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LA VOIE DU SALUT S. Van Mierlo 1

LA VOIE DU SALUT - Réflexions bibliques voie...pouvons individuellement parcourir toute la voie du salut en peu de temps. Le présent ouvrage a pour but de préciser ce que nous sommes,

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LA VOIE DU SALUT

S. Van Mierlo

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Table des matièresI. La Nature de l’Homme .......................................................................................8II. De L’intelligence .............................................................................................17III.L’homme intérieur et le cœur .......................................................................23IV. Le Péché ........................................................................................................28V.La Liberté ..........................................................................................................38VI.L’Election .......................................................................................................57VII.La Foi. ..........................................................................................................66VIII. Repentance et Conversion ..........................................................................84IX. Ce Que Peut l’Homme Naturel et Ce Qu’il ne Peut Pas. .............................92X.La Nouvelle Naissance. .................................................................................100XI. La Rémission des Péchés .............................................................................109XII. Enfants et Fils ...........................................................................................115XIII. La Justification .........................................................................................121XIV. Mort aux Péchés ......................................................................................129XV. La Sanctification ........................................................................................133XVI. La Réconciliation ......................................................................................136XVII. Le Salut ....................................................................................................139XVIII. La Voie du Salut .....................................................................................143XIX. Conclusion .................................................................................................149XX. Appendices...................................................................................................153

1 : L’interprétation particulière des Ecritures...........................................................................153

2 : L’Esprit ...................................................................................................................................155

3 : La chair....................................................................................................................................158

4 : Le Déterminisme et la Science................................................................................................159

4 bis : Les Lois de la Nature et les Miracles................................................................................161

5 : Le péché d’Adam.....................................................................................................................163

6 : A propos de Calvin..................................................................................................................168

7 : La Grâce dans l’Ancien Testament........................................................................................173

8 : Quelques prépositions grecques.............................................................................................175

9 : Le Discernement des Choses...................................................................................................177

10 : L’Assurance du Croyant.......................................................................................................181

11 : L’Œuvre du Seigneur............................................................................................................184A. MEDIATION ...........................................................................................................184B. REDEMPTION.........................................................................................................184C. MORT POUR TOUS................................................................................................185

12 : La Communion aux Souffrance du Christ...........................................................................190

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Introduction

Ce volume fait suite aux deux ouvrages intitulés Le Plan Divin et Les Enseignements de l’Apôtre Paul. Tout ce que Dieu a révélé est également important et constitue un ensemble où tout a sa place. Dans Le Plan Divin, nous avons voulu donner un aperçu général de la manière dont Dieu réalise son Plan dans le temps et conduit la création au but final où Il est « tout en tous ». Le peuple d’Israël occupe une place primordiale dans ce Plan et doit encore accomplir sa mission parmi les autres peuples. Ce sont les douze apôtres de la circoncision qui dirigeront cette régénération du monde. Mais Israël a été rejeté provisoirement après la période des Actes et ne reprendra sa place que peu de temps avant le Royaume sur terre. Nous ne remplaçons pas Israël, et ce n’est pas sa Loi, ses préceptes, ses cérémonies, ses fêtes que nous devons suivre. Nous ne devons pas non plus compter actuellement sur l’organisation visible, ni sur les signes et miracles du temps des Actes. Nous nous trouvons maintenant dans une dispensation nouvelle.

Nous avons vu dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul que, si les douze Apôtres de la circoncision se bornent à parler de la régénération sur terre, Paul va plus loin et considère des sphères célestes et « sur-célestes ». Il nous expose tout ce que Dieu a préparé pour nous par grâce. Malgré la défaillance d’Israël malgré l’infidélité des Chrétiens en général, nous pouvons, d’une manière individuelle, arriver à la régénération, à la nouvelle création, à la perfection. Alors qu’il faut des siècles à l’humanité en général pour atteindre le but, nous pouvons individuellement parcourir toute la voie du salut en peu de temps.

Le présent ouvrage a pour but de préciser ce que nous sommes, ce que nous devons faire et à quoi nous pouvons arriver. Il a bien fallu examiner dans les ouvrages précédents le cadre général et exposer avec une certaine précision le Plan et les enseignements divins, pour nous permettre de voir quelle place nous occupons dans la création et ce que Dieu attend de nous, c’est-à-dire comment nous pouvons Le glorifier.

Notre attitude en cette matière reste toujours la même : nous respectons avec le plus grand scrupule le texte inspiré, nous le prenons autant que possible à la lettre. Nous tenons sérieusement compte des opinions humaines, mais nous les sacrifions si la Parole ne les confirme pas. Nous faisons plein usage de notre intelligence partout où elle peut nous aider, mais nous comptons avant tout sur Dieu. Nous voulons éviter des confusions qui se sont produites déjà du temps de l’apôtre Paul et qui ont conduit la grande majorité des Chrétiens du premier siècle à l’abandonner. Nous acceptons le risque de nous exposer ainsi au même sort que lui de la part de nos contemporains.

Pourquoi ne nous sommes-nous pas contenté de ce que tant de grands croyants ont écrit au sujet de la voie du salut, alors que nous nous rendons très bien compte de notre propre incapacité ? C’est que beaucoup de choses sont à revoir quand on a appris à voir l’avenir d’Israël, quand on se rend compte de la particularité du temps des Actes et qu’on distingue les différentes positions des croyants. Le lecteur n’ignore d’ailleurs pas que les théologiens fidèles à la Parole sont divisés sur un certain nombre de points embarrassants. Si nos idées sont plus scripturaires et si le principe de prendre l’Ecriture autant que possible à la lettre est juste, nous devons rencontrer moins de difficultés que ces théologiens. Si, par contre, nous faisons fausse route, nous devons nous heurter à chaque pas à des obstacles. Or, le lecteur pourra se rendre compte qu’une des caractéristiques de nos ouvrages est que fréquemment des

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problèmes difficiles à résoudre selon les vues traditionnelles, ne se posent même plus. En prenant la Parole telle qu’elle est, nous montrons que maintes choses se simplifient et qu’il est souvent bien plus facile de faire une étude personnelle qu’on ne le croit généralement.

Il y a une tendance à former une unité visible aux dépens de la vérité. Ceci est tout à fait opposé à ce que nous recommande l’Apôtre Paul. Il demande de retenir « le modèle des saines paroles », de confier à des hommes fidèles ce qu’il a enseigné, de dispenser « droitement » la parole de la vérité, d’enseigner et de redresser les adversaires pour qu’ils soient dégagés des pièges du diable, de prêcher la Parole. Il insiste toujours sur la vérité et sa première recommandation, en parlant de notre lutte contre les puissances du mal, est d’avoir la vérité comme ceinture. Cette attitude lui a valu d’être abandonné de tous les hommes, mais d’être approuvé par Dieu. Nous ne devons pas chercher à nous isoler, mais si, à cause de notre proclamation prudente de la vérité, on s’écarte de nous, nous devons apprendre à vivre et à penser individuellement, nous appuyant d’autant plus sur notre Seigneur.

Le présent ouvrage a été remanié plusieurs fois, et encore sommes-nous conscient de son imperfection. Nous le livrons au lecteur, non comme une proie où il lui sera facile de trouver lacunes et faiblesses, mais comme une ébauche qui nécessite révision et corrections. Mais nous croyons que les grandes lignes sont correctes, ou tout au moins qu’elles indiquent la direction à suivre.

Si quelque lecteur est découragé par cet écrit, se rendant compte de la force de nos arguments, mais ne pouvant pas admettre que ceux qu’il a considérés comme des autorités font erreur, qu’il se souvienne que Dieu peut lui donner la sagesse. Il est indispensable qu’il examine ces questions avec l’intelligence que Dieu lui a donnée, mais il ne doit pas oublier que, pour obtenir une certitude et atteindre la vérité, Dieu même doit intervenir. « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » (Rom. 12 : 2.)

Nous prions ceux qui, après sérieux examen de notre point de vue, pensent que nous ne sommes pas scripturaires, de bien vouloir nous écrire à ce sujet.

Que notre attitude à tous soit telle que nous puissions servir à la louange de Sa gloire.

Nous remercions les amis qui nous ont assisté dans la rédaction et la correction de ces pages.

Note : Le lecteur trouvera au chapitre 17 ce que nous entendons par « salut ».________

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Résumé de notre ouvrage : « Les Enseignements de l’Apôtre Paul »

L’évangile des douze apôtres de la circoncision concerne le pardon des péchés, la nouvelle naissance et la venue du Royaume sur terre par la repentance d’Israël. Paul proclame aussi ces bonnes nouvelles pendant la période des Actes, quand il s’adresse aux Juifs, car le Royaume est encore toujours « proche ». Les signes annonçant ce Royaume abondent en effet : miracles, dons spéciaux de prophétie, de langues, de guérison, etc. Jusqu’à la fin des Actes, Paul parle dans ses épîtres de l’espérance d’Israël : la venue du Christ pour établir son Royaume sur terre. Israël reste toujours le peuple élu.

Mais Paul a encore proclamé d’autres messages pendant cette période. Quand il s’adresse aux non-croyants en Dieu, il leur propose de renoncer aux choses vaines et de se tourner vers le Dieu vivant, Créateur de tout. Il annonce le Christ aux incirconcis croyants en Dieu et parle de leurs bénédictions en rapport avec Israël. Dans tout cela il ne dépasse pas les apôtres de la circoncision.

Paul parle aussi d’une position céleste, d’une nouvelle création, d’une justification, de la mort au péché, de la réconciliation, alors que les bénédictions terrestres sont en suspens à cause de la non repentance d’Israël. Ceux qui, par la nouvelle naissance, sont « enfants » de Dieu, peuvent devenir des « fils » de Dieu. Mais tant qu’ils ne meurent pas avec Christ, ils sont considérés comme « pécheurs » (quoique pardonnés) et non encore comme « justes » selon leur position en Christ-Jésus ; ils font encore partie de l’ancienne création. Cet Evangile est celui de l’incirconcision, non pas parce que les Juifs en sont exclus, mais parce qu’il s’agit des bénédictions promises à Abraham avant la circoncision et parce que le Juif doit abandonner toutes ses prérogatives nationales et aussi mourir avec Christ pour y avoir part. Là il n’y a plus ni Juif ni Gentil.

Cet évangile de Paul n’est pas touché par Pierre, Jean, Jacques et Jude, dont la mission est de réaliser le dessein de Dieu concernant Israël, d’amener l’accomplissement des prophéties relatives au règne terrestre et de conduire le monde à la nouvelle naissance. Dans cette sphère Israël est nettement séparé, en tant que peuple élu, de toute autre nation, lors même que ce peuple croit au Christ-Messie. Les apôtres de la circoncision ne peuvent donc pas parler comme Paul.

La période des Actes est très complexe. Nous avons vu que plusieurs évangiles étaient proclamés. Il n’y a là aucune contradiction, car ces bonnes nouvelles concernent différents groupes d’hommes. Il n’y a pas non plus un « progrès » dans les conceptions de Paul, mais il s’agit de révélations supplémentaires concernant différentes sphères de bénédiction. Au point de vue de la dispensation, Israël est encore et toujours le peuple élu ; et le Royaume peut venir. Le Juif, même s’il croit en Christ, est tenu d’observer la Loi et toutes les cérémonies. Tout ce que nous trouvons à ce sujet dans les épîtres de cette période ne concerne nullement le Gentil. Lui est applicable ce qui est personnel dans les Ecritures, car il est pécheur de naissance, doit se convertir, être pardonné, naître de nouveau, mourir avec Christ, être justifié. Toute l’Ecriture reste donc utile, mais tout n’est pas adressé au Gentil.

Tout ce qui est écrit pendant les Actes reste dans le cadre de la révélation de l’A.T. et des éons. Il y a développement, révélation supplémentaire de parties inconnues, mais on reste dans les sphères de bénédiction terrestres et célestes, dans ce qui concerne les éons.

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Après la période des Actes commence une nouvelle dispensation, car Israël est rejeté pour un temps et le Royaume s’est éloigné. Toute cérémonie donnée à Israël cesse donc aussi.

D’autre part, Paul ouvre une nouvelle « sphère » de grâce, qui dépasse tout et atteint la perfection. Dans les épîtres écrites en prison, à Rome (Eph., Phil., Col., 2 Tim.), il parle d’une nouvelle unité formée de ceux que Dieu a fait asseoir ensemble dans les « sur-célestes » en Christ-Jésus, d’un nouveau mystère, caché jusqu’alors en Dieu, mais manifesté maintenant, d’une nouvelle Eglise : le Corps dont Christ est la Tête, et d’une nouvelle espérance : la venue avec Christ quand Il viendra en gloire.

En résumé, l’enseignement des Douze concerne spécialement la sphère terrestre et la nouvelle naissance, tandis que Paul parle en outre d’une sphère céleste et d’une sphère sur-céleste. Nous reproduisons p.129 le tableau des Enseignements de l’Apôtre Paul, qui résume les caractéristiques de ces trois sphères.

La sphère terrestre connaîtra son épanouissement pendant l’âge à venir. Après seulement viendra l’âge de la nouvelle création, qui verra entrer les masses dans la sphère céleste. Dans son ensemble, la création atteindra les sur-célestes après les éons ; individuellement on peut suivre Paul de sphère en sphère et atteindre déjà maintenant la plénitude de grâce.

Notre manière de voir diffère beaucoup de la conception traditionnelle ; cela suffit pour la faire rejeter par la majorité. Or, l’Ecriture elle-même nous apprend que Paul fut abandonné par la grande majorité des Chrétiens, et les documents des premiers siècles confirment que ses enseignements demeurèrent pratiquement inconnus. Ces documents montrent aussi comment on a essayé d’adapter les cérémonies juives à l’usage des Chrétiens, à l’encontre de l’indication divine, et comment il y eut, de ce fait, disputes et schismes dès le début. Si plus tard de sérieuses tentatives ont été faites pour comprendre l’enseignement de Paul, on a toujours reculé devant la tradition.

Celui qui se rapproche de la vérité ne doit pas compter sur beaucoup de succès dans le présent âge mauvais.

La Chrétienté actuelle, n’ayant pas suivi le chemin de la vérité, est presque entièrement égarée. Le mensonge triomphe, car Satan est le dieu de cet âge.

Le Chrétien, individuellement, peut, avec l’aide de Dieu, étudier la Parole, se libérer des erreurs traditionnelles et ainsi connaître tout ce que Dieu a fait pour lui et Le glorifier en acceptant Ses bienfaits et en marchant dans Ses voies.

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I. La Nature de l’Homme

Parmi les êtres de notre monde visible, nous distinguons :

1)Les êtres sans vie, tels que les éléments chimiques et leurs composés.

2)Les êtres vivants : a) les végétaux qui ont un corps vivant ; b) les animaux, qui ont un corps vivant et une âme ; c) les hommes, qui ont un corps, une âme et un esprit.

Tous les êtres dont nous parlons ici ont donc un corps. Ce corps est un système organisé, qui possède certaines dimensions.

Les atomes, par exemple, ont une constitution merveilleuse, qu’on a comparée à un système solaire : des électrons semblent graviter autour d’un proton central. Les molécules sont des édifices magnifiques constitués par les atomes. Les cristaux sont des groupements réguliers de molécules.

Dans tous ces corps inertes il y a donc une structure, une organisation. Quant aux substances vivantes, leur corps est organisé non seulement dans les molécules qui les constituent, mais d’une manière supérieure dans les cellules vivantes et dans le groupement de ces cellules.

La vitalité est une force qui vient de Dieu et plus particulièrement de l’Esprit. Ce principe vital est par fois appelé « esprit » lui-même parce qu’il provient de l’Esprit. Nous avons donné dans l’appendice 2 les textes où le mot « esprit » a cette signification. Apoc. 11 : 11 mentionne explicitement cet « esprit de vie » :

« Après trois jours et demi, un esprit de vie, venant de Dieu, entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds. »

C’est cet « esprit » qui retourne à Dieu quand on meurt (Eccl. 12 : 9, « rûach ») et qui revient quand la vie est rendue (Luc 8 : 55). La semence « vivifiée » (zoôpoieô) par Dieu (1 Cor. 15 : 36) devient une plante. Quand Dieu envoie son « esprit », l’animal vit; quand Il le retire, l’animal expire (Ps. 104 : 29, 30, pour « souffle » lire « esprit »). Le corps sans esprit est mort (Jacq. 2 : 26, pour « âme » lire « esprit »).

Quand la vie quitte les corps vivants, l’organisation supérieure disparaît, les cellules se décomposent ; c’est la mort. Dans le cas des végétaux et des animaux, ils cessent d’exister, le corps proprement dit disparaît, quoique les molécules subsistent. Dans le cas de l’homme, il y a une différence essentielle. Nous lisons par exemple :

Rom. 8 : 11. « Rendra aussi la vie à vos corps mortels. »Rom. 8 : 23. « La rédemption de notre corps. »1 Cor. 15 : 42-44. « Le corps est semé corruptible ; il ressuscite (lire : est réveillé, du verbe egeirô) incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite (est réveillé) glorieux… il est semé corps animal, il ressuscite (est réveillé) corps spirituel. »1 Cor. 15 : 52. « Nous serons changés. »

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1 Cor. 15 : 53. « Il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité et que ce corps mortel revête l’immortalité. »Phil. 3 : 21. « Qui transformera le corps de notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire. »

On voit que le mot corps n’implique pas nécessairement l’idée de matière. Quand on est réveillé de l’état de mort on possède toujours son corps, mais il est devenu incorruptible, glorieux, plein de force, spirituel, immortel. La Parole ne dit pas que nous recevrons un nouveau corps, mais il est au contraire question de « rendre la vie », de « rédemption »,

d’« être réveillé », de « revêtir », de « changement », de « transformation ». Le corps subsiste donc, mais peut avoir différentes formes d’existence. Le corps est une organisation qui n’est pas matérielle en elle-même, mais qui peut se « revêtir » de molécules matérielles. Ces dernières ne sont qu’un accident, et non pas l’essentiel. D’autres molécules peuvent remplacer les premières sans modifier en rien le corps dans son essence. Mieux que cela, lors de la résurrection, le corps prend une nouvelle forme d’existence, qui dépasse notre nature actuelle.

Quand la vie quitte l’homme, le corps subsiste donc1, même si l’accidentel, la matière, s’en va. C’est ce que l’apôtre Paul a appelé être « nu » (2 Cor. 5 : 3), « dépouillé » (v. 4).

Il est important de se rendre compte que le mot corps est employé dans différents sens et peut, dans le langage courant, très bien désigner ce qui est matériel. Ainsi, quand l’apôtre dit « demeurant dans ce corps » (v. 6) et « nous aimons mieux quitter ce corps »

(v. 8), il entend le corps sous sa forme actuelle, la chair, ce qui est visible, mais non le corps dans son essence. (Voir aussi 2 Cor. 12 : 2, 3 et Héb. 13 : 3.)

Il va de soi que dans cet « esprit de vie » il n’y a aucune idée de personnalité. Quand cet « esprit » retourne à Dieu, à la Source commune de toute vie, ce n’est pas la personne qui va vers Dieu. Il n’y a pas lieu ici de faire une différence entre ce qui arrive à l’homme et à l’animal. En effet, quand on ne regarde que les choses visibles, ce qu’on voit « sous le soleil », on peut dire que :

1 Thomas d’Aquin a exprimé cette idée, que nous ne lui avons d’ailleurs pas empruntée, de la manière suivante : « Quand bien même cette dernière corporéité serait anéantie, lorsque le corps est détruit, cela ne peut pas empêcher que le même corps numériquement ressuscite, attendu que la corporéité prise au premier sens n’est pas détruite mais demeure la même (Somme contre les Gentils, ch. 81). Thomas parle ici du corps au sens physique et au sens mathématique. L’esprit est pour ainsi dire le moule du corps physique et si la matière disparaît, la forme reste.Avec une conception scripturaire du corps il n’y a aucune difficulté à accepter la résurrection corporelle des morts. Ce n’est que dans le cas où l’on veut identifier le corps avec la matière, qu’on en arrive à l’impossible et à toutes les objections, souvent justes, des non-croyants. L’Ecriture ne parle jamais de la résurrection de la chair, ni du corps, mais de la résurrection des morts, c’est-à-dire de l’homme entier. Le corps est « réveillé » (egeirô) et est « vivifié ».Cette conception fait aussi voir qu’il ne faut pas considérer l’âme comme le vrai homme. En ce cas le corps ne serait qu’une prison et la résurrection n’aurait plus grande raison d’être, puisque cette âme est dite immortelle.Le corps est un ouvrage de Dieu (Job 10 : 8—12 ; Ps. 139 : 13—17). Que le corps fait partie de ce que nous sommes à l’image de Dieu, est reconnu par Augustin, Thomas d’Aquin et Calvin et est d’ailleurs évident si on accepte que cette Image est le Seigneur Jésus-Christ (Voir Le Plan Divin, p. 23). Ceci montre que notre corps n’est pas une partie inférieure et méprisable de notre être. Notre Seigneur a encore actuellement un corps, même à la droite de Dieu et il n’y a certainement rien en Lui qui soit vil. Le sacrifice demandé en Rom. 12 : 1 ne peut pas non plus avoir comme sujet une chose méprisable.

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« Le sort des fils de l’homme et celui de la bête est pour eux un même sort; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même esprit (rûach) » (Eccl. 3 : 19).

Mentionnons encore que la vie est caractérisée par la nutrition, la croissance et la génération. On dit parfois que ces opérations sont celles de l’« âme végétale ». Nous traiterons plus loin de la vie spirituelle.

Quelle est maintenant la supériorité de l’animal sur le végétal ? C’est que l’animal a une âme (anima en latin, psuchè en grec ; de là : « animal » et « psychique »). C’est l’âme qui permet à l’animal de se mouvoir, au sens le plus large de ce mot. Disons en passant que, par la figure de style nommée « synecdoche » (une partie pour le tout), l’homme entier, ou l ‘animal entier, considéré suivant les activités de l’âme, est appelé « âme » ou « âme vivante »2.

Du domaine de l’âme sont :

- les cinq sens « extérieurs » (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher), et les facultés de connaître correspondantes ;

- les quatre sens « intérieurs » (le principe des sens extérieurs, l’imagination, l’instinct et la mémoire) ;

- les facultés sensitives d’aimer et leurs mouvements (les passions) : l’amour, le désir, le plaisir, la haine, le dégoût, la tristesse, l’espoir, l’audace, la crainte, le désespoir, la colère.

Ces sens existent d’une manière plus parfaite dans l’homme, mais restent toujours séparés de la raison. Chez l’homme, l’instinct est en partie remplacé par la faculté de percevoir et de comparer les perceptions. La faculté sensitive d’aimer est ce qui porte l’homme et l’animal à lutter contre ce qui s’oppose à l’épanouissement de sa vie sensitive et ce qui lui fait rechercher ce qui plaît et lui fait repousser ce qui déplaît aux sens. Ces appétits poussent l’animal à l’acte, mais chez l’homme ils sont (ou devraient être) soumis à la raison et à la volonté. Ces dernières peuvent modifier ou supprimer les impressions dues aux sens. Les actes dépendent donc de la raison.

L’Ecriture ne dit pas que l’homme a reçu une âme, qui serait « immortelle »3, mais elle nous apprend que :

« L’Eternel Dieu forma l’homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante »4.

Le mot hébreu pour « respiration » (nsâhmâh) n’indique pas l’âme5. L’âme donne la « vie animale », et nos versions ont été amenées à traduire souvent « âme » par « vie »6.

La Parole traite souvent de l’âme humaine, mais nos versions ne le font pas ressortir et tendent ainsi à fortifier des notions de tradition païenne. Citons quelques textes :

2 Gen. 12 : 5 (serviteurs) ; 14 : 21 (personnes) ; Act. 2 : 41; 27 : 37 (personnes) etc. L’animal est appelé « âme vivante » en Gen. 1 : 21, 24, 30 ; 2 : 19 ; 9 : 10 ; Lev. 11 : 46, etc. Voir Darby, notes.3 Par l’idée d’une « âme immortelle » on a voulu exprimer que l’homme subsiste après la mort. L’idée est juste, mais l’expression est bien mal choisie. Elle est cause d’une confusion générale.4 Gen. 2 : 7. Version Darby. La version synodale rend aussi parfois l’original avec plus de fidélité que d’autres.5 Voir p. ex. Gen. 7 : 22 ; Dan. 10 : 17 ; Es. 2 : 22.6 Gen. 9 : 4, 5 ; Gen. 19 : 17 ; Ex. 4 : 19 ; 21 : 23 ; Mat. 6 : 25 ; Jean 13 : 37. Les versions traduisent partout « âme » par « vie ».

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Gen. 34 : 3, 8. « Son âme s’attacha à Dina. »Gen. 42 : 21. « La détresse de son âme. »Lév. 26 : 11. « Mon âme ne vous aura pas en horreur. »Deut. 12 : 20. « Ton âme désirera de manger de la chair. »Ps. 107 : 18. « Leur âme abhorre toute nourriture. »Job 30 : 25. « Mon âme... attristée. »Prov. 16 : 24. « Douceur pour l’âme. »Mat. 26 : 38. « Mon âme est saisie de tristesse. »

Dans l’homme, les appétits sensitifs peuvent être très raffinés et se rapprocher de ses facultés supérieures, celles de l’esprit. On parle alors de « sentiments ». Il n’en reste pas moins vrai que ces sentiments sont encore toujours du domaine de l’âme.

Plusieurs textes nous disent que, dans un certain sens, il faut apprendre à perdre son âme7, c’est-à-dire tout ce qui nous attache aux choses sensibles.

Loin d’être immortelle, l’âme peut mourir et aller au « shéol » ou « hadès »8. Elle n’y va pas, séparée du corps, mais c’est tout l’homme qui va au « séjour des morts ». Ainsi, le verset 10 du psaume 16 dit bien : « Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts », mais Actes 2 : 31 précise que c’était Christ même (esprit, âme et corps) qui n’y serait pas abandonné.

Nous touchons ici une question très grave : l’âme se séparera-t-elle du corps ? Platon disait que l’âme use du corps comme le cavalier use du cheval. Descartes parlait d’une âme qui habite dans le corps. D’une manière très générale, on croit que l’âme et le corps ne sont réunis que temporairement. Il est vrai qu’Aristote, Augustin et Thomas d’Aquin ont défendu l’idée qu’âme et corps font un tout substantiel et que l’homme n’est pas l’âme seule ; mais ils ont cependant admis que l’âme peut exister séparée du corps9.

Nous ne croyons pas que la Parole permette de soutenir cette opinion. En effet, d’une part, nous ne pouvons pas appliquer à l’âme les textes qui parlent de l’esprit. D’autre part, les quelques textes qui, à première vue, semblent justifier l’idée de séparation, sont loin de nous l’enseigner explicitement10. Or, il faudrait une indication bien nette pour pouvoir accepter une 7 Voir Mat. 10 : 39 ; 16 : 25 ; Marc 8 : 35 ; Luc 9 : 24 ; 17 : 33 ; Jean 12 : 25. Nos versions traduisent partout le grec « psuchè » par « vie ». Par l’âme on peut être trop attaché aux choses sensitives. On peut ainsi ne pas être disposé à prendre sur soi sa croix et à suivre le Seigneur (Mat. 10 : 38, etc.). On veut alors sauver son âme, garder ce qui donne satisfaction aux appétits sensitifs, contrairement à la raison (c’est-à-dire à l’esprit) et on n’aura pas part à ce qui délectera l’homme entier, y compris son âme, pendant l’âge à venir (Jean 12, 25, « vie éonienne ». Voir App. 1 dans Le Plan Divin. L’homme ne doit pas se laisser conduire par son âme, ne doit pas être « psychique » (ou « animal »), 1 Cor. 2 : 14 ; 15 : 44, 46 ; Jud. 19.8 Lév. 21 : 11; Nom. 6 : 6 ; 23 : 10 (Darby) ; Juges 16 : 30 (Darby) ; 1 Rois 19 : 4 (Darby).9 Il faut ajouter que par « âme » ils comprennent l’ensemble de l’âme et de l’esprit. Voir aussi la note 1, au sujet de la conception de « corps ».10 Pour justifier cette idée païenne, d’origine probablement démoniaque, on cite des textes comme Gen. 35 : 18 « son âme s’en allait ». Nous pouvons comparer cette expression à celle de Gen. 42 : 28 « Alors leur coeur s’en allait » où nous trouvons le même mot hébreu. Le mieux est sans doute de traduire dans les deux cas ce mot par « défaillait ». Ou désire-t-on se baser sur Gen. 42 : 28 pour enseigner que le coeur peut aussi quitter le corps ?On cite aussi Job. 19 : 26 : « Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu » (Segond). Darby traduit plus littéralement : « Et après ma peau, ceci sera détruit, et de ma chair je verrai Dieu. ». Au verset 22 tous sont d’accord pour traduire la même expression hébraïque par « de ma chair ». Tout ce passage ne parle pas de l’état pendant la mort, mais de la résurrection. Quand Job sera ressuscité, il verra Dieu de sa chair. Au verset 7 il confirme que ses yeux verront le Seigneur.

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doctrine aussi importante qui répugne à la raison. On peut distinguer entre corps, âme et esprit, mais non les séparer. Car c’est l’ensemble qui forme l’homme, et celui-ci ne serait plus homme, cesserait d’exister, si le corps, ou l’âme, ou l’esprit était séparé du reste.

Le lecteur voudra bien noter que nous ne disons pas que l’âme ne peut pas être séparée de la matière, c’est-à-dire du corps sous sa forme matérielle. C’est la confusion entre corps et matière qui a sans doute conduit à la notion traditionnelle d’une âme qui se sépare du corps, par lequel elle est, pour ainsi dire, emprisonnée11.

Voyons maintenant en quoi l’homme diffère de l’animal. Beaucoup de philosophes n’ont pas distingué l’intelligence d’avec les sens, et l’homme n’est alors qu’un animal supérieur. Or, la caractéristique de l’homme, c’est son intelligence, sa raison. Ces facultés lui permettent de parler et de progresser, tandis que l’animal peut bien exprimer ses sentiments, mais est incapable d’exprimer une pensée et reste toujours limité à ce que son instinct lui dicte. L’animal ne parle donc pas et ne progresse pas. On ne nie pas que certains animaux puissent donner des signes d’intelligence, mais on nie que ce soit leur intelligence : cette intelligence reste un don extérieur. Aussi l’animal ne peut rien faire de mal, ne peut pas se tromper et n’est pas responsable. Si on le frappe, ce n’est pas pour le punir, mais pour le dresser, pour que, par sa mémoire sensitive, il soit amené à éviter certaines actions que nous jugeons ne pas convenir. Nos notions de bien, de mal, de justice, d’injustice, etc., ne sont pas applicables aux animaux12.

Toute l’activité de l’animal est en relation avec son corps matériel. L’âme n’exerce aucune opération qui lui soit propre. C’est l’ensemble du corps et de l’âme qui agit. Il s’ensuit que tout l’animal disparaît quand le corps disparaît. L’animal ne subsiste pas après la mort.

Mais, dans l’homme, il y a une opération qui s’exerce en dehors de tout organe corporel : c’est l’entendement qui est une puissance de l’esprit humain. L’objet de la pensée est incorporel. Le mot « esprit » a plusieurs significations, et nous avons essayé de grouper les textes du N.T. dans l’appendice 2. Dans certains cas il s’agit du principe intellectif de l’homme, qui comprend ses facultés supérieures : raison, intelligence, sens moral, conscience, volonté, et les facultés spirituelles d’aimer, qui comprennent (comme les facultés sensitives) : l’amour, le désir, etc.13. Quelques textes de l’Ecriture parlent de l’esprit (les

Dans certains textes, tels que Act. 20 : 10, « âme » est employé dans le sens de « vie » sensitive, la cause est prise pour l’effet (c’est la figure de style appelée métonymie).Relevons encore Apoc. 6 : 9 : « Je vis sous l’autel les âmes de ceux... ». Si l’on prend ici le mot âme dans le sens de personne séparée du corps, il est assez bizarre qu’on puisse la voir, qu’elle puisse crier et recevoir une robe blanche. Le contexte montre qu’il s’agit d’une expression symbolique, comme celle de Gen. 4 : 10 : « La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. »Terminons par Apoc. 20 : 4 : « Je vis les âmes do ceux qui avaient été décapités. » Il est dit plus loin : « ils revinrent à la vie. » Le mot « âme » est employé ici pour la personne entière considérée au point de vue de l’activité sensitive. Ils avaient « perdu » leur âme, par leur martyre (voir la note 7) et Jean les voit (en esprit) ressusciter.11 Nous ne quittons pas le corps quand nous mourons, mais nous quittons ce qui caractérise le corps dans son état actuel : la matière. Nous ne soupirons pas en attendant d’être délivrés du corps, mais nous soupirons après la rédemption du corps (Rom. 8 : 23).12 Certains ont cru qu’il y avait injustice dans le fait que des êtres non responsables souffrent à cause de l’homme.13 Voici quelques textes de l’A.T. : Gen. 41 : 8 ; 45 : 27 ; Ex. 35 : 21 ; Deut. 2 : 30 ; Juges 15 : 19 ; Zach. 12 : 1. Pour le N.T. voir Appendice 2. Les vertus qui sont du domaine de l’intelligence sont : l’intelligence, la science, la sagesse, l’art, la prudence, et par-dessus tout : la foi. Les vertus dans la volonté sont : l’espérance, la charité, la justice et d’autres qui en dépendent.

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animaux (Eccl. 3 : 19, 21, par ex.), mais il s’agit, comme nous l’avons déjà indiqué, de l’«esprit de vie » qui agit dans tous les êtres vivants.

C’est par notre esprit que nous avons la notion de l’ « être ». Des philosophes modernes ne voient pas l’ « être » et veulent limiter tout le réel à ce qui est sensible. Ils sont alors conduits à dire que ce que nous ne pouvons pas comprendre n’a pas d’existence réelle et que c’est notre entendement qui crée son objet pour ainsi dire.

Dans l’ « être », il y a le vrai et le bien. La vérité est l’objet de l’intelligence, la bonté est l’objet de la volonté. Par les sens nous pouvons connaître le vrai et le bien, mais nous n’avons pas l’idée du vrai ni du bien. L’esprit nous permet donc d’avoir des conceptions abstraites comme : l’être, la bonté, la justice, la vertu, etc., qui sont inaccessibles à l’âme, excepté par une connaissance sensitive. L’esprit nous permet donc aussi d’atteindre Dieu, comme nous le verrons plus loin. C’est aussi par l’esprit que nous pouvons adorer Dieu :

Jean 4 : 24. « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. »

C’est l’esprit qui fait de l’homme une personne. Chaque homme a ses propres pensées, sa propre volonté, sa propre responsabilité, sa propre conscience.

On peut aussi se demander si l’esprit se sépare du corps. Les démons l’enseignent, mais l’Ecriture n’en dit rien, tout au moins quand on désigne par esprit le principe des facultés supérieures de l’homme. Nous répétons qu’on peut distinguer entre corps, âme et esprit, mais non les séparer14. L’esprit, en tant que principe de la vie végétative ou animale, peut partir et laisser l’homme mort15, mais ce qui constitue l’esprit personnel continue à faire partie intégrante de l’homme16.

On a souvent confondu âme et esprit, mais on a été forcé alors de distinguer des variétés d’ « âmes ». Pourquoi ne pas s’en tenir aux termes scripturaires qui donnent à chaque chose son nom ? (1 Thes. 5 : 23 ; Héb. 4 : 12.)

Le fait que l’entendement est une opération qui s’exerce en dehors de tout organe corporel (dans le sens matériel), montre que l’homme subsiste après la mort. Son corps est alors dépouillé de matière, mais cela n’affecte en rien son existence. L’homme, grâce à son

14 Nous avons été assez surpris de trouver que le Dr. A. Carrel partage cette idée. Voir L’Homme, cet inconnu, chap. IV, p. 137 à 140.15 Voir les textes cités p. 8 et 9.16 Relevons quelques objections : Ps. 31 : 6 ; Luc 23 : 46 et Act. 7 : 59 emploient le mot « esprit » pour l’homme entier, considéré au point de vue des opérations intellectuelles qui le mettent en contact avec Dieu. David ne remettait pas une partie de soi-même entre les mains de Dieu (Ps. 31 : 6), mais son être entier. Il n’est d’ailleurs pas monté au ciel en disant cela (Actes 2 : 34). Luc 8 : 55 et Jacq. 2 : 26 (où le grec a « esprit » et non âme) parlent de l’esprit vital, comme Apoc. 11 : 11, voir p. 11.Les esprits en prison de 1 Pi. 3 : 18—20 sont des êtres spirituels (voir note 25, p. 28 du Plan Divin).Héb. 12 : 9 désigne par « esprit » l’homme entier, considéré au point de vue de sa naissance de l’Esprit, l’homme né d’en-haut.L’expression « esprits des justes » parvenus à la perfection, de Héb. 12 : 23, peut être prise comme un génitif d’apposition : « les esprits, c.-à-d. les justes parvenus à la perfection ». Le mot « perfection » indique ici l’état après la résurrection (voir 11 : 40). Ils n’ont pas reçu cette promesse à leur mort (11 : 13).Le mot esprit semble donc ici indiquer les hommes ressuscités, comme en 1 Cor. 15 : 45 ; 1 Tim. 3 : 16 ; 1 Pi. 4 : 6 (Voir aussi 1 Pi. 3 : 18).

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esprit, ne disparaît donc pas comme les animaux, quand il meurt. Il n’a pas une âme immortelle, mais il subsiste après sa mort, grâce à son esprit.

Mais dans quel état est-il alors ? Les démons disent qu’il vit d’une manière consciente, libéré de son corps, mais la Parole affirme qu’il dort. Il est donc dans un état comparable au sommeil passager, c’est-à-dire inactif et inconscient.

Les versions laissent beaucoup à désirer quand il s’agit de telles questions, aussi donnons-nous ci-dessous quelques versets parmi un grand nombre, en traduisant littéralement les verbes « koimaomai » (dormir) et « egeirô » (réveiller) :

Mat. 27 : 52. « Plusieurs corps des saints endormis furent réveillés. »Jean 11 : 11. « Lazare, notre ami, dort. »

Act. 7 : 60. « Et après ces paroles, il s’endormit. Saul avait approuvé le meurtre d’Etienne. »Act. 13 : 36. « Or David... s’est endormi. »1 Cor. 7 : 39. « Mais si le mari s’endort, elle est libre. »1 Cor. 15 : 4. « Il a été réveillé le troisième jour. »

1 Cor. 15 : 18, 20. « Ceux qui se sont endormis en Christ. » « Christ a été réveillé hors des morts. »1 Cor. 15 : 51. « Nous ne nous endormirons pas tous. »1 Cor. 15 : 52. « Les morts seront réveillés incorruptibles. »1 Thes. 4 : 13. « Au sujet de ceux qui dorment. »2 Pi. 3 : 4. « Les pères se sont endormis. »

N’est-il pas étrange que le verbe « egeirô » (réveiller), qui est employé plus de quatre-vingts fois, soit toujours traduit par « ressusciter » ? On ne le distingue donc pas du verbe « anistèmi », qui veut réellement dire « ressusciter »17.

Tout l’A.T. enseigne aussi que les morts dorment et sont inconscients. Nous ne citons que trois passages :

Job 14 : 12. « Ils ne se réveillent pas de leur sommeil. »Eccl. 9 : 5. « Les morts ne savent rien. »Ps. 115 : 17. « Ce ne sont pas les morts qui célèbrent l’Eternel. »

Nous n’insistons pas ici sur ce sujet18, mais nous conseillons à tout croyant de se servir d’une concordance grecque, quand il veut examiner cette question.

17 Voici encore quelques textes avec « egeirô »: 1 Cor. 15 : 4, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 20, 29, 32, 35, 42, 43, 44, 52. Le mot « anistèmi » est employé p. ex. en 1 Cor. 15 : 12, 13, 21, 42. « Dormir » et « réveiller » sont en opposition en Mat. 27 : 52 ; 1 Cor. 15 : 20 ; Eph. 5 : 14.18 Nous relevons quelques objections d’une manière très sommaire : Dans Luc 20 : 38 il s’agit de la résurrection (voir le contexte et surtout le verset 37 : « Que les morts ressuscitent »). De même Mat. 22 : 31 et Marc 12 : 26 disent bien nettement : « Pour ce qui est de la résurrection des morts.Dans le N.T. il n’y a qu’un passage qui semble à première vue enseigner que les morts sont conscients. C’est la parabole de Luc 16 : 19-31. Or cette parabole ne peut pas être prise à la lettre (car on ne soutiendra pas que les morts puissent lever les yeux, crier, tremper leur doigt dans l’eau, etc.). Elle donne, par une représentation due aux rabbins (voir p. ex. le « sein d’Abraham » que l’Ecriture ne connaît pas), et comme les autres paraboles, une image de l’histoire d’Israël, qui préfère sa tradition à la Parole de Dieu et résiste à la grâce divine.Le lecteur voudra bien noter que nous ne parlons pas « du sommeil des âmes ». C’est l’homme tout entier qui dort quand il est mort (Dan. 12 : 2 ; Jean 5 : 28 ; 11 : 11).

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Dans un chapitre suivant, nous étudierons plus en détail ce qui a rapport à la chair, au cœur et à la volonté.

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Résumé du chapitre 1

Les êtres vivants sont animés par un « esprit de vie ». Quand cet esprit, non personnel, retourne à Dieu, ils meurent. Les végétaux et les animaux cessent alors d’exister, mais les hommes subsistent. Même le corps subsiste dans la mort, mais il se trouve dans un état spécial, dépouillé de matière. Il peut sortir de cet état par la résurrection, qui le transforme en corps glorieux. Ce n’est pas la matière, la chair, qui ressuscite. Le corps est un organisme qui n’est pas matériel en lui-même, mais qui peut avoir différentes formes d’existence. Dans notre état actuel, il est revêtu de molécules matérielles.

L’animal et l’homme se distinguent du végétal par l’âme (latin : anima ; grec : psuchè). Sont du domaine de l’âme : les cinq sens extérieurs (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher), les sens intérieurs (l’imagination, l’instinct, la mémoire), les affections sensitives (amour, désir, plaisir, haine, etc.).

Par la figure de style, qui prend la partie pour le tout, l’homme entier est parfois appelé une « âme ». L’âme rend possible la vie « animale ». Les affections raffinées de l’âme sont appelées des « sentiments ».

Rien ne justifie l’idée que l’âme peut se séparer du corps (nous parlons ici du corps dans son essence, non de la matière accidentelle).

L’homme se distingue de l’animal par son esprit, donc par son intelligence et sa raison. L’animal peut sentir et exprimer ses sentiments, mais il ne sait ni avoir ni exprimer une pensée. Il ne parle pas et ne progresse pas. L’intelligence qui peut se trouver chez l’animal n’est pas son intelligence propre, mais un don extérieur. C’est la raison qui rend l’homme responsable de ses actes.

L’entendement est une opération, qui s’exerce en dehors de tout organe matériel et qui ne disparaît donc pas quand l’homme meurt. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’interruption d’activité pendant la mort, comme pendant le sommeil.

L’esprit de l’homme comprend : l’intelligence, la raison, le sens moral, la conscience, la volonté et des affections spirituelles (amour, désir, etc.), correspondant aux affections sensitives. L’esprit nous permet d’avoir des conceptions abstraites : l’être, la vérité, etc. L’objet de l’esprit est « l’être ». L’objet de l’intelligence est la vérité. L’objet de la volonté est la bonté. C’est par l’esprit que nous connaissons Dieu. C’est aussi l’esprit qui fait de l’homme une personne.

L’esprit ne se sépare pas de l’âme et du corps. L’homme forme une unité, et cette unité subsiste, même dans la mort. Mais dans cet état il est inactif et inconscient. Il doit se réveiller et ressusciter.

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II. De L’intelligence

Par notre esprit, nous connaissons les objets, non seulement d’après leur action sur nos sens, mais dans leur « être ». Ce qui est « vérité » dans cet être, forme l’objet de la puissance de l’esprit, qui s’appelle l’entendement. L’entendement peut être appelé « raison », quand il faut faire un certain raisonnement pour atteindre la vérité, et « intelligence » quand il a atteint son but.

Pour examiner ce que le N.T. nous apprend au sujet de l’intelligence, nous pouvons consulter les passages où sont employés les mots grecs19 suivants :

nous (le siège de l’entendement) ;noeô (entendre) ;noèma (le résultat, l’intelligence) ;dianoia (l’entendement, la pensée).

On peut aussi considérer les mots « sunièmi » (comprendre) et « sunesis » (compréhension). Nous transcrivons quelques versets :

Luc 24 : 45. « Alors il leur ouvrit l’esprit (nous), afin qu’ils comprissent (sunièmi) les Ecritures. »

Il s’agit ici d’une compréhension que nous ne pouvons pas obtenir au moyen de notre âme (nos sens) et nous voyons aussi que l’homme ne peut l’avoir sans une action spéciale de Dieu. L’entendement peut en effet être « privé de vérité » (1 Tim. 6 : 5), « obscurci » (Eph. 4 : 18), « vanité » (Eph. 4 : 17), « charnel » (Col.. 2 : 18), « souillé » (Tit. 1 : 15), « corrompu » (1 Tim. 6 : 5 ; 2 Tim. 3 : 8), « réprouvé » (Rom. 1 : 28).

Rom. 7 : 23. « Qui lutte contre la loi de mon entendement (nous). »Rom. 7 : 25. « Je suis par l’entendement (nous) esclave de la loi de Dieu. »

Nous montrerons plus loin qu’il s’agit ici de l’homme né de l’Esprit. Son entendement est alors « ouvert », et, comme le dit le v. 22, il prend plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur. Nous verrons que l’homme intérieur comprend ce qui est invisible dans l’homme, en contraste avec l’homme extérieur, c’est-à-dire son corps matériel.

Rom. 12. : 2 « Soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence (nous), afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu. »

19 Il est bon de noter que l’apôtre Paul se sert plus souvent de la plupart de ces mots que les autres auteurs inspirés du N.T., ainsi que le montre la table suivante :

Mots employés par Paul par d’autresNous 21 3Noeô 5 9Noèma 6 0Dianoia 3 9Sunièmi 22 4Sunesis 5 2

Paul emploie aussi très souvent les mots « gnôsis » et « epignôsis », qui expriment la connaissance. Certains

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1 Cor. 2 : 16. « Or nous, nous avons la pensée (nous) de Christ. »

Notons que ceci est dit après le v. 14 : « Mais l’homme animal (psychique, c’est-à-dire dominé par l’âme ou par ce qui appartient aux sens) ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. » L’entendement doit être « renouvelé » (voir aussi Eph. 4 : 23) par la naissance d’en haut et être comparable à celui de Christ si on veut connaître les choses spirituelles. Il n’est pas étonnant que les philosophes non régénérés veuillent limiter les êtres à ce qui tombe sous le domaine du sensible. Il leur est impossible de connaître ce qui est de l’Esprit de Dieu.

Phil. 4 : 7. « Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence (nous), gardera vos cœurs et vos pensées (noèma) en Jésus-Christ. »

Quand le Seigneur parla des choses spirituelles, il demanda :

Marc 8 : 17. « Etes-vous encore sans intelligence (noeô) et ne comprenez-vous(sunièmi) pas ? »

C’est aussi par l’entendement qu’on saisit la portée des événements futurs (Mat. 24 : 15 ; Marc 13 : 14) et qu’on connaît Dieu dans Ses ouvrages (Rom. 1 : 20).

A propos du mystère de Christ, Paul dit :

« Vous pouvez vous représenter (noeô) l’intelligence (sunesis) que j’ai du mystère de Christ » (Eph. 3 : 4).

Et quand il parle de son enseignement, il dit à Timothée :

« Comprends (noeô) ce que je dis, car le Seigneur te donnera de l’intelligence (sunesis) en toutes choses » (2 Tim. 2 : 7).

C’est par la foi qu’on entend (noeô) Héb. 11 : 3. On doit aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée (dianoia) (Mat. 22 : 37). C’est par l’entendement, donné par Christ, que nous connaissons Dieu (1 Jean 5 : 20). L’apôtre prie Dieu pour que nous soyons remplis de la connaissance (epignôsis) de la volonté de Dieu, en toute sagesse (sophia) et intelligence (sunesis) spirituelle (Col. 1 : 9), et pour que Dieu nous donne un esprit de sagesse (sophia) et de révélation, dans sa connaissance (epignôsis) et qu’Il illumine les yeux de notre cœur (Eph. 1 : 17). Notons aussi le but de son grand combat :

« Afin qu’ils aient le cœur rempli de consolation, qu’ils soient unis dans la charité, etenrichis d’une pleine intelligence (sunièmi) pour connaître (epignôsis) le mystère de Dieu, savoir Christ, mystère dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse (sophia) et de la science (gnôsis) » (Col. 2 : 2).

Tous ces passages, et bien d’autres encore, nous enseignent donc que c’est par notre esprit, notre intelligence, que nous pouvons atteindre les choses spirituelles. Cette intelligence, nous la possédons en tant qu’hommes créés à la ressemblance du Fils de Dieu. Même après la chute, l’homme reste homme et possède toujours ses facultés supérieures. Seulement nous avons vu que, par sa séparation d’avec Dieu, son entendement est « privé de

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vérité », « obscurci », « vanité », « charnel », « souillé », « corrompu », « réprouvé ». L’intelligence est alors détournée de son but : la Vérité, et est concentrée sur la créature, qui n’est que vanité en soi. C’est par un retour vers Dieu que le cœur (donc, comme nous le verrons plus loin, aussi l’intelligence) est « purifié » (Act. 15 : 9 ; Héb. 10 : 22 ; 2 Tim. 2 : 22), et que l’intelligence est « ouverte » (Luc 24 : 45) et « renouvelée » (Rom. 12 : 2 ; Eph. 4 : 23, et voir aussi 2 Cor. 4 : 16). L’intelligence, qu’elle soit « charnelle », c’est-à-dire tournée vers les choses sensibles, ou « spirituelle », reste toujours la même faculté de l’esprit.

Nous apprenons ainsi par la Parole qu’il ne faut pas placer l’intelligence au second rang, au profit d’ « intuitions » ou d’autres puissances de l’esprit qui lui seraient supérieures. Ce qu’il faut, c’est faire bon usage de l’intelligence même20. Il ne faut pas faire de contraste entre l’esprit et l’intelligence de l’homme, mais entre l’état où l’homme (y compris son esprit) est séparé de Dieu et celui où il est en communion avec l’Etre suprême. Si l’homme « naturel », tel qu’il naît, c’est-à-dire non régénéré, ne peut pas comprendre les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, ce n’est pas parce que les facultés nécessaires lui manquent, mais parce que ces facultés sont obscurcies.

On voit donc qu’on a tort de caractériser comme « intellectuelle » la connaissance qui se rapporte aux choses sensibles. Elle est certes intellectuelle, mais la connaissance des choses spirituelles l’est aussi. La connaissance ne doit pas être amoindrie ou méprisée parce qu’intellectuelle, mais parce que pas assez, pas pleinement intellectuelle, c’est-à-dire pas obtenue par une intelligence ouverte, purifiée et éclairée par Dieu. L’intelligence humaine ne peut rien par elle-même, parce qu’elle n’est pas une source, ni un moyen suffisant en soi, mais elle devient suffisante quand elle est mue par une puissance divine. Notre intelligence ne porte pas en elle l’objet de la connaissance, c’est-à-dire la vérité. Elle connaît les choses sensibles par l’intermédiaire des sens et les choses spirituelles par des révélations données à certains hommes et dont nous pouvons prendre connaissance par l’Ecriture. Dans tous les cas, nous devons employer notre raison. En effet, en partant de certaines données simples, nous devons développer d’une manière logique nos idées et combiner toutes les données, de manière à former un tout harmonieux. A part les prophètes et les personnes spécialement choisies par Dieu, il n’est jamais question dans la Parole de vision directe. Nous lisons au contraire que :

• c’est dans les ouvrages de Dieu qu’on voit Ses perfections (Rom. 1 : 20) ;• Dieu parle par les prophètes et par son Fils (Héb. 1 : 1) ;• il faut entendre la parole de vérité afin de croire (Rom. 10 : 14, 17 ; Eph. 1 : 13) ;• nous pouvons croître à salut par le « pur lait intellectuel » (1 Pi. 2 : 2, Darby) ;• Paul seul a certaines révélations, qu’il communique aux autres (Eph. 3 : 3, 8) ;• Paul a complété la Parole inspirée (Col. 1: 25).

C’est toujours aux prophètes, aux écrivains inspirés, à la Parole que nous sommes renvoyés. Jamais la moindre allusion n’est faite à la possibilité de nous passer de ce que nous voyons dans la création, du témoignage des hommes et de ce que nous lisons dans la Parole. Rien ne permet d’affirmer que la vérité puisse être atteinte sans l’intervention de l’intelligence. Dieu nous a donné notre intelligence pour que nous nous en servions. Il est

20 On nous a cité un jour Zach. 12 : 1 « L’Eternel… qui a formé l’esprit de l’homme au dedans de lui » comme un argument décisif en faveur de la thèse qui soutient que l’esprit de l’homme est plus « central » que son intelligence, l’hébreu « kerev » (au dedans de lui) indiquerait ce qui est tout à fait au « centre », alors que l’intelligence ne serait qu’à la surface. Or tout homme sain d’esprit peut voir dans une Concordance que le même mot hébreu est mis souvent pour désigner les « entrailles » des animaux sacrifiés (Ex. 29 : 13, 17, 22 ; Lév. 1 : 9, 13, etc.). Ceci est sans doute encore moins « central » que l’intelligence.

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entendu qu’il faut le faire de la bonne manière en laissant Dieu activer nos facultés. Mais cette intelligence ouverte, renouvelée, spirituelle, nous permettra d’apprendre, par la création, par les hommes, par la Parole, tout ce que nous pouvons connaître dans notre état actuel. Les choses spirituelles nous sont exposées d’une façon particulière dans les Ecritures, que nous devons examiner, étudier et approfondir en les divisant correctement. Nous montrons ainsi que nous attachons de la valeur à ces paroles inspirées par le Saint-Esprit. C’est Lui obéir. Par contre, négliger Ses paroles et compter sur des inspirations, des révélations, des intuitions personnelles ou sur le témoignage de notre conscience comme une source de vérité, c’est agir contre tout ce que la Parole nous dit et c’est nous exposer aux pires dangers. Nous devons alors, en effet, craindre d’être influencés par des démons et d’être l’objet d’une action spéciale du prince de la puissance de l’air (Eph. 2 : 2). Nous savons qu’il y a des esprits séducteurs (1 Tim 4 : 1), que Satan se déguise en ange de lumière (2 Cor. 11 : 14) et que, surtout dans la période actuelle, il faut donc se méfier de toute « inspiration » étrangère aux Ecritures. Depuis le temps des Actes, Dieu se tait, par ce qu’Il a dit tout ce qui était utile actuellement. Paul a complété la Parole inspirée (Col. 1 : 25), et nul ne peut prétendre y substituer ou y ajouter ses propres inspirations21.

Quand notre corps aura sa forme spirituelle, nous aurons, comme les prophètes, une vision directe, au lieu d’être conduits à la vérité par la foi et le raisonnement. Nous lisons ainsi dans 1 Jean 3 : 2 que, lors de la résurrection, quand Christ sera manifesté, nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est. Mais, même encore dans ce cas, cette vision est du domaine de l’entendement, et non pas due à une faculté spéciale, supérieure. La connaissance ne nous viendra plus par l’intermédiaire des sens et ne sera donc limitée ni dans le temps, ni dans l’espace, mais nous pourrons saisir directement l’objet de la connaissance intellectuelle. Le mode de connaissance sera donc changé, mais les facultés intellectuelles resteront. Tant que nous avons notre corps matériel, ce mode de connaissance est tout à fait exceptionnel22.

De ce qui précède, nous pouvons conclure qu’il faut éviter deux grandes erreurs :

1) La première, celle de la majorité des gens « religieux », consiste à croire que l’homme naturel, sans réelle conversion et nouvelle naissance, peut faire la volonté de Dieu par sa propre puissance et sans grâces spéciales. Ils ont donc une tendance à se baser sur leur intelligence non renouvelée et sur leur « conscience »23. Les docteurs qui appartiennent à cette 21 Il faut se méfier d’une espèce de gnosticisme, qui prétend tout connaître et tend aussi vers l’ascétisme condamné par Paul (Col. 2 : 21—23 ; 1 Tim. 4 : 3). C’est une erreur de s’appuyer sur 1 Jean 2 : 27 pour prétendre qu’on n’a pas besoin de l’enseignement de la Parole. Ceux auxquels Jean s’adresse connaissaient déjà la vérité (v. 21) et n’avaient pas besoin d’autres enseignements (anti-Chrétiens).22 Nous ajoutons que dans l’état de mort, il ne peut y avoir ni le mode actuel de connaissance par les sens, ni le mode futur de connaissance. En effet d’une part les morts ne peuvent plus se servir de leurs sens et d’autre part ils n’ont pas encore le corps de la résurrection, qui permet la vision directe. Ceci confirme ce que nous avons vu à ce sujet dans un chapitre précédent. La tradition suit l’enseignement des philosophes grecs qui ne connaissaient pas l’Ecriture. Nous avons vu que 1 Jean 3 : 2 p. ex. ne parle de cette vision que lors de la résurrection.23 La conscience n’est pas la norme divine. Elle peut errer (voir p. ex. 1 Cor. 8 et 10). Paul persécutait consciencieusement les Juifs, qui croyaient en Jésus-Christ et il pouvait dire : « c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu » (Actes 23 : 1). La conscience peut être souillée (Tit. 1 : 15), ce qui n’est pas la même chose qu’une mauvaise conscience. Par cette dernière expression il faut entendre que nous sommes en conflit avec notre conscience, mais il n’est pas dit que la conscience elle-même soit juste ou ne le soit pas.La conscience n’est pas le témoignage du Saint-Esprit, autrement elle serait toujours la vérité même et ne serait pas notre conscience (Jean-J. Rousseau disait que la conscience rend l’homme semblable à Dieu).La conscience est un acte de la raison qui juge si tel ou tel acte est juste et bon. Elle correspondra d’autant plus à la norme divine, que nous nous laisserons mieux enseigner, surtout par les Ecritures et sous la conduite de

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catégorie risquent de ne pas prendre toute l’Ecriture comme une autorité objective, et leur intelligence obscurcie ne pourra produire qu’un système humain qui augmentera la confusion.

Ces personnes peuvent avoir la forme de la piété, mais ne connaissent pas vraiment les choses spirituelles. Elles comprennent difficilement que d’autres attachent tant d’importance à avoir une doctrine scripturaire et qu’ils ne consentent pas à former une « église » unique visible aux dépens de la vérité.

3)La deuxième erreur est celle des croyants, qui pensent que l’intelligence est une faculté de second ordre, non indispensable pour le salut. Leur tendance est d’être sentimental, de placer le « cœur » au-dessus de l’intelligence et de ne pas voir la nécessité d’étudier beaucoup la Parole, bien qu’ils la défendent comme entièrement inspirée par Dieu. Nous verrons mieux leur erreur dans le chapitre qui traite de l’homme intérieur et du cœur. Ils aiment beaucoup citer Mat. 11 : 25, mais oublient que, d’après 1 Cor. 14 : 20, il ne faut pas être enfant, mais homme fait à l’égard du jugement (phrenes), et que Eph. 4 : 14 invite à ne pas être enfant, flottant et emporté à tout vent de doctrine. Voir aussi 1 Cor. 3 : 1 ; 13 : 11 ; Héb. 5 : 12, 13.

Parmi eux se trouve une petite minorité de gens aux allures très « spirituelles » qui pousse ces tendances à l’extrême. Ils pensent que Dieu agit très couramment par des inspirations et des intuitions en dehors de la raison. Une des causes de leur erreur est justement un défaut d’examen de la Parole et un manque de logique et de raison. Ils confondent l’ « esprit » en tant que don et action de Dieu en nous avec l’ « esprit » qui fait partie de l’homme24. Certains ont fait observer que Dieu n’a ni corps, ni âme, ni faculté intellectuelle, et ont voulu en déduire que pour nous aussi la perfection est de nous passer de tout cela pour connaître Dieu et les choses spirituelles. Mais sommes-nous Dieu ou sommes-nous des créatures ? Et nient-ils que le Christ-Jésus a un corps, une âme et un esprit (donc aussi une intelligence) ?

l’Esprit.Elle est un facteur puissant qui sauve l’humanité de la dégénérescence complète et qui devrait contribuer avec les autres facultés humaines à ramener l’homme à Dieu. Et cela, non pas en lui donnant le moyen de se convertir, mais en montrant la nécessité de le faire. Les fonctions de la conscience correspondent ainsi dans une certaine mesure à celles de la Loi.L’homme affaiblit sa conscience par des idées non scripturaires, il la souille par des notions sataniques et les enseignements des démons finissent pas « cautériser » sa conscience (1 Tim. 4 : 2, Darby).Du fait que nous sommes à l’Image de Dieu nous avons une conscience. C’est ce qui explique comment elle peut parler avec autorité et nous condamner. Dans le croyant la conscience est en accord avec la volonté divine et une de ses fonctions est de mettre la norme divine devant lui à chaque moment, de le tenir « conscient » de ses devoirs, malgré les distractions de ce monde et l’interférence des démons. La théologie moderne est arrivée à admettre la conscience humaine comme seule norme et rejette toute autorité extérieure contre laquelle la raison et la conscience protestent. Il y aurait en nous une lumière divine, qu’il suffirait d’exciter ! On cite à ce sujet Mat. 6 : 22, 23 comme si cette lumière avait sa source en nous ! C’est l’expérience religieuse qui serait à la base de tout ! L’inspiration des prophètes et des écrivains de la Bible serait du même ordre que l’action de l’Esprit en tous les croyants. Tous inspirés ! Cet « Esprit » ne serait d’ailleurs qu’un « principe » et non une personne. La Parole ne serait pas une autorité objective, mais l’autorité de certaines parties serait établie ou fondée par notre conscience ! Voir aussi la note 25 du chapitre de la Foi.24 1 Cor. 14 : 15 concerne les dons spéciaux de la période des Actes et qui d’ailleurs cesseraient (1 Cor. 13 : 8-10). Le mot « esprit » indique ici ces dons et non pas une faculté humaine. Ce texte ne dit pas d’ailleurs que l’intelligence n’avait pas part à la prière, mais que l’intelligence n’avait pas de fruit pour les autres (v. 14, 16).

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Résumé du chapitre 2 :

L’intelligence étant une faculté distincte des autres, l’objet de l’intelligence est distinct de celui des sens ou de la conscience.

Par l’intelligence on peut connaître les objets dans leur « être » et atteindre les choses spirituelles. Mais l’homme, dans l’état où il naît, a un entendement obscurci et ne sait donc pas connaître les choses de l’Esprit de Dieu. Il doit d’abord naître d’en haut, pour que son entendement soit « ouvert » et « renouvelé ». L’intelligence est donc nécessaire aussi bien pour les choses spirituelles que pour les choses sensibles. Il ne faut pas une puissance de l’esprit supérieure à l’intelligence pour comprendre ce qui est de l’Esprit de Dieu, il suffit que notre intelligence soit renouvelée.

L’intelligence connaît les choses sensibles par l’intermédiaire des sens, et les choses spirituelles par les révélations faites à certains hommes et que l’Ecriture offre à notre connaissance. Dans notre état actuel, nous ne devons pas compter sur des révélations, ni sur des intuitions personnelles pour connaître.

La conscience n’est pas la norme divine, elle doit elle-même se conformer à la Parole. Dans la période actuelle, tout ce qui, dans le domaine spirituel, n’est pas dans la Parole, risque de provenir des démons.

Quand notre corps sera transformé, nous aurons la vision directe, non limitée par l’espace et le temps mais qui restera toujours du domaine de l’entendement.

Il faut se méfier de deux grandes erreurs :

1) se baser sur une intelligence non renouvelée et sur la conscience, ce qui conduit à ne pas accepter l’Ecriture comme autorité objective ;

2) mépriser l’intelligence en faveur de sentiments et d’intuitions, ce qui amène à négliger l’étude de la Parole de Dieu.

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III.L’homme intérieur et le cœur

Il est très utile d’avoir une notion précise de ce que la Parole indique par les expressions « homme intérieur » et « cœur ».

Les mots « homme intérieur » ne se trouvent que dans deux textes. Dans le premier nous lisons :

« Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur » (Rom. 7 : 22).

Dans ce passage (v. 14-25) nous trouvons les parallèles et les contrastes suivants :

spirituel - charnel ;homme intérieur - membres ;entendement - péché dans mes membres ; entendement - chair ;loi de Dieu - loi du péché.

Nous verrons dans le chapitre suivant que le mot « chair » ne désigne pas toujours littéralement nos muscles, mais souvent la puissance du péché, ce qui caractérise l’ « ancien homme » et qui affecte surtout notre corps matériel, nos membres. C’est pour cela que l’apôtre termine ce passage par : « qui me délivrera du corps de cette mort ? ».

Les « membres », c’est ce qui est visible dans l’homme, c’est l’homme extérieur. L’homme intérieur est ce qui est invisible, son esprit et son âme. L’expression « prends plaisir » indique qu’il s’agit ici d’un mouvement affectif, et comme cet amour à rapport à la Loi de Dieu, il est question d’un amour spirituel.

Le deuxième texte qui parle de l’homme intérieur est Eph. 3 : 16 :

« Afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi. »

Sans aucun doute, l’ « homme intérieur » n’est pas ce que Dieu a produit dans l’homme régénéré, puisque l’homme intérieur doit être fortifié par l’Esprit.

Dans un autre passage (2 Cor. 4 : 16), nous ne trouvons pas l’expression complète « homme intérieur » dans le grec, mais seulement « intérieur ». Mais il est évident qu’on a ici une ellipse qui sous-entend « homme », puisque cet « intérieur » est opposé avec « homme extérieur » :

« Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre (homme) intérieur se renouvelle de jour en jour. »

L’homme extérieur est évidemment le corps matériel et l’homme intérieur ce qui est invisible. Nous trouvons la confirmation que cet « homme intérieur » n’est pas ce que Dieu produit dans ses enfants (et qui serait parfait), car cet « homme intérieur » doit être « renouvelé ».

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Nous ne devons donc pas confondre l’homme intérieur, qui est la partie invisible de n’importe quel homme, avec le « nouvel homme », c’est-à-dire l’homme qui est non seulement régénéré, mais qui est mort avec Christ25. L’homme intérieur comprend l’esprit de l’homme. Cet esprit ne doit pas être confondu avec le don du Saint-Esprit, qui est aussi appelé « esprit »26, et dont le croyant seul peut jouir.

Nous citons encore trois textes, qui parlent du « dedans »27 :

Mat. 7 : 15. « Au dedans ce sont des loups ravisseurs. »

Marc 7 : 21. « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées (dialogizomai - raisonnements). »

2 Cor. 7 : 5. « Luttes au dehors, craintes au dedans. »

De certains textes cités on peut déduire qu’il existe une relation étroite entre l’homme intérieur et le « cœur ». Examinons d’autres passages qui traitent du cœur. Nous apprenons que le cœur peut être abattu, abusé, agité, attristé, bien disposé, calme, content, dévoué, double, droit, dur, entier, faux, ferme, fidèle, honnête, impénitent, insensible, intelligent, joyeux, lent, mauvais, nouveau, partagé, pervers, pur, sage, sincère, trouble. L’Ecriture parle aussi, en relation avec le cœur, de : pensées, inquiétude, méditation, desseins, désirs, méchanceté, connaissance, rire, parler, se réjouir, chercher l’Eternel, louer, observer la loi, implorer, invoquer, aimer, obéir, croire, raisonner, imaginer, etc. Nous retrouvons là les mots « sunièmi », « epinoia », « ennoia » qui concernent aussi l’intelligence.

Dans le chapitre qui traite de la nature de l’homme, nous avons vu que l’esprit et l’âme ont des puissances affectives. Ce sont ces puissances qui sont particulièrement indiquées par le mot « cœur ». L’intelligence (faisant partie de l’esprit) et les sens (faisant partie de l’âme) donnent la connaissance des choses et peuvent ainsi nous permettre de les aimer. On peut très bien avoir des connaissances sans avoir l’amour, mais il est impossible d’aimer sans connaître. Le plus grand commandement dit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. » (Mat. 22 : 37.) Par le mot « cœur » l’auteur résume les puissances affectives (et plus généralement tout l’homme intérieur)28. Puis il précise qu’il s’agit aussi bien de la puissance d’aimer sensible (de l’âme) que de celle qui se rapporte à l’esprit. Nous insistons sur le fait qu’il est dit qu’il faut aimer de toute sa pensée (dianoia). Sans l’entendement, pas d’amour spirituel.

25 Voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul, p. 48.26 Voir p. ex. Mat. 12 : 18 ; Actes 2 : 18 ; 1 Cor. 2 : 4 ; 12 : 13 et l’Appendice 2. Ces dons sont même indiqués par l’expression « saint-esprit » (le grec omet alors habituellement le ou les articles). Voir Mat. 3 : 11 ; Actes 1 : 5, 8 ; 2 : 4 ; 1 Cor. 12 : 3, etc.27 « Dedans » est la traduction de « esôten », tandis que « intérieur » correspond à « esô ».28 L’A.T. parle aussi des « reins » de l’homme et l’on a parfois vu là une allusion au « subconscient » (voir Ps. 16 : 7 où l’hébreu a « reins » et non pas « cœurs »), qui est mis à l’ordre du jour depuis la psychanalyse de Freud. Il semble que l’expression « le fond du cœur » (Ps. 51 : 8) pourrait aussi exprimer l’idée du subconscient.Nous n’examinerons pas ces questions ici. Les théories de Freud, qui a retrouvé le péché dans l’homme (!), ont conduit à considérer l’homme « animal » (gouverné par l’âme et non pas par l’esprit) comme étant l’homme normal. L’homme, d’après lui, ne devrait pas être honteux de ce qu’il est naturellement. Le péché est en somme considéré comme normal. Cette théorie annule ainsi la notion de péché et efface entièrement la dignité et la gloire de l’homme tel que Dieu l’a créé et le veut faire devenir. L’adepte de Freud ne réagit donc plus contre ce qui est péché et est abandonné à la corruption. Ce sera sans doute un des facteurs qui contribuera au désastre final de l’âge présent.

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Le texte suivant montre aussi que le mot « cœur » peut comprendre des facultés intellectuelles :

« Il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses » (Luc 1 : 51).

Plusieurs passages nous apprennent que Dieu agit dans le cœur29, et comme c’est par l’esprit que nous pouvons être en contact direct avec Lui, on voit encore ici la confirmation de l’étroite relation qui existe entre l’esprit et le cœur.

En résumé, nous croyons que la Parole désigne par « homme intérieur » l’ensemble de l’esprit et de l’âme, et que le mot « cœur » peut être l’équivalent de « homme intérieur », quoique ce mot désigne plus spécialement les puissances d’aimer de l’esprit et de l’âme. Tout homme a un « homme intérieur », qui ne doit pas être confondu avec le « nouvel homme », ni avec l’ « esprit », en tant que don du Saint-Esprit.

De ce qui précède, il résulte aussi qu’il faut être prudent quand on oppose le « cœur » à la « tête » (c’est-à-dire l’intelligence). Il est vrai que l’intelligence seule ne suffit pas, mais il est vrai aussi que l’amour ne saurait exister sans connaissance. Ceci est vrai aussi bien de la connaissance rationnelle, obtenue par l’intelligence, que de la connaissance sensible. Avant de pouvoir aimer, il faut connaître, et mieux on connaît, mieux on pourra aimer.

Nous avons insisté sur ces notions, car l’histoire a montré que toute licence prise avec la vérité a souvent des conséquences fort graves. Nous aurons l’occasion de le montrer encore plus loin. Ce qui précède répond aux personnes pieuses, qui ont une tendance à considérer l’intelligence comme accessoire dans la vie Chrétienne. Nous avons déjà fait allusion à cette erreur dans le chapitre qui traite de l’intelligence. Il est peut être bon de préciser encore que nous devons obtenir l’intelligence d’une chose par la raison, et que, s’il est vrai que nous devons compter sur l’action du Saint-Esprit dans toute activité intellectuelle, nous ne pouvons pas nous dispenser de penser, sous prétexte que l’Esprit seul suffit. Qu’on ne dise pas non plus qu’il suffit de connaître Christ et que toute étude devient alors superflue ou de moindre importance. Au contraire, nous connaissons Christ par l’étude des Ecritures, donc par un effort intellectuel, et plus notre connaissance sera complète, plus notre foi pourra embrasser et plus nous pourrons L’aimer. Il ne suffit pas d’une connaissance vague ou approximative. La Parole précise et montre la vérité absolue.

Pour tout ce qui se rapporte à la voie du salut, il faut aussi et avant tout la connaissance. Un certain degré de connaissance peut nous amener à croire, à espérer et à aimer. Mais cela ne doit pas nous satisfaire, mais doit servir à exciter notre intelligence à mieux connaître pour croire, espérer et aimer plus parfaitement.

Si l’on objecte encore, se référant à 1 Cor. 13 : 13, que la charité est pourtant la plus grande vertu, nous l’accorderons volontiers. Nous ne prétendons pas, en effet, que l’intelligence soit supérieure à la charité, mais bien qu’elle est indispensable pour arriver à la charité. L’intelligence n’est ni une source ni un but, mais un moyen. Le Saint-Esprit ne s’est pas trompé quand il a inspiré des épîtres aussi intellectuelles que celles de l’apôtre Paul. C’est par l’intelligence qu’il faut les étudier et ainsi connaître la vérité, mais une intelligence éclairée par l’Inspirateur. Dieu n’est pas seulement amour, mais amour et vérité. Notre Seigneur est le chemin, la vérité et la vie. Nous sommes sanctifiés par la vérité. L’Esprit est la

29 Rom. 5 : 5 ; 2 Cor. 1 : 22 ; Gal. 4 : 6 ; Héb 8 : 10.

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vérité. Il y a une centaine de textes qui insistent sur l’importance de la vérité et sur le fait que l’erreur, ou le mensonge, est du domaine de Satan30. Or, le vrai est l’objet de l’intelligence.

Quand l’intelligence est renouvelée, éclairée, elle reconnaît mieux ce qui est vrai, et la volonté l’accepte alors comme un bien. La vérité et la bonté que l’homme a atteintes ne se perdent plus.

Celui qui ne fait pas usage de sa raison, mais adhère à une opinion pour des raisons générales, peut avoir la vérité en apparence, mais peut s’en laisser écarter facilement.

Tout autre est la situation de celui qui s’est approprié la vérité et la bonté en mettant en jeu ses puissances personnelles. Ce qu’il a conquis, il ne peut plus le perdre. Il est vrai qu’il peut encore être entraîné dans d’autres erreurs.

Il est donc important d’examiner personnellement et d’épurer continuellement ses idées en employant la pierre de touche : la Parole. Une vérité acquise nous facilitera l’accès à une autre, et avec un effort soutenu nous pourrons conquérir de plus en plus la vérité, donc étendre de plus en plus notre amour. Nous aurons bâti ainsi sur le fondement inébranlable et nous pourrons subir sans broncher toutes les influences des ténèbres.

Si nous doutons, nous ne devons pas tolérer ce doute, mais nous devons faire usage de nos facultés et supplier la grâce divine de nous éclairer et de mettre ces puissances en action.

30 Ajoutons que le dieu de cet âge (c.-à-d. Satan) aveugle l’intelligence (2 Cor. 4 : 4), qui est déjà par nature « obscurcie » (Eph. 4 : 18). Nous avons à lutter contre « les princes de ce monde de ténèbres (Eph. 6 : 12) après avoir été « délivrés de la puissance des ténèbres » (Col. 1 : 13).

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Résumé du chapitre III

L’homme extérieur, c’est ce qui est visible, et en particulier la matière. L’homme intérieur est ce qui est invisible et comprend avant tout l’esprit et l’âme. L’homme intérieur n’est pas ce que Dieu a produit dans l’homme régénéré et doit aussi être distingué du « nouvel homme ».

Le cœur correspond à l’homme intérieur et comprend les facultés de l’esprit et de l’âme. Mais par « cœur » on peut aussi exprimer plus spécialement les puissances affectives. Cependant, pour aimer, il faut connaître, et c’est l’intelligence et les sens qui donnent la connaissance. L’amour spirituel ne peut exister sans l’intelligence, qui permet d’atteindre ce qui est spirituel.

Nous ne pouvons pas nous dispenser de penser, sous prétexte que l’Esprit seul suffit. Nous ne devons pas non plus, sous prétexte qu’une « connaissance » de Christ suffit, négliger l’étude des Ecritures, car nous ne connaissons Christ que par elles. Et nous avons toujours besoin de le connaître davantage. L’intelligence seule ne suffit pas, mais elle est indispensable pour aimer. Un peu d’amour doit nous pousser à connaître plus, donc à aimer davantage.

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IV. Le Péché

Pour bien nous rendre compte de la signification du péché, nous devons tâcher de pénétrer le mystère de la création d’Adam en nous basant sur les indications données par la Parole.

Dieu crée par amour. Dire qu’Il crée, c’est dire qu’il veut que la créature « soit », c’est-à-dire qu’elle ait une existence réelle. Toutefois Dieu ne crée pas la perfection (c’est-à-dire Dieu), mais une créature imparfaite, quoique bonne (Gen. 1 : 31). Pour qu’elle « soit », il faut qu’elle parvienne à la perfection. Or, il n’y a pour cela qu’un moyen : elle doit s’unir à Dieu en L’aimant, donc en faisant Sa volonté.

Par création, Adam est devenu une âme « vivante » ressemblant à l’Image de Dieu31, donc libre (l’amour qui doit le conduire à l’ « être » ne peut d’ailleurs exister sans liberté). Adam peut donc aimer Dieu ou ne pas L’aimer. Il a la possibilité de déterminer son choix dans le bon ou dans le mauvais sens. Aimer Dieu, c’est vouloir ce qu’Il veut, c’est vouloir sa propre existence en Dieu, c’est le bien. Ne pas aimer Dieu, c’est ne pas vouloir ce qu’il veut, c’est en réalité vouloir s’anéantir, c’est le mal, le péché. On voit ainsi que l’imperfection n’est pas un mal, mais seulement une possibilité de mal. Le vrai mal, le péché qui est imputé, consiste à ne pas vouloir ce que Dieu veut quand on a la possibilité de le vouloir. Le péché est compté comme tel lorsque, connaissant la volonté de Dieu et sachant qu’Il nous offre le moyen de la faire, nous résistons volontairement. Nous verrons plus loin que le péché est essentiellement une carence. Mais c’est une carence qui est le fruit d’une volonté qui Lui a résisté et pour laquelle on est donc responsable. Une carence sans responsabilité ne serait qu’une imperfection, et donc pas un vrai péché.

Adam, dont la manière d’être était tellement au-dessus de la nôtre que nous ne pouvons pas nous la représenter, a désobéi et transgressé. Il a placé sa propre excellence au-dessus de celle de Dieu ! Il s’est écarté de Lui en faisant mauvais usage de sa liberté. Pouvons-nous concevoir la gravité d’une telle action de la part d’Adam ? D’un homme qui n’était pas, comme nous, esclave du péché ? Il se plaçait ainsi au même rang ou même au-dessus de Dieu, se considérait lui-même comme norme, prétendait trouver l’être en lui- même et non en Dieu. Séparé de Celui qui « est », il devait dès lors tendre vers le néant.

De là une situation contradictoire et impossible : Dieu, en créant Adam, veut qu’il soit, et Adam ne peut donc pas s’anéantir. Mais, d’autre part, la liberté ne peut vraiment être liberté que si la possibilité du mal est réelle et que la détermination de la liberté dans le mauvais sens a ses pleines conséquences, donc, dans le cas présent : l’anéantissement. Mais Dieu connaît d’avance la décision libre d’Adam et l’impossible n’existe pas pour Lui. La situation à laquelle nous nous référons n’aurait existé que si Dieu n’avait pas su comment ramener la créature à Lui, malgré la chute. Or, nous savons que Dieu avait d’avance une solution, car l’Agneau expiateur était préconnu avant la chute d’Adam. On ne peut donc jamais considérer les conséquences de la chute seules, il faut toujours tenir compte du fait que la grâce est intervenue, autrement on est conduit à de grosses difficultés. (Voir aussi le chapitre « Ce que peut l’homme naturel et ce qu’il ne peut pas ».)

31 Voir Le Plan Divin, p. 21 et 23. Le Fils se montra souvent sous forme corporelle, voir p. ex. Gen. 18 ; Juges 6 ; Es. 6 ; Dan. 10.

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La situation d’Adam et de sa progéniture, le « vieil homme », est une éternelle contradiction entre sa tendance vers le néant et son impossibilité d’y arriver. Adam s’est pris comme centre, s’est détourné de Dieu et, de ce fait, sa liberté est perdue : il n’aime pas Dieu et ne saurait L’aimer, il est esclave du péché. Sa situation est terrible et il ne saurait en sortir de lui-même.

Voyons encore de plus près les conséquences de la chute. Quand Adam était en communion avec Dieu, il était aussi en relation normale avec le reste de la création, et une harmonie parfaite existait entre son esprit, son âme et son corps.

Du fait de son insubordination envers Dieu, du fait d’avoir détruit l’harmonie entre l’Etre suprême et Sa créature, il a aussi détruit l’ordre dans la création qui devait lui être soumise32 et la paix qui existait en lui-même. En se révoltant contre Dieu, sa volonté a perdu son autorité sur ses autres facultés. Alors que, normalement, l’esprit (la volonté) doit conduire l’âme (les mouvements affectifs des sens), cet ordre cessa d’exister. Il y eut donc insubordination, révolte, dans l’homme même. Les appétits des sens prirent le dessus. L’homme fut donc soumis à l’âme (psuchè) et devint « homme psychique » ou homme « animal »33. Dans son corps, également, il y eut des changements profonds qui le laissèrent mourant et corruptible34.

Le péché existait avant Adam, puisque des êtres spirituels se sont élevés contre Dieu et ont provoqué le désordre dans la création, mais c’est Adam qui a introduit le péché dans notre monde :

Rom. 5 : 12. « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans lemonde... »35.

Rom. 5 : 19. « Car, comme par la désobéissance d’un seul homme, beaucoup ont étérendus pécheurs... »

En effet, ce péché n’affectait pas seulement la personne d’Adam, mais aussi sa nature qu’il transmit par génération. Et ainsi tous les hommes naissent dans le péché, car « tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres » (1 Cor. 15 : 48). C’est pourquoi il est dit que tous les hommes meurent en Adam36. Nous lisons encore :

32 Voir Rom. 8 : 20-22.33 Voir 1 Cor. 2 : 14 ; 15 : 44, 46 ; Jacq. 3 : 15 ; Jud. 19.34 Gen. 2 : 17 peut se lire « tu mourras en mourant. » L’homme séparé de Dieu, a encore une certaine réserve de vie, comme la branche arrachée à l’arbre, et il ne meurt donc pas instantanément. L’humanité traîne actuellement une existence qui n’est qu’une mort lente. C’est le fruit du péché.Dans son état matériel, notre corps est revêtu de cellules, qui se multiplient par dédoublement. Les cellules résultantes contiennent donc une partie de la cellule mère. Ainsi les cellules de l’enfant contiennent des éléments provenant des parents et en remontant de génération en génération, on peut dire que le contenu des cellules d’Adam se retrouve en nous. Ou tout au moins que le contenu de nos cellules est de même nature que celui des cellules d’Adam. Nos cellules contiennent des colloïdes, c’est à dire des particules très menues en suspension et en mouvement continu dans un liquide. Dans certaines conditions ces particules peuvent « floculer », c’est à dire s’agglomérer. Dans ce cas la cellule meurt. Il y a de bonnes raisons pour croire que la maladie et la mort sont, en dernière analyse, dues à une floculation.35 Il faut noter que « péché » n’indique pas ici l’acte d’Adam, mais exprime la notion générique du péché, employée encore souvent par Paul dans cette section de l’épître aux Romains (5 : 12 à 8 : 39). L’acte d’Adam est exprimé par le mot « transgression » au v. 14. Avant Adam, Eve s’était déjà rendue coupable de transgression (1 Tim. 2 : 14).

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Job 14 : 4. « Comment d’un être souillé sortira-t-il un homme pur? »

Ps. 51 : 7. « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. »

Jean 3 : 6. « Ce qui est né de la chair est chair. »

Il ne s’agit ici que d’un état de péché et pas encore d’un acte personnel. Dans les chapitres précédents, nous avons déjà vu que les conséquences de la chute d’Adam ont été telles que l’homme a :

- un entendement privé de vérité, obscurci, vain, charnel, souillé, corrompu, réprouvé37;

- un cœur dur, mauvais, incrédule, impénitent38 recherchant d’une manière désordonnée les biens sensibles ;

- un corps mourant et corruptible.

Voyons encore quelques passages qui montrent comment l’état de péché dans lequel l’homme naît, conduit aux actes personnels de péché :

Marc 7 : 20-23. « Il dit encore : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’homme. »

Rom. 3 : 9-18. « Quoi donc ! Sommes-nous plus excellents ? Nullement. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché, selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, pas même un seul ; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu : tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul ; leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se servent de leurs langues pour tromper ; ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; la destruction et le malheur sont sur leur route ; ils ne connaissent pas le chemin de la paix ; la crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »

1 Cor. 2 : 14. « Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. »

Eph. 2 : 3. « Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. »

36 1 Cor. 15 : 22. Ils ne meurent pas en Adam personnellement, mais dans la sphère d’Adam : l’ancienne humanité.37 Voir p. 18.38 Voir p. 26 et 36.

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Tit. 3 : 3. « Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de convoitises et de voluptés, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant les uns les autres. »

Celui qui n’est pas aveuglé par l’orgueil naturel pourra vérifier en lui-même l’exactitude de ces paroles, avant de les appliquer à toute l’humanité. Certains peuvent sembler être des modèles quand on les observe sommairement, mais quelle est leur attitude réelle envers Dieu et leur prochain ?

La nature de l’homme, telle qu’il l’a reçue d’Adam par sa naissance, l’a conduit aux péchés personnels. Ceux-ci tendent encore à diminuer l’inclination de sa raison vers le vrai et l’inclination de sa volonté vers le bien. Ils habituent aussi l’homme à choisir d’une façon contraire à ce que sa raison pourrait encore prescrire de bien39.

Pour l’homme, la conséquence de la chute est essentiellement une privation : privation de gloire, de grâce et de charité, d’où découle une privation de vie spirituelle 40, de liberté, de connaissance, de bonté, de raison, de sagesse, de puissance, de sainteté. Que le péché est avant tout une carence, est bien exprimé par les mots mêmes utilisés dans la Parole. Le verbe grec « hamartanô »41, qui est le plus souvent employé pour désigner l’action de pécher, correspond à peu après à l’hébreu « chata ». La signification primaire est : manquer le but. La Parole elle-même nous l’apprend par des passages tels que :

Juges 20 : 16. « Parmi tout ce peuple, il y avait sept cents hommes d’élite qui ne se servaient pas de la main droite ; tous ceux-là pouvaient, en lançant une pierre avec la fronde, viser à un cheveu sans le manquer (chata) »

Prov. 19 : 2. « Celui qui précipite ses pas, tombe dans le péché (chata). »

Rom. 3 : 23. « Car tous ont péché (hamartanô) et sont privés de la gloire de Dieu. »

Par nos péchés, nous offensons42 Dieu et nous transgressons la loi43, sans le savoir ou en connaissance de cause. L’hébreu a toute une série de mots qui couvrent les variétés du péché : d’une simple carence on arrive à la révolte et à la destruction.

Nous sommes donc fixés sur l’état dans lequel tout homme se trouve par sa naissance44. C’est l’homme « naturel » ou plutôt « psychique » (animal). Il est pécheur de

39 Le péché ne réside donc pas spécialement dans le mensonge, le vol, l’assassinat, la mauvaise vie ; mais l’homme le plus civilisé, le plus cultivé, le plus juste au point de vue des lois ou des habitudes humaines, peut être pécheur. Il ne semble pas l’être envers son entourage, mais il l’est envers Dieu. Reconnaître son péché est un pas très important vers le salut.40 Noter cependant que, pour Adam, cette carence est la conséquence d’un acte volontaire et n’est donc pas seulement une imperfection. On trouve une allusion à la mort spirituelle dans des textes comme Jean 5 : 24 et 1 Jean 3 : 14. Voir aussi la note 2, p. 127.41 Le substantif correspondant est « hamartia ».42 « Offense » correspond au grec « paraptôma » (tomber à côté) employé p. ex. en Mat. 6 : 14-15 et qui exprime une des conséquences du péché.43 Voir 1 Jean 3 : 4. Dans ce texte « transgression de la loi » correspond au grec « anomia », littéralement « sans loi ». La transgression est plus spécialement exprimée par le mot « parabasis » (marche à côté), Rom. 4 : 15.44 On demande parfois : « Dieu n’aurait-il pas pu créer toutes choses de manière à éviter le péché ? » Nous avons vu que cela revient à dire : « Dieu ne peut-Il pas créer des êtres sans liberté ? » La réponse est : Dieu le peut certainement ; plus même : Il l’a fait. En effet les végétaux et les animaux vivent, mais ne pèchent pas. Si l’on

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naissance et incapable de connaître les choses de l’Esprit de Dieu (1 Cor. 2 : 14), non parce qu’il n’a pas les facultés voulues, mais parce que son esprit est séparé de Dieu et qu’ainsi il est spirituellement mort. L’ensemble de l’humanité venant d’Adam est le « vieil homme », qui, séparé de Dieu, est sous le péché et la mort.

Il est bien entendu que si la mort était, pour Adam, une condamnation pour son offense, elle n’est pas une condamnation pour les autres hommes. La mort s’est étendue sur tous les hommes, non parce qu’ils ont tous péché, mais parce qu’ils proviennent tous d’Adam et lui sont tous semblables. Adam étant mortel, eux le sont aussi, mais pour eux c’est une conséquence naturelle de l’état dans lequel ils sont nés. Personnellement ils ne portent aucune responsabilité du péché d’Adam. Ceci semble expliqué bien clairement par Rom. 5 : 12-14, mais comme ces versets ont été interprétés autrement, nous examinons ce point important plus en détail dans l’appendice 5.

D’après ce que nous avons dit, il ne peut pas être question que Dieu ait créé le péché. Cela serait d’ailleurs un double non-sens en soi-même. En effet :

1)le péché étant une privation, il ne peut être créé. Dieu ne crée pas ce qui manque45 ;

2)le péché étant ce que Dieu ne veut pas, dire que Dieu veut le péché, c’est dire que Dieu veut ce qu’il ne veut pas.

Ceux qui se demandent comment un Dieu parfait a pu créer un monde où règne le mal, oublient que la créature imparfaite est libre. Or, liberté veut dire possibilité de faire le mal. Dieu a même prévu la consommation du mal : la chute. Mais cela ne L’a pas arrêté, car Il connaissait aussi le moyen pour ramener la créature vers Lui. Et ce moyen exprime Son amour parfait : Il donne son propre Fils, l’Agneau, qui a été pré-connu avant la « fondation » du monde (1 Pi. 1 : 20). Il ne nous force pas à l’aimer, car il n’y a pas d’amour sans liberté, mais Il nous y amène par Son amour.

Nous devons maintenant voir de plus près où réside le péché chez l’homme. Est-ce dans son corps, dans son âme ou dans son esprit ? Quand on parle du péché en relation avec le corps, on pense plus particulièrement à la « chair ». Mais ici il faut avant tout préciser les termes. Dans l’appendice 3 nous montrons les différents sens du mot « chair » dans les Ecritures. Il désigne en premier lieu la partie matérielle de l’homme, et, par synecdoche, l’homme entier en considérant sa manière d’être naturelle. Dans ce cas il n’est pas question de péché. Cette chair nous tient en contact avec la sphère terrestre et tant que notre corps n’est pas changé il restera un canal par lequel pourra pénétrer le péché - de là d’ailleurs un conflit

insiste et demande « Dieu ne peut-Il créer des hommes qui ne pèchent pas ? », nous répondrons que la question est absurde, car qui dit homme, dit liberté et possibilité de pécher. La question se ramène donc finalement à celle-ci « Dieu peut-Il créer des êtres libres, qui ne sont pas libres ? »45 Nous donnons ici à « créer » et à « création » le sens habituel. Nous n’ignorons pas que Es. 45 : 7 dit que Jéhova est le Créateur des ténèbres et du mal (adversité). Il faut tenir compte du fait que ces mots n’ont pas dans les Ecritures le sens étroit que nous y attachons habituellement. Le sens exact dépend du contexte. La même forme de « bâh-râh’ » est employée p. ex. en Es. 43 : 15 pour « Créateur d’Israël », en Es. 57 : 19 pour « Créateur du fruit des lèvres » (voir Darby), en Es. 65 : 18 pour « Créateur de Jérusalem », en Amos 4 : 13 pour « Créateur du vent ».Quand Dieu enlève sa lumière et sa grâce, Il produit des ténèbres et du mal. Mais cette action négative n’a lieu qu’à la suite du péché de la créature. Le mot « rag » traduit par « mal » ou « adversité » n’est d’ailleurs jamais employé pour exprimez le péché.

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inévitable dans l’homme régénéré - mais la chair n’est pas mauvaise au sens moral, car elle n’a pas de volonté. C’est une victime du péché. Examinons quelques textes à ce sujet :

Rom. 6 : 13. « Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité. »

Nos membres ne pèchent pas, mais peuvent devenir des instruments d’iniquité ou de justice. Rom. 15 : 27 et 1 Cor. 9 : 11 n’indiquent pas non plus qu’une chose charnelle est mauvaise en soi (les versions, excepté Darby, mettent « temporel »).

1 Cor. 6 : 19. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous. »

Le Saint-Esprit pourrait-Il habiter dans ce qui est essentiellement péché ?

1 Cor. 7 : 34. « Afin d’être sainte de corps et d’esprit. »

Si le corps matériel était en lui-même entaché de péché, il ne pourrait jamais être saint. Et notre Seigneur n’est-Il pas venu dans la chair sans porter de trace de péché ?

Jean 1 : 14. « Et la Parole a été faite chair. »

Il est vrai que Rom. 8 : 3 dit que c’était une chair non identique, mais « semblable » à celle du péché46.

Mais la différence réside dans le fait que la chair des hommes sous le péché est faible et mourante, tandis que celle du Seigneur était normale et vivante par l’Esprit. Nous lisons, en effet, ce qui arriva quand le Fils devint semblable aux hommes :

Luc 1 : 35. « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. »

Cette puissance était nécessaire et suffisante pour Lui donner une chair vivante. Marie n’avait pas du tout besoin de naître « immaculée ». Sa chair n’était pas pécheresse, mais manquait seulement de vie, comme celle de tout descendant d’Adam. La puissance du Très-Haut pouvait fournir ce qui manquait pour produire une chair vraiment vivante et exempte des conséquences du péché.

Mais le mot « chair » peut aussi indiquer la nature dégradée d’Adam et, dans ce cas, on peut parler de péché :

Rom. 7 : 23. « La loi du péché qui est dans mes membres. »

Rom. 8 : 6. « Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’esprit, c’est la vie et la paix car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas. »

Gal. 5 : 16. « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. »

46 « Semblable » est la traduction de « homoios » ; « identique » est la traduction de « isos »

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Gal. 5 : 19. « Or, les oeuvres de la chair sont manifestes, ce sont l’impudicité, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. »

De même, l’adjectif « charnel » n’a un sens péjoratif que dans le cas où Il s’agit de quelque chose qui est en rapport avec la nature pécheresse, l’ancienne humanité.

D’après ce qui précède, nous pouvons conclure que ce n’est pas le corps ou la chair (en tant que matière), mais l’homme intérieur, ou le cœur de l’homme, qui pèche. Jérémie ne disait-il pas :

Jér. 17 : 9. « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : qui peut le connaître ? »

Le N.T. confirme qu’on ne peut pas se fier au cœur et que Dieu seul le connaît47. Nous apprenons aussi que :

le cœur est dur (Marc 3 : 5 ; 8 : 18 ; Jean 12 : 40 ; Rom. 2 : 5 ; Eph. 4 : 18) ;le cœur est lent à croire (Luc 24 : 25) ;le cœur est incirconcis (Actes 7 : 51 et Deut. 30 : 6) ; le cœur est sans intelligence et plongé dans les ténèbres (Rom. 1 : 21) ;le cœur a des convoitises (Rom. 1 : 24) ;le cœur est impénitent (Rom. 2 : 5) ; le cœur est recouvert d’un voile (2 Cor. 3 : 15) ; le cœur est mauvais et incrédule (Héb. 3 : 12).

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que le mot « cœur » désigne l’ « homme intérieur » (l’ensemble de l’esprit et de l’âme) mais, d’une manière plus spéciale, les facultés d’aimer. La question qui se pose maintenant est de savoir si ce sont les actes produits par ces facultés qui ont un caractère de péché. Or, un peu de réflexion suffit pour voir que les activités « animales » ne sont nullement bonnes ou mauvaises au point de vue moral. Ainsi pour l’animal, certains biens sont toujours bons à rechercher et certains maux sont toujours à fuir. Pour l’animal, il n’y a pas de péché. Et il en serait de même pour l’homme si sa raison ne jugeait pas que tel ou tel acte est contraire au bien réel. Les activités du cœur ne sont donc pas mauvaises en elles-mêmes, mais peuvent l’être quand elles ne sont pas dirigées par la raison. Et le corps participe à ces péchés.

Le péché peut être dû aux facultés de l’âme qui entraînent la volonté contre la raison (du fait du désordre, de l’état de péché de l’homme). La raison peut aussi se laisser influencer par des causes extérieures à l’homme. De plus, le péché peut être dû à la raison elle-même qui manque son but. Enfin, le péché peut provenir de l’ignorance.

L’homme est responsable de tous ces péchés, car toujours sa volonté intervient. Même dans le cas de péché par ignorance, il est responsable si cette ignorance est la suite de sa

47 Luc 16 : 15 ; Actes 1 : 24 ; 15 : 8.

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propre défaillance48. Dieu dit à l’homme ce qu’Il désire, pour que l’homme se rende compte de son péché (Rom. 3 : 20 ; 7 : 7 ; 7 : 13).

Si c’est dans le cœur de l’homme que réside le péché, c’est donc ce cœur qui devra être changé. Nous trouvons, en effet, dans l’A.T., qu’Israël recevra un nouveau cœur quand, du milieu des peuples, il sera rassemblé dans la terre promise (Ezéch. 11 : 17-20 ; 36 : 25-27). Il ne reçoit pas un autre cœur, mais c’est le cœur ancien qui est renouvelé. Le N.T. parle de ce renouvellement en rapport avec tous les hommes :

Rom. 12 : 2. « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence (nous)... »

2 Cor. 4 : 16. « Et alors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »

Le cœur doit être purifié par la foi :

Actes 15 : 9. « Il (le Saint-Esprit) n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. »

1 Tim. 1 : 5. « Le but du commandement, c’est une charité venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère. »

2 Tim. 2 : 22. « Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. »

Jacq. 4 : 8. « Purifiez vos cœurs, hommes irrésolus. »

Héb. 10 : 22. « Approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. »

Il est bien entendu que nous ne pouvons pas changer notre cœur nous-mêmes et que c’est l’œuvre du Saint-Esprit en nous49.

Nous voulons encore ajouter quelques mots sur l’endurcissement du cœur. Jean 12 : 40 semble dire que Dieu aveugle et endurcit. Nous aurons l’occasion de voir qu’il n’est pas toujours facile de discerner les causes d’un acte. Dieu peut être la cause en même temps que l’homme (Voir p. 52). On peut très bien admettre que Dieu aveugle et endurcit, mais la question est de savoir si c’est d’une manière tout à fait indépendante de l’homme. Nous croyons que, dans les cas cités dans l’Ecriture50, Dieu peut endurcir l’homme qui résiste continuellement à sa grâce. Dieu ne corrige pas toujours les choses que la créature dérange. Il laisse subsister une partie du mal qu’elle provoque afin qu’elle apprenne à se rendre compte

48 Nous avons un exemple de ceci en 1 Tim. 1 : 13. Paul avait mal agi par ignorance. Mais Il était responsable de cette ignorance, parce qu’il connaissait les Ecritures. Ces actions étaient des péchés pour lesquels il a dû obtenir miséricorde.49 2 Cor. 1 : 22 ; Gal. 4 : 6 ; 1 Thes. 3 : 13 ; Héb. 13 : 9.50 Mat. 13 : 14 et Jean 12 : 40 sont des citations d’Es. 6 : 9 où le Seigneur dit à Esaïe : « Rends insensible le cœur de ce peuple. » C’est Israël même qui s’endurcit (Ps. 95 : 8), c’est Pharaon qui est lui-même cause de son endurcissement (Ex. 4 : 21), Dieu permit le mal fait au peuple (Ex. 5 : 22). Il permit qu’il fût trompé (Jér. 4 : 10) et reçût de mauvais préceptes (Ezéch. 20 : 25) afin de l’instruire, de le corriger, de le punir et de lui faire connaître qu’Il est l’Eternel.

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de son péché. L’aveuglement et l’endurcissement peuvent ainsi servir au salut du pêcheur. Ils peuvent aussi constituer un châtiment bien mérité.

Nous sommes ainsi arrivés à parler des peines du péché. Le péché est une privation et un désordre. Les suites en sont inévitables. Il y aura donc peine. Et celle-ci peut conduire à la mort du pécheur. C’est la volonté du pécheur qui est cause du désordre et c’est elle qui devra opérer pour que la justice soit rétablie. Nous verrons dans le chapitre qui traite de la justification, que le pécheur peut être délivré du péché par sa communion avec notre Seigneur, mort pour nous. Autrement, il y a condamnation et deux cas peuvent alors se présenter : ou l’homme reconnaît sa faute et demande pardon, ou il ne se repent pas. Dans le premier cas, la punition peut être remise et une correction peut lui être infligée. Dans le deuxième cas, l’injustice doit être compensée par une punition, un châtiment ou un tourment (Voir p. 126, note 118).

Nous n’avons fait que toucher certains problèmes, nous pourrons y revenir dans la suite.

Résumé du chapitre IV

Adam, créé bon et libre, a résisté à Dieu. Il a ainsi introduit le péché dans le monde et a ainsi détruit, non seulement l’harmonie de la création, mais encore celle de son propre être. Au lieu d’être conduit par l’esprit et la raison, il fut désormais soumis à son âme et devint « homme animal ».

Tous les hommes naissent donc dans un état de péché et leur entendement est obscurci, leur cœur est dur, leur corps mourant. Cet état les conduit aux péchés personnels qui habituent l’homme à choisir à l’encontre de ce qui reste de bon dans les prescriptions de sa raison.

Le péché est essentiellement une privation de gloire, de grâce, de charité, de vie, de liberté, de connaissance, de bonté, de raison, de sagesse, de puissance, de sainteté. Cette carence résulte du fait que l’homme a résisté à l’action divine et elle implique la responsabilité. Une carence sans responsabilité ne serait qu’une imperfection. Par les péchés, nous offensons Dieu et nous transgressons Sa volonté. L’ensemble de l’humanité provenant d’Adam est le « vieil homme ».

La mort était une peine pour Adam, mais pour les autres hommes elle est une conséquence naturelle de l’état dans lequel ils sont nés.

Le péché étant une carence, n’est pas créé ou voulu par Dieu, mais une conséquence possible de la liberté.

Le péché ne réside pas dans la chair (en tant que partie matérielle de l’homme), mais dans la nature pécheresse, dans l’homme intérieur, dans le cœur. Les activités du cœur peuvent être mauvaises parce qu’elles entraînent la volonté contre la raison, ou parce que la raison elle-même manque son but. L’homme est toujours responsable, car sa volonté intervient.

Pour échapper au péché, le cœur doit être changé par Dieu.

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Le péché, étant une privation et un désordre, entraîne nécessairement une peine et conduit à la mort.

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V.La Liberté

Le lecteur sait combien de choses ont été écrites au sujet du libre-arbitre et autres questions connexes. Les philosophes et théologiens ont examiné et réexaminé toutes ces questions et il peut souvent être très utile d’avoir recours aux résultats de ces efforts51. Nous ne parlerons cependant pas beaucoup de ces travaux, car notre but est de nous en tenir autant que possible à ce que disent les Ecritures52.

Le mot liberté a plusieurs significations, mais nous considérons surtout celle que les écrivains inspirés lui donnent. Pour la connaître, il suffit d’examiner les textes qui emploient les mots « liberté », « libre » et « rendre libre » (ou « affranchir »)53. Le premier de ces textes (Rom. 8 : 21) établit déjà une opposition entre « liberté » et « esclavage »54. On est esclave quand on est incapable de résister à une certaine influence. On est libre quand on a la puissance de résister. Il est surtout question de la liberté vis-à-vis du péché.

Qui donc est libre dans ce sens ? Ceux qui sont en Christ-Jésus (Rom. 8 : 1, 2 texte grec), qui ne sont pas seulement « enfants », mais « fils » de Dieu (Gal. 4 : 3 et 7). Ils sont libres du péché parce qu’ils sont morts au péché, morts avec Christ (Rom. 6 : 1-8)55.

Il s’ensuit que les non-croyants, et même ceux qui sont nés de nouveau (ou d’en haut), mais qui ne sont pas encore « morts avec Christ », ne sont pas libres vis-à-vis du péché. Ils sont « charnels », « vendus au péché » (Rom. 7 : 14). Après la nouvelle naissance nous avons bien la volonté, mais non le pouvoir, de faire le bien (Rom. 7 : 18).

D’autre part, les Ecritures nous disent :

« La voie de l’homme n’est pas en son pouvoir » (Jér. 10 : 23).

« Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel » (Jean 3 : 27).

« C’est de Lui… que sont toutes choses » (Rom. 11 : 36).

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Cor. 4 : 7).

51 Nous sommes loin de mépriser les travaux des philosophes et des théologiens. Il y a là un effort sérieux pour penser d’une manière systématique et coordonner les choses. Rien n’est plus logique. Le reproche qu’on pourrait faire à la plupart des philosophes et même à beaucoup de théologiens, c’est de ne pas s’appuyer sur la Parole divine. Toute philosophie, pour être vraie, doit s’appuyer sur Christ (Col. 2 : 8).52 Voir cependant p. 52.53 Voici tous ces textes :Eleutheria (liberté) : Rom. 8 : 21 ; 1 Cor. 10 : 29 ; 2 Cor. 3 : 17 ; Gal. 2 : 4 ; 5 : 1, 13 ; Jacq. 1 : 25 ; 2 : 12 ; 1 Pi. 2 : 16 ; 2 Pi. 2 : 19.Eleutheros (libre) : Mat. 17 : 26 ; Jean 8 : 33, 36 ; Rom. 6 : 20 ; 7 : 3 ; 1 Cor. 7 : 21, 22, 39 ; 9 : 1, 19 ; 12 : 13 ; Gal. 3 : 28 ; 4 : 22, 23, 26, 30, 31 ; Eph. 6 : 8 ; Col. 3 : 11 ; 1 Pi. 2 : 16 ; Apoc. 6 : 15 ; 13 : 16 ; 19 : 18.Eleutheroô (rendre libre) : Jean 8 : 32, 36 ; Rom. 6 : 18, 22 ; 8 : 2, 21 ; Gal. 5 : 1.54 Douleia. Le nom « doulos » indique un esclave. Nos versions le traduisent souvent par « serviteur ». L’esclave est contraint de faire certaines choses. En général l’idée de liberté est mis en opposition avec contrainte. Voir p. ex. 1 Cor. 7 : 37 ; 9 : 17 ; Philém. 14.55 Nous prions le lecteur de voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul aux chapitres : « Le Message Céleste », « Considérations Relatives à la Loi », « Les Deux Hommes » pour ce qui concerne la distinction entre « enfant

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« En Lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être » (Act. 17 : 28).

« Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5).

« Notre capacité vient de Dieu » (2 Cor. 3 : 5).

D’autres nombreux passages nous apprennent aussi que les créatures n’ont pas d’« être » en elles-mêmes et ne peuvent rien faire par elles-mêmes. Tout ce qui « est » doit provenir de Celui qui « est »56 et non pas de créatures qui, par elles-mêmes, ne sont que néant.

Nous voyons donc où en est l’homme tel qu’il naît : par lui-même il ne peut rien de vrai ni de bon. Il est esclave du mal.

Comme on comprend bien alors les Chrétiens qui prennent cette situation très au sérieux et qui insistent sur le fait que l’homme ne peut rien, que son salut est dû à Dieu seul ! En effet, celui qui considère les Ecritures comme autorité suprême ne peut pas arriver à une autre conclusion. Mais cela veut-il dire qu’il faille sacrifier la liberté de l’homme ? Dieu ne laisse-t-Il à l’homme que le rôle d’automate ? Libère-t-Il celui-ci, abandonne-t-Il celui-là, sans que jamais Son acte ait pour cause partielle l’attitude de l’homme ? Ce sont là des conclusions un peu hâtives. Nous n’avons pas épuisé, en effet, le problème de la liberté et nous croyons que toutes les controverses entre croyants sincères viennent de ce qu’on a trop limité la question et qu’on n’a pas suffisamment distingué ce qui diffère.

Avant tout il y a lieu, comme nous l’avons vu dans « Les Enseignements de l’Apôtre Paul », de distinguer entre les hommes « naturels », les régénérés, les « fils de Dieu » et ceux qui sont arrivés à la perfection en Christ. Ce qui est vrai pour un groupe ne l’est pas nécessairement pour l’autre et il est absurde d’invoquer un texte qui s’adresse, par exemple, à la dernière catégorie, quand on parle de la première. Comment ne pas s’embrouiller quand on ne distingue pas ? La Parole divine n’est plus qu’un chaos si on applique indistinctement tout à tous et, dans ce cas, elle ne peut plus servir à enseigner sainement.

D’autre part, il est nécessaire de considérer la liberté non seulement par rapport au mal, mais aussi par rapport au bien. Si l’homme est, par naissance, esclave du péché, l’est-il aussi par rapport à Dieu ? L’homme naturel est incapable de résister au péché, mais ne peut-il pas résister à Dieu ?

Pour toute action, nous pouvons en effet considérer deux influences qui agissent sur l’homme : celle du bien et celle du mal57. Il y a donc quatre possibilités :

56 Si nous parlons de l’« être », c’est parce que l’Ecriture emploie cette expression. Nous trouvons p. ex. en Ex. 3 : 14 « Je suis Celui qui est ». Le Seigneur Jésus-Christ s’identifie avec l’Eternel en disant : « avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8 : 58). Héb. 11 : 6 dit qu’il faut croire avant tout que Dieu « est ».57 Comme fils d’Adam, nous partageons son état : il a perdu sa liberté en la déterminant de manière à ne pas vouloir ce que Dieu veut. De naissance nous sommes donc esclaves du mal : nous ne savons pas faire ce que Dieu demande, pas satisfaire à la Loi, pas L’aimer. Le Dieu de justice ne pouvait pas admettre que la décision libre d’Adam n’eût pas de suites, mais le remède était déjà prévu, car Il a préconnu l’Agneau expiateur avant la « fondation du monde ». Il permet ainsi à l’esclave de regagner sa liberté et d’employer celle-ci dans le bon sens : vouloir et faire la volonté de Dieu, c’est-à-dire L’aimer. Sans Médiateur, l’homme est perdu. Par sa raison, par sa propre expérience ou celle des autres, il peut se rendre compte que sa situation est terrible, cependant il n’en saurait sortir. Mais quand il apprend la bonne nouvelle que

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1. Action du bien : a) Y résister. b) Ne pas y résister

2. Action du mal : a) Y résister.b) Ne pas y résister

Dire que l’homme est esclave du mal, ne nous apprend rien de sa situation par rapport au bien. Peut-il résister à l’action de Dieu ? Dans l’affirmative, il est libre sous ce rapport et n’est donc pas un automate. C’est la Parole qui pourra nous éclairer et, pour examiner cette question, nous nous abstiendrons, autant que possible, des habitudes et des expressions théologiques.

Les discussions innombrables intervenues à ce sujet pourraient faire croire que la question est très compliquée, voire insoluble. Cependant, là encore, l’Ecriture offre une solution à celui qui est prêt à accepter simplement ce qu’elle veut nous enseigner. Pour obtenir une réponse, nous examinerons en premier lieu les textes relatifs à la volonté. Nos versions traduisent deux mots grecs (thélèma et boulèma) par « volonté »58. N’est-il pas élémentaire de distinguer entre ces deux mots ? Et ne voit-on pas comment tout devient obscur quand on ne le fait pas ?59. Nous savons, par les versions mêmes, que le sens général de ces deux mots est « volonté », mais nous désirons savoir, sans connaissances spéciales, ce qui les distingue60.

Nous croyons que les textes suivants montrent avec précision la différence entre thélèma (et les mots de la même famille) et boulèma (et les mots de la même famille) :

Actes 5 : 38. « Si cette entreprise (boulè) ou cette oeuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. »

Rom. 9 : 19. « Car qui est-ce qui résiste à sa volonté (boulèma). »

Héb. 6 : 17. « C’est pourquoi Dieu, voulant (boulomai) montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immutabilité de sa résolution (boulè), intervint par un serment. »

Dieu offre un moyen d’échapper à cette situation, il peut croire « vers » ce Dieu Rédempteur et se convertir « vers » Lui. Dans ce cas, il ne lui est pas demandé, en effet, ce qui est impossible par suite de son état : aimer Dieu ; mais il est invité à se laisser arracher à une situation qu’il reconnaît être absolument mauvaise.L’homme n’est donc pas seulement soumis à l’action du mal : Dieu lui offre Sa grâce pour l’en libérer. Nous devons donc distinguer deux groupes d’influences, tout à fait distinctes l’une de l’autre, qui agissent sur l’homme naturel : celles du bien (qui se rapportent à Sa grâce, à Son amour, qui veut le libérer du mal) et celles du mal (qui se rapportent surtout à Sa Loi, à Sa justice et à l’esclavage du péché).Pour d’autres actions mauvaises sur l’homme, voir aussi le paragraphe : « Le progrès dans la liberté ».58 Dans la plupart des cas « thelèma » est traduit par volonté. « Boulèma » l’est en Rom. 9 : 19 et le verbe « boulomai » par « vouloir » en Mat. 11 : 27 ; Luc 22 : 42 ; .Jacq. 1 : 18 et 2 Pi. 3 : 9.59 Cet examen est un exemple qui montre comment une étude simple peut permettre à tout croyant de se réjouir des Ecritures et de trouver une solution aux problèmes qui semblent des plus compliqués quand on ne distingue pas ce que Dieu a distingué.60 La méthode à suivre pour reconnaître le sens exact d’un mot, a de tout temps été utilisée pour déchiffrer les langues inconnues. C’est la méthode naturelle, que nous avons tous suivie étant petit enfant pour apprendre à comprendre et à parler. Elle consiste à rechercher plusieurs phrases dans lesquelles se trouve le mot qu’on veut examiner. Le sens de ce mot est ainsi fixé et différencié du sens d’un synonyme. Cette méthode nécessite une Concordance où les textes sont groupés d’après les mots grecs.

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Mat. 6 : 10. « Que ta volonté (thelèma) soit faite sur la terre comme au ciel » (elle n’est donc pas irrésistible). »

Mat. 23 : 37. « Combien de fois ai-je voulu (thelô) rassembler tes enfants. »

Il semble clair que boulèma indique une volonté, dans le sens de décision ou de vouloir ce qui ne permet aucune autre solution, et que thélèma n’indique qu’un désir. Un examen de tous les autres textes où ces mots sont employés, montre qu’en aucun cas cette conclusion n’est contredite61.

La réponse à la question « Peut-on résister à la volonté divine ? » est donc bien simple : oui, quand on entend par volonté le désir de Dieu, non, quand il s’agit d’une de Ses décisions62.

Si nous disons donc que l’homme est libre, qu’il a un libre-arbitre, nous entendons par là une liberté bien restreinte et qui se limite en somme au pouvoir de résister au bien ! Car nous savons tous que nous subissons de très nombreuses influences extérieures. Il y a en premier lieu l’hérédité. La théorie des chromosomes et des gènes croit pouvoir localiser dans nos cellules les principes qui nous ont été transmis par nos ancêtres et qui déterminent nos goûts, nos tendances, nos vices, nos qualités, jusqu’aux moindres détails : la couleur de nos cheveux, la forme de nos ongles, etc. Sans doute, les faits montrent que l’hérédité est un facteur de première importance auquel nous ne pouvons pas nous soustraire complètement, mais rien ne dit que l’hérédité détermine tout par elle-même. Loin de là. Il est au contraire prouvé qu’on peut guider ses effets, accentuer ceux-ci, atténuer ceux-là, développer les bonnes qualités, restreindre les mauvaises63.

Il y a ensuite l’influence du milieu. Mais là non plus rien n’est absolu. S’il est vrai que nous subissons tous cette influence, il est également vrai que nous pouvons la contrôler dans une certaine mesure.

Nous pouvons très bien admettre que tout ce qui est passé, ainsi que tout ce qui est à venir, agit sur nous, qu’en résumé nous subissons les influences de toute la création, qui forme une grande unité où tout est solidaire. Mais, encore une fois, cela n’implique pas que notre volonté soit entièrement déterminée par ces influences64. Et même, si nous sommes parfois forcés d’agir d’une certaine manière, notre choix était-il déterminé par ces circonstances extérieures ?

Certains admettent que nous pouvons résister, dans une certaine mesure, à Dieu, mais disent que la question cruciale est de savoir si nous pouvons ne pas résister. Ils suggèrent que le fait de ne pas pouvoir résister au mal implique l’impuissance à vouloir le bien. Ils pensent que cela n’est possible que si Dieu agit en nous d’une manière spéciale, tout à fait indépendante de notre attitude.

61 Dans certains cas, tels que 1 Tim. 2 : 4 et 2 Pi. 3 : 9 où le sens de ces mots est d’importance capitale pour une interprétation correcte, nous savons ainsi à quoi nous en tenir. Non pas d’après des idées préconçues, d’après nos sentiments, et les enseignements d’une Eglise ou d’une secte, mais d’après Dieu même.62 Faute de faire cette distinction, Calvin a prétendu que personne ne pouvait résister à la motion divine. Il supprime ainsi la liberté tout en voulant la maintenir d’autre part (voir l’Appendice 6). Il est donc en contradiction avec lui-même. Quand on ne parvient pas à concilier deux faits certains, on peut en conclure que cela est dû à notre faiblesse, qu’il y a là mystère pour nous, mais on doit se garder d’y voir une contradiction.63 Voir p. ex. à ce sujet le chapitre « Les Fonctions adaptives » dans L’homme, cet inconnu, du Dr A. Carrel.64 Dans l’appendice 6 nous montrons que même Calvin admet cela.

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Il y a ici un malentendu. Le fait qu’on mette en doute la possibilité de ne pas résister, indique que l’on considère la non-résistance comme un acte positif que l’homme ferait de sa propre force. D’après eux, dire que l’homme peut résister, c’est donc dire qu’il peut faire une chose par lui-même. Or, nous sommes d’accord qu’il ne le peut pas. L’expression « pouvoir ne pas résister à Dieu » n’a aucun sens pour nous, parce qu’il ne faut aucune action positive de notre part pour ne pas résister. Il s’agit là d’une attitude passive. En faisant ce que Dieu désire, l’homme ne le fait pas de sa propre force. C’est Dieu qui agit en lui. Tout ce que l’homme peut faire de lui-même, c’est résister. S’il ne résiste pas, s’il est passif, Dieu agit efficacement.

Mais on pourrait insister, et dire que les influences mauvaises qui agissent sur le non régénéré, et auxquelles il ne peut pas résister, l’empêchent de prendre une attitude passive. Il est vrai que l’esclave du péché ne peut pas faire la volonté de Dieu. Aussi Dieu ne veut pas en premier lieu agir sur l’homme pour qu’il fasse sa volonté, car Il sait que l’homme naturel ne sait pas faire le bien. Nous aurions été perdus si Dieu n’avait pas prévu le cas et préconnu, avant la chute, l’Agneau expiateur. Voilà un fait nouveau, indépendant de notre esclavage et nous pouvons donc prendre une attitude passive quand Dieu veut nous faire accepter cette grâce, nous convertir et nous régénérer. Si l’homme ne résiste ni au bien, ni au mal, tout dépend des influences extérieures. Si Dieu désire agir sur lui de manière à produire une certaine action, ce n’est pas le péché, ni quelque autre influence mauvaise qui L’empêchera.

En pratique, il est entendu qu’on résiste toujours plus ou moins, que les actions extérieures sont très variables et que l’ensemble est donc très complexe. Mais Dieu connaît notre responsabilité. Tout ce que nous désirons maintenir, c’est que l’homme garde toujours cette responsabilité envers Dieu, du fait qu’il est homme et qu’il peut, dans une certaine mesure, Lui résister. Dans le cas du non-régénéré, l’action divine est extérieure, mais suffisante pour lui permettre de glorifier Dieu dans ses ouvrages visibles. Cette action est intérieure après la nouvelle naissance et permet à l’homme de désirer le bien, même s’il ne sait pas toujours l’accomplir.

Ce sont là de beaux raisonnements, peut dire le lecteur, mais montrez-nous cela par la Parole. Nous sommes bien à notre aise ici, car si quelques rares passages semblent à première vue confirmer l’action arbitraire de Dieu, l’Ecriture s’adresse partout à l’homme comme à un être intelligent et libre, qui peut, quand il ne Lui résiste pas, faire ce que Dieu lui demande. Nous lisons ainsi :

Deut. 28 : 1. « Si tu obéis à la voix de l’Eternel... »

Deut. 30 : 19. « J’ai mis devant toi la vie et la mort, choisis la vie. »

Jos. 24 : 15. « Et si vous ne trouvez pas bon de servir l’Eternel, choisissez aujourd’hui

qui vous voulez servir. »

Es. 1 : 19, 20. « Si vous avez de la bonne volonté et si vous êtes dociles, vous mangerez les meilleures productions du pays ; mais si vous résistez et si vous êtes rebelles... »

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Es. 65 : 12. « Vous avez choisi ce qui me déplaît. »

Amos 5 : 14. « Recherchez le bien et non le mal... »

Mat. 15 : 28. « Qu’il te soit fait comme tu veux. »

Mat. 22 : 3. « Ils ne voulurent pas venir. »

Jean 5 : 40. « Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. »

Jean 7 : 17. « Si quelqu’un veut faire sa volonté. »

Jacq. 4 : 7-10. « Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable... approchez-vous de Dieu… nettoyez vos mains… purifiez vos cœurs… sentez votre misère... humiliez-vous devant le Seigneur... »

Apoc. 22 : 17. « Que celui qui veut prenne de l’eau de la vie. »

Ce ne sont que quelques exemples parmi des milliers et qui donnent certes l’impression que la volonté de l’homme est sous son propre contrôle.

La parabole, dite des terrains, de Mat. 13 est également instructive à ce sujet. On y voit comment ce qui est offert peut être : soit refusé par l’homme (et alors enlevé par Satan), soit accepté superficiellement, soit encore accepté pleinement65.

Considérons encore des textes comme :

Job 21 : 14. « Ils disaient pourtant à Dieu : Retire toi de nous ; nous ne voulons pas connaître tes voies. »

Job 24 : 13. « D’autres sont ennemis de la lumière. »

Actes 7 : 51. « Hommes de cou raide : incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit. »

Héb. 10 : 26-29. « Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité... »

2 Tim. 3 : 8. « De même que Jannès et Jambrès s’opposèrent à Moïse, de même ces hommes s’opposent à. la vérité. »

Les textes suivants parlent aussi d’une résistance ou d’une opposition : 2 Tim. 2 : 25 ; Act. 18 : 6 ; Rom. 13 : 2.

Peut-on croire que, d’une manière arbitraire, Dieu dirige les hommes ou les laisse diriger dans une mauvaise voie ? Ne voyons-nous pas que, malgré la résistance de la

65 Cette parabole peut être appliquée à tout le monde, mais concerne plus spécialement Israël. La bonne terre est Israël préparé par les épreuves à accepter la bonne nouvelle du Royaume sur terre. Le peuple élu se tournera alors vers Christ et arrivera à la régénération.

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créature, Dieu, dans Sa miséricorde, ne l’abandonne pas et ne cesse de lui offrir Sa grâce. Le plan divin consiste précisément à mener la création à la perfection, à l’existence véritable, dans une certaine mesure malgré sa résistance, mais cependant sans contrainte66.

Rappelons encore deux exemples de miséricorde. En demandant un roi humain, comme il y en avait chez les nations, Israël rejetait Dieu (1 Sam. 8 : 7). Malgré cela, Il dit à Samuel de les écouter, mais de les avertir qu’ils s’engagent dans un mauvais chemin.

Israël ne voulait pas entrer dans le pays et était rebelle à l’ordre de l’Eternel (Deut. 1 : 26). Cependant Dieu est resté avec eux pendant les 40 ans qu’ils ont passé dans le désert (Deut. 2 : 7) à cause de leur désobéissance.

Nous attirons aussi l’attention du lecteur sur un grand nombre de passages où Il est question de la volonté de l’homme, quoique cela n’apparaisse pas à première vue. Une petite étude faite à l’aide de la Concordance nous aidera ici encore. Le grec possède plusieurs mots pour « pas », dont les principaux sont « ou » et « mè ». Le premier est absolu et objectif, c’est-à-dire qu’il sert à constater un fait (voir p. ex. Mat. 6 : 24 et Jean 2 : 3), le second est relatif et subjectif : il sert à souligner que la négation n’est pas absolue et que la volonté du sujet intervient. On peut alors écrire « ne veut pas » au lieu de « pas ». Voici quelques exemples en relation avec notre sujet :

Mat. 13 : 19. « Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas (c.-à-d. ne veut pas la comprendre). »

Jean 3 : 18. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé » (voir v. 19 : les hommes ont préféré les ténèbres).

Jean 8 : 24. « Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (lire : si vous ne voulez pas croire).

Jean 12 : 48. « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge » (Il ne veut pas recevoir, puisqu’il rejette).

Actes 3 : 23. « Quiconque n’écoutera pas ce prophète (lire : ne veut pas écouter) sera exterminé. »

2 Thes. 1 : 8. « Pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Evangile de notre Seigneur Jésus » (Ils ne veulent ni connaître, ni obéir).

2 Thes. 2 : 11, 12. « Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice, soient condamnés » (ils ont pris plaisir à l’injustice et n’ont pas voulu croire).

Si l’homme naturel n’était pas libre, dans une certaine mesure, de faire ce que Dieu désire, serait-il possible à Dieu de l’abandonner au Malin, de le juger, de le laisser mourir

66 Héb. 10 : 26 dit explicitement : « si nous péchons volontairement », et le même mot (hekousios) est employé en 1 Pi. 5 : 2 en contraste avec « contrainte ».

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dans ses péchés, de l’exterminer, de le punir dans une flamme de feu, de le condamner67? Si l’homme n’était qu’un automate, Dieu serait nécessairement, en quelque sorte, l’auteur du péché, et tout, y compris la Parole de Dieu, deviendrait incompréhensible. S’Il avait voulu créer un monde sans liberté, Dieu l’aurait fait sans y introduire ou sans permettre le mal. Et si, par impossible, Il avait soumis ces pantins au mal, au moins ne les aurait-il pas jugés et punis. Ceux qui défendent un déterminisme absolu, sans liberté, doivent nécessairement arriver à dire que Dieu a introduit le péché comme une nécessité (ce qui revient à nier Dieu) et que personne ne peut être puni.

La responsabilité de l’homme naturel est affirmée par la Parole, sans aucune ambiguïté, par exemple dans le texte suivant :

Rom. 1 : 20. « Ils sont donc inexcusables »68.

Nous concluons donc que l’homme doit tout recevoir de Dieu, mais qu’il est libre de résister au désir de Dieu. Il est responsable de son action et, par conséquent, punissable.

Nous examinerons plus loin plusieurs objections et difficultés, mais nous pensons qu’il est bon, au préalable, de préciser un peu comment l’acte libre de l’homme est déterminé, afin de pouvoir répondre plus facilement à ces objections. Pour réfuter les arguments présentés par l’intelligence humaine, nous devrons penser d’une manière systématique, c’est-à-dire faire de la philosophie.

Une des facultés qui distingue l’homme de l’animal, est l’intelligence ou la raison69. La liberté dépend de l’intelligence. En effet, la connaissance intellective nous donne l’idée du bien absolu et nous permet de choisir entre plusieurs biens relatifs, tandis que la connaissance sensitive de l’animal le pousse infailliblement à l’acte.

Quand Dieu nous offre des grâces (soit extérieures, par l’intermédiaire de la création ; soit intérieures, par une action de son Esprit sur nous), notre intelligence peut les considérer ou ne pas les considérer. C’est là notre liberté vis-à-vis de Dieu. Mais cette puissance est encore un don de Dieu, comme tout ce qui « est ». Il n’y a que la défaillance, le négatif, qui proviennent de l’homme. Dans le cas où l’homme ne lui résiste pas, Dieu

67 Thomas d’Aquin donne (Question 83, art. 1) deux raisons générales qui prouvent que l’homme a le libre-arbitre : « Sans cela seraient inutiles les conseils, les exhortations, les préceptes, les prohibitions, les récompenses et les peines. » « Il est pour autant nécessaire que l’homme soit doué de libre-arbitre, qu’il a en propre la raison ». Sans libre-arbitre toute l’histoire et toute l’Ecriture deviendraient en effet absurdes et l’homme ne serait qu’un super-animal.Nous examinerons dans un autre chapitre la réponse à donner à ceux qui disent qu’il n’y a aucun argument en faveur du libre-arbitre dans les exhortations et les préceptes. D’après eux, Dieu pourrait donc demander aux hommes ce qu’il leur est absolument impossible de faire.68 L’homme n’est pas responsable de son état naturel, de son état de péché. Rom. 5 : 13 dit très nettement : « le péché n’est pas imputé, quand il n’y a point de loi » (voir aussi l’Appendice 5). Mais l’homme est responsable lorsqu’il reste dans cet état, alors que Dieu le lui montre (par la Loi, c.-à-d. en révélant sa volonté) et lui offre les moyens d’en sortir. C’est notre intelligence et notre liberté qui nous rendent responsables.69 Certains êtres n’ont ni connaissance, ni jugement (p. ex. un morceau de bois, une plante). Ils sont mus ou se meuvent vers une fin, mais ne le savent pas. D’autres êtres, comme les animaux, connaissent qu’une chose est bonne, sans savoir qu’elle est bonne, c.-à-d. sans posséder la notion de bonté. Leur jugement est instinctif. S’il y a de l’intelligence dans leur acte, ce n’est pas leur intelligence propre. Mais l’homme connaît, compare des biens particuliers et juge avec sa propre intelligence, et ce jugement est libre.

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peut mouvoir sa volonté à se déterminer dans le bon sens70. Mais, si l’homme résiste, deux cas peuvent se présenter :

1)Dieu peut permettre la défaillance, tout en la condamnant. Il suffit alors de laisser faire l’homme. Dieu ne donne donc pas de grâce spéciale pour empêcher le péché71.

2)Dieu peut ne pas permettre le péché et, dans ce cas, par miséricorde, ou pour toute autre raison, donner la grâce nécessaire pour éviter le péché72.

C’est ainsi qu’on a parlé de grâce « suffisante » et de grâce « efficace ». La grâce initiale est suffisante pour amener l’homme à l’acte conforme à la volonté divine. Il lui suffit de ne pas résister à Dieu. Cette grâce le dispose à considérer l’acte bon, sans pourtant produire cet acte. Pour consommer l’acte il faut la grâce efficace. La créature n’agit donc jamais par elle-même.

Le lecteur aura remarqué que nous n’avons pas distingué nettement la liberté considérée comme spontanéité pure (où l’homme n’est contraint par aucune influence extérieure) de la liberté d’indifférence (qui considère ce qui se passe dans l’homme même). Nous aurions été amenés à des discussions trop philosophiques.

Le progrès dans la liberté

Une fausse notion de la liberté conduit à se demander comment on peut encore être libre quand on se soumet à Dieu. Plus on dépend étroitement de Lui, moins on semble être libre, car moins on peut pécher ! Or, il faut rejeter l’idée que la liberté consiste surtout à pouvoir faire le mal. Elle est avant tout dans le pouvoir que nous avons de résister à des influences extérieures, soit bonnes, soit mauvaises.

Vis-à-vis de Dieu nous sommes toujours également libres, c’est-à-dire que l’homme naturel peut aussi bien Lui résister que celui qui est parfait en Jésus-Christ. Autre chose est de savoir si on résistera. Plus on est en communion avec Dieu, plus l’intelligence est éclairée et plus il deviendrait absurde de résister à ce qui est bon.

70 Tout ce qui « est » dans notre acte provient de Dieu, Source de tout « être ». La défaillance, ce qui n’ « est » pas, provient de nous.71 Dans ce cas encore, Dieu meut l’homme vers l’acte, bien que celui-ci soit mauvais. Ceci peut surprendre. Nous avons pourtant un exemple probant dans un cas d’une gravité extrême : celui de Judas. Après que celui-ci s’est volontairement détourné du bien, notre Seigneur lui dit : « Ce que tu fais, fais-le promptement. » Satan agissait sur Judas, qui ne lui résista pas. Nous lisons aussi en 2 Thes. 2 : 11 : « Dieu leur envoie une puissance d’égarement » (Voir aussi 1 Rois 22 : 22, 23 ; Ps. 81 : 13). Il y a d’ailleurs beaucoup de textes qui disent que Dieu aveugle (Jean 12 : 40), endurcit le cœur (Ex. 4 : 21 ; Rom. 9 : 18 ; Act. 19 : 9), etc. à la suite d’un manque de considération volontaire des grâces qu’Il avait offertes. De pareils textes, mal compris, ont amené certains à dire que l’homme n’est qu’un pantin et que c’est Dieu qui a introduit le péché dans la création.Dieu est cause de tout acte en tant qu’acte. Le péché est un acte accompagné d’une défaillance. L’acte en tant qu’acte provient de Dieu, la défaillance provient du libre-arbitre qui résiste à Dieu. Dieu est cause de l’action de pécher, mais non pas cause du péché même. Cela serait absurde car Dieu ne peut vouloir ce qu’Il ne veut pas. Ce serait impossible, car ce que Dieu veut « est », et le péché n’est qu’un manque d’ « être ».72 Nous avons un exemple de ceci en 1 Cor. 9 : 17 : Si je le fais de bon cœur, j’en ai la récompense ; mais si je le fais malgré moi, c’est une charge qui m’est confiée. » Donc, si Paul ne résiste pas à Dieu, mais exécute Sa volonté, c.-à-d. annonce l’Evangile volontairement, il aura une récompense. Mais si Paul résiste, Dieu lui donnera, malgré lui, la grâce nécessaire pour lui éviter une défaillance dans l’exécution de sa charge. Dans les deux cas l’acte est de Dieu, mais dans le premier cas c’est aussi l’acte de Paul.

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Mais vis-à-vis du mal, il peut y avoir du progrès dans la liberté. A notre naissance nous sommes esclaves du péché, nous n’avons aucun pouvoir de lui résister. Mais celui qui est mort au péché est affranchi du péché et peut donc lui résister. Dieu est absolument libre et plus nous Lui sommes unis, plus nous partageons cette liberté. Examinons ce progrès d’un peu plus près. (Voir à ce propos aussi ce qui est dit concernant les trois « sphères » dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul).

Un homme né dans un milieu « religieux » sera le plus souvent « religieux ». Sa « religion » sera telle ou telle, suivant le cas. Il n’adhère pas à tel groupe par conviction personnelle, mais par tradition, parce que ses pères en faisaient partie. S’il était né dans un autre milieu, il aurait été « libre penseur » ou « bolcheviste », etc. Ces hommes pourront s’exciter entre eux par la puissante action qui émane d’un groupement, par des réunions, des discours, des fêtes, etc. Ils ne feront que s’enchaîner de plus en plus et deviendront aveugles au point de ne plus rien distinguer en dehors de leur cercle. Les motifs seront souvent excellents, humanitaires, idéalistes, progressifs, même « chrétiens ». Leurs oeuvres peuvent être très utiles. Mais tout reste profondément humain. Même s’ils parlent de Dieu, du Seigneur Jésus-Christ, du Saint-Esprit, ce n’est pas d’une manière spirituelle. Dieu n’agit pas directement avec Sa puissance spirituelle. Ainsi, les personnes les plus civilisées et d’une grande culture peuvent être les plus esclaves de toutes les puissances qui veulent les empêcher de s’approcher du bien absolu. Le bien apparent peut être un moyen très efficace pour les lier.

Quand on examine les passages de l’Ecriture où les mots « energeô » (agir en), « energeia » (action en), et « energèma » (le résultat de l’action) sont employés en relation avec l’action spirituelle divine, on remarque qu’il n’y est jamais question d’une action directe de Dieu dans les non-croyants-en-Dieu. Nous apprenons au contraire qu’il y a d’autres actions qui s’exercent sur eux :

Satan agit dans « l’impie » (2 Thes. 2 : 9).

Le prince de la puissance de l’air agit dans les fils de la rébellion (Eph. 2 : 2).

Dans ceux qui ne reçoivent pas l’amour de la vérité, agit une puissance d’égarement (2 Thes. 2 : 11).

Les passions des péchés agissent dans ceux qui sont dans la chair (Rom. 7 : 5).

Mais Dieu n’abandonne pas le pécheur et quelle que soit la puissance qui tient l’homme en esclavage, il y a une issue. Dieu offre son aide et veut lui montrer la vanité de tout ce qui est séparé de Lui. Dieu se montre dans la création et fait sentir au pécheur son impuissance et son indignité. Il peut aussi permettre qu’il soit éprouvé et amené à crier sa détresse vers son Créateur. Nous examinerons dans un chapitre suivant comment l’homme naturel peut s’engager dans la voie du salut.

L’homme régénéré jouit d’une plus grande liberté. Il est entré dans une nouvelle sphère et est capable de comprendre les choses qui sont de l’Esprit. Dieu ne lui parle plus seulement par la création, mais aussi directement par Son Esprit. Cette action vivifiante agit sur toutes ses facultés, lui permet d’avoir une vue plus claire et l’amène à mieux considérer le vrai bien et à moins résister à la volonté divine. Il peut ainsi résister au diable même (Jacq. 4 : 7).

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Mais le régénéré est encore « captif de la loi du péché» (Rom. 7 : 23), il a bien la volonté, mais pas toujours le pouvoir de faire le bien. Il est encore « enfant » et reste dans l’esclavage des rudiments du monde (Gal. 4 : 1-3). Logiquement il devrait croître en liberté, mais hélas ! bien souvent il s’arrête, par négligence, par paresse ou, plus souvent, parce qu’il croit être arrivé au but.

Les groupes religieux peuvent contenir un certain nombre de régénérés. Ils défendent leur profession de foi, leur église, leurs rites et font beaucoup de bonnes choses. Mais ils se croient arrivés, ou presque, et s’arrêtent. Ils reconnaissent en général qu’ils n’ont pas toute la vérité, mais malheur à celui qui ose avoir une opinion différente de la leur. Il y a bien de temps en temps un réveil qui atteint un petit nombre d’entre eux, mais si ceux-ci s’écartent trop des autres, ils sont expulsés et forment un nouveau groupement, au début plus vivant que le premier. Mais de nouveau ceux-ci croient être arrivés à la vérité et se laissent enchaîner par la partie de vérité acquise.

Cependant, certains progressent dans la voie du salut et deviennent « fils» de Dieu. Ils atteignent ainsi une nouvelle sphère où la liberté est plus grande du fait qu’ils sont morts au péché et « en Christ-Jésus ». Ils sont affranchis de la loi du péché et de la mort (Rom. 8 : 2) et ont part à la liberté de la nouvelle création. L’esprit habite en eux et éclaire leur intelligence spirituelle. Ils peuvent ainsi mieux que jamais se rendre compte de ce qui est bien ou mal, ils peuvent mieux discerner la volonté divine, les subtilités de Satan, l’action nocive de ce monde et l’orgueil du « moi ». Ils résistent donc plus au mal et moins au bien. Ils laissent Dieu agir en eux, et peuvent ainsi être comblés de grâces « efficaces ».

Les « fils » doivent veiller à marcher selon l’Esprit, car eux aussi peuvent encore être soumis aux désirs de la chair et cela les empêcherait d:e faire ce qu’ils voudraient, c’est-à-dire la volonté de Dieu (Gal. 5 : 16, 17).

Enfin la pleine liberté, même dans cette vie, peut être obtenue dans la sphère de la perfection où Dieu est tout en tous. Ceux qui, dans l’âge actuel, atteignent cette position en esprit (et font alors partie de l’Eglise du mystère, le Corps dont Christ est la Tête) restent cependant soumis aux actions diverses des autres sphères, parce qu’ils en font partie par l’intermédiaire de leur corps matériel. Mais, en principe, ils sont entièrement maîtres de leurs actions et peuvent vivre en conformité avec leur position parfaite, vivre Christ.

Nous avons examiné plus haut quelques textes employant les mots energeô, energeia, energèma concernant les non-croyants. Continuons maintenant par quelques passages qui traitent de l’action divine sur les croyants. Nous voyons alors que la Parole de Dieu agit en eux (1 Thes. 2 : 13). Pendant la période des Actes le Saint-Esprit agissait d’une manière particulière, distribuant des dons comme Il voulait (1 Cor. 12 : 6, 10, 11 ; Gal. 3 : 5).

Plus on avance dans la voie du salut, plus on est en communion avec Dieu et plus Il agit en nous. Aussi à propos des membres de l’Eglise du mystère, les Ecritures disent :

Eph. 1 : 11. « Celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté. »

Eph. 1 : 19. « Quelle est envers nous qui croyons l’infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité (energeia) par la vertu de sa force. »

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Eph. 1 : 20. « Il l’a déployée (energeô) en Christ. » Eph. 3 : 20. « Celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou pensons. »

Phil. 2 : 13. « Car c’est Dieu qui produit (energeô) en vous le vouloir et le faire.»

Phil. 3 : 21. « Qui transformera le corps de notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir (energeia) qu’il a de s’assujettir toutes choses. »

Col. 1 : 29. « En combattant avec sa force (energeia), qui agit (energeô) puissamment en moi. »

Col. 2 : 12. « La puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts. »

Dieu agit dans chaque créature d’une manière conforme à son espèce et à sa position, sans anéantir cet état. Il agit dans la nature, tout en laissant aux corps leurs propriétés naturelles. Il agit dans les êtres intelligents tout en leur laissant la liberté73. Il n’anéantit pas la manière d’être de la créature par Son action, mais lui donne la puissance voulue et l’ « être » voulu pour faire ce qui est bien et pour arriver librement à son but. Ce court examen pourrait être complété par une étude de beaucoup d’autres passages employant d’autres termes (p. ex. « dunamis », puissance).

La voie du salut est donc aussi la voie de la liberté. Plus nous nous abandonnons à Dieu, plus notre volonté coïncide avec la sienne. La volonté n’est pas anéantie ou diminuée, mais elle peut au contraire s’épanouir en liberté parce que Dieu est avec nous et en nous. Nos actions sont les nôtres, mais elles sont aussi celles de Dieu, parce qu’il y a communion. Nous participons à ce qui est divin.

Si l’on considère le vouloir et le pouvoir, on se rend compte que ces deux facultés sont bien distantes l’une de l’autre dans la sphère naturelle. Mais plus on avance dans la liberté et plus elles se rapprochent. Quand la communion avec Dieu est parfaite, elles coïncident, parce que la liberté est absolue.

73 Voir le cas de 2 Cor. 8 : 16, 17 où Dieu met de l’empressement dans le cœur de Tite, mais où celui-ci va cependant voir les Corinthiens de son plein gré. Tite aurait également pu ne pas y aller.Citons encore quelques cas. Jacques dit qu’on ne possède pas parce qu’on ne demande pas (Jacq. 4 : 2). Salomon demandait à Dieu d’incliner le cœur des Israélites (1 Rois 8 : 58). Dieu, en effet, ne force pas les cœurs. Voyez comme Salomon dit : Si tu reçois... ; si tu gardes... ; si tu rends ton oreille attentive... si tu inclines ton cœur... ; si tu appelles la sagesse... ; si tu élèves ta voie... ; si tu la cherches... ; si tu la poursuis... alors tu comprendras la crainte de l’Eternel, et tu trouveras la connaissance de Dieu » (Prov. 2 : 1-5). David demande à Dieu de créer en lui un cœur pur et de renouveler un esprit bien disposé (Ps. 51 : 12). Dans le psaume 119 nous lisons aussi « incline mon cœur vers tes préceptes » (v. 36), après avoir dit : « Je choisis la voie de la vérité » (v. 30) et nous lisons plus loin : « J’incline mon cœur à pratiquer tes statuts » (v. 112). Jérémie ne s’attend pas à une action arbitraire de la part de Dieu, mais s’adresse à Lui pour qu’Il agisse : « fais moi revenir et je reviendrai » (Jér. 31 : 18). Des textes comme Es. 44 : 3 ; Jér. 31 : 33 ; Ezéch. 36 : 26 ne disent rien non plus contre le libre-arbitre, quand ils annoncent que Dieu donnera un jour à Israël un cœur nouveau et répandra sur lui Son esprit. En effet cette action n’a lieu qu’après leur repentance provoquée par la grande tribulation. On voit donc continuellement une interdépendance entre l’action de Dieu et celle de l’homme.

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Dans chaque sphère la créature peut donc glorifier Dieu en faisant ce qu’Il veut. Dans chaque position il y a une responsabilité correspondante. Plus on est libre et plus on est responsable.

Tout homme doit continuer à progresser dans la liberté. Le modèle parfait est notre Seigneur Jésus-Christ. Il faut se laisser élever par Dieu d’une sphère à l’autre. Et toujours la Parole nous exhorte, quelle que soit la position dans laquelle Dieu nous a placés par grâce, à marcher en conformité avec elle, à courir vers le but. Après avoir expliqué l’action de Dieu et les privilèges de notre position, le Saint-Esprit nous invite à ne pas résister aux grâces qui sont offertes et à glorifier ainsi Dieu.

Dans cette course vers la liberté, l’aide la plus précieuse est la Parole de Dieu. Considérer la Bible comme un bon livre « religieux », ou comme un document vénérable contenant quelque chose de la Parole divine, ne nous sert pas à grand-chose. La défendre en principe, mais lui préférer en pratique sa « confession de foi », n’est pas non plus satisfaisant. Il faut s’en servir, s’en réjouir, s’en nourrir. Ce n’est pas une doctrine toute faite qui nous aidera longtemps : nous devons avoir nos propres opinions, notre propre foi. Dieu libère celui qui aime la vérité.

Mais ce n’est pas en quelques années et sans effort réel que nous arriverons. Nous devons toujours continuer à épurer nos idées, toujours laisser parler le Saint-Esprit. C’est ainsi seulement que nous pourrons nous défendre contre des influences néfastes et nous laisser libérer. Ce qui était bon hier, parce que c’était un progrès sur avant-hier, ne l’est plus aujourd’hui et sera corrompu demain. Nous plaignons les chers croyants qui sont devenus inaptes à tout progrès dans la connaissance de la vérité, parce qu’ils tiennent trop à une conception donnée et estiment que tout nouvel examen est superflu. Ils en arrivent à dire que tout ce qui ne correspond pas à leur point de vue n’est que controverse inutile ou marotte nuisible.

Nous pouvons nous rendre compte de notre état de liberté par toutes nos expériences journalières et entre autres par la manière dont nous acceptons les épreuves. Celles-ci sont très nécessaires, soit pour nous exercer, soit pour nous châtier et nous rendre conscients de notre déficience et de notre orgueil.

Quelques difficultés

Nous croyons dans ce qui précède avoir non seulement exposé sommairement le problème de la liberté, mais avoir répondu d’avance à mainte objection. Nous voulons cependant ajouter quelques mots au sujet de certaines contradictions apparentes et de certaines difficultés.

On dit : a) La même cause produit nécessairement le même effet si toutes les circonstances restent les mêmes.

Cependant : b) La liberté demande que, dans les mêmes circonstances, l’homme puisse agir ou ne pas agir.

On estime généralement qu’il y a contradiction et qu’il faut donc choisir. Ceux qui défendent le point de vue a) mettent l’intelligence au-dessus de tout. Le monde n’est

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intelligible que si tout a sa raison d’être. Or, l’acte libre leur semble un acte sans raison, et ils l’estiment donc inintelligible ou absurde. Ils sacrifient la liberté. Suivant leur point de vue ils arrivent, comme Spinoza, à un déterminisme mathématique, comme Leibnitz, à un déterminisme psychologique ou comme beaucoup d’autres à un déterminisme physique ou physiologique74.

D’autres, comme Kant, Fichte, Schelling, Schopenhauer, Secrétan et Bergson ont réagi et donnent la suprématie à la volonté et à la liberté.

Il est assez curieux de constater que l’intellectualisme absolu et le libertisme absolu conduisent tous deux à la suppression de la morale. Le premier nie la liberté et la responsabilité, le deuxième nie le caractère absolu de la vérité. Hegel (qui est déterministe) aussi bien que Weber, (qui montre à quoi aboutit la philosophie de Bergson) en arrive à appeler « bien » ce qui a triomphé75.

Les Ecritures nous font entrevoir la solution qui maintient aussi bien la vérité et l’intelligence que la volonté et la liberté. Il semble que Thomas d’Aquin, suivant les traces de Socrate, Platon et Aristote, est celui qui a vu le plus juste parmi les philosophes- théologiens. Loin de voir une contradiction entre liberté et raison, Thomas fait dériver la première de la seconde. Il y a une interdépendance entre l’intelligence et la volonté76. Tout n’est donc pas si simple que dans certains phénomènes physiques où l’on peut nettement distinguer cause et effet.

Nous pouvons p. ex. considérer les passages où il est dit que Dieu aveugle et endurcit (voir p. 35) L’homme pèche à cause de son endurcissement, causé à son tour par le péché.

On pourrait donner beaucoup d’autres exemples77, mais ceci suffit pour montrer qu’il faut tenir compte de ces interdépendances. On ne peut donc pas toujours raisonner comme s’il n’y avait qu’une relation très simple entre cause et effet et, dans le cas où ce raisonnement simpliste nous conduit à une contradiction, il n’est pas prouvé que celle-ci existe réellement ; cela peut indiquer simplement que notre raisonnement n’est pas applicable. On peut alors essayer d’examiner les choses plus profondément78, mais il est

74 Voir aussi l’Appendice IV : Le Déterminisme et la Science.75 Nous voyons actuellement partout le résultat de ces conceptions, on demande des hommes forts, qui peuvent triompher. Le jour où l’antéchrist se présentera, il sera accepté parce qu’il saura vaincre.76 Duns Scot, Suarez et Molina semblent avoir été moins heureux dans leurs systèmes.Cette question a de tout temps donné lieu à d’amères controverses. Même dans I’Eglise romaine, il y a la querelle entre les thomistes et les molinistes. Voici un résumé des points de vue principaux :Calvin (1509—1564). Dieu fait tout. L’homme n’y est pour rien. L’homme ne saurait pas résister à Dieu.Thomas d’Aquin (1226—1274). Tout vient de Dieu comme cause première et de l’homme comme cause seconde. L’homme peut résister à la grâce « suffisante » et ainsi ne pas recevoir la grâce « efficace ».Molina (1588). Dieu et l’homme agissent ensemble. Tous deux sont des causes partielles.Pélage (Vème siècle). L’homme fait tout.Calvin a raison quand il s’agit d’une action spéciale de Dieu : l’élection, mais il semble avoir le tort de ne considérer que ce cas.A vrai dire, Descartes et d’autres parlent aussi d’une certaine interdépendance, mais pour eux c’est finalement la volonté qui commande à l’intelligence. Kant, dans sa Critique du jugement , cherche à concilier les résultats contradictoires de sa Critique de la raison pure et de sa Critique de la raison pratique .77 Voir aussi la note 73.78 Comme par ex. les thomistes, qui pensent qu’il y a indétermination dans le vouloir, parce qu’il y a indétermination dans l’intelligence et qu’il y a indétermination dans l’intelligence parce qu’il y a indétermination dans l’être, qui est un mélange de puissance et d’acte. L’indétermination n’est pas intelligible. Voir Dieu, son existence et sa nature, par Garrigou-Lagrange.

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toujours possible que nous ne puissions arriver à une solution complète à cause de notre faiblesse et être amené tôt ou tard à dire : « mystère ! »79.

Voyons un autre cas de contradiction apparente :

a) Dieu est cause de tous les actes ;

b) Notre libre-arbitre peut être la cause de certains actes.

Il s’agit ici de la souveraineté de Dieu. Si notre liberté ne laisse pas absolument intacte cette souveraineté, il faut la rejeter. Mais alors il n’y a plus de responsabilité et toute la création se réduit à un mécanisme. Dieu ne serait plus qu’un grand mécanicien. Vouloir maintenir la souveraineté divine en sacrifiant la liberté, conduit à nier Dieu. Ici encore la solution doit être telle que les deux thèses soient maintenues intégralement en dépit de leur contradiction apparente. Tout ce qu’on peut permettre, c’est de parler de mystère après avoir montré qu’une solution reste possible, mais qu’elle n’est pas nécessairement à la portée de l’intelligence humaine.

Nous l’avons déjà indiqué : bien que notre libre-arbitre soit cause de son acte, c’est Dieu qui peut mouvoir notre volonté sans détruire la liberté. Dieu meut la volonté selon l’inclinaison de celle-ci80. Il y a donc aussi interdépendance. Dans le cas où nous avons la tendance à nous prendre comme centre, à placer la créature au-dessus du Créateur, nous risquons de résister à Dieu et Il peut mouvoir notre volonté à produire un acte contraire à

79 Nous avons de nombreux exemples d’interdépendances dans le monde physique. Ainsi dans la dynamo, le champ magnétique est la cause du courant induit et ce courant est la cause du champ magnétique. Un autre exemple est donné par les circuits électriques à réaction où la sortie est couplée à l’entrée. Le raisonnement est souvent impuissant à faire comprendre ce qui se passe et les mathématiques seules peuvent résoudre le problème. Et qui arrive à comprendre le mécanisme compliqué des interdépendances physiologiques du corps humain, où les glandes à sécrétion interne et les organes réagissent mutuellement ? Dans de pareils cas on ne dit pas : « impossible » et on ne tire pas de conclusions fausses basées sur une vue étroite (tel Spinoza qui veut expliquer tout d’une manière parfaitement intelligible et identifie ainsi l’infini avec le fini. Il supprime donc en fait et a priori l’infini), mais on dit : « mystère » et on accepte tout sans comprendre complètement. Le scepticisme et l’incrédulité ne sont que des formes d’orgueil : on ne veut accepter que ce qu’on comprend et on tend à nier ce qu’on n’arrive pas à comprendre.80 On connaît le texte Jean 7 : 17 : « Si quelqu’un veut (thelô) faire Sa volonté (thelèma), il connaîtra si ma doctrine est de Dieu. » Selon notre disposition, Dieu nous donnera plus de connaissance, qui à son tour éclairera mieux notre volonté et l’amènera à se déterminer dans le bon sens.Ce texte donne lieu à une discussion de ce genre :A (celui qui a tendance à nier la liberté). — « C’est Dieu qui nous fait vouloir ».B (celui qui a des tendances pélagiennes). — « Oui si nous désirons qu’il en soit ainsi ».A. — « Mais ce désir est aussi donné par Dieu ».B. — « Oui, mais il faut vouloir l’accepter ».A. — « C’est Dieu qui nous fait vouloir », et ainsi de suite...On tourne dans un cercle vicieux. Tous deux ont raison et tort. Ils ont raison dans leur affirmation (l’un affirme que Dieu nous meut, l’autre que c’est nous qui devons vouloir), mais ils ont tort dans leur négation (l’un est prêt à sacrifier la liberté, l’autre la souveraineté de Dieu). Comme nous l’avons dit, il faut maintenir l’une et l’autre et voir ici une interdépendance entre des actions qui se passent dans deux sphères, celle de Dieu et celle de l’homme. Un raisonnement simpliste de cause à effet n’est pas applicable ici.Nous savons aussi que Dieu « désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2 : 4) et qu’Il a tout préparé pour cela. C’est le plan divin même. Mais il faut du côté de l’homme un empressement à vouloir (2 Cor. 8 : 11, 12), un désir du lait spirituel (1 Pi. 2 : 2), même moins que cela : une bonne volonté encline à ne pas Lui résister. Et cela est possible dans une certaine mesure, même si nous sommes esclaves du péché et incapables de faire le bien.

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Sa volonté (car tout acte est, en tant qu’acte, causé par Lui, voir note 71, p. 46). Notre acte est à la fois causé par Dieu et par nous, les deux ne s’excluent pas. Et il ne s’agit pas ici de causes partielles telles que leur somme produit l’effet, mais de causes interdépendantes telles que chaque cause est entièrement cause. Notre volonté demande à être mue à se déterminer dans le sens où Dieu la meut. Notre liberté réside essentiellement dans la puissance de ne pas vouloir, de résister, tout au moins dans les cas où il ne s’agit que d’un désir de Dieu et où Il permet notre défaillance (voir p. 62). Dieu nous donne des capacités, nous offre des grâces. A nous de ne pas résister, d’utiliser librement ce qu’Il a donné et de ne pas refuser ce qu’Il offre.

On voit la grande différence qui existe entre la liberté de Dieu et la nôtre. Dieu est absolument libre et détermine seul Sa volonté. Nous sommes libres sous certains rapports, mais notre volonté ne peut se déterminer seule.

Examinons encore quelques difficultés.

Certains admettent qu’Adam avait une certaine liberté, mais prétendent que nous ne sommes plus libres depuis la chute. Puisqu’ils admettent la liberté d’Adam, ils admettent donc que Dieu peut créer des êtres libres et que cette liberté n’est pas en contradiction avec la souveraineté absolue de Dieu.

Pour justifier leur point de vue, ils font remarquer que l’homme déchu est esclave du péché. Ils ne semblent donc considérer que la liberté de faire le mal. Or nous avons montré que celui qui est esclave du mal est encore libre par rapport à Dieu. De plus, aucun passage des Ecritures ne justifie l’opinion suivant laquelle l’homme déchu n’est plus libre. Calvin lui-même devait reconnaître que l’homme garde encore après la chute quelque chose de ce qui constitue sa ressemblance à l’Image de Dieu81 et qu’il n’est pas absolument contraint82.

Mais on répond qu’en fait, les hommes ne sont pas libres par rapport à Dieu parce qu’ils ne peuvent que lui résister. Sans action toute spéciale de Sa part, jamais ils ne se laisseraient sauver, dit-on. Or, il n’y a aucun argument scripturaire qui justifie cette idée.

Il est vrai qu’une action divine est nécessaire pour que l’homme se convertisse, car il ne peut rien de lui même ; mais il est faux de dire que la raison pour laquelle Dieu n’agit pas efficacement lui est absolument étrangère et dépend seulement de la volonté divine, qui agirait arbitrairement sur l’un ou sur l’autre. Nous avons examiné cette question et traiterons dans un autre chapitre de ce qui concerne l’élection. Il est entendu que Dieu peut agir d’une manière infaillible s’Il le désire. Là n’est pas la question. Il s’agit de montrer par l’Ecriture que Dieu doit agir d’une manière irrésistible pour que l’homme se convertisse, ou encore que si l’on peut résister à certaines actions divines, c’est parce qu’elles ne sont pas suffisantes pour amener la conversion. Or, tout argument fait ici défaut. Par contre, un grand nombre de textes deviennent incompréhensibles si l’on n’admet pas que l’homme puisse faire ce que Dieu lui demande. Si un croyant s’excuse de sa vie peu spirituelle en disant que Dieu n’agit pas en lui malgré son désir, on peut lui rappeler 1 Thes. 4 : 1-12 et d’autres textes semblables. Dieu désire notre sanctification ; le croyant est donc responsable de sa non-sanctification. De même, le non-croyant est

81 Institution 1, 15, 4.82 Calvin n’aimait pas appeler cette liberté « franc-arbitre », Institution 2, 2, 3-8.

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responsable de son incrédulité (Rom. 1 : 20 ; Marc 9 : 19 ; Jean 3 : 18 ; Rom. 11 : 20, etc.).

Mais comment Dieu peut-il garder la direction de tout si certaines créatures sont libres ? C’est sans doute que ces créatures n’ont pas une liberté absolue. L’homme naturel est libre dans la sphère naturelle, et encore cette liberté est-elle très limitée. Il peut, comme l’enfant laissé libre dans un jardin, déranger certaines choses, mais dans une mesure bien faible et sans que la direction de l’ensemble, qui s’exerce sur un autre plan, ne soit en danger. L’homme né de l’Esprit a plus de liberté, mais celle-ci ne dépasse pas la nouvelle sphère à laquelle il a accès. La liberté de la créature s’élargit ainsi au fur et à mesure qu’elle se rapproche de Dieu, mais elle reste toujours limitée jusqu’au moment où la créature a atteint son but et fait intégralement la volonté divine. Plus notre position est élevée et plus nous sommes libres, mais plus aussi il nous est possible de connaître la volonté de Dieu et de l’accomplir.

Mais, dira-t-on, la créature dérange quand même le plan de Dieu ? Cette question montre que nos pensées restent trop dans l’ordre humain des choses. Sans le vouloir, on pense à Dieu comme à un surhomme, qui a une puissance supérieure, mais qui est quand même dérangé par les autres. C’est faire de Dieu une créature. Un champion du jeu d’échecs peut rester maître de son jeu tout en étant harcelé par des partenaires malhabiles. Son plan peut être dérangé à tout moment par la liberté, restreinte par les règles du jeu, des autres joueurs. Il peut triompher, mais doit à tout moment modifier son jeu, l’adapter aux nouvelles circonstances. Or, Dieu n’est pas seulement plus puissant, mais Il ne peut même pas être comparé à une créature. Il est autre. Et dans le cas présent, Il ne garde pas la direction parce qu’Il est plus intelligent et plus puissant, mais parce qu’Il connaît tout d’avance, mieux encore parce que tout vient de Lui. Il n’est dominé ni par le temps, ni par la liberté de la créature. Son plan est constitué hors du temps et tient compte de toute action libre83. Son plan n’est donc pas dérangé, pour la bonne raison que la liberté en fait partie et que d’avance Il a disposé tout en conséquence. Il peut d’ailleurs restreindre notre liberté, ne pas permettre nos défaillances, ne pas nous pousser à un acte quand Il le juge nécessaire. Il peut aussi agir sur les circonstances extérieures et ainsi tout conduire et tout guider.

Nous avons essayé dans Le Plan Divin de donner un aperçu général de l’histoire de la création. Humainement parlant, Dieu a eu bien des difficultés à vaincre, mais Il n’a jamais été pris au dépourvu. Il connaissait la chute de Satan, des anges et d’Adam. Il savait qu’Israël tarderait à entrer dans le pays promis. Il savait que cette nation ne se convertirait pas et que la venue du Royaume serait retardée. Il savait que Son propre Fils serait crucifié (Act. 2 : 23). Il savait que les 12 tribus seraient dispersées84.

83 On pourrait objecter qu’il y a contradiction entre affirmer que l’homme est libre et que Dieu connaît d’avance son acte. Car si Dieu connaît une chose, elle semble par là même déterminée. S’il est vrai que pour Dieu tout est déterminé, il est également vrai qu’il y ait des actions libres. Il suffit d’admettre que la liberté subsiste malgré la connaissance de Dieu. II est vrai que nous ne comprenons pas comment cela est possible ; nous devons reconnaître qu’il y a mystère, mais on ne peut pas dire qu’il y ait contradiction.Il est important de se rendre compte que « certitude » n’est pas en contradiction avec « liberté ». Un événement qui doit certainement arriver (p. ex. parce qu’il est d’avance connu par Dieu), peut être produit soit par nécessité, soit par liberté (Voir aussi la remarque à propos de déterminisme et fatalisme dans l’Appendice IV).84 Voir 1 Pi. 1 : 2 où le texte grec met le mot « élu » avant « étrangers » du verset 1. Ils étaient étrangers et dispersés selon la prescience de Dieu.

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La liberté ne dérange pas le plan divin, car elle est partie constituante de ce plan. C’est à cause de la liberté que Dieu a dû, en Christ, se dépouiller prendre la forme de serviteur, devenir semblable aux hommes, s’humilier, obéir jusqu’à la mort, même celle de la croix. Il fallait être Dieu pour concevoir et exécuter ce plan, pour amener des créatures libres à la perfection. Tout était fixé depuis « le commencement ». Non pas dans le sens suivant lequel tout se déroulerait mécaniquement, ce qui aurait réduit le plan à une farce sinistre, mais ce plan serait exécuté par des créatures libres et grâce à l’amour divin. Ainsi seulement s’expliquent les longs délais et les souffrances des créatures avant d’arriver au but.

Quand nous avons montré que l’homme peut résister au désir de Dieu, nous n’avons pas relevé l’objection que des textes tels que Eph. 1 : 19 et Phil. 2 : 13, semblent pourtant montrer que la puissance divine est irrésistible. Or, pour ce qui concerne le premier texte, il suffit de remarquer qu’il commence par « envers nous qui croyons ». Il s’agit des « fidèles en Christ Jésus » (Eph. 1 : 1) qui sont parfaits en Lui. C’est surtout en eux que la grâce agit efficacement parce qu’ils sont toujours enclins à ne pas rejeter la grâce suffisante. Nous avons montré en qui Dieu agit, et que le non-croyant n’est pas soumis à cette action intérieure. Nous reviendrons sur ce sujet dans un chapitre suivant, mais on peut déjà se rendre compte que des textes comme Rom. 5 : 5 ; 2 Thes. 1 : 11 ; 2 Pi. 1 : 3 et Phil. 2 : 13 85 ne concernent en rien les non-croyants et ne peuvent donc absolument pas servir d’argument contre leur libre-arbitre.

Nous croyons d’ailleurs que Phil. 2 : 13 est souvent mal compris. On lit comme si Paul avait l’intention de dire que Dieu agit « selon son bon plaisir », donc sans tenir compte des inclinations de l’homme. Mais « selon » est la traduction du grec « huper » et cette préposition, employée avec le génitif, signifie « pour » (ou « en vue de »). Et « bon plaisir » ne se rapporte pas à ce que Dieu a résolu de faire, mais à ce qui Le réjouit86, à ce qui Lui donne parfaite satisfaction. Cette phrase dit donc que Dieu agit dans ces hommes en vue de sa propre satisfaction. Héb. 13 : 21 mentionne une action similaire : « Que le Dieu de paix... fasse en vous ce qui lui est agréable ».

Résumé

Etre libre, c’est ne pas être esclave, c’est pouvoir résister à une certaine influence. On peut considérer la liberté se rapportant au bien et celle se rapportant au mal. L’homme naturel est esclave du péché et ne sait donc pas résister au mal. Mais il peut résister ou ne pas résister à Dieu. Tout au moins quand il s’agit d’un désir, et non d’une décision de Dieu.

L’homme subit de nombreuses influences héréditaires provenant de toute la création, mais sa volonté n’est pas entièrement déterminée par ces influences. Il peut ne pas résister à Dieu en restant tout simplement passif. L’Ecriture lui laisse toujours le choix entre le bien et le mal et montre que l’homme a très souvent résisté à la vérité. Sans liberté il ne serait pas responsable et ne saurait être jugé, ni puni. Dieu serait l’auteur du péché, ce qui revient à nier Dieu. La Parole confirme que l’homme est responsable quoique dépendant de Dieu en toutes choses.

85 Rom. 5 : 5 parle de croyants qui sont justifiés (v. 1). En 2 Thes. 1 : 11 il s’agit de l’accomplissement de l’oeuvre de notre foi, non de notre foi elle-même. Ceci concerne les croyants, qui laissent agir Dieu en eux et par eux. En 2 Pi. 1 : 3 il s’agit de régénérés, qui se sont tournés vers Dieu après avoir été appelés par Lui.86 Voir Eph. 1 : 5, 9 (bienveillant) et 2 Thes. 1 : 11 (bienveillant).

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L’homme est libre parce qu’il est intelligent. Il a l’idée du bien et est amené ainsi à choisir entre plusieurs biens relatifs. Tout acte dépend de Dieu. Si l’homme ne Lui résiste pas, Il meut sa volonté à se déterminer dans le bon sens. Si l’homme résiste, Il peut ou bien permettre la défaillance, tout en la condamnant, ou bien l’empêcher de mal faire. Dieu donne une grâce suffisante pour agir selon Sa volonté, mais n’agit efficacement que si l’homme ne résiste pas.

La liberté ne consiste pas surtout à pouvoir faire le mal, mais à pouvoir résister aux influences extérieures. On est toujours libre vis-à-vis du bien, mais on peut progresser dans la liberté au point de vue de la résistance au mal.

L’homme naturel est esclave ; le régénéré jouit d’une certaine liberté car il comprend les choses de l’Esprit (tout en restant encore captif de la loi du péché) ; l’homme justifié est entièrement libre, parce que mort au péché et conduit par l’Esprit ; l’homme qui atteint la position parfaite est identifié avec Christ et dépasse l’idée de liberté.

D’une part, Satan agit sur l’impie, qui est donc loin d’être libre ; d’autre part, Dieu agit sur le croyant. Plus l’homme est en communion avec Lui, plus Dieu agit sur lui. Cette action divine n’anéantit pas sa liberté. L’homme doit atteindre son but en liberté. La volonté n’est pas diminuée, mais amplifiée, parce qu’elle coïncide avec celle de Dieu. Alors l’homme n’a pas seulement le vouloir, mais aussi le pouvoir.

Une liberté plus grande amène une plus grande responsabilité et demande une marche plus parfaite et une utilisation plus complète de la grâce divine.

C’est la grâce divine, connue par la Parole, qui libère. Il faut donc un examen continu et toujours renouvelé, conduit par le Saint-Esprit. Les meilleures professions de foi sont imparfaites.

Certains pensent devoir sacrifier la liberté à l’intelligence, parce qu’ils estiment que ce qui n’a pas de cause, n’est pas intelligible. D’autres donnent la suprématie à la volonté et à la liberté aux dépens de l’intelligibilité. Les deux tendances conduisent à la suppression de la morale : la première en niant la responsabilité, la deuxième en niant le caractère absolu de la vérité. Le bien est alors ce qui triomphe. L’Ecriture maintient liberté, intelligence, responsabilité, vérité, morale. Il n’y a pas ici simple cause et effet, mais interdépendance entre les actions de Dieu et celles de l’homme. Dans de pareils cas on peut être amené à dire qu’on ne comprend pas, mais on ne doit pas dire qu’il y ait contradiction.

Il faut aussi maintenir la souveraineté de Dieu et en même temps la liberté de l’homme sans y voir de contradiction. La liberté ne dérange pas le plan divin, mais en fait partie. Dieu connaît d’avance l’acte libre de l’homme (sans anéantir cette liberté) et n’est donc jamais surpris, ni dérangé par l’exercice de cette liberté.

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VI.L’Election

Si nous admettons que tous les hommes jouissent d’une certaine liberté et peuvent se repentir et se convertir, devons-nous rejeter l’idée d’élection ? Et si la Parole de Dieu parle aussi bien de liberté que d’élection, y a-t-il donc des contradictions dans les Ecritures ? Examinons ce qu’elles nous enseignent et efforçons-nous de ne pas nous laisser influencer par des idées préconçues.

Nous pouvons en premier lieu consulter les textes et contextes qui contiennent les mots suivants :

1. Eklogè, ekiegomai, eklektos (élection, élire, élu). La signification est donnée par des passages tels que :

Luc 6 : 13. « Il en choisit douze. »

Luc 10 : 42. « Marie a choisi la bonne part. »

Luc 14 : 7. « En voyant qu’ils choisissaient les premières places. »

Actes 6 : 5. « Ils élurent Etienne. »

Il s’agit donc de choisir quelqu’un ou quelque chose parmi différentes personnes ou choses.

2. Aireomai. Le sens est indiqué par Phil. 1 : 22 et Héb. 11 : 25. C’est « préférer » ou « aimer mieux ». Ce mot est employé en 2 Thes. 2 : 13, où nos versions mettent

« choisir ».

3. Procheirizomai. Ce mot est appliqué deux fois à Paul en Act. 22 : 14 (destiné, choisi d’avance) et Act. 26 : 16 (établir, désigner). Darby traduit littéralement en Act. 22 : 14 (choisi d’avance).

4. Cheirotoneô. Se trouve en Act. 14 : 23 et 2 Cor. 8 : 19. C’est choisir dans le sens de « nommer ».

5. Procheirotoneomai veut dire « nommer d’avance ». C’était le cas des témoins de Act. 10 : 41.

6. Proörizô, littéralement « voir d’avance », est traduit souvent par « prédestiner ». Le mot grec est employé par exemple en Act. 4 : 28 ; Rom. 8 : 29 ; 1 Cor. 2 : 7 ;

Eph. 1 : 5, 11.

7. Tassô. Nous donnons une liste de tous les textes où figure ce mot :

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SEGOND SYNODALE OSTERWALD DARBY CRAMPON Mat. 28 : 16. désigner désigner ordonner ordonner désigner Luc 7 : 8 soumettre soumettre soumettre placer soumettre Act. 13 : 48 destiner destiner destiner destiner destiner Act. 15 : 2 décider décider résoudre résoudre décider Act. 22 : 10 (devoir) ordonner (devoir) ordonner (devoir) Act. 28 : 23 fixer prendre assigner assigner prendre Rom. 13 : 1 instituer instituer établir ordonner instituer 1 Cor. 16 : 15 dévouer dévouer dévouer vouer dévouer

Le sens général est : placer dans une position. C’est surtout Act. 13 : 48 qui est important pour notre examen.

8. Proginôsko. Littéralement : connaître d’avance. Voir surtout Rom. 8 : 29. Ensuite Rom. 11 : 2.

Comme nous ne parlons que de l’élection divine, c’est surtout le n° 1 qui est important.

Dans le tableau suivant, nous avons groupé un certain nombre de textes d’après le sujet, le temps, la cause et le but de l’élection.

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L’ELECTION

Le sujet Le temps La cause Le but

Act. 13 : 17 Les Pères

Rom. 11 : 28(v. 26) ; 1 Pi. 2 : 9.

Israël (comme peuple).

A cause de leurs pères. Pour annoncer les vertus de Christ. Pour être en bénédiction aux nations.

1 Pi. 1 : 2 ;2 Pi. 1 : 10 ;Rom. 11 : 5, 7 ;Mat. 22 : 14.

Certains Juifs.

Afin qu’ils deviennent obéissants et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus-Christ.

Luc 6 : 13 ;Jean 6 : 70 ;13 : 18 ; 15 :16, 19 ; Act. 1 : 2, 24 ; 15 : 7(Pi.).

Les douze Apôtres.

Avant l’ascension. Pour porter du fruit. Prêcher l’évangile.Conduire les 12 tribus (Mat. 19 : 28).

Act. 9 : 15 ; 22 : 14 ; 26 : 16.

Paul. Après l’ascension. Pour porter le nom du Seigneur devant les nations, devant les rois, et devant les fils d’Israël. Témoin de ce qui lui est révélé.

1 Cor. 1 : 27, 28 ;Jacq. 2 : 5.

Ce qui est fou, vil, faible, méprisable.

Parce qu’ils reconnaissaient leur état de pécheur.

Afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. Pour amener d’autres à se rendre compte de leur péché.

Rom. 8 : 29, 33 ; 1 Thes. 1 : 4 ; Tit. 1 : 1 ; 2 Thes. 2 : 13.

Ceux de la sphère céleste

Dès le commencement de la proclamation de l’évangile (2 Thes. 2 : 13).

Ils aiment Dieu et croient à la verité (2 Thes. 2 : 12).

Pour exciter Israël à la jalousie (Rom. 11 : 11).Pour être conforme à l’image de Dieu. Afin que le Fils fût le premier-né entre plusieurs frères.

Ceux de la sphère sur-céleste.

Avant les temps éoniens en Christ

Suivant la résolution de Dieu (Eph.1 : 11).Non pas à cause de nos œuvres (2 Tim. 1 : 9).A cause de notre union avec Celui qui est l’Elu (Es. 42 : 1).

A la louange de la gloire de sa grâce (Eph. 1 : 6).Afin de montrer l’infinie richesse de sa grâce.(Eph. 2 : 7).Afin de faire connaître la sagesse infiniment variée de Dieu (Eph. 3 : 10).

Nous voyons ainsi qu’il y a beaucoup d’élections, qui, toutes, trouvent leur place dans le plan divin. Israël devait, comme peuple, annoncer les vertus de Christ à toutes les nations et ainsi amener la régénération du monde. Les douze Apôtres devaient conduire Israël. Paul devait porter le nom du Seigneur devant les nations et faire connaître des révélations spéciales concernant les sphères célestes et sur célestes.

Partout des hommes sont choisis pour aider leurs semblables dans la voie du salut. Ceux de la sphère céleste doivent exciter Israël à la jalousie. Ceux de la sphère sur-céleste doivent servir à la louange de la gloire de Sa grâce, montrer l’infinie richesse de Sa grâce, faire connaître la sagesse infiniment variée de Dieu. Ainsi ces élus ont toujours une mission à

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accomplir ; ils doivent contribuer à glorifier Dieu en L’assistant dans l’exécution de Son plan. Dans l’A.T., Dieu procède aussi toujours par élection : Seth, Noé, Sem, Isaac, Jacob, Juda, Moïse, Lévi, David, etc. C’est ainsi que le dessein de l’Eternel s’accomplit (Prov. 19 : 21). Voir aussi Rom. 9 : 11.

L’idée principale que nous soulignons est que les élus ne sont pas élus pour leur propre salut87, mais en vue du salut des autres et par-dessus tout pour glorifier Dieu. La gloire qui peut être liée à une élection n’est pas l’apanage des élus, mais est accessible à tous à un moment donné. L’élection, loin d’exclure les non-élus du salut, a comme but de les y amener. Il n’y a pas de « décret de réprobation »88.

L’élection n’empêche donc pas la liberté et n’est nullement en contradiction avec un salut offert à tous. Tout ce qu’on peut dire, c’est que Dieu choisit qui Il veut et quand Il veut. Dans l’élection, il n’y a pas de liberté, elle dépend uniquement de Dieu. Mais si Dieu est entièrement libre, cela ne veut pas dire qu’Il n’ait pas une raison pour choisir tel ou tel. Israël est élu à cause des promesses faites aux pères. Certains sont choisis parce qu’ils reconnaissent être pécheurs, qu’ils aiment Dieu, qu’ils croient à la vérité. Dans d’autres cas nous ignorons peut-être la cause de l’élection, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas.

Dans le fait même de l’élection, il n’y a pas de place pour la liberté de la créature, mais elle reste libre d’exécuter ou non la mission pour laquelle elle a été choisie. Ainsi Judas est un élu, mais il ne fait pas ce qu’il doit faire. Israël est un peuple élu, mais il n’a pas, jusqu’à présent, accompli sa mission. Dieu place, par élection, dans une certaine position. Comme l’élu n’est que le sujet de l’élection, il n’est pas question ici, de liberté. Mais Dieu désire que l’élu, une fois placé dans cette position, accomplisse librement Sa volonté. Citons quelques exemples.

Quand Israël est devenu le peuple élu, il est constamment prié de faire ce que l’Eternel a ordonné.

Après que Paul a bien expliqué la position du groupe céleste en Rom. 8 par exemple, il l’invite en Rom. 12 à marcher en conséquence.

Ayant fait connaître ce qui caractérise le groupe sur-céleste en Eph. 1 à 3 et en Col. 1 et 2, il propose aux fidèles de se comporter en conséquence en Eph. 4 et 5 et en Col. 3 et 4.

L’élection dépend d’une décision (boulèma), la marche de l’élu doit être conforme à un désir (thelèma) de Dieu. Col. 1 : 9, 10 montre très bien cette relation89.

87 2 Tim 2 : 10 est caractéristique à cet égard « C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ. »88 En effet 2 Pi. 3 : 9 dit précisément le contraire : « Le Seigneur... n’a pas décidé (boulomai) que quelqu’un périsse, mais a donné à tous la capacité de se repentir » (voir pour cette traduction note 13, p. 123).89 Les décisions de Dieu sont relativement faciles à comprendre par les Ecritures. Les désirs de Dieu sont plus subtils et il faut être guidé tout spécialement par le Saint-Esprit pour connaître à chaque moment ce que Dieu attend de nous. C’est à ce propos que Paul dit que Dieu « fait briller la lumière dans nos cœurs » (2 Cor. 4 : 6) et que le Seigneur peut donner de l’intelligence en toutes choses (2 Tim. 2 : 7). Plus Christ sera notre vie et plus nous connaîtrons ses désirs et plus nous voudrons et pourrons les satisfaire. Mais la Parole reste le fondement avec lequel cette action personnelle devra toujours être d’accord. Le Saint-Esprit ne nous aidera que si nous respectons ce qu’Il a inspiré et en faisons bon usage.

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Quand les élus font ce que Dieu attend d’eux, ils « affermissent leur vocation » (2 Pi. 1 : 10)90, ils confirment leur élection, ils sont des élus en action et pas seulement en puissance.

Au contraire, s’ils n’exécutent pas la tâche pour laquelle ils ont été élus, Dieu peut les rejeter définitivement (comme Judas) ou temporairement (comme Israël)

L’élection n’est qu’un épisode dans la vie de la créature. Elle cesse quand la tâche est accomplie ou quand l’élu ne veut pas faire ce qui lui est demandé. Ainsi la mission des Douze se termine à la fin de l’éon prochain. Ils peuvent être élus pour une autre tâche, mais le but de leur première élection est atteint.

On a souvent beaucoup insisté sur l’élection en faisant valoir la sécurité de salut que le croyant peut y trouver. Il semble qu’il y ait ici un grand malentendu. Il est évident que si Dieu choisit, on est certain d’être élu. Mais les exemples de Judas et d’Israël montrent qu’il n’y a là aucune sécurité pour ce qui concerne l’avenir de l’élu. Quant à son salut, nous avons vu que le but de l’élection n’est pas le salut de l’élu, mais l’accomplissement d’une mission. Il est entendu que l’élu aura, du fait de son élection, part à certains privilèges, mais il ne les atteindra effectivement que s’il accomplit sa tâche, ce qui reste toujours incertain. Il n’y a qu’une seule source de certitude, c’est la foi du régénéré. Le croyant peut être distrait, il peut déshonorer son Dieu par une marche mauvaise et perdre de vue sa position, mais non en être dépossédé.

Notre conclusion est donc qu’il n’y a en réalité aucune difficulté à accepter en même temps l’élection et le salut offerts à tous, l’autorité de Dieu et la liberté de la créature, la volonté de Dieu et la liberté de l’homme. Tout a sa place dans le plan divin.

Le tableau suivant résume quelques considérations au sujet des questions traitées ci-dessus.

La décision de Dieu

Bouléma

Election en vue d’une mission.Notre position (et mission).En dehors de notre volonté.Aucun mérite.Aucune responsabilité.

Le désir de Dieu

Thelèma

Accomplir le but de l’élection.Notre marche.Liberté.Récompense (par grâce).Responsabilité et punition.

Nous voulons répondre d’avance à quelques objections qu’on pourrait faire et, à cette fin, nous examinerons les textes suivants :

90 A propos de l’appel, ou de la vocation, on dit que l’homme ne saurait résister quand c’est Dieu qui appelle. Examinons la Parole. Qu’appel et élection ne sont pas la même chose est montré par Mat. 22 : 14. La parabole de la noce de Mat. 22 nous indique que ceux qui sont appelés ne viennent pas. Il n’y a que ceux qui obéissent qui font ce que Dieu désire, comme p.ex. Abraham (Héb. 11 : 8). L’appel de Dieu doit être affermi par le croyant (2 Pi. 1 : 10). De quelle manière Dieu appelle-t-Il ? Est-ce par une action intérieure irrésistible ? 2 Thes. 2 : 14 dit que c’est par l’évangile (Voir aussi Rom. 10 : 14).

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Mat. 13 : 11 : « Cela ne leur a pas été donné » Quelques versets plus loin nous trouvons la citation de Es. 6 : 9, 10 : « Va, et dis à ce peuple vous entendrez, et vous ne comprendrez point... », mots qui sont mentionnés quand Israël, par manque de foi, arrive à une crise de son histoire (voir aussi Act. 28 : 25-27 et Rom. 11 : 7-10). Ils ne veulent pas accepter la grâce suffisante et alors ce qu’ils ont leur sera ôté (v. 12) et la grâce efficace ne leur est pas donnée. Il s’agit d’un endurcissement du cœur par manque de foi. Jamais ces paroles ne peuvent s’appliquer à des hommes qui désirent connaître la vérité.

Mat. 22 : 14 : « Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ». Il faut avant tout comprendre la parabole. Il s’agit de ceux d’entre les Israélites qui, croyant en Christ, forment « l’Epouse », et du Royaume terrestre. Les serviteurs (v. 3) sont Jean-Baptiste et les Douze, l’ensemble des invités est Israël, les « autres serviteurs » sont Paul et les disciples. La ville (v. 7) est Jérusalem, dont le Seigneur prédisait ainsi la destruction. La période qui va de la dispersion d’Israël (fin Actes) au commencement du Royaume est passée sous silence, car il s’agit de l’histoire d’Israël. Quelques-uns sont élus pour remplir certaines fonctions avant et pendant le Royaume. Par contre, beaucoup sont appelés, même des Gentils, à assister aux noces de l’Agneau. L’incident de l’homme qui n’avait pas voulu revêtir l’habit de noces (offert par le roi), n’est qu’accessoire. Cet homme voulait garder ses propres idées et faire ses propres oeuvres. Il faut, au contraire, se soumettre par la foi, accepter les dons divins et agir par la puissance de Dieu.

A la noce assistent des élus (comme les Douze) et beaucoup de non-élus. Le fait que la salle de noces (le pays de Canaan) était « pleine de convives », montre qu’il n’y avait pas seulement les quelques élus. L’entrée n’était pas réservée à certains, puisque les serviteurs ont rassemblé tous ceux qu’ils ont trouvé, méchants et bons (v. 10).

Jean 6 : 37, 44 (Voir aussi Jean 17 : 6). « Tout ce que le Père me donne viendra à moi ». « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ». Il s’agit ici de ceux qui, après avoir cru en Dieu-Créateur, se sont tournés vers Lui et ont été régénérés (voir les chapitres concernant la foi et la repentance). Par la nouvelle naissance, Dieu les a donnés au Christ et ils peuvent venir à Lui. On peut résister à cette attraction (Voir ci-après la note au sujet de Jean 12 : 32).

Jean 12 : 32. On a parfois fait remarquer que l’attraction du Christ est irrésistible et s’étend à tous les hommes. Il est vrai que le verbe « helkuô », employé dans ce texte, indique non pas une douce attraction, mais une action très puissante (Jean 18 : 10 ; 21 : 6 : retirer, Il tira) et même parfois dirigée contre la volonté de l’homme (Act. 16 : 19 : traînèrent). Il s’agit ici avant tout de ce que Christ a fait sur la croix (v. 33) et non de la foi individuelle des hommes. Christ a réconcilié (2 Cor. 5 : 19), fait le nécessaire pour sauver tous les hommes. Il a enlevé les armes à Satan (Luc 11 : 22). Rien ne pouvait L’empêcher de le faire, son action était irrésistible sous ce rapport. Mais autre chose est de savoir si les hommes acceptent personnellement cette oeuvre (2 Cor. 5 : 20).

On a d’autre part, cru trouver en Jean 6 : 44 un argument en faveur de l’opinion suivant laquelle le salut ne dépend en aucune manière de l’homme. Comme cette attraction concerne tous les hommes, il est clair que ce verset ne dit rien de pareil. Il faut que le Père attire pour qu’on soit sauvé, mais on peut résister à cette attraction.

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Actes 13 : 48 : « Et tous ceux qui étaient placés (tassô) jusqu’en (eis) la vie éonienne crurent ». Il s’agit encore ici de ceux qui étaient régénérés, « sauvés » et placés « jusqu’en » la vie éonienne. Ceux-là n’avaient qu’à entendre prêcher Christ pour croire « jusqu’en

Lui ». Le non régénéré ne saurait croire ainsi. Rien ne permet de dire qu’ils aient été « placés » avant leur nouvelle naissance.

Rom. 8 : 28-30. Tout le chapitre traite des « fils » de Dieu, qui aiment Dieu. Ceux-ci sont destinés d’avance par Dieu, à être semblables à l’image du Fils (lors de la résurrection ou du changement). Il n’est pas question ici d’hommes non régénérés, qui auraient été prédestinés arbitrairement à cette gloire. Dieu connaît d’avance (v. 29 proginôsko) ceux qui aimeront Dieu. A noter que « prédestinés » dans les versets 29 et 30 est la traduction de « proörizô » (voir d’avance), qui n’indique pas nécessairement une élection91.

2 Thes. 2 : 13 : « Dieu vous préfère (aireomai) dès le commencement pour le salut ». Il ne s’agit pas ici d’une élection arbitraire, mais d’une préférence sur d’autres. Le contexte montre que ceux auxquels Dieu les préfère sont des hommes qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice (v. 12). Les Thessaloniciens faisaient au contraire de grands progrès dans la foi (1 : 3, 4). Il faut noter que le texte grec ne dit pas qu’ils sont élus dans le but d’être sauvés, mais que Dieu les préfère à cause de leur foi qui les conduit « jusqu’en » (eis) le salut. Le « commencement » n’est pas celui de Jean 1 : 1, mais sans doute le moment où l’Evangile était proclamé et où d’autres n’ont pas voulu obéir (1 Thes. 1 : 8).

Eph. 1 : 4, 11 ; 2 Tim. 1 : 9 concernent la sphère sur-céleste. Ils sont élus « en Christ-Jésus ». Jésus-Christ est élu et prédestiné avant la destruction (katabolè) du monde (Es. 42 : 1 ; 1 Pi. 1 : 20 ; 2 : 4, 6). Ceux qui sont placés dans la sphère sur-céleste sont identifiés avec Christ-Jésus et ont donc part à son élection (Es. 42 : 1). Eph. 1 : 4 ne dit pas qu’ils sont élus individuellement et personnellement avant la destruction du monde, car il est indiqué que cette élection est « en Lui ».

Aucun de ces passages ne permet de dire que l’homme n’est qu’un instrument sans la moindre volonté libre et que seuls les élus sont « sauvés ». Mais il reste le fameux chapitre 9 de l’épître aux Romains. De qui parle-t-on ? D’Israélites (v. 4). Mais s’agit-il d’individus ou d’Israël comme nation ? La mention de Jacob et Esaü (v. 13) semble indiquer des personnes prises individuellement, mais lisons Gen. 25 : 23 qui traite aussi de leur naissance : « Deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles ; un de ces peuples sera plus fort que l’autre et le plus grand sera assujetti au plus petit ». Non seulement ceci indique qu’il s’agit de nations, mais exclut toute idée de personne individuelle, car Esaü même n’a jamais été assujetti en personne à Jacob. Le verset 13 est une citation libre de Mal. 1 : 2 où il est également question de peuples. Le verset 15 réfère à Ex. 33 : 19 qui se rapporte à Israël alors que ce peuple s’est détourné de Dieu en adorant le veau d’or. Le verset 16 est une conclusion des v. 13 et 15. Au v. 17 Pharaon représente l’Egypte (en Ex. 4 : 22 il est mentionné en contraste avec le peuple Israël). Le v. 20 parle d’un vase d’argile, mais ici encore nous pouvons observer que l’A.T. a toujours en vue des peuples quand il emploie l’expression « vase d’un potier »92. Dans les versets 25 et 26 il s’agit toujours de peuples et dans les versets suivants d’Israël et des Gentils.91 Rom. 11 : 2 utilise l’expression « connu d’avance ». Malgré que Dieu savait d’avance qu’Israël serait peu enclin à croire, Il n’a pas rejeté ce peuple définitivement. Il voyait d’avance qu’Il devrait les disperser (1 Pi. 1 : 2 où le texte grec met « prescience » devant « étrangers et dispersés ». C’est la dispersion que Dieu a vue d’avance, non l’élection). De la même manière Dieu connaissait d’avance ceux qui l’aimeraient et deviendraient ses fils. Dieu choisit les choses folles et faibles (1 Cor. 1 : 27).92 Voir Ps. 2 : 9 ; Es. 29 : 16 ; 30 : 14 ; Jer. 19 : 11. De même dans le N.T. en Apoc. 2 : 27.

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En résumé, d’après ce passage, Dieu, dans le cas d’absence de bonne volonté, est libre de choisir un peuple parmi les autres pour servir de canal aux bénédictions et, dans le cas de mauvaise volonté, Il est libre de pardonner à ce peuple pour qu’il puisse quand même un jour atteindre le but de son élection. II ne s’agit pas d’individus et il faut donc être prudent dans l’application de certains versets. Il ne s’agit pas ici de salut individuel, mais de la réalisation du plan divin. Il ne s’agit pas de la voie normale du salut, mais d’une élection en vue d’aider les autres. Rom. 9 : 11 dit clairement qu’il s’agit ici du « dessein » de Dieu.

Notons encore que ces versets ne peuvent pas être cités pour affirmer que Dieu a préparé d’avance certains hommes à être perdus. Il est écrit au sujet des vases de miséricorde qu’ils sont préparés d’avance, mais cela n’est pas écrit des « vases de colère » . Le verbe grec, traduit par « formés », veut d’ailleurs dire littéralement : « formé de nouveau ». Nous pouvons donc très bien comprendre que Dieu les avait formés pour être des vases de miséricorde, mais qu’eux-mêmes se sont formés de nouveau pour être des vases de colère en résistant à Sa grâce et en écoutant le grand Adversaire Satan. Dieu les supporte avec une grande patience et les utilise encore à une bonne fin. La « perdition » (v. 22) consiste à briser le vase. Est-ce la fin ? Il suffit de lire Jér. 19 où Israël et Jérusalem sont « brisés » comme on brise un vase de potier, pour se rendre compte que cette fin n’est pas définitive. Israël sera un jour restauré. Nous n’oserions pas affirmer la même chose pour un individu qui n’a pas « affermi » son élection (comme Judas p. ex.).

L’incertitude du salut dans l’Eglise romaine provient en grande partie du fait qu’Augustin enseignait déjà, se basant sur Rom. 9, que personne ne pouvait savoir s’il était « prédestiné » au salut, car l’expérience seule pouvait montrer s’il « persévérerait » jusqu’à la fin.

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Résumé

Dieu choisit certains hommes pour réaliser son plan et pour aider leurs semblables dans la voie du salut. Le but de l’élection n’est donc pas le salut de l’élu, mais en premier lieu le salut des autres et surtout la glorification de Dieu.

Dieu choisit qui Il veut et, pour l’élu, il n’y a donc aucune liberté dans l’élection. Mais l’élu est libre de ne pas exécuter la mission pour laquelle il a été choisi. L’élection se fait suivant une décision divine, la marche de l’élu doit être conforme au désir de Dieu.

L’élu qui n’affermit pas sa vocation, peut être rejeté temporairement (comme Israël) ou définitivement (comme Judas). L’élection cesse quand la tâche est accomplie ou quand l’élu n’a pas voulu l’accomplir.

Rom. 9 concerne le peuple d’Israël et non pas des individus.

L’élection ne donne aucune certitude de salut, d’abord parce qu’elle n’a pas le salut en vue, puis parce que personne n’a cette certitude, que par la foi divine. Cette foi seule donne donc la certitude.

Il n’y a pas de « décret de réprobation ». Au contraire, Pierre dit que le Seigneur n’a pas décidé que quelqu’un périsse, mais Il a donné à tous la capacité de se repentir.

Quand Israël était encore le peuple élu, n’importe qui pouvait avoir part à son élection (en se laissant incorporer en Israël par la circoncision). On peut de même avoir part à l’élection de Christ quand on fait partie du Corps dont Christ est la tête.

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VII.La Foi.

Inutile d’insister sur l’importance de ce chapitre. Plus que jamais nous devons savoir de quoi nous parlons. Le tableau suivant peut servir de point de départ pour examiner les relations et les contrastes qui existent entre la foi, l’opinion, la science et l’observation.

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Nous prenons l’expression « visible » dans un sens très large, pour tout ce que notre intelligence peut connaître sans intermédiaires.

Dans le cas de l’observation directe d’une chose visible, nous nous basons sur nos sens et sur notre entendement. Nous voyons une étoile et notre intelligence tend à convenir qu’elle existe. Nous entendons des sons et notre intelligence ne le conteste pas. Par l’entendement, nous considérons une proposition simple, telle que : « Le plus ne peut provenir du moins » et notre intelligence peut l’accepter.

Il est clair que si nous nous limitons à ces observations, sans les combiner par des raisonnements et sans foi dans les observations et les déductions des autres, notre connaissance restera très élémentaire. Pour ce qui est de la connaissance que nous pouvons acquérir à l’aide des sens, on peut même dire qu’elle est toujours imparfaite, car l’effet produit en nous n’a qu’un certain rapport avec le fait que nous croyons observer. Ainsi dans les exemples cités, l’étoile ne se trouvait pas en réalité où nous avons cru la voir et elle avait peut-être même cessé d’exister. Le son perçu différait probablement de celui qui fut émis.

Quant aux premiers principes, ils ne se démontrent pas. Toute science part de principes ou postulats. Ceux qui sont l’expression de la vérité portent en eux-mêmes ce qui est nécessaire pour convaincre, et une intelligence intacte ne peut pas ne pas les accepter. Mais malheureusement, notre intelligence est obscurcie.

En résumé nous voyons que par la vision directe (naturelle) seule, nous connaissons peu, nous connaissons mal et d’une manière très fragmentaire.

Le raisonnement nous permet d’étendre nos connaissances, les objets que notre intelligence admet, en combinant les observations des sens et les premiers principes. Ce raisonnement conduit à une hypothèse, qui pourra être vérifiée par une nouvelle observation ou qui devra être corrigée. Ainsi se développe ce que nous savons, c’est-à-dire la science.

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Mais celle-ci restera toujours imparfaite, car une nouvelle observation peut nécessiter de nouvelles retouches ; et qui nous dira que nous avons tout observé et que nous avons atteint la perfection ? On peut se rapprocher de la vérité, mais elle reste inaccessible, d’autant plus que, faisant partie du monde que nous observons, il nous est impossible d’avoir de cette manière une connaissance objective93. La connaissance obtenue à l’aide des sens reste, bien entendu, toujours limitée aux choses matérielles. Les choses spirituelles échappent à ces observations sensibles. Le raisonnement portant sur les principes simples peut nous permettre d’entrevoir les choses spirituelles, mais non pas de les connaître. Et que de possibilités d’erreur ! Surtout quand le résultat du raisonnement peut nous affecter personnellement.

Nos facultés « naturelles » nous permettent de nous rendre compte que Dieu existe en tant que Créateur puissant et glorieux. Nous montrerons cela dans le chapitre qui traite de ce que l’homme naturel sait faire et ne sait pas faire, cette première connaissance est nécessaire pour croire aux choses spirituelles et est appelée par Paul : « la porte de la foi »94. Mais il se peut que l’existence de Dieu nous gêne, que Sa non-existence nous semble un bien. Cette tendance pourra alors fausser notre raisonnement. Notre volonté intervient et nous empêche d’être raisonnables. Il ne s’agit pas encore en premier lieu d’incrédulité, mais d’ignorance volontaire de ce qui est connaissable par un raisonnement logique. Il y a donc des hommes qui disent à Dieu d’une manière inconsciente ou consciente : « Retire-toi de nous, nous ne voulons pas connaître tes voies » (Job 21 : 14). Ils n’aiment pas la vérité (2 Thes. 2 : 10), mais ce qu’ils jugent eux-mêmes être un bien.

Considérons maintenant ce qui est invisible, non pas parce qu’il faut une puissance spéciale pour le connaître, mais parce que notre situation accidentelle nous empêche de le voir. Ainsi, par exemple, les faits historiques et les observations faites par d’autres. La plupart des choses connaissables sont invisibles pour un homme déterminé parce qu’elles se trouvent dans le passé, parce qu’elles sont trop éloignées de lui, ou pour des raisons analogues. Mais nous pouvons y accéder par notre foi dans le témoignage des autres et ainsi accumuler les résultats des observations et des raisonnements d’un grand nombre de personnes.

Il va sans dire que pareille foi intervient à chaque moment dans notre vie et rien ne serait possible sans elle95. Quant à la science, elle n’a pu se développer que grâce à la foi, car nos propres observations et raisonnements ne peuvent jamais couvrir un terrain bien étendu. C’est donc une grande erreur que de vouloir opposer la foi à la raison ou à la science.

93 Nous citons à ce sujet le passage suivant du livre New Pathways in Science, par Sir Arthur Eddington : « C’est un lieu commun de penser que nous ne comprenons que très peu ce qui concerne notre esprit, mais c’est au contraire ici que commence toute connaissance. Quant aux objets extérieurs, disséqués sans pitié par la science, ils sont étudiés et mesurés, mais ils ne sont jamais connus » (p. 322).L’impossibilité d’acquérir une connaissance objective à l’aide de nos sens est évidente et les relativistes, depuis Protagoras, ont même prétendu qu’il n’y a pas de réalité en dehors de nos perceptions subjectives individuelles. On sait que Kant arrive aussi à la conclusion que par la raison pure nous ne pouvons pas connaître la chose « en soi », nous ne pouvons atteindre aucune vérité. Mais par la raison pratique, basée sur la notion d’obligation morale, il arrive à connaître l’existence du monde extérieur. Il échappe ainsi au positivisme, au fatalisme et au scepticisme. La notion du devoir, qui est un article de foi, est pour Kant d’une certitude supérieure à celle que peut donner la science.94 Act. 14 : 27. Comparez avec les versets 15 à 17.95 Ainsi tout raisonnement repose sur notre foi dans l’intelligence. Même la Critique de la raison pure, de Kant débute donc par un acte de foi. Nous pouvons noter en passant que la nécessité de la foi est une preuve de notre faiblesse. Un être parfait n’a pas besoin de foi, car il voit tout. Croire, c’est donc reconnaître son imperfection.

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Comme tous les éléments que nous nous approprions par la foi naturelle sont incertains et partiels, l’ensemble le sera aussi, quoique la confrontation logique d’un grand nombre de données permette d’éliminer certaines erreurs et de préciser certaines notions.

Beaucoup de ces questions ne nous touchent pas personnellement. Ainsi par exemple, l’existence de Napoléon96 ou certains résultats scientifiques. Il nous est indifférent d’y croire. Si nous avons le témoignage de certaines personnes, qui nous semblent dignes de confiance et si ce qu’elles disent n’est pas trop en désaccord avec nos autres notions, pourquoi ne pas les croire ? Mais quelle incertitude dans cette foi ! Ces témoins ont pu se tromper. Ils ont pu mal présenter les choses, intentionnellement ou non. Nous risquons de rejeter une vérité parce qu’elle ne s’accorde pas avec nos notions fausses. Nous pouvons accepter une erreur parce qu’elle est en harmonie avec nos errements.

Mais que restera-t-il de vrai quand la chose proposée nous affecte personnellement ? Comparez l’histoire telle qu’on l’enseigne dans différents pays ! Ecoutez les témoins dans un procès ! On trouve toujours des arguments pour éluder la vérité. Et c’est encore bien pis quand il s’agit de « religion ». Elle affecte l’homme d’une manière si intime, que toute observation et tout raisonnement risquent à tout moment d’être sacrifiés. Il y a de plus l’habitude, la paresse, et surtout des influences spirituelles extérieures qui tendent à écarter l’homme de ce qui est vrai et bon. Cette activité se fait surtout sentir en matière de religion et devient d’autant plus grande que nous approchons de la fin de l’âge présent97. Pour toutes ces raisons, il se forme des traditions98 si enracinées quelles défient tout effort humain. Il ne s’agit pas ici d’un assentiment complet de l’intelligence à une vérité, mais d’un aveuglement, qui annule la Parole de Dieu (Marc 7 : 13) et d’un endurcissement qui empêche d’aimer la vérité.

Nous avons donc vu d’une manière très sommaire que certaines choses invisibles peuvent être connues par une « foi » naturelle, c’est-à-dire par un assentiment de l’intelligence qui ne demande pas d’intervention surnaturelle. Mais cette foi, loin d’être une certitude, n’est qu’une opinion. Elle n’est parfois que la preuve d’un aveuglement. Nos sentiments et notre imagination dirigent notre volonté. Nous ne voulons pas toujours la vérité et le bien réel, mais plutôt ce que nous jugeons être vrai et bon. Or, dès que nous prenons cette attitude orgueilleuse nous sommes dans les ténèbres et risquons d’arriver à la situation décrite par exemple, en Rom. 1 : 18-32.

Ce qui précède fait comprendre par quel drame peut passer le chercheur de vérité qui ne connaît pas encore Dieu. Il a donné une partie de sa vie à la recherche de l’absolu et toujours la vérité s’est dérobée. Finalement plus rien ne peut le satisfaire, car il a appris à voir que tout est vanité. Nous savons que le roi Salomon a passé par là. C’est un résultat logique auquel tout homme conséquent et raisonnable doit arriver. S’il ne se laisse pas aveugler par le mensonge, s’il ne se renferme pas dans une étroite spécialité qui accapare toute son activité, s’il ne se laisse pas endormir par la paresse ou la sensualité, il doit être conduit au désespoir.

96 Comme distraction, le lecteur pourrait lire un petit livre très curieux, intitulé : Comme quoi Napoléon n’a jamais existé, par J.-B. Pérès (1827).Cette farce était une réplique à un livre de Ch.-F. Dupuis sur L’Origine des Cultes, qui, par des rapprochements astronomiques et mythologiques, voulait montrer que le Christianisme n’est pas d’origine divine. Ce livre fut sous la Restauration un des principaux ouvrages de la propagande anti-religieuse.Le petit livre de Pérès peut encore rendre des services actuellement, car le Conseil central des Sans-Dieu de l’U. R. S. S. mentionne Dupuis parmi les « savants » qui sont arrivés à la conclusion que le Christ de l’Evangile n’a jamais existé.97 Voir p. ex. 1 Tim. 4 : 1-3 ; Mat. 24 : 11 ; 2 Thes. 2 : 9, 1098 Mat. 15 : 3, 6 ; Marc 7 : 3—13 ; Col. 2 : 8.

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Il doit en effet se rendre compte que seule la vérité, l’ « être », peut le satisfaire, et qu’il ne sait pas l’atteindre ! Il voit sa faiblesse, ses erreurs, sa malice, et sans y reconnaître le péché, il se rend compte que c’est le néant. Il est prêt alors à ne pas résister à Dieu et à atteindre ainsi ce qu’il ne pouvait pas acquérir par ses propres efforts.

Considérons maintenant la foi divine. Ici encore la foi est opposée à la vision ; ainsi que nous le lisons dans le passage suivant :

« Car nous marchons par la foi et non par la vue » (2 Cor. 5 : 7).

L’espérance, qui accompagne la foi, est aussi en contraste avec ce qu’on voit :

« L’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore » (Rom. 8 : 24).

La suite logique des événements qui conduisent à la foi est indiquée en Rom. 10 : 14-17 :

1. Dieu révèle.2. Dieu envoie des prédicateurs.3. Ceux-ci parlent.4. L’homme entend.5. L’homme croit.

Depuis que toute la Parole a été écrite, l’homme peut au besoin se passer d’intermédiaires humains. La Parole s’adresse à notre intelligence et expose ce qu’il faut croire. Le Saint-Esprit veut agir en nous pour nous éclairer et mouvoir notre volonté vers la foi. Il ne s’agit pas ici d’intuitions ou de révélations nouvelles, qui se passeraient de la Parole et de notre intelligence, mais d’une action qui nous permet de comprendre ce qui est déjà révélé dans la Parole et qui nous l’indique comme étant d’autorité divine.

Celui dont la disposition habituelle est telle qu’il ne résiste pas à Dieu, bénéficiera de cette action divine qui lui fait voir que l’objet de la foi est un bien et qui l’amène donc à l’aimer. L’objet même de la foi peut heurter son intelligence, qui est habituée aux choses « naturelles » et peut surtout toucher son orgueil. Mais la charité produite en lui par l’action divine, entraînant la volonté, décidera l’intelligence à donner son assentiment. C’est ainsi que l’intelligence (noèma) peut devenir captive (2 Cor. 10 : 5)99.

Tout se passe comme dans le cas de la foi « naturelle », mais ici Dieu agit en l’homme. C’est une oeuvre de Dieu (Jean 6 : 29). Cette action est encore indiquée par des passages tels que :

Rom. 12 : 3. « La mesure de foi que Dieu a départie à chacun. »Eph. 1 : 17-18. « Afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, et qu’il illumine les yeux de votre cœur... »Phil. 1 : 29. « Car il vous a été fait la grâce... de croire en lui. »Phil. 2 : 13. « Car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. »

99 Un non-croyant confondra la foi divine avec la foi naturelle, l’opinion, le fanatisme, car il n’accepte pas ce qui distingue la vraie foi : l’action divine.

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Nous ne citons pas les nombreux textes qui parlent de l’action du Saint-Esprit en nous, mais nous rappelons que Job semblait déjà connaître cette oeuvre divine : « Mais en réalité, dans l’homme, c’est l’esprit, le souffle du Tout-Puissant, qui donne l’intelligence» (Job 32 : 8).

Nous avons déjà parlé de l’action divine en nous dans le chapitre qui traite de la liberté et nous renvoyons le lecteur à ces passages. Nous lui rappelons, d’une part, que cette action n’existe pas dans tous les hommes et qu’elle n’existe pas au même degré dans ces hommes, sans toutefois être entièrement arbitraire de la part de Dieu. Ceci sera développé plus loin. Nous rappelons d’autre part, que nous avons la liberté de résister en certaines choses à Dieu. Dieu ne force pas notre volonté. Les choses « visibles » peuvent contraindre notre entendement à accepter certaines propositions sans notre volonté. Dans le cas de la foi « naturelle » on peut aussi être obligé de croire, comme c’est par exemple le cas pour les démons, qui ne peuvent faire autrement que croire qu’il y a un seul Dieu (Jacq. 2 : 19). Mais quand c’est Dieu qui agit en nous l’acte de foi ainsi produit par Lui est absolument libre. Et d’autant plus libre qu’il est l’expression de la reconnaissance de notre néant, de notre péché et se révèle ainsi un sacrifice de notre moi. Si Dieu fait dépendre le salut de la foi, c’est que ce salut ne peut pas être le résultat d’une action irrésistible, mais doit être acquis dans la liberté100.

La foi est-elle un don ? Dans un sens général il faut répondre affirmativement, car « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Cor. 4 : 7). Tout vient de Dieu. Même dans un sens plus spécial, il faut convenir que la foi divine est un don, car, par définition, cette foi n’est possible que si Dieu meut notre volonté. Nous avons cité plusieurs textes p. 69 qui traitent de cette action. Nous aurions pu en ajouter d’autres, mais certains d’entre eux demandent un examen particulier. Ainsi 1 Cor. 12 : 9 « A un autre (est donné) la foi. »

C’est le Saint-Esprit qui apporte ce don « comme Il veut » (v. 11). Le chapitre commence en effet par dire qu’il s’agit de choses « spirituelles ». Ce mot est employé ici en opposition avec ce qui est « naturel ». Paul se sert du même adjectif « pneumatikos » quand il parle des êtres diaboliques (Eph. 6 : 12, Darby). La foi dont il s’agit ne résulte donc pas des capacités naturelles de l’homme, mais elle est un don spirituel.

Ce chapitre traite encore d’autres dons surnaturels, tels que : parole de sagesse, parole de connaissance, guérisons, miracles, prophéties, discernement des esprits, diversité des langues, interprétation des langues. Ces dons dépendent de la volonté du Saint-Esprit (v. 11) et ont en vue « l’utilité » (v. 7). Certains dons, tels que les guérisons, les miracles, les prophéties, les langues, furent considérés comme utiles pendant la période des Actes, quand le Royaume était encore proche. Des dons tels que la sagesse, la connaissance, la foi, qui n’ont pas nécessairement pour conséquence des manifestations visibles, ont été accordés de tous temps. La foi concernant un fait visible, tel que le déplacement d’un arbre (Luc 17 : 6), d’une montagne (Mat. 17 : 20 ; 21 : 21 ; Marc 11 : 23) n’est aussi donnée (au moins d’une manière courante) que pendant les périodes où le Royaume est proche. Quand Dieu donne une telle foi, on désire selon sa volonté et on obtient ce qu’on désire (Mat. 21 : 22 ; Marc 11 : 24 ; Jacq. 5 : 16 ; 1 Jean 3 : 21-24 ; 5 : 14, 15). Rien de ce qu’on croit ainsi n’est impossible (Mat.

100 Ceux qui pensent qu’un jour tous les hommes seront sauvés par la vision, écartent la liberté. La Parole ne parle que du salut par la foi et ne permet pas de supposer qu’un jour l’homme pourra être sauvé d’une autre manière.

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17 : 20 ; Marc 9 : 23) précisément parce qu’il s’agit d’une foi divine, donnée par Dieu. Que cette foi vient de Dieu, est explicitement dit dans le texte grec de Marc 11 : 22.

« Si vous avez foi de Dieu » (ei exete pistin theou).

La foi divine peut ne concerner que certaines choses limitées sans qu’il soit question de charité (1 Cor. 13 : 1, 2). Dans ce sens on peut parler d’une foi « petite ». Non en puissance, mais en étendue. Nous verrons plus loin comment la foi divine peut s’étendre et non pas seulement se rapporter à des actions visibles, mais atteindre et embrasser Dieu même.

Eph. 2 : 8 parle aussi d’un don ; pourtant il semble qu’il ne s’agit pas spécialement de la foi, mais du salut au moyen de la foi.

Mais tout en admettant que la foi surnaturelle est impossible sans action divine, nous ne croyons pas qu’on puisse trouver dans la Parole un passage qui permette de dire que Dieu accorde ce don d’une manière arbitraire et que celui qui ne croit pas, puisse donc toujours s’excuser en disant que la foi ne lui a pas été donnée. Au contraire, l’homme qui ne croit pas est responsable de son incrédulité (Marc 9 : 19) et sera jugé à cause de cela (Jean 3 : 18).

Israël a perdu temporairement ses prérogatives spirituelles pour cause d’incrédulité (Rom. 11 : 20). Nous n’insistons pas, car nous avons développé ce sujet dans le chapitre de la liberté. Nous verrons plus loin qu’on peut progresser dans la foi et nous croyons que ce progrès dépend aussi de l’homme. Dieu ne « donne » la foi que si on la désire.

Dans tous les textes cités, il ne s’agit d’ailleurs pas de ceux qui ne font que s’engager dans la voie du salut. La foi « naturelle » précède la foi divine et cette foi naturelle est par définition possible sans action spéciale de Dieu en nous. Nous aurons l’occasion dans la suite de considérer de plus près le début dans la voie du salut (voir le chapitre IX).

Il est entendu que les non-croyants se trouvent parfois dans une situation telle qu’ils ne peuvent pas croire certaines choses. Il en est ainsi quand l’objet de la foi ne leur est pas encore connu ou que leur état les empêche de le connaître (enfants, malades). Il y a donc deux catégories de non-croyants :

1. Ceux dont on peut dire : « Comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont pas entendu parler ? ». Ce sont ceux qui ne peuvent pas croire.

2. Ceux auxquels l’objet de la foi a été présenté et qui ont les capacités voulues pour comprendre, mais qui ne veulent pas croire101.

La foi est-elle une oeuvre méritoire ? Nous lisons d’une part : « A celui qui fait une oeuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due

101 Voir aussi p. 42 du chapitre de la Liberté. Rien n’est plus anti-scripturaire et plus apte à écarter certains de la voie du salut, que l’opinion que tous ceux qui ne croient pas, subiront des peines épouvantables sans fin. Il faut d’abord exclure ceux qui ne peuvent pas croire et ensuite examiner, pour ceux qui ne veulent pas croire, si leur peine sera sans fin ou s’accordera avec leur degré de responsabilité. Comme nous l’avons montré dans Le Plan Divin, la Parole indique par « éternel » non pas ce qui n’a pas de fin, mais ce qui se rapporte aux âges (éons). Notre zèle dans la propagation de la vérité doit surtout être causé par le désir de glorifier Dieu et ne doit pas être influencé par des considérations relatives aux peines des incrédules. C’est Dieu qui sauve. Notre devoir se limite à faire connaître la Parole et les résultats obtenus ne doivent pas nous influencer. Voir aussi l’appendice VI des Enseignements de l’Apôtre Paul.

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» (Rom. 4 : 4) et ensuite « C’est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce » (Rom. 4 : 16). D’où il résulte que la foi n’est pas une oeuvre et que Dieu n’a pas à la rémunérer. La foi ne donne rien et ne donne droit à rien, mais elle est le moyen pour obtenir tout, car elle nous unit à Dieu102.

Il est important de faire ressortir que la foi divine est une certitude. Tant que nous ne comptons que sur nos propres forces et sur la création, nous restons dans le relatif et dans le doute, mais lorsque Dieu nous met en face de la vérité et agit en nous de manière à nous la faire aimer, nous entrons dans l’absolu et nous avons la certitude. Par la régénération, notre intelligence est renouvelée et tout notre être est changé et nous permet de connaître les choses spirituelles.

Etant enfants de Dieu, nous sommes venus en contact avec l’absolu. Si en plus Dieu, qui est vérité, intervient encore d’une manière spéciale pour chaque objet particulier de foi, nous avons une connaissance objective de première main par notre foi.

Cette assurance de la foi est exprimée par les textes suivants :

Héb. 10 : 22. « Approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi » (Darby).

Héb. 11 : 1. « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration (ou preuve) de celles qu’on ne voit pas103. »

On voit aussi en Jacq. 1 : 6 ; 1 Jean 3 : 21-24 ; 5 : 14, 15 par exemple, que la foi est en contraste avec le doute.

La vérité que nous avons conquise par la foi divine ne peut être perdue ni enlevée. Malgré et contre tout, malgré nous-mêmes, nous la conservons. Si, par une foi réelle, nous atteignons la vérité même et qu’ainsi nous soyons, par exemple, certains que Christ est mort pour nos péchés, nous sommes donc également certains d’être sauvés et de persévérer dans cette foi. Et de combien d’autres vérités ne pouvons-nous pas obtenir l’assurance !104

On voit l’importance, d’une part, de connaître la doctrine scripturaire concernant la foi et d’être certain qu’on croit par motion divine et d’autre part, de ne pas seulement avoir une foi générale, mais de croire de foi divine autant de parties que possible de cet ensemble imposant que Dieu nous a donné dans Sa Parole. Dans la mesure où nous avons soif de vérité et où nous nous abandonnons à l’action divine, Dieu nous fera connaître une plus grande partie de la vérité et se glorifiera ainsi en nous. La Parole ne se contente pas de quelques affirmations générales et n’admet pas de « croyances » superficielles, mais nous propose de croire de foi surnaturelle beaucoup de choses très précises.

102 Nous verrons encore dans le chapitre qui traite de la justification, que la Parole inspirée n’emploie pas l’accusatif, mais le génitif, quand elle dit qu’on est justifié par (dia) la foi. Dia avec l’accusatif voudrait dire : « justifié à cause de la foi », tandis que le génitif indique qu’on est justifié par l’intermédiaire de la foi. On voit l’importance des moindres détails de la Parole inspirée.103 On peut aussi traduire : « La foi est la substance des choses qu’on espère, et une preuve de celles qu’on ne voit pas ». Le mot « hupostasis » est employé dans les « papyri » pour indiquer un certificat de propriété, dont personne ne pouvait douter.104 Voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul pour ce qui a été révélé spécialement à cet Apôtre.

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Un autre point important concernant la foi, est qu’elle établit une communion entre nous et l’objet de notre foi. En effet, l’amour en général a toujours comme tendance d’unir l’amant et l’aimé et comme la foi divine n’existe que par la charité, qui est la forme parfaite de l’amour, elle a donc aussi pour conséquence de nous unir à son objet. C’est ainsi que le Seigneur Jésus dit que croire en Lui revient à s’unir à Lui, c’est-à-dire à manger le pain de vie (Jean 6 : 47-58). « Celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5 : 6-12). Cette idée de communion a une importance capitale pour notre salut, car c’est ainsi que nous pouvons mourir avec Christ, être justifiés, ressusciter et être placés à la droite de Dieu.

Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que si nous parlons de « foi naturelle » et de « foi divine », nous ne voulons pas indiquer par là qu’il y a différentes manières de croire ou une différence dans l’acte même de croire. La foi, considérée comme acte, est toujours un assentiment de l’intelligence. La différence peut résider dans l’objet de la foi et dans les circonstances qui ont conduit à l’acte. Nous avons vu que pour connaître les choses invisibles, notre intelligence doit être mue par la volonté et que celle-ci se détermine d’après la disposition habituelle de l’homme envers l’objet de la foi. Dans le cas de la foi divine, Dieu agit en nous en nous éclairant et en mouvant notre volonté, tout en nous laissant libre de Lui résister. L’acte de foi peut donc dépendre de Dieu, de l’objet, de l’homme, des influences externes, etc. Il pourra donc avoir des caractéristiques résultant de ce qui l’a produit et accompagné. Dans le cas où l’objet est un phénomène scientifique qui ne nous affecte pas, la foi pourra être appelée « intellectuelle ». Dans le cas d’un fait historique, on peut parler de « foi historique ». Dans le cas du sacrifice du Seigneur, on doit avoir la « foi qui sauve », etc. Mais toujours l’acte de foi, considéré en soi, reste un simple assentiment de l’intelligence.

On sait qu’on a souvent voulu voir dans la foi « qui sauve » une foi d’un genre spécial qui serait en même temps connaissance, assentiment, confiance, recours, amour, etc. L’incapacité de pouvoir nettement définir cette foi spéciale et les variations continuelles dans les opinions à ce sujet, montrent déjà la faiblesse de cette thèse. Il n’y a d’ailleurs aucune nécessité pour une pareille espèce de foi. La foi réelle, qui sauve, est, en tant qu’acte, un simple assentiment de l’intelligence. Le point important qui distingue cette foi de la foi « naturelle » est que cet assentiment n’est obtenu que grâce à une action divine spéciale en nous105. La foi n’est pas en même temps une confiance, un amour, etc., mais la foi divine n’existe que s’il y a confiance et amour. C’est notre être entier qui intervient quand il s’agit de cette foi et la Parole dit donc que c’est avec le cœur que l’on croit à salut (Rom. 10 : 9, 10)106. L’étroite relation entre la foi et l’amour est encore indiquée par la comparaison entre 1 Jean 4 : 7 « quiconque aime, est « né de Dieu » et 1 Jean 5 : 1 « quiconque croit que Jésus est le

105 On peut encore objecter qu’il est question de « petite » foi (Mat. 17 : 20), d’une augmentation de foi (Luc 17 : 5), d’une « grande » foi (Luc 7 : 9), d’une foi « morte » (Jacq. 2 : 17, 26), etc. Dans la plupart des cas il s’agit de l’objet de la foi, de ce que l’acte de foi embrasse. On peut croire peu ou beaucoup, des choses élémentaires ou profondes. L’acte de foi reste toujours un simple assentiment, qui n’est ni petit ni grand. L’objet complet de la foi est Dieu, mais notre connaissance n’est que très fragmentaire et notre foi n’embrasse souvent que de petits éléments et encore sous un aspect particulier. Ainsi dans le cas de Notre Seigneur on peut ne considérer que son côté humain et sans avoir de foi divine, le non-régénéré peut très bien croire vers « Lui ». La vraie foi reste également partielle tant que nous ne connaissons pas tout ce que nous pouvons connaître.Dans le cas de Jacq. 2 : il s’agit d’une foi comparable à celle des démons (v. 19) qui ne sont pas mus par la grâce divine. Jacques parle donc d’une foi « naturelle », qui ne donne pas de vie. Cette foi ne suffit pas, il faut en plus des œuvres qui soient faites par charité. Nous examinerons cette question plus loin.106 Nous pourrions encore citer Act. 8 : 37 : « Si tu crois de tout ton cœur. » Mais ce verset ne se trouve pas dans les trois manuscrits principaux et beaucoup de versions l’omettent. L’incrédulité est aussi attribuée au cœur (Marc 11 : 23 ; Rom. 2 : 5 ; Héb. 3 : 12).Pour ce qui concerne l’importance de l’amour en relation avec la foi, voir encore p. ex. Rom. 8 : 28 ; 1 Cor. 2 : 9 ; 8 : 3 ; l Jean 4 : 8.

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Christ, est né de Dieu ». Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser de l’idée que la foi seule justifie.

La complexité de cette notion courante de la « foi qui sauve » a fait le désespoir de certains Chrétiens, qui ne savaient plus s’ils avaient bien la bonne espèce de foi. Lorsqu’on se rend compte que l’acte de foi reste toujours d’une extrême simplicité107, il devient facile de savoir si l’on croit ou si l’on ne croit pas. L’examen devra alors se porter sur l’objet de la foi et sur l’inclination de l’homme vers cet objet. La foi divine porte avec elle la certitude.

Pour approfondir notre sujet et pour mieux nous rendre compte de ce que la foi peut comprendre et de l’attitude de l’homme envers la vérité qui lui est proposée par Dieu, nous devons consulter les Ecritures et examiner, par exemple, tous les textes qui traitent de la foi par rapport à Dieu.

Il est entendu que l’objet propre de la foi est Dieu et comme Dieu est un et ne saurait être divisé ou complexe, la foi, dans un sens, est aussi une. Mais à cause de notre faiblesse et de notre péché, nous voyons tout d’une manière complexe, fragmentaire et partielle. Nous pouvons ainsi considérer Dieu le Créateur, le Rédempteur, le Christ-Jésus glorifié108. Comme notre étude est très compliquée, vu le grand nombre de passages à examiner et les multiples questions qui s’y rattachent, nous ne considérerons en première approximation que ces trois aspects de Dieu. Nous ne ferons donc pas de distinction ici entre le Dieu Rédempteur et le Seigneur Jésus-Christ.

En consultant le texte grec, on remarque qu’il est fait usage de plusieurs prépositions. Si les mots sont inspirés par le Saint-Esprit, nous sommes obligés de croire que ces prépositions ne sont pas choisies à la légère, d’autant plus que dans beaucoup de cas une étude très simple révèle l’importance capitale du choix exact109. De savants théologiens ont ainsi dû convenir qu’il y avait beaucoup de « théologie » dans ces prépositions.

L’Ecriture parle de la foi :

« pros » (vers)« epi » (sur)« eis » (jusqu’en)« en » (en)

Quand l’objet de la foi est encore éloigné et vague, nous ne pouvons que croire « vers » cet objet, car notre intelligence ne le connaît que très superficiellement. Au moment de désirer l’atteindre, nous parlerons de foi « sur » cet objet. La foi « jusqu’en » l’objet n’est possible que lorsqu’on est en contact avec lui. Quand la communion est bien établie, le but atteint et le repos trouvé dans l’objet, on croit « en » lui. La signification des prépositions peut varier plus ou moins, mais une étude minutieuse de textes qui ne parlent pas de la foi, montre

107 Si nous disons que la foi est simple, cela ne veut pas dire qu’il est toujours simple, c.-à-d. facile, de croire. Une chose peu compliquée peut être fort difficile à faire. La foi est souvent difficile à atteindre parce qu’au fond on ne veut pas croire. Car il faut reconnaître sa faiblesse, son péché ; et l’orgueil s’y oppose.108 L’usage des titres divins mérite une étude très sérieuse. Le nom de « Jésus » exprime l’état d’humiliation et ne devrait pas être utilisé par nous d’une manière habituelle. « Le Christ » indique souvent la personne du Messie. « Seigneur Jésus-Christ » est le nom du Fils comme Médiateur et Rédempteur, tandis que l’expression « Christ-Jésus » indique spécialement Son élévation après la résurrection. Les versions ne rendent pas toujours le titre d’une manière fidèle.109 Voir p. ex. note 13, p. 174.

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l’exactitude de la signification générale que nous venons de donner et qui est également indiquée dans le tableau de l’appendice 8.

Chacun des trois aspects que nous pouvons avoir de Dieu, peut être atteint plus ou moins par la foi et les prépositions expriment ces nuances. Nous obtenons ainsi une double subdivision de la foi en Dieu, d’une part suivant l’aspect particulier qui est en vue et d’autre part suivant la manière plus ou moins parfaite dont nous connaissons et aimons Dieu sous cet aspect.

Pour la facilité du lecteur, nous avons réuni en un tableau et d’après cette double subdivision tous les textes du N.T. qui se rapportent à Dieu et qui ont le mot « foi » (pistos) et le verbe croire (pisteuo) avec une préposition110. Il y a évidemment un très grand nombre de textes sans prépositions et on pourra, d’après le contexte, les grouper avec les textes du tableau.

Nous y avons aussi indiqué les passages qui traitent de la repentance et de la conversion, dont nous nous occuperons plus loin, et qui peuvent être classifiés de la même manière.

110 Remarquons qu’une telle représentation, où tout est en harmonie, n’est possible que si le texte est littéralement inspiré. Les versions ne traduisent pas avec assez de précision. Un seul texte ne semble pas cadrer dans cet ensemble Philémon 5, qui emploie « pros », alors qu’il s’agit sans doute d’un croyant qui a dépassé cette phase. En considérant cette difficulté de plus près, il est apparu que certains manuscrits, tel que l’Alexandrinus, ont « eis », qui convient très bien et que nous sommes donc libre d’adopter.Nous espérons que le lecteur ne nous reprochera pas de compliquer la voie du salut en distinguant tant d’étapes. Nous ne faisons que reproduire ce que l’Esprit a inspiré et il y a assez d’exemples qui montrent que l’Esprit a bien choisi ses mots et qu’il est imprudent d’assimiler deux expressions distinctes, s’il n’existe pas de bonnes raisons pour le faire. Dans le langage courant on devrait au moins distinguer la foi en Dieu (comme Créateur) de la foi en Christ (qui suit la régénération) et de la foi en Jésus-Christ (qui accompagne la justification).

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Tableau relatif à la Foi, la Repentance, la Conversion

Dieu créateur Dieu-rédempteurLe Seigneur Jésus-Christ

Christ-Jésus glorifié

Avec « pros »

Conversion : 2 Cor. 3 : 16 ; 1 Thes. 1 : 9.

Foi : 1 Thes. 1 : 8.Avec « epi » (acc.)

Repentance :Act. 26 : 20.Conversion :Act. 14 : 15 ; 15 : 19 ; 26 : 18, 20.Foi : Héb. 6 : 1.

Conversion : Act. 9 : 35 ; 11 : 21.Foi : Mat. 27 : 42 ; Act. 9 : 42 ; 11 : 17 ; 16 : 31 ; 22 : 19 ; Rom. 4 : 5, 24.

NOUVELLE NAISSANCE

Avec « eis »

Foi :Jean 14 : 1

Repentance : Act. 20 : 21.Foi : Mat. 18 : 6 ; Marc 9 : 42 ; Jean 1 : 12, 2 : 11, 23 ; 3 : 15, 16, 18, 36 ; 4 : 39 ; 6 : 29, 35, 40, 47 ; 7 : 5 ,31 ,38 ,39 ,48 ; 8 : 30 ; 9 : 35, 36 ; 10 : 42 ; 11 : 25, 26, 45, 48 ; 12 : 11, 36, 37, 42, 44, 46 ; 14 : 1, 12 ; 16 : 9 ; 17 : 20 ; Act. 10 : 43 ; 14 : 23 ; 19 : 4 ; 20 : 21 ; 24 : 24 ; 26 : 18 ; Rom. 10 : 14 ; Phil. 1 : 29 ; Col. 2 : 5 ; Philém. 5 (Alex.) ; 1 Pi. 1 : 8, 21 ; 1 Jean 5 : 10, 13.Croire que Jésus est le Christ, Fils de Dieu. Luc 22 : 67 ; Jean 1 : 50 ; 6 : 69 ; 11 : 27 ; 16 : 27, 30, 31 ; 20 : 31 ; 1 Jean 5 : 1, 5(voir aussi Jean 8 : 24 ; 13 : 19 ; 14 : 29).La rémission des péchés.

Foi : Gal. 2 : 16.

Avec « en »Foi : Act. 13 : 39 ; Eph. 1 : 15.

Foi : Gal. 3 : 26Col. 1 : 4 ; 1 Tim.3 : 13 ; 2 Tim.3 : 15.

Remarques :

1. Croire Dieu ou le Seigneur peut se classer dans différentes catégories, suivant le contexte.

2. Mat. 18 : 6 et Marc 9 : 42 (avec « eis ») pourraient se référer à l’humanité du Seigneur.

3. Eph. 1 : 15 ; Phil. 1 : 29 ; Col. 2 : 5 se rapportent à ce qui est visible de leur foi. La foi de ces croyants peut embrasser plus.

4. La foi « sur » (« epi », datif) dont parle Rom. 10 : 11 ; 1 Tim. 1 : 16 ne semble pas bien déterminée.

5. La foi d’Abraham « epi » (acc.) Rom. 4 : 5 est comptée « jusqu’en » justice . Voir le chapitre concernant la justification.

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En parcourant du haut vers le bas, d’abord la colonne verticale de gauche, qui se rapporte à Dieu comme Créateur, puis la deuxième colonne qui se rapporte à Dieu comme Rédempteur et au Seigneur Jésus-Christ, puis la troisième colonne concernant le Christ-Jésus glorifié, on voit que le texte inspiré indique d’une manière explicite un certain nombre d’étapes dans la foi. Nous notons ainsi :

La foi qui veut atteindre le Créateur,La foi qui a atteint le Créateur,La foi vers le Rédempteur,La foi qui veut atteindre le Seigneur Jésus-Christ,La foi qui a atteint le Seigneur,La foi qui se repose en Lui,La foi qui a atteint le Christ-Jésus glorifié,La foi que se repose en Christ-Jésus glorifié.

Nous verrons encore mieux dans la suite l’intérêt de cette subdivision et comment elle facilite la compréhension de la Parole. Pour le moment nous ne considérerons que quelques questions qui s’y rapportent.

Nous lisons en Jean 14 : 1 :

« Vous croyez en (eis) Dieu, croyez aussi en (eis) moi » (Darby).

Les deux objets de la foi sont bien spécifiés. Notons bien qu’il s’agit ici des apôtres et que la foi de ceux qui n’étaient pas des disciples devait encore être moins parfaite. Héb. 6 : 1 la désigne comme foi « sur » Dieu à laquelle ils devaient renoncer pour ce qui est plus parfait.

Les miracles produisaient surtout la foi « sur » le Seigneur. Cette foi peut conduire à la nouvelle naissance, mais il faut croire « jusqu’en » Christ pour avoir la vie « éternelle ».

Les versions ne sont pas claires quand elles parlent d’abord de Juifs qui « crurent en lui » (Jean 8 : 30) et disent ensuite que les Juifs qui « avaient cru en lui » (v. 31) cherchaient à faire mourir le Seigneur parce que Sa parole ne pénétrait pas en eux (v. 37), qu’ils avaient pour père le diable (v. 44) et qu’ils ne le croyaient pas (v. 45) ! Mais le texte grec dit que certains Juifs crurent « jusqu’en » (eis) Lui et dans le verset 31 il n’y a pas de préposition. Il est donc évident qu’il est question de deux groupes de Juifs et que pour les derniers la foi était très superficielle (peut-être une foi « vers » Lui).

Le passage Jean 11 : 25-27 montre que la foi « jusqu’en » (eis) Christ correspond à croire que Jésus est le Christ. Et cette foi n’est possible que par le Saint-Esprit (1 Cor. 12 : 3). Il s’agit ici de la foi divine qui n’est possible qu’après la régénération, comme nous le verrons encore plus loin. Avant la naissance d’en haut, la foi ne peut être que « naturelle », donc insuffisante pour le salut. Ceux qui ne sont pas nés de l’Esprit sont donc capables de croire d’une certaine manière en Dieu et en Christ, mais peuvent un jour se détourner de Dieu et tomber. Des textes comme Luc 22 : 32 ; Jean 15 : 6 ; Héb. 2 : 1 ; 3 : 6, 12 ; 6 : 4-8 n’offrent donc aucune difficulté et ne fournissent pas le moindre argument à ceux qui prétendent que l’on ne peut jamais être certain de persévérer dans la foi. En effet, dès que nous sommes

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régénérés, nous avons la foi divine, donc une certitude que rien ne peut plus nous arracher. Nous avons alors la vie « éternelle ».

Dans les chapitres 10 et 11 des Actes, nous avons l’histoire de Corneille, un homme pieux qui craignait Dieu. Il avait, comme les apôtres avant leur régénération, une foi « sur » (epi) le Seigneur (Act. 11 : 17). Mais sa disposition envers Dieu est telle qu’il naît de l’Esprit (ce qui de ce temps était accompagné de signes visibles, Act. 10 : 44), et il croit « jusqu’en » Christ (v. 43).

En relation avec la justification, qui dépasse la rémission des péchés et la nouvelle naissance, ainsi que nous l’avons exposé dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul , il faut avant tout une foi « en » Christ (Act. 13 : 39), puis une foi « jusqu’en » (eis) et « en » Christ-Jésus (Gal. 2 : 16 ; 3 : 26). On est alors « fils » de Dieu, ce qui est plus qu’ « enfant » de Dieu. Nous voyons donc que l’usage des prépositions s’accorde avec ce que nous avons vu au sujet des différentes sphères de bénédiction et des étapes de l’homme dans la voie du salut : croyant-en-Dieu ; régénéré (enfant - sphère terrestre) ; justifié (fils - sphère céleste). Quant à la sphère « sur-céleste » de la perfection, il y a là identification du croyant avec l’objet de la foi. Dans le tableau de la page précédente nous avons séparé par un gros trait ce qui se rapporte à ces étapes. Il est entendu que notre représentation est schématique et trop rigide pour pouvoir rendre la vérité absolue.

Nous sommes aussi les premiers à reconnaître que notre étude de la foi est loin d’être parfaite, mais nous croyons qu’elle est suffisamment scripturaire pour montrer qu’il est très important de spécifier de quelle foi on parie quand on ne veut pas s’embrouiller. Nous sommes persuadé que bien des différences d’opinion qui séparent les croyants ont pour cause seconde un défaut dans la distinction des choses qui diffèrent.

La confusion dans ce qui touche la foi a aussi des conséquences funestes dans l’évangélisation. Nous verrons dans un autre chapitre que l’homme a des puissances « naturelles » très limitées. Lui proposer de croire « jusqu’en » (eis) Christ est inutile, car il ne saurait pas croire ainsi (d’une manière surnaturelle) sans être d’abord né d’en haut. Nous exposerons ceci d’une manière plus complète après avoir considéré la repentance, la conversion et la nouvelle naissance.

Proposer à quelqu’un une formule comme : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Act. 16 : 31) sans lui expliquer ce que cela veut dire et sans savoir s’il est préparé pour ce message, peut aussi avoir peu d’utilité. Le geôlier auquel ces paroles furent adressées savait de quoi il s’agissait et ce que cette foi impliquait. Mais d’autres personnes, dans d’autres circonstances, peuvent comprendre tout autre chose et supposer qu’il suffit de prononcer quelques mots, ou de croire que « Jésus » a existé, ou qu’Il a été un homme extraordinaire.

La voie du salut est très complexe, ou du moins semble l’être quand nous la considérons avec nos puissances limitées. Nous devons, par notre intelligence et par une foi naturelle, voir qu’il y a un Dieu-Créateur et que nous ne sommes rien. Nous devons apprendre dans notre misère à avoir recours à Lui. Dieu nous instruira alors par ce qu’Il a déjà révélé et nous montrera ce qui est bien, c’est-à-dire sa volonté. Nous pouvons ainsi reconnaître encore mieux notre impuissance et même notre péché et recourir à Sa grâce. Or comme Dieu est toujours prêt à nous vouloir du bien, puisqu’Il nous aime, il suffit de ne pas Lui résister pour être aidé. Il peut ainsi nous régénérer et mouvoir notre volonté de manière à nous faire croire

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de foi divine. Quand nous sommes son enfant, nous avons accès aux choses spirituelles, et comme nous sommes éclairés et mus par Lui, nos connaissances s’étendent et se précisent. La Parole s’ouvre par l’action interne du Saint-Esprit. Le message même qui nous présente l’objet de la foi est alors une puissance de Dieu pour le salut (Rom. 1 : 16 ; 1 Cor. 1 : 18). L’Ecriture commence à vivre et nous découvre des profondeurs insoupçonnées (Eph. 3 : 16-19). Notre volonté embrasse de plus en plus les vérités qui nous sont proposées.

Plus nous progressons dans la foi, plus notre communion avec Dieu devient intime, plus nous devenons libres, plus l’Esprit agit efficacement en nous111, moins nous sommes aveugles112. L’objet de notre foi pourra alors à son tour augmenter en étendue et en profondeur. Nous apprenons à mourir avec Christ et Dieu peut même nous placer dans la position parfaite où nous sommes membres du Corps dont Christ est la Tête. Nous atteignons alors la plénitude divine.

Parcourir la voie du salut, ce sera donc étendre notre foi de manière à embrasser de plus en plus tout ce qui concerne Dieu. Notre foi, très limitée au début, sera encore entachée de beaucoup d’erreurs et de foi « naturelle » incertaine. Chaque fois que Dieu nous présente une vérité, notre préparation précédente et notre disposition habituelle pourront être telles que nous ne résisterons pas à son action. Nous pourrons donc graduellement convertir notre foi « naturelle » et nos opinions en foi divine, joindre vérité à vérité, épurer nos idées en écartant continuellement ce qui n’est pas conforme à la norme divine113.

Comme Dieu n’agit pas en nous de manière à nous donner directement la connaissance, mais renouvelle notre intelligence et nous éclaire de manière à pouvoir saisir ce qu’Il a déjà révélé dans Sa Parole, c’est donc elle que nous devrons examiner toujours de nouveau. Les traditions humaines, les erreurs des hommes pieux, les traductions imparfaites de l’Ecriture, l’opposition des puissances spirituelles mauvaises, rien de cela ne doit nous arrêter quand Dieu nous offre tout. Mais nous devons surtout veiller sur nous-mêmes et ne pas rester des orgueilleux qui continuent à résister sous certains rapports. Nous devons être prêts à abandonner ce que nous avons défendu, lorsque la vérité nous parle.

Nous ne sacrifions ni l’intelligence, ni la volonté, ni ce qui est du domaine sensible. Dans la vie Chrétienne, toutes les facultés de notre être entier doivent venir en jeu et rester en parfaite harmonie sous la motion divine. On réalise ainsi une solidarité merveilleuse où la grâce divine, le témoignage de la création et de la créature et les puissances de l’esprit et de l’âme trouvent leur place et coopèrent à glorifier Dieu en atteignant librement la plénitude divine.

Pour arriver à cela, point n’est besoin de monter d’abord au ciel et d’en faire descendre Christ ou de descendre dans l’abîme et de faire remonter Christ d’entre les morts114 ou de faire d’autres efforts extraordinaires. Dieu a tout préparé et donne la capacité pour tout faire.

111 L’Esprit nous fait connaître les choses que Dieu nous a données par Sa grâce (1 Cor. 2 : 12).112 Satan nous aveugle et par naissance nous sommes sous la puissance des ténèbres (Col. 1 : 13). Dieu fait briller la lumière dans nos cœurs (2 Cor. 4 : 6). Il illumine les yeux de notre cœur (Eph. 1 : 18).113 Il ne faut pas se contenter de croire la tradition humaine, ou certaines choses qu’on se propose soi-même pour objet de la foi, mais il faut avoir foi en ce que Dieu nous propose de croire. L’homme qui veut faire une certaine action, une grande œuvre, une guérison, ne fait peut-être que suivre son propre chemin. Pour parler d’une œuvre de la foi, il faut être bien certain que Dieu désire ce que nous nous proposons de faire, et qu’Il désire que nous le fassions. Ce que nous faisons peut avoir toutes les apparences d’une « bonne » œuvre, mais peut très bien ne pas être voulu par Dieu. En particulier, il n’est pas toujours bon de guérir quelqu’un.114 Rom. 10 : 6, 7 et voir le verset 8.

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Quand le croyant aura une vue d’ensemble sur la voie du salut, et sur ce que comporte la foi parfaite, il pourra mieux se rendre compte de son état, de ce qu’il a déjà acquis comme vérité par la foi et de la position dans laquelle Dieu l’a placé. Il pourra donc marcher selon cette position, agir comme Dieu le désire et progresser.

La différence entre la foi naturelle et la foi divine ne doit pas être perdue de vue. La première a comme objet aussi bien l’erreur que la vérité et elle ne met en jeu que nos puissances naturelles. Un homme sera habituellement tenté d’adhérer à ce que ses parents et ses maîtres lui proposent. Bourré d’erreurs, il sentira peut-être une carence de vérité, mais ne se rendra pas bien compte de ce qui lui manque. Il aura peut-être entendu dire que la Bible est composée de légendes et d’erreurs et restera ainsi éloigné de la vérité, même s’il était disposé à l’accepter. Dans un cas pareil, il suffira d’enlever ces obstacles en exposant la vérité

concernant la Bible pour qu’il se rende compte par son intelligence, ou qu’il croie, que la Parole est de Dieu. Placé ensuite devant la vérité par Dieu même, qui désire l’éclairer et le régénérer, il pourra ne pas Lui résister et croire de foi divine cette vérité. Celui qui a enlevé les obstacles n’a été qu’un moyen pour l’amener à cette foi. Ce ne sont pas les arguments en faveur de la Bible qui lui ont donné cette foi, mais ils ont été nécessaires pour l’y conduire. Ces mêmes arguments ne produiront aucun effet sur un homme moins bien disposé à accepter la vérité. Ce n’est pas la Parole qui a besoin d’être défendue, car elle est autorité divine, c’est l’ignorance et la foi dans l’erreur qui doivent être combattues. La grande difficulté des Ecritures n’est pas extérieure (vocabulaire, différences des textes, etc.), mais réside dans le fait que nous y rencontrons Dieu. Mais pour qu’Il s’y révèle, nous devons ne pas Lui résister.

Prenons maintenant le cas d’un enfant élevé dans un milieu « Chrétien ». Quoique son entourage ne montre aucune hostilité envers la Bible, il peut cependant l’entendre critiquer. Il sera aussi mis en contact avec une multitude de croyances qui ne font que côtoyer la vérité. Parce qu’il croit voir la vérité, celle-ci pourra lui être cachée bien plus qu’à celui qui est élevé dans un milieu athée. Il peut très bien ne pas avoir la foi divine, malgré qu’il « croie », par exemple, le « symbole des apôtres » ou la confession de foi de son Eglise. On pourra même se demander s’il sait croire réellement, car pour cela il faudrait avant tout qu’il se rende bien compte de ce que ce symbole et cette confession veulent dire. Or, l’enseignement superficiel et en partie erroné qu’il reçoit de son entourage ne le lui permet peut-être pas.

Il se peut cependant qu’ayant soif de vérité, certaines choses le mettent en éveil et deviennent le point de départ d’une recherche plus profonde. Il questionnera, consultera des livres, étudiera la Parole et arrivera à la vérité. Car Dieu l’aidera et lui permettra d’avoir la foi divine.

Mais faut-il savoir tant de choses pour croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ? Il ne faut peut- être pas une demi-heure pour montrer à un homme non chargé d’erreurs et de traditions, qui est Jésus, pourquoi Il est venu et ce qu’Il a fait. Cet homme, s’il a une tendance à aimer la vérité, n’aura aucune difficulté à comprendre la profondeur de la foi qui lui est demandée et à croire de foi divine. Mais habituellement il sera nécessaire d’abord de corriger, de convaincre, d’enseigner, et il sera peut-être très difficile de faire abandonner des croyances anciennes qui, malgré leur imperfection ou leur erreur, n’ont pas empêché Dieu de donner certaines bénédictions parce qu’on était de bonne foi.

Nous avons souvent trop de tendance à oublier qu’il y a une différence énorme entre les personnages du N.T. et nous. La plupart étaient des Juifs et connaissaient l’A.T. depuis

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leur enfance. Ils avaient en plus assisté aux événements de leur temps et avaient peut-être eu le privilège d’entendre le Seigneur et les Apôtres. Ils participaient à tout ce qui se passait alors et quand il leur était proposé de croire l’une ou l’autre chose, ils savaient donc parfaitement ce que cela impliquait. Mais nous vivons dans un monde différent, qui absorbe presque toute notre activité et notre pensée. Nous ne connaissons pas, ou assez vaguement, les événements de l’A.T. et nous n’avons que des connaissances rudimentaires des faits relatés dans le N.T. En ce temps il suffisait de dire à quelqu’un montrant sa bonne volonté « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Mais nous n’avons pas le droit de dire qu’un « évangile » aussi simple suffit actuellement.

Il résulte de tout cela qu’il est extrêmement important de présenter d’une manière correcte, c’est-à-dire fidèle aux Ecritures, ce que la foi doit embrasser. La foi divine ne concerne que la pure vérité. Aucune erreur ne peut être l’objet de la foi réelle puisque nous

entendons par cette foi l’assentiment de notre intelligence à ce que Dieu présente et conduit à croire. La foi réelle n’est donc possible qui si la vérité est connue115. L’enseignement d’un groupe religieux peut être utile, mais ne sera efficace qu’en tant que vraiment scripturaire. C’est toujours la Parole qui est le modèle, la source. La foi divine « vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la Parole de Christ » (Rom. 10 : 17). C’est la Parole et non autre chose qui doit être prêchée (2 Tim. 4 : 2). Ce sont les « Saintes Lettres » qui peuvent nous rendre sage à salut par la foi en Christ-Jésus (2 Tim. 3 : 15). Croire ce qui est peut-être très « pieux » mais que Dieu ne propose pas de croire, ne constitue qu’une foi naturelle sans grande valeur ou même nuisible. Il ne faut pas être crédule et croire n’importe quoi. Au contraire, il faut être prudent comme un serpent et n’accepter que ce qui s’accorde avec la Parole. Et si certains croient avoir des visions, qu’ils se souviennent que la parole prophétique est « plus certaine » (2 Pi. 1 : 19) que des visions authentiques.

La foi est évidemment toute personnelle, il ne suffit pas que notre Eglise ou nos conducteurs connaissent et croient la vérité à notre place et que nous disions croire ou être prêts à croire en bloc tout ce qu’ils enseignent. Notre foi ne peut s’étendre que suivant ce que nous connaissons nous-mêmes. Nous pouvons être très heureux près d’un « grand » croyant, mais ce n’est pas sa foi qui nous aidera, si nous n’apprenons pas à la partager.

Nous pensons aussi avoir dit assez clairement que s’il est nécessaire de connaître avant de pouvoir croire, la connaissance seule n’est pas suffisante. Ce n’est même pas la foi dans les Ecritures qui peut nous sauver, mais seulement la foi en Christ116. Dans ce sens le fidéisme avait raison de dire que celui qui ne donne pas son cœur à Dieu serait condamné, quelque « orthodoxe » qu’il eut été. Mais d’autre part il n’est pas possible d’avoir « la foi » sans

115 Nous ne voulons pas dire par là que la foi n’est possible que si l’homme entend la vérité pure. Il faut que la vérité soit montrée avec une certaine précision et ne soit pas trop cachée par de grossières erreurs. La Parole et l’action intérieure du Saint-Esprit rendront alors la foi possible, malgré ce qui reste d’erreur.116 Voir Jean 5 : 39, 40. Les Juifs « orthodoxes » croyaient aux Ecritures et pensaient avoir en elles la vie éternelle.Or cela était une grosse erreur. Ce ne sont pas les Ecritures qui sauvent. Ils devaient venir au Seigneur pour avoir la vie « éternelle » . Cela voulait-il dire qu’ils n’avaient pas besoin de connaître ces Ecritures ? Loin de là : ce sont elles qui rendent témoignage de moi ». Comment auraient-ils pu venir à Christ sans les Ecritures ? Ce sont elles qui rendent sage, non pour être sauvé par la sagesse, mais parce que la sagesse rend possible la foi (2 Tim. 3 : 15).Ces Juifs ne croyaient pas toute l’Ecriture, car alors ils auraient cru aussi Christ (Jean 5 : 46). Leur foi naturelle les aurait amenés à la foi divine. Mais le fait de ne pas croire Moïse, les empêchait de croire Christ. On voit qu’il n’est pas sans importance de croire p. ex. ce que Moïse a dit dans la Genèse et que notre foi en Christ n’est pas indépendante de ce que nous croyons p. ex. de la chute d’Adam. Toute l’Ecriture parle de Christ (Luc 24 : 27).

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croyances vraies, c’est-à-dire sans foi divine dans certaines vérités bien définies. La vérité n’est pas vague117.

Résumé

117 Dans le modernisme la « croyance » en ce qui est écrit ne serait pas nécessaire, car cette croyance serait seulement du domaine des facultés intellectuelles, tandis que c’est du cœur que proviendrait la foi. Le salut ne serait donc pas attaché à un « joug doctrinal contre lequel proteste notre raison et notre conscience » ! La conscience humaine serait le critère et tout croyant serait aussi bien inspiré que ceux qui ont écrit la Bible, oui même aussi éclairé que le Seigneur ! Arrière donc « la lettre qui tue » et vive une religion « de l’Esprit », qui ne nous oblige plus à croire aux naïvetés de « Jésus », ni à ses « notions apocalyptiques Juives » dont nous voyons clairement la fausseté ! Chacun peut rejeter l’écorce et se délecter du noyau tendre et savoureux, c.-à-d. de ce que sa conscience accepte comme vérité ! Le divin qui est dans l’homme rendrait toute « lettre » inutile ! Il serait inspiré et n’aurait plus besoin d’être instruit (voir note p. 20). La révélation Chrétienne ne serait pas close, mais continuerait toujours ! La liberté serait : « obéir à la loi de son être ». Croire en Dieu, ce serait se consacrer, se donner à sa propre loi ! Plaignons ceux qui sont entraînés dans ces voies. (Voir aussi la note 5 du chapitre sur « l’Intelligence »).Certains ne s’expriment pas d’une manière aussi violente, mais n’admettent pourtant, en matière de foi, aucune autorité extérieure. II s’agit de s’entendre. Si l’on croit à un Dieu intelligent, on accepte en principe une Autorité extérieure objective. Rien n’est changé si ce Dieu nous donne en plus un document inspiré par Lui et l’existence de cette autorité écrite ne diminue en rien notre liberté d’y avoir foi ou non. Dieu ne nous oblige, en effet, pas d’une manière autoritaire à croire la vérité. Notre foi reste toujours un assentiment personnel et libre. Même quand nous déclarons croire en principe tout ce que l’Ecriture dit, nous ne croyons pas réellement chaque détail. En effet, beaucoup de questions nous échappent parce que nous ne les connaissons pas. Mais même ce que nous croyons connaître reste souvent voilé, soit pour des raisons indépendantes de nous, soit parce que nous ne sommes pas disposés à les accepter. Nous ne comprenons pas ou nous interprétons mal. La lettre seule ne suffit donc pas. Dieu doit se révéler à nous personnellement. Nous pouvons ainsi progresser dans la foi par une attitude humble et une étude spirituelle de la Parole.Nous ne sommes nullement soumis à un « esclavage théopneustique » et nous pouvons très bien avoir une « religion de l’esprit », quand nous acceptons toute l’Ecriture comme autorité objective. La foi générale dans l’inspiration verbale n’implique nullement que nous croyons « d’autorité » tout le contenu, mais cette foi nous empêche d’écarter systématiquement certaines vérités, soit à cause de notre confiance dans une « autorité » humaine, soit à cause de notre tendance naturelle à rejeter ce qui nous dépasse ou nous condamne. Nous dirons plus. Nous croyons qu’une foi « d’autorité » n’est qu’une « croyance » humaine et peut tout au plus être utile pour nous préserver de faire des écarts imprudents pendant une période « d’enfance ». La foi divine est libre et personnelle.Les discussions sur la phrase « l’autorité souveraine des Saintes Ecritures, telle que l’établit (ou le fonde) le témoignage intérieur du Saint-Esprit » ne touchent pas toujours le fond de la question. Evidemment l’autorité est établie pour nous, donc subjectivement, par l’action de Dieu en nous. Mais avant tout il y a l’autorité objective, qui ne dépend pas de nous. La vraie question est de savoir si l’on accepte en principe toute l’Ecriture comme autorité. Il suffit de lire, par exemple, l’Introduction du Dictionnaire Encyclopédique de la Bible pour être fixé à ce sujet.Ce qui est grave, c’est que tant de personnes croient trouver erreurs et contradictions dans l’Ecriture, alors qu’un examen plus profond pourrait leur montrer qu’il n’en est rien. Ceux qui ne veulent pas d’autorité extérieure acceptent comme autorité le résultat de leurs raisonnements charnels ou l’enseignement d’un homme. Combien d’entre eux ont fait personnellement la critique de la haute critique destructive et ont examiné de près ces prétendues erreurs de la Bible ? Nous avons montré dans nos ouvrages les causes externes de cette attitude (voir p. ex. l’introduction des Enseignements de l’Apôtre Paul). On a cru de bonne foi trouver des contradictions, parce que l’on a commis d’abord l’erreur fondamentale de remplacer Israël par « l’Eglise » et ensuite celle de « spiritualiser » les textes. Nous avons montré que si l’on prend toute l’Ecriture de la manière la plus simple, on peut faire une synthèse qui laisse tout intact (excepté certaines traditions humaines), qui résiste à une critique raisonnable et qui est confirmée par le témoignage de la conscience éclairée, par l’histoire, par les recherches archéologiques et scientifiques, par la vie personnelle, en un mot par toute espèce d’expérience. Que peut-on demander de plus ? Notre foi dans toute l’Ecriture peut d’abord être un « a priori », mais celui-ci est confirmé par l’expérience, et l’action divine peut finalement nous donner une foi, donc une certitude, qui dépasse toute critique et toute expérience.

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La foi est un assentiment de l’intelligence relatif aux choses invisibles. Elle est en contraste avec la vision. Nos facultés naturelles suffisent pour croire beaucoup de choses, mais cette foi ne donne pas de certitude. Dieu peut nous placer devant certaines vérités, et si nous ne Lui résistons pas, Il peut agir en nous de manière à nous faire croire. Il s’agit alors d’une foi divine. Cette action n’a lieu qu’après la régénération. Tout ce qui est cru ainsi est vérité absolue et doit nous donner une certitude. Loin d’être en opposition avec la raison, il serait déraisonnable de ne pas croire les vérités que Dieu nous propose.

Ces vérités nous sont exposées dans la Parole, qui constitue la seule autorité en matière de foi. Il faut donc lire et étudier les Ecritures, que le Saint-Esprit peut nous faire comprendre.

La foi n’est pas une action à laquelle Dieu nous contraint, elle est essentiellement libre. La foi n’est pas non plus donnée par Dieu d’une manière arbitraire. Dieu n’agit habituellement que si nous ne Lui résistons pas. Tous ceux qui sont en mesure de connaître l’objet de la foi et qui se trouvent dans la position requise, peuvent croire.

La foi établit une communion avec Christ, nous donne ainsi la vie et nous fait finalement participer à la plénitude divine.

Toute foi est un simple assentiment de l’intelligence, mais cet acte est caractérisé par l’objet, par l’action divine et par la charité envers l’objet. Ainsi pour certaines questions dans lesquelles nos puissances affectives n’interviennent pas, il y a une foi « intellectuelle ». Dans la foi divine, la charité agit : c’est avec le cœur qu’on croit à salut.

L’objet de la foi est Dieu. Par notre faiblesse, la connaissance de l’objet est fragmentaire et imparfaite. Nous connaissons Dieu surtout sous trois aspects comme Créateur, comme Rédempteur et en Christ glorifié. Dans chacun de ces cas notre foi embrasse plus ou moins l’objet et il en résulte donc de multiples étapes dans la foi. L’homme naturel peut croire que Dieu existe et peut aussi croire « vers » Christ. Il doit être régénéré avant de pouvoir croire « jusqu’en » Lui. Après l’adoption comme fils, il peut croire en Christ glorifié. On doit aller de foi en foi.

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VIII. Repentance et Conversion

Le mot repentance est la traduction du grec « metanoia », mot qui est formé de la préposition « meta » (après) et du nom « nous » (le siège de l’entendement). Quand on a commis une mauvaise action, qu’on la regrette et qu’on change de disposition, on se repent118. Tout l’homme intérieur est actif dans cette repentance, mais en premier lieu notre entendement, qui se rend compte de l’action mauvaise. On pourrait dire que, par la repentance, on se détourne du mal.

Mais il reste à faire plus : il faut encore se tourner vers ce qui est bien. C’est l’objet de la conversion. Le verbe « epistrephô », formé de la préposition « epi » et du verbe « strephô » (tourner), veut dire : se retourner. Il est employé aussi bien pour exprimer qu’on se retourne corporellement119 que pour indiquer un changement du cœur120. Quand notre affection s’est d’abord portée vers une chose et puis vers une autre, on s’est converti. Il est évident qu’avant de se convertir il faut voir, entendre, comprendre121 l’objet vers lequel on se tourne. Notre conversion dépend donc de notre intelligence. Dans la plupart des cas rencontrés dans le N.T., c’est vers Dieu ou vers le Seigneur Jésus-Christ qu’on doit se tourner, se convertir. Dieu aime l’homme, lui veut du bien, donc l’appelle à se tourner vers Lui. Mais l’homme résiste, endurcit son cœur et met son affection dans les vanités, les idoles. Il doit se repentir de ses péchés et se tourner vers Dieu. Son cœur, au lieu de résister, d’être dur, doit s’ouvrir pour Celui qui est le vrai Bien.

Mais comment l’homme pourrait-il changer son cœur ? C’est là une œuvre divine et c’est Dieu qui doit « donner » la repentance (2 Tim. 2 : 25). Nous voyons encore ici, comme dans tout ce qui concerne la voie du salut, que Dieu doit faire tout, mais que cependant l’homme doit agir aussi. On a ici un phénomène similaire à celui qui se rapporte à la foi. Dieu veut agir et incliner notre volonté et notre entendement à se repentir, mais nous pouvons résister à cette action. Ainsi dans 2 Tim. 2 : 24-26 Paul parle des « adversaires », c’est-à-dire de personnes qui résistent à la vérité. Timothée doit les redresser avec douceur et peut les amener ainsi à ne plus résister à l’action divine. Ils étaient pris dans les pièges du diable, Dieu voulait les délivrer. Dès qu’ils ne résisteront plus à l’action divine, ils pourront se repentir, arriver à la connaissance de la vérité et à leur bon sens. Dieu donne la repentance, mais pas d’une manière arbitraire122. C’est aussi l’homme qui se repent.

La repentance et la conversion divines doivent être distinguées de ce qui n’est que pure action humaine123. Dans ce dernier cas, il n’y a qu’un effet superficiel et peu durable. Dans le premier cas, il y a un effet profond et permanent. On reconnaît alors la gravité du péché et on ne saurait faire autrement que le haïr. Tout égarement ultérieur produit une tristesse profonde et une humble confession. La repentance change l’attitude générale de l’homme et n’est pas seulement une « pénitence » particulière pour tel ou tel méfait.

118 Voir p. ex. Luc 17 : 3, 4 ; Act. 8 : 22.119 Voir p. ex. Mat. 9 : 22.120 Voir Luc 1 : 17 ; 2 Cor. 3 : 16. Le verbe « strephô » sert parfois aussi à indiquer un retour du cœur (Act. 7 : 39)121 Mat. 13 : 15.122 Jér. 31 : 18 et Lament. 5 : 21 parlent aussi d’une action divine non arbitraire, puisque Ephraïm demande à l’Eternel d’agir. Voir encore Act. 5 : 31 et 11 : 18 pour l’action de Dieu.123 Cette action est peut-être mieux exprimée par le mot « metamelomai », qui n’indique qu’un certain regret. Voir Mat. 21 : 29, 32 ; 27 : 3 ; 2 Cor. 7 : 6.

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Les deux verbes « se repentir » et « se convertir » sont parfois employés dans la même phrase, ce qui montre bien qu’ils sont distincts : « Repentez-vous et convertissez-vous » (Act. 3 : 19). Toute repentance doit être suivie d’une conversion.

Qui doit se repentir et se convertir ? D’abord ceux qui ne croient pas en Dieu comme Créateur, qui ne L’ont donc pas glorifié et ne Lui ont pas rendu grâces, mais se sont égarés dans leurs pensées. Prenons quelques exemples :

« Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération, et la condamneront, parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas » (Mat. 12 : 41 et Jonas 3 : 5, 8, 10).

« Vous vous êtes convertis à Dieu en abandonnant les idoles » (1 Thes. 1 : 9).

« Pour vous tourner vers le Dieu vivant » (Act. 14 : 15).

« Pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière » (Darby). (Act. 26 : 18).

Il y a ensuite Israël, qui croyait en Dieu comme Créateur, mais devait apprendre à se tourner vers Lui et vers le Fils pour obtenir la grâce afin de pouvoir accomplir la loi. Par son repentir, ce peuple arrivera à la nouvelle naissance, au pardon des péchés et au Royaume sur terre. Le Seigneur a pris la forme humaine pour venir vers eux et pour les amener à cette repentance. Une partie des brebis s’est tournée vers le Pasteur124.

En général, tous les hommes doivent se repentir et se convertir125. Les croyants doivent se convertir de ce qu’ils ont mal fait126 et se tourner vers des choses supérieures127. Nous touchons ici un point important qu’il nous faut développer.

Si nous examinons bien les textes qui parlent de repentance et de conversion, nous pourrons faire les mêmes distinctions que pour la foi. Ici aussi il faut voir à quoi se rapporte la repentance, vers qui est dirigée la conversion. Il faut donc distinguer l’objet. Il faut ensuite examiner jusqu’où vont la repentance et la conversion. Nous retrouvons en effet ici nos différentes prépositions. Une telle étude nous permettra de dresser une liste des repentances et des conversions mentionnées explicitement dans la Parole :124 Voici tous les textes concernant Israël :Repentance : Act. 2 : 38 ; 3 : 19 ; 5 : 31 ; 13 : 24.Conversion : Mat. 13 : 15 ; Marc 4 : 12 ; Luc 1 : 16, 17 ; 22 : 32 (Pierre) ; Jean 12 : 40 ; Act. 3 : 19 ; 9 : 35 ; 28 : 27 ; 2 Cor. 3 : 16 ; l Pi. 2 : 25 ; 2 Pi. 2 : 21, 22.Dans l’A.T. il est souvent question de repentance et de conversion. Voir le chapitre qui traite de la Nouvelle Naissance. Israël avait toujours la tendance à ne pas rester fidèle à la Loi et à adorer les idoles. Il devait se repentir de ses péchés et se tourner vers l’Eternel. Les prophètes insistent beaucoup là-dessus et prévoient qu’un jour cette nation arrivera à la conversion et à la nouvelle naissance. Alors commencera le Royaume sur terre. Plus tard les rabbins considèrent la repentance accompagnée de jeûnes et de pénitences comme une oeuvre méritoire. Lors de la venue du Seigneur, la nation aurait dû se tourner vers Lui et le reconnaître comme le Christ.Il est certain que pour les Juifs, vu leur élection et l’action divine pour les conduire, la repentance et la conversion avaient un caractère autre que chez les Gentils.125 Pour la repentance, voir : Act. 20 : 21 ; Rom. 2 : 4 ; Heb. 6 : 1 ; 2 Pi. 3 : 9 ; Act. 17 : 30 ; 26 : 20 ; Luc 24 : 47 ; Act. 11 : 18.Pour la conversion, voir : 1 Thes. 1 : 9 ; Act. 11 : 21 ; 14 : 15 ; 15 : 19 ; 26 : 18, 20 ; 15 : 3.126 Voir p. ex. 2 Cor. 7 : 9, 10 ; 12 : 21 ; 2 Tim. 2 : 25 ; Heb. 6 : 6.127 Nous avons un bon exemple en Pierre : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point (Pierre était donc croyant) ; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères », Luc 22 : 32.

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1. La repentance et la conversion qui veulent atteindre Dieu comme Créateur (epi)

2. La conversion dirigée vers Dieu comme Rédempteur (pros)

3. La conversion qui veut atteindre ce Rédempteur (epi)

4. La repentance jusqu’en ce Rédempteur (eis)

Nous avons incorporé ceci dans le tableau de la page 76 qui montre ainsi l’harmonie parfaite de tout ce qui concerne la foi, la repentance et la conversion.

Une foi réelle, qui embrasse un objet donné dans une mesure donnée, est accompagnée d’une repentance et d’une conversion correspondantes. On peut cependant faire la restriction que l’homme n’est pas conséquent dans sa marche. Il ne « vit » pas sa foi et dans sa marche, la repentance et la conversion peuvent donc, dans une certaine mesure, ne pas correspondre à sa foi. D’autre part, sa foi ne pourra pas s’étendre de manière à mieux s’approprier et approfondir son objet, si la repentance et la conversion font défaut.

Cette étude nous conduit de nouveau à la conclusion que dans tout ce qui concerne la voie du salut, il faut nettement distinguer. Ici encore il n’est possible de donner une réponse claire à beaucoup de questions fondamentales que si l’on distingue entre repentance et repentance, entre conversion et conversion. Donnons un exemple :

On s’est demandé si la conversion précède la foi ou la suit. La réponse a toujours été fort embrouillée. Dans un sens la conversion précédait, dans un autre, elle suivait. Pour nous, il est évident qu’on ne saurait répondre que si l’on précise de quelle foi et de quelle conversion on parle. En consultant notre tableau de la page 76 on voit de suite que l’homme naturel devra se convertir vers Dieu, comme Créateur, avant de pouvoir croire en Jésus-Christ, comme Fils de Dieu. Mais on peut se rendre compte aussi qu’un homme non-régénéré doit croire en Dieu, comme Créateur, avant de pouvoir se convertir vers Jésus-Christ128.

Certains ont prétendu que dans la dispensation présente, il ne faut pas inviter les hommes à se repentir, mais seulement à croire. A première vue, leurs arguments peuvent avoir un semblant de raison. Ils disent que Dieu a tout fait pour nous et que nous n’avons qu’à l’accepter par la foi. D’après eux, le problème du péché est résolu dans ce sens, que personne n’est perdu à cause de ses péchés en général, mais seulement à cause d’un seul péché : ne pas croire en Jésus-Christ. La repentance n’aurait plus de sens, car Dieu ne leur impute plus les

128 Examinons quelques passages des Ecritures qui indiquent un ordre dans la foi, la repentance et la conversion.Act. 26 : 17, 18. Il s’agit de païens, qui doivent d’abord « passer », c.-à-d. se convertir, des ténèbres à la lumière : c’est la conversion qui veut atteindre Dieu comme Créateur (« epi »). Cela est nécessaire « pour qu’ils reçoivent par la foi en (« eis », jusqu’en) Lui, le pardon des péchés ». Entre cette conversion et cette foi, se trouve la nouvelle naissance.La foi qui veut atteindre Dieu. (Héb. 6 : 1 « epi ») n’est qu’élémentaire. Il faut tendre à ce qui est parfait et après avoir cru jusqu’en (eis) Dieu, il faut croire jusqu’en (eis) Christ (Jean 14 : 1).D’aucuns se sont basés sur Act. 11 : 21 pour dire que la conversion ne précède pas la foi en Christ (sans préciser de quelle conversion ils parlent). Dans le cas qui nous occupe il s’agit de conversion dirigée vers le Seigneur (épi), mais avant cela, les hommes en question s’étaient sans doute déjà convertis vers Dieu comme Créateur et avaient voulu atteindre (pros) le Dieu Rédempteur. Les textes ne donnent pas explicitement en détail toutes les phases par lesquelles ont passé ces croyants, qui d’ailleurs n’étaient pas nécessairement conscients de ces étapes dans le chemin du salut.

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péchés. Ils considèrent en tout cas l’idée de repentance comme tout à fait accessoire, la foi seule décide de la destinée de l’homme.

Nous croyons que ce point de vue est faux parce qu’il se base sur au moins quatre idées anti-scripturaires :

1. Les Ecritures ne demanderaient pas la repentance des Gentils, mais seulement celle d’Israël.

2. On pourrait demander de n’importe qui la foi dans le Fils de Dieu.

3. Le Seigneur serait mort à la place de tous les hommes.

4. Il n’y aurait actuellement qu’une seule catégorie de croyants et qu’un seul message à proclamer.

Pour réfuter la première idée, il suffit de lire des textes comme :

Luc 24 : 47. « Que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations. »

Act. 11 : 18. « Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens. »

Act. 14 : 15. « Nous vous (la foule à Lystre) exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant. »

Act. 17 : 30. « Dieu... annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir. »

Act. 26 : 20. « Chez les païens, j’ai prêché la repentance et la conversion à Dieu. »

Rom. 2 : 1-4. « O homme, qui que tu sois..., que la bonté de Dieu te pousse à la repentance. »

2 Pi. 3 : 9. « Mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. »

On se garde bien de relever ces textes, et on se contente de dire que le nombre de textes qui parlent de la repentance d’Israël surpasse de beaucoup ceux concernant les Gentils. Mais en l’occurrence il ne peut être question de majorité. Un seul texte demandant la repentance des Gentils est suffisant pour montrer que la repentance n’est pas seulement demandée à Israël.

La deuxième idée a déjà été réfutée ci-dessus. L’homme non régénéré ne peut pas croire « jusqu’en » Jésus-Christ. Il faut d’abord une foi et une repentance qui embrassent Dieu comme Créateur et soient dirigées vers Christ129.

129 Parmi les textes cités en faveur de l’idée qu’il ne faut que la foi et pas la repentance, Actes 16 : 31 occupe une place prépondérante : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. » Mais le contexte indique que ces paroles sont adressées à un homme qui s’est déjà repenti et qui demande en tremblant : « Seigneurs, que

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La troisième idée sera examinée dans l’Appendice 11. Jamais l’Ecriture ne dit que le .Seigneur est mort à la place de tous. Ceux qui refusent de se repentir et de croire seront très certainement jugés pour tous leurs péchés.

La quatrième idée a été réfutée dans notre ouvrage Les Enseignements de l’Apôtre Paul, où nous avons montré que tous les hommes n’occupent pas la même position dans le chemin du salut, qu’ils ne se trouvent pas dans la même sphère de bénédiction. Si l’on s’était borné à dire que la repentance n’est jamais demandée à ceux auxquels Paul s’adresse dans ses épîtres écrites après la période des Actes (Eph., Phil., Col., 2 Tim.), on aurait dit vrai, mais si l’on considère les hommes en général, qui se trouvent dans les diverses positions de la voie du salut, on contredit l’Ecriture.

Selon ceux qui ont proposé ces idées, il ne faudrait jamais dire : « croyez et repentez-vous ». Ils veulent que la foi soit confondue avec la repentance, ce qui est insoutenable : l’une doit accompagner l’autre, mais elles restent distinctes.

Ils attirent notre attention sur le fait que l’évangile selon Jean et l’épître aux Romains ne parlent presque pas de repentance, et veulent en conclure que cette notion n’est donc pas de première importance. Or, la foi concerne Dieu et la repentance concerne l’homme, le péché et le jugement. Selon que l’attention est concentrée plutôt sur ce que Dieu est et a fait ou sur ce que l’homme est et doit faire, l’Ecriture parlera plutôt de foi ou de repentance. Depuis longtemps, Dieu avait parlé à Israël de ce qu’Il ferait et jamais ce peuple ne s’était repenti. Plus la colère et le jugement sont en vue et plus les messagers divins insistent sur la repentance.

La repentance est nécessaire pour tous dans la voie du salut. Dire à certains que la repentance ne les concerne pas, mais qu’ils doivent seulement croire en Christ, c’est leur barrer cette voie. On enlève l’indispensable et on demande l’impossible.

Dieu veut la repentance de tous les hommes.

Nous avons exposé pourquoi nous ne pouvons pas admettre que Dieu traite les hommes comme des pantins, qu’Il donne arbitrairement la foi et la repentance à l’un et les refuse à l’autre.

Nous avons l’embarras du choix quand il s’agit de montrer que Dieu désire que tous se repentent.

A part plusieurs textes déjà cités page 87, nous pouvons mentionner :

2 Pi. 3 : 9 « Mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance ».

faut-il que je fasse pour être sauvé ? » Appliquer cette phrase au premier venu, qui ne cherche pas le salut en tremblant, n’est certainement pas raisonnable. On a d’ailleurs souvent la tendance de ne pas assez tenir compte du fait que de ce temps la conversion était chose sérieuse et demandait une nouvelle forme de vie, le renoncement à d’anciennes habitudes, la rupture avec des coutumes religieuses et exposait à la persécution et au martyre.

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L’importance de ce passage est mieux saisie quand on sait que le mot « voulant » est la traduction de « boulomenos », qui indique une décision immuable130. L’idée d’un décret de réprobation, condamnant une grande partie des hommes à des peines sans fin parce que... Dieu ne leur « donne » pas la repentance et la foi d’une manière arbitraire est ici condamnée vigoureusement. Dieu n’a pas décidé que quelqu’un périsse. Mais mieux que cela : Dieu a décidé de « donner » à tous la capacité de se repentir et Il désire qu’ils le fassent131. C’est à eux de ne pas résister, et cela ils le peuvent.

Il y a en plus une série de textes qui expriment indirectement que tous peuvent se repentir et que Dieu le désire.

1 Tim. 2 : 4. « Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés. »

Pour être sauvés, ils doivent se repentir. Si Dieu veut l’un, Il veut aussi l’autre. Le verbe « vouloir » n’indique pas une décision dans ce verset, mais un désir132. Mentionnons encore :

Tit. 2 : 11. « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. »

Même l’A.T. parlait du désir de Dieu que tous se repentent :

Ezéch. 18 : 21, 32. « Si le méchant revient de tous les péchés qu’il a commis... il vivra.—Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Eternel.

Convertissez-vous donc, et vivez. »

Dieu agit de manières diverses pendant les différentes dispensations, mais toujours Il désire la repentance et pousse à la repentance, car c’est ainsi que son plan se réalise. Il demande qu’on Le cherche, qu’on L’invoque et qu’on se tourne vers Lui (Es. 55 : 6, 7). « En toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Act. 10 : 35).

Le fait que Dieu demande la repentance montre que les hommes peuvent se repentir, car Dieu ne demande pas l’impossible. On a cependant contesté ceci en disant que Dieu a demandé l’impossible à Israël, quand Il a imposé l’observation de la Loi. II est vrai qu’aucun homme ne peut de ses propres forces faire ce que Dieu désire, mais Dieu demandait-Il qu’Israël observe la Loi ainsi ? Au contraire, ils devaient apprendre à implorer sa grâce pour l’accomplir. Il ne demandait donc pas l’impossible.

130 Voir Héb. 6 : 17, qui utilise « boulè ». Voir p. 40 pour la différence entre le désir et la décision de Dieu. Une traduction plus littérale de ce verset serait : « mais use de patience à cause de vous, n’ayant pas décidé qu’aucun périsse, mais (ayant décidé) de donner à tous la capacité jusqu’au repentir. Les manuscrits les plus importants ont en effet « dia » avec l’accusatif et l’on doit lire alors « à cause de » et non « envers ». Nous écrivons « donner la capacité » au lieu de « arrivent » comme traduction de « kôrèsai ». Ce verbe est utilisé en Marc 2 : 2 (contenir) ; Jean 2 : 6 (contenant) ; Jean 8 : 37 (pénètre) ; Jean 21 : 25 (contenir) ; 2 Cor. 7 : 2 (place) et comporte toujours l’idée de contenance ou capacité. En 2 Pi. 3 : 9 ce verbe est au 1er aoriste, forme active et désigne une action de Dieu. Les « vous », sont les Juifs (de la dispersion) croyants en Jésus-Christ, auxquels l’épître est adressée. Israël ne s’étant pas repenti, les bénédictions n’arrivent pas encore aux nations, comme ce sera le cas pendant le Royaume. A cause d’Israël, Dieu remet à plus tard la réalisation de la promesse de l’avènement de Christ (v. 4) et entre temps Il ne veut absolument pas que quelqu’un périsse, mais Il donne à tous, même en l’absence de ce qu’Israël aurait dû faire, la capacité de se repentir.131 Il s’agit bien entendu de la repentance « vers » Dieu comme Créateur, qui est possible pour tous, mais non pas d’une repentance qui suit la régénération.132 C’est le verbe « thèlo ». Voir p. 40.

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L’homme ne veut pas se repentir

Si l’homme ne croit pas en Dieu-Créateur et ne se repent pas, ce n’est pas parce qu’il lui en manque la capacité. Même après la chute, il peut ne pas résister à Dieu et ainsi croire et se repentir. S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne le veut pas.

Mais certains disent : « Sa nature corrompue ne lui permet pas de vouloir, même s’il voulait ». Nous accordons que l’homme naturel ne peut pas vouloir croire en Christ. Mais où est-il dit qu’il ne peut pas vouloir croire ou se convertir vers Dieu-Créateur ? Au contraire, Rom. 1 : 18-32 est bien clair à ce sujet. Quant à « venir à Christ », c’est une autre affaire. Il faut pour cela que Dieu attire spécialement, éclaire, régénère et invite. Non pas par une action extérieure irrésistible, mais d’une manière qui s’accorde avec la liberté de l’homme.

Voyons maintenant les conséquences de tout cela. Tout homme, dont les facultés sont normales et suffisamment développées, peut vouloir croire en Dieu-Créateur et se tourner vers Lui. Cela s’applique à tous les âges et à tous les peuples, aussi bien aux plus sauvages qu’à ceux qui prétendent être les plus civilisés.

Nous espérons que le lecteur a compris que nous ne voulons pas conclure de là qu’il est inutile de proclamer les Bonnes Nouvelles. Il ne suffit pas de croire en Dieu comme Créateur. La créature ne peut être « sauvée » que par la nouvelle naissance, car c’est par elle seulement qu’elle peut venir en communion avec Dieu et arriver à « être ». Or, pour arriver à la nouvelle naissance, il faut croire et pour croire il faut avoir entendu parler de l’objet de la foi (Rom. 10 : 13-15). Il faut bien noter que la « glorification » de Dieu de Rom. 1 : 21 ne concerne que le Dieu-Créateur. Par rapport au Rédempteur, ils apparaissent encore comme ennemis de Dieu (Rom. 5 : 8-10 ; 8 : 7), car ils sont encore pécheurs et ne reconnaissent même pas leur péché et la nécessité de la rédemption. Ils doivent maintenant apprendre à connaître la volonté de Dieu. C’est à cette fin que Dieu a donné sa Loi à Israël. Ce peuple croyait en Dieu, mais devait maintenant se rendre compte de son péché (Rom. 3 : 20 ; 7 : 7, 13) et se convertir vers Dieu-Rédempteur (2 Cor. 3 : 16). Alors Dieu les ferait naître de nouveau. Dans l’éon présent, beaucoup de peuples « sauvages » et civilisés restent sans la connaissance de la volonté divine et sont arrêtés dans la voie du salut. Ce sera une des grandes missions d’Israël dans l’âge à venir, que de faire connaître la « loi » divine et de conduire les masses à la régénération.

Résumé

La repentance est un changement profond dans nos dispositions. On doit non seulement regretter le mal, mais aussi se tourner vers le bien. La repentance doit donc être accompagnée d’une conversion. Pour se repentir, il faut voir le mal ; pour se convertir, il faut voir le bien. Nous avons donc besoin de notre intelligence avant de pouvoir nous repentir et nous convertir.

Repentance et conversion peuvent être des actions humaines ou divines. Dans le premier cas il n’y a qu’un effet superficiel et peu durable. Dans le deuxième cas, il est profond et permanent. On reconnaît alors la gravité du péché et on le hait.

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Pour que l’homme se repente du péché et se tourne vers Dieu , son cœur endurci doit être changé par une action divine. Mais cette action de Dieu n’est pas arbitraire : il faut que l’homme ne résiste pas. Dieu ne « donne » la repentance que si l’homme veut l’accepter.

L’homme naturel doit se repentir et se convertir de manière naturelle, sans intervention spéciale de Dieu, vers son Créateur. Après sa régénération, il pourra se tourner vers Christ. Israël doit se repentir nationalement et se tourner vers son Messie.

Quand on parle de foi, on a surtout en vue ce que Dieu est et fait. Quand on parle de repentance, c’est plutôt l’homme qui est en vue et ce qu’il doit faire.

Dieu n’a pas décidé qu’aucun homme périsse, Il a décidé de donner à tous la capacité de se repentir. Mais souvent l’homme ne veut pas se repentir il est responsable envers Dieu de sa résistance.

Dans l’âge présent beaucoup de peuples restent sans connaissance de la volonté divine et sont arrêtés dans le chemin du salut, car ils ne savent pas qu’ils doivent se repentir et se convertir. Israël conduira les masses à la repentance pendant l’éon prochain en leur faisant connaître la loi, c’est-à-dire la volonté de Dieu.

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IX. Ce Que Peut l’Homme Naturel et Ce Qu’il ne Peut Pas.

Les chapitres précédents montrent combien est misérable l’état dans lequel l’homme naît : il a un entendement obscurci, un cœur mauvais, un corps mourant. Comment peut-il en être autrement, puisqu’il est séparé de Dieu et ne bénéficie pas de son action vivifiante ? L’homme est spirituellement mort. Citons deux textes qui parlent de cette mort :

Jean 5 : 24. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. »

1 Jean 3 : 14. « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. »

Jean parle ici, non de la vie naturelle, que l’homme a de toute manière, mais d’une vie supérieure, qui vient par une nouvelle « naissance », ou naissance d’en haut133, de l’Esprit. Tant que l’homme n’a pas cette vie, il est spirituellement mort134 et, par conséquent, il ne saurait ni voir ce qui est divin (Jean 3 : 3), ni recevoir ce qui est de l’Esprit de Dieu, car ces choses sont une folie pour lui « et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge »135. Il a bien l’intelligence nécessaire, mais elle est obscurcie (Eph. 4 : 18).

Que deviendrait-il si Dieu l’abandonnait ! Toute sa vie est dominée par ce qui concerne la vie matérielle et la sphère de l’homme animal : il aime les choses de la chair et cette affection est « inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Rom. 8 : 7). L’homme est dominé par l’âme, c’est-à-dire par ce qui se rapporte aux sens, au lieu de laisser la maîtrise à l’esprit. Il est donc appelé « homme animal ». 1 Cor. 2 : 14 dit que cet « homme animal » ne reçoit pas les choses de l’Esprit. L’adjectif « animal » (psuchikos) est employé en Jacq. 3 : 15 entre les mots « terrestre » et « diabolique » pour définir la « sagesse » de l’homme naturel. Jude 19 parle des hommes « sensuels » (psuchikos), qui n’ont pas l’esprit.

Nous avons souligné, dans le chapitre traitant du péché, la situation terrible de l’homme naturel : tendant vers le néant et ne sachant pas y arriver. Sans grâce, il serait anéanti ou soumis à un tourment indescriptible. Mais le Médiateur étant intervenu, l’homme est

133 Jean 3 : 3-8 et voir plus loin le chapitre concernant la nouvelle naissance.134 On est tenté de voir la mort spirituelle aussi en Eph. 2 : 1, 5 et Col. 2 : 13 « Vous étiez morts par vos offenses ». Les versions ne rendent pas bien le texte inspiré. Ce n’est pas la mort spirituelle du pécheur dont il est question ici, mais de la mort du croyant aux péchés. Dans ces trois textes, le grec a la même formation (« tois paraptômasin » et « tois hamartiais ») qu’en 1 Pi. 2 : 24 (« tois hamartiais ») et qu’en Rom. 6 : 2, 10, 11 ; 7 : 4 (« tè hamartia-tô nomô », singulier). Ces exemples, donnés par l’Ecriture même, montrent qu’il faut lire « morts à vos péchés », c.-à-d. par rapport à vos péchés et non pas « morts par vos péchés ». Il est du reste important de tenir compte du fait que Paul parle ici des « péchés » et non du « péché », comme en Rom. 6 : 2, etc. Nous examinerons cette question plus loin.La traduction habituelle donne encore lieu à une autre objection. « Vous étiez morts par vos offenses » est au passé. Or, le grec a le présent « Et vous, étant morts par rapport à vos offenses et à vos péchés ». Cette remarque s’applique aux trois textes Eph. 2 : 15 ; Col. 2 : 13. Personne ne pourra nier que le verbe « ontas » est au présent. Les fidèles auxquels Paul s’adresse ici ne sont pas morts par le péché, ils ont, au contraire, déjà été régénérés. Mais ils sont morts par rapport aux péchés et sont arrivés à l’état « d’homme fait », à la mesure de la stature parfaite de Christ (Eph. 4 : 13).135 1 Cor. 2 : 14. La négation est absolue par l’usage du mot grec « ou ». Voir à ce sujet p. 43.

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conservé en vie, préservé temporairement des suites entières du péché, mais esclave du mal. Son affection naturelle pour la « chair », donc pour tout ce qui concerne l’humanité adamique, le « vieil homme », est la conséquence du fait qu’Adam a déterminé sa volonté à se vouloir, plutôt que Dieu. Cette affection ne lui permet pas de se soumettre à Dieu, de L’aimer. Mais la grâce fait plus que le « sauver » temporairement du néant, elle lui donne la possibilité du salut définitif et réel. L’homme, de lui-même, ne se rend pas compte de la gravité de son état, il ne saurait voir qu’il est pécheur dans le vrai sens du mot. Et le salut n’a pas pour lui un sens bien déterminé. Il peut, cependant, être très « religieux ».

Le fait que l’homme animal ne peut pas connaître ce qui est de l’Esprit de Dieu, l’empêche de croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Car cette foi implique (Jean nous le dit dans son évangile et dans sa première épître) que nous sommes spirituellement morts dans nos péchés et que ce Jésus méprisé n’est pas venu pour nous donner une bonne morale, ou une nouvelle « religion », mais pour que nous ayons la vie spirituelle. Croire que Jésus est le Christ, demande de reconnaître que nous sommes des pécheurs et que nous avons besoin d’être sauvés. Or, l’homme naturel peut bien avoir un sentiment vague de péché et de culpabilité, mais la pleine conscience du péché ne vient que par la connaissance de ce que Dieu veut, de Sa Parole, et n’est possible que par une nouvelle naissance.

Nous ne pouvons pas accepter le sens qu’on attache souvent au verset : « Il (le Saint-Esprit) convaincra le monde en ce qui concerne le péché » (Jean 16 : 8). On voudrait lire là, que le Saint-Esprit produit, dans les non-croyants, la conviction personnelle du péché. Nous qui voyons que, loin d’être convaincu de péché, le monde rejette même l’idée de péché, devrions être prudents en interprétant ce passage de cette manière. Même le peuple élu n’a pas été convaincu ! Un examen des textes qui emploient les mots « elegkô », « elegxis », « elegmos » et « elegkos », nous montre que le sens général de « convaincre » est : donner la preuve de quelque chose136. Le sens secondaire est « reprendre ». Quand on donne la preuve d’une erreur, on peut aussi reprendre celui qui l’a commise. Rien ne permet de dire que celui qui est dans l’erreur s’en rende compte et le reconnaisse, bien qu’on le lui prouve ou qu’on le reprenne137.

Pour que l’homme puisse croire en Christ, il faut d’abord que son cœur change. Or, cela ne provient que d’une action divine : il doit être régénéré. 1 Jean 5 : 1 nous dit formellement : « Quiconque est croyant que Jésus est le Christ, a été engendré par Dieu ». Nous avons traduit aussi littéralement que possible pour montrer que le texte grec met « est croyant » au présent et « a été engendré » au parfait138. Le fait de croire que Jésus est le Christ est une preuve qu’on a été engendré par l’Esprit.

Voici encore quelques confirmations de ce fait important :

En Jean 8 : 47, le Seigneur dit qu’ils n’écoutaient pas les paroles de Dieu et ne croyaient pas qu’il était le Christ, parce qu’ils n’étaient pas de Dieu.

136 Voir p. ex. Jean 8 : 46 ; Héb. 11 : 1 « démonstration ».137 L’interprétation usuelle de Jean 16 : 8 est d’autant moins compréhensible que, loin d’amener le monde à une conviction de péché, à la repentance et à la foi, le verset 9 dit justement « parce qu’ils ne croient pas en (eis) moi ». Ceci devrait nous convaincre qu’il ne s’agit pas ici d’une « conviction » en vue de la foi, mais que l’absence de foi (malgré la venue du Saint-Esprit) était une preuve de leur péché. Sans le péché, tout le monde aurait cru « jusqu’en » Christ.138 Le grec « gegennètai » qui est un indicatif parfait. Le même mot est traduit « naquit » en Gal. 4 : 23.

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Jean 1 : 12 nous apprend qu’on ne reçoit la Lumière (c.-à-d. Christ) que si l’on est né de Dieu.

1 Cor. 12 : 3 dit : « Nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint-Esprit139.

Voilà donc quelques considérations sur ce que l’homme animal ne sait pas faire. Avant d’examiner ce qu’il peut faire, il semble bon d’insister sur l’importance de tenir compte de ces incapacités quand nous « évangélisons ». Nous ne devons pas oublier que la bonne nouvelle qui convient à ces hommes n’est pas Jésus-Christ crucifié. La prédication de la Croix est pour eux une folie (1 Cor. 1 : 18). Ils ne sauraient comprendre ni accepter ce message, et ne sont nullement responsables de leur manque de foi. Nous leur demandons l’impossible et risquons de faire du mal, car ils seront moins disposés à écouter ensuite l’évangile qui est adapté à leur position. Il est possible que certains soient touchés, dans leurs sentiments, par des considérations non spirituelles et qu’ils semblent adhérer à notre parole. Il est possible que d’autres soient effrayés par un jugement possible et heureux d’apprendre qu’il suffit de « croire » pour y échapper (sans savoir ce que cette foi implique, donc sans pouvoir croire réellement). Mais cela sera très superficiel, il n’y aura aucune conscience réelle de la gravité du péché, aucun repentir profond, aucune humiliation sincère.

Certains lecteurs seront peut-être tentés d’objecter que toutes ces considérations ne font que compliquer les choses et qu’ils préfèrent suivre, simplement, l’apôtre Paul quand il ne veut savoir autre chose que Jésus et Jésus-Christ crucifié (1 Cor. 2 : 2). Ils estiment que Dieu bénira ce message, même s’il est adressé à des non-régénérés. Cependant nous faisons humblement remarquer que Paul a fait précéder ces paroles de : « Parmi vous ». Or, à qui s’adressait-il ? Non pas à des non-croyants-en-Christ, mais à des frères de l’Eglise de Dieu qui était à Corinthe (1 Cor. 1 : 2 ; 2 : 1). Il dit même qu’ils sont sanctifiés en Jésus-Christ. Ce message de Christ crucifié n’était proclamé que par Paul. Ni Jean, ni les autres apôtres de la circoncision n’en ont parlé, bien qu’ils s’adressassent à des croyants-en-Dieu140. L’Ecriture est donc loin de dire que Jésus crucifié doit être prêché aux non-croyants.

On se rend compte ainsi qu’il est important de discerner la position spirituelle de l’homme auquel on s’adresse et de présenter l’évangile qui convient. Les distinctions que la Parole fait entre les hommes, leur foi, etc., ne servent pas seulement à occuper les théologiens, mais sont d’importance capitale dans la vie pratique.

Mais que peut donc l’homme naturel et quel est le message qui lui convient ? Nous n’avons qu’à lire ce que l’Ecriture nous dit dans des cas semblables. Quand Paul parle aux païens de Lystre, il dit :

Act. 14 : 15-17. « Vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve..., quoiqu’il n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est, en faisant

139 Voir aussi Mat. 16 : 16, 17. Nous pouvons encore noter : que l’homme naturel ne peut voir le royaume de Dieu (Jean 3 : 3) ; ne peut écouter la parole du Fils (Jean 8 : 43) ; ne peut recevoir l’Esprit de vérité (Jean 14 : 17).140 Mat. 7 : 8. On a parfois dit que les évangiles prêchaient le salut par les œuvres. La différence avec les épîtres de Paul est en effet très grande. Mais il est erroné de dire que d’une part on enseigne le salut par les œuvres et, d’autre part, le salut par la foi. L’Ecriture demande toujours des œuvres, c.-à-d. une activité conforme à la foi, à la position et aux capacités déjà reçues.

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du bien, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous donnant la nourriture avec abondance et en remplissant vos cœurs de joie. »

Paul ne fait pas tant appel à leur foi « naturelle » qu’à leur raison et, faisant allusion à ce message, il dit qu’il leur avait ouvert « la porte de la foi » (v. 27). Il n’est pas question ici de choses spirituelles, mais de Dieu, considéré comme Créateur et Dispensateur de choses visibles et matérielles. Paul est bien loin de leur parler du Christ crucifié ! Ils peuvent comprendre son langage, ils peuvent faire ce qu’il demande, car leur raison et leurs autres facultés naturelles suffisent à cela. Placés devant un tel évangile, ils sont pleinement responsables s’ils le rejettent. C’est ce que l’Apôtre nous expose encore, par exemple, dans le passage suivant :

Rom. 1 : 19-21. « Car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces. »

Il faut donc, en premier lieu, une bonne nouvelle élémentaire, que la Parole appelle un « évangile éternel », qui sera aussi proclamée par des anges, juste avant la venue du Royaume, à tous les habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et tout peuple : « Craignez Dieu, et donnez-Lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez Celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eau » (Apoc. 14 : 6, 7).

L’Ecriture nous montre donc ce que l’homme naturel peut faire : par ses dons naturels se rendre compte de l’existence du Créateur puissant et bon, et se tourner vers Lui.

Voici, en effet, comment les choses peuvent se passer. Nous avons vu que l’homme naturel ne peut pas aimer Dieu, qu’il ne peut même pas se rendre compte de son état désespéré, qu’il ne voit pas la nécessité d’un salut. Mais sa séparation d’avec Dieu produit ses effets, quoique atténués par la grâce. Il voit les conséquences de cette séparation, sans en voir la cause, et ces conséquences, chez lui et dans le monde, peuvent lui faire sentir que sa situation est mauvaise. Il peut être mis, d’une manière plus positive, sur la route du salut, quand les paroles ou les écrits d’autres hommes attirent son attention sur le Créateur. Il peut, par sa situation désespérée, ou par sa raison, ou par sa foi naturelle, être amené à se tourner vers Lui. Si l’homme est raisonnable, il doit craindre Dieu (Prov. 2 : 2-5). Il peut le craindre comme juge, car sa conscience lui dit qu’il est coupable.

La puissance du péché n’est pas suffisante pour l’empêcher complètement de faire bon usage de ses facultés. Rom. 1 : 20 est formel à ce sujet : « Ils sont donc inexcusables ». Tout être raisonnable, c’est-à-dire tout homme, peut et doit se tourner vers Dieu. Un raisonnement peut lui permettre d’atteindre beaucoup de vérités, ainsi qu’en témoignent les travaux de philosophes tels qu’Aristote et Socrate. Il peut errer de mainte façon, mais il reste que ses facultés naturelles sont suffisantes pour accepter cet évangile élémentaire, sans action spéciale de Dieu. A défaut de raisonnement, il peut aussi croire de foi naturelle et se convertir « vers » son Créateur. Dieu peut de plus lui montrer par une révélation, d’une manière précise, ce qu’Il désire de lui, comme Il l’a fait pour Israël par la « Loi ». En mettant l’homme ainsi devant des conditions impossibles à remplir par sa propre force, Dieu peut le pousser à reconnaître son péché (Rom. 3 : 20 ; 7 : 7, 13) et sa faiblesse et à avoir recours à Sa grâce.

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Certains admettront que l’homme naturel peut avoir une certaine connaissance de Dieu, mais essaieront de nier qu’il puisse se repentir et se convertir. Ils ont raison, si l’on pense à un repentir et à une tristesse « selon Dieu » (2 Cor. 7 : 9), à une repentance « jusqu’en Dieu » (Act. 20 : 21). Mais nous avons montré, dans le chapitre qui traite de la repentance et de la conversion, que l’homme peut très bien, d’une manière naturelle, se repentir et se convertir « vers » le Dieu-Créateur. Dieu désire que tous se repentent et Il pousse à la repentance (Rom. 2 : 4). Si l’homme ne se repent pas, c’est qu’il ne le veut pas.

Par l’effet de la grâce, l’homme naturel peut être amené à croire et à se convertir « vers » son Rédempteur. Il est vrai que, si l’on ne considère que l’état de l’homme seul, il est esclave du péché et il ne peut pas vouloir le bien. Mais, à cet état de choses est venu s’ajouter l’influence de la grâce. Tous peuvent répondre à l’appel de la grâce, parce que Dieu ne demande pas alors ce qui nous est impossible : faire le bien, mais simplement de se laisser libérer hors d’une situation que l’on peut reconnaître comme extrêmement mauvaise. Tout ce que l’homme doit faire, c’est utiliser ce qui lui reste d’intelligence et laisser Dieu agir. On ne peut donc pas dire que son état de perdition même l’empêche de se laisser sauver par grâce.

L’homme naturel peut donc apprendre à chercher Dieu, et celui qui cherche trouve. En faisant un bon usage de ses facultés, de ce que Dieu lui a déjà donné, il peut apprendre à s’humilier ; or Dieu fait grâce aux humbles (Prov. 3 : 34), « Il enseigne aux humbles Sa voie » (Ps. 25 : 9).

Avant de terminer, examinons quelques objections à notre manière de voir :

Rom. 3 : 11 : « Nul ne cherche Dieu ». Cela ne peut pas être pris d’une manière absolue, car ce verset serait alors contredit par plusieurs autres textes, et en particulier par Héb. 11 : 6, « le rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Rom. 3 : 11 est une citation libre de Ps. 14 : 2 « Pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu », et ce texte ne nie donc pas du tout qu’il y ait de tels gens. Le texte grec de Rom. 3 : 11 dit littéralement : « pas est juste pas-même un, pas est celui qui est intelligent, pas est celui qui cherche Dieu ». Il s’agit ici de la justification. Même celui qui cherche Dieu n’est pas juste, dit notre texte. La justice n’est qu’en Christ et il ne suffit pas d’être intelligent et de chercher Dieu, il faut être régénéré et croire en Christ.

Rom. 3 : 12 : « Il n’en est aucun qui fasse le bien ». Il suffit de remarquer que « bien » est la traduction de « krestotès », rendu habituellement par « bonté », et attribué seulement à Dieu et à ceux qui sont en Christ. Il ne s’agit pas des mots « agathos » ou « kalos », qui expriment un bien relatif, naturel. Barnabas était un homme de bien (agathos), Act. 11 : 24. L’homme naturel peut faire ce qui est bien dans sa sphère, c’est-à-dire ce qu’il est capable de faire par les dons de Dieu, dont il jouit dans sa position. Il peut ainsi reconnaître Dieu dans la création.

A ce propos, nous pouvons aussi citer Rom. 7 : 18 « Ce qui est bon (agathos) n’habite pas en moi ». Le verbe « habiter » indique une présence habituelle. Ce qui est bon n’existe pas habituellement dans la chair, mais ceci n’empêche pas que certaines choses, relativement bonnes, s’y trouvent occasionnellement.

Rom. 3 : 23 : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ». Que veut dire le mot grec, traduit par « privés » ? Nous le trouvons encore en Héb. 12 : 15 « Veillez à ce que

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nul ne se prive de la grâce de Dieu ». Le verbe « se priver » ne peut pas indiquer une absence totale ; aussi Darby traduit-il par « manque ».

Rom. 5 : 6 « Lorsque nous étions encore sans force ». S’agit-il d’une privation totale de force ? Le mot « asthenes » est le plus souvent traduit par « malade », « faible », « infirme » et n’indique jamais une absence totale de forces.

Gen. 6 : 5 : « L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur toute la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient, chaque jour, uniquement vers le mal ». Il s’agit des hommes avant le déluge. Noé était par contre, « un homme juste et intègre ». Or, nous sommes de la postérité de Noé, et le moins qu’on puisse dire, c’est que Gen. 6 : 5 ne s’applique pas à nous.

L’homme ne sait pas se sauver lui-même, mais il peut faire usage des capacités qu’il a reçues et ainsi, se laisser sauver par Dieu. Tout en ne pouvant rien par lui-même, l’homme est, à tout moment, responsable de ne pas résister à Dieu, de faire bon usage de ce que Dieu lui permet et de sortir du péché et de l’imperfection. L’homme naturel ne sait pas satisfaire à la loi, mais il peut ne pas résister à la grâce que Dieu veut lui donner pour arriver à faire ce qu’Il demande. Nous concilions ainsi l’impuissance complète de l’homme et sa pleine responsabilité.

Faisons encore remarquer qu’il est très important que les enfants reçoivent leur enseignement d’un maître croyant, qui peut leur ouvrir la « porte de la foi », à l’école, en leur montrant Dieu dans les merveilles de la création et en leur apprenant à avoir confiance dans les Ecritures. C’est à l’école et dans la famille que doit commencer l’évangélisation scripturaire, qui ne parle pas encore nécessairement du Seigneur Jésus-Christ.

D’une manière plus générale, tout ce que l’homme voit dans la création, tout ce qui se passe dans sa vie et, mieux encore, tout message spécial attirant son attention sur les merveilles de la création et la puissance du Créateur, peut le préparer à la repentance. Dieu agit ainsi extérieurement avant d’agir intérieurement. C’est Lui qui appelle l’homme, mais par l’intermédiaire des créatures.

Il y a donc, comme le dit Mat. 22 : 14, beaucoup d’appelés141. Et il y a autant de manières d’arriver qu’il y a d’hommes. Nous trouvons donc une infinie variété dans les témoignages de ceux qui sont nés de nouveau et ce serait une erreur que de vouloir prescrire un cas particulier comme exemple à suivre par tous, pour arriver à la conversion et à la vie divine.

Cet appel à la repentance sera adressé par Israël à toutes nations, d’une manière spéciale, pendant l’âge prochain (Mat. 28 : 19, 20) 142.

Les théologiens ont beaucoup discuté à propos de la prédication de l’évangile à tous les hommes. Ces discussions provenaient du fait qu’on ne distinguait pas entre les bonnes nouvelles143. Comment proclamer à tous, comme bonne nouvelle, la rémission des péchés, la croix, la justification, etc. ? Mais toute discussion cesse, dès qu’on voit que l’évangile

141 Nous renvoyons le lecteur au chapitre qui traite de l’élection pour la réponse à donner à la question « Y a-t-il un appel de Dieu « efficace », auquel l’homme ne sait pas résister (Rom. 8 : 30 ; 9 : 11, 24).142 Voir Le Plan Divin.143 Voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul.

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profitable à l’homme naturel, est autre que l’évangile convenable à celui qui s’est déjà tourné vers son Créateur, ou qui est encore plus avancé dans la voie du salut.

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Résumé

L’homme est spirituellement mort et est dominé par l’âme. Il est incapable de connaître les choses spirituelles et ne saurait donc pas croire en Christ, ni se repentir sous une motion divine ; pour cela, il doit d’abord naître de l’Esprit. Quand on est certain d’avoir à faire à un tel homme, il ne faut donc pas commencer par lui parler du Christ crucifié.

L’homme peut, par son intelligence, sa raison, se rendre compte de l’existence de Dieu comme Créateur et même se tourner vers Lui. Il est inexcusable s’il ne glorifie pas Dieu et ne Lui rend grâces.

Les enfants doivent être conduits vers cette « crainte » de Dieu qui leur ouvre la « porte de la foi ».

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X.La Nouvelle Naissance.

L’idée d’une régénération n’est pas spécifiquement « Chrétienne », n’est pas caractéristique d’une nouvelle religion que le Christ serait venu « fonder » à la place du « Judaïsme ». Sans parler de ce qu’on trouve chez les philosophes grecs, et plus tard dans les « mystères » païens, nous devons nous rendre compte que tout l’A.T. fait allusion à un changement profond dans l’homme. La plus grande partie des Ecritures hébraïques nous montre, en effet, par quel chemin Dieu a conduit Israël, le peuple élu, pour qu’il arrive à la régénération. Et ces siècles de désobéissance, de rébellion, qui l’ont conduit à rejeter son Messie, montrent aussi que Dieu ne régénère pas d’office, mais seulement quand sa créature libre se repent et se tourne vers Lui.

Voici quelques textes, qui traitent de la régénération nationale de ce peuple :

Deut. 30 : 6. « L’Eternel circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité et tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives. »

Es. 44 : 3. « Je répandrai mon esprit sur ta race. »

Jér. 24 : 7. « Je leur donnerai un cœur pour qu’ils connaissent que je suis l’Eternel. »

Jér. 31 : 33. « Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur. »

Ezéch. 11 : 19. « Je leur donnerai un même cœur et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. »

Ezéch. 18 : 31. « Faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau » (en se détournant de leurs transgressions, v. 30).

Ezéch. 36 : 25-27. « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. »

Joël 2 : 28, 29. « Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon esprit. »

Mais la régénération nationale ne va pas sans renaissance individuelle :

Ps. 51 : 12. « O Dieu ! Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé. »

Es. 57 : 15. « Je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. »

Nous avons examiné l’histoire des âges dans Le Plan Divin et nous rappelons que pendant le « siècle à venir », le quatrième âge, la création sera affranchie de la servitude de la

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corruption et aura part à la liberté de la gloire des fils de Dieu (Rom. 8 : 21). Toutes choses seront rétablies (Act. 3 : 21) et arriveront à l’état où Adam aurait dû les amener pendant le deuxième âge. Ce sera réellement une régénération mondiale 144. Par Christ, Israël occupera la terre promise en ce temps et toute la terre sera soumise à l’homme 145. Nous avons vu aussi qu’Israël a été choisi parmi les nations pour amener et parfaire cette nouvelle naissance. Les Israélites seront la lumière des nations pour ouvrir les yeux des aveugles (Es. 42 : 6 ; 49 : 6 ; Act. 13 : 47 ; Luc 2 : 32). Ils seront des témoins auprès des peuples (Es. 55 : 4, 5). Les douze apôtres d’Israël seront alors assis sur douze trônes pour conduire les douze tribus dans cette oeuvre (Mat. 19 : 28 ; 28 : 19). La loi sortira de Sion (Es. 2 : 2, 3).

La condition unique pour que le Royaume vienne sur terre a toujours été la repentance d’Israël. L’invitation à la repentance résonne dans tout l’A.T.146, est entendue dans les Evangiles147 et même pendant la période des Actes, où Pierre résume très clairement la question :

« Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes » (Act. 3 : 19-21).

Le dernier appel fut fait par Paul, tout à la fin des Actes. De tout temps, ils ont pu se convertir148, mais la masse ne le fera qu’après avoir été poussée à l’humilité par la grande tribulation (Joël 2 : 32).

Nous avons aussi montré dans Le Plan Divin comment la Pentecôte était le moment où la régénération nationale devait commencer et que cette période fut, par conséquent, caractérisée par des phénomènes visibles et par les puissances de l’éon à venir. Les prophéties de Joël commençaient alors à se réaliser (Act. 2 : 17). L’action de l’Esprit, en réponse à la repentance d’un certain nombre de Juifs, ne se bornait pas à un effet vivifiant intérieur, mais, en conformité avec cette période et le Royaume qui aurait dû commencer, s’extériorisait par des effets publics visibles à tous.

La Pentecôte était toute désignée pour ces événements, car cette fête de l’Eternel, donnée à Israël, était un symbole des prémices de la grande moisson, de la vivification qui suivrait la conversion de ce peuple.

Mais pourquoi ce commencement de régénération n’avait-il pas eu lieu plus tôt ? II fallait d’abord la mort et la résurrection149. La nouvelle naissance individuelle a existé de tout

144 Nous faisons allusion à Mat. 19 : 28, où « palingenesia » est traduit par « renouvellement de toutes choses ». Darby met « régénération ». Le même mot est employé pour la nouvelle naissance personnelle en Tite 3 : 5.145 Voir Le Plan Divin et Ps. 8. Dans tout ceci il ne s’agit que de la sphère de bénédiction terrestre. Nous pouvons prendre toutes les promesses de l’A.T. à la lettre, à condition de nous souvenir qu’il existe encore d’autres sphères de bénédiction.146 Voir p. ex. Deut. 30 : 1-10 ; Es. 55 : 3 ; Jér. 4 : 1 ; 18 : 11 ; 25 : 5 ; Ezéch. 14 : 6 ; 18 : 30-32 ; 33 : 11 ; Os. 3 : 4, 5 ; Joël 2 : 12-13 ; Zach. 1 : 3 ; Mal. 3 : 7.147 Voir p. ex. Mat. 3 : 1-3 ; 4 : 17 ; 18 : 3.148 Voir p. ex. Deut. 30 : 10-14 ; Es. 55 : 3 ; 57 : 15, 16 ; Jér. 4 : 1 ; Ezéch. 18 : 30-32 ; Zach. 1 : 3 ; Mal. 3 : 7 ; Joël 2 : 11, 13.149 Jean 16 : 7 ; 1 Pi. 1 : 3.

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temps, mais pour la régénération nationale et mondiale, il fallait attendre la résurrection du Seigneur150.

Jusqu’à présent, le nombre de régénérés est relativement très réduit. Lors de la nouvelle naissance mondiale, les masses seront atteintes, parce que l’humanité sera entrée dans la voie du salut, par le fait que Satan sera lié et qu’Israël aura pris la place que Dieu lui a choisie. N’oublions pas que nous nous trouvons encore toujours dans l’âge « mauvais », dont Satan est le Dieu, et que nous ne devons pas attendre, dans cet âge-ci, ce qui doit se réaliser dans celui qui doit venir. Ce n’est certes pas le « Christianisme » qui réussira à « étendre » le royaume dans l’âge actuel.

Comme nous avons, dans les Ecritures, tout ce qu’il faut pour voir le plan divin et la place occupée par la nouvelle naissance, ne nous exposons pas à nous entendre dire, comme à Nicodème, que nous aurions dû savoir toutes ces choses. D’autant plus que nous avons plus d’indications que lui et que nous pouvons profiter des paroles qui lui furent adressées.

« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jean 3 : 3-8)151.

150 En effet, nous avons à faire ici à un événement historique, qui se produit donc à un moment donné, qui est lié au temps. La régénération ne peut que suivre la mort et la résurrection de Christ, car c’est seulement par Lui que cette nouvelle naissance est possible. Dans le domaine de l’esprit, l’ordre chronologique n’a plus de sens, car ces choses se passent hors de l’espace et du temps. De même que la justification, la naissance d’en haut pouvait, comme chez Abraham, avoir lieu longtemps avant la réalisation historique de ce qui les rendrait possibles, c.-à-d. longtemps avant la mort et la résurrection historiques de Jésus-Christ.151 Le mot « vent » est littéralement : « esprit ». Remarquons que « naît d’eau et d’Esprit » est une expression idiomatique pour « naît d’eau spirituelle ». C’est l’eau « vive » dont Jean parle plus loin (Jean 4 : 10 ; 7 : 38, 39), qui est mise en contraste avec l’eau matérielle et est définie dans ces textes, comme étant « l’esprit » que recevraient ceux qui croiraient en Lui. Nous avons ici la figure de style nommée « hendiadys » (deux pour un) qui exprime la même chose par deux mots différents. Le deuxième mot est en réalité un adjectif. On trouve d’autres exemples en Mat. 3 : 11 « de saint-esprit et de feu » (c.-à-d. d’un esprit fulgurant) et en Eph. 6 : 18 « de prières et de supplications » (c.-à-d. de suppliantes prières). Jean ne parle pas de choses matérielles, mais d’actions spirituelles. Les prophètes avaient déjà parlé de cette eau (voir p. ex. Es. 4 : 4 ; Ezéch. 36 : 25-27). Le Seigneur en était la source (Jér. 2 : 13 ; 17 : 13). On peut remarquer que dans « naît d’eau et d’esprit » il n’y a pas d’article, tandis qu’au verset 8 on lit « né de l’Esprit ». Dans le premier cas, il s’agit de l’action de l’Esprit, dans le second, de l’Esprit même. Le mot « eau » peut indiquer la Parole de Dieu. Voir 1 Cor. 4 : 15 ; Jacq. 1 : 18 ; 1 Pi. 1 : 23 ; Eph. 5 : 26. (Darby traduit ce dernier verset à peu près littéralement). Des théologiens catholiques, comme Batiffol, et calvinistes, comme H. Bavinck, admettent qu’il s’agit ici de la prédication de la Parole et non d’un baptême dans de l’eau.Nous avons vu que le mot « chair » peut indiquer l’homme entier tel qu’il est né d’Adam. De même l’homme entier, considéré selon ce que l’Esprit a produit en lui, est appelé « esprit » (Mat. 26 : 41 ; Jean 3 : 6 ; Héb. 12 : 9).

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Examinons donc de plus près cette nouvelle naissance152. L’homme naturel étant séparé de Dieu, est spirituellement mort. Mais Dieu veut qu’il « soit », c’est-à-dire qu’il ait la vie divine et arrive à toute la plénitude. Or, l’homme ne saurait pas arriver à ce but par ses propres efforts. Sa mort spirituelle a pour conséquence le péché, l’obscurcissement de son intelligence, la corruption de son entendement et son cœur est impénitent, mauvais et incrédule. Il ne peut connaître les choses de l’Esprit et ne veut pas les recevoir. Ses pensées sont mauvaises dès sa jeunesse (Gen. 8 : 21). S’il a les facultés nécessaires à son salut, il ne peut s’en servir. Il ne peut pas plus faire le bien qu’un Ethiopien ne peut changer sa peau (Jér. 13 : 23). Il est donc de toute évidence qu’il faut une intervention divine, une action vivifiante de la part du Saint-Esprit, qui se traduira par une communion vitale avec Christ.

Cette nouvelle naissance n’est pas une création, car tout existe déjà ; ce n’est pas une résurrection, car cette expression ne s’applique qu’à l’homme au point de vue corporel, après sa mort153. C’est une vivification154 et une naissance spirituelle. Cette dernière est en contraste avec la naissance naturelle : on naît donc « de nouveau» et « d’en haut »155. Dans les textes de l’A.T. cités ci-dessus, nous avons vu que le cœur, dur comme une pierre, serait remplacé par un cœur normal. L’esprit séparé de Dieu serait vivifié et renouvelé. La circoncision du cœur indique sa séparation de la « chair », de ce qui caractérise l’homme pécheur. L’homme naturel s’oppose en effet au Saint-Esprit, parce que son cœur est incirconcis (Act. 7 : 51). Tous ces textes doivent être interprétés comme étant adressés à Israël, mais il y a aussi une application personnelle à tout homme156. Si nous disons que Dieu a inscrit Sa loi aussi dans nos cœurs, nous devons comprendre par là, non pas la Loi sous la forme où elle fut donnée à Israël mais plus généralement la norme divine et en particulier le fondement dont dépend toute « loi » spéciale : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée », et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mat. 22 : 37-40). Le rapport entre cette loi et la nouvelle naissance est explicitement indiqué par :

« Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu et quiconque aime celui qui l’a engendré aime aussi celui qui est né de lui » (1 Jean 5 : 1).

Quand on aime ainsi, on prend aussi plaisir à la loi de Dieu (Rom. 7 : 22), alors que, par nature, on était en inimitié avec Dieu et qu’on ne se soumettait pas à Sa loi (Rom. 8 : 7).

152 Les textes mentionnant la nouvelle naissance n’étant pas nombreux, nous les indiquons ci-après :« Palingenesia » (de nouveau-génération) Mat. 19 : 28 ; Tite 3 : 5.« Anagennaô « (naître vers en haut) 1 Pi. 1 : 3, 23.« Gennaô anôthen » (naître d’en haut ou de nouveau) Jean 3 : 3, 7.Voir aussi : « Gennaô » (naître) Jean 1 : 13 ; 3 : 5, 6, 8 ; 1 Jean 2 : 29 ; 3 : 9 ; 4 : 7 ; 5 : 1, 4, 18 ; 1 Cor . 4 : 15. « Apokueô » (engendrer) Jacq. 1 : 15, 18.A propos de Jean 1 : 13, beaucoup d’arguments justifient l’opinion qu’il s’agit de Jésus-Christ et non des « enfants de Dieu »153 Il est nécessaire de bien distinguer « anistèmi » (ressusciter) de « egirô » (réveiller) et de « zoôpoieô » (vivifier). Ces termes ne sont pas rendus fidèlement par les versions, qui ne permettent donc pas de reconnaître ce que le Saint-Esprit a voulu nous enseigner. Appeler la nouvelle naissance une résurrection, c’est dire que la résurrection est déjà arrivée. Voir ce que Paul dit à ce sujet en 2 Tim. 2 : 15-18.154 Jean 6 : 63 (zoôpoieô). Il y a vie avant la naissance. La vivification et la naissance par l’Esprit sont essentiellement des actes divins.155 Le mot grec traduit par « de nouveau » en Jean 3 : 3 veut dire littéralement « d’en haut » et est ainsi traduit au verset 31.156 Il faut cependant être prudent et ne pas s’appliquer à soi ce qui concerne le point de vue national et dispensationnel. Ainsi, la nouvelle alliance de Jér. 31 : 31 concerne la nation et est en opposition avec l’ancienne alliance avec cette même nation. La « loi » est avant tout celle que nous trouvons dans l’A.T. avec tous ses commandements et toutes ses cérémonies.

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On a la faculté de connaître, de recevoir et de vouloir les choses de l’Esprit. Il y a un renouvellement de l’homme intérieur en général (2 Cor. 4 : 16) et de l’intelligence en particulier, qui nous permet de discerner la volonté de Dieu (Rom. 12 : 2). On reçoit la lumière (Jean 1 : 12). Des ténèbres, on passe à la lumière et on devient « enfant de lumière »157. Dieu ouvre le cœur, pour qu’on soit attentif à Ses paroles (Act. 16 : 14).

A la nouvelle naissance correspond le don du « saint-esprit », c’est-à-dire une puissance que donne le Saint-Esprit (Act. 1 : 8)158. On parle alors aussi d’un baptême dans l’esprit saint (Act. 1 : 5, voir aussi 1 Cor. 12 : 13 ; Tit. 3 : 5). Cet esprit répand l’amour de Dieu dans le cœur des régénérés (Rom. 5 : 5 ; Gal. 5 : 22), agit sur la conscience (Rom. 9 : 1), donne la paix, la joie, etc. (Rom. 14 : 17 ; 15 : 13 ; Gal. 5 : 22), enseigne (1 Cor. 2 : 13). Toutes les actions peuvent être dirigées par cet esprit. Nous prions le lecteur de consulter les textes qui sont indiqués sous la division IV A de l’Appendice 2, qui traite de l’Esprit.

Héb. 6 : 4-6 est un des passages qui ont fait croire qu’un régénéré peut encore tomber, c’est-à-dire perdre son salut. Or, ces versets ne parlent pas de ceux qui sont nés d’en haut, mais de personnes qui ont seulement « goûté » le don céleste, la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir. C’est dans ce sens qu’ils « ont part » au « Saint-Esprit ». Nous avons déjà parlé de la sécurité de l’enfant de Dieu dans le chapitre de la foi (p. 72) et nous y revenons dans. l’Appendice n° 10.

La nouvelle naissance n’est pas simplement un changement dans la vie. On peut être très humanitaire, très religieux et ne pas être né de nouveau. Surtout les personnes bien éduquées, instruites et ayant depuis leur jeunesse l’habitude d’aller à l’église et de prendre part à toutes les activités « religieuses », sont exposées à croire qu’elles sont régénérées, alors qu’elles ne le sont pas. Il est parfois bon de se souvenir que le Seigneur parlait à un chef religieux des Juifs, à un docteur d’Israël, quand Il disait : « Il faut que vous naissiez de nouveau ».

La nouvelle naissance est une action divine intérieure, une vraie naissance spirituelle qui nous donne de nouvelles dispositions habituelles. Ce n’est pas une transformation, ni un changement, ni une purification de ce qui est « naturel ». C’est une nouvelle existence, dans une nouvelle sphère. Celui qui est né de la chair peut s’attacher aux sentiments religieux, aux cérémonies, mais ne saurait pas comprendre les choses de l’Esprit de Dieu.

La naissance d’en haut est donc un événement capital pour tout homme, et il est de la plus haute importance de se demander si l’on est vraiment régénéré. Nous examinerons dans un autre chapitre comment on peut s’en rendre compte.

Le mot « naissance » choisi par le Saint-Esprit, semble permettre une comparaison avec la naissance de la chair. Or, celle-ci est en somme instantanée, puisqu’on précise le jour, l’heure et même la minute. Avant ce moment précis, l’homme n’est pas encore né (quoiqu’il vive), et après, sa naissance est déjà dans le passé. Dans le cas de la naissance d’en haut, on peut de même considérer qu’à un moment donné, l’Esprit a commencé à agir et à vivifier notre homme intérieur, de telle manière que nous entrons dans une nouvelle sphère de vie. Ce moment ne nous est pas nécessairement connu, car la conscience de la nouvelle position ne peut se développer que graduellement, comme dans le cas de la vie naturelle. Celui qui,

157 Luc 16 : 8 et 1 Thes. 5 : 5. Christ est la Lumière, Jean 9 : 5, etc. Dans la sphère naturelle, la lumière (et les radiations en général) exercent une action indispensable à la vie.158 Voir appendice 2 des Enseignements de l’Apôtre Paul.

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craignant Dieu, s’est tourné vers Lui, contrit et humilié, peut être régénéré par Dieu sans rien éprouver et sans croire immédiatement « en » Christ. Mais, il suffira d’un mot, d’un témoignage, d’une lecture, pour le rendre conscient de ce qu’il est. Ce qui lui était peut-être antipathique avant, l’attire ; ce qu’il ne comprenait pas, lui semble maintenant évident ; ce qu’il ne remarquait pas, le retient. C’est ce qui fait dire à l’apôtre : « Dieu... a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ » (2 Cor. 4 : 6).

Parfois, le changement est si brusque et si violent, qu’on en gardera toujours le souvenir. C’est le moment où l’on est devenu conscient de sa naissance, mais pas nécessairement celui de sa régénération même.

Bien souvent, les apparences trompent. On a prêché Christ crucifié et certains auditeurs sont touchés. Ont-ils été régénérés sur place, pendant la réunion ? Ce n’est pas impossible159, mais souvent ils ont passé par une préparation, parfois longue, qui a amené la naissance d’en haut et le témoignage concernant la croix n’a été que l’occasion, qui les a rendus conscients de ce que Dieu avait fait en eux. On peut ainsi avoir des conversions qui semblent brusques, mais l’entrée consciente dans la nouvelle sphère peut aussi se faire d’une façon si graduelle, qu’on ne saurait dire quand elle a commencé.

Ceci nous conduit à la conception de la nouvelle naissance comme processus. Dieu a vivifié et on a commencé à vivre d’une vie spirituelle, mais il faut croître. La marche du croyant doit devenir conforme à sa nouvelle position. Aussi Paul peut-il dire : « Soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence » (Rom. 12 : 2) et « notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Cor. 4 : 16). La nouvelle vie doit conquérir tout notre être.

Dans ce sens, la nouvelle naissance peut donc durer toute la vie, aussi longtemps que nous progressons dans la voie du salut. Ce ne sera d’ailleurs pas un progrès uniforme et continu. Il y aura des trous, des abîmes, des accidents. Mais ce qui est né de l’Esprit est une force invincible, ne pèche point, n’est pas touché par le malin et permet de triompher du monde (1 Jean 5 : 4, 18). A l’homme de faire usage des possibilités que Dieu lui offre.

Tout bien considéré, il nous semble préférable, surtout en vue du parallèle avec la naissance naturelle, de regarder avant tout la nouvelle naissance comme le début de ce processus.

La naissance d’en haut ayant une telle importance pour tout homme, il nous semble utile de dire encore un mot de deux moyens radicaux pour barrer la voie du salut : 1° Dire qu’on est régénéré alors qu’on ne l’est pas, et 2° Dire qu’il ne faut pas de nouvelle naissance.

Le premier de ces obstacles a été introduit, par exemple, par l’idée que le baptême, accompli dans les conditions voulues, procure la régénération et introduit le baptisé dans « l’Eglise »160. Les baptisés étant supposés devenus ainsi enfants de Dieu, il devient logique de dire qu’ils peuvent croire en Christ, faire de bonnes œuvres, mériter un salaire. L’évangélisation des « baptisés » n’a plus de sens et le but principal des missions doit être de baptiser beaucoup de païens dans l’eau. S’il est vrai qu’un baptême dans l’eau accompagnait 159 Nous avons peut-être un exemple en Act. 16 : 14 : « Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu’elle fût attentive à ce que Paul disait ». Lydie est baptisée d’eau après cela.160 Il y a une confusion étrange du rite extérieur, du baptême de la repentance, du baptême de l’esprit, du baptême en Christ, de la régénération, de la mort avec Christ, de la nouvelle création, etc. Voir aussi la note 4 dans le chapitre « La Rémission des Péchés ».

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souvent la nouvelle naissance avant la fin des Actes, quand les cérémonies étaient encore selon la volonté de Dieu, rien ne permet de supposer que ce rite extérieur puisse régénérer.

Il est à craindre que beaucoup de mal puisse aussi être fait par un enseignement « évangélique » qui ne discerne pas assez les choses. Si l’on dit à un non-régénéré qu’il suffit de croire en Christ pour devenir enfant de Dieu et être « sauvé », il se peut que sa foi n’aille que « vers » Christ et n’embrasse que ce qui est « naturel » en Lui. Il ne s’est peut-être jamais sérieusement repenti. Entraîné par des discours éloquents et touchants, influencé par le milieu pieux, il croit et s’imagine être né d’en haut, mais en fait, il n’y a en lui aucune action divine. Il ne suffit pas non plus de croire, en général, que le Christ est le Sauveur des hommes. Tant que cette foi ne devient pas personnelle et n’est pas accompagnée d’un abandon de soi-même, d’une reconnaissance de son péché ; tant que le Christ n’est pas devenu notre Seigneur161, cette foi ne sauve pas.

Celui qui est effrayé par un jugement possible, par un enfer162, sera souvent disposé à devenir « religieux » et à faire de « bonnes oeuvres ». Il sera bien aise d’apprendre qu’il suffit de « croire » pour être sauvé, quand cette croyance ne demande pas de lui un sacrifice important. Ces personnes pourront même être très enthousiastes163 et pourront montrer des textes sur lesquels elles se basent et défier tout effort de celui qui veut leur montrer que, pour croire à salut, il est nécessaire de se convertir sérieusement, de s’humilier, de se reconnaître pécheur et, si l’on approfondit le sujet, d’être si impressionné par sa propre indignité et par la justice divine, qu’on a peut-être peine à croire que Dieu puisse pardonner. « Croyez seulement » est très scripturaire, mais il faut prendre garde à qui ces mots s’appliquent.

Nous voyons donc, qu’en nombre de cas, des hommes peuvent être arrêtés dans la voie du salut parce qu’ils croient être régénérés alors qu’ils ne le sont pas.

Le deuxième obstacle est tout aussi puissant pour empêcher les hommes d’arriver au but divin. On raisonne comme suit : l’Evangile de Jean parle des Juifs, et quand le Seigneur s’adresse au Juif Nicodème, Il dit : « Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3 : 7). Dans les autres textes également, il s’agit d’Israël. D’autre part, Paul ne parle pas de la nouvelle naissance dans ses épîtres, ce qui serait très extraordinaire si cette régénération était si importante pour tous. On conclut que nous, Gentils, n’avons rien à faire avec la naissance d’en haut et que nous passons directement à la justification164.

Ce raisonnement est complètement faux, car si l’on se rend compte du rôle qu’Israël doit jouer dans le plan divin, il est évident que la régénération devait lui être présentée avant tout165. Mais nous n’avons pas affaire ici à un événement réservé uniquement à Israël en tant que nation, mais à un événement qui concerne aussi personnellement tout homme. Avant d’être enfant, il faut naître. Ceux qui voudraient réserver la nouvelle naissance à Israël pourraient tout aussi bien dire que nous ne devons pas aimer Dieu, puisque ce commandement fait partie de la loi et qu’il n’a été présenté de nouveau explicitement comme commandement que dans les Evangiles, sous forme de paroles adressées à des Juifs. De plus, Jean ne dit pas

161 Il faut plus qu’une simple profession extérieure. Mat. 7 : 22, 23.162 Quand Dieu agit dans un homme, ce n’est pas tant le jugement que cet homme a en vue, mais l’horreur du péché. Voir Ps. 50 : 21 ; 51 : 3.163 Mat. 13 : 20 « Ils n’ont pas de racine en eux-mêmes » (v. 21). Comme il est souvent difficile de distinguer ceux-ci de ceux qui ont « une bonne terre » retournée et préparée par la vraie repentance !164 Cette attitude est peu connue en France, mais nous mettons nos lecteurs en garde.165 Voir Le Plan Divin.

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seulement « vous », mais parle plus généralement d’« un homme » (Jean 3 : 3, 5) et indique ainsi tout homme.

D’autre part, Tite 3 : 5, ne s’adresse pas uniquement à un Juif, quand ce texte dit : « Il nous a sauvés... par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit ».

Enfin, le fait que la naissance d’en haut n’est pas expressément mentionnée dans les épîtres de Paul (excepté Tit. 3 : 5) ne doit pas nous étonner, car il s’adresse toujours à des croyants qui sont déjà nés de l’Esprit166, et ont même atteint une position plus élevée.

166 Par contre, ce sont les apôtres de la circoncision (Pierre et Jean), qui restent dans la sphère terrestre, qui parlent de la nouvelle naissance. Il en est de même de Jacques.

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Résumé

L’A.T. parle d’une régénération du peuple élu, après sa repentance. Israël doit amener les autres nations à la nouvelle naissance, pendant l’âge prochain. La Pentecôte était le commencement de cette régénération d’Israël et était, par conséquent, marquée par les actes puissants et publics qui caractérisent l’âge prochain. Ne s’étant pas repenti pendant la période des Actes, le peuple a été rejeté pour un temps et la régénération n’aura lieu que dans l’avenir.

La nouvelle naissance individuelle pouvait avoir lieu de tous temps, mais n’est que l’exception pendant cet âge mauvais.

Etant spirituellement mort, l’homme naturel doit recevoir la vie divine, donc être vivifié et naître, s’il veut, un jour, connaître la plénitude de la vie divine. Par sa mort même, l’homme est incapable de se donner la vie. La nouvelle naissance est donc vraiment une naissance d’en haut, de l’Esprit, une action purement divine. L’intérieur, c’est-à-dire l’esprit et l’âme, est renouvelé. D’ennemi de Dieu, on devient capable de L’aimer. On reçoit la lumière. On est introduit dans le monde spirituel : c’est un baptême dans l’esprit.

L’homme peut être très religieux, très sentimental et très humanitaire, sans être régénéré. La naissance d’en haut n’est pas une amélioration, un changement de l’homme naturel, elle est l’introduction dans une nouvelle sphère et est d’importance capitale dans la voie du salut. Celui qui craint Dieu et se tourne vers Lui en humilité sera régénéré par Dieu. Il pourra devenir conscient de cette action divine, soit brusquement, soit graduellement, à l’occasion d’une parole entendue, d’une lecture ou autrement.

Le baptême dans l’eau est un rite qui, de même que d’autres cérémonies, convient tant qu’Israël occupe sa position de peuple élu. Ce rite ne donne pas la naissance d’en haut et n’introduit pas dans « l’Eglise ». Une prédication malhabile peut faire croire à certains qu’ils sont régénérés, alors qu’il n’y a qu’un effet tout superficiel, causé souvent par la peur d’un châtiment plutôt que par une repentance réelle.

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XI. La Rémission des Péchés

La question de la rémission ou du pardon des péchés a déjà fait l’objet de quelques remarques dans Le Plan Divin et dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul. Nous devons cependant y revenir et nous sommes en mesure de donner un peu plus de détails, maintenant que nous avons examiné, en partie, la voie du salut. Nous tâcherons, comme toujours, de suivre fidèlement les enseignements de la Parole divine167.

Une Concordance168 nous permet de trouver tous les textes employant les mots qui se rapportent à la rémission des péchés. Nous trouvons ainsi qu’il y a deux verbes grecs : « aphièmi » et « charizomai », qu’il faut bien distinguer. Comme la traduction n’est pas uniforme, nous donnons ci-dessous la plupart des textes.

Se rapporte à : Aphièmi - Aphesis Charizomai

« hamartia » (péchés)

Mat. 9 : 2, 5, 6 ; 26 : 28 ; Marc 1 : 4 ; 2 : 5, 7, 9, 10 ; 4 : 12 ; Luc 1 : 77 ; 3 : 3 ; 5 : 20, 21, 23, 24 ; 7 : 47, 48, 49 ; 11 : 4 ; 24 : 47 ; Jean 20 : 23 ; Act. 2 : 38 ; 5 : 31 ; 10 : 43 ; 13 : 38 ; 26 : 18 ;Jacq. 5 : 15 ; 1 Jean 1 : 9 ; 2 : 12.Col. 1 : 14 (concerne le passé).

« paraptôma » (offenses)

Mat 6 : 12, 14, 15 ; Marc 11 : 25, 26 ; Eph. 1 : 7 (concerne le passé).

Col. 2 : 13 (faire grâce)

« anomia » Rom. 4 : 7 (les « hamartia » sont

167 Nous n’ignorons pas les enseignements acceptés. Trop souvent, ils manquent de clarté et sont contradictoires parce qu’ils ne distinguent pas les étapes de la voie du salut. Il en résulte nécessairement des difficultés, On a beau accumuler des arguments de part et d’autre, on n’arrive pas à une solution satisfaisante parce que le problème est mal posé.La confusion entre la rémission des péchés et la justification est fort ancienne. Saint-Augustin disait déjà : « La justice des saints, dans cette vie, consiste plus en la rémission des péchés qu’en une perfection de vertu » (La Cité de Dieu, livre 19, ch. 27). Calvin professe la même opinion : « Il conjoint tellement la justice avec la rémission des péchés qu’il montre que c’est une même chose » (Inst., livre III, chap. XI, § 22).La confusion résulte sans doute de ce qu’on prend « ne pas imputer » (traduction du verbe ellogeô - compter) comme équivalent de « remettre ». Or, nous pouvons nous rendre compte par les Ecritures que le mot « remettre » indique une action provisoire, qui peut être révoquée. Par contre, « ellogeô » est définitif. Ce qui est « compté » (imputé), l’est pour toujours, tout au moins quand c’est Dieu qui « compte ». Des textes comme Rom. 4 : 8 et 2 Cor. 5 : 19 n’ont donc rien à voir avec la rémission des péchés, mais se rapportent à la justification, par laquelle les péchés ne sont plus comptés du tout et ne le seront plus jamais. (Voir plus loin la différence entre « aphièmi » et « charizomai »). 2 Cor. 5 : 19 parle de ce que Dieu a fait en Christ : la réconciliation en Christ, qui consistait ne pas compter, en Christ, les offenses aux hommes. Celui qui, par sa foi, est uni à Christ, a accepté cette réconciliation (v. 20) et est devenu justice de Dieu en Lui. S’il pèche dans sa marche, il n’est pas pardonné, mais « gracié » (charizomai).On croit aussi trouver, en Act. 13 : 38, 39, un argument pour identifier la rémission des péchés et la justification. Or, Paul ne dit pas que l’un est l’équivalent de l’autre, mais il relie les deux parties de sa phrase par « et ». Dans la voie du salut, il n’y a pas seulement la rémission, mais aussi la justification. Les paroles de David, citées par Paul en Rom. 4 : 7, 8, indiquent les deux étapes : 1° les transgressions sont remises (ceci est passé) ; 2° le péché n’est plus compté.168 Nous entendons une Concordance qui classe les textes d’après le mot grec employé. [Une concordance avec index grec, ou un logiciel du type « Bible online » et les numéros strongs].

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(transgressions) couverts).Mat. 18 : 27, 32, 35 ; Luc 17 : 3, 4 ; 23 : 34 ; Héb. 9 : 22 ; 10 : 18.

Luc 7 : 42, 43 ; 2 Cor. 2 : 7, 10 ; Eph. 4 : 32 ; Col. 3 : 13.

Laissons la Parole même préciser le sens de « aphièmi ». La parabole du serviteur impitoyable nous aidera.

« Méchant serviteur, je t’avais remis en entier ta dette, parce que tu m’en avais supplié ; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait »(Mat. 18 : 32-34).

La morale est :

« C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout cœur. »

Le verbe « aphièmi» est utilisé dans les deux phrases. C’est l’application du « sermon sur la montagne », où le même verbe est employé :

« Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » (Mat. 6 : 14, 15).

Ceci montre clairement que, selon les Ecritures, la rémission des péchés est conditionnelle et non nécessairement finale. Dieu a pitié de nous quand nous nous adressons à Lui. Il nous fait crédit, nous permet d’arriver au but. Mais si nous ne faisons pas bon usage de Ses grâces, Il nous les retire. Notons bien qu’il s’agit ici, non pas de non-croyants, mais de ceux qui croient « jusqu’en » Christ et sont donc « nés d’en haut », « enfants » de Dieu169. Ils sont pécheurs, au point de vue de leur position, et quoiqu’ils aiment faire la volonté divine, ils n’y arrivent pas habituellement : ils pèchent. Mais ils ont une ressource : confesser leur péché, se repentir, se convertir. Nous avons réuni ci-dessous quelques textes à ce sujet :

Conditions à remplir pour la rémission des péchés (aphièmi) :

Il faut la foi « jusqu’en » (eis) Christ. Mat. 9 : 2, 5, 6 ; Act. 10 : 43 ; 26 : 18.Il faut une repentance. Marc 4 : 12 ; Act. 26 : 18.II faut une conversion. Luc 3 : 3 ; 17 : 3, 4 ; 24 : 47 ; Act. 2 : 38 ; 5 : 31.Il faut pardonner aussi. Mat. 6 : 12, 14, 15 ; 18 : 35 ; Marc 11 : 25, 26 ; Luc 11 : 4.II faut confesser ses péchés. Mat. 3 : 6 ; Marc 1 : 5 ; Jacq. 5 : 16 : 1 Jean 1 : 9.Il faut aimer. Luc 7 : 47.

On voit, par ces exemples, que la Parole de Dieu est loin de dire qu’il suffit de « croire » vaguement.

169 Act. 10 : 43 et 26 : 18 et voir le tableau p. 76.

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Qu’est-ce qui permit à Dieu de pardonner ? Un des apôtres de la circoncision, en parlant à ceux qui sont nés de nouveau, nous l’explique :

« Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste. Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2 : 1, 2).

Jean parle aux Judéo-Chrétiens ; toutefois, il s’agit ici d’une chose qui ne leur est pas particulière, mais dont l’essence s’applique à tous les hommes régénérés. L’apôtre de la circoncision pense aux purifications cérémoniales170 obtenues par les victimes expiatoires et à la réalisation de cette purification par le Seigneur :

« Car, en ce jour, on fera l’expiation pour vous, afin de vous purifier ; vous serez purifiés de tous vos péchés devant l’Eternel » (Lév. 16 : 30).

« Et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7).

« Et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jean 4 : 10).

« Et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et, sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb. 9 : 22).

Les victimes de l’A.T. n’étaient que l’ombre, le Seigneur Lui-même fut la Victime réelle. La rémission des péchés pouvait être obtenue aussi bien dans l’A.T. que dans le N.T., et cela en vue du sang de notre Seigneur. Mais cette rémission n’est que provisoire. Les péchés ne sont pas enlevés, mais seulement « couverts »171. Les mots grecs « hilasmos », « hilaskomai » et « hilasterion »172 traduits par « victime expiatoire » etc. correspondent aux mots hébreux « koh-pher » et « kah-phar », dont la signification générale est : une chose qui couvre et protège173.170 La purification, c.-à-d., la rémission des péchés, était d’ailleurs représentée par des lavages, des bains ou des aspersions d’eau. Voir p. ex. Ex. 19 : 10 ; Lév. 13 : 6, 34 ; 14 : 8, 9 ; 15 : 13 ; Nombres 8 : 7, pour les lavages ; Ex. 29 : 4 ; 30 : 19-21 ; Es. 4 : 4 pour les bains, et Nombres 19 : 13, 20 ; Héb. 9 : 13 ; Ezéch. 36 : 25 pour les aspersions. Le verbe « baptizô » (baptiser) est traduit par « laver » en Marc 7 : 4, 8 (Darby) et Luc 11 : 38. Pour les Juifs, il était tout naturel que ce qui amène la rémission des péchés fût représenté par un baptême dans de l’eau (Marc 1 : 4 ; Luc 3 : 3 ; Act. 2 : 38 ; 13 : 24 ; 19 : 4). C’était le « baptême de Jean » (Act. 18 : 24 à 19 : 3). Ce baptême ne comportait que de l’eau, pas d’esprit. Il ne faisait qu’atteindre à la rémission (« pour » la rémission ; le grec emploie la préposition « eis »). Le baptême dans de l’eau existera de nouveau dans l’âge prochain, celui de la nouvelle naissance, quand Israël sera le peuple de Dieu (Mat. 28 : 19 ; Ezéch. 47). Paul, l’apôtre des Gentils, n’a pas été envoyé pour baptiser dans de l’eau (1 Cor. 1 : 17), ses messages principaux n’ont plus rapport à la rémission des péchés, ni à ce qui est terrestre et en relation avec Israël. Il dépasse la régénération.Après la glorification du Seigneur, la régénération était accompagnée du baptême de l’Esprit (Jean 7 : 39 ; Act. 1 : 5, 8 ; 5 : 32 ; 11 : 16 ; 1 Cor. 12 : 4-6, 13 ; 1 Jean 3 : 24 ; Gal. 3 : 2). Ce baptême était indépendant du baptême dans l’eau, il pouvait suivre ou précéder ce baptême (Act. 8 : 16 ; 10 : 44-48 ; 19 : 2-6). Il y avait donc deux baptêmes à ce moment. Pendant toute cette période, où le Royaume terrestre était proche, ce baptême de l’Esprit était accompagné de signes extérieurs, conformément aux caractéristiques de cette époque, prélude du Royaume. Mais ces signes ne sont qu’un incident et peuvent très bien être absents dans une autre dispensation.Quand au baptême de Rom. 6 : 3, 4 et Gal. 3 : 27, nous avons déjà vu qu’il n’avait rien à voir avec de l’eau. On a part à la mort de Christ. On est immergé dans Christ-Jésus et dans Sa mort. Après le temps des Actes, quand Paul parle de la perfection, il n’y a plus qu’un seul baptême : Eph. 4 : 5 et il n’est plus question de cérémonie.171 Voir Rom. 4 : 7 (Ps. 32 : 1).172 Luc 18 : 13 ; Rom. 3 : 25 ; Héb. 2 : 17 ; 9 : 5 ; 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10.173 Voir aussi Le Plan Divin, pp. 38 et 65.

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Paul confirme que le sang de Jésus-Christ était nécessaire pour la rémission des péchés :

« C’est lui que Dieu a destiné, par son sang, à être pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience. » (Rom. 3 : 25).

Dieu n’est pas injuste en ne punissant pas de suite les coupables, mais il use de patience, n’ayant pas décidé qu’aucun périsse, mais ayant donné à tous la capacité de se repentir174.

On se rend compte que le Seigneur est un avocat puissant, car Il a lui-même fait tout pour nous. Nos péchés ne sont pas pardonnés à la légère et ne doivent pas être traités à la légère. Celui qui se rend plus ou moins compte de l’œuvre de notre Seigneur, doit voir aussi que ces questions sont infiniment graves et qu’il y a une nécessité pressante pour les régénérés à sortir de cette position imparfaite, où ils ne peuvent pas ne pas pécher. Ne nous imaginons pas que tout ce que l’homme doit atteindre, c’est d’être régénéré. Dans cette sphère, il n’est pas encore sauvé de la puissance du péché.

Paul fait cinq fois usage du mot « aphièmi »175, mais seulement une fois dans le sens de rémission et encore est-ce une citation du Psaume 32. Il se sert deux fois du mot « aphesis »176 en se référant à une expérience du passé. Il ne parle pas de rémission des péchés, ni de confession des péchés des « fils » de Dieu ou de ceux qui appartiennent à la sphère sur-céleste.

Si l’on nous oppose quelques textes177, notre réponse sera très facile. Dans ces passages, Paul fait usage du mot « charizomai »178 que Segond a très justement traduit par : « faire grâce » en Col. 2 : 13. Il ne s’agit pas ici d’un pardon provisoire, qui peut être retiré. Aucun texte comportant ce mot n’admet ce sens179. Au contraire, la plupart montrent qu’il s’agit d’une grâce définitive, inaliénable. Nous ne citons que deux cas :

« C’est par la promesse que Dieu a fait à Abraham ce don de sa grâce » (Gal. 3 : 18).« Dieu.., lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Phil. 2 : 9).

Dès qu’on sort de l’ancienne création, qu’on est « en Christ-Jésus » , on est justifié et non plus pécheur selon sa position. Il peut arriver à ceux qui appartiennent à cette sphère céleste de pécher, mais Dieu ne « pardonne » plus, Il leur fait grâce. En effet, ils sont alors morts au péché et le vieil homme a été crucifié avec Christ, qui a été livré pour leurs « paraptôma »180 et qui est mort pour leur « hamartia »181. Il y a réconciliation, et non pas

174 2 Pi. 3 : 9. Voir note 13, p. 123.175 Rom. 1 : 27 ; 4 : 7 ; 1 Cor. 7 : 11, 12, 13.176 Eph. 1 : 7 et Col. 1 : 14.177 2 Cor. 2 : 7, 10 ; Eph. 4 : 32 ; Col. 3 : 13.178 Voir la liste p. 115.179 Voici tous les textes : Luc 7 : 21, 42, 43 ; Act. 3 : 14 ; 25 : 11, 16 ; 27 : 24 ; Rom. 8 : 32 ; 1 Cor. 2 : 12 ; 2 Cor. 2 : 7, 10 ; 12 : 13 ; Gal. 3 : 18 ; Eph. 4 : 32 ; Phil. 1 : 29 ; 2 : 9 ; Col. 2 : 13 ; 3 : 13; Philémon 22. Il est assez remarquable que ce mot n’est jamais employé avec « hamartia ».180 Rom. 4 : 25.181 1 Cor. 15 : 3 ; Gal. 1 : 4 ; Héb. 1 : 3 ; 9 : 28.

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seulement propitiation. Ni les « paraptôma », ni les « hamartia » ne sont plus imputés182. La rémission de ces péchés n’a plus de sens. Il ne peut rester que la grâce, le « charizomai » .

Peut-on alors traiter les transgressions avec insouciance ? Au contraire, pour ceux qui sont « en Christ-Jésus », ces péchés produisent nécessairement une impression si violente, qu’il serait absurde de les inviter encore à se repentir ou à confesser leurs péchés. Mais, pour qu’une telle réaction automatique se produise, il faut qu’ils soient bien conscients de leur position céleste et de la nécessité de marcher en conformité avec cette position. Il faut pour cela une connaissance des Ecritures et un contact permanent avec cette Parole divine. L’attention ne doit donc pas être fixée sur le péché ou les péchés, mais sur Christ en nous, et sur nous en Christ.

Le « fils » ne doit pas gémir et rechercher le pardon, comme après sa régénération, alors qu’il n’était qu’ « enfant », mais il doit apprendre à occuper sa position, à faire pleinement usage des grâces offertes, à marcher selon l’Esprit et à avancer énergiquement dans la voie du salut.

La justification est tout autre chose que la nouvelle naissance et que le pardon des péchés, nous l’avons déjà examiné dans nos publications antérieures, et nous le montrerons de nouveau dans le chapitre 13.

182 2 Cor. 5 : 19 ; Rom. 4 : 8.

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Résumé

Dieu pardonne aux régénérés leurs offenses quand ils se tournent humblement vers Lui et confessent leurs péchés. Mais, s’ils ne font pas bon usage de Ses grâces, Il les retire. Ce pardon provisoire s’obtient en vertu du sang du Fils, qui est une victime expiatoire, couvrant les péchés. Dieu peut ainsi laisser les péchés impunis pendant un certain temps d’essai. Dieu est patient.

La purification ou rémission des péchés était représentée pour Israël, par un lavage, un bain ou une aspersion d’eau. Ces baptêmes étaient indépendants du baptême dans l’esprit, c’est-à-dire de la régénération, et des manifestations extérieures qui pouvaient l’accompagner (pendant les Actes).

L’Ecriture est loin de faire peu de cas des péchés, qui sont si horribles que le Fils a dû donner Son sang pour qu’ils pussent être pardonnés. Il est donc important pour le régénéré de ne pas rester sous la domination du péché, mais de mourir au péché.

Paul, en parlant de ceux qui sont morts au péché, ne mentionne plus le pardon, mais la grâce. Ces « fils de Dieu » ne sont, en effet, plus des pécheurs, mais des justes selon leur position. Dieu fait grâce à ceux qui sont « en Christ-Jésus », qui sont sortis de l’ancienne création et qui sont entrés dans la sphère céleste.

Ces « fils » ont encore plus horreur du péché que les « enfants », si du moins ils se rendent bien compte de leur position céleste. Ils éviteront le péché si, par une étude approfondie des Ecritures, ils voient ce que Dieu leur demande. Leur attention ne sera plus fixée sur le péché, mais sur le Christ glorifié. Ils doivent faire usage d’une manière énergique de toutes les grâces offertes et marcher selon l’Esprit.

Tandis que la « rémission » des péchés est provisoire la « non-imputation » est définitive.

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XII. Enfants et Fils

En examinant de près ce qui a rapport à la loi, nous avons vu dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul que la régénération conduit à aimer la loi183.

L’homme, né de nouveau, est comme un petit enfant, qui jouit d’une manière encore peu consciente de sa nouvelle position. Il est heureux d’être enfant de Dieu, mais, petit à petit, il commence à se rendre compte que, quoique « sauvé », sa condition est encore loin d’être parfaite. L’état d’esprit d’un tel homme est décrit d’une manière toute particulière au septième chapitre de l’épître aux Romains184. Il prend plaisir à la loi de Dieu185, il a la volonté de faire le bien186, il est humilié et désespéré à cause du péché qui est en lui (Rom. 7 : 24). Ce sont autant de preuves qu’il est né de l’Esprit. Mais il se rend aussi compte, par expérience, qu’il ne fait pas ce qu’il veut, mais ce qu’il hait (Rom. 7 : 15, 19). Il est conscient qu’il est charnel, vendu au péché, captif de la loi du péché. Le péché, comme une puissance irrésistible, habite et agit en lui. Il fait encore et toujours partie de l’ancienne humanité, de ce qui est adamique, quoiqu’il soit déjà en contact avec la sphère de l’Esprit. Il est encore pécheur et c’est la loi qui lui montre clairement son état. Le péché est manifesté comme péché187.

Dans l’épître aux Galates, Paul traite encore de cette situation et ajoute qu’aussi longtemps que l’héritier est enfant, il ne diffère en rien d’un esclave et dépend des tuteurs et des administrateurs. L’homme né de nouveau, l’enfant de Dieu est encore sous l’esclavage des rudiments du monde, « sous » la loi et « sous » le péché. La loi est un pédagogue qui conduit à Christ188.

183 Nous entendons ici, par loi, non seulement la Loi donnée à Israël, mais en général tout commandement divin.184 De tout temps, le passage Rom. 7 : 14-25 a été un sujet de discussion. Pour les uns c’est l’homme naturel, pour les autres l’homme régénéré dont il est question. Mais comme ceux qui défendent ce dernier point de vue ne distinguent pas assez nettement entre « nouvelle naissance » et « nouvelle création », ou entre « enfant » et « fils » de Dieu, ils rencontrent beaucoup de difficultés qui découragent le croyant et annulent la valeur de ces versets pour l’avancement du croyant dans la voie du salut. Dans notre cas, tout est clair et s’explique simplement. La Parole divine garde ainsi toute son action vivifiante.Qu’il s’agisse de l’homme régénéré, cela est hors de doute pour les raisons suivantes : 1. L’entendement de l’homme non régénéré n’est pas esclave de la loi de Dieu. 2. L’homme non régénéré ne veut pas le bien et ne prend pas plaisir à la loi divine. 3. L’homme non régénéré ne se doute même pas qu’il est esclave, comment crierait-il pour être délivré ? 4. Le fait que Paul dit « en moi, c.-à-d. dans ma chair », montre qu’il y a en lui autre chose que la chair, savoir ce qui est né de l’Esprit. 5. « Ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi » ne peut pas se dire du non régénéré. Il s’agit de choses que l’homme né d’en haut ne peut pas éviter, même s’il est continuellement conscient de sa position.Mais d’autre part l’homme, dont il s’agit en Rom. 7, est encore, selon la position, charnel et esclave du péché. Il est « enfant » (1 Cor. 3 : 1 ; Gal 4 : 1) et est dominé par ce qui est né de la chair tant que le « vieil homme » n’est pas crucifié pour que soit détruit le corps du péché (Rom. 6 : 6). A celui qui est, selon sa position, mort avec Christ et libre du péché (Rom. 6 : 2-14) ne peuvent s’appliquer les expressions : « Je suis charnel, vendu au péché » (7 : 14), « je n’ai pas le pouvoir de faire le bien » (v. 18) ; « captif de la loi du péché » (v. 23), « qui me délivrera du corps de cette mort ? » (v. 24), « je suis par la chair esclave de la loi du péché » (v. 25). Il est donc impossible que Rom. 7 et Rom. 8 parlent de la même position. Il s’agit de deux positions nettement différentes, séparées par la mort avec Christ.185 Rom. 7 : 22 « Prends plaisir » est la traduction de « sunèdomai », qui n’est employé que dans ce texte. Les mots de la même famille montrent qu’il s’agit d’un plaisir intense. L’usage par les auteurs classiques le confirme.186 Rom. 7 : 18. Volonté est la traduction de « thelô », qui indique un désir intense.187 Evitons avec soin de prétendre que la loi n’intéresse pas le régénéré.

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Nous savons très bien que ces passages sont souvent appliqués à ceux qui ne sont pas encore « enfants de Dieu » , et à première vue, il semble que cette opinion soit bien fondée. Paul ne dit-il pas : « La foi venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue » ? Or, on ne peut naître de nouveau sans foi, donc... Nous reprochons à ce raisonnement de ne pas préciser ce qu’on entend par foi. Après notre examen au sujet de la foi, nous devons nous demander ce qu’embrasse la foi dont Paul parle dans ce passage. Est-ce la foi en Dieu comme Créateur ? Ou une foi qui tend vers Christ ? Ou une foi qui L’a atteint ? Consultons le texte : nous trouvons les expressions « foi de Jésus-Christ »189 et « foi en Christ-Jésus »190. La foi de Jésus-Christ n’est certes pas une foi élémentaire et la foi en Christ-Jésus est aussi une foi qui a atteint son but. L’objet n’est plus ici Jésus dans son humiliation, ou même comme Messie, mais le Fils glorifié et assis à la droite de Dieu. Et la préposition « en » indique que la foi a pleinement pris possession de l’objet. Ceci étant, on se rendra compte, que « la foi étant venue » indique une expérience qui suit la régénération, car un homme « naturel » ne saurait connaître, ni recevoir les choses de l’Esprit. L’ « enfant », l’homme régénéré, est donc encore un certain temps sous le pédagogue et ce n’est que quand il devient « fils » qu’il ne l’est plus. C’est ce que Paul dit explicitement en Gal. 4 : 7 : « Ainsi tu n’es plus esclave (c’est-à-dire enfant mineur), mais fils ». Lorsque la foi « en Christ-Jésus » est venue, on n’est plus sous le pédagogue, on est fils de Dieu.

Revenons maintenant à l’épître aux Romains. Après avoir décrit au septième chapitre l’expérience de l’enfant de Dieu, qui veut vivre en accord avec sa position, mais se sent captif de la « loi du péché », Paul arrive au huitième chapitre, à la position de fils de Dieu, où l’on est affranchi de cette loi (Rom. 8 : 2) et où la justice (c’est-à-dire les justes demandes) de la loi est accomplie en ceux qui marchent selon l’esprit (Rom. 8 : 4). L’Esprit de Dieu habite191

en eux et ils se laissent conduire par l’Esprit (Rom. 8 : 14). Ici encore Paul les nomme des « fils » de Dieu (Rom. 8 : 14), qui n’ont plus un esprit de servitude. Ils sont adoptés comme fils (Rom. 8 : 15).

Il ne faut cependant pas oublier qu’on n’occupe cette position de fils qu’en esprit, mais pas encore selon le corps. Ce n’est que lorsque notre corps sera délivré, lors du changement de celui-ci ou de la résurrection, que nous serons entièrement adoptés comme fils (Rom. 8 : 23).

Alors que les régénérés partagent déjà en esprit les privilèges de l’éon à venir (y compris la vie éonienne ou éternelle), les « fils » se trouvent dans la sphère correspondant à l’éon suivant, celui de la nouvelle création (voir Le Plan Divin pour les éons).

Avant d’examiner ceci plus en détail, nous devons rebrousser chemin et étudier ce qui accompagne le passage de la position des « enfants » à celle des fils ». D’où vient que ceux qui sont nés d’en haut, soient encore captifs de la loi du péché ? C’est qu’ils sont toujours « en Adam », qu’ils font encore partie de l’ancienne humanité, qu’ils sont encore « pécheurs » d’après leur position. Paul, qui se met à leur place, s’écrie : « Qui me délivrera du corps de cette mort ? » (Rom. 7 : 24). Et la réponse suit immédiatement : « par Jésus-Christ ». Il ne donne pas de détails en cet endroit, parce qu’il vient d’expliquer la question au sixième chapitre. Nous trouvons là, en effet, comment « le corps du péché » peut être détruit (Rom.6 : 6), afin qu’il devienne possible que le péché ne règne plus dans le corps mortel (Rom. 6 : 12). Le seul moyen, c’est de mourir. Non pas corporellement, mais en esprit et par

189 Texte grec de Gal. 3 : 22. Pour « foi » on peut lire « fidélité ».190 Gal. 3 : 26. Le texte grec dit : « en Christ-Jésus ».191 Rom. 8 : 9, 11. Bien noter que c’est le mot « habiter » qui est employé. L’Esprit n’est pas présent de temps en temps, comme chez ceux qui sont nés de nouveau, mais Il demeure d’une manière continue.

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rapport au péché (Rom. 6 : 2). Le « vieil homme » doit être crucifié (Rom. 6 : 6), c’est-à-dire que tout ce qui nous relie à Adam et à la vieille humanité doit être rompu. Nous devons quitter cette sphère et entrer franchement dans la sphère nouvelle, qui nous a été ouverte par la nouvelle naissance. Ce n’est pas l’enfant, c’est-à-dire l’homme en tant que vivifié et régénéré qui doit mourir, mais c’est l’homme encore considéré comme pécheur, comme appartenant à la vieille création. C’est parce qu’on est né de nouveau qu’on peut mourir à ce qui est ancien.

Voilà donc un message qui ne peut pas s’adresser à des hommes non régénérés. Ceux-là vivent entièrement dans la sphère « naturelle », ne connaissent rien de ce qui est de l’Esprit de Dieu. Même s’ils commencent à se rendre compte que leur état laisse beaucoup à désirer, ils tiennent à « vivre leur vie ». Ils ne connaissent comme plaisirs que ce que le monde peut leur fournir et s’ils entendent parler d’autres espérances, ils écouteront peut-être avec un certain respect, ils admireront parfois « l’héroïsme » d’un « saint », mais ils ne comprennent pas et ne sauraient être attirés vraiment par ce qui est spirituel. En supposant qu’ils puissent « mourir » au péché, ils n’auraient plus rien et leur tendance à garder ce qu’ils ont est très logique. Avant de mourir à l’ancienne humanité, il faut être né à la nouvelle.

Lorsque l’homme est né de nouveau, Dieu éclaire et agit. L’amour pour ce qui est spirituel s’amorce et le premier effet est une foi « jusqu’en » Jésus-Christ, foi qui nous met en contact avec Lui. Tout concourt alors à passer par l’expérience décrite au septième chapitre de l’épître aux Romains, et si tout se développe normalement (ce qui souvent n’est pas le cas) le croyant est poussé au désespoir par la puissance du péché qui agit encore en lui. Dans beaucoup de cas, les égarements dus à l’entourage, à la tradition, au défaut de connaissance de la Parole divine l’amèneront à combattre le péché. Ses efforts se dirigeront tantôt vers ceci, tantôt vers cela, et s’il a beaucoup de volonté et de persévérance, s’il est entouré par d’autres croyants ayant la même disposition, s’il est stimulé par des réunions et des lectures, il peut arriver à maintenir son combat pendant des années, refoulant le péché tantôt ici, tantôt là... pour se rendre compte à la fin que tous ses efforts ne donnent aucun résultat durable. Le péché est trop puissant pour être vaincu par un homme. Malheur à lui s’il s’imagine être arrivé au but, s’il s’imagine ne plus pécher. Jean a parlé de cette situation, en disant que dans ce cas on se séduit soi-même, que la vérité n’est pas en nous et que nous faisons Dieu menteur192. Tout « enfant » doit se rendre compte qu’il pèche et qu’il est encore captif de la loi du péché. Il doit apprendre à croire cela et à comprendre que tout combat est inutile, qu’il n’y a qu’une seule solution : mourir193.

Après que sa foi a atteint le Seigneur, il doit arriver à s’abandonner lui-même et tout ce qui a rapport à Adam, il doit :

être baptisé dans la mort de Jésus-Christ194,

192 1 Jean 1 : 8-10. Si Jean dit plus loin (1 Jean 3 : 9) « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché », on se rend compte, par le choix du verbe « pratiquer », qu’il s’agit d’une action continuelle, habituelle. L’enfant de Dieu aime la volonté de Dieu, désire ne pas pécher et ne « pratique » donc pas le péché. Cependant, la puissance du péché le fait souvent agir contre sa volonté. Jean ne parle pas encore du fils « affranchi ».193 Les protestants, qui parlent d’une vie victorieuse, et les adeptes de Bérulle, dans l’Eglise romaine, insistent sur cette mort avec Christ et sur la possibilité d’une victoire sur le péché. Bérulle vivait au 17ème siècle et a exercé une influence remarquable parmi les vrais croyants de l’Eglise romaine. Lui-même a sans doute été impressionné par un ouvrage, excellent dans son genre, La Grande Perle Evangélique, œuvre hollandaise ou flamande de 1602. Ce qui nous a frappé surtout, c’est que, là aussi, trois sphères de bénédiction sont distinguées. Cette division a été observée depuis par les auteurs mystiques, même jusqu’à ce jour. Ceci nous était inconnu quand nous avons commencé l’étude des enseignements de l’apôtre Paul.194 Ce baptême n’a rien de commun avec un baptême dans l’eau. Il est question ici de l’établissement d’une communion intime avec le Christ ressuscité, d’un baptême spirituel. Voir aussi Gal. 3 : 27. Ce n’est pas non plus

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être enseveli avec Lui par le baptême en Sa mort, être une plante avec Lui par la conformité à Sa mort, être crucifié pour ce qui concerne le vieil homme195,être mort avec Christ,être mort par rapport au péché et donc libre du péché196,être mis à mort en Christ (Rom. 7 : 4).

Nous reviendrons encore à ces considérations dans d’autres chapitres, mais nous faisons remarquer dès maintenant que la mort du Christ ne doit pas rester un fait qui nous soit extérieur, qu’il ne faut pas se borner à l’idée que le Christ est mort « à notre place », mais que nous devons, en esprit et par la foi, avoir part à Sa mort197. Spirituellement (donc d’une manière très réelle) nous pouvons, dès maintenant, quitter la sphère terrestre et entrer dans la sphère céleste. Après notre mort corporelle, nous serons aussi transférés corporellement du règne de la chair dans celui de l’esprit.

Plus on examine l’Ecriture et plus on se rend compte de la différence énorme entre le message des apôtres de la circoncision (tels que Pierre et Jean) et celui que Paul expose dans l’épître aux Romains, la deuxième aux Corinthiens et celle aux Galates198.

Pierre et Jean s’adressent avant tout aux Juifs pour les amener à la repentance et à la nouvelle naissance. Ceci en vue du rôle qu’Israël doit jouer dans l’âge à venir. Tout ce qui est personnel (et non national et dispensationnel) dans leur message, est aussi applicable à tous les hommes.

Paul dépasse cet enseignement et a en vue les conditions de l’âge suivant, celui de la nouvelle création. Aussi dit-il que celui qui n’est plus « en Adam », mais « en Christ-Jésus », est une « nouvelle créature »199. Cette expression « en Christ-Jésus » est souvent employée par Paul et seulement par lui200. Quand il parle des « fils » au huitième chapitre des Romains et dans l’épître aux Galates, il dit aussi que ceux-ci sont « en Christ-Jésus »201. Dans le chapitre

le baptême en « saint esprit » d’Actes 1 : 5 par lequel les régénérés recevaient la puissance appelée « saint-esprit », le don du Saint-Esprit.Le baptême de Rom. 6 n’a lieu qu’une seule fois. Par contre, on pouvait être « rempli de l’esprit » à plusieurs reprises. Voir l’appendice 2 des Enseignements de l’Apôtre Paul.D’autre part, il faut remarquer que le baptême spirituel dont il s’agit ici ne va pas plus loin que la mort. La résurrection est bien en vue, mais ce n’est encore qu’une espérance. Le baptême n’a aucun rapport direct avec la résurrection.Nous ajoutons encore que le baptême dans la mort de Jésus-Christ est un fait divin et non pas une sensation ou un acte à nous.195 Il faut noter que le verbe « crucifié » est au passif. Nous ne devons pas crucifier, mais nous devons nous laisser crucifier. Mourir est un abandon, non une action positive. C’est Dieu qui nous baptise, c.-à-d. qui nous unit à Jésus-Christ.196 Paul seul se sert de l’expression « mort au péché ».197 On voit qu’il est important que notre « théologie » soit scripturaire et personnelle. L’opinion que nous avons de la croix n’est pas indifférente, et il ne suffit pas que nous « croyions » vaguement, sans doctrine bien déterminée. Tout se tient et notre vie ne saurait être normale sans une opinion correcte de ce que les Ecritures veulent nous apprendre. Notre « théologie » doit être vivante. Et elle vivra seulement si nous restons toujours en contact avec la Parole. La tendance des Eglises vers une « unité » sans doctrine les mènera au désastre.198 Voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul.199 2 Cor. 5 : 17 ; Gal. 6 : 15. Voir le chapitre « Les Deux Hommes », dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul.200 Pierre emploie deux fois « en Christ », et Jean une fois « en son fils Jésus-Christ », mais ils ne disent jamais « en Christ-Jésus ». On trouvera, en 1 Jean 2 : 24, ce que Jean entend par demeurer « dans le Fils et dans le Père ». Voir aussi note 2, p. 245. Il faut se méfier des versions qui ne rendent pas toujours fidèlement l’original. Paul emploie environ 40 fois l’expression « en Christ-Jésus ».201 P. ex. Rom. 8 : 1 et Gal. 3 : 28. Lire dans les deux textes « en Christ-Jésus » d’après les meilleurs manuscrits.

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qui traite de la justification, nous verrons que ces « fils » ne sont plus des pécheurs, selon leur position, mais des justes. C’est, là encore, un résultat de leur mort avec Christ, de leur abandon de la sphère adamique. D’autre part, ces « fils » sont indiqués comme étant en relation avec Abraham, comme étant des « héritiers » selon la promesse202. Il ne s’agit plus ici de l’héritage du pays de Canaan, qui a rapport à la postérité terrestre, mais de l’héritage du monde203 par la postérité céleste. Il n’est plus question ici de la Jérusalem terrestre, mais de la Jérusalem d’en haut (Gal. 4 : 26 ; Héb. 12 : 22).

Comme il est important de bien distinguer la nouvelle naissance (et la sphère terrestre) de la nouvelle création (et de la sphère céleste), nous reproduisons le tableau qui a déjà été donné dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul.

SPHERE TERRESTRE SPHERE CELESTE SPHERE SUR-CELESTENouvelle naissance(Jean 1 : 13 ; 3 : 3, 7, 8 ; 1 Pi. 1 : 3, 23 ; 2 : 2).

Enfant de Dieu, esclave(Rom.8 : 15 ; Gal. 3 : 24 ; 4 :1, 9 ; 1 Jean 3 : 9, 10).

Renouvellement de l’intelligence (Rom. 12 : 2).

Sous le péché (Rom. 7 : 14).

Béni en Abraham.

Poussière de la terre(Gen. 13 : 16).

Rémission des péchés(Mat. 6 : 12, 14, 15 ; 18 : 27-35).

Couvert (1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10).

Résurrection au dernier jour(Jean 6 : 39-54).

Jérusalem terrestre (Gal. 4 : 25).

Héritent la terre (Mat. 5 : 5).

Vie éonienne terrestre (Jean 3 : 15, 16, 18 ; 1 Jean 5 : 11).

Nouvelle création (2 Cor. 5: 17 ; Gal. 6 : 15).

Fils de Dieu, libre (Rom. 8 : 14 ; Gal. 3 : 25 ; 4 : 5).

Vieil homme crucifié(Rom. 6 : 6).

Mort au péché (Rom. 6 : 2 ; 8 : 2).

Béni avec Abraham (Gal. 3 : 9, 14).

Etoiles du ciel (Gen. 15 : 4-6).

Justification (Actes 13 : 39 ; Gal. 2 : 16).

Réconcilié (Rom. 5 : 10 ; 2 Cor. 5 : 18-20).

Enlèvement (1 Thes. 4 ; 1 Cor. 15).

Jérusalem dans les cieux(Gal. 4 : 26 ; Héb. 12 : 22).

Héritent le monde (Rom.4 : 13 ; Gal. 3 : 29 ; 4 : 7).

Vie éonienne céleste(Rom. 6 : 23 ; Gal. 6 8-10 ; Tit.

1 : 2).

Nouvel homme (Eph. 4 : 24 ; Col. 3 : 10).

Homme fait (Eph. 4 : 13).

Vieil homme dépouillé (Eph. 4 : 22 ; Col. 3 : 9).

Mort aux péchés (Eph. 2 : 1, 5 ; Col. 2 : 13).

Promesse en Christ (Eph. 3 : 6).

Dans les sur-célestes (Eph. 1 : 3 ; 2 : 6).

Grâce et rédemption complète. (Eph. 4 : 32 ; 1 : 7).

Réconciliation complète. (Eph. 2 : 16 ; Col. 1 : 21).

Hors-rés. d’entre les morts. (Phil. 3 : 11 ; Col. 3 : 4).

A la droite de Dieu (Eph. 1 : 20 ; 2 : 6).

Héritage des saints (Col. 1 : 12).

Christ notre vie (Phil. 1 : 21 ; Col. 3 : 3, 4).

En terminant ce chapitre, nous voulons ajouter quelques mots pour éviter au lecteur le risque de tirer une conclusion trop hâtive quant à l’attitude du « fils de Dieu » envers le péché.

202 Rom. 4 : 13 ; Gal. 3 : 9, 14, 29 ; 4 : 7.203 Rom. 4 : 13. Voir aussi Le Plan Divin.

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S’il est mort au péché, cela ne veut pas dire qu’il ne pèche plus, mais que le péché n’a plus de pouvoir irrésistible sur lui. Il peut ne pas pécher. Mais il peut encore très bien se laisser vaincre par le péché et cela arrivera d’autant plus souvent qu’il sera moins conscient de sa position, ou plus enclin à la perdre de vue. Des notions « religieuses », mais fausses, peuvent le maintenir dans l’idée qu’il doit lutter, qu’il est encore très exposé et faible. Seule, l’Ecriture peut lui apprendre que le péché n’a point de pouvoir sur lui, qu’il est affranchi du péché (Rom. 6 : 14, 18, 22). L’apôtre insiste donc sur une marche conforme à la position « que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel et n’obéissez pas à ses convoitises... »204. Leur fruit doit être la sainteté (Rom. 6 : 22).

Mais il arrive très souvent que, par le contact avec le monde, on est distrait, on est comme attiré dans des guets-apens et l’on pèche. Si l’effet journalier de la Parole vivifiante nous manque, nous pouvons même être amenés à tenir encore, non pas au péché comme puissance et racine, mais à certains péchés. Nous sommes alors volontairement captifs de ce qui n’a plus de puissance réelle sur nous. Il y a là une action satanique, qui tend à faire de nous un objet de scandale, au lieu que nous soyons objet de gloire pour Christ-Jésus. Que l’on ne perde pas de vue, en effet, qu’il ne s’agit pas, en premier lieu, de nous-mêmes et de notre salut, mais de Dieu. Celui qui marche selon la position dans laquelle Dieu l’a placé par grâce, malgré tout ce qui tend à l’en empêcher dans le présent éon mauvais, a saisi une occasion unique pour glorifier Dieu.

Résumé

Le régénéré prend plaisir à la volonté divine, mais se rend compte qu’il ne fait pas ce qu’il veut. Il est humilié et désespéré par le péché qui est encore en lui. L’« enfant » est, en effet, captif de la loi du péché parce qu’il se trouve encore dans l’ancienne création. Pour en échapper, il doit mourir au péché. Le vieil homme doit être crucifié. Tout ce qui le relie à Adam doit être rompu. Il quitte alors la sphère terrestre, pour entrer franchement dans la sphère céleste, qui lui avait été ouverte par la nouvelle naissance. L’homme, en tant que pécheur, meurt, et l’enfant de Dieu devient fils de Dieu.

Le régénéré ne doit donc pas combattre le péché, mais mourir par rapport au péché. Il peut le faire par sa communion avec Christ. Il est baptisé, c’est-à- dire plongé dans la mort de Jésus-Christ. Le fils de Dieu est affranchi de la loi du péché et l’esprit de Dieu habite en lui, c’est-à-dire agit en lui d’une manière habituelle. Cette position est occupée en esprit, le corps n’y participera que lors du changement ou de la résurrection.

Les douze apôtres de la circoncision eurent pour mission de conduire Israël à la repentance et à la nouvelle naissance, en vue de leur mission dans l’éon prochain. Seul Paul parle de la position de « fils », qui a déjà en vue l’âge suivant, celui de la nouvelle création.

Le « fils » de Dieu peut ne pas pécher, mais peut encore se laisser vaincre par le péché. Cela arrive sur tout s’il perd de vue sa position d’affranchi, par manque de contact avec la Parole et par manque de communion pratique avec le Seigneur. Il est alors un scandale et ne glorifie certes pas Dieu.

204 Rom. 6.12 et voir aussi la suite, ainsi que Gal 5 :13-25, etc.

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XIII. La Justification

Nous avons vu que la rémission des péchés concerne celui qui, bien que régénéré, n’est pas encore mort au péché et se trouve encore dans l’ancienne humanité, dans la sphère d’Adam. Il est encore, selon sa position, pécheur, quoiqu’il puisse détester le péché et aimer ce qui est juste. Examinons maintenant de plus près ce qui concerne la justification.

Nous savons que, quand il s’agit de juger quelqu’un, il y a deux cas : ou bien l’homme est coupable, et dans ce cas, il peut être pardonné parfois (par exemple, quand il se repent) ; ou bien il n’est pas coupable, et alors, loin d’être pardonné, il est déclaré juste. Ceci montre un des aspects de la différence entre pardonner et justifier. Le pardon n’a jamais justifié quelqu’un, mais a toujours confirmé sa culpabilité.

Afin d’examiner ce que la Parole dit au sujet de la justification, nous pouvons, à l’aide de la Concordance, étudier plus particulièrement les textes contenant les mots grecs suivants :

Dikaios (juste). Ce qui est conforme à une norme.Dikaiôs (justement). D’une manière juste.Dikaiosunè (justice). La qualité de celui qui est juste.Dikaioô (justifier). Rendre ou déclarer juste205.Dikaiôsis (justification). L’acte de justifier.Dikaiôma. Le résultat.

Un examen de ces textes montre qu’il faut distinguer, en premier lieu, entre le sens absolu et le sens relatif de la justice. Quand il s’agit de Dieu et de Christ, il n’y a aucune difficulté, c’est toujours, ou presque toujours, le sens absolu. Mais quand on parle de l’homme, il faut parfois un effort pour distinguer. Qu’il faille absolument distinguer est hors de question, quand on compare des textes comme ceux-ci :

« Il n’y a point de juste » (Rom. 3 : 10).« Il fait pleuvoir sur les justes » Mat. 5 : 45).« Le juste Lot » (2 Pi. 2 : 7).

La justice absolue, c’est ce qui est exactement conforme à la norme divine et est en contraste avec « le péché », qui est contraire à cette norme. Quand les Ecritures parlent de la « justice de Dieu », on sait qu’il s’agit de la justice absolue. C’est avant tout un « attribut » de Dieu. Cette justice est parfois mise en contraste avec la « colère » de Dieu (Rom. 1 : 17, 18). Elle est révélée dans l’Evangile (Rom. 1 : 17) et est manifestée par la foi de Jésus-Christ206.

Mais cette justice peut aussi s’étendre au croyant207. Par la foi en Jésus-Christ, l’homme a, selon sa nouvelle position, part à la justice de Dieu et il est alors en Christ-Jésus,

205 Les verbes en « oô » indiquent une action déterminée par leur racine. Dans le cas présent, c’est donc rendre juste. Cependant, ce sens n’est pas utilisé dans la littérature humaine, parce qu’il est au-dessus du pouvoir humain de rendre juste. Le sens habituel est donc « déclarer juste » ou « regarder comme juste ». De même, quand les Ecritures parlent d’un homme qui « justifie », le sens est nécessairement « déclarer juste ». Voir p. ex. Prov. 17 : 15 ; Luc 7 : 29. Ce sens peut même être adopté quand Dieu agit, lorsqu’on se réfère plus particulièrement à l’impression produite sur les hommes. Voir p. ex. 1 Tim. 3 : 16206 Rom. 3 : 21, 22. Noter que le texte grec ne dit pas « foi en Jésus-Christ », mais « foi de Jésus-Christ ».

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justice de Dieu208. Paul parle alors, de la justice « qui vient de Dieu »209, en contraste avec « ma justice » et « leur propre justice » (Rom. 10 : 3).

Cette justice de Dieu peut être considérée comme une puissance qui peut agir dans l’homme, comme une sphère d’action, en opposition avec la puissance et la sphère du péché. C’est en rapport avec la justice absolue par la foi, la justice de Dieu, que Paul parle de I’Evangile comme d’une puissance de Dieu (Rom. 1 : 16, 17).

Dans les cas précédents, la justice est donc une puissance positive. Dans d’autres cas, par contre, il est encore question de la justice absolue, mais sous l’aspect négatif de « non coupable ». Ainsi, Paul passe-t-il du pardon des péchés à la justification « de toutes choses dont vous ne pouviez être justifiés par la loi de Moïse » (Act. 13 : 38, 39). Le premier effet de la mort au péché, de la crucifixion du vieil homme avec Christ est de libérer du péché. De libérer, non seulement de la puissance, mais de la culpabilité, parce que le prix a été payé par la mort de Christ et que nous avons part à cette mort par notre communion : « Car celui qui est mort, est justifié du péché »210.

Mais cet aspect négatif n’est évidemment pas le plus important. La mort avec Christ n’est que le moyen pour passer de l’ancienne humanité à la nouvelle, d’Adam à Christ, de la position de « pécheur » à celle de « juste ». On sort de la sphère terrestre et l’on entre dans la sphère céleste. La nouvelle naissance nous mettait en contact avec le monde spirituel, nous faisait connaître et aimer ce qui est de l’Esprit de Dieu, mais nous appartenions encore à la sphère du péché et l’expérience nous montrait que nous étions encore sous sa puissance. On voulait ce qui est bon, mais on ne pouvait l’exécuter.

Par la foi « en » Christ-Jésus, c’est-à-dire une foi embrassant complètement le Ressuscité, nous nous sommes entièrement abandonnés à Lui et nous sommes ainsi entrés dans une telle communion avec Lui, que Sa mort au péché est devenue notre mort. Mais, si le « corps du péché » a été ainsi détruit, si le vieil homme est ainsi crucifié, notre communion avec Lui nous fait aussi partager Sa justice, la puissance positive qui émane de Dieu. De même que Christ est ressuscité des morts par la puissance glorieuse du Père, de même cette puissance agit en nous pour nous permettre de marcher en nouveauté de vie211. La vie réelle n’est possible que dans cette nouvelle sphère. C’est ce qui était déjà dit par le prophète Habakuk « Mais le juste vivra par sa foi »212.

208 2 Cor. 5 : 21. « Nous sommes justifiés par son sang » (Rom. 5 : 9) exprime la même idée. Par « sang », Paul indique que, par la foi, on a part à Sa « mort » : le « sang » est la mort appliquée. Jésus-Christ est mort « pour » tous, mais tous ne sont pas sauvés. Ceux qui s’approprient cette mort (ce qui était représenté par l’aspersion du sang) sont justifiés.209 Phil. 3 : 9. Ce texte montre clairement qu’il ne s’agit pas ici d’une simple déclaration de justice, mais d’une chose positive et présente. « Par » est la traduction de « dia », qui, utilisé avec le génitif, veut dire : « au moyen de ».210 Rom. 6 : 7. Le texte grec dit « justifié » et non « libéré ». L’homme « mis à mort » (Rom. 7 : 4) est affranchi de la loi, Rom. 7 : 1.211 Rom. 6 : 4. La justification est liée étroitement à la résurrection des morts. En Rom. 4 : 25, lire : livré à cause de (dia, accusatif) nos offenses et est ressuscité à cause de notre « justification ». Il serait plus correct de traduire le verbe « egeirô » par réveiller (comme on le traduit couramment en Rom. 13 : 11 p. ex.) et de réserver « ressusciter » pour le verbe « anistèmi ». On est réveillé avant d’être ressuscité, ou avant de l’être complètement.212 Hab. 2 : 4 et Rom. 1 : 17 ; Gal. 3 : 11 ; Héb. 10 : 38. Le texte grec dit littéralement : « Le juste par la foi vivra ». Il semble bien que Paul ne parle pas de n’importe quel « juste », mais du « juste-par-la-foi ». C’est celui-là qui vivra vraiment.

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Afin de faciliter l’examen personnel du lecteur, nous donnons une série de textes, qui, croyons-nous, parlent de cette justice absolue à laquelle l’homme peut participer, selon sa position.

Dikaios Dikaiosunè Dikaioô Dikaiôsis DikaiômaRom. 1 : 17 ;3 : 10 ; 5 : 19 ;Gal 3 : 11 ;Héb. 10 : 38.

Rom. 3 : 21, 22 ; 4 : 3, 5, 6, 9, 11, 13, 22 ; 5 : 17, 21 ; 6 : 13, 16, 18, 19, 20 ; 8 : 10 ; 10 : 3,4, 5, 6, 10 ; 2 Cor. 3 : 9 ; 5 : 21 ; 6 : 7, 14 ; Gal. 2 : 21 ; 3 : 6, 21 ; 5 : 5 ;Eph. 4 : 24 ; 6 :14 ; Phil. 3 : 9 ;Héb. 11 : 7.

Act. 13 : 39 ;Rom. 3 : 20, 24, 26, 28, 30 ; 4 : 2, 5 ; 5 : 1, 9 ; 6 : 7 ; 8 : 30, 33Gal. 2 : 16,17 ; 3 : 8, 11, 24 ; 5 : 4 ; Tite 3 : 7.

Rom. 4 : 25 ; 5 : 18.

Rom. 5 : 16, 18.

Nous pouvons encore ajouter que l’acte de justice du Christ à la croix était pour tous et que la justification peut ainsi s’étendre à tous. Ceci est enseigné par exemple, en Rom. 5 : 18. Ce texte ne peut pas servir à défendre la réconciliation et la justification universelle. Bien que le monde soit réconcilié en Christ, chaque homme doit encore être réconcilié (2 Cor. 5 : 19, 20). De même, bien que la justification soit acquise en Christ, chaque homme, par la foi, doit devenir en Lui justice de Dieu (2 Cor. 5 : 21 ; Rom. 3 : 21, 22). On doit se soumettre à la justice de Dieu par la foi et l’invocation du nom du Seigneur (Rom.10 : 3, 4, 13).

Quant au sens relatif de la justification, il ne s’agit pas alors de la position de l’homme, mais de sa marche. Celui qui agit, dans une certaine mesure, selon les règles de son entourage, peut être appelé « juste ». Quand il s’agit des choses divines, un « juste » est alors en contraste avec un « impie » (Rom. 5 : 6, 7), c’est-à-dire avec un qui fait délibérément ce que Dieu défend. Dans ce sens relatif, un pécheur peut être « juste » quand il fait ce qu’il peut et doit faire. Nous avons pour cela l’exemple du publicain qui fut justifié par sa déclaration d’être pécheur (Luc 18 : 13). Même Lot, dont la vie était loin d’être sainte, est nommé « juste »213 quand il se distingue de son entourage corrompu.

Pour tout homme, pour tout entourage, pour toute sphère, il y a une « justice » relative correspondante. Il y a donc une « voie de la justice » (2 Pi. 2 : 21) et tous les hommes doivent rechercher la justice (2 Tim. 2 : 22). Dans n’importe quelle position, l’homme a reçu de Dieu certaines capacités qui lui permettent de marcher selon cette position ; il est donc responsable de l’utilisation de ces capacités. Il pourra, de cette manière, atteindre un certain degré de justice selon sa marche. La justice absolue ne peut être atteinte, selon la marche, que dans la sphère parfaite, celle des sur-célestes. Quand Paul parle de cette sphère dans l’épître aux Philippiens, il envisage, en effet, la possibilité d’atteindre la justice qui vient de Dieu214. Nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit pas ici de la position (car à cet égard il avait déjà atteint la 213 2 Pi. 2 : 7. Pour cette justice relative, voir aussi Rom. 2 : 13 ; Phil. 3 : 6 ; Jacq. 2 : 25.

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justification absolue) mais de la marche. Par la foi d’Abraham (c’est-à-dire une foi qui embrasse autant que celle d’Abraham), laquelle est en relation avec la sphère céleste, on peut, selon la position, atteindre la justice absolue : de pécheur on devient juste. Mais ce n’est que par la foi de Christ qu’on peut atteindre cette justice selon la marche. Le schéma ci-après pourra mieux faire saisir comment nous voyons ces choses.

Nous croyons pouvoir soutenir que les Apôtres de la circoncision (y compris Jean) n’ont jamais parlé de la justice absolue en relation avec l’homme, mais toujours d’une justice relative215. Pour nous, il n’y a donc aucune contradiction entre Jacques et Paul, quand l’un dit « l’homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement » (Jac. 2 : 24) et l’autre « l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi » (Rom. 3 : 28). Jacques parle de la justice relative et de la marche du croyant, Paul parle de la justice absolue et de la position. Paul aussi parle parfois de cette justice relative qui est en relation avec les œuvres216, mais jamais aucune œuvre ne pourra justifier quelqu’un d’une manière absolue devant Dieu (Rom. 3 : 20, etc.). Le lecteur peut encore, dans ce cas, constater qu’une simple distinction, indiquée par la Parole, évite les problèmes ardus de la théologie, et enlève à la critique destructive ses apparences d’arguments.

La controverse fondamentale entre l’Eglise Romaine et la Réformation peut aussi être tranchée. Il est bien évident qu’aucune œuvre, qu’elle soit faite en notre propre puissance (une « œuvre de la loi ») ou en celle que Dieu nous donne (une « œuvre de la foi ») ne saurait nous transporter de la sphère du vieil homme dans celle de la nouvelle création, d’Adam en Christ.

214 Phil. 3 : 9. Noter que le texte dit encore ici : « la foi de Christ ». Une communion complète avec Christ est possible dans cette sphère et Sa foi peut alors être la nôtre, c.-à-d. que notre foi peut alors embrasser autant que la sienne. C’est par cette foi de Christ que nous pouvons aussi être absolument juste selon la marche. La foi de Christ a rendu possible la justification selon la position dans la sphère céleste. (Gal. 2 : 16 ; 3 : 22. Là aussi lire « de » au lieu de « en ».) Mais dans cette sphère le croyant ne pourrait pas encore partager cette foi. Il ne pourrait pas dépasser la foi d’Abraham. Ce n’est que dans la sphère sur-céleste que le but final peut être atteint. Remarquons encore qu’au lieu de « foi de Christ » on peut lire : « fidélité de Christ ».215 Le seul texte qui pourrait faire croire le contraire est 1 Jean 3 : 7. Cependant, il est clair qu’il s’agit dans le contexte de la marche du régénéré et de la pratique de la justice. Serait-il possible de dire que quelqu’un pratique ce qui est absolument juste et est lui-même, de ce fait, absolument juste ? Les mots « comme lui-même (Jésus-Christ) est juste » réfèrent donc nécessairement aussi à ce que les hommes pouvaient voir de Christ : Sa marche, non Sa position. Voir aussi la note 205.216 Voir p. ex. Rom. 2 : 9-13 ; Eph. 5 : 9 ; Phil. 4 : 8 ; Col. 4 : 1 ; Tite 1 : 8.

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C’est là une œuvre entièrement divine. La seule condition de ce changement radical de position est notre foi « en Christ-Jésus ». Et la foi n’est pas une œuvre217. Cette foi elle-même ne peut exister sans la capacité que Dieu nous donne par la nouvelle naissance.

Mais si nous devons donc reconnaître que les grands hommes de la Réformation ont vu juste quand ils dirent que la foi seule justifie, nous ne pouvons pas accepter le sens qu’ils attachèrent d’habitude aux mots justifier et justification. Nous avons vu qu’il y a bien un sens négatif déclarer non-coupable, mais que celui-ci est tout à fait subordonné au sens positif placer dans la sphère de la justice absolue. L’homme n’est pas seulement « déclaré » juste, il l’est positivement218. Si l’on objecte que l’homme justifié n’est pourtant pas entièrement saint, la réponse est qu’il est sanctifié parfaitement, selon sa position en Christ-Jésus, mais qu’il doit le devenir pratiquement dans sa marche. Nous rappelons ce que nous avons dit dans. Le Plan Divin : l’homme doit se réaliser librement. C’est la voie du salut : devenir ce qu’il est déjà selon la position219.

217 Rom. 4 : 4, 5. En toute occasion, celui qui est loyal envers la Parole de Dieu remarque l’extrême exactitude du choix des mots. Quand ils parlent de la justification « par » la foi, les écrivains inspirés emploient toujours le mot « dia » avec le génitif et jamais avec l’accusatif. Nous sommes justifiés « par l’intermédiaire de » la foi et non « à cause de » la foi.218 On parle de la notion forensique ou juridique de la justification. Quand un homme est jugé, il est déclaré coupable ou non coupable. S’il est déclaré non coupable, c.-à-d. s’il est « justifié », il est juridiquement « juste », même si son caractère moral laisse beaucoup à désirer. Le jugement ne le rend pas juste, mais le déclare juste ; de même que le jugement ne rend pas l’homme pécheur, mais le déclare être pécheur. Cette comparaison peut impressionner, mais le lecteur attentif doit voir qu’il s’agit ici nécessairement de justice relative et de la marche du croyant. L’homme peut être innocent d’une chose et être déclaré « juste » relativement à cette chose, tout en étant coupable d’une autre. Ceci n’a rien à faire avec la justice absolue. Quand on se place devant le tribunal divin, celui qui est « déclaré » juste (au sens absolu) doit nécessairement l’être. Ceci ne concerne pas l’une ou l’autre chose, mais tout. Il s’agit alors de la justice selon la position qu’il occupe par sa communion spirituelle avec Christ.Quand on considère, non pas la justice positive, qui est en contraste avec le péché, mais la justice négative qui consiste à ne pas être coupable, on peut placer la justification en opposition avec la condamnation (Mat. 12 : 37 ; Rom. 3 : 4). On a alors le tableau suivant :

infligée êtrepeut (paideia) Une

remiseairement est temporpunitionLa

(basanos) (kolasis)

(timoria)

justice.la à même-soisatisfasse onqu'Pour

(aphesis) ou

justicela à Satisfait omi).(antapodid

vengeance"" ou

)(dikaiosis

)(katakrima

(krima) correction

TourmentChatimentPunition

Pardon

onCompensati

ionJustificat

onCondamnati

Jugement

219 Il faut bien remarquer que la justification est un fait actuel et non pas seulement futur. Le grec utilise le passé « a été justifié » et le présent « qui est justifiant ». Nous indiquons le présent de cette manière pour le distinguer de l’aoriste, qui est utilisé quand l’attention est fixée sur l’idée abstraite et non sur le temps, et qu’il faudrait

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Le juste est, en esprit, hors de la sphère du péché. Corporellement, il se trouve encore dans une sphère inférieure et présente ainsi encore un point faible. S’il est possible, dans le cas du régénéré, de dire que c’est souvent le péché qui fait le mal et non lui (Rom. 7 : 17, 20), à plus forte raison pourra-t-on dire du « fils de Dieu » qu’il ne pèche pas lui-même, mais qu’il est encore entaché du péché par son contact avec ce qui est péché.

Le lecteur s’étonne peut-être de ce que nous ne mentionnions pas l’imputation de la justice. C’est que la Parole n’en parle que deux fois (Rom. 4 : 6, 11) et que ces textes sont de peu d’importance pour le sujet que nous traitons. Le verbe grec « logizomai » veut simplement dire « compter » et rien ne nous oblige à y chercher parfois un sens « théologique » qui voudrait dire : « mettre sur le compte de quelqu’un ce qui ne lui appartient pas en propre »220. Quand Dieu « compte » la justice à quelqu’un, il la possède en propre. Tout ce qu’on peut faire comme restriction, c’est dire qu’il la possède selon la position et non selon la marche.

La théologie s’est embrouillée dans des discussions sans fin au sujet de « l’imputation » et a dit que, de même que le péché d’Adam nous est imputé, de même la justice de Christ peut nous être imputée. Or, nous avons vu dans un chapitre précédent221 que le péché propre d’Adam a certainement eu des conséquences terribles pour nous, mais que nous n’avons rien à faire avec ce péché, au point de vue personnel 222. Les Ecritures ne disent

traduire « qui justifie ».Ainsi, quand on dit de Dieu qu’Il aime, ce n’est pas le présent qu’on a en vue, mais ce qui est propre à Dieu. L’aoriste se trouve en Rom. 8 : 30 « il les a aussi justifiés », où l’idée du passé n’a rien à faire. Le lecteur d’une version, qui ne sait pas que l’aoriste est utilisé dans l’original, peut souvent avoir une fausse impression.Nous donnons quelques exemples d’aoristes :Rom. 8 : 30 : Tous les prédestinés ne sont pas encore justifiés.2 Tim. 1 : 10 : La mort n’a pas encore été abolie. Elle le sera au cinquième éon (Apoc. 21 : 4).Jean 3 : 16 : Dieu n’a pas seulement aimé dans le passé.Eph. 4 : 32 : Dieu nous fait grâce encore maintenant.Inversement, il est souvent important de savoir que le présent réel est employé. Ainsi n’y a-t-il aucune contradiction entre Jean 8 : 15 « je ne juge personne (à présent) » et Jean 5 : 22 « Il a remis tout jugement (futur) au Fils ».220 Voir la version Darby. Le contexte peut donner ce sens que le mot même n’a pas (par exemple, en Rom. 2 : 26). C’est le verbe « ellogeô » (Rom. 5 : 13, imputé ; Philémon 18) qui signifie « mettre sur le compte ». Nous trouvons six passages qui disent que la foi est « imputée » (logizomai) à (eis) justice. (Rom. 4 : 3, 5, 9, 22 ; Gal. 3 : 6 ; Jac. 2 : 23). Chaque fois il s’agit d’Abraham. Ces textes ne disent pas que la justice lui est « imputée », mais que sa foi « sur » (epi avec l’accusatif. Voir Rom. 4 : 5) celui qui justifie l’impie, c’est-à-dire Christ, lui est comptée « jusqu’en » (eis) justice. Jamais ceci n’est dit d’un autre croyant. Au contraire, quand il s’agit d’hommes qui croient « sur » (epi avec l’accusatif. Voir Rom. 4 : 24) celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur, le grec emploie le mot « mellô » avec « logizomai » : sera compté et indique donc une action future. Si le lecteur veut consulter notre tableau P. 76 il verra que la foi « sur » Dieu-Rédempteur est accompagnée de la nouvelle naissance, mais ne suffit pas pour la justification. Pour ceux qui sont régénérés, mais pas encore morts avec Christ, la justification est encore dans l’avenir, ils seront justifiés. Il y a donc une différence radicale entre Abraham et eux.Mais pourquoi Abraham fut-il justifié n’ayant qu’une foi « sur » Celui qui justifie l’impie ? Le mystère de Christ n’était pas encore connu d’Abraham comme il l’était de Paul. La foi d’Abraham ne pouvait encore embrasser Christ entièrement, il ne pouvait pas croire « en » Christ. Mais cela n’était pas de sa faute. S’il avait vécu du temps de Paul, il aurait cru « en » Christ et sa foi aurait ainsi embrassé tout ce qui était du domaine des promesses qu’il avait reçues : la sphère céleste et la justice. Sa foi « sur » est comptée comme foi « en ». Ceci ne peut pas s’appliquer à ceux qui ont connaissance de ce que Dieu a révélé et dont la foi ne s’étend pourtant que « sur » Christ et non pas « en » Lui. Cette foi ne comptera « jusqu’en » justice qu’au moment où elle se sera développée en foi « en » Christ.221 Voir le chapitre « Le Péché » et l’Appendice 5.

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absolument pas que ce péché est « mis sur notre compte. » Même nos propres péchés ne sont pas « imputés » tant que nous ne connaissons pas la norme divine223.

Ce qui est particulièrement grave dans cette idée d’imputation, c’est que tout le monde est d’accord pour admettre qu’en réalité le péché d’Adam n’est pas personnellement le nôtre. Mais alors, dans le parallèle qu’on fait avec Christ, il faut dire que Sa justice n’est pas non plus la nôtre personnellement. Et c’est ainsi qu’on est amené à dire que justifier veut dire seulement « déclarer » juste et non pas rendre juste. Comme si une déclaration de Dieu n’équivalait pas à une action réelle et comme si notre foi en Christ-Jésus n’exprimait pas une communion spirituelle telle que Sa justice soit aussi la nôtre.

Le lecteur pourra donc se rendre compte que la notion d’imputation risque d’embrouiller les choses et il voudra bien nous excuser de ne pas nous y attarder ici.

222 On peut faire le parallèle suivant : le péché d’Adam a eu pour conséquence la naissance de tous les hommes dans l’état de « pécheurs » (c’est donc la position qu’ils héritent d’Adam). Ils ne sont pas seulement « déclarés » pécheurs, mais le sont réellement selon leur position. De même tous ceux qui, par la foi, sont en communion avec Christ ont part à Sa position : la justice absolue. Ils ne sont donc pas non plus « déclarés » justes, mais le sont vraiment, selon la position.223 Rom. 5 : 13, où « imputé » est la traduction de « ellageô ».

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Nous terminons par un petit tableau qui résume quelques notions générales.

Ancienne Création Nouvelle créationNé de la chair.L’homme « animal ».Enfant de colère.

Né de l’Esprit.Nouvelle naissance.Enfant de Dieu.Captif du péché.Rémission des péchés.Sphère terrestre

« En Christ-Jésus ».Vieil homme crucifié.Fils de Dieu.Affranchi du péché (mort au péché).Justification.Sphère céleste

Note: Cette liste ne dit rien de la sphère de la perfection, qui dépasse la création et où le croyant, identifié avec Christ, peut être placé à la droite de Dieu.

Résumé

Il faut distinguer entre la justice absolue et la justice relative. La première concerne ce qui est absolument conforme à la norme divine. C’est un attribut de Dieu, qui peut s’étendre aussi au croyant par la foi en Christ-Jésus.

Cette justice absolue peut être considérée comme une puissance qui agit dans l’homme. C’est l’aspect positif. Sous son aspect négatif, la justice est l’état de celui qui n’est pas coupable. Par la foi en Christ-Jésus, c’est-à-dire une foi qui embrasse complètement le Ressuscité, ceux qui sont déjà régénérés s’abandonnent entièrement à Lui et entrent ainsi dans une telle communion avec Lui, que Sa mort au péché est leur mort. Il y a donc affranchissement du péché (justice négative). Mais ils partagent aussi Sa justice en tant que puissance positive émanant de Dieu. Cette puissance leur permet de marcher en nouveauté de vie dans la sphère céleste.

La justice relative a rapport, non à la position, mais à la marche du croyant. Celui qui agit dans une certaine mesure, selon les règles de sa position, peut être appelé « juste ». Le non-croyant, le régénéré, le « fils » de Dieu, peut être juste, s’il marche selon les capacités qu’il a reçues. Mais aucun ne peut atteindre ainsi, selon la marche, la justice absolue. L‘« homme fait », seul, placé dans la sphère sur-céleste, peut parfois atteindre cette justice selon la marche.

Seul, l’apôtre Paul parle de la justice absolue relativement à la position de l’homme. Les œuvres peuvent justifier selon la marche, mais ne peuvent pas nous procurer la justice absolue selon la position. La foi seule le peut en nous faisant participer à la justice du Fils.

L’homme né d’en haut appartient encore à l’ancienne création. L’homme justifié appartient à la nouvelle création, mais il reste encore, par son corps, en contact avec la sphère du péché.

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XIV. Mort aux Péchés

L’enfant de Dieu devient fils de Dieu par la mort au péché224. Selon sa position, il n’est plus pécheur, mais justifié. Par la régénération, il veut ce qui est bien, mais il ne sait souvent pas l’accomplir, il est encore captif du péché. L’enfant de Dieu doit mourir au péché, quitter la sphère adamique pour être affranchi. Le vieil homme doit être crucifié avec Christ. Tout lien avec Adam, excepté pour ce qui concerne le corps, est alors rompu et il y a, par contre, communion spirituelle avec le Christ glorifié et accès à la sphère céleste. L’homme est alors devenu une nouvelle créature et le Saint-Esprit agit en lui d’une manière continue.

Cependant, le juste peut encore pécher, et cela pour diverses causes : soit par ignorance, soit par oubli, soit par distraction, soit par négligence, soit par séduction.

Il doit, avant tout, être bien instruit par la Parole, pour qu’il se rende compte de sa nouvelle position. Ce n’est qu’après avoir exposé cette mort au péché, que Paul peut dire : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Christ-Jésus »225. Il est possible que certains occupent déjà la position de « fils », mais ignorent que, dès ce moment, le péché n’a plus de pouvoir absolu sur eux. Ils peuvent croire qu’ils doivent recevoir une révélation spéciale ou sentir en eux une action divine avant de pouvoir vaincre le péché. Or, une seule chose est nécessaire et suffisante : croire ce que Dieu dit dans Sa Parole. Celui dont le « vieil homme » est crucifié avec Christ n’est plus esclave du péché (Rom. 6 : 6).

Mais celui qui connaît sa position et ses privilèges, peut facilement les perdre de vue par les mille distractions de ce monde, s’il ne reste pas en contact avec les Ecritures, qui pourront, chaque jour, lui rappeler les bénédictions auxquelles il a part. Il subira d’autant plus cette action néfaste que son corps est encore dans la sphère d’Adam et que l’incirconcision de sa chair a toujours des désirs contraires à ceux de l’Esprit (Gal. 5 : 17). Il peut même se laisser séduire par certaines choses visibles et sensibles, de manière à aimer, non le péché, mais certains péchés. Selon sa position, il est affranchi ; selon sa marche, il peut se croire esclave de certains péchés. Paul même, dans cette position de justifié, avait besoin qu’un ange de Satan le soufflette pour l’empêcher de s’enorgueillir à cause de l’excellence de ses révélations (2 Cor. 12 : 7).

En résumé, le juste ne doit pas pécher, mais peut pécher et peut même tenir à certains péchés.

Nous avons montré dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul, que l’apôtre des Gentils n’a pas seulement dépassé la sphère de la régénération (dans laquelle se trouve l’enfant de Dieu) en parlant de la nouvelle création (où se trouve le « fils »), mais qu’il a atteint la perfection, la sphère sur-céleste et le Corps dont Christ est la Tête, l’Eglise du mystère.

En quelle relation avec le péché sont donc ceux qui, par grâce, ont été placés dans cette sphère parfaite ? Ils ont passé par la régénération et la mort au péché. Pour savoir si les Ecritures disent quelque chose de plus à leur sujet, il ne faut pas chercher dans ce qui a été écrit pendant la période des Actes, puisque ce mystère n’était pas encore révélé alors, mais il faut examiner les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens, qui traitent plus spécialement de la doctrine relative à la sphère sur-céleste. Le lecteur non averti, aura cependant de la peine à 224 Rom. 6 : 2, 10, 11.

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trouver une indication concernant leur position relative au péché. C’est que les versions ont été faites sous l’influence de la tradition de ceux qui ont perdu de vue les révélations spéciales de Paul. Ici, plus que jamais, il est nécessaire d’avoir recours au texte inspiré, tout en prenant bien garde de ne pas le solliciter, mais de le prendre tel qu’il est donné.

Paul a pris soin de bien définir la situation de ceux qui sont membres du Corps de Christ, vis-à-vis des péchés. Nous donnons une traduction littérale des passages qui s’y rapportent226

« Et vous, étant morts par rapport à vos offenses et à vos péchés » (Eph. 2 : 1).

« Nous aussi, étant morts par rapport aux offenses » (Eph. 2 : 5).

« Et vous, étant morts par rapport aux offenses et à l’incirconcision de votre chair » (Col. 2 : 13).

Il est question ici de tout autre chose que de la mort au péché. Pour ces « fidèles en Christ-Jésus » (Eph. 1 : 1 ; Col. 1 : 2) la mort au péché était une expérience du passé. Depuis longtemps, ils avaient dépassé cette étape dans la voie du salut. Il ne s’agit plus maintenant de la notion générale de péché, de la puissance qui rend esclaves les régénérés, mais des péchés, des actes isolés, que même les « fils » peuvent être amenés à commettre et même à aimer, malgré leur position de « justes ». Ils ne sont pas seulement morts au péché, mais en plus, morts aux péchés. Cette mort concerne aussi bien la marche que la position.

Tâchons de décrire ce qui s’est passé. Le « fils », conscient de sa position, a fait usage des capacités nouvelles que Dieu lui a données. Le Saint-Esprit l’a conduit et éclairé. L’examen de la Parole l’a maintenu en éveil et l’a chaque jour mieux initié au mystère de Christ. Il a clairement vu la réalité de sa liberté par rapport au péché et en a fait un usage pratique. Il a donné suite à l’exhortation de Paul de se regarder comme mort vis-à-vis du péché (Rom. 6 : 11). Ces questions ne sont pas de la « théologie » stérile pour lui, mais sont entrées dans sa vie même. Loin de tenir encore à certains péchés et de rester ainsi en contact avec les péchés, c’est-à-dire de vivre encore dans ces péchés, il s’est détourné d’eux : il est mort aux offenses et aux péchés. Le « fils » a appris à vivre et à marcher comme fils.

Alors s’est produit une chose merveilleuse. Après sa mort au péché, la puissance de la résurrection était déjà en vue (Rom. 6 : 5, 8, 13), mais pas encore pleinement réalisée. Il était en relation spirituelle avec Christ, dans la nouvelle création, mais il n’était pas encore dans les sphères sur-célestes. C’est seulement en Ephésiens et Colossiens que Paul dit :

« Nous aussi, étant morts par rapport à nos offenses, nous vivifie ensemble en Christ… et nous réveille227 ensemble et nous fait asseoir ensemble dans les sur-célestes en Christ-Jésus » {Eph. 2 : 5, 6).

« Et vous, étant morts par rapport aux offenses et à l’incirconcision de votre chair, il vous vivifie ensemble » (Col. 2 : 13).

226 Pour la justification de cette traduction, voir la note 2, p. 127.227 « sunegeirô ». Bien noter que le verbe « enistemi » (ressusciter) n’est pas employé. Il est réservé à ce qui concerne le corps. La résurrection est donc toujours corporelle.

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On est ainsi placé avec Christ, à la droite de Dieu dans les sur-cieux (Eph. 1 : 20). On est « accompli » (Col. 2 : 10, Darby) et « homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Eph. 4 : 13).

On n’est pas seulement entré dans la nouvelle création, mais on a atteint « l’homme nouveau » (Eph. 2 : 15). Avant cela, le « vieil homme » avait été crucifié avec Christ, selon la position ; mais selon la marche, on pouvait encore être « revêtu », c’est-à-dire faire plus ou moins habituellement ce qui a rapport au vieil homme. Ils avaient été invités à se dépouiller de ce « vieil homme » et à revêtir « l’homme nouveau » (Eph. 4 : 21-24). Maintenant cela est un fait accompli228. La mort aux péchés correspond au dépouillement du « vieil homme ». Malgré notre corps charnel nous devons prendre l’habitude d’agir en toutes choses selon notre position. De même que notre corps doit être revêtu d’habits propres, de même nous devons avoir des dispositions habituelles et nous entourer de toutes les actions qui s’accordent avec notre incorporation spirituelle dans « l’homme nouveau ». L’incirconcision de notre chair est ce qui se rapporte à Adam dans notre corps charnel. Nous ne pouvons pas quitter cela, mais nous pouvons nous en détacher spirituellement, nous pouvons mourir à cette incirconcision (Col. 2 : 13).

Le « vieil homme » peut être compris comme englobant toute l’humanité qui se trouve dans la sphère d’Adam. De même « l’homme nouveau » peut être considéré comme toute l’humanité qui se trouve dans la sphère de Christ, comme constituant ce qui a parfois été nommé le « Christ mystique ».

De même que l’ancienne création avait pour but de produire l’humanité, de même la nouvelle création a comme but de produire la nouvelle humanité. La nouvelle création est donc une préparation qui doit aboutir au nouvel homme.

Le Corps, dont Paul parle après les Actes, et qui a Christ comme Tête, est le commencement de cette nouvelle humanité, qui comprendra tous les hommes, quand Dieu sera tout en tous (1 Cor. 15 : 28).

Le petit tableau ci-dessous peut être un utile résumé :

Sphère terrestreNouvelle naissance.Enfant de Dieu (esclave).Renouvellement de l’homme intérieur.

Sphère célesteNouvelle création.Fils de Dieu (affranchi).En Christ-Jésus, le vieil homme crucifié.

Nouvel homme.

228 Col. 3 : 9, 10. Ce verset parle non seulement du vieil homme, mais aussi de ses œuvres. Il ne s’agit pas seulement du péché, mais des péchés ; pas seulement de l’arbre, mais du fruit. Il faut aussi remarquer que Paul fait usage du mot « apekduomai » qui indique un dépouillement complet.

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Sphère sur-céleste Homme fait, stature parfaite.Le vieil homme dépouillé.

La question se pose de savoir si, dans cette position parfaite, l’homme ne pèche plus. Pour répondre, il faut bien se représenter ce que veut dire vivre et mourir. Vivre, c’est se développer par un échange avec son entourage. La mort, c’est l’interruption de cet échange et l’anéantissement de la manière d’être dont il s’agit. Vivre dans les péchés indique que l’on pèche plus ou moins habituellement et qu’on se plait même dans certains péchés. Mourir aux péchés, c’est ne plus avoir de relations suivies avec ces péchés. Mais l’homme parfait en esprit, circoncis en Christ, garde encore son corps naturel. Sa chair est toujours « incirconcise », quoiqu’il soit mort par rapport à cette incirconcision229. C’est pour cette raison qu’il doit encore mourir corporellement et que son corps doit être changé et entrer dans une nouvelle manière d’être.

S’il est vrai que celui qui se trouve, selon sa position, dans la sphère sur-céleste, ne pèche plus volontairement, il peut encore très bien être surpris par sa chair et ce qui agit sur elle. Il peut, en plus, pécher maintes fois par ignorance.

De même que dans les autres positions de la voie du salut, il est essentiel de toujours avoir présent à la mémoire ce que Dieu a fait pour nous et de chercher « les choses d’en haut où Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3 : 1, 2). Il doit être et rester conscient que sa vie est cachée en Dieu (Col. 3 : 3), il ne doit pas se laisser surprendre par une action ennemie, qui pourrait l’amener à pécher. Par un examen approfondi des Ecritures, il doit toujours mieux se rendre compte de ce que Dieu veut (Col. 1 : 9) et éviter ainsi les péchés commis par ignorance.

En résumé, l’homme est placé dans une position parfaite, et il est invité à marcher en conformité avec cette position (Eph. 4 : 1 ; Col. 3 : 1). L’épître aux Philippiens traite surtout de cette marche et donne le Christ-Jésus et Paul comme exemples.

229 Col. 2 : 11, 12. Sa situation est donc essentiellement différente de celle du Seigneur et il ne peut être question pour lui d’être absolument sans péchés comme le Christ. Quoique mort au péché et aux péchés, le corps est encore dans la sphère du péché et reste un point faible sur lequel le péché et Satan peuvent opérer. Quand Christ était tenté par une créature, rien en Lui n’y répondait. Nous sommes morts, mais nous devons encore en pratique mettre à mort ce qui est mis en résonance en nous par les influences extérieures. Nous pouvons ainsi, à tout moment, glorifier Dieu en faisant usage des grâces qu’Il nous a données.

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XV. La Sanctification

L’idée fondamentale incluse dans le mot « sanctification » est celle de « séparation » ou « mise à part ». Ceci est déjà indiqué par l’A.T.230.

Cependant, la vraie sainteté, comme nous l’entendons habituellement, n’existe que dans le cas où l’on est séparé pour Dieu. Ainsi nous lisons :

« Consacre- (c.-à-d. sanctifie) moi tout premier-né, tout premier-né parmi les enfants d’Israël, tant des hommes que des animaux : il m’appartient » (Ex. 13 : 2).

Israël était une nation sainte231 dans le sens que cette nation était séparée des autres nations, et cela en vue de servir Dieu.

Il y a donc un aspect négatif : « séparé de » et un aspect positif : « séparé pour ».Parmi le peuple sanctifié, Lévi était une tribu sainte232. Dans cette tribu, il y avait une

famille sainte, celle d’Aaron et de ses fils233. Enfin, dans cette famille, il y avait un homme saint, Aaron234.

On peut dire qu’à chacune des sphères de bénédiction et de communion, correspond un degré de sainteté. Le « fils de Dieu » est en communion plus intime avec Dieu que l’« enfant » et est donc, de par sa position, plus saint. L’ « homme fait » est identifié avec Christ; il est donc parfait en sainteté de par sa position. Même pour le non-croyant-en-Christ, il y a une sanctification quand son commerce avec un croyant le met en contact avec Dieu.

Ce que nous avons ainsi de par notre position est entièrement une oeuvre de Dieu. Nous avons été sanctifiés en Christ-Jésus235. Il s’agit alors de réaliser cette sanctification par notre marche. Nous devons réellement mettre tout à la disposition de Dieu. La sanctification de par notre position doit donc avoir pour conséquence une séparation pratique de tout ce qui est péché, une tendance vers la perfection spirituelle, une marche selon la volonté de Dieu236. Nous ne pouvons pas marcher ainsi par nous-mêmes, mais parce que Dieu agit en nous. Au point de vue position, nous avons acquis la sanctification ; au point de vue marche, nous devons l’atteindre. C’est ainsi que nous devons « rechercher » la sanctification (Héb. 12 : 14). On est sanctifié journellement de plus en plus237. Nous devons l’être entièrement (1 Thes. 5 : 23). Pour cela, nous ne devons pas attendre une action spéciale de Dieu, car Il désire notre sanctification (1 Thes. 4 : 3).

230 Par exemple, Lév. 20 : 24-26 ; Jos. 20 : 7 ; Jér. 22 : 7. Ceux qui sont consacrés aux idoles, qui sont séparés en vue de les servir, sont appelés des saints ! Nos versions ne permettent pas de se rendre compte de ce fait, mais le texte hébreu emploie pour « prostitués » le même mot que pour « saints », par exemple, en Deut. 23 : 17 et 1 Rois. 14 : 24.231 Ex.19 : 6 ; Lév. 11 : 44 ; 19 : 2 ; 20 : 26 ; Deut. 7 : 6, 7.232 Deut. 10 : 8 ; Nom. 3 : 9, 10 ; 17 : 8.233 Nom. 16 : 8-10, 40 ; 18 : 1-7.234 Ex. 7 : 1.235 1 Cor. 1 : 2. Il y a en plus un processus continu de sanctification : 2 Thes. 2 : 13.236 Le mot « sanctification » est donc l’opposé de « iniquité » (Rom. 6 : 19) et de « impureté » (1 Cor. 7 : 14 ; Eph. 5 : 26 ; 2 Tim. 2 : 21 ; Héb. 9 : 13). Ceci est aussi exprimé dans les symboles de l’A.T. (par exemple, Ex. 19 : 10 ; Ezéch. 36 : 25).Pour la marche dans la sainteté, voir, par exemple, Luc 1 : 75 et 1 Pi. 1 : 15.

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L’Eglise du mystère est sanctifiée par la Parole (Eph. 5 : 26, 27). La connaissance de la Parole est, en effet, nécessaire pour que nous puissions 1) nous rendre compte de tout ce que Dieu a fait pour nous, 2) l’embrasser par la foi, 3) marcher en conformité avec notre position. Sans connaissance spirituelle, sans distinction des sphères de bénédiction, tout s’embrouille, reste vague ou semble contradictoire. Tout progrès dans la sanctification réelle doit donc se faire parallèlement à une connaissance plus correcte de là vérité.

L’aspect négatif de la sanctification est en relation avec la purification. Celui qui, d’après sa position, est séparé de ce qui est mal, est par ce fait, purifié. Mais quant à sa marche, il doit encore atteindre la purification. C’est ce qu’illustre le chapitre 19 des Nombres. De même, Jean nous dit que celui qui est lavé (position) n’a besoin de laver que ses pieds (marche) pour être entièrement pur238.

Du fait que nous sommes sanctifiés ou « séparés » pour Dieu, nous pouvons nous sanctifier du mal qui nous entoure. La sanctification négative a en vue le péché, la sanctification positive ne concerne pas le péché. C’est ainsi que le Seigneur pouvait être sanctifié (Jean 10 : 36 ; 17 : 19) et que les Ecritures sont saintes239.

La sanctification se fait en nous par le Saint-Esprit240.

Le chemin du salut est aussi la voie de la sanctification. Nous devons réaliser, par la puissance divine, la sainteté correspondant à notre position.

Ce n’est pas tant un devoir qu’un droit. Car il faut bien noter que la sanctification n’est, en fin de compte, que le résultat de notre amour pour Dieu. Et pouvoir aimer Dieu est plutôt un privilège qu’un devoir. Le péché nous empêchait de faire le bien, donc d’aimer Dieu. Nous étions esclaves. Mais Dieu a voulu nous libérer par sa grâce, afin que, par un bon usage de cette liberté, nous puissions nous libérer parfaitement et atteindre la perfection. C’est bien un don que de pouvoir mieux aimer, de progresser dans la sanctification. Quelle grâce magnifique !

Les épîtres de la captivité, qui traitent de la position parfaite en Christ, montrent particulièrement bien ce que doit être la vie spirituelle du saint.

Paul ne demande rien de moins que de devenir imitateur de Dieu et de marcher à l’exemple du Christ (Eph. 5 : 1, 2). Nous devons avoir les sentiments qui étaient en Jésus-Christ qui s’est dépouillé, s’est humilié jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2). Nous devons être purs et irréprochables (Phil. 1 : 10).

Nous sommes souvent loin de nous rendre compte que souffrir pour Christ est une grâce (Phil. 1 : 29) et que Paul regardait toutes choses comme une perte afin d’arriver à la 238 Jean 13 : 10. Jean reste toujours dans la sphère terrestre et n’envisage que la purification rituelle. Ainsi son expression « le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7), ne doit pas être prise dans le sens d’absence de péché en nous. Il s’agit de la purification symbolique, dont l’ombre était déjà connue dans l’A.T. « Vous serez purifiés de tous vos péchés » (Lév. 16 : 30 et Ex. 30 : 10 ; Héb. 9 : 13, 14).239 Le mot grec habituel pour « saint » est « hagios ». C’est ce mot que nous trouvons en Rom. 1 : 2. Mas il y a aussi le mot « hieros », traduit par « sacré » en 1 Cor. 9 : 13 et par « saint » en 2 Tim. 3 : 15. Il s’agit dans ce dernier cas, de choses consacrées à Dieu, mais qui ne sont pas pour cela nécessairement « saintes ». Ainsi « hieron » est le temple, c’est-à-dire le bâtiment consacré à Dieu ; « hieureus » est le prêtre consacré à Dieu, mais qui peut être tout le contraire de saint. Ce prêtre doit se sanctifier (par exemple, 2 Chron. 5 : 11). L’Ecriture est « sainte » et « sacrée ».240 Jean 3 ; Rom. 8 : 1, 4, 9-11 ; 1 Cor. 6 : 19 ; Gal. 4 : 6 ; Eph. 3 : 16, etc.

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communion des souffrances de Christ (Phil. 3 : 10). Suivons-nous Paul dans cette course vers la pleine connaissance de Jésus-Christ, pour gagner Christ et être trouvés en Lui, pour connaître la puissance de Sa résurrection et devenir conformes à Lui dans Sa mort, pour parvenir à la « hors-résurrection d’entre les morts », pour atteindre la perfection ? Oublions-nous ce qui est en arrière pour courir vers le but et remporter le prix ? (Phil. 3 : 7-14)

Il est clair que rien de tout cela n’est possible par nos propres efforts. C’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire (Phil. 2 : 13). C’est seulement quand nous nous abandonnons entièrement à la grâce divine que Christ sera notre vie (Col. 3 : 4) et que, quoique nous fassions, nous pourrons le faire au nom du Seigneur (Col. 3 : 17).

Si une telle vie nous semble impossible, c’est un signe que nous avons encore du chemin à parcourir dans la voie du salut et de la sanctification. Mais, si nous avons suivi Paul, nous pouvons toujours nous réjouir dans le Seigneur, ne pas nous inquiéter, jouir de la paix de Dieu. Tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, peut être l’objet de nos pensées (Phil. 4 : 8).

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XVI. La Réconciliation

Il est important de ne pas confondre l’enseignement de Paul, concernant la réconciliation, avec ce que l’A.T. nous dit de l’expiation et de la propitiation241. La notion exprimée dans l’A.T. est, en général, celle d’un sacrifice qui couvre le péché ou le pécheur, sans avoir d’efficacité réelle pour enlever le péché : « car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Héb. 10 : 4). La justice de Dieu demandait la punition, mais sa patience pouvait la suspendre provisoirement. L’arche de l’alliance était recouverte par le « propitiatoire » et celui-ci était aspergé de sang lors de la fête des expiations (Lév. 16 : 14). Ainsi, Dieu pouvait-Il « rencontrer » l’homme près de ce propitiatoire (Ex. 25 : 21, 22). C’était l’ombre de ce que le Christ a fait quand Il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint avec son propre sang (Héb. 9 : 11-15).

Les expressions grecques correspondant à cette notion sont : « hilasmos », « hilaskomai » et « hilasterion ». Nous lisons que Jésus-Christ avait été destiné par son sang à être pour ceux qui croiraient, une victime propitiatoire, afin que Dieu montre sa justice, parce qu’Il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience (Rom. 3 : 25). La propitiation concerne le régénéré et est accompagnée de la rémission des péchés (Rom. 4 : 7). Toutes deux sont provisoires.

Il est assez naturel que ces expressions soient employées par l’apôtre Jean242 en relation avec ceux auxquels il s’adresse, car il reste dans la sphère de la nouvelle naissance et ne considère le sacrifice du Christ que du côté rituel et non comme un acte auquel le croyant a part.

Quand il s’agit de réconciliation, les mots « katallassô » et « katallagè » sont employés, et on sait de suite qu’une nouvelle notion est introduite, en relation avec le message céleste de Paul, par le fait que lui seul se sert de ces mots243.

Tant que l’homme est pécheur selon sa position, Dieu doit prendre une attitude hostile. Non envers lui, mais envers le péché en lui. Pour arriver au but final et nous ramener librement vers Dieu, pour prouver son amour pour nous, Christ est mort pour nous quand nous étions encore pécheurs (Rom. 5 : 8). Ainsi, quand Dieu devait, de par sa justice, nous considérer comme des ennemis (vu notre péché), Il a fait, de par son amour et au moyen de son Fils, ce qui était indispensable pour que nous puissions être justifiés et ainsi, être en paix avec Lui : Il nous a réconciliés (Rom. 5 : 10 et 5 : 1).

Il faut bien faire attention au fait que la réconciliation est entièrement une œuvre de Dieu. Il a agi avant toute repentance ou toute foi de notre part. Cette œuvre s’est exécutée à la croix, par la mort de Christ et indépendamment de l’homme et de ce qu’il en pense ou de ce qu’il fait. Ce ne sont d’ailleurs pas quelques élus qui sont réconciliés, mais c’est tout le monde (2 Cor. 5 : 19).

241 Voir, par exemple, Ex. 29 : 33. L’hébreu « koh-pher » et « kah-phar » est traduit par rançon, expiation, propitiation, poix, village, troène, prix pour le rachat, etc. La signification générale est : une chose qui couvre et protège.242 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10. Paul fait allusion à la victime expiatoire en Rom. 3 : 25 comme à une chose du passé. De même dans l’épître aux Hébreux (2 : 17 et 9 : 5).243 Voir pour « katalassô » : Rom. 5 : 10 ; 1 Cor. 7 : 11 ; 2 Cor. 5 : 18, 19, 20 et pour « katallagè » : Rom. 5 : 11 ;

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Cela veut-il dire que tous soient justifiés et sauvés ? Nullement. Dieu a fait le nécessaire pour tous, mais chacun doit accepter cette possibilité, s’approprier cette grâce par la foi. Paul peut donc dire, en vue de cette réconciliation universelle : « nous vous en supplions au nom de Christ : soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5 : 20). Ainsi, nous voyons que la grâce règne par la justice (Rom. 5 : 21).

Du point de vue de Dieu, la réconciliation a toujours existé et a permis de justifier, de tous temps, certains hommes, tel Abraham, mais historiquement, dans le temps, elle a été accomplie à la croix et a seulement été proclamée par Paul, pendant la période des Actes, quand Israël rejetait son Messie (Rom. 11 : 15). La réconciliation fait partie des mystères que Paul a fait connaître pendant cette période (Rom. 16 : 25, 26).

La réconciliation vient après la régénération et n’est donc pas un message pour les non-croyants-en-Dieu. Le régénéré est encore pécheur, selon sa position devant Dieu, et à ce point de vue, Dieu doit garder une attitude ennemie. Mais après avoir accepté la réconciliation, étant justifié, on a la paix avec Dieu (Rom. 5 : 1).

La justification est en contraste avec le péché, la réconciliation avec l’inimitié.

Si l’on demande de préciser la signification de « accepter la réconciliation », on peut répondre que Paul se sert de cette expression en rapport avec la justification (Rom. 5 : 1, 9 ; 2 Cor. 5 : 21) et la nouvelle création (2 Cor. 5 : 17). Accepter la réconciliation, obtenue par la mort de Christ, est en liaison étroite avec la mort au péché, la mort avec Christ, le baptême en Sa mort. Et nous pouvons ainsi renvoyer le lecteur aux chapitres précédents.

Le lecteur attentif pourra nous demander pourquoi nous n’avons pas parlé des autres passages qui emploient le verbe réconcilier (Eph. 2 : 16 et Col. 1 : 20, 21). C’est parce que, dans ces passages du texte inspiré, il y a le verbe « apokatallassô » (et non « katallassô »). Il s’agit là d’une réconciliation (et d’une paix Eph. 2 : 15-17) allant plus loin et qui ne concerne plus seulement la sphère de la création, mais embrasse l’incréé. Dans la position sur-céleste dont traitent ces passages, l’homme n’est pas seulement en communion avec Christ et « fils » de Dieu, mais il est identifié avec Christ et fait partie du « nouvel homme » (Eph. 2 : 15). Il est assis, en Christ, à la droite de Dieu dans les sur-célestes, au-dessus de tout (Eph. 1 : 20, 21 ; 2 : 6). Seule, cette réconciliation complète donne accès auprès de Dieu même (Eph. 2 : 18).

Dans le cas de cette réconciliation, comme de l’autre, il s’agit de ce que Dieu fait et non pas de l’attitude de l’homme. Ici encore, c’est le Christ qui a assuré cette réconciliation complète à la croix et pour tous. Ici encore, l’homme doit accepter cette réconciliation avant d’y avoir part. Il est aussi faux de conclure de Col. 1 : 20 que tout le monde est ou sera sauvé, que de le conclure de 2 Cor. 5 : 18-20. Tous sont réconciliés (katallassô) et pleinement réconciliés (apokatallassô), mais tous n’ont pas accepté ces grâce244.

Le régénéré peut accepter la réconciliation et être justifié, le justifié peut accepter la pleine réconciliation et ainsi atteindre la perfection en position. La réconciliation est « en

244 On a parfois prétendu que « apokatallassô » signifiait l’acceptation d’être « katallassô » et que ce mot indiquait donc une réconciliation mutuelle. Or, il n’y a rien qui permette de supposer cela. Au contraire, la réconciliation mutuelle est exprimée par le mot « diallassô » utilisé en Mat. 5 : 24. Pour justifier l’idée de réconciliation universelle, il faudrait pouvoir montrer qu’un jour tous les êtres auront accepté la réconciliation. Le message de Paul n’est pas : « vous serez tous effectivement réconciliés un jour », mais : « soyez réconciliés ».

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Christ-Jésus » et pour y avoir part, il faut entrer, par la foi, en communion avec Lui, être « plongé » (baptisé) en Lui (Rom. 6 : 3).

Par analogie avec ce que nous avons vu à propos de l’acceptation de la réconciliation ordinaire, la réconciliation parfaite est en liaison étroite avec la mort aux péchés.

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XVII. Le Salut

Après avoir examiné différentes questions se rapportant à la voie du salut, on se rend compte que la notion de « salut » n’est pas aussi simple qu’on se l’imagine souvent. Maintenir le point de vue qu’il n’y a qu’un seul Evangile, une seule Foi, une seule Eglise, n’empêche pas de reconnaître qu’il y a plusieurs évangiles de même espèce, que la foi peut être plus ou moins étendue, que le nom d’église peut être appliqué à différents groupes. Il en est de même du salut. Il y a une notion générique de salut, mais il y a aussi des « saluts ». Ici encore, il importe de distinguer.

Déjà, l’A.T. parle de plusieurs saluts. Il y a la délivrance hors de la main des ennemis et il y a un salut relatif à la résurrection des morts, à la restauration du peuple élu et à la bénédiction de tous les peuples. Le premier sert de symbole à l’autre, et les deux notions tendent ainsi à se confondre245. L’A.T. présente le salut de Dieu tel qu’il se manifestera pendant l’âge à venir. Il fait, en outre, entrevoir que ce n’est là qu’un commencement.

Le N.T. complète ce que Dieu a bien voulu nous révéler, à propos de la voie du salut246. On peut être sauvé des péchés (Mat. 1 : 21), de la colère (Rom. 5 : 9) et ce salut concerne finalement toujours la mort, la résurrection et le jugement. C’est ainsi qu’on a les contrastes : périr-être sauvé247, juger-sauver248, être jugé-être condamné249, salut-mort250.

On connaît la réponse du savant Westcott à la dame qui lui demandait s’il était sauvé : « Voulez-vous dire « sôtheis », « sesôsmenos » ou « sôzomenos » ? Il y a, en effet, a distinguer entre un salut passé, un salut présent et un salut futur. S’il est vrai que certains peuvent dire qu’ils ont été sauvés, il n’en reste pas moins vrai que Paul parle aussi d’une action salvatrice continue251. Dieu ne nous a pas seulement sauvé, mais Il nous sauve252. Par sa grâce qui agit en nous, nous sommes invités à travailler à notre salut253.

Ajoutons encore que le salut, dans son essence, ne réside pas dans le fait d’être préservé d’un mal ou d’avoir part à certaines jouissances, mais dans la communion avec Dieu, donc dans notre amour pour Dieu. Il y a des distinctions dans le salut parce qu’il y a des degrés dans l’amour pour Dieu. Et nous voyons encore ici l’importance de mieux connaître ce qui nous est révélé, car nous pouvons alors mieux nous rendre compte jusqu’à quel point nous pouvons entrer en communion avec Dieu. Le Sauveur ne nous délivre pas seulement du mal, mais nous donne « l’être » par une communion avec Celui qui « est ». Quand tous auront accepté ce salut parfait, Dieu sera tout en tous.

Examinons maintenant de plus près, les « saluts » futurs.

245 Voir, par exemple, Ps. 14 : 7 ; 53 : 7 ; 68 : 20-22 ; 69 : 29-39 ; Es. 25 : 8, 9 ; 49 : 6, 8 (Luc 2 : 32, etc.) ; 51 : 6, 8 ; 52 : 7 (Rom. 10 : 15).246 Nous avons particulièrement en vue ce qui est exprimé par les mots « sôzô » (sauver), « sôteria » (salut), « sôtèrion » (salut) et « sôtèr » (sauveur).247 1 Cor. 1 : 18 ; 2 Cor. 2 : 15 ; 2 Thes. 2 : 10 ; Phil. 1 : 28 ; Jac. 4 : 12.248 Jean 3 : 17 ; 12 : 47.249 Marc 16 : 16.250 2 Cor. 7 : 10 (voir aussi 2 Cor. 2 : 15, 16).251 1 Cor. 1 : 18 utilise le présent (passif) : « nous sommes soumis à l’action salvatrice ». En anglais on dit : « we are being saved ». Il en est de même en Actes 2 : 47 et 2 Cor. 2 : 15.252 2 Tim. 1 : 9. L’aoriste indique le principe, non pas le temps. Voir note 219 p. 126.253 Phil. 2 : 12. Ne pas oublier que ceci s’adresse à ceux qui se trouvent au bout de la voie du salut. Selon la

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1. Israël et les nations pendant l’âge à venir. - Pierre parle aux Juifs de la dispersion d’un « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 Pi. 1 : 5). Il s’agit ici particulièrement, de ce qui suit la venue en gloire du Seigneur (1 Pi. 1 : 7, 13), c’est-à-dire du Royaume messianique terrestre et de la vie éonienne sur terre254. Les prophètes n’ont fait que parler de ce salut, mais l’époque leur en était inconnue (1 Pi. 1 : 10). Il s’agit ici particulièrement, du salut des « âmes »255. Les Juifs devaient croître pour ce salut (1 Pi. 2 : 2) afin d’être réellement « une race élue, un sacerdoce royal (envers les nations), une nation sainte, un peuple acquis »256. Le Christ est donc, dans ce sens spécial, le Sauveur257 de ce peuple perdu (Luc 19 : 10). Un reste sera sauvé (Rom. 9 : 27 ; Es. 19 : 22).

Ce salut est en relation avec une résurrection, qui est « l’espérance d’Israël »258. C’est la résurrection « au dernier jour » de l’âge présent259 et ces Israélites arrivent ainsi à la vie éonienne sur terre260. L’entrée dans le royaume éonien (éternel) de leur Seigneur et Sauveur pourra leur être accordée pleinement s’ils affermissent leur vocation (2 Pi. 1 : 10, 11) et ils auront alors part à la gloire éonienne du Seigneur (1 Pi. 5 : 10). Ce salut est aussi en relation avec le jugement des nations devant le trône de gloire261. Tous les régénérés doivent croître à salut par le « pur lait intellectuel » (1 Pi. 2 : 2, Darby).

2. Les justifiés. - Le salut des justifiés comporte plus que la vie éonienne sur terre. Il est question ici de « sauver parfaitement » (Héb. 7 : 25), d’un « si grand salut » (Héb. 2 : 3) et aussi d’une « meilleure résurrection »262. Le onzième chapitre des Hébreux nous dit que ce salut était déjà en vue dans les anciens temps. C’était une espérance qui n’était pas réservée aux Juifs et existait avant l’élection de cette nation. Ceux qui ont part à ce salut sont « fils » de Dieu et sont comparés aux étoiles du ciel263 et non à la poussière de la terre. Ils seront bénis avec Abraham (Gal. 3 : 9). Toute la création attend leur salut264.

3. L’Eglise qui est le Corps de Jésus-Christ. - Cette Eglise ne passe pas par la grande tribulation, et elle atteint donc son salut avant les autres croyants. C’est le salut parfait. Ceux qui font partie du Corps, paraissent avec Christ dans sa gloire (Col. 3 : 4), quand les justifiés iront à la rencontre du Seigneur (1 Thes. 4 : 17). Le corps de leur humiliation sera rendu semblable au corps glorieux du Seigneur265. Ils attendent donc aussi le Seigneur Jésus-

254 Jean 3 : 16, 17. Le « monde » sera sauvé par l’intermédiaire d’Israël.255 1 Pi. 1 : 9. Voir aussi p. 10 à propos de l’âme. Dans l’âge présent, ils doivent « perdre leur âme », car ils ne doivent pas s’attacher aux choses de l’âge présent mauvais. C’est à ce prix qu’ils peuvent sauver leur âme pour l’âge à venir. Voir Mat. 10 : 39 ; 16 : 25 ; Marc 8 : 35 ; Luc 9 : 24 ; 17 : 33 ; Jean 12 : 25 où le mot âme est traduit par « vie ».256 1 Pi. 2 : 9 et Ex. 19 : 5, 6.257 Act. 5 : 31; 13 : 23 ; Rom. 11 : 26.258 Act. 28 : 20 (23 : 6 ; 24 : 21).259 Jean 6 : 39, 40 ; Dan. 12 : 1, 2.260 Voir Le Plan Divin et Lév. 18 : 5 ; Dan. 12 : 2 ; Hab. 2 : 4 ; Mat. 19 : 26-29 ; Marc 10 : 17-30, etc.261 Mat. 25 : 31-46 ; Es. 34 : 1, 2 ; Ezéch. 39 : 21 ; Joël 3 : 1, 2, 11, 12 ; Apoc. 19 : 1, 2.262 Héb. 11 : 35 et voir Rom. 8 : 23, 24 ; 13 : 11 ; 1 Thes. 5 : 8, 9 ; Héb. 9 : 28 ; Apoc. 12 : 10 ; 19 : 1.263 Gen. 15 : 5, 6 ; Dan. 12 : 3 ; 1 Cor. 15 : 41, 42.264 Rom. 8 : 19. Nous n’insistons pas ici sur le moment de leur résurrection. Nous faisons seulement remarquer qu’elle ne peut que suivre et non précéder la « grande tribulation ». Le texte grec de 1 Thes. 1 : 10 « qui nous délivre HORS de la colère à venir » est décisif à cet égard. On peut donner en outre plusieurs autres arguments solides. On pense parfois que Apoc. 3 : 10 dit le contraire, or, le mot « garderai » est incertain et le passage réfère à une église juive (voir le verset 9 par exemple).265 Phil. 3 : 21. Il faut remarquer que 1 Cor. 15 : 49 ne dit pas la même chose, il est question de l’image de Christ. 1 Jean 3 : 2 parle de « ressembler ». Il n’emploie pas le même mot grec que Paul.

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Christ comme Sauveur (Phil. 3 : 20). Paul seul, a parlé de ce groupe sur-céleste. Il ne faut donc pas chercher cette résurrection dans l’Apocalypse ou dans quelqu’autre écrit266.

4. Le salut et l’étang de feu. - Ceux qui ont part à la « première résurrection » ne viennent pas en jugement (Jean 3 : 18 ; 5 : 24). Les justifiés comparaîtront devant un « tribunal » (Rom. 14 : 10 ; 2 Cor. 5 : 10), mais il ne s’agit pas ici du salut, mais du salaire gracieux distribué à ceux qui ont marché conformément à leur position. Il n’est pas question de condamnation (Rom. 8 : 1), mais de la réception de récompenses (2 Cor. 5 : 10) et de louanges (1 Cor. 4 : 5). Puisqu’ils sont justes, selon leur position, il est évident que toute idée de jugement et de condamnation doit être écartée. Ils ont subi, par leur mort avec Christ, la peine maximum.

Mais ceux qui apparaissent devant le grand trône blanc, n’ont pas communion avec Christ. Ils ont à rendre compte de tout ce qu’ils ont fait et il leur sera rendu selon leurs oeuvres267. Dieu seul sait exactement déterminer leur responsabilité, la valeur de leurs oeuvres, du bien et du mal relatif qu’ils auront faits et son jugement sera absolument juste. Impossible pour nous de dire qui, à ce moment, sera trouvé écrit dans le livre de la vie et qui sera jeté dans l’étang de feu.

Il faut distinguer entre deux catégories d’hommes : ceux qui sont responsables et ceux qui ne le sont pas. Voir p. 53.

Les premiers ont connu l’offre de grâce, mais l’ont répudiée consciemment. Il s’agit ici de rebelles (Héb. 10 : 27). Des textes comme 2 Thes. 1 : 8 et 2 : 12 parlent de ceux qui ne veulent pas connaître Dieu et ne veulent pas obéir à l’Evangile de notre Seigneur Jésus268. Rom. 1 : 32 ; 2 : 2 concerne ceux qui commettent habituellement le mal269, qui sont endurcis et impénitents. Dieu connaît ceux-ci et ils ne peuvent qu’être condamnés.

Mais ne peuvent-ils pas se convertir à ce moment et ainsi échapper au jugement ? Rien ne nous permet de le supposer. Pendant toute leur vie, ils ont eu, malgré des refus continuels, l’occasion d’accepter la grâce et rien ne dit que celle-ci est encore offerte après leur mort.

Ceux de la deuxième catégorie, n’ont pas eu l’occasion d’entendre la bonne nouvelle de la grâce divine ou, l’ayant connue, ne sont peut-être pas, comme les petits-enfants, responsables de ne pas l’avoir acceptée. Jamais l’Ecriture ne dit de ceux-ci, d’une manière positive, qu’ils partageront le sort des rebelles. Dieu nous laisse indécis et nous nous abstenons de faire des suppositions. Mais nous savons qu’Il est juste et sait comment ils auraient utilisé la grâce s’ils l’avaient connue. Ce qui est surtout regrettable dans leur cas, c’est qu’ils n’aient pas pu glorifier Dieu.

Quel est le sort final de ceux qui sont jetés dans l’étang de feu ? Seront-ils anéantis ? Souffriront-ils toujours, seront-ils sauvés plus tard ? Nous avons déjà dit dans Le Plan Divin (note 3 p. 106) que Dieu peut avoir d’autres solutions. Il serait très téméraire de parler de ces questions d’une manière dogmatique, car aucune révélation ne nous est donnée à ce sujet. Les quelques mots que nous ajoutons ne constituent que de vagues réflexions.266 Il y aurait beaucoup à dire au sujet des résurrections, mais nous ne pouvons pas le faire ici. Nous nous bornons à dire que la résurrection de Phil. 3 : 11 n’est pas celle de 1 Thes. 4 ou de 1 Cor. 15, puisque Paul n’est pas certain d’y parvenir. Voir aussi p. 72 Les Enseignements de l’Apôtre Paul.267 Rom. 2 : 6 ; Apoc. 2 : 23 ; 20 : 13.268 Ceci résulte de l’emploi du mot « mè » (pas), qui est subjectif. Voir aussi p. 43.269 Le mot « prassô » est employé, qui n’indique pas une action accidentelle, mais habituelle.

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L’anéantissement de certains hommes dans l’étang de feu n’est possible que si Dieu n’a pas voulu l’existence de chaque homme individuellement. Nous savons qu’Il a créé Adam, donc l’humanité, et celle-ci ne peut donc s’anéantir. Mais nous ne savons rien quant à l’individu. L’annihilation de certains ne semble pas impossible, mais n’est pas mentionnée dans l’Ecriture. L’expression « Dieu tout en tous » ne concernerait alors que ceux qui existent encore à ce moment.

La souffrance sans fin dans l’étang de feu n’est pas enseignée par la Parole et semble exclue, car Dieu ne serait pas alors tout en tous et Il ne serait pas arrivé à réaliser ce qu’Il a voulu. Les souffrances ne sont pas, en effet, voulues comme but final. Pour le sens du mot « éternité », nous renvoyons à l’Appendice 1 du Plan Divin.

L’Ecriture ne dit rien d’un salut universel, car il est facile de montrer que des passages tels que Col. 1 : 20 ; 1 Cor. 15 : 22 ; Rom. 5 : 12-19, s’interprètent autrement, sans aucun effort. Il faudrait pouvoir montrer que la Parole dit d’une manière positive que certains sortiront de l’étang de feu. Ceux qui défendent la réconciliation universelle sont amenés à supposer qu’on peut être sauvé par la vision ! Leur insistance sur ce salut universel est dangereuse, car ils peuvent écarter certains de la repentance. Toute notre attention doit être concentrée sur notre responsabilité actuelle et non sur ce que nous supposons quant à l’avenir lointain.

Dieu a jugé bon de nous laisser ignorants de beaucoup de choses. Nous pouvons être certains que, sans grâce, la justice agit impitoyablement. Nous ne devons pas compter sur un « bon » Dieu, qui excusera notre péché. Quand on se rend compte de l’amour du Père, qui a donné Son Fils pour nous sauver, on voit la gravité de fouler cette Victime aux pieds et d’outrager l’Esprit de grâce (Héb. 10 : 29).

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XVIII. La Voie du Salut

Nous pouvons maintenant faire une synthèse de ce qui précède et donner un aperçu de la voie du salut. Beaucoup d’éléments sont déjà rassemblés dans le tableau p. 76. Suivons les trois colonnes de ce tableau, de haut en bas, en commençant par celle qui se rapporte à Dieu-Créateur. Nous pouvons aussi tenir compte de quelques autres résultats et établir ainsi le schéma suivant, qui indique les quatre positions principales que l’homme peut occuper par rapport à Dieu.

1. LA NAISSANCE NATURELLE. L’homme « animal ». Pas de vie spirituelle.Ce que Dieu attend : Foi, conversion et repentance « sur » Dieu-Créateur. Après avoir

eu connaissance de ce que Dieu veut (la loi), il faut le sentiment d’incapacité et d’humiliation. La foi et la conversion vers Dieu comme Rédempteur.

2. LA NOUVELLE NAISSANCE. « Enfant » de Dieu. Entrée dans la sphère spirituelle. Renouvellement de l’homme intérieur. La volonté de faire le bien, mais non le pouvoir.

Ce que Dieu attend : Croire que Jésus est le Christ. Repentance. Il peut obtenir le pardon des péchés. Foi en Christ-Jésus.

3. LA NOUVELLE CRÉATION. Mort avec Christ, au péché. Justification. Adoption comme « fils » de Dieu. Sphère céleste.

Ce que Dieu attend : Marche en nouveauté de vie. But final : mort aux péchés.

4. LA PERFECTION EN CHRIST. Le grand mystère. Le Corps dont Christ est la Tête. Toutes les bénédictions spirituelles dans les sur-cieux. Christ notre vie.

Ce que Dieu attend : La pratique de l’identification avec Christ. Affectionner les choses qui sont en haut. La charité. Courir vers le but : Dieu tout en nous.

Quand Dieu nous place, selon Sa souveraine volonté, dans une position quelconque, Il nous offre tout ce qui est nécessaire pour nous permettre de marcher selon cette position, et Il désire que nous marchions ainsi. Là est notre responsabilité. Il laisse à Sa créature une certaine liberté dans la sphère où Il la place et lui donne ainsi la possibilité de Le glorifier en faisant bon usage de ce qui lui est offert gracieusement. Dans cette position, la créature peut « mériter » une récompense sans que, pour cela, Dieu soit obligé à quoi que ce soit.

La créature ne peut pas se placer elle-même dans une position supérieure ou mériter de l’être. Elle n’a aucune capacité pour cela, et Dieu ne demande rien de pareil. C’est Dieu qui agit dans ce cas et entièrement selon Sa volonté.

En dehors de la voie normale, Dieu choisit certaines personnes et les place où bon Lui semble, en leur donnant les grâces nécessaires pour accomplir une mission spéciale qui peut avoir comme but, d’assister les autres dans leur marche dans la voie du salut. Cette élection n’a pas en vue le salut des élus, mais la gloire de Dieu et le salut des autres. Ils sont prédestinés à faire une oeuvre spéciale. Ils ne peuvent, d’aucune manière, résister au choix de Dieu, mais ils peuvent résister à faire ce que Dieu leur demande. Dans l’élection, il n’y a aucun sujet de gloire pour l’élu, mais une grande responsabilité.

Pour que le lecteur puisse se familiariser plus facilement avec notre conception, nous donnons ci-dessous deux comparaisons.

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Une première comparaison. - Représentons les différentes positions de la voie du salut par les étages d’une maison. La cave est, par exemple, la condition de l’homme « naturel ». Sa condition est misérable, mais en tant qu’homme, il possède certaines facultés qu’il peut utiliser dans son domaine. Le Seigneur de la maison peut d’ailleurs disposer bien des choses pour assister cet homme et lui permettre de se comporter suivant sa position. Le Seigneur désire que l’homme sorte de sa condition. Il ne le force pas à sortir, car cela anéantirait sa liberté : il deviendrait un objet et le but serait manqué. Le Seigneur désire que l’homme ne résiste pas à se faire retirer de sa cave et à être placé dans une partie plus confortable de la maison. Il faut pour cela que l’homme se rende d’abord compte qu’il existe un Seigneur dans la maison et qu’il y a d’autres étages. Il doit reconnaître que sa situation est fort mauvaise. De plus, il doit apprendre qu’il lui est impossible d’atteindre les sphères supérieures par ses propres moyens : il a reçu la faculté de se mouvoir dans son plan, mais non celle de s’élever au-dessus. Toute communication avec les étages supérieurs se fait, en effet, à l’aide d’un ascenseur, et celui-ci est actionné par le Seigneur lui-même. L’homme doit apprendre, par expérience, que tous ses propres efforts sont vains et que le seul moyen pour sortir de sa position est de se placer ou se laisser placer dans la cage de l’ascenseur, c’est-à-dire de s’adresser à son Seigneur pour que celui-ci le transporte au rez-de-chaussée.

L’homme doit donc, après avoir reconnu l’existence de son Seigneur et s’être rendu compte de sa misère, avoir librement recours à Celui qui peut le sauver. Tout dépend de l’homme, dans ce sens qu’il ne doit pas résister à se laisser sauver. Tout dépend du Seigneur, dans ce sens que c’est lui qui donne à l’homme toutes les capacités pour vivre et pour vouloir et qu’en plus, lui seul peut l’élever vers les régions supérieures. Le Seigneur ne l’oblige pas à se placer dans l’ascenseur, mais l’y invite. L’homme peut ne pas résister à cette invitation, mais s’il résiste, il est responsable. L’ascension même n’est pas en son pouvoir. Le Seigneur n’exige pas qu’il fasse des efforts extraordinaires pour sortir de sa cave.

Le Seigneur n’est en rien obligé envers son protégé il fait fonctionner l’ascenseur quand il veut. Mais, en réalité, il le fera avec joie, quand il constatera que l’homme s’est rendu compte de son état et désire être sauvé, ou, en tout cas, est disposé à ne pas Lui résister.

Placé au rez-de-chaussée (ce qui correspondrait à la sphère de la nouvelle naissance), l’homme reçoit de son Seigneur des capacités nouvelles. Sa nouvelle demeure est d’ailleurs telle qu’elle lui ouvre de nouveaux horizons. Après les ténèbres de la cave, la lumière pénètre dans son domaine et comme il a reçu des yeux pour voir, un monde nouveau lui est ouvert. Mais en même temps, il se rend compte qu’il est habillé de loques immondes et que tout son corps se trouve dans un état lamentable. Il désire être propre, mais tout ce qu’il touche est souillé. Qui le délivrera de cet état ? Ici encore, c’est à lui de choisir librement ou bien s’accoutumer à son état, ou bien vouloir en sortir. S’il prend cette dernière décision, il essaiera sans doute, de se laver, mais n’y arrivera pas et, en désespoir de cause, sera amené à laisser agir encore une fois son Seigneur. Car, pour être purifié, il doit sortir de son logement. Tout ce qu’il peut faire, c’est déplacer la saleté, mais non pas l’enlever. Il doit donc quitter cela, et le seul moyen est encore l’ascenseur.

Elevé au premier étage, il y entre complètement nettoyé (ce qui correspond à la justification). C’est un nouvel homme, et il dispose de facultés nouvelles qui lui permettent de se comporter d’une manière digne de sa nouvelle situation. Mais quelqu’enviable que soit sa position, il peut se rendre compte qu’il n’a pas atteint la perfection et qu’il ne peut y arriver dans ce bâtiment. Plus que jamais, ses propres efforts sont insuffisants.

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Une deuxième comparaison. - Une école est divisée en classes. Quand un élève est placé dans une de ces classes, il n’est pas immédiatement possesseur de tout ce qui correspond à cette position, mais il doit l’acquérir. Il a reçu pour cela tous les dons nécessaires : la vie, la santé, les facultés intellectuelles, des parents qui s’occupent de ses besoins, des maîtres qui l’enseignent, etc. C’est à lui de ne pas résister aux bonnes influences, de faire bon usage de ses dons et d’arriver au but. S’il agit ainsi, il recevra une récompense (à laquelle il n’a pourtant aucun droit) et il pourra être placé dans une classe supérieure (si telle est la volonté de ses parents et de ses maîtres). L’élève peut donc mériter une récompense dans la sphère où il a été placé et où il est libre d’agir. Mais il ne peut jamais prétendre avoir droit à quelque chose et surtout pas à l’accès dans une classe supérieure. S’il résiste, s’il ne travaille pas, s’il ne fait pas bon usage de ce qui lui est offert, il est évident qu’il ne peut pas monter de classe. Ce serait, en premier lieu, encourager sa paresse et sa tendance à mépriser ce qu’on fait pour lui. Mais ce serait même néfaste pour lui et pour les autres, car, n’étant pas suffisamment préparé, il ne comprendrait rien à ce qui est enseigné dans cette classe supérieure et il dérangerait ses condisciples.

Les parents et les professeurs font toujours tout ce qui est en leur pouvoir pour faire avancer l’élève. Ils lui rendent les choses faciles, l’encouragent, insistent pour qu’il apprenne ses leçons, le corrigent et le punissent s’il le faut. Mais finalement, tout dépend aussi de la volonté de l’élève. Celui-ci peut résister à tout. L’élève est libre et responsable et ses parents et maîtres se bornent à désirer pour lui qu’il progresse. Mais, d’autre part, le passage d’une classe à l’autre dépend entièrement des parents et des professeurs. Là, l’élève n’a ni liberté, ni responsabilité, son sort dépend de ceux qui l’aiment. Tout ce que l’élève peut faire, c’est de mettre des obstacles à son avancement.

Il peut arriver que le professeur choisisse certain élève pour accomplir une certaine mission et aider ses camarades. C’est un élu.

Ajoutons que jamais l’élève ne peut dire qu’il lui manque quelque chose pour progresser. Une telle prétention indiquerait qu’il veut suivre son propre chemin, une voie différente de celle qui lui est proposée, et pour laquelle il n’a pas, en effet, ce qui est nécessaire. S’il s’engage, malgré tout, dans cette voie, il sera arrêté un jour. Dans ce cas, il pourra être assez sot pour dire qu’il n’arrive pas au but parce qu’on ne l’aide pas. Mais son échec peut servir à lui montrer qu’il se trompe. Après s’être repenti, il peut s’engager dans la bonne voie et faire de rapides progrès. Il glorifiera ainsi ceux qui l’aiment.

Ces comparaisons peuvent aussi servir à faire comprendre que la voie du salut peut très bien passer par des étapes nettement délimitées. Le passage d’une classe à l’autre est en effet brusque, même si le développement de l’élève est graduel.

Les étapes de la voie du salut. - Certains semblent réduire la voie du salut à une seule étape, qui commencerait par la conversion. D’autres se rendent compte qu’il y a plus et parlent, non seulement de régénération, mais d’une « vie victorieuse ». Ils considèrent, non seulement la conversion, mais aussi l’abandon complet de soi-même. Cette manière de voir n’existe pas seulement parmi les « protestants », elle est aussi connue dans l’Eglise romaine et plus particulièrement chez les « Bérulliens »270.

270 Voir note 193 page116.

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Il y a des exemples frappants de croyants, qui ont combattu le péché pendant de longues années et qui se sont finalement rendu compte qu’il faut, non pas faire un effort, mais mourir. Alors se produit dans leur vie, un changement souvent brusque et impressionnant.

Nous avons montré, dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul et dans ce qui précède, qu’il faut, en plus de ces deux étapes dans la voie du salut, en considérer une troisième : celle de la perfection en Christ.

On sera, en général, d’accord pour admettre un certain développement dans la vie spirituelle du Chrétien, mais on sera moins disposé à accepter les transitions brusques que nous indiquons, Il n’y a pour tant là aucune difficulté, si l’on se souvient que ces changements concernent la position et non la marche. Nous en trouvons des exemples abondants dans la vie naturelle. Ainsi, la naissance est déterminée à la seconde près. Pourquoi n’en serait-il pas de même de la nouvelle naissance ? C’est à un moment bien déterminé que certaines personnes adoptent un enfant comme le leur. Pourquoi l’adoption comme fils de Dieu ne serait-elle pas non plus instantanée ? Les changements de classes, l’occupation d’une position, le mariage, etc. sont quelques autres exemples. Les limites bien déterminées des âges (la destruction, le déluge, l’avènement du Seigneur, la purification par le feu) peuvent aussi être mentionnées.

Il va sans dire que l’homme n’est pas toujours conscient de ce qui s’est passé en lui. Il peut avoir l’impression d’un changement graduel parce qu’il se base trop souvent sur ce qu’il ressent plutôt que sur ce qu’enseigne la Parole. Dès qu’on voit les différentes sphères de bénédiction et de communion, il doit être clair que le passage de l’une à l’autre est nécessairement brusque.

Répondons maintenant à une objection. En divisant les croyants en groupes, vous divisez « l’Eglise », dit-on. Or, il s’agit de s’entendre. Un jour, Dieu sera tout en tous et il n’y aura plus aucune division. Mais, avant cet état final, les uns ont à peine dépassé la « porte de la foi » (Act. 14 : 27), d’autres sont plus avancés et quelques-uns se rapprochent du but. On peut, cependant, parler d’une unité formée par tous les croyants-en-Dieu, d’une autre comprenant les régénérés, etc.

Du reste, nous ne sommes pas les seuls à « diviser ». Ceux qui se rendent compte qu’Israël a encore un avenir, distinguent deux groupes parmi les croyants : « l’Eglise » et les croyants n’appartenant pas (encore) à l’Eglise. Leur distinction est si bien marquée, qu’ils croient que « l’Eglise » sera enlevée avant la tribulation des autres croyants et que, pendant l’âge à venir, les uns seront au ciel, les autres sur terre.

Nous divisons les régénérés (qui seuls devraient être nommés Chrétiens) en trois groupes, et nous croyons, en cela, suivre scrupuleusement la Parole. Si cette distinction est réelle, il est important de la connaître, car ce n’est qu’ainsi qu’on pourra bien progresser dans la voie du salut et arriver à l’unité finale271.

271 Si on se rend compte des étapes dans le chemin du salut, on voit l’impossibilité de réaliser dans le présent âge une unité visible des Chrétiens. On peut essayer de faire adopter une profession de foi commune, mais ou bien celle-ci ne pourra contenir que des éléments (tels que la foi en Dieu-Créateur et ce qui est du domaine des croyants non encore régénérés), ou bien elle sera plus complète, mais ne saurait être prise à la lettre. L’unité qui se base sur une telle déclaration de foi ne sera, comme celle de l’Eglise romaine, qu’apparente.On peut juger utile de grouper ceux qui croient en Dieu (mais qui ne sont pas nécessairement régénérés) par exemple, pour réagir contre les attaques athéistes, mais qu’on n’appelle pas cela « l’Eglise ». Ce groupe devrait comprendre, non seulement ceux qui s’appellent « Chrétiens », mais aussi pas mal d’autres croyants-en-Dieu.

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Mais on demandera peut-être : « pourquoi ces distinctions ? » Nous répondons que ce n’est pas à nous de les justifier. Toute la question se ramène à examiner si la distinction est indiquée par les Ecritures ou non. Après examen sérieux qui tient compte des recherches déjà faites, nous croyons fermement. à ces distinctions. Et nous insistons sur ces différentes « positions » des croyants, parce que sans cela, beaucoup de choses s’embrouillent et semblent contradictoires.

Enfin, on peut nous demander si tous les croyants doivent connaître toutes ces choses et nous objecter que la grande majorité n’a ni le temps, ni les facultés nécessaires pour faire de telles études. Nous répondrons que chaque homme a sa propre responsabilité, qui correspond à son état particulier. Le non-croyant n’a pas besoin de connaître beaucoup de choses, l’évangile qui s’adresse à lui est très simple. C’est le message que Paul proclamait à ceux de Lystre (Act. 14 : 15-17) se tourner vers le Dieu vivant, qu’ils doivent connaître par la création. Le régénéré peut comprendre plus de choses et la bonne nouvelle à lui adresser comprend le Sauveur Jésus-Christ et la croix. Les « fils » sont capables de voir encore plus loin et l’Evangile complet sera proclamé à ceux qui appartiennent à l’Eglise du mystère. Chaque homme a reçu de Dieu les capacités nécessaires pour comprendre et exécuter ce qu’Il attend de lui272.

Si nous parlons de toutes ces questions, c’est parce que les Ecritures s’en occupent. Si l’on nous reproche de compliquer la voie du salut, ce reproche se retourne contre Paul et contre le Saint-Esprit. Au fur et à mesure qu’on progresse dans la voie du salut, l’horizon s’étend et il est essentiel de donner à chaque groupe l’instruction, la nourriture, qui lui est destinée et dont il a besoin pour progresser, donc pour glorifier Dieu. Il semble d’ailleurs évident que ceux qui croient avoir une mission spéciale pour « évangéliser » ou enseigner doivent être les premiers à bien connaître ce que la Parole enseigne.

On peut former dans ce premier groupe, un deuxième plus restreint, ne contenant que les régénérés. Mais ici paraît une grande difficulté, car les non-régénérés pourront prétendre l’être et il est donc pratiquement impossible de réaliser une unité visible entre eux.Il serait encore moins possible de former un groupe de « fils », ou de « parfaits-en-Christ ». Toutes ces unités existent pour Dieu, spécialement la dernière, formant le Corps dont Christ est la Tête, mais elles ne sont pas visibles pour nous. Ceux qui en font partie ne doivent pas les constituer, mais doivent les maintenir en marchant selon leur position.Il est remarquable que le mot « unité » n’est utilisé que deux fois dans le texte inspiré (Eph. 4 : 3, 13) et qu’il s’agit alors de l’unité parfaite du Corps de Christ. Des textes comme Jean 17 : 21 « Afin qu’eux aussi soient un en nous » ne se réfèrent pas à une unité parfaite et actuellement visible. En effet, la suite : « pour que le monde croie que tu m’as envoyé » montre qu’un jour cette unité servira de témoignage pour amener le monde à la foi. Il s’agit ici de l’unité visible d’Israël pendant le Royaume. Ils formeront un « sacerdoce royal », une « nation sainte » (1 Pi. 2 : 9) afin d’annoncer les vertus de Christ. Si l’on veut appliquer Jean 17 : 21 aux temps actuels, il faut admettre que la prière de notre Seigneur ne se réalise pas. Car, loin d’amener actuellement le monde à la foi, les « unités » du christianisme ne font qu’éloigner le monde de la foi. Si on accepte la division en étapes, en groupes, il est plus facile de comprendre qu’il y a des différences entre les croyants. On se rendra compte qu’on n’atteint la Vérité pure qu’après être arrivé au but. Celui qui constate ces différences ne sera donc pas tenté de rejeter le tout. Mais il n’en va pas de même actuellement. Là où l’on proclame l’unité, il n’y a que division et on donne ainsi une excuse à celui qui voit dans cette division une preuve que la vérité n’est pas du tout là.272 Ce qui répond aussi à cette objection : des personnes « simples » ne peuvent pas comprendre tous ces développements. Nous avons connu des personnes à peu près illettrées, qui comprenaient parfaitement les expositions les plus profondes de Paul. Il ne faut pas se méprendre : nos explications ont souvent l’air compliqué, non pas parce que la matière elle- même est difficile pour le régénéré, mais surtout parce que tout a été embrouillé par les hommes. S’il faut être comme un enfant à l’égard des choses spirituelles, prêt à accepter tout ce que Dieu offre, il ne faut pas être enfant quant à la doctrine scripturaire (Eph. 4 : 14).

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Dans une école, l’élève reçoit chaque jour l’enseignement qui lui convient, et le professeur ne lui demande que ce qui correspond à cet enseignement. Trop souvent, un Chrétien cherche à suivre ce qui ne s’adresse pas à lui et ne fait pas ce qui lui est demandé. Il ne s’agit pas de faire ce qui semble bon, mais d’exécuter ce que Dieu désire. Dieu ne nous demande pas de marcher selon une position que nous n’occupons pas, ni de suivre des préceptes qu’Il a adressés à d’autres. Nous ne devons pas faire une chose parce que d’autres l’ont faite et ont été bénis, mais parce que nous sommes certains, par un examen approfondi des Ecritures que Dieu nous y invite.

La distinction des étapes du salut donne la solution de nombreux problèmes qui se posent à ceux qui veulent rester fidèles à la Parole divine. Nous avons montré dans Les Enseignements de l’Apôtre Paul et dans le présent ouvrage, que beaucoup de difficultés résultent du fait qu’on ne distingue pas ce qui diffère. Nous ne rappelons ici que le problème cherchant à concilier l’impuissance de l’homme avec sa liberté et sa responsabilité. D’une part, l’homme doit être sauvé par la foi en Christ, mais d’autre part, il ne sait pas croire en Christ, car il faut d’abord une action divine en lui. Le salut dépendrait donc de l’arbitraire de Dieu ? Mais alors, où serait la responsabilité de l’homme, et comment Dieu pourrait-Il punir le non-croyant ?

De notre point de vue, la solution est aisée : l’homme est responsable pour ce qu’il sait faire. Il ne sait pas croire en Christ, aussi Dieu ne le lui demande-t-Il pas pour commencer. Il doit croire avant tout en Dieu-Créateur et se tourner vers Lui. L’homme ayant fait ce qu’il peut faire, n’ayant pas résisté, Dieu agit en lui, le régénère et le met ainsi en mesure de croire en Christ et d’être sauvé. Nous reconnaissons l’impuissance de l’homme, mais aussi sa responsabilité ; la toute puissance de Dieu, mais aussi la liberté de l’homme. Nous laissons tout intact, nous ne sommes pas obligés de sacrifier un point de vue pour faire valoir l’autre, ou de maintenir les deux, tout en reconnaissant qu’ils sont contradictoires. Dans notre manière de voir, tout a sa place et sa valeur et tout s’enchaîne d’une manière raisonnable. Ce résultat est obtenu, non pas en forçant le sens des Ecritures, mais en le prenant le plus littéralement possible, en laissant parler la Parole elle-même. Nous n’avons été obligés qu’à une chose : le sacrifice de la tradition humaine et de nos propres idées, pour autant qu’elles n’étaient pas conformes à la Parole de Dieu.

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XIX. Conclusion

C’est dans la confusion de l’âge mauvais présent, que chacun doit apprendre à parcourir la voie du salut. II est donc extrêmement important de bien connaître cette voie et de ne pas se laisser détourner par toutes les mauvaises influences du passé et du présent.

D’une manière schématique, nous pouvons dire qu’il y a quatre points de bifurcation où les croyants risquent particulièrement d’être aiguillés vers l’erreur. Au premier point, le rejet de l’inspiration des Ecritures dirige vers la voie de la perdition. Ceux qui ont évité, par la grâce de Dieu, cet endroit dangereux, peuvent être dévoyés par une « spiritualisation » de la Parole. Le petit nombre qui résiste à cette épreuve risque d’être écarté de la vérité en confondant la dispensation actuelle avec celle des Actes. Enfin, certains sont dans l’erreur parce qu’ils ne distinguent pas les trois sphères de grâce. Nous allons examiner de plus près ces quatre points.

1. Parlons d’abord de l’inspiration littérale de l’Ecriture. Dès qu’on admet que certaines parties ne sont pas inspirées par Dieu, on ne sait plus jusqu’où il faut aller et tout devient subjectif. C’est alors l’homme qui « établit » ce qui est autorité ou non ! Dieu est critiqué par l’homme !

Le croyant régénéré, qui examine les Ecritures d’une manière intelligente, doit obtenir de Dieu même la certitude de l’inspiration.

2. Celui qui croit à l’inspiration intégrale peut comprendre beaucoup de passages d’une manière très libre en ne se tenant pas à la lettre. Il sera, par exemple, tenté d’appliquer d’une manière « spirituelle » les prophéties qui parlent d’Israël à ce qu’il nomme « l’Eglise ». Il croira alors que l’intention des auteurs inspirés n’était pas de décrire un royaume terrestre où Israël serait le peuple élu qui conduirait les autres nations vers Dieu. D’après lui, les Juifs, en tant que peuple, ont été mis de côté définitivement et les prophéties s’accomplissent maintenant au profit de « l’Eglise ».

On prend, dans certaines questions, de si grandes libertés avec la Parole, qu’on peut se demander pourquoi le reste doit être pris à la lettre. Pourquoi ne pas « spiritualiser » aussi la chute, le péché, la crucifixion, la condamnation, le salut ? On abandonne l’objectivité des Ecritures.

Mais on est conduit aussi à des difficultés énormes. Ainsi, les Chrétiens qui adoptent ce point de vue sont amenés à participer activement au gouvernement de ce monde, alors que Satan en est le Dieu. Ils espèrent arriver à établir la paix, alors que les bruits de guerre ne font qu’augmenter. Ils pensent devoir « étendre » le royaume de Dieu sur toute la terre, alors que le Christianisme court à la faillite. Ils veulent vaincre le mal, alors que celui-ci s’empare de tout. Ils ne disposent d’ailleurs pas des puissances qui sont promises dans le Royaume. En un mot, ils veulent réaliser maintenant, sans avoir les dons nécessaires, ce que le Christ réalisera pendant l’âge à venir. On arrive à tant d’impossibilités, à tant de contradictions, à tant de prophéties non réalisées et absurdes, à tant d’usurpations de pouvoir et d’abus, que ceux qui ne veulent pas sacrifier leur raison sont conduits à rejeter l’inspiration et tombent dans l’erreur moderniste.

3. Considérons maintenant ceux qui croient à l’inspiration entière et veulent appliquer les textes aussi littéralement que possible. Y a-t-il encore parmi eux une erreur fondamentale ?

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Nous le pensons. Ils croient qu’Israël doit encore accomplir sa mission sur terre, pendant l’âge à venir, quand le Christ, revenu, aura rétabli son Royaume. Mais, quelle est la situation actuelle ? Ils peuvent être tentés d’admettre quand même que les Chrétiens actuels remplacent Israël pendant le temps où Israël est rejeté. Comme ils font alors commencer « l’Eglise » à la Pentecôte, ou peu après, tout ce que nous lisons au sujet de cette période devient leur modèle. Il leur faut une organisation visible, des fêtes et des cérémonies plus ou moins imitées des Juifs.

Mais, de cette façon encore, on est conduit à des difficultés sans nombre. A une organisation visible, il faut chercher un chef visible. Les fêtes et les cérémonies d’Israël ne peuvent pas être suivies à la lettre et chaque secte a sa manière. Les charismes de la Pentecôte, qui devraient accompagner les croyants et leur permettre d’agir comme pendant la période des Actes font défaut et les résultats obtenus sont fort maigres. Beaucoup de passages des Ecritures donnent lieu à d’ennuyeuses difficultés, qui conduisent à accuser les Apôtres de s’être trompés ou de ne pas avoir agi selon la volonté divine.

D’autre part, on mélange trop de choses pour pouvoir distinguer clairement la plénitude de grâce et la position sur-céleste qui nous est déjà offerte. On n’a pas de vue nette sur le plan divin et sur la voie du salut et l’on est tenté de négliger l’étude et même la lecture de la Parole. On a des espérances fausses et on fait ce que Dieu ne demande pas. On ne marche donc pas dans la vérité.

Nous avons pris une attitude nettement différente. Israël n’est pas rejeté à la Pentecôte, mais seulement après les Actes. Pendant toute cette période, le Seigneur pouvait venir ériger son Royaume. Les Juifs, même les croyants en Christ, devaient observer la loi, comme ils le feront pendant le Royaume quand le temple décrit par Ezéchiel sera bâti. Quand on tient compte de ces conditions spéciales au temps des Actes, tout s’explique ; les difficultés disparaissent. Et loin de devoir solliciter les textes pour en arriver là, nous prenons simplement la signification la plus littérale et la plus naturelle. Nous gardons aussi pleine confiance en Paul, qui pourtant présentait des offrandes dans le temple.

Il est vrai que nous devons sacrifier quelque chose : la tradition humaine. Depuis le premier siècle, les Chrétiens ont cru remplacer Israël et ont fait des efforts pour imiter les cérémonies juives. Abandonnant Paul, ils continuaient de suivre les habitudes juives des Actes. Depuis, on a souvent pris ces Chrétiens comme modèle. Nous reconnaissons qu’en restant fidèles à l’Ecriture et en distinguant, avec Paul, la dispensation spéciale qui suit les Actes, nous avons pris une attitude révolutionnaire. Nous ne sommes pas satisfaits par un retour partiel à la Parole de Dieu. Nous voulons toute la vérité, quelles que soient les conséquences. L’écart du Christianisme du chemin de la vérité ne nous étonne pas, car nous savons que cet âge est mauvais et que Satan en est le dieu. C’est avec regret que nous ne pouvons pas partager certaines idées qui sont généralement acceptées, mais nous ne pouvons croire que ce que dit la Parole.

Certaines personnes voient dans nos conceptions, une nouvelle cause de division, alors qu’il serait si nécessaire de former une unité. Nous répondons que toute unité qui n’est pas formée par Dieu est anti-Chrétienne. Loin de nous faire espérer cette unité visible, la Parole nous prévient que beaucoup d’hommes s’écarteront de la vérité. Or, la vérité est la seule base de l’unité qui peut glorifier Dieu. Qui déplore plus que nous, l’absence d’unité en Christ ? Qu’on abandonne donc la critique destructive, la tradition non conforme à la Parole et qu’on accepte la grâce divine. Mais combien resteront aveuglés par le père du mensonge !

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4. Supposons que quelqu’un accepte l’inspiration intégrale et l’autorité absolue des Ecritures ; l’explication aussi littérale que possible des textes ; le caractère spécial du temps des Actes. En quoi peut-il encore dévier ? Il reste un danger. Pour mieux le faire comprendre, nous prendrons un cas extrême. On raisonne ainsi : comme la dispensation actuelle commence après la période des Actes et que Paul seul nous en parle, nous ne gardons que les parties des Ecritures écrites par Paul après les Actes. Il s’en suit qu’on admet que tous les croyants actuels appartiennent à l’Eglise dont il est question dans ces derniers écrits et qui est le Corps dont Christ est la Tête. La repentance, la nouvelle naissance et beaucoup d’autres choses du temps où Israël était le peuple élu, ne nous concerneraient pas.

Cette attitude n’est pas toujours aussi extrémiste, mais n’en reste pas moins fausse. Il faut distinguer deux choses : le plan divin général qui concerne surtout les masses et les voies de Dieu concernant les individus. Dieu choisit Israël pour agir sur les nations. L’âge à venir sera celui de la régénération mondiale par Israël, puis viendra le cinquième âge, celui de la nouvelle création, où le monde entier entrera dans la sphère céleste avant d’arriver au but final : Dieu tout en tous. Un individu peut aussi parcourir cette voie du salut (régénération, justification, perfection) sans attendre le mouvement des masses. Bien que l’âge de la régénération soit encore à venir, certains ont été régénérés dès les plus anciens temps et beaucoup l’ont été depuis la venue du Seigneur. Bien que la justification mondiale ne soit obtenue que pendant le dernier éon, cela n’empêche pas qu’Abraham et beaucoup d’autres après lui aient déjà été justifiés. De même, le fait que la perfection mondiale ne sera atteinte que dans un avenir très lointain ne signifie pas que personne n’ait été placé dans la sphère sur-céleste. Depuis que Paul a complété la Parole par ses révélations, la voie du salut peut être parcourue entièrement sans attendre les masses.

D’autre part, tout homme étant né pécheur, doit parcourir cette voie depuis le début et doit donc passer par la repentance et la nouvelle naissance. Toute l’Ecriture est donc utile pour nous. Non pas que tout soit adressé et applicable à nous, mais elle est utile pour nous enseigner, pour nous convaincre, pour nous corriger, pour nous instruire dans la justice, pour nous accomplir et nous rendre propre à toute bonne oeuvre.

Nous n’appliquons pas à nous le commandement donné avant le déluge, de ne pas manger de viande, ni la loi sous la forme donnée à Israël ; nous ne suivons pas les fêtes et cérémonies juives du temps des Actes, nous ne nous conformons pas à mainte habitude qui pouvait être justifiée quand Israël était le peuple élu et que le Royaume était proche. Mais nous appliquons à nous tout ce qui nous est individuellement applicable, donc la repentance, la naissance d’en haut et toute la voie individuelle du salut.

Nous devons donc nous rendre compte aussi que tous les croyants actuels n’occupent pas la position parfaite, c’est-à-dire ne font pas partie du Corps dont Christ est la Tête. Il y a des « enfants » de Dieu (par la naissance d’en haut), des « fils » de Dieu (après la mort avec Christ et la justification) et aussi quelques hommes « parfaits » (selon leur position).

Il est vrai que les épîtres écrites par Paul après les Actes ne contiennent plus d’éléments Juifs et concernent principalement le Corps dont Christ est la Tête, soit la position sur-céleste. Mais c’est une grosse erreur que de croire que nous n’avons besoin que de ces épîtres. Avant de pouvoir en apprécier la profondeur et de partager cette plénitude de grâce, il faut avoir passé par tout ce qui est individuellement applicable dans le reste des Ecritures.

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Celui qui est fidèle à la Parole et ne résiste pas à Dieu est conduit d’étape en étape, de position en position, et est finalement placé par grâce en Christ à la droite de Dieu, dans les sur-célestes. Abandonné (comme Paul) par le monde et par la plupart des Chrétiens, il est accompli par l’Esprit et peut jouir d’une communion avec le Fils. Loin de s’en enorgueillir, il n’a pu atteindre cette position qu’après avoir été humilié jusqu’à la mort avec Christ et après s’être abandonné complètement. Christ est sa vie.

Après avoir terminé les trois ouvrages Le Plan Divin, Les Enseignements de l’Apôtre Paul et La Voie du Salut, nous témoignons encore une fois, de la profonde impression que nous laisse toujours la Parole divine. Plus on l’examine de près et plus on se rend compte de son unité et de sa perfection. Il en est comme de la création matérielle, qui se révèle merveilleuse aussi bien dans l’univers que dans les moindres atomes. Tout ce qui provient de Dieu et qui n’a pas été endommagé par la créature gagne à être connu et examiné à l’inverse de ce qui provient de l’homme.

L’unité de toute la révélation n’est visible que si nous la prenons autant que possible, à la lettre. Toute « spiritualisation » et toute faute de logique conduit aux difficultés et aux contradictions que le modernisme croit y trouver.

D’autre part, toute la Parole est utile. On ne peut pas considérer l’examen des prophéties et des dispensations comme une espèce de marotte Chrétienne sans importance pour la vie pratique. On ne peut pas non plus négliger le raisonnement et la théologie biblique. Tout est nécessaire pour obtenir une vue d’ensemble harmonieuse. Négliger certaines choses au profit d’un « simple évangile », conduit à mal appliquer ou interpréter et à ne pas marcher dans la vérité. De même que chaque atome, de même que notre corps et toute la création sont des systèmes bien équilibrés où tout est nécessaire et où l’absence d’un élément conduirait au désastre, de même, tout l’enseignement que nous pouvons obtenir par nos facultés naturelles et par les grâces surnaturelles, en examinant la création et la révélation, doit former un système bien équilibré ou rien n’a été négligé. Quand il en est ainsi, nous voyons que la voie du salut nous conduit à nous asseoir en Christ dans les sur-célestes, à la droite de Dieu. Celui qui crée, sauve et glorifie, nous apparaît alors dans toute Sa splendeur.

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XX. Appendices

.1 : L’interprétation particulière des Ecritures

Quand un croyant a un point de vue qui n’est pas celui d’un groupe reconnu, on lui rappelle parfois 2 Pi. 1 : 20, que Segond traduit ainsi : « Sachant tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Ecriture ne peut être un objet d’interprétation particulière ». On comprend que l’Eglise Romaine considère comme « particulière » et inacceptable toute interprétation qui diffère de ce qu’elle juge être « de foi » ; mais où est le critérium protestant ? Faut-il accepter une interprétation parce qu’elle est admise par la majorité ? Le protestant qui croit pouvoir se servir de 2 Pi. 1 : 20 comme argument contre ceux qui diffèrent de lui, est bien peu conséquent. Si ce verset condamne toute interprétation particulière, il condamne donc la foi personnelle et tout le protestantisme.

Examinons donc ce fameux texte. Nous pouvons d’abord faire observer que ce passage est incompréhensible dans la traduction citée, car le verset 20 est relié au verset 21 par le mot « car » et devrait donc être expliqué ou justifié par ce dernier verset. Or, le fait qu’aucune prophétie n’a été apportée par une volonté d’homme n’explique pas pourquoi cette prophétie ne pourrait pas être interprétée par un individu.

Quand on consulte le texte grec, on remarque que la version de Segond est très libre. Afin d’éviter qu’on nous soupçonne de vouloir, par une traduction forcée, justifier une idée préconçue, nous donnons la traduction de Crampon :

« Aucune prophétie de l’Ecriture ne procède d’une interprétation propre . »

Le verbe « ginomai », qui a la même racine que « gennaô » (générer) et que « genea » (génération), est traduit ici par « procède » et indique, en effet, avant tout, une venue à l’existence. Ce que les prophètes ont écrit ne procède pas de leur propre interprétation de ce qu’ils ont vu ou entendu, car, comme le verset 21 l’explique, ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par l’Esprit Saint que de saints hommes de Dieu parlent.

Il est donc évident que ce passage n’a rien à faire avec notre interprétation des Ecritures. Au contraire, l’Ecriture nous invite à un examen personnel, donc à une interprétation personnelle, qui peut coïncider ou non avec celle de la majorité. Citons quelques passages :

Act. 17 : 11. « Ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. »

2 Tim. 2 : 15. « Qui dispense droitement la parole de la vérité. »

Mat. 15 : 9. « C’est en vain qu’ils m’honorent en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. »

2 Tim. 1 : 13. « Retiens... le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. »

1 Cor. 10 : 15. « Je parle comme à des hommes intelligents, jugez vous-mêmes de ce que je dis. »

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Nous ne devons pas adhérer aux interprétations d’une masse qui garde des traditions anti-scripturaires, mais nous devons rester fidèles à la vérité, même si celle-ci n’est partagée que par quelques personnes particulières. Loin de nous de rechercher une interprétation qui diffère de ce que d’autres acceptent, mais nous ne pouvons pas accepter une interprétation contraire à notre propre conviction et qui, après un mûr examen spirituel, ne nous semble pas scripturaire. Toute interprétation qui nous est proposée devra être étudiée, puis acceptée ou rejetée, selon que nous aurions la profonde conviction qu’elle est scripturaire ou non. C’est seulement ainsi que nous pourrons avoir une foi individuelle, et progresser dans la voie du salut. La foi divine qui atteint la vérité, qui donne une certitude et par laquelle on est sauvé, est toute personnelle et provient d’une action divine en nous. Croire certaines choses (sans bien les connaître) d’une manière globale, parce que professées par un groupe religieux dans lequel nous avons confiance, ne constitue qu’une foi humaine, qui n’a aucune valeur pour le salut, et qui peut tout au plus servir de préliminaire à la foi individuelle.

Mais qu’en est-il alors de ceux qui n’ont ni les facultés, ni le temps indispensables à l’examen qui permet d’arriver à une interprétation particulière, donc à une foi personnelle ? Nous croyons que tout homme qui désire vraiment la sagesse, l’obtiendra. On a tort de supposer que pour parvenir à une interprétation individuelle exacte, il faille être théologien. Ce qui manque le plus, c’est l’amour de la vérité et l’acceptation des grâces divines.

On objecte aussi que si chacun a son interprétation particulière, il ne peut jamais y avoir accord et aucune de ces interprétations ne peut être réputée juste. Or, nous ne prétendons pas que notre interprétation doive nécessairement différer de celles des autres pour qu’elle soit la nôtre. Si nous acceptons tous, d’une manière intégrale l’aide du Saint-Esprit, nous arriverons tous à la même interprétation. Et celle-ci n’en sera pas moins notre interprétation particulière. S’il y a, en pratique, des interprétations différentes, cela ne prouve rien contre le principe. Nous résistons toujours à Dieu en quelque point et manquons, par conséquent, à la vérité.

Si l’on nous demande enfin, comment on peut réaliser une Eglise sur cette base, nous devrons d’abord savoir de quelle Eglise on veut parler. Si c’est de l’Eglise du mystère, le Corps dont Christ est la tête, alors, c’est Dieu qui la forme et qui nous y fait participer quand Il nous place dans la position spirituelle voulue. Mais si l’on parle d’une Eglise visible, nous admettons qu’il y a quelque difficulté. Aussi, la Parole ne nous donne-t-elle aucune indication pour former une « Eglise » visible dans la dispensation actuelle. Tout ce que nous pouvons réaliser actuellement, ce sont des groupes humains plus ou moins fidèles aux Ecritures. Si la charité y règne, ceux qui ne partagent pas nos interprétations ne nous rejetteront pas nécessairement; ils essaieront, après un examen bienveillant, de nous montrer notre erreur. On s’efforcera de garder la vérité dans la charité.

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.2 : L’Esprit

Nous donnons ci-dessous un essai de classification de tous les textes du N.T. contenant le mot « esprit ». Comme dans toute classification, il y a de nombreux cas où il est difficile de distinguer. Dans d’autres cas, il peut y avoir une double signification. Notre but est de distinguer les sens principaux du mot esprit.

Il est très important de ne pas confondre les dons du Saint-Esprit avec le Saint-Esprit Lui-même. Le texte grec facilite la distinction. Ainsi « pneuma hagion » (esprit saint) sans article indique un don, tandis que « to pneuma to hagion » (l’Esprit le Saint) indique la personne du Saint-Esprit. Il faut cependant se méfier d’appliquer d’une manière mécanique des règles de ce genre. Il est toujours nécessaire de tenir compte du contexte et de se laisser guider par le Saint-Esprit Lui-même.

Il faut aussi distinguer « esprit » comme don spirituel de l’ « esprit » que tout homme possède par nature.

On remarquera que la classification correspond dans une certaine mesure, avec celle du mot « chair » (Appendice n° 3). Esprit et chair sont, en effet, souvent en contraste.

La classification proposée par la Companion Bible a été pour nous un point de départ et, vu l’extrême importance de tout ce qui se rapporte au Saint-Esprit et à Son action en nous, il serait à souhaiter que d’autres études soient faites pour approfondir le sujet. Nos versions laissent beaucoup à désirer sous ce rapport et ne permettent pas au lecteur de savoir ce que l’original veut dire. Ceci donne lieu à beaucoup d’idées non scripturaires et à une confusion extrême.

LISTE CLASSIFIÉE DES TEXTES EMPLOYANT LE MOT « PNEUMA » (ESPRIT).

I. - Désignant Dieu.

Jean 4 : 24 (a) Dieu est esprit.

II. - Désignant Jésus-Christ.

2 Cor. 3 : 17, 17, 18. Aussi 2 Cor. 3 : 6, 6, 8 et Jean 6 : 63 (a).

III. - Désignant le Saint-Esprit. Il est nommé :

1. L’Esprit de Dieu. Mat. 3 : 16 ; 12 : 28 ; 1 Cor. 2 : 11, 14 ; 3 : 16 ; 6 : 11 ; l Pi. 4 : 14.2. L’Esprit du Seigneur. Act. 5 : 9.3. Le Saint-Esprit. Mat. 1 : 18, 20 ; 12 : 32 ; Marc 3 : 29 ; 12 : 36 ; 13 : 11 ; Luc 2 : 26 ; 3 : 22 ; 10 : 21 ; 12 : 10, 12 ; Jean 14 : 26 ; Act. 1 : 16 ; 2 : 33 ; 5 : 3 ; 7 : 51 ; 9 : 31 ; 13 : 2, 4 ; 15 : 28 ; 16 : 6 ; 20 : 23, 28 ; 28 : 25 ; Rom. 15 : 16 ; 2 Cor. 13 : 13 ; Eph. 1 : 13 ; 4 : 30 ; l Thes. 4 : 8 ; 2 Tim. l : 14, Héb. 3 : 7 ; 9 : 8 ; 10 : 15.4. L’Esprit de votre Père. Mat. 10 : 20 (voir Marc 13 : 11).5. L’Esprit de vérité. Jean 14 : 17 ; 15 : 26 ; 16 : 13.

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6. L’Esprit de Christ. 1 Pi. 1 : 11.7. L’Esprit de son Fils. Gal. 4 : 6.8. L’Esprit de Jésus-Christ. Phil. 1 : 19.9. L’Esprit de gloire. 1 Pi. 4 : 14.10. L’esprit « éternel ». Héb. 9 : 14.11. L’Esprit de la grâce. Héb. 10 : 29.12. L’Esprit. Mat. 4 : 1 ; 12 : 31 ; 22 : 43 ; 28 : 19 ; Marc 1 : 10, 12 ; Luc 2 : 27 ; 4 : 1 (b), 14 ; Jean 1 : 32, 33 (a) ; 3 : 6 (a), 8 (b), 34 ; Act. 2 : 4 (b) ; 11 : 28 ; 16 : 7 ; Rom. 8 : 16 (a), 23, 26, 26, 27 ; 15 : 30 ; 1 Cor. 2 : 10, 10, 13 ; 12 : 4, 7, 8, 8, 9, 9, 11 ; 2 Cor. 1 : 22 ; 5 : 5 ; Gal. 3 : 14 ; 4 : 29 ; Eph. 2 : 18, 22 ; 3 : 5, 16 ; 4 : 3, 4 ; 5 : 18 ; 6 : 17, 18 ; 2 Thes. 2 : 13 ; 1 Tim. 4 : 1 (a) ; 1 Pi. 1 : 2 ; 1 Jean 3 : 24 ; 4 : 13 ; 5 : 6, 6, 7, 8 ; Apoc. 1 : 10 ; 2 : 7, 11, 17, 29 ; 3 : 6, 13, 22 ; 4 : 2 ; 14 : 13 ; 17 : 3 ; 21 : 10 ; 22 : 17.

IV. - (A) Désignant les dons ou l’action du Saint Esprit dans l’homme.

1. Esprit de Dieu. Rom. 8 : 9, 14 ; 1 Cor. 7 : 40 ; 12 : 3 ; Phil. 3 : 3.2. Esprit de Christ. Rom. 8 : 9.3. Esprit du Seigneur. Luc 4 : 18.4. Saint-Esprit. Mat. 3 : 11 ; Marc 1 : 8 ; Luc 1 : 15, 35, 41, 67 ; 2 : 25 ; 3 : 16 ; 4 : 1 (a) ; 11 : 13 ; Jean 1 : 33 (b) ; 20 : 22 ; Act. 1 : 2, 5, 8 ; 2 : 4 (a), 38 ; 4 : 8, 25, 31 ; 5 : 32 ; 6 : 3, 5 ; 7 : 55 ; 8 : 15, 17, 19 ; 9 : 17 ; 10 : 38, 44, 45, 47 ; 11 : 15, 16, 24 ; 13 : 9, 52 ; 15 : 8 ; 19 : 2, 6 ; Rom. 5 : 5 ; 9 : 1 ; 14 : 17 ; 15 : 13, 19 ; 1 Cor. 6 : 19 ; 12 : 3 ; 2 Cor. 6 : 6 ; Thes. 1 : 5, 6 ; Tite 3 : 5 ; Héb. 2 : 4 ; 6 : 4 ; l Pi. 1 : 12 ; 2 Pi. 1 : 21 ; Jud. 20.5. Esprit. Mat. 12 : 18 ; Jean 3 : 5 ; 4 : 23, 24 (b) ; 6 : 63 (b) ; 7 : 39, 39 ; Act. 2 : 18 ; 8 : 18 ; 19 : 21 ; 20 : 22 ; Rom. 8 : 2, 4, 5, 5, 6, 9 (a) ; 11, 11, 13 ; 1 Cor. 2 : 4, 13 ; 12 : 13, 13 ; 14 : 2, 12, 14, 15, 15, 16, 32 ; 2 Cor. 3 : 3 ; Gal. 3 : 2, 3, 5 ; 5 : 5, 16, 17, 17, 18, 22, 25, 25 ; 6 : 8, 8 ; Eph. 1 : 17 ; Col. 1 : 8 ; 1 Thes.5 : 19 ; Jude 19.

(B) Désignant l’homme entier considéré en fonction de ce que le Saint-Esprit accomplit en lui. Traduit par « Esprit ».

Mat. 26 : 41 ; Jean 3 : 6 (b) ; Rom. 1 : 4 ; Héb. 12 : 9.

(C) Désignant l’homme vivifié, lors du changement du corps ou de la résurrection. En contraste avec « chair », désignant l’homme entier dans sa manière d’être matérielle.

1 Cor. 15 : 45 ; 1 Tim. 3 : 16 ; Héb. 12 : 23 ; 1 Pi. 4 : 6. Voir aussi 1 Pi. 3 : 18.

V. - Désignant le principe de la vie naturelle. (Est donc impersonnel et s’applique aussi aux animaux).

Luc 8 : 55 ; 23 : 46 (b) ; Jacq. 2 : 26 ; Apoc. 11 : 11 ; 13 : 15.

A la mort, cet esprit de vie retourne vers Dieu. Voir aussi Eccl. 12 : 7 et Ps. 104 : 29, 30.

VI. - (A) Désignant les facultés supérieures de l’homme (raison, intelligence, volonté libre,

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conscience et tout ce qui le distingue des animaux). Pour l’A.T. voir Gen. 41 : 8 ; 45 : 27 ; Ex. 35 : 21 (animés) ; Deut. 2 : 30 ; Juges 15 : 19 ; Zach. 12 : 1.

Luc 1 : 80 ; Act. 6 : 10 ; 17 : 16 ; Rom. 8 : 10, 16 (b) ; l Cor.2 : 11 ; 5 : 3, 4 ; 6 : 17 ; 7 : 34 ; 2 Cor. 7 : 1 ; Eph. 4 : 23 ; Phil. 1 : 27 ; Col. 2 : 5 ; 1 Thes. 5 : 23 ; Héb. 4 : 12 ; Jacq. 4 : 5.

(B) Désignant l’homme entier considéré selon ses facultés supérieures. Voir Ps. 31 : 6. Mat. 27 : 50 ; Marc 2 : 8 (voir 5 : 30) ; 8 : 12 ; 14 : 38 ; 15 : 39 ; Luc 1 : 47 ;

23 : 46 (a) ; Jean 11 : 33 (voir 6 : 61) ; 13 : 21 ; 19 : 30 ; Act. 7 : 59 ; 1 Cor. 5 : 5 ; 16 : 18 ; 2 Cor. 2 : 13 ; 7 : 13 ; Gal. 6 : 18 ; Phil. 4 : 23 ; 2 Tim. 4 : 22 ; Philémon 25.

VII. - Désignant des êtres spirituels.(A) Bons. Luc 24 : 37, 39 ; Act. 8 : 29, 39 ; 10 : 19 ; 11 : 12 ; 23 : 8, 9 ; Héb. 1 : 7,14 ; 12 : 9 ; l Pi. 3 : 19 ; l Jean 4 : 2 (b), 6 (a) ; Apoc. 1 : 4 ; 3 : 1 ; 4 : 5 ; 5 : 6.

(B) Mauvais. Mat. 8 : 16 ; 10 : 1 ; 12 : 43, 45 ; Marc 1 : 23, 26, 27 ; 3 : 11, 30 ; 5 : 2, 8, 13 ; 6 : 7 ; 7 : 25 ; 9 : 17, 20, 25, 25 ; Luc 4 : 33, 36 ; 6 : 18 ; 7 : 21 ; 8 : 2, 29 ; 9 : 39, 42 ; 10 : 20 ; 11 : 24, 26 ; 13 : 11 ; Act. 5 : 16 ; 8 : 7 ; 16 : 16, 18 ; 19 : 12, 13, 15, 16 ; 23 : 8 ; 1 Cor. 12 : 10 ; 2 Cor. 11 : 4 ; Eph. 2 : 2 (6 : 12) ; 2 Thes. 2 : 2 ; 1 Tim. 4 : 1 (b) ; 1 Jean 4 : 1, 1, 3, 6 (b) ; Apoc. 16 : 13, 14 ; 18 : 2.

VIII. - Désignant un état d’esprit.Mat. 5 : 3 ; Luc 1 : 17 ; Act. 18 : 25 ; Rom. 8 : 15, 15 ; 11 : 8 ; 12 : 11 ;

1 Cor. 2 : 12 ; 4 : 21 ; Gal. 6 : 1 ; Phil. 2 : 1 ; 2 Tim. 1 : 7 ; 1 Pi. 3 : 4 ; Apoc. 19 : 10.

IX. - Désignant une chose invisible.Jean 3 : 8 (a) ; Rom. 2 : 29 ; 7 : 6 ; 1 : 9 ; 2 Thes. 2 : 8.

L’expression « le souffle de sa bouche » est un hébraïsme. Voir, par exemple, Os. 6 : 5 et Apoc. 19 : 15, 21.

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.3 : La chair

La signification est très large. Le mot « chair » est souvent en opposition avec le mot « esprit » et ceci peut aider à mieux fixer la signification dans un passage donné.

LISTE CLASSÉE DES TEXTES EMPLOYANT LE MOT « SARX » (CHAIR).

I. - La partie matérielle de l’homme ou des animaux.Jean 6 : 52, 63 ; Act. 2 : 31 ; 1 Cor. 5 : 5 ; 15 : 39 ; 2 Cor. 12 : 7 ; 1 Pi. 3 : 21 ;

Jude 23 ; Apoc. 17 : 16 ; 19 : 18, 21.

II. - Ce qui a rapport à la manière d’être matérielle.Mat. 19 : 5, 6 ; Marc 10 : 8 ; Luc 24 : 39 ; Jean 1 : 14 ; 3 : 6 (a) ; Rom. 1 : 3 ;

8 : 3 (bc) ; 4 : 1 ; 9 : 3, 5, 8 ; 11 : 14 ; 1 Cor. 1 : 26 ; 6 : 16 ; 7 : 28 ; 10 : 18 ; 2 Cor. 4 : 11 ; 5 : 16 ; 7 : 1 ; 10 : 2, 3, 3, 4 ; 11 : 18 ; Gal. 2 : 20 ; 4 : 23, 29 ; Eph. 2 : 11, 15 ; 5 : 29, 31 ; 6 : 5 ; Phil. 1 : 22, 24 ; 3 : 3, 4 ; Col. 1 : 22, 24 ; 2 : 1, 5 ; 3 : 22 ; 1 Tim. 3 : 16 ; Phil. 16 ; Héb. 2 : 14 ; 5 : 7 ; 10 : 20 ; 12 : 9 ; 1 Pi. 3 : 18 ; 4 : 1, 2, 6 ; l Jean 4 : 2, 3 ; 2 Jean 7 ; Jude 7, 8.

III. - L’homme entier, considéré selon la manière d’être matérielle.Mat. 16 : 17 ; 24 : 22 ; 26 : 41 ; Marc 13 : 20 ; 14 : 38 ; Luc 3 : 6 ; Jean 1 : 13 ;

3 : 6 (b) ; 6 : 51, 53, 54, 55, 56 ; 17 : 2 ; Act 2 : 17, 26 ; Rom. 3 : 20 ; 6 : 19 ; 1 Cor. 1 : 29 ; 15 : 50 ; 2 Cor. 7 : 5 ; Gal. 1 : 16 ; 2 : 16 ; 4 : 13, 14 ; Eph. 6 : 12 ; Jacq. 5 : 3 ; 1 Pi. 1 : 24.

IV. - Ce qui est en rapport avec Adam et l’ancienne création.Rom. 7 : 5, 14, 18, 25 ; 8 : 3 (a), 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13 ; 13 : 14 ; 1 Cor. 3 : 1, 3,

4 ; 2 Cor 1 : 12, 17 ; Gal. 3 : 3 ; 5 : 13, 16, 17, 19, 24 ; 6 : 8, 12, 13 ; Eph. 2 : 3 ; Col. 2 : 11, 13, 18, 23 ; l Pi. 2 : 11 ; 2 Pi. 2 : 10, 18 ; l Jean 2 : 16.

V. - Ce qui est matériel et visible (sans idée littérale de chair).Jean 8 : 15 ; Rom. 2 : 18 ; 15 : 27 ; 1 Cor. 9 : 11 ; Héb. 7 : 16 ; 9 : 10, 13.

Voici quelques textes qui marquent l’opposition entre esprit et chair :Jean 3 : 6 ; Mat. 26 : 41 ; Rom. 2 : 29 ; 7 : 6, 14, 25 ; 8 : 4, 5, 9, 13 ; l Cor. 5 : 5 ;

6 : 16, 17 ; 2 Cor. 7 : 1 ; Gal. 3 : 3 ; 5 : 17 ; 6 ; 8 ; Philémon 16.

La chair morte que nous appelons la « viande », est désignée par « kreas » (Rom. 14 : 21 et 1 Cor. 8 : 13).

Pour le mot « charnel », il y a deux mots grecs « sarkikos » et « sarkinos ».

Sarkikos. (ce qui a le caractère de la chair : par exemple, être visible, matériel, ou de l’homme séparé de Dieu).Rom. 15 : 27 ; l Cor. 3 : 3, 4 ; 9 : 11 ; 2 Cor. 1 : 12 ; 10 : 4 ; l Pi. 2 : 11.

Sarkinos. (constitué par la chair, ou provenant de l’homme et appartenant donc à la sphère de l’homme séparé de Dieu).Rom. 7 : 14 ; 1 Cor. 3 : 1 ; 2 Cor. 3 : 3 ; Héb. 7 : 16.

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.4 : Le Déterminisme et la Science

Les sciences naturelles, qui se sont tant développées pendant les cinquante dernières années, ne s’occupent que de phénomènes dans lesquels la liberté n’entre pas en jeu et qui sont habituellement régis par des « lois ». On dit alors : tout a une cause, donc tout est déterminé. Cela est très logique273 mais on ne doit pas en déduire de fausses conséquences.

En premier lieu, il serait assez naïf d’admettre a priori, que toutes les causes sont physiques. Or, c’est ce que font les matérialistes. Ils négligent, ou nient systématiquement toute cause non matérielle. Il est vrai que le domaine des sciences naturelles est limité à ce que peuvent atteindre nos facultés naturelles. Toute autre sphère leur est interdite parce que les moyens d’investigation manquent. Cependant, la science est capable, sans pouvoir connaître le monde spirituel, de se rendre compte de son existence. D’abord, par le fait même de l’existence de la création et ensuite, par l’observation d’effets qui ne s’expliquent pas par des lois « naturelles » et qui, cependant, ne peuvent être niés par un homme non aveuglé274.

Ensuite, ne peut-on pas déduire de l’absence de liberté dans les phénomènes physiques, qu’il doive en être de même quand il s’agit de l’homme.

Enfin, rien ne permet d’affirmer que les causes ou les « interdépendances » restent nécessairement invariables. Le fait que nous pouvons répéter certaines expériences avec le même résultat, ne prouve qu’une chose : c’est que, pendant ce temps, les facteurs n’ont pas changé. Mais on ne peut rien conclure quant à la nature, ni à la constance de ces facteurs en dehors de cette période. Ceci est une raison de plus pour laquelle il est absolument anti-scientifique de nier le miracle. Les phénomènes dans lesquels intervient un facteur surnaturel, ont une tendance à ne pas se reproduire à volonté, ce qui n’a rien d’extraordinaire. Or, cela suffit pour qu’ils soient rejetés par la science actuelle !

Depuis quelques dizaines d’années, il s’est fait une véritable révolution, et le déterminisme a été ébranlé. Depuis Boltzmann, la plupart des « lois » sont devenues l’expression d’une probabilité. D’autre part, il est arrivé plus récemment, que le principe d’indétermination de Heisenberg ne permet plus d’avoir la certitude que, dans des conditions données, le résultat soit nécessairement déterminé. Ceux qui, pour des raisons non scientifiques, sont portés à maintenir le déterminisme, doivent au moins reconnaître qu’il est scientifiquement impossible d’en prouver la vérité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les observations à faire pour pouvoir prédire un résultat modifient le phénomène. Nous ne pouvons jamais connaître exactement les causes (même théoriquement) et nous ne pouvons donc jamais vérifier si le résultat est nécessairement déterminé. La science montre ainsi la possibilité d’une intervention supra-matérielle dans tous les phénomènes. Le monde spirituel 273 Cependant, le principe de causalité a nécessairement une application limitée et ne peut servir de théorie universelle. Car, si on remonte jusqu’à une cause première, celle-ci est sans cause et fait défaut au principe de causalité. La cause première doit être complète en elle-même, donc être absolue. La science ne peut atteindre que les causes dérivées, le relatif. Il faut ajouter que depuis un certain temps, il y a une tendance à ne plus parler de cause et d’effet, mais seulement de relations interdépendantes. Il est vrai qu’il y a des « interdépendances » où cause et effet sont difficiles à distinguer, mais de là à nier toute cause et tout effet, il y a loin. Hume a essayé de nier les causes et est arrivé nécessairement au scepticisme. Cette philosophie inconséquente avec elle-même a été réfutée par Kant.274 Pour avoir une science plus complète, il faut, ou bien avoir accès aux sphères supérieures, ou bien accepter les témoignages de ceux qui les connaissent. L’impuissance de l’homme est fondamentale : dans la sphère naturelle, il ne peut atteindre à aucune vraie connaissance de l’être des choses, il ne peut qu’interpréter plus ou moins bien les impressions qu’il reçoit. Il ne peut ainsi arriver ni à l’absolu, ni à la certitude. Et, de lui-même, il ne peut atteindre les sphères supérieures.

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peut agir et diriger les phénomènes, sans que nous puissions le savoir et sans interférer avec les propriétés « naturelles » de la matière. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de constater un résultat probable, donné par un grand nombre de phénomènes du même genre, sans savoir ce qui peut modifier la probabilité275.

L’indétermination à laquelle se heurtent les savants modernes résulte de la théorie des quanta et amène les relativistes purs à dire que cette théorie n’est pas achevée. En effet, une des caractéristiques de la science moderne est le rejet systématique de ce qu’on ne peut pas observer avec des moyens physiques. On tâche de réunir les faits observés, à l’aide d’une théorie, de manière que tout ce qui n’est pas observable soit nécessairement dépourvu de sens. On veut donc faire plus que rejeter ou nier ce qu’on ne peut observer : ces choses ne devraient même pas se présenter à notre esprit, car elles seraient absurdes. Ainsi, dans les théories d’Einstein, les notions d’espace et de temps sont telles, que l’idée d’un mouvement relatif à l’éther, d’un mouvement absolu, ne peut plus se présenter276. Vouloir une théorie qui rende impossible l’existence de ce que l’homme ne peut observer, c’est prétendre que l’homme peut tout observer, donc qu’il est au- dessus de tout. Il nous semble entendre de loin la voix de l’Adversaire : « Vous serez comme des dieux ». La vérité ne pourra être atteinte que si l’homme reconnaît son incapacité, entre en communion avec Dieu et voit ainsi s’étendre le domaine de ce qui est observable.

Notons encore que « déterminisme » ne veut pas nécessairement dire « fatalisme ». Le déterminisme scientifique découle de l’hypothèse suivant laquelle il existe des relations bien déterminées entre certains phénomènes. Etant donné un certain nombre de facteurs, il s’ensuit automatiquement un certain résultat. Dans le cas où tous les facteurs sont connus, le résultat est certain. Parmi ces facteurs peuvent se trouver des actes « libres » et le résultat est alors déterminé partiellement par ceux-ci. Déterminisme dans ce sens ne veut donc pas dire fatalisme. Ce n’est que dans le cas où l’on admet, en plus, qu’aucun acte n’est réellement libre, mais que tous les actes sont entièrement déterminés par les facteurs agissant sur une personne, qu’on peut parier de nécessité et de fatalisme277.

275 Voir aussi Le Plan Divin, appendice 4 : « Les Lois de la Nature et les Miracles ». Cet appendice sur les Lois de la Nature et les Miracles se trouvait dans la 1re édition de Le Plan Divin (1934) et par contre n’y était plus dans la seconde édition de 1956. Nous l’incluons ici à la suite du présent appendice.276 Voir à ce sujet l’article « The New Age in Physics » par le D H. Dingle dans Nature du 4 mai 1935.277 On sait que le Mahométan est fataliste. Il y a eu, cependant, dans l’Islam, le mouvement des Motazélites, au deuxième siècle de l’Hégire, qui défendait le libre-arbitre. M. A. Einstein est panthéiste et déterministe (Voir « Comment je vois le monde » p. 8, 37, 39, 162). Il rejette toute responsabilité humaine à l’égard de Dieu, et aussi l’existence d’un Dieu qui récompense et punit.

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.4 bis : Les Lois de la Nature et les Miracles[Cet appendice sur les Lois de la Nature et les Miracles se trouvait dans la 1re édition

de Le Plan Divin (1934) et par contre n’y était plus dans la seconde édition de 1956. Nous l’incluons ici.]

Les lois de la nature, que l’homme croit avoir dégagées, ont un caractère statistique et ne sont applicables que dans le cas où sont en jeu un grand nombre de molécules ou de leurs constituants : protons, électrons, positrons, neutrons. Quand on ne considère que quelques corpuscules, tout devient indéterminé. La loi exprime, en effet, la probabilité qu’un phénomène ait lieu de telle ou telle manière pour l’ensemble. Mais pour ce qui est des particules individuelles, les choses peuvent se passer autrement, de même que, malgré les indications des statistiques suivant lesquelles la durée de la vie humaine est par exemple de cinquante ans, on peut très bien mourir à dix ou à cent ans.

Il ne viendra à l’idée de personne de croire que ces phénomènes isolés, qui ne correspondent pas à la loi, prouvent qu’il n’y a pas de loi, ou sont impossibles à cause de la loi, ou sont surnaturels. Ces phénomènes sont en soi aussi naturels que les autres, mais ils sont moins probables.

Mais pourquoi parler de probabilité ? Si nous connaissions tout ce que nous pouvons connaître de chaque corpuscule, ne pourrions-nous pas prédire ce qui arrivera ? La science a été obligée de répondre non à cette question. Il s’ensuit que personne ne peut savoir s’il n’existe pas une cause non matérielle qui contrôle les phénomènes sans rien changer aux propriétés « naturelles » de la matière.

Nous voyons ainsi comment on peut concevoir le mécanisme des miracles. Pour produire un miracle, il suffit d’agir sur les particules matérielles de manière à changer la probabilité du résultat. La matière reste matière avec toutes ses propriétés naturelles mais on contrôle l’action des corpuscules. Ce contrôle nous échappe complètement, nous n’en voyons que le résultat. Tout est naturel quand on regarde les corpuscules, tout peut être surnaturel quand on considère le contrôle et le résultat. Un miracle ne cesse pas d’être un miracle parce qu’il est produit par des phénomènes « naturels ». Ce qui constitue le miracle, c’est que le naturel est dirigé par le surnaturel. Et le miracle attire notre attention quand le résultat est différent de ce que nous sommes habitués à observer.

Dans l’âge présent tout se passe d’une certaine manière parce que Dieu contrôle, par l’intermédiaire de certaines créatures, les actions individuelles de manière à rendre tel ou tel effet probable. Mais tout pourrait se passer autrement et, dans les âges prochains, ce sera sans doute la règle. Même pendant notre âge, Dieu agit exceptionnellement d’une autre manière et les êtres spirituels aussi peuvent produire certains phénomènes anormaux.

Le matérialisme naïf croyait avoir banni Dieu de la création. Tout est régi par des lois ; donc Dieu est inutile et les miracles sont impossibles ! Or, les lois sont le résultat d’une action divine et changent suivant les modalités de cette action. Ces lois ne sont donc pas absolues et éternelles, mais dépendent de Dieu.

Que la matière, tout en restant matière, peut avoir des propriétés entièrement différentes de celles que nous connaissons est montré par les Ecritures. Dans les sphères célestes et « sur-célestes » les lois de la sphère terrestre n’existent pas. Déjà Hénoc, quand il fut ravi par le Seigneur, a éprouvé que la matière n’est pas nécessairement soumise à la

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gravité. Quand le Seigneur avait son corps glorieux, Il montra en entrant dans une chambre close que la matière n’est pas nécessairement impénétrable. Elle peut aussi ne pas être affectée par le feu ; témoins les trois amis de Daniel dans la fournaise ardente. Le corps de la résurrection est gouverné par l’Esprit dont l’action lui communique des propriétés qui sont adaptées à la nouvelle sphère où l’homme est placé.

Nier la possibilité des miracles et d’autres modes d’existence n’est pas « scientifique ».

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.5 : Le péché d’Adam

Nous voulons examiner Rom. 5 : 12-14 pour nous rendre compte de ce que nous avons de commun avec le péché d’Adam.

Résumons d’abord les principaux points de vue.

1. Pélage comprenait que le péché d’Adam a été l’occasion pour d’autres hommes de pécher, à cause du mauvais exemple et des conditions extérieures défavorables.

2. Il y aurait une telle relation entre Adam et les autres hommes que son péché est aussi le péché de sa postérité. Cet acte d’Adam les rendrait tous personnellement pécheurs, comme lui était pécheur.

3. Le péché d’Adam a eu comme conséquence une corruption de la nature humaine, transmise à ses descendants par hérédité. Ils n’ont pas de responsabilité personnelle en ce qui concerne le péché d’Adam.

4. Le péché d’Adam est la cause judiciaire de la condamnation de la race. Par son péché, les hommes ont été constitués pécheurs dans un sens légal, de la même manière qu’ils pourront être constitués légalement justes par la justice de Christ278.

Inutile de nous attarder à la conception de Pélage. Les exemples et les conditions défavorables doivent toujours être pris en considération, mais ce ne sont que des éléments accessoires. Placez un pécheur dans des conditions idéales : il dérangera tout et restera pécheur. Placez un justifié dans des conditions défavorables et il les améliorera. C’est l’homme même qui doit changer avant tout.

L’objection à la deuxième manière de voir est fondamentale. C’est un non-sens que de dire que tous pèchent personnellement en Adam. Pour cela, il faudrait qu’ils existent personnellement en Adam, donc qu’ils existent avant leur naissance. En plus, l’Ecriture ne parle pas du péché de l’humanité, mais du péché d’un seul.

Restent les deux derniers points de vue. On objecte au troisième, que les versets 15 à 19 font constamment un parallèle entre Christ et Adam. Or, si l’on admet que nous ne sommes pas justifiés à cause de quelque chose qui est en nous, mais que nous ne le sommes qu’en Christ, il faut donc, pour que le parallèle soit parfait, que la condamnation ne soit pas causée par une corruption générale de l’humanité, de la nature humaine, mais seulement par le péché d’Adam. C’est ce péché qui doit être la cause juridique de notre condamnation (voir le quatrième point de vue) et de notre mort. La cause ne doit pas résider en nous.

Nous répondrons à cette objection, qu’il y a plutôt contraste que parallèle, surtout dans les versets 15 et 16 : « Mais il n’en est pas... » Chez Adam, il s’agit d’un déficit, chez Christ

278 Nous ne relevons pas ici la théorie moderne d’après laquelle il n’y a péché que lorsqu’il y a une loi et une volonté, et qui prétend qu’Adam, aussi bien que les autres hommes, a péché par la puissance générale et universelle du péché, parce qu’il était « charnel » par création. Il y aurait, selon cette opinion, une nécessité intérieure. Un examen un peu sérieux montre l’absurdité de cette théorie, qui est née du modernisme et de l’incrédulité.

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de la plénitude. Notre communion naturelle, par naissance, avec Adam nous place dans la sphère du péché, de ce qui est négatif. Notre communion spirituelle, par la foi, avec Christ, nous place dans la sphère de la justice et de ce qui est positif. La cause initiale de notre mort est toujours Adam, comme la cause initiale de notre vie est Christ.

Voyons maintenant quelques objections contre le quatrième point de vue et quelques arguments en faveur du troisième. Avant tout, il faut examiner si l’on peut parler de condamnation ou de punition quand il s’agit de la postérité d’Adam279. La Parole ne dit pas du tout que, pour la postérité, la mort est une peine. Elle l’était pour Adam, parce qu’il était personnellement responsable de son péché. Rom. 5 : 13 dit clairement : « le péché n’est pas imputé quand il n’y a point de loi » et c’était le cas pour la postérité d’Adam. Le verset 14 ajoute que « cependant, la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam ». Ils ont péché sans le savoir. Ce péché, quoique réellement péché280, ne leur est pas imputé et la mort n’est donc pas une peine pour eux. L’homme séparé de la source de vie est « naturellement » soumis à la mort. Adam a quitté volontairement cette source et a été puni. Ceux qui naissent séparés de cette source sont soumis à la même mort, mais comment celle-ci pourrait-elle leur être comptée comme punition ?

Notre manière de voir correspond donc au troisième point de vue et découle de l’acception la plus simple des paroles inspirées. Elle ne donne lieu à aucune des graves objections que soulèvent les opinions assez courantes à propos du « péché originel ». Dire que tous les hommes sont punis par Dieu pour ce qu’ils n’ont pas fait, c’est donner un argument très sérieux à ceux qui s’opposent à la Bible et c’est créer une grave difficulté pour beaucoup de non-croyants qui sont habitués à penser et ne désirent pas abandonner leur raison.

Mais on insiste sur les versets 16 et 18, qui parlent de condamnation. Or, il est impossible de déduire de ces versets que l’acte d’Adam condamne d’avance tous les hommes, et cela pour deux raisons : 1. parce que tous ne sont pas condamnés (puisque les croyants en Christ ne le sont pas ; voir, par exemple, Rom. 8 : 1) ; 2. Parce que le parallèle exigerait que tous soient aussi justifiés par Christ et que tous les hommes ne peuvent pas en même temps, être tous condamnés et tous justifiés.

Ce parallèle nous indique de quelle condamnation il s’agit : de celle des non-croyants. L’offense unique peut amener tous les hommes à la condamnation (c’est-à-dire si, par une résistance personnelle, ils s’écartent de Christ), de même que l’unique acte de justice peut amener tous les hommes à la justification (c’est-à-dire par la foi personnelle en Christ).

Ceux qui défendent le point de vue n° 4, disent que tout homme a péché « en Adam ». Non pas personnellement, mais d’une manière « putative ». Son acte est regardé comme notre 279 Le quatrième point de vue ne peut exister que si l’on entend que la mort est une condamnation pour tous les hommes. On tient, en effet, le raisonnement suivant :1. Tous les hommes sont soumis à des maux, comme condamnation.2. Or, toute condamnation résulte de la violation d’une loi (v. 13).3. Mais la condamnation existait avant la loi de Moïse et touchait ceux qui ne péchaient pas comme Adam, c’est-à-dire qui ne violaient pas une autre loi bien connue (v. 14).4. Il faut donc que l’acte d’Adam, qui violait la loi qui lui avait été donnée, soit considéré comme leur acte. Si l’on supprime l’idée de condamnation, et si l’on prend la mort comme une conséquence « naturelle », le raisonnement ne tient plus.280 Certains ont dit que le mal qu’on fait sans le savoir, ou même le mal dont on est conscient, mais auquel on ne sait résister, n’est pas compté comme péché. C’est une grave erreur. Tout ce qu’on peut dire, c’est que de tels péchés ne sont pas mis à notre compte.

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acte, Adam étant le Chef, le représentant. Il est possible de comprendre ceci quand on parle un peu vaguement de l’humanité. Mais quand on s’occupe de personnes individuelles, cela n’a plus de sens et donne lieu aux mêmes objections que le deuxième point de vue. Nous montrons d’ailleurs, dans l’Appendice 11, que l’idée de substitution ou de représentation ne donne pas non plus entière satisfaction quand il s’agit de la justification personnelle des hommes.

Penser que tous les hommes ont péché « en Adam » est au moins aussi ancien qu’Ambroise (IVème siècle), qui traduisait le grec de Rom. 5 : 12 : « en qui (c’est-à-dire Adam) tous ont péché ». Augustin hésita d’abord, mais quand il se rendit compte que l’expression « eph ô » est au masculin ou au neutre et ne peut donc pas référer à « péché », qui est du genre féminin, il se décida à lire aussi que tous ont péché en Adam. Les « pères » grecs n’acceptaient pas, cependant, cette traduction « en qui » et ceci aurait pu donner à penser, car ils étaient les mieux placés pour comprendre le grec. Actuellement, on traduit assez généralement : « parce que tous ont péché » et l’on a même dit hardiment qu’il est hors question que « eph ô » puisse signifier autre chose que « parce que » dans ce passage281.

Mais, voyons ce qu’enseigne la Parole. Nous utiliserons, comme toujours, la méthode de la Concordance en consultant les autres passages où le Saint-Esprit fait usage de la locution « eph ô ». Comme « eph » est en réalité la préposition « epi », il est bon aussi de se rendre compte de son sens exact. En groupant les textes d’après le cas (génitif, datif, accusatif), il n’est pas difficile de se rendre compte par la Parole même, que cette préposition a les significations que nous avons indiquées sur le schéma de l’appendice 8.

Dans le cas actuel, c’est le datif qui est employé. « Epi » indique alors deux choses superposées au repos : par exemple, la tête de Jean-Baptiste reposait sur (epi) un plat (Mat. 14 : 8). Dans le cas où il s’agit d’objets non matériels, cette préposition indique toujours qu’une chose est la base sur laquelle repose une autre chose. Ainsi dans :

Marc 3 : 5. L’affliction est basée sur l’endurcissement.

Luc 2 : 20. La louange est basée sur ce qu’ils avaient vu et entendu.

Jacq. 5 : 1. Les pleurs sont basés sur des malheurs.

D’autre part, « ô » signifie « qui » ou « quoi » et, pris littéralement, « eph ô » (sur qui ou sur quoi) indique donc la base sur laquelle une chose est posée ou sur laquelle un effet est basé.

Relisons maintenant notre texte :

Rom. 5 : 12. « C’est pourquoi, comme par un seul homme… sur qui tous ont péché. »

L’homme Adam est la base sur laquelle repose le péché de tous. Il est clair que le texte ne dit pas qu’ils ont péché « en Adam » et que la traduction « parce que tous ont péché » est impossible. Tous ont péché à la suite de l’acte d’Adam282.

281 Voir La Théologie de Saint Paul, par F. Prat, p. 256 (Tome I).282 « Sur qui » ou « sur quoi » pourrait aussi se référer à « mort », en prenant ce terme dans un sens très large.

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Comme vérification, il est bon d’examiner aussi les deux autres textes contenant « eph ô ». Segond traduit 2 Cor. 5 : 4 comme suit :

« Car, tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, parce que... nous voulons nous revêtir. »

Nous croyons que le lecteur sera d’accord pour dire que cette phrase ne tient pas debout. Paul ne gémissait certainement pas, parce qu’il voulait être revêtu. Il pouvait gémir parce qu’il ne l’était pas. L’expression « parce que » ne convient donc absolument pas.

Pour bien comprendre ce verset, il faut tenir compte du contexte. Comme dans bien d’autres cas, la division des chapitres, qui est oeuvre humaine, est mal faite. La Companion Bible donne la structure suivante pour le passage qui va de 2 Cor. 4 : 1 à 2 Cor. 5 : 11 et qui fait le contraste entre nos faiblesses et nos afflictions et l’action divine qui change tout.

a) 4 : 1-6. C’est pourquoi nous ne perdons pas courage.Contrastes (aveuglement et lumière).b) 4 : 7-14. Son état.

c) 4 : 15. Pour les Corinthiens.a) 4 : 16 - 5 : 5. C’est pourquoi nous ne perdons pas courage.

Contrastes (corps naturel et corps glorieux).b) 5 : 6-10. Son état.

c) 5 : 11. Pour tous.

Le passage 4 : 16 - 5 : 5 forme un ensemble, qui est divisé comme suit :

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »

(Ici suivent des explications: v. 17 Car..., v.18 Car..., qui se terminent en 5 : 4 par : Car, tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés.)

« Sur quoi (eph ô) nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. »

Ce « sur quoi » ne se rapporte donc pas aux gémissements du verset 4. Dieu a fait briller la lumière dans son cœur. Il le ressuscitera. Dieu agit déjà maintenant en lui. Paul ne perd donc pas courage malgré toutes ces misères, mais il se base sur tout ce que Dieu a déjà fait pour lui et spécialement sur le renouvellement de son homme intérieur pour ne pas vouloir la mort, mais la résurrection.

Nous voyons ainsi que le sens littéral est clair et fait ressortir l’unité de ce passage.

Voyons maintenant le troisième texte contenant « eph ô » :

Phil. 3 : 12. « Je cours pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ. »

On ne voit pas très bien pourquoi Paul tâcherait de saisir le prix parce qu’il a été saisi par Jésus-Christ. Si nous lisons :

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« Je cours pour tâcher de le saisir (le prix), sur lequel moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ. »,

nous comprenons que le prix, c’est-à-dire la conformité à Sa mort et la hors-résurrection hors des morts283 est la base sur laquelle repose le fait que Jésus l’a saisi, c’est-à-dire que le Seigneur glorifié l’a saisi pour qu’il obtienne ce prix. Paul, sachant cela, court évidemment pour saisir ce prix.

Il nous semble donc que la signification littérale de « eph ô » donne partout un sens excellent, tandis que « parce que » (qui laisse de côté le « ô » et force la signification de « epi ») ne convient pas.

Pour toutes ces raisons, nous tenons donc à la signification la plus littérale de Rom. 5 : 12-14 et nous nous gardons de dire que nous sommes condamnés pour le péché d’Adam.

Même nés dans le péché, nous devons être très reconnaissants envers Dieu, car Il ne nous a pas seulement donné l’existence, mais aussi le moyen de sortir de notre état mauvais et d’avoir accès à la gloire.

283 Voir Les Enseignements de l’Apôtre Paul, p. 72 [p. 59, 2ème édition -1957]

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.6 : A propos de Calvin

Nous n’avons pas à juger Calvin même, mais nous croyons devoir dire un mot au sujet de ses doctrines. Dans l’examen de tout document, aussi bien de la Parole de Dieu que des écritures humaines, il est nécessaire de tenir compte du temps, des lieux et des circonstances. Calvin avait à réagir contre beaucoup de fausses doctrines et de sagesse humaine, et il a voulu le faire en s’appuyant sur les Ecritures. Nous ne pouvons qu’applaudir à cette ferme attitude. Mais une réaction tend habituellement à dépasser le but visé. Comme les circonstances sont actuellement tout autres, il faut être prudent et ne pas juger trop hâtivement d’après quelques expressions isolées.

Nous voulons montrer que notre manière d’envisager la liberté est bien proche de celle de Calvin, que pour ce qui concerne l’élection, il y a aussi accord partiel et que même au sujet de la réprobation, il y a des points de contact. Expliquons-nous à propos de ces trois questions.

1. La liberté. Comme dans la plupart des cas, les discussions proviennent surtout d’un malentendu. Les mots qu’on emploie ne signifient pas toujours la même chose. Dès qu’on précise, on peut arriver à un accord, tout au moins entre ceux qui aiment réellement la vérité et ne tiennent pas, comme des aveugles, à leurs propres opinions.

Voyons ce que Calvin entend par le « franc-arbitre ou le « libéral-arbitre ».

Institution 2, 2, 4. « Or combien de ce vocable soit souvent usurpé de tout le monde, neantmoins il y en a bien peu qui le définissent. Toutesfois il semble qu’Origene a mis une definition qui estoit receue de tout le monde pour son temps, quand il a dit que c’est une faculté de raison à discerner le bien et le mal et de volonté à elire l’un ou l’autre. »

Calvin s’opposait aux philosophes qui disaient que la raison suffit à nous bien conduire et que la volonté est libre de suivre entièrement la raison (2, 2, 3). Voyons maintenant jusqu’où Calvin pense que cette liberté s’étend.

Institution 2, 2, 7. « Nous voyons donc qu’ils confessent l’homme n’estre point dit avoir liberal-arbitre, pource qu’il ait libre election tant de bien comme de mal ; mais pource qu’il fait ce qu’il fait de volonté, et non par contrainte : laquelle sentence est bien vraye. Mais quelle moquerie est-ce d’orner une chose si petite d’un tiltre tant superbe ? »

2, 2, 8. « Seulement que nul n’entreprenne de nier tellement le franc-arbitre, qu’il vueille excuser le peché. »

On voit que Calvin est loin de dire que l’homme est contraint en toutes choses, mais il n’aime pas qu’on appelle « franc-arbitre » ce qui lui reste de liberté.

Institution 2, 2, 8. « Pourtant si quelcun se permet user de ce mot en saine intelligence, je ne luy en feray pas grande controversie, mais pource que je voy qu’on n’en peut user sans grand danger, au contraire que ce seroit grand profit à l’Eglise

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qu’il fust aboly, je ne le voudroye point usurper, et si quelcun m’en demandoit conseil, je luy diroye qu’il s’en abstinst. »

Calvin reconnaît que l’homme est, dans une certaine mesure, libre de vouloir. Calvin admet que l’image de Dieu n’est pas du tout anéantie et effacée après la chute (Inst. 1, 15, 4).

Le lecteur voudra bien se souvenir que nous avons dit, à mainte reprise, que nous ne prétendions d’aucune manière, que l’homme fût entièrement libre après la chute, ou qu’il pût faire par lui-même quelque chose de bon, ou atteindre, par ses propres forces, ce qui est spirituel284. Nous n’avons rien dit de plus que Calvin en cette matière. L’homme reste responsable, parce que ses décisions dépendent, dans une certaine mesure, de lui-même. Il est responsable parce qu’il peut faire certaines choses par la capacité que Dieu lui a donnée et résister dans une certaine mesure au désir de Dieu. Calvin dit :

« Lesquelles tesmoignent, que nul n’est admis à recevoir les benedictions de Dieu, sinon celuy qui dechet et defaut par le sentiment de sa provreté » (Inst. 2, 2, 10).

« Il est bien vray que Dieu leur a donné quelque petite saveur de sa divinité, à ce qu’ils ne pretendissent ignorance pour excuser leur impieté » (Inst. 2, 2, 18).

« De dire quelle soit tellement aveuglée qu’il ne luy reste aucune cognoissance en chose du monde, cela serait repugnant non seulement à la Parolle de Dieu, mais aussi à l’experience commune. Car nous voyons qu’en l’esprit humain il y a quelque desir de s’enquerir de la verité » (Inst. 2, 2, 12).

L’homme ne pèche pas par ignorance :

« mais puisqu’ainsi est que le pecheur declinant de la discretion du bien et du mal qu’il a en son cœur, y est à chacune fois retiré par force, et ne peut tellement fermer les yeux, qu’il ne soit contraint, vueille-il ou non, de les ouvrir aucunesfois, c’est une chose fausse de dire qu’on peche par ignorance » (Inst. 2, 2, 22).

Il dit que l’homme n’est pas une pierre, dont le mouvement dépend uniquement des forces extérieures (2, 5, 14).

En résumé, Calvin admet la liberté de spontanéité pure, mais peut-être pas la liberté d’indifférence.

Le fait que Calvin admet qu’Adam avait « franc- arbitre », et que les hommes, après la chute, n’en sont pas destitués absolument, montre que, dans son idée, la liberté de la créature ne diminue en rien la souveraineté de Dieu. Il dit à ce sujet :

Inst. 1, 15, 8. « En ceste integrité l’homme avoit franc-arbitre, par lequel s’il eust voulu il eust obtenu vie eternelle. Car de mettre icy en avant la predestination occulte de Dieu, c’est hors de propos : pource que nous ne sommes point en question de ce qui a peu advenir ou non, mais de ce qu’a esté en soy la nature de l’homme. Ainsi Adam pouvoit demourer debout s’il eust voulu, veu qu’il n’est tresbuché que de sa volonté propre : mais pource que sa volonté estoit ployable au bien et au mal, et que la

284 C’est surtout à ce sujet que Calvin réagit (par exemple, Inst. 2, 2, 4).

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constance de perseverer ne luy estoit pas donnée, voila pourquoy il est si tost et si legerement tombé. »

Il faut ajouter que Calvin semble tantôt pousser la souveraineté de Dieu jusqu’à enlever toute liberté à la créature, tantôt affirmer ce reste de liberté afin de maintenir sa responsabilité. Il semble y avoir là une contradiction pour lui, mais il est obligé d’accepter les deux points de vue sans pouvoir les concilier.

2. L’Election. Calvin distingue l’élection générale du peuple Juif de l’élection particulière du résidu d’Israël, mais il confond (sous le poids de la tradition) ce résidu avec « l’Eglise ». Eph. 1 : 4, qui ne concerne que l’Eglise du mystère, est appliqué par lui aux croyants en général.

Calvin parle toujours de l’élection « à salut » . Or, nous croyons que les Ecritures nous enseignent que toute élection a pour but l’accomplissement d’une certaine mission nécessaire pour que la créature atteigne son but final : Dieu tout en tous. II ne s’agit pas, en premier lieu, du salut de l’élu, mais de l’assistance des non-élus par les élus. Tous ceux qui sont sauvés ne sont pas élus, et tous ceux qui ne sont pas élus ne sont pas « réprouvés ». Il ne suffit pas de citer beaucoup de textes pour montrer qu’il y a une élection, il faudrait montrer par la Parole que jamais il n’y aura un homme sauvé s’il n’est pas élu.

Nous avons aussi montré qu’il n’y a aucun doute que Dieu élit qui il veut et que dans ce sens, l’élection est irrésistible, mais cela ne veut pas dire que l’homme exécute nécessairement le mandat de son élection. En cela, il reste libre.

Calvin est un modèle de croyant qui s’élève contre toute tradition non confirmée par les Ecritures. Mais il n’a pas pu faire tout. Sa vie fut très limitée et les controverses spéciales de son temps ont absorbé une grande partie de son activité. Celui qui sait, par expérience, combien il est difficile de sacrifier la tradition à la vérité, reste étonné de ce que Calvin a fait dans ce sens. Si Calvin vivait maintenant, il ne serait pas « calviniste ».

3. La Réprobation. La lecture de certains passages de Calvin épouvante. Lui-même a éprouvé cette sensation, car il écrit « Je confesse que ce decret (celui de la réprobation) nous doit espovanter » (Inst. 3, 23, 7). Les circonstances voulaient qu’il écrive sévèrement et durement. Mais il a, d’autre part, indiqué lui-même de quoi adoucir certaines impressions. Ainsi lisons-nous :

« Puis qu’il est certain qu’ils n’estoyent pas indignes d’estre predestinez à telle fin, il est aussi certain que la ruine en laquelle ils tombent par la predestination de Dieu, est juste et equitable. Davantage, leur perdition procede tellement de la predestination de Dieu, que la cause et matiere en sera trouvée en eux. Le premier homme est cheut, pource que Dieu avoit jugé cela estre expedient. Or pourquoy il l’a jugé, nous n’en savons rien. Si est-il neantmoins certain, qu’il ne l’a pas jugé sinon pource qu’il voyoit que cela faisoit à la gloire de son Nom. Or quand il est fait mention de la gloire de Dieu, pensons aussi bien à sa justice : car il faut que ce qui merite louange soit equitable. L’homme donc trebusche selon qu’il avoit esté ordonné de Dieu : mais il trebusche par son vice. Le Seigneur avoit prononcé un peu auparavant, toutes les choses qu’il avoit faites estre fort bonnes (Gen. 1, 31) : dont vient donc la perversité de l’homme, sinon qu’il s’est destourné de son Dieu ? Afin qu’on ne pensast qu’elle vinst de sa creation, le Seigneur avoit approuvé par son tesmoignage tout ce

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qu’il avoit mis en luy. Il a donc par sa propre malice corrompu la bonne nature qu’il avoit receue du Seigneur. Et ainsi par sa cheute a tiré avec soy en ruine tout son lignage. Parquoy contemplons plustost en la nature corrompue de l’homme, la cause de sa damnation, laquelle luy est evidente, que de la chercher en la predestination de Dieu, où elle est cachée et du tout incomprehensible » (Inst. 3, 23, 8).

« Nous enseignons aussi, que c’est perversement fait à eux de vouloir entrer aux secrets de Dieu, ausquels on ne peut atteindre, pour chercher l’origine de leur damnation, et laisser derriere la corruption de leur nature, dont elle procede à la vérité. Or que ceste corruption ne doyve estre imputée à Dieu, il appert de ce qu’il a rendu bon tesmoignage à sa creation. Car combien que par la providence eternelle de Dieu, l’homme a esté créé pour venir en ceste misere en laquelle il est, il a neantmoins prins la matiere d’icelle de soy-mesme, et non pas de Dieu. Car il n’est peri pour autre cause, sinon pource qu’il a degeneré de la pure nature que Dieu luy avoit donnée, en perversité » (Inst. 3, 23, 9).

« Si tous sont à bon droit tenus coulpables de telle rebellion, qu’ils ne pensent point s’excuser sous ombre de necessité » (Inst. 2, 5, 1).

« Quant est des punitions que Dieu fait des malefices, je respon qu’elles nous sont justement deues, puis que la coulpe de peché reside en nous (lnst. 2, 5, 2).

On voit qu’au fond, Calvin ne dit pas que Dieu a voulu absolument la réprobation de certains, d’une manière complètement arbitraire. Certes, Dieu n’a aucune obligation envers la créature. Il peut donner ou ne pas donner, mais punir (et quelles punitions Calvin n’avait-il pas en vue !) une créature absolument sans cause personnelle, est incompatible avec Sa justice. Calvin lui-même le reconnaît. Il ne prétend pas que c’est Dieu qui introduit le péché dans le monde. Le péché, qui est une carence et non une chose positive, ne peut être dû qu’à la créature. Elle s’est détournée de son Créateur, elle a corrompu sa bonne nature. Cela s’applique, en premier lieu, à Adam, qui avait pleinement son « franc-arbitre », mais nous avons montré que Calvin doit admettre que l’homme tombé garde un élément de liberté, qui détermine sa responsabilité et qui justifie les peines qui lui sont infligées. Nous pouvons ainsi être mieux d’accord avec Calvin qu’il ne l’était lui-même, car il était obligé d’admettre des idées qui semblaient contradictoires, tandis que nous les acceptons comme partie d’un tout harmonieux.

Nous terminerons par quelques considérations générales, qui ne concernent pas seulement Calvin, mais tous les grands Chrétiens du passé. Quand on ose avoir une opinion propre après une sérieuse étude spirituelle de la Parole, il est évident qu’on peut différer en quelque endroit de l’opinion de ces grands hommes. Cela permet-il de nous accuser d’orgueil, sous prétexte que nous entendons savoir certaines choses mieux qu’eux ? Peut-on dire que nous méprisons ces hommes ? Evidemment non. Considérons un domaine où il est plus aisé de rester objectif, de ne pas se laisser entraîner par ses sentiments : la science qui se rapporte au monde matériel. Newton était un savant remarquable. Or, le moindre lycéen ne peut-il prétendre actuellement en savoir plus que lui ? Ceci n’est nullement un trait d’orgueil et n’ôte rien à la gloire de Newton. Il y a, en effet, un développement dans nos connaissances et personne ne penserait augmenter le renom de Newton en gardant ses idées. Si ce grand homme vivait actuellement, lui-même n’aurait plus les opinions qu’il a défendues de son temps. Il montrerait encore être un homme exceptionnel, en suivant les progrès intervenus dans les connaissances et non en gardant ses anciennes visions.

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De même qu’il y a progrès dans les connaissances de ce qui a été créé, de même, il y a un développement dans la compréhension de la Parole divine285. Ce progrès n’est pas aussi général, ni aussi marqué, mais il reste toujours vrai que celui qui cherche vraiment la vérité, peut toujours profiter des recherches de ceux qui ont précédé. Nous croyons donc très sincèrement qu’il est contraire à l’esprit de Calvin et des autres grands Chrétiens que de vouloir rester fidèle à tout ce qu’ils ont écrit.

Plus besoin d’examiner, dit-on, nos docteurs l’ont fait pour nous ; prétendriez-vous en savoir plus qu’eux ? Il est conforme au présent siècle mauvais, que cet esprit règne, non seulement dans l’Eglise romaine, mais un peu partout. Chaque organisation religieuse veut garder sa confession et tout examen un peu personnel constitue alors un danger pour elle. On veut éviter les « controverses » et ce qui pourrait diviser, et cela à tel point qu’on sacrifie la vérité.

Soyons des Calvinistes dans le bon sens. La Parole seule doit être notre vérité. Ne cessons de l’examiner tout en tenant très sérieusement compte des résultats des autres, et cela dans une dépendance complète envers le Saint-Esprit.

285 Nous sommes loin de prétendre qu’il y ait un parallélisme parfait. La connaissance exacte de la Parole a été perdue depuis que Paul a été abandonné. En suivant l’histoire, on remarque un retour graduel à la vérité, non pas de la masse, mais d’un petit nombre de croyants. Il est entendu que la vérité ne change pas, mais on peut la mieux comprendre. Il n’y a pas de nouvelles vérités, mais elles semblent parfois nouvelles, parce qu’elles sont restées enfouies sous une tradition qui a tout obscurci.

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.7 : La Grâce dans l’Ancien Testament

On a parfois perdu de vue que la grâce de Dieu n’est pas offerte seulement dans le Nouveau Testament, mais qu’elle l’a été de tout temps. Nous ne citerons que quelques textes comme exemples :

« S’il crie à moi, je l’entendrai, car je suis miséricordieux » (Ex. 22 : 25-27).

« L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché » (Ex. 34 : 5-7).

« C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies... » (Ps. 103 : 2-10).

« Prêtez l’oreille, et venez à moi, écoutez, et votre âme vivra : je traiterai avec vous une alliance éternelle, pour rendre durables mes faveurs envers David » (Es. 55 : 3).

Si l’on considère l’homme individuellement, on peut dire que Dieu a toujours suivi la même voie pour le sauver. Ce qui change, ce sont les conditions extérieures, les méthodes employées pour aider l’homme.

Nous savons que toutes les Ecritures parlent de Christ. La promesse d’un Sauveur est donnée en Gen. 3 : 15. La bonne nouvelle fut annoncée à Israël dans le désert (Héb. 4 : 2). Toutes les cérémonies symbolisent les premières étapes dans la voie du salut.

Dans Héb. 11, nous voyons toute une série de croyants de l’A.T. qui ont connu la régénération et même la justification. Job savait qu’il aurait part à la résurrection (Job 19 : 25, 26). David aussi (Ps. 73 : 26). Daniel parla de la résurrection (Dan. 12 : 1-3). David parle du pardon des iniquités, des péchés couverts, de la non-imputation du péché (Rom. 4 : 3 et voir Ps. 51).

Les promesses abrahamiques contiennent d’ailleurs toutes les bénédictions relatives aux sphères de la régénération et de la nouvelle création. Abraham lui-même a atteint la justification (Gal. 3 : 6, etc). C’est par grâce que ces bénédictions sont promises à Abraham et à sa postérité. (Gal. 3 : 18 ; noter l’usage du verbe « charizomai ».) La foi était déjà « venue » (Gal. 3 : 23, 25) pour lui et d’autres, mais pas encore pour la masse.

II faut être prudent en plaçant la loi en contraste avec la grâce. La Loi est intervenue pour éduquer Israël, qui avait pour mission d’évangéliser le monde. Ils devaient, en apprenant ainsi en détail la volonté de Dieu à leur égard, se rendre compte de leur péché, de leur incapacité, et avoir recours à la grâce promise longtemps avant la loi (Gal. 3 : 17). La loi n’est donc pas un autre moyen pour être sauvé, moyen qui serait aboli maintenant, et qui serait remplacé par la grâce. La loi doit être accomplie par la grâce.

En résumé, la grâce est intervenue dès la chute. Elle a sauvé l’humanité du néant et tend à la ramener à la communion avec Dieu, c’est-à-dire au salut final.

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En relation avec ceci, nous attirons l’attention sur deux erreurs dont il faut se garder :

1. Conclure des correspondances entre le N.T. et l’A.T., que les croyants actuels sont donc « l’Israël spirituel » et que la nation d’Israël n’a plus d’avenir. « L’Eglise » aurait alors commencé par Adam.

2. Se rendre compte qu’Israël a encore un avenir, mais en conclure que les croyants du N.T. sont à distinguer entièrement de ceux de l’A.T. et croire que « l’Eglise » a commencé à la Pentecôte, ou peu après.

Dans ces deux points de vue, il y a du vrai et du faux. Il faut réunir ce qu’il y a de vrai et rejeter ce qui est erreur. Il y a certainement une correspondance entre les deux parties de la Bible. Il y a des régénérés et des justifiés aussi bien avant qu’après la Pentecôte. D’autre part, Israël est Israël, et ce peuple a encore une mission importante à remplir.

Dans la deuxième théorie, il y a encore ceci de vrai, qu’il y a, en effet, certaines choses que l’A.T. n’a pas atteintes : c’est le grand mystère que Paul a fait connaître après la période des Actes.

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.8 : Quelques prépositions grecques

GENITIF DATIF ACCUSATIF

HUPER pour HUPER au dessusEPI sur, a(place ou temps)

EPI sur, a(indique une base)

EPI sur, a, devant (mouvement pour atteindre une personne, une chose ou un endroit)

DIA parPar l’intermédiaire de, à travers

DIAA cause de

APODepuis, venant de, s’écartant de

EN en PROSVers, dans le but de

EKHors de

EISJusqu’en

KATA Contre, en bas KATA selonMETA avec META aprèsPARA de PARA auprès de PARA à côté dePRO avant SUN ensemble ANA en hautANTI contre, à la place de

Exemples :EPI (gen.) place : Mat. 6 : 10 « sur la terre »

temps : Mat. 1 : 11 « au temps de » (dat.) base matérielle : Mat. 14 : 8 « sur un plat ».

base morale : Marc 3 : 5 « affligé de l’endurcissement » (acc.) personne : Mat. 3 : 16 « venir sur lui »

objet : Mat. 3 : 7 « venir à son baptême » endroit : Mat. 3 : 13 « au Jourdain »

DIA (gen.) par l’intermédiaire de : Jean 1 : 3 « faites par elle » à travers de : Mat. 19 : 24 « passer par le trou »(acc.) à cause de : Mat. 10 : 22 « à cause de mon nom »

HUPO (gen.) Mat. 1 : 22 « par le prophète » (acc.) Mat. 23 : 37 « sous ses ailes »

PARA (gen.) Mat. 2 : 4 « d’eux » (dat.) Mat. 6 : 1 « auprès de votre Père » (acc.) Mat. 13 : 1 « au bord de la mer »

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PERI au sujet de PERI

autour

HUPOPar (agent)

HUPO Sous (place)

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HUPER (gen.) Mat. 5 : 44 « priez pour ceux qui » (acc.) Phil. 2 : 9 « qui est au-dessus de tout nom »

PERI (gen.) Mat. 4 : 6 « à ton sujet » (acc.) Mat. 3 : 4 « autour des reins »

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.9 : Le Discernement des Choses

Ce n’est qu’en négligeant des différences entre les mots et entre les expressions du texte inspiré et en ne tenant pas compte des différences entre les enseignements des apôtres de la circoncision d’une part, et de ceux de l’apôtre Paul d’autre part, qu’on peut maintenir le point de vue que tous les croyants occupent la même position et que, par exemple , la mort au péché coïncide avec la nouvelle naissance286.

Toutes les œuvres de Dieu peuvent être examinées au microscope et restent toujours parfaites contrairement aux œuvres humaines qui montrent alors leurs défauts. De même que la feuille, le cristal de neige, la molécule montrent une extrême précision dans les moindres détails, de même la Parole est précise dans les mots, les lettres et les moindres signes. On ne peut y changer un iota. Est-il raisonnable de ne pas respecter les détails du texte inspiré, en prétendant que les Ecritures humaines manquent toujours de précision ? On pourrait peut-être comprendre cette attitude si ces distinctions conduisaient à des difficultés inextricables. Mais ce sont, au contraire, les libertés qu’on prend avec ce texte, qui créent les difficultés !

Nous prenons le texte tel qu’il est, nous comparons les enseignements sans parti pris et sans idées préconçues et nous arrivons nécessairement à distinguer trois positions pour les croyants.

Pour mieux faire ressortir les différences qui nous sont imposées sous ce rapport par les Ecritures, nous donnons le tableau suivant qui indique combien de fois certains mots ou certaines expressions caractéristiques sont employés dans certaines parties des Ecritures.

286 Il y a un là un danger pour ceux qui ont fait des études grecques. Le langage habituel des auteurs non inspirés manque de précision et les conduit à négliger des différences dans le texte parfait inspiré par le Saint-Esprit.

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TEXTE GREC TRADUCTION ET OBSERVATIONSEpîtres de PaulPendant les Actes

Epîtres de PaulAprès les Actes

Le reste du N.T.

Metanoeô Se repentir 1 0 33Metanoia Repentance 3 1 20Epistrephô Se convertir 3 0 36Palingenesia Nouvelle naissance (1 fois dans Tite) 0 0 1Anagennaô Nouvelle naissance 0 0 2Gennaô anôthen Naissance d’en haut 0 0 2Aphièmi-aphesis Rémission (des péchés et offenses)

(Concerne le passé en Eph.) 0 2 35Hilasmos Propitiation 0 0 2Hilaskomai Etre apaisé 0 0 2Hilastérion Propitiatoire (du passé) 1 0 1

Jérusalem terrestre 6 0 70En Christô Ièsou En Christ-Jésus 19 21 0Pisteô en C. I. Foi en Christ-Jésus 2 2 0Uioi theou Fils de Dieu 6 0 0Kainè ktisis Nouvelle création 2 0 0

Vieil homme crucifié 1 0 0Mort au péché 1 0 0Mort avec Christ 1 1 0Affranchi du péché 4 0 0

Dikaiosunè Justice 49 10 32Dikaioô Justifier 27 0 10Dikaiôsis Justification 2 0 0Katallagè Réconciliation 4 0 0Katallassô Réconcilier 6 0 0

Jérusalem céleste 1 0 4Stauros Croix (en relation avec nous) 5 5 0Stauroô Crucifier 5 0 0Kainon anthrôpon Nouvel homme 0 2 0Andra teleion Homme fait 0 1 0

Vieil homme dépouillé 0 2 0Mort aux péchés 0 3 0

En tois epouraniois

Dans les sur-célestes 0 5 0

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Charizomai Faire grâce (offenses) 0 1 0Apokatallassô Réconcilier complètement 0 3 0Apolutrôsis Rédemption complète acquise 0 2 0Plèroô Etre accompli (du croyant) 0 4 0

Nous voyons ainsi que ce sont presque exclusivement les auteurs des Evangiles et les apôtres de la circoncision qui parlent de la nouvelle naissance, de la rémission des péchés, de la propitiation, mais qu’ils ne s’occupent pas des question qui, en relation avec le croyant, nécessitent l’emploi de mots tels que : croix, crucifier, nouvel homme, nouvelle création, réconciliation, mort au péché, affranchi du péché287.

D’autre part, Paul, après les Actes, ne se sert plus de mots tels que : se repentir, se convertir, nouvelle naissance ; mais il parle, au contraire, de faire grâce, du nouvel homme, de l’homme fait, de la mort aux péchés, de la réconciliation, d’être placé dans les sur-célestes, d’être accompli, etc.

Une étude sérieuse montre que tout cela ne concerne pas une différence graduelle dans la marche du croyant, mais indique des positions différentes nettement délimitées. Ainsi, par exemple, la mort avec Christ est un événement qui sépare deux positions, celle d’enfant et celle de fils. La Parole ne permet pas de confondre la nouvelle naissance avec cette mort. Dans la première positon, on est encore pécheur et on appartient à l’ancienne création ; dans la deuxième position, on est justifié et l’on fait partie de la nouvelle création. Il nous semble d’ailleurs que la relation qui existe entre ces positions et les éons soit clairement indiquée. Comme les éons sont nettement délimités, les positions le sont aussi.

Mais pourquoi les Ecritures n’indiquent-elles pas ces divisions d’une manière plus directe et explicite ? Nous répondons par une autre question : pourquoi les Ecritures ne sont-elles pas un exposé systématique de théologie ? Celui qui accepte les prophéties aussi littéralement que possible, trouve que l’Ecriture parle avec suffisamment de clarté du millénium sur terre pour qu’on ne puisse en douter. Celui qui croit au retour du Seigneur avant ce millénium, comprend difficilement qu’on puisse le nier. Et il y a pourtant des croyants qui ne sont pas convaincus et qui demandent que, dans ces cas aussi, l’Ecriture soit plus affirmative. Si nous ne voyons par une vérité, ce n’est pas faute de l’exposé, mais par notre lenteur à comprendre. Pour l’intelligence obscurcie, la Parole reste un mystère

287 On admet difficilement que l’enseignement de Paul dépasse celui de Jean. On a tendance à négliger les différences entre le langage des deux apôtres et à confondre ce qui, regardé d’une manière superficielle, se ressemble. Ainsi, Paul seul se sert de l’expression « en Christ-Jésus », mais on dit qu’il n’y a pas lieu de distinguer cela de l’expression « en Christ » de Jean. Examinons sommairement ce cas typique. Jean entend par « Christ » le Messie (Jean 1 : 41), donc le Seigneur en relation avec le Royaume terrestre. Paul se sert 40 fois du nom « Christ-Jésus » quand il a en vue le Fils glorifié, assis à la droite de Dieu. Le Juif, né d’en haut, était en communion avec le Seigneur en tant que Messie, mais pas avec le Christ-Jésus glorifié. Qu’est-ce que « demeurer dans le Fils et dans le Père » pour Jean ? C’est aimer le Fils et garder ses commandements (Voir 1 Jean 2 : 24 ; Jean 14 : 15, 20, 21, 23). Il était question de la Loi, qui demandait d’aimer Dieu et le prochain (Deut. 6 : 5 ; 10 : 12, 13 ; Lév. 19 : 18). Etre « en Christ » n’est pas pour Jean une position inaliénable, comme le « en Christ-Jésus » de Paul, mais se rapporte à l’attitude du croyant qui peut très bien ne pas demeurer dans le Fils (Jean 15 : 6). Si on appliquait ce verset à ceux dont Paul dit qu’ils sont « morts en Christ » et « en Chrit-Jésus », on en conclurait que ceux-là non plus ne sont pas certains de leur salut. Quand on dit que Jean ne parle pas de la crucifixion du croyant avec Christ, ceux qui objectent ont tendance à faire appel à 1 Jean 1 : 7 ; 2 : 2 ; 5 : 6, 8. Or, ces versets parlent bien de sang et de propitiation, mais dans un sens qui ne dépasse pas la purification cérémonielle de Lév. 16 : 30 par laquelle les péchés sont « couverts » (Voir à ce sujet p. 144 et suiv.). Pierre parle dans le même sens en 1 Pi. 1 : 2, 19 et 1 Pi. 2 : 24 et ne dit rien de plus que Es. 53. Dans aucun cas, il n’est fait allusion au fait que le croyant lui-même est crucifié et mort avec Christ.

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inaccessible. Ce n’est pas sans raison qu’au commencement de l’épître aux Ephésiens, Paul dit qu’il ne cesse de prier pour que Dieu donne « un esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, et qu’il illumine les yeux de votre cœur ».

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.10 : L’Assurance du Croyant

Nous parlons de l’assurance que peut avoir un croyant d’avoir été placé par Dieu dans une certaine position spirituelle. Il s’agit donc d’une question de première importance pour tous, d’un problème très « pratique ». Surtout parce qu’il faut se méfier des fausses assurances.

Commençons par ces dernières. Le catholique romain, quoique n’ayant pas d’assurance complète, croit pouvoir être raisonnablement sûr de son salut quand il croit et fait ce que son « Eglise » lui dit de croire et de faire. La grande masse « religieuse » n’a cependant aucune foi personnelle qui puisse la conduire au salut et il y a donc là une situation extrêmement tragique. Leur foi comprend peut-être le Dieu-Créateur et s’étend peut-être vers Christ, mais il n’y a pas de repentance, ni de conversion réelle, qui peut amener Dieu à les régénérer. Malgré leur « baptême » et leur religiosité, malgré leurs « bonnes œuvres », ils sont spirituellement morts. Nous répétons que nous parlons de la masse et non de certains qui, malgré tous les obstacles, ont progressé dans la foi, ont été régénérés et ont même atteint les sphères supérieures.

On a la même situation dans le protestantisme, surtout sous son aspect moderne.

Attirons ensuite l’attention sur une fausse assurance plus subtile, dont sont victimes ceux qui croient à l’inspiration des Ecritures et aux fondements de ses enseignements. La notion caractéristique du protestantisme : le salut par la foi seule, peut devenir un piège. D’aucuns disent : « Je crois à tout ce que la Bible enseigne, donc je suis sauvé ». Or, pour croire réellement tout, il faudrait tout connaître288 et on s’aperçoit bien vite qu’ils ne connaissent (et par conséquent ne croient) que certains éléments. Plus que cela, si on les presse un peu, ils vous reprochent de compliquer les choses, ils disent que tout le monde n’a pas les facultés, ni le temps nécessaire pour examiner, ils prétendent qu’un « simple évangile » suffit, etc. On peut, en effet, soutenir tout cela jusqu’à un certain point, mais alors il ne faudrait pas dire qu’on croit à tout ce que la Bible veut nous faire connaître. Ils répondent qu’il suffit en effet, de croire « en Jésus » pour avoir la vie « éternelle » et citent Jean 3 : 16 ; Jean 5 : 24 ; Actes 16 : 31 ou d’autres passages de ce genre. Ils ne se rendent pas compte qu’il faut distinguer entre foi et foi et que, dans ces textes, il s’agit d’hommes qui sont déjà régénérés, qu’il s’agit de la foi « jusqu’en » Christ ; qu’il s’agit de celui qui « écoute »289 la Parole de Christ ; qu’il s’agit d’un homme touché par la grâce et qui, se rendant compte de son péché, s’écrie, tout tremblant : « que faut-il que je fasse pour être sauvé ? ».

Ils oublient que le Seigneur ne se fiait pas à un « croyant » quelconque (Jean 2 : 23, 24), que les démons croient aussi (Jacq. 2 : 19) et que la foi sans les œuvres est morte (Jacq. 2 : 17). Ils perdent de vue qu’un repentir doit précéder la nouvelle naissance et que le Seigneur et les apôtres ont toujours insisté sur cette nécessité. Ils ne connaissent la voie du 288 Nous ne disons pas qu’on atteint une certaine position par ses connaissances. On peut connaître beaucoup, même de la Bible, sans être régénéré. On peut connaître l’histoire de la croix sans être mort au péché. On peut avoir une certaine connaissance des épîtres aux Eph., Phil., Col. sans appartenir au groupe sur-céleste. Mais nous disons qu’il faut connaître avant de pouvoir croire. Cette connaissance s’acquiert par un examen des Ecritures, par des lectures, par des témoignages. Mais toujours la source de la connaissance est dans la Parole.289 « Ecouter » n’est pas seulement ouïr avec l’oreille, mais s’appliquer ce qu’on entend. Voir Lév. 26 : 14, 18, etc. Ce sont les « brebis » qui entendent (Jean 10 : 27).

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salut que d’une manière assez vague et ignorent en particulier qu’il faut être régénéré pour pouvoir croire « jusqu’en » ou « en » Christ290.

Comment obtenir l’assurance du salut ? On ne peut pas y arriver par les facultés « naturelles », car tout ce qui est de ce domaine est douteux. C’est le Saint-Esprit seul qui peut nous donner cette assurance291. La foi qui sauve, c’est celle qui est rendue possible après la régénération et il y a bien des signes qui peuvent donner alors l’assurance : on déteste le péché (par ex. Rom. 7 : 14-25) et on prend plaisir à la loi de Dieu (Rom. 7 : 22 ; Héb. 8 : 10). Il y a d’ailleurs une preuve certaine : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères ». « Si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu » (1 Jean 3 : 14, 21). Jean écrit encore : « Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle » (1 Jean 5 : 13), « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même » (1 Jean 5 : 10). Le régénéré devrait toujours être conscient de l’action du Saint-Esprit en lui, car lui qui, par sa naissance naturelle, n’a pas de vrai amour pour son prochain, devrait être étonné de voir qu’il aime réellement, ne fût-ce qu’un peu, ses frères. Avant sa naissance de l’Esprit, il reconnaissait que tout en lui était orgueil et égoïsme, même son amour naturel pour ses enfants ; mais maintenant, il doit se rendre compte qu’il y a plus que cet amour-là.

Il est donc très nécessaire que chacun s’examine pour savoir s’il est dans la foi (2 Cor. 13 : 5).

Mais certains diront qu’un pareil examen leur fait précisément douter de leur nouvelle naissance, parce qu’ils se voient encore esclaves du péché, parce qu’ils se rendent compte que ce qui est bon n’habite pas en eux et que leur cœur est « lent à croire ». Or, le fait qu’ils se rendent compte de cela et qu’ils le déplorent est une raison de plus pour être rassuré. Les Ecritures nous apprennent, en effet, que le régénéré (qui n’est pas encore justifié) est esclave du péché. Il ne doit donc pas s’étonner de l’éprouver.

Nous faisons encore remarquer, en passant, combien il est important dans la vie du croyant de distinguer les choses qui se rapportent à la voie du salut.

Tout en étant d’accord avec ce qui précède, on peut se demande si nous pouvons aussi avoir l’assurance de persévérer. Il est vrai que notre marche imparfaite peut nous amener parfois à douter, mais la Parole divine nous donne l’assurance formelle que celui qui croit « jusqu’en » Christ a la vie éonienne292. Rien ne saurait lui enlever la position acquise.

Quant à l’assurance du salut relatif à la sphère céleste, aux « fils » de Dieu, c’est encore le Saint-Esprit qui nous la donne : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants (lire : « fils ») de Dieu » (Rom. 8 : 16).

On est affranchi du péché, mais on peut encore pécher dans la marche293. Tout a été renouvelé (2 Cor. 5 : 17). L’amour de Dieu est répandu dans les cœurs par le Saint-Esprit (Rom. 5 : 5).

290 Voir le chapitre 7.291 Non pas par une vision ou par un verset. Satan peut aussi citer l’Ecriture (Mat. 4 : 6). L’assurance nous est donnée par les fruits de son action divine en nous.292 Jean 3 : 16 ; 4 : 14 ; 5 : 24 ; 1 Jean 5 : 13 par exemple. On a la vie éonienne, mais on n’en aura la jouissance que dans l’âge prochain ou après la résurrection.293 Mais on peut être assuré de ne pas perdre la positon de « fils », car on est « scellé » par Dieu : 2 Cor. 1 : 22.

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Enfin, en relation avec la sphère sur-céleste, Paul dit : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre, la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Phil. 1 : 6) et « Je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là » (2 Tim. 1 : 12). Il n’y a pas nécessairement perfection dans la marche, mais dans ce cas-ci encore, on est assuré de ne pas pouvoir perdre sa position acquise, car on est « scellé » (Eph. 1 : 13 ; 4 : 30). Dans cette sphère, la vie est cachée avec Christ en Dieu (Col. 3 : 3). Qui pourrait la prendre ?

Tout le long du chemin du salut, la vrai croyant a deux tendances : il veut s’écarter de ce qui lui est propre et il veut se rapprocher de Christ.

Il n’a pas confiance dans sa propre sagesse, sa propre force, sa propre justice, sa propre volonté. Il ne cherche pas ce qui plait à son égoïsme et à son orgueil.

D’autre part, la vision de sa faiblesse le pousse vers le Tout-puissant, ses péchés lui font rechercher le Sauveur, ses souffrances le rapprochent de Celui qui est Amour, son néant le fait aspirer à la Plénitude divine.

Mais la vie du croyant n’est pas uniforme. Certains jours, sa disposition est telle qu’il se déteste moins et qu’il ne sent pas l’attraction du divin. Est-ce une raison pour douter de la certitude du salut ? Oui, s’il ne s’inquiète plus de son salut et s’il prend une attitude bien décidée contre tout ce qui est divin. Mais le fait seul d’être attristé par ce qui tend à lui enlever sa certitude est un argument en faveur de cette certitude.

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.11 : L’Œuvre du Seigneur

A. MEDIATION

Dieu fait tout par la médiation de notre Seigneur Jésus-Christ. Donnons quelques exemples :

Création : Jean 1 : 3, 10 ; 1 Cor. 8 : 6 ; Col. 1 : 16.Réajustement des éons : Héb. 1 : 2 (texte grec).Jugement : Rom. 2 : 16.Grâce et vérité : Jean 1 : 17 ; Rom. 1 : 5 ; 5 : 21.Saint-Esprit : Tite 3 : 6.Salut : Jean 3 : 17 ; Rom. 5 : 9 ; 1 Thes. 5 : 9 ; Héb. 2 : 3.Conciliation : 2 Cor. 5 : 18 ; Rom. 5 : 10, 11.Réconciliation : Col. 1 : 20.Apostolat : Rom. 1 : 5 ; Gal. 1 : 1.Adoption comme fils : Eph. 1 : 5.Annonce du pardon des péchés : Actes 13 : 38. Résurrection : 1 Cor. 15 : 21.Miracles, prodiges, signes : Act. 2 : 22.Nos bonnes œuvres : Héb. 13 : 21.Fruit de justice : Phil. 1 : 11.Vie : 1 Jean 4 : 9.Victoire : 1 Cor. 15 : 57.Foi : Act. 3 : 16 ; 1 Pi. 1 : 21.Accès au Père : Jean 14 : 6 ; Rom. 5 : 2 ; Eph. 2 : 18 ; Héb. 7 : 25.Assurance : 2 Cor. 3 : 4.Actions de grâce : Rom. 1 : 8 ; 7 : 25 ; Col. 3 : 17.Glorification de Dieu : Rom. 16 : 27 ; 1 Pi. 4 : 11.Paix : Rom. 5 : 1 ; Act. 10 : 36, etc.

B. REDEMPTION.

Le texte grec emploie au moins dix mots différents pour décrire les aspects variés de l’œuvre rédemptrice de notre Seigneur :

1. Ruomai (délivrer). Christ délivre Israël (Rom. 11 : 26 ; Es. 59 : 20). Il délivre « d’une telle mort » (2 Cor. 1 : 10), hors de la puissance des ténèbres (Col. 1 : 13), hors de la colère à venir (1 Thes. 1 : 10), hors de l’épreuve (2 Pi. 2 : 9).

2. Exaireô (arracher). Le Seigneur arracha Israël hors d’Egypte (Act. 7 : 34), Pierre hors de la main d’Hérode (Act. 12 : 11), certains hors du présent siècle (éon) mauvais (Gal. 1 : 4).

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3. Apallassô (détacher). Christ détache ceux qui sont retenus dans l’esclavage (Héb. 2 : 15).

4. Lutrô-lutrôtès, lutron, lutrôsis (racheter-rançon). Christ rachète de toute iniquité (Tite 2 : 14), hors de la vaine manière de vivre (1 Pi. 1 : 18). Son âme était la rançon de plusieurs (Mat. 20 : 28). Par son sang Il a obtenu un rachat éonien (Héb. 9 : 12).

5. Apolutrôsis (Rédemption-rachat complet). Nous sommes gratuitement justifiés par le moyen de la rédemption qui est en Christ-Jésus (Rom. 3 : 24). Sa mort est pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance (Héb. 9 : 15). Nous attendons la rédemption de notre corps (Rom. 8 : 23). Les membres de l’Eglise du mystère ont la rédemption en Lui (Eph. 1 : 7) ; Col. 1 : 14). Au jour de la rédemption (Eph. 4 : 30) ils connaîtront la rédemption de ce qui est acquis (Eph. 1 : 14).

6. Agorazô (acheter). Nous avons été achetés à un grand prix (1 Cor. 6 : 20 ; 7 : 23).

7. Exagorazô (acheter hors de). Christ achète hors de la malédiction de la loi (Gal. 3 : 13 ; 4 : 5), afin que nous recevions l’adoption.

8. Eleutheroô (libérer-affranchir). Le Fils nous affranchit (Jean 8 : 36). On est affranchi du péché (Rom. 6 : 18, 22 ; 8 : 2 ; Gal. 5 : 1). La création sera affranchie de la servitude de la corruption (Rom. 8 : 21).

9. Exagô (conduire dehors). Le bon Berger conduit ses brebis dehors (Jean 10 : 3).

10. Sôzô-sôtèria-sôtèr-sôtèrion (sauver). Ces mots ont été examinés dans le chapitre concernant le salut.

C. MORT POUR TOUS.

Les souffrances et la mort de Christ sont des faits d’une telle importance, qu’on risque toujours de les présenter d’une manière trop partielle. On a envisagé les points de vue suivants :

1. Jésus-Christ est un exemple pour tous les hommes.

2. Il est une rançon.

3. Il est mort à notre place.

4. Il est une satisfaction.

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On peut dire qu’il y a une certaine vérité dans chacun de ces points de vue. Mais l’histoire a montré que souvent trop d’importance est attachée à l’un de ces aspects, au détriment des autres. Il y a d’ailleurs un cinquième point de vue : celui de la Communion.

Examinons les quatre premiers :

1. Celui qui s’est humilié pour nous, alors que nous étions des ennemis, futcertainement un excellent modèle et est représenté comme tel par Paul en Phil. 2 : 5-8.

Mais cela ne concerne que les croyants. Si l’on représente l’œuvre du Christ seulement sous l’aspect d’un exemple (aussi pour les non-croyants), on nie implicitement qu’Il est le Fils de Dieu. Il n’est plus qu’un homme extraordinaire, et sa mort n’a qu’une valeur subjective sans puissance intrinsèque.

2. Plusieurs passages parlent de rachat. Cette idée se trouve déjà en relation avec Israël, qui appartient à l’Eternel (Deut. 7 : 6, etc.). L’Eternel abandonne le peuple après que celui-ci persiste à abandonner son Dieu. Mais ce n’est que temporairement et Il est toujours disposé à racheter Israël des transgressions et de la manière vaine de vivre. Christ est le « Goël » d’Israël.

L’idée de rachat n’implique pas que quelque ennemi ait droit à la rançon. Es. 52 : 3 dit : « C’est gratuitement que vous avez été vendus, et ce n’est pas à prix d’argent que vous serez rachetés ». Le sang du Christ est le prix inestimable et aucune créature ne pourra prétendre avoir droit à ce prix là. Il ne peut être question ici d’un prix dans le sens commercial de ce mot. La valeur du prix consiste en ce que le Christ a fait par son humiliation, ses souffrances et sa mort. Ce prix permet à tous les croyants d’obtenir la vie, mais n’a pas de valeur en soi, indépendamment de Christ. Le péché est une carence et Christ a dû combler la lacune. Rien ne dit d’ailleurs que Christ ait payé une rançon pour les non-croyants.

Ceux qui ont mis l’idée de rançon sur l’avant-plan ont parfois conclu que c’est Satan qui reçoit la rançon ! L’âme de Christ serait-elle donc en possession de Satan ?

3. L’idée que Christ a fait certaines choses à notre place est très répandue, surtout parmi les Chrétiens qui désirent être fidèles aux Ecritures.

On pense trouver déjà cette idée dans les offrandes de la Loi. L’imposition des mains sur la victime voudrait dire que la culpabilité est transmise à l’animal. Celui-ci est alors puni à la place du coupable, ce qui libère celui-ci. Nous croyons cependant que l’imposition des mains indique plutôt une communion par laquelle la culpabilité atteint aussi l’offrande. D’autre part, la punition qui touche la victime s’étend aussi par le fait de la communion, au coupable. Ce n’est donc pas l’idée de substitution qu’il faut considérer, mais l’idée de communion et d’identification.

De même, le sang aspergé lors de la Pâque, indique bien plus une communion avec la mort de la victime qu’une substitution.

Examinons ce que le N.T. dit de la substitution. A en croire certains Chrétiens « évangéliques », on s’attendrait à trouver partout que le Christ est mort à notre place et c’est presque toujours une surprise pour quand on leur montre que le texte inspiré ne dit jamais explicitement que Jésus-Christ a souffert et est mort à notre place. En effet, voici d’abord tous les passages qui parlent de la mort du Christ : Rom. 5 : 6, 8 ; 14 : 15 ; 1 Cor. 15 : 3 ;

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2 Cor. 5 : 15 ; 1 Thes. 5 : 10. Sans exception, le grec emploie la préposition « huper », qui veut dire « pour ». Ceux qui croient à l’inspiration intégrale de la Parole doivent s’incliner devant le fait que le Saint-Esprit a choisi ce mot et n’a pas jugé bon de mettre « à la place de ».

Nous donnons ensuite tous les autres passages, classés d’après la préposition employée, qui pourraient dire que Christ a fait certaines choses « à notre place » :

Hupper (pour). Marc 14 : 24 ; Luc 22 : 19 ; Jean 6 : 51 ; 10 : 11 ; Rom. 8 : 32 ; 1 Cor. 5 : 7 ; 11 : 24 ; 2 Cor. 5 : 15, 21 ; Gal. 1 : 4 ; 2 : 20 ; 3 : 13 ; Eph. 5 : 2, 25 ; 1 Tim. 2 : 6 ; Tite 2 : 14 ; Héb. 2 : 9 ; 10 : 12 ; 1 Pi. 2 : 21 ; 3 : 18 ; 4 : 1 ; 1 Jean 3 : 16.

Peri (concernant). Mat. 26 : 28 ; Rom. 8 : 3 ; 1 Pi. 3 : 18 ; 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10.

Dia (à cause de). Rom. 4 : 25.

Anti (contre). Mat. 20 : 28 ; Marc 10 : 45.

Nous voyons ainsi que, strictement pris, aucune action de Christ n’a été faite à notre

place. On peut, tout au plus, admettre que « anti » peut parfois signifier « à la place de ». Comme Mat. 20 : 28 et Marc 10 : 45 sont des parallèles, il n’y a donc qu’un seul cas où il est peut-être possible de lire « à la place de » :

« Pour servir et donner son âme, une rançon contre plusieurs. »

« Qui s’est donné lui-même en rançon (antilutron) pour (huper) tous. (1 Tim. 2 : 6).

Nous voyons que ce dernier texte préfère le mot « hupper » (pour). Une rançon ne remplace pas, en effet, le sujet, mais elle est donnée contre ou pour quelqu’un. On remarquera que le mot « contre » est employé quand il est question de « plusieurs » et le mot « pour » quand il s’agit de « tous ». La différence est importante. Christ est mort « pour » tous les hommes, mais seulement « contre » ceux qui croient en Lui. C’est par la foi qu’on a part à la mort de Christ.

Nous concluons donc que la Parole permet tout au plus de dire que Christ a fait .beaucoup de choses de la plus grande importance pour nous, choses que nous n’étions pas en mesure de faire. Nous allons voir pourquoi il peut être imprudent de vouloir préciser et de dire qu’Il a fait tout cela « à notre place ».L’usage de l’expression non scripturaire : « Christ est mort à notre place » conduit, par exemple, aux difficultés suivantes :

a) Si quelqu'un meurt « à la place » d'un autre, ce dernier n'est nullement justifié. La peine est une affaire personnelle. On a beau argumenter, jamais on n'arrivera à changer cela et on fait bien mauvaise figure devant la critique. La peine transférée perd le caractère de punition.

b) Pour être logique, il faudrait dire aussi que Christ est mort « à la place de » de

nos péchés ! (1 Cor. 15 : 3).

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c) Si Christ est mort « à notre place », il faut donc aussi accepter l'idée qu' Il est ressuscité « à notre place » (2 Cor. 5 : 15) et il s'ensuit que nous n'aurons pas part à la résurrection !

d) La mort de Christ s'est étendue à son corps. On ne voit pas, s'Il est mort à notre place, pourquoi nous devons encore souffrir et mourir corporellement.

e) S'il faut comprendre que la mort de Christ « pour » tous, veut dire « à la place de tous » cela ne peut intéresser que les croyants. Mais, avant d'être croyant, on était non-croyant et si la mort de Christ ne nous concernait pas à ce moment, nous ne pouvons donc pas croire qu'Il est mort pour nous, c'est-à-dire nous ne pouvons jamais devenir croyant !

f) D'autre part, ceux qui croient que Christ est mort à la place de tous les hommes, doivent en conclure que personne n'est plus perdu à cause de ses péchés. Ils doivent donc dire qu'on est perdu parce qu'on ne croit pas en Christ. Or, ils viennent alors en contradiction flagrante avec des passages tels que Rom. 2 : 6-9 ; Apoc. 20 : 13, qui disent qu'ils seront jugés d'après leurs oeuvres. Et comment Pierre pouvait-il dire que seuls les croyants recevraient le pardon des péchés (Act. 10 : 34-43). Les textes tels que 2 Cor. 5 : 21 et 1 Pi 2 : 24 ne sont pas applicables aux non-croyants294.

4. Enfin, certains insistent surtout sur l'idée de « satisfaction ». Le péché est alors considéré, en premier lieu, comme une insulte à Dieu. Le péché est, en effet, une transgression (1 Jean 3 : 4). La créature se permet d'être indépendante de son Créateur. Toutes les perfections de Dieu sont ignorées ou niées. Il faut donc avant tout, donner satisfaction à Dieu pour tout cela. Son honneur doit être vengé avant que le pécheur puisse être sauvé. Mais comme il est impossible que la créature fasse quelque chose dans ce sens, le Fils de Dieu devait agir.

Nous croyons donc qu’il faut tenir sérieusement compte de ce point de vue, mais qu’il ne faut pas s’y borner trop. Car, même si Dieu est vengé, cela ne sauve pas encore le pécheur. Même si le Christ a donné cette « satisfaction » en tant qu’homme, cela ne touche pas encore nécessairement les autres hommes. Il faut qu’ils aient part à cette œuvre, il faut une communion avec le Christ.

En résumé, les quatre points de vue expriment chacun une partie de la vérité. Mais ils ne doivent pas être considérés d’une manière trop isolée, à l’exclusion des autres. De plus, il faut bien se rendre compte qu’ils ne suffisent pas pour couvrir l’œuvre du Seigneur. Ils n’expliquent pas comment l’action de Christ peut atteindre le pécheur, comment un Dieu juste, qui ne tient point le coupable pour innocent (Ex. 34 : 7) peut sauver et justifier l’homme.

Il est donc essentiel de voir que les idées de communion et d’identification sont de première importance pour la créature. On conçoit alors pourquoi le Saint-Esprit s’est bien gardé de dire que Christ est mort à notre place, car cette expression indique plutôt une séparation qu’une communion.

S’il est vrai que Jean a parlé d’une communion terrestre dans la sphère de la nouvelle naissance, il n’en est pas moins vrai que Paul seul a exposé la nécessité d’une communion céleste pour nous faire atteindre la justification et la perfection. En Rom. 6 il dit que nous

294 Voir aussi page 87

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sommes devenus une même plante avec Christ dans la conformité de sa mort, que notre vieil homme est crucifié avec Lui, que nous sommes morts avec Christ. Dans les épîtres qui suivent la période des Actes, il parle de ceux qui sont vivifiés ensemble, éveillés ensemble et placés ensemble dans les sur-célestes en Christ.

Par la communion, notre péché s’étend à Lui et Sa justice s’étend à nous. Dans la communion avec Adam, nous manquons de gloire et nous mourrons, dans la communion avec Christ, nous sommes vivifiés et formons le « nouvel homme ».

Christ est mort pour tous les hommes, car tous peuvent venir en communion avec Lui par la repentance et la foi. Mais seulement ceux qui sont arrivés à cette communion ont part à Sa justice et ne viennent pas en jugement. Christ n’est pas mort à leur place, mais eux sont morts avec Lui. Ceux qui ne croient pas ont à « payer » pour leurs péchés.

Soyons donc scripturaires dans nos expressions et gardons-nous de vouloir corriger le Saint-Esprit en parlant plutôt de la mort « à notre place » que de la mort « pour » nous.

Nous terminons ici cet appendice. Nous avons parlé d’une manière sommaire de la réconciliation au chapitre 16. On pourrait décrire l’œuvre de notre Seigneur sous beaucoup d’autres aspects, car cette matière est inépuisable.

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.12 : La Communion aux Souffrance du Christ

Nous avons, à plusieurs reprises, montré qu’une progression dans la voie du salut va de pair avec une communion de plus en plus intime avec Christ. Ce n’est pas de la théologie abstraite, mais une réalité vitale. Mais si le croyant a surtout en vue son salut, son bonheur, sa vie, etc., il pourrait être fort désappointé, car cette communion comprend aussi les souffrances. Nous trouvons des allusions à ce fait en rapport avec les trois étapes de la voie du salut :

1. Quand Pierre s’adresse aux Juifs dispersés, régénérés (1 Pi. 1 : 1, 23), il dit : « Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ » (1 Pi. 4 : 13).

Il ne s’agit pas, bien entendu, des souffrances de la croix. Aucune créature ne pourrait avoir part à cette œuvre. Mais Christ souffre encore, en voyant l’état des régénérés et leur captivité sous la loi du péché (Rom. 7 : 23).

Celui qui a appris à se rendre compte qu’il ne fait pas ce qu’il veut, mais ce qu’il hait, qui prend plaisir à la loi de Dieu, mais ne sait pas la suivre, a part aux souffrances du Seigneur. Sa souffrance est celle du Seigneur.

2. Les « fils » qui sont affranchis de la loi du péché (Rom. 8 : 2) peuvent être conduits par l’Esprit (Rom. 8 : 14) et être co-héritiers de Christ (Rom. 8 : 17). Mais Paul ajoute : « Si toutefois nous souffrons avec Lui ».

Dans sa seconde lettre aux Corinthiens, Paul parle aussi aux « fils », qui sont « en Christ », qui sont des « nouvelles créatures » (2 Cor. 5 : 17) et leur dit : « Car, de même que les souffrances de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde par Christ » (2 Cor. 1 : 5). Paul souffrait pour eux et ses souffrances étaient celles de Christ.

3. L’Apôtre des Gentils a aussi souffert pour ceux qui se rapprochent du but, sont comptés comme des hommes accomplis et forment l’Eglise du mystère :

« A cause de mes tribulations pour vous » (Eph. 3 : 13).« La communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10).« Je me réjouis maintenant de mes souffrances pour vous, et ce qui manque aux

souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Eglise » (Col. 1 : 24).« C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus » (2 Tim. 2 : 10).

Il s’agit ici, d’amener ces croyants à la perfection dans la marche et plus Paul étendait son message, plus il avait à souffrir. Mais c’était en même temps les souffrances de Christ.

Mais, s’il est vrai que le Seigneur souffre encore pour nous et que d’autre souffrent avec Lui à cause de nous, ne prendrons-nous pas garde à ne pas donner lieu à ces souffrances ? Paul travaillait à présenter tout homme parfait en Christ (Col. 1 : 28). Christ souffre parce que nous ne sommes pas parfaits. Dieu a tout fait pour nous permettre de l’être. Que ferons-nous ?

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FIN

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