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La version électronique du livre - Enver Hoxha. His Life ... · PRÉFACE Le sixième tome des Œuvres choisies du camarade Enver Hoxha, le dernier de cette série en langue française,

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  • PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!

    ENVER HOXHA

    UVRES CHOISIES

  • PUBLIEES PAR DECISION DU COMITE CENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL

    DALBANIE

  • ENVER HOXHA

  • INSTITUT DES ETUDES MARXISTES-LENINISTES PRES LE COMITE CENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL DALBANIE

    ENVER HOXHA

    V O L U M E

    VI

    JUILLET 1980 - DECEMBRE 1984

  • EDITIONS 8 NNTORI TIRANA, 1987

  • PRFACE

    Le sixime tome des uvres choisies du camarade Enver Hoxha, le dernier de cette srie en langue franaise, rassemble des crits appartenant la priode qui stend de 1980 1984.

    Les entretiens, interventions, discours et notes, en partie dj connus du lecteur tranger, sont extraits des uvres compltes du camarade Enver Hoxha, de son Journal, de la srie de ses Rapports et Discours et de certains de ses ouvrages traitant de divers sujets. Ce volume comprend galement des articles et de longs passages tirs de ses livres de souvenirs publis au cours de la priode concerne, comme Les Khrouchtchviens, Quand naquit le Parti, Les Menes anglo-amricaines en Albanie, Les Titistes et Quand on jetait les fondements de lAlbanie nouvelle.

    Les matriaux du prsent volume permettront au lecteur de connatre le travail et les efforts fournis par le peuple albanais pour faire progresser son pays dans la voie du socialisme, la lutte rvolutionnaire mene avec esprit de suite par le Parti du Travail dAlbanie pour dfendre la patrie et les acquis du pouvoir populaire. Ces questions, ainsi que celles du dveloppement de la science, de lenseignement et de la culture, sont traites dans le cadre de la lutte contre la pression idologique, politique et conomique de limprialisme, du social-imprialisme et du rvisionnisme de toutes les couleurs.

    Les extraits des livres de souvenirs voquent les efforts et la mobilisation du peuple albanais dans son combat pour la libration du pays et linstauration de son propre

  • VIII PRFACE

    pouvoir, la lutte du PTA contre les ingrences trangres dans les affaires intrieures de lAlbanie et les agissements subversifs des ennemis extrieurs et de leurs agents contre le socialisme en Albanie, ainsi que diverses questions de la lutte contre le rvisionnisme moderne, etc. Dans les passages extraits du livre de souvenirs Quand naquit le Parti, qui sont publis pour la premire fois en langue trangre, est rendue lexprience acquise par les communistes albanais dans la lutte pour la fondation de leur parti.

    Dautres crits de ce volume refltent les efforts du PTA et du camarade Enver Hoxha en vue dlaborer un plan quinquennal fond exclusivement sur les forces et le potentiel du pays, sans aides ni crdits trangers. Le lecteur y trouvera des synthses thoriques et des solutions pratiques de nombreux problmes actuels du dveloppement conomique et social du pays, ainsi que lessence dun vaste travail de synthse, thorique et pratique, concernant les perspectives de dveloppement de lconomie albanaise dans la voie du socialisme.

    Le prsent volume met en lumire la pense du camarade Enver Hoxha sur des aspects du dveloppement de lconomie albanaise, comme lessor de lindustrie, lintensification de lagriculture, la transformation graduelle de la proprit de groupe en proprit du peuple entier et le perfectionnement continu des rapports de production socialistes. Il traite galement de questions troitement lies la psychologie des hommes, lducation communiste des travailleurs et la consolidation de leur conscience socialiste. Certains de ses crits expliquent les rapports entre lintrt gnral et lintrt personnel, entre le dveloppement des villes et le progrs des campagnes, entre la connaissance et lapplication des lois qui rgissent la production et la rpartition, la circulation marchande et montaire sous le socialisme, ils illustrent aussi le rle du travail, la discipline au travail et la crativit oprante des

  • PRFACE IX

    masses dans le processus ddification du socialisme. Il y est aussi question de limportance des conditions historiques du pays et de lassimilation adquate de la science marxiste-lniniste, des rapports de celle-ci avec dautres sciences, des liens entre la science et la technique, des vues des thoriciens bourgeois ce sujet, etc.

    Le prsent volume contient des analyses marxistes-lninistes approfondies de lvolution mondiale actuelle. Il reflte les prises de position du PTA sur des questions capitales qui se posent aujourdhui aux peuples et au mouvement marxiste-lniniste rvolutionnaire et de libration. Connaissant fond les dveloppements politiques mondiaux et les interprtant sur la base des enseignements du marxisme- lninisme, le camarade Enver Hoxha tire des conclusions rvolutionnaires, fait ressortir les contradictions fondamentales qui rongent de dedans le systme capitaliste, analyse les crises qui le tenaillent dans tous les domaines et ouvre de nouveaux horizons la lutte du proltariat et des peuples. Les crits de ce volume dmasquent en particulier la politique expansionniste et hgmoniste des superpuissances, les Etats-Unis et lUnion sovitique.

    On y trouve galement traites dautres questions importantes, comme la lutte des peuples, des forces marxistes- lninistes vritables et du proltariat rvolutionnaire contre le capitalisme et limprialisme, lattitude observer envers la guerre imprialiste, le chauvinisme et loppression nationale dans les pays capitalistes et rvisionnistes, le problme des conditions et des facteurs objectifs et subjectifs ncessaires au dclenchement de la rvolution et des luttes de libration nationale en tant que partie intgrante de celle-ci, la question de savoir quelle est la classe qui doit en prendre la tte et les diriger. Lauteur y souligne la ncessit, pour les marxistes-lninistes, dtudier, dassimiler et dappliquer de faon cratrice le marxisme-lninisme, de nouer des alliances favorables la rvolution, de tra-

  • X PRFACE

    vailler auprs des masses, dans les rangs des chmeurs, de la jeunesse et de larme de la bourgeoisie.

    Lauteur souligne aussi laction que le parti marxiste- lniniste doit mener au sein de la classe ouvrire pour que celle-ci trouve la voie qui conduit la rvolution, quelle ne demeure pas divise et ne soit pas manipule en faisant le jeu de la raction et du rformisme. On apprciera galement beaucoup les conclusions sur la ncessit de mettre profit le moment national dans divers pays ainsi que la dnonciation des mthodes de diversion et de mystification utilises par la bourgeoisie pour engager les jeunes dans la voie du terrorisme et dtourner les masses de la rvolution en identifiant les actes de terrorisme laction des rvolutionnaires vritables.

    Le camarade Enver Hoxha rejette les diffrentes thories antiscientifiques et ractionnaires qui tendent dmontrer que le socialisme peut tre construit sous lgide de nimporte quelle idologie, rformiste, opportuniste et mme fasciste. Il indique, arguments lappui, comment la rvolution peut tre accomplie et les classes exploiteuses limines, comment on peut dfendre et consolider encore lindpendance conquise et les victoires remportes en se fondant sur la doctrine marxiste-lniniste, construire avec succs le socialisme authentique, sans prts ni crdits de ltranger.

    Sappuyant solidement sur les principes fondamentaux du marxisme-lninisme, le camarade Enver Hoxha analyse et argumente, en voquant des faits convaincants, la base des succs obtenus en Albanie, il explique en quoi consiste la force de la politique que le PTA et lEtat socialiste albanais nont cess de poursuivre. Il dvoile les vises des slogans et de la propagande des ennemis de lAlbanie sur son prtendu isolement, il met en pleine lumire la stratgie des Etats capitalistes, imprialistes et social-imprialistes son encontre.

  • PRFACE XI

    Les matriaux du prsent volume, comme ceux des volumes prcdents des uvres choisies, refltent lexprience acquise par le PTA dans la lutte pour la construction du socialisme en Albanie et la dfense de la cause commune du proltariat et des peuples. Ils montrent clairement que le PTA a toujours dfendu les principes du marxisme- lninisme, quil les a compris fond et les applique de faon cratrice en tenant compte des conditions concrtes de lAlbanie.

  • LA GRANDE CRISE CONOMIQUE MONDIALE SAGGRAVE

    1er juillet 1980

    De jour en jour on observe une aggravation de la grande crise conomique mondiale qui a saisi la gorge surtout les deux superpuissances imprialistes, Etats-Unis et Union sovitique, ainsi que les pays industrialiss, comme le Japon, lAllemagne fdrale, la France, la Grande- Bretagne, le Canada et lItalie, de mme que dautres pays comme la Chine de Mao et la Yougoslavie de Tito, les pays membres du Comecon, etc. Cette crise est grosse de consquences pour tous les Etats dpendant du capital international.

    Cette grave crise conomique est une crise de surproduction, la crise du boom industriel, mais, en mme temps, elle a suscit une profonde rcession. En fait, partout dans les pays capitalistes et rvisionnistes elle sest traduite par une monte du chmage, une inflation galopante, une hausse des prix, etc. Ce qui signifie quactuellement la production a baiss et lon assiste une rue pour lcoulement des stocks de marchandises invendues. Or la bourgeoisie capitaliste entend couler ces stocks non pas en en diminuant les prix, mais en jetant des ouvriers sur le pav, cest-- dire en ralentissant encore la production de nouvelles marchandises. Toutefois, comme lindustrie capitaliste ne travaille plus son rendement antrieur, cela engendre une crise sur le march des matires premires. Et cest une crise, elle aussi, trs grave qui saccompagne dune lutte

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    acharne entre les divers imprialistes pour des dbouchs. Cette lutte, tantt ouverte, tantt subversive, entrane une augmentation inoue des budgets de guerre, de la production darmements conventionnels sophistiqus et darmes nuclaires.

    Les Etats-Unis, lUnion sovitique, la Chine et dautres puissances imprialistes sont devenus les fauteurs les plus enrags dune nouvelle guerre imprialiste mondiale. Leur politique hgmoniste, leur souci de maintenir le statu quo imprialiste, dune part, et, de lautre, leur dsir de procder un nouveau partage du monde en zones dinfluence, ont aggrav et exacerb les contradictions entre les grandes puissances elles-mmes et entre elles et leurs partenaires dans leurs crimes contre les autres peuples et dans lexploitation de ces peuples, suscitant ainsi de nouveaux conflits.

    Les rapports conomiques, politiques et militaires au sein des divers groupements imprialistes et rvisionnistes ont t branls. Les membres de ces groupements sefforcent de provoquer, de trouver et de mettre profit toutes sortes de failles pour justifier leur violation des engagements, des traits et des accords quils ont signs entre eux.

    A lheure actuelle, la lutte des peuples opprims et exploits par le capital mondial en crise a pris des proportions et diffrents aspects sans prcdent. Cest l qua rellement son origine la grande crise conomique mondiale qui sest abattue sur le monde capitaliste et rvisionniste. En apparence, les conflits arms, les antagonismes dans les rapports conomiques et financiers, la grande crise de lnergie, etc., semblent tre seulement la consquence de contradictions entre Etats capitalistes, mais en ralit ils ont une origine plus profonde, la corrosion dont est lobjet lEtat bourgeois capitaliste, qui cherche se dfendre, se maintenir en vie, soigner ses nombreuses

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    plaies, etc. La force qui ronge lEtat bourgeois capitaliste est la lutte des peuples partout dans le monde, sous toutes les formes et tous les niveaux. La classe ouvrire et tous les exploits, dune faon ou dune autre et des degrs divers, voient et combattent toutes les formes du rgime capitaliste, national ou international, qui les exploite, les appauvrit et les opprime conomiquement et moralement. Les peuples du monde, profondment mcontents, sont donc anims dun esprit de rvolte.

    Aujourdhui, dans la quasi-totalit des pays capitalistes, des millions de personnes se mettent en grve, affrontent les forces de lordre. On y assiste des rvoltes armes, et aussi des putsch; les gouvernements bourgeois capitalistes y encouragent le terrorisme et lanarchisme; la contrebande et le vol organis lchelle nationale et internationale y ont pris des proportions inoues; la corruption politique, morale et physique sy est propage lextrme. Ainsi se prpare la voie lavnement du fascisme.

    Nous vivons aujourdhui lpoque de la putrfaction du capitalisme, de laffaiblissement, de la dsagrgation et de la faillite de ce systme, de cette socit dgnre. La seule issue ce chaos, ce bourbier, est la rvolution, lextirpation du pus, la prise du pouvoir dEtat par la classe ouvrire, qui a pour mission dinstaurer la dictature du proltariat. Ce que Lnine a dit propos de ce processus est en train de savrer et sera certainement ralis.

    Limprialisme US et son chef de file, Carter, sont confronts de grandes difficults politiques et conomiques, ils ont des problmes avec leurs allis et leurs colonies. Limprialisme amricain ne sait o donner de la tte, il ne sait comment faire face aux dangers toujours plus nombreux qui lassaillent. Il est donc pris dans un tau dont il cherche se dgager en appliquant une po-

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    litique insense de menaces, de chantages, de pressions conomiques et politiques, dinterventions militaires ouvertes et camoufles, etc.

    Pour ne pas nous loigner des rcents vnements, il faut souligner que la lutte livre ces deux trois dernires annes par le peuple iranien son shah et aux Etats-Unis a t un coup rude pour limprialisme amricain. La crise iranienne est la crise des Etats-Unis. Les peuples du monde connaissaient dj la politique barbare des Yankees ainsi que leurs mthodes de domination froce et rapace, mais en Iran ils les ont vues encore mieux en action. Le shah et sa clique, ces bourreaux du peuple iranien, ont t linstrument des imprialistes amricains en Iran. Des dcennies durant, ce sont des bandits allis dautres bandits, assassins et sangsues du peuple iranien, du dedans comme du dehors, en parfait accord entre eux, le gouvernement et ladministration du shah, sous la direction de Washington et travers lambassade amricaine Thran, qui ont fait la loi en Iran.

    Mais le peuple iranien sest enfin dress dans la rvolution et, de son balai de fer, a nettoy le shah de la face du globe, il a arrt et emprisonn tous les espions de lambassade amricaine qui opraient sous lhabit de diplomate. Depuis neuf mois, ces prtendus diplomates dune grande puissance, qui fait la loi dans le monde, se trouvent en prison. O tempora! O mores! Cela aurait t inconcevable il y a quelque temps, mais voil que cest arriv maintenant, et cela non seulement aux Amricains en Iran, mais dautres aussi dans dautres pays.

    Les Etats-Unis ont essuy une cuisante dfaite politique laquelle ils ne peuvent remdier ni par la voie diplomatique, ni par des chantages conomiques, ni par lintervention arme, comme ils ont tent de le faire en avril par leur raid manqu Tabas. En perdant lIran, les Etats-Unis ont perdu une de leurs plus importantes sources

  • de ptrole et dnergie, ils ont perdu des profits immenses. Ils ont aussi perdu la confiance de leurs allis arabes du golfe Persique, le compromis amricano-gypto- isralien de Camp David a t branl, des zizanies*, des dsaccords publics et souterrains sont ns entre les Amricains et leurs partenaires de lOTAN.

    Dans ces conjonctures, lUnion sovitique saiguise les dents et mord. Elle a occup lAfghanistan, elle cherche battre en brche lOTAN, etc. Dans le mme temps saggravent les divergences entre lUnion sovitique et les Etats-Unis. Le Pacte de Varsovie a lair monolithique, alors quau sein de lOTAN, de lUnion europenne et du March commun apparaissent des fissures. En ralit, elles existent aussi au sein du Comecon et du Pacte de Varsovie, mais l larme sovitique a bien jugul les allis du Kremlin, alors que les Etats-Unis sont en train de perdre leur influence de nagure sur leurs allis, notamment sur la France et lAllemagne fdrale. Chacun pour soi, comme dit un proverbe. Quand il sagit davantages, les Etats-Unis veulent tre les premiers les recueillir, ils sont logre qui avale tout, alors quen cas de revers ce sont les allis qui doivent payer les pots casss par eux, cest--dire quils doivent prendre sur eux une bonne part des malheurs et des dfaites subis par les Etats-Unis.

    Par ailleurs, rgne toujours la loi de la jungle; les capitalistes ne tendent la main personne, mme sils le voient se noyer.

    La France de de Gaulle et de Giscard est dans lOTAN tout en ny tant pas. Elle a chass de son trritoire les bases de lOTAN, autrement dit les bases amricaines, consolid son arme de faon indpendante, fabriqu les bombes atomique et hydrogne, et, rcemment, la bombe

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    * En franais dans le texte.

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    neutrons, en refusant de se soumettre au diktat amricain en cette matire. Dans sa politique actuelle, elle part du principe il vaut mieux me prparer me dfendre dabord toute seule, plutt que dattendre que les Etats-Unis le fassent quand il sera trop tard. Sur ce point il y a une faille entre la France et les Etats-Unis. Ces derniers mois, Carter a tout mis en uvre pour rallier particulirement la France et lAllemagne fdrale toutes les actions des Etats-Unis contre lIran.

    Paris et Bonn ont condamn en principe la prise en otage des diplomates amricains par les Iraniens, mais ils nont pas souscrit aux sanctions conomiques que Washington recommandait de prendre lendroit de lIran, ils lont donc laiss en plan. Cest l aussi une autre faille entre les Etats-Unis, dune part, et la France et lAllemagne fdrale, de lautre. Les Etats-Unis ont condamn loccupation de lAfghanistan par lUnion sovitique; la Chine et lOTAN aussi. Nous lavons condamne galement, mais non pas partir de leurs positions ni de leurs objectifs. Demain, ceux-ci sentendront avec les Sovitiques sur cette question, alors que nous ne le ferons jamais.

    Le prsident amricain a proclam, en guise de sanction contre lUnion sovitique pour son invasion de lAfghanistan, le boycottage des Jeux olympiques qui auront lieu ces jours-ci Moscou-, et il a demand que tous les autres pays les boycottent aussi, mais beaucoup dentre eux, dont la France et mme lItalie, qui a envoy Moscou une quipe dathltisme soi-disant titre officieux, se sont de nouveau dsolidariss des Etats-Unis.

    La France est alle encore plus loin. Giscard dEstaing a rencontr Brejnev Varsovie sans consulter du tout les Amricains. Il sest rendu aussi en visite officielle dans plusieurs pays du Moyen-Orient, o il a mis en doute dans ses discours la valeur du compromis amricano-gypto- isralien de Camp David et propos quelques autres formu-

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    les lastiques propos des droits du peuple palestinien. Sur cette question aussi, on observe une faille entre lesEtats-Unis et la France.

    Mais, mme aprs ces dfaites, Carter a propos, dans le cadre de la dfense de lEurope de lOTAN, dy installer de nouvelles fuses nuclaires, les Pershing-2 et les Cruise.

    Cette proposition contraignante de Carter a t rejete et par Giscard, et par Schmidt. Pourquoi? Apparemment de crainte que, si les Etats-Unis installent leurs nouveaux missiles en Europe, lUnion sovitique ne leur rende la pareille en installant des SS-20, ses nouvelles fuses nuclaires, dans les pays du Pacte de Varsovie. Aussi Schmidt se rendra-t-il prochainement Moscou o, dit-on, il cherchera obtenir des Sovitiques un moratoire de trois ans propos de linstallation des nouveaux missiles en Europe. Carter sest nerv et a crit Schmidt de ne pas aller Moscou et de ne pas discuter avec les Sovitiques de linstallation des nouveaux missiles. Mais Schmidt non plus na pas cd et lui a rpondu par la ngative. A propos de cette lettre, il a mme dclar dans le Washington Post: Jai lhabitude depuis vingt ans dexprimer mes ides sans consulter personne, cest--dire quil na gure lintention de consulter Carter maintenant non plus. Toute cette affaire illustre lunit qui existe entre la France et lAllemagne fdrale et les failles qui se sont fait jour entre elles et les Etats-Unis.

    LEurope unie nest plus effectivement unie. Les querelles, les rivalits et les intrts opposs des Etats de cette espce de Communaut europenne saccroissent au point den compromettre lexistence mme. La Grande-Bretagne, lallie la plus fidle des Etas-Unis, ne veut pas payer la quote-part que lui a fixe le March commun. Naturellement, cela dplat et Bonn, et Paris. La France est favorable une rintgration de la

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    Grce dans les structures militaires de lOTAN et dans le March commun, mais elle soppose lentre de lEspagne et du Portugal dans ces organismes. Giscard sait que lentre des Etats ibriques dans la bergerie des Occidentaux rendrait difficile lcoulement de produits agricoles franais. Dautre part, si les pays de la pninsule ibrique, qui est une vraie base amricaine, adhrent lOTAN, les Etats-Unis auront en Europe, part la Grande-Bretagne, quelques allis de plus.

    A la runion des chefs dEtat et de gouvernement des principaux pays industrialiss du monde, tenue Venise la fin de juin dernier, on a vu staler au grand jour les divergences entre les Etats-Unis et les pays industrialiss dEurope. Au beau milieu de la runion qui avait lieu dans un monastre situ dans une le de la lagune de Venise, lUnion sovitique a lanc un petit mtorite diplomatique Giscard et quelques autres. Moscou annonait le retrait dAfghanistan dune division et dune centaine de chars, mais en y laissant une dizaine dautres divisions, sinon plus. Moscou a ainsi jet un pav dans la mare, mais les ronds dans leau nont pas dur longtemps. Ctait une manuvre diplomatique, mais qui a fait long feu. Cossiga a demand aux Sovitiques de retirer dAfghanistan toutes leurs troupes, mais ceux-ci ont montr leur vrai visage et grinc des dents, en lui disant que non seulement ils ne retireraient plus de troupes dAfghanistan, mais quau besoin ils y en enverraient dautres.

    Le social-imprialisme sovitique attaque avec arrogance le chenil adverse qui se trouve en difficult. Les dirigeants du Kremlin pensent utiliser Giscard et Schmidt cette fin, mais dans quelle mesure et jusqu quand, cest voir. Sil est vrai que lpe sovitique est longue, les autres, eux aussi, ont dgain. Dans cette immense chaudire surchauffe, dans laquelle bout et brle le capitalisme mondial, on voit monter, stendre, crotre en

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    nombre et en qualit les luttes de libration nationale, leurs facteurs objectifs et subjectifs. Les peuples du monde bougent. En dpit des manipulations des diffrentes idologies au service du capital, le proltariat mondial se bat et dirige la lutte de classe.

    Si lon considre cette situation dans son ensemble et dans loptique du marxisme-lninisme, on observera que, sous des formes classiques ou non, la lutte de classes se dveloppe partout dans le monde. Partout, les peuples vivent dans Langoisse, dans une extrme inquitude. Leur mcontentement et leur colre face aux puissances oppressives, nationales ou trangres, saccroissent, montent, se diffrencient et se matrialisent. Les luttes armes de libration nationale des peuples, quels quen soient les dirigeants, le sang des peuples qui se battent pour leur libert et leur indpendance, traduisent leur haine et leur colre contre loppression capitaliste, locale et trangre. Ces peuples en lutte discernent les attitudes antipopulaires des individus ou des. groupes, ils concluent des alliances avec les forces les plus progressistes et les plus rvolutionnaires. Dans chacun de leurs mouvements ou de leurs grves, de leurs manifestations, politiques ou conomiques, ils protestent immanquablement contre les effets dsastreux des graves crises et dnoncent les responsables de leur exploitation et de leur oppression, les forces qui cherchent dtruire lhumanit.

    Dans les pays capitalistes et rvisionnistes, o il y a un parti pseudo-communiste ou deux ou plusieurs partis pseudo-dmocratiques, indpendamment des efforts de chacun deux pour rejeter la faute sur lautre, et du fait que les Etats bourgeois aussi, isolment ou en groupe, saccusent mutuellement, rien na chang; les peuples y sont toujours opprims, mais leur colre et leur rvolte ne cessent de monter. Cette colre et cette rvolte frappent,

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    sous diverses formes et des degrs divers, la bourgeoisie capitaliste et rvisionniste.

    Les peuples se sentent menacs par une guerre imprialiste de rapine. Ils comprennent aussi qui prpare cette guerre, qui en fait les frais et qui elle profite. Dans cette situation on observe deux phnomnes: il y a des gens qui sont encore effrays par la guerre imprialiste; et il y en a dautres qui la combattent. Mais, en dernire analyse, les peuples, sous diffrentes formes, rejoignent la rsistance active, ils sengagent dans les premires phases de la lutte de libration nationale, ils sabotent et enrayent la guerre imprialiste, et finalement se dressent dans la rvolution. Les mouvements et les affrontements dans le monde actuel ne doivent pas tre regards sous langle des gouvernements bourgeois et de leurs partis, qui cherchent conditionner les peuples; ce quil faut considrer cest le fond du problme, la rsistance des peuples et lorientation fondamentale de leurs revendications politiques ou conomiques, qui obligent les directions bourgeoises capitalistes de leurs pays prendre des mesures de rpression draconiennes contre ces mouvements ou, pour rtablir leur situation branle, osciller dun ct et de lautre et sappuyer tantt sur lune, tantt sur lautre des deux superpuissances.

    Les marxistes-lninistes doivent assimiler le matrialisme historique et lappliquer dans la pratique. Ils doivent considrer lvolution du monde et tout changement qui y intervient dans loptique du marxisme-lninisme. Qui soutient loccupation de lAfghanistan par les social-imp- rialistes sovitiques et la considre comme un acte juste et ncessaire, nest pas marxiste, mais antimarxiste. Ceux qui, tout en se disant marxistes-lninistes, essaient de dmontrer que lon ne doit pas considrer comme des patriotes le peuple afghan, les lments de la moyenne et mme de la grande bourgeoisie qui luttent contre les

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    envahisseurs sovitiques, ne sont pas non plus des marxistes, mais des antimarxistes. Qui pense et agit ainsi na rien compris aux enseignements du marxisme-lninisme sur les alliances, les fronts et les luttes de libration nationale. Pas davantage on ne peut considrer comme marxistes-lninistes le jugement et laction de certains camarades communistes ltranger qui ne voient pas le ct anti-imprialiste de la lutte des peuples arabes, du peuple iranien, du monde musulman. Sous-estimer et ne pas mettre profit ces moments anti-imprialistes, se montrer orthodoxe en demandant que ces peuples dresss dans la rvolution rejettent du jour au lendemain leur attachement la religion, leur mode de vie qui en drive, cest pour le moins manquer de maturit idologique marxiste-lniniste.

    Comme lattestent les vnements dIran, les masses populaires jouent un rle important, dterminant, dans laccomplissement de la rvolution. Dans ce pays, ce sont elles qui ont pris la tte du combat et ont renvers la monarchie fodale des Pahlavi, portant ainsi des coups rudes limprialisme. Toutefois, nous ne pouvons pas dire que laveugle fanatisme moyengeux des ayatollahs ait assur aux masses la victoire et les aide faire avancer leur lutte. Les communistes doivent soutenir et aider les masses rvolutionnaires et les forces progressistes dans leur combat. La lutte que celles-ci livrent actuellement permet aux communistes de pntrer en leur sein, de travailler leur juste ducation, denrichir leur propre conception idologique marxiste-lniniste du monde, de sappuyer sur le peuple rvolutionnaire, en premier lieu sur la classe ouvrire, et dapprendre mettre profit toute situation favorable la rvolution.

    Cest ainsi quil faut comprendre et suivre le processus de dveloppement de la lutte des peuples. Ce serait une grave erreur que de confondre et didentifier les

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    sentiments des peuples, de quelque nature quils soient, avec ceux des groupements bourgeois-capitalistes qui sont au pouvoir dans un pays donn. Le peuple gyptien, par exemple, ne doit pas tre identifi Sadate et sa clique, qui, hier encore au service des Sovitiques, se sont mis aujourdhui au service des Amricains.

    Les communistes marxistes-lninistes doivent savoir procder des analyses judicieuses, dfinir la stratgie et les tactiques requises, conclure des alliances favorables la rvolution, entreprendre des actions rvolutionnaires justes et non pas se lancer dans des aventures; ils doivent donc considrer toutes ces tches dans loptique de la thorie marxiste-lniniste, car ce nest quainsi que lon contribue la libration des peuples du joug du capitalisme et quon fait la rvolution.

    Les guerres de libration nationale sont des guerres justes. Elles clatent quand existent et mrissent les facteurs objectifs et subjectifs requis. Les marxistes-lninistes eux-mmes doivent contribuer la cration de ces facteurs. Dans le cas de guerres justes les marxistes-lninistes ne doivent pas rester les bras croiss, mais y participer comme partis ou comme groupes, sils ne sont pas encore organiss en parti, ou mme titre de combattants individuels. Ils ne doivent jamais se sparer des masses qui se battent pour leur libration sociale et nationale. Au contraire, en combattant en leur sein, ils doivent affirmer aussi leurs convictions communistes, sorganiser et assurer le rle dirigeant de la classe ouvrire. Mme sils nont pas encore form leur parti, ils doivent se mettre lavant- garde des masses et, par leur lutte, leurs sacrifices, acheminer la lutte de libration nationale vers la ralisation de ses objectifs dabord minimaux, puis maximaux.

    La cration des conditions ncessaires au dclenchement des luttes de libration nationale est indpendante de la volont de telle ou telle personnalit. Ce sont les

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    situations objectives et subjectives qui dclenchent les luttes de libration nationale, forme suprieure de lalutte de classes. La classe qui se met la tte de la lutte de libration nationale et qui la dirige, est la classe la plus progressiste, le facteur dterminant. Et la plus progressiste entre toutes est la classe ouvrire. Cest elle qui doit diriger la lutte de libration nationale. Et si, au dbut de la lutte, elle na pas encore affirm sa position de force dirigeante, elle nen doit pas moins se tenir la pointe du combat et sexposer le plus pour sassurer la direction politique et militaire de la lutte de libration nationale, lui faire atteindre ses objectifs et raliser ainsi ses propres aspirations.

    Dans ltat actuel de lvolution mondiale, les partis marxistes-lninistes, la classe ouvrire et ses allis ventuels, les larges couches de la paysannerie et de lintelligentsia progressiste, doivent non seulement se rendre compte clairement du danger dune nouvelle guerre imprialiste mondiale, mais aussi sorganiser et affirmer sous mille formes leur volont de prvenir cette guerre exterminatrice, dmasquer la dmagogie et. la fausset des slogans dmocratiques du capital asservissant, chapper aux chanes contraignantes des divers partis pseudo-dmocratiques et pseudo-populaires forms par la bourgeoisie.

    Toute situation nouvellement cre, dans chaque pays et au sein de chaque peuple, nimporte quel moment, doit tre lobjet dune tude attentive, dont il faut, sur la base des principes du marxisme-lninisme, tirer des conclusions pour dfinir les actions rvolutionnaires progressistes communes entreprendre. Rien ne doit chapper la vigilance rvolutionnaire de ceux qui se battent pour la grande cause de leur peuple, de tous les peuples. Les marxistes-lninistes doivent mettre profit toute volution de la situation. Il sagit dune lutte mener chaque jour, car cest seulement ainsi que la grande avalanche de

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    la rvolution crasera les ennemis des peuples et apportera la libert et le progrs, linstauration de la socit socialiste, puis, de la socit communiste.

    Cest pourquoi, dans cette situation de grande crise conomique du capitalisme mondial, les communistes marxistes-lninistes, o quils soient, doivent dfinir clairement la position et la ligne quil leur faut adopter, mais aussi savoir appliquer cette ligne. Dans ces situations si compliques, o lon voit se heurter des intrts de classe, qui ne sont pas nettement tranchs mais complexes et interdpendants, seul un parti communiste marxiste-lniniste authentique peut distinguer clairement o sont les avantages et les inconvnients, o et qui sont ses amis et ses ennemis, seul un tel parti peut savoir qui sallier et qui combattre, comment lutter et faire avancer son combat.

    Les Superpuissances

  • LE TRAVAIL DU PARTI DOIT TRE CONU COMME UNE SCIENCE ET EXCUT DE FAON SCIENTIFIQUE

    Extraits dun entretien avec les membres du bureau du Comit du Parti et quelques cadres de la rgion de Kore

    18 juillet 1980

    Je me rjouis de vous rencontrer, camarades cadres responsables du Parti et du pouvoir ici, dans la ville de Kore. Cette rencontre me donne loccasion de connatre votre travail, la vie du Parti et la vtre dans votre district, et de procder avec vous un change de vues. Vous, camarades de la base, avez acquis une longue exprience au travail et cest pourquoi je voudrais quavec vos ides et votre prcieuse exprience vous mapportiez votre aide. Si la base nappuie pas la direction, cette dernire aura les ailes rognes. Et je ne le dis pas par modestie, mais parce que cest la ralit. Ne pensez donc pas que je suis venu cette rencontre pour vous donner des conseils et des instructions particulires. Non. Je pense que ce qui est primordial cest lchange de vues entre nous, puis, lorsque nous aurons t clairs par lexprience du travail du Parti et du pouvoir dans votre district, nous ferons ensemble quelques synthses et aboutirons quelques conclusions pour faire encore avancer le travail, nous devons donc nous entraider. Limportant pour moi est de connatre quelques problmes-cls capitaux concernant le dveloppement de lindustrie, de lagriculture, de la science et de la culture ici

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    Kore, parce que ce sont prcisment ces secteurs qui refltent toute lactivit et le travail mens par le Parti et le pouvoir dans votre district.

    Aprs que le premier secrtaire du comit du Parti du district de Kore eut inform le camarade Enver Hoxha sur la bonne situation morale et politique d la population dans le district de Kore, de la mobilisation de la classe ouvrire et de la paysannerie coopre dans la lutte pour la ralisation du plan dEtat, sur le travail men pour lducation des communistes et des travailleurs, sur la ralisation des tches dans les travaux de dfense et dans lentranement militaire, sur linfusion de sang nouveau dans les rangs du Parti, le camarade Enver Hoxha a repris la parole:

    Moi aussi, je suis daccord avec le camarade premier secrtaire du comit du Parti du district en ce qui concerne tes problmes quil a analyss et je pense quil a trait clairement ceux qui proccupent le Parti dans la rgion et dans le pays en gnral. Son expos ma donn une ide gnrale et exacte des choses, ce qui me fait penser quici, Kore, vous jugez bien les problmes non seulement du point de vue thorique, mais aussi pour la mise en uvre des directives du Parti. La direction du Parti connat cette situation; mais lexpos qui vient dtre fait ma inform encore mieux que lactivit de direction du Parti dans la rgion a donn des rsultats satisfaisants et tangibles qui se font jour dans le dveloppement progressif de lconomie, dans llvation du bien-tre de la population et du niveau moral, politique et culturel des larges masses travailleuses de la ville et de la campagne, de la classe ouvrire, des cooprateurs et de lintelligentsia populaire.

    Naturellement, comme vous lavez dj dit, camarade secrtaire, quels que soient les progrs enregistrs, il nous reste encore beaucoup faire. Compte tenu du stade actuel du dveloppement de notre pays, du stade lev de ldification du socialisme, mais aussi de la situation inter-

  • nationale, notre Parti et ses courroies de transmission, se fondant sur les succs obtenus, doivent passer du stade actuel un autre stade encore plus lev et plus perfectionn de leur travail, de leur organisation, de leur lvation politique, idologique et culturelle en vue de donner une bien plus forte impulsion lessor et au renforcement de lconomie et de toute notre socit socialiste.

    Prcisment cette proccupation du Parti a fait, comme vous le savez, ces derniers temps, lobjet dune runion du plenum1 du Comit central du Parti sur les problmes du dveloppement de la science, de la technique et du travail de recherche scientifique dans notre pays. A ce plenum trs important, qui est pour ainsi dire le prlude du congrs de notre Parti qui tiendra ses travaux lanne prochaine, le Comit central du Parti sest fond sur les orientations prcites raliser, savoir le passage du stade actuel un stade plus lev, plus avanc, en un laps de temps bien plus bref.

    Je crois que vous vous prparez tudier comme il se doit les matriaux de ce plenum du Comit central du Parti. Il ne sagit pas ici dune question aussi simple quon peut traiter superficiellement et la lgre, mais, au contraire, dun problme trs important. Cest pourquoi il est indispensable dtudier fond ces matriaux parce que, comme cola a t soulign au plenum, il faut dabord bien analyser la situation existante, en la considrant sous toutes ses coutures et puis bien mesurer le pas que nous devons faire en avant.

    La science et la technique ne doivent pas tre conues comme tant un but en soi. Ce nest pas ainsi que notre Parti et notre gouvernement les considrent. Il nest pas question ici dune science pure, de science pour la science.

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    1 Le 8e plenum du Comit central du PTA se runit du 24 au 25 juin 1980 (Voir Enver Hoxha, uvres choisies, d. fr., t. 5, pp. 1037-1067, Editions 8 Nntori, Tirana, 1985).

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    Au contraire, il sagit dune science avance qui sera mise en pratique et fournira des rsultats dans les conditions de notre pays. En marxistes-lninistes que nous sommes, nous devons tre ralistes et mesurer soigneusement chaque pas que nous faisons en avant.

    La science mondiale a beaucoup avanc dans bien des sens, de nouvelles dcouvertes importantes ont t faites dans tous les domaines, de lnergie atomique la cyberntique, de lagriculture la mdecine, etc. Naturellement, partout et paralllement, sest dveloppe la technique approprie qui permettra de mettre en pratique cette science avance. Nous aussi, nous nous acheminons dans la voie dun tel dveloppement, mais naturellement dans la mesure de nos possibilits et de nos forces. Cela ne doit nullement empcher nos hommes de science denrichir encore leurs connaissances, ils doivent avancer de pair avec les grandes dcouvertes de lpoque et faire des efforts opinitres pour assimiler inlassablement les nouvelles connaissances et dcouvertes qui viennent enrichir chaque domaine de la science. Il est important de ne pas perdre de vue que nos hommes de science doivent assimiler plus en ampleur et en profondeur les acquis de la science universelle et les appliquer en temps opportun et rationnellement dans les conditions de notre pays. Cela stimulera grandement lessor conomique, scientifique et idologique de notre pays et lui permettra, dans un bref laps de temps, dobtenir dimportants rsultats que dautres Etats ont mis beaucoup de temps obtenir.

    Nous ne sommes pas contre les rsultats scientifiques positifs obtenus par les autres pays. Lassimilation et le dveloppement de la science ne dpendent pas de la question de savoir si telle ou telle loi a t dcouverte par tel chimiste ou tel physicien. Les dcouvertes faites dans le domaine de la physique nuclaire par les professeurs Niels Bohr et Enrico Fermi, indpendamment du fait que ce furent des bourgeois, ainsi que les dcouvertes des clbres

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    savants comme les Curie, qui furent les premiers dcouvrir la radioactivit, ont fait un don prcieux lhumanit. Nous devons assimiler cette richesse et la mettre au profit du peuple. Dans les pays capitalistes et rvisionnistes, la science et le dveloppement technique et scientifique sont accapars par les capitalistes et les rvisionnistes qui les utilisent non pas au profit de la socit et de lhumanit, mais pour exploiter les masses, pour dominer et asservir les peuples.

    Si nous avons orient les travaux du plenum du Comit central du Parti dans ce sens, cest pour la simple raison que nous voulons dbarrasser le Parti et tous les organes de lEtat, de la culture et de lconomie des rsidus des sentiments dautosatisfaction, de la routine, du laxisme et de la bureaucratie, et dire au Parti que nous nous engagerons avec nergie et clairvoyance sur des chemins explors et que nous mettrons mieux la science et le progrs technique au profit du dveloppement de lconomie, de la formation de lhomme nouveau et du renforcement de la capacit de dfense de notre pays.

    Il faut concevoir le travail du Parti comme une science et lappliquer scientifiquement afin dobtenir des succs dans ces domaines. Le camarade secrtaire a bien fait de consacrer la partie principale de son expos au travail du Parti. Savoir assimiler la ligne du Parti et lappliquer correctement, cest une science. Les communistes travaillent partout, dans tous les secteurs de la vie, dans lindustrie, dans lagriculture, dans le domaine de lducation et de la culture et dans larme. Nous devons comprendre que le travail du Parti est la force spirituelle qui lve le niveau du communiste un degr tel quil applique comme il se doit les tches qui lui incombent.

    Un communiste doit promouvoir constamment la rvolution socialiste, porter un niveau suprieur le bien- tre de la population pour que les gens soient sains et se

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    dveloppent sous tous les aspects. Le Parti doit concevoir et guider tout son travail la lumire de lidologie marxiste-lniniste, du matrialisme dialectique et historique, en ayant bien en vue les conditions concrtes historiques de notre pays, la manire dont nous avons assur notre marche en avant, notre passage de lancienne socit fodale et bourgeoise la socit socialiste, pour tendre arriver, lavenir, au communisme.

    Il va sans dire que nous devons redoubler defforts au travail pour pouvoir progresser plus rapidement encore. Cest pourquoi, je le souligne, le travail des appareils du Parti doit surtout tre conu comme une activit scientifique et non pas comme une routine et un travail bureaucratique.

    Prenons, par exemple, le problme des admissions au Parti. Nous disons quil faut prserver les proportions quant au rapport existant entre femmes et jeunes filles, ouvriers et cooprateurs, et avoir toujours en vue lextension de ses effectifs dans tous les secteurs, A la campagne, comme vous venez de le dire, camarade secrtaire, presque toutes les quipes dagriculteurs ont leur organisation de base du Parti. Cest un acquis trs important, Nous constatons donc que dans ce sens on travaille, on va de lavant suivant les directives donnes, mais la question se pose de savoir comment on conoit ces problmes.

    Compte tenu de lexprience du Parti dans son en- semble, je pense qua cours une certaine conception bureaucratique et schmatique de ces problmes-cls du Parti Quand nous admettons dans les rangs du Parti des jeunes filles et des femmes, nous ne le faisons pas simplement pour dire: Regardez, dans notre Parti il y a aussi des femmes et des jeunes filles, mais parce quelles constituent la moiti de notre socit et que leur niveau de formation gnrale est lev un degr qui les rend dignes dtre membres du Parti. Voil la faon de concevoir correctement et scientifiquement ce problme. Ou encore, quand on dit

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    que les ouvriers doivent constituer limmense majorit, le plus grand pourcentage des membres du Parti2, cela veut dire que la classe ouvrire est la direction. Nous devons tout prix appliquer ce principe sans aucune discussion. Mais il sagit quil soit compris scientifiquement. Nous devons admettre dans le Parti des ouvriers qui mritent den tre membres, et non seulement parce que ce sont des ouvriers. Je souligne cela parce quil y a une catgorie douvriers qui nont douvriers que le nom et que leur travail et leur conduite laissent beaucoup dsirer.

    Cest pourquoi il convient dexaminer trs attentivement le comportement de louvrier dont on discute ladhsion au Parti, de regarder comment il travaille pour lexcution des directives de celui-ci, de ses conseils pour le rendement et le cot de production, comment il respecte la discipline, etc., etc., de regarder sil travaille vraiment de faon sriger en exemple pour les autres.

    Pour un problme-cl comme celui des admissions au Parti, nous ne devons donc pas nous contenter seulement de quelques chiffres. Nous tiendrons compte naturellement des pourcentages fixs par le Comit central du Parti qui chaque anne corrige et donne des instructions et des conseils concernant ces rapports. Bref, ce que je veux dire, cest que le travail du Parti men tant dans les appareils ainsi que dans la vie de tous les jours doit tre considr comme une des sciences les plus avances. Les conclusions scientifiques fondes sur les enseignements de Marx, Engels, Lnine et Staline, nous les voyons appliques dans la vie et matrialises dans la solution que nos gens apportent tel ou tel problme; dans les cas o quelquun met la charrue devant les bufs, cest--dire quil navance pas dans la voie du Parti, nous lui disons halte!.

    2 En 1986, 39,2 pour cent des membres du Parti taient des ouvriers.

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    Toutes ces questions vues dans une optique scientifique par le Parti jouent un rle important, dcisif mme, dans lheureuse application de tout le programme du Parti dans tous les secteurs de la vie. Cest un programme guid et inspir par une science rvolutionnaire et par lidologie marxiste-lniniste.

    Les problmes traits par le 8e plenum du CC du Parti et les tches quil a fixes dans les grandes lignes seront encore mieux concrtiss par le futur congrs du Parti. Je vous recommande, vous conseille, comme je lai dj fait, dans le travail que vous effectuez et que vous effectuerez pour tudier les matriaux de ce plenum, de vous engager profondment dans des dbats rvolutionnaires sans vous perdre dans des discussions formelles. Dans les runions que vous organiserez que soient prsents des rapports, je ne suis pas contre une telle pratique, mais ces rapports ne doivent pas devenir un but en soi. Le rapport et les discussions dans ces runions ont pour but dapporter une aide concrte la bonne marche du travail. Quand quelquun se met discuter des importants problmes scientifiques, dont la juste solution contribuera promouvoir le dveloppement de notre pays, il doit pralablement avoir fix certains objectifs. Un tourneur, par exemple, peut dire beaucoup de choses concrtes sur son travail et expliquer comment doit tre fabriqu tel ou tel instrument; il na pas faire de la haute philosophie, il lui suffit de parler simplement de son tour. Un tourneur est capable de traiter de ces problmes et de les argumenter mieux, dirais-je, que le secrtaire du comit du Parti du district. Aprs avoir fait un expos de la situation, le tourneur peut dire: Si nous voulons progresser, camarades, nous devons tirer le maximum de ce tour, faire ceci et cela, car de la manire dont nous travaillons, avec une discipline insuffisante et cette technologie dpasse, on ne peut aller de lavant. Je peux proposer lapplication, dans la mesure de nos possibilits, dun autre

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    processus technologique qui soit plus moderne; le tour est un instrument moderne, modernisons-le encore. Et il peut terminer en proposant au gouvernement de fournir son usine quelques tours spciaux.

    Toutes les ides et les propositions sur le problme analys doivent tre avances avec courage. Puis nous nous mettrons avec toute notre attention les tudier pour voir lampleur de nos ailes et y conformer notre vol. Nous dirons en conclusion: nous acceptons cette proposition-ci, pas celle-l, parce que, actuellement, nos possibilits nous font dfaut et si ces possibilits se crent pour nous demain, nous laccepterons aussi. Cela veut dire que nous ne rejetons pas la proposition.

    Comme je lai dj dit, on coutera des rapports et nous sommes persuads que les camarades (pas seulement ceux qui prennent la parole mais aussi tous les autres) ont la tte pleine de bonnes ides. Alors quest-ce qui les empche dexprimer ces ides, de les faire couler de leurs ttes comme ces torrents qui se jettent dans le fleuve, de les noncer selon leur jugement. Cela, il faut le faire, cest tout lavantage du Parti, de notre dveloppement socialiste sur toutes les questions, celles de lindustrie, de lagriculture, de linstruction, de la dfense, etc. Dans tous ces secteurs, comme vous le savez, et je nai pas besoin de vous le rpter, il y a lieu de faire des amliorations, de raffermir davantage lorganisation et deffectuer des changements qualitatifs. Et cest en cela que rside la force de notre Parti. Quiconque, chaque communiste, partout o il travaille, doit connatre avant tout son mtier et le considrer rellement comme une arme pour mettre en uvre les directives vivifiantes du Parti. Les communistes sont capables non seulement de parler et de discuter, mais aussi et en premier lieu, de raliser, dorganiser, de faire des propositions, dexercer des contrles. Le Parti a toujours pos ces

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    problmes et il nous faut actuellement appliquer encore mieux ses recommandations et ses directives.

    Mais lapplication des directives du Parti, camarades, et la juste comprhension des problmes doivent tre mesures aux ralisations. Vous pouvez tre un bon camarade, honnte, avoir un pass irrprochable et avoir particip la guerre (personne ne vous nie la contribution que vous y avez apporte et votre ardent dsir de travailler sans relche pour le bien de la patrie jusqu la fin de vos jours) mais, avec le temps (et cest une loi biologique), en dpit de vos capacits intellectuelles, vos forces vous empchent de travailler autant quun jeune homme ou une jeune fille, qui sont capables de raliser plus rapidement et mieux les objectifs du plan.

    Notre Parti a travaill de telle faon quil sest cr aujourdhui un bon nombre de cadres. En mme temps que ceux-ci, les larges masses des travailleurs, les ouvriers et les cooprateurs ont lev eux aussi leur niveau de formation technique et professionnelle. Il faut donc que les anciens ouvrent la voie, ouvrent des horizons de travail, de direction et dorganisation aux jeunes cadres prpars par le Parti et quils les chargent de responsabilits propos de divers problmes. Bref, nous devons faire en sorte que la jeune gnration rnove constamment et de faon positive le travail imprissable du Parti.

    Aujourdhui, aprs 35 annes de vie libre, socialiste, nous ne pouvons pas dire que nous manquons dexprience. Les rsultats enregistrs dans tous les secteurs montrent que nous sommes partout en vigoureuse croissance. Pourtant, nous navons pas ralis dans quelques postes les plans fixs. Quelquun peut se demander: Avons-nous bien tudi ces plans ou ont-ils t labors sans une mre rflexion et sans une tude approfondie, lacunes qui seraient la cause de leur imparfaite ralisation? Je ne peux pas dire que llaboration de ces plans a toujours t parfaite.

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    Non, llaboration des plans ne peut tre parfaite et elle peut tort bien comporter des erreurs. Mais, en gnral, nos plans quinquennaux ont toujours t scientifiquement fonds. Malgr tout, nous savons bien que nous sommes loin davoir appliqu la science dans chaque secteur en fonction de la ralisation du plan. Il nous faut donc travailler davantage dans ce sens. Dans llaboration de nos plans nous devons nous fonder sur la science et, crayon en main, nous appuyer galement sur lexprience avance.

    Nous constatons, et cest encourageant, quil y a dans les coopratives agricoles et dans les usines des groupes, des quipes et des individus qui non seulement ont ralis les plans que nous avons fixs, mais qui en ont mme dpass les objectifs prvus. Je ne veux pas mattarder ici vous montrer comment ils ont dpass les objectifs du plan parce que vous le savez dj. Nous, la direction, nous connaissons les rsultats tandis que vous, vous constatez concrtement le travail accompli par les quipes dans les coopratives et par les ouvriers dans les usines, la volont, la discipline et la clairvoyance qui les caractrisent, la vision politique claire quils ont des tches du plan et leurs efforts pour les raliser tout prix. Et, en fait, ils russissent mme dpasser les objectifs fixs. Pourquoi? Pour se distinguer ou dans leur intrt particulier? Non, ce ne sont pas l les motifs. La ralit mme lexplique clairement. Dans une quipe qui russit obtenir 45 quintaux de bl ou 80 ou 90 quintaux de mas lhectare, le salaire quotidien est le mme pour tous les cooprateurs membres de cette quipe, il est gal aussi au salaire des membres dune autre quipe de la mme exploitation qui obtient 25 ou 29 quintaux de crales lhectare.

    Do la conclusion que cest lintrt gnral de la socit qui stimule ces groupes de gens, ces individus davant- garde obtenir ces importants rsultats dans leur travail. Nous devons concevoir lexemple des travailleurs davant-

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    garde non seulement comme un grand mouvement pour raliser les plans conomiques (cela, certes, est fondamental), mais aussi comme un problme politique et idologique, comme une nouvelle attitude lgard du travail qui aide liminer les survivances du pass. Certains membres dune brigade davant-garde peuvent conserver dans leur mentalit des survivances du pass et les manifester, par exemple, au sein de leur famille et de la socit. Bien sr, il faut quils se corrigent et quils aillent tous ensemble de lavant dans tous les domaines. Quand nous voyons que les masses travailleuses ont une large vision politique et idologique de limportant problme quest la ralisation du plan, cela nous rchauffe le cur et nous convainc que notre plan correspond nos possibilits.

    Actuellement, on est en train dlaborer le 7e plan quinquennal et vous tous, camarades, la base, vous avez discut comme dhabitude de ce problme et avez fait des suggestions pour certains de ses postes. Les ministres sont en train dtudier ces indications, qui seront analyses par le gouvernement et soumises lexamen du Bureau politique du Comit central du Parti. Le plan est prpar par la base et, en gnral, la base ont lieu des dbats, mais dans certains cas il ny en a pas et souvent on observe mme un certain formalisme, ce qui. sans aucun doute est nocif. Des questions comme, par exemple, celle de la ralisation du plan, doivent faire lobjet de dbats, de confrontations. Et si ces dbats sont organiss dans le juste esprit du Parti (cest--dire pour ne pas diminuer les grandes chiffres dorientation, mais au contraire les lever en suivant lexemple des travailleurs davant-garde), le plan non seulement correspondra la ralit des choses, mais sera accompli avec succs tous ses postes.

    Nous devons connatre les dcisions prises par le Comit central du Parti sur les diffrents problmes. Le Parti naffirme pas que son Comit central analyse cor

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    rectement tel ou tel problme pour se vanter mais parce que, effectivement, toutes les orientations quil donne sont justes. Ce qui nous proccupe actuellement, cest le problme de lorganisation et de la direction du travail pour leur mise en uvre. Et cette tche, entendons-nous, nincombe pas seulement la base, mais aussi au centre parce que nos affaires sont troitement lies entre elles, la base ne peut tre coupe de la direction pas plus que la direction ne peut ltre de la base dans les bonnes comme dans les mauvaises situations. Il arrive que la base ne ralise pas ses tches pour des raisons subjectives, mais la direction aussi ne ralise pas beaucoup de choses dont la base a besoin, et cela cause dune imparfaite organisation du fait de d- fiences dans la direction, le contrle et parce quelle manque de persvrance dans la solution des problmes poss.

    Le plan que nous venons dlaborer actuellement est un plan effectif comme tous nos plans prcdents. Les communistes, les travailleurs, la jeune et lancienne gnration ne doivent jamais perdre de vue que le Comit central du Parti a toujours donn des directives et a pris des dcisions bien adaptes aux situations. Cest prcisment lvolution des situations qui a oblig le Parti prendre de nouvelles dcisions pour divers problmes. Cest ce dont tmoignent toutes les directives et les dcisions du Comit central du Parti. Toutes ces questions sont lies entre elles et constituent les anneaux dune mme chane. Aussi est-il important non seulement pour nous, communistes et cadres de la gnration, qui sommes en train de vivre lapplication de ces directives et dcisions, en particulier des plus rcentes, qui les avons labores, adoptes et appliques nous-mmes, mais aussi pour la jeune gnration, de les tudier, approfondir et relier entre elles afin de les comprendre et dtre en mesure de les analyser et de les excuter de la meilleure faon en se rendant bien compte de leur importance pour la marche en avant de notre pays.

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    Je souligne cela parce que certains camarades, aprs avoir pris connaissance des dcisions du plenum concernant les problmes de la science et de la technique, disent Ah... cest a, les dcisions? Il est vrai que le Parti a dj pos bien des fois ces questions mais pas de cette manire, parce que, dsormais, nous visons atteindre un stade plus lev de dveloppement de la science et de la technique. Nous avons pris beaucoup de dcisions qui ne sont pas restes lettre morte mais qui ont t ralises. Pour user dune image, je dirais que nous nen sommes plus la lettre A ni Z, cest--dire au communisme, mais que nous sommes aux trois quarts de lalphabet. En dautres termes, cela veut dire que nous ne manquons pas dexprience pour rsoudre ces problmes. La ligne du Parti doit tre comprise dans la dialectique mme du dveloppement matrialiste de notre socit.

    Pendant cette priode nous sommes bien certains que le plan que nous allons laborer sera, lui aussi, un plan trs dense, qui sera ralis avec succs grce llan rvolutionnaire des travailleurs et aux dcisions du 8e plenum et du Congrs du Parti qui tiendra ses assises en 1981. Les gens de chez nous, en bloc, depuis ceux de bas niveau de formation culturelle jusqu ceux qui sont dots dune vaste culture, doivent satteler la tche pour raliser et dpasser les objectifs du dveloppement plus pouss de notre socit socialiste.

    Le 7e plan quinquennal se fonde sur les rsultats obtenus jusqu prsent, mais nous allons nous employer faire en sorte que sa ralisation marque une transformation encore plus grande au sein de notre socit, que le bien- tre de la population soit port un niveau encore plus lev sous tous les aspects, afin de jeter galement ainsi les solides fondements de nos plans futurs. Nous allons aborder et tudier ds prsent et pour les plans futurs beaucoup dimportants problmes concernant notre industrie

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    nergtique, nos mines et les engrais azots que nous produisons. Le plan que nous sommes en train dlaborer constitue donc une base encore plus solide pour nos perspectives, nous travaillons pour le prsent et pour le futur. Cest ainsi, camarades, quil faut comprendre les travaux du rcent plenum du Comit central du Parti. Ses dcisions ne doivent jamais tre dissocies dans notre esprit des objectifs du 7e plan quinquennal.

    Pendant ce court entretien avec vous je ne pense pas entrer dans des dtails. Il est de fait que dans notre travail nous avons enregistr pas mal de succs, mais, comme vous le savez, nous avons aussi commis des erreurs que vous avez mises en vidence. Nous ne devons pas les sous-estimer, parce que, en certains lieux et certains moments, elles sont aussi alimentes par la pression trangre. Et si le Parti ne prend pas de mesures pour les corriger, sil ne conseille ni duque correctement les fautifs, alors les erreurs peuvent devenir dangereuses. Si donc le Parti dort, les erreurs saggraveront coup sr et deviendront un obstacle important et mme dangereux pour notre ordre socialiste. Quelquun dira la lgre: Au fond, cet homme na commis quune petite erreur, il ne faut pas trop lui en faire grief parce quil sest battu durant la Lutte. Entendons-nous, nous ne disons pas de traduire en justice ceux qui commettent des erreurs. La mesure de la sanction dpend de la gravit de lerreur et de la faute que tel ou tel ont commises. Nous pouvons pardonner quelquun mme une grosse erreur sil la commise sans le vouloir et quil sagisse dune personne qui sest toujours distingue par son honntet. Il faut la conseiller et nous assurer quil ne commettra plus derreurs. Mais il y a des personnes qui commettent des erreurs et. malgr tous les conseils quon leur donne, ne se corrigent pas. Le mal. avec le temps, simplante profondment chez ces gens qui deviennent dangereux et exercent une mauvaise influence sur les autres en les

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    engageant dans leur mauvaise voie. Et de pareils cas ne manquent pas.

    Le Parti doit attacher de limportance ces problmes parce quils concernent lducation idologique et politique de notre homme nouveau. Il faut que lorganisation de base soit un dtachement davant-garde qui fasse fonction de guide partout, lusine, dans les coopratives agricoles et dans les quipes de cultivateurs, quelle joue le premier rle pour la solution de chaque problme. Lorganisation du Parti, l o elle milite, doit stimuler la masse des ouvriers raliser le plan et respecter la discipline.

    Lorganisation de base du Parti dirige travers ses membres qui doivent sriger en exemple tous gards, faire preuve dinitiative et stimuler la masse afin quelle ralise ses tches. Par son action, quelle soutienne les jeunes, leur donne la possibilit de sexprimer librement et dinsister pour que la direction de chaque entreprise, de chaque usine, cooprative agricole et institution discute et tudie attentivement toute proposition faite par un camarade ou un groupe de gens. Quelque directeur dentreprise ou prsident de cooprative pourra dire: Allez, laissons tomber a. Le secrtaire de lorganisation doit lui rpondre: Non, tu ne sortiras pas de ton bureau sans avoir dabord cout avec attention ce que je texpose; si tu juges que jai tort, contredis-moi avec des arguments lappui et alors jirai dire aux camarades de lorganisation que cette tche est pour le moment irralisable et que telle ou telle proposition nest pas juste. Cest dans cet esprit que doivent travailler les organisations de base du Parti.

    Pourquoi demandons-nous que chaque atelier dentreprise et chaque quipe de cooprative agricole soient dots de leur propre organisation de base du Parti? Parce quil faut quelle y dirige tout le travail afin que celui-ci marche le mieux possible. Mais ce qui est primordial pour le Parti, cest de cultiver chez les gens de chez nous les traits

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    de lhomme nouveau, Si tel ou tel est disciplin, honnte, actif et tudie le marxisme-lninisme, tous ces traits se reflteront dans son travail et on sait que cest travers le travail que se ralise lducation. La critique ou lloge ladresse de quelquun doivent tre faites l o il travaille. Nous devons veiller ce que lorganisation de base du Parti ne devienne pas une instance o lon discute et rsout les problmes qui peuvent tre rsolus dans le travail, sinon on passera le temps la runion de lorganisation du Parti soccuper de ces questions, alors quelle est confronte des problmes plus importants qui doivent tout prix tre poss et rsolus au cours de ses runions. Dans le cours mme du travail, tel ou tel travailleur (communiste ou non) peut fort bien dire un camarade qui se montre ngligent, qui nest pas disciplin et qui ne se comporte pas bien avec les camarades, etc.,: Pourquoi te comportes-tu comme a? Pourquoi vient-tu en retard? Pourquoi ne mets- tu pas bien profit le temps de travail? Tu ne fais pas bien de te comporter ainsi, tu dois avoir de bons rapports avec les camarades. Ainsi, dans le cours mme du travail, il conseille un camarade et le critique. Si la personne critique est membre de lorganisation du Parti ou de lorganisation des Unions professionnelles, de la jeunesse, etc., elle rpond: Tu as raison, camarade, indpendamment du fait que je suis ou non communiste, je tiendrai compte de ta critique et je ferais tout mon possible pour marcher du mme pas que les camarades les plus mritants. Et, en gnral, cest ainsi que les choses se font dans la pratique.

    Par ailleurs, quand les manquements la discipline sobservent sur une plus grande chelle, au niveau de lquipe. du secteur, de la cooprative, de latelier ou de lusine, alors la question doit absolument tre soumise la runion de lorganisation, parce quil ne sagit plus dune personne. Cest ainsi que doit agir le Parti propos de ces questions. Le secrtaire de lorganisation du Parti de latelier, de toute

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    lusine ou de la cooprative doit se maintenir en contact avec la masse des ouvriers ou des cooprateurs, couter leurs propositions, se faire une ide gnrale de leur travail et de leurs proccupations, etc., etc. Cest l le travail vivant du Parti. Cest ainsi que nous pouvons liminer plus vite et en temps opportun beaucoup derreurs et duquer beaucoup de fautifs. Notre Parti a une grande exprience dans ce sens. Notre Parti a duqu mme des gens que lon tenait pour incorrigibles. Il ont t convaincus de la justesse de sa ligne, ont pris conscience de leur faute et se sont corrigs.

    Chers camarades, le dveloppement continu de lindustrie avec les grandes perspectives quelle ouvre, revt une extrme importance. Une des orientations fondamentales de notre futur plan quinquennal sera le dveloppement priori-

    taire de notre industrie. Naturellement, on ne peut pas dire que lindustrie que nous possdons est des plus modernes. Nous ferons tout notre possible pour importer dans lavenir des machines modernes. Nous avons planifi dim- porter des fabriques, des usines et des chanes de fabrication nouvelles. Mais le fait est que celles-ci elles seules ne permettent pas un dveloppement important et gnral du pays. Actuellement, notre industrie nest pas vieille, mais on ne peut dire non plus que sa technologie soit moderne. Par consquent, il incombe surtout nos spcialistes (parce que nous avons des spcialistes de talent) et nos ingnieurs qui possdent un haut degr de qualification et dpassent les spcialistes que nous envoyaient les Chinois, de satteler srieusement la tche afin davancer hardiment aussi dans ce domaine. Et nous avons obtenu des succs dans ce sens.

    Le fait est que notre peuple est modeste. Et les cadres qua prpars le Parti ont ces mmes traits. A lpoque, nous considrions les spcialistes chinois, sovitiques et mme yougoslaves comme des amis, nous les avons respects et couts avec attention et modestie. Maintenant que

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    nous voyons le travail que font nos cadr.es dans tous les secteurs de lindustrie et que, rtrospectivement, nous analysons la capacit des spcialistes trangers envoys chez nous il y a longtemps et celle des ntres, nous pouvons dire sans nous vanter quil ny a pas de commune mesure entre ceux quon nous envoyait (pour la plupart du temps des fins malveillantes) et nos spcialistes capables.

    Vous avez entendu que dans le secteur du ptrole nous avons obtenu de bons rsultats, de nouveaux gisements ont t dcouverts qui revtent une grande importance. Et tous ces gisements lont t par nos ouvriers, techniciens et spcialistes. Ni les spcialistes sovitiques ni les spcialistes chinois nont jamais entrepris ce travail avec srieux. Ils ont sabot ce secteur dimportance vitale pour notre conomie.

    On peut en dire autant en gnral des autres branches de lindustrie. On sait que les Chinois nous ont accord des crdits, ils nous ont aids mettre sur pied une industrie mtallurgique, mais en mme temps ils ont sabot beaucoup dtablissements et laiss en plan nombre douvrages de cette industrie importante. Actuellement, les gens de chez nous se sont attels avec comptence au travail afin de terminer la construction des objets du complexe mtal- lurgique et damliorer tous ses tablissements.

    Nous navons cess denvoyer des cadres ltranger pour quils lvent leur niveau de qualification ou enrichissent leur exprience, pour quils y voient concrtement le degr de dveloppement de divers secteurs conomiques, comme les industries chimique, mtallurgique, etc.

    Je voudrais souligner une fois de plus que, dans les conditions actuelles, il incombe nos scientifiques, savants, matres et cadres qualifis damliorer constamment et rapidement la technologie de notre industrie. Il importe aussi quils tudient encore les problmes de notre conomie, de notre industrie, de notre agriculture, etc. Vous ntes pas sans savoir que des groupes de travail ont t

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    mis sur pied cette fin. Vous nignorez pas non plus que le 8e plenum du Comit central du Parti a dcid de fonder le Comit de la science et de la technique, qui organisera, soutiendra et dirigera le travail de recherche dans le pays entier. De ce comit feront partie nos meilleurs chercheurs de chez nous, les plus forms et les plus comptents dans diverses disciplines scientifiques. Puis, tous, spcialistes, matres et ouvriers, o quils travaillent, tcheront daccomplir leurs tches, de progresser aussi eux-mmes.

    Je voudrais maintenant noncer quelques ides sur notre agriculture. Ce secteur constitue la base de toute notre conomie. Je ne dis l rien de neuf, mais je tiens souligner la grande importance des progrs quenregistre cette branche. Notre peuple a besoin non seulement de pain, mais encore de vtements. En outre, la ralisation des tches qui incombent dautres branches galement, comme, par exemple, lindustrie, dpend dans une grande mesure, de lagriculture. Lindustrie que nous avons mise sur pied a besoin de matires premires que lui fournit lagriculture, coton, tournesol, betterave sucrire, tabac, lgumes, etc. Tous ces produits sont ncessaires au mieux-tre de la population, un meilleur approvisionnement de celle-ci en toute saison, une valorisation de nos exportations.

    Nous vivons dans une situation o lagriculture revt pour notre pays une extrme importance. Aussi notre Parti a-t-il lanc le mot dordre Lagriculture est laffaire du peuple entier. Nous devons tous comprendre et appliquer comme il convient cette directive. Tous doivent sintresser lagriculture. Mais chacun a une tche accomplir, certains dans lagriculture, dautres dans lindustrie, dautres encore dans la culture, etc. Le Parti, lui, travaille et dirige partout, dans tous les secteurs. Il doit veiller constamment ce que tout, dans ces secteurs, fonctionne avec la rgularit dune horloge, tous les niveaux la fois, ainsi qu chaque maillon de la chane.

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    Notre agriculture a progress de faon continue, elle a obtenu de bons rsultats dans tous les secteurs. Quand nous voquons ces succs, il est inutile de les comparer seulement ltat de nos campagnes au lendemain de la Libration. Nous pouvons les comparer, disons, aux rsultats obtenus il y a une dizaine dannes et nous verrons alors quels sont les grands progrs enregistrs dans lagriculture, llevage et larboriculture fruitire.

    Dans ces secteurs galement, il y a des districts davant- garde, mais aussi des districts retardataires dans la ralisation des tches du plan. Cela tient au niveau de comprhension politique des tches conomiques par les travailleurs de chaque district. Dans nos campagnes, laccomplissement des tches fixes dpend beaucoup de la direction et de lorganisation du travail, des connaissances de la science et de la technique agricoles acquises par les travailleurs. Bref, beaucoup dpend du travail que le Parti effectue la base parmi les travailleurs; ce travail doit tre vivant et concret. Le Parti devra bien analyser et faire comprendre partout les orientations et les directives de son Comit central en tenant compte des conditions prsentes, du niveau de formation des gens, etc. Pour obtenir de faon constante les rsultats souhaits, le Parti doit ncessairement prparer et stimuler toujours davantage les travailleurs dlite, et en mme temps encourager les retardataires rattraper les plus avancs.

    Si lagriculture progresse, cest grce au travail des hommes, qui disposent cet effet de tous les moyens ncessaires: machines agricoles, semences et engrais, qui ont aussi des connaissances de technique agricole, qui ont acquis de lexprience dans leur travail et savent quelles sont les mesures prendre pour rendre la terre toujours plus fertile, lever la productivit du btail et obtenir de hauts rendements en viande, lait., etc.

    Il est de fait que notre agriculture sest dsormais en

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    gage pleinement et avance rsolument dans la voie de sa modernisation socialiste. De toute vidence, la collectivisation est la voie lniniste vritable de ldification du socialisme dans les campagnes. Cest la voie qua suivie le Parti bolchvique avec Staline sa tte, en Union sovitique. Notre Parti a appliqu les enseignements de Lnine et de Staline, il a fait progresser lagriculture en Albanie, en a assur la collectivisation et fait rattraper leur retard notre paysannerie et notre peuple entier, quil a sauvs de la profonde misre hrite du pass. La voie suivie par notre Parti dans la construction du socialisme dans nos campagnes, les rsultats toujours meilleurs obtenus par nos productions vgtales et animales tmoignent de la supriorit de notre ordre coopratif socialiste. Si nous comparons notre agriculture avec celle des pays rvisionnistes, o lagriculture socialiste est dsormais dsagrge et transforme en une agriculture capitaliste, nous verrons quil y svit une crise sans prcdent. Partout on prouve une grande pnurie de produits agro-pastoraux, ce qui est d au cours suivi dans ces pays concernant les campagnes. Par exemple, dans la rgion de Vovodine, en Yougoslavie, des centaines de milliers dhectares de terre et des milliers de tracteurs sont entre les mains des propritaires capitalistes. En Union sovitique, on garde encore, juste pour la forme, certaines organisations socialistes, mais, comme dans les autres secteurs, le capitalisme sest dvelopp aussi dans les campagnes. Dans les autres anciens pays socialistes labandon de la collectivisation socialiste de lagriculture, a pour effet tantt une pnurie de pain, tantt un manque de lgumes, tantt une pnurie de viande, tantt une pnurie de tout, etc., etc. Dans ces pays, opre la loi capitaliste de loffre et de la demande. Ainsi, il y a peine une semaine, de grandes manifestations ont eu lieu Gdansk, Varsovie et partout en Pologne. Environ 50 000 ouvriers se sont mis en grve et ont particip des mani

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    festations au cours desquelles ils scandaient leurs mots dordre. Pourquoi? A cause de la pnurie de produits agropastoraux. Ils manquent de viande, de lgumes. Cest ce que lon constate galement dans les autres pays rvisionnistes. La Bulgarie, que lon considrait juste titre comme un pays agricole riche (nous avons t en Bulgarie quand ce pays avanait dans la voie du socialisme et avons tout vu de nos propres yeux) traverse actuellement une grande crise, car les rvisionnistes y ont dmantel lagriculture. Inutile ensuite de parler de la Yougoslavie et des autres pays capitalistes.

    Il est dsormais notoire que notre agriculture sest engage dans la juste voie de sa collectivisation. Mais on sait bien aussi quelle ne cesse de progresser avec fermet dans cette voie. Nous sommes passs de la cration de petites coopratives leur fusion, ce qui a permis notre agriculture socialiste datteindre un stade plus avanc de dveloppement. Par la suite, nous avons mis sur pied les coopratives de type suprieur, ce qui a constitu un nouveau grand pas en avant. Ces coopratives ont aujourdhui dpass certaines entreprises agricoles dEtat, et sur le plan des rendements, et au niveau des revenus. Nous avons pris et prendrons lavenir aussi de nouvelles mesures pour dvelopper notre agriculture des rythmes acclrs, obtenir des rendements levs dans toutes les productions, etc. Au cours du nouveau quinquennat une grande importance sera attache en gnral lagriculture, la bonification continue des terres, une meilleure organisation du travail dans ce secteur.

    Venons-en maintenant plus concrtement lexprience de la cooprative agricole de Plase. Le prsident de cette cooprative est intervenu au plenum du Comit central du Parti et son expos a produit une trs bonne impression chez tous les camarades. La cooprative de Plase a obtenu de bons rsultats, dautres entreprises et coopratives

  • agricoles du district de Kore, comme, par exemple, la cooprative de Pojan, ne sont pas demeures en reste.

    Cela dit, je voudrais savoir plus concrtement quelle est lexprience avance acquise par la cooprative agricole de Plase dans la concentration, la spcialisation et la rotation des cultures. Si je ne mabuse, une tude a t entreprise sur ce problme il y a huit ans3. Mais nous navons pas reu dindications exactes sur la suite qui a t donne ce travail. La diffusion de cette exprience est une question qui nous a beaucoup proccups, le camarade Hysni [Kapo] que nous venons de perdre, et moi. Nous avons tout fait pour le sauver, mais il souffrait dun mal incurable. Ctait un camarade dot de qualits rares, de connaissances vastes et profondes, et particulirement dune grande exprience dans les affaires du Parti.

    Lorsquon entreprend une tude, elle ne doit pas demeurer lettre morte, mais elle doit passer dans les faits, car cest seulement ainsi que lon pourra juger de ses bons et moins bons cts. Lapplication dans la pratique de cette tude dira quel point il sera ncessaire de la perfectionner. Vous et surtout les camarades qui soccupent dagriculture, vous connaissez mieux lavantage de cette tude dont le but est de promouvoir, primo, la concentration des cultures, secundo, leur spcialisation, tertio, leur rotation (qui est trs ncessaire, sinon lagriculture ne peut avancer). Ces trois processus sont troitement lis et combins entre eux, ils relvent tous trois de la science agronomique. Ce systme tend la fois accentuer le dveloppement de notre agriculture, renforcer la proprit collective et pas-

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    3 Il sagit de ltude sur la cooprative agricole de Plase, entreprise par un groupe de spcialistes dirigs par le Comit central du Parti, qui, comme il en ressort des documents affrents, na pas t applique dans la pratique en raison de lopposition tacite de lennemi Mehmet Shehu (Voir pp. 593-622 du prsent volume).

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    ser de la proprit collective de groupe la proprit sociale. Naturellement, pour y arriver, il faut dabord traverser un certain nombre dtapes, mais mettre aussi au point une organisation parfaite scientifiquement fonde qui, comme nous lenseigne le Parti, nous permette dintensifier notre agriculture sans toutefois en ngliger laspect extensif.

    Certains districts ont russi, par exemple, la concentration des cultures industrielles. Parmi ces cultures, seule celle du tabac a t un peu tendue, et mme cela a t fait dans certains districts o les bons rendements se font toujours attendre. Cela tient au fait que le tabac y est cultiv sur des terrains inappropris, mais o pourraient fort bien tre cultives dautres plantes dont il aurait t possible dobtenir de bons rendements. Nous avons donc pris cette mesure sciemment, car le tabac est une plante plus rentable que dautres. Or, pour notre conomie en gnral, soit au niveau des coopratives, soit au niveau du district, ce ntait l quune solution provisoire. Quant au coton et la betterave sucrire, ce sont des cultures que nous avons dj concentres.

    Cest donc les intrts mmes du socialisme et du dveloppement intensif de notre conomie qui nous ont conduit concentrer les cultures industrielles. Mais, lavenir, nous devrons mieux concentrer les crales panifiables, de mme que les cultures fourragres, fruitires, etc. Lentreprise agricole de Maliq a certaines principales vocations conomiques qui sont la production de betterave sucre, de bl et de pommes de terres, llevage, etc. La plaine de Kore stend tout entire proximit de cette entreprise. Mais notre Parti ne doit-il pas penser ce que cette plaine doit produire pour que les rendements de bl, de betterave sucre et de pomme de terre y soient suprieurs ceux que lon y a obtenus jusquici? Cest prcisment pour cette raison que notre Parti a donn, il y a huit ans, des direc-

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    tives affrentes et entrepris ltude sur la cooprative agricole de Plase.

    Quels avantages apporte lapplication de lexprience de la cooprative de Plase? Ella a fait que, par exemple, la plaine de Kore devienne un important centre de dveloppement intensif de notre agriculture. Et nous lui fournissons ainsi toutes les possibilits pour stabiliser les rendements de toutes les cultures. Nous sommes en train, par exemple, de concentrer la culture de la pomme de terre hivernale Kore et Shishtavec. Les autres districts cultiveront la pomme de terre, mais cest Kore et Shishtavec qui approvisionneront le march intrieur de pommes de terre hivernales, alors que les autres pourront galement cultiver la pomme de terre printanire. Cest ainsi que nous satisferons les demandes en pommes de terre et du march intrieur, et de nos exportations.

    Il faut procder de mme avec les autres cultures. Prenons, par exemple, le bl, qui revt une grande importance. Il faut tudier ce problme, prciser o devra tre concentre cette culture. Disons quil faudra la concentrer dans les districts de Kore, Lushnje, Fier, Durrs et Shkodr. La production de bl que nous fourniront ces districts doit pouvoir satisfaire non seulement les besoins de toute notre population, mais nous permettre aussi de crer des rserves et mme den exporter. Mais cela ne signifie pas que le bl et le mais ne doivent plus tre cultivs dans les rgions plus hautes. Non, nous devons faire en sorte que ces crales continuent y tre cultives, voire sur une superficie plus tendue, tandis que dans les districts susmentionns, o lagriculture est toujours plus intensifie, nous pratiquerons le systme de la cooprative de Plase. Il en sera de mme dans les hautes rgions et ailleurs, mais, bien sr, avec de diffrentes cultures.

    Prenons, par exemple, la question de llevage du menu btail. Le menu btail se trouve partout, mais devons-nous

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    en permettre llevage dans des plaines comme celle de Kore, sur des terres grasses, o lon peut cultiver le mas et le bl, que nous fertiliserons grce aux engrais chimiques et auxquelles nous affecterons des machines agricoles et dautres moyens ncessaires, alors que ce type de btail nous pouvons llever, de faon extensive et intensive, dans les zones de montagnes et de collines? Comment appliquerons- nous la dcision de crer de grandes fermes dlevage du menu btail? Cest ainsi que nous avons suggr que le btail mis en troupeau, par exemple, ne soit pas gard dans cette plaine fertile, destine au dveloppement intensif des principales cultures.

    Ainsi, dans les zones montagneuses nous devons crer de grandes fermes dlevage o patra aussi le btail mis en troupeau qui constitue une grande richesse pour la population. Nous navons pas encore appliqu lide lance au Bureau politique du Comit central du Parti sur la cration de fermes dlevage fondes sur lexprience de la cooprative de Plase. Cela crera la possibilit dtudier o devra tre concentr le menu btail. Naturellement, cela ne signifie pas que les exploitations collectives des zones de plaines ne gardent du tout de menu btail. Le problme se pose de savoir o lon doit concentrer ce btail, o lon doit garder les bovins, les mules et les chevaux. Tout comme on pense au bl, la betterave sucrire, etc., il faut penser et agir en ce qui concerne le btail de tous les types.

    Nous avons russi, camarades agriculteurs, amliorer les semences des diffrentes plantes agricoles, par exemple, celle du bl et actuellement, si je ne me trompe, nous avons des centaines despces de bls (nous possdons actuellement des centaines despces hybrides que nous produisons nous-mmes, et quauparavant nous achetions). Les amliorations que nous avons apportes la culture de mas ont t le rsultat dun travail persvrant et soutenu accompli dans ce sens par les gens de chez nous.

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    Toutes ces questions ncessitent des tudes attentives faute de quoi nous ne pourrons pas aller de lavant. Dans llevage aussi, il faudra travailler trs soigneusement.

    Cest ainsi que lon doit travailler pour ltude et lapplication de lexprience de Plase. Une fois cette question tudie (comme vous lavez fait en y joignant vos conclusions). on analysera naturellement les avantages et les inconvnients de chaque lment de la question. Et lon verra ainsi que ce systme est inapplicable si Ton ne supprime pas de telle ou de telle rgion la culture de telle ou telle plante. Kore par exemple ne cultivera pas telle ou telle plante, mais on y substituera des plantes qui, supprimes dans un autre district, sadaptent ses conditions. LEtat aussi lui crera ces possibilits, mais elle doit faire des efforts pour obtenir de hauts rendements dans les cultures quelle pratiquera. Ainsi les divers districts se complteront lun lautre.

    Cest un fait que sous le systme coopratif notre conomie socialiste est en train de se renforcer dans les campagnes et quil nous permet de prparer intensivement le dveloppement dune agriculture socialiste encore plus avance. Quand les conditions seront mres, alors lexprience de Plase sera applique grande chelle. On ne suivra pas la mthode applique dans les entreprises agricoles et les coopratives de type suprieur. Le systme de Plase doit tre appliqu dans certaines coopratives de type suprieur ou dans une rgion tout la fois et non pas en une longue priode de 10 ou 15 ans. Ce systme doit tre appliqu, par exemple, dans toute la plaine en mme temps, alors que les autres exploitations doivent demeurer des coopratives runies.

    Cest ainsi que nous avons pos cette question devant le Bureau politique.

    Sur le plan thorique, nous disons que notre dveloppement est dynamique, que la dialectique le promeut, mais

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    on sait que le nouveau se fraie difficilement son chemin et, avant de prendre une dcision qui nous semble