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C CERV Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée La tomate industrielle du Sénégal: une filière en danger Novembre 2016 Editorial Bulletin d’analyse Economique Coût de production d’un hectare de tomate Situation de la production de tomate dans la VFS Les acteurs de la filière oignon Fiche technique de la tomate SOMMAIRE La tomate industrielle constitue avec l’oignon, les principales cultures horticoles dans la Vallée du Fleuve Sé- négal (VFS). Première culture de di- versification lancée dans la VFS, la cul- ture de la tomate polarise pas moins de 12 000 producteurs répartis dans les départements de Dagana et de Podor. Longtemps qualifiée de “success story” du fait de sa parfaite intégration et de son avancée en terme d’agriculture contractuelle, la filière tomate indus- trielle est aujourd’hui très menacée. En effet, pour les deux dernières cam- pagnes de tomate, c’est uniquement environ 28 000 tonnes (sur un objectif de 78 000 tonnes) qui ont été pro- duites dans la VFS pour une superficie moyenne emblavée de 1 400 ha. Le besoin national est estimé à 120 000 tonnes de tomates fraîches, autant dire que le gap qui reste à combler est assez conséquent. A qui la faute ? Ce qui est sûr, c’est qu’ environ 50 ans après l’introduction de la tomate dans la VFS, les producteurs ont toujours du mal à se conformer à l’itinéraire technique et au calen- drier cultural malgré les efforts de l’encadrement technique. Sur les 35 dernières années, le rendement moyen pour la tomate industrielle n’excède pas les 23 tonnes à l’hectare pour une production moyenne de 50 000 tonnes. Les difficultés d’accès au crédit liés à l’endettement des producteurs, le déficit en matériels agricoles et les contraintes liées à la collecte et au transport de la tomate sont autant de maux qui freinent le développement de la filière. La concurrence entre les industri- els (SOCAS, AGROLINE et TAKA- MOUL) qui se partagent le marché du concentré de tomate, bien que bé- néfique pour les consommateurs, ne l’est jusqu’à présent pas pour les pro- ducteurs. Les livraisons de tomate aux industri- els ont baissé de moitié sur les dern- ières campagnes à cause de la politique de quotas imposée par ces derniers: en moyenne sur les 3 dernières cam- pagnes (2012 à 2015), 37 000 tonnes de tomate ont été enlevées par les in- dustriels et le prix au producteur du kilogramme de tomate reste toujours inchangé. Ces orientations laisseraient à penser qu’il soit plus rentable pour les industriels de faire du double con- centré à partir du triple concentré im- porté qu’à partir de la tomate fraîche. Il paraît clair que l’arrivée des nou- veaux acteurs dans la filière a proges- sivement modifiée la donne en sonnant la fin du monopole dans le secteur industriel de la transformation. Néan- moins cela ne s’est pas fait dans le sens où l’on s’y attendait. Avec la réduction du nombre de con- trats fermes de production, les dif- ficultés chroniques de la filière sont devenues tout simplement des facteurs bloquants. Repères historiques pour la filière tomate Comité National de Concerta- tion pour la filière Tomate 2 7 6 5 8 9 Situation de la commercialisa- tion de tomate dans la VFS 11 13 Les contraintes de la filière to- mate 15 La filière tomate doit être relancée

La tomate industrielle du Sénégal · F1, Excellence, Super Star, Nadire, Gigante, Adja Ercole, Kilele. Les variétés hybrides sont réputées être plus performantes en terme de

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CCERV Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée

La tomate industrielle du Sénégal: une filière en danger

Novembre 2016

Editorial Bulletin d’analyse Economique

Coût de production d’un hectare de tomate

Situation de la production de tomate dans la VFS

Les acteurs de la filière oignon

Fiche technique de la tomate

SOMMAIRE

La tomate industrielle constitue avec l’oignon, les principales cultures horticoles dans la Vallée du Fleuve Sé-négal (VFS). Première culture de di-versification lancée dans la VFS, la cul-ture de la tomate polarise pas moins de 12 000 producteurs répartis dans les départements de Dagana et de Podor.

Longtemps qualifiée de “success story” du fait de sa parfaite intégration et de son avancée en terme d’agriculture contractuelle, la filière tomate indus-trielle est aujourd’hui très menacée. En effet, pour les deux dernières cam-pagnes de tomate, c’est uniquement environ 28 000 tonnes (sur un objectif de 78 000 tonnes) qui ont été pro-duites dans la VFS pour une superficie moyenne emblavée de 1 400 ha. Le besoin national est estimé à 120 000 tonnes de tomates fraîches, autant dire que le gap qui reste à combler est assez conséquent.

A qui la faute ? Ce qui est sûr, c’est qu’ environ 50 ans après l’introduction de la tomate dans la VFS, les producteurs ont toujours du mal à se conformer à l’itinéraire technique et au calen-drier cultural malgré les efforts de l’encadrement technique. Sur les 35 dernières années, le rendement moyen pour la tomate industrielle n’excède pas les 23 tonnes à l’hectare pour une production moyenne de 50 000 tonnes.

Les difficultés d’accès au crédit liés à l’endettement des producteurs, le déficit en matériels agricoles et les contraintes liées à la collecte et au

transport de la tomate sont autant de maux qui freinent le développement de la filière.

La concurrence entre les industri-els (SOCAS, AGROLINE et TAKA-MOUL) qui se partagent le marché du concentré de tomate, bien que bé-néfique pour les consommateurs, ne l’est jusqu’à présent pas pour les pro-ducteurs. Les livraisons de tomate aux industri-els ont baissé de moitié sur les dern-ières campagnes à cause de la politique de quotas imposée par ces derniers: en moyenne sur les 3 dernières cam-pagnes (2012 à 2015), 37 000 tonnes de tomate ont été enlevées par les in-dustriels et le prix au producteur du kilogramme de tomate reste toujours inchangé. Ces orientations laisseraient à penser qu’il soit plus rentable pour les industriels de faire du double con-centré à partir du triple concentré im-porté qu’à partir de la tomate fraîche.

Il paraît clair que l’arrivée des nou-veaux acteurs dans la filière a proges-sivement modifiée la donne en sonnant la fin du monopole dans le secteur industriel de la transformation. Néan-moins cela ne s’est pas fait dans le sens où l’on s’y attendait.Avec la réduction du nombre de con-trats fermes de production, les dif-ficultés chroniques de la filière sont devenues tout simplement des facteurs bloquants.

Repères historiques pour la filière tomate

Comité National de Concerta-tion pour la filière Tomate

2

7

6

5

8

9

Situation de la commercialisa-tion de tomate dans la VFS

11

13Les contraintes de la filière to-mate

15 La filière tomate doit être relancée

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CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016 2

Fiche technique de la tomate

Les variétés agrées par le CNCFTI pour la culture de la tomate dans la Vallée du Fleuve Sénégal sont le Rio Fueguo, Rio Grande, Gempride F1, Yakii F1, Excellence, Super Star, Nadire, Gigante, Adja Ercole, Kilele. Les variétés hybrides sont réputées être plus performantes en terme de rendements et plus ré-sistantes aux maladies que les variétés fixées.

La tomate se développe mieux dans des sols profonds, bien drainés et riches en matière organique. Elle pousse le mieux dans des sols où la valeur du pH varie entre 5,5 et 6,8.Une profondeur de sol de 15 à 20 cm est favorable à la bonne croissance de la tomate.

Semis en pépinière

Le semis en pépinière de la to-mate dans la Vallée du Fleuve Séné-gal se fait préférentiellement entre le 1er octobre au 30 novembre. Il faut prévoir 10 planches par hectare cultivé avec un dosage en semences de 25 à 30 grammes/planche de 10 m2 étant donné que la quantité de semences nécessaire pour réaliser un hectare de plantation est d’environ 250 à 300 grammes.Semez les graines à petits intervalles le long des lignes et recouvrez les graines de sable fin et de paille. Le paillage est important pour éviter le dessèchement du sol et des graines. Arrosez les lits de semis deux fois par jour afin d’assurer que le degré d’humidité soit suffisant pour la germination. Pour les variétés améliorées, la pépin-ière peut durer au maximum 25 jours.

Préparation du sol

La tomate est originaire d’Amérique du Sud et fût introduite en Europe en 1544. La tomate (Lycopersicon es-culentum Mill.) est devenue un des légumes les plus importants du monde et appartient à la famille des Solanace-ae. Elle fût introduite au Sénégal vers les années 1970.

Variétés

On distingue 4 phases pour le cycle vé-gétatif de la tomate :

-La phase de germination qui dure à peu près une dizaine de jours après le semis.

-Durant La phase de croissance, on assiste à un développement aérien d’une paire de feuille et à la formation de racines fonctionnelles. Au bout des premiers mois apparaissent environ 3 à 4 paires de feuilles. La croissance dure de la levée jusqu’au stade 6 feuilles. En plein champ la tige s’allonge et le nombre de feuilles augmente.

-La phase de floraison : Les boutons flo-raux donnent les premières fleurs. La première fleur, apparaît deux mois et demi environ après le semis, la florai-son s’échelonne de bas en haut.

-Phase de fructification et de maturation : Elle débute durant la phase de florai-son. Les fleurs se développent, grossis-sent et atteignent leur taille définitive. Cette phase dure environ deux mois, soit de quatre à six mois après le semis.

Selon le mode de croissance, on dis-tingue deux types différents de plan-tes de tomates : le type à croissance indéterminée et celui à croissance dé-terminée. Comparées aux variétés à cycle indéterminée, celles à croissance déterminée utilisées le plus souvent en culture de plein champ, n’ont pas besoin de tuteurage et arrêtent leur croissance après la floraison.

En plein champ, lorsque les périodes de froid ou de chaleur perdurent pen-dant la floraison, la production de pol-len sera réduite et la formation des fruits en sera affectée.La température optimale pour la plupart des variétés se situe entre 10 et 30°C.

Cycle cultural

La durée du cycle végétatif com-plet de la tomate est de 4 à 5 mois en-viron pour les semis directs en pleine terre et de 5 à 6 mois pour les plants repiqués. En contre saison, le cycle végétatif s’allonge et peut atteindre 7 mois (mémento de l’agronome, 2003).

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Le sarclage et le buttage doit être réalisée avant chaque apport d’engrais car ils permettent de réduire la pres-sions des adventices, de renforcer les jeunes plants en faisant des buttes au-tour et de favoriser le développement des racines.

Un labourage profond permettra une meilleure pénétration des racines. Le labourage à 30-40 cm une fois tous les 3 ans, permet également de réduire les risques de contamination par des ravageurs et des maladies liés au sol. Effectué après la récolte de la culture précédente, il améliore la structure du sol ainsi que sa capacité de rétention de l’eau. A défaut du labour, on peut ef-fectuer deux passages d’offset dont 1 croisé à 15-25 cm.

Le billonnage qui permet de contrôler plus facilement les mauvaises herbes et augmente la surface d’infiltration du sol, se fera à 1,2 m d’intervalle. En supplément on pourra effectuer un façonnage manuel pour disposer d’un billon régulier et arasé de 30 à 35 cm de hauteur et de 25 à 30 cm de largeur au sommet.

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

Sarclo-buttage

Irrigation

Récolte

A Savoir

La longueur de l’obscurité est essentielle pour le contrôle de la croissance et le développement de la tomate. Le dével-oppement reproducteur de la tomate est fortement influencé par la quantité totale d’énergie que reçoit la plante quotidi-ennement (Kinet, 1985).

La lumière intervient sur la croissance et la fructification de la tomate par sa durée, son intensité, et sa qualité; 1200 heures d’insolation sont nécessaires pendant les 6 mois de végétation. Un éclairement de 14 heures par jour est nécessaire pour une bonne nouaison. Toutefois la photopé-riode ne doit pas dépasser les 18 heures par jour (Chtiwi, 2000 in Merdaci et Atia, 2006).

La tomate est très sensible à l’hygrométrie, il semble qu’une hygro-métrie relativement ambiante de 60% à 65% soit la meilleure (Laumonnier, 1979). L’humidité atmosphérique doit être de 76% lors de la germination, 75-80% du-rant l’élevage des plantes, 70-80% lors de développement végétatif, 60-80% pen-dant la floraison et 60-70% lors de dével-oppement des fruits (Benchaalal, 1983).

Les exportations (fruits, tiges et feuilles), pour une récolte de 50 t, correspondent à 130 unités N, 50 unités de P2O5 , 250 uni-tés de K2O, 200 unités de CaO et 35 unités de MgO. (Memento de l’agronome)

3

© Hanaschwarz

Repiquage

Le repiquage des plants de to-mate doit se faire en fin de journée, au coucher du soleil, après une bonne irrigation. Il ne faut surtout pas trop enfoncer les plants avec la motte de terre autour de la racine afin d’éviter les pourritures du collet. Les écartements recommandés sont : 1,20 m *0,25 m soit 4 plants au mètre pour les variétés fixées et 1,5 m *0,30 m pour les hybrides. La densité recom-mandée est de 25 000 à 30 000 plants/ha pour l’ensemble des variétés.Repiquer sur le tiers supérieur du flanc du billon ou sur le sommet du billon.

La tomate est très sensible à l’hygrométrie, il semble qu’une hygro-métrie relativement ambiante de 60% à 65% soit la meilleure (Laumonnier, 1979). L’humidité atmosphérique doit être de 76% lors de la germination, 75-80% durant l’élevage des plantes, 70-80% lors de développement végé-tatif, 60-80% pendant la floraison et 60-70% lors de développement des fruits (Benchaalal, 1983).En pépinière, juste après le semis les arrosages doivent être réguliers (2 fois par jour). Notons que l’excès d’humidité augmente les risques de maladies et peut provoquer l’asphyxie racinaire.Les besoins en eau de la plante, estimés à environ 600 mm et sont dépendants des facteurs climatiques et biologiques, (Mouhouche, 1983).

Les premières récoltes débutent environ trois mois après repiquage et peuvent durer jusqu’à un ou deux mois selon les variétés. Il ne faudrait sur-tout pas irriguer avant la récolte. Les tomates industrielles sont récoltées rouges et doivent être transportées en usine en moins de deux journées.

Fiche technique de la tomate

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4CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

Noctuelle de la tomate

Acariose bronzéeFlétrissement vascu-

laireAlternariose Pourriture du fruit

Agent pathogène Heliothis armigera Aculops lycopersici Fusarium oxysporum

f.sp. lycopersici Alternaria Solani Rhizoctonia Solani

Symptômes

*Fruits troués *feuilles rongées *bouquets floraux

coupés

*Dessèchement rapide des plantes

*Aspect brillant, huileux et coloration bronzée des

feuilles et tiges

*Jaunissement des feuilles du bas

*Présence de racines adventives avortées

*Apparitions de points bruns sur les tiges

coupées

*Tâches brunes sur collet et haut tige en pépinière *tâches arrondies sur vieilles feuilles en plein

champ

*Grandes tâches ar-rondies brun foncé qui se déchirent par fentes

radiales * Zones de cercles

concentriques aux zones de contact du fruit avec

le sol

Transmission Semences et débris de

végétauxSemences et

Par température élevéeSemences et débris de

végétaux

Moyen de lutte

*Rotations longues *choix variétés

*étalement des semis *Détruire résidus de récolte contaminés

*lutte collective

*Traiter le dessous des feuilles avec un acaricide

*Cultiver des variétés résistantes

*Rotation des cultures *Brûler les pieds

contaminés *Diminuer l’acidité du

sol

*Semences saines *Semis en lignes

espacées*Détruire par le feu tiges

et feuilles de tomate après récolte

*Eviter les arrosages par aspersion

*Arrosage les matins

*Tuteurer les plants afin d’éviter tout contact des

fruits avec le sol* Semer des variétés à

fruits allongées

Fongicides

*acéphate, cypermé-thrine, endosulfan,

huile neem, malathion,

lannate, deltaméthrine

*dicofol,diméthoate, endosulfan

Chlorothanil, Manèbe, Mancozèbe, Iprodione

Fiche technique de la tomate

Maladies et ravageurs

1 : Variétés fixées9-23-30=900 Kg

Urée=200 Kg

1 : Variétés hybrides9-23-30=1250 Kg

Urée=250 Kg

2 : Variétés fixées 18-46-00=600 Kg

K2SO4=350 KgUrée=200 Kg

2 : Variétés hybrides18-46-00=800 Kg

K2SO4=450 KgUrée=250 Kg

Fond 9-23-30 : 300 Kg 9-23-30 : 400 Kg 18-46-00 : 400 Kg 18-46-00 : 400 Kg

Couverture 1er apport: 30 J.A.R*

9-23-30 : 100 KgUrée : 100 Kg

9-23-30 : 150 KgUrée : 125 Kg

18-46-00=100 KgK2SO4=100 KgUrée=100 Kg

18-46-00=200 KgK2SO4=125 KgUrée=125 Kg

Couverture 2ème apport: 45 J.A.R*

9-23-30 : 200 KgUrée : 100 Kg

9-23-30 : 225 KgUrée : 125 Kg

18-46-00=100 KgK2SO4=100 KgUrée=100 Kg

18-46-00=200 KgK2SO4=125 KgUrée=125 Kg

Couverture3ème apport: 80 J.A.R*

9-23-30 : 200 Kg 9-23-30 : 225 Kg K2SO4=50 Kg K2SO4=100 Kg

Fertilisation

Engrais foliaire Périodes de repiquage

Lobbi 44 1ère application 15 jours après repiquage (2kg/ha)

Grofol 20-30-101ère application 30 jours après repiquage (2kg/ha)

2ième application 45 jours après repiquage (2kg/ha)

K-fol 0-20-551ère application début floraison (1kg/ha)

2ième application 15 jours après 1ère application (1kg/ha)

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Coût de production d’un hectare de tomate dans la VFS

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Les coûts de production de la tomate industielle ont relativement triplé en 30 ans. Ils étaient de l’ordre de 250 000 Fcfa/Ha en 1991 et sont passés à 400 000 Fcfa/Ha en 1995 (SNTI, 1995).

Vers les années 1980, les coûts réels d’une production de tomate industrielle avec l’ensemble des intrants et services nécessaires sont (dans les conditions de Dagana et Nianga soit de 75 à 85% de la production) de 276 000 Fcfa. Ces coûts se répartissaient en 210 000 Fcfa/Ha à la charge des paysans et 66 500 Fcfa/Ha à la charge de l’Etat (amortissemnt des in-vestissements à long terme et subvention d’intrants). (MF et JMG/JL, avril 1980)

Présentement, en suivant les recomman-dations du CNCFTI en matière de dosage des intrants, les charges de campagnes s’élèvent à près de 900 000 Fcfa/Ha pour les variétés hybrides.

Les postes de charges les plus coûteux sont le poste Engrais avec 26% des charges et les postes Semence et Travail du sol avec 17% des charges de campagne. Les postes Produits phyto et Irrigation représentent re-spectivement 10% et 11%.

A ce niveau de charge, la marge brute es-pérée pour un rendement de 40 Tonnes est d’environ 1 200 000 Fcfa à l’hectare.Avec un différentiel de marge brute de près de 1 800 00 Fcfa, on se rend compte qu’effectivement un hectare d’oignon paraît plus rentable qu’un hectare de to-mate malgré un niveau de charge supé-rieur pour l’oignon de + 600 000 Fcfa. En effet, la flexibilité des prix de l’oignon est tout à son avantage, car elle permet d’amortir une éventuelle baisse des ren-dements du producteur, tout le contraire de la tomate industrielle dont le prix est fixe.

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

Unité Trait Dose/Ha Quantité Prix Unitaire Montant

RECETTES 40000 52 2 080 000

SEMENCES HYBRIDES gr 1 150 150 000

TRAVAIL du SOL 152 000Labour Ha 1 1 1 70 000 70 000

Offsettage Ha 1 2 2 25 000 50 000

Billonnage Ha 1 1 1 32 000 32 000

COUT HYDRAULIQUE 1 100 000 100 000FERTILISATION (Plein champ) 263 950 Urée Kg 1 250 250 162,2 40 550

9-23-30 Kg 1 1 000 1 000 191,4 191 400

GROFOL Kg 2 2 4 4 000 16 000

LOBBI 44 Kg 1 2 2 4 000 8 000

K-FOL Kg 1 2 2 4 000 8 000

PRODUITS PHYTOSANITAIRES 77 380Pépinière VITAL 3G Kg 1 1 1 3 500 3 500

TOMEX 430 WP Gr 3 0,02 0,06 4 000 240

TITAN 25 EC L 3 0,02 0,06 4 000 240

Plein champsTITAN 25 EC L 1 1 1 4 000 4 000

SOUFRE Kg 2 2 4 1 600 6 400

TOMEX 430 WP Kg 3 2 6 4 000 24 000

CALLIFAN SUPER 40 EC L 3 0,5 1,5 10 000 15 000

CALLIFOL 480 EC L 1 1 1 8 000 8 000

PILORI 15 EC L 1 1,5 1,5 6 000 9 000

CALLICUIVRE 50 WP 1 3,5 3,5 2 000 7 000

HERBICIDES L 1 3 3 4 500 13 500

MATERIELS AGRICOLES 1 38 000 38 000

MAIN d’ŒUVRE REPIQUAGE 1 25 000 25 000

FRAIS DE RECOLTE 1 50 000 50 000

FRAIS DE GESTION 1 12 000 12 000

FOMAED 1 15 000 15 000

OMVS 1 2 700 2 700

CHARGES CAMPAGNES 899 530MARGE BRUTE 1 180 470

Tableau 1: Coût de production d’un hectare de tomate

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6CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

Fonctions de production Acteurs

Vente de semencesSENCHIM, SPIA,TROPICASEM, AGROPHYTEX,SOCAS, TOP

MOUNTAIN, AGROSEEDFourniture d’intrants (engrais, produits phytosanitaires)

SENCHIM, SPIA, AGROPHYTEX,TIMAC, GIE CAP VERT

Fourniture de matériel TOP MOUNTAIN, TRAORE et FILS

Financement/assuranceProducteurs, Commerçants, Projets, CNCAS, Mutuelles,

CNAASProduction Producteurs, SOCASTransformation SOCAS, AGROLINE, TAKAMOULTransport Producteurs, SOCAS, AGROLINE, TAKAMOUL

CommercialisationProducteurs, SOCAS, AGROLINE, TAKAMOUL

Commerçants, Grossites, Détaillants

Fonctions d’accompagnement

Promotion SAED (Vallée), FNRAA, PDMAS, CNCFTI

Recherche ISRAFormation/conseil SAED (Vallée), CNCFTI, ANCAR, ARM,DPVSynthèse et transmission de l’information

SAED (Vallée), CNCFTI, ARM

SENCHIM:Industries chimiques du SénégalSPIA: Societe de Produits Industrielles et AgricolesTROPICASEM: Société semencièreAGROPHYTEX: Société agro-industrielleCNCFTI: Comité National de Concertation pour la Filière Tomate FNRAA: Fonds National de Recherches Agricoles et Agro-alimentairesPDMAS: Programme de Développement des Marchés Agricoles du SénégalANCAR: Agence Nationale du Conseil Agricole et RuralISRA: Institut Sénégalais de Recherche AgricoleARM: Agence de Régulation des MarchésCNCAS: Caisse Nationale de Crédit Agricole du SénégalSAED: Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du DeltaSOCAS: Société de Conserves Alimentaires au SénégalCNAAS:DPV: Direction de la Protection des Végé-taux

Les acteurs de la filière tomate industrielle

Irrigation

22%

MOD ext

9%

Travail du

Sol

17%Semence

3%

Produits

phyto

15%

Engrais

34%

Répartittion charges de campagne en 2000Irrigation

11%

MOD ext

16%

Travail du

Sol

17%Semence

17%

Produits

phyto

10%

Engrais

29%

Répartition charges de campagne en 2015

Coût d’un hectare de tomate

Graphe 1: Répartition des charges de campagne en 2000 (Huat J., David Benz H., 1998 ) et 2015

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Repères historiques pour la filière tomate industrielle

En 1965, la Société de Conserves Alimentaires au Sénégal (SOCAS), S.A.R.L a débuté dans le Delta du Fleuve Sénégal, des essais de culture de tomates à des fins de transformation en concentré.

En 1972, la SOCAS a débuté ses activités de fabrication de concentré de tomate en en installant sa première usine à Savoigne.

Vers 1980, une deuxième usine est mise en place à Dagana par la Société Nationale de Tomate Industrielle (SNTI).

En décembre 1988, un protocole d’accord est signé entre l’Etat du Sénégal et les industriels à la faveur de la libé-ralisation des filières agricoles et a permis de responsabiliser l’ensemble des acteurs de la filière. Un comité de coordination de la filière a aussi été désigné sous l’initiative de la SAED.

En janvier 1994, lors de la dévaluation du FCFA, le prix de la tomate bord champ a été réévalué de 30 à 32,5 francs CFA/kg.

En mars 1995, le comité de coordination de la filière tomate est ouvert aux autres acteurs de la filière et sera re-nommé Comité National de Concertation sur la Filière Tomate Industrielle (CNCFTI).

Durant la camapagne 1995/1996, le rendement moyen a chuté à moins de 10 T/Ha à cause de fortes pressions parasitaires: acariose bronzée, oïdium, etc. et une dégradation de l’itinéraire technique (Ministère de l’Agriculture, 1996 ; Laterrot, 1996).

Crise de 1996/97, pas d’entente entre industriels et producteurs sur le prix de la tomate, on a enregistré une nette diminution des superficies emblavées.

En 1996, la SNTI fait faillite et est confiée en gérance à la SOCAS.

Mise en place en 1997 à l’initiative de l’ISRA d’une cellule d’avertissement phytosanitaire pour sécuriser les conditions de production (Huat, 1998).

En 1997/98, boycott de la filière par les producteurs pas satisfait du prix payé par la SOCAS.

A partir de la campagne 1998/99, les intrants (pesticides et engrais) sont fournis par le CNCFTI sur appels d’offres.

En 2000, transfert de la cellule d’avertissement phytosanitaire à la SAED.

Mise en place du tarif extérieur de l’UEMOA en 2000 : les importations de concentré de tomate sont soumises à un tarif douanier de 20% et une TCI de 10%.

AGROLINE est crée en 2004. La hausse du prix de la tomate de 39 francs CFA/kg en 1998 à 52 francs CFA/kg en 2008.

Création en 2009 de TAKAMOUL FOOD.

Arrêté interministériel n°13154 du 28 novembre 2011 qui crée le Comité interministériel de régulation et de suivi de la production et de la commercialisation de la tomate industrielle. Fermeture de l’usine de Dagana en 2013

Epongement des dettes pour la filière tomate de 1,5 milliards en 2014

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Le Comité National de Concertation pour la Filière Tomate

Crée en 1995 avec comme mission principale de réguler la filière à travers la concertation et la prise de décision, le CNCFTI statue avant chaque cam-pagne de tomate sur :-Les conditions de déroulement de la campagne (planification et program-mation des travaux culturaux);-Les modalités du financement de la campagne;-La fixation du prix au producteur et du prix d’achat par les industriels,-Les conditions de la commerciali-sation (qualité du produit, délais de livraison, modalités de paiement).

Le comité joue aussi un rôle de régula-tion (veille et contrôle) de la filière à travers:-le suivi de la campagne de culture par des réunions hebdomadaires ou par quinzaine du comité technique de suivi de campagne; -et le suivi de la commercialisation par des réunions de préparation des évacu-ations.

Ses objectifs peuvent aussi se résumer dans un développement de la filière tomate à travers une facilitation de l’accès au financement.

Le CNCFTI est constitué par des partenaires dénommés stratégiques et associés.Pour les partenaires stratégiques on a :- Le Collège des producteurs regrou-pés en Organisations professionnelles paysannes - Et le Collège des industriels et trans-formateurs qui regroupent la SOCAS, AGROLINE et TAKAMOUL FOODParmi les partenaires associés on a :-Le Collège des institutions finan-cières: CNCAS - Le Collège des institutions publiques: DRDR, SAED, ANCAR, ISRA, …. - Et le Collège des fournisseurs (in-trants et matériels agricoles), des transporteurs et des prestataires de services.

Le comité dispose comme ressource pour la gestion de son fonctionnement d’un prélèvement de 1Fcfa/kg (0,5 Fcfa/kg producteur et 0,5 Fcfa/kg pour l’industriel).

Depuis 1998, les intrants sont fournis par le comité aux producteurs à trav-ers un processus d’appel d’offre. Une des plus grandes réussites du comité a été la hausse du prix de la tomate de 39 francs CFA/kg en 1998 à 52 francs CFA/kg en 2008. Malheureusement près de 9 ans après, ce prix reste tou-jours inchangé au grand dam des pro-ducteurs.

A l’instar des autres interprofessions tel que le CIRIZ pour la filière riz et l’IPOS pour la filière oignon, la struc-turation de la filière tomate fait en grande partie sa réussite. En d’autres

termes, le nombre réduit des inter-venants directs dans la filière (les 3 industriels de la transformation et les producteurs) facilite plus ou moins les concertations et les prises de décision.L’autonomie financière du CNCFTI est aussi un atout très important, de même que l’assistante technique fournie par la SAED.

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Situation de la production de tomate dans la VFS

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Evolution superficie tomate dans la VFS

Les besoins nationaux en concen-tré de tomate sont estimés à près de 20 000 T soit l’équivalent de 120 000 T de tomates fraîches. Malheureuse-ment, pour l’instant la production de tomate n’évolue pas dans le sens sou-haité. Pour la campagne 2015/16, seulement 28 583 T ont été produites dans la VFS pour une superficie em-blavée de 1 100 Ha et il faut remonter à la campagne 1998/99 pour observer un tel niveau de production.

Depuis les années 1980, on constate une évolution en dents de scie des principaux indicateurs pour la tomate industrielle. Entre 1980 et 2015, les producteurs de tomate ont emblavé en moyenne 2 026 Ha pour une produc-tion moyenne de 50 000 T et un rende-ment de 23 T/Ha.

Afin de mieux comprendre l’évolution de la production de tomate dans la VFS, on peut la subdiviser en 3 périodes:

- De 1970 à 1995, où la filière tomate industrielle était sous encadrement de la SAED après son introduction comme culture de diversification dans la VFS. Durant cette période, on observe une évolution significative des superficies, ce qui témoigne de l’engouement des producteurs de l’époque pour cette nouvelle culture. Spécifiquement en-tre 1980 et 1996, la production moy-enne a avoisinné les 33 000 T pour une superficie moyenne de 1 570 Ha et un rendement de 20 T/Ha.Avec le désengagement de la SAED (travaux du sol, gestion des intrants, etc.) et la dévaluation du Fcfa, les coûts des facteurs de production s’apprécient et les producteurs ren-contrent des difficultés pour respecter l’itinéraire technique. C’est ainsi que durant cette période (1994-1996), les producteurs n’ont emblavé qu’en moyenne une superficie de 1 870 Ha pour une production de 23 000 T et un rendement moyen de 12 T/Ha.

Graphe 2 et 3 : Evolution de la superficie et de la productivité dans la VFS (source: SAED)

- De 1996 à 2011, c’est la période de réel développement de la filière to-mate. Celle-ci fait suite à la création du Comité National de Concerta-tion sur la Filière Tomate Industrielle (CNCFTI) en 1995 et à la crise de 1996/97 où seulement 266 Ha ont été emblavées pour des rendements moy-ens de près de 10 T/Ha.Avec le renforcement des meures d’appui à la filière et la mise en place en 1997 d’une cellule d’avertissement phytosanitaire à l’initiative de l’ISRA, les superficies emblavées et la produc-tion augmentent. Effectivement, entre 1997 et 2011 les superficies emblavées sont en moyenne de 2 636 Ha pour une production de 71 769 T et un ren-dement de 27 T/Ha. De même, durant les campagnes 2004/05 et 2005/06,

des performances records ont été ob-servées avec en moyenne des superfi-cies cultivées de 3 393 Ha pour une production de l’ordre de 115 733 T et des rendements moyens de 34 T/Ha.

- A partir de 2012, la concurrence entre les trois industriels s’accentue. Cette situation aboutit en 2013 à la mise en place concertée de quotas d’enlèvement de tomate par indus-triel. Cependant les engagements pris ne sont toutefois pas toujours respec-tés par les industriels. De ce fait, la production a chuté progressivement: entre 2011 et 2016, les producteurs n’ont cultivé en moyenne que 2 114 Ha de tomate pour une production moyenne de 52 693 T et un rendement de 24 T/Ha.

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Au niveau des deux départements à savoir Dagana et Podor, où sont con-centrés la plupart des producteurs de tomate, la moyenne des superficies emblavées entre 2001 et 2015 s’établit à 1 684 Ha pour Dagana et 1 125 Ha pour Podor. Sur la même période, la production moyenne est d’environ 46 164 T pour Dagana et de 30 020 T pour Podor. Le rendement moyen est de 27 T/Ha pour l’ensemble des deux départements.

Le différentiel moyen de superficie entre les deux départements qui est de 558,8 Ha (2001-2015) est édifiant.En effet depuis la campagne 2011/12, ce différentiel de superficies en tomate entre Dagana et Podor n’est plus tout aussi important. Il se chiffre en moy-enne à près de 158 Ha pour les 4 dern-ières campagnes contre 704 Ha pour la période allant de 2001 à 2012: les producteurs de Dagana ont donc forte-ment réduit leurs surfaces en tomate. La cause est probablement à chercher dans les difficultés actuelles que trav-erse la filière.

A la lumière de ces analyses, on se rend bien compte que la filière tomate est en légère perte de vitesse. La filière oignon par contre se porte au mieux et occupe actuellement la première place des cultures maraîchères dans la VFS en terme de superficie. Rien que sur les 10 dernières années, l’oignon a été cultivé en moyenne sur 3 760 Ha loin devant les 2 841 Ha de la tomate industrielle.Cependant, on a du mal à comprendre qu’une filière agricole aussi bien proté-gée qu’est la tomate industrielle dont les producteurs bénéficient de contrats fermes de production, qui jouit d’une interprofession bien structurée et d’un encadrement technique irréprochable, puissent aller aussi mal. Comment en est-on arriver là ?

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Situation de la production de tomate dans la VFS

Graphe 4, 5 et 6 : Evolution de la superficie et de la productivité de la tomate dans les départements de Podor et Dagana (source: SAED)

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Superficies tomate-oignon dans la VFS (en ha)

Oignon Tomate

Graphe 7: Evolution de la superficie et de la productivité dans la VFS (source: SAED)

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Pour les campagnes 2012/13 et 2013/14, les choses ne s’arrangent pas pour autant avec l’arrivée de Takamoul Food. En effet, pour ces deux cam-pagnes, les enlèvements en moyenne ont tourné autour de 43 132 T soit environ 66% de la production de la VFS. Pour les campagnes de tomate de 2014/2015 et 2015/2016, les livrai-sons se maintiennent sous la barre des 30 000 T.

Il faut oser reconnaître que la con-currence que se livrent les agro-in-dustriels pour la conquête du marché national de double concentré impacte

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

La commercialisation de la tomate industrielle est caractérisée par un processus de contractualisation par-ticulièrement bien avancée entre les industriels de la transformation (Socas, Agroline et Takamoul Food) et les pro-ducteurs de tomate.

Ce mécanisme de contrat de produc-tion à prix garanti, supervisé par le CNCFTI avec l’appui technique de la SAED est actuellement bien enrayée. Même avec un seul agro-industriel (Socas) comme ce fût le cas jusqu’en 2011, la commercialisation ne se dé-roulait pas sans difficulté. Contre toute attente, avec l’arrivée d’Agroline et de Takamoul Food, la situation s’est da-vantage compliquée.

Il faut comprendre que jusqu’en 2011, en moyenne 83% des superficies em-blavées dans la VFS étaient sous contrat de culture avec la Socas et bénéficiaient du même coup pour la grande majorité d’un financement de la Cncas. Les livraisons à l’usine Socas quant à elles, représentaient environ 84% de la production totale de la VFS et se chif-fraient en moyenne à 57 095 T (2001-2011). Des pics de livraisons ont été observés durant les campagnes de 2004/05 avec 75 883 T, de 2005/06 avec 71 336 T et de 2010/11 avec 71 000 T.

La campagne 2011/12 marque un véritable tournant dans la commer-cialisation de la tomate industrielle car elle signe l’entrée d’Agroline qui se fait livrer 11 205 T, ce qui ravit les producteurs et laisse présager une augmentation des enlèvements pour les campagnes suivantes. C’est aussi la campagne où la Socas s’est fait livrer pour la première fois moins de 45 000 T en se référant aux 15 dernières an-nées. En gros, c’est seulement 35 905 T de tomate qui ont été enlevées sur une production de 75 110 T.

négativement sur le processus de com-mercialisation de la tomate. A ce titre, en 2014, les parts de marchés pour la production de double concentré sont de 47,2% pour la Socas, de 32,6% pour Agroline et de 20,1% pour Taka-moul. Nul doute alors que la gestion des importations de triple concentré soit devenue un enjeu majeur pour ces industriels-transformateurs et pour la filière.Au départ, les importations de triple concentré de tomate étaient sensées complèter la production nationale dev-enue de plus en plus irrégulière.

Situation de la commercialisation de tomate dans la VFS

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Graphe 8 et 9 : Evolution comparée des indicateurs pour la tomate (Superficies et livraisons moyennes)

Tableau 2: Situation des enlèvements de tomate dans la VFS

Année 2011/12 2012/13 2013/14 2014/15 2015/16 Production 75 110 53 886 78 122 28 142 28 583 Qté livrée SOCAS 28 700 20 000 22 600 10 226 11 500 Qté livrée AGROLINE 11 205 14 000 13 085 10 472 9 746 Qté livrée TAKAMOUL 6 000 10 578 8 325 7 326

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Les importations ont augmenté à par-tir de 1995 avec la libéralisation. Elles sont passées de 3 000 Tonnes en 2003 à 5 500 Tonnes en 2004 et dépassent même la barre des 10 000 Tonnes en 2012. Face à cette situation, nos pu-voirs publics de concert avec le CNCF-TI décident en 2013, d’accorder des quotas d’importation de triple con-centré aux industriels en fonction des quantités de tomates fraîches achetées localement. Néanmoins cette mesure n’a eu aucune incidence sur la produc-tion de tomate et sur les quantités en-levées par les industriels.

Il paraît alors indéniable que les im-portations de triple concentré sont entrain de pourrir la tomate de la VFS et qu’il suffirait d’une réelle volonté de la part des industriels qui ont une capacité commune de transformation de plus de 130 000 T à s’engager pour l’achat de toute la production pour que les choses s’améliorent.

Cela ne devrait pas être trop compliqué car la tomate est une filière très pro-tégée au même titre que les aliments de base de la population sénégalaise. Les industriels de la transformation sont tout aussi bien bénéficiaires de ce-tte protection qui se fait au moyen de mesures tarifaires et/ou non tarifaires. Ces mesures protectionnistes visent aussi à promouvoir et à valoriser la production locale.

« Jusqu’à la mise en place du TEC de l’UEMOA, la tomate industrielle bé-néficiait d’une taxation de 43% sur le double et de 46% sur le triple con-centré. Depuis 2000, les importations de concentré sont soumises à un tarif douanier de 20% auquel il faut ajou-ter une TCI de 10 %.» Guillaume Du-teurtre, Mbène Dieye Faye et Papa Nouhine Dieye, 2010).Avec l’entrée en vigueur au 1er jan-vier 2015 du TEC de la CEDEAO, le concentré de tomate est classé dans

Situation de la commercialisation de la tomate dans la VFS

la catégorie 4, à savoir ‘’Les biens spécifiques pour le développement économique’’ dont la ligne tarifaire est soumise à un droit de douane de 35 %. Néanmoins en complément du TEC de la CEDEAO, il existe 2 autres mesures de protection : 1. La Taxe d’Ajustement à l’Importation (TAI) applicable pendant 5 ans permet de procéder à des ajuste-ments liés à une baisse ou une hausse des protections tarifaires (droit de douane) inhérent à l’entrée en vigueur du TEC de la CEDEAO.

2. La Taxe complémentaire de Pro-tection (TCP) applicable sur une péri-ode qui varie de 1 à 2 ans qui est une taxe additionnelle au TEC-CEDEAO dont l’objectif est de lutter contre les variations erratiques des importa-tions (quantités et prix).

Des instruments protectionistes pour davantage protéger la filière exist-ent, il va falloir cependant lever cer-taines contraintes pour permettre une relance définitive de la filière tomate.

SOCAS

AGROLINE

TAKAMOUL Lire aussi: Tomate industrielle dans la VFS, campagne 2009-2010http://fr.slideshare.net/marcelmatardi-ouf/tomate-industrielle-dans-la-vfs-cam-pagne-20092010

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13CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

1. Le financement de la campagneIl est particulièrement difficile d’aller en campagne de tomate sans pour au-tant bénéficier d’un financement adé-quat. La CNCAS accorde des crédits de campagne majoritairement aux producteurs bénéficiant de contrat de production avec les industriels.

Entre 2009 et 2016, la CNCAS a fi-nancé en moyenne une superficie de 2 313 Ha par campagne pour un mont-ant moyen de 1,6 milliards de Fcfa. Les superficies en contrats de culture sont tout aussi dépendant du nom-bre de producteurs (à travers leurs GIE, SV, etc.) éligibles au crédit et l’endettement chronique de ces derni-ers ne favorisent pas une augmentation des superficies financées. Le finance-ment moyen de la CNCAS pour un hectare de tomate est d’environ 1 mil-lions de Fcfa.

2. Le calendrier culturalLe déblocage tardif des crédits de cam-pagne causé en partie par un retard dans la négociation des contrats de cul-ture est une contrainte non négligeable car cela joue beaucoup sur le calendri-er cultural et donc sur la réussite de la campagne.

Le retard constaté dans le calendrier cultural est aussi dû aux difficultés liées à la gestion collective du crédit et des aménagements au niveau des grandes cuvettes productrices de to-mate. Il s’agit là d’un problème récur-rent observable même pour les autres cultures et qui semble être lié en partie à la non disponibilité du matériel ag-ricole pour les travaux culturaux et à une mauvaise gestion des précédents culturaux au niveau des cuvettes de production. De même, les différences de rotation culturale observées dans les principales cuvettes productrices de tomate rendent difficile la planifica-tion des cultures et par la même occa-sion l’étalement des récoltes.

Le retard dans le calendrier cultural est aussi lié à celui accusé lors de la ré-ception et la mise en place des intrants (engrais et produits phytosanitaires). Le processus d’appel d’offre est sou-vent pointé du doigt. Le manque d’organisation des producteurs pour la réception des intrants ainsi que le manque de logistitique (entrepôts de stockage, etc.) de certains fournisseurs ne sont pas en reste. 3. L’itinéraire techniqueDans le contexte actuel où importer du triple chinois paraît plus rentable que de transformer de la tomate fraîche, la maîtrise progressive des coûts de production de la tomate industrielle est plus que jamais importante. La ges-tion efficiente des coûts de production passe évidemment par une meilleure maîtrise de l’itinéraire technique vul-

garisé par l’encadrement. Malheureusement la forte pression parasitaire (flétrissement bactérien, etc.) constatée depuis peu ainsi que la qualité de la tomate produite (taux de brix faible, etc.) témoignent des difficultés techniques rencontrées par les producteurs dans la conduite de la culture. - Conduite des pépinièresLa mauvaise conduite des pépinières déteint très souvent sur la réussite de la campagne. En effet, il est déjà dif-ficile pour les producteurs de disposer d’un site dédié à la mise en place des pépinières, en plus le coût élevé des semences hybrides (150 000 Fcfa pour les 150 grammes) contraste souvent avec la gestion collective ou individu-elle des pépinières par les producteurs et cela s’en ressent sur la densité des semis et aussi sur les rendements.

Les contraintes de la filière tomate industrielle

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Graphe 10 et 11 : Superficies et livraisons moyennes des zones de production financées par la CNCAS et sous contrat SOCAS (source: SOCAS)

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- Repiquage des plantsDe même, le repiquage des plants est réalisé parfois très tardivement (au delà du calendrier), la faute à une faible disponibilité de la main d’oeuvre pour les repiquages au vu de la demande élevée. De ce fait, les plants sont main-tenus plus longtemps au niveau des pépinières, ce qui occasionne beaucoup de désagréments (perte de plants, fai-ble productivité, etc.). - Fertilisation et prophylaxieSi l’on passe outre les contraintes liées au retard de mise en place des intrants qui peuvent être parfois causé par une pénurie (surtout pour les engrais), la chèreté de ces derniers constitue une réelle contrainte pour les producteurs. Rappelons que les intrants (semences, engrais et produits phytosanitaires représentent environ 52% des charg-es de campagne. Le nombre élevé de traitements phytosanitaires et la grande variabilité des produits utilisés d’une campagne à une autre constitue égale-ment un véritable casse-tête technique pour les producteurs et soulève aussi des interrogations quant à la qualité de ces produits.

Le taux de brix dépendant en grande partie du type de variété de tomate cultivé, il paraît tout a fait normal que les industriels aient leurs préférences quant aux variétés semées par les pro-ducteurs. Ces dernières années, les variétés hybrides ont largement pris le dessus sur les variétés fixées car elles sont plus performantes: le potentiel de rendement pour une variété hy-bride peut largement dépasser les 60 Tonnes à l’hectare. Cependant la moy-enne de 27 T/Ha observée pour les rendements au niveau de la VFS relève l’immense gap qui reste encore à com-bler du point de vue de la maîtrise des techniques culturales. Pour les variétés améliorées, le respect des normes pour la fertilisation est très importante mais tel n’est pas le cas au niveau de certains producteurs qui sont contraints par le coût élevé des engrais

qui représente 26% des charges de campagne et les besoins en fertilisation des cultures maraîchères associées qui ne sont pas financées.

4- Récolte et commercialisationLes difficultés liées aux opérations de récolte et de post-récolte de la to-mate industrielle sont nombreuses et variées. La plus contraignante est sans nul doute le transport de la tomate des parcelles à l’usine qui devient de plus en plus complexe avec l’augmentation de la production.Les récoltes se faisant souvent en même temps, la planification et la programmation des camions pour les évacuations constitue une difficulté majeure pour la filière. En effet la fréquence irrégulière des évacuations causes d’énormes pertes post-récolte pour les producteurs ce qui conduit à un non-respect des contrats avec les industriels en rapport avec les quan-tités contractuelles. La non livraison intégrale des quantités des contrats est aussi due au fait qu’une partie de la production est vendue sur le marché du frais.La fermeture de l’usine de Dagana en 2013 et l’installation des lignes de pro-duction d’Agroline et de Takamoul à Dakar sont autant de faits qui éloignent la possibilité de trouver une solution définitive à la gestion des évacuations. Il faut savoir qu’avec Agroline et Taka-moul, le convoyage se fait souvent avec des camions de 30 Tonnes qui ont une très faible mobilité sur les pistes de production et dont le remplissage peut prendre plusieurs jours.

Au niveau OPB, on observe le plus souvent une répartition équivoque des cageots qui ne tient pas compte de la maturité de la tomate au niveau des parcelles. Certains producteurs ont tendance à jouer sur le nombre de cageots évacués ne se souciant pas de la qualité, ce qui conduit à une double perte: au niveau des par-celles les tomates mûres non récol-

tées pourrissent, et au niveau usine où l’on a une fréquence élevée des abattements. La problématique des abattements liés à la qualité de la tomate livrée con-stitue également un souci important. Au fil des campagnes, les abattements sont très importants et constitue un véritable manque à gagner pour les producteurs et pour les industriels. Cependant les responsabilités sem-blent être partagées dans le sens où du côté producteur la qualité de la tomate livrée laisse à désirer et du côté des in-dustriels on assiste souvent à une mau-vaise gestion des livraisons usine.

La caution solidaire et les évacuations groupées pénalisent les meilleurs producteurs car lors des livraisons à l’usine, les avantages d’un bon tonnage et les inconvénients d’un abattement sont supportés par les producteurs d’un même chargement. Les trans-

Les contraintes de la filière tomate industrielle

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A Savoir

Le taux de brix sert à mesurer en degrés brix (°B ou °Bx) la fraction de saccharose dans un liquide , c-a-d le pourcentage de matière sèche solluble. Plux le brix est élevé plus l’échantillon est sucré. Wikipé-dia

Le degré idéal de brix pour la tomate se situerait entre 12°Bx et 15 °Bx. Un degré de brix élevé est un signe de goût et de qualité. La plupart des tomates vendues commercialement présentent un degré de brix variant entre 4 et 5 °Bx. Le degré de brix dépend de la tomate mais aussi de la qualité du sol, de la fertilisation et de l’arrosage. Par exemple, une bonne ac-tivité biologique dans le sol augmente le degré de brix. (Rock Giguère, 2015)

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CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Tomate Novembre 2016

Les contraintes de la filière tomate industrielle

ports individuels étaient alors bien appréciés par les producteurs d’où l’intérêt stratégique de la réouverture de l’usine de Dagana. Lors du paie-ment de l’industriel dans le compte de l’OPB, domicilié à la CNCAS, ces mêmes producteurs éprouvent des difficultés pour disposer de leurs reli-quats, fruit d’une bonne campagne. Le

retard de paiement des sommes dues par les industriels est très souvent dé-noncé par les producteurs qui n’ont d’autres choix que la résignation, vu l’absence de recours car les contrats de production n’ont aucune connotation juridique.

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La filière tomate industrielle doit être relancée

Avec seulement 1,5 milliards de chiffre d’affaire en 2016 pour une marge brute par producteur de près de 550 000 Fcfa par hectare, la filière tomate au Sénégal est au plus mal et a besoin de se relancer.L’incertitude qui plane sur la négocia-tion des contrats de culture ainsi que le non respect des objectifs d’enlèvement par les industriels a fortement réduit les superficies en tomate. Effective-ment pour la campagne 2015/16, c’est uniquement 1 100 Ha qui ont été emblavés pour une production globale de 28 583 Tonnes, inutile alors de par-ler de la quantité de tomate qui a été livrée au niveau usine.

Nous devons forcément revenir aux fondamentaux qui ont fait de la filière tomate une success story et ce n’est pas les outils institutionnels qui manquent.Pour cela, les derniers arrivants (Agro-line et Takamoul) dans la filière doivent respecter leurs engagements et la So-cas doit les y aider. Le processus de relance de la filière peut se résumer en 5 points: 1. Une des conditions de relance de la filière tient dans le fait que les in-dustriels puissent s’engager à acheter la totalité de la production de tomate et à respecter leurs engagements. Pour cela, nos pouvoirs publics doivent dé-

finitivement régler la question des quotas d’importation de triple con-centré. Le fait d’être sur un même pied d’égalité ne serait pas de trop au regard de la situation concurrentielle.

2. Une meilleure gestion du convoyage de la tomate me paraît aussi être une condition sine qua none dans le sens où son transport pourrait être entière-ment pris en charge par le CNCFTI à travers l’acquisition ou la location de la logistique nécessaire (camions et cageots, etc.). Ceci contribuerait fortement à réduire les aléas qui en-tourent la livraison de la tomate au niveau usine.

3. Un système de pénalité concerté devrait être également mis en place au sein du CNCFTI pour pallier au car-actère non juridique des contrats de production.

4. De même, un système de contrôle qualité doit être développé au sein du CNCFTI et peut être pris en charge par les Chargés de la Commercialisation. Equipés d’un réfractomètre et sous réserve d’une formation adéquate, ils doivent être en mesure d’assurer un suivi de la qualité de la tomate pro-duite.

5. Enfin un accent particulier doit être

accorder au renforcement des capaci-tés techniques des producteurs en rap-port avec la conduite de la culture afin de parvenir à une meilleure maîtrise des coûts de production pour rendre la transformation de la tomate fraîche plus compétitif que celle du triple con-centré importé.

A ses années fastes, la filière tomate industrielle au Sénégal rapportait près de 3,5 milliards de chiffre d’affaire par campagne et ses producteurs pou-vaient se faire une marge brute de près de 1 000 000 de Fcfa par hectare. Avec l’oignon, la tomate fait par-tie des cultures maraîchères à marge brute élevée et s’inscrit donc parmi les cultures qui peuvent permettre au producteur d’enclencher le proces-sus de modernisation de son exploita-tion familiale. Plus important encore, pour les producteurs bénéficiant d’un contrat de culture, la culture de la to-mate permet de limiter fortement le bradage des récoltes de riz à travers le système intégré de financement mis en place par la CNCAS. Dans la VFS, la tomate est bel et bien une culture d’équilibre.

Marcel Matar DioufAgroéconomiste/Financier Chargé des [email protected]

Lire aussi: Tomate industrielle au Sénégal, une culture d’équilibrehttp://fr.slideshare.net/marcelmatardiouf/tomate-industrielle-au-sngal-une-culture-dquilibre

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Coupures de presse sur la filière tomate au Sénégal

16 Août 2002 : Sénégal: Unique client des producteurs : le chiffre d’affaires de la Socas en baisse de 23%http://fr.allafrica.com/stories/200208160546.html22 Juillet 2004 : Sénégal: Tomate industrielle : un record de production dans la vallée du Sénégalhttp://fr.allafrica.com/stories/200407220045.html17 Juin 2005 : Sénégal: Culture de la tomate : un record de production de 4 milliards de francshttp://fr.allafrica.com/stories/200506170403.html30 Décembre 2005 : Sénégal: Donald Baron, PDG de la Socas : “Nous sommes inquiets pour l’avenir de la tomate”http://fr.allafrica.com/stories/200601020075.html27 Août 2007 : Entretien avec…Donald BARON : ‘Nous nous sommes engagés à acheter 80 mille tonnes de tomate en 2008’http://www.rewmi.com/entretien-avec-donald-baron-president-directeur-general-de-la-socas-nous-nous-sommes-engages-a-acheter-80-mille-tonnes_a3711.html8 Septembre 2008 : Sénégal: Donald Baron fustige la concurrence déloyale dans le secteur de la tomate industriellehttp://fr.allafrica.com/stories/200809090297.html4 juin 2009 : Production de tomates au Sénégal : Un potentiel en jachèrehttp://www.agroligne.com/actualites/19052-production-de-tomates-au-senegal-un-potentiel-en-jachere.html24 Mars 2011 : Agroline menace la filière tomate. http://www.ndarinfo.com/Agroline-menace-la-filiere-tomate_a214.html17 Mai 2011 : Socas-Agrolines : la tomate source de division http://www.ndarinfo.com/Socas-Agrolines-la-tomate-source-de-division_a425.html6 Juillet 2012 : Pour 2011-2012, la filière tomate industrielle a produit un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards.http://www.ndarinfo.com/Pour-2011-2012-la-filiere-tomate-industrielle-a-produit-un-chiffre-d-affaires-de-plus-de-3-milliards_a3296.html6 Juillet 2012 : Sénégal [Tomate Industrielle] : Un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards en 2011-2012http://www.diasponews.com/2012/07/06/senegal-tomate-industrielle-un-chiffre-daffaires-de-plus-de-3-milliards en-2011-2012/7 Juillet 2012 : Tomates fraiches : Les producteurs réclament près d’un milliard à la SOCAShttp://www.loffice.sn/TOMATES-FRAICHES-Les-producteurs.html8 Juillet 2012 : Les producteurs réclament 1,6 milliards à la SOCAShttp://www.enqueteplus.com/content/fili%C3%A8re-de-la-tomate-fra%C3%AEche-les-producteurs-r%C3%A9clament-16-milliards-%C3%A0-la-socas9 Juillet 2012: Arrêt des importations de triple concentré : L’Etat veut tuer la filière tomatehttp://senegal-business.com/2012/07/arret-des-importations-de-triple-concentre-l%E2%80%99etat-veut-tuer-la-filiere-tomate/18 Février 2013 : La SOCAS ferme sa deuxième usine de Dagana (radio)http://www.seneweb.com/news/Economie/la-socas-ferme-sa-deuxieme-usine-de-dagana-radio_n_88766.html20 Février 2013 : Filière de la tomate Donald Baron préfère jeter l’épongehttp://www.rewmi.com/filiere-de-la-tomate-donald-baron-prefere-jeter-l-eponge_a74587.html1 Mai 2013 : Production de tomate dans la vallée: Un déficit de 40.000 tonnes causé par l’acariose bronzée. http://www.ndarinfo.com/Production-de-tomate-dans-la-vallee-Un-deficit-de-40-000-tonnes-cause-par-l-acariose-bronzee_a5272.html5 Juillet 2013 : Contreperformance des producteurs de tomate: Un déficit de production de 35.000 tonnes dans la vallée. http://www.ndarinfo.com/Contreperformance-des-producteurs-de-tomate-Un-deficit-de-production-de-35-000-tonnes-dans-la-vallee_a5928.html9 Juillet 2013 : Campagne 2012-2013 de la filière tomate Saint-Louis récolte 40.000 tonnes sur un objectif de 70.000http://www.rewmi.com/campagne-2012-2013-de-la-filiere-tomate-saint-louis-recolte-40-000-tonnes-sur-un-objectif-de-70-000_a79998.html07 Février 2014 : Une menace sur l’objectif de production de 200 000 tonnes de tomateshttp://www.seneplus.com/article/une-menace-pese-sur-l%E2%80%99objectif-de-production-de-200000-tonnes-de-tomates24 Février 2014 : Vallée du Sénégal: le développement végétatif de la tomate jugé satisfaisant.http://fr.africatime.com/articles/vallee-du-senegal-le-developpement-vegetatif-de-la-tomate-juge-satisfaisant25 Juin 2014 : Sénégal : des difficultés d’écoulement plombent les performances de la production de tomateshttp://www.agenceecofin.com/fruits/2506-21079-senegal-des-difficultes-d-ecoulement-plombent-les-performances-de-la-production-de-tomates28 Juin 2014 : Faute de commercialisation : La tomate locale pourrit dans les champshttp://www.lejecos.com/Faute-de-commercialisation-La-tomate-locale-pourrit-dans-les-champs_a2310.html16 Décembre 2014 : Production de tomates dans la Vallée : Une filière dans le rougehttp://www.lagazette.sn/production-de-tomate-dans-la-vallee-une-filiere-dans-le-rouge/26 Décembre 2014 : Sénégal: menace sur la campagne de tomates industrielles. http://www.rfi.fr/emission/20141226-senegal-menace-campagne-tomates-industrielles10 Avril 2015 : Au Sénégal, la colère rouge tomate de la Socas http://www.jeuneafrique.com/228514/economie/au-senegal-la-colere-rouge-tomate-de-la-socas-eco/18 Janvier 2016 : Le ver est-il dans le légume ?http://www.reussirbusiness.com/2016/01/18/le-ver-est-il-dans-la-legume/27 Juillet 2016 : Campagne de Tomate industrielle : Sur un objectif de 78 000 T, les producteurs n’ont récolté que 28 583.http://ndaractu.net/campagne-de-tomate-industrielle-sur-un-objectif-de-78-000-t-les-producteurs-nont-recolte-que-28-583/28 Juillet 2016 : Campagne de tomate industrielle dans la vallée : 28.583 tonnes produites en 2016 http://lesoleil.sn/2016-03-22-23-21-32/item/53003-campagne-de-tomate-industrielle-dans-la-vallee-28-583-tonnes-produites-en-2016.html

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Contribuer à la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance au sein des organisations de producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal

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Aujourd’hui, les CGER contribuent à la politique de développement agro-sylvo-pastorale en matière de développement de l’information agricole. Ils apportent aux Pouvoirs Publics et aux acteurs du développement des outils complémentaires d’aide à la décision pour les politiques, stratégies et incitations

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