57
L’auteur et les destinataires du Livre de l’Apocalypse : des chrétiens persécutés (Ap 1,9)… « Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus. Je me trouvais dans l’île de Patmos, à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus ». Jean est tout d’abord un témoin (Ap 1,1-2.9 ; cf. Jn 19,35 ; 21,24 ; 1Jn 1,1-4 ). Avec lui, nous sommes tout de suite entraînés au cœur du Mystère Chrétien. En effet, le Christ Lui-même fut un témoin de la Présence et de l’Action du Père dans sa vie et dans celle des hommes (Ap 1,5 ; 3,14 ; Jn 18,37). Il n’a fait que dire ce que le Père lui montrait (Jn 5,19-20), ce qu’il a vu et entendu (Jn 3,31-34 ; 6,46 ; 8,26.38.40 ; 15,15). Et le Père (Jn 5,37 ; 8,18 ; 12,27-30 ; 1Jn 5,9-10 ; Mt 3,17 ; 17,5) et l’Esprit Saint (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) lui rendront témoignage à leur tour … Chacun s’occupe ainsi avant tout de l’autre… Et tout chrétien est invité à entrer dans cette dynamique (Jn 15,27 ; 2Co 5,15) : rendre témoignage à ce Dieu d’Amour et de Tendresse qu’il a découvert en Jésus Christ, un Dieu qui ne recherche que le bien de sa créature et l’accompagne sans cesse dans sa vie pour son bien (Jr 32,40‑41). Jean va donc témoigner de ce qui lui aura été donné de percevoir du Mystère du Christ. Il dira tout simplement ce qu’il a vu, ce qu’il a entendu, ce qu’il a vécu … Et l’Esprit de Vérité rendra témoignage à la vérité de ses paroles au cœur de ceux et celles qui lui feront bon accueil (1Jn 2,20.27 ; 5,5-12). Jean s’adresse ici avant tout à la communauté chrétienne pour l’encourager à demeurer fidèle au Christ malgré toutes ces persécutions qu’ils doivent endurer à cause de leur foi… Il écrit ainsi pour ses « frères », ses « compagnons », littéralement en grec « tous ceux et celles qui sont en communion avec » le Christ. La grande œuvre du Christ est en effet de nous introduire dans un Mystère de Communion avec Lui. Il est venu nous réconcilier avec Dieu (2Co 5,17-21 ; Rm 5,10-11). Jour après jour,

La Visitation (Lc 1,39-45)

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La Visitation (Lc 1,39-45)

L’auteur et les destinataires du Livrede l’Apocalypse : des chrétienspersécutés (Ap 1,9)… « Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dansl’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus. Je me trouvaisdans l’île de Patmos, à cause de la Parole de Dieu et dutémoignage de Jésus ».

Jean est tout d’abord un témoin (Ap1,1-2.9 ; cf. Jn 19,35 ; 21,24 ; 1Jn 1,1-4 ).Avec lui, nous sommes tout de suite entraînés aucœur du Mystère Chrétien. En effet, le ChristLui-même fut un témoin de la Présence et del’Action du Père dans sa vie et dans celle deshommes (Ap 1,5 ; 3,14 ; Jn 18,37). Il n’a faitque dire ce que le Père lui montrait (Jn5,19-20), ce qu’il a vu et entendu (Jn 3,31-34 ;6,46 ; 8,26.38.40 ; 15,15). Et le Père (Jn5,37 ; 8,18 ; 12,27-30 ; 1Jn 5,9-10 ; Mt 3,17 ;17,5) et l’Esprit Saint (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) luirendront témoignage à leur tour … Chacuns’occupe ainsi avant tout de l’autre… Et toutchrétien est invité à entrer dans cette

dynamique (Jn 15,27 ; 2Co 5,15) : rendre témoignage à ce Dieu d’Amour et deTendresse qu’il a découvert en Jésus Christ, un Dieu qui ne recherche que lebien de sa créature et l’accompagne sans cesse dans sa vie pour son bien (Jr32,40‑41). Jean va donc témoigner de ce qui lui aura été donné de percevoirdu Mystère du Christ. Il dira tout simplement ce qu’il a vu, ce qu’il aentendu, ce qu’il a vécu … Et l’Esprit de Vérité rendra témoignage àla vérité de ses paroles au cœur de ceux et celles qui lui feront bon accueil(1Jn 2,20.27 ; 5,5-12). Jean s’adresse ici avant tout à la communauté chrétienne pourl’encourager à demeurer fidèle au Christ malgré toutes ces persécutionsqu’ils doivent endurer à cause de leur foi… Il écrit ainsi pour ses« frères », ses « compagnons », littéralement en grec « tous ceux et cellesqui sont en communion avec » le Christ. La grande œuvre du Christ est eneffet de nous introduire dans un Mystère de Communion avec Lui. Il est venunous réconcilier avec Dieu (2Co 5,17-21 ; Rm 5,10-11). Jour après jour,

Page 2: La Visitation (Lc 1,39-45)

il frappe à la porte de nos cœurs (Ap 3,20) pour nous offrir le pardon detoutes nos fautes (1Jn 1,9 ; Col 2,13 ; 3,13 ; Lc 1,76-79 ; 5,20-25). Par cepardon, il reconstruit notre relation de cœur avec notre Dieu et Père,une relation vitale puisque le grand cadeau que Dieu veut offrir à toutes sescréatures est sa propre Vie éternelle. Mais encore faut-il se tourner versLui et l’accueillir. L’œuvre du Christ Sauveur, du Bon Pasteur, est ainsi departir à la recherche de toutes les brebis perdues (Lc 15,1-7), pour lesramener à l’unique Source d’Eau Vive qui pourra combler leur cœur. Si ellesse laissent faire, elles recevront cette Vie de Dieu grâce à laquelle il nousest possible de vivre dès maintenant en communion avec Lui (Jn 3,36 ; 5,24 ;6,47.57 ; Ac 11,18 ; 2Co 2,15-16 ; 1Jn 5,12-13). Tel est le Royaume des Cieuxdéjà commencé sur cette terre par le don de l’Esprit qui vivifie (Rm 14,17 ;Jn 6,63), un don proposé à notre foi. Heureux alors ceux qui croient sansavoir vu (Jn 20,29)… Ils ne voient rien, ils n’entendent rien de particulier,mais ils vivent déjà « quelque chose » de cette Plénitude du Royaume qui estRepos, Silence, Paix du cœur, grâce à la Présence en eux de cet Esprit (Jn14,15-17) qui est aussi Amour (Jn 4,24 avec 1Jn 4,8.16 ; Rm 5,5), Lumière (Jn4,24 avec 1Jn 1,5) et Vie (Jn 4,24 et 1Jn 1,5 avec Jn 1,4 ; 8,12 ; puisJn 6,63 ; Ga 5,25)… Jean écrit donc à tous ses « frères » dans la foi « qui sont encommunion avec » lui par leur foi au Christ et l’action de l’Esprit quivivifie… Et tous, à cette époque, vivaient une persécution déclenchée par lesRomains. Ils étaient ainsi « dans la souffrance, la royauté et la constanceen Jésus », une expression qui résume tout l’évangile. En effet, l’homme surcette terre ne peut que connaître l’épreuve, d’une manière ou d’une autre.Par leurs injustices, leur méchanceté, leur violence, leur « cœur depierre », leur égoïsme, leur course à l’argent, leur soif de pouvoir et dedomination, leurs passions déréglées… les pécheurs (et nous le sommes tous !)sèment la souffrance sur leur passage, une souffrance qui devient intolérablelorsqu’elle touche des innocents… Et Dieu respecte infiniment notre liberté àtous ! « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomberla pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5,45). Ce « soleil » se ferapour ces « méchants » et ces « injustes » invitation patiente mais ferme à laconversion. En agissant ainsi, Dieu les aime et poursuit toujours leur biencar il ne peuvent que vivre en eux-mêmes les conséquences de leurs péchés :« souffrance, angoisse » (Rm 2,9), « mort spirituelle » (Rm 6,23), mal-être(Lc 6,24-26), tristesse (Lc 18,18-23). Et « Dieu ne veut pas la mort dupécheur, mais qu’il se convertisse et qu’ils vivent », qu’il se tourne versle Soleil de Vie, Celui qui se donne et se donne sans cesse pour le bien deceux qu’il a créés et qu’il aime. Alors, « ils vivront » de sa Vie (Sg 1,13 ;Ez 18,23 ; 33,11)… « Gloire, honneur et paix » en effet « à quiconque fait lebien » (Rm 2,10)…

Page 3: La Visitation (Lc 1,39-45)

Mais en attendant, les souffrances et les épreuves demeurent, d’autant plusque nous sommes tous pécheurs, et donc tous plus ou moins responsables de cemal qui nous blesse en premier et qui, hélas, blesse aussi trop souvent tousceux et celles qui nous entourent… Mais la Bonne Nouvelle est justement cettePrésence parmi nous du Christ Ressuscité, une Présence qui nous rejoint auplus profond de nous-mêmes si nous acceptons de l’accueillir. Au cœur de lasouffrance, fût-elle la conséquence de notre misère, elle se fera alorssoutien, réconfort, encouragement, force, paix et joie envers et contre tout(cf. 2Co 1,3-7 avec notamment les notes de la Bible de Jérusalem)… Et c’estainsi qu’Antoine, douze ans, crucifié avec d’autres chrétiens pour sa foi en1597 à Nagasaki, chantait sur la croix avec ses « compagnons »…Il manifestait ainsi à quel point le Christ peut régner dans nos épreuves.« Je surabonde de joie dans toutes nos souffrances », écrivait ainsi St Paul(2Co 7,4). Dans les circonstances concrètes et difficiles de son ministère,il vivait les béatitudes : « Heureux ceux qui pleurent » (Lc 6,21), ceux quihumainement ont toutes les raisons de pleurer, mais qui essayent de vivreleurs épreuves avec le Christ. Il les consolera sur leur lit de souffrance(2Co 4,7-12), en attendant ce Jour où « Dieu essuiera toute larme de leursyeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y enaura plus, car l’ancien monde aura disparu » (Ap 21,4). Et Jean, danssa persécution, pouvait reprendre à son compte cette autre béatitude :« Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’ondira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dansla joie et l’allégresse » (Mt 5,10-12)… Ainsi, tout disciple de Jésus quidésire marcher à sa suite doit essayer de prendre chaque jour le pluscourageusement possible « sa croix ». Elle sera avant tout la croix de sonpéché, due à la présence en lui de ce « vieil homme » égoïste qui a tant demal à mourir (Ep 4,20‑24) et qu’il devra « renier » (Lc 9,23), soutenu par laforce de la grâce de Dieu (Tt 2,11-14). Cette croix pourra aussi être cellede la maladie qui survient à l’improviste, celle du péché de ses frèresqu’il portera avec eux en les invitant à la conversion et en luttant contre

Page 4: La Visitation (Lc 1,39-45)

toute forme d’injustice, celle de toutes ces situations humaines difficilesqu’il essaiera d’améliorer autant que possible… Mais cette croix, le Christl’appelle ailleurs « son joug », car par amour, il a voulu nous rejoindre etporter avec nous toutes nos croix, toutes nos épreuves, toutes nosdifficultés. Ainsi, nous ne sommes plus seuls dans le combat de cette vie. LeChrist, par amour, veut le mener avec nous et pour nous… Tout notre travailconsistera alors à demeurer en Lui (Jean 15,9-11), unis à Lui (1Co 6,17 ; 1Th5,9-10) et il portera avec nous cette souffrance contre laquelle nousn’aurons rien pu faire. Le Christ viendra l’habiter de sa Présence et de saPaix. Avec Lui, la Croix devient Glorieuse, cette Croix, notre croix, qu’ilappelle « son joug » : « Il s’est chargé de nos maladies, et il a pris surlui toutes nos infirmités » corporelles ou spirituelles (Matthieu 8,17 pourles porter avec nous, pour nous soulager et éviter ainsi qu’elles nousécrasent… « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, etmoi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenezmes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverezle repos. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger »(Mt 11,28‑30).

Le chrétien est ainsi unhomme comme tous les autres hommes. Ilconnaît lui aussi les épreuves de lavie, les souffrances, les maladies, lest e n t a t i o n s d e t o u t e s s o r t e s ,les combats, les persécutions… Certes,il essaye comme il peut de construireun monde plus juste, plus humain, plus

fraternel comme beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volonté. Maislorsqu’il a fait tout son possible et que la souffrance se présente à luisans nul moyen de la combattre, alors il peut se tourner de tout cœur vers leChrist et compter sur Lui. « Le Seigneur est mon Berger. Je ne manque derien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer… Si je traverse lesravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton meguide et me rassure » (Ps 23(22),1-4)[1]. Telle est la Bonne Nouvelle del’Evangile. Le disciple de Jésus qui connaît l’épreuve découvrira ainsi parlui-même, en le vivant, qu’il n’est pas seul au milieu de tous ses combats.Son cœur sera envers et contre tout rempli d’une Paix, d’un Silence,d’un Repos qui, déjà ici-bas, fera toute sa joie (Col 3,15)… Ainsi nos Croixsont dorénavant inséparables de Celui qui est Lumière et qui a voulu lesremplir de sa Lumière. D’une manière ou d’une autre, elles sont maintenantavec Lui et grâce à Lui des « Croix Glorieuses »… Certes, la souffrancedemeure, mais la Gloire du Christ Ressuscité la transfigure et la remplitdéjà d’un Bonheur qui n’est pas de ce monde. Ste Thérèse de Lisieux, qui n’ajamais cultivé la souffrance pour elle-même (elle est un mal !)[2] disait :« Il n’y a pas de plus pur bonheur qu’aimer en souffrant »… Elle vivait cette

Page 5: La Visitation (Lc 1,39-45)

Présence du Christ, son soutien, qui lui permettait de tenir bon dansl’épreuve, ce qu’elle n’aurait jamais pu faire par elle-même si elle avaitété laissée à ses propres forces. « Je n’ai jamais rien pu faire toute seule», disait-elle. « Qu’est-ce que je ferais, qu’est ce que je deviendrais si jem’appuyais sur mes propres forces ? » Le Christ était ainsi à la source de sapatience, de son endurance, de sa constance. Avec Lui et grâce à Lui,elle pouvait tenir bon. « Je comprends très bien que St Pierre soit tombé. Cepauvre St Pierre, il s’appuyait sur lui-même au lieu de s’appuyer uniquementsur la force du Bon Dieu »… Nous voyons à quel point St Jean a comme résumé toute la viechrétienne en une seule phrase : « Moi, Jean, votre frère et votre compagnondans la souffrance, la royauté et la constance en Jésus » (Ap 1,9). Commetous les autres chrétiens de son époque, et peut-être plus qu’eux puisqu’ilavait été déporté par les Romains sur l’île de Patmos en raison de sa foi, ila connu « la souffrance ». Mais par sa foi et dans la foi, il a laisséle Christ Ressuscité s’unir à lui dans la Communion d’un même Esprit. LeChrist a pu alors exercer en sa faveur le Mystère de sa « Royauté ».Sa Présence dans cette persécution est devenue Règne de sa Grâce, de sa Forceet de sa Paix, et donc aussi Source de « constance », de « persévérance » (Ap1,9 ; 2,2.3.19 ; 3,10 ; 13,10 ; 14,12)…

D. Jacques Fournier

[1] La TOB traduit ainsi le verset 4 : « Même si je marche dans un ravind’ombre et de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton,ton appui, voilà qui me rassure ».

Et la Bible de Jérusalem a : « Passerais-je un ravin de ténèbre, je ne crainsaucun mal car tu es près de moi ; ton bâton, ta houlette sont là qui meconsolent »…

[2] « Ce n’est pas la souffrance qui sauve le monde, c’est l’amour. Le Christveut être uni à tous les hommes et il est uni d’une façon particulière à ceuxqui souffrent. L’amour sans la souffrance peut se rencontrer, mais lasouffrance sans l’amour n’a pas de sens ». Jean Paul II.

Page 6: La Visitation (Lc 1,39-45)

L’adresse du Livre de l’Apocalypse (Ap1,4-8) Jean, aux sept Églises d’Asie. Grâce et paix voussoient données par Il est, Il était et Il vient , par les septEsprits présents devant son trône, et par Jésus Christ, le témoinfidèle, le Premier-né d’entre les morts, le Prince des rois dela terre. Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang,il a fait de nous une Royauté de Prêtres, pour son Dieu et Père :à lui donc la gloire et la puissance pour les siècles des siècles.Amen. Voici, il vient avec les nuées; chacun le verra, même ceuxqui l’ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les racesde la terre. Oui, Amen! Voici, il vient avec les nuées; chacun leverra, même ceux qui l’ont transpercé, et sur lui se lamenteronttoutes les races de la terre. Oui, Amen !

Jean s’adresse donc « aux septEglises d’Asie » qui seronténumérées par la suite : Ephèse,Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes,Philadelphie, Laodicée. Il estpossible de repérer ces villes surles cartes que nous trouvons à lafin de nos Bibles.

L’Asie Mineure, l’actuelle Turquie, est essentiellement concernée,mais avec le choix de ce chiffre sept, symbole de perfection,c’est toute l’Eglise, l’Eglise Universelle, qui est visée…

Avec « grâce » et « paix », Jean fait allusion auxsalutations habituelles des Grecs et des Juifs. A l’époque, depuisl’invasion de tout le bassin méditerranéen par le grec Alexandrele Grand (4° siècle avant JC), le monde connu se partageait entre« les Juifs » et ceux qui avaient été marqués par la culturegrecque, « les Grecs ». Parler de Juifs et de Grecs revient donc àévoquer le monde entier… Et c’est ce que Jean fait ici, avec uneallusion au salut grec « Khaïré » par un mot très proche,

Page 7: La Visitation (Lc 1,39-45)

« kharis, grâce », et au salut Juif, « Shalom, paix ! ». Touthomme est ainsi invité à recevoir gratuitement du Christ Sauveurcette « grâce » qui est « paix » (Jn 14,27). Avec Lui et par Lui,« la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’estmanifestée » (Tt 2,11), pour que « la paix du Christ règne dansnos cœurs » (Col 3,15). Telle est « la Bonne Nouvelle de la Paix »(Ep 6,15). Alors, « à vous grâce et paix de par Dieu notre Père etle Seigneur Jésus Christ » (Rm 1,7 ; 5,1 ; 15,33 ; 16,20 ;1Co 1,3 ; 2Co 1,2 ; 13,11 ; Ga 1,3)…

Et de fait, cette Paix est donnée ici en premier lieupar Celui qui est Source de tout et qui est nommé « Il est, ilétait et il vient ». Jean fait ici allusion au Nom divin révélé àMoïse en Ex 3,13-15 : « Je suis qui je suis » ou « Je suis ». Or,en hébreu, la langue de l’Ancien Testament, cette forme verbale duverbe être peut très bien se traduire, selon le contexte, par unprésent, un imparfait ou un futur[1], c’est-à-dire par « jesuis », « j’étais » ou « je serai »… Avec « Il est, il était et ilvient », Jean reprend ces possibilités à la troisième personne dusingulier, en changeant la dernière. Celui qui sera, c’est Celuiqui vient avec son Fils et par Lui…

Et son Fils « Jésus[2] Christ[3], est le TémoinFidèle » (Ap 1,5) du Père et de la Vérité de ce Mystère deCommunion qu’il vit avec Lui et qu’il est venu nous proposer.Et il est aussi « le Premier Né d’entre les morts » (Col 1,15-20),par sa Résurrection qui inaugure la résurrection à venir de tousceux et celles qui auront cru en Lui. Il sera alors « l’aîné d’unemultitude de frères » (Rm 8,29), Lui qui « ne rougit pas de nousappeler ses frères » (Hb 2,11 ; Mt 12,48-49 ; 25,40 ; 28,10 ;Jn 20,17). Il est enfin « le Prince des rois de la terre », « letrès haut parmi les rois de la terre » (Ps 89(88),27-30),notamment par sa Résurrection et son Ascension au plus haut desCieux, quand le Père lui a donné « le Nom qui est au-dessus detout nom afin qu’au Nom de Jésus tout genou fléchisse dans lescieux sur la terre et sous la terre et que toute langue proclameque le Seigneur c’est Jésus Christ à la gloire de Dieu le Père »

Page 8: La Visitation (Lc 1,39-45)

(Ph 2,9‑11 ; Ep 1,18-23)…

En Ap 1,4-5, Jean évoque donc lePère, « Il est, Il était et Il vient », leFils, « Jésus Christ, le témoin fidèle, lePremier-né d’entre les morts, le Prince desrois de la terre », et aussi l’Esprit Saintavec « les sept Esprits présents devant sontrône ». Le chiffre sept évoque à nouveau laPlénitude, ici celle de l’Esprit TroisièmePersonne de la Trinité… Comme nous le disons

dans notre Crédo : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneuret qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils ; avec le Pèreet le Fils, il reçoit même adoration et même gloire »… Et notonsla place où il intervient en Ap 1,4-5 : entre le Père et le Fils…Il est en effet l’Amour qui unit le Père au Fils, Celui par qui lePère donne tout à son Fils, Celui par qui le Fils reçoit tout duPère… Et il en sera de même pour nous tous, si nous l’acceptons.C’est l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité, qui, parnotre foi au Fils, nous communique en effet tous les dons que lePère veut nous transmettre, et ces dons ne seront queparticipation à la Plénitude que le Fils reçoit de toute éternitéde son Père par ce même Esprit. Jésus dit ainsi à son sujet :« (L’Esprit Saint) recevra de ce qui est à moi, et il vous lecommuniquera » (Jn 16,14). Comme le Fils, c’est donc par l’EspritSaint que nous sommes engendrés à la vie nouvelle et éternelle enfils et filles de Dieu… Et c’est toujours ce même Esprit qui noustransmet les charismes que nous serons ensuite invités à mettre auservice de nos frères (1Co 12,11)… L’Esprit Saint est ainsi Celuipar qui nous recevons tout du Père. Et ces donc reçus nousétablissent en communion d’Etre et de Vie avec le Père, avec leFils, avec tous ceux et celles qui mettent leur foi dans le Fils,mais aussi avec tous les hommes de bonne volonté qui, en suivantdes chemins de vérité et de justice, ouvrent leur cœur à Celui-làseul qui est Vérité (Jn 14,6 ; 14,17a ; 17,3) et Justice…

Page 9: La Visitation (Lc 1,39-45)

Toute l’œuvre du Christ est ensuite résumée enquelques lignes… « Il nous aime »… On peut noter le présent, unprésent éternel qu’il nous est déjà possible d’accueillir dèsaujourd’hui dans le présent et l’invisible de la foi. Et ceprésent est participation à l’éternel présent de cet Amour que lePère vit avec son Fils : « Le Père aime le Fils » (Jn 3,35 ;5,20)… Et le Fils répond à l’Amour du Père par l’Amour : « Il fautque le monde reconnaisse que j’aime le Père et que j’agisconformément à ce que le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Or,qu’est-ce que le Père lui a prescrit, quelle est sa volonté ?Manifester l’Amour de Dieu jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie,pour que le monde le reconnaisse, l’accepte et puisse sedétourner, avec Lui et grâce à Lui, de ce mal qui le détruit… LePère a ainsi envoyé son Fils dans le monde avec comme but ultime :que le monde soit sauvé… « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donnéson Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans lemonde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé parlui ». Ainsi, « je suis descendu du ciel pour faire non pas mavolonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or c’est lavolonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout cequ’il m’a donné » (Jn 3,16-17 ; 6,38-39)… Et le Fils a accompli(Jn 19,30) ce Salut du monde en s’offrant Lui-même jusqu’au bout,ne cessant de répondre à tout le mal qu’on lui faisait par del’amour… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »(Lc 23,34)… « C’est pour vous », dira St Pierre, vous qui avezcontribué à sa mort d’une manière ou d’une autre, « que Dieu aressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment quechacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26). Ainsile Fils, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, lesaima jusqu’à la fin » (Jn 13,1), « jusqu’à l’extrême de l’amour »,précise en note la Bible de Jérusalem, en vivant sa Passion, samort et sa résurrection pour chacun d’entre nous. « Il nous aainsi aimés » (Jn 13,34 ; 15,9 ; 15,12) en nous révélant l’Amourdu Père et en prenant sur Lui toutes les conséquences de nos

Page 10: La Visitation (Lc 1,39-45)

fautes pour que nous puissions avoir part à sa Vie et à sa Gloire,ce dont nous étions justement privés par suite de nos fautes (Rm3,23 ; 6,23 ; Ep 2,4-10). Par amour, il a donné sa vie pour chacund’entre nous (Jn 15,13) en prenant sur lui nos infirmités (Mt8,17) et en portant sur le bois de la Croix les conséquences denos fautes (1P 2,21-25). Lui qui n’avait jamais péché (Jn 8,46),il est ainsi devenu « péché pour nous afin qu’en lui nousdevenions justice de Dieu » (1Co 5,21)… Grâce à son offrande, sinous l’acceptons, « nous sommes lavés de nos péchés par son sang »(Ap 1,5) qui « purifie notre conscience de toutes les œuvresmortes que nous aurions pu accomplir » (Hb 9,14). C’est ainsi quele Christ nous a aimés… Ressuscité, il continue de nous aimer enintercédant pour nous auprès du Père (1Jn 2,1-2) et en actualisantjour après jour les fruits de sa Passion et de sa Résurrectiondans nos vies par le don de l’Esprit. Avec Lui et par Lui,Il vient se proposer à tout homme de bonne volonté, pour s’unir àlui et le soutenir dans sa vie. Et cela se vérifie toutspécialement dans l’épreuve et la souffrance, fussent-elles lesconséquences de nos péchés. Inlassablement, l’Agneau de Dieu seproposera pour prendre sur Lui sa brebis perdue (Lc 15,4-7 ; Jn14,1-3), pour enlever son péché (Jn 1,29) par l’œuvrepurificatrice de l’Esprit (1Co 6,9-11), pour porter avec elle sasouffrance et la remplir ainsi de la Lumière et de la Force desa Présence. Mais accueillir cette Présence compatissante duChrist ne peut qu’être au même moment synonyme de renoncement àtout ce qui peut s’opposer à sa Lumière, à sa Vérité et àson universelle Bienveillance…

Page 11: La Visitation (Lc 1,39-45)

« Il a fait de nous une Royauté de Prêtres » (Ap 1,6).Le Christ Lui-même est Roi (Jn 18,37 ; Mt 21,5 ; 25,31-40 ; 1Co15,22-28) par l’Esprit qui l’habite en Plénitude, un Esprit deLumière qui brille dans les ténèbres et que les ténèbres n’ont pusaisir (Jn 1,4-5), un Esprit de Paix qui désire régner au cœur detout homme pour faire de Lui un artisan de Paix (Col 3,15 ; Mt5,9), un Esprit d’Amour et de Vie qui se révèle plus fort que lemal et la mort (Ps 117(116) ; Rm 5,15-21). En se faisant homme, ila voulu s’unir à nos ténèbres pour régner en elles et nous donnerainsi de pouvoir bénéficier de sa Lumière et de sa Vie. Lui quin’avait jamais commis de faute, il a voulu assumer notre naturehumaine blessée par le péché, ce que St Paul appelle notre« condition d’esclave » (Ph 2,6-11), pour régner en elle et nouspermettre de partager ainsi sa Liberté (Jn 8,31‑36 ; Ga 5,1),sa Gloire (Rm 3,23 ; Jn 17,22-23) sa Plénitude (Jr 2,5 (TOB) ; Col2,9-10), et sa Joie (Jn 15,11)… C’est donc par cette union deMiséricorde avec nous qu’il élève ceux et celles qui acceptent dele recevoir (Lc 1,52), et qu’il les fait asseoir sur son Trône deLumière (Lc 22,28-30 ; 2Tm 2,12)…

Il leur donne ainsi de participer à sa Royauté et à son Sacerdoce,les deux n’étant que l’expression de son Amour. « Je vous exhorte,frères, par la miséricorde de Dieu », écrivait St Paul auxchrétiens de Rome, « à vous offrir vous‑mêmes en sacrifice vivant,saint, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avezà rendre » (Rm 12,1). Cette aventure sera possible grâce à

Page 12: La Visitation (Lc 1,39-45)

l’action de l’Esprit Saint qu’ils ont reçu au jour de leurbaptême. C’est Lui qui, petit à petit, fera mourir en eux le malqui les habite (Rm 8,13) et leur permettra de faire le bien (Ga5,16 ; 5,22-25). Il leur donnera de se donner, comme le Christ, auservice de leurs frères et sœurs en humanité… « La mort du Christfut en effet une mort au péché, une fois pour toutes », etmaintenant, Ressuscité, « sa vie est une vie à Dieu » (Rm 6,10).Or tous les croyants ont été unis à la mort et à la Résurrectiondu Christ par leur baptême (Rm 6,1-11). Tout leur travailconsistera donc à laisser l’Esprit du Christ les associer à cettemort au péché que le Christ a vécu « une fois pour toutes » etpour nous tous, afin que notre vie soit comme la sienne, une viepour Dieu et pour nos frères. « Ainsi, vous de mêmes », écritencore St Paul, « considérez que vous êtes morts au péché etvivants pour Dieu dans le Christ Jésus » (Rm 6,11). Et encore :« L’amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul estmort pour tous, alors tous sont morts », sous entendu, au péché.« Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent pluségoïstement pour eux‑mêmes, mais pour celui qui est mort etressuscité pour eux » (2Co 5,14-15). En vivant pour le Christ, ilsvivront alors pour le Père et pour tous leurs frères les hommes,car la volonté du Père est notre salut à tous… Voilà ce qu’affirmeici le Livre de l’Apocalypse : grâce à son Amour de Miséricorde,en nous lavant de toutes nos fautes par son sang, le Christ a faitde nous, et continue de faire de chacun d’entre nous,« une Royauté de Prêtres pour Dieu son Père » (2Co 5,16-21).Ainsi, en laissant le Christ accomplir en eux son œuvre de mort aupéché et de communication de la Vie nouvelle et éternelle, leschrétiens s’offrent en fait à l’action de l’Esprit Saint.Ils reçoivent alors des dons, des grâces, des charismesqu’ils sont invités à mettre en œuvre au service de leurs frères,pour que le projet d’amour de Dieu sur chacun d’entre nouss’accomplisse le plus pleinement possible. En s’offrant eux-mêmesà l’Esprit, ils contribuent ainsi, grâce à la Force de ce mêmeEsprit, au retour et à l’offrande à Dieu de la création toutentière (Rm 8,18‑22). « Prêtres, unis au Christ Prêtre » grâce àson Amour de Miséricorde, « ils offriront à Dieu l’univers entier

Page 13: La Visitation (Lc 1,39-45)

en sacrifice de louange » (Note de la Bible de Jérusalem pour« Royauté de Prêtres ») … Ils rendront grâces pour tant de grâcesreçues, et ils oseront laisser éclater leur joie… « A lui laGloire et la Puissance pour les siècles des siècles ! »

L’auteur termine enfin avec une allusion au retour du Christ (cf.Lc 21,27), soit au dernier jour du monde, soit à notre dernierjour à tous. « Chacun alors le verra, même ceux qui l’onttranspercé » (Ap 1,7 ; Jn 19,37). L’allusion à la Passion estclaire, mais elle déborde aussi le seul événement historique. LeChrist est toujours persécuté dans les chrétiens qui souffrent enraison de leur foi (Ac 9,1-6), et nous tous, de par notre péché,nous participons, d’une manière ou d’une autre, au mystère deson rejet, de sa mise à l’écart et de sa mort au monde… Alors,« sur lui se lamenteront toutes les races de la terre » (Za12,10)… La vision est encore universelle : toute la famillehumaine est concernée, tous les hommes et toutes les femmes « detoute race, langue, peuple et nation »[4] que le Christ « aracheté au prix de son sang » (Ap 5,9-10 ; 7,9-10). Et cettenotion de « lamentation », première étape de la conversion, ouvreà l’espérance de l’accueil du salut par cette multitude que Dieun’a jamais cessé d’aimer, un salut « qui est donné par notre Dieu,lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau » (Ap 7,10)…D’ailleurs, juste avant cette « lamentation » sur « celui qu’ilsont transpercé », Dieu promet, dans le Livre de Zacharie,d’envoyer l’Esprit : « Je répandrai sur la Maison de David et surJérusalem un Esprit de grâce et de supplication » (BJ), « unEsprit de bonne volonté et de supplication », traduit la TOB quiprécise en note : « Transformation intérieure qui place l’hommedans une attitude de confiance et d’ouverture à Dieu »… « Lalamentation » sur « celui qu’ils ont transpercé » apparaît alorscomme le fruit de l’œuvre de l’Esprit dans le cœur des pécheurs…L’Esprit, en nous révélant notre misère, nous pousse ainsi àdemander à Dieu ce qu’il veut nous donner : le salut…

Le Père, aujourd’hui encore, continue donc, par son FilsRessuscité et par l’Esprit, de chercher toutes les brebis perdues

Page 14: La Visitation (Lc 1,39-45)

de ce monde jusqu’à ce qu’il les retrouve (Lc 15,4‑7). « Je metiens à la porte et je frappe : si tu m’ouvres ton cœur, je feraichez toi ma demeure » (Ap 3,20)… « Zachée », et nous tous aveclui, « descend vite » dans la vérité de ta vie blessée, « car ilme faut aujourd’hui demeurer chez toi » (Lc 19,1-10), pour teguérir et connaître la joie de te voir tel que j’ai voulu que tusois de toute éternité : « à l’image du Fils » (Rm 8,28-30),rempli de sa vie (Jn 10,10), de sa Lumière (Jn 12,46 ; 8,12), desa Gloire (Jn 17,22-23) …

Dès que cette porte du cœur commence à s’ouvrir, à consentir àla Présence de Celui qui ne cesse de venir à notre rencontre,l’Esprit manifeste aussitôt l’intensité de l’Amour et dela Miséricorde du Père, il enveloppe de sa Tendresse le filsprodigue (Lc 15,20), et laisse éclater la joie des retrouvailles.Sur cette misère acceptée et offerte, « Père, j’ai péché contre leciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils »,le Père pourra verser en surabondance l’Eau Vive de l’Esprit quilave, purifie, vivifie… C’est ce qu’évoque Zacharie après la« lamentation » rencontrée précédemment : « En ce jour-là, il yaura une fontaine ouverte pour la maison de David et pour leshabitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure » (Za 13,1).« Le péché » et « la souillure », qui avaient provoqué, en lesreconnaissant, cette « lamentation », sont vite lavés parcette « fontaine ouverte »…

Cette prophétie de Zacharie s’est pleinement accomplie, nonseulement pour « la maison de David et les habitants deJérusalem », mais encore pour « toutes les tribus de la terre ».Du côté transpercé du Christ crucifié ont en effet jailli desFleuves d’Eau Vive en signe de cette grâce donnée en surabondanceaux pécheurs (Jn 19,33-35 ; 7,37‑39 ; Rm 5,20).

« « Je suis plein d’allégresse dans le Seigneur,

mon âme exulte en mon Dieu,

Page 15: La Visitation (Lc 1,39-45)

car il m’a revêtu des vêtements de salut,

il m’a drapé dans un manteau de justice,

comme l’époux qui se coiffe d’un diadème,

comme la fiancée qui se pare de ses bijoux ».

Alors, Jérusalem, ta justice jaillira comme une clarté,

et ton salut comme une torche allumée.

Alors les nations verront ta justice,

et tous les rois ta gloire.

Alors on t’appellera d’un nom nouveau

que la bouche du Seigneur dictera.

Tu seras une couronne de splendeur dans la main du Seigneur,

un turban royal dans la main de ton Dieu, »

(« une Royauté de Prêtres pour ton Dieu et Père »)…

« Comme un jeune homme épouse une vierge,

ton bâtisseur t’épousera.

Et c’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse

que ton Dieu éprouvera à ton sujet »…

(Is 61,10-62,5 ; Ap 1,6)

Page 16: La Visitation (Lc 1,39-45)

Souvenons-nous du Filsprodigue… Dès qu’il commence à dire àson Père ce qu’il n’avait cessé derépéter tout le long du chemin duretour, « Père, j’ai péché contre leciel et contre toi », le Père le coupeet ne lui laisse pas le temps de direla suite : « Je ne mérite pas d’êtreappelé ton Fils, traite-moi comme l’unde tes serviteurs ». Il n’est pasquestion qu’il ne le regarde plus commeson fils ! Il est son fils, désiré etattendu depuis toujours et pour

toujours ! Aussi, dit-il à ses serviteurs, « Vite, apportez laplus belle robe et revêtez l’en »… Si cette robe est « la plusbelle » que Dieu possède, elle ne peut qu’être la sienne, une robede Splendeur, de Majesté et de Gloire… Tel est « le vêtement desalut » : « le manteau de justice » et « le diadème » qui évoquela participation à la Justice et à la Royauté mêmes de Dieu… Lerésultat sera « clarté », « gloire » par le don de « l’Esprit degloire » (1P 4,14), création « nouvelle » car renouvelée par leDon de l’Esprit (2Co 5,17-18 ; Tt 2,4-7), et enfin joie, « joie del’Esprit » (1Th 1,6), joie des sauvés qui ont reçu l’Esprit (1Th4,8) et joie de Dieu à qui appartient la Plénitude de l’Esprit (Jn4,24 ; Ep 3,18 ; 5,18 ; Col 2,9-10)…

Alors, « Oui, Amen ! », un mot qui, en hébreu,signifie : « C’est vrai, c’est du solide, on peut faireconfiance », comme l’écrit St Paul en 1Tm 1,12-17 : « Elle estsûre cette parole » (BJ), « elle est digne de confiance » (TOB),« elle mérite d’être pleinement accueillie par tous » (TOB),« elle est digne d’une entière créance » (BJ) : « le Christ Jésusest venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis,moi, le premier » ». Alors, « Oui, Amen ! », que cette Parole déjàaccomplie dans le cœur de Dieu (Ps 103(102),1-5.10-13), déjàaccomplie dans le cours du temps et de l’Histoire par la mort etla résurrection du Christ (Jn 19,30 ; Rm 4,23-25 ; 5,8 ; 8,31-39 ;

Page 17: La Visitation (Lc 1,39-45)

1Co 15,3-8 ; Ga 1,3-5 ; 2,19-20 ; Ep 2,4-6 ; 5,1-2 ; 5,25-27 ; Col1,21-22 ; Tt 2,11‑14), s’accomplisse maintenant en plénitude dansle cœur de tous les hommes… Que tous osent s’ouvrir à cetteMiséricorde, à cette Tendresse, à cette Bonté qui ne désirequ’une seule chose : notre Plénitude et notre Vie à tous…

Et cette déclaration se termine en Ap 1,8 par ce quiressemble à une signature de Dieu le Père en personne : « Je suisl’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, « Il est, Il était et Ilvient », le Maître-de-tout ». Nous retrouvons l’expression déjàrencontrée en Ap 1,4. Et Dieu se présente aussi comme « l’Alpha etl’Oméga ». Or, alpha (a) est la première lettre de l’alphabetgrec, et oméga (v) la dernière… Dieu est ainsi Celui qui Est aucommencement, et Celui qui est à la fin, l’Eternel Présent à cemonde qu’il a créé (Jn 1,4 ; 1,9) en vue de notre naissance à lavie éternelle… Jean reprend ici un titre déjà apparu dans le Livred’Isaïe : « Qui a agi et accompli ? Celui qui dès le commencementappelle les générations ; moi, le Seigneur, je suis le premier, etavec les derniers je serai encore… Ainsi parle le Seigneur, le roid’Israël, le Seigneur Tout Puissant, son rédempteur : Je suis lepremier et je suis le dernier, à part moi, il n’y a pas de dieu »(Is 41,4 ; 44,6 ; cf. 48,12).

Enfin, « Tout Puissant » (environ 170 fois dans la traductiongrecque de l’AT dont 60 dans le seul Livre de Zacharie) renvoienon seulement à la Puissance créatrice du Roi de l’Univers maisaussi à la Toute Puissance de sa Miséricorde (Lc 1,49-50)qu’aucune de nos misères ne peut mettre en échec dans la mesure oùnous la lui offrons avec un désir sincère derepentir…

Page 18: La Visitation (Lc 1,39-45)

D.Jacques Fournier

[1] Il suffit pour s’en convaincre de comparer les traductionspour Ex 3,12 (BJ : « Je serai avec toi » ; TOB : « Je suis avectoi »), Ex 3,14 (BJ : « Je suis celui qui est » ; TOB : « Je suisqui je serai ») ; Ex 4,15 (BJ : « Moi, je serai avec ta bouche » ;TOB : « Et moi, je suis avec ta bouche »)…

[2] Lorsque l’Ange Gabriel annonça à Marie qu’elle allait « êtreenceinte et enfanter un fils », il lui indiqua le nom qu’ilfallait donner à l’enfant : « tu l’appelleras du nom de Jésus »(Lc 1,26-33). « Jésus » (Yéhoshua ou Yeshua en hébreu) signifie« Yah(vé) sauve ». Or Yahvé, dans l’Ancien Testament, est le Nomdu Dieu de l’Alliance (Ex 3,13-15, traduction Bible de Jérusalem),Celui qui dans le Nouveau Testament s’est révélé comme étant« Notre Père ». Le nom de « Jésus » renvoie donc au Père en tantqu’Il nous sauve. Avec son Fils et par Lui, Dieu le Père enpersonne vient sauver tous les hommes, ses enfants…

[3] « Christ » vient du verbe grec « kriô » qui signifie « oindre,enduire » ; « kristos » sera donc « celui qui a reçu l’onction ».Le mot « Messie » a exactement la même signification, mais luivient de l’hébreu, la langue de l’Ancien Testament. « Massah »signifie « asperger, oindre », et « massiah » ou « messiah »,« celui qui a reçu l’onction ». Dans l’Ancien Testament, le roi

Page 19: La Visitation (Lc 1,39-45)

était « l’Oint du Seigneur » par excellence, celui que Dieu avait« élu » pour gouverner son Peuple. L’onction d’huile lui étaitappliquée par un homme de Dieu, prophète ou prêtre. Le roi David,par exemple, fut oint par le prophète Samuel (1 Sm 16,1-13). Etsur la base de la promesse faite par Dieu à David en 2Sm 7,16, lesJuifs, à l’époque de Jésus, attendaient ce Messie « Fils deDavid », qui devait, du moins le pensaient-ils, rétablir laroyauté en Israël en chassant l’occupant romain (Lc 24,21 ; Ac1,6). Mais Jésus accomplira toutes ces prophéties en semanifestant par sa Parole, les signes accomplis, sa mort et saRésurrection, comme le Roi vainqueur du mal et de la mort. Et ildésire que nous soyons tous les heureux bénéficiaires de savictoire…

[4] Nous l’avons noté : quatre termes sont employés. Or « quatre »symbolise l’universalité déjà évoquée par les mots employés :« toute race, langue, peuple et nation »… L’auteur souligne ainsià quel point « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm2,3-6).

Page 20: La Visitation (Lc 1,39-45)

Le prologue du Livre de l’Apocalypse(Ap 1,1-3) « Révélation de Jésus Christ : Dieu la lui donna pour montrerà ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt; Il envoya son Angepour la faire connaître à Jean son serviteur, lequel a attesté laParole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ : toutes sesvisions. Heureux le lecteur et les auditeurs de ces parolesprophétiques s’ils en retiennent le contenu, car le Temps estproche ! »

Dès le premier verset, Dieu le Père apparaît commecelui qui révèle son Fils en lui donnant de se manifester aux« serviteurs » qu’il a choisis. La « révélation de Jésus Christ »est donc toute à la fois une Révélation qui vient par le Christ etqui porte sur son Mystère. Les « serviteurs » seront ainsi avanttout « les témoins » de ce qu’ils auront perçu du Mystère duChrist (Lc 24,44-48 ; Ac 1,21‑22 ; 26,12-18 ; 22,12-15).

L’expression grecque « en takhei » traduite par« bientôt » dans nos Bibles n’apparaît que deux fois dans le Livrede l’Apocalypse : ici, au tout début (1,1), et à la fin en 22,6.Comparons ces deux passages :

Ap 1,1-3 : Révélation de Jésus Christ :

Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui

Page 21: La Visitation (Lc 1,39-45)

doit arriver bientôt.

Il la fit connaître

en envoyant son ange à Jean son serviteur,

lequel a attesté comme Parole de Dieu ettémoignage de Jésus Christ

tout ce qu’il a vu.

Heureux celui qui lit, et ceux qui écoutent lesparoles de la prophétie

et gardent ce qui s’y trouve écrit,

car le temps est proche.

Ap 22,6-8a.10 : Ces paroles sont certaines et véridiques ;

le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, aenvoyé son ange,

pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriverbientôt.

Voici, je viens bientôt.

Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de celivre.

Moi, Jean, j’ai entendu et j’ai vu cela…

Ne garde pas secrètes les paroles prophétiques de celivre,

car le temps est proche.

Page 22: La Visitation (Lc 1,39-45)

Les ressemblances sont donc nombreuses. Nous avons làce que l’on appelle « une inclusion » au sens où tout le Livre del’Apocalypse est « inclus » entre ces deux passages quasimentidentiques. Cette simple remarque permet déjà de répondre àla question : mais qu’est-ce qui doit arriver bientôt ? Toutsimplement ce qui se trouve entre ces deux passages, c’est-à-direCelui qui est au centre de la Révélation transmise par le Livre del’Apocalypse, « Jésus Christ et son Mystère ». Et de fait, leverset 22,7 donne une réponse semblable : « Je viens bientôt »,une affirmation reprise par trois fois en cette fin de l’ouvrage(Ap 22,12 ; 22,20 ; cf. 3,11 ; 2,25). Le retour du Christ est donctout proche, voilà ce qui doit arriver bientôt… « Bientôt », auJour que Dieu seul connaît en ce qui concerne la fin du monde (Ac1,7 ; Mt 24,36), « bientôt », au jour de la mort de chacun d’entrenous, et nul ne sait ni le jour ni l’heure, demain peut-être ?

Il y a donc urgence à seconvertir, c’est-à-dire à setourner de tout cœur versle Christ, ce Christ qui est notreà-venir à tous par-delà notremort. Mais sa rencontre n’est pasréservée au seul « au-delà ». Bienque nous ne puissions le voir avec

nos yeux de chair, Il est là, Présent à notre vie (Mt 28,20),frappant à la porte de notre cœur (Ap 3,20) par sa Parole quel’Esprit Saint ne cesse de nous dire et de nous redire à sa façonà Lui (Jn 15,26 ; 3,8)… Telle est aujourd’hui encore « la voix duChrist » (Jn 5,25), mystérieuse, insaisissable, indescriptiblemais synonyme pour celui qui l’accueille de Vie, de Lumière, deBonheur et de Paix… Alors, « heureux es-tu Simon, fils de Jonas,car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, maisde mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16,17), par l’action del’Esprit Saint, source de joie (1Th 1,5-6). « Puis, se tournantvers ses disciples, il leur dit en particulier : « Heureux lesyeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoupde prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne

Page 23: La Visitation (Lc 1,39-45)

l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pasentendu ! » (Mt 16,17 ; Lc 10,23-24). Et « heureux le lecteur etles auditeurs de ces paroles prophétiques s’ils en retiennent lecontenu, car le Temps est proche ! »… Il vient bientôt, Celui quiest déjà là, offert en Mystère de Communion par le don de sa Vie(1Jn 1,1-4 ; 1Co 6,17 ; 1Th 5,9-10). Tel est ce Royaume « toutproche » (Mt 3,2 ; 4,17 ; 10,7) qui se propose à notre foi,un Royaume qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint »(Rm 14,17), Mystère de Communion (2Co 13,13) et de Vie (Ga 5,25 ;Jn 6,63 (TOB)) qui vient soutenir notre espérance (Rm 15,13).« Après tout, cela m’est égal de vivre ou de mourir. Je ne voispas bien ce que j’aurais de plus après la mort que je n’aie déjàen cette vie. Je verrai le bon Dieu, c’est vrai, mais pour ce quiest d’être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur cette terre »(Ste Thérèse de Lisieux). « C’est si bon cette Présence de Dieu !C’est là, tout au fond, dans le Ciel de mon âme que j’aime letrouver puisqu’il ne me quitte jamais… Et vous êtes vous-mêmes laretraite où il s’abrite, la demeure où il se cache… Pensez à ceDieu qui habite en vous, dont vous êtes le Temple (1Co 3,16-17 ;6,19 ; Jn 14,23). C’est Saint Paul qui parle ainsi, nous pouvonsle croire. Petit à petit, l’âme s’habitue à vivre en sa doucecompagnie, elle comprend qu’elle porte en elle un petit ciel où leDieu d’Amour a fixé son séjour. Alors, c’est comme une atmosphèredivine en laquelle elle respire… Ah ! Je voudrais pouvoir direà toutes les âmes quelles sources de force, de paix et aussi debonheur, elles trouveraient si elles consentaient à vivre en cetteintimité » (Ste Elisabeth de la Trinité)…Tel est ce « trésor »caché au plus profond de nos cœurs et qui n’est comparable àaucune richesse de cette terre (Mt 13,44-46 ; Sg 7,7-14). Celui oucelle qui le découvre ne peut qu’être profondément « heureux »… Cemot revient sept fois dans le Livre de l’Apocalypse en signe dePlénitude (Ap 1,3 ; 14,13 ; 16,15 ; 19,9 ; 20,6; 22,7 ; 22,14). Etpourtant, il a été écrit dans un contexte de persécutions et doncde souffrances ! Mais telle est « la Bonne Nouvelle » parexcellence : le Christ vient régner au cœur de nos épreuves.Nos croix sont habitées par sa Lumière. « Heureux ceux quipleurent »… « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,

Page 24: La Visitation (Lc 1,39-45)

car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,2-12). La persécutionne peut que faire souffrir, pleurer… Mais le soutien réconfortantdu Christ ressuscité est source de Consolations… Par amour, Ilvient porter avec nous ces fardeaux qui, sans Lui, nousécraseraient (Mt 11,28-30). Et alors même que nous peinons surles chemins de la vie, Christ est envers et contre tout joie pourcelui qui l’accueille. « Béni soit le Dieu et Père de notreSeigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu detoute consolation, qui nous console dans toutes nos détresses »(2Co 1,3)… Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Cetteconsolation consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve etdans le début d’une ère de paix et de joie » (cf. 1Jn 2,8).« Mais, dans le Nouveau Testament, le monde nouveau est présentau sein du monde ancien et le chrétien uni au Christ est consoléau sein même de sa souffrance »… Et « Paul insiste constammentsur la présence de réalités antagonistes, voire contradictoires,dans le Christ, l’apôtre et le chrétien : souffrance etconsolation, mort et vie, pauvreté et richesse, faiblesse etforce. C’est le mystère pascal, la présence du Christ ressuscitéau milieu du monde ancien de péché et de mort ».

Le Père a ainsi envoyé son Fils dans le monde pournous annoncer cette Bonne Nouvelle de sa Présence inconditionnelleà nos côtés, continuellement offerte pour notre seul bien… A cetitre, le Fils a été « le messager » du Père, Celui qui nous atransmis « les Paroles » de son Père (Jn 17,8 ; 12,50 ; 8,26 ;15,15). Or, le mot « angélos, ange » signifie en grec« messager ». C’est pour cela que la Bible de Jérusalem écrit ennote pour Ap 1,1 : « L’Ange représente probablement le ChristLui‑même ». Envoyé par le Père, il est venu révéler à « Jean sonserviteur » « qui » Il Est grâce à son Père qui l’engendre detoute éternité, et « quelle » est cette œuvre du Père qu’il estvenu accomplir dans le cœur et la vie de ceux et celles quiaccepteront de l’accueillir. Le Père veut en effet de toutson Etre que tous les hommes soient sauvés (1Tm 2,3-7) etreçoivent par son Fils et par l’action de l’Esprit Saint, le donde sa Vie éternelle (Jn 17,1-3)…

Page 25: La Visitation (Lc 1,39-45)

Jean témoignera alors tout simplement de ce qu’il avu et entendu, et notamment que « le témoignage de Jésus Christ »est « Parole de Dieu ». La Parole du Christ naît en effet del’action de Dieu dans sa vie. Elle est témoignage rendu à cetteaction du Père de qui il reçoit tout, son être et sa vie (Jn5,26), et sans qui il ne peut rien (Jn 5,19-20.30). Aussi, Jésusne cesse-t-il de se tourner de tout cœur vers le Père (Jn 1,18)qui est toujours avec Lui (Jn 8,29), uni à Lui dans la communiond’un même Esprit (Jn 10,30), et le Père Lui montre tout ce qu’ilfait. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5,8). LeFils, vrai Dieu et vrai homme, a un cœur parfaitement pur, etc’est par ce regard du cœur, dans la foi, qu’il voit (Jn 5,19-20 ;3,31‑32 ; 6,46 ; 8,38) et entend le Père (Jn 5,30 avec note BJ ;8,26 ; 15,15). Ensuite, il ne fait que témoigner de ce qu’il avécu, vu et entendu auprès de son Père (Jn 3,31-36 ; 8,14.18 ;18,37). Et c’est par ce témoignage que le Fils désire nousentraîner dans le mystère de sa relation avec son Père : que nouspuissions nous aussi recevoir du Père ce que lui‑même reçoit,que nous puissions vivre nous aussi par Lui, avec Lui et comme Luien communion avec le Père (Jean 6,57 ; 15,9-11 ; 17,20‑23)… LeChrist était ainsi le premier à vivre le Mystère de ce Royaume desCieux qu’il n’a cessé d’annoncer. Il fut le « témoin fidèle » (Ap1,5 ; 3,14) de la Présence du Père au cœur de sa Vie dansun Mystère de Communion qui est justement le Mystère du Royaume…

D. Jacques Fournier

Page 26: La Visitation (Lc 1,39-45)

Comment Dieu communique-t-il ?Le Père « communique » par son Fils éternel, Lui que nous appelons « le Verbefait chair » (Jn 1,14) lorsque nous évoquons son Incarnation. Et c’est entant que Fils qu’il est Parole éternelle du Père. En effet, le Père ne cessede lui dire : « Tu es mon Fils bien aimé » (Mc 1,11 ; 9,7), autrement dit« je t’aime »… Mais « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) et c’est parce qu’Il EstAmour qu’il est éternellement Don gratuit de Lui-même, Don gratuit de cequ’Il Est en Lui-même… Cette réalité est évoquée dans la Bible par l’image dela Source d’Eau Vive (Jr 2,13 ; 17,13 ; Ps 42-43…), du Soleil (Ps 84,12(TOB) ; Mt 5,43), de la pluie (Is 55,10-11 ; Mt 5,43), etc… Autrement dit,le Père Amour ne cesse de donner au Fils, et cela de toute éternité, tout cequ’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi d’Être ce que Lui, le Père, Il Estde toute éternité : « Le Père aime le Fils et il a tout donné (« et il donnetout » ; parfait grec) en sa main » (Jn 3,35). Le Fils est alors cet UniqueEngendré (Jn 1,14.18), fruit éternel de l’amour du Père en acte… C’est à cetitre qu’il est tout entier « Parole de Dieu », Parole du Père, qui, en acte,ne cesse de lui dire « je t’aime » en se donnant tout entier à lui… Biendistinct du Père, le Fils est alors « né du Père avant tous les siècles,engendré non pas créé, de même nature que le Père, Dieu né de Dieu, Lumièrenée de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo).

Or toute la mission de Jésus consiste à nous révéler le projet de Dieu surnous. Et nous avons tous été créés gratuitement, par amour, par le Don duSouffle de Dieu qui, en nous, est à l’origine de notre vie (Gn 2,4b-7), etcela « pour reproduire l’image du Fils » (Rm 8,29). Autrement dit, noussommes tous appelés à recevoir nous aussi, gratuitement, par amour, ce Donque le Père ne cesse de faire au Fils, ce Don par lequel le Père l’engendreen Fils, ce Don qui est l’expression même de son « Je t’aime » éternel… Maisalors… si nous acceptons de le recevoir, gratuitement, et cela sans aucunmérite de notre part, ce serait plutôt le contraire (…), ce Don va lui aussifaire en nous ce qu’il fait dans le Fils de toute éternité : nous engendreren fils, à l’image du Fils, en nous donnant de participer nous aussi, selonnotre condition de créatures, à la Plénitude de cette nature divine qui estcelle du Fils, en tant qu’il la reçoit lui aussi du Père depuis toujours etpour toujours… Voilà pourquoi le Fils est tout entier « Parole » pour nous,puisque nous sommes tous appelés, tel est le projet de Dieu, à être un jour,pleinement, ce qu’Il Est Lui-même ! Mais bien sûr en tant que personneshumaines créées, Lui étant une Personne divine non créée, engendrée par lePère depuis toujours et pour toujours, et c’est « par Lui que tout a étéfait » (Jn 1,3), nous compris…

Mais ce verbe « communiquer » peut prendre pour Dieu un autre sens… Le Père

Page 27: La Visitation (Lc 1,39-45)

« communique » avec nous par celui qui est tout entier « Parole » pour nous,et donc « chemin » à suivre en faisant comme Lui : nous tourner de tout cœurvers le Père (« Repentez-vous », première Parole de Jésus en St Marc, 1,15),pour demeurer dans l’Amour du Père, en acceptant d’en être nous aussi lesheureux bénéficiaires, comblés par le Don de l’Amour qui accomplira en nousson œuvre : nous engendrer à la Plénitude de la vie divine, en fils à l’imagedu Fils. « Si vous gardez mes commandements », et « son commandement est vieéternelle », « vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé lescommandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 15,10 ; 12,50). Etc’est là où le verbe « communiquer » a un double sens en Dieu : Dieu« communique », au sens de « donner », par notre foi au Fils qui se traduiraalors par un « recevoir ». Mais cette œuvre est cette fois celle de l’EspritSaint, qui procède du Père et du Fils, autrement dit qui se reçoit de touteéternité du Père et du Fils, comme le Fils se reçoit de toute éternité duPère… La traduction de la TOB pour Jn 16,12-15 est tout particulièrementbelle à ce sujet : « Il me glorifiera », dit Jésus de l’Esprit Saint,« l’Esprit de vérité », « car il recevra de ce qui est à moi », et c’est bience qu’il fait depuis toujours et pour toujours, « et il vous le communiquera.Tout ce que possède mon Père est à moi », puisque le Père donne tout ce qu’ilest, tout ce qu’il a au Fils, l’engendrant ainsi en Fils, « c’est pourquoij’ai dit qu’il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi », et cette fois,Jésus emploie bien un présent pour le verbe « recevoir », qui de fait estéternel : l’Esprit ne cesse de se recevoir (du Père) et du Fils en tant qu’il« procède du Père et du Fils » (Crédo)…

Autrement dit, par l’Esprit Saint qui est « Seigneur et qui donne la vie »(Crédo), « Dieu communique » en nous donnant d’avoir part à ce qu’Il Est enlui‑même… « Dieu est Amour », et donc Don de Lui-même… « Dieu est Esprit »(Jn 4,24) ? Il donne l’Esprit, un Esprit qui est Vie, un Esprit qui vivifie…Et c’est ainsi que nous disons : « Je crois en l’Esprit Saint qui estSeigneur et qui donne la vie ».

Voilà comment Dieu ne cesse de nous parler en silence en nous donnantl’Esprit qui est tout à la fois Vie, Paix, Joie douce et discrète… Et le Pèren’a qu’une Parole à nous dire, une Parole qui correspond en fait à ce qu’ilvit continuellement à notre égard : « Je vous aime ». C’est le résumé de toutce que Jésus a à nous transmettre de la part du Père : « Le Père Lui-mêmevous aime » (Jn 16,27). Et il le fait en « témoin », puisque c’est ce qu’il« entend » du Père depuis toujours et pour toujours… Voilà pourquoi il nousdit : « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître »(Jn 15,15). « Père, les paroles que tu m’as données », « Tu es mon Fils bien-aimé », « je t’aime », « je les leur ai données », « le Père Lui-même vousaime » (Jn 17,8)…

Tout ceci se résume avec Jn 3,34 :

Page 28: La Visitation (Lc 1,39-45)

Dieu communique par une Parole audible, intelligible: « Celui que Dieu aenvoyé prononce les Paroles de Dieu » (Jn 3,34 a)…

Dieu communique par le Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même (« Dieuest Esprit » (Jn 4,24), il donne donc l’Esprit) : … « car il donnel’Esprit sans mesure» (Jn 3,34b), un « Esprit qui est vie » (Ga 5,25),un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6).

A nous maintenant de nous convertir, de nous repentir, jour après jour, avecle secours et la grâce de Dieu, pour nous tourner de tout cœur vers le Père,comme le Fils l’est de toute éternité (Jn 1,18), et demeurer ainsi avec Luidans cet Amour du Père qui n’est que Don de Lui-même, un Don par lequel il necesse d’engendrer à la vie, à sa Vie… Alors, nous recevrons nous aussi, avecle Fils, ce Don que le Fils reçoit du Père de toute éternité, un Don parlequel le Père l’engendre en Fils, un Don par lequel nous serons engendrés ànotre tour en Fils à l’image du Fils… Alors notre vocation sera accomplie, ettelle est la vocation de tout homme quel qu’il soit sur cette terre… « Gloireà Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre, paix aux hommes de bonnevolonté » (Lc 2,14 ; St Jérôme)… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux etsur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance » (Lc 2,14 BJ).« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix pour ses bien-aimés » (Lc 2,14 TOB), car Dieu dans son Amour ne cesse de répandre ensurabondance sur le monde tout ce qu’Il Est en Lui-même… « Dieu est Esprit »(Jn 4,24) ? Gratuitement, par amour, il ne cesse de donner l’Esprit, et « lefruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Alors, « paix à tous leshommes de bonne volonté »…

D . J a c q u e sFournier

Comment Dieu communique-t-il? : en cliquant sur ce titre vous accéderez à undocument PDF pour lecture ou éventuelle impression.

Tous appelés à être sauvés par Dieu dela Colère de Dieu…« Dieu est Amour » écrit par deux fois St Jean (1Jn 4,8.16). « Aimez-vous lesuns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12), nous demande-t-il.« Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs afin de devenir fils devotre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants

Page 29: La Visitation (Lc 1,39-45)

et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt5,43-45). « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par lebien« , nous dit St Paul (Rm 12,21). Or l’Ancien Testament nous présente trèssouvent Dieu comme se mettant en colère face au mal, une colère qui l’amène àrépondre au mal par le mal avec parfois beaucoup de violence… Un texte vamême jusqu’à nous le montrer prenant du plaisir à détruire ! « Parce que tun’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, autant Yahvé avait pris plaisirà vous rendre heureux et à vous multiplier, autant il prendra plaisir à vousperdre et à vous détruire » (Dt 28,63). Et le prophète Ezéchiel nous lemontre « allant même jusqu’à leur donner des lois qui n’étaient pas bonnes etdes coutumes dont ils ne pouvaient pas vivre, et je les souillai par leursoffrandes, en leur faisant sacrifier tout premier-né, pour les frapperd’horreur, afin qu’ils sachent que je suis Yahvé » (Ez 20,25-26). Nous sommesici au comble de l’horreur…

Comment les auteurs de l’Ancien Testament ont-ils pu s’imaginer que Dieupouvait être ainsi ? Quelle était donc leur compréhension du monde ? Commentpercevaient-ils le problème du mal et de ses conséquences, et surtout quelsliens établissaient-ils entre le mal et Dieu ? Gerhard Von Rad, dans sa« Théologie de l’Ancien Testament », a enquêté sur les croyances anciennes dumonde oriental, des croyances qui ont influencé la manière dont les auteursde l’Ancien Testament se représentaient Dieu et sa manière de réagir face aumal… Mais d’étape en étape, leur cheminement s’est affiné… jusqu’à atteindreson sommet: « Dieu est Amour‘, et il n’Est qu’Amour…

Nous commencerons ici par regarder le thème de la Colère de Dieu dans leLivre de l’Exode, en soulignant à quel point Dieu y est perçu de manière« humaine », et en mettant en lumière quelques belles contradictions… Puisnous regarderons rapidement les colères humaines dans la Bible, pour ensuitefaire une rapide synthèse des informations trouvées dans les textes parlantde la Colère de Dieu: ses destinataires, les agents de cette Colère, seseffets, les raisons qui la déclenchent… Puis nous verrons, avec Gerhard VonRad, comment deux principes simples peuvent nous aider à rendre compte detout cela… Enfin, nous regarderons, avec de magnifiques textes de l’AncienTestament lui-même, quelles sont les attitudes et les réactions de Dieu faceau mal, autant d’éléments que l’on retrouve, avec une pureté inégalée, dansla vie et les Paroles du Christ…

En regardant cette « Colère de Dieu » bien en face, en l’interprétant à lalumière des clés qui ont présidé à une telle vision de Dieu, nous ne pourronsque constater à quel point c’est bien un seul et même Dieu qui a guidé toutce cheminement biblique. Certes, il a pris les hommes tels qu’ils étaient, etheureusement, il en fait toujours de même avec nous. Mais avec une infiniepatience, de génération en génération, par ses prophètes et dans la prière,sa Lumière, présente dès les tout débuts, a, petit à petit, percé nos

Page 30: La Visitation (Lc 1,39-45)

ténèbres, illuminé nos intelligences, jusqu’à se révéler, dans toute sasplendeur,avec le Christ, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), « la Lumière dumonde » (Jn 8,12), révélation parfaite du Mystère éternel d’un « DieuAmour« … « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10,30), dans l’unité d’un mêmeEsprit (Ep 4,3), d’une même Lumière (Jn 12,46; 1Jn 1,5)… « Recevez l’EspritSaint« … C’est en ce Don que nous espérons aujourd’hui pour qu’il nous guide,jour après jour, vers la vérité tout entière… « L’Esprit Saint que le Pèreenverra en mon nom vous enseignera tout… Il vous introduira dans la véritétout entière » (Jn 14,26; 16,13)… A nous maintenant de lui demander saPrésence et son soutien, le plus simplement possible, et de partir àl’aventure dans la recherche de la vérité, en étant, avec Lui, ouvert à tout…

Bonne lecture à vous…

D. Jacques Fournier

Pour des raisons de commodités au niveau de la mise en page et aussi parfois,au niveau des citations bibliques en leur langue originale, traduites etexpliquées, nous vous invitons à cliquer sur le titre ci-dessous: il vousdonnera accès au document en PDF…

Sauvés par Dieu de la Colère de Dieu-PDF

Première approche de la Bible par SrMarie Anne l’ETOURDIEPremière Etape

Le livre

Sa rédaction

Les traductions importantes

Comment se retrouver dans ce livre

Page 31: La Visitation (Lc 1,39-45)

Le livre

Origine du mot Bible

Le mot français Bible vient du grec « Ta Biblia » qui signifie leslivres. En latin le mot « Biblia » est un mot feminin, d’où laBible en français.

La Bible c’est un « livre » et en même temps une « bibliothèque »vaste et diverse.

Un livre parce qu’il y a un fil conducteur, c’est que tous lesécrits de la Bible parlent d’un même sujet : la relation de Dieuavec un peuple particulier.

Une bibliothèque : parce qu’elle contient un grand nombre delivres.

2 grandes parties : l’Ancien ou le premier Testament et le NouveauTestament.

Le mot Testament ici a la signification d’Alliance, une alliance

Page 32: La Visitation (Lc 1,39-45)

entre Dieu et son peuple.

73 livres ouvrages dont 46 pour l’Ancien et 27 pour le NouveauTestament.

Cette bibliothèque s’ouvre sur le livre de la Genèse qui veut direcommencement et au commencement Dieu crée.

Elle se referme sur le livre de l’Apocalypse qui veut direrévélation, la révélation d’une création nouvelle (Ap 21, 1-3) descieux nouveaux et d’une terre nouvelle, demeure de Dieu avec leshommes.

Tous les livres de cette bibliothèque nous parlent de l’histoirede la relation de Dieu avec son peuple choisi, Israël, del’Alliance qu’il fait avec ce peuple, ses réussites, ses échecs,ses joies, ses espoirs ect…

Au cœur de ce livre, nous rencontrons une personne « JésusChrist », et Jésus Christ Ressuscité. Donc dans ce peuple Dieuenvoie son fils qui est lui-même une Bonne Nouvelle. Il vient direau monde : « qui est Dieu ». Par son sang versé sur la croix, ilfera une Alliance nouvelle et éternelle avec tous les hommes, caril verse son sang pour la multitude.

Nous est ensuite raconté la vie de ceux qui ont accueilli la BonneNouvelle de Jésus Christ. Après son Ascension, guidés par L’EspritSaint ils vont porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de laterre. Commence ainsi le temps de l’Eglise, avec l’histoire despremières communautés chrétiennes.

Comment s’orienter dans cette bibliothèque La première partie : l’Ancien Testament comporte 46 livresrépartis en 3 grandes séries + 1 : la loi, les prophètes, lesautres écrits (sont pour les juifs la base de toute leur viereligieuse, c’est ce qu’ils appellent les écritures) et les livres

Page 33: La Visitation (Lc 1,39-45)

deutérocanoniques.

1ère série : La loi :

Il s’agit des 5 premiers livres de la Bible : La Genèse, l’Exode,le Lévitique, les nombres et le Deutéronome. En hébreu la torah eten grec le pentateuque (cinq étuis contenant les rouleaux).

2ème série : Les prophètes

A/ Les prophètes premiers ou les livres historiques : Josué,Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois.

B/ Les prophètes derniers : des hommes qui ont parlé de la partde Dieu.

3 grands prophètes, Isaïe, Jérémie et Ezéchiel. On les appelle« grands » tout simplement parce que leurs livres sont longs avecbeaucoup de chapitres.

Les 12 autres sont appelés « petits » parce qu’ils sont plus

Page 34: La Visitation (Lc 1,39-45)

courts : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Agée,Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie.

3ème série : Les autres écrits

Ecrits de sagesse pour guider, pour aider le peuple dans sa vie detous les jours. Cette série commence par les Psaumes : prièred’Israël qui sont au nombre de 150, prière concernant tous lesévènements de la vie. Jésus a prié les psaumes et aujourd’huiencore l’Eglise a fait sienne cette prière dans sa vie de tous lesjours.

Pour les juifs les écritures se terminent ici. (39 livres).

Ce sont des livres écrit en grec, faisant partie de la liste desSeptantes et qui sont entrés en 2ème lieu dans la règle, car le motcanon vient du grec qui veut dire règle pour mesurer, canne ouliste. Ce sont des écrits religieux qui n’ont pas été accueillisdans le canon hébraïque. Disposant de 2 canons pour l’AncienTestament : l’un hébraïque et l’autre grec, les catholiques ontadoptés le canon grec.

2ème partie de la bibliothèque.

Page 35: La Visitation (Lc 1,39-45)

Cette partie se nomme le Nouveau Testament. Il est composé de 27livres que nous pouvons classer en 4 séries : Les Evangiles, lesActes des Apôtres, les Epîtres et l’Apocalypse. Les chrétiens ontajouté ces livres aux écrits reçus de juifs, qu’ils ont appeléA.T. ou Premier Testament.

1/ Les Evangiles

Evangile : mot grec qui veut dire Bonne Nouvelle, c’est un motcourant qui était utilisé dans le langage profane de l’époque.

Les Evangiles sont au nombre de 4 : Matthieu, Marc, Luc et Jean.Ils racontent la vie et l’enseignement de Jésus venu établir lanouvelle Alliance, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sarésurrection et son ascension au ciel.

Ce ne sont pas des reportages, ni des autobiographies mais desécrits de foi.

Page 36: La Visitation (Lc 1,39-45)

On appelle les évangiles de Matthieu, Marc et Luc les synoptiquesparce qu’ils sont composés d’après un même plan et qu’on peutmettre certains textes en parallèle et découvrir la similituded’un seul coup d’œil. L’Evangile de Jean est écrit d’après unautre plan.

2/ Les Actes des Apôtres (un volume de 28 chapitres, écrit par StLuc)

Dans ce livre, Jésus monte au ciel et c’est l’Esprit Saint quiprend le relais, à la pentecôte, il descend, c’est lui qui faitagir les apôtres.

L’auteur raconte l’histoire des apôtres depuis l’Ascension deJésus au ciel, de leurs œuvres apostoliques, de leurs missionsd’Evangélisation à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie etjusqu’aux extrémités de la terre (cf Ac 1,8). Nous avons là, letémoignage des premières communautés chrétiennes c’est-à-dire del’Eglise primitive. La dernière action des apôtres, racontée dansce livre est celui de Paul à Rome (considéré comme le bout dumonde).

3/ Les Epîtres ou Lettres au nombre de 21, envoyés aux communautéschrétiennes nouvellement fondées sont comme les lettresencycliques écrits par le Pape ou les lettres pastorales desévêques d’aujourd’hui.

13 épitres de Paul adressées aux communautés ou aux personnes :Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens,Colossiens, 1 et 2 Théssaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite,Philémon.

Page 37: La Visitation (Lc 1,39-45)

La lettre aux Hébreux auteur inconnu.

La lettre de St Jacques

1 et 2 Pierre

1, 2 et 3 Jean

La lettre de Jude

4/ L’Apocalypse : révélation ou dévoilement, écrit par St Jean oupar ses disciples à la fin du premier siècle de notre ère, dans unstyle un peu étrange, codé, littérature pour temps de crise : lapersécution. Ce livre redonne courage et espérance aux croyants etleur permet de découvrir le sens caché des évènements qu’ilsvivent.

Sa Rédaction Il a fallu 1000 ans pour rédiger ce livre que nous avons en main,qui n’est ni une biographie, ni un reportage en direct, mais uneméditation sur l’histoire d’un peuple.

Les auteurs.

Ils sont nombreux, vivant à différents moments de cette histoire.Pour écrire chacun a son style d’où les différents genreslittéraires.

Tous ne sont pas connus car à l’époque les auteurs ne signaientpas leurs ouvrages, mais on avait pour habitude de le mettre sousle patronyme de quelqu’un de célèbre pour l’honorer (ex : lespsaumes de David). Ce n’est que vers le 4ème siècle de notre èreque les auteurs signent leurs œuvres.

Ces auteurs sont des croyants écrivant pour des croyants, afin deleur transmettre leur foi en ce Dieu qu’ils ont rencontré. A

Page 38: La Visitation (Lc 1,39-45)

travers les évènements ils veulent amener le lecteur à découvrirl’action de Dieu.

Les textes.

Avant d’être mis par écrit, certains textes de l’Ancien Testamentont existé sous forme de tradition orale. (La création du premieralphabet en Phénicie apparaît vers 1300 avant Jésus Christ). Lespremiers livres bibliques furent mis par écrit vers 900 av. J.C. àl’époque de la royauté. Les scribes commencent à tenir les annalesroyales. C’est aussi le temps des premiers psaumes.

Les 39 livres de l’Ancien Testament ont été rédigés en hébreu,avec quelques passages en araméen, et les livres Deutérocanoniquesen grec.

Les premiers écrits du Nouveau Testament sont les épîtres de StPaul aux Thessaloniciens vers 51 ap. J.C. et les derniers, lesépîtres de Jean vers 100 et la 2ème lettre de Pierre vers 125. Les27 livres ont été écrits en grec.

Les traductions importantes

La Septante ou LXX : première grande traduction de l’AncienTestament au 3ème siècle av. Jésus Christ à Alexandrie en Egypte.(la légende parle de 70 savants juifs traduisant en 70 jours lesécritures de l’hébreu en grecque).

La Vulgate : traduction latine de la Bible par St Jérôme, fin du4ème siécle ap. Jésus Christ.

La Bible a été le premier livre imprimé par Guttenberg vers 1450.Elle a été divisée en chapitres par un théologien bibliste StephenLangton en 1203, en versets par en 1553.

A partir de l’hébreu, du grec et du latin, aujourd’hui, il y aplusieurs traductions de la Bible disponibles. 2426 traductionspartielles et 429 traductions complètes dont 160 en Afrique(Nouvelles bibliques, mars 2007). Nous avons en vente plusieurs

Page 39: La Visitation (Lc 1,39-45)

traductions françaises, pour étudier les meilleurs sont : La Biblede Jérusalem et la Traduction Œcuménique de la bible (TOB) quioffrent de bonnes introductions et beaucoup de notes.

Pour se retrouver Connaître l’abréviation de chaque livre s’avère nécessaire(consulter la table des matière).

Le grand chiffre du texte indique les chapitres et les petits, lesversets.

Les petites lettres renvoient aux notes se trouvant à la fin de lapage.

La lecture des introductions et des notes, la consultation dutableau chronologique, des cartes géographiques et du vocabulairepermettent une meilleure compréhension du texte.

2ème Etape

— Les lieux

— Un peuple porteur de noms multiples

— Les temps

— Le contenu de L’Ancien Testament

Les lieux

Pour pouvoir entrer dans la Bible, il est nécessaire que nouspuissions nous situer dans l’espace et dans le temps, cela nouspermet de situer le texte dans son contexte lors de notre lecture,car la religion juive et la révélation chrétienne s’enracinentdans des lieux et des temps précis.

Page 40: La Visitation (Lc 1,39-45)

Toute l’histoire biblique se déroule au Proche-Orient avec deuxpoints principaux aux deux extrémités du « Croissant Fertile »(Zone cultivable s’étendant en demi cercle de l’Egypte au GolfePersique). Dans cette région, les deux grandes puissances del’époque, d’un côté la Mésopotamie (pays entre les fleuves) qui sesitue sur l’emplacement de l’Irak actuel et de l’autre l’Egypte.

Le long de la cote méditerranéenne, la Syrie, la Phénicie et lepays de Canaan sont de lieux de passage pour les commerçants, lesvoyageurs et les armées. Ces pays étaient habités par desSémites.

Les pays cités dans l’histoire d’Israël.

L’Egypte, l’Assyrie, La Babylonie, La Perse, La Grèce et Rome.

Pays porteur de multiples noms

La terre promise : terre que Dieu a donné à Abraham et à sadescendance, pays où Moïse avait mission de conduire le peuple àsa sortie d’Egypte.

Israël : Nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28)

Le Pays de Canaan : (Canaan autre nom donné à Cham, fils de Noé),pays adoptif d’Abraham.

Palestine : Pays des Philistins, car au 12ème siècle av. J.C. lesPhilistins se sont installés dans la plaine côtière de Canaan.

Au temps de la royauté

Avec David et Salomon le pays a pour nom Israël avec Jérusalemcomme capital.

A l’époque du schisme la Palestine est divisé en deux :

Au Nord : Israël qui a Samarie pour Capital.

Page 41: La Visitation (Lc 1,39-45)

Au Sud : Juda qui a Jérusalem pour capital.

Au temps de Jésus

La Palestine est divisée en trois, on distingue la Galilée auNord, la Samarie au centre et la Judée au Sud.

Dans le paysage, un fleuve incontournable : le Jourdain, qui prendsa source au pied du Mt Hermon (Syrie), descend jusqu’au lac deTibériade (Génésareth, Kinnéreth ou mer de Galilée) à 212mt audessous du niveau de la mer et continue sa course jusqu’à la MerMorte, à — 392mt, une mer qui n’a pas de sortie avec une grandeintensité de sel où toute forme de vie est impossible.

A l’est du Jourdain, se trouve la Décapole, une ligue de dixvilles grecques, citée dans le Nouveau Testament.

Les cartes de notre Bible nous permettent de suivre le peuple Juifdans son histoire, histoire liée à un pays (Dt 11, 10-12), etremplie de récits de voyages.

Nous suivrons Abraham, de sa sortie d’Our jusqu’au pays de Canaan,les Hébreux depuis leur sortie d’Egypte jusqu’à leur arrivée aupays de Canaan.

Plus tard, nous suivrons ceux qui vont en exil et ceux du peuplede Juda qui reviennent de l’exil.

Nous suivrons aussi Jésus au cours de ses voyages dans toute laPalestine ainsi que Paul lors de ses voyages missionnaires.

Un peuple porteur de noms multiples Lors de notre lecture, plusieurs noms sont cités pour nous parlerdu peuple de Dieu. Voyons la signification de ces noms.

Page 42: La Visitation (Lc 1,39-45)

Sémites : Ce sont les descendants de Sem fils de Noé (Gn 9, 18)auquel la Bible rattache divers peuples (Elamites, Araméens,hébreux ect…). Abraham est de la famille de Sem (Gn 11, 10).

Hébreux : Ce nom est donné au clan d’Abraham et de sa descendancejusqu’à son installation au pays de Canaan au 13ème siècle av.Jésus Christ. Les Habirû sont des gens de passage.

L’hébreu comme langue : langue sémitique des gens du pays deCanaan. Vers 587 av. J.C. le peuple en l’exil est sous l’influencede la langue araméenne, langue officielle de l’empire Perse,proche de l’hébreu qui devint leur langue courante. Jésus lui-mêmea parlé l’Araméen. L’hébreu reste comme langue religieuse (Ecriture, liturgie).

Israël : C’est le nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28).

Au temps des rois, le nom d’Israël fut donné au royaume du Nordvers 933. Après la disparition de ce royaume en 721, il fut ànouveau employé pou l’ensemble du peuple Juif.

Israëlites : Nom des descendants de Jacob, lorsqu’ils se sontinstallés au pays de Canaan « Terre Promise ».

Juda : Après le schisme en 933 la tribu de Juda, d’où est issu lamonarchie de David donne son nom au royaume du Sud.

Judée et Juifs : Au retour de l’exil vers 538, on appelle Judée larégion de Jérusalem et ses habitants Juifs.

Aujourd’hui

Israël : nom de l’état indépendant créé en 1948, ses habitantssont les Israëliens et ils ont adopté l’hébreu comme langueofficielle.

En ce qui concerne « le temps » nous allons nous référer autableau chronologique.

Page 43: La Visitation (Lc 1,39-45)

Contenu des livres de l’Ancien Testament Les trois grandes parties de l’A.T. d’après la Bible hébraïque.

Le Pentateuque ou Torah

Les Prophètes

Les « autres écrits »

1/LE PENTATEUQUE

Pentateuque signifie « cinq étuis » (contenant des rouleaux deparchemin). Cet ensemble que les Juifs appellent la Torah c’est-à-dire enseignement est attribué à Moïse. Il est aussi appelé laloi. Ces cinq livres sont : la genèse, l’Exode, le Lévitique, lesNombres et le Deutéronome.

La Genèse, premier livre de la Bible avec 2 parties : la créationet l’histoire des patriarches.

La Création (Gn 1 – 11, 9) Des récits mythiques et légendaires.

La création racontée de deux manières : Un récit (Gn 2, 4b – 3,24) plus ancien qui date du règne de Salomon au 10ème siècle av.J.C. est l’œuvre de sages qui utilisent un langage mythique quideveloppe en deux tableaux : la création de l’homme et la chute.

– 7 –

Un poème (Gn 1, 1 – 2, 4a) composé par les prêtres au temps del’exil à babylone est plus récent. A travers ces histoires(mythes), c’est un message de foi qui est transmis. Les mythes nesont pas le propre d’Israël, c’est un genre littéraire del’époque, mais guidé par l’Esprit Saint, Israël lui donne uneautre signification.

Page 44: La Visitation (Lc 1,39-45)

Quel message ?

1/ D’abord un message concernant Dieu.

Le Dieu d’Israël, est à l’origine de tout, c’est lui le créateur.Par opposition aux peuples des alentours qui adorent lescréatures : astres, animaux, (serpent, vache sacrée etc) humains.

L’homme sommet de la création, créé à l’image de Dieu : homme etfemme égaux, libres, appelés à devenir créateur par leur travailqui n’est pas esclavage mais responsabilité et mission.

2/ Répondre aux grandes questions de sens que se posent leshumains au sujet de l’existence, de la création…. D’où je viens ?Où je vais ? Qu’est-ce que je fais sur la terre ? Pourquoi lemal ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le travail ?…. Ce sont desrécits sans prétention historique ou scientifique qui veulentdonner une réponse en image à ces grandes questions de l’homme.Dans la foi Israël donne à ces mythes une vérité religieusenouvelle qui jaillit de l’expérience de l’Exode et de l’Alliance.

Le péché et ses conséquences :

Pour la Bible, le mal est donc présent dans les mauvais choix quel’homme a faits dans le cours de l’histoire, même s’il n’en estpas seul responsable puisque le mal le précède dans la figure duserpent, qui signale les limites de la création. Le mauvais choixconstant de l’humain introduit un venin dans la communautéhumaine. Cela vaut pour les rapports entre les sexes : l’homme etla femme, faits pour vivre en solidarité, deviennent solitairesdans l’incompréhension mutuelle (Adam et Eve). Cela vaut pour lesrelations fraternelles : la jalousie empêche de reconnaître etd’accepter les différences de l’autre, et finalement elle tue(Caïn et Abel). Cela vaut encore pour les relations entregénérations et dans une même société familiale : au lieud’accueillir l’expérience des parents, on s’ingénie à tout vouloirinventer, dans la ligne de la facilité (le déluge). Cela vaut

Page 45: La Visitation (Lc 1,39-45)

enfin pour les relations entre les nations différentes. Leslangues et les cultures variées devraient être une occasion departage. Or, la tentative de domination totalitaire etuniformisante rend les hommes ennemis les uns des autres (la tourde Babel).

Ainsi, ces dimensions psychologiques et sociales, qui devaientfournir un terrain d’entente et d’alliance d’après le projetcréateur – la « règle du jeu » humain étant le bien de l’homme–,deviennent, par le mauvais choix de l’homme, un terraind’incompréhension, de division, de lutte à mort. Telle est laleçon de l’histoire. (p100, Apprendre à lire la Bible, Ch Delhezet Jean Radermakers, ed. fidélité, nov 2007).

Les Patriarches (Gn 12-50)

Nous laissons le mythe pour entrer lentement dans l’histoire. Cesrécits proposent de regarder la vie des hommes avec les yeux deDieu.

Avec les patriarches, deux grands thèmes nous sont proposés : Lapromesse et l’Alliance.

Dans le récit de la vocation d’Abraham (Gn 12, 1-8), nous voyonsl’appel de Dieu et la promesse de Dieu. L’appel à quitter, àpartir… puis la promesse d’une descendance et d’une terre (afind’inscrire son nom dans le temps et dans l’espace) et labénédiction. Il fait confiance au Seigneur et se met en Chemin.

Abraham est considéré comme le père des croyants de trois grandesreligions monothéistes : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

Les autres Patriarches sont : Isaac, Jacob-Israël et les fils deJacob, ancêtres des 12 tribus. Une place spéciale est faite àJoseph, rejeté par ses frères mais choisi pour réaliser lapromesse de Dieu (maintenir en vie la descendance).

Page 46: La Visitation (Lc 1,39-45)

Les 12 fils de Jacob sont : Ruben, Siméon, lévi, Juda, Issakar,Zabulon, Ben jamin, Dan, Nephtali, Gad, Asher et Joseph.(Ephraïm et Manassée sont les fils de Joseph).

Ces textes mettent en relief que les liens unissant les 12 tribussont avant tout religieux : la foi en un même Dieu, un Dieu uniqueet tellement différent des autres.

Le livre de la Genèse se termine par la mort de Joseph et les filsd’Israël installé au pays d’Egypte. Le clan de Jacob émigre enEgypte vers 1700. Ils étaient en tout 70 personnes (Ex 1, 5).

Exode, lévitique, Nombres et DeutéronomeIls nous parlent de Moïse appelé par Dieu pour faire sortir sonpeuple du pays d’Egypte où ils étaient pour les conduire en TerrePromise.

Moïse de la tribu de Lévi, frère de Myriam et d’Aaron va fairesortir le peuple d’Egypte, les conduire jusqu’au Sinaïe pour yfaire alliance avec Dieu. Patiemment il va guider ce peuple à lanuque raide et au cœur endurci, pendant 40 ans dans le désert.Pourquoi 40 ans ? Parce qu’ils vont apprendre à devenir, à vivrecomme un peuple guidé par la loi de Dieu, le Dieu D’Abraham,d’Isaac et de Jacob, ce Dieu aimant qui tient sa promesse.

Moïse lui-même n’entre pas en Terre Promise (Nm 20, 1-12). Ilmeurt face à Jéricho sur le Mt Nébo. Il est l’un des personnagesclés de toute la Bible. Son nom est cité 783 fois Dans l’A.T. et80 fois dans le Nouveau.

L’Exode veut dire sortie, le livre commence par la naissance et lavocation de Moïse et se termine par les lois rituelles concernantla construction de la Tente Sainte.

Le Lévitique, troisième livre de la Bible donne beaucoup deprécisions sur le culte, le rôle des prêtres, les sacrifices etc….

Page 47: La Visitation (Lc 1,39-45)

Pour le chrétien, ces règles sont dépassées, puisque Jésus estl’unique grand prêtre et la seule victime. Mais le chapitre 19,1-18 reste encore d’actualité « Soyez Saints, car moi je suisSaint » dit Dieu qui est le cœur de la sainteté, et encore en (19,18) « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Pour Israël le prochain désigne le compatriote. Avec Jésus dansl’Evangile, le prochain deviendra toute personne et mêmel’ennemi : la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37) et enMatthieu (5, 43-48) Aimez vos ennemis.

Les Nombres, quatrième livre de la Bible. Appelé ainsi parce qu’ildébute par le compte rendu d’un recensement des tributs d’Israël.Il rapporte les récits de la marche du peuple dans le désert. Ilfaudra 40 ans – le temps que disparaisse la génération incrédule–. C’est une génération nouvelle qui entrera en Terre promise.

Quelques textes célèbres : Les cailles (Nm 11), l’eau du rocher(20, 1-13), le serpent d’airain (21, 4-9), l’ânesse de Balaam (22,21-35), le doute de Moïse (20, 1-12).

Le Deutéronome, qui signifie « seconde loi » contient lescommandements, les lois et les coutumes du royaume du Nord. C’estsans doute le livre que le roi Josias et son secrétaire Shafanetrouvèrent dans le Temple en 622 et sur lequel ils s’appuyèrentpour entreprendre une grande réforme.

Le Deutéronome reprend beaucoup d’éléments des livres de l’Exodeet des Nombres. Il invite le peuple à vivre fidèlement l’Allianceavec son Dieu (30, 10-20) et à l’aimer de tout son cœur, de touteson âme et de toute sa force (6, 4-5).

Le livre contient 3 grands discours dans lesquels Moïse redit aupeuple l’essentiel de l’Alliance (6, 4-9 ; 7, 7-8 ; 30, 10-20). Lelivre se termine au chapitre 34 par la mort de Moïse.

2ème groupe de livres : les livres prophétiques.

Page 48: La Visitation (Lc 1,39-45)

Les prophètes premiers ou les livres historiques.

Ce premier groupe comprend six livres : Josué, Juges, 1 et 2Samuel, 1 et 2 Rois.

Sous la conduite de Josué, les fils d’Israël s’installent plus oumoins facilement au milieu des peuples de Canaan. Lors de laconquête de la terre, le peuple retire la leçon que les guerreshumaines n’ont pas de sens, qu’il faut prohiber la violence enacceptant des négociations et des pactes, pour prendre te acquérirsa place parmi les Canaans. Ce livre se termine par le testamentde Josué et une grande assemblée à Sichem pour renouvelerl’Alliance avant la mort de Josué.

Les Juges : Après l’installation en Terre Promise, les Jugesaident les tribus à régler les conflits avec les autres peuples,surtout les Philistins, ce sont des chefs de guerre. Lesprincipaux Juges sont : Gédéon, Jephté, Samson et une figureféminine Déborah (l’abeille). Le dernier des Juges est Samuel.

Samuel et Rois

La nécessité d’un regroupement de toutes les tribus sous un seulchef se fait sentir, et le peuple demande un roi à Samuel.

Saül, David et Salomon furent les premiers rois qui régnèrent surun royaume uni. Ils reçurent l’onction pour une mission.

Leur mission : Etre à l’écoute du Seigneur pour bien guider lepeuple. Si Dieu choisit le berger parmi les fils de Jessé c’est enmême temps symbolique car le roi est appelé à être le berger deson peuple.

Hélas parmi les rois qui vont se succéder beaucoup vont être demauvais guides, de mauvais bergers, de mauvais messies.

L’histoire des rois d’Israël et de Juda va être un échec. Ilsn’ont pas été fidèles à l’alliance basée sur l’amour de Dieu et duprochain certains vont être idolâtres.

Page 49: La Visitation (Lc 1,39-45)

Ils vont adorer d’autres dieux en oubliant le Dieu de leurs pères,Abraham Isaac et Jacob, le Dieu fidèle à sa promesse et à sonalliance. Ils vont rechercher le pouvoir et le profit personnel.Alors Dieu va envoyer les prophètes.

Les prophètes derniers

La monarchie et le prophétisme vont apparaître et disparaîtrepresqu’en même temps dans l’histoire du peuple de Dieu (10ème et6ème siècles av. J.C.).

Les prophètes ne reçoivent pas l’onction comme les rois, mais ilssont habités par l’Esprit du Seigneur pour corriger les erreursdes rois et rappeler au peuple qu’il est le peuple de Dieu.

Ils sont choisis, appelés, exemple le récits de vocations deJérémie (Jr 1, 4-9).

Ils reçoivent une mission (Is 6, 1-4 ; 40, 1-8 ; Jr 1, 4-9 ; Ez1-3, 15 ;Os 1, 3-8 ; Am 7, 10-17)

Ils sont inspirés par Dieu, vont parler au nom de Dieu et sontporteur d’un message pour les gens de leur époque. Ce sont despassionnés de Dieu.

La parole est le moyen privilégié par lequel le prophète agit. Sonmessage est surtout orale, puis mis par écrit plus tard par leprophète lui-même ou ses disciples.

Il s’adresse au peuple, aux prêtres, aux rois. Il n’a pas peur, ilne craint ni les riches, ni les puissants. Les mot prophètedeviendra synonyme de « martyre » car les puissants vont leurmener la vie dure, ex Jérémie.

Pour dire cette parole de Dieu qui l’habite, le prophète utilisediverses formes de langage : le poème (Is (5, 1-7) ; la prière (Jr12 1-6) ; les visions (Ez 37) ; les actions symboliques (Jr 13,1-11) et surtout l’oracle qui veut dire message ou déclaration

Page 50: La Visitation (Lc 1,39-45)

solennelle au nom de la divinité.

Il y a l’oracle de jugement qui appelle à la conversion (Jr 1,1-25, 14).

L’oracle du salut qui contient une promesse et qui est un appel àl’espérance pour la survie du peuple ;(Is 7, 10-17) le signe del’Emmanuel.

L’oracle se place dans l’histoire tandis que la vision appartientau monde céleste.

La Bible nous parle surtout des prophètes de conversion qui sontdes personnalités ayant le réalisme du regard, car la cause detous les maux, c’est l’abandon de l’Alliance. Ce sont des hommesde visions qui vont donner une parole juste au moment de crise quiva être vérifiée par la suite dans l’histoire, car la vérificationdes faits est le signe que le prophète était envoyé par Dieu (Jr28, 9).

Le faux prophète est celui dont la parole ne sera pas accomplie.

Il y a eu des prophètes écrivains et des prophètes non écrivainscomme Elie, Elisée, Gad, Nathan… qui sont cités dans les livresdes Rois.

Les prophètes écrivains sont : les 3 grand : Isaïe, Jérémie,Ezéchiel (on y ajoute souvent Daniel qui est un livre de sagesse)et les 12 petits : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq,Agée, Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie.

Les prophètes et l’Alliance. L’ancienne Alliance a été plusieurs fois rompue par l’infidélitédu peuple, mais les prophètes connaissent la fidélité de Dieu,ainsi certains comme Jérémie, comme Ezéchiel annoncent que Dieufera une Alliance Nouvelle inscrite non sur des tables de pierre,mais dans les cœurs (Jr 31, 31-34 ; Ez 36, 26-28).

Page 51: La Visitation (Lc 1,39-45)

Après l’exil, pendant plusieurs siècles, il n’y aura plus deprophète. Le peuple vivra cette situation comme signe de la colèrede Dieu. Mais des choses nouvelles vont se mettre en place pouraider le peuple à continuer sa route avec Dieu.

Une attention spéciale est faite à la Torah (loi) recommandée1.par les derniers prophètes (Ml 3, 22 ; Za 13, 2).

L’Apocalypse, littérature au temps de crise est tournée vers2.l’avenir.

L’Eschatologie (eschatos : dernier et logos : discours) qui3.concerne l’attente à la fin des temps où les deux grandesfigures du Judaïsme : Moïse et Elie viendront sur terreinaugurer le règne de Dieu où l’on vivra selon la loi.

Le prophète dans le Nouveau Testament

Jean Baptiste est présenté comme un prophète (Lc 3, 2) ; Jésusaussi est reconnu comme un prophète (Lc 7, 16) piussant en paroleet en actes (Lc 24, 19-21). Il s’est appliqué le dicton : « Aucunprophète n’est bien accueilli dans son pays » (Lc 4, 24).

Il est un Messie à la manière des prophètes – qui ne reçoivent pasl’onction d’huile, mais dont l’Esprit du Seigneur pénètre vraimentle cœur – (Is 61, 1). Souvent persécutés, ils appellent le peupleà la conversion et ils annoncent que Dieu enverra un Messie selonson cœur pour renouveler l’Alliance.

Les juifs enseignent à l’époque de Jésus que les cieux se sontfermés et que l’Esprit ne descend plus sur quiconque en Israëldepuis la mort des derniers prophètes bibliques. Le récit de lapentecôte renoue avec l’époque des prophètes guidés par l’EspritSaint. Les cieux sont ouverts de nouveau, cette ouverture estinauguré par le baptême de Jésus au Jourdain (Mc 1, 10).

Le Nouveau Testament proclame que tout homme qui adhère à la foiest prophète.

Page 52: La Visitation (Lc 1,39-45)

Dans l’Eglise, certains reçoivent un don particulier pour êtreprophète (1 Co 12, 10). Mais tous les chrétiens de par leurbaptême et leur confirmation sont d’une certaine manière prophètespuisqu’ils transmettent la Parole de Dieu.

Relire les prophètes, découvrir leur message à la lumière del’Esprit, est valable pour nous aujourd’hui dans la mesure où nousferons des relectures dans la foi pour nous approprier lemessage :

Redécouvrir le Dieu fidèle à sa Promesse et à son Alliance.

Vivre l’Alliance, l’amour de Dieu et du prochain comme Jésusl’a fait.

Accueillir l’appel à la conversion et à l’espérance.

Vivre dans la justice et la droiture.

Ne pas avoir peur de porter la Parole de Dieu, et de payer leprix…

Pour se retrouver aisément dans la Bible

Recourir à la table des matières se trouvant au début du livre quiindique aussi la liste des abréviations.

Une citation biblique est indiquée :

Par le nom abrégé du livre (voir la liste des abréviations)

Par le chiffre indiquant le chapitre

Par le numéro du verset. On désigne parfois les différentesparties du verset par a, b, c.

Exemple : Gn 12, 1-6 signifie : livre de la Genèse, chapitre12, versets1à 6.

Page 53: La Visitation (Lc 1,39-45)

Cliquer sur le titre pour une éventuelle impression document pdf : Pour unepremière approche de la Bible

Le miracle des Noces de Cana (Jn2,1-12)A l’invitation de Marie, Jésus va accomplir son premier signe en St Jean àCana, en Galilée, à l’occasion de Noces: il va changer plus de sept centlitres d’eau en vin. Ce signe est « le signe des signes » au sens où il n’estrien de moins que le signe de l’Alliance Nouvelle et éternelle que le Christest venu instaurer pour tous les hommes, gratuitement, par amour. Dans cetteAlliance, Dieu se révèle comme Celui qui donne le vin, ici symbole de

Page 54: La Visitation (Lc 1,39-45)

l’Esprit Saint, en surabondance, pour sceller l’union entre Lui et les hommesdans la Communion d’un même Esprit. Si nous acceptons de nous laisserremplir, de nous laisser combler, notre vocation à tous s’accomplira, et nousexpérimenterons, enfin, « quelque chose », dès ici-bas, du vrai bonheur…Souvenons du récit de la Pentecôte en St Luc : « Ils sont remplis de vindoux », disent en se moquant, ceux qui ne croyaient pas… Moquerie peut-êtredans leur bouche, mais très belle expression en fait de ce qui est notrevocation à tous: être remplis par Dieu de son Esprit Saint, un « état » danslequel nous expérimenterons la vraie joie…

Et Marie était là, pour contribuer par sa présence discrète, par sesinvitations aux serviteurs, à faire en sorte que ce projet de Bonheur surl’homme s’accomplisse le plus pleinement possible…

Les noces de Cana (Jn 2,1-12) : cliquer sur le titre précédent pour ouvrir ledocument PDF.

La Visitation (Lc 1,39-45)L’Ange Gabriel vient d’annoncer à Marie sa vocation : mettre au monde le Filsdu Très Haut par l’Esprit Saint qui viendra sur elle… « Voici la servante duSeigneur« , répond-elle et aussitôt elle part rendre visite à sa cousineElisabeth, « elle qu’on appelait la stérile« . Mais l’Ange vient de lui direqu’elle était enceinte depuis déjà six mois… Marie comprend qu’elle sontentraînées toutes les deux dans une seule et même aventure, celle de la miseen oeuvre, avec elles et par elles, des merveilles que Dieu, dans saMiséricorde, veut accomplir pour le salut de l’humanité tout entière !

Ce récit de la rencontre entre Marie et Elisabeth, est très court, trèssimple… Mais l’Esprit Saint est présent lui aussi au coeur de tous, et iltransforme ainsi cette rencontre ordinaire en un instant extraordinaire deLumière, de Vie, de Joie…

Page 55: La Visitation (Lc 1,39-45)

Pour des raisons pratiques de lecture, nous vous invitons à cliquer sur ledocument PDF ci-joint…

Et que l’Esprit Saint nous accompagne nous aussi, jour après jour, pourtransformer le plus simple de nos vies en découverte toujours extraordinairede la Présence vivante et agissante de Dieu à nos côtés…

D. Jacques Fournier

Marie (Lc 1,39-45) SI Document PDF

L’Annonciation à Marie (Lc 1,26-38)Avec ce récit de l’Annonciation, où la Vierge Marie prend conscience de savocation à être la Mère de Dieu, en la Personne du « Fils du Très Haut », du« Fils de Dieu », le « Saint », St Luc nous offre le début de la prière du« Réjouis-toi Marie, Comblée de Grâce ». Avec « Réjouis-toi », « khaïré » engrec, il fait allusion à de nombreux textes de l’Ancien Testament qui nousannoncent déjà le coeur de l’Evangile… Et l’expression « Comblée de grâce,kekharitômenê », unique dans toute la Bible, est un des fondementsscripturaires les plus riches du Dogme de l’Immaculée Conception… Avec ceseul mot,St Luc nous conduit à cette conclusion…

Page 56: La Visitation (Lc 1,39-45)

Pour des raisons pratiques, nous vous invitons à cliquer sur le document PDFci-joint…

Bonne lecture à vous, sur ce chemin avec Marie, qui, nous l’espérons, deMiséricorde en Miséricorde, nous conduira nous aussi à être comme elle, tous« comblés de grâce », « saints et immaculés en Présence de Dieu, dansl’Amour » (Ep 1,4)…

D. Jacques Fournier

Marie (Lc 1,26-38) SI – Document PDF

Le Père, le Fils et le Saint Esprit :Trois Personnes, un seul Dieu.Nous sommes ici au coeur de notre foi. Nous commencerons par voir le Crédod’Israël en un Dieu Unique (Dt 6,4-9), repris bien sûr par le NouveauTestament. Mais dès le début de son Evangile, St Jean nous présente deuxPersonnes divines : le Père et le Fils. Et pourtant, nous ne sommes pas faceà deux Dieux : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30). Commentpouvons-nous donc rendre compte de ce Mystère? Nous nous appuierons avanttout sur les textes bibliques, tout en commençant par bien préciser levocabulaire que nous emploierons, avec les notions de « nature » et de« personne ».

Page 57: La Visitation (Lc 1,39-45)

Pour des questions de présentation, et donc pour facilitervotre lecture, nousvous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint. Vous constaterez quechaque fois que nous avons cité ou l’hébreu de l’AT, ou le grec du NT, nous yavons toujours joint une traduction littérale. Rien ne devrait donc être« compliqué », et si tel était le cas, il faudrait y remédier car le Dieuinfiniment riche est tout en même temps infiniment simple… Bonne lecture àvous, et surtout beaucoup de joie dans l’approfondissement de son Mystère,Lui dont l’Amour nous invite tous à la Plénitude du Bonheur et de la Paix, etcela pour l’éternité !

D. Jacques Fournier

Crédo Biblique (3)-2015 : Cliquer sur ce titre pour télécharger le documentPDF, pour lecture et éventuelle impression…