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L’Atelier dirigé d’écriture Activités et pratiques d’écriture
aux cycles 1 et 2
Langres
7 décembre 2011
Y. Soulé, IUFM/Montpellier II- LIRDEF
1. Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?
= Travail collectif à partir de vidéos et de productions d’élèves
Peut-on parler d’atelier ? d’atelier d’écriture ? d’atelier d’écriture dirigé ?
Quels critères d’analyse pour rendre compte des séances filmées et des
écrits
Définir les premières caractéristiques d’un ADE
* Faire émerger les représentations et les logiques profondes qui sous-tendent
notre rapport à l’écrit, à l’écriture, à son apprentissage/enseignement (phase
de sensibilisation et de problématisation)
Des représentations et des logiques
profondes à prendre en compte
• Fausses querelles et vraies questions
• Un continuum de pratiques
• Voir la langue et « participer à la vie des
textes »
Conceptions de la lecture et de ses apprentissages
• Voie directe/indirecte
• Code et sens
• Ascendant /descendant
• Synthétique /analytique
• Le dosage
• L’articulation
• Les progressions
• Les ajustements
Les fausses querelles Les vraies questions
Un continuum de pratiques
lettre
son Texte Groupe
de mots
Suite de
phrases syllabe phrase mot
• L’étude du code ne s’arrête pas au
déchiffrage
• Le code et l’étude de la langue sont des
éléments de la culture et participent à la
formation culturelle des individus
Conceptions de la langue
• De quelles productions d’écrit parle-t-on ?
• Le poids des formats et des modèles
scolaires
• La place du « sujet écrivant »
• De la correction/révision aux écrits
intermédiaires et à la récriture
Conceptions de l’écriture et de ses apprentissages
Des résultats et des expérimentations à valoriser
• Mettre en oeuvre un enseignement de l’écriture
– précoce,
– systématique,
– progressif,
– autonome et intégré,
– authentique
– exigeant
au plus près des difficultés rencontrées par les élèves
2. Que se passe-t-il dans un atelier d’écriture ?
= Travail individuel, puis collectif à partir de vidéos et de productions d’écrits et selon
3 axes d’analyse : dispositif(s), démarche(s), contenu(s) de savoir.
Que fait le maître ? Que font les élèves ? Quels regards porter sur ces productions
incertaines, balbutiantes, chaotiques, erronées, magiques ?
Quels sont les points « saillants », les « incontournables », les spécificités d’un
ADE ?
Quels sont les points « aveugles », les zones d’incertitude et de tâtonnement ?
* l’atelier le lieu où l’on écrit « pour de vrai », ensemble, des lettres, des mots, des
phrases, des textes qui ont du sens, qui prennent sens (phase d’exploration et
d’institutionnalisation 1)
Acculturation
Compréhension
de texte
Production
de texte
Identification et production des mots
L’atelier pour analyser les liens entre
lecture et écriture
• se rendre disponible pour observer les élèves
• cerner les difficultés relatives à l’objet
d’apprentissage (l’écriture) et à l’hétérogénéité des
élèves
• parier sur les bénéfices de la co-construction des
apprentissages
• aller plus loin dans la lecture et la compréhension
de l’acte de lire
L’atelier, là où on écrit et où on lit
« pour de vrai »
• Apprentissages et stratégies dépendent des
situations de production proposées
• Les situations d’écriture complexes ont plus
de chance d’améliorer les résultats, d’agir
sur les comportements que des situations
répétitives, routinisées
L’atelier pour construire le sens de
l’écriture
• Communiquer
• Retrouver
• Conserver
• Planifier
• Penser, réfléchir pour soi, avec les autres
• Créer, inventer
3. Quelles conceptions de l’atelier, de l’écrit, de
l’écriture, de l’apprentissage de l’écriture, de son
enseignement sont à l’œuvre ?
= Travail collectif à partir de vidéos, de productions, d’entretiens d’auto-
confrontation
A quels objectifs, à quelles compétences programmatiques renvoient les
extraits et productions travaillés ?
A quels modèles scolaires de la production d’écrit les ADE font-ils référence ?
En quoi un ADE permet-il d’interroger, de « requalifier » ces modèles ?
* l’importance de l’outillage conceptuel pour la « secondarisation » des pratiques
(phase d’institutionnalisation 2)
• Ecrire pour mieux (apprendre à) lire
• Ecrire pour connaître les fonctions et usages de l’écriture
• Ecrire pour maîtriser les procédés d’écriture
• Ecrire pour fabriquer des mondes et se situer par rapport au monde
• Ecrire pour « penser, réfléchir et se construire »
Pourquoi écrire ? Écrire en atelier ?
Modèles de l’enseignement de l’écriture
• Le modèle de la rédaction
• Le modèle de l’expression écrite
• Le modèle de la production d’écrit et de l’évaluation critériée
• Le modèle du sujet écrivant et des écrits intermédiaires
• Le modèle de l’écriture créatrice (« Vers l’écriture littéraire »)
Quelles productions d’écrit ?
• Ecrits de travail (copie, dictée, traces
écrites)
• Ecrits de commentaire
• Ecrits d’invention
Conceptions de la didactique de
l’écriture
• Conception technique, techniciste,
applicationniste, formaliste
• Conception socioculturelle
• Conception identitaire
• Conception créatrice, esthétique
Ecriture et compétences
• Qu’est-ce qui s’enseigne ?
• Qu’est-ce qui s’apprend ?
• Qu’est-ce qui se développe ?
• Sur quoi peut-on agir ?
• Que peut-on transformer ?
Sujet
écrivant
Normes linguistiques
textuelles, génériques
Construire la référence :
de quoi parle le texte ?
Identité
Affects
Le (s) destinataire(s)
Les contextes
Savoirs et rapports à
Images
de soi Représentations
Imaginaire
Connaissances
Expérience -Culture
Cf. Ecrire : résolution d’opérations
et de problèmes complexes
D.Bucheton
Les préoccupations didactiques
L’enseignement
des normes
La place accordée
à la culture de l’écrit
La construction du
rapport à la norme
L’évaluation de la
singularité des textes
Le pilotage
et l’étayage
des tâches
La spécificité
des contextes de
production
Le statut de
l’écriture dans la
classe (L/E/O)
Les contraintes
d’écriture et les
critères de validation /
évaluation
L’écriture
4. Comment s’y prendre pour mener à bien un
atelier dirigé d’écriture ?
= Travail en groupe : élaboration d’une séance d’ADE
Faire écrire et faire apprendre à écrire, oui mais… jusqu’où ?
Quels « concepts pour l’action » mobiliser (programmation, progression,
situations de productions, médiations langagières, modalités d’évaluation) ?
* phase d’appropriation et de réinvestissement
L’atelier, une forme scolaire à développer
• Une tâche complexe résolue à plusieurs
• Un espace-temps limité (30mn)
• Relation duale et collective pour gérer l’hétérogénéité
• Disponibilité du maître pour des ajustements divers
• Mise en place de gestes d’étude spécifique de la
résolution de problème (entraide, réflexivité, tissage,
utilisation des instruments
• Verbalisations multiples sur divers registres
• Diversité des dispositifs et des contenus
L’aide à l’écriture
• Obstacles liés aux représentations de la production de texte
Un processus linéaire
Un processus mimétique
Un processus piloté en amont par la pensée
• Obstacles psycho-affectifs et cognitifs
Insécurité
Surcharge cognitive
Surinvestissement physiologique
• Obstacles liés à des « habitus » scolaires
Ecrire « proprement »
Ecrire « bien », être « original »
A. Les obstacles à la réécriture
• Focalisation sur le texte et la conformité aux normes
textuelles < manque de savoirs
Consigne : « on va améliorer le texte »
• Focalisation sur des procédures de contrôleIl faut faciliter
des procédures de contrôle(Interactions verbales, logiciels)
• Focalisation sur les significations du texte, les effets de
sens produits
Provoquer des déplacements du sens
B. La diversité des formes d’étayage
C. Des confusions terminologiques à éviter
• Reformuler (procédure d’équivalence sémantique)
• Corriger (mettre le texte aux normes orthographiques)
• Réviser: vérifier si les finalités (et les critères) retenus pour la mise en texte ont été respectés = lecture critique aboutissant à une mise au point.
L’évaluation des productions
Elle dépend du modèle didactique d’arrière plan
- Evaluation des erreurs (les fautes) = modèle de la rédaction
- Evaluation formative des écarts / normes textuelles,
phrastiques en usant de listes de critères objectivés avant ou
pendant l’écriture = modèle des processus rédactionnels
(tableau du groupe EVA)
- Evaluation du développement des significations et du
positionnement de l’élève dans son écriture, par et dans les
textes intermédiaires = le modèle culturel de l’épaississement
du texte par la réécriture.
La construction du rapport à la norme
• La « vigilance » graphique et orthographique pour installer le rapport à la norme
• Le contrat didactique d’écriture
• Développer des stratégies d’auto-contrôle (l’écriture induit une (re-)lecture permanente)
Evaluer autrement leurs écrits
1. Une activité didactique complexe - Une partie s’enseigne
- Une partie s’apprend
- Une partie se développe dans le travail de l’écriture
2. Distinguer l’écrit (le texte produit) de l’écriture
comme activité d’un sujet écrivant
3. Construire progressivement le rapport à la norme
Evaluer : modifier son regard sur les textes des
élèves
• Être un lecteur et pas seulement, uniquement et
d’abord un correcteur
• Donc s’interdire de prendre le stylo à la première
lecture
• Mais s’intéresser au sens du texte produit, aux
intentions que sa lecture révèle pour le faire
travailler (récriture)
Lire vraiment les textes des enfants
Les gestes qui favorisent l’évaluation
Evaluer c’est d’abord lire vraiment les textes des enfants
• Être un lecteur et pas seulement, uniquement
et d’abord un correcteur
• Donc s’interdire de prendre le stylo à la
première lecture
• Mais s’intéresser au sens du texte produit,
aux intentions que sa lecture révèle pour le
faire travailler (récriture)
Evaluer c’est aussi réécrire
• Redéployer le texte produit
= Remettre en travail tous les plans du texte
- énonciatif
- narratif
- figuratif
- affectif
• Développer les potientialités de ce texte
• Réorienter et ajuster le travail de production de l’élève
mais d’abord… parler du texte (importance de la médiation orale dans la production écrite)
5. Quelle professionnalité pour valoriser les
ateliers dirigés d’écriture ?
= Travail collectif
Quelles sont les 5 grandes préoccupations qui caractérisent le multi
agenda de l’enseignant dans la classe ?
Comment se manifestent-elles le cadre de l’ADE ?
Quels ajustements privilégier entre postures du maître et postures des
élèves ?
* Phase réflexive
Pilotage et atmosphère
• Un atelier tournant (4 jours)
• Durée : de 10 à 30 minutes
• Nombre d’élèves : 5 à 7
• Productions proposées : tous les types de
textes et d’écrits avec les lanceurs les plus
variés
Tissage, étayage, ajustements
La mesure des écarts : médiations et remédiations ?
• Poursuivre sur les 2 cycles la logique de l’atelier
d’écriture
• Inventer des consignes d écriture et de récriture
qui conduisent les élèves à changer de posture par
rapport à leur texte et à l’écriture
• Construire la culture écrite des élèves
• S’inscrire dans la durée et la diversité des
productions.
Pendant ce temps que font les autres
élèves (5/6 groupes concernés) ?
• L’atelier d’écriture s’inscrit dans une
séance d’écriture
• Par conséquent tout le monde écrit (copie,
graphisme, exercices d’écriture,
productions balisées …)
• 3 objectifs visés : systématisation,
remédiation, autonomie.
Les dimensions identitaire, langagière, cognitive, culturelle,
socio-affectives, du développement sont corrélées
- L’école n’en prend pas la mesure
- Faire se développer et faire apprendre les élèves c’est créer les
conditions de ce développement pluriel
- Les élèves en difficulté n’arrivent pas à tisser des liens entre
leur expérience scolaire et leur expérience sociale et personnelle
Penser ensemble l’enseignement et le développement
• Dire la mise en mots de l’expérience
• Mettre à distance le « dire »
• Faire de l’écriture et de la pensée un objet
d’investigation
• Voir le langage et la langue comme objet (la grammaire)
= dynamisation des relations intersubjectives
= délimitation d’un contrat intersubjectif
= pouvoir de tissage, de mise en réseau des discours disponibles
La dimension identitaire : écrire seul (point de vue singulier) et avec les
autres (appartenance à une communauté)
Travailler le pouvoir réflexif du langage et
plus encore de l’écriture
La réécriture comme « épaississement »
• Des procédures diverses adaptées à chaque
texte
• Des transformations sémantiques
• Une mise en texte qui autorise des
significations plus complexes : = la « récupération » de compétences non utilisées
(graphie, orthographe, syllabation, segmentation,
ponctuation…)
= un usage plus précis et sélectif de la syntaxe
Les postures enseignantes
• Lâcher – prise
• Accompagnement
• Enseignement (monstration, évaluation)
• Cadrage-contrôle
Les postures des élèves
Conformes : désir de se conformer,
aveugle ou stratégique
pas d’autorisation à penser
Insécurité être en règle
Dépendance vis-à-vis du
maître, de la tâche
Refus des pairs
= Se conformer /faire semblant
Ludiques : des stratégies de détournement
un désir de créativité hors des normes
Immédiates : posture première
engagement de l’agir dans
la situation
Implication forte
Brut d’écrit ou de pensée
Identification
Absence de lien entre les tâches
Réflexives : prise de distance Penser sur les tâches
Les objets de savoir sont nommés
Conscience de sa propre activité de pensée
Conscience du langage comme objet
et instrument
Conclusion
• Il ne saurait y avoir de rupture entre le cycle 1 et le cycle 2
• Si elles restent à valider scientifiquement, les pratiques d’écriture au cycle 2, et en particulier les ateliers, constituent une forme privilégiée d’enseignement et d’observation des stratégies d’apprentissage.
• Il n’y a pas d’incompatibilité entre la lecture littéraire et le travail sur le code
Conduire un atelier : une professionnalité
assumée
• Un atelier par semaine (4 jours)
• Durée : 30 minutes
• Nombre d’élèves : 5
• Productions proposées : tous les types de
textes et d’écrits avec les lanceurs les plus
variés (cf. II)
• Posture de l’enseignant : accompagnement
Quelques principes à retenir
• Faire écrire beaucoup, souvent, diversement, parfois longuement (projet)
• Des vrais textes, d’élèves-auteurs
• Des textes intermédiaires
• Apporter de la culture
• Se rendre disponible pendant l’écriture pour aider observer les élèves
• Lire autrement les textes des élèves
Bibliographie sélectives des ouvrages
à consulter sur la question
Dominique Bucheton, Jean-Charles Chabanne, (dir),
Ecrire en ZEP, un autre regard sur les écrits des élèves,
Delagrave / CRDP Versailles, 2001.
Jean Charles Chabanne, D. Bucheton , (dir),
Parler et écrire pour penser, apprendre et se construire.
L’oral et l’écrit réflexifs,
PUF, 2002.