LA THORIE DU TRAVAIL CHEZ KARL MARX, ADAM SMITH ET FRIEDRICH
NIETZSCHE Lanimal conomique
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Texte : PLATON, entre 389 et 369 av. J.-C, Les besoins in
Magnard, page 101. Lhomme sinstalle dans un tat social, par
lchange, pour mieux satisfaire ses besoins. Les socits peu
nombreuses permettent de satisfaire les besoins primordiaux les
plus lmentaires. Laccroissement de la complexit sociale permet un
accroissement des possibilits de satisfaction, non seulement des
besoins mais galement de dsirs de plus en plus sophistiqus. Eh bien
donc ! repris-je, jetons par la pense les fondements d'une cit; ces
fondements seront, apparemment, nos besoins. Sans contredit. Le
premier et le plus important de tous est celui de la nourriture,
d'o dpend la conservation de notre tre et de notre vie. Assurment.
Le second est celui du logement ; le troisime celui du vtement et
de tout ce qui s'y rapporte. C'est cela. Mais voyons ! dis-je,
comment une cit suffira-t-elle fournir tant de choses ? Ne
faudra-t-il pas que l'un soit agriculteur, l'autre maon, l'autre
tisserand ? Ajouterons-nous encore un cordonnier ou quelque autre
artisan pour les besoins du corps? Certainement. Donc, dans sa plus
stricte ncessit, la cit sera compose de quatre ou cinq hommes. La
Rpublique, L II, 369 b-e-, trad. R. Baccou, d. Garnier. 2
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La spcialisation du travail Il ne fait aucun doute que la
facult dchanger des objets ou des services fut capitale pour
lvolution de lespce. Lchange est lorigine de la spcialisation du
travail qui, son tour, permet un accroissement dcisif de la qualit
et de la quantit des ressources produites. 3
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Besoins et dsirs Le besoin pourrait tre dfini comme un tat
dinsatisfaction qui augmente avec le temps sil nest pas satisfait.
La satisfaction dun besoin est ncessaire la survie, soit de
lindividu, soit de lespce. On peut comparer lattraction du besoin
celle dun ressort : plus lobjet du besoin scarte, plus la tension
est importante jusqu un point de rupture o le ressort est dtruit.
Un dsir est un tat dinsatisfaction qui diminue avec le temps sil
nest pas satisfait. La satisfaction dun dsir nest pas ncessaire la
survie. On peut comparer lattraction du dsir celle dun aimant :
plus lobjet du dsir sloigne, moins la tension est importante jusqu
ce que le dsir disparaisse totalement de la conscience du sujet.
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Les besoins primaires La liste des besoins primaires (ou
physiologiques) de ltre humain semble facile dresser. Ecrivez-la.
Le besoin (ou le dsir ?) sexuel mrite probablement une place
particulire dans cette nomenclature. La sexualit a t assimile au
pch par les principales religions du monde occidental (lislam et
les christianismes) au point de transformer la virginit en objet de
culte. Il faut cependant constater que sans la force des pulsions
sexuelles une espce aurait tt fait de disparatre. Quon le veuille
ou non, la libido reste une des principales motivations de lactivit
humaine. Aprs une priode de prohibition qui a concid avec la
domination religieuse sur la socit civile, la rflexion sur la
sexualit a pu renatre au XXe sicle avec des penseurs comme Freud ou
Kinsey. 5
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Texte : Epicure Maintenant il faut parvenir penser que, parmi
les dsirs, certains sont fonds en nature, d'autres sont vains.
Parmi les dsirs naturels, certains sont ncessaires, d'autres ne
sont que naturels. Parmi les dsirs naturels, les uns sont
ncessaires pour le bonheur, les autres pour le calme du corps,
d'autres enfin simplement pour le fait de vivre. En effet, une
juste vision de ces catgories permettra chaque fois de choisir et
de refuser, relativement la sant du corps et la srnit, puisque
telle est la perfection mme de la vie bienheureuse. Car c'est en
vue de cela que nous voulons viter la douleur et l'angoisse.
Lorsque cela s'accomplit en nous, les orages de l'me se dispersent,
le vivant ne chemine plus vers ce qui lui fait dfaut et ne vise
plus quelque supplment au bien de l'me et du corps. En effet nous
ne sommes en qute du plaisir que lorsque nous souffrons de son
absence. Or maintenant nous ne sommes plus dans le manque de
plaisir. Lettre Mnce 6
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La question des besoins crs Il est bien connu que les drogues
provoquent des addictions qui sont de vritables besoins crs. Nous
savons tous que le dsir est trs souvent induit par la simple
exposition de lobjet du dsir. La personne au rgime ne doit pas
passer devant ltalage du charcutier. Cest le principe le plus
lmentaire de la sduction, de la publicit et mme de la pornographie
: montrer ce qui veillera le dsir. 7
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Lobjet de consommation La socit cooprative qui nat parce que
les hommes y trouvent le moyen de mieux satisfaire leurs besoins et
leurs dsirs devient aussi une machine crer des dsirs nouveaux ainsi
que des envies qui finissent par ressembler trs fortement des
besoins. Mais qui voudra multiplier les dsirs de ses semblables et
pourquoi ? Le producteur ou le crateur rpond Karl Marx dans le
texte suivant, lorsque la consommation est elle- mme sollicite par
lobjet comme cause excitatrice . 8
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Texte : Karl Marx, in Magnard, page 102 La production ne
fournit pas seulement des matriaux aux besoins, elle fournit aussi
un besoin aux matriaux. Quand la consommation sort de sa grossiret
primitive, perd son caractre immdiat et s'y attarder serait le
rsultat d'une production enfonce encore dans la grossiret
primitive, elle est elle-mme sollicite par l'objet comme cause
excitatrice. Le besoin qu'elle prouve de lui est cr par la
perception de cet objet. L'objet d'art et pareillement tout autre
produit cre un public sensible l'art, capable de jouir de la beaut.
La production ne produit donc pas seulement un objet pour le sujet,
mais un sujet pour l'objet. La production produit donc la
consommation : 1 en lui fournissant les matriaux ; 2 en dterminant
le mode de consommation, 3 en excitant dans le consommateur le
besoin des produits poss par elle comme objet. Elle produit donc
l'objet de la consommation, le mode de consommation, la tendance la
consommation... Introduction la critique de l'conomie politique, d.
Sociales, p. 157. 9
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Le concept de valeur Essayez de dfinir le concept de valeur .
Vous verrez que cela nest pas facile. Une partie de la difficult
vient sans doute de ce que la valeur nest pas une proprit objective
dun objet comme sa temprature ou sa masse. Ce qui peut avoir
beaucoup de valeur mes yeux nen a aucune aux yeux de mon voisin.
Pourtant chacun doit avoir une ide de la valeur sil veut procder un
change. Cest pourquoi lconomiste-philosophe se demande ce qui peut
tre la source de la valeur. Lutilit ? La raret ? Le travail ? Et
Adam Smith de distinguer deux concepts de valeur qui ne sont pas
forcment rductibles lun lautre : la valeur dusage et la valeur
dchange. 10
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Texte : Adam Smith, 1776, in Magnard, page 103 Il faut observer
que le mot valeur a deux significations diffrentes ; quelquefois il
signifie l'utilit d'un objet particulier, et quelquefois il
signifie la facult que donne la possession de cet objet d'en
acheter d'autres marchandises. On peut appeler l'une, Valeur en
usage, et l'autre, Valeur en change. Des choses qui ont la plus
grande valeur en usage n'ont souvent que peu ou point de valeur en
change ; et, au contraire, celles qui ont la plus grande valeur en
change n'ont souvent que peu ou point de valeur en usage. Il n'y a
rien de plus utile que l'eau, mais elle ne peut presque rien
acheter; peine y a-t-il moyen de rien avoir en change. Un diamant,
au contraire, n'a presque aucune valeur quant l'usage, mais on
trouvera frquemment l'changer contre une trs-grande quantit
d'autres marchandises. (...) Ainsi la valeur d'une denre quelconque
pour celui qui la possde, et qui n'entend pas en user ou la
consommer lui- mme, mais qui a l'intention de l'changer pour autre
chose, est gale la quantit de travail que cette denre le met en tat
d'acheter ou de commander. Le travail est donc la mesure relle de
la valeur changeable de toute marchandise.(...) Elles [les
marchandises] contiennent la valeur d'une certaine quantit de
travail, que nous changeons pour ce qui est suppos alors contenir
la valeur d'une quantit gale de travail. Le travail a t le premier
prix, la monnaie paye pour l'achat primitif de toutes choses. Ce
n'est point avec de l'or ou de l'argent, c'est avec du travail, que
toutes les richesses du monde ont t achetes originairement; et leur
valeur pour ceux qui les possdent et qui cherchent les changer
contre de nouvelles productions, est prcisment gale la quantit de
travail qu'elles le mettent en tat d'acheter ou de commander.
Recherches sur la nature et sur les causes de la richesse des
nations, chap. 4, 5; trad. Garnier et Blanqui, Ides, Gallimard, pp.
60-62. 11
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Texte : Karl Marx, La thorie de la plus-value, in Magnard page
103. Pour Marx, la seule valeur que possde louvrier est donc la
seule chose quil puisse proposer en change, cest son travail. Le
capitaliste va cependant payer un salaire qui ne sera pas
lquivalent en valeur des heures de travail prestes par louvrier. Ce
qui dtermine la valeur d'une marchandise, c'est la quantit totale
de travail qu'elle contient. Mais une partie de cette quantit de
travail est ralise dans une valeur pour laquelle un quivalent a t
pay sous forme de salaire ; une autre partie a t ralise dans une
valeur pour laquelle aucun quivalent n'a t pay. Une partie du
travail contenu dans la marchandise est du travail pay, l'autre est
du travail non pay. Salaire, prix et plus-value, trad. L Evrard,
Gallimard, Pliade, p. 515. 12
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Exercice : le concept de travail Lisez le texte de Karl Marx de
la page 105 reproduit sur la diapositive suivante. Procdez lanalyse
conceptuelle du travail en commenant par en donner une dfinition
qui serait acceptable pour un marxiste. Le mot travail est
cependant employ dans dautres contextes avec une connotation trs
diffrente. Lingnieur commercial qui vend des avions, la vedette de
cinma, le politicien en campagne, lartiste peintre devant sa toile,
le footballeur professionnel sur la pelouse, tous travaillent
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Texte : Karl Marx, Le travail sacrifice, in Magnard, page 105.
La force de travail est donc une marchandise que son possesseur, le
salari, vend au capital. Pourquoi la vend-il ? Pour vivre. Mais la
manifestation de la force de travail, le travail, est l'activit
vitale propre l'ouvrier, sa faon lui de manifester sa vie. Et c'est
cette activit vitale qu'il vend un tiers pour s'assurer les moyens
de subsistance ncessaires. Son activit vitale n'est donc pour lui
qu'un moyen de pouvoir exister. Il travaille pour vivre. Pour lui-
mme le travail n'est pas une partie de sa vie, il est plutt un
sacrifice de sa vie. C'est une marchandise qu'il a adjuge un tiers.
C'est pourquoi le produit de son activit n'est pas non plus le but
de son activit. Ce qu'il produit pour lui-mme, ce n'est pas la soie
qu'il tisse, ce n'est pas l'or qu'il extrait du puits, ce n'est pas
le palais qu'il btit. Ce qu'il produit pour lui-mme, c'est le
salaire, et la soie, l'or, le palais se rduisent pour lui une
quantit dtermine de moyens de subsistance, peut-tre un tricot de
laine, de la monnaie de billon et un abri dans une cave. Et
l'ouvrier qui, douze heures durant, tisse, file, perce, tourne,
btit, manie la pelle, taille la pierre, la transporte, etc.,
regarde-t-il ces douze heures de tissage, de filage, de perage, de
travail au tour ou de maonnerie, de maniement de la pelle ou de
taille de la pierre comme une manifestation de sa vie, comme sa
vie? Bien au contraire, la vie commence pour lui o cesse cette
activit, table, l'auberge, au lit. Par contre, les douze heures de
travail n'ont nullement pour lui le sens de tisser, de filer, de
percer, etc., mais celui de gagner ce qui lui permet d'aller table,
l'auberge, au lit. Si le ver soie tissait pour subvenir son
existence de chenille, il serait un salari achev. Travail salari et
Capital, Ed. Sociales. 14
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Travail, jeu, auto-ralisation Le concept traditionnel de
travail emporte avec lui une forte connotation pjorative. Le
travail nest-il pas, dans le mythe biblique, prsent comme la double
peine consquente la faute originelle ? Pour avoir commis le pch
damour, la femme enfantera dans la douleur (le travail de
laccouchement) et lhomme se verra condamn au labeur comme moyen de
subsistance. Pourtant, lactivit qui sera frappe de ltiquette
travail nest pas ncessairement ressentie par celui qui lexerce
comme une maldiction. Le sportif professionnel, comme lacteur,
travaillent en jouant . Gagner son pain na sans doute jamais t la
principale motivation de lartiste, du savant, du philosophe. Les
parents enseignent leurs enfants que les tudes leur permettront de
choisir le travail qui leur plat . Aujourdhui, cest souvent
labsence de travail ou le chmage qui sont considrs comme des
maldictions. Dans le monde chrtien, la femme au foyer veut un
travail qui lui assure lindpendance par rapport au mari. Et le
chmeur, mme sil na aucun souci se faire pour sa subsistance, vit
souvent trs mal une situation quil ressent comme la perte de
signification de son existence. 15
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Texte : Friedrich Wilhelm NIETZSCHE, 1878, in Magnard, page 106
Le besoin nous contraint un travail dont le produit sert satisfaire
le besoin ; la renaissance perptuelle des besoins nous accoutume au
travail. Mais dans les intervalles o les besoins sont satisfaits et
pour ainsi dire endormis, c'est l'ennui qui nous prend. Qu'est-ce
que l'ennui? L'habitude du travail elle-mme, qui se fait maintenant
sentir sous forme de besoin nouveau et surajout ; il sera d'autant
plus fort que sera plus forte l'habitude de travailler, qu'aura
peut-tre t plus forte aussi la souffrance cause par les besoins.
Pour chapper l'ennui, l'homme, ou bien travaille au-del de ce
qu'exigent ses besoins normaux, ou bien il invente le jeu,
c'est--dire le travail qui n'est plus destin satisfaire aucun autre
besoin que celui du travail pour lui-mme. Celui, que le jeu finit
par blaser et qui n'a aucune raison de travailler du fait des
besoins nouveaux, il arrive que le dsir le saisisse d'un troisime
tat qui serait au jeu ce que planer est danser, ce que danser est
marcher, un tat de flicit tranquille dans le mouvement : c'est la
vision que se font artistes et philosophes du bonheur. Humain, trop
humain, trad. A.M. Desrousseaux, d. Denol Gonthier, Coll.
Mdiations, chap.VII, 611. 16
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Le concept dexploitation Pour que daucuns planent et dansent,
est-il ncessaire que dautres marchent ? Se pourrait-il quaucune des
grandes ralisations de lhumanit net t possible sans lobscur travail
de fourmi des milliards dindividus qui sont en bas des chelles
sociales ? Karl Marx nous propose de concevoir lhistoire comme un
processus qui aboutira la fin de tout antagonisme de classes et
donc de toute exploitation de lhomme par lhomme. Cela faitje
ricaner Frdric Nietzsche pour qui lexploitation nest rien de moins
quun ressort essentiel au dveloppement de la Vie elle-mme et de
lhumanit en particulier. Une socit sans exploitation serait tout
bonnement une socit morte. 17
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Texte : Karl Marx, 1847, in Magnard page 111. (...) Est-ce dire
qu'aprs la chute de l'ancienne socit il y aura une nouvelle
domination de classe, se rsumant dans un nouveau pouvoir politique
? Non. La condition d'affranchissement de la classe laborieuse
c'est l'abolition de toute classe, de mme que la condition
d'affranchissement du tiers tat, de l'ordre bourgeois, fut
l'abolition de tous les tats et de tous les ordres. La classe
laborieuse substituera, dans le cours de son dveloppement,
l'ancienne socit civile une association qui excluera les classes et
leur antagonisme, et il n'y aura plus de pouvoir politique
proprement dit, puisque le pouvoir politique est prcisment le rsum
officiel de l'antagonisme dans la socit civile. Misre de la
philosophie, trad. H. Mougin, Ed. Sociales, 1947, pp. 135-136
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Texte : Nietzsche, in Magnard, page 111. Il faut aller ici
jusqu'au trfonds des choses et s'interdire toute faiblesse
sentimentale : vivre, c'est essentiellement dpouiller, blesser,
violenter le faible et l'tranger, l'opprimer, lui imposer durement
ses formes propres, l'assimiler ou tout au moins (c'est la solution
la plus douce) l'exploiter ; mais pourquoi employer toujours ces
mots auxquels depuis longtemps s'attache un sens calomnieux ? Le
corps l'intrieur duquel, comme il a t pos plus haut, les individus
se traitent en gaux - c'est le cas dans toute aristocratie saine -
est lui-mme oblig, s'il est vivant et non moribond, de faire contre
d'autres corps ce que les individus dont il est compos
s'abstiennent de se faire entre eux. Il sera ncessairement volont
de puissance incarne, il voudra crotre et s'tendre, accaparer,
conqurir la prpondrance, non pour je ne sais quelles raisons
morales ou immorales, mais parce qu'il vit, et que la vie,
prcisment, est volont de puissance. Mais sur aucun point la
conscience collective des Europens ne rpugne plus se laisser
convaincre. La mode est de s'adonner toutes sortes de rveries,
quelques- unes pares de couleurs scientifiques, qui nous peignent
l'tat futur de la socit, lorsqu'elle aura dpouill tout caractre d'
exploitation . Cela rsonne mes oreilles comme si on promettait
d'inventer une forme de vie qui s'abstiendrait de toute fonction
organique. L' exploitation n'est pas le fait d'une socit corrompue,
imparfaite ou primitive ; elle est inhrente la nature mme de la
vie, c'est la fonction organique primordiale, une consquence de la
volont de puissance proprement dite, qui est la volont mme de la
vie. A supposer que ce soit l une thorie neuve, c'est en ralit le
fait primordial de toute l'histoire, ayons l'honntet de le
reconnatre. Par-del le bien et le mal, 259, trad. G. Bianquis, UGE,
10/18, 1970. 19
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Conflit de valeurs Les deux textes prcdents illustrent un
conflit de valeurs fondamental : Marx dfend une conception de la
justice rclamant plus dgalit alors que Nietzsche met en avant les
exigences de la Volont de puissance. Marx et de Nietzsche ont t
considrs comme les hrauts des idologies de lextrme gauche et de
lextrme droite au XXe sicle. Il faut cependant souligner que jamais
Nietzsche ne se serait reconnu dans lantismitisme forcen des nazis.
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Au rsum Nous avons analys les concepts de besoin et de dsir en
voquant au passage la typologie des dsirs selon picure. Marx avait
dj peru le problme des besoins crs par le producteur. Adam Smith
contribue la clarification du concept de valeur sans lequel il ne
pourrait y avoir dchange. Il est le premier associer toute valeur
une quantit de travail humain. Pour Marx, le capitaliste va spolier
louvrier qui se voit confisquer la plus-value . Cest la technique
de lexploitation du proltariat par les capitalistes. Mais
lexploitation finira avec lavnement du communisme. Pour Nietzsche
au contraire, lexploitation est inhrente la vie elle- mme. 21