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TIS TECHNIQUE DE L’INSECTE STÉRILE Journée de restitution grand public, lundi 23 juin 2014 (Mercure Créolia, Saint-Denis) La Technique de l’insecte stérile (TIS) au service de la lutte contre les maladies transmises par les moustiques . Le projet. Genèse et ambitions pour La Réunion. . Les acteurs impliqués dans le projet. . Présentation de la Technique de l’insecte stérile. . Le projet de phase 2 à la Réunion (2015 – 2017). . Journée du 23 juin : programme et intervenants. . Interview du Dr Louis-Clément Gouagna. DOSSIER DE PRESSE SOMMAIRE CONTACTS : Julien Dubois et Emma Vieira 0692 712 755

La Technique de l’insecte stérile (TIS) au service de la ... · GEC (Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle), ainsi que le Centre de

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T I STECHNIQUE DE L’INSECTE STÉRILE

Une méthode de lutte performante contre les moustiquesp.1

T I STECHNIQUE DE L’INSECTE STÉRILE

Journée de restitution grand public, lundi 23 juin 2014 (Mercure Créolia, Saint-Denis)

La Technique de l’insecte stérile (TIS)au service de la lutte contre les maladies

transmises par les moustiques

. Le projet. Genèse et ambitions pour La Réunion.

. Les acteurs impliqués dans le projet.

. Présentation de la Technique de l’insecte stérile.

. Le projet de phase 2 à la Réunion (2015 – 2017).

. Journée du 23 juin : programme et intervenants.

. Interview du Dr Louis-Clément Gouagna.

DOSSIER DE PRESSESOMMAIRE

CONTACTS : Julien Dubois et Emma Vieira 0692 712 755

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Une méthode de lutte performante contre les moustiquesp.2

LE PROJET. GENÈSE ET AMBITIONS POUR LA RÉUNION

LES ACTEURS IMPLIQUÉS DANS LE PROJET

Les techniques « traditionnelles » de lutte anti-vectorielle menées contre les moustiques à La Réunion depuis 2006 montrent de plus en plus leurs limites, notamment en matière d’efficacité, mais aussi d’acceptation sociale de l’usage des insecti-cides. Or une technique développée depuis les années 60 contre différentes espèces de mouches nuisibles au bétail ou aux cultures semble aujourd’hui présenter une alternative prometteuse pour lutter plus efficacement contre les maladies infectieuses transmises par les moustiques.

Petit rappel. Le moustique tigre (Aedes albopictus) est l’insecte vecteur impliqué dans l’épidémie de chikungunya en 2005-2006 et dans plusieurs dizaines de cas de dengue recensés depuis 2012 à La Réunion. Seules les femelles piquent et sont donc susceptibles de transmettre des virus. Le moustique infecté le reste toute sa vie. Omniprésent sur le territoire, il touche tous les milieux : urbains, péri-urbains et ruraux.

En l’absence de vaccins, le seul moyen d’action contre ces ma-ladies demeure la lutte contre le moustique vecteur. Celle-ci se traduit par différents modes d’intervention basés sur la destruc-tion des sites de ponte, le recours ciblé aux insecticides et l’utili-sation de moyens de protection contre les piqûres de moustiques (répulsifs).

Or, on observe de plus en plus dans les populations de mous-tiques des résistances aux insecticides, qui réduisent considéra-blement l’efficacité des outils conventionnels de lutte. De plus, la croissance exponentielle des déplacements de biens et de per-sonnes entre les territoires joue en faveur des moustiques et des maladies qu’ils transmettent et accentue le risque épidémique pour La Réunion.

Il devient donc impératif de trouver des solutions alternatives ou complémentaires. L’une d’entre elles, la Technique de l’in-secte stérile (TIS) consiste à introduire massivement des mâles moustiques « stériles » au sein des populations de moustiques dites « sauvages », afin de réduire considérablement le nombre d’adultes dans les générations suivantes.

Cette technique permet ainsi de diminuer les densités de mous-tiques vecteurs et ainsi les risques de transmission d’agents pa-thogènes, tout en évitant le recours massif aux insecticides, et en préservant la biodiversité.

La TIS fait l’objet d’un ambitieux projet de recherche dévelop-pé depuis 2009 à La Réunion. Une première phase d’étude a permis aux porteurs du projet de maîtriser en laboratoire les techniques d’élevage de masse, de sexage et de stérilisation des mâles d’Aedes albopictus, et de vérifier que l’irradiation aux rayons gamma (qui provoque la stérilité) n’affecte pas la capacité d’ac-couplement des mâles. L’intérêt de la TIS, réside essentiel-lement dans le fait le mode de stérilisation ne fait pas intervenir des manipulations génétiques, ni des substances chimiques, mais nécessite simplement une exposition des moustiques aux rayons gamma.

Après cette première phase concluante, la deuxième phase de ce programme de recherche est envisagée. Il s’agira d’une phase pilote qui prendra fin en 2017 et qui permettra de réaliser notam-ment des premiers essais sur le terrain, en conditions contrôlées.

Des moustiques mâles stériles âgés de 2 à 3 jours et relâchés à un ratio 5 fois supérieur à la population de mâles sauvages suffiraient à obtenir une sup-pression de 95% de la population cible.

Les deux institutions impliquées au premier plan dans cette étude de faisabilité de la TIS sur le territoire réunionnais sont l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et son unité MIVE-GEC (Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle), ainsi que le Centre de recherche et de veille sur les maladies émergentes dans l’océan Indien (CRVOI).

Les contributeurs financiers sont le ministère de la Santé ainsi que le Fonds européen de développement régional (FEDER). D’autres partenaires contribuent techniquement à la réussite du projet : l’Agence de santé océan Indien (ARS-OI), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Université de La Réunion, l’Etablissement français du sang (EFS) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA).

Le programme de recherche initié depuis 2009 et dont la pre-mière phase vient de s’achever a permis de renforcer considé-rablement l’expertise locale nécessaire au développement de ce projet à La Réunion, notamment dans les domaines de la bio-logie, de l’entomologie, de la modélisation ainsi qu’en sciences humaines et sociales. Un grand nombre de scientifiques de La Réunion, de l’océan Indien, mais également d’Europe ont déjà collaboré à ce programme d’envergure.

La TIS est actuellement en plein essor dans de nombreux pays touchés par les maladies vectorielles. Aussi, les équipes de La Réunion suivent en parallèle des projets associés menés à l’Ile Maurice, aux Seychelles et à Madagascar, mais également les actions de mise en œuvre de la TIS en Australie, aux îles Caï-man, en Malaisie, au Brésil, en Italie et bientôt au Soudan.

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Une méthode de lutte performante contre les moustiquesp.3

PRÉSENTATION DE LA TECHNIQUE DE L’INSECTE STÉRILELa dengue et le chikungunya sont des maladies infectieuses transmises par les moustiques femelles du genre Aedes. En effet, seule la femelle moustique pique car elle a besoin de sang pour porter ses œufs à maturité. En piquant un hôte infecté, elle va s’infecter à son tour et pouvoir alors transmettre le virus aux autres personnes qu’elle va successivement piquer. Elle va ainsi contribuer à la transmission de la maladie au sein de la population.

Ansi, en introduisant des mâles « stériles » (qui ne piquent pas) dans les populations de moustiques, la TIS permet de réduire dras-tiquement ces populations au cours des générations suivantes et donc de diminiuer le risque de transmission d’agents pathogènes.

La Technique de l’insecte stérile (TIS) se réalise en quatre étapes :

4. Le lâcher : les mâles stériles sont lâchés dans la nature en quantité 5 à 10 fois supérieure à celle des mâles sauvages. Il suffit d’un seul accouplement d’un moustique femelle avec un mâle stérile pour réduire sa fertilité puisqu’elle stocke le sperme du premier mâle qui l’a fécondée pour concevoir tous ses œufs durant toute sa vie (un mois environ).

3. La stérilisation : les mâles (au stade de nymphe) sont stérilisés par irradiation aux rayons gamma. Cette irradiation, tout en affectant les cellules reproductrices des mâles provoquant leur stérilité, préserve leur vigueur et leur performance sexuelle.

2. Le sexage : puisque ce sont les femelles qui piquent, seuls les mâles seront lâchés. La séparation des mâles et des femelles se fait mécaniquement au stade de nymphes, à l’issue de leur développement larvaire.

1. L’élevage en masse : l’objectif est de produire des centaines de milliers de moustiques en laboratoire.

En offrant une alternative aux pulvérisations d’insecticide, la TIS développée à La Réunion présente de très nombreux avantages par rapport aux méthodes de lutte anti-vectorielle « traditionnelles » :

- Elle est potentiellement très efficace puisque parfaitement adaptée à la biologie du moustique, - Elle est respectueuse des écosystèmes et de la biodiversité puisqu’elle est ciblée uniquement sur l’Aedes albopictus, sans risque d’impacter les autres espèces d’insectes ou d’autres animaux ; - La technique d’irradiation induit une stérilité uniquement sur les moustiques exposés en laboratoire aux rayonnements gamma, sans aucun risque de propagation de ce caractère de stérilité à d’autres moustiques ou dans le milieu naturel ; - Elle devrait permettre à terme de s’affranchir du recours aux insecticides et donc limiter considérablement les effets de ces produits sur l’homme et l’environnement (effets non intentionnels sur la faune, pollution, développement des résistances…).

Elle constitue donc une méthode de lutte anti-vectorielle innovante qui présente des perspectives de développement très encoura-geantes en complément des outils de lutte plus conventionnels.

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PERSPECTIVES : LE PROJET DE PHASE 2 À LA RÉUNION (2015-2017)

La première phase du programme de recherche a permis de combler le manque de connaissances scientifiques, d’acquérir une expérience Réunionnaise en matière de développement technologique de la TIS, et d’apporter des arguments biologiques, techno-logiques et socio-économiques confirmant la faisabilité de la mise en œuvre à grande échelle de la TIS à La Réunion.

La deuxième phase du projet, envisagée sur la période 2015-2017, aura pour objectifs de réaliser des démonstrations à petite échelle sur le terrain et de procéder à des évaluations afin de modéliser et de prédire la faisabilité technique, économique et sociale du dis-positif, avant d’intervenir à plus large échelle.

Cette phase 2 devrait démontrer l’efficacité et l’efficience du contrôle des populations d’Aedes albopictus par la TIS à travers : la mise en place de systèmes de production de moustiques de masse, de sexage et d’irradiation, l’expérimentation de lâchers de mâles stériles sur des sites pilotes de petites dimensions, la mise en œuvre d’une communication visant à faciliter l’acceptation sociale de cette TIS, l’élaboration d’un plan économique et des scénarii industriels de la phase 3, structuration d’un partenariat technologique entre La Réunion et les îles de l’océan Indien.

Après cette phase d’essai et d’évaluation, le projet pourrait passer d’ici 2018 en phase opérationnelle. Le but visé sera alors la ré-duction des populations de moustiques à un seuil qui limiterait considérablement les risques de transmission des agents pathogènes à l’homme (et non l’éradication des moustiques par la TIS qui reste un objectif pour l’instant irréaliste).

?2015 - 2017 2018

COURT TERME

PHASE 1

R&DCombler le manquede connaissances

Modélisation& Prédiction

Business plan Surveillance& Evaluation

Suppression & réductiondu risque sanitaire

économiquement viable

PHASE 2

OPÉRATIONNALISATIONPHASE DE

SUPPRESSION

MOYEN TERME LONG TERME

2009 - 2014

Phase d’essaiet évaluation Phase d’élimination : TIS opérationnelle

Contrôle avec lesoutils existants

• Faisabilité scientifique

Prise de décision pourle passage en phase 2

Prise de décision pourune intervention à large échelle

• Démonstration à petite échelle sur le terrain• Evaluation : faisabilité technique, économique et sociale - Communication

• Phase industrielles• Application à large échelle

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JOURNÉE DU 23 JUIN : PROGRAMME ET INTERVENANTS

Cette journée de restitution intervient à l’issue de la première phase du programme de recherche.

Après quatre années d’étude, cette journée constitue un moment privilégié pour prendre connaissance des avancées scientifiques du projet TIS et des perspectives de sa mise en œuvre à grande échelle pour lutter contre Aedes albopictus à La Réunion.

La matinée sera consacrée à différentes présentations suivies de séances de questions/réponses.

« Les maladies à transmission vectorielle et les risques potentiels à La Réunion » - Didier Fontenille et Frédéric Simard, directeurs de recherche (Centre national d’expertise sur les vecteurs – Institut de recherche pour le développement, Montpellier)

« Les enjeux de la lutte contre les moustiques à La Réunion » - Olivier Reilhes, responsable du service de lutte anti-vectorielle (Agence de santé océan Indien)

« Etat du développement de la TIS et ses perspectives à La Réunion » - Clément Gouagna / Koussay Dellagi (IRD Réunion/CRVOI Saint-Denis) / Laurence Pourchez (UFR Santé - Université de La Réunion)

« Expériences de lutte anti-vectorielle par la TIS dans le monde » - David Damiens, entomologiste (Agence internationale de l’énergie atomique, Vienne)

L’après-midi sera consacrée à une table ronde et aux débats.

Didier Fontenille Frédéric Simard

Clément Gouagna Koussay Dellagi Laurence Pourchez

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Interview du Dr Louis-Clément Gouagna,entomologiste médical à l’IRD et coordinateur du projet TIS à La Réunion

Quels éléments ont laissé penser au monde scienti-fique que la TIS était adaptable à La Réunion ?

Des études entomologiques menées depuis 2009 ont permis de mieux caractériser la biologie et l’écologie d’Aedes albopictus. L’aire de répartition de cette espèce est désormais mieux connue ainsi que l’importance des facteurs environnementaux associés à la dynamique de leurs populations. La capacité de stérilisation (proche de 100 %) de nos mâles, l’absence de coût apparent associé à l’irradiation, la meilleure compétitivité des mâles pour l’accouplement avec les femelles, nous permettent d’envisager de tester la faisabilité de lâchers de mâles stériles avec les meil-leures chances de succès. Des résultats prometteurs ont été ob-tenus lors des essais en conditions de laboratoire et dans des conditions semi-naturelles (des grandes cages qui miment l’envi-ronnement des moustiques et qui représentent une bonne transi-tion entre le laboratoire et le milieu naturel).

De plus, l’environnement scientifique, technologique et sociopo-litique est favorable : il existe un service de Lutte anti-vectorielle (LAV) efficace et organisé ; La Réunion étant une île, la ré-inva-sion de moustiques est plus improbable et plus facile à contrô-ler ; il existe une volonté politique de développer de nouveaux moyens « propres » de lutte antivectorielle, dans le contexte du « Grenelle de l’environnement ». Les résultats obtenus à La Réu-nion seront transférables aux autres îles du sud-ouest de l’océan Indien.

Les conclusions de la phase 1 sont-elles à la hauteur des attentes des parties prenantes ?

La phase 1 de ce programme visait à réunir les informations scientifiques et technologiques nécessaires pour déterminer si la TIS est une option de lutte anti-vectorielle pour La Réunion et les îles voisines de l’océan Indien. Dans ce cadre, une extraordinaire masse de données a été accumulée au cours des 5 dernières années et largement diffusée à la communauté scientifique via de nombreux articles publiés dans des revues scientifiques à fac-teurs d’impact élevés.

Ces progrès concernent notamment la réalisation des études pré-vues sur le terrain (étude de la biologie et écologie, dynamique des populations), la maîtrise des techniques d’élevage de masse, de sexage mécanique et de stérilisation de l’Aedes albopictus. La démonstration que l’irradiation aux rayons gamma provoque la stérilité mais n’affecte pas la capacité d’accouplement des mâles ni leur compétitivité sexuelle, est un des arguments appropriés en faveur de l’emploi de cette technique. Des mâles stériles âgés de 2 à 3 jours et relâchés à un ratio 5-10 fois supérieur à la po-pulation de mâles sauvages suffiraient à obtenir une suppression de 95 % de la population cible.

Considérant les résultats favorables concernant Aedes albopictus à La Réunion et prenant en compte les résultats encourageants

observés récemment lors de phases pilotes de lâcher de mâles d’Aedes stériles dans le monde, les comités d’orientation et de suivi du projet - formés par l’IRD, le CRVOI et l’ensemble des partenaires scientifiques et institutionnels - ont fortement recom-mandé le passage à une deuxième phase du programme pour conforter l’efficacité de la technique à l’échelle pilote de terrain.

Le soutien financier du ministère de la Santé et la volonté de la Région Réunion d’accompagner le programme TIS, sont autant de garanties supplémentaires qui fondent l’optimisme sur une probable mise en œuvre de la TIS pour la lutte contre Aedes al-bopictus à La Réunion. Les enjeux sociétaux stratégiques de ce projet pour l’océan Indien, et au-delà, sont considérables.

La TIS est-elle la seule technique étudiée dans ce programme de recherche ? Comment s’assurer qu’il s’agisse de la technique la plus adaptée pour notre île ?

Plusieurs méthodes sont à l’étude dans les laboratoires de re-cherche : pièges attractifs, moustiques transformés génétique-ment pour les rendre stériles ou réfractaires aux parasites et/ou aux virus. Nous proposons d’utiliser la TIS pour les raisons suivantes : elle est ciblée sur les espèces vectrices (pas d’effets collatéraux) et permet de s’affranchir à terme des insecticides. En milieu insulaire et pour certaines espèces, cette méthode peut conduire à une suppression des effectifs jusqu’à un seuil ren-dant impossible la survenue de flambées épidémiques, telles que celles qui ont frappé La Réunion en 2006.

L’intérêt de la TIS réside essentiellement dans le fait que l’en-semble des étapes de production et de stérilisation ne font pas intervenir des manipulations génétiques mais font appel à l’irra-diation soit au rayons X soit aux rayons gamma, telle qu’elle est utilisée couramment dans le domaine médical (stérilisation du sang, radiographie, etc…). Nous nous sommes engagés dans le développement de ce type de projet pour des raisons écolo-giques, économiques, scientifiques, pédagogiques.

Cette technique a prouvé son efficacité sur la mouche des fruits méditerranéenne et sur la Lucilie Bouchère. Aucun de ces es-sais n’a été un succès à grande échelle contre les moustiques mais principalement pour des raisons techniques, actuellement surmontables, ou par manque de connaissance sur la biologie et la génétique des vecteurs, ce que nous avons surmonté lors de la phase 1.

Le développement de la TIS à La Réunion est l’expression de la volonté française de participer à l’effort mondial pour trouver de nouvelles solutions de contrôle des maladies infectieuses à risque épidémique et d’insérer l’ile de La Réunion, qui est une zone à risque vectoriel pour certains virus, dans une dynamique scientifique de haut niveau, soucieuse de la santé des populations.

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