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La Syrie, théâtre des conflits régionaux ? Alain Frachon, journaliste au Monde et spécialiste des enjeux géopolitiques Il n'y a jamais eu qu'un seul et unique facteur aux problèmes du Moyen-orient (MO)., et aucune prophétie possible Sujet : Syrie, Irak, Daesh Etat islamique (EI) Coalition Russe + Union européenne (UE) + Etats unis (EUA) veut défaire l'EI ; selon Frachon, c'est clairement hors de leur portée. EI : enfant d'Al-Quaïda (AQ), mais AQ n'a pas d'assise territoriale précise ; EI si. Produit guerres en Irak et en Syrie qui sont en fait de multiples strates de conflits diverses -> vouloir isoler l'EI de tout cela pour le détruire = illusion. • Syrie = 2011 : printemps arabe. Alaouites au pouvoir, sunnites majoritaires + Kurdes + Druzes. Révolte des modérés vs. régime semi-dictatorial ; le régime réprime durement la bourgeoisie sunnite. Frères musulmans soutenus par Turquie : principale opposition. Régime veut faire du conflit une opposition entre état autocratique moderne laïc vs réactionnaires religieux. -> Dimension régionale : Iran (gouv. chiite) allié à la Syrie. Au pouvoir en Syrie : baathisme alaouite (~sorte de chiisme) + Syrie demande aide au Hezbollah (libanais, chiites, supervisé et soutenu par Iran) : 5 000 hommes + officiers d'Iran. -> Sorte de front chiite. Quatar + Arabie Saoudite (AS – sunnite) s'en mêlent et favorisent groupes terroristes. Dimension géopolitique : combat Iran contre AS pour domination de la région. → Réducteur , mais dimension conflit sunnite/chiite. • Irak = 60 % Arabes chiites + kurdes + guerre EUA (2003 + guerres du Golfe en 1980-88 & 1990-1). Depuis ~2003, Arabes chiites se vengent des sunnites auparavant au pouvoir qui les maltraitaient. -> EI naît d'ancien baath irakien complètement attaqué car nouveau gouv. chiite en Irak. Maliki (au pouvoir dans gouv. chiite) est aidé par Iran qui a financé ses milices + copain de Bachar Al-Assad car les deux (Maliki et Assad) sont copains de l'Iran. -> EI naît en Irak et déborde en Syrie. Été 2014 : Mossoul (ouest irakien) et Rakka (centre Syrie). Internationalisation. • Un ensemble soutenu par AS / un autre soutenu par Iran. Echelon sunnite/chiite. Echelon familial (style guerre de Trente ans (1618-48). Mais aussi Russie et EUA. Russie copine de Syrie = bases en Syrie (sur la côte méditerranéenne, notamment) + nouvelle base aérienne. Syrie cliente de la Russie : Russie refuse une révolte du peuple et est pour

La Syrie, Théâtre Des Conflits Régionaux

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ENS Diplomatie a proposé une conférence sur les enjeux stratégiques du conflit syrien et les recompositions qu'appelle le retour de l'Iran sur la scène internationale.Pour échanger sur ces problématiques d'actualité, ENS diplomatie a eu le plaisir d'accueillir M. Alain Frachon, journaliste au Monde et spécialiste des enjeux géopolitiques, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire, expert et praticien des relations internationales, et Pierre Razoux, historien et Directeur de recherches chargé du pôle pensées stratégiques comparées à l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire.La conférence a eu lieu le vendredi 4 décembre à 19h15 en salle des Actes (ENS, 45 rue d'Ulm).

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La Syrie, théâtre des conflits régionaux ?

Alain Frachon, journaliste au Monde et spécialiste des enjeux géopolitiques

Il n'y a jamais eu qu'un seul et unique facteur aux problèmes du Moyen-orient (MO)., etaucune prophétie possible

Sujet : Syrie, Irak, Daesh Etat islamique (EI)

Coalition Russe + Union européenne (UE) + Etats unis (EUA) veut défaire l'EI ; selonFrachon, c'est clairement hors de leur portée.

EI : enfant d'Al-Quaïda (AQ), mais AQ n'a pas d'assise territoriale précise ; EI si. Produitguerres en Irak et en Syrie qui sont en fait de multiples strates de conflits diverses -> vouloir isolerl'EI de tout cela pour le détruire = illusion.

• Syrie = 2011 : printemps arabe. Alaouites au pouvoir, sunnites majoritaires + Kurdes +Druzes. Révolte des modérés vs. régime semi-dictatorial ; le régime réprime durement labourgeoisie sunnite.

Frères musulmans soutenus par Turquie : principale opposition. Régime veut faire du conflitune opposition entre état autocratique moderne laïc vs réactionnaires religieux.-> Dimension régionale : Iran (gouv. chiite) allié à la Syrie. Au pouvoir en Syrie : baathismealaouite (~sorte de chiisme) + Syrie demande aide au Hezbollah (libanais, chiites, supervisé etsoutenu par Iran) : 5 000 hommes + officiers d'Iran. -> Sorte de front chiite.

Quatar + Arabie Saoudite (AS – sunnite) s'en mêlent et favorisent groupes terroristes.Dimension géopolitique : combat Iran contre AS pour domination de la région.

→ Réducteur, mais dimension conflit sunnite/chiite.

• Irak = 60 % Arabes chiites + kurdes + guerre EUA (2003 + guerres du Golfe en 1980-88 &1990-1). Depuis ~2003, Arabes chiites se vengent des sunnites auparavant au pouvoir qui lesmaltraitaient.

-> EI naît d'ancien baath irakien complètement attaqué car nouveau gouv. chiite en Irak.Maliki (au pouvoir dans gouv. chiite) est aidé par Iran qui a financé ses milices + copain de BacharAl-Assad car les deux (Maliki et Assad) sont copains de l'Iran.

-> EI naît en Irak et déborde en Syrie. Été 2014 : Mossoul (ouest irakien) et Rakka (centreSyrie). Internationalisation.

• Un ensemble soutenu par AS / un autre soutenu par Iran.Echelon sunnite/chiite. Echelon familial (style guerre de Trente ans (1618-48). Mais aussi

Russie et EUA.Russie copine de Syrie = bases en Syrie (sur la côte méditerranéenne, notamment) +

nouvelle base aérienne. Syrie cliente de la Russie : Russie refuse une révolte du peuple et est pour

me gouv. d'Assad – ils se fichent de lui en soi, mais pas de son territoire ni de son argent.EUA copain AS + Turquie (elle est dans l'OTAN) : donc plutôt côté sunnite.

Toutes les strates de conflits entre juste Irak/Syrie, où les Etats se sont effondrés ;auparavant, ils étaient assez semblables à l'Egypte : laïcs, modernes, penchant vers l'URSS.Effondrés, et amenés à se recomposer un jour (sans doute autrement ?).

• Kurdes : quatre pays. Irak & Syrie beaucoup. En 1991, ils obtiennent soutien américain enIrak : + autonomie. Leur armée, leurs aéroports, leur pétrole : grâce EUA les Kurdes se développenten Irak même si Maliki (au pouvoir ~post 2003) les déteste. ~Kurdiztan : ouverture possible via laTurquie (car l'Iran est un cul de sac) + parfois Kurdes copains avec Assad en Syrie.

Kurdes syriens : marxistes-léninistes. Turquie a peur des Kurdes syriens, mais pas de ceuxd'Irak.

EI renforcé depuis 2014. Contrôlent ~6 000 000 personnes et ~1 000 000 combattants +matériel ex-Irakien (donc américain) + cadres baath. Bombardements des EUA ont brisé leuravancée : face à eux les Kurdes d'Irak grâce à EUA ont repris du terrain.

Les bombardements très ciblés en Syrie ont aussi stoppé leur avancée même si ils sontsolidement ancrés.

• Mossoul : ville sunnite aux mains EI (quintessence sunnisme). ~1 000 000 habitantsauparavant/maintenant 500 000. Seuls qui ont les moyens de reprendre Mossoul à EI : miliceschiites irakiennes, mais s'ils la prennent EI se recomposera ailleurs.

• Raqqa : EUA préparent une offensive avec ~10 000 Kurdes syriens : meilleurs soldats +quelques Arabes. Armées pourraient prendre les villes mais jamais les administrer correctement carpopulation locale pas d'accord (Arabes sunnites ne vont pas avec les Kurdes) – idem à Mossoul &Kurdes irakiens.

→ Il n'est pas en notre pouvoir, nous Occidentaux (+ Russes), de mettre à bas l'EI carproblème stratégico-religieux. + opposition Turquie/AS/Iran.

Pierre Razoux, historien et Directeur de recherches chargé du pôle penséesstratégiques comparées à l'Institut de Recherche Stratégique de l'EcoleMilitaire

1. Pourquoi Iran en Syrie et au Liban ?

1979 : chute du shah d'Iran ; révolution islamique + Sadam Hussein est en même temps n°1 en Irak.-> choc Iran/Irak.

Se tapent dessus en 1980-88 : guerre Iran/Irak terrible (la + longue du XXe siècle entre états) +guerre totale -> elle est capitale pour comprendre la matrice géopolitique du MO.

Sadam Hussein prend le pouvoir en même temps que son prédecesseur négociait union avecSyrie (car les deux sont baath – mais différents). Hussein veut garder son pouvoir : casse alliancenaissante.

Iraniens veulent sortir de leur isolement, Syrie l'est un peu ; Egype qui fait la paix avecIsraël : marginalisée.

Iran doit faire s'affirmer face à Irak/Turquie/Israël : font alliance avec Syrie -> raisons

purement géopolitiques (à la Bismarck). Par là, Iran fait copain avec Liban, qui a des zones chiites-> parfait pour Iran (+ vieux liens de famille entre chiites libanais + Iran). Donc Iran ne lâcherajamais Hezbollah / mais peut laisser tomber Syrie si il peut s'en passer.

Mais en 35 ans, même si la Syrie alliée de simple circonstance, des liens se sont créés :business, mariages... -> Iran reste donc copain avec la Syrie + doit défendre le Hezbollah libanais.

-> Iran ne veut pas qu'Assad tombe ; ils s'en foutent personnellement, mais ont besoin de laSyrie contre Turquie + Irak + AS + Israël.

Pour Iran : sauver le Hezbollah car armée syrienne trop éclatée. Donc demande début 2015aide aux Russes pour sauver Hezbollah – moins mauvaise idée même si ni Iran ni Russes nes'apprécient.

2. Iran/AS

Depuis 2003, partie d'échec entre Iran et AS. Chance : 2003, EUA détruisent Sadam Hussein en Irakalors que l'Iran n'avait pas réussi à le faire pdt 1980's + Irak = chiisme au pouvoir. Tout bonus pourl'Iran.

2003 : AS en tête à tête avec l'Iran ; les deux se battent pour étendre leur influence. Ainsi,opposition chiisme/sunnisme, mais instrumentalisée. Il y a quinze ans, on se foutait des oppositionsreligieuses : chiisme/sunnisme prétexte avec intérêts géopolitiques pour AS/Iran. Les deuxinstrumentalisent et remettent de l'huile sur le feu : donc ils ont en quelque sorte créé leur conflitpour alimenter leurs oppositions.

-> AS perd face à l'Iran. EI s'y surajoute. AS encerclée par Iran + Occidentaux = erreurs desa part ; elle a sans doute du souci à se faire.

-> Mais Iran, pas rose non plus ; mais peut s'enrichir car 2015 : accords nucléaires, sanctionslevées... ils peuvent faire rayonner leur influence dans la région.

AS effrayée et obnubilée par Iran ; pour Iran, AS simple dossier parmi d'autres, il regardepartout, multivectoriel.

EI -> opportunité pour AS car chien enragé qui attaque occidentaux, Turcs, chiites irakiens,Iran... Anciens chefs sunnistes irakiens ont rejoint EI car marginalisés. EI pose une question à AS :voulez-vous un état sunnite, donc un nouvel état (+ nouvelles frontières) / voulez vous juste unchaos général dans le coin ?

Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire, expert et praticien des relationsinternationales

Fin de la guerre froid a décongelé des caractéristiques du temps long dans la région.Cartographie = base essentielle mais parfois faussée.

-> Par exemple le Quai d'Orsay un peu arriéré a une carte précise du Tchad. Bien. Le Tchad n'existeplus comme état/administration.

-> Problème des Occidentaux qui ont démantelé l'Empire Ottoman après la PGM : accords Sykes-Picot en 1916 : trahison aux Arabes (Fayçal...). Responsabilité historique de notre part, quoi qu'onen dise.

Carte de l'attribution territoriale prévue par les accords Sykes-Picot en 1916 (source : wikipédia)

Les Anglais battent les Arabes avec des restes d'armes et de gaz de la PGM (e.g. enPalestine, à la fin des 1920's).

-> On raisonne à échelle de dix ans dans la diplomatie. ~En face, ils ont un siècle d'histoire.

• Guerre Iran/Irak : 800 000 morts pour l'Iran + ONU (nous, Occidentaux, principalement) met unembargo. C'est la seule fois de tout le XXe siècle qu'on met un embargo sur l'attaqué et nonl'attaquant.

• Guerre sunnite/chiite : (Pakistan, Iran, Irak, Liban, Yémen, AS). En AS, par exemple, chiiteméprisés : juges refusent le témoignage de chiites.-> Dans ce conflit là, nous chrétiens romains – au pire orthodoxe pour les Russes ou protestantspour les anglo-saxons – avons évidemment une légitimité sans précédent.

• Guerre Turcs/Kurdes : surtout PKK (Partiya Karkerên Kurdistan = Parti des travailleurs duKurdistan, marxiste-léniniste).

• Guerre EI/AQ.

• Bachar Al-Assad face à plus ou moins tout le monde.

Par-dessus cela, les chevaliers blancs occidentaux viennent tout régler casser. Croisade (sic)contre EI (17 états OTAN + AS et Golfe + Maroc & Jordanie). AS ne fait pas guerre à EI maisguerre aux chiites au Yémen.

(France a discours stupides sur la question + nous sommes l'état occidental avec le plus d'Arabes etde juifs.)

-> Sunnites (en gros) ne se battent pas contre EI / chiites (en gros) oui. Guerre de religion(entre autre, évidemment).

EI a réussi à : - se constituer en puissance.- marginaliser AQ- ennemi désigné : Occidentaux (mais pas seulement).

~Calife de EI : rival califat AS (ils finiront par se disputer le titre ?)Les chiites sont pour EI de mauvais musulmans : ennemis premiers (Occidentaux viennent

après).

New York Times : l'AS est en fait un Daesh qui a réussi (étêtage, sunnites...)[ https://www.youtube.com/watch?v=n0F6Rl43EtU en complément sur cette question]

1979 : l'Iran a le premier implanté un système basé sur l'Islam politique.AS renforce la religion pour conserver sa légitimité + attaque le Yémen (~chiite) -> bientôt desréfugiés yéménites.

• Attaques occidentales = + de réfugiés (depuis nos bombardements suite aux attentats de novembre= deux fois + de départs de Syrie)Les Russes se sont ajoutés à la fête : encore + de problèmes. AS lance une fatwah contre les Russes.-> On s'engage dans une guerre sans prévoir de calendrier de retraite. + Ce n'est pas notre guerre ;peut être faut-il laisser les états arabes se débrouiller.-> Même erreurs que les EUA (+ 15 saoudiens au 9/11, mais l'axe du mal = Irak, Iran, Corée duNord = lobby saoudien, tout cela...).

-> Guerre insoluble pour nous ; encore + dans le contexte actuel.

Questions

• Le modèle économique de l'EI ?

Al-Bagdadi a son businessplan. Cash + manpower (combattants supplétifs)-> La décapitation fait l'attractivité = fait venir du monde.+ Un peu de pétrole (raffineries de Mossoul, un peu) mais compliqué et en petite quantité car n'ontpas accès aux pipes. Le pétrole se revend un peu une fois la frontière turque passée + lesOccidentaux attaquent les citernes.-> EI veut se constituer en proto-état pour financer du service public : tous les trafics sont bons(drogue, prostitution, oeuvres d'art comme à Palmire – où la destruction, c'est sympa ; mais il s'agitsurtout de faire du cash dans les marchés noirs occidentaux). Trois sources principales, à part ça :Turquie (opposée à la Syrie et aux Kurdes), AS (opposée à Iran principalement) et Jordanie (?), oùils trouvent leur argent – ne venant pas forcément de l'état en tant que tel, mais parfois d'intérêtsprivés au sein de ces pays.

Guerre = économie de guerre. EI veut remplir rôle de service public à Mossoul et Raqqa(l'Irak ne le faisait pas car population chiite discriminée) ; Daesh y a par exemple mis del'électricité. Donc trafics aux frontières syrienne, turque, Kurdiztan d'Irak : business pétrole qui vapar exemple faire : Syrie, de là : Turquie, puis Kurdiztan d'Irak puis Turquie où il partira ailleurs(vers l'Occident, l'Asie...), ces étapes faisant la chaîne de l'extraction à la vente en passant par leraffinage et l'embidonnage.

-> Les pays belligérants se livrent à ces trafics entre eux indépendemment des griefs qu'ilsont entre eux. Notamment, l'est de la Turquie vit de ces trafics car la région est pauvre et délaisséed'Ankara (qui préfère se rapprocher de l'Occident). En détruisant au hasard des camions de cestrafics, les Occidentaux se font des ennemis (mais après tout, ces vilains trafiquants ne respectentpas le droit international, établi au chaud, à New York).

[ L'AS est un « immense asile psychiatrique » (Pierre Conesa) car il n'y a pas de théâtres, decinémas ; rien, sinon des centres commerciaux et des autoroutes. Donc les riches saoudiens vont àl'étranger pour s'amuser. ]

• Les Tchétchènes dans l'EI ?

La Russie a dit qu'il y avait entre 6 000 et 8 000 de ses ressortissants dans l'EI ; ceux de larégion du Caucase. Elle préfère les combattre en Syrie que sur son territoire ; elle ne veut pas qu'ilsrentrent.

• La place de la Turquie ?

Mériterait en soi une conférence.

En 2011, Herdogan veut être un modèle de réformateur. Il aide les Kurdes, favorise leslibertés -> pour entrer dans l'UE, notamment.

Mais lui-même est un mélange étrange entre les Frères musulmans (Islam politique) etfigure mythique d'Atatürk (Empire ottoman, capitalisme et démocratie à l'occidentale, état jacobinet citoyenneté unique à la française – un seul type de citoyen unique, peu importe qu'on soit à Paris,dans la Creuse ou à Fort-de-France...). Notamment, il se fait jeter par les Frères qu'il était allé voiren Egypte.

Il était copain avec Assad. Lorsque les tensions montent en un conflit en 2011, il conseille àAssad de faire une table ronde avec tous les opposants pour dialoguer. Assad ne l'écoute pas ;Herdogan vexé cherche donc à envoyer sur la Syrie tous les salauds possibles : AQ, EI aussi bienque les bombes occidentales...

• La Turquie dans l'OTAN ?

Il y a tout un débat sur la Turquie. Elle est dans l'OTAN, elle est l'un des rares états solides(avec Iran, Egypte, Israël) donc un des piliers forts de la région.

Herdogan a acheté des centrales nucléaires civiles à faire construire aux Russes + elle a leparapluie nucléaire américain. Peut-être qu'il voudra un jour sa bombe ; mais l'OTAN met soustutelle américain = limitation de la prolifération nucléaire.

• Une solution ?

Non, aucune. C'est un vaste bazar. Peut-être, si tout le monde dialogait autour d'une table –mais comment les-y amener sans avoir notre tête d'Occidentaux paternalistes ?

-> Un retrait progressif des EUA est en cours – ils ont moins besoin de pétrole qu'auparavant(à l'époque du Pacte de Quincy, en 1945, avec l'AS par exemple). Ils sont prudents et ne sont plusvraiment aussi puissants qu'avant.

Un blocage : les Occidentaux comme les Russes refusent que l'on touche aux frontières.C'est pourtant l'un des enjeux majeurs, notamment du conflit israélo-palestinien.

Un élément-clé : les Kurdes. Entre 30 et 35 000 000 (dont 15 000 000 en Turquie et 5-6 000000 en Iran) -> c'est la plus grande nation sans état au monde. EUA et Russes se bagarrent pour lessoutenir et avoir leur appui, même si les Kurdes les plus intéressants sont marxistes-léninistes.

Un facteur important : l'Islam sunnite est en crise. L'AS a des sursauts d'ultra-rigorismereligieux, EI est plutôt orienté sunnisme... De l'autre côté, chiites n'ont pas vraiment de problèmereligieux : Iran tolérant en matière de religion. L'Iran autorise les messes aux chaldéens, auxmaronites, aux protestants, aux catholiques, aux orthodoxes, au chrétiens...

AS : on ne peut pas avoir de fenêtre avec barreaux soutenant les carreaux en forme de croixcar cela rappelle le christianisme. AS est salafiste.

Un proverbe soufi (Pierre Conesa) : « Dieu doit être miséricordieux, sinon son paradis serait vide ».L'AS ne peut tolérer ce genre de conception religieuse.

En Irak, les chiites sont en phase de vengeance contre les sunnites qui les ont longtempsmaltraités.

La France en particulier (et + ou – l'Occident en général) a des intérêts dans le coin : laliberté commerciale (la Mer rouge, Suez...) ; empêcher que EI n'ait accès à un grand port sur laméditerranée qui permettrait de générer un foyer de piraterie ; éviter une union des frontsdjihadistes (celui du Saël, celui de la Libye, celui du MO...) ; Israël & le Liban car on y a denombreux liens d'histoire, de langue, de culture et de business.

L'Egypte, de ce fait, est un partenaire intéressant pour la France : elle a canal de Suez +relative paix avec Israël depuis Saddate.

Mais l'Occident lui-même est désuni ; l'Europe comme entité diplomatique n'a aucuneexistence. Après 2001, la moitié de l'UE était avec Bush – nous, non. Maintenant, nous sommes auMO ; les Scandinaves, par exemple, ne se sentent pas le moins du monde concernés. L'intérêt

pétrolier est en fait un facteur moins important désormais : majorité du pétrole du MO va vers l'Asie(ingérence future de pays asiatiques dans le marasme ?). A-côté de cela, EUA se retirent de larégion ; et l'UE donc reste faible.

Il reste évidemment le problème des Palestiniens : propagande salafiste abondante sur lesujet, du style "1 000 Palestiniens tués à Gaza = rien / 4 Occidentaux tués : on envoie l'armée !".Cela a évidemment un certain écho.

Les colons intégristes juifs ne valent pas mieux que les salafistes.

Conclusion

Nous (Occidentaux) n'avons pas de véritable pouvoir de décision au MO.« Jamais les peuples du MO n'ont été aussi libres de leur(s) destin(s)qu'aujourd'hui » (Alain Frachon).

Quelques autres sources :

https://www.facebook.com/BazzoTV/videos/915985251783550/http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/CHOMSKY/8234http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/proche-orient-divers-et-militaire#&gid=1&pid=1http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/MOULINE/52734http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/HALIMI/54355http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/MOULINE/54356

Synthèse de la conférencehttps://recitdunjour.wordpress.com/2015/12/09/comprendre-ce-qui-se-passe-en-syrie-est-essentiel/