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8actualités
Actualités pharmaceutiques n° 509 Octobre 2011
Il semblait logique
que le mécanisme
d’action bradycardisant
des bêtabloquants
soit défavorable
dans une maladie,
l’insuffisance cardiaque,
où l’efficacité du muscle
cardiaque est déjà
réduite. Pour autant,
il y a une dizaine
d’années, les études
cliniques ont
révélé que certains
antagonistes des
récepteurs bêta étaient
favorables aux patients
insuffisants cardiaques.
Aujourd’hui, quatre bêta-bloqueurs sont offi-ciellement indiqués
dans l’insuffisance cardiaque. Ils apportent un réel bénéfice aux malades en réduisant les besoins en oxygène d’un cœur affaibli.
Bêtabloquants, du nouveauParmi les dernières contre-indications des bêtabloquants, on trouve principalement les déficits respiratoires comme l’asthme, la broncho-pneumo-pathie chronique obstructive (BPCO), etc., le blocage des récepteurs bêta-2 bronchiques pouvant aggraver ces maladies en générant une bronchocons-triction. Cela était sans comp-ter sur une nouvelle étude clini-que rétrospective qui a évalué l’effet des bêtabloquants chez
près de 6 000 patients atteints de BPCO1. Et là encore, la surprise est de mise : les bêtabloquants ont permis de réduire de près d’un quart la mortalité globale des patients souffrant de BPCO âgés de près de 70 ans en moyenne et suivis pendant plus de 4 ans. De plus, ces médicaments ont présenté des effets additifs sur la prise en charge de la BPCO en réduisant le recours aux thérapeutiques classiques, orales ou inhalées (agonistes bêta-2, anticholinergiques) et en diminuant les hospitalisa-tions. Mieux, aucune altération de la fonction pulmonaire des patients n’a été relevée.
L’insuffisance cardiaque, toujours mortelleIl reste à confirmer ce résultat avant de voir les bêtabloquants indiqués dans les recomman-dations de prise en charge de la BPCO comme ce fut le cas pour l’insuffisance cardiaque. Il faut quand même reconnaî-tre que cette dernière entraîne toujours une mortalité impor-tante et que les thérapeutiques actuelles ne font souvent que ralentir l’évolution inéluctable de la maladie. C’est pourquoi les chercheurs sont à l’affût de nouveaux mécanismes pour lutter contre la défaillance myocardique. C’est peut-être le cas avec les activateurs de la myosine cardiaque qui ont fait la preuve de leur efficacité sur des modèles animaux2. Une des caractéristiques de l’insuf fi san ce cardiaque étant la baisse de contractilité cardia que et le raccourcis-sement de la systole ventri-
cu lai re, il paraît intéressant de renforcer l’activité de la myosine, molécule clé de la contraction myocardique3. Les résultats de l’évaluation des activateurs de la myosine cardiaque dans le cadre d’un essai de phase II viennent d’être publiés et semblent conforter les études pré-clinique. Cette première étude clinique a donc étudié l’inté-rêt d’administrer l’omecamtiv mecarbil (dénommé aupara-vant CK-1827452) administré par voie intraveineuse pendant 2, 24 et 48 heures à des patients déjà traités pour une insuffisance cardiaque grave mais stable. L’activateur de la myosine cardiaque a permis de renforcer de manière concen-tration-dépendante le temps d’éjection ventriculaire et de réduire le volume du ventricule gauche. Là encore, cette éva-
luation mérite d’être validée par un large essai de phase III afin de confirmer ou non l’in-térêt de ces thérapeutiques, non pas sur des critères inter-médiaires mais sur la quali té de vie et la survie globale des patients au long cours. �
Sébastien Faure
Maître de conférences des universités,
Faculté de pharmacie, Angers (49)
Références1. Short PM et coll. Effect of beta
blockers in treatment of chronic
obstructive pulmonary disease:
a retrospective cohort study.
BMJ. 2011; 342: d2549.
2. Malik FI et coll. Cardiac myosin
activation: a potential therapeutic
approach for systolic heart failure.
Science. 2011; 331(6023): 1439-43.
3. Cleland JGF et coll. The effects
of the cardiac myosin activator,
omecamtiv mecarbil, on cardiac
function in systolic heart failure: a
double-blind, placebo-controlled,
crossover, dose-ranging phase 2 trial.
Lancet. 2011; 378: 667-75.
Recherche
Révolutions dans le traitement de l’insuffisance cardiaque ?
La traque des résidus de médicaments dans l’eau s’organiseLe premier Plan national sur les résidus de médicaments
dans l’eau (PNRM) 2010-2015 a été lancé le 30 mai
dernier par les ministères de l’Écologie et de la Santé1.
Ses objectifs sont de trois ordres : évaluer les risques sanitaires et
environnementaux, mettre en place une stratégie de contrôle et de réduction
des émissions et renforcer les actions de recherche. Une campagne nationale
de mesures de 45 substances pharmaceutiques d’origine humaine, vétérinaire
ou de leurs métabolites, réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire2,
a montré qu’un quart des échantillons d’eau testés contiennent des traces de
médicaments (antiépileptiques et anxiolytiques essentiellement). �
Élisa Derrien
Notes1. www.sante.gouv.fr/plan-national-sur-les-residus-de-medicaments-dans-les-
eaux-pnrm-2010-2015.html
2. http://www.anses.fr/index.htm
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