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La vérité sur les prétendus Démocrates chrétiens. La

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La Bibliothèque du Libre Penseur - N° 61

André LORULOT

LA VÉRITÉ SUR LES PRÉTENDUS

DÉMOCRATES CHRETIENS LA CONDAMNATION DU "SILLON"

IMPOSTURE DU M.R.P. LE PAPE ET FRANCO

LA VÉRITÉ SUR "RERUM NOVARUM"

AUX EDITIONS DE L'IDÉE LIBRE A HERBLAY (SEINE ET OISE)

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La condamnation du " Sillon" par le Vatican

A l'occasion de sa mort, on a décerné de grands éloges à Marc Sangnier. Je n'ai pas trouvé dans la presse la moindre note discordante. Sangnier avait eu le secret de se rendre sympathique. Je me sou- viens d'avoir discuté avec lui en réunion publique. Il était aimable, très cordial et, malgré nos accro- chages, il ne prenait rien au tragique. La plupart de nos contradicteurs actuels sont bien loin de don- ner l'exemple d'une pareille urbanité...

Etait-il vraiment sincère, dans ses idées démocra- tiques, dans ses convictions religieuses ? Je me suis posé souvent la question et je reconnais qu'il est bien difficile de donner à cette question une réponse ca- tégorique.

A cette sincérité, tout le monde s'est d'ailleurs plu à rendre hommage (1).

(1) A part, cependant, notre vieil et regretté ami Emile Hureau, qui accusait formellement, dans son livre Les Jésuites, la Révolution et la Classe ouvrière, Sangnier d'être un agent des Jésuites (la chose est très plausible, comme nous le verrons).

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Il me paraît utile d'étudier ce que furent les dé- buts de Sangnier — et ce que fut la condamnation du Sillon, par le Vatican.

Assurément, Marc Sangnier ne fut pas le premier catholique qui osa plaider pour un rapprochement entre la démocratie et le catholicisme.

Avant lui, avant Lavigerie, avant le Ralliement, et sans remonter jusqu'à Lamennais (dont le cas fut très différent), il y en avait eu bien d'autres, qui s'efforçaient de « démocratiser » la vieille et réac- tionnaire figure de l'Eglise. Ils y avaient du mérite, car la tâche était alors fort ingrate. Je me souviens de l'abbé Lemire (une figure pleine de finesse) et de l'abbé Garnier, déclamatoire et fougueux, qui voulait « lancer » le socialisme chrétien — et qui ne récol- tait que des quolibets, car tous les socialistes, y com- pris les plus modérés, étaient d'accord à l'époque pour repousser toute tentative de rapprochement ou d'accommodement avec des cléricaux. Nous en som- mes loin.

Ces tentatives, sincères ou non, étaient normales. Elles étaient le fruit naturel, inévitable de l'évolution sociale. Le flot rouge montait. L'esprit revendicatif iu prolétariat allait en se fortifiant. En dépit de leur intelligence, de leur supériorité réelle, en dépit même de leur brutalité parfois extrême et souvent mala- droite, les tenants du vieux système perdaient du ter- rain. Il fallait se rendre à l'évidence. Pendant de longs siècles, on avait pu maintenir les masses po- pulaires dans la soumission. Il y avait eu des révol- tes, assurément, magnifiques dans leur violence dé- sespérée, on était toujours parvenu à les écraser. De longues périodes de silence, poussé jusqu'à la tor- peur, leur avait succédé. Le dernier mot, invariable- ment, restait aux Grands, appuyés sur leur coerci- tion, aux maîtres, aux chefs, riches de leurs tradi- tions séculaires, de leur enseignement péremptoire, de leur incontestable habileté. Même la grande tour- mente de « quatre-vingt-treize », qui avait éveillé de si terribles frayeurs, avait fini par avorter. Du

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moins le croyait-on, si l'on se contentait des appa- rences. En réalité, à travers les pires défaites et les écrasements les plus brutaux, l'idée cheminait. Le peuple revenait à la charge. Il réclamait avec insis- tance son droit à la vie, au bonheur, à la liberté. Les grands mots magiques de progrès et de république faisaient vibrer des coeurs toujours plus nombreux — et toujours plus ardents.

La révolution (les révolutions !) de 1848, la décon- fiture romaine de 1849, mal replâtrée par les chas- sepots de Bonaparte et par le Syllabus, la fin du pouvoir temporel en 1870, l'avènement, laborieux, certes, de notre III République, cruellement baptisée par le sang de la Semaine Sanglante, le Seize Mai, Gambetta, Ferry et les premières lois « laïques», la laïcisation (bien que fort imparfaite au début) de l'enseignement, tout cela devait faire réfléchir... ceux qui en étaient capables.

Tandis que certains continuaient à rêver de restau- ration monarchique (ou impériale), affirmant (sans barguigner) qu'on ne temporise pas avec les « ma- nants », qu'il faut les mener à la cravache, et rude- ment, que toutes les concessions faites à la « Gueuse » sont une duperie et même une trahison, quelques yeux commencèrent à s'ouvrir...

Oh ! ceux-là n'étaient pas plus démocrates que les autres. Simplement plus avisés.

Puisqu'on ne pouvait décidément pas barrer la route au torrent qui s'acharnait à déferler, pourquoi n'essaierait-on pas de l'endiguer, de le canaliser ? Là où les coups de fusil s'étaient révélés impuissants, une méthode plus subtile donnerait peut-être des fruits ? Il était stupide de s'obstiner à remonter le courant. Mieux valait faire la part du feu, sauver ce qui pouvait être sauvé, c'est-à-dire l'essentiel. Autre- ment, on s'exposait à tout perdre.

Ce ne fut certainement pas de gaîté de cœur que l'on se décida à employer cette tactique de camou- flage (je ne sais si le mot existait déjà, mais la chose

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est ancienne). Il n'y eut, alors, que de très rares, et très souples, esprits pour comprendre la nécessité de cette adaptation...

Aucun d'entre eux, il faut en convenir, ne réussit d'une façon aussi parfaite que Marc Sangnier. Quelles ont donc été les raisons de son succès ?

Intelligent ? Très. Eloquent. D'une éloquence chaude, sentimentale. C'était là de bons atouts. Ajou- tons qu'il était riche, et cela n'est pas à négliger. Une grosse fortune permet de multiplier les publica- tions, même quand elles ne se vendent pas, de faire des réunions, de grouper des adeptes, des collabo- rateurs — et mêmes des « amis ».

Parlons net : Sangnier a-t-il voulu servir la cause de la Démocratie ou celle de l'Eglise ? Je pose la question. Et je n'accepte pas d'échappatoire. Qu'on ne me dise pas qu'il a voulu servir les deux. Il avait une préférence — d'ailleurs on l'a bien vu. Mais n'anticipons pas.

En 1905, il publie un livre intitulé L'Esprit démo- cratique. Justice, Amour, Fraternité, Evangile — tout y est. Avec une véritable profusion de tremolos.

De cet ouvrage, je ne signalerai qu'un seul chapitre. Il porte le titre suivant : « Les Ennemis intérieurs du Catholicisme. »

Qui sont ces ennemis intérieurs ? Le catholicisme est menacé du dehors par les

impies, les incroyants, les libres penseurs et autres anticléricaux. La menace est grave assurément, mais les pires ennemis, pour la religion de Rome et pour son avenir, ce sont les catholiques bornés, cléricaux forcenés, réactionnaires attardés. Ces gens-là font le

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Le Pape possède 25 % des actions à Monte-Carlo et touche ainsi sa part des revenus immoraux de la roulette et du baccara...

On trouve encore le Vatican dans les affaires d'Electricité, les banques, etc. L'Année Sainte a permis à ces messieurs de faire des recettes

énormes, triplant ainsi leurs revenus habituels, qui dépassent 6 à 7 milliards par an.

Les cardinaux vivent dans le luxe (rien que leur garde-robe, soutanes rouges, croix, bijoux, etc., leur coûte trois millions de lires...).

La Papauté est l'un des trusts les plus dangereux (1). « Par le jeu des contrôles et des investissements-holding, le Saint- Siège influence la vie quotidienne du « Qualunque » italien, le Mon- sieur-de-la-rue. S'il téléphone à sa femme, s'il envoie un télégramme, s'il change les pneus de sa voiture, s'il se fait tailler un complet en gabardine ou s'il se coiffe d'un chapeau en poil de lapin, s'il boit une bière ou du coca-cola, s'il se lave les dents avec un certain den- tifrice, il paie sa contribution aux finances du Vatican. « Dans le cas du télégramme, par l'intermédiaire d'Ital-câble, le Dupont italien verse 0,8 % de son montant au Vatican qui détient pour 40 millions d'actions de cette société. S'il boit de l'eau minérale, il lui verse le 0,81 %... » Toute cette fortune s'est développée en grande partie grâce

au fascisme, depuis le jour où Pie XI signa le traité de Latran avec Mussolini.

« Le Quirinal lui versa au titre de dédommagements 1.750 mil- lions de lires. De cette époque, datent les premiers investissements du Vatican, non seulement en Italie où la lire connaît depuis deux géné- rations les vertiges de l'inflation, mais en Amérique du Nord, en Suisse, en France et dans le Moyen-Orient. Puits de pétrole, mines d'or, maisons d'édition : toutes les activités modernes. » (Reportage du Peuple.)

A deux reprises, le petit personnel du Vatican a dû se mettre en grève pour obtenir une augmentation de salaire...

Combien le Pape, les évêques, les cardinaux paient-ils d'im- pôts sur les énormes ressources qu'ils encaissent ? Nul n'en sait rien. Le gouvernement leur obéit.

Il faut la combattre : 1° parce qu'elle soutient le régime capi- taliste et la réaction; 2° parce qu'elle cherche à exploiter et à opprimer l'humanité le plus possible; 3° parce qu'elle enseigne une morale de résignation aux pauvres et qu'elle abêtit les peu- ples avec des dogmes absurdes et des fables ridicules.

(1) Ce qui n'empêche pas le Pape, par d' hypocrites et trompeuses Encycliques, de protester contre « la concentration des richesses dans un petit nombre de mains » ! Cette comédie est destinée à faire croire aux travailleurs que la Papauté s'intéresse à leur sort, alors qu'elle accumule les milliards extorqués à la crédulité humaine !...

Imprimerie de l'Idée Libre, Herblay (Seine-et-Oise)

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