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LACAN Le Sinthome 1975 - 76 1

LACAN Le Sinthome - Patrick Valas · Jacques-Alain Miller : Notice de fil en aiguille, in Jacques Lacan : Le Sinthome, Seuil, 2005. 3 Jacques Aubert : Introduction à l'esthétique

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  • LACAN

    Le Sinthome

    1975 - 76

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    Table des matires

    Leon 1 18 Novembre 1975 Leon 2 09 Dcembre 1975 Leon 3 16 Dcembre 1975 Leon 4 13 Janvier 1976 Leon 5 20 Janvier 1976 Leon 6 10 Fvrier 1976 Leon 7 17 Fvrier 1976 Leon 8 09 Mars 1976 Leon 9 16 Mars 1976 Leon 10 13 Avril 1976 Leon 11 11 mai 1976

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    18 Novembre 1975 Table des matires

    Jai annonc sur laffiche : LE SINTHOME. Cest une faon ancienne dcrire ce qui a t ultrieurement crit SYMPTME. Si je me suis permis cette modification dorthographe qui marque videmment une date, une date qui se trouve tre linjection dans le franais

    ce que jappelle lalangue, lalangue mienne linjection de grec

    de cette langue dont JOYCE, dans le Portrait de lArtiste, mettait le vu tout fait non, cest pas dans le Portrait de lArtiste, cest dans le Ulysses, dans le Ulysses, au premier chapitre : il sagit de hellenise

    dinjecter de mme lalangue hellne, on ne sait pas quoi, puisque il ne sagissait pas du galique, encore quil sagit de lIrlande, mais que JOYCE devait crire en anglais. Quil a crit en anglais dune faon telle que

    comme la dit quelquun dont jespre quil est dans cette assemble, Philippe SOLLERS, dans Tel Quel 1

    il la crit dune faon telle que lalangue anglaise nexiste plus. Elle avait dj, je dirai peu de consistance, ce qui ne veut pas dire quil soit facile dcrire en anglais. Mais JOYCE, par la succession duvres quil a crites en anglais, y a ajout ce quelque chose qui fait dire au mme auteur quil faudrait crire l.l.a.n.g.u.e.s, llangues. L langues par o je suppose quil entend dsigner quelque chose comme llation. Cette lation dont on nous dit que cest au principe de je ne sais quel sinthome que nous appelons - en psychiatrie - la manie. Cest bien en effet ce quoi ressemble sa dernire oeuvre, savoir Finnegans Wake, celle quil a si longtemps soutenue pour y attirer lattention gnrale.

    1 Philippe Sollers : Joyce et Cie, Tel Quel N 64, 1975, pp. 15-24 (en franais).

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    Celle aussi propos de quoi jai pos dans un temps, au temps o je me suis laiss entraner

    par une sollicitation pressante, pressante je dois dire de la part de Jacques AUBERT ici prsent et tout aussi pressant

    o je me suis laiss entraner inaugurer, inaugurer au titre dun symposium JOYCE. Cest par l quen somme je me suis laiss dtourner de mon projet qui tait, cette anne

    je vous lai annonc lanne dernire dintituler ce sminaire du quatre, cinq et six . Je me suis content du 4 et je men rjouis, car le 4, 5, 6 , jy aurais srement succomb. a ne veut pas dire que le 4 dont il sagit me soit pour autant moins lourd. J'hrite de FREUD, bien malgr moi, par ce que jai nonc - de mon temps - ce qui pouvait tre tir, en bonne logique, des bafouillages de ceux quil appelait sa bande . Je nai pas besoin de les nommer, cest cette clique qui suivait les runions de Vienne et dont on ne peut pas dire quaucun ait suivi la voie que jappelle de bonne logique. La nature, dirai-je pour couper court, se spcifie de ntre pas-une . Do le procd logique pour laborder. Appeler nature ce que vous excluez du fait mme de porter intrt quelque chose

    ce quelque chose se distinguant dtre nomm la nature par ce procd ne se risque rien qu saffirmer dtre un pot-pourri de hors-nature. Lavantage de cet nonc est que si vous trouvez

    bien le compter que le nommer tranche sur ce qui parat tre la loi de la nature, quil ny ait pas chez lui

    je veux dire chez lhomme de rapport naturellement

    sous toute rserve donc, ce naturellement naturellement sexuel, vous posez logiquement

    ce qui se trouve tre le cas que ce nest pas l un privilge, un privilge de lhomme.

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    Veillez pourtant naller pas dire que le sexe nest rien de naturel. Tchez plutt de savoir ce quil en est dans chaque cas : de la bactrie loiseau

    jai dj fait allusion lun et lautre de la bactrie loiseau, puisque ceux-l ont des noms. Remarquons au passage que dans la cration dite divine

    divine seulement en ceci quelle se rfre la nomination

    la bactrie nest pas nomme. Et quelle nest pas plus nomme quand Dieu, bouffonnant lhomme

    lhomme suppos originel lui propose de commencer par dire le nom de chaque bestiole. De ce premier - faut bien le dire - dconnage, nous navons de trace qu en conclure quADAM

    comme son nom lindique assez, cest une allusion, a, la fonction de lindex de PEIRCE

    quADAM tait selon le joke quen fait JOYCE justement

    quADAM tait bien entendu une MADAME, et quil na nomm les bestiaux que dans la langue de celle-ci, il faut bien le supposer, puisque celle que jappellerai lEVIE (e.v.i.e)

    lEVIE que jai bien le droit dappeler ainsi puisque cest ce que a veut dire en hbreu, si tant est que lhbreu soit une langue : la mre des vivants

    eh bien lEVIE lavait tout de suite, et bien pendue cette langue, puisque aprs le suppos du nommer par ADAM, la premire personne qui sen sert cest bien elle, pour parler au serpent. La cration dite divine se redouble donc de la parlote, du parltre comme je lai appel, par quoi lEVIE fait du serpent ce que vous me permettrez dappeler le serre-fesses , ultrieurement dsign comme faille, ou mieux phallus, puisquil en faut bien un pour faire le faut-pas , la faute dont cest lavantage de mon sinthome de commencer par l : Sin en anglais veut dire a, le pch, la premire faute. Do la ncessit

    je pense tout de mme, vous voir en aussi grand nombre, quil y en a bien quelques-uns qui ont dj entendu mes bateaux

    do la ncessit du fait que ne cesse pas la faille qui sagrandit toujours, sauf subir le cesse de la castration comme possible .

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    Ce possible, comme je lai dit sans que vous le notiez, pour ce que moi-mme point ne lai not de ny pas mettre la virgule

    ce possible, jai dit autrefois cest que cest cest ce qui cesse, de scrire, mais il y faut mettre la virgule : cest ce qui cesse, virgule, de scrire . Ou plutt cesserait den prendre le chemin dans le cas o adviendrait enfin ce discours que jai voqu, tel quil ne serait pas de semblant. Y-a-t-il impossibilit que la vrit devienne un produit du savoir-faire ? Non ! Mais elle ne sera alors que mi-dite, sincarnant dun S indice 1 [ S1 ] de signifiant, l o il en faut au moins deux pour que lunique - La femme - avoir jamais t

    mythique, en ce sens que le mythe la fait singulire : il sagit dEVE dont jai parl tout lheure

    que lunique - La femme - avoir jamais t incontestablement possde, pour avoir got du fruit de larbre dfendu, celui de la science. LEVIE donc, nest pas mortelle plus que SOCRATE. La femme dont il sagit est un autre nom de Dieu, et cest en quoi elle nexiste pas, comme je lai dit maintes fois. Ici on remarque le ct fut dARISTOTE, qui ne veut pas que le singulier joue dans sa logique. Contrairement ce quil admettait dans ladite logique, il faut dire que SOCRATE nest pas homme, puisquil accepte de mourir pour que la cit vive, car il laccepte cest un fait. En plus, ce quil faut bien dire, cest qu cette occasion, il ne veut pas entendre parler sa femme. Do ma formule, que je relave si je puis dire, votre usage, en me servant du [ me pantes ] que jai relev dans lOrganon

    o dailleurs je nai pas russi le retrouver, mais o quand mme, je lai bien lu, et mme au point que ma fille, ici prsente, la point et quelle me jurait quelle me retrouverait quelle place ctait [ me pantes ]

    comme lopposition carte - carte par ARISTOTE lUniversel du [ pan ], La femme nest toute que sous la forme dont lquivoque prend de lalangue ntre son piquant, sous la forme du mais pas a , comme on dit : tout, mais pas a ! .

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    Ctait bien la position de SOCRATE. Le mais pas a cest ce que jintroduis sous mon titre de cette anne comme le sinthome. Il y a pour linstant, pour Linstance de la lettre telle quelle sest bauche prsent

    et nesprez pas mieux, comme je lai dit ce qui en sera plus efficace ne fera pas mieux que de dplacer le sinthome, voire de le multiplier

    pour Linstance donc, prsente, il y a le sinthome madaquin 2[ Rires ] que jcris comme vous voudrez, m.a.d.a.q.u.i.n aprs sinthome. Vous savez que JOYCE en bavait assez sur ce sinthome. Faut bien dire les choses : pour ce qui est de la philosophie on na jamais rien fait de mieux, il y a que a de vrai. a nempche pas que JOYCE

    consultez l-dessus louvrage de Jacques AUBERT3 ne sy retrouve pas trs bien, concernant le quelque chose laquelle il attache un grand prix, savoir ce quil appelle le Beau , il y a dans le sinthome madaquin je ne sais quoi qu'il appelle claritas, auquel JOYCE substitue quelque chose comme La splendeur de ltre qui est bien le point faible dont il sagit. Est-ce une faiblesse personnelle : La splendeur de ltre ne me frappe pas. Et cest bien en quoi JOYCE fait dchoir le sinthome de son madaquinisme, et contrairement ce quil pourrait en apparatre, premire vue

    savoir son dtachement de la politique produit proprement parler ce que jappellerai le sint-home Rule . Ce home-rule que le Freemans Journal reprsentait se levant derrire la Banque dIrlande. Ce qui le fait - comme par hasard - se lever au Nord-Ouest

    ce qui nest pas dusage pour un lever de soleil cest quand mme

    malgr le grincement que nous voyons ce sujet dans JOYCE cest quand mme bien le sinthome-roule , le sinthome roulettes que JOYCE conjoint.

    2 Cf. Thomas DAquin : rfrence majeure du jeune James Joyce. Sur tout ceci cf. Jacques Aubert : notes de lecture, et Jacques-Alain Miller : Notice de fil en aiguille, in Jacques Lacan : Le Sinthome, Seuil, 2005. 3 Jacques Aubert : Introduction l'esthtique de James Joyce, d. Didier, 1973.

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    Il est certain que ces deux termes, on peut les nommer autrement, je les nomme ainsi en fonction des deux versants qui soffraient lart de JOYCE, lequel nous occupera cette anne en raison de ce que jai dit tout lheure : que je lai introduit et que je nai pu faire mieux que de le nommer ce sinthome - car il le mrite du nom qui lui convient en en dplaant - comme je lai dit - lorthographe Les deux, les deux orthographes le concernent. Mais il est un fait quil choisit. En quoi, il est comme moi un hrtique, car haeresis cest bien l ce qui spcifie lhrtique. Il faut choisir la voie par o prendre la vrit. Ce dautant plus, que le choix une fois fait, a nempche personne de le soumettre confirmation, cest--dire dtre hrtique de la bonne faon, celle qui davoir bien reconnu la nature du sinthome, ne se prive pas den user logiquement, cest--dire jusqu atteindre son Rel au bout de quoi il na plus soif. Ouais Bien entendu il a fait a, lui, vue de nez. Car on ne pouvait plus mal partir que lui. Etre n Dublin, avec un pre solographe et plus ou moins Fnian, cest--dire fanatique, de deux familles, car cest ainsi que a se prsente pour tous quand on est fils de deux familles, quand il se trouve quon se croit mle parce que on a un petit bout de queue. Naturellement - pardonnez-moi ce mot - il en faut plus. Mais comme il avait la queue un peu lche, si je puis dire, cest son art qui a suppl sa tenue phallique. Et cest toujours ainsi. Le phallus cest la conjonction de ce que jai appel ce parasite

    qui est le petit bout de queue en question cest la conjonction de ceci avec la fonction de la parole. Et cest en quoi son art est le vrai rpondant de son phallus. part a, disons que ctait un pauvre hre, et mme un pauvre hrtique [ hre tique ? ]. Il ny a de joyciens jouir de son hrsie que dans luniversit. Mais cest lui qui la dlibrment voulu que soccupt de lui cette engeance.

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    Le plus fort est quil y a russi, et au-del de toute mesure : a dure et a durera encore. Il en voulait pour 300 ans, nommment, il la dit :

    Je veux que les universitaires soccupent de moi pendant trois cents ans. Et il les aura, pour peu que Dieu ne nous atomise pas. Ce hre

    car on ne peut pas dire cet hre , cest interdit par laspiration, a embte mme tellement tout le monde que cest pour a quon dit le pauvre hre

    ce hre sest conu comme un hros : Stephen Hero. Cest le titre expressment donn pour celui de l o il prpare le A Portrait of the Artist as a Young Man. Ah ! ctait ce que jaurais bien souhait que

    je lai pas emport, cest trop bte ce que jaurais souhait que vous

    jaurais pu au moins vous le montrer que vous le trouviez et dont, mal averti, je savais que ctait difficile, et cest pour a que je vous prcise la faon dont vous devez insister. Mais Nicole SELS, ici prsente, ma envoy une bafouille

    une lettre on appelle a extrmement prcise o pendant deux pages, elle mexplique quil est impossible de se le procurer. Il est impossible lheure actuelle davoir ce texte et ce que jai appel ce criticisme, cest--dire ce quun certain nombre de personnes, toutes universitaires

    cest dailleurs une faon dentrer luniversit, luniversit aspire les joyciens, mais enfin, ils sont dj en bonne place, elle leur donne des grades

    bref, vous ne trouverez pas le je ne sais pas comment a se prononce, cest Jacques AUBERT qui va me le dire : est-ce le Bibe ou Bibi ? Jacques AUBERT Dordinaire, on dit Bibi. On dit Bibi ? Bon

    vous ne trouverez pas le Beebe qui ouvre la liste par un article sur JOYCE, je dois dire particulirement gratin, la suite de quoi vous avez Hugh KENNER qui mon avis

    peut-tre cause du sinthome madaquin en question mon avis, parle assez bien de JOYCE.

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    Et il y en a dautres jusqu la fin, dont je regrette que vous ne puissiez pas disposer. la vrit cest un pas-de-clerc , que jaie

    cest le cas de le dire que jaie mis cette petite note en petits caractres

    je les ai fait rapetisser, Dieu merci que jaie fait cette note en petits caractres. Il faudrait que vous vous arrangiez avec Nicole SELS pour vous en faire faire une srie de photocopies. Comme je pense que dans le fond il y en a pas tellement qui, langlais

    surtout langlais de JOYCE soient prts, je veux dire pars pour le parler, a ne fera quand mme quun petit nombre. Mais enfin il y aura videmment de lmulation. Et une mulation - mon Dieu - lgitime, parce que Le Portrait de lArtiste ou plus exactement Un Portrait de lArtiste. De lArtiste quil faut crire en y mettant tout laccent sur le le qui bien sr en anglais nest pas tout fait notre article dfini nous. Mais on peut faire confiance JOYCE : sil a dit le cest bien quil pense que dartiste, cest lui le seul, que l il est singulier As a Young Man, cest trs suspect. Car en franais, a se traduirait par comme . Autrement dit, ce dont il sagit cest du comment. Le franais l-dessus est indicatif. Est indicatif de ceci : cest que quand on parle comme en se servant dun adverbe, quand on dit : rellement, mentalement, hroquement, ladjonction de ce ment est dj en soi suffisamment indicative. Indicative de ceci : cest quon ment. Il y a du mensonge indiqu dans tout adverbe. Et ce nest pas l accident. Quand nous interprtons, nous devons y faire attention. Quelquun qui nest pas trs loin de moi, faisait la remarque propos de la langue en tant quelle dsigne linstrument de la parole, que ctait aussi la langue qui portait les papilles dites du got. Eh bien, je lui rtorquerai que cest pas pour rien que ce quon dit ment [ Rires ]. Vous avez la bont de rigoler [ Rires ], mais cest pas drle.

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    Car en fin de compte car en fin de compte nous navons que a comme arme contre le symptme : lquivoque. Il arrive que je me paie le luxe de de contrler on appelle a, un certain nombre de gens qui se sont autoriss eux-mmes - selon ma formule - tre analystes. Il y a deux tapes :

    - Il y a une tape o ils sont comme le rhinocros :

    ils font peu prs nimporte quoi et je les approuve toujours. Ils ont en effet toujours raison.

    - La deuxime tape consiste jouer de cette

    quivoque qui pourrait librer du sinthome. Car cest uniquement par lquivoque que linterprtation opre. Il faut quil y ait quelque chose dans le signifiant qui rsonne. Il faut dire que on est surpris que les philosophes anglais, a ne leur soit nullement apparu. Je les appelle philosophes parce que ce ne sont pas des psychanalystes. Ils croient dur comme fer ce que la parole a na pas deffet. Ils ont tort. Ils simaginent quil y a des pulsions, et encore quand ils veulent bien ne pas traduire pulsion par instinct. Ils ne simaginent pas que les pulsions c'est l'cho dans le corps du fait quil y a un dire. Mais que ce dire, pour quil rsonne, pour quil consonne

    pour employer un autre mot du sinthome madaquin pour quil consonne, il faut que le corps y soit sensible. Et quil lest, cest un fait. Cest parce que le corps a quelques orifices dont le plus important

    dont le plus important parce quil peut pas se boucher, se clore

    dont le plus important est loreille, parce quil peut pas se fermer, que cest cause de a que rpond dans le corps ce que jai appel la voix. Lembarrassant est assurment quil ny a pas que loreille, et que lui fait une concurrence minente le regard. More geometrico, cause de la forme chre PLATON, lindividu se prsente comme il est foutu : comme un corps.

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    Ce corps a une puissance de captivation qui est telle que, jusqu un certain point, cest les aveugles quil faudrait envier. Comment est-ce quun aveugle

    si tant est quil se serve du braille peut lire EUCLIDE ? Ltonnant est ceci que je vais noncer, cest que la forme ne livre que le sac, ou si vous voulez la bulle. Elle est quelque chose qui se gonfle, et dont jai dj dit les effets propos de lobsessionnel, qui en est fru plus quun autre. Lobsessionnel

    ai-je dit, quelque part, on me la rappel rcemment

    cest quelque chose de lordre de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le buf. On en sait les effets, par une fable. Il est particulirement difficile, on le sait, darracher lobsessionnel cette emprise du regard. Le sac, en tant quil simagine dans la thorie de lensemble, telle que la fonde CANTOR, se manifeste, voire se dmontre

    si toute dmonstration est tenue pour dmontrer limaginaire quelle implique

    ce sac - dis-je - mrite dtre connot dun ambigu de 1 et de 0, seul support adquat de ce quoi confine lensemble vide qui simpose dans cette thorie. Do notre scription : S indice 1, [ S1 ]. Je prcise quelle se lit comme a. Elle fait pas lun, mais elle lindique comme pouvant ne rien contenir, tre un sac vide. Il nen reste pas moins quun sac vide reste un sac, soit lun qui nest imaginable que de lex-sistence et de la consistance qua le corps dtre pot. Il faut les tenir

    cette ex-sistence et cette consistance pour relles, puisque le Rel cest de les tenir. Do le mot Begriff qui veut dire a. LImaginaire montre ici son homognit au Rel, et quelle ne tient - cette homognit - quau fait du nombre, en tant quil est binaire, 1 ou 0. Cest--dire quil ne supporte le deux que de ce qu1 ne soit pas 0, quil ex-siste au 0, mais ny consiste en rien.

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    Cest ainsi que la thorie de CANTOR doit repartir du couple, mais qualors lensemble y est tiers. De lensemble premier ce qui est lautre, la jonction ne se fait pas. Cest bien en quoi le symbole en remet sur lImaginaire, lui a lindice 2 [ S2 ]. Cest--dire quindiquant quil est couple, il introduit la division dans le sujet - quel quil soit - de ce qui sy nonce de fait . Le fait restant suspendu lnigme de lnonciation qui nest que fait ferm sur lui : le fait du fait

    comme on lcrit le fate du fait ou le fait du fate

    comme a se dit gaux en fait, quivoques et quivalents, et par l limite du dit. Linou est que les hommes aient trs bien vu que le symbole ne pouvait tre quune pice casse, et ce - si je puis dire - de tous temps. Mais quils naient pas vu lpoque

    lpoque de ce tous temps que cela comportait lunit et la rciprocit du signifiant et du signifi, consquemment que le signifi dorigine ne veut rien dire, quil nest quun signe darbitrage entre deux signifiants, mais de ce fait pas darbitraire pour le choix de ceux-ci. Il ny a dumpire

    umpire [ arbitre ] pour le dire en anglais, cest comme a que JOYCE lcrit

    qu partir de lempire, de limperium sur le corps, comme tout en porte la marque ds lordalie [ jugement de Dieu ]. Ici, le un confirme son dtachement davec le deux. Il ne fait trois que par forage imaginaire, celui qui impose quune volont suggre lun de molester lautre, sans tre li aucun. Ouais Pour que la condition ft expressment pose de ce qu partir de trois anneaux, on ft une chane telle que la rupture dun seul rendt - lun de lautre - les deux autres libres, quels quils fussent

    car dans une chane lanneau du milieu, si je puis dire de cette faon abrge, ralise a : les deux autres libres, quels quils fussent

  • il a fallu quon sapert que ctait inscrit aux armoiries des BORROME, que le nud - de ce fait dit borromen - tait dj l sans que personne se ft avis den tirer consquence.

    Cest bien l que gt ceci : que cest une erreur de penser que ce soit une norme pour le rapport de trois fonctions qui nexistent

    lune lautre dans leur exercice que chez ltre qui de ce fait se croit tre homme. Ce nest pas que soient rompus le Symbolique, lImaginaire et le Rel qui dfinit la perversion, cest que ils sont dj distincts, et quil en faut supposer un quatrime

    qui est le sinthome en loccasion quil faut supposer ttradique ce qui fait le lien borromen, que perversion ne veut dire que version vers le pre , et quen somme le pre est un symptme ou un sinthome, comme vous le voudrez. Lex-sistence du symptme cest ce qui est impliqu par la position mme, celle qui suppose ce lien - de lImaginaire, du Symbolique et du Rel - nigmatique. Si vous trouvez quelque part

    je lai dj dessin ceci qui schmatise le rapport de lImaginaire, du Symbolique et du Rel en tant que spars lun de lautre, vous avez dj, dans mes prcdentes figurations, mis plat leur rapport, la possibilit de les lier - par quoi ? - Par le sinthome. Si javais ici un craie de couleur Gloria De quelle couleur vous la voulez ? Comment ? Gloria De quelle couleur ? Rouge, si vous le voulez bien. Vous tes vraiment trop gentille.

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  • Tout dpend de ceci :

    Cest que rabattre ce grand S

    cest--dire ce qui saffirme de la consistance du Symbolique

    le rabattre, comme il est plausible, je veux dire offert, le rabattre dune faon qui se trace ainsi, vous avez

    si cette figure est correcte, je veux dire que glissant sous le Rel, cest videmment aussi sous lImaginaire quil doit se trouver, ceci prs quici, cest sur le Symptmatique quil doit passer

    vous vous trouvez dans la position suivante, cest qu partir de quatre, ce qui se figure est ceci :

    cest savoir que vous aurez le rapport suivant, ici par exemple, lImaginaire, le Rel, et le symptme que je vais figurer dun sigma [ ], et le Symbolique, mais que chacun dentre eux est changeable. Expressment, de un deux peut sinvertir en deux un, de trois quatre peut sinvertir de quatre trois. Dune faon qui, jespre, vous parat simple :

    I R S 1 2 3 4 2 1 4 3

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  • Mais nous nous trouvons de ce fait dans la situation suivante, cest que ce qui est un deux voire deux un, pour avoir dans son milieu, si lon peut dire, le et le S, doit faire

    cest prcisment ici que cest figur doit faire que le symptme et le symbole se trouvent pris dune faon telle

    il faudrait que je vous montre par quelque figuration simple

    dune faon telle que il y en a comme vous le voyez l-bas

    quil y en a quatre qui sont vous le voyez l

    il y en a quatre qui sont tirs par le grand R, et ici cest dune certaine faon que le I se combine en passant au-dessus du symbole ici figur, et au-dessous du symptme. Cest toujours sous cette forme que se prsente le lien, le lien que jai exprim ici par lopposition du R au I. Autrement dit, les deux - symptme et symbole - se prsentent de faon telle que ici, un des deux termes les prend dans leur ensemble, alors que lautre passe, disons sur celui qui est au-dessus et sous celui qui est au-dessous. Cest la figure que vous obtenez rgulirement dans une tentative de faire le nud borromen quatre et cest celle que jai mis ici, sur lextrme droite :

    Le complexe ddipe, comme tel, est un symptme. C'est en tant que le Nom du Pre est aussi le pre du nom que tout se soutient, ce qui ne rend pas moins ncessaire le symptme. Cet Autre dont il sagit, c'est ce quelque chose qui dans JOYCE se manifeste par ceci : quil est en somme charg de pre.

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  • Cest dans la mesure o ce pre comme il savre dans lUlysse

    il doit le soutenir pour quil subsiste, que JOYCE par son art son art qui est toujours le quelque chose qui, du fond des ges, nous vient comme issu de lartisan

    cest par son art que JOYCE fait subsister non seulement sa famille, mais lillustre si lon peut dire, et du mme coup illustre ce quil appelle quelque part my country. Lesprit incr - dit-il - de sa race

    cest ce par quoi finit Le Portrait de lArtiste cest l ce dont il se donne la mission. En ce sens, jannonce ce que va tre cette anne mon interrogation sur lart : en quoi lartifice peut-il viser expressment ce qui se prsente dabord comme symptme ? En quoi lart, lartisanat peutil djouer, si lon peut dire, ce qui simpose du symptme - savoir quoi ? - mais ce que jai figur dans mes deux ttradres : la vrit.

    La vrit, o est-elle dans cette occasion ? Jai dit quelle tait quelque part dans le discours du matre, comme suppose dans le sujet, en tant que divis il est encore sujet au fantasme. Cest, contrairement ce que javais figur dabord, cest ici, au niveau de la vrit que nous devons considrer le mi-dire. Cest--dire que le sujet, cette tape, ne peut se reprsenter que du signifiant indice 1 [S1]. Que le signifiant indice 2 [S2], cest trs prcisment ce qui se reprsente de la

    pour le figurer comme je lai fait tout lheure de la duplicit du symbole et du symptme, [S2] l est lartisan, lartisan en tant que par la conjonction de deux signifiants, il est capable de produire

    17

    ce que tout lheure jai appel lobjet (a).

  • Ou plus exactement je lai illustr du rapport loreille et lil, voire voquant la bouche close. Cest bien en tant que le discours du matre rgne, que S2 se divise. Et cette division, cest la division du symbole et du symptme. Mais cette division du symbole et du symptme, elle est si lon peut dire, reflte dans la division du sujet. Cest parce que le sujet cest ce quun signifiant reprsente auprs dun autre signifiant que nous sommes ncessits par son insistance, montrer que cest dans le symptme que un de ces deux signifiants du Symbolique, prend son support. En ce sens, on peut dire que dans larticulation du symptme au symbole, il ny a, je dirai quun faux trou. Si nous supposons la consistance

    consistance dune quelconque de ces fonctions, Symbolique, Imaginaire et Rel

    si nous supposons cette consistance comme faisant cercle, ceci suppose un trou. Mais dans le cas du symbole et du symptme, cest autre chose dont il sagit : ce qui fait trou cest lensemble - plis lun sur lautre - de ces deux cercles :

    18

  • Ici, comme la assez bien figur SOURY pour lappeler par son nom, je sais pas sil est ici

    il faut encadrer par quelque chose qui ressemble une soufflure, ce que nous appelons dans la topologie, un tore. Il faut cerner chacun de ces trous dans quelque chose qui les fait tenir ensemble, pour que nous ayons ici quelque chose qui puisse tre qualifi du vrai trou.

    Cest dire que : il faut imaginer pour que ces trous subsistent, se maintiennent, supposer simplement ici une droite

    a remplira le mme rle une droite pour peu quelle soit infinie.

    Nous aurons revenir dans le cours de lanne sur ce que cest que cet infini, nous aurons reparler de ce quune droite, en quoi elle subsiste, en quoi, si on peut dire, elle est parente dun cercle. Ce cercle

    il faudra assurment que jy revienne le cercle a une fonction qui est bien connue de la police : le cercle a sert circuler.

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  • 20

    Et cest bien en a que la police a un soutien qui ne date pas dhier. HEGEL avait trs bien vu, quelle en tait la fonction, et il lavait vu sous une forme qui nest assurment pas celle dont il sagit, ce qui est en question. Il sagit pour la police, simplement que le tournage en rond se perptue. Le fait que nous puissions, dans ce faux trou, faire ladjonction dune droite infinie, et qu soi seul ceci fasse de ce faux trou, un trou qui borromennement subsiste, cest l le point sur lequel je marrte aujourdhui.

  • 09 Dcembre 1975 Table des matires

    a ne peut pas durer comme a ! Je veux dire que vous tes trop nombreux. Vous tes trop nombreux pour que Enfin, jespre tout de mme obtenir de vous ce que jai obtenu du public des tats-Unis, o je viens daller. Jy ai pass quinze jours pleins et jai pu my apercevoir dun certain nombre de choses. En particulier - si jai bien entendu dune certaine lassitude qui est ressentie, principalement par les analystes. Jy ai t - mon Dieu ! - je ne puis que dire que jy ai t trs bien trait, mais a nest pas dire grand chose, nest ce pas ? Je my suis senti plutt

    pour employer un terme qui est celui dont je me sers pour ce quil en est de lhomme

    jy ai t hum, ou encore si vous voulez bien lentendre

    aspir, aspir dans une sorte de tourbillon, qui videmment ne trouve son rpondant que dans ce que je mets en vidence par mon nud. Cest en effet pas par hasard - nest ce pas ? - cest peu peu que vous avez vu

    enfin, ceux qui sont l depuis un certain temps que vous avez pu voir - cest--dire entendre pas pas comment jen suis venu exprimer par la fonction du nud ce que javais dabord avanc comme, disons triplice du Symbolique, de lImaginaire et du Rel.

    21

  • Le nud est fait dans lesprit dun nouveau mos mode, nest-ce pas, ou murs

    dun nouveau mos geometricus. Nous sommes en effet, au dpart toujours captivs par quelque chose qui est une gomtrie que jai qualifie la dernire fois de comparable au sac, cest--dire la surface. Il est trs difficile

    vous pouvez en faire lessai il est trs difficile de penser

    chose qui sopre le plus communment les yeux ferms il est trs difficile de penser au nud. On ne sy retrouve pas. Et je ne suis pas tellement sr

    quoiquil y en ait mes yeux toute apparence de lavoir correctement mis devant vous. Il me semble quici il y a une faute. Il y a une faute ici. Voil. Parce que cest ceci ce quil convient de supprimer. Cest un nud qui part de ceci que vous connaissez bien :

    savoir ce qui fait que dans un nud borromen vous avez cette forme qui est telle qu loccasion elle se redouble et que vous devez la complter par deux autres ronds :

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  • Il y a une autre faon de redoubler cette forme plie en somme, vous voyez que jessaie de vous mettre au fait

    cette forme plie, cette forme lie qui saccroche lune lautre :

    il y a une autre faon qui consiste user de ce que je vous ai dj montr une fois, loccasion, savoir de ceci :

    de ceci qui ne va pas sans constituer de soi un cercle ferm. Par contre, sous la forme suivante :

    vous voyez que les deux circuits sont manipulables dune faon telle quils peuvent se librer lun de lautre. Cest mme pour a que les deux cercles, ici marqus en rouge :

    peuvent en constituer un nud qui soit proprement parler borromen, cest--dire qui, du fait de la section dun quelconque, libre tous les autres.

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  • 24

    Lanalyse est en somme la rduction de linitiation sa ralit, cest--dire au fait quil ny a pas proprement parler dinitiation. Tout sujet y livre ceci : quil est toujours et nest jamais quune supposition. Nanmoins ce que lexprience nous dmontre, cest que cette supposition est toujours livre ce que jappellerai une ambigut. Je veux dire que le sujet comme tel est toujours, non pas seulement double, mais divis. Il sagit de rendre compte de ce qui - de cette division - fait le Rel. En quoi FREUD

    puisque il nous faut y revenir : cest lui qui a t le grand frayeur de cette apprhension

    en quoi FREUD dont en somme si je lai bien lu

    je crois dailleurs lavoir bien lu si jen crois le dernier Erich FROMM4 que vous pouvez vous procurer trs aisment, si mon souvenir est bon, chez GALLIMARD, et qui sintitule de quelque chose qui

    au moins sur le dos du volume snonce comme la psychanalyse apprhende travers son pre , entre guillemets, cest--dire par FREUD

    en quoi donc si je lai bien lu, FREUD, FREUD un bourgeois bourr de prjugs

    a-t-il atteint quelque chose qui fait la valeur propre de son dire, et qui nest certes pas rien, qui est la vise de dire sur lhomme la vrit. quoi jai apport cette correction qui na pas t pour moi sans peine, sans difficult : quil ny a de vrit quelle ne puisse que se dire

    tout comme le sujet quelle comporte qui ne puisse se dire qu moiti, qui ne puisse

    pour lexprimer comme je lai nonc que se mi-dire. Je pars de ma condition qui est celle dapporter lHomme ce que lcriture nonce comme, non pas une aide lui, mais une aide contre lui.

    4 Erich Fromm : La Mission de Sigmund Freud, d. Complexe, Collection Textes, 1975.

  • 25

    Et de cette condition jessaie de me reprer. Cest bien pourquoi jai t

    vraiment dune faon qui vaudrait remarque jai t conduit cette considration du nud, qui comme je viens de vous le dire, est proprement parler constitu par une gomtrie quon peut bien dire interdite lImaginaire, qui ne simagine qu travers toutes sortes de rsistances, voire de difficults. Cest proprement parler ce que le nud, en tant quil est borromen, substantifie. Si nous partons en effet de lanalyse, nous constatons cest autre chose que dobserver. Une des choses qui mont le plus frapp quand jtais en Amrique, cest ma rencontre

    qui tait certes pas par hasard, qui tait tout fait intentionnelle de ma part

    cest ma rencontre avec CHOMSKY. Jen ai t, proprement parler, je dirai souffl. Je le lui ai dit. Lide dont je me suis rendu compte quelle tait la sienne est en somme celle-ci

    dont je ne peux pas dire quelle soit daucune faon rfutable, cest mme lide la plus commune, et cest bien quil lait - devant mon oreille - simplement affirme, qui ma fait sentir toute la distance o jtais de lui

    cette ide qui est lide en effet commune, est celle-ci, celle-ci qui me parat prcaire : la considration, en somme, de quelque chose qui se prsente comme un corps, un corps conu comme pourvu dorganes, ce qui implique dans cette conception que lorgane est un outil

    outil de prise, outil dapprhension et que il ny a aucune objection de principe ce que loutil sapprhende lui-mme comme tel, que par exemple le langage soit considr par lui comme dtermin par un fait gntique

    il la exprim en ces propres termes devant moi en dautres termes que le langage soit lui-mme un organe. Il me parat tout fait saisissant

    cest ce que jai exprim par le terme souffl il me parat tout fait saisissant que de ce langage, on puisse faire retour sur lui-mme comme organe.

  • 26

    Si le langage nest pas considr sous ce biais quil est li quelque chose qui dans le Rel fait trou, il nest pas simplement difficile, il est impossible den considrer le maniement. La mthode dobservation ne saurait partir du langage sans admettre cette vrit principielle que dans ce quon peut situer comme Rel, le langage napparaisse comme faisant trou. Cest de cette notion fonction du trou que le langage opre sa prise sur le Rel. Il ne mest, bien entendu, pas ais de faire peser de tout son poids cette conviction sur vous. Elle mapparat invitable de ce que il ny a de vrit - comme telle - possible que dvider ce Rel. Le langage, qui dailleurs mange ce Rel, je veux dire quil ne permet daborder ce Rel

    ce Rel gntique pour parler comme CHOMSKY quen terme de signe, ou autrement dit de message qui part du gne molculaire en le rduisant ce qui a fait la renomme de KRICK et de WATSON, savoir cette double hlice do sont censs partir ces divers niveaux qui organisent le corps travers un certain nombre dtages, qui sont dabord de la division, du dveloppement, de la spcialisation cellulaire, puis ensuite de cette spcialisation de partir des hormones qui sont autant dlments sur lesquels se vhiculent, pour la direction de linformation organique, autant de sortes de messages. Toute cette subtilisation de ce quil en est du Rel par tant de dits messages, mais o ne se marque que le voile port sur ce quil en est de lefficace du langage, cest--dire sur ceci que le langage nest pas en lui-mme un message mais ne se sustente que de la fonction de ce que jai appel le trou dans le Rel. Il y a pour cela la voie de notre nouveau mos geometricus, cest--dire de la substance qui rsulte de lefficace propre du langage, et qui se supporte de cette fonction du trou. Pour lexprimer en terme de ce fameux nud borromen o je me fie, disons que il repose tout entier sur lquivalence dune droite infinie avec un cercle.

  • Le schma du nud borromen est celui-ci :

    Je veux dire - pour le marquer - ceci tout autant que mon dessin ordinaire, celui qui sarticule ainsi :

    ceci tout autant que le dessin ordinaire est proprement parler un nud borromen. De ce fait il est galement vrai que ceci en est un :

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    Je veux dire qu y substituer le couple dune droite suppose infinie avec un cercle, on obtient le mme nud borromen.

  • Il y a quelque chose qui rpond de ce chiffre trois qui est lore, si je puis dire, dune exigence, laquelle est proprement parler lexigence propre du nud. Elle est lie ce fait que pour rendre compte correctement du nud borromen, cest partir de trois que spcialement sorigine une exigence. Il est possible, avec une manipulation fort simple, de rendre ces trois droites infinies parallles :

    Il suffira pour a dassouplir je dirai, ce quil en est du faux cercle dj pli, le cercle en rouge dans cette occasion. Cest partir de trois quil nous faut dfinir ce quil en est du point linfini de la droite comme ne prtant pas, ne prtant en aucun cas, faire faute ce que nous pouvons appeler leur concentricit.

    Je veux dire que ces trois points linfini

    mettons-les ici par exemple doivent tre sous quelque forme que nous les supposions, et nous pouvons aussi bien inverser ces positions, je veux dire faire que cette premire droite linfini si lon peut dire, soit par rapport aux autres enveloppante au lieu dtre enveloppe. Cest la caractristique de ce point linfini, que de ne pouvoir tre situ, comme on pourrait sexprimer, daucun ct.

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  • Mais ce qui est exigible partir du nombre trois, cest ceci, cest que pour le figurer de cette faon image :

    on doit noncer, prciser, que de ces trois droites, compltes de leur point linfini, il ne sen trouvera pas une

    vous sentez bien que si je les ai mises ici toutes les trois en rouge, cest quil y a des raisons pour lesquelles jai d les tracer ici dune couleur diffrente

    il ny en aura pas une qui, dtre enveloppe par une autre, ne se trouvera enveloppante par rapport lautre. Car cest proprement parler ceci qui constitue la proprit du nud borromen. Je vous ai maintes fois familiariss avec ceci, cest que le nud borromen, si lon peut dire dans la troisime dimension, consiste dans ce rapport qui fait que ce qui est envelopp par rapport lun de ces cercles se trouve enveloppant par rapport lautre. Cest en cela quest exemplaire ceci que vous voyez ordinairement sous la forme de la sphre armillaire, la sphre armillaire use - dont on use - pour ce quil en est des sextants, se prsente toujours ainsi :

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  • savoir que pour le tracer dune faon claire, le cercle bleu ira toujours se rabattre de la faon suivante autour du cercle quici jai dessin en vert, et que le cercle rouge - selon le rabattement de lentraxe - doit tre comme a. Je lai dit tout lheure. Voil. Par contre, la diffrence entre ce cercle et cette disposition ordinaire dans toute manipulation de la sphre armillaire, se trouvera distance si, disons, ce cercle qui apparat ici moyen se trouve, ce cercle se trouve substitue la disposition suivante :

    savoir quil ne pourra pas tre rabattu parce que il sera enveloppant par rapport au cercle rouge, et envelopp par rapport au cercle vert. Je redessine ce quil en est. Vous voyez quici le cercle vert se trouve ainsi situ par rapport au cercle bleu et au cercle rouge. Mme mes hsitations sont ici significatives. Elles manifestent la maladresse avec laquelle ncessairement ce quil en est du nud borromen - type mme du nud est manipul. Le caractre fondamental de cette utilisation du nud est de permettre dillustrer la triplicit qui rsulte dune consistance qui nest affecte :

    - Que de lImaginaire, - dun trou comme fondamental qui ressortit au Symbolique, - et dautre part dune ex-sistence

    crit comme je le fais : e.x tiret s.i.s.t.e.n.c.e qui, elle, appartient au Rel qui en est le caractre fondamental.

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  • 31

    Cette mthode

    puisquil sagit de mthode est une mthode qui se prsente comme sans espoir. Sans espoir daucune faon de rompre le nud constituant du Symbolique, de lImaginaire et du Rel. cet gard, elle se refuse ce qui constitue

    il faut le dire, et dune faon tout fait lucide une vertu, une vertu mme dite thologale, et cest en cela que notre apprhension analytique de ce quil en est de ce nud est le ngatif de la religion. On ne croit plus lobjet comme tel, et cest en ceci que je nie que lobjet puisse tre saisi par aucun organe, puisque lorgane lui-mme est aperu comme un outil, et qutant aperu comme comme un outil, comme un outil spar il est ce titre conu comme un objet. Dans la conception de CHOMSKY, lobjet nest lui-mme abord que par un lobjet. Cest la restitution en tant que telle du sujet, en tant que lui-mme ne peut tre que divis, divis par lopration elle-mme du langage, que lanalyse trouve sa diffusion. Elle trouve sa diffusion en ceci quelle met en question la science comme telle. Science pour autant quelle fait dun lobjet un sujet, alors que cest le sujet qui est de lui-mme divis. Nous ne croyons pas lobjet, mais nous constatons le dsir et de cette constatation du dsir, nous induisons la cause comme objective. Le dsir de connatre rencontre des obstacles. Cest pour incarner cet obstacle que jai invent le nud, et que au nud il faut se rompre. Je veux dire :

    - que cest le nud seul qui est le support concevable dun rapport entre quoi que ce soit et quoi que ce soit,

    - que le nud, sil est abstrait dun ct, doit tre pens et conu comme concret.

  • 32

    Ce dans quoi, puisque aujourdhui vous le voyez bien, je suis fort las, fort las de cette preuve amricaine o comme je vous lai dit, jai t certainement rcompens, car jai pu

    ces figures que vous voyez ici plus ou moins substantialises par lcrit, par le dessin

    jai pu en faire ce que jappellerai agitation, motion. Le senti comme mental, le sentimental est dbile, parce que toujours par quelque biais rductible lImaginaire. Limagination de consistance va tout droit limpossible de la cassure, mais cest en cela que la cassure peut toujours tre le Rel, le Rel comme impossible et qui nen est pas moins compatible avec la dite imagination et la constitue mme. Je nespre pas - daucune faon - sortir de la dbilit que je signale de ce dpart. Je nen sors, comme quiconque, que dans la mesure de mes moyens. Cest--dire comme sur place , sur ne sassurant daucun progrs vrifiable autrement qu la longue. Cest de faon fabulatoire que jaffirme que le Rel tel que je le pense dans mon pen-se, dans mon pen-se lger ne va pas sans comporter rellement

    le Rel mentant effectivement sans comporter rellement le trou qui y subsiste de ce que sa consistance ne soit rien de plus que celle de lensemble du nud quil fait avec le Symbolique et lImaginaire. Nud qualifiable du borromen, soit intranchable sans dissoudre le mythe quil rend du sujet comme non suppos. cest--dire comme rel, pas plus divers que chaque corps signalable du parltre, corps qui na de statut respectable, au sens commun du mot, que de ce nud. Alors, aprs cette puisante tentative, et puisque aujourdhui je suis fort las, jattends de vous ce que jai reu plus aisment quailleurs en Amrique, savoir que quelquun me pose, propos daujourdhui, une question, quelle quelle soit. Mme si elle manifeste que dans mon discours daujourdhui, discours que je reprendrai la prochaine fois, en abordant ceci que JOYCE se trouve dune faon privilgie avoir vis par son art le quart terme, celui que de diverses faons que vous voyez l figur :

  • quil sagisse du rond rouge qui est tout lextrme, droite, ou quil sagisse aussi bien du rond noir ici :

    ou quil sagisse encore de ceci :

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    Vous voyez que cest dune faon particulire encore, particulire en ceci que cest toujours le mme cercle pli qui se trouve ici, dans une position spciale, savoir deux fois inflchi, cest--dire pris dune faon qui est correspondante, qui se figure peu prs ainsi, pris quatre fois si lon peut dire, avec lui-mme.

  • 34

    Ce qui permet effectivement de sapercevoir que, de mme quici cest deux fois que chacun de ces cercles coincent la boucle figure par ce cercle pli, ici par contre, cest quatre fois que ce petit cercle, ou le cercle vert, par exemple, celui qui est ici, ou le cercle bleu le coincent. Puisque aussi bien, cest de coinage essentiellement quil sagit. Cest donc de JOYCE que ce quatrime terme ce quatrime terme en tant quil complte le nud de lImaginaire, du Symbolique et du Rel que javancerai que, par son art

    et cest l tout le problme : comment un art peut-il viser de faon expressment divinatoire substantialiser dans sa consistance [ I ], sa consistance comme telle, mais aussi bien son ex-sistence [ R ] et aussi bien ce troisime terme qui est le trou [ S ]

    comment par son art, quelquun a-t-il pu viser rendre comme tel

    au point de lapprocher daussi prs quil est possible

    ce quatrime terme, celui propos de quoi aujourdhui jai voulu simplement vous montrer quil est essentiel au nud borromen lui-mme ? Jattends donc que slve une voix, quelle quelle soit.

  • 35

    QUESTIONS LACAN Alors ! Quest-ce qui a pu vous paratre discutable dans ce que jai avanc aujourdhui ? Stuart SCHNEIDERMAN Ce nest pas une question sur le nud lui-mme, cest une question plutt historique. Quest-ce qui vous a amen croire au dbut, que vous trouveriez quelque chose chez CHOMSKY qui vous dirait ou qui vous rappellerait, pour moi, cest quelque chose qui ne maurait jamais venu en tte. LACAN Cest bien pour a que jai t souffl, cest certain. Oui, mais a ne veut pas dire que je ne

    on a toujours cette sorte de faiblesse, - nest-ce-pas ? - et il y a un reste despoir

    je veux dire que CHOMSKY soccupant de linguistique, je pouvais esprer voir une pointe dapprhension de ce que je montre concernant le Symbolique, cest--dire quil garde - mme quand il est faux - quelque chose du trou. Quil est impossible par exemple de ne pas qualifier de faux trou lensemble constitu par le symptme et le Symbolique. Mais que dun autre ct, cest en tant quil est accroch au langage que le symptme subsiste, au moins si nous croyons que par une manipulation dite interprtative

    cest--dire jouant sur le sens nous pouvons modifier quelque chose au symptme. Cette assimilation chez CHOMSKY de quelque chose, qui mes yeux est de lordre du symptme, cest--dire qui confond le symptme et le Rel, cest trs prcisment ce qui ma souffl. Stuart SCHNEIDERMAN Excusez-moi. Cest une question peut-tre oisive sur LACAN oiseuse ?

  • 36

    Stuart SCHNEIDERMAN - Oisive. tant Amricain... LACAN Oui ! Vous tes Amricain. Et je vous remercie ! Je constate simplement quil ny a, une fois de plus quun Amricain pour minterroger. Enfin, je ne peux pas dire combien jai t combl, si je puis dire, par le fait que - en Amrique - jai eu des gens qui avaient, qui me tmoignaient par quelque ct que mon discours ntait pas vain. Stuart SCHNEIDERMAN Alors, oui, pour moi, essayant de comprendre la possibilit de plusieurs discours Paris, il me semble impossible que quelquun ait pu concevoir que CHOMSKY, duqu dans la tradition nouvelle ne de la logique mathmatique et quil a pris chez QUINE et GOODMAN, Harvard LACAN - Mais QUINE nest pas bte du tout, hein ! Stuart SCHNEIDERMAN Non, mais il nest pas non plus, me semble-t-il QUINE et LACAN, cest deux noms que je naurais pas trouvs. Mais pour ce qui est de la rflexion sur le sujet, cest les franais qui pour trouver quelque chose de pour trouver un tas dimages il me manque une pense comme a LACAN - Est-ce que je peux attendre de quelquun de franais quelque chose qui, enfin qui Roland CHEMAMA Moi je voulais vous interroger sur quelque chose Cest propos de lalternance finalement du corps et de la parole comme vous la vivez mme aujourdhui. Parce quil y a quelque chose qui mchappe un petit peu dans votre discours, cest le fait que vous parliez effectivement pendant une heure trente, et quensuite vous ayez le dsir davoir un contact, finalement, plus direct avec quelquun.

  • 37

    Et je me suis demand si, dune faon plus gnrale, dans votre thorie, l, vous ne parliez pas strictement du langage, mais sans penser ces moments o le corps sert lui aussi dchange, et effectivement ce moment-l, lorgane - cest pas clair mais - lorgane peut servir apprhender le Rel, dune faon directe, sans le discours. Est-ce quil ny a pas une alternance des deux dans la vie dun sujet ? Jai limpression quil y a une dsincarnation du discours. Le discours se reportant toujours LACAN - Comment dites-vous ? Une dsincarnation Roland CHEMAMA du discours, du corps, cest ce que je veux dire. Est-ce quil ny a pas simplement un jeu effectivement dalternance entre les deux sans le langage ? Est-ce que ce trou nexisterait pas du fait dun engagement physique direct avec ce Rel ? Et je parle de lamour et de la jouissance. LACAN Cest bien l ce dont il sagit. Il est tout de mme trs difficile de ne pas considrer le Rel, dans cette occasion comme un tiers. Et disons que ce que je peux solliciter comme rponse appartient ceci qui est un appel au Rel, non pas comme li au corps, nest-ce-pas, mais comme diffrent. Que loin du corps, il y a possibilit de ce que jappelais la dernire fois rsonance, ou consonance. Que cest au niveau du Rel que peut se trouver cette consonance. Que le Rel

    par rapport ces ples que constituent le corps et dautre part le langage

    que le Rel est l ce qui fait accord. Quest-ce que je peux attendre de quelquun dautre? X Vous disiez tout lheure que CHOMSKY faisait du langage un organe, et vous parliez dun effet de soufflage. a vous avait souffl.

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    Et je me demandais si a ne tenait pas au fait que vous, ce que vous dites, ce dont vous faites un organe cest la libido. Je pense au mythe de la lamelle , et je me demande si a nest pas le biais par lequel peut se poser, ici, prcisment la question de lme. Cest--dire je me demande si ce dplacement de lun lautre, qui ma t prsent lesprit lorsque vous en aviez parl, nest pas ce par quoi on peut saisir encore quil y ait de lme. Parce que carter lide de mettre un cart entre langage et organe, a ne peut se rcuprer dans le sens dun art que si on - je pense quon coupe lorgane au niveau de l o vous le mettez, de la libido. Cest pas simple, je veux dire, parce que la libido comme organe cest pas Et je pense dautre part, ce qui est tonnant cest que LACAN La libido, comme son nom lindique, ne peut tre que participant du trou, tout autant que des autres modes sous lesquels se prsentent le corps et le Rel dautre part. Ouais X - Ce qui est trs curieux, cest que lorsque vous parlez LACAN Cest videmment par l que jessaie de rejoindre la fonction de lart. Cest en quelque sorte impliqu par ce qui est laiss en blanc comme quatrime terme. Et quand je dis que lart peut mme atteindre le symptme, cest ce que je vais essayer de substantialiser et cest juste titre que vous voquez le mythe dit lamelle. Cest tout fait dans la bonne note, et je vous en remercie. Cest dans ce fil que jespre continuer. X Je voudrais poser une petite question : lorsque vous parlez de la libido, dans ce texte, vous dites quelle est remarquable par un trajet dinvagination aller-retour. Or cette image, aujourdhui elle me semble pouvoir fonctionner comme celle de la corde qui est prise dans un phnomne de rsonance et qui ondule. Cest--dire qui fait un ventre qui sabaisse et se lve et des nuds. Je voudrais savoir si

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    LACAN Non mais ce nest pas pour rien que dans une corde, la mtaphore vient de ce qui fait nud. Ce que jessaie, cest de trouver quoi se rfre cette mtaphore. Sil y a dans une corde vibrante des ventres et des nuds, cest pour autant que cest au nud quon se rfre. Je veux dire que on use du langage dune faon qui va plus loin que ce qui est effectivement dit. On rduit toujours la porte de la mtaphore comme telle, cest--dire quon la rduit une mtonymie. X Lorsque vous passez du nud borromen trois - Rel, Imaginaire, Symbolique - celui quatre - o sintroduit le symptme - le nud borromen trois en tant que tel disparat. Et LACAN Cest tout fait exact. II nest plus un nud. Il nest tenu que par le symptme. X Dans cette perspective, disons de lespoir de cure, en matire danalyse, a semble poser problme LACAN Il ny a aucune rduction radicale du quatrime terme. Cest--dire que mme lanalyse, puisque FREUD

    on ne sait pas par quelle voie a pu lnoncer : il y a une Urverdrngung, il y a un refoulement qui nest jamais annul. Il est de la nature mme du Symbolique de comporter ce trou, et cest ce trou que je vise, que je reconnais dans lUrverdrngung elle-mme. X Dautre part vous parlez du nud borromen en disant quil ne constitue pas un modle. Est-ce que vous pourriez prciser ?

  • LACAN Il ne constitue pas un modle sous le mode o il a quelque chose prs de quoi limagination dfaille. Je veux dire quelle rsiste proprement parler, comme telle, limagination du nud. Son abord mathmatique dans la topologie est insuffisant. Jai

    je peux quand mme vous dire mes expriences de ces vacances

    je me suis obstin penser la faon dont ceci :

    qui constitue un nud, non pas un nud entre deux lments, car comme vous le voyez, il ny en a quun seul. Comment ce nud dit nud trois, le nud le plus simple, le nud que vous pouvez faire, cest le mme que celui-ci :

    le nud que vous pouvez faire avec nimporte quelle corde, la plus simple. Cest le mme nud quoi quil nait pas le mme aspect. Je me suis attach penser ceci, dont javais fait, disons la trouvaille, savoir quavec ce nud, tel quil est montr l, il est facile de dmontrer quil ex-siste un nud borromen. Il suffit de penser que vous pouvez rendre sous-jacent sur une surface

    qui est cette surface double sans laquelle nous ne saurions crire quoi que ce soit concernant les nuds

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    sur une surface donc sous-jacente, vous mettez le mme nud.

  • Il est trs facile de raliser

    je veux dire par une criture ceci : quen faisant passer successivement

    je veux dire chaque tape un troisime nud trois, successivement

    et cest facile a imaginer. a simagine pas tout de suite il a fallu que jen fasse la trouvaille

    faire passer un nud homologue sous le nud sous-jacent, et sur - chaque tape - le nud que jappellerai l sur-jacent. Ceci donc, ralise aisment un nud borromen.

    Y a-t-il possibilit, avec ce nud trois, de raliser un nud borromen quatre ? Jai pass peu prs deux mois me casser la tte sur cet objet

    cest bien l le cas de le dire je nai pas russi dmontrer quil ex-siste une faon de nouer quatre nuds trois dune faon borromenne. Eh bien, a ne prouve rien ! a ne prouve pas quil nex-siste pas ! Encore hier soir, je nai pens qu a : si javais pu y arriver vous le dmontrer quil ex-siste Ce quil y a de pire, cest que je nai pas trouv la raison dmonstrative de ce quil nex-siste pas. Simplement, jai chou. Car mme cela : que je ne puisse pas montrer que ce nud quatre nuds trois, en tant que borromen, ex-siste, que je ne puisse pas le montrer ne prouve rien. Il faut que je dmontre quil ne peut ex-sister. En quoi, de cet Impossible, un Rel sera assur. Le Rel constitu par ceci : quil ny a pas de nud borromen qui se constitue de quatre nuds trois. Ce serait l toucher un Rel.

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  • 42

    Pour vous dire ce que jen pense, toujours avec ma faon de dire que cest mon pen-se : je crois quil ex-siste. Je veux dire que ce nest pas l que nous buterons un Rel. Je ne dsespre pas de le trouver. Mais cest un fait que je ne peux rien. Parce que ds que a serait dmontr, a serait facile de vous le montrer. Mais il est un fait aussi, cest que je ne peux rien de tel, vous montrer. Le rapport du montrer au dmontrer est l nettement spar. X Vous avez dit tout lheure que dans la perspective de CHOMSKY, le langage peut tre un organe. Et vous avez parl de la main. Pourquoi ce mot main ? Est-ce que sous ce mot main, il y a la rfrence quelque chose de lordre qui a rapport un objet qui nest pas encore technique au sens cartsien du terme ? Cest--dire une technique qui ignore le langage, qui ne parle plus dune technique au sens cartsien du terme, cest--dire une technique qui ignore le langage, qui ne parle plus dune technique lie au langage, pour dsigner le rapport du sujet au langage, est l pour montrer la ncessit dune autre thorie de la technique que celle qui a lieu peut-tre, chez CHOMSKY ? LACAN Oui, cest ce que je prtends : malgr lexistence de poignes de mains, la main dans la poigne, dans lacte de poigner, ne connat pas lautre main. Quelquun attend pour un cours

  • 16 Dcembre 1975 Table des matires Si on mettait autant de srieux dans les analyses que jen mets prparer mon sminaire, eh bien, a serait tant mieux. a serait tant mieux, et a aurait srement de meilleurs rsultats. Il faudrait pour a que dans lanalyse on ait, comme je lai

    comme je lai, mais cest du senti-mental dont je parlais lautre jour

    le sentiment dun risque absolu.

    Voil, lautre jour je vous ai dit que le nud trois le nud trois que je dessine comme a :

    et dont vous voyez quil sobtient du nud borromen en rejoignant les cordes en ces trois points que je viens de marquer :

    je vous ai dit que le nud trois, javais fait la trouvaille quils se nouaient entre eux, trois, borromennement. Je vous ai dit aussi en quoi - si lon peut dire ctait tout fait justifiable par une explication.

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  • 44

    Je vous ai dit que je mtais efforc pendant deux mois de faire ex-sister pour ce nud le plus simple, un nud borromen quatre. Je vous ai dit galement que le fait que je ny tais pas arriv le faire ex-sister, ne prouvait rien sinon ma maladresse. Je crois

    je suis mme sr : je men souviens je crois vous avoir dit que je croyais quil devait exister. Jai eu le soir mme la bonne surprise de voir surgir

    il tait tard, je dirai mme que jtais sorti avec un peu de retard, vu mes devoirs

    jai donc vu surgir sur le pas de ma porte le nomm THOM - pour le nommer - et qui venait mapporter

    et je len ai grandement remerci qui venait mapporter

    fruit de sa collaboration avec SOURY SOURY et THOM, souvenez-vous de ces noms

    qui venait mapporter la preuve que le nud borromen quatre, de quatre nuds trois, ex-siste bien. Ce qui justifie assurment mon obstination, mais ce qui nen rend pas moins dplorable mon incapacit. Je nai nanmoins pas accueilli la nouvelle, que ce problme tait rsolu, avec des sentiments mlangs

    mlangs de mon regret de mon impuissance avec celui du succs obtenu

    mes sentiments ne ltaient pas, ils taient purement et simplement denthousiasme. Et je crois leur en avoir montr quelque chose, quand je les ai vus quelques soirs aprs, soir o dailleurs ils nont pas pu me rendre compte de comment ils lavaient trouv. Ils lavaient trouv de fait, et jespre navoir pas fait derreur en transcrivant - car ce nest quune transcription - en transcrivant comme je lai fait sur ce papier central le fruit de leur trouvaille. Je lai reproduit, peu de chose prs. Je veux dire que cest - cest le cas de le dire - textuellement ce quils ont labor, part le fait que le trajet mis plat, est peine diffrent.

  • Si ce trajet mis plat est tel que je vous le prsente, cest pour que vous sentiez

    sentiez peut-tre un peu mieux que dans la figure quils mont faite

    que vous sentiez peut-tre un peu mieux comment cest fait :

    Je pense que laspect de cette figure - jespre ! - chacun peut voir que, supposer par exemple que le nud trois - ici noir - le nud trois noir tant lid, il parat bien clair que les trois autres nud trois sont libres. Il est bien clair en effet que le nud trois vert est sous le nud trois rouge, quil suffit, ce nud trois vert, de le sortir du rouge, pour que le nud trois brun ici[ bleu ], se montre galement libre.

    45

  • 46

    Jai vu longuement SOURY et THOM. Je vous lai dit, ils ne mont pas fait de confidences sur la faon dont ils lont obtenu. Je pense dailleurs quil ny en a pas quune, quil ny a pas que celle-l. Et peut-tre vous montrerai-je la prochaine fois, comment encore on peut lobtenir.

    Je voudrais quand mme commmorer ce menu vnement vnement dailleurs que je considre comme pas menu, et je vais vous dire pourquoi ensuite, autrement dit pourquoi je cherchais

    je veux un peu plus commmorer notre rencontre. Je crois que le support de cette recherche est non pas ce que Sarah KOFMAN5 dans un livre, dans un article remarquable o elle a contribu, un article remarquable quelle appelle Vautour Rouge et qui nest autre quune rfrence aux lixirs du Diable clbrs par FREUD, rfrence quelle reprend aprs lavoir dj une fois mentionne dans son Quatre romans analytiques, livre entier delle, ceci nempchant pas que je vous recommande la lecture de cette Mimesis qui me parat, avec ses cinq autres collaborateurs, raliser quelque chose de remarquable. Je dois vous dire la vrit, je nai lu que larticle du premier, du troisime et du cinquime, parce que javais, en raison de la prparation de ce sminaire, dautres chats fouetter. Je crois nanmoins que Mimesis vaut tout fait la peine dtre lu. Le premier article qui concerne WITTGENSTEIN, et disons le bruit qua fait son enseignement, est tout fait remarquable. Celui-l, je lai lu de bout en bout. Nanmoins, je dois dire que cette gomtrie qui est celle des nuds, dont je vous ai dit quils manifestent une gomtrie tout fait spcifique, originale, est quelque chose qui exorcise cette inquitante tranget. Il y a l quelque chose de spcifique.

    5 Sarah Kofman, Vautour Rouge (Le double dans les lixirs du diable d'Hoffmann) in Mimesis, des articulations, Aubier-Flammarion, 1975. Quatre romans analytiques, d. Galile, Coll. La Philosophie en effet, 1974.

  • Linquitante tranget relve de lImaginaire, incontestablement. Mais quil y ait quelque chose qui permette de lexorciser est assurment de soi-mme trange. Pour spcifier o je mettrais ce dont il sagit, cest quelque part par l :

    Je veux dire que cest pour autant que lImaginaire se dploie selon le mode de deux cercles

    ce qui peut galement se noter dun dessin, et je dirai quun dessin ne note rien, pour autant que la mise plat en reste nigmatique

    cest pour autant quici, joint lImaginaire du corps, quelque chose comme une inhibition spcifique qui se caractriserait spcialement de l inquitante tranget que - provisoirement tout au moins - je me permettrais de noter ce quil en est, quant sa place, de ladite tranget. La rsistance que limagination prouve la cogitation de ce quil en est de cette nouvelle gomtrie est quelque chose qui me frappe, pour lavoir prouv. Que SOURY et THOM aient t

    jose le dire, quoiquaprs tout, je nen ai pas deux le tmoignage

    aient t spcialement captivs - me semble-t-il -

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    par ce qui, dans mon enseignement, a t conduit explorer, sous le coup, sous le fait de ce que mimposait la conjonction de lImaginaire, du Symbolique et du Rel, quils aient t attraps tout spcialement par ce quil faut bien lappeler cette lucubration qui est mienne, cest quelque chose qui nest certainement pas de pur hasard, disons que pour a ils sont dous.

  • 48

    Ltrange

    ltrange, et cest l-dessus que je me permets de trahir ce quils ont pu me faire de confidence

    ltrange - me semble-t-il - est ceci que et cela ma saisi, tant donn ce que vous savez que je profre

    cest quils mont dit quils sy avanaient en parlant entre eux. Je ne leur en ai pas fait tout de suite la remarque, parce qu la vrit, cette confidence me semblait trs prcieuse, mais il est certain quon na pas lhabitude de penser deux. Le fait que ce soit en en parlant entre eux quils arrivent des rsultats qui ne sont pas remarquables seulement par cette russite, il y a longtemps que ce quils composent sur le nud borromen me parat plus quintressant, me parat un travail. Mais cette trouvaille nen est certainement pas le couronnement. Ils en feront dautres. Je najouterai pas ce qua pu me dire nommment SOURY sur le mode dont il pense lenseignement. Cest une affaire o je pense qu suivre mon exemple, celui que jai qualifi tout lheure, il sen acquittera certainement aussi bien que je puis le faire,cest--dire de la mme faon scabreuse. Mais que ceci puisse tre conquis dune telle trouvaille

    je ne sais pas dailleurs si spcialement cette trouvaille a t conquise dans le dialogue

    que le dialogue savre fcond spcialement dans ce domaine, cest tout fait - je puis dire - ce que confirme quil ma manqu moi. Je veux dire que pendant ces deux mois o je me suis acharn trouver ce quatrime nud trois et la faon dont aux deux autres aux trois autres, il pouvait se nouer borromennement, je le rpte, cest assurment que je lai cherch seul. Je veux dire en esprant dans ma cogitation. Quimporte, je ninsiste pas. Il est temps de dire en quoi cette recherche mimportait.

  • Cette recherche mimportait extrmement pour la raison suivante : les trois cercles du nud borromen ont ceci qui ne peut manquer dtre retenu, cest quils sont - titre de cercles - tous trois quivalents. Je veux dire quils sont constitus de quelque chose qui se reproduit dans les trois. Ce nest pas par hasard que je supporte de lImaginaire, spcialement

    cest le rsultat dune certaine, disons concentration que ce soit dans lImaginaire que je mette le support de ce qui est la consistance. De mme, que ce soit le trou que je fasse lessentiel de ce quil en est du Symbolique et que, en raison du fait que le Rel, justement de la libert de ces deux, de ce que lImaginaire et le Symbolique

    cest la dfinition mme du nud borromen soient libres lun de lautre, que je supporte ce que jappelle lex-sistence, spcialement du Rel, en ce sens qu sister hors de lImaginaire et du Symbolique, il cogne, il joue tout spcialement dans quelque chose qui est de lordre de la limitation. Les deux autres

    partir du moment o il est borromennement nou les deux autres lui rsistent. Cest dire que le Rel na dex-sistence

    et cest bien tonnant que je le formule ainsi na dex-sistence qu rencontrer, du Symbolique et de lImaginaire, larrt :

    Bien sr, nest-ce pas l un fait de simple hasard. Il faut en dire autant des deux autres. Cest en tant quil ex-siste au Rel que lImaginaire rencontre aussi le heurt qui ici se sent mieux.

    49

    Pourquoi ds lors, mets-je cette ex-sistence, prcisment l o elle peut sembler la plus paradoxale ?

  • Cest quil me faut bien rpartir ces trois modes et que cest justement d ex-sister que se supporte la pense du Rel. Mais quen rsulte-t-il, si ce nest quil nous faut - ces trois termes les concevoir comme se rejoignant lun lautre ? Sils sont si analogues, cest exactement que - pour employer ce terme - est-ce quon ne peut pas supposer que ce soit dune continuit ? Et cest l ce qui nous mne tout droit faire le nud trois. Car il ny a pas beaucoup deffort commettre pour

    de la faon dont ils squilibrent, se superposent joindre les points de la mise plat qui deux feront continuit.

    Mais alors, quen rsulte-t-il ? Quen rsulte-t-il pour que de ce nud, quelque chose quil faut bien appeler de lordre du sujet

    pour autant que le sujet nest jamais que suppos ce qui de lordre du sujet dans ce nud trois, se trouve en somme support ? Est-ce dire que si le nud trois se noue lui-mme borromennement - au moins trois - cela nous suffise ? Cest justement sur ce point que ma question portait. Dans une figure, une chane borromenne, est-ce que il ne nous apparat pas que le minimum est toujours constitu par un nud quatre ?

    50

  • Je veux dire que cest tirer cette corde verte pour que vous vous aperceviez que le cercle noir, ici nou avec la corde rouge, sera

    en tant tir par cette corde bleue sera, manifestera, la forme sensible dune chane borromenne. Il semble que le moins quon puisse attendre de cette chane borromenne, cest ce rapport de un trois autres. Et si nous supposons

    comme nous en avons l la preuve si nous pensons effectivement quun nud trois

    car celui-l nest pas moins un nud trois :

    que ces nuds se composeront borromennement lun avec lautre, nous aurons, nous toucherons ceci : que cest toujours de trois supports

    que nous appellerons en loccasion subjectifs, cest--dire personnels

    quun quatrime prendra appui. Et si vous vous souvenez du mode sous lequel jai introduit ce quart lment

    chacun des autres est suppos constituer quelque chose de personnel au regard de ces trois lments

    le quart sera ce que jnonce cette anne comme le sinthome.

    Ce nest pas pour rien que jai crit ces choses dans un certain ordre :

    51

    R.S.I, S.I.R, I.R.S, cest bien quoi rpondait mon titre de lanne dernire.

  • 52

    Cest quaussi bien, les mmes

    les mmes SOURY et THOM, jy ai dj fait allusion expressment dans ce sminaire

    ont mis en valeur que pour ce qui en est des nuds borromens en question, partir du moment o ils sont orients et coloris, il y en a deux de nature diffrente. Quest-ce dire ? Dans la mise plat, dj on peut le mettre en valeur. Ici, jabrge. Je vous indique seulement dans quel sens en faire lpreuve. Je vous ai dit lquivalence de ces trois cercles, de ces trois ronds de ficelle. Il est remarquable que ce soit seulement ce que, non pas entre eux que soit marque lidentit daucun

    car lidentit, a serait les marquer par la lettre initiale, dire R, I et S, cest dj les intituler chacun, chacun comme tel du Rel, du Symbolique et de lImaginaire

    mais il est notable quil apparaisse que ce qui se distingue entre eux, defficace dans lorientation ne soit reprable que de ce que soit par la couleur marque leur diffrence. Non pas de lun lautre, mais leur diffrence, si je puis dire absolue, en ce quelle est la diffrence commune aux trois. Cest pour quil y ait quelque chose qui est un

    mais qui, comme tel, marque la diffrence entre les trois, et non pas la diffrence deux

    quil apparat en consquence la distinction de deux structures de nuds borromens. Lequel est le vrai ? Est le vrai au regard de ce quil en est de la faon dont se noue lImaginaire, le Symbolique et le Rel dans ce qui supporte le sujet ? Voil la question qui mrite dtre interroge. Quon se reporte mes prcdentes allusions cette dualit du nud borromen pour lapprcier. Car je nai pu aujourdhui que lvoquer un instant. Il y a quelque chose de remarquable, cest que le nud trois par contre, ne porte pas trace de cette diffrence. Dans le nud trois, cest--dire dans le fait que nous mettons lImaginaire, le Symbolique et le Rel en continuit, on ne stonnera pas que nous y voyions quil ny a quun seul nud trois.

  • 53

    Jespre que il y en a ici suffisamment qui prennent des notes. Car ceci est important. Important pour vous suggrer daller vrifier ce dont il sagit, savoir nommment que du nud trois

    qui homognise le nud borromen il y en a par contre quune espce. Est-ce dire que ce soit vrai ? Chacun sait que de nud trois, il y en a deux. Il y en a deux selon quil est dextrogyre ou lvogyre. Cest donc l un problme que je vous pose : quel est le lien entre ces deux espces de nuds borromens et les deux espces de nuds trois ? Quoiquil en soit, si le nud trois est bien le support de toute espce de sujet, comment linterroger ? Comment linterroger de telle sorte que ce soit bien dun sujet quil sagisse? Il fut un temps ou javanais dans une certaine voie, avant que je ne sois sur la voie de lanalyse, cest celui de ma thse : De la psychose paranoaque dans ses rapports - disais-je - avec la personnalit. Si jai si longtemps rsist la republication de ma thse, cest simplement pour ceci : cest que la psychose paranoaque et la personnalit - comme telle - nont pas de rapport, simplement pour ceci : cest parce que cest la mme chose. En tant quun sujet noue trois lImaginaire, le Symbolique et le Rel, il nest support que de leur continuit. LImaginaire, le Symbolique et le Rel sont une seule et mme consistance. Et cest en cela que consiste la psychose paranoaque. bien entendre ce que jnonce aujourdhui, on pourrait en dduire qu trois paranoaques pourrait tre nou

    au titre de symptme un quatrime terme qui se situerait comme tel comme personnalit, en tant quelle-mme elle serait au regard des trois personnalits prcdentes, distincte et leur symptme.

  • Est-ce dire quelle serait paranoaque elle aussi ? Rien ne lindique dans le cas

    le cas qui est plus que probable, qui est certain o cest dun nombre indfini de nuds trois quune chane borromenne peut tre constitue. Ce qui nempche pas que, au regard de cette chane

    qui ds lors ne constitue plus une paranoa, si ce nest quelle est commune

    au regard de cette chane, la floculation possible de quarts termes dans cette tresse qui est la tresse subjective

    la floculation possible, terminale, de quarts termes nous laisse la possibilit de supposer que sur la totalit de la texture, il y a certains points lus qui - de ce nud quatre - se trouvent le terme. Et cest bien en cela que consiste, proprement parler le sinthome, et le sinthome non pas en tant quil est personnalit, mais quau regard de trois autres, il se spcifie dtre sinthome et nvrotique. Et cest en cela quun aperu nous est donn sur ce quil en est de linconscient : cest en tant que le sinthome le spcifie, quil y a un terme qui sy rattache plus spcialement qui, au regard de ce quil en est du sinthome, a un rapport privilgi. De mme quici dans le nud trois nou borromennement quatre :

    54

    vous voyez quil y a une rponse particulire du rouge au brun[ bleu ], de mme quil y a une rponse particulire du vert au noir.

  • Cest en tant que lun des deux couples se distingue de ce nud spcifique avec une autre couleur

    pour reprendre le terme dont je me servais tout lheure

    cest en tant quil y un lien du sinthome quelque chose de particulier dans cet ensemble quatre : cest - pour tout dire - pour autant quil y a ce lien

    on ne sait pas si cest celui-ci ou celui-l cest pour autant que nous avons un couple rouge-vert ici gauche, bleu-rouge ici droite, que nous avons un couple. Et cest en tant que le sinthome se relie lInconscient, et que lImaginaire se lie au Rel, que nous avons affaire quelque chose dont surgit le sinthome.

    Voil les choses difficiles que je voulais, pour vous, noncer aujourdhui. Assurment, ceci mrite le complment. Le complment de la raison pourquoi ici jai en quelque sorte ouvert le nud trois, pourquoi jen ai donn la forme que vous voyez ici :

    qui nest pas celle qui se trouve dessine de la faon que vous voyez en bas, circulaire :

    55

  • Elle rsulte de ceci : cest quau regard de ce champ, que jai dj ici not de J(A) . Il sagit de la jouissance, de la jouissance, non pas de lAutre, au titre de ceci que jai nonc :

    - quil ny a pas dAutre de lAutre, - quau Symbolique - lieu de lAutre comme tel - rien nest

    oppos, - quil ny a pas de jouissance de lAutre en ceci quil ny a pas

    dAutre de lAutre, et que cest ce que veut dire cet A barr [A].

    Il en rsulte quici J(A) :

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    cette jouissance de lAutre de lAutre qui nest pas possible pour la simple raison quil ny en a pas

    ds lors ce qui en rsulte est ceci : que seul reste ce qui se produit dans le champ de mise plat du cercle du Symbolique avec le cercle de lImaginaire qui est le sens, et que dautre part, ce qui est ici indiqu, figur, cest le rapport rapport du Symbolique avec le Rel en tant que de lui sort la jouissance dite du phallus, qui nest certes pas en elle-mme la jouissance comme telle pnienne, mais qui

    si nous considrons ce quil advient au regard de lImaginaire, cest--dire de la jouissance du double, de limage spculaire, de la jouissance du corps en tant quimaginaire

    il est le support dun certain nombre de bances, et quelle constitue proprement les diffrents objets qui loccupent.

  • Par contre, la jouissance dite phallique se situe l [ J ], la conjonction du Symbolique avec le Rel :

    Cest pour autant que chez le sujet qui se supporte du parltre

    au sens que cest l ce que je dsigne comme tant lInconscient

    il y a et cest dans ce champ que la jouissance phallique sinscrit

    il y a le pouvoir, le pouvoir en somme appel, support, le pouvoir de conjoindre ce quil en est dune certaine jouissance qui, du fait de cette parole elle-mme, conjoint une jouissance prouve

    prouve du fait du parltre comme une jouissance parasitaire, et qui est celle dite du phallus. Cest bien celle que jinscris ici :

    comme balance ce quil en est du sens. Cest le lieu de ce qui - par le parltre - est dsign en conscience, comme pouvoir.

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  • 58

    Ce qui mime

    pour conclure sur quelque chose dont je vous ai propos la lecture6

    cest le fait que les trois ronds participent :

    - de lImaginaire en tant que consistance, - du Symbolique en tant que trou, - et du Rel en tant qu eux ex-sistant.

    Les trois ronds donc simitent. Il est dautant plus difficile de ce faire, quils ne simitent pas simplement. Que du fait du dit, ils se composent dans un nud triple. Do mon souci, aprs avoir fait la trouvaille que ce nud triple se nouait trois borromennement, jai constat que sils se sont conservs libres entre eux, un nud triple jouant dans une pleine application de sa texture, ex-siste, qui est bel et bien quatrime, et qui sappelle le sinthome. Voil !

    6 Cf. supra note 5 p. 46 : la recommandation de lecture : Mimesis, des articulations

  • 59

    13 Janvier 1976 Table des matires On nest responsable que dans la mesure de son savoir-faire. Quest-ce que cest que le savoir-faire ? Disons que cest lart, lartifice, ce qui donne lart

    lart dont on est capable une valeur remarquable. Remarquable en quoi, puisqu'il n'y a pas dAutre de lAutre pour oprer le Jugement Dernier, du moins, est-ce moi qui lnonce ainsi. Ceci veut dire quil y a quelque chose dont nous ne pouvons jouir. Appelons a la jouissance de Dieu, avec le sens inclus l-dedans de jouissance sexuelle. Limage quon se fait de Dieu implique-t-elle ou non quil jouisse de ce quil a commis ? En admettant quil ex-siste. Y rpondre quil nex-siste pas, tranche la question en nous rendant la charge dune pense dont lessence est de sinsrer dans cette ralit

    premire approximation du mot Rel qui a un autre sens dans mon vocabulaire

    dans cette ralit limite qui satteste de lex-sistence crite de la mme faon : x, trait dunion, s

    de lex-sistence du sexe. Voil. Cest le type de chose que - en fin de compte je vous apporte en ce dbut danne, savoir ce que jappellerai

    cest pas plus mal pour un dbut danne ce que jappellerai des vrits premires. Non pas bien sr que dans lintervalle qui nous a spars depuis quelque chose comme maintenant trois semaines, non pas que je naie pas travaill. Jai travaill des trucs dont vous voyez l, sur le tableau un chantillon :

  • Ceci, comme vous pouvez le voir, est un nud borromen :

    Il ne diffre de celui que - je vous le rappelle je dessine dhabitude

    qui est foutu comme a :

    il nen diffre que de quelque chose qui nest pas ngligeable, cest que celui-ci peut se distendre de faon telle que il y ait deux extrmes comme rond et que ce soit celui qui est dans le milieu qui fasse le joint :

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  • La diffrence est celle-ci : supposez que ce soit trois lments comme celui-l - le mdian - qui sunissent de faon circulaire. Vous voyez bien, jespre, comment a peut se faire. Il ny a pas besoin que je vous trace le truc au tableau. Eh bien a se simplifie comme a :

    comme a ou comme a, parce que cest le mme :

    Naturellement, cest pas de a seulement que je me contente : jai pass mes vacances en lucubrer bien dautres, dans lespoir den trouver un bon qui servirait de support

    de support - jentends : ais ce que jai commenc aujourdhui de vous raconter comme vrit premire. Eh ben - chose surprenante - a ne va pas tout seul. Non pas que je croie que jai tort de trouver dans le nud ce qui supporte notre consistance, seulement cest dj un signe que ce nud je ne puisse le dduire que dune chane, savoir de quelque chose qui nest pas du tout de la mme nature : chane - ou link en anglais

    61

    cest pas la mme chose quun nud.

  • 62

    Mais reprenons le ron-ron des vrits dites premires Dites par moi comme telles. Il est clair que lbauche mme de ce quon appelle la pense

    tout ce qui fait sens ds que a montre le bout de son nez

    comporte une rfrence, une gravitation lacte sexuel, si peu vident que soit cet acte. Le mot mme d acte implique la polarit active-passive. Ce qui dj est sengager dans un faux-sens. Cest ce quon appelle la connaissance , avec cette ambigut que lactif cest ce que nous connaissons, mais que nous nous imaginons que - faisant effort pour connatre nous sommes actifs. La connaissance donc, ds le dpart se montre ce quelle est : trompeuse ! Cest bien en quoi tout doit tre repris au dpart, partir de lopacit sexuelle. Je dis opacit en ceci :

    - cest que premirement nous ne nous apercevons pas que du sexuel ne fonde en rien quelque rapport que ce soit. Ceci implique, au gr de la pense, quil ny a de responsabilit

    en ce sens o responsabilit a veut dire non rponse, ou rponse ct

    il ny a de responsabilit que sexuelle. Ce dont tout le monde en fin de compte a le sentiment.

    - Mais par contre, que ce que jai appel le savoir-faire va bien au-del et y ajoute lartifice que nous imputons Dieu tout fait gratuitement, comme JOYCE y insiste, parce que cest un truc qui lui a chatouill quelque part ce quon appelle la pense.

    Cest pas Dieu qui a commis ce truc quon appelle lUnivers. On impute Dieu ce qui est laffaire de lartiste dont le premier modle est - comme chacun sait - le potier, et quon dit que

    avec quoi dailleurs ? il a moul, comme a, ce truc quon appelle, pas par hasard, lUnivers, ce qui ne veut dire quune seule chose, cest quy a dlUn. Yadlun, mais on ne sait pas o.

  • 63

    Il est plus quimprobable que cet Un constitue lUnivers. LAutre de lAutre Rel, cest--dire impossible, cest lide que nous avons de lartifice, en tant quil est un faire

    f.a.i.r.e, ncrivez pas a f.e.r un faire qui nous chappe. Cest--dire qui dborde de beaucoup la jouissance que nous en pouvons avoir. Cette jouissance tout fait mince, cest ce que nous appelons lesprit . Tout ceci implique une notion du Rel, bien sr. Bien sr quil faut que nous la fassions distincte du Symbolique et de lImaginaire. Le seul ennui, cest bien le cas de le dire, vous verrez tout lheure pourquoi, cest que le Rel fasse sens dans cette affaire. Alors que si vous creusez ce que je veux dire par cette notion du Rel, il apparat que cest pour autant quil na pas de sens, quil exclut le sens, ou plus exactement quil se dpose den tre exclu, que le Rel se fonde. Voil. Je vous raconte a comme je le pense. Cest pour que vous le sachiez que je vous le dis. La forme la plus dpourvue de sens de ce qui pourtant simagine, cest la consistance. Rien ne nous force, hein, imaginer la consistance, figurez-vous. Ouais Jai l un bouquin qui sappelle Surface and Symbol 7 qui ajoute que cest une tude

    faut bien le savoir, car sans ce sous-titre comment le saurait-on ?

    qui ajoute The Consistency of James Joyces Ulysses, par Robert Martin ADAMS. Il y a l comme quelque chose comme un pressentiment de la distinction de lImaginaire et du Symbolique. preuve : un chapitre, o aprs avoir intitul le livre Surface and Symbol, un chapitre tout entier qui sinterroge, je veux dire qui met un point dinterrogation sur Surface or Symbol, Surface ou Symbole. La consistance l, quest-ce que a veut dire ?

    7 Robert Martin Adams, Surface and symbol : the consistency of James Joyce's Ulysses, Oxford University Press, 1967.

  • 64

    a veut dire ce qui tient ensemble. Et cest bien pour a que cest symbolis, dans loccasion, par la surface. Parce que, pauvres de nous, nous navons ide de consistance que de ce qui fait sac ou torchon. Cest la premire ide que nous en avons. Mme le corps, cest comme peau retenant dans son sac un tas dorganes, que nous le sentons. En dautres termes, cette consistance montre la corde. Mais la capacit dabstraction imaginative est si faible que de cette corde

    cette corde montre comme rsidu de la consistance que de cette corde, elle exclut le nud. Or, cest l-dessus - peut-tre - que je peux apporter le seul grain de sel dont en fin de compte je me reconnaisse responsable : dans une corde, le nud est tout ce qui ex-siste

    au sens propre du terme, tel que je lcris est tout ce qui ex-siste proprement parler. Ce nest pas pour rien. Je veux dire ce nest pas sans cause cache que jai d, pour ce nud, y mnager un accs : commencer par la chane o il y a des lments qui sont distincts. lments qui consistent alors en quelque forme de la corde, c'est--dire :

    - ou bien en tant que cest une droite que nous devons supposer infinie pour que le nud ne se dnoue pas,

    - ou bien en tant que ce que jai appel rond de ficelle. Autrement dit, corde qui se noue elle-mme, ou plus exactement qui se joint dune pissure de faon ce que le nud proprement parler, nen constitue pas la consistance. Parce quil faut tout de mme distinguer consistance et nud. Le nud ex-siste, ex-siste llment corde, corde consistante. Un nud donc, a peut se faire. Cest bien pour a que jen ai pris le cheminement, de raboutages lmentaires. Jai procd comme a parce que il ma sembl que ctait le plus didactique.

  • 65

    Vu la mentalit y a pas besoin de dire plus

    La senti-mentalit propre au parltre, la mentalit en tant que, puisquil la sent, il en sent le fardeau. La mentalit en tant quil ment. Cest un fait ! Qu'est-ce qu'un fait ? Cest justement lui qui le fait : il n'y a de fait que du fait que le parltre le dise. Il ny a pas dautres faits que ceux que le parltre reconnat comme tels en les disant. Il ny a de fait