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Document généré le 18 avr. 2021 20:13
Québec français
L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : unéchecLe colloque de Participation — QuébecChristophe Hopper
Objectifs et enseignement de l’oralNuméro 31, octobre 1978
URI : https://id.erudit.org/iderudit/56582ac
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Éditeur(s)Les Publications Québec français
ISSN0316-2052 (imprimé)1923-5119 (numérique)
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Citer cet articleHopper, C. (1978). L’enseignement du français, langue seconde, aux adultes : unéchec : le colloque de Participation — Québec. Québec français,(31), 52–55.
LANGUE ET SOCIÉTÉ
L'enseignement du français langue seconde,
aux adultes: un échec? Le colloque de Participation — Québec
Près de 200 personnes, en grande majorité des professeurs defrançais langue seconde aux adultes, ont répondu avec enthousiasme à l'appel lancé par Participation Québec, qui avait pris l'initiative d'organiser le colloque dont le thème constitue le titre du présent article. L'intérêt suscité par le colloque, qui a eu lieu à Montréal le 18 mars, a prisau dépourvu le comité d'organisation qui, une semaine avant la rencontre, se croyait optimiste en ne prévoyant que 70 participants.
Il faut dire que les conférenciers invités sont bien connus dans leur domaine et que leur présence a attiré un grand nombre de participants. Il s'agit de : Raymond LeBlanc des Universités de Montréal et d'Ottawa; Gilles Bibeau de l'Université de Montréal ; Antoni Boulet de la C.E.C.M., spécialiste en programmes de français langue seconde aux adultes; Micheline Benoist du ministère québécois de l'Immigration, attachée aux C.O.F.I.
Mais il faut dire également que les professeurs de français langue seconde n'ont pas l'occasion de se rencontrer pour discuter des questions professionnelles qui les préoccupent. A plus forte raison ceux qui oeuvrent au niveau des adultes, et qui, contrairement aux spécialistes de français langue seconde des commissions scolaires et Cégeps de langue anglaise, n'ont souvent pas de syndicat qui les regroupe. Les professeurs de français langue seconde sont dispersés aux quatre vents : ont assisté au collogue des gens qui enseignent aux Centres d'orientation et de formation des immigrants (C.O.F.I.) du ministère québécois de l'Immigration; à la fonction publique fédérale ; aux cours du soir dispensés par des Cégeps ; dans des écoles de langues (entreprise privée) ; au service de l'éducation aux adultes de plusieurs commissions scolaires régiona
les; pour des organismes d'intérêt public tel que le YMCA; au perfectionnement des cadres non-francophones dans les grandes entreprises.
Ceux qui enseignent le soir — et ils sont nombreux — sont souvent engagés à temps partiel ou à la leçon, ont peu de contact entre eux et n'ont pas de formation professionnelle spécifique.
Le colloque a donc été perçu par bien des participants comme une occasion unique d'échanger avec des collègues et de s'informer sur des questions professionnelles de l'heure.
Le présent article s'attachera à exposer les grandes lignes des thèmes discutés en atelier. Il est à souligner que les discussions en atelier n'ont pas abouti — tel n'était pas le but — à des propositions formelles. Au contraire, les thèmes abordés ont plutôt donné lieu à des réflexions qui, à l'occasion, ont pris l'allure de recommandations visant à améliorer l'efficacité de l'enseignement du français langue seconde aux adultes. La lecture dû compte rendu 1 qui suit permet de juger de la situation de cet enseignement au Québec et de ceux qui en assument la charge.
Les méthodes d'enseignement
Faisant abstraction des méthodes, on semble reconnaître que c'est l'immersion totale qui donnerait les résultats les plus encourageants, les plus immédiats. Revenant sur terre, on constate cependant que ne sont pas tous les adultes qui, à cause de leur train de vie et de leurs obligations professionnelles et familiales, peuvent se permettre un tel luxe.
Les méthodes d'enseignement ne permettent pas, sauf exception, la langue
vivante quotidienne. Il faut dépasser une connaissance académique, superficielle, de la langue. En ce sens, il est impérieux de reconnaître la nécessité d'enseigner la langue orale pour elle-même, non pas uniquement quand elle est conforme à la langue écrite ou vient appuyer l'apprentissage de celle-ci.
Il existe une variété de méthodes en usage: L.F.I. (Le Français International), les méthodes du C.R.E.D.I.F.. (Voix et Images de France et Cie), la suggesto-pédie, le P.P.O. (Programme par objectifs), Dialogue-Canada (utilisé à la Fonction publique fédérale, mais commercialisé depuis peu) et ainsi de suite.
La suggesto-pédie a suscité beaucoup d'intérêt, ayant été discutée dans plusieurs ateliers. Elle s'appuierait sur des situations concrètes, sur le jeu de rôles et sur les techniques de dynamique de groupe, l'accent étant mis sur la communication plutôt que sur la correction linguistique.
Pour la méthode L.F.I., on trouve que les termes sont plus appropriées aux adolescents qu'aux adultes; le vocabulaire y est scolaire et familial. Il gagnerait à être mieux adapté aux besoins des adultes et au monde du travail.
On reproche au P.P.O. le choix de vocabulaire et de structures morphosyntaxiques peu utilisés dans la vie courante et de négliger aussi le contenu culturel québécois. De plus, il semble mal disposer les professeurs puisqu'il exige beaucoup de préparation, tant du point de vue du contenu que de la démarche.
... et leur contenu québécois
On constate que certaines méthodes d'enseignement, loin de favoriser un
52 Québec f rança is Octobre 1978
contact avec la réalité québécoise, empêchent ce contact. Elles proposent souvent à l'étudiant un modèle culturel étranger qui impose au contenu linguistique un lexique et des expressions idiomatiques d'ailleurs à la place de ceux d'ici.
Il semble acquis que ce soit au professeur de sensibiliser les étudiants à la réalité québécoise, puisque les méthodes ne semblent pas pouvoir le faire. Il est rare que les méthodes fassent mention de l'accent et des expressions d'ici, ce que l'on déplore. Il serait justement souhaitable qu'elles tiennent davantage compte du français tel qu'il se parle au Québec.
La promot ion des programmes d'enseignement
Il semble que la situation politique ait grandement contribué à promouvoir l'enseignement du français langue seconde. Le français est devenu une nécessité dans le Québec d'aujourd'hui. Cette thèse est revenue avec plus ou moins de force dans un très grand nombre d'ateliers. En même temps que les uns évoquent les retombées bénéfiques de la loi 101, d'autres affirment que de telles mesures ne font qu'accroître la résistance de certains anglophones à l'apprentissage du français.
Il ne suffit pas que les cours de langue existent. Encore faut-il faire en sorte qu'ils soient portés à l'attention de la population adulte visée. On cite l'exemple de certains Cégeps qui, par une «étude du marché», ont réussi à vendre leur programme de français langue seconde aux adultes, voire même à susciter chez la population visée le besoin de s'inscrire à un tel cours. De telles campagnes de promotion basées sur des techniques systématiques de mise en marche ont valu à certaines maisons d'enseignement une croissance rapide de leur programme de français langue seconde aux adultes. Aux autres d'en prendre note!
La concurrence entre les divers organismes dispensant des cours de français langue seconde est d'ailleurs saine et bénéfique. Il serait quand même souhaitable d'établir des mesures communes à tous et d'assurer une collaboration entre les divers établissements d'enseignement en vue de sensibiliser la population à la gamme des programmes offerts.
Le gouvernement québécois, étant responsable à la fois de l'éducation et de l'immigration, devrait occuper tout le champ de compétence en ce qui concerne des programmes visant les immigrants, sans les partager, comme à l'heure actuelle, avec le fédéral. Les immigrants peuvent suivre gratuitement des cours de langue, ce qui n'est pas le cas
pour les Québécois de langue anglaise. Est-ce juste?
L'Américain qui arrive au Québec pour s'y installer a droit à cet enseignement gratuit. Le Canadien arrivant d'une autre province n'y a pas droit, puisque, légalement, il n'a pas le statut d'immigrant reçu. (Les participants de l'un des ateliers ont fait remarquer, mine de rien, que le «tort» qu'on lui fait pourrait être bientôt réparé, ce qui a provoqué le rire général). Pour ce qui est de la francisation des entreprises, les avis sont partagés: les uns prétendent que les entreprises devraient assumer elles-mêmes les frais de leur programme de francisation ; d'autres soutiennent que, au moins dans la région montréalaise, les entreprises devraient pouvoir compter surdes subventions de l'État.
Langue et culture
Il ne suffit pas d'enseigner la langue: la langue n'est que le véhicule d'une culture. Il faut aussi apprendre à connaître cette culture, à l'aimer et à s'y retrouver.
On signale l'importance croissante de l'attrait d'un Québec en pleine explosion culturelle. De plus en plus, les non-francophones y sont sensibles et veulent en profiter. De Harmonium à René Simard en passant par la série « Duplessis», les anglophones s'intéressent de plus en plus aux produits culturels d'un Québec en éclosion. Nombreux sont les professeurs qui tablent sur ce nouvel attrait culturel pour joindre à leur cours ou à leur méthode le contenu québécois qui y manquerait.
La motivation
Comment faire admettre aux adultes non-francophones l'utilité d'apprendre le français? Comment les faire passer de l'expression des vœux pieux à la salle de classe? Et de là à utiliser le français dans leur vie de tous les jours?
On constate une attitude négative de la part de beaucoup d'anglophones, attitude qui peut se manifester par un blocage psychologique devant le fait français et une certaine résistance à l'apprentissage d'une langue qui représente une culture avec laquelle ils n'ont pas d'affinité, culture qui peut être considérée menaçante ou inférieure.
Dans ce contexte, l'attitude du professeur peut être déterminante. Certains professeurs, inconsciemment, auraient un mépris, un dédain pour leurs étudiants. Ils se diraient tout bas: «Ces f i chues de têtes carrées, ils n'apprendront jamais, il n'y a rien à faire». Ils auraient beau le dire tout bas, de telles attitudes négatives finissent par se faire sentir et
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ne peuvent que renforcer la résistance à l'apprentissage. Ce qu'il faut dans la classe, c'est une attitude de réceptivité, de part et d'autre, un climat affectif qui balaye les stéréotypes si usés et qui établisse entre professeur et étudiants des liens de respect et d'amitié. Le professeur de langue seconde ne peut oublier que c'est lui qui, en quelque sorte, incarne le fait français, les francophones. Sa chaleur ou son désintérêt sera remarqué.
Si le professeur peut déterminer en grande partie la motivation affective, la motivation première est largement tributaire de la situation socio-politique en général. L'étudiant doit sentir le besoin, la nécessité impérieuse de pouvoir s'exprimer convenablement en français. Le
L'A.Q.P.F.
A la demande des organisateurs du colloque, Emile Bessette, président de notre Association, a mandaté André Gaulin, ancien président de l'A.Q.P.F., pour, selon le texte de sa lettre, vous dira, et en particulier aux professeurs de français langue seconde que notre Association leur est ouverte suivant ses structures actuelles ; qu'elle sera Heureuse, gré-ce è cet apport de compétences et de bonnes volontés, de taire place i leurs préoccupations professionnelles dans ses tournées pédagogiques et ses congrès, ainsi que dans sa revue Québec trançais. Nous sommes persuadés que les professeurs de français langue maternelle et ceux de français langue seconde ont beaucoup à apprendre les uns des autres où que ce soit et particulièrement au Québec. La formule de l'association unique avec services diversifiés et fréquentes possibilités d'échange nous parait la meilleure pour favoriser la connaissance, la compréhension et l'aide mutuelles sur tous les plans.
Une quarantaine de participants sont devenus membres de l'Association ou se sont abonnés à la revue Québec français.
L'O.LF.... absent! rrançois Goulet, principal respon
sable de l'organisation du colloque, a tenu à déplorer l'absence de représentation de l'Offtcede la langue française. Un mois et demi de tractations n'aura rien donné. «La réponse officielle, obtenue hier, était que le nombre de fonctionnaires mis à la disposition de l'Office de la langue française ne permettait malheureusement pas de nous envoyer quelqu'un (...) Dire que je suis déçu de l'absence de l'O.L.F., ce serait un euphémisme.»
professeur n'y peut rien : c'est à l'État de promouvoir et de rendre non seulement utile mais essentielle la connaissance du français dans toutes les sphères de la vie publique. La loi 101 est un bon début.
L' importance de l 'andragogie
Andra-quoi? dira-t-on. L'andragogie, c'est la jeune science de la formation de l'adulte dans une perspective d'éducation permanente. Et on compte beaucoup sur elle. L'adulte n'apprend pas tout à fait de la même façon que l'adolescent ou l'enfant. Il n'a pas les mêmes intérêts; il n'a pas les mêmes besoins.
Il ne suffit pas que les cours de français langue seconde lui soient de plus en plus accessibles... sur les heures de travail, par des cours du soir ou à des prix abordables. Il faut aussi qu'ils soient adaptés à ses besoins d'adulte et à son style particulier d'apprentissage.
Les adultes sont souvent les laissés-pour-compte du monde de l'éducation. L'éducation aux adultes est perçue par bien des maisons d'enseignement, Université, Cégep ou Commission scolaire, comme la vache à lait qui permet de renflouer les caisses sans trop dépenser.
Quand on enseigne aux adultes, on fait face à l'éventualité du dépeuplement des salles de cours, puisque les adultes, à la différence des enfants ou des adolescents, peuvent quitter la classe si l'enseignement ne leur convient pas.
Qui est professeur de français ?
La majorité des professeurs de français langue seconde ne sont pas originaires du Québec: cela pose un problème. Les Québécois de naissance boudent-ils ce champ? Ou bien en sont-ils exclus? Historiquement, la confessionnalité des systèmes scolaires a empêché le recrutement dans les écoles protestantes de professeurs catholiques de français langue seconde. (La même situation a prévalu du côté catholique, peut-être même de façon plus aiguë encore, en ce qui concerne le recrutement de professeurs protestants d'anglais langue seconde.) Cette barrière semble aujourd'hui chose du passé. De façon traditionnelle, l'école anglaise a reflété les mêmes préjugés linguistiques que la communauté anglophone, largement répandus d'ailleurs chez les francophones eux-mêmes : le français québécois, avec son accent et ses expressions propres, serait quelque chose d'imparfait. (Combien de francophones s'accusent encore aujourd'hui de parler «mal», d'avoir la bouche «molle».) Par conséquent, pour enseigner le «bon» français, il fallait presque venir d'ailleurs. Même si de tels
préjugés ne sont plus de mise, on en ressent encore les effets.
D'autre part, même si les anciennes barrières disparaissent, il faut reconnaître que le Québécois francophone, à cause des liens sociaux et affectifs qui le rattachent à son milieu d'origine, préférerait souvent enseigner en milieu francophone. S'il fait le saut en milieu anglophone, il ne se sent pas toujours chez lui. L'on reconnaît pourtant que de plus en plus de Québécois enseignent le français comme langue seconde.
Comment peut-on favoriser chez l'adulte non-francophone une juste appréciation des particularités culturelles et linguistiques du Québec si, de par son origine étrangère, on ne les représente pas? Il incombe au professeur de français, qu'il soit d'origine québécoise ou étrangère, d'utiliser au maximum les ressources culturelles du Québec: chanson, cinéma, télévision, journaux... et même de prévoir en marge de son enseignement formel des activités « sociales » qui permettent à l'étudiant d'entrer en contact avec des Québécois et la réalité québécoise. La question se pose de façon évidemment plus aiguë pour le professeur d'origine non-québécoise. Pour faire apprécier à l'adulte cette façon de s'exprimer, cette culture et ce peuple, il doit lui-même s'y intégrer, les adopter pour siens.
Et sa formation ?
La formation du professeur de français langue seconde aux adultes est hétérogène, voire hétéroclite. C'est quelqu'un qui a un diplôme universitaire, pas nécessairement en lettres; quelquefois, il a une formation, plus ou moins rapide, dans telle ou telle méthode... et plus ou moins d'expérience. Dans ces circonstances, il semble qu'à peu près n'importe qui, avec une formation générale et un peu d'initiative, puisse se retrouver du jour au lendemain professeur de français. On cite l'anecdote du professeur anglophone de géographie qui se débrouille en français et à qui on confie par conséquent l'enseignement du français, programmes du jour et du soir. Cet état de choses n'est pas normal.
Les participants à l'un des ateliers, après avoir dressé ce sombre bilan, recommandent en conclusion que les universités du Québec offrent un programme — que l'on voudrait « sérieux et complet» — de formation ou de perfectionnement en andragogie, «tout particulièrement dans le champ de l'enseignement du français langue seconde».
Conditions de travail
Une intervention de l'auditoire a été très remarquée. L'intervenante a souli-
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Participation Québec, c'est quoi ?
Participation Québec est un organisme d'intérêt public voué à une meilleure intégration des minorités non-francophones à la majorité francophone d'un Québec en pleine transformation. Ses adhérents de langue anglaise représentent un secteur grandissant de l'opinion anglo-québécoise, secteur largement ignoré par les média d'information et par conséquent inconnu de la majorité des francophones. Qu'ils soient fédéralistes ou indépendantistes (tiens I vous pensiez qu'on ne pouvait être à la fois indépendantiste et anglophone ?), ils ont choisi pour patrie le Québec.
gné que « le souci d'une meilleure formation des professeurs de français langue seconde aux adultes», thème courant des discussions, ne devrait pas faire oublier les conditions de travail de la plupart des professeurs, conditions qui sont loin de favoriser un enseignement de qualité. « Je ne voudrais pas qu'on quitte ce colloque sans avoir au moins évoqué la question des conditions de travail des professeurs... (applaudissements)... de l'éducation auxadultes. Ilyaunegrande mobilité des professeurs. On est ballotté de McGill à l'Université de Montréal à Dawson et ailleurs. Il est difficile de faire un travail vraiment suivi. Sans parler du salaire et tout le reste!»
Et après le co l loque?
En plénière, une discussion s'est entamée sur ce qu'un des participants a appelé « l'avenir de la profession ». « Je suis très contente d'être venue... c'est bien agréable de se rencontrer puisqu'il n'arrive pas très souvent que les professeurs de français langue seconde se rencontrent, mais après tout ça ? Qu'est-ce que Participation Québec entend faire ? Est-ce qu'il y a une action qui va suivre?»
En réponse, François Goulet a rappelé la présence de l'A.Q.P.F. Christophe Hopper a réitéré l'invitation lancée plus tôt par André Gaulin: «Pour ceux qui cherchent vraiment une continuité dans les discussions professionnelles, la meilleure action est d'adhérer à l'A.Q.P.F. et d'y participer.»
Depuis le colloque, plusieurs actions de l'A.Q.P.F. et de Participation Québec ont donné suite au travail amorcé. La section de Montréal de l'A.Q.P.F. a créé le poste de « représentant langue seconde» auquel a été élu madame Lise Billy. L'enseignement de la langue seconde est identifié comme une des deux grandes priorités de la section de Montréal
pour 78-79. Des activités qui s'adressent particulièrement aux professeurs de français langue seconde sont déjà prévues au congrès national qui se tiendra les 10 et 11 novembre à Trois-Rivières et lors d'une journée d'étude à Montréal en février 79 sur la problématique de l'intégration des non-francophones. Québec français accueille dans ses pages le présent article et celui de madame Pascal-Smith qui sont en rapport direct avec les travaux du colloque. La revue poursuivra sa politique d'ouverture vers la langue seconde en faisant paraître, dès le prochain numéro, un article de madame Gisèle Le Blanc sur l'enseignement du français langue seconde aux adultes et, régulièrement, d'autres textes qui peuvent intéresser le professeur de langue seconde.
Participation Québec a procédé, tel que signalé lors du colloque, à l'inventaire des cours de français langue seconde offerts au public adulte dans la région montréalaise. The Montreal consumer's guide to French Language courses 2, fruit d'une préparation minutieuse, aidera l'adulte à choisir un cours adapté à ses besoins, à son horaire et à sa bourse. La brochure est disponible en grec et en italien également, ce qui lui assure une diffusion plus large encore. Participation Québec se promet d'ailleurs de nouveaux projets en ce domaine.
L'enseignement du français langue seconde
aux adultes: un échec?
Un échec, OUI, dans la mesure où les professeurs ne sauraient pas se recycler dans la perspective de l'enseignement aux adultes ni suppléer aux lacunes des méthodes en y introduisant le contenu québécois qu'il leur manque.
Un échec, NON, dans la mesure où, de plus en plus, les professeurs de français langue seconde aux adultes sont conscients de l'importance sociale de leur tâche et adaptent leurenseignement aux besoins de leurs étudiants. Même si on a beaucoup de chemin à faire, les progrès en ce sens sont de jour en jour plus évidents. Le colloque y aurait justement contribué et de façon significative.
Christophe HOPPER
Notes 1. Le texte a été rédigé à partir de l'enregis
trement sonore des rapports des animateurs d'atelier et des notes des secrétaires d'atelier.
2. Pour en obtenir des exemplaires, communiquer avec François Goulet, coordonnateur, Participation Québec, 1441, Drum-mond, porte 529, Montréal. (282-0987).
ISABELLE LEGRIS
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Isabelle Legris, écrivain pour la jeunesse et praticienne à ses heures, nous livre ici son carnet d'orthographe qu'elle a utilisé avec succès auprès de ses élèves faibles en orthographe.
Ce carnet d'orthographe d'usage est divisé en vingt-six parties correspondant aux mots qui commencent par l'une des vingt-six lettres de l'alphabet. A la fin, l'auteur a ajouté des notes sur les mots dont le genre est trompeur, les homonymes, les mots inusités au singulier, les tours vicieux et l'emploi de la majuscule. Par là, on voit qu'Isabelle Legris est toujours fidèle à sa méthode qui consiste à analyser et à distinguer simplement les choses:
le féminin du masculin, le singulier du pluriel, la minuscule de la majuscule, l'incorrection de la correction.
A l'intérieur de la section des mots commençant par la lettre «A», l'auteur a procédé à une subdivision au jour le jour, montrant par là que dans l'enseignement ou l'apprentissage de l'orthographe, il faut savoir compter sur la patience, la gradation des difficultés et la répétition journalière des exercices. Les mots de chaque jour ne sont pas placés par ordre alphabétique pour rompre la monotonie inhérente aux enumerations.
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