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Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 1978 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 18 avr. 2021 20:13 Québec français L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : un échec Le colloque de Participation — Québec Christophe Hopper Objectifs et enseignement de l’oral Numéro 31, octobre 1978 URI : https://id.erudit.org/iderudit/56582ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Publications Québec français ISSN 0316-2052 (imprimé) 1923-5119 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Hopper, C. (1978). L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : un échec : le colloque de Participation — Québec. Québec français,(31), 52–55.

L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : un ......bre de participants. Il s'agit de : Raymond LeBlanc des Universités de Montréal et d'Ottawa; Gilles Bibeau de

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Page 1: L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : un ......bre de participants. Il s'agit de : Raymond LeBlanc des Universités de Montréal et d'Ottawa; Gilles Bibeau de

Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 1978 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 18 avr. 2021 20:13

Québec français

L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : unéchecLe colloque de Participation — QuébecChristophe Hopper

Objectifs et enseignement de l’oralNuméro 31, octobre 1978

URI : https://id.erudit.org/iderudit/56582ac

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)Les Publications Québec français

ISSN0316-2052 (imprimé)1923-5119 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleHopper, C. (1978). L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : unéchec : le colloque de Participation — Québec. Québec français,(31), 52–55.

Page 2: L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : un ......bre de participants. Il s'agit de : Raymond LeBlanc des Universités de Montréal et d'Ottawa; Gilles Bibeau de

LANGUE ET SOCIÉTÉ

L'enseignement du français langue seconde,

aux adultes: un échec? Le colloque de Participation — Québec

Près de 200 personnes, en grande ma­jorité des professeurs defrançais langue seconde aux adultes, ont répondu avec enthousiasme à l'appel lancé par Parti­cipation Québec, qui avait pris l'initiative d'organiser le colloque dont le thème constitue le titre du présent article. L'in­térêt suscité par le colloque, qui a eu lieu à Montréal le 18 mars, a prisau dépourvu le comité d'organisation qui, une semai­ne avant la rencontre, se croyait optimis­te en ne prévoyant que 70 participants.

Il faut dire que les conférenciers invités sont bien connus dans leur domaine et que leur présence a attiré un grand nom­bre de participants. Il s'agit de : Raymond LeBlanc des Universités de Montréal et d'Ottawa; Gilles Bibeau de l'Université de Montréal ; Antoni Boulet de la C.E.C.M., spécialiste en programmes de français langue seconde aux adultes; Micheline Benoist du ministère québécois de l'Im­migration, attachée aux C.O.F.I.

Mais il faut dire également que les professeurs de français langue seconde n'ont pas l'occasion de se rencontrer pour discuter des questions profession­nelles qui les préoccupent. A plus forte raison ceux qui oeuvrent au niveau des adultes, et qui, contrairement aux spé­cialistes de français langue seconde des commissions scolaires et Cégeps de lan­gue anglaise, n'ont souvent pas de syn­dicat qui les regroupe. Les professeurs de français langue seconde sont disper­sés aux quatre vents : ont assisté au col­logue des gens qui enseignent aux Cen­tres d'orientation et de formation des immigrants (C.O.F.I.) du ministère qué­bécois de l'Immigration; à la fonction publique fédérale ; aux cours du soir dis­pensés par des Cégeps ; dans des écoles de langues (entreprise privée) ; au servi­ce de l'éducation aux adultes de plu­sieurs commissions scolaires régiona­

les; pour des organismes d'intérêt pu­blic tel que le YMCA; au perfectionne­ment des cadres non-francophones dans les grandes entreprises.

Ceux qui enseignent le soir — et ils sont nombreux — sont souvent engagés à temps partiel ou à la leçon, ont peu de contact entre eux et n'ont pas de formation professionnelle spécifique.

Le colloque a donc été perçu par bien des participants comme une occasion unique d'échanger avec des collègues et de s'informer sur des questions profes­sionnelles de l'heure.

Le présent article s'attachera à expo­ser les grandes lignes des thèmes discu­tés en atelier. Il est à souligner que les discussions en atelier n'ont pas abouti — tel n'était pas le but — à des propo­sitions formelles. Au contraire, les thè­mes abordés ont plutôt donné lieu à des réflexions qui, à l'occasion, ont pris l'al­lure de recommandations visant à amé­liorer l'efficacité de l'enseignement du français langue seconde aux adultes. La lecture dû compte rendu 1 qui suit per­met de juger de la situation de cet ensei­gnement au Québec et de ceux qui en assument la charge.

Les méthodes d'enseignement

Faisant abstraction des méthodes, on semble reconnaître que c'est l'immer­sion totale qui donnerait les résultats les plus encourageants, les plus immédiats. Revenant sur terre, on constate cepen­dant que ne sont pas tous les adultes qui, à cause de leur train de vie et de leurs obligations professionnelles et fa­miliales, peuvent se permettre un tel luxe.

Les méthodes d'enseignement ne per­mettent pas, sauf exception, la langue

vivante quotidienne. Il faut dépasser une connaissance académique, superficiel­le, de la langue. En ce sens, il est impé­rieux de reconnaître la nécessité d'en­seigner la langue orale pour elle-même, non pas uniquement quand elle est con­forme à la langue écrite ou vient appuyer l'apprentissage de celle-ci.

Il existe une variété de méthodes en usage: L.F.I. (Le Français International), les méthodes du C.R.E.D.I.F.. (Voix et Images de France et Cie), la suggesto-pédie, le P.P.O. (Programme par objec­tifs), Dialogue-Canada (utilisé à la Fonc­tion publique fédérale, mais commercia­lisé depuis peu) et ainsi de suite.

La suggesto-pédie a suscité beaucoup d'intérêt, ayant été discutée dans plu­sieurs ateliers. Elle s'appuierait sur des situations concrètes, sur le jeu de rôles et sur les techniques de dynamique de groupe, l'accent étant mis sur la com­munication plutôt que sur la correction linguistique.

Pour la méthode L.F.I., on trouve que les termes sont plus appropriées aux adolescents qu'aux adultes; le vocabu­laire y est scolaire et familial. Il gagnerait à être mieux adapté aux besoins des adultes et au monde du travail.

On reproche au P.P.O. le choix de vocabulaire et de structures morpho­syntaxiques peu utilisés dans la vie cou­rante et de négliger aussi le contenu culturel québécois. De plus, il semble mal disposer les professeurs puisqu'il exige beaucoup de préparation, tant du point de vue du contenu que de la dé­marche.

... et leur contenu québécois

On constate que certaines méthodes d'enseignement, loin de favoriser un

52 Québec f rança is Octobre 1978

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contact avec la réalité québécoise, em­pêchent ce contact. Elles proposent sou­vent à l'étudiant un modèle culturel étranger qui impose au contenu linguis­tique un lexique et des expressions idio­matiques d'ailleurs à la place de ceux d'ici.

Il semble acquis que ce soit au profes­seur de sensibiliser les étudiants à la réalité québécoise, puisque les métho­des ne semblent pas pouvoir le faire. Il est rare que les méthodes fassent men­tion de l'accent et des expressions d'ici, ce que l'on déplore. Il serait justement souhaitable qu'elles tiennent davantage compte du français tel qu'il se parle au Québec.

La promot ion des programmes d'enseignement

Il semble que la situation politique ait grandement contribué à promouvoir l'en­seignement du français langue seconde. Le français est devenu une nécessité dans le Québec d'aujourd'hui. Cette thè­se est revenue avec plus ou moins de force dans un très grand nombre d'ate­liers. En même temps que les uns évo­quent les retombées bénéfiques de la loi 101, d'autres affirment que de telles me­sures ne font qu'accroître la résistance de certains anglophones à l'apprentis­sage du français.

Il ne suffit pas que les cours de langue existent. Encore faut-il faire en sorte qu'ils soient portés à l'attention de la population adulte visée. On cite l'exem­ple de certains Cégeps qui, par une «étu­de du marché», ont réussi à vendre leur programme de français langue seconde aux adultes, voire même à susciter chez la population visée le besoin de s'ins­crire à un tel cours. De telles campa­gnes de promotion basées sur des tech­niques systématiques de mise en mar­che ont valu à certaines maisons d'en­seignement une croissance rapide de leur programme de français langue se­conde aux adultes. Aux autres d'en pren­dre note!

La concurrence entre les divers orga­nismes dispensant des cours de français langue seconde est d'ailleurs saine et bénéfique. Il serait quand même souhai­table d'établir des mesures communes à tous et d'assurer une collaboration entre les divers établissements d'enseigne­ment en vue de sensibiliser la population à la gamme des programmes offerts.

Le gouvernement québécois, étant responsable à la fois de l'éducation et de l'immigration, devrait occuper tout le champ de compétence en ce qui concer­ne des programmes visant les immi­grants, sans les partager, comme à l'heu­re actuelle, avec le fédéral. Les immi­grants peuvent suivre gratuitement des cours de langue, ce qui n'est pas le cas

pour les Québécois de langue anglaise. Est-ce juste?

L'Américain qui arrive au Québec pour s'y installer a droit à cet enseignement gratuit. Le Canadien arrivant d'une autre province n'y a pas droit, puisque, légale­ment, il n'a pas le statut d'immigrant reçu. (Les participants de l'un des ate­liers ont fait remarquer, mine de rien, que le «tort» qu'on lui fait pourrait être bientôt réparé, ce qui a provoqué le rire général). Pour ce qui est de la francisa­tion des entreprises, les avis sont parta­gés: les uns prétendent que les entre­prises devraient assumer elles-mêmes les frais de leur programme de francisa­tion ; d'autres soutiennent que, au moins dans la région montréalaise, les entre­prises devraient pouvoir compter surdes subventions de l'État.

Langue et culture

Il ne suffit pas d'enseigner la langue: la langue n'est que le véhicule d'une culture. Il faut aussi apprendre à connaî­tre cette culture, à l'aimer et à s'y retrou­ver.

On signale l'importance croissante de l'attrait d'un Québec en pleine explosion culturelle. De plus en plus, les non-fran­cophones y sont sensibles et veulent en profiter. De Harmonium à René Simard en passant par la série « Duplessis», les anglophones s'intéressent de plus en plus aux produits culturels d'un Québec en éclosion. Nombreux sont les profes­seurs qui tablent sur ce nouvel attrait culturel pour joindre à leur cours ou à leur méthode le contenu québécois qui y manquerait.

La motivation

Comment faire admettre aux adultes non-francophones l'utilité d'apprendre le français? Comment les faire passer de l'expression des vœux pieux à la salle de classe? Et de là à utiliser le français dans leur vie de tous les jours?

On constate une attitude négative de la part de beaucoup d'anglophones, atti­tude qui peut se manifester par un bloca­ge psychologique devant le fait français et une certaine résistance à l'apprentis­sage d'une langue qui représente une culture avec laquelle ils n'ont pas d'affi­nité, culture qui peut être considérée menaçante ou inférieure.

Dans ce contexte, l'attitude du profes­seur peut être déterminante. Certains professeurs, inconsciemment, auraient un mépris, un dédain pour leurs étu­diants. Ils se diraient tout bas: «Ces f i ­chues de têtes carrées, ils n'apprendront jamais, il n'y a rien à faire». Ils auraient beau le dire tout bas, de telles attitudes négatives finissent par se faire sentir et

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Octobre 1978 Québec français 53

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ne peuvent que renforcer la résistance à l'apprentissage. Ce qu'il faut dans la classe, c'est une attitude de réceptivité, de part et d'autre, un climat affectif qui balaye les stéréotypes si usés et qui éta­blisse entre professeur et étudiants des liens de respect et d'amitié. Le profes­seur de langue seconde ne peut oublier que c'est lui qui, en quelque sorte, incar­ne le fait français, les francophones. Sa chaleur ou son désintérêt sera remarqué.

Si le professeur peut déterminer en grande partie la motivation affective, la motivation première est largement tribu­taire de la situation socio-politique en général. L'étudiant doit sentir le besoin, la nécessité impérieuse de pouvoir s'ex­primer convenablement en français. Le

L'A.Q.P.F.

A la demande des organisateurs du colloque, Emile Bessette, président de notre Association, a mandaté An­dré Gaulin, ancien président de l'A.Q.P.F., pour, selon le texte de sa lettre, vous dira, et en particulier aux professeurs de français langue seconde que notre As­sociation leur est ouverte suivant ses struc­tures actuelles ; qu'elle sera Heureuse, gré-ce è cet apport de compétences et de bonnes volontés, de taire place i leurs préoccupations professionnelles dans ses tournées pédagogiques et ses congrès, ainsi que dans sa revue Québec trançais. Nous sommes persuadés que les profes­seurs de français langue maternelle et ceux de français langue seconde ont beau­coup à apprendre les uns des autres où que ce soit et particulièrement au Québec. La formule de l'association unique avec services diversifiés et fréquentes possibi­lités d'échange nous parait la meilleure pour favoriser la connaissance, la com­préhension et l'aide mutuelles sur tous les plans.

Une quarantaine de participants sont devenus membres de l'Associa­tion ou se sont abonnés à la revue Québec français.

L'O.LF.... absent! rrançois Goulet, principal respon­

sable de l'organisation du colloque, a tenu à déplorer l'absence de repré­sentation de l'Offtcede la langue fran­çaise. Un mois et demi de tractations n'aura rien donné. «La réponse offi­cielle, obtenue hier, était que le nom­bre de fonctionnaires mis à la dispo­sition de l'Office de la langue françai­se ne permettait malheureusement pas de nous envoyer quelqu'un (...) Dire que je suis déçu de l'absence de l'O.L.F., ce serait un euphémisme.»

professeur n'y peut rien : c'est à l'État de promouvoir et de rendre non seulement utile mais essentielle la connaissance du français dans toutes les sphères de la vie publique. La loi 101 est un bon début.

L' importance de l 'andragogie

Andra-quoi? dira-t-on. L'andragogie, c'est la jeune science de la formation de l'adulte dans une perspective d'éduca­tion permanente. Et on compte beau­coup sur elle. L'adulte n'apprend pas tout à fait de la même façon que l'ado­lescent ou l'enfant. Il n'a pas les mêmes intérêts; il n'a pas les mêmes besoins.

Il ne suffit pas que les cours de fran­çais langue seconde lui soient de plus en plus accessibles... sur les heures de tra­vail, par des cours du soir ou à des prix abordables. Il faut aussi qu'ils soient adaptés à ses besoins d'adulte et à son style particulier d'apprentissage.

Les adultes sont souvent les laissés-pour-compte du monde de l'éducation. L'éducation aux adultes est perçue par bien des maisons d'enseignement, Uni­versité, Cégep ou Commission scolaire, comme la vache à lait qui permet de renflouer les caisses sans trop dépenser.

Quand on enseigne aux adultes, on fait face à l'éventualité du dépeuplement des salles de cours, puisque les adultes, à la différence des enfants ou des ado­lescents, peuvent quitter la classe si l'en­seignement ne leur convient pas.

Qui est professeur de français ?

La majorité des professeurs de fran­çais langue seconde ne sont pas origi­naires du Québec: cela pose un problè­me. Les Québécois de naissance bou­dent-ils ce champ? Ou bien en sont-ils exclus? Historiquement, la confession­nalité des systèmes scolaires a empêché le recrutement dans les écoles protes­tantes de professeurs catholiques de français langue seconde. (La même si­tuation a prévalu du côté catholique, peut-être même de façon plus aiguë en­core, en ce qui concerne le recrutement de professeurs protestants d'anglais lan­gue seconde.) Cette barrière semble au­jourd'hui chose du passé. De façon tra­ditionnelle, l'école anglaise a reflété les mêmes préjugés linguistiques que la communauté anglophone, largement ré­pandus d'ailleurs chez les francophones eux-mêmes : le français québécois, avec son accent et ses expressions propres, serait quelque chose d'imparfait. (Com­bien de francophones s'accusent encore aujourd'hui de parler «mal», d'avoir la bouche «molle».) Par conséquent, pour enseigner le «bon» français, il fallait presque venir d'ailleurs. Même si de tels

préjugés ne sont plus de mise, on en ressent encore les effets.

D'autre part, même si les anciennes barrières disparaissent, il faut reconnaî­tre que le Québécois francophone, à cause des liens sociaux et affectifs qui le rattachent à son milieu d'origine, préfé­rerait souvent enseigner en milieu fran­cophone. S'il fait le saut en milieu anglo­phone, il ne se sent pas toujours chez lui. L'on reconnaît pourtant que de plus en plus de Québécois enseignent le fran­çais comme langue seconde.

Comment peut-on favoriser chez l'a­dulte non-francophone une juste appré­ciation des particularités culturelles et linguistiques du Québec si, de par son origine étrangère, on ne les représente pas? Il incombe au professeur de fran­çais, qu'il soit d'origine québécoise ou étrangère, d'utiliser au maximum les res­sources culturelles du Québec: chan­son, cinéma, télévision, journaux... et même de prévoir en marge de son ensei­gnement formel des activités « sociales » qui permettent à l'étudiant d'entrer en contact avec des Québécois et la réalité québécoise. La question se pose de fa­çon évidemment plus aiguë pour le pro­fesseur d'origine non-québécoise. Pour faire apprécier à l'adulte cette façon de s'exprimer, cette culture et ce peuple, il doit lui-même s'y intégrer, les adopter pour siens.

Et sa formation ?

La formation du professeur de fran­çais langue seconde aux adultes est hé­térogène, voire hétéroclite. C'est quel­qu'un qui a un diplôme universitaire, pas nécessairement en lettres; quelquefois, il a une formation, plus ou moins rapide, dans telle ou telle méthode... et plus ou moins d'expérience. Dans ces circons­tances, il semble qu'à peu près n'importe qui, avec une formation générale et un peu d'initiative, puisse se retrouver du jour au lendemain professeur de fran­çais. On cite l'anecdote du professeur anglophone de géographie qui se dé­brouille en français et à qui on confie par conséquent l'enseignement du français, programmes du jour et du soir. Cet état de choses n'est pas normal.

Les participants à l'un des ateliers, après avoir dressé ce sombre bilan, re­commandent en conclusion que les uni­versités du Québec offrent un program­me — que l'on voudrait « sérieux et com­plet» — de formation ou de perfection­nement en andragogie, «tout particuliè­rement dans le champ de l'enseignement du français langue seconde».

Conditions de travail

Une intervention de l'auditoire a été très remarquée. L'intervenante a souli-

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Participation Québec, c'est quoi ?

Participation Québec est un orga­nisme d'intérêt public voué à une meilleure intégration des minorités non-francophones à la majorité fran­cophone d'un Québec en pleine trans­formation. Ses adhérents de langue anglaise représentent un secteur grandissant de l'opinion anglo-qué­bécoise, secteur largement ignoré par les média d'information et par con­séquent inconnu de la majorité des francophones. Qu'ils soient fédéralis­tes ou indépendantistes (tiens I vous pensiez qu'on ne pouvait être à la fois indépendantiste et anglophone ?), ils ont choisi pour patrie le Québec.

gné que « le souci d'une meilleure forma­tion des professeurs de français langue seconde aux adultes», thème courant des discussions, ne devrait pas faire ou­blier les conditions de travail de la plu­part des professeurs, conditions qui sont loin de favoriser un enseignement de qualité. « Je ne voudrais pas qu'on quitte ce colloque sans avoir au moins évoqué la question des conditions de travail des professeurs... (applaudissements)... de l'éducation auxadultes. Ilyaunegrande mobilité des professeurs. On est ballotté de McGill à l'Université de Montréal à Dawson et ailleurs. Il est difficile de faire un travail vraiment suivi. Sans parler du salaire et tout le reste!»

Et après le co l loque?

En plénière, une discussion s'est enta­mée sur ce qu'un des participants a ap­pelé « l'avenir de la profession ». « Je suis très contente d'être venue... c'est bien agréable de se rencontrer puisqu'il n'ar­rive pas très souvent que les professeurs de français langue seconde se rencon­trent, mais après tout ça ? Qu'est-ce que Participation Québec entend faire ? Est-ce qu'il y a une action qui va suivre?»

En réponse, François Goulet a rappelé la présence de l'A.Q.P.F. Christophe Hopper a réitéré l'invitation lancée plus tôt par André Gaulin: «Pour ceux qui cherchent vraiment une continuité dans les discussions professionnelles, la meil­leure action est d'adhérer à l'A.Q.P.F. et d'y participer.»

Depuis le colloque, plusieurs actions de l'A.Q.P.F. et de Participation Québec ont donné suite au travail amorcé. La section de Montréal de l'A.Q.P.F. a créé le poste de « représentant langue secon­de» auquel a été élu madame Lise Billy. L'enseignement de la langue seconde est identifié comme une des deux gran­des priorités de la section de Montréal

pour 78-79. Des activités qui s'adressent particulièrement aux professeurs de français langue seconde sont déjà pré­vues au congrès national qui se tiendra les 10 et 11 novembre à Trois-Rivières et lors d'une journée d'étude à Montréal en février 79 sur la problématique de l'inté­gration des non-francophones. Québec français accueille dans ses pages le pré­sent article et celui de madame Pascal-Smith qui sont en rapport direct avec les travaux du colloque. La revue poursuivra sa politique d'ouverture vers la langue seconde en faisant paraître, dès le pro­chain numéro, un article de madame Gisèle Le Blanc sur l'enseignement du français langue seconde aux adultes et, régulièrement, d'autres textes qui peu­vent intéresser le professeur de langue seconde.

Participation Québec a procédé, tel que signalé lors du colloque, à l'inven­taire des cours de français langue se­conde offerts au public adulte dans la région montréalaise. The Montreal con­sumer's guide to French Language cour­ses 2, fruit d'une préparation minutieuse, aidera l'adulte à choisir un cours adapté à ses besoins, à son horaire et à sa bourse. La brochure est disponible en grec et en italien également, ce qui lui assure une diffusion plus large encore. Participation Québec se promet d'ail­leurs de nouveaux projets en ce domai­ne.

L'enseignement du français langue seconde

aux adultes: un échec?

Un échec, OUI, dans la mesure où les professeurs ne sauraient pas se recycler dans la perspective de l'enseignement aux adultes ni suppléer aux lacunes des méthodes en y introduisant le contenu québécois qu'il leur manque.

Un échec, NON, dans la mesure où, de plus en plus, les professeurs de français langue seconde aux adultes sont cons­cients de l'importance sociale de leur tâche et adaptent leurenseignement aux besoins de leurs étudiants. Même si on a beaucoup de chemin à faire, les progrès en ce sens sont de jour en jour plus évidents. Le colloque y aurait justement contribué et de façon significative.

Christophe HOPPER

Notes 1. Le texte a été rédigé à partir de l'enregis­

trement sonore des rapports des anima­teurs d'atelier et des notes des secrétaires d'atelier.

2. Pour en obtenir des exemplaires, commu­niquer avec François Goulet, coordonna­teur, Participation Québec, 1441, Drum-mond, porte 529, Montréal. (282-0987).

ISABELLE LEGRIS

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Isabelle Legris, écrivain pour la jeu­nesse et praticienne à ses heures, nous livre ici son carnet d'orthogra­phe qu'elle a utilisé avec succès au­près de ses élèves faibles en ortho­graphe.

Ce carnet d'orthographe d'usage est divisé en vingt-six parties corres­pondant aux mots qui commencent par l'une des vingt-six lettres de l'al­phabet. A la fin, l'auteur a ajouté des notes sur les mots dont le genre est trompeur, les homonymes, les mots inusités au singulier, les tours vicieux et l'emploi de la majuscule. Par là, on voit qu'Isabelle Legris est toujours fidèle à sa méthode qui consiste à analyser et à distinguer simplement les choses:

le féminin du masculin, le singulier du pluriel, la minuscule de la majuscule, l'incorrection de la correction.

A l'intérieur de la section des mots commençant par la lettre «A», l'auteur a procédé à une subdivision au jour le jour, montrant par là que dans l'ensei­gnement ou l'apprentissage de l'or­thographe, il faut savoir compter sur la patience, la gradation des difficul­tés et la répétition journalière des exercices. Les mots de chaque jour ne sont pas placés par ordre alpha­bétique pour rompre la monotonie inhérente aux enumerations.

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