à réunir tous ceux qui sontconvaincus que les droits des enfants doi-vent être notre priorité absolue, que noussoyons parents affectueux, ministres, chefsd’entreprise dotés du sens des responsabi-

lités, enseignants ou encore spécialistesde la protection de l’enfance. C’est unmouvement qui monte en puissance etacquiert une force morale que les hommespolitiques ne pourront ignorer qu’à leursrisques et périls. Dans tous ses aspects – ycompris le fait que les enfants sont despartenaires nécessaires et à part entière –le Mouvement mondial consiste à prendrel’initiative pour les enfants.

Pendant les mois qui auront précédé laSession extraordinaire des Nations Uniesconsacrée aux enfants – laquelle, en sep-tembre 2001, fera le bilan des activitésréalisées depuis le Sommet mondial pourles enfants et adoptera des objectifs et desnormes pour la période suivante – , ceMouvement aura mobilisé l’appui de lacommunauté internationale en faveurd’un programme en 10 points qui vise à« changer le monde avec les enfants ».Son Appel à la participation proclame cequi suit : « Nous devons – nous, citoyensde tous les pays et membres de familles,de communautés et d’associations diverseset variées de la société civile – nous enga-ger à participer à la mise en place d’unMouvement mondial en faveur des enfants,croisade irréversible qui permettra enfinde vaincre la pauvreté, la maladie, la vio-lence et à la discrimination qui ont inuti-lement assombri et anéanti la vie de tantd’enfants. Nous y sommes déterminés,car nous savons que pour défendre aumieux les intérêts des enfants, c’est dansle cadre de nos activités quotidiennes, enagissant du fond du cœur et en écoutantles enfants et les jeunes eux-mêmes quenous serons le plus efficaces. En tant quemembres de la famille humaine, noussommes tous, sans exception, respon-sables. Et nous devons tous assumer cesresponsabilités. »

Une campagne de masse dirigée versles simples citoyens porte actuellement cemessage dans les villages et les villes dumonde entier. Jeunes et vieux sont invitésà « Dire oui pour les enfants », en optantpour ce qui, à leur avis, constitue lesmesures prioritaires à prendre. La mêmequestion est posée aux gens qui consul-tent le site www.gmfc.org/fr sur Internetet offrent leur appui. On encourage égale-ment tous les participants à approfondirle débat et à présenter des idées concer-nant les mesures à prendre, et les résultatsde cette « matrice de mesures » sont com-

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Le plus jeune militant sud-africain de la lutte contre leSIDA, Nkosi Johnson, s’estéteint en juin 2001 à l’âgede 12 ans. L’influence qu’il aexercée pendant sa courte viese fera longuement sentir. Il anon seulement démenti le pro-nostic qui lui avait été donné(plus que 9 mois à vivre), envivant 10 ans de plus, mais aégalement fait pression auprèsdu Parlement sud-africain pourque les enfants atteints duSIDA aient le même droit àl’éducation que les autres. Sesefforts ont abouti à l’adoptiond’une loi anti-discriminatoireprotégeant les enfants atteintsdu SIDA qui veulent aller àl’école.

Des chefs de file de la cause des enfants

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ENCADRÉ

7Mouvement mondial en faveur desenfants : un rôle pour tout le monde

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Cette “matrice de mesures” est gérée par Save the Children pour le Mouvement mondial en faveur des enfants. La page sur Internet n’existe qu’en anglais pour l’instant.

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à Sofia tandis qu’un lancement ana-logue avait lieu dans 10 autres villes.La télévision nationale diffuse l’appelDire oui tous les jours après les émis-sions pour les enfants et avant les prin-cipales émissions d’information du soir.

■ Le lancement de la campagne Dire ouiau Burkina Faso s’est déroulé lors duFestival panafricain du cinéma et de latélévision à Ouagadougou. Les cinéastesprésents ont laissé les empreintes deleurs mains dans l’argile, moyen évo-cateur de s’engager en faveur desenfants.

■ Au Cambodge, le Premier MinistreHun Sen a lancé la campagne pendantune émission de télévision spéciale dif-fusée à une heure de grande écoute, enremplissant le premier formulaire departicipation et exhortant tous lesCambodgiens à suivre son exemple.

■ Le Président chilien Lagos a utilisé lamanifestation Dire oui pour lancer unepolitique nationale et un plan d’actionintégré pour les enfants et les adoles-cents, et a annoncé qu’on lui présen-terait officiellement les résultats deplusieurs mois d’engagements à la mi-août, le Jour de l’enfant au Chili.

■ En Côte d’Ivoire, le Président Gbagboa pris le premier engagement du paysdevant un public de 2 000 enfants, dechefs coutumiers et de chefs d’entre-prise qui ont assisté au spectacle donnépar de jeunes saltimbanques, chan-teurs et danseurs, et entendu une inter-vention du Président du Parlement desenfants.

■ En Georgie, les cloches de la grandecathédrale Sameba ont sonné à toutevolée pour annoncer le lancement dela campagne Dire oui le 1er juin. Lescérémonies se sont déroulées au Palacedes enfants et de la jeunesse, sous l’égi-de de Mme Nanuli Shevardnadze,l’épouse du Chef de l’Etat. De jeunesvolontaires avaient installé plusieurscentres de collecte de signatures et ontdistribué des formulaires de partici-pation. A la fin de la journée, ils enavaient recueilli plus de 10 000. Le 12juin, le Président Edouard Shevardnadze

pilés et analysés par la Save the ChildrenAlliance en vue de leur présentation à lasession extraordinaire (voir Encadré 7). Lesite du Mouvement mondial sur Interneta été créé et géré par Netaid.org – qui estelle-même une co-entreprise publique etprivée associant le Programme des NationsUnies pour le développement et la socié-té Cisco Systems, le type même d’asso-ciation dont le Mouvement mondialencourage la création – et un autre parte-naire fondateur du Mouvement mondialpour les enfants, World Vision, consentun effort particulier à sa promotion.

Les lancements nationaux de la cam-pagne « Dire oui pour les enfants » ont étéspectaculaires tant par leur diversité quepar la renommée de leurs protagonistes :présidents et premiers ministres, célébritésmusicales et sportives, chefs religieux etécrivains ont coopéré avec des milliers d’en-fants pour toucher un aussi vaste publicque possible. Parmi les temps forts de cettecampagne, lancée dans le monde entier àpartir de mars 2001, relevons les suivants :

■ En Azerbaïdjan, la campagne Dire ouia été lancée à l’occasion du Tournoiinternational de lutte libre, en raison dela popularité de ce sport dans le pays.Le champion du monde de lutte stylelibre Namiq Abdullayev a été l’un despremiers à s’engager.

■ Au Bangladesh, le Président, le PremierMinistre et le chef de l’opposition onttous signé des formules d’engagementen avril, ce qui montrait la solidité duconsensus s’étendant à l’ensemble despartis, selon lequel la cause des enfantsdoit être une priorité.

■ Dire oui a été officiellement lancéele 26 mars en Belgique, et les médiasnationaux et les publications de jeunesen ont largement rendu compte. Ungroupe de défenseurs de premier plande la cause des enfants dans le pays acoopéré à la promotion de la cam-pagne, avec le concours du Ministèrede l’éducation, du Mouvement de lajeunesse et d’autres entités. Des for-mules d’engagement en français et enhollandais ont été largement diffusées.

■ Le Président bulgare Stoyanov a signéle formulaire de participation en avril

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Le père Júlio Lancelottidéfend depuis longtemps auBrésil la cause des enfants etdes adolescents. Récemment,il s’est battu pour réformerles centres de détention desjeunes délinquants et a aidédes femmes séropositives etleurs enfants à garder ou àobtenir un logement etd’autres services.

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Victoire de l’espoir – Il est vrai que le monde n’a pas été bonenvers les enfants. Il est vrai également que le statu quo n’est pas for-cément immuable. La campagne Dites oui pour les enfants, lancéepar l’UNICEF dans le cadre de sa contribution au Mouvement mon-dial en faveur des enfants, a mobilisé des communautés du mondeentier, en encourageant un débat public sur les droits de l’enfant eten collectant les bulletins d’adhésion des millions de personnesconvaincues que tout enfant a le droit de vivre en bonne santé, dansla paix et la dignité. Sur les photos, dans le sens des aiguilles d’unemontre : le Secrétaire général des Nations Unies Kofi A. Annan;Harry et Julie Belafonte en Afrique du Sud; Madame le PremierMinistre du Bangladesh SheikhHasina; Rania, Reine de Jordanie;Graça Machel, Kamo Masilo etNelson Mandela au Mozambique;et sur chaque photo, des enfantsqui ont hâte de changer le monde.

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a signé son propre formulaire etannoncé qu’il participerait à la Sessionextraordinaire consacrée aux enfants enseptembre.

■ Lors du lancement de la campagneDire oui au Ghana, le Président Kufuora promis au Parlement des enfantsqu’il rendrait l’éducation de base gra-tuite et obligatoire et développerait leprogramme de formation des maîtres.

■ En Haïti, dans un contexte marqué parl’agitation politique et sociale, des mil-liers d’enfants et de représentants d’ONGont entendu le Président Aristide s’en-gager à assister à la session extraordi-naire consacrée aux enfants et à garantirl’éducation pour tous d’ici à 2004. Lesenfants se sont exprimés spontanémentet ont plaidé pour que leurs droitssoient respectés et qu’il soit mis fin à laviolence contre les enfants haïtiens.

■ Au Honduras, le lancement de la cam-pagne a eu lieu en mai et les différentesconfessions du pays organiseront enaoût une vigile nationale. L’équipenationale de football soutient la cam-pagne en portant des T-shirts Dire ouilors des matches internationaux.

■ En Jamaïque, le Premier MinistrePatterson a lancé la campagne Dire ouile 1er mai lors de l’émission nationaleradiotélédiffusée qui a donné le coupd’envoi du Mois national des enfants.La campagne se déroulera dans le cadrede manifestations déjà programméestelles que des marchés dans la capitaleen juin, des colonies de vacances géréespar des associations religieuses et localeset des ONG en juillet, une expositionagricole en août et une session duParlement des enfants en septembre.

■ La Reine Rania de Jordanie a lancé lacampagne Dire oui en mai et il a suffide 21 jours pour que celle-ci dépassel’objectif fixé en rassemblant un mil-lion d’engagements.

■ Le Président Ratsiraka de Madagascars’est personnellement engagé à garan-tir l’exercice des droits des enfantsdans le pays et à protéger les enfantscontre tout traitement discriminatoire.

Il a déclaré : « Nous continuons d’affir-mer aujourd’hui que l’enfant est roi ! »

■ Le 1er juin, Journée des mères et desenfants en Mongolie, le Président, lePremier Ministre et le Gouverneurd’Ulaanbaatar ont engagé les citoyensdu pays à Dire oui. L’idole nationale dela musique pop Ariunaa a été nomméeEnvoyée spéciale de l’UNICEF pour lesenfants et elle a rendu publique unechanson, intitulée Dire oui, qu’elle avaitcomposée et qu’elle a chantée avecd’autres chanteurs le jour du lance-ment de la campagne.

■ L’appui de la famille royale a égalementété obtenu au Maroc, où la PrincesseLalla Meryem a lancé en mai unecampagne nationale à l’occasion de laJournée nationale des enfants.

■ Dire oui a démarré le 26 avril auMozambique, lors d’une manifestationanimée à laquelle assistait une foulenombreuse et dont les événementsmarquants furent la participation de150 étudiants, la promesse faite par leMinistère des femmes et du bien-êtresocial que le gouvernement donneraitson appui, et le concert endiablé de lagrande chanteuse Julia Mwithu. LesONG nationales, appuyées par desONG internationales, ont distribué desformulaires de participation et récoltédes adhésions dans tout le Mozambique,comptabilisant plus de 50 000 signa-tures à ce jour. Le 1er juin, Journéeinternationale de l’enfant, le présidentJoaquim Chissano a marqué son adhé-sion devant des milliers de personnesrassemblées à Maputo.

■ Le 1er juin, dans le cadre d’une journéede fête qui a vu le lancement de cinqinitiatives majeures en faveur desdroits des enfants, plus de 500 enfants,parlementaires, enseignants et dispen-sateurs de soins s’étaient réunis pourassister à l’ouverture, par quatre ministresd’Afrique du Sud, d’une session infor-matique au cours de laquelle ils ontrempli la version pour enfants de l’en-gagement de l’Afrique du Sud intitulée« Hear My Voice» [Laissez-moi m’ex-primer][www.children.gov.za] et lancéla campagne Dire oui sur le nouveau

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site Internet de l’Office des droits del’enfant, à la Présidence.

■ Au Soudan, la campagne, baptisée « Direoui à la paix pour les enfants » prendde l’ampleur. Un groupe d’artistes sou-danais, sous l’impulsion du célèbreacteur Ali Mahdi, participera à une« Marche pour les Enfants » de 250 km,en s’arrêtant dans les villages sur leurroute afin de présenter une pièce dethéâtre et de récolter des signatures.Dans le sud du Soudan – une desrégions les plus isolées et les durementtouchées par les conflits – des bulletinsd’adhésion sur papier seront distribuéspuis récoltés par le biais des écoles oudes programmes de vaccination etd’information sanitaire sous l’égide duprogramme d’urgence Opération Survieau Soudan. On récoltera aussi les for-mulaires de participation dans 500« Villages amis des enfants » dans lesrégions de Kordofan, Darfur, Nil etGedarif.

■ En Tanzanie, le Président Mkapa a pré-sidé le lancement officiel de la cam-pagne Dire oui et écouté les enfantsvenus de 20 régions du continent et del’île de Zanzibar plaider ardemment pourla suppression des frais de scolarité.

■ Dans l’ex-République yougoslave deMacédoine, la société Makednski Postia fait distribuer des cartes postalesaffranchies par les quotidiens et dansles écoles et centres socioculturels dupays. La star nationale du hip-hopVrcak fera campagne pour Dire oui jus-qu’à la fin du mois de septembre.

■ Le lancement pour la région de l’Europecentrale et orientale, de la Communautéd’Etats indépendants et des Etats baltes,s’est déroulé à Istanbul (Turquie) à l’oc-casion d’une émission de télévision àgrand spectacle produite pour célébrerla Journée nationale des enfants. Lesenfants de 41 pays ont exhorté les diri-geants du monde à placer la protectiondes enfants au premier rang de leurspréoccupations.

■ Dans le cadre d’un lancement régio-nal, des enfants, jeunes et adultes detous les milieux se sont rassemblés le

25 avril pour donner le coup d’envoide la campagne Dire oui au plus grandmusée pour les enfants de Mexico.Signalant d’entrée de jeu l’importancede cette campagne, les enfants onténoncé les dix points de l’engagementDire oui et plusieurs personnalitésmexicaines éminentes ont pris la pre-mière série d’engagements du pays.

■ En Afrique de l’Ouest, 300 chefs cou-tumiers du Burkina Faso, du Cameroun,du Mali, de la Mauritanie, du Niger, duNigéria, du Sénégal et du Tchad ontsigné l’Appel à la participation auMouvement mondial en faveur desenfants. Ils ont conféré leur immenseautorité morale et religieuse à un appelen faveur des droits des enfants et desfemmes et se sont prononcés en faveurde l’instruction des filles et contre lemariage précoce.

Le lancement de la campagne Dire ouià travers le monde en 2001 a été un évé-nement remarquable : dans bien des cas,les dirigeants politiques ont demandé ins-tamment à leurs propres populations dene cesser de leur rappeler qu’ils doivent« tenir leurs promesses » à la session extra-ordinaire. Il nous appartient à tous deveiller à maintenir cette pression sur nosdirigeants, non seulement jusqu’en sep-tembre, mais aussi dans les années quiviennent. Nous pouvons le faire en pre-nant nos propres engagements, en ajou-tant notre voix à toutes celles qui, de plusen plus nombreuses à travers le monde,ont décidé de Dire oui pour les enfants.

Nul d’entre nous n’est trop importantou trop peu important pour s’engager enfaveur de cette cause. Comme le précisebien le Mouvement mondial en faveurdes enfants, « Nous faisons appel à vous,où que vous soyez, en vous demandantde faire, au moment et de la façon qui vousconviendront, tout ce qui est en votrepouvoir pour les enfants. »

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L’une des rares Ghanéennesà avoir fait des études d’ingé-nieur, Akosua Mfumuwaaa fondé Akos EngineeringService, une entreprise quifabrique des machines-outilsd’aide à la récolte, activitéeffectuée par les femmes, quipassent de longues heures àtravailler pour subvenir auxbesoins de leur famille. Elleforme également de jeunesfemmes des milieux rurauxà l’apprentissage d’un métieret à la création de leur propreentreprise.

Des chefs de file de la cause des enfants

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Il est incontestable que les pays qui sont économique-ment les plus puissants du monde doivent prendre desinitiatives en faveur des droits des enfants. Mais les gou-

vernements des pays en développement ne peuvent se pré-valoir du handicap dont souffre leur pays pour s’abstenir demobiliser les énergies au nom des enfants. Les droits desenfants sont indivisibles et primordiaux. Toutes les sociétésne doivent avoir de cesse que les droits de tous soient garantiset respectés.

Investir en faveur des enfants, c’est tout simplement lemeilleur investissement qu’un gouvernement puisse faire.Aucun pays n’a pu se hisser au niveau d’un développementappréciable et soutenu sans investir de façon substantielle auprofit de ses enfants. Selon la Banque mondiale, l’un des fac-teurs importants qui, parallèlement à une bonne gestionmacro-économique, expliquent pourquoi les pays d’Asieorientale ont nettement mieux réussi leur développementéconomique, dans les années 70 et 80, que ceux d’Afriquesubsaharienne est le fait qu’ils avaient investi des sommesconsidérables en faveur des enfants au cours des décenniesantérieures. En d’autres termes, ils récoltaient ce qu’ilsavaient semé au cours des années 50 et 60 dans le terrain fer-tile de la santé, de la nutrition et de l’éducation des enfants49.

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IIILes actions qui peuventchanger le monde

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Une mère et son fils en Tunisie

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52 L E S A C T I O N S Q U I P E U V E N T C H A N G E R L E M O N D E

« Je sais que mon père n’avait pas le choix. Mais pourquoi est-ce que mon frère va àl’école alors que je n’ai pas le droit d’y aller ? » Une jeune Chinoise

« Les enfants autochtones ont rarement la possibilité de définir leur identité et l’imagequ’ils ont d’eux-mêmes – ce qui les empêche de faire des études – et ils perdent leursterres, par manque de documents, et n’ont plus de maison ou de foyer. »

Enfant autochtone, Costa Rica

« Aujourd’hui, je suis servante et je vis avec une famille d’Arsi Negele. Je ne peux pasvivre avec ma famille à la campagne. Les filles qui s’échappent après avoir été enle-vées ne sont pas acceptées dans notre culture – on les déteste. Donc au lieu de vivreavec ma famille et de me sentir détestée, je préfère vivre et travailler avec des étran-gers et continuer à aller à l’école (…) les gens considèrent d’un autre œil les filles qui,comme moi, se sont échappées après avoir été enlevées. Ils parlent de notre passé etnous traitent comme si nous n’étions pas des êtres humains. Dans ma nouvelleécole, les gens ne me posent pas de problème parce qu’ils ne sont pas au courant.Mais ceux qui le savent ne s’approchent pas de moi. » Shegitu, 16 ans, Ethiopie

« Je suis triste de ne pas avoir la possibilité d’aller à l’école (…) au moins, on me donnela possibilité d’apprendre à coudre, mais j’aimerais tellement pouvoir aller à l’école ! »

Abena, 13 ans, Ghana

« Au travail, les jeunes sont toujours beaucoup moins bien payés que les gens plusâgés. Même s’ils sont au moins aussi utiles, on ne considère pas qu’ils font partie dela main d’œuvre. » Deepti, 17 ans, Inde

« Les jeunes n’ont pas les mêmes droits que les adultes, les femmes n’ont pas lesmêmes droits que les hommes et les personnes handicapées n’ont pas les mêmes droitsque les personnes sans handicap. Et c’est le problème dans le monde entier : luttercontre ces formes de discrimination. Et nous luttons, nous aussi. J’ai l’impression defaire évoluer les choses dans cette société, alors je n’ai pas l’impression qu’il y ait dela discrimination dans ce pays. Même s’il y en a, d’accord. Mais je pense que nousallons faire évoluer les choses. Nous allons parvenir à l’égalité. »

Layali, 17 ans, Jordanie

« En tant que jeune Africaine et en tant que fille, je me sens plusieurs fois désavan-tagée, non pas à cause de mes conditions de vie, mais à cause des images et des repré-sentations de ma vie, de mon passé, de mes aspirations et même de mon avenir, qued’autres personnes ont créées et véhiculent. Lorsque j’aurai l’âge de jouer un rôledans le monde, je n’en aurai pas la possibilité, parce que les préjugés des autres, ren-forcés par les images qu’ils associent à ‘l’Afrique’, ont déjà déterminé la place que jedevrais occuper, sans respecter le droit que j’ai de décider de ma propre image. »

Alison, 17 ans, Kenya

« On ne peut pas aller tranquillement faire des courses ou se promener. Peut-être quesi j’étais un garçon, cela n’arriverait pas. » Nosie, 15 ans, Namibie

« Prenons le cas d’une famille où il y a un garçon et une fille, c’est la fille qui vafaire toutes les corvées ménagères. S’il y a un sacrifice à faire, ce sera à la fille de lefaire. Par exemple, si la famille a moins d’argent, on enverra la fille vendre deschoses dans la rue et le long de l’autoroute. La plupart du temps, ils la « donneront »à un vieil homme ou ils l’initieront à la prostitution. Même nos mères sont coupablesde tels actes. Ce n’est pas du tout normal, les gens devraient changer d’attitude faceaux filles et aux femmes. » Taiwo, 13 ans, Nigéria

Sur ladiscrimination■ Sur la centaine de millions

d’enfants non scolarisés que l’oncompte dans le monde, 60 millionssont des filles.

■ Il « manque » dans la populationmondiale entre 60 et 100 millionsde femmes, qui, en raison de leursexe, ont été victimes d’infanticides,de foeticides, de malnutrition ou demauvais soins.

■ 90 % des domestiques – l’emploile plus fréquent des enfants quitravaillent – sont des filles de12 à 17 ans.

■ Dans certaines régions, le tauxde séropositivité est cinq foisplus élevé chez les filles quechez les garçons.

La voixdesjeunes. . .

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En outre, dans les années 90, l’UNICEF aétudié neuf pays en développement etl’Etat indien du Kerala. Ils avaient tout étéchoisis pour leurs excellents résultatsdans les domaines de la santé et de l’édu-cation, qui étaient très supérieurs à ceuxde pays connaissant une situation écono-mique analogue. Il s’agissait de déterminers’il existait un quelconque dénominateurcommun dont les autres pays en dévelop-pement pourraient s’inspirer. Il y en avaitun, en effet. Les gouvernements consi-dérés – Barbade, Botswana, Costa Rica,Cuba, Malaisie, Maurice, République deCorée, Sri Lanka, Zimbabwe et l’Etat duKerala – étaient souvent très différents surle plan des orientations politiques, maisils avaient tous décidé d’investir pour lesenfants en faisant prendre en charge parl’Etat les services sociaux de base. Chacunde ces pays a donc régulièrement consacréune part du revenu national plus impor-tante que ses voisins à l’instruction primai-re et assuré la gratuité de la scolarisationprimaire50.

En revanche, des études réalisées récem-ment dans plus de 30 pays montrent queles services sociaux de base représententen moyenne entre 12 et 14 % du montanttotal des dépenses publiques51, ce qui estloin d’être suffisant : les gouvernementsdevraient envisager de consacrer au moins20 % de leur budget aux services sociauxde base, ce qui est l’objectif qui a étéaccepté au titre de l’Initiative 20/20 lorsdu Sommet mondial pour le développe-ment social en 1995.

Les pays qui n’investissent pas suffi-samment dans les services sociaux de baseet qui ne donnent pas, de ce fait, à leurpopulation les moyens de faire face à l’in-stabilité et aux inégalités – ou de profiterdes possibilités – associées à la mondiali-sation, se placent eux-mêmes dans unesituation très difficile. L’accès universel àces services fournit en effet un « amortis-seur social » qui permet d’emprunter lechemin cahoteux de l’économie mondia-lisée, d’augmenter les chances des pauvreset de démocratiser l’ensemble du proces-sus de mondialisation52.

Impulsions stratégiquesLes décisions des dirigeants politiques ontdes répercussions importantes sur la vieprivée des familles, des premières annéesd’un enfant jusqu’à l’âge scolaire; sur lesannées d’apprentissage, correspondantenviron à l’âge de la scolarité primaire; etsur l’adolescence, période où l’enfant s’ef-force d’appréhender toute la complexitédu monde.

Le développement du jeune enfant

L’importance primordiale du développe-ment du jeune enfant est beaucoup pluscommunément acceptée qu’elle ne l’étaitau moment du Sommet mondial pour lesenfants, en 1990. Il ne saurait y avoir dedéveloppement humain si la petite enfan-ce ne fait pas l’objet de soins de qualité.Ces soins sont également un droit fonda-

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Source : Rapport de l’OCDE sur la coopération pour le développement 2000, et UNICEF/PNUD 1998

Figure 1. Le sous-investissement dans les services sociaux de base

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APDEducation de base

Santé et nutrition de baseEau et assainissement

Budgetnational

Teleza Mseche sait que le SIDAdétruit son pays et que lesjeunes ont les moyens deréagir. « Les jeunes peuventjouer un grand rôle en matièrede prévention, en s’aidant lesuns les autres à ne pas contrac-ter le virus », explique-t-elle.A 13 ans, Teleza est la prési-dente du club de lutte contrele VIH/SIDA de son lycée, ainsique la présidente de la sectionlocale de guides. Elle a été l’undes trois jeunes représentantsdu Malawi lors de réunionsinternationales organiséesà New York et à Nairobi.

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La famille est l’unité sociale de base danslaquelle l’enfant est élevé et protégé. »C’est en ces termes que Sa Majesté la

reine Rania Al-Abdullah s’est adressée à desexperts jordaniens du développement de lapetite enfance, qu’elle a chargés de formulerune stratégie nationale d’amélioration des soinsapportés aux enfants. « Tout effort entreprisen matière de développement de la petiteenfance ne peut donc être qu’étroitement lié àune volonté plus globale d’amélioration dubien-être de la famille dans son ensemble, aajouté la reine, et des femmes en particulier. »

Constituée par la reine Rania, l’Équipe natio-nale en faveur du développement de la petiteenfance recense actuellement les domainesd’action à privilégier – par exemple, les toutespremières années de la vie, pendant lesquellesles enfants commencent à acquérir des capacitésde réflexion et d’apprentissage, ainsi que lesfondements des valeurs et des comportementsqu’ils adopteront à l’âge adulte. L’Équipe natio-nale soumettra ensuite ses recommandations àl’examen du Gouvernement jordanien. D’après lareine Rania, « en Jordanie, nous privilégions cer-taines interventions de façon à doter noscitoyens – pas seulement les parents et les col-lectivités, mais également les jeunes qui serontles parents de demain – des connaissances etdes compétences qui permettent d’élever desenfants. Ce n’est que dans ces conditions quenous mettons véritablement en valeur, à cetteétape décisive de leur vie, les talents et le poten-tiel des enfants, qui représentent notre avenir. »

En Jordanie, les enfants restent générale-ment à la maison jusqu’à l’âge de six ans et sontgardés par leur mère, leurs frères et sœurs plusâgés ou parfois leurs voisines. La plupart despères ne participent pas du tout ou très peu àl’éducation de leurs enfants. En 1996, dans lecadre de sa politique à long terme de soutiendes services communautaires, l’UNICEF a mis aupoint le Projet d’amélioration des compétencesparentales. Ce projet s’adresse aux parents, auxenseignants et aux futurs parents que sont lesjeunes, et les aide à acquérir les compétencesqui leur permettront de répondre le mieux auxbesoins de leurs enfants. La Jordanie a été l’undes premiers pays à adopter ce projet sous saforme expérimentale, grâce à l’appui de 10 par-tenaires : le Projet d’habilitation communau-taire; Al-Nasir; l’Union générale de sociétésvolontaires; l’Union des femmes jordaniennes;la Fondation hachémite de Jordanie pour ledéveloppement humain; le Ministère de lasanté; le Ministère du développement social; leMinistère de la jeunesse; la Fondation Noor Al-Hussein; l’UNICEF; et l’Office de secours et detravaux des Nations Unies pour les réfugiés dePalestine dans le Proche-Orient.

La première étape a consisté à constitueren Jordanie une équipe nationale de forma-teurs, en faisant appel aux organismes et aupersonnel participant déjà aux programmesvisant à améliorer les compétences parentaleset à sensibiliser la population à la santé, à lanutrition et aux besoins cognitifs et sociaux del’enfant. Des stratégies de communicationmises en œuvre dans les médias et dans lescommunautés ont permis de faire passer lemessage auprès des familles et de diffuserdes informations sur l’éducation et le dévelop-pement des enfants. Des groupes de parents,y compris des pères, se sont réunis pour dis-cuter, avec l’aide d’animateurs, de leurs pré-occupations et faire part de leurs idées. Lesenseignants de l’école maternelle et le per-sonnel des crèches ont également été invités àacquérir des compétences supplémentaires.

Le Projet d’amélioration des compétencesparentales a obtenu des résultats remar-quables : pendant les trois premières années,plus de 13 000 parents y ont pris part (12 257femmes et 960 hommes). Au terme du pro-gramme, les participants se sentent davan-tage compétents dans leur rôle de parents etont constaté que le comportement de leursenfants s’améliorait. Tout cela a été réalisé àun coût raisonnable : 3,75 dollars par enfant.

Au cours de ses travaux, l’Équipe nationaleen faveur du développement de la petiteenfance a déjà défini les priorités suivantes :adopter des lois protégeant les droits de l’en-fant; moderniser les services de santé s’adres-sant aux femmes enceintes; améliorer lessoins apportés aux enfants dans les crèches;moderniser l’enseignement dispensé en mater-

nelle; aider les parents à mieux s’occuper deleurs enfants; faire en sorte que les enfantshandicapés disposent des services néces-saires; aider tout particulièrement les enfantsqui sont sans abri, orphelins ou obligés demendier; élargir les horizons culturels desenfants; diffuser par l’intermédiaire des médiasdes messages portant sur les soins auxenfants; moderniser le matériel pédagogique;former l’ensemble du personnel des crèches;et améliorer le système de santé.

Des progrès importants ont certes déjà étéréalisés en Jordanie mais beaucoup trop d’en-fants pauvres et défavorisés n’en ont pasbénéficié. Il reste à expliquer aux dirigeants etaux fonctionnaires l’importance décisive despremières années de la vie d’un enfant. Il resteà adopter des lois qui permettent de défendreet de faire respecter les droits de l’enfant. Et ilfaut qu’un plus grand nombre de pères par-ticipent au programme, de façon à ce qu’ilscomprennent mieux les besoins de leursenfants et soient mieux à même d’y répondre.

Pour que notre monde survive et prospère,il faut en premier lieu donner aux enfantstoutes les chances de réaliser leur potentiel.En privilégiant résolument le développementde la petite enfance et en adoptant uneapproche intégrée, faisant appel à la coopé-ration des pouvoirs publics, des organisationsnon gouvernementales et des organismesinternationaux, la Jordanie progresse dans labonne direction, vers un avenir meilleur.

Donner aux enfants le meilleur départpossible dans la vie : conseils aux parentsen Jordanie

«

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mental. Les dirigeants de tous les pays dumonde doivent s’assurer que la naissancede chaque enfant, sans exception, estenregistrée; que tous les enfants peuventvivre les premières années de leur vie àl’abri de la violence et des mauvais traite-ments; et qu’ils ont accès à une nutritionsuffisante, à l’eau salubre, à des installa-tions d’assainissement adéquates et à dessoins de santé de qualité. Et, chose toutaussi importante, les collectivités doivents’assurer que les besoins des enfants enmatière de développement intellectuel etaffectif sont satisfaits; que des activitésd’éveil et d’apprentissage leur sont propo-sées de bonne heure et que leurs parentset autres dispensateurs de soins primairesreçoivent des informations et un appuisuffisants pour pouvoir offrir un cadreprotecteur et enrichissant (voir Encadré 8).Si les gouvernements centraux et les admi-nistrations locales se croisent les bras, ilsferont une erreur qui leur coûtera cher –et ils manqueront en même temps auxobligations morales et juridiques qu’énon-ce la Convention relative aux droits del’enfant.

S’ils sont de bonne qualité, les pro-grammes de développement de la petiteenfance englobent tous les objectifs de lasurvie de l’enfant auxquels l’UNICEF esttraditionnellement associé : santé mater-nelle, accouchement sans risques, examensmédicaux postnatals réguliers, vaccination,encouragement de la croissance par allai-tement au sein, alimentation complé-mentaire et apport de micronutriments, etéducation des parents en matière de nutri-tion et de santé. Mais ils s’étendent égale-ment au développement mental, social,affectif et spirituel des enfants pendantles premières années de la vie, c’est-à-diretant aux soins physiques et psychoso-ciaux qu’ils reçoivent qu’aux activitésd’éveil auxquelles ils prennent plaisir.

Pas une année ne passe sans que denouvelles données scientifiques viennentconfirmer que les premières années de lavie déterminent dans une large mesure laqualité de la vie dont ils bénéficieront pen-dant toute leur enfance. On comprend demieux en mieux, par exemple, que l’ap-prentissage commence à la naissance etest encouragé par des expériences posi-

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Au Kenya, dans le cadre del’initiative Tasaru Ntomonok(Maternité sans risque),Agnes Pareyio et Leah Muuyaont traversé à de nombreusesreprises la Vallée du Riftdepuis 1996, en voiture ouà pied, pour mettre fin à latradition de la mutilationsexuelle féminine, en infor-mant les jeunes femmes etles jeunes hommes desdangers de cette pratique.

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9Au Malawi, la lutte contre le VIH/SIDAcommence à l’école

Eviter d’avoir des relations sexuelles », affir-me Rebecca Abraham, âgée de 12 ans.« Eviter les garçons », ajoute une de ses

copines. « Ne pas partager de lames de rasoir oude seringues », crie un garçon du fond de la classe.

Il est 10 heures du matin à l’école primaireDomasi Demonstration de Zomba (Malawi) etMartha Chadzamakono, une institutrice, vientde poser une question à un groupe d’élèves de10 à 12 ans : « Que faut-il faire pour ne pascontracter le VIH/SIDA ? » Mme Chadzamakonoest visiblement satisfaite des explicationsobtenues. Maintenant que les réponses lesplus évidentes ont été données, il ne resteplus dans la classe qu’une seule main levée,celle de Rebecca.

« Eviter les bars et les lieux où l’on vend del’alcool », affirme énergiquement la jeune élève.Aucune autre explication n’est semble-t-ilnécessaire. Ses camarades de classe approu-vent d’un air entendu : la consommation d’al-cool dans ces lieux risque de mener à despratiques sexuelles dangereuses.

Dans ce type de cours, organisé deux foispar semaine, les jeunes Malawiens appren-nent dès l’âge de huit ans à prendre des déci-sions, à résoudre des problèmes, à négocieravec leurs camarades et à s’affirmer. La ques-tion de Mme Chadzamakono vise à aider lesjeunes à acquérir les connaissances, les atti-tudes et les compétences qui leur permettrontde se protéger du VIH/SIDA. Dans la guerreque le pays livre au VIH/SIDA, la salle de classeest tout naturellement devenue un champ debataille privilégié.

En Afrique, continent dévasté par leVIH/SIDA, le Malawi est l’un des pays les plusdurement touchés par l’épidémie. Chaque jour,267 personnes en moyenne contractent le VIH et139 personnes meurent de maladies liées auSIDA. On estime que plus de 300 000 personnessont mortes de causes liées au SIDA depuis quele premier cas a été diagnostiqué au Malawi en1985. Aujourd’hui, environ 9 % des 10,6 millionsd’habitants du Malawi seraient séropositifs.

Avec l'appui de l'UNICEF, le Ministère del'éducation, des sports et de la culture duMalawi et l'Institut de l'éducation du Malawiont mis au point un programme-pilote d'ensei-gnement des compétences indispensables àla vie courante qui est actuellement dispenséà environ 2 400 élèves, moitié filles, moitiégarçons, de 24 écoles primaires. Dans le cadrede la stratégie nationale de lutte contre l'épi-démie, le plan consiste à élargir ce programmeexpérimental à toutes les écoles du Malawi.

Comme c’est dans le groupe des 10 à 14ans que le taux de séropositivité est le plus

bas, les cours que donnent Mme Chadzamakonoet d’autres enseignants pourraient influencerl’évolution de la maladie. « Ces enfants serontprobablement sexuellement actifs à l’âge de13 ou de 14 ans, explique Mme Chadzamakono.A leur âge, nous mettons l’accent sur l’absti-nence. Quand ils auront 14 ou 15 ans, nousleur expliquerons comment avoir des relationssexuelles protégées. » Et elle ajoute : « Leursparents sont contents de savoir qu’on dit àleurs enfants la vérité sur le VIH/SIDA. »

Mais les techniques et aptitudes acquisesen classe ne se limitent pas à la lutte contre lamaladie, aussi urgente soit-elle. Cet enseigne-ment donne également aux jeunes des basesqui les aident à faire face aux exigences et auxdifficultés de la vie quotidienne. Rebecca etses camarades de classe n’apprennent passeulement à se protéger du VIH/SIDA; ilsapprennent également à gérer les relationsentre les sexes et ils comprennent qu’ils peu-vent prendre leur destin en main.

« Bien sûr, ce qu’il faut faire, c’est accroîtrele pouvoir des femmes, pour qu’elles soientindépendantes financièrement et socialement »,explique Justin Malewezi, Vice-Président duMalawi et Président du Comité ministériel delutte contre le VIH/SIDA.

Après l’école, l’une des corvées dont estchargée Rebecca consiste à aller chercher del’eau à un puits des environs. Quand ellerentre chez elle, un seau d’eau de 20 litres surla tête, elle essaie de son mieux de ne pascroiser le regard des garçons du quartier,réunis en bande. « Je choisis toujours les fillesles plus jeunes parce qu’elles n’auront pas leVIH, explique Davie, âgé de 18 ans et vivant àenviron 300 mètres de chez Rebecca. Si Davieet ses deux copains de 17 ans, Andrew etAnod, ont l’air relativement inoffensifs, ilsn’en sont pas moins dangereux pour des fillescomme Rebecca. La petite amie actuelle deDavie n’a que 12 ans, l’âge de Rebecca, et il ditavoir avec elle des relations sexuelles environune fois par semaine. « Je n’utilise jamais depréservatif parce que je fais confiance à monamie », explique-t-il le plus naturellement dumonde. « Et si je lui fais confiance, elle aussidoit me faire confiance. »

Si Davie n’est pas très bien informé desrisques de transmission du VIH, il fait enrevanche preuve d’une logique désinvolte enpensant qu’il ne risque pas de contracter levirus puisqu’il y a peu de risques que les fillesles plus jeunes soient séropositives. La possi-bilité qu’il puisse transmettre le virus à sapartenaire ne semble pas lui venir à l’esprit.

Grâce aux cours qu’elle suit, Rebecca est

plus lucide. « Je n’ai pas peur de contracter leSIDA, parce qu’on nous informe du VIH àl’école », explique-t-elle. C’est la confianceavec laquelle elle s’exprime, autant que lesinformations qu’elle a reçues à l’école, quipermettent de croire en l’avenir du Malawi.

«

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tives et stimulantes dès les premièresannées de l’enfance. A Dalmau (Inde), parexemple, les programmes de développe-ment du jeune enfant ont fait progresserde 16 % la fréquentation scolaire, tandisqu’en Colombie, les enfants qui avaientbénéficié de programmes préscolairesavaient deux fois plus de chances de ter-miner leurs études primaires53. Il y a plus :le fait d’investir en faveur de la petiteenfance augmente les chances de l’enfantd’atteindre l’adolescence et d’être capablede continuer à apprendre tout en affron-tant les problèmes du travail, de la sexua-lité et de la survie. Les fonds que l’Etatinvestit dans les premières années de lavie des enfants, en particulier des enfantsen situation de risque, peuvent se tradui-re par une baisse des dépenses ultérieure-ment consacrées aux enfants plus grandset aux adultes.

Si les Etats veulent remplir les obliga-tions qui leur incombent en vertu de laConvention relative aux droits de l’en-fant, ils devront cesser de considérer lessoins à la petite enfance comme unequestion qui ne relève que des familles,comme un supplément facultatif, uneoption incertaine. L’investissement dansle développement du jeune enfant devraità présent être une seconde nature pour lafamille humaine, aussi naturelle et inévi-table pour notre vie que le soleil et lapluie baignant une rizière.

L’éducation de base

La nécessité d’investir dans une éduca-tion de base de qualité – en particulierdans celle des filles – a été démontrée defaçon convaincante. L’éducation ne faitpas que produire des employés ou desclercs : elle enrichit la vie et ouvre denouvelles perspectives à tous. Elle procu-re des avantages dans tous les secteurs.Les agriculteurs qui savent lire et ont desnotions sur la façon de découvrir et declasser des informations risqueront moinsde se laisser distancer par l’évolution del’agriculture : une étude de 13 pays àfaible revenu a montré qu’un agriculteurqui était allé quatre ans à l’école produi-sait en moyenne 9 % de nourriture deplus que celui qui n’y était jamais allé54.On a montré également que l’instructionagissait comme un « vaccin » contre ledouble risque que sont le travail dange-

reux des enfants et le VIH/SIDA55 (voirEncadré 9).

Par ailleurs, les filles qui ont la possibi-lité d’aller à l’école améliorent générale-ment non seulement leurs chances, maisaussi celles de leurs enfants et de leurfamille à venir – et de l’ensemble de lasociété (voir Encadré 10). On a démontréque l’instruction des filles réduit la mor-talité infantile, améliore la santé et lanutrition des enfants, améliore la santédes femmes et freine l’accroissement démo-graphique, car en général les femmes ins-truites se marient plus tard et ont moinsd’enfants. Les pays qui investissent dansune instruction dispensée dans des condi-tions d’égalité aux filles et aux garçonsrécoltent d’énormes dividendes pour ledéveloppement. « L’investissement dansl’instruction des filles, dit la Banque mon-diale, pourrait bien être l’investissement aurendement le plus élevé qui soit à la dis-position du monde en développement. »56

L’instruction n’est pas seulement uninvestissement : c’est aussi un droit fon-damental énoncé dans la Déclaration uni-verselle des droits de l’homme ainsi quedans la Convention relative aux droits del’enfant. Qui plus est, l’UNICEF croit fer-mement que l’amélioration de l’instruc-tion des filles est le moyen le plus sûr et leplus rapide pour venir à bout de la pau-vreté et créer une société plus juste. Ilcoordonne l’Initiative des Nations Uniespour l’instruction des filles, que le Secrétairegénéral a lancée au Forum mondial pourl’éducation tenu à Dakar en avril 2000et au Sommet du Millénaire tenu en sep-tembre 2000.

L’Initiative africaine pour l’instructiondes filles a prouvé au cours des cinq der-nières années que les programmes cibléspeuvent vraiment changer les choses.Parmi les stratégies qui donnent de bonsrésultats, on relève les suivantes : recruterdavantage de femmes et sensibiliser lesenseignants aux différences entre les sexeset aux droits des enfants; éliminer desmanuels scolaires et matériels pédago-giques la discrimination fondée sur lesexe; veiller à faire participer les parentset la communauté locale; développer l’en-seignement et les soins préscolaires; faireen sorte que les écoles soient situées dansdes endroits où les filles puissent serendre en toute sécurité; construire deslatrines distinctes pour les filles et les gar-

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L’acteur et réalisateur RobReiner a créé en 1997 la fon-dation I Am Your Child, dontl’objectif est de faire du déve-loppement de la petite enfance(les années décisives de 0 à3 ans) une priorité aux Etats-Unis. Depuis sa création, laFondation a sensibilisé desmillions de personnes et aincité le gouvernement àallouer davantage de fondsaux programmes de dévelop-pement de la petite enfance.

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L’UNICEF a donc cessé d’apporter son appui ausystème éducatif officiel de l’Afghanistan etaide en revanche, dans l’ensemble du pays, lesprogrammes non officiels qui s’efforcent descolariser aussi bien les filles que les garçons.

Les enfants du Badakhshan ont bénéficiéde la distance qui les sépare de Kaboul, lacapitale. Malgré la pauvreté généralisée et lesrisques de tremblement de terre dans larégion, le Badakhshan a traditionnellementaccordé une plus grande place à l’éducation quela plupart des autres provinces d’Afghanistan.En outre, le Badakhshan reste sous le contrô-le des forces de l’opposition (l’Alliance duNord), qui autorisent les filles à aller à l’école.

Les organismes internationaux ont donc puaider les services d’éducation locaux, qui man-quaient de moyens et d’effectifs, à promouvoir,entre autres, l’éducation des filles. L’aide appor-tée a principalement servi à distribuer du maté-riel pédagogique et à former les enseignants dela région, qui ne sont payés qu’environ deuxdollars par mois – un salaire nettement infé-rieur au seuil de subsistance. En 2000, avec leconcours de l’UNICEF et du Comité AfghanistanNorvège, le Programme alimentaire mondial amis en place un programme de distribution devivres visant à encourager la scolarisation, enparticulier parmi les filles. Dans cinq districtsparticipant au programme pilote, les ensei-gnants et les élèves qui vont régulièrement àl’école reçoivent maintenant une ration men-suelle de blé, et les filles ont droit à une rationsupplémentaire d’huile comestible.

Les programmes de ce type ont des effetsquantifiables. Si, en 1993, on comptait 45 000

enfants scolarisés, dont 19 % de filles, onrecense actuellement 64 000 enfants scolari-sés, dont 33 % de filles. En outre, les femmesreprésentent 29 % des enseignants de la pro-vince, contre 15 % en 1993.

Si l’on compare ces chiffres à ceux d’autrespays, la situation reste alarmante. L’UNICEFpoursuivra donc ses efforts afin que tous lesenfants de la région, filles ou garçons, puis-sent réaliser leur droit à l’éducation. De plus,la qualité de l’enseignement laisse beaucoupà désirer au Badakhshan.

Mais compte tenu du conflit en Afghanistanet de l’offensive généralisée menée contre lesdroits des filles dans les régions sous lecontrôle des Taliban, les progrès réalisés auBadakhshan dans le domaine de l’éducationsont encourageants. Si un programme d’édu-cation des filles arrive à obtenir de tels résul-tats dans la région, c’est-à-dire dans lesconditions les plus défavorables qui soient,cela en dit long sur son efficacité.

Des manuels scolaires à dos d’âne :L’éducation des filles au Badakhshan

Les enfants accourent avec enthousiasmeau devant des ânes qui arrivent dans cevillage de la province montagneuse du

Badakhshan, située dans le Nord-Est del’Afghanistan. Cette fois-ci, ce ne sont pas desvivres, des outils ou des graines que les ânestransportent (les pénuries alimentaires sontchroniques dans la région) mais du matérielpédagogique. Les livres et cahiers d’exerciceviennent d’achever un long périple : achetésau Pakistan par du personnel de l’UNICEFAfghanistan, ils ont été acheminés par unconvoi de camions qui traverse les mon-tagnes, chaque année à l’automne, pour arri-ver au Badakhshan avant que le col ne soitbloqué par les neiges hivernales. Une fois arri-vé au Badakhshan, le matériel est distribuépar le Comité Norvège Afghanistan, qui encou-rage les communautés locales à venir chercheraux points de distribution centraux les livreset cahiers d’exercice et à les ramener dansleur village à dos d’âne et de cheval.

Au Badakhshan, les routes sont rares ettrès éloignées les unes des autres. Le person-nel des services locaux d’éducation, qui estpassé dans tous les villages en prévision de ladistribution, a dû se déplacer à cheval ou àpied. Il faut parfois six semaines pour serendre dans tous les villages d’un seul district.

Mais l’isolement de ces villages de mon-tagne est loin d’être le seul frein à l’éducationdes enfants de la province. L’Afghanistan estravagé par des conflits depuis 1979 et aumilieu des ruines, l’éducation a été reléguéeau dernier rang des priorités. Même avant laguerre, les possibilités éducatives étaient trèslimitées, surtout en dehors des grandes villes.En 1978, c’est-à-dire à la veille du conflit, letaux brut de scolarisation dans l’enseignementprimaire était de 37 % pour les garçons et deseulement 8 % pour les filles. Vingt ans plustard, le taux moyen de scolarisation ne s’estguère amélioré et l’écart entre garçons et fillesn’a fait qu’empirer : 53 % pour les garçonscontre un taux affligeant de 5 % pour les filles.

En 1996, l’arrivée au pouvoir des Taliban,qui se sont emparés de la plus grande partie dupays, a considérablement réduit les possibilitésde scolarisation – déjà restreintes au départ –des jeunes Afghanes. Les établissements sco-laires de filles ont été fermés dans les régionspassées sous le contrôle des Taliban. En outre,les femmes n’ont plus le droit d’enseigner, cequi a aussi énormément nui à l’éducation desgarçons, étant donné le nombre important defemmes dans le corps enseignant. Aux côtés denombreuses autres organisations internatio-nales, l’UNICEF a adopté la position suivante :priver les filles d’éducation est contraire à laConvention relative aux droits de l’enfant.

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çons; et supprimer les frais de scolarité etautres coûts qui dissuadent les pauvresd’envoyer leurs enfants à l’école (voirEncadré 1I ).

Les connaissances existent déjà : ladernière décennie de recherche et d’expé-rimentation a bien montré ce qui marcheet ce qui ne marche pas. Ce qu’il faut, cesont des personnes prêtes à se battre pourque des fonds suffisants soient affectés àl’accroissement des chances de tous lesenfants en matière d’instruction. La com-munauté internationale a posé un jalonimportant lors du Forum mondial pourl’éducation en réaffirmant l’objectif del’Education pour tous tout en fixant denouveaux objectifs et des normes plusélevées – en promettant notamment undéveloppement et une amélioration dessoins aux jeunes enfants et de l’instruc-tion à leur donner, l’accent étant mis enparticulier sur les plus vulnérables et défa-vorisés. Son objectif pour 2015 englobe àprésent non plus seulement l’accès uni-versel à l’enseignement primaire, commeauparavant, mais l’achèvement d’étudesprimaires de bonne qualité par tous lesenfants, y compris les filles, les minoritésnationales et les enfants vivant dans desconditions difficiles. Dakar a réaffirmé quel’instruction des filles doit occuper uneplace centrale dans toute stratégie de déve-loppement sérieuse et a attiré l’attentionsur le fait que le délai fixé pour l’élimina-

tion des différences entre les sexes auniveau des effectifs des écoles primaires etsecondaires, contrairement à la plupartdes autres objectifs de développementinternationaux, est 2005, non 2015. Il nereste que quatre courtes années au mondepour tenir la promesse de l’égalité dedroits des filles en matière d’apprentis-sage, d’alphabétisation et leur offrir l’au-tonomie que procure l’éducation.

AdolescenceLa troisième possibilité d’investissementsjudicieux se présente pendant la périodede l’adolescence. Les années d’adolescen-ce sont une période de développementtrès rapide pour les jeunes sur tous lesplans – physique, affectif, psychologique,social et spirituel. C’est en fait la phase laplus rapide du développement humain,abstraction faite de la période immédia-tement antérieure et postérieure à lanaissance. Mais c’est aussi une périodeprésentant de grands risques. Ce sont cesenfants plus âgés en effet qui sont les plusexposés à certaines des graves menacespour les droits des enfants – le VIH/SIDA,l’exploitation sexuelle, l’exploitation queconstitue le travail des enfants, le faitd’être piégé dans un conflit ou enrôlécomme soldat (voir Encadré 12). Les ado-lescents sont exposés à ces risques alorsqu’ils manquent souvent des informa-

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La Péruvienne Agripina Rojasest une spécialiste autodidactede la communication sociale,qui, par l’intermédiaire de sonprogramme radio diffusé enquechua, la langue de lapopulation autochtone,s’emploie à promouvoir ladéfense des droits desenfants et des femmes.

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11 L’enseignant anonyme

Voici les véritables magiciens.

Par quel tour de passe-passe un être humain Sans formation ou presque Avec un soutien et un encadrement professionnel réduits au minimum,Qui vit dans une hutte au toit de chaume, mal aérée et très sombreLoin de tout magasin et de tout point d’eauA cinq ou dix kilomètres de l’école, où il devra se rendre à piedDeux fois par jour (le matin et l’après-midi)Et qui n’achète ni vêtements ni meublesQui reçoit un salaire suffisant à peine à acheter de quoi manger pendant une semaine,Et souvent versé avec retard

…Réussit à aider un enfant…Qui a fait cinq ou dix kilomètres à pied pour aller à l’écoleAprès avoir dormi sur une vieille natteDans une hutte fissurée de toute part et envahie par le froidSans avoir mangé grand-choseEt après avoir fait des travaux ménagers

…A apprendre à lire, à écrire et à compterA l’ombre d’un arbreA même le solAvec 70 autres enfantsSans craie et sans moyens pédagogiquesSans livre et sans cahierSans stylo et sans crayon ?

Pour les païens, c’est de la magie, pour les croyants, un miracle. Et pour tous ces adultes qui permettentà ces enfants d’apprendre et d’acquérir des connaissances, pour les enfants eux-mêmes, c’est de l’héroïsme.

Voilà les héros anonymes de toutes les nations. Ce ne sont pas des héros de la guerre. Ils ont pourseules armes leur amour des enfants et une volonté inébranlable de contribuer à un meilleur monde.Ce sont les héros de la paix.

(Texte du bureau de l’UNICEF au Mozambique). Traduit de l’anglais et du portugais.

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tions, aptitudes et services d’appui dontils auraient besoin.

L’adolescence est également un momentdéterminant pour améliorer la situationdes femmes. Il est capital d’assurer lebien-être des adolescentes pour briser cetengrenage de discrimination sexuelle quicantonne beaucoup trop de filles dans lamême situation défavorisée que leurmère. C’est au cours de ces années que,par exemple, les écarts entre hommes etfemmes en matière d’instruction sont lesplus importants. Dans les pays en déve-loppement, 6% de garçons de plus que defilles s’inscrivent à l’école primaire, maisl’écart passe à 16% dans les années cor-respondant à l’école secondaire – et atteinten Asie du Sud le taux particulièrementinquiétant de 36%. Ce sont les adoles-centes qui risquent le plus d’être victimesde l’exploitation sexuelle, de la traite ou detoute forme d’exploitation par le travaildes enfants (voir Encadré 13); et ce sontencore elles que des traditions culturellestenaces ou un ordre direct contraignentau mariage et à la maternité précoces.

Les exigences et priorités antagoniquesdes adultes, qui peuvent exercer une pres-sion politique, expliquent pourquoi lesbesoins des jeunes font rarement l’objetde dispositions spécifiques. Mais là enco-re, les gouvernements qui ont ratifié laConvention relative aux droits de l’en-fant doivent accepter que les adolescentsont des droits inaliénables qui sont mani-festement méconnus aujourd’hui. Lesadolescents ont le droit de recevoir desinformations pertinentes et fiables demultiples sources, parmi lesquelles lesparents, les enseignants, les médias et leséducateurs de leur âge. Ils ont le droit,alors qu’ils sont à la recherche de leuridentité et de leur indépendance propres,de se voir inculquer les aptitudes à la viequotidienne – aptitude à la négociation, àla résolution des conflits, à la pensée cri-tique, à la prise de décision, à la commu-nication et aux moyens d’assurer sasubsistance. Le bien-être des adolescentsdépend d’un environnement sûr et favo-rable, et notamment des adultes qui s’oc-cupent d’eux. Ils ont aussi le droit departiciper aux décisions qui affectent lavie familiale.

Le fait de garantir ces droits peut aidernon seulement les jeunes, mais l’en-semble de la société. Les adolescents

constituent une partie très importante dela population dans les pays en développe-ment, ce qui ne les empêche pas d’êtretrop souvent ignorés en tant que groupe.Ils sont généralement traités comme ungroupe à problème dont les membressont des délinquants en puissance au lieud’être appréciés pour leur énergie et leuringéniosité (voir Encadré 14). Nous sommestributaires du dynamisme et de l’idéalis-me des jeunes pour pouvoir changer etnous défaire des habitudes sclérosées etde ce cynisme d’un autre âge qui nousempêchent d’atteindre un monde meilleuret plus honorable. Pour cette raison etpour bien d’autres encore, la participa-tion des jeunes à la session extraordinairede l’ONU consacrée aux enfants, qui setiendra en septembre 2001, sera essen-tielle. Lorsque les droits des adolescentssont réalisés, leur force, leur confiance eneux-mêmes, leur créativité et leur enthou-siasme peuvent être porteurs d’espoir etde solutions jusque dans les situations lesplus désespérées.

Responsabilités sansfrontièresLes incitations économiques à investir enfaveur des enfants ne font défaut dansaucun pays. Chaque Etat ayant ratifié laConvention relative aux droits de l’en-fant est tenu de réaliser tous les droits desenfants reconnus par la Convention« dans toute la mesure de ses ressourcesdisponibles » et a accepté l’obligation juri-dique et morale de partir du principe del’intérêt supérieur de l’enfant lorsque desdécisions économiques difficiles doiventêtre prises.

Les ministres des finances et les insti-tutions financières des pays et des Etatsdoivent assumer leurs responsabilités ence qui concerne les modalités d’utilisa-tion des deniers publics pour investir enfaveur des enfants.

La Convention ajoute toutefois sonpropre avenant en stipulant que « le caséchéant », les ressources doivent êtrerecherchées « dans le cadre de la coopéra-tion internationale ». Les pays en déve-loppement doivent faire tout ce qui est enleur pouvoir mais il n’est que trop clairque la plupart d’entre eux n’atteindrontles objectifs fixés pour 2015 et réaffirméspar la communauté internationale au

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L’évêque anglican DinisSengulane a demandé auxéglises du Mozambique decontribuer activement à laréinsertion des jeunes sol-dats dans une société enpaix. Plusieurs de ces soldatsavaient été recrutés pendantleur enfance. L’appui qu’il aapporté au programme de“Transformation des armesen sarcloirs” a permisd’échanger de nombreusesarmes – factices ou réelles –contre des outils agricoles.

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Le 25 mai 2000, l’Assemblée générale desNations Unies a adopté le Protocole facultatif à laConvention relative aux droits de l’enfant,concernant l’implication d’enfants dans lesconflits armés. A ce jour, 80 États l’ont signé etquatre l’ont ratifié. Le Protocole n’entrera envigueur que s’il est ratifié par dix États.

Les États Parties au présentProtocole,Encouragés par l’appui considérable recueilli parla Convention relative aux droits de l’enfant, quidénote une volonté générale d’œuvrer pour lapromotion et la protection des droits de l’enfant,

Réaffirmant que les droits des enfants doi-vent être spécialement protégés et lançant unappel pour que la situation des enfants, sansdistinction, soit sans cesse améliorée et qu’ilspuissent s’épanouir et être éduqués dans desconditions de paix et de sécurité,

Troublés par les effets préjudiciables etétendus des conflits armés sur les enfants etleurs répercussions à long terme sur le main-tien d’une paix, d’une sécurité et d’un déve-loppement durables,

Condamnant le fait que des enfants soientpris pour cible dans des situations de conflitarmé ainsi que les attaques directes de lieuxprotégés par le droit international, notammentdes endroits où se trouvent généralement denombreux enfants, comme les écoles et leshôpitaux,

Prenant acte de l’adoption du Statut de laCour pénale internationale, qui inclut en parti-culier parmi les crimes de guerre, dans lesconflits armés tant internationaux que non inter-nationaux, le fait de procéder à la conscriptionou à l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ansdans les forces armées nationales ou de les faireparticiper activement à des hostilités,

Considérant par conséquent que, pour ren-forcer davantage les droits reconnus dans laConvention relative aux droits de l’enfant, ilimporte d’accroître la protection des enfantscontre toute implication dans les conflitsarmés,

Notant que l’article premier de la Conventionrelative aux droits de l’enfant spécifie qu’au sensde ladite Convention, un enfant s’entend de toutêtre humain âgé de moins de 18 ans, sauf si lamajorité est atteinte plus tôt en vertu de la légis-lation qui lui est applicable,

Convaincus que l’adoption d’un protocolefacultatif se rapportant à la Convention, qui relè-verait l’âge minimum de l’enrôlement éventueldans les forces armées et de la participation auxhostilités, contribuera effectivement à la mise enœuvre du principe selon lequel l’intérêt supé-rieur de l’enfant doit être une considération

primordiale dans toutes les décisions leconcernant,

Notant que la vingt-sixième Conférenceinternationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge tenue en décembre 1995 a recomman-dé, notamment, que les parties à un conflitprennent toutes les mesures possibles pouréviter que des enfants de moins de 18 ans neprennent part aux hostilités,

Se félicitant de l’adoption par consensus,en juin 1999, de la Convention no. 182(1999) de l’Organisation internationale duTravail concernant l’interdiction des pires

relatifs aux droits de l’homme applicablessont essentiels à la pleine protection desenfants, en particulier pendant les conflitsarmés et sous une occupation étrangère,

Conscients des besoins particuliers desenfants qui, en raison de leur situation écono-mique et sociale ou de leur sexe, sont particu-lièrement vulnérables à l’enrôlement ou àl’utilisation dans des hostilités en violation duprésent Protocole,

Conscients également de la nécessité deprendre en considération les causes écono-miques, sociales et politiques profondes de laparticipation des enfants aux conflits armés,

Convaincus de la nécessité de renforcer lacoopération internationale pour assurer laréadaptation physique et psychosociale et laréinsertion sociale des enfants qui sont vic-times de conflits armés,

Encourageant la participation des commu-nautés et, en particulier, des enfants et desenfants victimes, à la diffusion de l’informa-tion et aux programmes d’éducation concer-nant l’application du présent Protocole,

Sont convenus de ce qui suit :Article premier

Les États Parties prennent toutes les mesurespossibles dans la pratique pour veiller à ceque les membres de leurs forces armées quin’ont pas atteint l’âge de 18 ans ne participentpas directement aux hostilités.

Article 2

Les États Parties veillent à ce que les per-sonnes n’ayant pas atteint l’âge de 18 ans nefassent pas l’objet d’un enrôlement obliga-toire dans leurs forces armées.

L’implication d’enfants dans les conflitsarmés : Protocole facultatif à la Conventionrelative aux droits de l’enfant

formes de travail des enfants et l’action immé-diate en vue de leur élimination, qui interditl’enrôlement forcé ou obligatoire des enfantsen vue de leur utilisation dans des conflitsarmés,

Condamnant avec une profonde inquiétudel’enrôlement, l’entraînement et l’utilisation –en deçà et au-delà des frontières nationales –d’enfants dans les hostilités par des groupesarmés distincts des forces armées d’un État, etreconnaissant la responsabilité des personnesqui recrutent, forment et utilisent des enfantsà cet égard,

Rappelant l’obligation pour toute partie àun conflit armé de se conformer aux disposi-tions du droit international humanitaire,

Soulignant que le présent Protocole estsans préjudice des buts et principes énoncésdans la Charte des Nations Unies, notammentà l’Article 51, et des normes pertinentes dudroit humanitaire,

Tenant compte du fait que des conditionsde paix et de sécurité fondées sur le respectintégral des buts et principes de la Charte desNations Unies et le respect des instruments

— Extrait des « Protocoles facultatifs se rapportantà la Convention relative aux droits de l’enfant,concernant l’implication d’enfants dans les conflitsarmés et la vente d’enfants, la prostitution desenfants et la pornographie mettant en scène desenfants ». A/RES/54/263, 26 juin 2000.

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Sommet du Millénaire que moyennantune augmentation importante de l’aideextérieure – et une utilisation massive desressources procurées par l’allégement dela dette.

Après tout, le troisième gros obstacle àla réalisation des droits de l’enfant, avecles conflits et le VIH/SIDA, est la pauvretéet si une chose fait cruellement défaut, c’estbien la volonté de ceux que l’économiemondiale rend de plus en plus prospèresde veiller à ce que les plus vulnérables –qui sont inévitablement les femmes et lesenfants des pays les plus pauvres – reçoi-vent une part de cette prospérité. Il estindéniable que si l’on constate un accrois-sement global des richesses, il reste forte-ment concentré dans un petit nombre depays. Le fossé entre les pays les plus richeset les plus pauvres ne cesse en fait de secreuser un peu plus chaque jour. En 1990,le revenu annuel par habitant dans les paysindustrialisés était 60 fois supérieur à cequ’il était dans les pays les moins avancés;en 1999, il était près de 100 fois supérieur.

Depuis cinq ans, la communauté inter-nationale se préoccupe de plus en plus delutter contre la pauvreté – et ce ne sontpas les raisons de le faire qui manquent.Depuis 15 ans, tous les pays du mondeappliquent dans leurs grandes lignes lespolitiques économiques de ce que l’on aappelé le Consensus de Washington parcequ’il avait l’appui du Ministère des financesdes Etats-Unis et des institutions telles quela Banque mondiale et le Fonds moné-taire international, qui ont leur siège àWashington. Ces institutions se sontemployées à faire prévaloir une inflationbasse par la discipline budgétaire, la libé-ralisation des échanges et des marchésfinanciers et la généralisation de la priva-tisation. Elles mettaient l’accent, à justetitre, sur l’efficacité mais pas, et c’est làque le bât blesse, sur l’équité : elles par-taient du principe que ces politiques setraduiraient par une croissance écono-mique et que les bienfaits de cette crois-sance se propageraient aux couches lesplus pauvres de la population.

Le problème, c’est qu’il saute aux yeuxque les pauvres ont été les derniers àrecueillir les fruits des réformes écono-miques et de la mondialisation. EnAmérique latine, par exemple, où la plu-part des pays ont, soit par choix soit parcequ’ils y étaient obligés, emboîté le pas au

Consensus de Washington avec une una-nimité et une ténacité remarquables dansles années 90, les nouvelles politiqueséconomiques ont eu un impact pratique-ment nul sur la pauvreté. Globalement, ily a certes eu des avantages : une inflationà un chiffre, un allégement du fardeau dela dette et un apport de capitaux privésdans la région. Mais le chômage a aug-menté tandis que près de 80 millions depersonnes continuaient de vivre dans ledénuement le plus total et que la régionconservait la distribution de revenu et desressources la plus inégale du monde57.

Les lacunes du Consensus de Wash-ington sont de plus en plus évidentes, enparticulier pour la Banque mondiale elle-même58. Les pauvres doivent être protégésdes hoquets de la mondialisation par desinvestissements publics dans les servicessociaux de base. Si la mondialisation estinéluctable et si elle doit devenir uneforce libératrice et non pénalisante, l’en-semble universel de règles minimalesqu’elle englobe ne devrait pas consistersimplement à éliminer les barrières doua-nières, mais aussi à garantir les droits desenfants.

Heureusement, les pays les plus riches –certains d’entre eux, tout au moins – sem-blent commencer à prendre au sérieux laresponsabilité qui leur incombe de com-battre la pauvreté dans le monde. Unelongue campagne a été menée pendantles années 80 et 90 par des organisationsnon gouvernementales, des associationsreligieuses et des organisations interna-tionales – dont l’UNICEF dans le cadre deses rapports annuels sur La situation desenfants dans le monde – pour tenter deconvaincre les pays les plus puissants etles institutions financières internatio-nales de prendre des mesures plus rapideset plus efficaces pour régler l’énorme pro-blème de l’endettement. Il faut rendrehommage en particulier à l’héroïsme – lemot n’est pas trop fort – dont a fait preu-ve la coalition du Jubilé 2000, qui a sufaire de la question de l’allégement de ladette, qui passait pour un « problème acces-soire », une affaire sérieuse et concrète.

L’Initiative en faveur des pays lourde-ment endettés, qui était au départ très cir-conscrite et qui a été mise en place avecune lenteur désespérante, commence enfinà produire des effets. L’allégement de ladette a tardé. Pendant des années, les

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En allant à la rencontre desfemmes dans les rues où ellestravaillent, l’associationSolidarité avec les femmes endifficulté, ou SOLWODI, fournitdes services d’écoute etd’orientation sur le VIH/SIDAet les MST aux prostituées deMombasa et de Malindi, dontbeaucoup ont été recrutées àl’adolescence par des réseauxde prostitution en plein essorau Kenya. L’ONG les aide éga-lement à acquérir une forma-tion professionnelle et descompétences psychosociales.

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13La vente d’enfants, la prostitution des enfants etla pornographie mettant en scène des enfants :Protocole facultatif à la Convention relative auxdroits de l’enfant

Le 25 mai 2000, l’Assemblée générale desNations Unies a adopté le Protocole facultatif àla Convention relative aux droits de l’enfant,concernant la vente d’enfants, la prostitutiondes enfants et la pornographie mettant en scènedes enfants. A ce jour, 73 États l’ont signé etquatre l’ont ratifié. Le Protocole n’entrera envigueur que s’il est ratifié par dix États.

Les États Parties au présentProtocole,Considérant que, pour aller de l’avant dans laréalisation des buts de la Convention relativeaux droits de l’enfant et l’application de sesdispositions, en particulier des articles premier,11, 21, 32, 33, 34, 35 et 36, il serait appropriéd’élargir les mesures que les États Partiesdevraient prendre pour garantir la protectionde l’enfant contre la vente d’enfants, la prosti-tution des enfants et la pornographie mettanten scène des enfants,

Considérant également que la Conventionrelative aux droits de l’enfant consacre le droitde l’enfant d’être protégé contre l’exploitationéconomique et de ne pas être astreint à un tra-vail comportant des risques ou susceptible decompromettre son éducation ou de nuire à sasanté ou à son développement physique,mental, spirituel, moral ou social,

Constatant avec une vive préoccupationque la traite internationale d’enfants aux finsde la vente d’enfants, de la prostitution desenfants et de la pornographie mettant enscène des enfants revêt des proportions consi-dérables et croissantes,

Profondément préoccupés par la pratiquerépandue et persistante du tourisme sexuelauquel les enfants sont particulièrementexposés, dans la mesure où il favorise directe-ment la vente d’enfants, la prostitution desenfants et la pornographie mettant en scènedes enfants,

Conscients qu’un certain nombre de groupesparticulièrement vulnérables, notamment lesfillettes, sont davantage exposés au risque d’ex-ploitation sexuelle, et qu’on recense un nombreanormalement élevé de fillettes parmi les vic-times de l’exploitation sexuelle,

Préoccupés par l’offre croissante de maté-riels pornographiques mettant en scène desenfants sur l’Internet et autres nouveaux sup-ports technologiques, et rappelant que, dansses conclusions, la Conférence internationalesur la lutte contre la pornographie impliquantdes enfants sur l’Internet (Vienne, 1999) anotamment demandé la criminalisation dansle monde entier de la production, la distribu-tion, l’exportation, l’importation, la transmis-

sion, la possession intentionnelle et la publicitéde matériels pornographiques impliquant desenfants, et soulignant l’importance d’unecoopération et d’un partenariat plus étroitsentre les pouvoirs publics et les profession-nels de l’Internet,

Convaincus que l’élimination de la vented’enfants, de la prostitution des enfants et dela pornographie mettant en scène des enfantssera facilitée par l’adoption d’une approcheglobale tenant compte des facteurs qui contri-buent à ces phénomènes, notamment le sous-développement, la pauvreté, les disparitéséconomiques, l’iniquité des structures socioé-conomiques, les dysfonctionnements fami-liaux, le manque d’éducation, l’exode rural, ladiscrimination fondée sur le sexe, le compor-tement sexuel irresponsable des adultes, lespratiques traditionnelles préjudiciables, lesconflits armés et la traite des enfants,

Estimant qu’une action de sensibilisationdu public est nécessaire pour réduire lademande qui est à l’origine de la vente d’en-fants, de la prostitution des enfants et de lapornographie pédophile, et qu’il importe derenforcer le partenariat mondial entre tous lesacteurs et d’améliorer l’application de la loi auniveau national,

Prenant note des dispositions des instru-ments juridiques internationaux pertinents enmatière de protection des enfants, notammentla Convention de La Haye sur la protection desenfants et la coopération en matière d’adoptioninternationale, la Convention de La Haye sur lesaspects civils de l’enlèvement internationald’enfants, la Convention de La Haye concernantla compétence, la loi applicable, la reconnais-sance, l’exécution et la coopération en matièrede responsabilité parentale et de mesures deprotection des enfants, et la Convention no 182de l’OIT concernant l’interdiction des piresformes de travail des enfants et l’action immé-diate en vue de leur élimination,

Encouragés par l’appui massif dont bénéfi-cie la Convention relative aux droits de l’en-fant, qui traduit l’existence d’une volontégénéralisée de promouvoir et de protéger lesdroits de l’enfant,

Considérant qu’il importe de mettre enœuvre les dispositions du Programme d’actionpour la prévention de la vente d’enfants, de laprostitution des enfants et de la pornographieimpliquant des enfants et de la Déclaration etdu Programme d’action adoptés en 1996 auCongrès mondial contre l’exploitation sexuelledes enfants à des fins commerciales, tenu àStockholm du 27 au 31 août 1996, ainsi queles autres décisions et recommandationspertinentes des organismes internationauxconcernés,

Tenant dûment compte de l’importancedes traditions et des valeurs culturelles dechaque peuple pour la protection de l’enfantet son développement harmonieux,

Sont convenus de ce qui suit :Article premier

Les États Parties interdisent la vente d’en-fants, la prostitution des enfants et la porno-graphie mettant en scène des enfantsconformément aux dispositions du présentProtocole.

Article 2

Aux fins du présent Protocole :

(a) On entend par vente d’enfants tout acte outoute transaction faisant intervenir letransfert d’un enfant de toute personne oude tout groupe de personnes à une autrepersonne ou un autre groupe contre rému-nération ou tout autre avantage;

(b) On entend par prostitution des enfants lefait d’utiliser un enfant aux fins d’activitéssexuelles contre rémunération ou touteautre forme d’avantage;

(c) On entend par pornographie mettant enscène des enfants toute représentation,par quelque moyen que ce soit, d’unenfant s’adonnant à des activités sexuellesexplicites, réelles ou simulées, ou toutereprésentation des organes sexuels d’unenfant, à des fins principalement sexuelles.

— Extrait des « Protocoles facultatifs se rapportantà la Convention relative aux droits de l’enfant,concernant l’implication d’enfants dans les conflitsarmés et la vente d’enfants, la prostitution desenfants et la pornographie mettant en scène desenfants ». A/RES/54/263, 26 juin 2000.

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gouvernements occidentaux et les institu-tions financières internationales se sontopposés « par principe » à toute forme d’al-légement – et les critiques se sont deman-dés s’il ne s’agissait pas simplement d’unparavent derrière lequel se dissimulaitune absence fondamentale de volonté derégler le problème de la dette. Au débutde 2000 encore, l’Initiative n’avait permisd’alléger la dette que de quatre pays : laBolivie, le Guyana, le Mozambique etl’Ouganda59. Aujourd’hui, sa version « ren-forcée » a enfin commencé à changer leschoses : quelque 22 pays pauvres bénéfi-cient d’allégements divers qui devraientfinir par représenter quelque 34 milliardsde dollars et aider à ramener le montantde leur dette à un tiers de ce qu’il était audébut du processus60.

Autre fait nouveau très bien accueilli,les pays du G7 ont annoncé la remise de100 % de la dette bilatérale qu’avaientcontractée à leur égard les pays pouvantprétendre au bénéfice de l’Initiative sus-mentionnée. Le Gouvernement du

Royaume-Uni a fait preuve à ce sujet d’uneremarquable hauteur de vues, et a dumême coup montré la voie à suivre sur lascène internationale, en prenant la déci-sion – à laquelle a adhéré le Gouvernementcanadien – d’affecter tous les paiementsau titre du service de la dette courante despays en guerre à un fonds spécial, jusqu’àce que la paix y soit rétablie. Le Royaume-Uni a également été le premier pays à enfinir avec la pratique inique consistant àlier l’aide à l’achat de biens produits parles entreprises du pays donateur – et ilplaide actuellement pour que les autrespays industrialisés lui emboîtent le pas.

Le Gouvernement du Royaume-Unis’est également engagé à porter le pour-centage des crédits qu’il alloue à l’aideextérieure de 0,24% du produit nationalbrut (PNB) (chiffre de 1999) à 0,31% surles deux prochaines années, après biendes années de réduction ou de stagnationde l’aide. Cette augmentation est un faitpositif en tant que premier geste, mais surce plan, ce sont les pays d’Europe du

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Figure 2. Aide publique au développement en pourcentagedu PNB des pays donateurs, 2000

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0.81

0.82

1.06

Objectif :0,7 % du PNB

Source : OCDE, Communiqué de presse du 20 avril 2001

Moyenne

Etats-Unis

Italie

Grèce

Espagne

Autriche

Canada

Portugal

Nouvelle-Zélande

Australie

Allemagne

Japon

Irlande

Royaume-Uni

Finlande

France

Suisse

Belgium

Luxembourg

Norvège

Suède

Pays-Bas

Danemark

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Le révérend Léon Sullivan, quis’est éteint en avril 2001 àl’âge de 78 ans, a toujoursfermement défendu le respectdes droits de l’homme, mêmes’il fallait pour cela « déplacerles montagnes qui font obs-tacle à la liberté, à la justice età la vérité ». Il a mis au pointles « Principes Sullivan », unensemble de principes direc-teurs à l’usage des entreprisesaméricaines investissant enAfrique du Sud, et a égalementdéfini les « Principes Sullivanmondiaux » visant à établir uncode de conduite à l’époquede la mondialisation.

Des chefs de file de la cause des enfants

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ENCADRÉ

14 Chronique d’une catastrophe annoncée

J ’avais l’impression de voir marcher desmorts… », se souvient Rosemberg Marín,évoquant les habitants qui parcouraient les

ruines de sa ville natale de Cojutepeque,située à une heure à l’est de San Salvador, lacapitale d’El Salvador. « Les maisons étaientpratiquement réduites à néant, explique-t-il,(…) mais le plus difficile à supporter, c’était devoir des enfants qui avaient perdu non seule-ment leur maison, mais également un membrede leur famille ou même plusieurs. »

En janvier et en février 2001, deux grandstremblements de terre suivis de milliers desecousses ont mis à mal ce pays déjà affaiblisur le plan socio-économique par de nom-breuses années de guerre, de pauvreté, dedégradation de l’environnement et de surpo-pulation. El Salvador doit maintenant seremettre d’une catastrophe naturelle qui aenseveli des villages entiers, fait des milliersde morts ou de blessés et privé d’abri près duquart de la population. Les dégâts causés auxstructures sociales, aux infrastructures sani-taires et éducatives, aux secteurs de produc-tion et à l’environnement représentent 12 %du produit intérieur brut du pays en 2000. Onestime à plus de 1,9 milliard de dollars lemontant total des coûts de reconstruction.

Ces tremblements de terre ne sont que laculmination d’une série de catastrophes natu-relles, de plus en plus fréquentes et graves, quiont accentué la vulnérabilité écologique d’ElSalvador. Au cours des trois dernières annéesseulement, plusieurs catastrophes – El Niño,l’ouragan Mitch et La Niña – se sont abattuessur le pays, entraînant à chaque fois des effetscumulatifs.

A l’âge de 18 ans, Rosemberg, dont ledomicile familial a été presque entièrementdétruit par le tremblement de terre, est déjàun expert de l’atténuation des effets descatastrophes. Il travaille comme bénévolepour les Defensorías de los Derechos de laNiñez y Adolescencia (Défenseurs des droitsdes enfants et des adolescents), une initiativemise en place avec l’appui de l’UNICEF à lasuite de l’ouragan Mitch de 1998. LesDefensorías forment de jeunes volontaires à laréadaptation psychosociale et les préparent àvenir en aide aux enfants et aux adultes enétat de choc. C’est ce qui a incité MirnaBulnes, originaire de San Salvador et âgée de19 ans, à participer au programme. Elle a com-mencé ses activités de bénévole juste avantque l’ouragan ne ravage le pays.

Du fait de ses structures géologiques,l’Amérique centrale est sujette à des mouve-ments sismiques, des ouragans, des tsunamis,des éruptions volcaniques, des inondations etdes sécheresses. Mais il existe également d’im-portants facteurs humains qui accentuent la gra-

vité de ces catastrophes. Le déboisement exces-sif fait perdre aux terres leur stabilité et leur fer-tilité en quelques années. Les flancs de collineescarpés s’érodent rapidement si l’on n’investitpas dans la préservation des sols. La densité dela population entraîne souvent, comme en ElSalvador, le développement rapide et anar-chique d’implantations humaines dans desrégions vulnérables et laisse les habitants à lamerci de toutes les catastrophes.

Ce sont avant tout les pauvres qui viventdans ces régions précaires et fragiles sur leplan de l’environnement, sur des terres dontpersonne d’autre ne veut, loin des services etdes emplois, dans des régions rurales isoléesou sur des flancs de colline escarpés. Les effetsnéfastes de la pauvreté, de la croissancedémographique et des agressions contre l’en-vironnement s’aggravent mutuellement et ilscréent un véritable cercle vicieux : la pauvretécontribue au maintien d’un taux d’accroisse-ment élevé de la population et à la dégradationde l’environnement, qui contribuent tous deuxà leur tour à la perpétuation de la pauvreté.Pauvreté, croissance démographique et dégra-dation de l’environnement ne constituentessentiellement qu’un seul et même problème.

Les conséquences des tremblements deterre qui se sont produits cette année en ElSalvador étaient en grande partie prévisibles.Depuis des années, on annonçait que les pro-blèmes qui s’étaient accumulés mèneraient unjour ou l’autre à la catastrophe. D’innombrablesétudes, livres et évaluations ont souligné à quelpoint il était nécessaire d’adopter une stratégienationale de prévention des catastrophes et des

lois et des institutions adéquates qui permet-tent de protéger l’environnement et de parvenirau développement durable.

« Notre pays a besoin d’un plan straté-gique de prévention des catastrophes, quiprévoit principalement des mesures d’atté-nuation des risques dans les zones de grandevulnérabilité », explique Mirna. Et elle veutque ce plan soit établi avec la participationdes jeunes. « Nous, les jeunes, nous voulonsparticiper activement à toutes les mesures deprévention de ce type de catastrophe, defaçon à sensibiliser la population de mon payssur le plan politique et social. » Rosembergestime que la solution consiste à sensibiliserles jeunes à la prévention des catastrophes :« Cela nous permettrait d’espérer dans unecertaine mesure que ces jeunes ou ces enfantsauront les moyens de mobiliser leur commu-nauté. » Rosemberg veut un Ministère de l’en-vironnement doté de forts pouvoirs et souhaiteque le gouvernement privilégie les questionssociales, économiques et écologiques lors del’élaboration de ses politiques.

Mirna et Rosemberg estiment-ils que leurpays pourra être reconstruit ? « Non seulementje suis sûre que mon pays pourra être recons-truit, mais je pense également que tout lemonde y participera et qu’un jour, nous vivronsdans un pays offrant de meilleures possibilitésde progrès social et économique », dit Mirna.Rosemberg pense quant à lui que « si nousunissons nos efforts, en tant que Salvadoriens,sans escompter une rémunération financièrepour aider les autres, nous pourrons surmon-ter tous les obstacles. »

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Nord – Danemark, Norvège, Pays-Bas etSuède – qui montrent depuis longtempsla voie à suivre et qui ont régulièrementatteint ou dépassé le minimum recom-mandé par l’ONU de 0,7% du PNB. Dansl’état actuel des choses, le montant annueldes flux d’aide bilatérale en provenancedes pays industrialisés est inférieur de 100milliards de dollars au montant qu’ilss’étaient fixé. Tant que l’aide reste à unniveau aussi faible, les pays riches man-quent à leurs engagements. Les objectifsconvenus sont des objectifs convenus : siles premières puissances économiques dumonde les ignorent de façon aussi fla-grante, comment leurs gouvernementspeuvent-ils en toute bonne consciencesermonner leurs homologues des pays endéveloppement, dont les ressources infi-niment moindres réduisent d’autant lamarge de manœuvre ?

Les pays qui revendiquent un rôle pré-pondérant dans l’économie mondiale doi-vent aller au-delà des promesses non tenuesdu siècle dernier. Ils doivent répondre àl’appel du Directeur général du FMI,Horst Köhler, qui voudrait voir lancer« une campagne de mobilisation dupublic pour faire adopter par tous lesgouvernements et parlements des paysmembres de l’OCDE des mesures permet-tant d’atteindre l’objectif de 0,7% avantla fin de cette décennie »61. Cet appui dupublic ne sera pas difficile à obtenir : unsondage réalisé récemment aux Etats-Unisa permis de constater que les personnesinterrogées pensaient que leur gouverne-ment consacrait nettement plus de 20 %du budget fédéral à l’aide extérieure.Quand on leur a demandé ce qu’ellesconsidéraient être un taux appropriéd’aide extérieure, la moyenne de leursréponses était de 14 % du budget. Or, lapart effective du budget des Etats-Unisqui va à l’aide extérieure est de 0,3 %62. EnEspagne, dans le même temps, certainesmunicipalités ont pris l’initiative en lamatière en décidant de consacrer 0,7 % deleur budget à l’aide à des municipalités depays en développement.

Un événement des plus encourageantss’est produit à Londres en février 2001. LeMinistre des finances du Royaume-Uni,Gordon Brown, et la Secrétaire chargée dudéveloppement international, Clare Short,avaient organisé une conférence d’unejournée sur le thème de l’action interna-

tionale contre la pauvreté des enfants. Celamarquait un infléchissement notable del’axe des préoccupations. Prenant ausérieux l’appel du Mouvement mondialen faveur des enfants, aux termes duqueltoute personne, quelle que soit la placequ’elle occupe dans la société, doit fairetout ce qui est en son pouvoir pour queles droits des enfants soient réalisés,Gordon Brown a usé de l’influence qu’iltirait de son poste de ministre desfinances de l’un des pays les plus richesdu monde. Les ministres des finances depresque toutes les régions du mondeavaient été invités à cette conférence, demême que les directeurs de la Banquemondiale et du FMI et des délégationsdes principales institutions de l’ONU etd’ONG – et ils ont tous dû s’expliquer surles contributions qu’ils comptaient appor-ter. C’était admettre que les objectifs dedéveloppement que la communauté inter-nationale s’est engagée à atteindre d’ici à2015 n’ont une chance d’être réalisés quesi toutes les parties collaborent en s’enga-geant nettement plus à fond qu’elles nel’ont fait jusqu’à présent – et, tout parti-culièrement, que si l’on peut compter surles ministres des finances et les institu-tions financières internationales, quicontrôlent les ressources.

« En œuvrant ensemble à la réalisationd’un but commun, nous pouvons accom-plir beaucoup plus qu’en faisant cavalierseul, dit Gordon Brown. C’est en plaçantles besoins des jeunes et des pauvresau centre non seulement des politiquessociales, mais aussi des décisions finan-cières, de la politique économique et del’action diplomatique internationale, quenous pourrons assurer un avenir meilleur –un avenir de santé et d’espoir – où nulenfant n’est abandonné à son sort et oùchaque enfant, dans chaque pays, a lapossibilité de tirer au mieux parti de sescapacités. »63

S’exprimant lors de la même conféren-ce à la faveur d’une liaison par satellite,Nelson Mandela a placé les participantsdevant leurs responsabilités : « Les enfantsdevraient être au centre des préoccupa-tions mondiales. Nous devons revoir lesstratégies de lutte contre la pauvreté defaçon à donner la priorité aux investisse-ments à réaliser pour les enfants ».

Parmi les initiatives qui ont vu le jourlors de cette conférence, citons la propo-

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Sous les ponts des grandesartères routières de Jakarta(Indonésie), Sri Irianingsihet Sri Rosiati, deux sœursjumelles surnommées Rianet Rosi, ont construit avec lesmoyens du bord, c’est-à-direavec des cartons, caisses desavon et nattes en jute, desdispensaires et des écoles des-tinés aux centaines d’enfantsdes rues que compte la ville.Leur budget mensuel, d’enmoyenne 2 000 dollars parmois, vient en grande partiede leurs propres revenus.

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ENCADRÉ

15Timor oriental : la volonté de bâtir une nationindépendante

Dans une petite boutique située près dumarché de Maliana, Agusta et Victoria daSilva servent des clients, de part et

d’autre d’un établi de bois rudimentaire. Dansla boutique d’à côté, Dulce Maria, assise à unemachine à coudre à pédale, confectionne un T-shirt. Ces trois femmes participent à la coopé-ration Nove Nove, en vendant des articles faitsmain (vêtements et paniers, par exemple) ainsique des produits manufacturés importés leplus souvent d’Indonésie.

Ces femmes font toutes partie du grouped’entraide Nove Nove (Neuf Neuf). A ellestoutes, les 48 membres de Nove Nove ont plusde 200 enfants, mais pas un seul mari. Leursmaris ont tous été tués en septembre 1999,lors de la vague de violence qui s’est abattuesur le Timor oriental après que les électeurseurent opté, le 30 août, pour l’indépendancevis à vis de l’Indonésie.

Les répercussions de ces semainesd’émeutes ont été à la fois immédiates etdurables. Les services publics ont été fermésquasiment du jour au lendemain, car les locauxde l’administration ont été pillés et anéantis etle personnel administratif est parti en masse.Des écoles ont été détruites, des bureaux deposte de village réduits en cendres et les deuxtiers de la population environ ont été déplacés.La plupart des véhicules, des bateaux de pêcheet des biens personnels ont disparu. Plusieursmilliers de personnes également.

A l’heure actuelle, de nombreux organismesunissent leurs efforts afin de former ceux quiprendront la direction du Timor oriental lorsquele pays accèdera complètement à l’indépen-dance. L’absence actuelle de politiques et destructures risque certes de nuire aux droits del’enfant mais cela permet également d’inscrireà l’ordre du jour national les questions quiconcernent les enfants et les jeunes.

Regina Leite vit avec six de ses enfantsdans une grande maison, sur une collinedominant le centre ville de Maliana. Deuxautres de ses enfants vivent à Dili et un autrefait ses études en Australie grâce à une bour-se. Son mari était le chef local du CNRT, unorganisme de coordination du mouvementpour l’indépendance du Timor oriental. Le nomNove Nove commémore la date à laquelle il aété tué, le 9 septembre 1999. Bien que Reginasouffre actuellement d’une rechute de palu-disme, elle accepte malgré tout de répondreaux questions d’inconnus.

« J’ai décidé de fonder Nove Nove parceque j’ai compris qu’il y avait beaucoupd’autres femmes dans la même situation quemoi. Je me suis aussi aperçue que c’était utilede parler de ce qui s’est passé avec d’autrespersonnes qui ont subi les mêmes épreuves »,

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explique-t-elle. Les femmes de Nove Nove ontcommencé par se réunir pour discuter de leursproblèmes quotidiens : aller chercher del’eau, nourrir les enfants et les envoyer à l’éco-le, reconstruire les maisons détruites par lesémeutes. « Ensemble, nous parlions, et nouspleurions. Cela nous aidait de savoir que nousn’étions pas toutes seules. Quelquefois, quandune femme pleure, ses amies lui diront sur leton de la plaisanterie de reprendre courage.Nous savons quand nous pouvons plaisanter,et quand nous avons besoin de pleurer. »

Si la parole est utile, les femmes ont vitecompris que cela ne les aiderait ni à résoudreleurs problèmes ni à nourrir et à habiller leursenfants. A ce stade, Mme Leite a assisté à unprogramme de formation à la prise de respon-sabilité organisé par l’UNICEF à Maliana.Pendant les trois cours de formation, elle aappris, en compagnie de 34 autres femmes, àdiriger une organisation, et notamment à éta-blir un plan d’action, à fixer des objectifs et àprendre des décisions en groupe. Elle s’estégalement rendue à Dili, où FOKUPERS, leForum de communication des femmes du Timororiental a organisé, avec le concours de l’UNICEF,un atelier consacré à la gestion de coopéra-tives commerciales.

« La formation que nous avons reçue del’UNICEF nous a servies, non seulement dansnotre commerce mais aussi à la maison. Nousavons tous des enfants à élever et des foyers àgérer ; les techniques de gestion du tempssont donc, par exemple, très utiles. Mais nousdevons acquérir d’autres compétences et nousdevons arriver à aider d’autres femmes. »

Si Nove Nove est un succès et une sourced’inspiration, d’énormes obstacles subsistentau Timor oriental. Tous les services sociaux, etnotamment ceux s’adressant aux enfants,

manquent de ressources. On compte souventplus de 60 élèves pour un seul enseignantdans les écoles primaires et la plupart des ser-vices de santé sont actuellement assurés parles ONG. L’UNICEF a formé les enseignants à desméthodes participatives et met au point, encoopération avec le futur ministère de l’éduca-tion, un programme de formation destiné auxdirecteurs d’école, pour la plupart sans gran-de expérience. Comme la situation actuelle aamené des jeunes et des femmes à assumerdes responsabilités auxquelles ils n’étaientpas préparés, l’UNICEF et d’autres organismesproposent aux femmes et aux jeunes des pro-grammes de formation à la prise de responsa-bilité, qui aident des centaines de personnes àfonder et à diriger des organisations.

Grâce aux cours d’alphabétisation, des mil-liers de femmes apprennent à lire et à écrire,dans des régions reculées, comme par exempleBobonaro et Ambeno. Mme Leite trouve égale-ment le temps de diriger avec d’autres per-sonnes l’un de ces cours d’alphabétisation, cequi n’a pas été facile. « Ils [ses enfants] fonttous des études, alors, cela a été pour moi unetrès lourde responsabilité. Je dois me forcertous les jours, mais je veux qu’ils aillent àl’école, je dois être forte pour eux. »

Pouvoir écrire à son fils Nivio, qui fait sesétudes en Australie, est un grand avantage etl’une des raisons qui l’ont poussée à créer desgroupes d’alphabétisation. Elle reconnaît quec’est difficile d’être séparée de Nivio pendantaussi longtemps. « Il sera à Sydney pendantquatre ans. Il ne voulait pas y aller, mais je luiai dit d’y aller. Son père disait toujours qu’ilvoulait que ses enfants soient instruits, pourqu’ils puissent avoir un bon travail à l’avenir.Lorsque Nivio aura fini ses études, je suis sûrequ’il reviendra ici. Son pays a besoin de lui. »

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sition du Gouvernement italien, qui seprévalait de la position dominante qu’iloccupait en assumant la présidence despays du G7, tendant à créer un Fondsd’affectation spéciale pour la santé auquelles 1 000 plus grosses sociétés du mondeverseraient un don d’au moins 500 000 dol-lars chacune. Les gouvernements des paysindustrialisés feraient alors une contribu-tion d’un montant identique, l’objectifconsistant à ce qu’il soit versé au fonds aumoins 1 milliard de dollars. Cette sommepourrait aider les pays à atteindre les objec-tifs de santé fixés pour 201564.

C’est exactement le type de partenariatentre pays riches et pauvres, gouverne-ments et sociétés, organismes des NationsUnies et ONG qui a fait défaut dans lesdernières décennies du XXe siècle – et quele Mouvement mondial en faveur desenfant entend inspirer et promouvoir àl’orée du XXIe. Il nous appartient à tous,enseignants, ministres, bénévoles et chefsd’entreprise, travailleurs sociaux et ban-quiers, d’apporter notre pierre à l’édifice.Il ne faut plus que le visage de la pauvretédu monde soit le visage d’un petit enfant.

La Session extraordinaireconsacrée aux enfantsLa Session extraordinaire de l’Assembléegénérale des Nations Unies consacrée auxenfants, en septembre 2001, est l’aboutis-sement d’années de travail de milliers d’or-

ganisations. Elle aura été précédée, commele sont toutes les grandes conférences desNations Unies, par une série de réunionspréparatoires au cours desquelles les prin-cipales questions ont été analysées etdébattues et un nouvel ensemble de prin-cipes et d’objectifs a été adopté. La ques-tion de la responsabilité a pris unenouvelle importance, en particulier dansle domaine des engagements à prendre enfaveur des enfants au cours des années àvenir.

A la différence de toutes les autresconférences de l’ONU, un éventail très larged’organisations de la société civile tra-vaillant avec les enfants ou pour eux ontd’entrée de jeu activement participé audébat. Les représentants des ONG ont euaccès aux préparatifs et ont fourni unecontribution importante aux projets dedocuments. Les organisations petites ougrandes de tous les pays du monde ontsurmonté leurs divergences pour seconcentrer sur des objectifs communs.Elles ont constitué une alliance sur demultiples fronts destinée à amener lemonde à prendre au sérieux l’idée selonlaquelle les enfants ont des droits fonda-mentaux et qu’ils doivent pouvoir comp-ter en priorité sur notre énergie, notredévouement et nos ressources.

Au demeurant, il s’agit d’une alliancequi ne vise pas simplement à se fairel’écho des besoins et des préoccupationsdes enfants, mais entend reposer sur leur

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A Ho Chi Minh (Viet Nam),Mme Tho, assistante socialeau foyer d’accueil Rose Warmde filles victimes de sévicessexuels, se consacre auxenfants victimes de la traite etde violences sexuelles, qu’elleaide à se remettre des trauma-tismes subis et à mener unevie productive.

Des chefs de file de la cause des enfants

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créer un monde digne des enfants en l’es-pace d’une génération.

Le travail a déjà démarré au niveaurégional. Au dixième Sommet ibéro-américain qui s’est tenu au Panama endécembre 2000, 21 chefs d’Etat et degouvernement ont signé une Déclarationdans laquelle ils s’engageaient à rendrel’instruction gratuite et obligatoire pourtous les enfants d’ici à 2015, à diminuer demoitié la mortalité maternelle d’ici à 2010et à réprimer la traite, les enlèvements etl’exploitation sexuelle des enfants. LaPrésidente du Panama Mireya Moscosoprésentera à la session extraordinaire uneproposition concernant un système plusintégré de surveillance de la façon dont lesgouvernements remplissent leurs engage-ments en faveur des droits des enfants.

Au Liban, on a organisé un colloquerégional en avril 2001 en vue d’élaborerun plan d’action intitulé Un monde arabedigne des enfants. Ce colloque a été suivien mai d’une conférence des ministresdes finances des pays arabes et africainstenue au Maroc, qui a préconisé de procé-der à des évaluations officielles des effetsdes politiques gouvernementales sur lesenfants; elle a aussi proposé de mettre surpied des comités nationaux qui feraientcampagne pour que soient élaborés desbudgets axés sur les besoins des enfants.En Chine, en mai 2001, les gouvernementsdes pays d’Asie orientale et du Pacifiquese sont engagés à placer le bien-être desenfants au premier rang de leurs priorités,convenant qu’il représentait « le plusimportant indicateur du progrès écono-mique et social national ». Cinquièmeréunion régionale à faire le bilan des pro-grès accomplis dans la réalisation des objec-tifs du Sommet mondial pour les enfants,c’est la première à avoir fait participeractivement les enfants et les adolescents.Entre-temps, au Népal, les ministres desfinances des pays d’Asie du Sud se sontrencontrés le même mois pour examinerla nécessité d’accroître sans délai lesinvestissements en faveur des enfants – etont dégagé un consensus sur la façon d’yparvenir. Ils sont convenus que les gou-vernements doivent forger de nouvellesalliances avec le secteur privé, avec lesorganisations de la société civile et avec lesenfants eux-mêmes en vue de dégager lesressources nécessaires. A Berlin, la réunionrégionale organisée pour l’Europe et l’Asie

participation. Le droit de participation desenfants ne saurait être plus approprié quedans le cadre de la session extraordinaireet des principales réunions qui l’auront pré-cédée. C’est ainsi qu’à Jomtien (Thaïlande)a eu lieu en avril une rencontre sans pré-cédent entre des enfants âgés de 11 à 18ans venus de tous les pays d’Asie orientale.Ils se sont rencontrés pour débattre desproblèmes des enfants de la région, expri-mer la façon dont ils pensent que leschoses devraient évoluer et formuler leurspropres recommandations à l’intention desgouvernements et des ONG qui participe-ront à la Session extraordinaire. Au coursdu même mois, des enfants de 27 paysd’Europe et d’Asie centrale se sont ren-contrés à Budapest pour travailler à l’éla-boration d’un Programme des jeunespour l’Europe et l’Asie centrale. Dans lamême veine, un Forum régional desjeunes s’est tenu à Amman en novembre2000, auquel ont participé des enfants duMoyen-Orient et d’Afrique du Nord : ilsont souligné que les enfants doivent êtreassociés à tous les efforts visant à mettrefin à l’inégalité, à la violence et à l’injus-tice, lesquelles mettent à mal les droitsdes enfants et le développement humain.Et en avril 2001, à Katmandou, un groupeappelé The Change Makers, qui représen-te les enfants des huit pays d’Asie du Sud,a présenté ainsi sa conception de l’avenirà des chefs d’entreprise de la région :« Nous voulons un monde où il n’y a pasde discrimination entre les garçons et lesfilles, entre les personnes valides et cellesqui ne le sont pas, entre les riches et lespauvres. Nous voulons un environnementsain, sûr et propre pour tous. Et nous vou-lons une instruction digne de ce nom etla possibilité de jouer, au lieu d’avoir àtravailler.»

Un monde digne des enfantsLa Session extraordinaire constituera pourles pays du monde l’occasion de rompreavec une tradition qui fait que l’on laissedes centaines de millions d’enfants sedébattre dans la pauvreté. Exploités dansle travail, condamnés à avoir faim tous lesjours, ils ne bénéficient d’aucune instruc-tion. Les délégués à la Session extraordi-naire auront la possibilité de participer àun moment historique au cours duquelles dirigeants du monde s’engageront à

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centrale a abouti à un plan d’action en 20points. « Si nous voulons créer un mondemeilleur pour nos enfants et leur proposerun avenir meilleur, a dit aux délégués leMinistre des affaires étrangères de laBosnie-Herzégovine Zlatko Lagumdz̆ija,nous devons placer les enfants et leursdroits au premier rang de nos préoccupa-tions politiques. »

Nous avons beaucoup appris au coursde plusieurs décennies de développementsur la façon dont les promesses peuvent êtreabandonnées ou esquivées – ce qui abou-tit toujours à faire des enfants les princi-pales victimes de la trahison. Nous avonsappris que les objectifs doivent être spéci-fiques, circonscrits dans le temps et mesu-rables – et que les progrès accomplis dansleur réalisation doivent être suivis et exa-minés de près. Il sera donc demandé auxreprésentants à la Session extraordinairede s’engager en faveur d’objectifs concretsconcernant la santé de l’enfant, l’instruc-tion, la lutte contre le VIH/SIDA et la protec-tion des enfants contre les mauvais traite-ments, l’exploitation ou la violence. Mais onleur demandera d’aller au-delà, et de rendrecompte de leurs progrès ou de leurs échecs.

Pour rendre possible la réalisation desobjectifs, il sera demandé aux représen-tants de s’engager à mobiliser les ressources

qui ont jusqu’à présent fait si cruellementdéfaut aux enfants du monde. Nous encou-rageons les dirigeants des gouvernementsdes pays en développement et des paysindustrialisés à œuvrer de concert pouratteindre les objectifs suivants :

■ Tous les pays qui n’y sont pas encorearrivés devraient redoubler d’effortspour atteindre l’objectif de 0,7 % duPNB à consacrer à l’aide publique audéveloppement;

■ Dégager les ressources qui permettrontd’accélérer l’allégement de la dette,s’agissant en particulier des pays lesmoins avancés et annuler toutes lesdettes officielles bilatérales;

■ Faciliter l’accès, libre de droits ou de toutcontingentement, aux exportations enprovenance des pays les moins avancés;

■ Donner aux dépenses en faveur desprogrammes sociaux l’avantage sur lesdépenses militaires;

■ Mobiliser des ressources nationales auservice du développement social et rédui-re les inégalités aux niveaux nationalet international;

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Dans l’une des 10 municipa-lités les plus pauvres duMexique, Lescek Zawadka,un musicien polonais vivantau Mexique, a fondé unechorale d’enfants, NiñosCantores de Valle de Chalco,qui est de l’avis général lameilleure du pays. La choraledonne régulièrement desconcerts et a effectué plu-sieurs tournées en Europeet en Amérique latine.

Des chefs de file de la cause des enfants

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La voixdesjeunes. . .

« Depuis six ans, c’est un wagon qui nous sert d’école. C’est difficile d’apprendrequoi que ce soit. Il n’y a pas de vitres aux fenêtres. L’été, il fait trop chaud et l’hiver,il fait trop froid (…) Je n’ai pas de gants, alors c’est très difficile d’écrire. En général,après une ou deux leçons dans le froid, les enseignants nous laissent partir. »

Isa, 17 ans, Azerbaïdjan

« [Et] lorsque vous commencez à espérer, votre sens de l’humour revient. Vous pouvezmême taquiner vos parents. » Xiuhua, 15 ans, (à propos de la recherche d’emploi), Chine

« Je m’appelle Eilyn. J’ai abandonné mes études à l’âge de 13 ans à cause de problèmeséconomiques. À 15 ans, j’ai essayé de reprendre, mais on ne m’a plus acceptée. »

Eilyn, 15 ans, Costa Rica

« J’ai toujours peur la nuit. Des hommes saouls viennent m’embêter tout le temps.Une fois, j’ai essayé de partir en courant avec mes frères et sœurs. Mais, on ne savaitpas où aller, on n’avait rien à manger et aucun endroit où dormir. Alors on est reve-nus. Maintenant, c’est encore pire. Il n’y a pas beaucoup de gens dans ma situation;la plupart des familles ont un parent; nous sommes toujours pauvres; quelquefois,les autres mangent ou boivent bien, mais cela ne nous arrive jamais. »

Zewdi, 14 ans, Érythrée

« Comment est-ce que je peux continuer à aller à l’école quand je n’ai pas assez àmanger ? » Vendeur des rues, 12 ans, Ethiopie

« Certains d’entre nous sont très privilégiés et feront de bonnes études et découvrirontbeaucoup de choses. Certains profitent des possibilités qui leur sont données. Mais, ily en a d’autres qui n’en profitent pas ou qui sont privés de perspectives d’avenir, parcequ’ils doivent travailler dès l’enfance, par exemple. Le travail des enfants semble plusrentable aux parents, parce qu’au lieu d’aller à l’école, les enfants gagneront de l’argentpour les parents. L’éducation serait un investissement pour les familles, qui souventn’en ont pas les moyens. » Deepti, 17 ans, Inde

« Avant d’être libéré par Bachpan Bachao Andolan, j’ai travaillé dans les carrières depierre de Faridabad, dans le Nord de l’Inde. Je recevais régulièrement des coups, sousn’importe quel prétexte. C’était comme si le prêt que mon père avait souscrit ne seraitjamais remboursé. Année après année, j’ai travaillé jusqu’à ce que, un jour, BachpanBachao Andolan intervienne! Aujourd’hui, je comprends à quel point c’est importantd’être instruit. Maintenant, personne ne me fera signer, à moi ou à ma famille, unefeuille blanche de papier pour nous réduire à l’esclavage. » Kaushalya, 14 ans, Inde

« Nous n’aimons pas ce travail, parce que c’est dur et très fatigant de cueillir du thé,mais nous le faisons, parce que ça nous aide de bien des manières. Ça nous aide àavoir de quoi manger, à payer les frais de scolarité et acheter des vêtements et autrechose, mais en même temps, nous voulons arrêter. » Betty, 13 ans, Kenya

« Même si je pouvais m’inscrire gratuitement en première année d’école, je n’auraispas de quoi acheter les fournitures scolaires. » Piana, 13 ans, Lesotho

« Je vis dans un ancien bâtiment des services publics, délabré et sans toit, avec ma sœurqui a quatorze ans, et mes trois enfants – un fils et deux filles (des jumelles). Mon fils aînéa quatre ans et les jumelles ont un an et demi. Lorsque je mendie, j’ai toujours mes enfantsavec moi. Ma sœur mendie aussi. On mange ensemble ce que l’on arrive à obtenir. »

Réfugiée, 16 ans, Somalie

« Je me suis mariée jeune (à 14 ans) et je ne suis pas instruite. Mais je ne laisserai pasma fille faire de même. Je lui donnerai la possibilité de s’instruire et de gagner sa vieavant de se marier. La guerre civile m’a forcée à me marier jeune. Je protégerai ma fillede ces erreurs – se marier jeune et ne pas aller à l’école. » Milicienne, 20 ans, Somalie

Sur lapauvreté etl’éducation■ Les enfants sont les plus durement

touchés par la pauvreté; ils engarderont toute leur vie desséquelles psychologiques etphysiques.

■ Plus d’un demi-milliard d’enfantsvivent avec moins d’un dollarpar jour.

■ L’éducation est la solution quipermettra de mettre fin à lapauvreté.

■ Plus de 100 millions d’enfants nevont pas à l’école à cause de lapauvreté, de la discriminationou de ressources insuffisantes.

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■ Restructurer l’aide et les dépensespubliques selon les critères de l’Initiative20/20 en vue d’universaliser l’accèsaux services sociaux de base, conformé-ment aux documents d’Oslo et duConsensus d’Hanoï.

A la Session extraordinaire, les gouver-nements doivent montrer qu’ils ont finipar comprendre que, dans l’intérêt de tous,il faut donner la priorité aux droits desenfants. Comme l’a dit Nelson Mandela,« Tout pays, toute société qui ne se souciepas de ses enfants n’est en aucune façonune nation.» Les chefs d’Etat ou de gou-vernement, les ministres et autres fonc-tionnaires, les experts et les militants quivont se réunir à New York ont un devoirdont les ont investis tous ceux qui fontpartie du Mouvement mondial en faveurdes enfants. Chaque personne qui a dit« Oui » pour les enfants, que ce soitdepuis les montagnes d’Afghanistan ou lajungle péruvienne, les villes allemandes oules « townships » d’Afrique du Sud, s’estengagée à soutenir un plan en 10 pointspour changer le monde – un plan dont leseffets se feront sentir sur la vie quotidien-ne de millions de personnes longtempsaprès la fin de la Session extraordinaire.

C’est maintenant au tour de ceux quidétiennent le pouvoir politique et sontinvestis de la confiance de leurs adminis-trés de favoriser le changement. Cette res-ponsabilité capitale leur incombe et ilsdoivent saisir les possibilités qui se pré-senteront. Les millions de personnes qui,dans tous les pays du monde, se sontengagées à soutenir la cause des droits desenfants vont observer avec une attentioninégalée la façon dont ils s’y prendront.Ceux qui aiment à s’appeler dirigeants

doivent donner tout ce qui sera néces-saire – et rien de moins – pour créer unmonde digne des enfants.

Droit acquis à la naissanceet promesseL’idée de droit acquis à la naissance estancienne et se retrouve dans toutes lescultures et toutes les religions. Alors quece siècle est encore tout jeune, faisons lapromesse sacrée de donner aux enfantsqui naîtront dans notre monde la santé etla nutrition, l’instruction et la protectionauxquelles leur naissance leur donne droit.

Nous en savons infiniment plus qu’au-paravant sur la façon de nous y prendre.En tant que communauté mondiale, nouspouvons mettre au service de cette causeplus de ressources que nous n’en avonsjamais eues.

C’est déjà tard pour Ayodele et lesenfants des années 90, pour tous ceux quisont nés à l’époque du Sommet mondialpour les enfants. Mais les décisions quiseront prises en septembre 2001 et lesmesures qui seront adoptées au cours desannées à venir pourraient changer le des-tin de la prochaine génération.

Nous tenons l’occasion de reléguerau rayon des antiquités l’abandon, lesmauvais traitements et l’exploitation desenfants et d’écrire une nouvelle page del’histoire des hommes. Si nous ne saisis-sons pas cette occasion, nos enfants nousjugeront avec sévérité et une fois encore,nous aurons trahi leur confiance. Les pro-messes que nous faisons aujourd’hui,nous devrons les tenir.

Cette fois, il n’y a plus d’excuses. Latâche est fixée et le chemin tracé. Il esttemps de se mettre à l’ouvrage.

73L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

En parlant ouvertement duSIDA dans son pays du Maroc,la Princesse Lalla Fatima Zohraa brisé en début d’année l’undes tabous de son pays. AuMaroc, le nombre de cas deSIDA a quadruplé l’an dernier,pour atteindre 20 000, et larégion est au bord de l’épidé-mie. Grâce à l’intervention dela Princesse Lalla Fatima, lesilence et le refus de voir laréalité en face ne viendrontpas s’ajouter aux autres fac-teurs de propagation du virus.

Des chefs de file de la cause des enfants

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12 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFAfghanistan Annual Report 2000 (publication àusage interne), UNICEF, Kaboul, décembre 2000,pp. 9, 10, 30.

13 Piot, Peter « Politicizing AIDS: interview withPeter Piot, » Africa-on-Line, p. 2,[www.afrol.com/Categories/Health/health045_piot_interview.htm].

14 Annan, op. cit., pp. 27-29

15 Organisation des Nations Unies, « Sessionextraordinaire de l’Assemblée générale consacréeau VIH/SIDA », Rapport du Secrétaire général,A/55/779, 16 février 2001, p. 19.

16 Session extraordinaire des Nations Unies sur leVIH/SIDA, Déclaration d’engagement contre leVIH/SIDA, « Crise mondiale, action mondiale », 25-27 juin 2001, New York.

17 Programme commun des Nations Unies sur leVIH/SIDA, Rapport sur l’épidémie mondiale duVIH/SIDA – juin 2000, p.132.

18 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFBotswana 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, décembre 2000, pp. 12, 14.

19 Nelson, Kenrad E., et al., ‘Changes in SexualBehavior and a Decline in HIV Infection amongYoung Men in Thailand’, The New England Journal ofMedicine, 1er août 1996, vol. 335: 297-303, no. 5.

20 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFMauritius 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, décembre 2000, pp. 5, 12, 19.

21 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFMalawi 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, p. 8, 9,14.

22 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFChina 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, Beijing, 2000, p. 5. Fonds desNations Unies pour l’enfance, UNICEF Républiquedémocratique populaire lao 2000 Annual Report(publication à usage interne), 2000, p.1.

23 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFCambodia 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, p. 11, 14.

Naissance et promesses non tenues

1 Ayodele est un personnage de fiction inspiré denombreuses petites filles semblables rencontréesdans les régions rurales de l’Afrique de l’Ouest.

2 Le chiffre est de 315 millions de personnes (232millions dans les pays industrialisés, 83 millionsdans les pays en développement). « Numberingcyberspace », Union internationale destélécommunications[www.itu.int/journal/200102/E/html/indicat.htm].

3 Public Broadcasting System[www.pbs.org/space station/station/issfactsheet.htm];NASA [http://spaceflight.nasa.gov./station/assembly].

4 Programme des Nations Unies pour ledéveloppement, « Mondialisation à visagehumain », Rapport sur le développement dans lemonde, Editions Groupe de Boek, Louvain-la-Neuve,Belgique, 1999, p.1.

5 Annan, Kofi A., Secrétaire général de l’Organisationdes Nations Unies, « Nous les peuples » : le rôlede l’Organisation des Nations Unies au XXIe siècle,Organisation des Nations Unies, Département del’information, New York, 2000, p. 7.

6 Interview accordée par Julius Nyerere à CharlayneHunter-Gault, The NewsHour with Jim Lehrer; PublicBroadcasting System, 27 décembre 1996 [www.pbs.org/newshour/bb/africa/december96/nyerere_12-27.html].

7 Bunting, Ikaweba, « The Heart of Africa, Interviewde Julius Nyerere sur l’anti-colonialisme »,New Internationalist, No. 309, janvier-février 1999[www.hartford-hwp.com/archives/30/049.html].

8 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFSomalia 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, pp. 13, 15, 27-28, 35.

9 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFNamibia 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, décembre 2000.

10 Bounds, Andrew, « Bull by the horns »,New Internationalist 330, décembre 2000, p. 22.

11 Ibid., p.23

Références

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24 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFJamaica 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, p. 3.

25 Fonds des NationsUnies pour l’enfance, UNICEFVenezuela 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, pp.1, 3.

26 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFCap-Vert 2000 Rapport Annuel (publication à usageinterne), UNICEF 2000, p. 3.

27 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFCambodia 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, décembre 2000, p. 14.

28 Wren, Christopher S., « Ex-Diplomat to Lead Groupin Aids Battle », The New York Times, 20 juin 2001,p. A8.

29 Rosenberg, Tina, « The world’s AIDS crisis issolvable – Look at Brazil, » The New York Times,Sunday Magazine, New York, 28 janvier 2001, p. 29.

30 McNeil, Donald G. Jr. « Money isn’t everything. »New York Times, Section 4, p. 2, juin 2001.

31 Zimmerman, Rachel. « Glaxo Unveils AnotherPrice Cut for AIDS Drugs to Poor Countries »,The Wall Street Journal, 11 juin 2001.

32 Nessman, Ravi, « Drug Companies Drop S. AfricaSuit », Associated Press, 19 avril 2001.

33 Nokia, Corporate Citizenship Program[www.nokia.com/insight/social/corp_citizen.html].

34 Information communiquée par Hiba Frankoul,Division du secteur privé, UNICEF, 5 avril 2001,communiqué interne.

35 A partir de commentaires d’UNICEF Bangladesh, 25mai 2001, communiqué interne.

36 Site Internet [www.tatasteel.com/tataorg/rural.htm].

37 Mandela, Nelson, et Graça Machel, « Au service desenfants du monde », lettre présentée à l’UNICEF le6 mai 2000.

Changer le monde avec les enfants

38 Interview de Marie Staunton au siège de PLANInternational à Woking (Angleterre), le 5 mars 2001.

39 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFCaribbean Area Office 2000 Annual Report(publication à usage interne), UNICEF, 2000, par. 86.

40 Lansdown, Gerison, Promoting Children’sParticipation in Democratic Decision-Making,UNICEF, Innocenti Insight, Innocenti ResearchCentre, Florence.

41 « Young Voices Design a Program: The BRACExperience », document BRAC présenté à l’UNICEFle 28 mars 2001.

42 Information communiquée par UNICEF Bangladesh,25 mai 2001, communiqué interne.

43 Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de finde décennie de la suite donnée au Sommet mondialpour les enfants », rapport du Secrétaire général,A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

44 Fontaine, Nicole, Présidente du Parlementeuropéen, avant-propos au document de GerisonLansdown pour Euronet (Réseau des enfantseuropéens) « Challenging Discrimination againstChildren in the EU », novembre 2000.

45 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFBolivia 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, décembre 2000, p. 19.

46 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFMoldova 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000.

47 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, UNICEFAzerbaijan 2000 Annual Report (publication à usageinterne), UNICEF, 2000, p.2.

48 Partie d’une déclaration commune présentée auComité préparatoire de la Session extraordinairede l’ONU par un groupe d’enfants et de jeunesreprésentant un large éventail d’ONG d’Afrique,d’Asie, d’Europe, d’Amérique latine et d’Amériquedu Nord.

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76 R E F E R E N C E S

57 Birdsall, Nancy, et Augusto de la Torre avec RachelMenezes, Washington Contentious: Economic Policiesfor Social Equity in Latin America, Carnegie Endowmentfor International Peace and Inter-AmericanDialogue, Washington, D.C., 2001, pp. 6-7.

58 Banque mondiale, « Making Markets Work Betterfor Poor People », chapitre 4 du Rapport sur ledéveloppement dans le monde 2000/2001: Luttecontre la pauvreté, Banque mondiale/ ÉditionsEska, Paris, 2001, pp. 61-76.

59 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, PovertyReduction Begins with Children, UNICEF, New York,mars 2000, p. 33.

60 Köhler, Horst, « Breaking the Cycle of WorldPoverty », allocution prononcée au nom du FMI lorsde la Conférence sur l’action internationale de luttecontre la pauvreté des enfants tenue à Londres, le26 février 2001[www.imf.org/external/pp/speeches/2001/022601.htm].

61 Ibid.

62 Programme on International Policy Attitudes,« Americans on Foreign Aid and World Hunger:A Study of US Public attitudes », University ofMaryland, février 2001[www.pipa.org/OnlineReports/BFW/questionnaire.htm].

63 Brown, Gordon, allocution prononcée lors de laConférence sur l’action internationale de luttecontre la pauvreté des enfants tenue à Londres, le26 février 2001[www.hm.treasury.gov.uk/docs/2001/child_poverty/chxspeech.htm].

64 Visco, Vincenzo, allocution prononcée au nom dugouvernement italien lors de la Conférence surl’action internationale de lutte contre la pauvretédes enfants tenue à Londres, le 26 février 2001.

Les actions qui peuvent changer le monde

49 Banque mondiale, The East Asia Miracle: Economicgrowth and public policy, Policy Research Report,World Bank/Oxford University Press 1993, pp. 46- 47.

50 Mehrotra, Santosh, et Richard Jolly, sous ladirection de, Development with a Human Face,Clarendon Press, Oxford, 1997, pp. 46, 47.

51 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, PovertyReduction Begins with Children, UNICEF, New York,mars 2000, p. 31.

52 Vandemoortele, Jan, « Absorbing social shocks,protecting children and reducing poverty: The roleof basic social services », documents de travail desservices de l’UNICEF, Série Evaluation, politique etplanification, numéro EPP-00-001, UNICEF, NewYork, 2000, pp. 21-23.

53 Young, Mary Eming, Early Child Development:Investing in the future, Banque mondiale,Washington, D.C., 1996, pp. 10-11.

54 Lockheed, Marlaine E., Dean Jamison et Lawrence J.Lau, « Farmer Education and Farm Efficiency:A survey », Economic Development and CulturalChange, University of Chicago, octobre 1980,pp. 37-76, cité dans Colclough, Christopher, avecKeith Lewin, Educating All the Children: Strategiesfor primary schooling in the South, ClarendonPress, Oxford, 1993, p. 30.

55 Fonds des Nations Unies pour l’enfance, PovertyReduction Begins with Children, UNICEF, New York,mars 2000, pp. 15, 28.

56 Summers, Lawrence H., Investing in All The People,conférence Quad-i-Azam donnée lors de la huitièmeAssemblée générale annuelle de la Sociétépakistanaise des économistes du développement,tenue à Islamabad, janvier 1992, série desdocuments de recherche sur les politiques, Banquemondiale, Washington, D.C., mai 1992, p. 1.

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Représentations graphiques des conclusions des examens de fin dedécennie menés dans plus de 130 pays qui ont évalué la réalisation desobjectifs du Sommet mondial pour les enfants de 1990. Les indicessélectionnés permettent d’illustrer à la fois les gains obtenus et lesproblèmes à venir dans le domaine du bien-être des enfants.

Cartes

1. PROGRÈS ACCOMPLIS DEPUIS LE SOMMET MONDIAL

POUR LES ENFANTS.............................................................. PAGE 78

2. PROMOUVOIR LA SANTÉ ET UNE ÉDUCATION DE QUALITÉ ........ PAGE 80

3. PROTÉGER LES ENFANTS ET LUTTER CONTRE LE VIH/SIDA ...... PAGE 82

77L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Cartes

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Enquêtes sur les ménages

Enquêtes sur les ménages menées à la fin de la décennie

Suppléments de vitamine A

70 % ou plus des enfants de moins de 5 ans ont reçu au moins un supplément de vitamine A en 1999

Consommation de sel iodé

Entre 90 % et 100 % des ménages consomment du sel iodé1997–2000

Source : UNICEF, pour les pays en développement.

1999

46 %

39 %

1989

Allaitement exclusif : tendancesNourrissons de

0 à 3 mois qui en bénéficient

dans le monde en développement

Source : UNICEF.

Evolution en pourcentage :

+ 18 %

Burkina Faso 3 %

Ghana 10 %

Soudan73 %

Nigéria 10 %

75 223nombre total

de cas signalés 2000

Autres 3 %

Niger 2 %

DracunculoseRépartition des cas signalés 1990–2000Source : OMS.

623 844nombre total

de cas signalés 1990

Progrès accomplis depuis le Sommet mondial pour les enfants

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Au cours du Sommet mondial pour les enfants de 1990, les dirigeants de la communauté internationale s’étaient engagés à atteindre 27 objectifs pour les enfants avant la fin 2000. Lors d’une analyse de fin de décennie, plus de 130 pays ont présenté leurs progrès accomplis vers ces objectifs. • Aujourd’hui, 43 pays en

développement donnent des suppléments de vitamine A à 70 % ou plus des moins de 5 ans. Cela a peut-être sauvé la vie d’un million d’enfants entre 1998 et 2000.

• Environ 72 % des ménages des pays en développement consomment du sel iodé, contre moins de 20 % il y a 10 ans.

• Dans le monde en développement, l’allaitement maternel exclusif pour les nourrissons de 0 à 3 mois est passé de 39 % à 46 % entre 1989 et 1999.

• La dracunculose (maladie du ver de Guinée) a été éradiquée sauf dans un pays du Moyen-Orient et certaines régions de l’Afrique subsaharienne.

Cette carte ne reflète pas une position de l’UNICEF sur le statut légal des pays et territoires représentés ou sur la délimitation de leurs frontières. La ligne en pointillé représente approximativement la « ligne de contrôle » établie à Jammu et au Cachemire consentie par l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif de Jammu et du Cachemire n’a pas encore fait l’objet d’un accord final entre les parties.

79L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 278 C A R T E S

Page 80: LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

Recours à la thérapie par réhydratation oralePour lutter contre les maladies diarrhéiques chez les enfants de moins de 5 ans, 1995–2000

Plus de 60 %

40 %–59 %

20 %–39 %

Moins de 20%

Pas de données

Enfants souffrant de malnutrition

Plus de 25 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’une insuffisance pondérale1995–2000

Enfants absents de l’école

Moins de 60 % des enfants sont inscrits ou vont à l’école primaire1994–2000

Source : UNESCO/UNICEF.

Cette carte ne reflète pas une position de l’UNICEF sur le statut légal des pays et territoires représentés ou sur la délimitation de leurs frontières. La ligne en pointillé représente approximativement la « ligne de contrôle » établie à Jammu et au Cachemire consentie par l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif de Jammu et du Cachemire n’a pas encore fait l’objet d’un accord final entre les parties.

Mortalité maternelleNombre de décès de mères pour 100 000 naissances vivantes 1995 Source : FNUAP/OMS/UNICEF.

Risque, sur toute la vie, de mourir en cours de grossesse ou lors de l’accouchement :Pays les moins avancés : 1 sur 16Pays industrialisés : 1 sur 4 085

ECO/CEI et

États baltes

Asie orientale et Pacifique

Amérique latine

et Caraïbes

Moyen-Orient et

Afrique du Nord

Asie du Sud

Afrique subsaharienne

55

140190

360

430

1,100

Asie orientale et Pacifique

6 %

Amérique latine et Caraïbes

5 %

ECO/CEI et États baltes

2 %

Pays industrialisés

2 %

Asie du Sud38 %

Moyen-Orient et Afrique du Nord

8 %

Afrique subsaharienne

39 %

Enfants non scolarisés bien qu’ils soient en âge d’aller à l’école primairePar région 1998Source : UNICEF.

Filles57 %

Garçons43 %

Promouvoir la santé et une éducation de qualité

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Pour mener à bien l’ordre du jour du Sommet mondial pour les enfants de 1990, resté inachevé, il faudra de nouvelles actions. Promouvoir la santé et assurer une éducation de qualité sont deux des priorités dégagées pour la prochaine décennie.

• La thérapie par réhydratation orale freine la déshydratation qu’entraînent les maladies diarrhéiques, l’une des principales causes de décès chez les enfants.

• Il y a encore 149 millions d’enfants qui souffrent de malnutrition dans le monde et les deux-tiers d’entre eux vivent en Asie. Le nombre absolu d’enfants qui souffrent de malnutrition a augmenté en Afrique.

• Bien que le nombre d’inscriptions d’enfants à l’école primaire ait augmenté, plus de 100 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école ne sont pas scolarisés. Sur ce total, près de 60 % sont des filles.

• Environ 515 000 femmes meurent chaque année de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement. Près de la moitié d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne.

81L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 280 C A R T E S

Page 81: LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

83L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 282 C A R T E S

1) sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes2) sur l’interdiction des pires formes de travail des enfants, no. 1823) sur l’interdiction des mines antipersonnel Les trois conventions 1 et 2

1 et 3

2 and 3

1 seulement

2 seulement

3 seulement

Aucune des conventions

Pas de données

A signé l’un ou l’autre des deux protocoles facultatifs à la CDE

Sources : Site Internet de l’ONU, 18 juin 2001; site Internet de l’OIT, 18 juin 2001.

Pays qui ont ratifié les conventions :

Afrique subsaharienne

Moyen-Orient et Afrique

du Nord

Asie du Sud et

Asie orientale

Amérique �latine

et Caraïbes

Europe �de l’Est

et Asie centrale

Pays hautement

industrialisés

Estimation du nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDAPar région 1990–2000

1990

2000

Source : ONUSIDA/OMS.

25 300 000

1 300 0001 500 000

100 000400 000

5 000

700 000550 000

830 000

7 000 000

6 400 000

1 800 000

Orphelins du SIDANombre d’enfants de moins de 15 ans dont la mère ou les deux parents sont morts du SIDA, dans certaines régions1990–2000

Source : ONUSIDA/UNICEF.Afrique de l’Est et �Afrique australe

780 000Afrique de l’Ouest et �

Afrique centrale360 000

Asie du Sud39 000

Amérique latine et Caraïbes15 000

Asie orientale et Pacifiqueless than 100

6 400 000Afrique de l’Est et Afrique australe

3 000 000Afrique de l’Ouest et Afrique centrale

650 000 Asie du Sud160 000 Amérique latine et Caraïbes140 000 Asie orientale et Pacifique

2000

1990

Le SIDA et la �mortalité des �moins de 5 �ans dans �certains �pays africainsPourcentage de �décès d’enfants de moins �de 5 ans dus au SIDA, �projections pour 2000–2005

50 % et plus

30 %–49 %

10 %–29 %

Source : Division de la population/ONU 1999.

Protéger les enfants et lutter contre le VIH/SIDA

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Pour protéger les enfants contre les mauvais traitements, l’exploitation et la violence, pour lutter contre le SIDA, la société tout entière doit se mobiliser.

•Les conventions internationales �sont des instruments juridiquement contraignants qui fixent les normes et les obligations pour les gouvernements nationaux. Celles qui sont notées sur la carte constituent, avec la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), le fondement de la protection des enfants et des femmes.

•On estime qu’il y a dans le monde 36 millions de séropositifs. 95 % d’entre eux vivent dans les pays en développement, 16,4 millions sont des femmes et 1,4 million sont des enfants de moins de 15 ans.

•Au moins 10,4 millions d’enfants �qui ont aujourd’hui moins de 15 ans sont orphelins, leur mère ou leurs deux parents ayant succombé au SIDA. 90 % d’entre eux vivent dans l’Afrique subsaharienne. En 2000, quelque 2,3 millions d’enfants de moins de 15 ans sont devenus des orphelins du SIDA, soit un toutes �les 14 secondes.

Cette carte ne reflète pas une position de l’UNICEF sur le statut légal des pays et territoires représentés ou sur la délimitation de leurs frontières. La ligne en pointillé représente approximativement la « ligne de contrôle » établie à Jammu et au Cachemire consentie par l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif de Jammu et du Cachemire n’a pas encore fait l’objet d’un accord final entre les parties.

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84 R E M A R Q U E S G E N E R A L E S S U R L E S C A R T E S

Carte 3. Protéger les enfants et luttercontre le VIH/SIDA : les titres completsdes Conventions indiquées sur la cartesont les suivants : Convention sur l’élimi-nation de toutes les formes de discrimi-nation à l’égard des femmes; Conventionno. 182 sur les pires formes de travaildes enfants : Convention concernant l’in-terdiction des pires formes de travail desenfants et l’action immédiate en vue deleur élimination; Convention concernantl’interdiction des mines terrestres anti-personnel : Convention sur l’interdictionde l’emploi, du stockage, de la produc-tion et du transfert des mines antiper-sonnel et sur leur destruction; CDE :Convention relative aux droits de l’en-fant; deux Protocoles facultatifs à la CDE :le Protocole facultatif se rapportant à laConvention relative aux droits de l’en-fant, concernant l’implication d’enfantsdans les conflits armés; et le Protocolefacultatif à la Convention relative auxdroits de l’enfant, concernant la vented’enfants, la prostitution des enfants etla pornographie mettant en scène desenfants.

La signature d’une Convention par unEtat constitue une approbation généraleet préliminaire et crée une obligationde bonne foi en vertu de laquelle l’Etats’abstiendra d’actions qui s’oppose-raient à l’objet et aux buts de la conven-tion. La ratification d’une conventionsignifie que l’Etat partie s’engage à êtrelié juridiquement par les termes de laconvention. Les deux Protocoles faculta-tifs à la Convention relative aux droits del’enfant ont été ouverts à la signature enmai 2000 et le processus de ratification acommencé.

Les données sur les orphelins du SIDAsont ventilées selon les régions géogra-phiques de l’UNICEF. Les données sur lespersonnes qui vivent avec le VIH/SIDA sontanalysées selon les régions de l’OMS etd’ONUSIDA. Ces divisions par région nesont pas comparables.

Les cartes se fondent sur les donnéescontenues dans le Rapport du Secrétairegénéral « Nous, les enfants : examen defin de décennie de la suite donnée auSommet mondial pour les enfants. » Desdonnées statistiques mises à jour extrai-tes des examens nationaux de fin dedécennie seront inclues dans une annexeau Rapport du Secrétaire général qui seradisponible à la Session extraordinairedes Nations Unies consacrée aux enfants,qui se déroulera en septembre 2001.

Les sources des données utilisées àdes fins d’illustration sont indiquées surchaque carte. Nous avons fait figurerle plus grand nombre de pays possibledans la limite de l’espace disponible.Certains Etats insulaires ont été marquésd’un carré pour faciliter la lecture desdonnées.

On peut accéder à une version interac-tive de ces cartes sur le site de l’UNICEFsur Internet à : <www.unicef.org/sowc02>.

Carte 1. Progrès accomplis depuis leSommet mondial pour les enfants : pasd’observation particulière.

Carte 2. Promouvoir la santé et une édu-cation de qualité : le taux de mortalitématernelle (le nombre de décès mater-nels pour 100 000 naissances vivantes)permet de mesurer le risque de décèsauquel est exposée une femme enceinte.Ce risque existe à chaque grossesse.Pour en donner une évaluation exacte, ilfaut prendre en compte le nombre moyende naissances par femme et la probabili-té de décès liés à la maternité, cumuléssur la durée de la période de fécondité(risque encouru sur la vie entière).

Les données sur la thérapie de réhy-dratation orale pour Belize, la Chine, leCosta Rica, le Mexique, la Namibie, SriLanka et la Syrie, datent de 1990-1995.Pour la Thaïlande et Trinité-et-Tobago,elles datent de 1987. Les données sur lamalnutrition des enfants en Namibieremontent à 1992.

Remarquesgénérales sur lescartes

Page 83: LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

85L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Bilans

Un résumé des objectifs de la décennie 1990-2000, des progrès accom-plis et de ce qu’il reste à faire, extrait du Rapport du Secrétaire général,« Nous, les enfants : examen de fin de décennie de la suite donnée auSommet mondial pour les enfants. »

1. SANTÉ DES ENFANTS............................................................ PAGE 86

2. NUTRITION ...................................................................... PAGE 87

3. SANTÉ DES FEMMES ............................................................ PAGE 88

4. EAU ET ASSAINISSEMENT ...................................................... PAGE 89

5. EDUCATION ...................................................................... PAGE 90

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BILAN

La santé de l’enfant (1990-2000)

OBJECTIFS PROGRES ACCOMPLISPROGRES ACCOMPLIS CE QU’IL RESTE A FAIRE

Mortalité infantile et mortalité des enfantsde moins de 5 ans : réduire d’un tiers letaux de mortalité infantile et le taux demortalité des moins de 5 ans (TMM5)

■ Plus de 60 pays ont atteint l’objectif enmatière de TMM5.

■ Diminution globale du TMM5 : 14 %.

■ Augmentation du TMM5 dans 14 pays(dont neuf de l’Afrique subsaharienne)et TMM5 inchangé dans 11 pays.

■ Persistance d’importants écarts de TMM5à l’intérieur des pays, selon les revenus,le lieu de résidence (ville/campagne) etl’origine (minorité/population majoritaire).

Poliomyélite : éradication totale à l’horizon2000

■ Éradication de la poliomyélite dans plusde 175 pays.

■ La poliomyélite subsiste à l’état endé-mique dans 20 pays.

Vaccinations systématiques : maintien d’unniveau élevé de couverture vaccinale

■ Maintien des vaccinations systématiques.Couverture vaccinale : 75 % (DCT3).

■ En Afrique subsaharienne, moins de lamoitié des enfants de moins de 1 anreçoivent le vaccin DCT3.

Rougeole : baisse radicale de la mortalité(95 %) et du nombre de cas (90 %) àl’horizon 1995, en prélude à l’éradicationgénérale de la maladie

■ Le nombre total de cas de rougeoledéclarés dans le monde a diminué deprès des deux tiers entre 1990 et 1999.

■ Dans plus de 15 pays, moins de la moi-tié des enfants sont vaccinés contre larougeole.

Tétanos néonatal : éradication à l’horizon1995

■ Objectif atteint pour 104 des 161 paysen développement.

■ Le nombre de décès dus au tétanos néo-natal a diminué de moitié entre 1990 et2000.

■ 27 pays (dont 18 pays africains) repré-sentent à eux seuls 90 % des cas detétanos néonatal.

Diarrhée : diminution de 50 % du nombre dedécès dus à la diarrhée

■ Objectif globalement atteint, selon lesestimations de l’OMS.

■ La diarrhée reste l’une des principalescauses de décès chez l’enfant.

Source : Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Rapportdu Secrétaire général, A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

Infections respiratoires aiguës (IRA) : dimi-nution de 50 % du nombre de décès dus àdes IRA parmi les moins de 5 ans

■ Gestion améliorée des cas d’IRA dansles centres de soins.

■ Efficacité éprouvée des vaccinations(anti-Haemophilus influenzae B etpneumococcies).

■ Les IRA reste l’une des principalescauses de décès chez l’enfant.

■ Les programmes verticaux axés spécifi-quement sur les IRA semblent avoir eupeu d’impact dans l’ensemble.

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BILAN

Nutrition (1990-2000)

Source : Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Rapportdu Secrétaire général, A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

OBJECTIFS PROGRES ACCOMPLISPROGRES ACCOMPLIS CE QU’IL RESTE A FAIRE

Malnutrition : réduire de 50 % le nombrede cas de malnutrition grave et modéréechez les enfants de moins de 5 ans

■ Le nombre de cas de malnutrition adiminué de 17 % dans les pays en déve-loppement. L’Amérique du Sud a atteintl’objectif puisqu’elle enregistre une réduc-tion de 60 % des cas d’insuffisance pon-dérale sur la décennie.

■ 149 millions d’enfants, dont les deuxtiers en Asie, souffrent encore de mal-nutrition. Le nombre d’enfants souffrantde malnutrition en Afrique a augmentéen valeur absolue.

Allaitement maternel : permettre à toutesles femmes de nourrir leurs enfants exclu-sivement au sein pendant quatre à sixmois et de continuer à les allaiter en leurdonnant des aliments d’appoint durantune bonne partie de la deuxième année

■ Le pourcentage d’enfants nourris exclu-sivement au sein a augmenté de près d’uncinquième au cours de la décennie.

■ Quelque 50 % seulement des enfantssont exclusivement nourris au sein pen-dant les quatre premiers mois.

■ Le nombre de femmes qui continuent àallaiter leurs enfants en leur donnant desaliments d’appoint durant la deuxièmeannée a aussi augmenté.

Avitaminose A : éliminer presque totalementl’avitaminose A en 2000

■ Plus de 40 pays administrent à la gran-de majorité des enfants (plus de 70 %)au moins une dose de vitamine A paran. L’UNICEF estime qu’au moins 1 mil-lion de décès d’enfants auraient pu êtreévités au cours des trois dernièresannées seulement si cette mesure avaitété prise plus tôt.

■ Comme un grand nombre de pays n’or-ganisent plus de journée nationale devaccination contre la poliomyélite, ilfaudra trouver un nouveau système pourdistribuer la vitamine A.

Troubles dus aux carences en iode : éliminerpresque totalement les carences en iode

■ Quelque 72% des foyers dans les paysen développement utilisent du sel iodé,contre moins de 20% au début de ladécennie, grâce à quoi chaque année90 millions de nouveau-nés échappent àd’importants troubles d’apprentissage.

■ Il existe encore 37 pays où moins de lamoitié des foyers consomment du seliodé.

Insuffisance pondérale à la naissance :ramener à moins de 10 % la proportiond’enfants ayant un poids insuffisant à lanaissance (2,5 kg ou moins)

■ A ce jour, 57 pays en développementcomptent moins de 10% d’enfants pré-sentant une insuffisance pondérale à lanaissance.

■ Chaque année, 11 millions de bébésen Asie du Sud-Est et 3,6 millions debébés en Afrique subsaharienne pré-sentent une insuffisance pondérale à lanaissance.

Surveillance de la croissance : institution-naliser la surveillance de la croissance etautres actions en faveur de la croissancedes enfants, dans tous les pays avant la findes années 90

■ Une majorité de pays en développementont institué une surveillance de la crois-sance et autres actions dans ce domaineen utilisant diverses approches.

■ Les renseignements tirés de la sur-veillance de la croissance servent rare-ment de base aux mesures prises parles gouvernements, la communauté oula famille.

Sécurité alimentaire des ménages : faireconnaître les moyens d’accroître la pro-duction alimentaire et fournir les servicesnécessaires à cette fin

■ Le nombre d’habitants de pays en déve-loppement souffrant de carences calo-riques a très légèrement diminué.

■ Un tiers environ de la population del’Afrique subsaharienne n’a pas assez àmanger.

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88 B I L A N S

Source : Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Rapportdu Secrétaire général, A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

BILAN

Santé des femmes (1990-2000)

OBJECTIFS PROGRES ACCOMPLISPROGRES ACCOMPLIS CE QU’IL RESTE A FAIRE

Mortalité maternelle : réduire de moitiéentre 1990 et 2000 le taux de mortalitématernelle

■ Il y a une plus large sensibilisation auxcauses du taux élevé de mortalité mater-nelle, mais peu de progrès concrets.

■ Rien ne permet de penser que les taux demortalité maternelle aient sensiblementbaissé au cours de la dernière décennie.

■ 515 000 femmes meurent encore chaqueannée des suites de la grossesse ou del’accouchement. En Afrique subsaha-rienne, les femmes ont 1 chance sur 13de mourir au cours de la grossesse oude l’accouchement.

Planification familiale : faire en sorte quetous les couples aient accès à l’informationet aux services nécessaires pour prévenirles grossesses prématurées, trop rappro-chées, trop tardives ou trop nombreuses

■ Le recours à la contraception a augmentéde 10 % au niveau mondial et doublédans les pays les moins avancés.

■ Le taux de fécondité cumulé est passéde 3,2 % à 2,8 %.

■ Chaque année, 15 millions d’enfants nais-sent de mères adolescentes.

■ 23 % seulement des femmes d’Afriquesubsaharienne (mariées ou vivant mari-talement) utilisent des contraceptifs.

■ L’accès à l’information sur la santé enmatière de reproduction reste très limité.

Soins obstétricaux : faire en sorte quetoutes les femmes enceintes aient accèsaux soins prénatals, qu’elles soient assis-tées lors de l’accouchement par des per-sonnes formées à cet effet et qu’elles aientaccès à des services d’orientation en casde grossesse à haut risque ou d’urgenceobstétrique

■ Dans toutes les régions, sauf en Afriquesubsaharienne, de modestes progrès ontété enregistrés en ce qui concerne lessoins prénatals et les accouchementsassistés par un agent sanitaire qualifié.

■ Les services essentiels de soins obsté-tricaux manquent.

■ Seules 29 % de femmes en Asie du Sudet 37 % en Afrique subsaharienne béné-ficient de soins obstétricaux.

Anémie : réduire du tiers par rapport à1990 la proportion de femmes souffrantd’anémie ferriprive

■ La plupart des pays en développementont pris des mesures pour donner unapport complémentaire de fer auxfemmes enceintes.

■ D’après les données disponibles, il n’y aguère eu de progrès au cours des années90 quant à la prévalence de l’anémieparmi les femmes enceintes.

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BILAN

Eau et assainissement (1990-2000)

Source : Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Rapportdu Secrétaire général, A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

OBJECTIFS PROGRES ACCOMPLISPROGRES ACCOMPLIS CE QU’IL RESTE A FAIRE

Eau : accès à l’eau potable pour tous ■ 816 millions de personnes supplémen-taires ont eu accès à des services d’ap-provisionnement en eau de meilleurequalité, au cours des 10 dernières années.

■ 1,1 milliard de personnes n’ont toujourspas accès à l’eau potable. Le taux decouverture mondial n’a augmenté quede 3 % pour atteindre 82 %.

■ Les problèmes liés à la qualité de l’eause sont aggravés dans un certain nombrede pays, au cours des 10 dernièresannées.

■ Le taux de couverture dans les zones àfaible revenu demeure faible, surtoutdans les habitats spontanés.

Assainissement : accès pour tous à desmoyens hygiéniques de traitement desexcréments

■ 747 millions de personnes supplémen-taires ont utilisé de meilleures installa-tions sanitaires.

■ 2,4 milliards de personnes, dont la moi-tié de la population asiatique, n’ont pasaccès à des services d’assainissement.Le taux de couverture mondial n’a aug-menté que de 5 %, pour atteindre 60 %.

■ 80 % des personnes n’ayant pas accès àdes services d’assainissement vivent enzone rurale.

Dracunculose (maladie causée par le verde Guinée) : éradication

■ Le nombre de cas signalés a diminué de97 %. La maladie est désormais éradi-quée dans toutes les régions, à l’excep-tion d’un pays au Moyen-Orient et de 13pays en Afrique subsaharienne.

■ La dynamique en faveur de l’éradicationde la dracunculose doit être maintenue.

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Source : Nations Unies, « Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants », Rapportdu Secrétaire général, A/S-27/3, Nations Unies, New York, 4 mai 2001.

BILAN

Education (1990-2000)

OBJECTIFS PROGRES ACCOMPLISPROGRES ACCOMPLIS CE QU’IL RESTE A FAIRE

Développement du jeuneenfant : extension des acti-vités de développement dela petite enfance, y com-pris les interventions peucoûteuses aux niveauxfamilial et communautaire

■ Le taux d’inscription des enfants dans les pro-grammes de développement de la petite enfancea rejoint, voire dépassé, le taux de croissancede la population dans la plupart des régions.

■ Les progrès réalisés ont surtout touché lespopulations urbaines et l’élite et les pro-grammes officiels préscolaires.

■ Les pays d’Europe centrale et orientale et d’Asiecentrale ont vu le quasi-effondrement des ser-vices publics d’éducation préscolaire.

■ Progrès restreints en matière d’approches fami-liale et communautaire.

Accès universel à l’éduca-tion de base : 80% au moinsdes enfants d’âge scolairerestent à l’école jusqu’à lafin du cycle primaire

■ Le taux net d’inscription à l’école primaire aaugmenté dans toutes les régions, atteignant82 % pour l’ensemble.

■ L’Amérique latine a atteint son objectif régionalà savoir que plus de 70% d’enfants terminent lecycle primaire dans les zones urbaines.

■ Le Forum mondial sur l’éducation (Dakar 2000)a entériné une définition exhaustive de la qualitéen matière d’éducation.

■ Plusieurs pays ont allongé la durée de l’éduca-tion de base pour combler le fossé existant entrela fin de l’école obligatoire et l’âge minimal d’ad-mission à l’emploi.

■ L’éducation fait désormais partie intégrante del’ensemble des mesures de base de l’assistancehumanitaire.

■ L’Initiative en faveur des pays pauvres très endet-tés (PPTE) II associe maintenant l’augmentationdes investissements en matière d’éducation debase à l’allégement de la dette.

■ Plus de 100 millions d’enfants en âge de fré-quenter l’école primaire restent non scolarisés,en particulier les enfants qui travaillent, sontséropositifs ou sont atteints du SIDA, touchéspar les conflits armés ou handicapés, issus defamilles défavorisées ou de minorités eth-niques, ou vivent en milieu rural.

■ Des millions d’enfants reçoivent un enseigne-ment de qualité médiocre.

■ Le tiers au moins des 190 millions d’enfantsâgés de 10 à 14 ans qui vivent et travaillentdans les pays en développement n’ont aucunaccès à l’éducation de base.

■ Financer les interventions en faveur de l’éduca-tion lors de crises humanitaires ne revêt qu’unfaible niveau de priorité.

■ La mise en œuvre de l’Initiative II a été lente.

Inégalités entre filles etgarçons : réduction de l’écartexistant

■ L’écart dans les taux d’inscription à l’école pri-maire pour les filles et les garçons s’est globalementréduit, passant de 8 à 6 points de pourcentage.

■ Parmi les régions en développement, l’ECO/CIS etÉtats baltes, l’Amérique latine et Caraïbes et l’Asiede l’Est et Pacifique présentent l’écart le plusfaible (inférieur ou égal à 2 points de pourcentage).

■ Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique duNord ont réduit l’écart de moitié (8 points depourcentage).

■ L’Asie du Sud a réduit l’écart de presque un cin-quième (14 points de pourcentage).

■ En Afrique subsaharienne, l’écart entre filles etgarçons est resté inchangé au cours des 10 der-nières années.

Alphabétisation des adultes :réduction du taux d’anal-phabétisme chez les adultesà la moitié de son niveaude 1990, avec une attentionparticulière portée à l’al-phabétisation des femmes

■ L’analphabétisme des adultes est tombé de 25à 21 %.

■ Le nombre absolu d’adultes analphabètes dansle monde est resté le même, soit environ 880millions dans les 10 dernières années, lenombre d’analphabètes augmentant dans laplupart des régions.

■ L’analphabétisme se concentre de plus en plussur les femmes, en particulier en Asie du Sud eten Afrique subsaharienne.

Connaissances, compétenceset valeurs nécessaires àune vie meilleure : acquisi-tion accrue par les individuset les familles des connais-sances, compétences etvaleurs nécessaires à une viemeilleure, en ayant recoursà tous les canaux d’éducation

■ Les services d’éducation et de formation des jeunesà d’autres compétences se répandent, les com-pétences nécessaires dans la vie courante et lesconnaissances permettant d’assurer les moyensde subsistance revêtant une plus grande importance.

■ De nouveaux partenariats sont nés entre les édu-cateurs, le monde de l’industrie et les dirigeantscommunautaires afin de promouvoir un appren-tissage bien adapté fondé sur les compétences.

■ Les jeunes, en particulier en Europe centrale etorientale et dans l’Afrique subsaharienne, doi-vent faire face au chômage massif et, souvent,aux déplacements.

■ La majeure partie des jeunes d’Afrique sub-saharienne et d’Asie ne disposent pas desconnaissances leur permettant de se protégerdu VIH/SIDA.

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Consultations régionales

Extraits des réunions régionales de haut niveau qui ont eu lieu en2000-2001 dans le cadre des préparatifs de la Session extraordinaireconsacrée aux enfants.

1. LA POSITION COMMUNE DE L’AFRIQUE.................................. PAGE 92

2. LA DÉCLARATION DE BEIJING .............................................. PAGE 93

3. L’ENGAGEMENT DE BERLIN ................................................ PAGE 94

4. LE CONSENSUS DE KINGSTON.............................................. PAGE 95

5. L’ACCORD DE KATMANDOU ................................................ PAGE 96

6. LA DÉCLARATION DE PANAMA ............................................ PAGE 97

7. LA DÉCLARATION DE RABAT ................................................ PAGE 98

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92 C O N S U LT AT I O N S R E G I O N A L E S

CONSULTATIONS REGIONALES

La position commune de l’Afriqueadoptée par

le Forum panafricain pour les enfants

■ « Il s’agit maintenant de réaffirmer notrevolonté d’atteindre les objectifs actuels.Nous savons que l’avenir de l’Afrique estlié au bien-être de ses enfants et de sesjeunes. Les perspectives d’évolution socio-économiques du continent dépendentdes investissements que nous réalisonsen faveur des jeunes Africains. Les inves-tissements que nous effectuons aujour-d’hui en faveur des enfants donnerontnaissance à la paix, à la stabilité, à lasécurité, à la démocratie et au dévelop-pement durable de demain. Nous consta-tons que les enfants et les jeunesreprésentent plus de la moitié de lapopulation du continent africain. Mais onne leur a pas demandé ce qu’ils pen-saient des graves questions sociales,économiques et humaines qui les concer-nent directement. Il ne faut pas ignorerce que les jeunes Africains ont à dire; ilfaut les écouter.

■ Nous affirmons qu’il est impératif derépondre aux besoins des enfants afri-cains. Les enfants devraient être aucentre des priorités des dirigeants. Lesenfants africains sont des acteurs indis-pensables, aussi bien pour le présentque pour l’avenir de notre continent.

■ Nous constatons que les enfants africainssont à bien des égards les plus défavori-sés du monde. Leur espérance de vie estsouvent trop courte et les possibilités quis’offrent à eux sont trop restreintes. Ilssont exposés à la violence et au VIH/SIDA;ils sont privés d’éducation; ils sont expo-sés à la malnutrition et aux maladies.Aujourd’hui et dans les années à venir,il faut accorder une attention soutenueaux besoins et aux impératifs spéciauxdes enfants et des jeunes africains. Lesenfants africains ont besoin d’un soutienet d’une détermination sans réserve, dèsaujourd’hui.

■ Nous constatons en outre que les jeunesAfricains se préparent à affronter un ave-nir assombri par la violence et la pauvre-té, auquel trop souvent le VIH/SIDA, lepaludisme ou d’autres pandémies viendrontprématurément mettre fin. Nous consta-tons également que les catastrophes,naturelles ou causées par l’homme, ainsique les répercussions négatives du servi-ce de la dette extérieure, de la mondiali-

sation et de la libéralisation des échangessont venues s’ajouter aux difficultés queconnaissent les enfants africains. Lesmesures et politiques nationales et inter-nationales n’ont pas tenu compte desjeunes, et l’on a trop souvent oublié lespoints communs entre enfants et jeunes.Mais le dynamisme et la déterminationdes jeunes constituent un formidablevecteur de changement positif, qui déter-minera la direction de l’Afrique dans lesdécennies à venir. Les enfants et les jeunesconstituent la plus grande ressource qu’ilnous reste à mettre en valeur.

■ Nous réaffirmons que les enfants ontdroit à un environnement salubre qui leurpermette de se réaliser sur le plan phy-sique, mental et spirituel. Ils ont égale-ment pour devoir de participer à desactivités de réhabilitation ou de protec-tion de l’environnement.

■ Nous sommes profondément inquiets dufait que l’Afrique continue d’être en proieà la guerre et aux conflits armés, quiaffectent de façon considérable et dispro-portionnée la population civile, et notam-ment les enfants et les femmes. Dans detelles conditions, les droits des enfants nepeuvent jamais être pleinement garantis.

■ Nous réaffirmons l’importance qu’at-tache l’Afrique à la coexistence pacifiqueet au règlement des conflits au moyen denégociations, de dialogues et de réconci-liations, condition essentielle à l’instau-ration d’un environnement adapté auxenfants et aux jeunes et propice à la pro-tection, à la survie, à la croissance et audéveloppement des enfants et des jeunes.

■ Nous reconnaissons que si certains pro-grès ont été réalisés, le bilan des onzedernières années reste insatisfaisant.Globalement, c’est une autre décenniequi a été perdue pour les enfants africains,et, à cause de la tragédie prévue maisnon évitée du VIH/SIDA, l’Afrique risquede perdre une génération entière. Ce bilannous oblige à reconnaître que nous n’avonspas assumé les obligations fondamen-tales qui nous incombaient et nous amèneà chercher de nouveaux modèles pourl’avenir. Nous ne pouvons nous per-mettre d’abandonner les enfants et les

jeunes africains pendant une décenniede plus. Les enfants africains doiventjouir dès aujourd’hui de leurs droits àla santé, à l’éducation et à la formation.Ils doivent également assumer leursresponsabilités.

■ Nous affirmons que les besoins particu-liers des enfants africains n’ont à ce jourpas été suffisamment pris en comptedans les politiques et les programmesinternationaux. Les enfants et les jeunesafricains ont besoin – et exigent – qu’uneattention particulière leur soit accordéelors de l’élaboration des politiques et dela session extraordinaire que l’Assembléegénérale consacrera prochainement auxenfants. Ce Forum vise à articuler cesbesoins particuliers : ses recommanda-tions devront être précises et adaptées àla situation de l’Afrique. Les préoccupa-tions des enfants et des jeunes africainsdoivent être au cœur du programme d’ac-tion mondial.

■ Nous rappelons que la protection desdroits de l’enfant est une responsabilitédont nous sommes tous investis : lesenfants, les jeunes, les familles, les com-munautés, la société civile, le secteurprivé, les gouvernements nationaux, lesorganismes sous-régionaux et régionauxet la communauté internationale. Le pro-gramme de « l’Afrique digne des enfants »doit déboucher sur de véritables engage-ments, ainsi que sur des résolutionsdurables et des mesures concrètes.

■ Plus de dix ans après la réunion histo-rique du Sommet mondial pour lesenfants et l’adoption de la Déclaration etdu plan d’action mondiaux qui fixaient,dans le domaine des droits et de la situa-tion des enfants, des objectifs précis àatteindre d’ici à 2000, nous sommes enmesure d’évaluer les progrès réalisés(voir annexe). Beaucoup de chemin a étéparcouru, mais il reste à réaliser de nom-breuses promesses et aspirations. Certainsde ces retards sont dus à des facteursextérieurs, tandis que d’autres relèventde notre seule responsabilité.

■ Nous réaffirmons le principe de l’univer-salité des droits de l’enfant dans le cadred’une diversité culturelle positive. »

Afin de contribuer à la session extraordinaire des Nations Unies consacrée aux enfants, des représentants des gou-vernements, de la société civile, des organisations de jeunes et d’autres institutions se sont réunis lors du Forumpanafricain qui s’est tenu en Egypte du 28 au 31 mai 2001 et ont adopté une position commune. Ils ont repris, enguise d’introduction, les termes qui ouvraient la Déclaration des jeunes présentée au Forum pour le développe-ment africain de 2000 : « Horrifiés, mécontents, désillusionnés et attristés... » Les principes directeurs de leurprogramme d’action sont présentés ci-dessous.

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CONSULTATIONS REGIONALES

Déclaration de Beijingsur les engagements en faveur des enfants dans la région

de l’Asie de l’Est et du Pacifique pour la décennie 2001 – 2010

■ « Favoriser l’avènement d’un mouvementmondial en faveur des enfants et d’unesociété adaptée aux enfants, par une mobi-lisation accrue des communautés, y com-pris des enfants et des adolescents, avec leconcours des gouvernements, de la sociétécivile et du secteur privé;

■ Suivre et évaluer les progrès réalisés ence qui concerne le respect des disposi-tions de la Convention relative aux droitsde l’enfant;

■ Faire de la situation des enfants l’une despriorités du programme d’action natio-nal, et l’indicateur le plus important desprogrès économiques et sociaux natio-naux, et allouer des ressources suffi-santes aux investissements en faveur desenfants;

■ Promouvoir et protéger l’intérêt supé-rieur de tous les enfants en mettantl’accent sur les périodes décisives del’enfance, pendant lesquelles les inter-ventions auront les effets les plus impor-tants et les plus durables. Nous feronsdonc en sorte que tous les enfants aient :

■ Le meilleur départ dans la vie, grâce àdes soins et à des conditions de dévelop-pement optimaux pendant la premièreenfance, à l’enregistrement de toutes lesnaissances et au droit d’acquérir unenationalité;

■ Une éducation de base de qualité;

■ La possibilité de réaliser pleinement leurpotentiel et de participer et de contribuerà leur société, particulièrement pendantl’adolescence;

■ Encourager la formulation et la mise enœuvre de plans nationaux d’action pourcette décennie, avec la participation desenfants, des parents et des communau-tés et conformément aux objectifs et auxcibles de la session extraordinaire quel’Assemblée générale des Nations Uniesconsacrera prochainement aux enfants;

■ Renforcer la capacité des institutions natio-nales et infranationales à mettre en œuvre

des plans d’action nationaux intégrés, ausein d’un système décentralisé;

■ Développer, à tous les niveaux, lesalliances et partenariats stratégiques enfaveur des enfants, afin de mettre enœuvre des programmes intégrés, pluri-sectoriels et pluridisciplinaires en faveurdes enfants;

■ Prévenir et minimiser les effets négatifsdes catastrophes naturelles ou causéespar l’homme, en s’y préparant mieux et enrenforçant les services sociaux, et notam-ment la mise en place de systèmes de pro-tection sociale à l’intention des victimes;

■ Renforcer les mécanismes visant àaccroître le rôle des enfants et des ado-lescents lors de l’examen de leurs pro-blèmes et de la formulation, de la miseen œuvre et de l’évaluation de mesuresvisant à y répondre;

■ Reconnaître que ce sont principalementles parents et les familles qui s’occupentdes enfants, les aider à remplir ce rôle età donner des soins, un encadrement etune protection de très haute qualité;

■ Renforcer les capacités des prestatairesde services sociaux et d’autres presta-taires de soins afin que les enfants soientmieux soignés et protégés et bénéficientd’un meilleur développement;

■ Accueillir favorablement le fait que lescommunautés, les pouvoirs publics locaux,les organisations sociales, culturelles,religieuses, économiques et locales etcelles représentant les enfants, et lasociété civile, y compris les médias assu-ment ensemble le devoir d’assurer lebien-être des enfants. Dans cette optique,encourager les capacités d’autres organi-sations à agir afin qu’elles jouent un plusgrand rôle dans la défense des intérêtsdes enfants;

■ Privilégier la mise au point de solutionset de systèmes durables visant à amélio-rer la situation des enfants avec la pleineparticipation de ces derniers et de leurscommunautés;

■ Reconnaître que si la mondialisation a,dans de nombreux cas, favorisé la crois-sance et le développement économiques,elle a aussi marginalisé bon nombre depays pauvres. Il est donc nécessaire deréexaminer les politiques et les engage-ments commerciaux qui peuvent avoirdes effets négatifs pour les enfants et deproposer des systèmes de sécurité socia-le et des mécanismes de protectionnationale visant à protéger les enfants etleurs familles des effets négatifs de lamondialisation;

■ Exploiter les possibilités offertes par larévolution mondiale de l’information etde la communication et utiliser, le plusefficacement possible, de nouvelles tech-nologies qui puissent bénéficier auxenfants et aux femmes, tout en proté-geant les enfants des effets préjudi-ciables de ces technologies;

■ Faire en sorte que l’intérêt de l’enfant soitpris en compte dans tous les programmeset les secteurs et à tous les niveaux, engarantissant la bonne administration desaffaires publiques et la transparence;

■ Tirer les enseignements du passé etmieux comprendre les facteurs permet-tant d’améliorer l’efficacité et l’utilité desinterventions et des mesures prises ;

■ Constituer une vaste base de donnéesdésagrégées visant à faciliter l’analysede problèmes, la formulation de solutions,le ciblage des interventions et le suivi etl’évaluation des résultats. Reconnaîtrel’utilité d’indicateurs et de cibles quanti-tatifs, à partir desquels il sera possibled’évaluer les succès et échecs, et;

■ Mettre au point, avec la participation desenfants et des personnes concernées,des indicateurs et des systèmes permet-tant d’évaluer, y compris aux plus basniveaux administratifs, la situation despauvres et des groupes vulnérables et lesprogrès réalisés en leur faveur. »

A l’occasion de la Cinquième consultation ministérielle d’Asie de l’Est et du Pacifique, qui s’est tenue à Beijing du14 au 16 mai 2001, des représentants de 21 pays de la région ont adopté à l’unanimité la Déclaration de Beijing.La Déclaration comporte les principes et stratégies suivants, qui serviront de base aux mesures prises par les paysconcernés en vue de s’acquitter de la responsabilité qui leur incombe de protéger les droits des enfants.

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CONSULTATIONS REGIONALES

Engagement de Berlinen faveur des enfants

d’Europe et d’Asie centrale

« Constatant que ces dix dernières années,la reconnaissance des droits de l’enfant aprogressé en Europe et en Asie centrale, enparticulier en ce qui concerne les engage-ments pris lors du Sommet mondial pourles enfants de 1990 et les obligations sous-crites en vertu de la Convention relative auxdroits de l’enfant, ratifiée par les paysd’Europe et d’Asie centrale,

Se félicitant du rôle important qu’ont jouéla société civile, les organisations non gou-vernementales, le secteur privé et les orga-nisations régionales et internationales,notamment le système des Nations Unies, leConseil de l’Europe, l’OSCE, l’Union euro-péenne et la Communauté d’Etats indépen-dants, dans la mise en œuvre de la Conven-tion relative aux droits de l’enfant,

Se félicitant également du fait qu’il est deplus en plus reconnu dans toute l’Europe etl’Asie centrale que les enfants ont des droitsfondamentaux et que les stratégies desgouvernements, ainsi que les dispositionsjuridiques et les politiques et pratiques admi-nistrative respectent davantage le droit desenfants à participer à la vie sociale et àprendre part à la prise des décisions qui lesconcernent,

Conscients de notre responsabilité vis à visdes futures générations, qui signifie, entreautres, que toute mesure prise aujourd’huine doit en aucun cas mettre en péril lesdroits fondamentaux de nos enfants,

Constatant que la pauvreté et les inégalitéséconomiques et sociales, y compris lesécarts de revenus de plus en plus impor-tants, en particulier dans les pays en transi-tion, le manque de loisirs et d’activitésrécréatives et la modification des structuresfamiliales risquent d’empêcher les enfantsde développer pleinement leur personnalitéet leurs aptitudes mentales et physiques etde compromettre leur épanouissement àl’âge adulte,

Préoccupés par le fait qu’un nombre crois-sant d’enfants, en particulier dans les pays

en transition, sont privés de leur droit degrandir dans une famille et un environne-ment communautaire sains, sûrs et favo-rables et que, en conséquence, les enfantssont de plus en plus nombreux à être mena-cés d’exclusion sociale, que l’on assiste àune augmentation considérable du taux demorbidité, des retards de croissance et dedéveloppement à cause de l’insuffisancedes soins prodigués et que le nombre d’en-fants suivant des programmes d’éducationde base diminue tandis que les taux dedélinquance juvénile, d’accident et de suicideaugmentent.

Constatant qu’il reste beaucoup à faire envue d’améliorer les conditions sanitaires etsociales dans lesquelles vivent les enfantsainsi que la qualité et l’utilité des pro-grammes d’éducation, et que l’insuffisanceou la diminution des dépenses publiquesdans les pays en transition, due à des diffi-cultés financières globales et à d’autres fac-teurs, continue de se répercuter sur lesservices sociaux destinés aux enfants et surl’accès de ces derniers à une éducation et àdes soins de santé de qualité,

Soulignant la nécessité d’appuyer, notam-ment par la restructuration des budgetsnationaux, par l’aide internationale et pardes investissements étrangers adéquats, lamise en œuvre de réformes et de pro-grammes sociaux visant à promouvoir et àprotéger les droits de l’enfant dans les paysd’Europe et d’Asie centrale, et en particulierdans les pays en transition,

Préoccupés par la progression dans les paysen transition de la tuberculose, du paludis-me, des maladies sexuellement transmis-sibles, de l’anémie et des carences en iodeet constatant avec inquiétude que le VIH/SIDAcontinue de se propager dans de nombreuxpays d’Europe et d’Asie centrale, parmi lesjeunes de moins de 18 ans et de plus enplus parmi les filles,

Conscients des répercussions négatives dela consommation de plus en plus répanduede substances toxiques, et notamment d’al-

cool, de tabac et de drogues, sur la santémentale et physique des enfants et desjeunes,

Conscients également du nombre croissantd’enfants qui risquent, en Europe et en Asiecentrale, d’être victimes de toutes les formesde maltraitance et de violence : châtimentscorporels, exploitation sexuelle et écono-mique, travail des enfants sous ses piresformes, traite et absence de domicile fixe,

Préoccupés par le fait que les conflits arméset les catastrophes naturelles continuent detoucher et de tuer des enfants en Europe eten Asie centrale et soulignant à cet égard lanécessité de faire davantage reconnaître lesdroits des enfants en période de conflitset d’établir qu’il est important de protégerles enfants de menaces environnementalescomme la contamination chimique et la pol-lution nucléaire et de faire en sorte qu’ilsgrandissent et vivent dans un environne-ment leur permettant d’être en aussi bonnesanté que possible,

Conscients du fait que les enfants issus desminorités, ainsi que les enfants déplacés,réfugiés, migrants, apatrides, handicapés,séropositifs ou atteints du SIDA risquenttout particulièrement d’être victimes de dis-crimination et ont le droit et le besoin d’êtreprotégés, inclus et de participer.

Prenant acte des conclusions des confé-rences et consultations préparatoires régio-nales et sous-régionales, y compris lespropositions présentées par les jeunes etpar des organisations de la société civileœuvrant en faveur des droits des enfants, etse félicitant du Message politique du comitédes ministres du Conseil de l’Europe qui seraprésenté lors de la session extraordinaire,

Désirant contribuer, en coopération avec lesystème des Nations Unies, la société civileet les enfants eux-mêmes, aux préparatifsde la session extraordinaire de l’Assembléegénérale des Nations Unies consacrée auxenfants et à l’élaboration et à la mise enœuvre de mesures en faveur des enfantsdans la décennie à venir. »

A la suite d’une série de consultations régionales, des représentants de 52 pays d’Europe et d’Asie centrale et duSaint-Siège se sont réunis à Berlin du 16 au 18 mai 2001, à l’occasion d’une réunion de haut niveau organisée parles Gouvernements d’Allemagne et de la Bosnie-Herzégovine dans la perspective de la Session extraordinaire del’Assemblée générale consacrée aux enfants. Ils ont adopté au terme de leurs débats 20 engagements précis visantà améliorer les conditions de vie des enfants et des jeunes, dont on trouvera ci-après les principaux éléments.

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CONSULTATIONS REGIONALES

Accord de KatmandouInvestir en faveur des enfants en Asie du Sud

« NOUS reconnaissons que les enfantsincarnent l’avenir de nos nations et qu’in-vestir en leur faveur devrait être une prioriténationale(…).

NOUS déclarons donc qu’investir en faveurdes enfants est une priorité et que la réduc-tion de la pauvreté devrait commencer parles enfants.

NOUS proclamons à nouveau que le meilleurinvestissement que l’on puisse faire consis-te à donner à tous les enfants des basesstables en protégeant les droits consacrésdans la Convention relative aux droits del’enfant. Il est de notre devoir d’allouer lesressources financières nécessaires et deprendre toutes les mesures qui s’imposenten vue de garantir la survie et le développe-ment de tous les enfants d’Asie du Sud. Ils’agit notamment d’assurer la bonne santéet la nutrition des populations, particulière-ment des enfants en bas âge, des adoles-cents et des femmes, d’offrir une éducationde qualité aux filles et aux garçons, d’amé-liorer la qualité de l’eau potable et l’assai-nissement, et de protéger les enfants contretoutes les formes de discrimination, d’ex-ploitation, de violence et de mauvais traite-ments, de traite et de travail dangereux etinadapté. Nous constatons qu’il est urgentde protéger les adolescents et les jeunescontre le VIH/SIDA et de venir en aide auxenfants touchés par des conflits armés.

NOUS estimons que l’accès universel à uneéducation de qualité est le fondement indis-pensable de la croissance économique.Cependant, la qualité de l’éducation et del’apprentissage proposés à la majorité denos enfants est très préoccupante. Nousaffirmons avec force que l’Asie du Sud nepeut se permettre d’accepter les inégalitésentre filles et garçons en matière d’éduca-tion. Nous devons donc redoubler d’effortsafin d’offrir aux deux sexes les mêmes pos-sibilités d’éducation et d’apprentissage.

NOUS reconnaissons que les gouverne-ments, les milieux d’affaires, la société civi-

le, les communautés, les jeunes, les organi-sations internationales et les médias doi-vent unir leurs efforts afin d’effectuer entemps voulu des investissements adéquatset productifs qui permettront de défendreles droits de tous les enfants d’Asie du Sud,d’assurer leur bien-être et d’adopter desstratégies de réduction de la pauvreté.

NOUS demandons à la communauté inter-nationale d’instaurer des conditions pro-pices à la survie, au développement et à laprotection des enfants et de promouvoir unordre international fondé sur la non-violenceet le refus de l’exploitation. Nous prions ins-tamment les pays donateurs d’honorer tousles engagements qu’ils ont pris en vertu dela Convention relative aux droits de l’enfant,de prendre des mesures concrètes d’allége-ment de la dette, d’évaluer et de suivre lesrépercussions des sanctions auprès desenfants et d’accorder des dérogationsd’ordre humanitaire qui privilégient lesenfants et visent à remédier aux effets néga-tifs potentiels des sanctions. Nous incitonségalement les pays donateurs à allouer auxenfants un pourcentage plus élevé de l’aidepublique au développement, dans le cadrede l’initiative 20/20. Nous incitons l’UNICEFet nos partenaires de développement à réaf-firmer, en joignant le geste à la parole, lanécessité de procéder à des ajustementsstructurels à visage humain et d’adopterdes accords tarifaires et commerciaux garan-tissant un accès préférentiel aux marchésdes pays industrialisés.

Au vu de la situation des enfants en Asiedu Sud :

■ NOUS réaffirmons notre volonté de pro-gresser plus rapidement en vue d’at-teindre les objectifs fixés lors du Sommetmondial pour les enfants de 1990 et de laConférence ministérielle sur les enfantsde l’ASACR de 1996;

■ NOUS recommandons et demandons quedes investissements de plus en plusimportants soient réalisés en faveur desenfants;

■ NOUS incitons vivement nos partenairesde développement à renforcer l’aide etl’assistance qu’ils apportent en vue d’ac-croître les investissements réalisés enfaveur des enfants en Asie du Sud;

■ NOUS constatons qu’il est nécessaire dese mettre à l’écoute des enfants et dechercher activement à les faire participeraux décisions qui les concernent à tousles niveaux;

■ NOUS reconnaissons l’importance despartenariats entre pouvoirs publics, sec-teur privé et entreprises, organisationsde la société civile, communautés, parti-culiers, enfants, organisations interna-tionales et médias;

■ NOUS demandons que soient mises encommun les expériences nationales, lesmeilleures pratiques et les stratégiescommunes qui s’adressent aux familleset aux communautés à l’échelle localeafin de défendre les droits des enfants;

■ NOUS constatons qu’il est important desuivre et d’évaluer régulièrement lesprogrès réalisés afin de pouvoir rendrecompte des résultats obtenus;

■ NOUS proposons que cet Accord deKatmandou soit porté à l’attention desparticipants à la Session extraordinairede l’Assemblée générale consacrée auxenfants et à la troisième session spécialedu Comité permanent de l’ASACR qui setiendra à Colombo les 8 et 9 juin 2001 etdonnera à nos pays une nouvelle occa-sion d’adopter une position commune enprévision de la Session extraordinairedes Nations Unies.

NOUS nous engageons à travailler à la miseen œuvre de cet Accord. »

En mai 2001, des délégations de sept pays d’Asie du Sud, composées notamment de ministres des finances et dela planification, de dirigeants d’entreprises et de jeunes militants – les « agents du changement »– se sont réuniesà l’occasion de la Réunion de haut niveau d’Asie du Sud consacrée aux investissements en faveur des enfants. LaRéunion s’est conclue par la publication de l’Accord de Katmandou, dont on trouvera ci-après des extraits.

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CONSULTATIONS REGIONALES

Le Consensus de KingstonCinquième réunion ministérielle sur les enfants

et les politiques sociales dans les Amériques

« (Nous) sommes résolus à :

■ N’épargner aucun effort pour que lesenfants et les adolescents aient la possi-bilité de réaliser pleinement leur poten-tiel physique, mental, spirituel, moral etsocial et pour garantir et promouvoir lerespect des droits de l’homme.

■ Formuler et mettre en œuvre des poli-tiques et des mesures intégrées visant àbriser l’engrenage qui transmet la pau-vreté de génération en génération et àéliminer l’exclusion, la discrimination etle non-respect des droits de l’homme.

■ Promouvoir des mesures et des disposi-tifs visant à accroître au maximum la par-ticipation des enfants et des adolescentsà la prise de décisions dans tous lesdomaines qui les concernent directementet indirectement.

■ Appuyer la création de dispositifs quiaident la société civile à participer à tousles domaines d’action concernant lesenfants et les adolescents.

■ Promouvoir des mesures visant à éliminerla discrimination et l’exclusion des groupesethniques, des groupes religieux, desminorités linguistiques ou autres, et despopulations autochtones et à renforcerleurs diverses identités culturelles.

■ Faire en sorte que les enfants et adoles-cents soient protégés de toutes les formesde maltraitance, y compris les blessures,la violence, l’abandon moral, la violencesexuelle, l’exploitation commerciale, latraite et la vente, le travail forcé et lerecrutement forcé ou obligatoire lors desconflits armés (…).

■ Faire en sorte que les enfants et adoles-cents soient protégés de toutes lesformes de discrimination et de préjudice,et appuyer les politiques, les plans et lesprogrammes en faveur de l’égalité et durespect des enfants et des adolescents.

■ Garantir à tous les enfants et adolescentsayant des démêlés avec la justice le droitde bénéficier d’une procédure régulière etd’être traité conformément aux principeset dispositions de la Convention relativeaux droits de l’enfant et d’autres instru-ments et normes juridiques internationauxet nationaux relatifs à la protection de l’en-

fant. Prendre, en outre, les mesures quis’imposent afin de dispenser une forma-tion aux droits de l’homme et à l’adminis-tration de la justice pour mineurs à toutesles personnes appelées à intervenirauprès des enfants et des adolescentsayant des démêlés avec la justice.

■ Garantir aux enfants et aux adolescentsdifférents, et notamment aux enfants etaux adolescents handicapés, des serviceset un suivi adéquats, ainsi qu’une éduca-tion adaptée à leurs capacités. Instaurer,en outre, des mécanismes visant à aiderleurs familles ou les adultes qui s’occu-pent d’eux et à faciliter leur insertionsociale pleine et entière.

■ Encourager les partenariats entre lespouvoirs publics et la société civile envue d’aider les enfants et les adolescentsà acquérir des valeurs allant dans le sensdes droits de l’homme et de l’égalité, dela paix, de la tolérance, de la justice, de lasolidarité et des relations équitablesentre les sexes.

■ Poursuivre les progrès réalisés en vued’atteindre l’accès universel à des soinsde santé complets, comprenant notam-ment des stratégies efficaces de préven-tion, d’intervention rapide, de traitementet de rééducation. Informer davantageles adolescents et les enfants des ques-tions de santé sexuelle et génésique, enaccordant une importance particulière auVIH/SIDA et aux autres infections sexuel-lement transmissibles.

■ Progresser en vue de fournir une éduca-tion de qualité pendant la première enfanceet dans le primaire, dans un environne-ment qui est propice à la pleine réalisa-tion des enfants et des adolescents, quileur apprend à respecter les droits del’homme et qui les prépare à assumer leursresponsabilités au sein de la société.

■ Accroître, dans la mesure du possible, lesressources allouées aux soins completset au développement de la petite enfanceafin d’améliorer la phase d’apprentissage,de réduire les inégalités et de garantir lerespect des droits de l’homme. Coopéreravec la société civile et les familles defaçon à promouvoir une santé, une nutri-tion et une éducation adéquates.

■ Concevoir et mettre en œuvre des pro-grammes visant à offrir des perspectivesd’avenir aux enfants, aux adolescents etaux adultes qui n’ont pas bénéficié d’unenseignement structuré ou qui abandon-né leurs études. Une attention spécialesera accordée aux enfants et aux adoles-cents désavantagés, par exemple à ceuxqui sont handicapés, qui vivent avec leVIH/SIDA ou en subissent les consé-quences, aux mères adolescentes et à ceuxayant eu des démêlés avec la justice.

■ Inciter tous les pays à envisager de signer,de ratifier et de mettre en œuvre tous lesinstruments juridiques internationauxrelatifs aux droits de l’enfant, en particulier(…). Ces instruments juridiques témoi-gnent des progrès remarquables réalisés àl’échelle internationale afin de renforcer etde faire respecter des normes juridiques etdes plans nationaux d’action visant à pro-téger les enfants les plus vulnérables.

■ Demander aux pays donateurs et créan-ciers et aux institutions financières inter-nationales d’envisager d’adopter plusrapidement des mesures concrètes visantà alléger le fardeau de l’endettementpublic (…).

■ Réaffirmer la mise en œuvre de l’Initiative20/20 (… ).

■ Renforcer la coopération technique hori-zontale entre pays de façon à mettre encommun des expériences et des straté-gies positives susceptibles d’accélérerles processus nécessaires à la réalisationdes objectifs fixés (…).

■ Reconnaître que la promotion et la protec-tion des droits et du bien-être des enfantscontribueraient au développement humaindurable équitable. Le développementindividuel de l’enfant est indissociable dudéveloppement de la société humaine, etinflue donc sur l’avenir de l’humanité.

■ S’adapter aux changements imprévus quece Consensus n’aborde pas. Dans ce cas,les décisions prises s’appuieront sur lesprincipes de la non-discrimination, del’intérêt supérieur de l’enfant, de la survieet du développement dans les meilleuresconditions possibles et de la participationdes enfants et des adolescents. »

Des ministres et des représentants de gouvernements se sont réunis à Kingston (Jamaïque) du 9 au 13 octobre2000 à l’occasion de la Cinquième réunion ministérielle sur les enfants et les politiques sociales dans lesAmériques. La réunion de Kingston était la première consultation régionale organisée en prévision de la Sessionextraordinaire consacrée aux enfants. On trouvera ci-après un extrait du Consensus.

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97L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

CONSULTATIONS REGIONALES

Déclaration de Panama« Unis pour les enfants et les adolescents,

sur la base de la justice et de l’équité au cours du nouveau millénaire »

« Nous, les chefs d’État et de gouvernementdes 21 pays ibéro-américains réunis dansla ville de Panama (République de Panama)les 17 et 18 novembre 2000 à l’occasion dudixième Sommet ibéro-américain, convain-cus que, pour parvenir à un développementhumain durable, à la consolidation de ladémocratie, à l’équité et à la justice sociale,sur la base des principes d’universalité,d’indivisibilité et d’interdépendance desdroits de l’homme, il est essentiel d’accor-der une attention particulière aux enfants etaux adolescents, décidons une nouvelle foisd’examiner ensemble la situation des enfantset des adolescents vivant dans les paysibéro-américains afin de formuler des poli-tiques et de promouvoir des programmes etdes actions visant à garantir le respect deleurs droits, de leur bien-être et de leurdéveloppement en général.

Nous nous félicitons des progrès accomplisdepuis notre premier Sommet, qui s’estdéroulé à Guadalajara (Mexique) et nousnotons avec satisfaction les profondes affini-tés qui unissent et consolident la communau-té des nations ibéro-américaines, un espacequi privilégie le dialogue politique et la soli-darité et joue un rôle de plus en plus actif etinfluent sur la scène internationale.

Nous réaffirmons notre attachement à lapromotion et à la défense de la démocratieet de l’État de droit; du pluralisme politiqueet de l’identité culturelle; et des droits del’homme sous leurs aspects civils, poli-tiques, économiques, sociaux et culturels,notamment le droit au développement, lerespect des principes de souveraineté etd’intégrité territoriale, la non-intervention,le non-recours à la force et à la menaced’utiliser la force dans les relations interna-tionales, la résolution pacifique des diffé-rends et le droit de tous les peuples deconstruire leurs systèmes politiques libre-ment, dans des conditions de paix, de sta-bilité et de justice. Ces principes font partiede l’héritage que nous laissons aux enfantset aux adolescents ibéro-américains.

Convaincus que l’expansion du commerceinternational est d’une importance vitalepour la prospérité de nos pays, nous réaffir-mons notre attachement individuel et collectifà la mise en place d’un système de commercemultilatéral à la fois libre, ouvert, non discri-minatoire, sûr et transparent; à l’intégrationrégionale, à un régionalisme ouvert et à l’ap-profondissement des relations économiquesentre les différentes régions du monde, dansdes conditions d’équité.

Par conséquent, nous rejetons vigoureuse-ment toute application extraterritoriale deslois nationales ou des mesures unilatéralesqui contreviennent au droit international, àla Charte des Nations Unies ou aux normesde commerce international en vigueur.Nous réaffirmons donc qu’il convient d’abo-lir de toute urgence de telles mesures etnous exhortons une fois encore vigoureuse-ment le Gouvernement des Etats-Unisd’Amérique à renoncer à appliquer la LoiHelms-Burton, compte tenu des résolutionspertinentes de l’Assemblée générale desNations Unies.

Nous tenons également à souligner que lapopulation totale de nos pays atteindrabientôt 600 millions d’habitants, que lesenfants et les adolescents représentent lamajorité de cette population et qu’ils sontune source de créativité, d’énergie, de dyna-misme, d’initiative et de renouveau social.

Nous constatons avec satisfaction que lamajorité de nos pays a réussi à faire baisserles taux de mortalité infantile et des moins de5 ans, à éradiquer certaines maladies évi-tables par la vaccination, tout en accroissantles taux d’inscription scolaire et d’achève-ment de l’éducation primaire et en faisantreculer l’analphabétisme. Toutefois, la per-sistance de taux élevés de pauvreté et d’ex-trême pauvreté, de situations d’exclusionsociale et d’inégalité socio-économique, del’insuffisance des services d’assainissementet de santé, ainsi que des lacunes et desretards que révèlent un certain nombre d’in-dicateurs, exige un effort collectif renouvelé

afin de consolider les tendances positives etde garantir un respect effectif des droits del’enfant et de l’adolescent.

Nous aimerions également souligner quela population d’enfants et d’adolescentsconstitue un groupe d’âge qui, en raison deses caractéristiques intrinsèques, est parti-culièrement touché par les facteurs socio-économiques négatifs, auxquels nous devonsfaire face résolument afin d’éliminer ou deréduire fortement les effets destructeurs dela détérioration du tissu social et familialprovoquée par des conditions telles quel’abandon de la famille, une paternité irres-ponsable et les conflits avec la loi.

Nous reconnaissons l’importance fondamen-tale des enfants et des adolescents, quijouissent de droits dans nos sociétés, et lerôle dirigeant et normatif de l’État, garantde leur droits, lors de la conception et del’exécution des politiques sociales en leurfaveur, et nous réaffirmons notre détermi-nation à jeter des bases qui garantiront leurépanouissement et leur intégration sociale,à la lumière des possibilités et des défis queprésente aujourd’hui la mondialisation.

Nous réaffirmons donc notre attachementaux principes et aux objectifs inscrits dansla Convention des Nations Unies relative auxdroits de l’enfant et dans d’autres conven-tions, déclarations et instruments interna-tionaux, tant universels que régionaux, quiexpriment la volonté de nos gouvernementsde garantir le respect des droits des enfantset des adolescents, leur accès à des normesplus élevées de bien-être et leur participa-tion effective à des programmes de déve-loppement d’ensemble. »

Les chefs d’État et de gouvernement des 21 pays ibéro-américains se sont réunis à Panama les 17 et 18 novembre2000 à l’occasion du dixième Sommet ibéro-américain. Ils ont demandé que l’on redouble d’efforts pour protégerles droits de l’enfant. Leur Déclaration se fondait sur le préambule suivant.

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98 C O N S U LT AT I O N S R E G I O N A L E S

CONSULTATIONS REGIONALES

Déclaration de RabatForum de la société civile arabe

et régionale sur les enfants

■ « Les dirigeants du monde entier, réunisil y a plus de dix ans au Siège de l’ONU,ont adopté un plan d’action et uneDéclaration mondiale en faveur de la sur-vie, de la protection et du développementde l’enfant dans les années 90.

■ Etant donné que les pays arabes ont, aumême titre que d’autres membres de lacommunauté internationale, souscrit à cedocument et pris l’engagement de lemettre en œuvre et d’en appliquer lesprincipes afin d’améliorer la situationactuelle et future des enfants;

■ Sachant que la Convention relative auxdroits de l’enfant vise à protéger la santéet l’éducation de l’enfant et à instaurerdes conditions propices à son développe-ment au sein de la famille, dans un envi-ronnement stable et favorable, loin detout fanatisme ou de haine, et dans unclimat qui le protège de la violence, de lamort ou de la guerre;

■ Etant donné que les gouvernements despays arabes sont déterminés à prendreles mesures et initiatives nécessaires à lamise en œuvre de l’esprit de la Con-vention et à adopter des méthodes adé-quates visant à améliorer la situation desenfants et à leur offrir la possibilité devivre dans un monde digne d’eux et sansdiscrimination aucune;

■ Considérant l’importance du rôle assumépar les organisations de la société civileen matière de réflexion, de gestion et desuivi de la mise en œuvre de la Con-vention, ainsi que leur rôle qui consiste àattirer l’attention des dirigeants poli-tiques, des gouvernements, du secteurprivé et des parlements, ou à formulerdes propositions ou exercer des pres-sions auprès de ces derniers, en vued’adopter des stratégies, des méthodeset des lois visant à améliorer la conditionde l’enfant. Reconnaissant en outre lacoordination et la formation de partena-riats entre ces organisations aux niveauxrégional et international;

■ Convaincus que l’avenir des enfantsdépend de la réalisation de leur aspira-tion à vivre dans un monde digne d’eux,qui accepte leurs opinions et leurs apti-tudes, ainsi que la force et la richesse deleur volonté de citoyens dotés de droits etd’opinions, ce qui suppose qu’ils puis-sent participer à la prise des décisionspolitiques, économiques et sociales [quiles concernent];

■ Etant donné que la survie et le dévelop-pement de l’enfant relèvent d’un devoirmoral humanitaire et constituent une res-ponsabilité qui incombe à toutes les par-ties concernées, et nécessite donc lerenforcement de partenariats, la mise enplace de relations internationales entreorganisations non gouvernementales etla mise à contribution de toutes les res-sources humaines et financières dispo-nibles, en vue de promouvoir les politiqueséconomiques concernant les programmesen faveur des enfants entrepris dans dif-férents domaines, l’objectif étant de rédui-re les inégalités et d’atténuer les effets dela pauvreté afin d’instaurer un nouvelordre mondial qui soit favorable à l’en-fance, au lieu d’aggraver la détresse desenfants et de précipiter leur disparition;

■ Les organisations non gouvernemen-tales et [autres] composantes de la socié-té civile arabe et régionale, réunies àRabat du 15 au 19 février 2001, à l’initia-tive du Conseil arabe pour l’enfance, del’Institut arabe des droits de l’homme, del’Observatoire national des droits del’enfant (Maroc) et de l’UNICEF, déclarentsolennellement :

■ Qu’elles œuvreront, en coopération et dansle cadre de partenariats, afin de mobili-ser leurs efforts, leurs expériences etleurs moyens dans l’intérêt de l’enfant, àl’échelle mondiale et en particulier dansle monde arabe, avec la ferme intentiond’appliquer les valeurs de la Conventionrelative aux droits de l’enfant, qui consti-tuent un minimum correspondant à la

fois à leur volonté et à celle de la commu-nauté internationale;

■ Qu’elles agiront auprès des organisa-tions régionales et internationales, desEtats, des gouvernements et des diri-geants du monde entier, pour les inviter àrespecter scrupuleusement la Conventionet à élaborer des politiques économiqueset des stratégies de développement enfaveur de l’enfant, de sa vie, de sa sécuri-té et de sa dignité, en toute égalité etdans un monde sans guerre, sans embar-go et sans maladie;

■ Que la participation de l’enfant figureraparmi leurs objectifs, en vertu du princi-pe fondamental selon lequel l’avenir desenfants ne peut s’édifier que par et avecles enfants eux-mêmes;

■ Qu’elles n’épargneront aucun effort envue d’inciter les gouvernements despays arabes à assumer le devoir qui leurincombe de protéger et de garantir lesdroits des enfants, des adolescents etdes jeunes et de fournir tous les moyenset mécanismes nécessaires à leur sociali-sation et à la satisfaction de leurs besoins.A cette fin, les gouvernements des paysarabes seront instamment priés de faireen sorte que les lois nationales soientconformes à l’esprit et à la lettre de laConvention, de ratifier toutes les conven-tions relatives aux droits de l’homme etde lever leurs réserves émises à ce sujet,de renforcer le champ d’application deslibertés fondamentales et de respecterles opinions contraires, de façon démo-cratique et dans le cadre d’un Etat dedroit;

■ Qu’elles réaffirmeront leur volonté d’œu-vrer en vue de mettre fin aux sanctions etaux boycottages, ainsi qu’aux guerres,aux conflits armés et à l’occupation etd’en atténuer les effets destructeursauprès des enfants de Palestine, d’Iraq,du Soudan, de Libye, de Somalie, duTerritoire occupé des hauteurs du Golanet d’ailleurs. »

Le Forum de la société civile arabe et régionale sur les enfants a réuni à Rabat (Maroc) du 15 au 19 février 2001quelque 250 participants originaires de 21 pays et représentant des ONG, des parlementaires, des médias et desjeunes. Cette réunion a été organisée à l’initiative de quatre organismes : le Conseil arabe pour l’enfance, l’Institutarabe des droits de l’homme, l’Observatoire national des droits de l’enfant (Maroc) et l’UNICEF. Les débats se sontinspirés de 27 documents consacrés à la situation des enfants dans la région, à l’instauration d’une culture favo-rable aux droits de l’enfant, à la petite enfance, à l’éducation, à l’accès aux technologies de l’information, auxconflits, à la pauvreté, au travail des enfants et aux rôles des membres de la société civile dans le Mouvementmondial en faveur des enfants. Le Forum a publié la Déclaration de Rabat.

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99L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

AAbdullayev, Namiq, 45

activité sexuelle, 24, 56, 64

adolescents, 59-61

en Jamaïque, 26-27

opinions des -, 41

programmes de justice pour les -, 28

Afghanistan, 21, 58

Afrique

épidémie de VIH/SIDA en -, 25, 29, 56

Mouvement mondial en faveur des enfantsen -, 49-73

parlements des enfants en -, 41-43

Afrique de l’Ouest, 49

Afrique du Sud, 24, 28, 40, 48

enfants atteints par le SIDA en -, 43

Mouvement mondial en faveur des enfantsen -, 73

Initiative de Mandela en -, 31

Principes Sullivan en matièred’investissement en -, 65

Afrique subsaharienne, 10, 12, 13, 15, 17,18, 22, 51, 82, 84, 86, 87, 88

épidémie de VIH/SIDA en -, 29

malnutrition en -, 15, 87

vaccination en -, 15, 86

Agence de presse sur les droits des enfants(ANDI; Brésil), 17

Agwanda, Caroline Awuor, 15

aide économique aux pays les pluspauvres, 63-69

allégement de la dette, 65-67

Allemagne, 31

Allende, Isabel, 31

Alliance mondiale pour les vaccins et lavaccination (GAVI), 16

Amérique latine

initiative individuelle en -, 31

pauvreté en -, 63

sondages d’opinion auprès des enfantsen -, 38

Annan, Kofi, 23

apprentissage, voir éducation

Arévalo, Carlos, 13

Aristide, Jean-Bertrand, 48

Ariunaa, 48

arriération mentale, 15, 55

Asie orientale, 10, 12, 13, 18, 22, 38, 51

Asinsaun, Henita, 13

assainissement, 13, 15, 18, 53, 55, 89, 95, 97

avitaminose A, 14, 15, 87

Azerbaïdjan, 25, 40, 41, 48

Azerbaïdjan Child to Child Peace Network, 25

BBadakhshan (Afghanistan), 58

Bangladesh, 29, 48

Barang, Bun, 27

Barbade, 53

Barros, Ambar de, 17

Battacharya, Kuheli, 19

Belgique, 45, 65

Berlin (Allemagne), 71

Bill & Melinda Gates Foundation, la -, 14, 23

Bitar, Hania, 36

Bolivie, 39

Bonino, Emma, 21

Botswana, 24, 25, 53

Brésil, 17, 27-29, 35, 45

Bristol-Myers Squibb, société-, 29

Brown, Gordon, 69

Bulgarie, 45

Bulnes, Mirna, 68

Burkina Faso, 45

CCambodge, 26, 29, 45

Campagne « dire oui pour les enfants »(Mouvement mondial en faveur desenfants), 6, 43, 45, 46, 48, 49

Canada, Geoffrey, 23

Candlelight for Health and Education(Somalie), 39

Cap-Vert, 27

Cardoso, Fernando Henrique, 29

carence en iode, 15, 87, 94

catastrophes naturelles, 66, 93, 94

cécité, 14

Chadzamakono, Martha, 56

Change Makers, The -, (Népal), 70

châtiments corporels, 39

Chili, 45

Chine, 2, 29

Chomsky, Noam, 36

Cisco Systems Inc., 29, 45

clonage, 19

Coca-Cola, société -, 27

COLIBRI (Pérou), 11

Colombie, 57-59

Comité du Bangladesh pour le progrès rural(BRAC), 37, 43

Comité norvégien Afghanistan, 58

Communauté d’États indépendants (CEI), 51

compétences parentales, 19, 39, 43, 54, 55,61, 64

comportement sexuel sans risque, 25, 40, 56

Conférence internationale de la Croix-Rougeet du Croissant fertile, 62

Conflits

opinion des enfants sur les -, 44

voir aussi violence; impact de la guerre surles enfants

conflits armés, enfants pris dans les -, 42, 62

Conseil mondial des entreprises sur leVIH/SIDA, 29

Consensus de Washington, 63

Convention relative aux droits de l’enfant(1989), 13, 37

concernant l’éducation des filles, 60

concernant les droits des adolescents, 63

concernant les opinions des enfants, 41

l’éducation en tant que droit en vertu de la -, 59

incorporation dans la Constitution duVenezuela de la -, 29

influence de la -, 45

Protocole facultatif à la -, concernantl’implication d’enfants dans les conflitsarmés, 62

Protocole facultatif à la -, concernant lavente d’enfants, la prostitution desenfants et la pornographie mettanten scène des enfants, 64

responsabilités en vertu de la -, 63

Corée, république de -, 53

Costa Rica, 23, 55

Côte d’Ivoire, 45

cours de préparation à la vie active, 21, 28,56, 61, 63, 90

Cuba, 53

DDadashev, Farid, 25

Danemark, 65

décès

mortalité infantile, 12, 15

mortalité infantile par le SIDA, 13, 24

mortalité maternelle, 14, 19

Déclaration universelle des droits del’homme, 30, 35, 57

éducation en tant que droit en vertu de la -, 57

Index

Page 98: LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

100 I N D E X

développement de la petite enfance, 53, 54,55, 56, 57

en Jordanie, 54

Diallo, Aminata, 27

diarrhée, 15

Diawara, Demba, 20

discrimination

à l’encontre des enfants, 41-45

à l’encontre des femmes et des filles,opinions des enfants en matière de -, 54

opinions des enfants en matière de -, 40

dracunculose, 15-17

droit acquis à la naissance, 73

droit (s) des enfants, 11, 17, 19, 20, 21, 26,27, 35, 36, 37, 39, 43, 47, 48, 54, 57, 59,61, 62, 64, 68, 69, 70, 71, 73, 92, 93, 94,95, 96, 97, 98

des adolescents, 61

éducation en tant que -, 29, 38, 57, 58

initiative dans le domaine des -, 17, 19,21, 31, 35, 36, 37, 39, 48, 59, 63,65, 73

Eeau, 13, 15, 18, 25, 53, 68, 89

eau potable, 17, 20

éducation

des filles, durant l’adolescence, 59-61

des filles, en Afghanistan, 58

en tant que droit et investissement, 57-59

enseignants pour l’-, 60

dans l’étude de l’UNICEF portant sur lespays en développement, 53

initiative dans le domaine de l’-, 17-21

au Malawi, 26

sur le plan du VIH/SIDA, au Malawi, 56

objectifs du Sommet mondial pour lesenfants en matière d’-, 15, 22

opinions des enfants concernant l’-, 38, 72

El Salvador, 21, 30, 66

enfants

discrimination à l’encontre des -, 41-45

importance des premières années des -, 56

Mouvement mondial en faveur des -, 45-51

participant à la Session extraordinaire del’ONU consacrée aux enfants, 72

participation de la part des -, 37-41

sondages d’opinions auprès des -, 40, 41

sondages d’opinions des -, 40

endettement, 63-67

enfants, vente d’-, 64

enfants des rues

au Brésil, 17

en Éthiopie, 31

en Indonésie, 67

au Pérou, 11

enseignant(e)s, 19, 34, 37, 38, 43, 45, 54,57, 58, 61, 68, 69, 72

femmes en tant qu’-, en Afghanistan, 58

Espagne, 65, 67

Etats-Unis, 29, 42, 57, 63, 65, 67

Éthiopie, 40, 42, 52, 72

exploitation sexuelle des enfants, 26, 59, 64,70, 94, 96

exploitation sexuelle des enfants à des finscommerciales, 37, 41, 61, 69

prostitution des enfants et pornographiemettant en scène des enfants, 52, 64

exploration spatiale, 17

ex-République yougoslave de Madécoine, 49

Europe centrale et orientale, 51

Eye of the Child, The -, (ONG, Malawi), 49

Ffamilles, 54

femmes

discrimination à l’encontre des -, 52

en tant qu’enseignantes, en Afghanistan, 58

au Malawi, 26

mutilation génitale des - (MGF), 19, 20, 55

participation de la part des -, 39

santé des -, 12, 17

femmes enceintes

éducation en matière de SIDA pour les -, 25

soins prénatals aux -, 17, 54

fièvre jaune, 14

Figueres, José, 21

filles,

au Bangladesh, 39

discrimination à l’encontre des -, 54

éducation des -, 59

éducation des -, en Afghanistan, 60

en tant qu’adolescentes, 61-63

mutilation génitale des -, 21-23, 57

Fondation I Am Your Child, 57

Fontaine, Nicole, 39

forces armées, enfants enrôlés dans les -,61, 62

Forum de la jeunesse (Azerbaïdjan), 41

Forum mondial pour l’éducation, 57-59, 84

Fuentes, Carlos, 31

Fundação Abrinq (Brésil), 35

GGaleano, Eduardo, 31

García Marquez, Gabriel, 31

Gayoom, S.E. Maumoom Abdul, 19

Gbagbo, 45

Ghana, 48, 51

GlaxoSmithKline (société), 29

Grajew, Oded, 35

GrameenPhone (société), 29

Guatemala, 39-41

Guyana, 67

HHabash, Saleem, 36

Haïti, 25, 48

Honduras, 48

Hun Sen, 47

Iimpact des conflits armés sur les enfants, 42

au Liberia, 28, 42

dans le Nagaland (Inde), 34

Protocole facultatif à la Convention relativeaux droits de l’enfant concernant l’-, 62

Palestiniens, 36

Inde, 13, 19, 29-31, 52-72

État du Kerala en -, 53

Nagaland en -, 34

Programmes de développement du jeuneenfant (ECD) en -, 57

initiative

dans le Mouvement mondial en faveur desenfants, 43-51

des entreprises, 27-31

des particuliers, 33, 39, 67, 68

en faveur des droits des enfants, 19, 21,26, 36, 51, 53

gouvernementale, 19-23, 28-29, 53, 65, 67

initiative des entreprises, 29-31

Initiative des Nations Unies pour l’instructiondes filles, 57

Initiative en faveur des pays pauvres trèsendettés, 63-65

Instituto Ethos (Brésil), 35

Internet, 17, 43, 64

Iqui Balam (Guatemala), 39

Irianingsih, Sri, 67

Ismail, Shukri, 39

Italie, 65

Ito, Nenita, 14

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101L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

JJacha, Rodwell, 41

Jamaïque, 26, 30, 48, 96

Johnson, Nkosi, 40, 43

Jordanie, 48, 52, 54

justice sociale, opinions des enfants enmatière de -, 38

KKenya, 24, 52, 55, 63, 72

Kerala (Inde), 53

Köhler, Horst, 67

Kufuor, John Agyekum, 48

LLagos Escobar, Ricardo, 45

Lagumdzija, Zlatko, 71

Lalla Fatima Zohra (princesse, Maroc), 73

Lalla Meryem (princesse, Maroc), 48

Lancelotti, Júlio, 48

Liban, 70

Liberia, 24, 28, 30, 42

MMachel, Graça, 31

Madagascar, 48

Makednski Posti (société, ex-Républiqueyougoslave de Macédoine), 49

maladies

SIDA, 23-27, 29-31

objectifs en vue de réduire les -, 15-17

vaccinations contre les -, 12, 16

Malaisie, 53

Malawi, 26, 40, 47, 53, 56

Maldives, 19

Malewezi, Justin, 56

malnutrition, 6, 13, 16, 25, 52, 87

objectifs du Sommet mondial pour lesenfants en matière de -, 11, 13, 15

Mandela, Nelson, 31, 67, 73

Marín, Rosemberg, 66

Maroc, 48, 70, 73, 98

Maurice, 26, 53

mauvais traitements à l’encontre des enfants, 28

en matière sexuelle, 39, 41, 7

Melching, Molly, 20

Mexique, 49, 71, 97

Mfumuwaa, Akosua, 49

Mkapa, Benjamin William, 41

MobiNil (société), 29

Moldova, 41

mondialisation, 65

Mongolie, 48

Moosa, Ali bin Mohammed bin, 26

mortalité infantile, 10, 13, 19, 86

mortalité infantile, par le SIDA, 26

mortalité maternelle, 12, 17, 70, 88

Moscoso, Mireya, 70

Mouvement mondial en faveur des enfants,43, 45-47, 71, 75

Mozambique, 24, 31, 48, 60, 61, 65

Mseche, Teleza, 53

Museveni, Yoweri, 25

mutilation génitale des femmes (MGF), 21-23, 55

Muuya, Leah, 55

NNagaland (Inde), 34

naissances

enregistrement officiel des -, 13

non enregistrées, 24

Namibie, 19, 24, 28, 52

Nations insulaires du Pacifique, 26

Népal, 70

Netaid.org, 30, 45

Netaid.org Foundation, 19, 29, 43

Nigeria, 49, 52

Nokia (société), 29

Norvège, 58, 65

nutrition

avitaminose A, 14, 15, 87

objectifs du Sommet mondial pour lesenfants en matière de -, 14, 15

Nyerere, Julius, 19

OObasanjo, Olusegun, 49 TK

Oman, 26

Organisation internationale du travail, 64

Ouganda, 25, 29, 42, 65

Ppaix, opinions des enfants concernant la -,

25, 34, 36, 38, 42

Palestinian Youth Association for Leadershipand Rights Activation (PYALARA), 36

Palestiniens, 29, 36, 54, 98

Pareyio, Agnes, 55

parlements des jeunes, 41-43

Patterson, Percival J., 48

pauvreté, 6, 25, 33, 39, 43, 44, 57, 61, 63,64, 66, 67, 69, 70, 72, 92, 94, 95, 96,97, 98

enfants vivant dans la -, augmentationde la -, 39

dangers sur le plan de l’environnementliés à la -, 66

épidémie de VIH/SIDA et la -, 25

opinions des enfants sur la -, 72

pays en développement

aide économique aux -, 67-69

malnutrition dans les -, 18

nécessité d’une initiative en faveur desenfants dans les -, 53

responsabilités des -, 63

étude de l’UNICEF portant sur les -, 55

pays industrialisés

aide économique aux pays les plus pauvresde la part des -, 63-67

épidémie de VIH/SIDA dans les -, 21

Pays-Bas, 36, 65

Pérou, 11, 30, 59, 73

Perry (magistrat), 28

Pfizer (société), 29

Philippines, 14

Piot, Peter, 21

PLAN International, 35, 37, 43

polio, 6, 13, 21, 26, 28, 86, 87

Poniatowska, Elena, 31

pornographie, 64

pornographie mettant en scène des enfants, 66

Programme des Nations Unies pour ledéveloppement, 29, 48

programmes de justice pour les jeunes, 28

Projet pour améliorer les compétencesparentales (Jordanie), 54

prostitution, enfant, 52, 64

prostitution des enfants, 66

RRagab, Ahmed R.A., 19

Rania Al-Abdullah (reine, Jordanie), 48, 54

Ratsiraka, Didier, 48

Reiner, Rob, 57

République démocratique populaire lao, 26

Roedy, William, 27

Rojas, Agripina, 59

Rosiati, Sri, 67

rougeole, 13, 14, 25, 26, 86

Royaume-Uni 26, 30, 65, 67

Page 100: LA SITUATION DES - UNICEFAyodele était un beau bébé, son potentiel était illimité et elle avait toute la vie devant elle. Comme il se doit à la naissance de tout enfant, chacun

102 I N D E X

SSábato, Ernesto, 31

santé

des femmes, 12, 17

VIH et SIDA, 13, 21-25, 29-31

Sall, Oureye, 20

Sarney, Jose, 27, 29

Save the Children, 43, 44

Save the Children Alliance, 45

scolarisation, 26, 57, 58, 59, 90

bâtiments pour la -, 37

sel iodé, 14-16, 87

Segura, Boris, 21

séismes, 30, 66

Sénégal, 20, 27, 49

Sengulane, Dinis, 61

services sociaux, 31, 36, 53, 54, 63, 68, 71,93, 94, 96, 97

services sociaux de base, 53, 63, 71

Session extraordinaire des Nations Uniesconsacrée aux enfants (septembre 2001),29, 43, 45, 49, 69, 70, 71, 73

objectifs de la -, 70-73

participation des adolescents à la -, 61

SIDA (syndrome de l’immunodéficienceacquise), 21-25

au Brésil, 27-29

éducation en matière de -, au Malawi, 56

enfants atteints du -, en Afrique du Sud,24, 40, 43

au Malawi, 56

au Maroc, 73

mortalité infantile et -, 13

mortalité infantile par le -, 24

opinions des enfants sur le -, 38, 40

Sociétés pharmaceutiques, 14, 23, 29

Somalie, 19, 39, 72, 98

Sommet ibéro-américan (Panama), 70, 97

Sommet mondial pour les enfants (New York,1990), 9-12

objectif en matière d’apportcomplémentaire en vitamine A du -, 14-15

objectifs en matière d’eau potable etd’assainissement du -, 15, 18

objectifs en matière d’éducation du -, 15, 22

objectifs en matière de malnutrition du -, 15-16

objectif en matière de mortalité infantiledu -, 10, 13

objectif en matière de mortalité maternelledu -, 12

objectifs en matière de nutrition du -, 16

objectif de protection des enfants du -, 24

objectif de vaccination du -, 10, 13, 15

sondages d’opinion, auprès des enfants,38, 39

Soriano, Cecilia, 14

Sri Lanka, 42, 53

station spatiale internationale, 19

Stoyanov, Petar, 45

Suède, 65

Sullivan, Leon, 65

Suriname, 37

Syrie, 27

TTaliban (Afghanistan), 58

Tanzanie, 19, 24, 49

Tata Iron Company, 29

télescope spatial Hubble, 17

tétanos, 6, 13, 15, 26, 86

tétanos néonatal, 6, 13, 26, 86

Thaïlande, 25, 26, 38, 70

épidémie de VIH/SIDA en -, 25

rencontre internationale entre des enfantsen -, 70

vaccination en -, 26

Thomas, Zoe, 28

Timor oriental, 38, 68

Tostan (ONG; Sénégal), 20

travail des enfants, 45

Turquie, 49

UUNICEF, 14, 17, 20, 26, 28, 29, 31, 33, 36,

37, 38, 39, 43, 48, 53, 57, 58

et l’éducation des filles, 57

et l’éducation des filles, en Afghanistan, 58

dans le Mouvement mondial en faveur desenfants, 43

opinions d’enfants sondés par l’-, 38

pays en développement faisant l’objetd’une étude de la part de l’-, 53

programme éducatif au Liberia parrainépar l’-, 28

projet pour améliorer lescompétences parentales créé par l’-, 54

Vvaccin contre le HIB (Haemophilus Influenza

type B), 14

vaccination, 10, 14, 15

vaccins, voir aussi vaccinations, 14, 23, 80

au Sénégal, 27

campagnes nationales de -, 26

en Afghanistan, 21

Venezuela, 27

Viet Nam, 40, 69

VIH (virus de l’immunodéficience humaine),13, 21-25

éducation en matière de -, au Malawi,53, 56

parmi les filles, 56, 59, 61

initiative des entreprises dans la luttecontre le -, 27-31

opinions des enfants sur le -, 38

violence, opinions des enfants sur la -, 38, 42

violence familiale, 40

violences physiques à l’égard des enfants, 26

violences sexuelles, 37, 41, 61, 69, 70

vote, 38, 42

Vrcak, 49

WWhite, David, 28

Willie, Korlu, 28

Winterthur Insurance (société), 23

World Vision, 43, 48

www.gmfc.org, 43

YYale, Université, 29

ZZawadka, Lescek, 71

Zimbabwe, 24, 41, 53

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ANDIAgência de Notícias dos Direitos da Infância (Agence de presse sur les droits des enfants)

APDAide publique au développement

AZTSigle utilisé pour le médicament antirétroviral zidovudine

BRACComité du Bangladesh pour le progrès rural

CEICommunauté d’Etats indépendants

DCT3Triple vaccin (contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos)

ECOEurope centrale et orientale

FOKUPERSForum de communication des femmes du Timor oriental

FMIFonds monétaire international

G7Groupe de sept pays industrialisés : Allemagne, Canada,Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni

G8Les pays du G7 ci-dessus plus la Fédération de Russie

GAVIAlliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (del’anglais Global Alliance for Vaccines and Immunization)

HibHaemophilus influenza de type b

IRAInfections respiratoires aiguës

MGFMutilation génitale des femmes

103L A S I T U AT I O N D E S E N F A N T S D A N S L E M O N D E 2 0 0 2

Glossaire

MobiNilSociété égyptienne qui fournit des services decommunication mobile

MSTMaladies sexuellement transmissibles

OCDEOrganisation de coopération et de développementéconomiques

OMSOrganisation mondiale de la santé

ONGOrganisation non gouvernementale

PNBProduit national brut

PPTEPays pauvres très endettés

PYALARAAcronyme anglais de l’Association des jeunesPalestiniens pour les fonctions de direction etl’exercice des droits

SIDASyndrome d’immunodéficience acquise

SOLWODISolidarité avec les femmes en difficulté, le nom d’uneassociation kényenne

TMM5Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans

TostanUne organisation non gouvernementale située auSénégal. En wolof, la langue de la région, Tostan signifie« grand succès ».

VIHVirus de l’immunodéficience humaine

Note: tous les montants indiqués sont en dollars des Etats-Unis

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Siège de l’UNICEFUNICEF House, 3 UN PlazaNew York, NY 10017Etats-Unis d’Amérique

Bureau régional de l’UNICEF pour l’EuropePalais des NationsCH-1211 Genève 10, Suisse

Bureau régional de l’UNICEFpour l’Europe centrale et orientale,la Communauté d’États indépendantset les États baltesPalais des NationsCH-1211 Genève 10, Suisse

Bureau régional de l’UNICEFpour l’Afrique de l’Est etl’Afrique australeP.O. Box 44145Nairobi, Kenya

Bureau régional de l’UNICEFpour l’Afrique de l’Ouest etl’Afrique centraleB.P. 443Abidjan 04, Côte d’Ivoire

Bureau régional de l’UNICEF pour lesAmériques et les CaraïbesClayton, Ciudad del SaberEdificio 131Panama, Panama

Bureau régional de l’UNICEFpour l’Asie orientale et le PacifiqueP.O. Box 2-154Bangkok 10200, Thaïlande

Bureau régional de l’UNICEFpour le Moyen-Orient et l’Afrique du NordP.O. Box 1551121821 Amman, Jordanie

Bureau régional de l’UNICEFpour l’Asie du SudP.O. Box 5815Lekhnath MargKatmandou, Népal

Site de l’UNICEF sur Internet : www.unicef.org/french

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“”

Extraits de « La situation desenfants dans le monde 2002 »« Y–a-t-il de devoir plus sacré que celui qui nous voue àdéfendre les droits des enfants avec autant de vigilanceque nous défendons les droits de toute autre personne ?A quoi reconnaîtra-t-on nos talents de dirigeants si cen'est à notre capacité à veiller à ce que tous les enfantspuissent se prévaloir de ces libertés, dans tous les pays,sans exception ? »

– Kofi A. AnnanSecrétaire général des Nations Unies

« Le développement durable d’un pays et la paix et lasécurité dans le monde ne sont possibles que si lesdroits et le bien-être des enfants sont garantis. Le rôled’un bon dirigeant consiste intrinsèquement à s’acquitterpleinement, systématiquement et à n’importe quel prixde cette responsabilité. Celle-ci incombe essentiellementaux chefs d’Etat ou de gouvernement, mais l’engagementet l’action sont nécessaires à tous les niveaux : respon-sables et entrepreneurs locaux, artistes et scientifiques,chefs religieux et journalistes, sans oublier les enfants etles adolescents eux-mêmes. »

– Carol BellamyDirectrice générale du Fonds des Nations Unies

pour l’enfance

« L’avenir de nos enfants dépend de nos capacités d’ini-tiative et des choix politiques des dirigeants. »

– Graça Machel et Nelson MandelaMouvement mondial en faveur des enfants

« Les enfants devraient être au centre des préoccupationsde la communauté internationale. Nous devons revoir lesstratégies de lutte contre la pauvreté de façon à donnerla priorité aux investissements pour les enfants. »

– Nelson MandelaAncien Président de l’Afrique du Sud

Paroles d’enfants du monde entier« Nous voulons un monde où il n’y a pas de discriminationentre les garçons et les filles, entre les personnes valideset celles qui ne le sont pas, entre les riches et les pauvres.Nous voulons un environnement sain, sûr et propre pourtous. Et nous voulons une instruction digne de ce nom etla possibilité de jouer, au lieu d’avoir à travailler. »

– Les « Change Makers »un groupe qui représente des enfants

de huit pays d’Asie du Sud

« (…) mais je pense également que tout le monde participe-ra à ce changement et qu’un jour, nous vivrons tous dansun pays offrant de meilleures possibilités de progrès socialet économique. »

– El Salvador

« Mais lorsque les représentants des gouvernements vien-nent nous rencontrer, ce sont surtout eux qui parlent et ilsne nous laissent pas suffisamment prendre la parole. Ilsdevraient écouter davantage et nous donner l’occasion deposer des questions difficiles. »

– Ethiopie

« Peut-être qu’elles [les familles] veulent m’écouter et mecomprendre, mais, dès que je dis quelque chose, ellesréagissent tellement rapidement que j’abandonne en medisant que je n’essaierai même plus la prochaine fois. Engénéral, je parle de mes problèmes à mes amis, mais ilsn’ont pas suffisamment d’expérience pour m’aider. »

– République islamique d’Iran

« J’aime la vie, et avec tous les problèmes que j’ai, j’aihâte qu’une nouvelle année commence. »

– Sri Lanka

La situation des enfants dans le monde 2002

55.00FFISBN 92-806-3668-5

No. de vente F.02.XX.1

PRENDRE L’INITIATIVELa situation des enfants dans le monde 2002

PRENDRE L’INITIATIVE

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