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La technologie au service de la réadaptation visuelle Actes du 18 e symposium scientifque sur l’incapacité visuelle et la réadaptation Sous la direction de Josée Duquette, Julie-Andrée Marinier et Marie-Chantal Wanet-Defalque

La technologie au service de la réadapatation …...La technologie au service de la réadaptation visuelle Actes du 18 e symposium scientiique sur l’incapacité visuelle et la réadaptation

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Page 1: La technologie au service de la réadapatation …...La technologie au service de la réadaptation visuelle Actes du 18 e symposium scientiique sur l’incapacité visuelle et la réadaptation

La technologie au service de la reacuteadaptation visuelle

Actes du 18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation

Sous la direction de Joseacutee Duquette Julie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

La technologie au service de la reacuteadaptation visuelle

Actes du 18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation

9 feacutevrier 2016 Universiteacute de Montreacuteal

sous la direction de Joseacutee Duquette Julie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Institut Nazareth et Louis-Braille

Reacutevision bibliographique Francine Baril CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Reacutevision linguistique Carole Gagnon CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Infographie P Micheline Gloin Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

copy 2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2016 Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives Canada 2016

Couverture image fournie par lrsquoEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Comiteacute organisateur

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D Chercheure CRIR et responsable de la recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Professeure adjointeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Joseacutee Duquette M Sc Agente de planification de programmation et de recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc Professeure agreacutegeacuteeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Optomeacutetriste CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Institut Nazareth et Louis-Braille CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille

Liste des auteurs

Anne Jarry M Eacuted Eacutecole drsquooptomeacutetrie Julie Dufour MOA Universiteacute de Montreacuteal CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

Institut Raymond-Dewar Charles-Andreacute Labbeacute CRIR - Institut Raymond-Dewar Catherine Benoit

Service suprareacutegional de soutien et drsquoexpertise Vincent Moore OD2

MEESR Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D1 2 3

Eacutecole Jacques-Ouellette 1 CRIR ndash Institut Nazareth et Louis-Braille 2 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Jacques Gresset OD Ph D Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Universiteacute de Montreacuteal

i

Preacuteface

Lors du 18e Symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation tenu le 9 feacutevrier 2016 huit confeacuterenciers ont partageacute leurs connaissances et leurs expeacuteriences cliniques sur la technologie au service de la reacuteadaptation visuelle Une technologie pour mieux laquo voir raquo malgreacute la deacuteficience visuelle pour favoriser une meilleure participation sociale par exemple en facilitant lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et les deacuteplacements La preacutesente publication rassemble cinq textes parmi ces confeacuterences dans lesquels ce thegraveme est abordeacute sous une varieacuteteacute drsquoangles agrave lrsquoimage de la diversiteacute des technologies et de leurs champs drsquoapplication en deacuteficience visuelle

Le premier article nous fait reacutealiser que mecircme si les technologies informatiques peuvent ameacuteliorer consideacuterablement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation des individus non-voyants ce nrsquoest souvent pas sans difficulteacute Jarry et ses collegravegues ont tenteacute par leur enquecircte de mieux comprendre 1) les difficulteacutes auxquelles font face les utilisateurs expeacuterimenteacutes de revue drsquoeacutecran sur leur ordinateur portable leur tablette ou leur teacuteleacutephone cellulaire et 2) leurs strateacutegies de reacutesolution des problegravemes informatiques rencontreacutes

Lors de sa confeacuterence Jacques Gresset a preacutesenteacute laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravere raquo Entre autres il a partageacute une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles Son article preacutesente agrave cet effet un document drsquoarchives soit un rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles datant de 1994

Sur un tout autre plan Moore et Wanet-Defalque relatent lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes et nous aident agrave mieux comprendre ce qui diffeacuterencie les implants eacutepireacutetiniens sous-reacutetiniens et suprachoroiumldiens Les caracteacuteristiques et lrsquoefficaciteacute des implants reacutetiniens actuellement disponibles sont preacutesenteacutees Bien entendu le rocircle des professionnels de la reacuteadaptation en deacuteficience visuelle est abordeacute

Pour leur part Dufour Ratelle et Leroux nous font connaicirctre la version simplifieacutee du systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive des personnes qui ont une deacuteficience visuelle et auditive eacutelaboreacutee pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de cette clientegravele Une version simplifieacutee et moins coucircteuse a eacuteteacute mise au point agrave lrsquointention des milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Lrsquoarticle preacutesente les reacutesultats de la deacutemarche qui a viseacute 1) agrave valider le protocole aupregraves de sujets ayant une audition et une vision normale 2) agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et 3) agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation

Finalement Labbeacute et ses collegravegues ont interrogeacute 23 adultes utilisateurs du braille afin de connaicirctre leur appreacuteciation et leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute au quotidien Les reacutesultats ont permis de mettre en relief les avantages et les inconveacutenients du braille abreacutegeacute et le fait que les personnes interrogeacutees preacutefegraverent lrsquoutilisation du braille inteacutegral au quotidien

Nous vous souhaitons une agreacuteable lecture

Joseacutee Duquette M Sc Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D

ii

Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

iii

CISSS de la Monteacutereacutegie-CentreCRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille 1

La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 2

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

CISSS de la Monteacutereacutegie-CentreCRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille 5

La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

BIBLIOGRAPHIE

Abner G H et Lahm E A (2002) Implementation of assistive technology with students who are visually impaired teachersrsquo readiness Journal of Visual Impairment amp Blindness 96(2) 98-105

Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

Percival J (2012) Demonstrating daily living devices to older people with sight loss A programme evaluation with implications for good practice and policydevelopment British Journal of Visual Impairment 30(2) 79-90

Zhou L Parker A T Smith D W et Griffin-Shirley N (2011) Assistive technology for students with visual impairments Challenges and needs in teachersrsquo preparation programs and practice Journal of Visual Impairment amp Blindness 105(4) 197-210

Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 6

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

CISSS de la Monteacutereacutegie-CentreCRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille 7

La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 8

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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La technologie au service de la reacuteadaptation visuelle

Actes du 18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation

9 feacutevrier 2016 Universiteacute de Montreacuteal

sous la direction de Joseacutee Duquette Julie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Institut Nazareth et Louis-Braille

Reacutevision bibliographique Francine Baril CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Reacutevision linguistique Carole Gagnon CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Infographie P Micheline Gloin Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

copy 2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2016 Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives Canada 2016

Couverture image fournie par lrsquoEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Comiteacute organisateur

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D Chercheure CRIR et responsable de la recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Professeure adjointeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Joseacutee Duquette M Sc Agente de planification de programmation et de recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc Professeure agreacutegeacuteeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Optomeacutetriste CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Institut Nazareth et Louis-Braille CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille

Liste des auteurs

Anne Jarry M Eacuted Eacutecole drsquooptomeacutetrie Julie Dufour MOA Universiteacute de Montreacuteal CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

Institut Raymond-Dewar Charles-Andreacute Labbeacute CRIR - Institut Raymond-Dewar Catherine Benoit

Service suprareacutegional de soutien et drsquoexpertise Vincent Moore OD2

MEESR Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D1 2 3

Eacutecole Jacques-Ouellette 1 CRIR ndash Institut Nazareth et Louis-Braille 2 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Jacques Gresset OD Ph D Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Universiteacute de Montreacuteal

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Preacuteface

Lors du 18e Symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation tenu le 9 feacutevrier 2016 huit confeacuterenciers ont partageacute leurs connaissances et leurs expeacuteriences cliniques sur la technologie au service de la reacuteadaptation visuelle Une technologie pour mieux laquo voir raquo malgreacute la deacuteficience visuelle pour favoriser une meilleure participation sociale par exemple en facilitant lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et les deacuteplacements La preacutesente publication rassemble cinq textes parmi ces confeacuterences dans lesquels ce thegraveme est abordeacute sous une varieacuteteacute drsquoangles agrave lrsquoimage de la diversiteacute des technologies et de leurs champs drsquoapplication en deacuteficience visuelle

Le premier article nous fait reacutealiser que mecircme si les technologies informatiques peuvent ameacuteliorer consideacuterablement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation des individus non-voyants ce nrsquoest souvent pas sans difficulteacute Jarry et ses collegravegues ont tenteacute par leur enquecircte de mieux comprendre 1) les difficulteacutes auxquelles font face les utilisateurs expeacuterimenteacutes de revue drsquoeacutecran sur leur ordinateur portable leur tablette ou leur teacuteleacutephone cellulaire et 2) leurs strateacutegies de reacutesolution des problegravemes informatiques rencontreacutes

Lors de sa confeacuterence Jacques Gresset a preacutesenteacute laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravere raquo Entre autres il a partageacute une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles Son article preacutesente agrave cet effet un document drsquoarchives soit un rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles datant de 1994

Sur un tout autre plan Moore et Wanet-Defalque relatent lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes et nous aident agrave mieux comprendre ce qui diffeacuterencie les implants eacutepireacutetiniens sous-reacutetiniens et suprachoroiumldiens Les caracteacuteristiques et lrsquoefficaciteacute des implants reacutetiniens actuellement disponibles sont preacutesenteacutees Bien entendu le rocircle des professionnels de la reacuteadaptation en deacuteficience visuelle est abordeacute

Pour leur part Dufour Ratelle et Leroux nous font connaicirctre la version simplifieacutee du systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive des personnes qui ont une deacuteficience visuelle et auditive eacutelaboreacutee pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de cette clientegravele Une version simplifieacutee et moins coucircteuse a eacuteteacute mise au point agrave lrsquointention des milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Lrsquoarticle preacutesente les reacutesultats de la deacutemarche qui a viseacute 1) agrave valider le protocole aupregraves de sujets ayant une audition et une vision normale 2) agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et 3) agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation

Finalement Labbeacute et ses collegravegues ont interrogeacute 23 adultes utilisateurs du braille afin de connaicirctre leur appreacuteciation et leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute au quotidien Les reacutesultats ont permis de mettre en relief les avantages et les inconveacutenients du braille abreacutegeacute et le fait que les personnes interrogeacutees preacutefegraverent lrsquoutilisation du braille inteacutegral au quotidien

Nous vous souhaitons une agreacuteable lecture

Joseacutee Duquette M Sc Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D

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Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

BIBLIOGRAPHIE

Abner G H et Lahm E A (2002) Implementation of assistive technology with students who are visually impaired teachersrsquo readiness Journal of Visual Impairment amp Blindness 96(2) 98-105

Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

Percival J (2012) Demonstrating daily living devices to older people with sight loss A programme evaluation with implications for good practice and policydevelopment British Journal of Visual Impairment 30(2) 79-90

Zhou L Parker A T Smith D W et Griffin-Shirley N (2011) Assistive technology for students with visual impairments Challenges and needs in teachersrsquo preparation programs and practice Journal of Visual Impairment amp Blindness 105(4) 197-210

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 8

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Reacutevision bibliographique Francine Baril CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Reacutevision linguistique Carole Gagnon CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille

Infographie P Micheline Gloin Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

copy 2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2016 Deacutepocirct leacutegal - Bibliothegraveque et Archives Canada 2016

Couverture image fournie par lrsquoEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Comiteacute organisateur

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D Chercheure CRIR et responsable de la recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Professeure adjointeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Joseacutee Duquette M Sc Agente de planification de programmation et de recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc Professeure agreacutegeacuteeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Optomeacutetriste CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Institut Nazareth et Louis-Braille CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille

Liste des auteurs

Anne Jarry M Eacuted Eacutecole drsquooptomeacutetrie Julie Dufour MOA Universiteacute de Montreacuteal CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

Institut Raymond-Dewar Charles-Andreacute Labbeacute CRIR - Institut Raymond-Dewar Catherine Benoit

Service suprareacutegional de soutien et drsquoexpertise Vincent Moore OD2

MEESR Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D1 2 3

Eacutecole Jacques-Ouellette 1 CRIR ndash Institut Nazareth et Louis-Braille 2 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Jacques Gresset OD Ph D Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Universiteacute de Montreacuteal

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Preacuteface

Lors du 18e Symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation tenu le 9 feacutevrier 2016 huit confeacuterenciers ont partageacute leurs connaissances et leurs expeacuteriences cliniques sur la technologie au service de la reacuteadaptation visuelle Une technologie pour mieux laquo voir raquo malgreacute la deacuteficience visuelle pour favoriser une meilleure participation sociale par exemple en facilitant lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et les deacuteplacements La preacutesente publication rassemble cinq textes parmi ces confeacuterences dans lesquels ce thegraveme est abordeacute sous une varieacuteteacute drsquoangles agrave lrsquoimage de la diversiteacute des technologies et de leurs champs drsquoapplication en deacuteficience visuelle

Le premier article nous fait reacutealiser que mecircme si les technologies informatiques peuvent ameacuteliorer consideacuterablement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation des individus non-voyants ce nrsquoest souvent pas sans difficulteacute Jarry et ses collegravegues ont tenteacute par leur enquecircte de mieux comprendre 1) les difficulteacutes auxquelles font face les utilisateurs expeacuterimenteacutes de revue drsquoeacutecran sur leur ordinateur portable leur tablette ou leur teacuteleacutephone cellulaire et 2) leurs strateacutegies de reacutesolution des problegravemes informatiques rencontreacutes

Lors de sa confeacuterence Jacques Gresset a preacutesenteacute laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravere raquo Entre autres il a partageacute une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles Son article preacutesente agrave cet effet un document drsquoarchives soit un rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles datant de 1994

Sur un tout autre plan Moore et Wanet-Defalque relatent lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes et nous aident agrave mieux comprendre ce qui diffeacuterencie les implants eacutepireacutetiniens sous-reacutetiniens et suprachoroiumldiens Les caracteacuteristiques et lrsquoefficaciteacute des implants reacutetiniens actuellement disponibles sont preacutesenteacutees Bien entendu le rocircle des professionnels de la reacuteadaptation en deacuteficience visuelle est abordeacute

Pour leur part Dufour Ratelle et Leroux nous font connaicirctre la version simplifieacutee du systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive des personnes qui ont une deacuteficience visuelle et auditive eacutelaboreacutee pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de cette clientegravele Une version simplifieacutee et moins coucircteuse a eacuteteacute mise au point agrave lrsquointention des milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Lrsquoarticle preacutesente les reacutesultats de la deacutemarche qui a viseacute 1) agrave valider le protocole aupregraves de sujets ayant une audition et une vision normale 2) agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et 3) agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation

Finalement Labbeacute et ses collegravegues ont interrogeacute 23 adultes utilisateurs du braille afin de connaicirctre leur appreacuteciation et leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute au quotidien Les reacutesultats ont permis de mettre en relief les avantages et les inconveacutenients du braille abreacutegeacute et le fait que les personnes interrogeacutees preacutefegraverent lrsquoutilisation du braille inteacutegral au quotidien

Nous vous souhaitons une agreacuteable lecture

Joseacutee Duquette M Sc Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D

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Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

BIBLIOGRAPHIE

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Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

Percival J (2012) Demonstrating daily living devices to older people with sight loss A programme evaluation with implications for good practice and policydevelopment British Journal of Visual Impairment 30(2) 79-90

Zhou L Parker A T Smith D W et Griffin-Shirley N (2011) Assistive technology for students with visual impairments Challenges and needs in teachersrsquo preparation programs and practice Journal of Visual Impairment amp Blindness 105(4) 197-210

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 8

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Comiteacute organisateur

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D Chercheure CRIR et responsable de la recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Professeure adjointeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Joseacutee Duquette M Sc Agente de planification de programmation et de recherche CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc Professeure agreacutegeacuteeEacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Optomeacutetriste CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Institut Nazareth et Louis-Braille CRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille

Liste des auteurs

Anne Jarry M Eacuted Eacutecole drsquooptomeacutetrie Julie Dufour MOA Universiteacute de Montreacuteal CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

Institut Raymond-Dewar Charles-Andreacute Labbeacute CRIR - Institut Raymond-Dewar Catherine Benoit

Service suprareacutegional de soutien et drsquoexpertise Vincent Moore OD2

MEESR Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D1 2 3

Eacutecole Jacques-Ouellette 1 CRIR ndash Institut Nazareth et Louis-Braille 2 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Jacques Gresset OD Ph D Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Universiteacute de Montreacuteal

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Preacuteface

Lors du 18e Symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation tenu le 9 feacutevrier 2016 huit confeacuterenciers ont partageacute leurs connaissances et leurs expeacuteriences cliniques sur la technologie au service de la reacuteadaptation visuelle Une technologie pour mieux laquo voir raquo malgreacute la deacuteficience visuelle pour favoriser une meilleure participation sociale par exemple en facilitant lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et les deacuteplacements La preacutesente publication rassemble cinq textes parmi ces confeacuterences dans lesquels ce thegraveme est abordeacute sous une varieacuteteacute drsquoangles agrave lrsquoimage de la diversiteacute des technologies et de leurs champs drsquoapplication en deacuteficience visuelle

Le premier article nous fait reacutealiser que mecircme si les technologies informatiques peuvent ameacuteliorer consideacuterablement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation des individus non-voyants ce nrsquoest souvent pas sans difficulteacute Jarry et ses collegravegues ont tenteacute par leur enquecircte de mieux comprendre 1) les difficulteacutes auxquelles font face les utilisateurs expeacuterimenteacutes de revue drsquoeacutecran sur leur ordinateur portable leur tablette ou leur teacuteleacutephone cellulaire et 2) leurs strateacutegies de reacutesolution des problegravemes informatiques rencontreacutes

Lors de sa confeacuterence Jacques Gresset a preacutesenteacute laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravere raquo Entre autres il a partageacute une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles Son article preacutesente agrave cet effet un document drsquoarchives soit un rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles datant de 1994

Sur un tout autre plan Moore et Wanet-Defalque relatent lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes et nous aident agrave mieux comprendre ce qui diffeacuterencie les implants eacutepireacutetiniens sous-reacutetiniens et suprachoroiumldiens Les caracteacuteristiques et lrsquoefficaciteacute des implants reacutetiniens actuellement disponibles sont preacutesenteacutees Bien entendu le rocircle des professionnels de la reacuteadaptation en deacuteficience visuelle est abordeacute

Pour leur part Dufour Ratelle et Leroux nous font connaicirctre la version simplifieacutee du systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive des personnes qui ont une deacuteficience visuelle et auditive eacutelaboreacutee pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de cette clientegravele Une version simplifieacutee et moins coucircteuse a eacuteteacute mise au point agrave lrsquointention des milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Lrsquoarticle preacutesente les reacutesultats de la deacutemarche qui a viseacute 1) agrave valider le protocole aupregraves de sujets ayant une audition et une vision normale 2) agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et 3) agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation

Finalement Labbeacute et ses collegravegues ont interrogeacute 23 adultes utilisateurs du braille afin de connaicirctre leur appreacuteciation et leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute au quotidien Les reacutesultats ont permis de mettre en relief les avantages et les inconveacutenients du braille abreacutegeacute et le fait que les personnes interrogeacutees preacutefegraverent lrsquoutilisation du braille inteacutegral au quotidien

Nous vous souhaitons une agreacuteable lecture

Joseacutee Duquette M Sc Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D

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Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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BIBLIOGRAPHIE

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Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

Percival J (2012) Demonstrating daily living devices to older people with sight loss A programme evaluation with implications for good practice and policydevelopment British Journal of Visual Impairment 30(2) 79-90

Zhou L Parker A T Smith D W et Griffin-Shirley N (2011) Assistive technology for students with visual impairments Challenges and needs in teachersrsquo preparation programs and practice Journal of Visual Impairment amp Blindness 105(4) 197-210

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Preacuteface

Lors du 18e Symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptation tenu le 9 feacutevrier 2016 huit confeacuterenciers ont partageacute leurs connaissances et leurs expeacuteriences cliniques sur la technologie au service de la reacuteadaptation visuelle Une technologie pour mieux laquo voir raquo malgreacute la deacuteficience visuelle pour favoriser une meilleure participation sociale par exemple en facilitant lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et les deacuteplacements La preacutesente publication rassemble cinq textes parmi ces confeacuterences dans lesquels ce thegraveme est abordeacute sous une varieacuteteacute drsquoangles agrave lrsquoimage de la diversiteacute des technologies et de leurs champs drsquoapplication en deacuteficience visuelle

Le premier article nous fait reacutealiser que mecircme si les technologies informatiques peuvent ameacuteliorer consideacuterablement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation des individus non-voyants ce nrsquoest souvent pas sans difficulteacute Jarry et ses collegravegues ont tenteacute par leur enquecircte de mieux comprendre 1) les difficulteacutes auxquelles font face les utilisateurs expeacuterimenteacutes de revue drsquoeacutecran sur leur ordinateur portable leur tablette ou leur teacuteleacutephone cellulaire et 2) leurs strateacutegies de reacutesolution des problegravemes informatiques rencontreacutes

Lors de sa confeacuterence Jacques Gresset a preacutesenteacute laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravere raquo Entre autres il a partageacute une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles Son article preacutesente agrave cet effet un document drsquoarchives soit un rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles datant de 1994

Sur un tout autre plan Moore et Wanet-Defalque relatent lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes et nous aident agrave mieux comprendre ce qui diffeacuterencie les implants eacutepireacutetiniens sous-reacutetiniens et suprachoroiumldiens Les caracteacuteristiques et lrsquoefficaciteacute des implants reacutetiniens actuellement disponibles sont preacutesenteacutees Bien entendu le rocircle des professionnels de la reacuteadaptation en deacuteficience visuelle est abordeacute

Pour leur part Dufour Ratelle et Leroux nous font connaicirctre la version simplifieacutee du systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive des personnes qui ont une deacuteficience visuelle et auditive eacutelaboreacutee pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de cette clientegravele Une version simplifieacutee et moins coucircteuse a eacuteteacute mise au point agrave lrsquointention des milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Lrsquoarticle preacutesente les reacutesultats de la deacutemarche qui a viseacute 1) agrave valider le protocole aupregraves de sujets ayant une audition et une vision normale 2) agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et 3) agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation

Finalement Labbeacute et ses collegravegues ont interrogeacute 23 adultes utilisateurs du braille afin de connaicirctre leur appreacuteciation et leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute au quotidien Les reacutesultats ont permis de mettre en relief les avantages et les inconveacutenients du braille abreacutegeacute et le fait que les personnes interrogeacutees preacutefegraverent lrsquoutilisation du braille inteacutegral au quotidien

Nous vous souhaitons une agreacuteable lecture

Joseacutee Duquette M Sc Julie-Andreacutee Marinier OD M Sc

Marie-Chantal Wanet-Defalque Ph D

ii

Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

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EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

16

une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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BIBLIOGRAPHIE

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Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

Percival J (2012) Demonstrating daily living devices to older people with sight loss A programme evaluation with implications for good practice and policydevelopment British Journal of Visual Impairment 30(2) 79-90

Zhou L Parker A T Smith D W et Griffin-Shirley N (2011) Assistive technology for students with visual impairments Challenges and needs in teachersrsquo preparation programs and practice Journal of Visual Impairment amp Blindness 105(4) 197-210

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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65

30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

65

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Page 6: La technologie au service de la réadapatation …...La technologie au service de la réadaptation visuelle Actes du 18 e symposium scientiique sur l’incapacité visuelle et la réadaptation

Table des matiegraveres

Enquecircte sur les strateacutegies utiliseacutees par les adultes non-voyants pour reacutesoudre des problegravemes informatiques Anne Jarry 1

Document drsquoarchive rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Jacques Gresset 6

Lrsquoegravere des implants visuels implication pour la clinique et la reacuteadaptation Vincent Moore et Marie-Chantal Wanet-Defalque 1 2

Protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive adapteacute agrave la clientegravele preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive - Version simplifieacutee Julie Dufour 19

Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute et Catherine Benoit 25

iii

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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16

une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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EnquecirctE sur lEs strateacutegiEs utiliseacuteEs par lEs adultEs non-voyants pour

reacutesoudrE dEs problegravemEs informatiquEs

Anne Jarry1 M Ed Claude Chapdelaine2 M Sc A Sri Kurniawan3 Ph D 1 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal Canada 2 Centre de recherche informatique de Montreacuteal (CRIM) Canada 3 Eacutecole de geacutenie Baskin Universiteacute de la Californie agrave Santa Cruz Eacutetats-Unis

INTRODUCTION

Internet et lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique offrent des possibiliteacutes drsquoinclusion sociale extraordinaires Pour la premiegravere fois les personnes ayant une deacuteficience visuelle ont accegraves agrave la mecircme quantiteacute drsquoinformations en mecircme temps que leurs pairs voyants (Abner et Lahm 2002) Toutefois il srsquoavegravere important drsquoanalyser si la technologie actuelle peut ecirctre utiliseacutee de maniegravere indeacutependante par les personnes non-voyantes ou si ces derniegraveres doivent deacutependre des voyants pour utiliser ces technologies Cette question est complexe puisque ceux qui se speacutecialisent en technologie adapteacutee ou qui offrent du soutien technique ont eux-mecircmes de la difficulteacute agrave demeurer agrave jour vu ce deacuteveloppement rapide (Lazar 2009) Eacutegalement un manque de collaboration et partage drsquoinformation entre les deacuteveloppeurs les services professionnels et les usagers a eacuteteacute identifieacute par les chercheurs (Percival 2012) De plus il a eacuteteacute mentionneacute que la formation offerte aux professionnels en informatique adapteacutee serait insuffisante pour reacutepondre aux demandes croissantes des personnes non-voyantes (Zhou Parker Smith et Griffin-Shirley 2011)

OBJECTIF

Notre eacutetude avait pour objectif drsquoacqueacuterir une meilleure compreacutehension des difficulteacutes que

doivent relever les personnes aveugles dans leur utilisation de diverses technologies informatiques difficulteacutes pouvant ou non ecirctre reacutesolues sans le soutien drsquoune personne voyante

La preacutesente eacutetude a reccedilu une approbation eacutethique aux Eacutetats-Unis (par lrsquointermeacutediaire de lrsquoUniversiteacute de la Californie agrave Santa Cruz) et au Canada (par lrsquointermeacutediaire du CRIM)

MEacuteTHODOLOGIE ET MATEacuteRIEL

Les participants agrave lrsquoeacutetude devaient avoir une vision non fonctionnelle et ecirctre utilisateurs de lrsquoordinateur Les critegraveres de seacutelection eacutetaient les suivants 1) ecirctre acircgeacute de 18 ans et plus 2) ecirctre utilisateur drsquoune revue drsquoeacutecran 3) ecirctre utilisateur sur une base reacuteguliegravere drsquoun ordinateur drsquoune tablette ou drsquoun teacuteleacutephone cellulaire

Un questionnaire bilingue a eacuteteacute eacutelaboreacute puis achemineacute par courriel au Queacutebec ou au moyen du logiciel SurveyMonkey aux Eacutetats-Unis Le questionnaire eacutetait composeacute de 25 questions diviseacutees en 6 cateacutegories 1) donneacutees deacutemographiques 2) technologies utiliseacutees 3) dureacutee de lrsquoutilisation 4) faciliteacute de lrsquoutilisation 5) difficulteacutes techniques freacutequence circonstances et conseacutequences 6) difficulteacutes se traduisant par la neacutecessiteacute de demander du soutien et conseacutequences Certaines questions appelaient

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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une reacuteponse de type quantitatif Cependant les 45 41

questions eacutetaient essentiellement ouvertes 40 35 30

25 25

12 10

Nombre de reacutepondants

REacuteSULTATS

CARACTEacuteRISTIQUES DEacuteMOGRAPHIQUES

Portable 20 Bureau14 15

10 5 2 0

6 - 14 15+lt 5

Anneacutees drsquoutilisation

Lrsquoeacutechantillon eacutetait composeacute de 56 reacutepondants sans vision fonctionnelle et utilisateurs de lrsquoordinateur 16 personnes de langue franccedilaise du Queacutebec et 40 personnes de langue anglaise des Eacutetats-Unis

Figure 2a Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur portable et de lrsquoordinateur de table

Vingt-cinq reacutepondants eacutetaient de sexe masculin 14

8

12 13

10

0 1

9

Teacuteleacutephone

et 31 de sexe feacuteminin 46 de ces personnes Nombre de reacutepondants

12 eacutetaient aveugles (tout au plus avec une perception lumineuse) et 10 eacutetaient aveugles au sens de la loi La figure 1 preacutesente les tranches drsquoacircge des reacutepondants

10

intelligent6 Tablette

4

2

0 14

12

10

n 8

6

4

2

0 18-25 26-35 36-45 46-65 66 +

Acircge

Figure 1 Tranches drsquoacircge des reacutepondants

TECHNOLOGIES UTILISEacuteES ET DUREacuteE DrsquoUTILISATION Les figures suivantes preacutesentent le nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation de lrsquoordinateur (figure 2a) ainsi que du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette (figure 2b)

lt 2 3-5 + 5

Anneacutees drsquoutilisation

Figure 2b Nombre drsquoanneacutees drsquoutilisation du teacuteleacutephone intelligent et de la tablette

PRINCIPALES CONSTATATIONS

La majoriteacute des difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoutilisabiliteacute et agrave lrsquoaccessibiliteacute porte sur le changement de systegraveme drsquoexploitation (OSIOS)

Quarante-et-un pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant neacutegatives par exemple laquo Crsquoeacutetait terrible jrsquoai eacuteteacute obligeacute de demander de lrsquoaide Jrsquoaurais aimeacute avoir une formation mais agrave ce moment-lagrave rien nrsquoeacutetait offert raquo ou laquo Jrsquoai trouveacute cela deacutestabilisant raquo

Quatorze pourcent des expeacuteriences eacutetaient consideacutereacutees comme eacutetant positives par exemple laquo En geacuteneacuteral crsquoeacutetait plutocirct intuitif raquo ou laquo Crsquoeacutetait

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

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Recette

s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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un peu difficile de srsquohabituer au deacutebut mais honnecirctement je crois que le changement est beaucoup mieux raquo

Trente-deux pourcent des reacuteponses eacutetaient variables Par exemple une personne a indiqueacute qursquoelle avait deacuteveloppeacute des approches drsquoadaptation laquo Jrsquoai fait lrsquoexpeacuterience de nombreuses mises agrave jour sur plusieurs plateformes La plus reacutecente eacutetant une migration de lrsquoIOS6+ agrave lrsquoIOS7 Jrsquoai pris des mesures pour me former concernant les changements dans VoiceOver et autres mises agrave jour importantes Les mises agrave jour se sont deacuterouleacutees agrave peu pregraves comme preacutevu raquo

Treize pourcent des reacutepondants nrsquoont pas deacutecrit leur expeacuterience

Agrave la question laquo Quels sont les dispositifs les plus faciles agrave utiliser raquo 20 des participants ont reacutepondu lrsquoordinateur de table 19 ont reacutepondu lrsquoordinateur portatif 10 ont reacutepondu le teacuteleacutephone intelligent et 0 la tablette 6 ont reacutepondu le teacuteleacutephone non intelligent 9 ont reacutepondu laquo autres raquo (Victor preneur de notes et afficheur Braille)

RAISONS DrsquoAPPREacuteCIATION DES APPAREILS

Concernant les raisons pour lesquelles un appareil est appreacutecieacute voici les cateacutegories de reacuteponses obtenues

bull Ordinateur de bureau ou portatif Appreacutecieacute en raison du clavier (12 reacutepondants) laquo Le clavier physique me permet de controcircler ougrave je me trouve agrave lrsquoeacutecran gracircce aux touches de direction raquo laquo Je peux aussi utiliser des raccourcis et donc manipuler plus facilement la revue drsquoeacutecran Je peux placer mes huit doigts et mes deux pouces sur le clavier ce qui fait que je nrsquoai pas agrave constamment chercher mes touches raquo

bull Teacuteleacutephone intelligent Appreacutecieacute en raison de la petitesse de la portabiliteacute et des gestes simples pour la navigation (13 reacutepondants) laquo Les commandes sont intuitives raquo laquo Les mecircmes gestes srsquoappliquent partout raquo

PERSONNES AYANT FAIT LrsquoEXPEacuteRIENCE DE CHANGER DE SYSTEgraveME DrsquoEXPLOITATION OU DrsquoEN FAIRE LA MISE Agrave JOUR

Cinquante personnes ont reacutepondu avoir fait une mise agrave jour vers une nouvelle version de Windows 10 personnes ont reacutepondu srsquoecirctre procureacute un teacuteleacutephone intelligent et en faire la mise agrave jour sur une base reacuteguliegravere

Fait inteacuteressant 66 des difficulteacutes ont eacuteteacute reacutesolues sans lrsquoaide drsquoautres personnes

TYPES DE DIFFICULTEacuteS SE TRADUISANT PAR LA NEacuteCESSITEacute DE DEMANDER DU SOUTIEN ET CONSEacuteQUENCES

laquo Changer de systegraveme drsquoexploitation ou en faire la mise agrave jour raquo laquo Incapaciteacute agrave naviguer sur un site Web pour lrsquoeacutepicerie raquo laquo Inscription agrave un site Web avec un CAPTCHA visuel seulement raquo (note un CAPTCHA est un test utiliseacute en informatique qui permet de diffeacuterencier de maniegravere automatiseacutee un utilisateur humain drsquoun ordinateur) laquoSites Web inaccessibles raquo

Pour les reacutepondants de langue anglaise les situations probleacutematiques les plus freacutequentes sont le contenu inaccessible par exemple laquo CAPTCHA fichier PDF images eacutetiqueteacutees de maniegravere inapproprieacutee raquo et les problegravemes de technologies adapteacutees (essentiellement les revues drsquoeacutecran) Ces situations probleacutematiques ainsi que le manque de reacutetroaction vocale repreacutesentent 57 des difficulteacutes Les reacutepondants de langue franccedilaise ont davantage indiqueacute que les problegravemes

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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BIBLIOGRAPHIE

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Lazar J (2009) Making CAPTCHA more accessible for the blind [ressource eacutelectronique] Braille Monitor 52(1)

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

BIBLIOGRAPHIE

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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drsquoutilisabiliteacute constituaient les difficulteacutes les plus freacutequentes pour lesquelles une aide eacutetait neacutecessaire (configuration nouveauteacute des rubans commandes sur Internet)

Agrave QUI DEMANDER DU SOUTIEN

Quarante-trois pourcent des reacutepondants de langue anglaise ont indiqueacute qursquoils obtenaient du soutien par les moyens suivants autoformation recherches sur Internet ou outils de formation Un reacutepondant sur trois (33 ) a mentionneacute avoir reccedilu du soutien de centres de reacuteadaptation ou des fabricants de produits Neuf reacutepondants de langue franccedilaise (53 ) ont indiqueacute qursquoils recevaient de la formation ou du soutien par lrsquointermeacutediaire des services de reacuteadaptation

DISCUSSION

Malgreacute le fait que cet eacutechantillon soit constitueacute de personnes ayant de lrsquoexpeacuterience en la matiegravere nous avons observeacute que les obstacles agrave lrsquoaccessibiliteacute et les problegravemes drsquoutilisabiliteacute continuent de repreacutesenter drsquoimportants deacutefis qui les obligent agrave demander une aide exteacuterieure Ceci est particuliegraverement important compte tenu du fait que la deuxiegraveme difficulteacute la plus freacutequemment mentionneacutee est celle lieacutee agrave lrsquoabsence de reacutetroaction lorsque survient un problegraveme Il devient eacutevident que certains problegravemes se produisent agrave des freacutequences tregraves eacuteleveacutees

CONCLUSION

Les 56 reacutepondants ne sont pas susceptibles de constituer un eacutechantillon repreacutesentatif de personnes vivant avec une perte de vision en geacuteneacuteral puisqursquoils se sont identifieacutes tout au long du questionnaire comme eacutetant des utilisateurs plutocirct aguerris

Cependant nous croyons que les reacutesultats demeurent tregraves utiles pour les deacuteveloppeurs de contenu et les personnes qui assurent la prestation de services de formation aupregraves des non-voyants utilisateurs drsquoordinateurs et de revue drsquoeacutecran

Il est inteacuteressant de noter que dans le cadre de la preacutesente eacutetude les problegravemes drsquoutilisabiliteacute eacutetaient plus freacutequents chez les personnes de langue franccedilaise que de langue anglaise Cette diffeacuterence est probablement attribuable au fait que les outils de formation agrave lrsquointention des usagers francophones ne sont pas inclus en langue franccedilaise ce qui reacuteduit la possibiliteacute de faire appel agrave de lrsquoautoformation Au moment de cette eacutetude les didacticiels nrsquoeacutetaient disponibles qursquoen anglais pour JAWS Window-Eyes et VoiceOver

Nos reacutepondants deacutemontrent une reacuteelle teacutenaciteacute lors de la reacutesolution de problegravemes et lorsqursquoils ont besoin drsquoapprendre agrave utiliser de nouvelles mises en page pour les applications ou dispositifs reacutecents Agrave cet eacutegard nos reacutesultats reacutevegravelent la courbe drsquoapprentissage abrupte neacutecessaire pour utiliser adeacutequatement ces nouveaux programmes et dispositifs

Nos constats reacutevegravelent eacutegalement le besoin de formation des divers techniciens et professionnels afin drsquoassurer la prestation de services de soutien de qualiteacute se traduisant par une inteacutegration sociale reacuteussie

Drsquoautres recherches portant sur le comportement des revues drsquoeacutecran et leurs performances dans diverses applications seront neacutecessaires pour approfondir les connaissances dans ce domaine en pleine effervescence

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

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Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

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Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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Courriels

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

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Courriels

Corresp

ondances

Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Page 12: La technologie au service de la réadapatation …...La technologie au service de la réadaptation visuelle Actes du 18 e symposium scientiique sur l’incapacité visuelle et la réadaptation

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documEnt drsquoarchivE rapport sur lrsquousagE dE lunEttEs teacutelEscopiquEs

par lEs automobilistEs attEints dE deacuteficiEncEs visuEllEs

Jacques Gresset OD Ph D

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CONTEXTE

Lors du 18e Symposium sur les incapaciteacutes visuelles et la reacuteadaptation Jacques Gresset a preacutesenteacute une confeacuterence intituleacutee laquo Une histoire de la basse vision au Queacutebec retour sur pregraves de 40 ans de carriegravereraquo A cette occasion lrsquoauteur srsquoest remeacutemoreacute les diffeacuterentes eacutetapes de sa carriegravere et les dossiers auxquels il a participeacute agrave diffeacuterents titres Parmi tous les souvenirs qursquoil a abordeacutes il tient agrave nous faire partager par cette publication une eacutetape marquante de la creacuteation du programme de conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

Le document ci-dessous a eacuteteacute produit agrave lrsquoautomne 1994 Il peut ecirctre consideacutereacute comme une eacutetape importante de la mise en place du programme drsquoentraicircnement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles

LrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec avait agrave lrsquoeacutepoque deacutecideacute drsquoappuyer les requeacuterants dans le cadre du procegraves Martinet Vignault contre la Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec (SAAQ) Madame Aline Martinet-Vignault et Monsieur Jules Martinet eacutetaient deux reacutesidents des Iles de la Madeleine deacutetenteurs drsquoun permis de conduire qui conduisaient avec lrsquoaide de systegraveme teacutelescopique depuis plusieurs anneacutees sans avoir eu drsquoaccident La Seacutecuriteacute du Queacutebec lors drsquoun controcircle de routine a constateacute le fait que les requeacuterants conduisaient avec un systegraveme qui

nrsquoeacutetait pas autoriseacute par la loi et en conseacutequence ils ont perdu leur permis de conduire Ces deux personnes ont cependant essayeacute de faire casser la deacutecision par la Cour du Queacutebec Lrsquoauteur a agi agrave titre drsquoexpert pour lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec et il a teacutemoigneacute au procegraves

Le juge Franccedilois Godbout dans sa deacutecision du 4 juillet 1995 nrsquoa pas invalideacute la deacutecision de la SAAQ de retirer le permis au deux requeacuterants Cependant il a encourageacute vivement la SAAQ agrave faire preuve drsquoouverture quant agrave lrsquoutilisation drsquoaides compensatrices

Il srsquoensuivit des discussions entre lrsquoexpert de la SAAQ le Dr Claude Duquette ophtalmologiste un repreacutesentant de lrsquoInstitut de reacuteadaptation en deacuteficience physique de Queacutebec (IRDPQ) Dr Jean-Paul Lachance optomeacutetriste et lrsquoauteur agrave titre de repreacutesentant de lrsquoOrdre des optomeacutetristes du Queacutebec Ces discussions ainsi que le deacutepocirct par lrsquoIRDPQ drsquoun rapport cosigneacute par Micheline Descent (speacutecialiste en orientation et mobiliteacute) et Jean-Paul Lachance (OD) ont conduit agrave lrsquoeacutetablissement des normes drsquoeacuteligibiliteacute et des programmes drsquoentrainement agrave la conduite automobile pour les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles qui sont actuellement en vigueur

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Le 2 novembre 1994

Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

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Me Claire Panet-Raymond Conseiller juridique Ordre des optomeacutetristes du Queacutebec 1326 rue Sherbrooke est Montreacuteal Queacute H2L 1M2

OBJET Rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles

Me Panet-Raymond Suite agrave votre demande il me fait plaisir de vous faire part de mon rapport sur lrsquousage de lunettes teacutelescopiques par les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles Lrsquoobtention drsquoun permis de conduire est assujettie agrave des normes meacutedicales qui sont censeacutes tenir compte agrave la fois de lrsquointeacuterecirct du candidat conducteur et du bien-ecirctre de la communauteacute De lrsquoaveu mecircme de lrsquoAssociation Meacutedicale Canadienne les critegraveres eacutetablis sont souvent de nature empirique mais repreacutesentent un consensus drsquoexpert Ces critegraveres qui imposent des restrictions en preacutesence de certaines deacuteficiences ou maladies ont pour but de maintenir la seacutecuriteacute routiegravere La conduite drsquoun veacutehicule motoriseacute est aujourdrsquohui perccedilue comme un droit garantissant lrsquoautonomie de lrsquoindividu La validiteacute des normes assurant la protection de la communauteacute doit par conseacutequent ecirctre bien eacutetablie afin que ces normes ne soient pas inutilement brimantes et discriminatoires pour les individus Srsquoil est clair que lrsquoabsence de vision est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule automobile le seuil en deccedilagrave duquel cette activiteacute devient dangereuse nrsquoest pas encore eacutetabli Au Queacutebec deux eacutetudes reacutecentes lrsquoune ougrave le docteur Duquette agissait comme collaborateur (Gagnon et Laboratoire sur la seacutecuriteacute des transports

1992) et lrsquoautre ougrave jrsquoagissais comme chercheur principal (Gresset 1991 Gresset et Meyer 1994) ont conclu que les conducteurs acircgeacutes qui preacutesentaient une acuiteacute visuelle agrave la limite des normes en vigueur (615) nrsquoavaient pas un risque relatif drsquoaccidents de la route plus eacuteleveacute que les conducteurs ayant une meilleure acuiteacute visuelle Cependant si ces eacutetudes eacutepideacutemiologiques permettent de constater que les normes en vigueur sont seacutecuritaires elles ne peuvent en aucun cas servir agrave eacutetablir le seuil en deccedilagrave duquel la conduite devient dangereuse puisque les individus qui ne reacutepondent pas agrave ces normes sont automatiquement exclus de ces eacutetudes puisqursquoils ne deacutetiennent pas un permis de conduire Malgreacute lrsquoabsence de preuves eacutepideacutemiologiques le docteur Geacuterald Fonda agrave titre drsquoexpert en ophtalmologie a proposeacute agrave plusieurs reprises lrsquoabaissement de la norme drsquoacuiteacute visuelle agrave 660 (Fonda 1976 1982 1983 1986 1989) Lrsquoutilisation de lunettes teacutelescopiques permet agrave certains individus atteints de deacuteficience drsquoacuiteacute visuelle de rencontrer les normes Les lunettes teacutelescopiques sont des lunettes dans lesquelles un petit teacutelescope a eacuteteacute ajouteacute dans la partie supeacuterieure de la lentille porteuse De ce fait lrsquoindividu regarde la plupart du temps en-dessous et utilise la partie teacutelescopique seulement pour identifier certaines informations telle que la lecture des indications routiegraveres La question de la seacutecuriteacute de la conduite automobile avec des lunettes teacutelescopiques srsquoest poseacutee degraves leur introduction aux Eacutetats-Unis par Feinbloom en 1958 Les deacutebats aux Eacutetats-Unis semblent avoir connu leur paroxysme durant les anneacutees 1970 Depuis lors les opinions pour ou contre semblent srsquoecirctre figeacutees et ont peu eacutevolueacute depuis En deacutepit de leur divergence drsquoopinion les experts qui se montrent favorables (Bailey 1984 Feinbloom 1976 1977 Jose Carter et Carter 1983 Kelleher Mehr et Hirsch 1971 Korb 1970) ainsi que ceux qui se montrent deacutefavorables (Fonda

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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1974 1976 1983 Keeney 1974 Keeney Weiss et Silva 1974 Lippmann 1976) admettent que lrsquoutilisation de systegraveme teacutelescopique preacutesentent certains deacutesavantages qui sont inheacuterents au type drsquoinstrument optique Parmi ces deacutesavantages on deacutecrit la diminution du champ de vision dans le teacutelescope la preacutesence drsquoun scotome annulaire autour du teacutelescope ainsi que des problegravemes lieacutes agrave la perception spatiale La plupart des arguments deacuteveloppeacutes par le docteur Duquette dans son rapport drsquoexpertise sont emprunteacutes agrave ceux que Fonda et Keeney rapportaient en 1974 Il convient eacutegalement de preacuteciser que parmi les experts qui se sont opposeacutes agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques Fonda (1974 1976 1982 1983 1986 1989) a toujours eacuteteacute favorable agrave lrsquoabaissement du seuil drsquoacuiteacute visuelle minimale agrave 660 et que Lippmann (1976) a changeacute drsquoavis apregraves avoir meneacute une eacutetude eacutepideacutemiologique qui nrsquoa pas deacutemontreacute une augmentation importante du risque relatif drsquoaccidents chez les conducteurs utilisant des lunettes teacutelescopiques du Texas (Lippmann Corn et Lewis 1988) Les experts favorables agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques rapportent que le teacutelescope nrsquoest utiliseacute que pour des fractions de temps relativement courtes et que le conducteur entraicircneacute deacuteveloppe des habileteacutes compensatoires qui lui permettent de surmonter les problegravemes perceptifs et les pertes de champ induits par lrsquoappareil En particulier Bailey (1984) suggegravere que dans le cas ougrave le teacutelescope nrsquoest preacutesent que sur un seul œil le scotome annulaire nrsquoexiste pas parce que les objets situeacutes dans cette reacutegion sont alors perccedilus par lrsquoautre œil Ce pheacutenomegravene a eacuteteacute confirmeacute par Lippmann en 1988 Outre les opinions drsquoexperts il existe quelques donneacutees plus objectives sur le risque drsquoaccidents de la route encouru par les personnes handicapeacutees de la vue qui conduisent avec teacutelescopes Ces eacutetudes comparent le nombre drsquoaccidents de la route encouru par des eacutechantillons de conducteurs

preacutesentant des deacuteficiences visuelles avec celui de la population des conducteurs en geacuteneacuteral (Janke 1983 Lippmann 1979 Lippmann et al 1988) Lippmann (1979) a montreacute que les conducteurs atteints de deacuteficiences visuelles eacutetaient impliqueacutes dans des accidents de la route moins freacutequemment que les conducteurs atteints de troubles neurologiques ou de maladies cardio-vasculaires En Californie Janke (1983) a montreacute que le risque relatif corrigeacute drsquoaccidents de la route des conducteurs utilisant des systegravemes teacutelescopiques eacutetait de 12 et celui drsquoavoir un accident grave ou fatal de 17 (avant correction pour la validiteacute du permis ces risques relatifs eacutetaient respectivement 15 et 22) Lippmann (1988) pour sa part a eacutevalueacute le risque standardiseacute drsquoaccidents de la route agrave 134 parmi les conducteurs utilisant un teacutelescope au Texas Bien que ces estimations deacutemontrent que le risque relatif est leacutegegraverement plus eacuteleveacute que chez les conducteurs utilisant des teacutelescopes que chez ceux qui nrsquoont pas de problegraveme visuel aucun des auteurs de ces eacutetudes ne recommande drsquoannuler lrsquoautorisation de conduire avec teacutelescope Leur argumentation repose drsquoune part sur le fait que lrsquoaugmentation du risque nrsquoest que modeacutereacutee et drsquoautre part sur le fait que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles ne sont pas celles qui ont le plus grand risque drsquoaccidents parmi les conducteurs atteints de deacuteficiences ou de maladies chroniques Malgreacute la controverse qui oppose les experts les eacutetudes agrave caractegraveres eacutepideacutemiologiques nrsquoont pas deacutemontreacute que le risque relatif drsquoaccidents eacutetait trop eacuteleveacute pour bannir la conduite assisteacutee de teacutelescope dans certains types de deacuteficience visuelle Crsquoest probablement pourquoi le nombre drsquoEacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite avec des lunettes teacutelescopiques nrsquoa pas cesseacute drsquoaugmenter au cours de la derniegravere deacutecennie LrsquolaquoAmerican Optometric Associationraquo en deacutenombrait 14 en 1984 19 en 1986 et 23 en 1991 Certains de ces Eacutetats sont limitrophes de la province de Queacutebec

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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comme le Maine le Vermont et lrsquoEacutetat de New York Les Eacutetats ameacutericains qui autorisent la conduite automobile avec lrsquoaide de teacutelescope ont eacutetabli des preacuterequis agrave lrsquoobtention du permis et de plus ils assortissent geacuteneacuteralement la deacutelivrance du permis de conditions speacutecifiques agrave la conduite comme par exemple laquo conduite de jour seulement raquo Les preacuterequis sont de quatre ordres

1) Visuel En geacuteneacuteral il faut que lrsquoacuiteacute visuelle mesureacutee agrave lrsquoaide de la lentille porteuse soit comprise entre 615 et 660 inclusivement pour chacun des yeux que le champ visuel soit de 120deg horizontalement dans chacun des yeux et que lrsquoacuiteacute visuelle avec le systegraveme teacutelescopique soit de 612 ou mieux

2) Santeacute Lrsquoeacutetat de santeacute de lrsquoindividu outre sa deacuteficience visuelle doit ecirctre bon et il ne doit y avoir drsquoautres deacuteficiences physiques associeacutees

3) Vision fonctionnelle et reacuteadaptation Le candidat doit deacutemontrer une bonne habileteacute agrave utiliser sa vision reacutesiduelle et avoir deacuteveloppeacute des habileteacutes compensatrices De plus il doit avoir subi un entraicircnement speacutecifique agrave lrsquoutilisation des lunettes teacutelescopiques

4) Formation dans la situation de conduite drsquoune automobile Les candidats doivent subir un stage drsquoapprentissage de la conduite drsquoune automobile avec des lunettes teacutelescopiques et se qualifier pour obtenir le permis de conduire

Une telle reacuteglementation tout en controcirclant lrsquoaccegraves au permis de conduire des personnes qui preacutesentent un handicap visuel modeacutereacute a le meacuterite

de tenir compte des aptitudes individuelles de chacun en permettant agrave chacun de deacutemontrer sa capaciteacute de conduire par un essai sur route conseacutecutif agrave un apprentissage speacutecifique Il est connu que lrsquoaccident de la route est un pheacutenomegravene multifactoriel Le risque drsquoaccidents de la route est associeacute agrave des facteurs drsquoexposition tels que la distance parcourue annuellement le temps passeacute au volant et le type de permis ainsi qursquoagrave des facteurs propres aux conducteurs tels que le sexe lrsquoacircge lrsquoexpeacuterience de conduite et le nombre drsquoinfractions au Code de la route Parmi les facteurs lieacutes agrave lrsquoindividu ceux relieacutes agrave son eacutetat de santeacute font lrsquoobjet drsquoune attention toute particuliegravere bien que la preacutesence de maladies ou drsquoalteacuteration de vision ne semble pas augmenter fortement le risque drsquoaccidents (Organisation mondiale de la santeacute 1977) La Socieacuteteacute de lrsquoAssurance Automobile du Queacutebec en srsquoappuyant sur les recommandations de lrsquoAssociation meacutedicale canadienne (1991) et de la Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) refuse le droit de conduire avec des teacutelescopes en arguant drsquoune part qursquoil srsquoagit drsquoune population peu nombreuse et drsquoautre part sur lrsquoaugmentation du risque relatif qui pourrait ecirctre voisin de 2 Le fait que la preacutevalence du handicap visuel soit voisine de 1 dans la population geacuteneacuterale ne justifie pas en soit lrsquoexclusion du droit de conduire pour les moins atteints drsquoentre eux Par ailleurs le petit nombre drsquoutilisateurs reacutepertorieacutes dans les eacutetudes de Janke (1983) ou de Lippmann (1988) permet drsquoinfeacuterer que le risque encouru par la communauteacute nrsquoaugmente pas de maniegravere significative en autorisant la conduite avec teacutelescope aux quelques personnes qui se qualifient Drsquoautre part si on considegravere qursquoun risque relatif drsquoaccidents de 2 pour une toute petite population est incompatible avec la conduite drsquoun veacutehicule de promenade que faut-il penser des individus qui ont plus drsquoun point de deacutemeacuterite inscrit agrave leur dossier conducteur car

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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ceux-ci ont aussi deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que les conducteurs qui nrsquoont pas de point de deacutemeacuterite (Gresset 1991) ou encore du conducteur qui a moins drsquoun an drsquoexpeacuterience et qui a deux fois plus de chance drsquoavoir un accident que celui qui a dix ans drsquoexpeacuterience et plus (Reacutegie de lrsquoassurance automobile du Queacutebec 1990) Dans ces deux derniers cas je ne crois pas que la Socieacuteteacute envisage de les empecirccher de conduire et pourtant ils sont beaucoup plus nombreux agrave courir le risque que les personnes atteintes de deacuteficiences visuelles modeacutereacutees Agrave mon avis et en fonction de ce qui preacutecegravede il srsquoagit donc que lrsquoautoriteacute reacuteglementaire soit circonspecte et nrsquoempecircche pas de faccedilon systeacutematique les automobilistes atteints de deacuteficiences visuelles de conduire en srsquoaidant de lunettes teacutelescopiques Chaque cas devrait faire lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation indeacutependante En espeacuterant le tout conforme

Jacques Gresset OD Ph D

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

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Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

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Courriels

Corresp

ondances

Courriels

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

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Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie (1993) Guide 1993shy1994 Ottawa Socieacuteteacute canadienne drsquoophtalmologie

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lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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13 4

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

lrsquoeacuterE dEs implants visuEls implication pour la cliniquE

Et la reacuteadaptation

Vincent Moore1 OD Marie-Chantal Wanet-Defalque123 Ph D 1 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre Installation Institut Nazareth et Louis-Braille 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal

Depuis plus de cinquante ans des chercheurs tentent de creacuteer des prothegraveses visuelles pour permettre aux aveugles de voir agrave nouveau Des progregraves importants ont eacuteteacute accomplis dans les derniegraveres anneacutees mais beaucoup reste encore agrave faire Lrsquohistoire des diffeacuterentes prothegraveses ainsi que les particulariteacutes des diffeacuterentes approches seront briegravevement abordeacutees Par la suite les caracteacuteristiques des implants reacutetiniens actuellement disponibles seront preacutesenteacutees en deacutetails Finalement un survol des technologies drsquoavenir les plus prometteuses sera briegravevement preacutesenteacute

HISTOIRE DES IMPLANTS VISUELS

Drsquoabord les diffeacuterentes technologies ayant eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour traiter la ceacuteciteacute peuvent ecirctre diviseacutees en deux grandes cateacutegories selon lrsquoapproche utiliseacutee la substitution sensorielle ou lrsquoimplantation Dans lrsquoapproche de substitution on vise lrsquoutilisation drsquoautres sens (audition ou toucher par exemple) pour palier agrave la perte visuelle La premiegravere approche reacuteussie de ce type drsquoimplant a eacuteteacute proposeacutee par Paul Bach-y-Rita aux Eacutetats-Unis (Bach-y-Rita Baurand et Christolomme 1969) Il a reacutealiseacute avec une eacutequipe drsquoingeacutenieurs le premier systegraveme de substitution de la vision par le sens tactile en 1969 Plusieurs ameacuteliorations ont eacuteteacute apporteacutees agrave son systegraveme par la suite pour reacuteussir agrave commercialiser un

appareil du nom de Brainport Ces systegravemes donnent des reacutesultats assez concluants pour autant que le sujet soit precirct agrave consacrer beaucoup drsquoheures agrave lrsquoapprentissage Toutefois la limite de ces systegravemes de substitution demeure leur faible capaciteacute agrave traiter lrsquoinformation pour laquelle ils ne sont pas conccedilus au deacutepart crsquoest-agrave-dire une information visuo-spatiale de haute reacutesolution Crsquoest pourquoi le recircve de lrsquoimplant directement greffeacute sur les structures neurales visuelles intactes a toujours fascineacute et persisteacute De plus suite agrave lrsquoexpeacuterience positive que la communauteacute meacutedicale a connue avec lrsquoimplant cochleacuteaire les premiers veacuteritables implants visuels ont pu voir le jour Trois principales structures anatomiques ont eacuteteacute viseacutees par lrsquoapproche drsquoimplantation la reacutetine le nerf optique et le cortex visuel

Les premiers implants visuels ont commenceacute leur deacuteveloppement au siegravecle dernier tout comme lrsquoimplant cochleacuteaire Toutefois les reacutesultats cliniques veacuteritablement inteacuteressants ne sont apparus qursquoau deacutebut du 21e siegravecle Les premiers essais ont deacutebuteacute par des stimulations aigues crsquoest-agrave-dire qursquoun dispositif de stimulation eacutetait implanteacute de faccedilon temporaire sur les tissus nerveux Puis lorsque la faisabiliteacute de lrsquoapproche a eacuteteacute confirmeacutee le stimulateur a pu ecirctre implanteacute de faccedilon deacutefinitive pour un usage continu (implantation chronique) La figure 1 preacutesente une bregraveve chronologie du deacuteveloppement des

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

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s

Romans

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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implants visuels En 1967 GS Brindley a reacuteussi pour la premiegravere fois agrave implanter un reacuteseau de 80 eacutelectrodes sur le cortex visuel drsquoun patient aveugle (Brindley et Lewin 1968) Ces eacutelectrodes permettaient la perception de phosphegravenes lumineux Ces travaux seront par la suite poursuivis par Dobelle qui reacuteussira agrave ameacuteliorer la technologie (Dobelle et Mladejovsky 1974) Quelques anneacutees plus tard une eacutequipe des Pays-Bas dirigeacutee par le Dr Veraart a eacutegalement reacuteussi une implantation au niveau du nerf optique drsquoune eacutelectrode agrave manchon spirale Cette technologie a permis agrave une patiente complegravetement aveugle de percevoir des phosphegravenes lumineux (Veraart et al 1998) Des eacutetudes psychophysiques ont ensuite eacuteteacute entreprises pour preacuteciser les caracteacuteristiques des phosphegravenes (Delbeke et al 2002) et des entraicircnements ont aussi permis agrave la patiente de percevoir du mouvement et de reconnaicirctre certaines formes (Veraart Wanet-Defalque Gerard Vanlierde et Delbeke 2003)

Figure 1 Deacuteveloppement des implants visuels

Commercialisation de lrsquoimplant 2014 Argus II

2002 Implant reacutetinien chronique

Implant du nerf optique chronique 1998

1996 Stimulation reacutetinienne aigue

1974 Implant cortical chronique 1968 Stimulation corticale aigue

En parallegravele au deacuteveloppement des implants du cortex visuel et du nerf optique les implants ou prothegraveses reacutetiniens sont aussi apparus agrave la fin du 20e siegravecle Les tableaux 1 et 2 reacutesument les diffeacuterentes prothegraveses reacutetiniennes actuellement agrave lrsquoeacutetude agrave travers le monde (Chuang Margo et Greenberg 2014 Menzel-Severing et al 2012 Picaud et Sahel 2014) Elles peuvent ecirctre classeacutees en trois cateacutegories selon leur position dans lrsquoœil eacutepi-reacutetiniennes sous-reacutetiniennes et supra-choroiumldiennes (Kolb 2011)

1) Les prothegraveses eacutepi-reacutetiniennes sont fixeacutees agravela surface de la reacutetine Elles stimulent doncdirectement les cellules ganglionnaires Leurposition en surface de la reacutetine rend leuraccegraves facile et la chirurgie drsquoimplantationrelativement simple Par contre puisqursquoellesstimulent les derniegraveres cellules de la cascadereacutetinienne elles ne permettent pas untraitement successif du signal lumineux parles diffeacuterentes couches de la reacutetine commedans un œil sain Aussi les prothegraveseseacutepi-reacutetiniennes ne contiennent pas decellules photosensibles Elles doivent doncgeacuteneacuteralement ecirctre relieacutees agrave une cameacuteraexterne fixeacutee sur une lunette Ainsi lebalayage visuel neacutecessite un mouvement dela tecircte et non pas de lrsquoœil ce qui diffegravere dela vision humaine normale et demande uncertain apprentissage

2) Les implants sous-reacutetiniens quant agrave euxstimulent directement les cellules reacutetiniennesau niveau de la couche des photoreacutecepteursLrsquoarchitecture de la reacutetine est donc respecteacutee etle signal lumineux peut ecirctre traiteacute et amplifieacutepar les couches successives de la reacutetine Aussipuisque les eacutelectrodes sont geacuteneacuteralementremplaceacutees par des photodiodes permettant ladeacutetection de la lumiegravere le port drsquoune cameacuteraexterne nrsquoest pas requis dans cette approcheet le balayage visuel peut se faire par le simple

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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mouvement des yeux Par contre la position plus profonde de lrsquoimplant amegravene plus de risques de complications durant et apregraves la chirurgie

3) Finalement les prothegraveses supra-choroiumldiennes sont aussi coupleacutees agrave unecameacutera externe mais preacutesentent lrsquoavantagedrsquoecirctre positionneacutees derriegravere lrsquoœil et sontdonc plus facilement accessibles Seule uneeacutequipe de chercheurs australiens eacutetudie cetteapproche actuellement

Tableau 1 Implants eacutepireacutetiniens

Implants reacutetiniens

Nom Argus II Iris Epi-Ret 3

Fabricant SecondSight

Intelligent Medical Implant

Aachen University

Paysdrsquoorigine Eacutetats-Unis Suisse Allemagne

Tableau 2 Implants sous-reacutetiniens et supra-choroiumldiens

Nom Prima Photovoltaic Retinal Prosthesis Alpha-IMS Suprachoroidal Implant

Fabricant Pixium Vision Boston Retinal Implant Project Retina Implant AG Australia Bionic Vision

Pays drsquoorigine France Eacutetats-Unis Allemagne Australie

Implants sous-reacutetiniens

Implants supra-choroiumldiens

CARACTEacuteRISTIQUES DES IMPLANTS REacuteTINIENS ACTUELLEMENT DISPONIBLES

Les deux prothegraveses ayant fait lrsquoobjet du plus grand nombre de publications scientifiques jusqursquoagrave maintenant sont lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS Leurs performances sont assez comparables malgreacute qursquoelles preacutesentent des diffeacuterences tregraves importantes tant au niveau de leur fonctionnement que de leur caracteacuteristiques techniques Bien que les reacutesultats obtenus par ces deux prothegraveses soient tregraves encourageants il est important de reacutealiser qursquoagrave ce jour la vision dite laquo prostheacutetique raquo est encore tregraves diffeacuterente de la vision naturelle Aussi les performances actuelles correspondent encore agrave un niveau de vision tregraves rudimentaire qui srsquoapparente agrave celui drsquoun

patient ayant une deacuteficience visuelle seacutevegravere Par exemple aucun des patients implanteacutes ne peut encore lire un livre normal (imprimeacute avec police eacutequivalente agrave 1M) ou conduire une automobile Le tableau 3 reacutesume les meilleures performances obtenues par les patients implanteacutes avec lrsquoArgus II et lrsquoAlpha IMS (da Cruz et al 2013 Stingl et al 2013 Stronks et Dagnelie 2014) Les mesures drsquoacuiteacute visuelle rapporteacutees ont eacuteteacute prises avec des cibles de type laquo reacuteseau raquo ou laquo grating raquo qui repreacutesentent une alternance de bandes noires et blanches de largeur variable et qui constitue une tacircche de deacutetection beaucoup plus simple que la lecture drsquooptotypes qui compose la plupart des chartes drsquoacuiteacute visuelle Il faut noter aussi qursquoil y a une grande variabliteacute de performances entre les patients et que certains obtiennent aussi un niveau de performance infeacuterieure Si

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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les performances aux tests cliniques standardiseacutes peuvent sembler deacutecevantes les performances observeacutees lors drsquoeacutevaluation fonctionnelle sont plus convaincantes En effet plusieurs eacutetudes ont montreacute que les prothegraveses reacutetienniennes permettent aux patients drsquoameacuteliorer leur aisance dans les deacuteplacements et drsquoaccomplir des tacircches visuelles simples Elles permettent par exemple de pouvoir suivre une ligne traceacutee au sol ou de localiser lrsquoemplacement de la porte dans une piegravece (Humayun et al 2012) Aussi elles facilitent la manipulation de certains objets (Kotecha Zhong Stewart et da Cruz 2014) et permettent de deacutetecter la direction du mouvement drsquoune image sur un eacutecran (Dorn et al 2013) Puisqursquoil manquait drsquooutils suffisamment sensibles pour mesurer les acuiteacutes visuelles des prothegraveses reacutetiniennes un chercheur de Baltimore a reacutecemment proposeacute un nouvel outil drsquoeacutevaluation de la vision fonctionnelle des patients qui ont une vision extregravemement limiteacutee (laquo ultra-low vision raquo) (Geruschat et al 2015 Geruschat et al 2016) Cet outil pourra certainement ecirctre utiliseacute dans le futur pour comparer les performances de diffeacuterentes prothegraveses

Tableau 3 Meilleures performances obtenues avec les implants

Nombre drsquoeacutelectrodes 60 1 500

Champs visuels 22 degreacutes 15 degreacutes

Taille des lettres visibles

09 agrave 18 cm agrave 30 cm de

distance

48 agrave 53 cm agrave 30 cm de

distance

Acuiteacute visuelle (grating) 201262 20200

Argus II Alpha-IMS

Malgreacute leur utiliteacute fonctionnelle indeacuteniable les prothegraveses actuelles ne sont pas encore assez performantes pour permettre aux patients de pouvoir se passer complegravetement de leur canne de deacutetection ou de leur chien-guide Elles doivent plutocirct ecirctre utiliseacutees en combinaison avec les autres aides techniques pour faciliter lrsquoaccomplissement de certaines tacircches Toutefois malgreacute le niveau de performances actuelles des prothegraveses reacutetiniennes des chercheurs ont tout de mecircme calculeacute que ces interventions pourraient srsquoaveacuterer beacuteneacutefiques lorsque compareacutees aux autres possibiliteacutes de traitements tregraves limiteacutes offerts actuellement pour les patients atteints de reacutetinite pigmentaire Il y aurait en effet une ameacutelioration significative de la qualiteacute de vie pour plusieurs anneacutees puisque les patients implanteacutes sont relativement jeunes et une diminution des coucircts des soins directs et indirects pour le soutien agrave domicile et la reacuteadaptation qui compenserait pour le coucirct drsquoimplantation relativement eacuteleveacute (Vaidya et al 2014) Drsquoautres chercheurs ont aussi montreacute que lrsquoimplant Argus (version I) pouvait ecirctre utiliseacute de faccedilon seacutecuritaire et sans deacutefectuositeacute majeure sur une longue peacuteriode (jusqursquoagrave 10 ans) ce qui permet de croire agrave une possible ameacutelioration agrave long terme de la qualiteacute de vie des patients implanteacutes (Yue et al 2015) Finalement une eacutetude clinique de phase II incluant 30 patients ayant reccedilu lrsquoimplant Argus II et suivis pour une peacuteriode de 3 ans a aussi montreacute un tregraves bon fonctionnement agrave long terme (aucun bris drsquoappareil) ainsi qursquoun taux de complications relativement faible (37 ) (Ho et al 2015)

En 2014 le premier systegraveme de prothegravese reacutetinienne (SPR) a eacuteteacute approuveacute par Santeacute Canada Il srsquoagissait de lrsquoArgus II de la compagnie Second Sight qui est encore agrave ce jour le seul agrave ecirctre approuveacute Celui-ci comprend un implant reacutetinien et un eacutequipement externe Lrsquoimplant est composeacute drsquoun boicirctier eacutelectronique qui agit

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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65

30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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comme reacutecepteur sans fil drsquoune antenne ainsi que drsquoun faisceau drsquoeacutelectrodes (Second Sight 2016) Le boicirctier est installeacute par voie chirurgicale autour de lrsquoœil alors que le faisceau drsquoeacutelectrodes est fixeacute sur la reacutetine centrale Lrsquoeacutequipement externe comprend des lunettes munies drsquoune cameacutera et drsquoun eacutemetteur une uniteacute de traitement videacuteo (VPU) pouvant ecirctre porteacutee en bandouliegravere et qui assure lrsquoalimentation en eacutenergie et un cacircble qui relie le VPU aux lunettes La cameacutera envoie au VPU lrsquoinformation visuelle qursquoelle capte Le VPU la convertit en signal eacutelectronique qursquoil transmet par cacircble agrave lrsquoeacutemetteur placeacute sur la branche des lunettes Lrsquoeacutemetteur relaie ce signal sans fil au reacutecepteur de lrsquoimplant Celui-ci le convertit en impulsions eacutelectriques qui viennent stimuler les cellules de la reacutetine interne par lrsquointermeacutediaire du faisceau drsquoeacutelectrodes de lrsquoimplant Cette stimulation eacutelectrique est transmise au cerveau par le nerf optique ce qui permet une perception de lumiegravere Une fois implanteacute le SPR doit ecirctre soumis agrave certains reacuteglages qui permettent de le personnaliser notamment au niveau de lrsquoefficaciteacute et du confort pour lrsquousager Chaque usager obtient des reacutesultats diffeacuterents et doit apprendre agrave interpreacuteter les images produites par le systegraveme Aussi lrsquousager doit participer agrave des seacuteances de formation et de reacuteadaptation afin drsquoacqueacuterir les compeacutetences de base lieacutees agrave lrsquoemploi du systegraveme et en optimiser lrsquoutilisation

La premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eacuteteacute reacuteussie au Canada par le Dr Robert Devenyi du Toronto Western Hospital en 2014 Une eacutetude financeacutee par la Foundation Fighting Blindness est actuellement en cours agrave cet hocircpital en feacutevrier 2016 cinq patients avaient deacutejagrave reccedilu lrsquoimplant sur un total preacutevu de huit Au Queacutebec la premiegravere implantation de lrsquoArgus II a eu lieu agrave lrsquohocircpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en septembre 2015 La reacuteadaptation visuelle a par la suite eacuteteacute prise en charge par une eacutequipe

interdisciplinaire de llsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille Le coucirct de lrsquoimplant (environ 140 000 US $) a eacuteteacute assumeacute par la fondation de HMR Des deacutemarches ont par la suite eacuteteacute entreprises avec la Reacutegie drsquoassurance-maladie du Queacutebec (RAMQ) pour permettre un remboursement de ces technologies qui garantirait lrsquoaccegraves agrave un plus grand nombre de patients dans le futur Par contre il faut savoir que peu de patients aveugles se qualifient agrave lrsquoimplantation de lrsquoArgus II En effet selon les critegraveres actuels les candidats doivent obligatoirement ecirctre acircgeacutes de 25 ans ou plus ecirctre atteints de reacutetinite pigmentaire avanceacutee avoir deacutejagrave eu une forme de vision utile par le passeacute et avoir une acuiteacute visuelle tregraves faible ou nulle (perception reacutesiduelle de la lumiegravere) De plus la reacutetine interne le nerf optique et le cortex visuel des candidats doivent ecirctre suffisamment bien preacuteserveacutes pour permettre une reacuteponse agrave une stimulation eacutelectrique Finalement les candidats potentiels doivent posseacuteder la motivation ainsi que les capaciteacutes physiques et intellectuelles pour entreprendre le long programme de reacuteadaptation

LE ROcircLE DES PROFESSIONNELS DE LA REacuteADAPTATION EN DEacuteFICIENCE VISUELLE

Dans les anneacutees agrave venir les eacutequipes interdisciplinaires des centres de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle seront vraisemblablement solliciteacutees pour participer agrave plusieurs niveaux agrave la reacuteadaptation des patients ayant reccedilu un implant visuel Drsquoabord ils auront un rocircle important agrave jouer au niveau de la diffusion drsquoinformation agrave jour agrave leurs patients et aussi ultimement au niveau de la seacutelection des candidats Les optomeacutetristes et autres intervenants pourront aussi ecirctre solliciteacutes pour effectuer le calibrage de lrsquoappareil et certains suivis postopeacuteratoires Toutefois le rocircle le plus important agrave jouer par les centres de reacuteadaptation sera sans aucun

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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65

30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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doute celui drsquoentraicircner les patients implanteacutes En effet tel que mentionneacute preacuteceacutedemment la vision prostheacutetique est tregraves diffeacuterente de la vision naturelle et un entraicircnement est neacutecessaire afin de permettre au patient implanteacute drsquointerpreacuteter et drsquoutiliser efficacement cette nouvelle information visuelle Ainsi le programme drsquoentraicircnement avec les intervenants speacutecialiseacutes en orientation et mobiliteacute ou en activiteacute de la vie quotidienne pourra srsquoeacutechelonner sur une peacuteriode de 4 agrave 10 semaines selon les patients

CONCLUSION

Plusieurs deacuteveloppements et ameacuteliorations au niveau des implants visuels sont agrave preacutevoir dans les prochaines anneacutees Drsquoimportantes sommes drsquoargent sont actuellement investies tant par des entreprises priveacutees que par des organismes gouvernementaux partout agrave travers le monde et plusieurs chercheurs sont actuellement agrave lrsquoœuvre Le nombre de pathologies oculaires susceptibles drsquoecirctre traiteacutees par des implants visuels sera certainement appeleacute agrave augmenter ce qui permettra agrave un plus grand nombre de patients drsquoen beacuteneacuteficier Aussi des progregraves seront certainement reacutealiseacutes tant au niveau de la conception des implants (miniaturisation reacutesolution mateacuteriaux plus performants) que des logiciels de traitement drsquoimage ce qui permettra une meilleure performance et une reacuteduction des coucircts Il est difficile de preacutevoir ce que nous reacuteserve lrsquoavenir mais lrsquoexpeacuterience veacutecue avec lrsquoimplant cochleacuteaire permet de recircver qursquoun jour un aveugle de naissance puisse retrouver le sens de la vue gracircce agrave lrsquoapport des nouvelles technologies et aux efforts des eacutequipes de reacuteadaptation en deacuteficience visuelle

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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13 4

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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protocolE drsquoeacutevaluation dE la localisation auditivE adapteacute agrave la

cliEntegravelE preacutesEntant unE deacuteficiEncE visuEllE Et auditivE

- vErsion simplifieacuteE

Julie Dufour12 MOA Agathe Ratelle3 MA Tony Leroux124 Ph D 1 CIUSSS du Centre-Sud-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal - Institut Raymond-Dewar 2 Centre de recherche interdisciplinaire en reacuteadaptation du Montreacuteal meacutetropolitain 3 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 4 Eacutecole drsquoorthophonie et drsquoaudiologie Faculteacute de meacutedecine Universiteacute de Montreacuteal

CONTEXTE

Plusieurs projets ont eacuteteacute meneacutes par lrsquoeacutequipe de recherche lieacutee au programme conjoint en surdiceacuteciteacute de lrsquoInstitut Raymond-Dewar (IRD) et de lrsquoInstitut Nazareth et Louis-Braille (INLB) afin de reacutepondre agrave un besoin clinique de maintien et de deacuteveloppement drsquohabileteacutes auditives en lien avec la seacutecuriteacute dans les deacuteplacements des personnes preacutesentant une deacuteficience visuelle et auditive (DVA) (Dufour Ratelle et Leroux 2009) En effet les personnes nrsquoayant pas accegraves agrave de lrsquoinformation visuelle fonctionnelle doivent utiliser des habileteacutes auditives complexes telles que la localisation auditive et la perception auditive de la distance pour effectuer des deacuteplacements sur rue de faccedilon autonome et seacutecuritaire (Guth Rieser et Ashmead 2010 LaGrow et Long 2011 Lawson et Wiener 2010)

de 18ordm (Giguegravere et al 2001) Cet outil clinique a eacuteteacute adapteacute pour les besoins cliniques de la clientegravele preacutesentant une DVA et valideacute par la suite en 2005-2006 (Leroux Dufour et Ratelle 2013 Ratelle Leroux Dufour et Campos 2012) Par ailleurs un programme drsquoentraicircnement de la localisation auditive reacutealiseacute conjointement par une audiologiste et une speacutecialiste en orientation et mobiliteacute (SOM) a eacuteteacute eacutelaboreacute pour lrsquoutilisation speacutecifique avec le SEacuteLA (Dufour et Ratelle 2015 Dufour Ratelle Leroux et Gendron 2005)

Pour soutenir les interventions en audiologie et en orientation et mobiliteacute aupregraves de la clientegravele preacutesentant une DVA un systegraveme drsquoeacutevaluation de la localisation auditive (SEacuteLA) est utiliseacute agrave lrsquoIRD (voir figure 1) Le SEacuteLA est une demi-sphegravere de localisation informatiseacutee (opeacutereacutee par un ordinateur) composeacutee de 11 haut-parleurs reacutepartis sur 180ordm sur un rayon drsquoun megravetre dont lrsquoeacutecart minimal drsquoune source sonore agrave lrsquoautre est

Figure 1 SEacuteLA utiliseacute agrave IRD Lrsquoutilisation clinique du SEacuteLA eacutetant limiteacutee agrave quelques centres surspeacutecialiseacutes en raison de la structure physique et des coucircts de lrsquoeacutequipement une version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA a eacuteteacute deacuteveloppeacutee agrave moindre coucirct pour lrsquoutilisation dans les milieux cliniques non speacutecialiseacutes en surdiceacuteciteacute Cette version

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

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Notes de co

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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simplifieacutee consiste agrave eacutevaluer la localisation auditive agrave lrsquoaide drsquoeacutequipements audiologiques conventionnels disponibles dans tous les centres cliniques offrant des services en audiologie minimalement une cabine insonore un audiomegravetre agrave deux canaux un lecteur CD et deux haut-parleurs positionneacutes agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave la position de la personne eacutevalueacutee La personne eacutevalueacutee est debout a les yeux bandeacutes et est deacuteplaceacutee dans la cabine insonore dans huit positions de deacutepart (entre 0deg et 360deg) par rapport aux deux haut-parleurs (voir figure 2) Deux stimuli sonores (sons de circulation de 3 secondes sur paveacute sec et sur paveacute mouilleacute) sont preacutesenteacutes de faccedilon aleacuteatoire agrave deux intensiteacutes diffeacuterentes (50 et 65 dBA) dans une seacutequence de 64 stimuli via un disque compact (CD) Six seacutequences aleacuteatoires sont disponibles La personne eacutevalueacutee porte un casque muni drsquoun pointeur laser servant de systegraveme de pointage sur un carton gradueacute de -20deg agrave +20deg Le carton gradueacute est positionneacute au-dessus de chacun des deux haut-parleurs de faccedilon agrave ce que 0deg corresponde au centre du haut-parleur (voir figure 3) Lorsqursquoun son est eacutemis la personne eacutevalueacutee est inviteacutee agrave deacuteplacer sa tecircte et son corps en direction de la position perccedilue de la source sonore afin qursquoune mesure agrave 1deg pregraves puisse ecirctre recueillie visuellement et noteacutee par lrsquoeacutevaluateur

Afin drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute de la version simplifieacutee deacuteveloppeacutee une eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee en deux phases

Figure 2 Positions de deacutepart de la personne eacutevalueacutee

Figure 3 Positionnement des cartons gradueacutes

PHASE 1 VALIDATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE (2011)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

Au cours de la phase 1 la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive a eacuteteacute appliqueacutee aupregraves de 30 adultes acircgeacutes de 18 agrave 50 ans (20 femmes et 10 hommes moyenne drsquoacircge de 37 plusmn 95 ans) preacutesentant une audition et une vision normale Les donneacutees quantitatives recueillies ont ensuite eacuteteacute compareacutees agrave celles obtenues avec le SEacuteLA (Leroux et al 2013 Ratelle et al 2012)

Les reacutesultats obtenus avec la version simplifieacutee ont deacutemontreacute que lrsquoerreur absolue est similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (494deg vs 523deg p=002) Quant agrave lrsquoerreur constante aucune diffeacuterence significative nrsquoest mesureacutee entre lrsquoerreur obtenue avec la version simplifieacutee et celle obtenue avec le SEacuteLA (-028deg vs -005deg p=022) Lrsquoerreur variable est eacutegalement similaire bien que significativement infeacuterieure agrave celle obtenue avec le SEacuteLA (410deg vs 552deg plt001) La donneacutee normative obtenue (moyenne +2 eacutecarts types) pour la version simplifieacutee et agrave consideacuterer lors de lrsquoanalyse clinique des reacutesultats est pour lrsquoerreur constante lrsquoerreur variable et lrsquoerreur absolue une mesure de 13deg

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

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Notes de co

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Courriels

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s

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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ADAPTATION DU MATEacuteRIEL UTILISEacute DANS LA VERSION SIMPLIFIEacuteE

Avant de proceacuteder agrave la phase 2 des modifications ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau du mateacuteriel utiliseacute dans la version simplifieacutee Les cartons gradueacutes ont eacuteteacute agrandis afin de permettre une mesure de -45deg agrave +45deg du centre de chacun des haut-parleurs et aussi permettre la lecture de la position du pointeur laser pour une plus grande varieacuteteacute de taille des usagers Un carton plus robuste a eacuteteacute utiliseacute et plastifieacute Le choix privileacutegieacute pour lrsquoinstallation des cartons gradueacutes a eacuteteacute de maintenir les cartons au plafond avec des aimants (voir figure 4) Le casque laser a eacuteteacute ameacutelioreacute pour un ajustement faciliteacute sur la tecircte des usagers Finalement un manuel drsquoutilisation a eacuteteacute eacutelaboreacute pour aider agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel et agrave la passation du test par les cliniciens

Figure 4 Modifications des cartons gradueacutes et de leur installation

PHASE 2 UTILISATION DE LA VERSION SIMPLIFIEacuteE EN MILIEU CLINIQUE (2012-2015)

MEacuteTHODOLOGIE ET REacuteSULTATS

La phase 2 consistait agrave documenter lrsquointeacuterecirct clinique de lrsquooutil et agrave eacutevaluer la faisabiliteacute de son implantation dans des centres reacutegionaux de reacuteadaptation Trois centres reacutegionaux de reacuteadaptation ont eacuteteacute recruteacutes et ont participeacute agrave cette phase de lrsquoeacutetude soit le Centre de

reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Bouclier des reacutegions Laurentides et Lanaudiegravere le Centre de reacuteadaptation en deacuteficience physique Le Parcours agrave Jonquiegravere et le Centre reacutegional de reacuteadaptation La RessourSe agrave Gatineau

Une eacutequipe drsquointervenants constitueacutee drsquoun audiologiste et drsquoun SOM a eacuteteacute deacutesigneacutee pour chacun des centres Deux usagers preacutesentant une DVA ont eacuteteacute recruteacutes par chacune des eacutequipes drsquointervenants pour un total de six usagers (4 femmes et 2 hommes acircgeacutes de 61 agrave67 ans) Agrave partir des dimensions fournies par les intervenants pour chaque cabine insonore deux cartons gradueacutes personnaliseacutes ont eacuteteacute fabriqueacutes et envoyeacutes avec lrsquoensemble du mateacuteriel (casque laser CD manuel drsquoutilisation) agrave chacun des centres participants Chaque eacutequipe drsquointervenants eacutetait inviteacutee agrave proceacuteder agrave lrsquoinstallation du mateacuteriel agrave lrsquoaide des consignes fournies dans le manuel drsquoutilisation Avant la passation du test aux usagers recruteacutes lrsquoinstallation du mateacuteriel a eacuteteacute valideacutee aupregraves des cliniciens (eacutechanges teacuteleacutephoniques envoi de photos de lrsquoinstallation) et du soutien aux intervenants au niveau de la proceacutedure de passation du test a eacuteteacute offert lorsque requis

Suite agrave la passation du test aux usagers recruteacutes des questionnaires drsquoappreacuteciation (eacutechelle quantitative et espace pour commenter) ont eacuteteacute compleacuteteacutes par les usagers et les cliniciens Lrsquoeacutequipe drsquointervenants du centre de reacuteadaptation pouvait contacter les chercheures-cliniciennes de lrsquoeacutetude pour discuter des reacutesultats obtenus en vue de guider le suivi clinique

Tel qursquoindiqueacute au tableau 1 les reacutesultats des questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens indiquent principalement des difficulteacutes drsquoinstallation du mateacuteriel lieacutees agrave des facteurs physiques propres agrave chaque cabine audiologique (ex position des haut-parleurs

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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65

30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Tableau 1 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les cliniciens (SOMaudio) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (audio)

C1 (SOM)

C2 (1) (SOM audio)

C2 (2) (SOM audio)

C3 (SOM audio)

Clarteacute des instructions bull Installation bull Proceacutedure de passation

2 3

3 4

3 3

4 4

2 4

Marquage bull Position des pieds (croix) 5 4 2 PR 5 bull Positions de deacutesorientation

(n=8) 3 4 3 PR 4

Installation des cartons gradueacutes 3 3 2 2 2 Dureacutee de lrsquoeacutevaluation 4 4 2 3 3 Difficulteacute de la tacircche

bull Ajustement du casque laser 5 4 5 5 4 bull Mesure 5 PR 4 4 4 bull Notation des reacutesultats 5 PR 1 4 5 bull Deacutesorientation 5 4 4 4 5

Inconfort bull Bandeau 5 4 5 5 5 bull Eacutequilibre 5 3 5 5 3 bull Fatigue 5 3 5 3 3

Interpreacutetation de reacutesultats PR PR 3 45 3

Utiliteacute clinique 5 Excellent 2 (audio) 5 (SOM)

5 Donneacutees normatives

Tableau 2 Donneacutees recueillies via les questionnaires drsquoappreacuteciation remplis par les usagers (1 et 2) pour chaque centre (C1 C2 et C3)

QUESTIONS 1 Tregraves difficile 5 Tregraves facile

CLINICIENS

C1 (1) C1 (2) C2 (1) C2 (2) C3 (1) C3 (2)

Bandeau 5 5 5 5 NA 5 Deacutesorientation 5 3 4 5 5 3 Dureacutee 5 3 5 5 5 4 Consignes BON BON BON BON BON BON Tacircche 5 3 5 5 45 5 Fatigue 5 3 5 5 5 2

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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nrsquoeacutetant pas toujours agrave 90deg lrsquoun de lrsquoautre par rapport agrave lrsquousager engendrant la superposition des deux cartons gradueacutes luminaire parfois preacutesent dans la trajectoire du carton gradueacute) et au maintien des cartons gradueacutes au plafond de la cabine (plafond parfois irreacutegulier ne permettant pas toujours une bonne adheacuterence des aimants) Bien qursquoun manuel drsquoutilisation de la version simplifieacutee eacutetait fourni du soutien a eacuteteacute requis agrave lrsquoapplication du protocole drsquoeacutevaluation afin de srsquoassurer drsquoune preacutesentation correcte de la seacutequence de stimuli Au niveau de la notation des reacutesultats il nrsquoeacutetait pas possible de noter preacuteciseacutement la reacuteponse en preacutesence drsquoune erreur supeacuterieure agrave 45deg (ex erreur de type confusion avant-arriegravere) Neacuteanmoins selon les intervenants participant agrave lrsquoeacutetude les tacircches demandeacutees sont reacutealistes pour les usagers et la version simplifieacutee est consideacutereacutee utile par la plupart des cliniciens en particulier par les SOM En effet les reacutesultats obtenus agrave ce protocole drsquoeacutevaluation pouvaient leur donner de lrsquoinformation pertinente dans la poursuite de leurs interventions avec lrsquousager Par exemple de meilleures performances eacutetaient noteacutees pour un usager suite agrave lrsquoajustement de ses appareils auditifs Pour un autre usager les reacutesultats obtenus agrave lrsquoeacutevaluation confirmaient de bonnes habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute avec une erreur constante de -11deg et une erreur absolue de 33deg

Concernant lrsquoappreacuteciation des usagers (tableau 2) les donneacutees recueillies via le questionnaire nous ont permis de constater pour la plupart des usagers qursquoaucun problegraveme nrsquoest preacutesent au niveau du confort par rapport au port du bandeau agrave la marche de deacutesorientation et agrave la dureacutee de lrsquoeacutevaluation de mecircme que pour la clarteacute des consignes de lrsquoexeacutecution de la tacircche demandeacutee et du degreacute de fatigue lieacute agrave lrsquoeacutevaluation Pour une usagegravere (C12) la compreacutehension de la tacircche a eacuteteacute difficile le deacuteplacement pour srsquoaligner

face agrave la source sonore eacutetait trop lent pour qursquoune reacuteponse valide soit noteacutee et lrsquousagegravere arrecirctait son mouvement au moment de lrsquoarrecirct du son plutocirct que de poursuivre son alignement jusqursquoagrave la position perccedilue de la source sonore Pour cette usagegravere un stimulus plus long aurait pu aider agrave lrsquoobtention drsquoune reacuteponse valide

CONCLUSION

Suite agrave cette eacutetude nous pouvons conclure que la version simplifieacutee du protocole drsquoeacutevaluation de la localisation auditive pour la clientegravele preacutesentant une DVA est un outil clinique utile et appreacutecieacute Toutefois certaines ameacuteliorations doivent encore ecirctre apporteacutees pour faciliter lrsquoinstallation assurer une compreacutehension adeacutequate de la proceacutedure permettre une mesure plus preacutecise pour les erreurs exceacutedant 45deg et deacutevelopper une maniegravere conviviale drsquointerpreacuteter les reacutesultats cliniques obtenus

BEacuteNEacuteFICES ET SUITES DE LrsquoEacuteTUDE

Agrave cet eacutegard il est important de mentionner que lrsquoutilisation clinique de cet outil a encourageacute le travail conjoint audiologiste et SOM en reacutegion De plus une reacuteflexion est en cours avec drsquoautres partenaires afin drsquoexplorer les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de cet outil clinique tout en conservant un coucirct abordable pour favoriser lrsquoaccegraves aux centres reacutegionaux souhaitant se procurer lrsquooutil Finalement la disponibiliteacute de cet outil clinique pourrait aussi permettre drsquoentraicircner certaines habileteacutes de localisation auditive en milieu controcircleacute chez les personnes avec DVA preacutesentant un besoin de deacuteplacement sur rue En ce sens une version adapteacutee des exercices disponibles dans le programme drsquoentraicircnement utiliseacute avec le SEacuteLA est possible et envisageacutee

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

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Notes de co

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

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Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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REMERCIEMENTS

Nous souhaitons remercier tous les eacutetudiants les collaborateurs les participants les usagers et les eacutetablissements de reacuteadaptation qui ont permis de reacutealiser cette eacutetude Nous espeacuterons que vous accepterez ces remerciements individuellement

BIBLIOGRAPHIE

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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30 35 35

30

13 4

35 30

Lecture tr

avail

Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

urs

Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Utilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute franccedilais au Queacutebec Charles-Andreacute Labbeacute1 B Eacuted Louise Laroche1 B Eacuted Catherine Benoicirct1 B Eacuted Fabien St-Pierre-Lussier1 B Eacuted Walter Wittich2 Ph D 1 Eacutecole Jacques-Ouellette - Centre suprareacutegional en deacuteficience visuelle Service de soutien et drsquoexpertise en deacuteficience visuelle MEES 2 Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal et CRIR-Centre de reacuteadaptation MAB-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-lrsquoIcircle-de-Montreacuteal

REacuteSUMEacute

Dans la perspective drsquoameacuteliorer lrsquoenseignement du braille aux enfants drsquoacircge scolaire au Queacutebec en tenant compte des nouvelles reacutealiteacutes technologiques une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a interrogeacute 23 utilisateurs de braille acircgeacutes entre 18 et 40 ans Lrsquoobjectif eacutetait de connaicirctre leur utilisation et leur appreacuteciation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes quotidiennes Lrsquoeacutetude des reacutesultats nous amegravene au constat que le braille abreacutegeacute est de plus en plus deacutelaisseacute au profit drsquooutils drsquoaide technologique (synthegravese vocale afficheur braille etc) auxquels les utilisateurs attribuent les avantages du braille abreacutegeacute crsquoestshyagrave-dire un gain de temps et un gain drsquoespace sans lrsquoeffort cognitif exigeacute par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Il en ressort aussi que lrsquoapprentissage du braille inteacutegral demeure incontournable pour lrsquoeacuteducation et pour lrsquoaccegraves au marcheacute du travail

UTILISATION ACTUELLE DU BRAILLE INTEacuteGRAL ET ABREacuteGEacute FRANCcedilAIS AU QUEacuteBEC

Le braille est le moyen principal de communication eacutecrite agrave lrsquousage des personnes aveugles et il est utiliseacute partout dans le monde Les codes varient

selon la langue des utilisateurs Comme un texte transcrit en braille inteacutegral occupe beaucoup drsquoespace comparativement agrave celui des imprimeacutes ordinaires plusieurs pays ont deacuteveloppeacute un systegraveme abreacutegeacute parallegravelement au braille inteacutegral

Celui-ci contient des abreacuteviations utiliseacutees pour repreacutesenter certains mots plus freacutequents ou pour repreacutesenter les affixes Par exemple en franccedilais la lettre laquo b raquo brepreacutesente le mot laquo bien raquo et laquo passagegraverement raquo est repreacutesenteacute par les lettres laquo psgegravem raquo psgegravem

Actuellement le braille abreacutegeacute franccedilais utiliseacute dans le systegraveme scolaire queacutebeacutecois comporte 1 217 abreacuteviations reacuteparties en quatre niveaux dont lrsquoapprentissage est ajouteacute au cheminement acadeacutemique de lrsquoeacutelegraveve Pour un eacutelegraveve aveugle qui entre agrave lrsquoeacutecole lrsquoapprentissage du code inteacutegral se fait en premiegravere anneacutee et celui du code abreacutegeacute se fait sur les quatre anneacutees suivantes parallegravelement agrave toutes les autres matiegraveres du curriculum scolaire et agrave tous les autres apprentissages lieacutes agrave lrsquoautonomie aux deacuteplacements et agrave la socialisation

Les faccedilons drsquoutiliser le braille sont en constante eacutevolution Par le passeacute la maicirctrise du braille abreacutegeacute eacutetait indispensable pour acceacuteder aux eacutetudes supeacuterieures et au marcheacute du travail Maintenant les diffeacuterents outils technologiques offerts aux personnes aveugles permettent un accegraves rapide

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

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Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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agrave lrsquoinformation Notre rocircle de peacutedagogue nous amegravene agrave reacutefleacutechir sur lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute franccedilais et agrave nous pencher sur les reacutealiteacutes actuelles de lrsquoeacutelegraveve utilisateur de braille Agrave cet eacutegard nos preacuteoccupations sont orienteacutees sur les enjeux peacutedagogiques et lrsquoeffort cognitif demandeacute par lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute consideacuterant sa reacuteelle utilisation et les outils drsquoaide technologique maintenant disponibles

RECENSION DES EacuteCRITS PORTANT SUR LE BRAILLE ABREacuteGEacute

bull Eacuteconomie drsquoespace Lewi-Dumont considegravere qursquoil permet un gain drsquoespace appreacuteciable eacutevalueacute agrave 40 (1997 p 179) Fontaine (2000 p 126) de son cocircteacute estime la reacuteduction drsquoespace de lrsquoordre de 25 agrave 30 Pour le code braille anglais la question est plutocirct de savoir si lrsquoeacuteconomie drsquoespace est une raison valable pour encourager lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute sans tenir compte des avantages du braille inteacutegral (Hong et Erin 2004)

bull Vitesse de lecture Lewi-Dumont (1997 p 178) cite Pierre Villey laquo un lecteur lisant 125 motsminutes en inteacutegral en lit 189 en abreacutegeacute raquo Il y aurait ici un gain de vitesse de 15 De son cocircteacute Mousty estime le gain agrave seulement 10 chez des lecteurs expeacuterimenteacutes Il ajoute aussi que laquo lrsquoavantage est plus faible voire neacutegatif chez les sujets moins entraicircneacutesraquo (Mousty 1986 p155-156)

bull Surcharge cognitive occasionneacutee par lrsquoapprentissage drsquoun code suppleacutementaire Fontaine (2000 p 94) explique que le temps requis pour lrsquoapprentissage (4 ans) est trop long laquo pour lrsquoacquisition drsquoune simple technique drsquoeacutecriture raquo Lewi-Dumont (1997 p 141) explique que les eacutelegraveves utilisateurs de braille laquo ne sont pas en mesure de supporter

la surcharge que donne lrsquoapprentissage drsquoun nouveau code mis en place peu de temps apregraves lrsquoacquisition de la lecture raquo posant ainsi des problegravemes de meacutemorisation puisqursquoen franccedilais laquo dans un texte abreacutegeacute les abreacuteviations touchent presque tous les mots agrave des degreacutes divers raquo Cet avis est supporteacute par Fontaine (p 94) qui constate aussi qursquoun laquo trop grand nombre drsquoabreacuteviations exclut que la meacutemorisation puisse se faire dans un laps de temps tregraves court raquo Elle ajoute aussi que le braille abreacutegeacute franccedilais est un laquo systegraveme de notation trop compliqueacute trop heacuteteacuteroclite et trop difficile agrave assimiler raquo Hatwell (2003 p 172) rencheacuterit qursquoil laquo alourdit la charge cognitive du jeune apprenant et pose en outre le problegraveme de la connaissance orthographique de la langue raquo

bull Outils drsquoaide technologique de nouveaux moyens permettent une eacuteconomie drsquoespace tels que la plage tactile et la synthegravese vocale En effet de plus en plus de documents sont conserveacutes eacutelectroniquement plutocirct que sur papier (Hong et Erin 2004 Lewi-Dumont 1997 p 149-150) Pour les eacutetudes postsecondaires au Queacutebec les services aux eacutetudiants en situation de handicap de niveau colleacutegial et universitaire qui proposent la production de documents en meacutedias substituts (braille textes eacutelectroniques etc) produisent en majoriteacute des textes eacutelectroniques ces derniers ont lrsquoavantage de pouvoir satisfaire une plus grande quantiteacute drsquousagers tout en eacutetant plus rapides et plus eacuteconomiques agrave produire Pour les eacutecoles primaires et secondaires les directives de la Sanction des eacutetudes du MEacuteLS font aussi mention de lrsquoutilisation des outils drsquoaide technologique en permettant notamment lrsquoutilisation de lrsquoE-text laquo Ce format permettra ainsi aux eacutelegraveves drsquoutiliser des outils drsquoaide technologique lors de la passation

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des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

CISSS de la Monteacutereacutegie-CentreCRIR - Institut Nazareth et Louis-Braille 31

La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

des eacutepreuves en compleacutement agrave la version en braille raquo (Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport 2014)

OBJECTIFS

Afin drsquoavoir une ideacutee plus juste de la reacutealiteacute des jeunes adultes aveugles francophones du Queacutebec et drsquoameacuteliorer notre enseignement agrave cette reacutealiteacute nous avons chercheacute agrave savoir leur utilisation du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute dans leur vie quotidienne Nous voulions eacutegalement connaicirctre leurs avis quant agrave lrsquoimportance drsquoapprendre chacun de ces codes pour de jeunes aveugles qui commencent lrsquoeacutecole Nous avons aussi veacuterifieacute aupregraves de ces mecircmes personnes si leur fluiditeacute en lecture eacutetait diffeacuterente selon le code braille inteacutegral ou abreacutegeacute

MEacuteTHODE

Une entrevue teacuteleacutephonique sur lrsquoutilisation actuelle du braille inteacutegral et abreacutegeacute ainsi qursquoun court test de lecture ont eacuteteacute les moyens choisis pour recueillir les donneacutees ayant servi agrave notre recherche Une eacutequipe de personnes-ressources en deacuteficience visuelle a bacircti un questionnaire qui visait agrave veacuterifier de quelles faccedilons et dans quels contextes de leur vie les utilisateurs de braille adultes du Queacutebec se servaient du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Les sujets avaient aussi agrave qualifier leur expeacuterience drsquoapprentissage du braille et agrave deacutecrire leurs habitudes de lecture et drsquoeacutecriture Finalement ils avaient agrave porter un jugement sur lrsquoimportance et lrsquoavenir du braille inteacutegral et du braille abreacutegeacute franccedilais Vingt-trois personnes rejointes par contact personnel ou par les reacuteseaux sociaux reacutepondaient aux critegraveres eacutetablis ecirctre acircgeacutees de 18 agrave 40 ans utiliser le braille comme mode de communication avoir appris le braille abreacutegeacute queacutebeacutecois et avoir reacuteussi la troisiegraveme anneacutee du secondaire Lrsquoentrevue

teacuteleacutephonique eacutetait drsquoenviron une heure elle a eacuteteacute faite par une personne qui nrsquoavait aucun lien avec le milieu de la deacuteficience visuelle et qui nrsquoavait aucune connaissance en braille

COURT TEST DE LECTURE EN BRAILLE INTEacuteGRAL ET EN BRAILLE ABREacuteGEacute

Agrave la suite de lrsquoentrevue teacuteleacutephonique les sujets eacutetaient solliciteacutes pour participer agrave la lecture drsquoun texte embosseacute en braille inteacutegral et drsquoun texte embosseacute en braille abreacutegeacute Douze sujets eacutetaient disponibles pour recevoir un examinateur Les deux textes choisis eacutetaient tireacutes drsquoun roman reacutecent pour jeunes adolescents (niveau deacutebut secondaire) et ils eacutetaient tous deux embosseacutes en braille inteacutegral et en braille abreacutegeacute Les participants devaient lire les deux textes Lrsquoordre de lecture a eacuteteacute eacutetabli de faccedilon aleacuteatoire La fluiditeacute de lecture eacutetait calculeacutee sur la base du nombre de mots lus en trois minutes De plus les erreurs de lecture eacutetaient noteacutees par lrsquoexaminateur

SUJETS

Lrsquoeacutechantillonnage comprenait 12 femmes et 11 hommes Sept personnes avaient de 18 agrave 22 ans 4 avaient de 23 agrave 27 ans 6 avaient de 28 agrave 32 4 avaient de 33 agrave 37 ans et 2 de 38 agrave 40 ans Parmi elles 16 personnes avaient une deacuteficience visuelle de naissance et les autres avaient deacuteveloppeacute une deacuteficience visuelle entre lrsquoacircge de 5 et 20 ans La majoriteacute des sujets (1523) avaient fait des eacutetudes colleacutegiales ou universitaires Les autres avaient termineacute la 4e ou la 5e anneacutee du secondaire Seize sujets eacutetaient encore aux eacutetudes Neuf sujets occupaient un emploi dont 6 dans le milieu de la deacuteficience visuelle

Pour lire et pour eacutecrire tous les sujets utilisaient un ordinateur une plage tactile et un logiciel de revue drsquoeacutecran de type Jaws De plus 20 des sujets

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Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

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Lecture tr

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Manuels eacutetu

de

Romans eacutetu

de

Notes de co

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Courriels

Corresp

ondances

Courriels

Corresp

ondances

Recette

s

Romans

Notes perso

nnelles

Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

se servaient drsquoun numeacuteriseur et le mecircme nombre drsquoun lecteur numeacuterique de type Victor Reader Un sujet utilisait une dactylo braille et un autre se servait drsquoune tablette et drsquoun poinccedilon

Pour 13 des 23 sujets le braille est le mode de communication dans lequel ils ont appris agrave lire et agrave eacutecrire Les autres ont appris agrave lire et agrave eacutecrire en imprimeacute puis ont ducirc apprendre le braille agrave la suite de baisses de vision De plus 20 sujets ont compleacuteteacute lrsquoapprentissage des 4 niveaux de braille abreacutegeacute crsquoest-agrave-dire de toutes les abreacuteviations du braille franccedilais du systegraveme scolaire queacutebeacutecois Un peu plus de la moitieacute des sujets (1323) ont appris le braille dans une eacutecole speacutecialiseacutee tandis que les autres ont freacutequenteacute une eacutecole ordinaire Finalement 18 sujets ont qualifieacute leur apprentissage du braille abreacutegeacute comme eacutetant laquo facile raquo ou laquo tregraves facile raquo En outre 1923 se considegraverent de bons lecteurs de braille abreacutegeacute

REacuteSULTATS ET DISCUSSION

Les pourcentages des reacuteponses ci-dessous reacutefegraverent agrave la proportion des sujets qui ont reacutepondu laquo souvent raquo ou laquo tregraves souvent raquo agrave chacune des questions Aux questions relatives agrave la lecture le braille inteacutegral est utiliseacute pour lire par 85 des lecteurs le braille abreacutegeacute par 59 alors que la synthegravese vocale est utiliseacutee agrave 95 Ce reacutesultat confirme nos perceptions et celles des enseignants travaillant aupregraves des jeunes non-voyants Quant aux questions sur les modes drsquoeacutecriture et de relecture 59 utilisent le braille inteacutegral 30 font appel au braille abreacutegeacute et 56 effectuent la relecture agrave lrsquoaide de la synthegravese vocale

Une liste de 10 tacircches relieacutees au travail ou aux eacutetudes a eacuteteacute suggeacutereacutee aux sujets

bull Type de tacircches relieacutees au travail ou auxeacutetudes ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique

Courriel et correspondance Manuel relieacute aux eacutetudes Roman relieacute aux eacutetudes Lecture relieacutee au travail Revue ou journal Recherche drsquoinformations Reacutedaction de rapports Formulaire agrave compleacuteter Notes de cours Autres tacircches

bull Type de tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne ndash Carnet drsquoadresses ou teacuteleacutephonique Courriel ou correspondance Recettes Roman Deacutepliants Revue ou journal Recherche drsquoinformations Liste drsquoeacutepicerie Formulaire agrave compleacuteter Notes personnelles Administration (compteshy facture-budget) Gestion de meacutedicaments Autres tacircches

La figure 1 preacutesente les tacircches ayant obtenu un nombre de reacuteponses significatif Ces reacuteponses nous indiquent que le braille abreacutegeacute sert souvent ou quotidiennement pour 30 agrave 35 des sujets Cependant 7 des 9 sujets qui occupent un emploi disent se servir du braille abreacutegeacute pour les lectures relieacutees au travail Le fait que 6 drsquoentre eux travaillent dans le milieu de la deacuteficience visuelle nrsquoest peut-ecirctre pas eacutetranger agrave ce reacutesultat

Parmi les tacircches relieacutees aux loisirs et agrave la vie quotidienne la lecture de romans est lrsquoactiviteacute qui se deacutemarque 65 des sujets lisent souvent ou quotidiennement des romans en braille abreacutegeacute Il est agrave noter que la plupart des romans sont exclusivement offerts en braille abreacutegeacute

UTILITEacute DU BRAILLE INTEacuteGRAL

Le dernier volet du questionnaire touchait la perception des sujets relativement agrave lrsquoutiliteacute du braille aujourdrsquohui et la recommandation de son apprentissage par les enfants non-voyants Les phrases entre guillemets sont les reacuteponses textuelles des sujets Tous les sujets sauf un

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Manuels eacutetu

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 30

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

copy2016 CISSS de la Monteacutereacutegie-Centre

Installation Institut Nazareth et Louis-Braille Eacutecole drsquooptomeacutetrie - Universiteacute de Montreacuteal

ISBN 978-2-89376-135-0 (imprimeacute) ISBN 978-2-89376-136-7 (PDF)

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Travail Eacutetudes Loisirs Vie quotidienne

Figure 1 Tacircches relieacutees agrave lrsquoutilisation du braille abreacutegeacute souvent ou quotidiennement (n = 23)

(95 ) reconnaissent lrsquoutiliteacute de connaicirctre le braille inteacutegral aujourdrsquohui et drsquoen recommander lrsquoapprentissage agrave un enfant non-voyant Les sujets le perccediloivent comme la base de lrsquoalphabeacutetisation laquo sinon les enfants seront illettreacutes raquo La raison qui revient le plus souvent est lrsquoapprentissage et le maintien de lrsquoorthographe (n=14 sujets) laquo Sans braille inteacutegral on perd le sens de lrsquoorthographe raquo Il donne aussi accegraves agrave la lecture (n=9) Par ailleurs le braille inteacutegral permet de srsquointeacutegrer agrave la socieacuteteacute Il donne un meilleur accegraves aux eacutetudes et agrave un meilleur emploi (n=6) Finalement lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformatique (n=4) est une autre raison mentionneacutee laquo crsquoest le plus reacutepandu avec les aides informatiques actuelles raquo

UTILITEacute DU BRAILLE ABREacuteGEacute

Soixante-dix-huit pourcent (78 ) des sujets estiment qursquoil est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui La principale raison mentionneacutee est relieacutee au rythme de travail Lrsquoaugmentation de la vitesse de lecture est lrsquoargument qui revient le plus souvent Plusieurs sujets disent que laquo ccedila permet de lire plus rapidement raquo (n=11) Cependant les reacutesultats du

test de lecture agrave voix haute que nous avons fait passer ne soutiennent pas cette affirmation Pour un mecircme lecteur la vitesse de lecture du braille abreacutegeacute en mots par minute (M=91 EacuteT=45) nrsquoest pas significativement diffeacuterente drsquoun point de vue statistique que celle en braille inteacutegral(M=84 EacuteT=36 t(11)=146 p=017 η2=016) La fluiditeacute nrsquoest augmenteacutee que de 833 ce reacutesultat va dans le mecircme sens que les diffeacuterentes eacutetudes consulteacutees crsquoest-agrave-dire 10

La seconde raison concerne lrsquoaccessibiliteacute des documents (n=4) laquo Il y a beaucoup de documents qui sont juste en braille abreacutegeacute donc je ne pourrais pas lire tout ce que je veux raquo laquo Ccedila permet un plus grand choix de livres raquo Le braille abreacutegeacute est donc un outil suppleacutementaire pour acceacuteder agrave la connaissance La troisiegraveme raison est lrsquoaspect pratique les volumes abreacutegeacutes prennent moins drsquoespace (n=4) laquo les livres sont moins volumineux raquo Crsquoeacutetait agrave lrsquoorigine la fonction premiegravere de lrsquoimplantation drsquoun code drsquoabreacuteviations mais il nous semble que ce nrsquoest pas un motif suffisant pour justifier lrsquoapprentissage de ce code aujourdrsquohui Drsquoailleurs les sujets nrsquoaccordent pas une grande importance agrave cette raison

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Eacutecole drsquooptomeacutetrie Universiteacute de Montreacuteal 30

Sous la direction de Joseacutee DuquetteJulie-Andreacutee Marinier

et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

Ministegravere de lrsquoEacuteducation du Loisir et du Sport (2014) Diffusion des eacutepreuves de la session drsquoexamen de mai-juin 2014 en format E-text (texte eacutelectronique) Info Sanction 13-14-026 1

Mousty P (1986) La lecture de lrsquoeacutecriture Braille (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universiteacute Libre de Bruxelles Belgique

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et Marie-Chantal Wanet-Defalque

Drsquoun autre cocircteacute 22 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute aujourdrsquohui leur est laquo peu utile raquo ou laquo pas du tout utile raquo car laquo les situations ougrave nous sommes confronteacutes avec le braille abreacutegeacute sont presque nulles raquo (n=4) Les autres raisons eacutevoqueacutees sont la preacutefeacuterence pour le mode sonore (n=2) et la difficulteacute relieacutee agrave son apprentissage (n=1) Bien que 78 des sujets considegraverent que de connaicirctre le braille abreacutegeacute est laquo utile raquo ou laquo tregraves utile raquo nous notons que 92 drsquoentre eux recommanderaient aux parents drsquoun enfant non-voyant de lui faire apprendre le braille abreacutegeacute Encore une fois la vitesse de lecture plus rapide (n=11) lrsquoaccessibiliteacute agrave tous les documents eacutecrits en braille (n=4) et le gain drsquoespace (n=3) sont les raisons donneacutees Le souci de donner tous les outils disponibles aux enfants laquo afin qursquoils aient le choix de lire ce qursquoils veulent et surtout pour fonctionner comme les autres raquo est une motivation qui revient chez 5 sujets

Malgreacute leur opinion favorable quelques sujets nuancent leur penseacutee quant agrave lrsquoavenir du braille abreacutegeacute laquo avec la nouvelle technologie crsquoest moins essentiel raquo et laquo dans 20 ans il nrsquoy en aura presque plus raquo De plus deux sujets laisseraient le libre choix agrave lrsquoenfant de commencer cet apprentissage ou de le faire plus tard dans la scolariteacute Les deux sujets qui ne recommandent pas lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute justifient leur opinion par une faible freacutequence drsquoutilisation et par la difficulteacute drsquoapprendre les abreacuteviations franccedilaises Quoique les sujets recommandent en grande majoriteacute lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute il nrsquoen demeure pas moins que la perception de son utiliteacute dans leur vie actuelle est moins affirmeacutee De plus lorsque nous comparons avec lrsquoutilisation qui en est faite en moyenne seulement 21 des sujets utilisent laquo souvent raquo ou laquo quotidiennement raquo le braille abreacutegeacute dans leurs activiteacutes lieacutees au travail aux eacutetudes aux loisirs ou agrave la vie quotidienne

LIMITES

Le braille demeure un sujet deacutelicat et eacutemotif pour plusieurs utilisateurs le fait de srsquointerroger sur son utilisation peut donc avoir embarrasseacute certains participants et moduleacute leurs reacuteponses Apregraves la compilation des reacuteponses des sujets il nous est apparu que certaines questions auraient pu ecirctre ajouteacutees pour apporter plus de clarteacute ou de nuances lors de lrsquointerpreacutetation des reacutesultats ceci mecircme si le questionnaire avait eacuteteacute valideacute aupregraves de trois utilisateurs de braille au preacutealable Dans le mecircme ordre drsquoideacutee nous avons compris que la question portant sur le mode drsquoeacutecriture du braille avait pu porter agrave confusion entre le clavier braille de la plage tactile et le clavier traditionnel drsquoordinateur Finalement nous avons aussi reacutealiseacute que certaines questions de lrsquoeacutetude ont mesureacute la freacutequence drsquoutilisation sans pour autant consideacuterer la dureacutee

CONCLUSION

Le portrait qui se deacutegage de lrsquoutilisation actuelle du braille franccedilais au Queacutebec nous indique que le braille abreacutegeacute est peu utiliseacute par les non-voyants interrogeacutes Malgreacute lrsquoimportance que ceux-ci accordent agrave lrsquoapprentissage du braille abreacutegeacute son utilisation est tregraves faible au travail dans les eacutetudes postsecondaires les loisirs et les activiteacutes de la vie quotidienne Seule la lecture de romans fait exception car la majoriteacute ne sont produits qursquoen braille abreacutegeacute Nous constatons eacutegalement que la synthegravese vocale est le moyen privileacutegieacute pour la lecture

Le braille inteacutegral demeure un incontournable pour lrsquoapprentissage de la langue eacutecrite Nous croyons que lrsquoon devrait concentrer toutes les ressources sur lrsquoenseignement du braille inteacutegral et abandonner lrsquoenseignement du braille abreacutegeacute agrave lrsquoeacutecole primaire et secondaire

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La technologie au service de la deacuteficience visuelle18e symposium scientifique sur lrsquoincapaciteacute visuelle et la reacuteadaptationMontreacuteal 9 feacutevrier 2016

Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

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Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

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Lrsquoarriveacutee des nouvelles technologies a reacutevolutionneacute les faccedilons drsquoacceacuteder agrave la communication eacutecrite et le braille nrsquoy eacutechappe pas Les outils drsquoaide technologique possegravedent les avantages qui ont eacuteteacute attribueacutes au braille abreacutegeacute par les sujets de notre eacutetude efficaciteacute de travail et diminution de lrsquoespace pris par les volumes imprimeacutes Pour les jeunes non-voyants le faible gain de vitesse de lecture en braille abreacutegeacute franccedilais ne justifie pas le temps et les efforts cognitifs requis par lrsquoapprentissage de ce code

Il est cependant important de baliser lrsquoutilisation du mode sonore dans le cadre des apprentissages scolaires Nous croyons que lrsquoimpact de ce mode de lecture chez les non-voyants devrait faire lrsquoobjet drsquoeacutetudes subseacutequentes afin drsquoen mesurer lrsquoeffet sur la compreacutehension de lecture ainsi que sur lrsquoapprentissage de lrsquoorthographe

REacuteFEacuteRENCES

Fontaine C (2000) Analyse et reacutevision du systegraveme drsquoabreacuteviations braille franccedilais (Thegravese de doctorat ineacutedite) Universieacute Laval Queacutebec QC

Hatwell Y (2003) Psychologie cognitive de la ceacuteciteacute preacutecoce Paris France Dunod

Hong S et Erin J N (2004) The impact of early exposure to uncontracted braille reading on students with visual impairments Journal of Visual Impairment amp Blindness 98 325 340

Lewi-Dumont N (1997) Lrsquoapprentissage de la lecture chez les enfants aveugles difficulteacutes et eacutevolution des compeacutetences Villeneuve drsquoAscq France Atelier national de reproduction des thegraveses

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