L’enseignement philosophique à la Faculté des arts de l ... · R.A. GAUTHIER, « Saint Thomas et l’“Éthique à Nicomaque” », dans Sancti Thomae de Aquino Opera om- nia,

Tous droits reacuteserveacutes copy Laval theacuteologique et philosophique Universiteacute Laval2004

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Document geacuteneacutereacute le 25 sep 2020 1059

Laval theacuteologique et philosophique

Lrsquoenseignement philosophique agrave la Faculteacute des arts delrsquoUniversiteacute de Paris en la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle dansle miroir des textes didascaliquesClaude Lafleur et Joanne Carrier

Lrsquoenseignement philosophique au XIIIe siegravecleVolume 60 numeacutero 3 octobre 2004

URI httpsideruditorgiderudit011359arDOI httpsdoiorg107202011359ar

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Eacutediteur(s)Faculteacute de philosophie Universiteacute LavalFaculteacute de theacuteologie et de sciences religieuses Universiteacute Laval

ISSN0023-9054 (imprimeacute)1703-8804 (numeacuterique)

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Citer cet articleLafleur C amp Carrier J (2004) Lrsquoenseignement philosophique agrave la Faculteacute desarts de lrsquoUniversiteacute de Paris en la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle dans le miroirdes textes didascaliques Laval theacuteologique et philosophique 60 (3) 409ndash448httpsdoiorg107202011359ar

Reacutesumeacute de larticleSans neacutegliger les autres documents pertinents dans un tour drsquohorizon final etcomparatif cette eacutetude srsquoefforce de deacutepeindre lrsquoenseignement universitaire dela philosophie tel qursquoil se reflegravete dans le miroir des textes didascaliques artiensde Paris jusqursquoau mitan du xiiie siegravecle tout en fournissant en annexe unpremier reacutepertoire encore partiel de ce corpus avec ses eacuteditions et sestraductions Malgreacute son caractegravere geacuteneacuteralement pratique et institutionnelcertains de ses eacuteleacutements theacuteoriques mdash comme la mise en relief de la liaisonintime trame sapientielle de ces eacutecrits de maicirctres egraves arts entre theacuteologiecosmique et eacutethique philosophique mdash permettent drsquoespeacuterer que cet articleapporte une veacuteritable contribution agrave lrsquoHistoire de la philosophie

Laval theacuteologique et philosophique 60 3 (octobre 2004) 409-448

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LrsquoENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE Agrave LA FACULTEacute DES ARTS DE LrsquoUNIVERSITEacute DE PARIS EN LA PREMIEgraveRE MOITIEacute DU XIIIe SIEgraveCLE DANS LE MIROIR DES TEXTES DIDASCALIQUES

Claude Lafleur Faculteacute de philosophie

et Institut drsquoeacutetudes anciennes Universiteacute Laval Queacutebec

avec la collaboration de Joanne Carrier Faculteacute de philosophie

Universiteacute Laval Queacutebec

REacuteSUMEacute Sans neacutegliger les autres documents pertinents dans un tour drsquohorizon final et comparatif cette eacutetude srsquoefforce de deacutepeindre lrsquoenseignement universitaire de la philosophie tel qursquoil se reflegravete dans le miroir des textes didascaliques artiens de Paris jusqursquoau mitan du XIIIe siegravecle tout en fournissant en annexe un premier reacutepertoire encore partiel de ce corpus avec ses eacuteditions et ses traductions Malgreacute son caractegravere geacuteneacuteralement pratique et institutionnel certains de ses eacuteleacutements theacuteoriques mdash comme la mise en relief de la liaison intime trame sapientielle de ces eacutecrits de maicirctres egraves arts entre theacuteologie cosmique et eacutethique philosophique mdash permettent drsquoespeacuterer que cet article apporte une veacuteritable contribution agrave lrsquoHistoire de la philosophie

ABSTRACT Without neglecting the other relevant documents in a final comparative survey this study tries to depict the university teaching of philosophy as reflected in the mirror of the Pari-sian didascalical texts of the Arts Faculty during the first half of the thirteenth century while giving in appendix a first repertory still partial of this corpus with its editions and transla-tions Notwithstanding its generally practical and institutional character some of its theoreti-cal elements mdash such as the highlighting of the close relationship between cosmical theology and ethical philosophy a sapiential thread in those arts masters writings mdash it is hoped that this article may prove a genuine contribution to the History of philosophy

______________________

Je tiens agrave remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour le soutien financier continu qursquoil accorde agrave mes travaux depuis de nombreuses anneacutees et gracircce auquel au cours de la peacuteriode ougrave cette eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee jrsquoai pu beacuteneacuteficier de la collaboration constante et essentielle de Joanne Carrier professionnelle de recherche agrave la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval (Queacutebec)

CLAUDE LAFLEUR JOANNE CARRIER

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I INTRODUCTION

omme lrsquoindique clairement son intituleacute le preacutesent article ne porte pas sur la philosophie drsquoune faccedilon absolue mais plutocirct sur la philosophie relativement agrave la

faccedilon dont cette discipline se pratiquait mdash crsquoest-agrave-dire srsquoenseignait mdash agrave la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle Mecircme ainsi restreint agrave cet enseignement de la philosophie dans ladite institution le preacutesent thegraveme ne peut dans les limites drsquoun article qursquoecirctre esquisseacute agrave grands traits Pour tenter drsquoac-complir le plus adeacutequatement possible cette tacircche tout en restant en contact eacutetroit avec les textes originaux nous nous concentrerons essentiellement agrave titre exemplaire sur deux documents un introductif lrsquoautre reacutecapitulatif issus de la Faculteacute des arts de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle et refleacutetant de maniegravere syntheacutetique lrsquoideacutee qursquoon srsquoy faisait de la philosophie les livres mis au programme pour enseigner cette discipline et les moyens finalement pris pour veacuterifier lrsquoacquisition des connaissances dans le domaine1 Ainsi baseacutee sur deux œuvres laquo didascaliques raquo mdash crsquoest-agrave-dire vi-sant principalement la preacutesentation des matiegraveres agrave apprendre mdash et laquo artiennes raquo mdash parce que produites par les laquo Artiens raquo (un ancien terme franccedilais) ou laquo Artistes raquo (Ar-tistae) entendons les laquo maicirctres egraves arts raquo (magistri artium) mdash cette description illus-trative srsquoefforcera aussi drsquointeacutegrer lrsquoinformation cleacute relative agrave la doctrine de ces eacutecrits voire agrave lrsquohistoire de leur reacuteception et de leur interpreacutetation Le tour drsquohorizon final proposera pour chaque discipline ou secteur une eacutevaluation de la valeur desdits teacute-moignages didascaliques en termes drsquouniversaliteacute et de fideacuteliteacute en eacutevoquant pour ce faire les autres teacutemoins textuels de lrsquoenseignement philosophique dispenseacute par les maicirctres egraves arts de Paris durant la peacuteriode viseacutee Tout au long de notre exposeacute nous renvoyons mdash en guise drsquoappui ou de compleacutement mdash aux entreacutees bibliographiques numeacuteroteacutees (mentionneacutees dans le texte mecircme entre crochets droits avec asteacuterisque selon le style [hellip]) de speacutecimens [1-22] drsquoeacuteditions [23-35] ou de traductions [36-44] de textes didascaliques reacuteunies dans lrsquoannexe ci-dessous (section 4 ougrave ce corpus est preacutesenteacute) ainsi qursquoaux nombreuses eacutetudes pertinentes figurant de faccedilon ponctuelle en notes infrapaginales au fil du propos

1 Un point de vue geacuteneacuteral et des eacutetudes plus particuliegraveres sur ce thegraveme se retrouvent dans F VAN STEEN-BERGHEN La philosophie au XIIIe siegravecle 1re eacuted Louvain Publications universitaires Paris Beacuteatrice-Nauwelaerts (coll laquo Philosophes meacutedieacutevaux raquo IX) 1966 p 118-151 2e eacuted mise agrave jour Louvain-la-Neuve Institut supeacuterieur de philosophie Paris Peeters (coll laquo Philosophes meacutedieacutevaux raquo XXVIII) 1991 p 109-140 (laquo Lrsquoenseignement philosophique agrave Paris vers 1240 raquo laquo La litteacuterature philosophique agrave Paris raquo) Lrsquoenseignement de la philosophie au XIIIe siegravecle Autour du laquo Guide de lrsquoeacutetudiant raquo du ms Ripoll 109 Actes du colloque international eacutediteacutes avec un compleacutement drsquoeacutetudes et de textes par C LAFLEUR avec la colla-boration de J CARRIER assisteacutes par L GILBERT et D PICHEacute pour la constitution des index et de la biblio-graphie Turnhout Brepols (coll laquo Studia Artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo V) 1997 Lrsquoenseignement des disciplines agrave la Faculteacute des arts (Paris et Oxford XIIIe-XVe siegravecles) Actes du colloque international eacutediteacutes par O WEIJERS et L HOLTZ Turnhout Brepols (coll laquo Studia Artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo IV) 1997

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LrsquoENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE Agrave LA FACULTEacute DES ARTS

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II DESCRIPTION DrsquoŒUVRES EXEMPLAIRES

Parmi la trentaine de speacutecimens reacutepertorieacutes de textes didascaliques mdash dont envi-ron les deux tiers sont eacutediteacutes en tout ou en partie (cf [1]-[22]) mdash nous avons re-tenu ici la Division des sciences drsquoArnoul de Provence probablement le panorama scientifique de format succinct le plus reacuteussi de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle et un document beaucoup plus substantiel datant des anneacutees 1230-1240 le Compen-dium laquo Nos gravamen raquo mdash plus connu de lrsquohistoriographie sous le titre de Quaestio-nensammlung2 ou de Guide de lrsquoeacutetudiant parisien mdash compilation examinatoire qui confirme Henri drsquoAndeli affirmant dans La bataille des sept arts3 qursquoagrave Paris lrsquoensei-gnement de la logique lrsquoemportait alors largement sur lrsquoeacutetude litteacuteraire des classiques

1 Arnulfus Provincialis Divisio scientiarum [8] Eacutedition [26] Traduction [38]

11 Survol descriptif et consideacuterations doctrinales

Vraisemblablement eacutecrite vers 1250 cette laquo Division de toutes les sciences tant meacutecaniques que libeacuterales raquo est la seule œuvre connue drsquoArnoul de Provence un maicirc-tre egraves arts dont la biographie meacutedieacutevale se reacutesume au teacutemoignage drsquoun manuscrit de son texte qui nous dit que ce professeur laquo enseigna remarquablement agrave Paris raquo [26 p 347 apparatus lectionum l 736 38 sect 86] mdash mais un professeur en qui un eacuteru-dit contemporain4 voit un des maicirctres de morale de Thomas drsquoAquin Lrsquoopuscule en question est en fait une introduction agrave la philosophie deacutebutant par un long prologue en forme de laquo recommandation de la philosophie raquo (commendatio philosophiae) se poursuivant par des deacutefinitions de la laquo philosophie raquo (ainsi que des termes connexes laquo sagesse raquo et laquo science raquo) et par des divisions du champ philosophique avant de srsquoachever par la preacutesentation individuelle de chaque discipline drsquoabord les discipli-nes composant la philosophie (ou science) meacutecanique ensuite les disciplines formant la philosophie libeacuterale Sans entrer dans le deacutetail des sous-parties la philosophie meacute-canique rapidement preacutesenteacutee en premier lieu parce que plus eacuteloigneacutee de lrsquointention de lrsquoauteur de la Division des sciences se divise conventionnellement chez Arnoul en sept parties dont les six premiegraveres sont coutumiegraveres mais dont la derniegravere est pro-pre agrave notre maicirctre et constitue une substitution de lrsquohabituelle laquo chasse raquo (venatio)

2 Cf M GRABMANN laquo Eine fuumlr Examinazwecke abgefasste Quaestionensammlung der Pariser Artisten-facultaumlt aus der ersten Haumllfte des XIII Jahrhunderts raquo Revue neacuteo-scolastique de philosophie 36 (1934) p 211-229 repris dans Mittelalterliches Geistesleben Abhandlungen zur Geschichte der Scholastik und Mystik Muumlnchen Hueber 1936 t II p 183-199

3 HENRI DrsquoANDELI La Bataille des VII ars vers 1 6-8 19-30 44-45 51-54 272-275 406-411 438-445 450-461 dans Henri drsquoAndeli laquo La Bataille des VII ars raquo A French Poem by Henri drsquoAndeli Trouvegravere of the Thirteenth Century edited and translated with introduction and notes by LJ PAETOW Berkeley The University of California Press (coll laquo Memoirs of the University of California raquo IV 1 History I 1) 1914

4 RA GAUTHIER laquo Saint Thomas et lrsquoldquoEacutethique agrave Nicomaquerdquo raquo dans Sancti Thomae de Aquino Opera om-nia iussu Leonis XIII PM edita t XLVIII laquo Sententia libri Politicorum raquo laquo Tabula libri Ethicorum raquo (eacuted LJ BATAILLON RA GAUTHIER) Appendix laquo Saint Thomas et lrsquoldquoEacutethique agrave Nicomaquerdquo raquo cura et studio Fratrum Praedicatorum Romae Ad Sanctae Sabinae 1971 p XVI


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soit la liste arnulfienne travail de la laine (lanificium) navigation (navigatio) armu-rerie (armatura) agriculture (agricultura) theacuteacirctre (theatrica) meacutedecine (medicina) et divination (divinativa ou divinatio) La philosophie libeacuterale quant agrave elle est divi-seacutee et preacutesenteacutee par Arnoul selon la tripartition bien connue philosophie naturelle au sens large (meacutetaphysique matheacutematique [arithmeacutetique musique geacuteomeacutetrie astro-nomie] physique ou philosophie naturelle au sens strict) philosophie morale philo-sophie rationnelle (grammaire logique rheacutetorique5)

Pour interpreacuteter correctement la doctrine drsquoune introduction agrave la philosophie comme la Divisio scientiarum drsquoArnoul de Provence il faut avoir preacutesent agrave lrsquoesprit que quant au genre litteacuteraire la source ultime de cet opuscule reacuteside dans les laquo Pro-leacutegomegravenes agrave la philosophie raquo (Προλεγıμενα τῆς φιλοσοφUcircας) structurellement tregraves codifieacutes6 de la scolastique grecque tardive mais que les laquo Philosophiae raquo latines de la Faculteacute des arts fusionnent paradoxalement deux eacuteleacutements distincts de la tradition grecque 1 lrsquointroduction geacuteneacuterale agrave la philosophie drsquoobeacutedience nettement neacuteopla-tonicienne et 2 lrsquointroduction particuliegravere agrave la philosophie drsquoAristote lrsquoœuvre de ce dernier seule enseigneacutee chez les maicirctres egraves arts du XIIIe siegravecle nrsquoayant eu au contraire que le statut subalterne de propeacutedeutique agrave la veacuteritable doctrine celle de Platon dans lrsquoeacutecole neacuteoplatonicienne de la fin de lrsquoAntiquiteacute7 On a donc pu noter cette laquo torsion raquo avec un certain malaise tout en se demandant si ces reacutepliques introductives produites par les Artiens eacutetaient autre chose que de la laquo philosophie fossile8 raquo Il est cependant

5 On constate donc qursquoArnoul de Provence appartient agrave une eacutepisteacutemegrave agrave la fois nouvelle et transitoire pour laquelle la philosophie est un vaste champ disciplinaire qui inclut en plus des branches proprement philo-sophiques agrave nos yeux les anciens arts libeacuteraux et mecircme meacutecaniques ou magiques mais non pas lrsquoinverse (cas de figure anteacuterieurement exemplifieacute ougrave ce serait plutocirct le systegraveme des arts qui engloberait la philoso-phie)

6 L BAUR laquo Die philosophische Einleitungsliteratur bis zum Ende der Scholastik Philosophie geschichtliche Stellung der Divisio philosophiae des Dominicus Gundissalinus (I Die griechische Einleitung in die Philosophie II Die Einleitung bei den Syrern und Arabern III Die lateinisch-scholastische Einleitung) raquo dans Dominicus Gundissalinus De divisione philosophiae herausgegeben und philosophiegeschichtlich Untersucht nebst einer Geschichte der philosophischen Einleitung bis zum ende der Scholastik von L BAUR Muumlnster Aschendorff (coll laquo Beitraumlge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters raquo IV 2-3) 1903 p 316-397 (sur Gundissalinus mdash ou mieux semble-t-il Gundisalvus mdash agrave ne pas confondre appa-remment avec Dominicus Gundissalinus alias Dominicus Gundisalvi voir A RUCQUOI laquo Gundisalvus ou Dominicus Gundisalvi raquo Bulletin de philosophie meacutedieacutevale 41 [1999] p 85-106) EA QUAIN laquo The Medieval Accessus ad Auctores raquo Traditio 3 (1945) p 215-264 C HEIN Definition und Einteilung der Philosophie Von der spaumltantiken Einleitungsliteratur zur arabischen Enzyklopaumldie Frankfurt am Main Bern et New York Peter Lang (coll laquo Europaumlische Hochschulschriften raquo Reihe XX Philosophie Bd CLXXVII) 1985 I HADOT laquo Les introductions aux commentaires exeacutegeacutetiques chez les auteurs neacuteo-platoniciens et les auteurs chreacutetiens raquo dans M TARDIEU Les regravegles de lrsquointerpreacutetation Paris Cerf (coll laquo Patrimoines Religions du Livre raquo) 1987 p 99-122 aussi sous forme plus deacuteveloppeacutee dans SIMPLICIUS Commentaire sur les Cateacutegories traduction commenteacutee sous la direction drsquoI HADOT Leiden New York Copenhagen et Koumlln Brill (coll laquo Philosophia antiqua raquo L 1) 1990 p 21-47

7 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Une figure meacutetisseacutee du platonisme meacutedieacuteval Jean le Page et le Prologue de son Commentaire (vers 1231-1240) sur lrsquoIsagoge de Porphyre raquo dans B MELKEVIK et J-M NARBONNE eacuted Une philosophie dans lrsquohistoire Hommages agrave Raymond Klibansky Paris Vrin Queacutebec PUL (coll laquo Zecirctecircsis raquo seacuterie laquo Textes et essais raquo 3) 2000 p 107-110

8 A DE LIBERA laquo Faculteacute des arts ou Faculteacute de philosophie Sur lrsquoideacutee de philosophie et lrsquoideacuteal philo-sophique au XIIIe siegravecle raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 435-436 C LAFLEUR laquo Lrsquoapologie de la philosophie agrave la Faculteacute des arts de Paris dans les deacutecennies preacuteceacutedant les condamnations drsquoEacutetienne Tempier raquo dans JA AERTSEN et A SPEER eacuted Was ist Philosophie im Mitte-lalter Berlin et New York de Gruyter (coll laquo Miscellanea Mediaevalia raquo XXVI) 1998 p 388-390


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neacutecessaire de ne pas oublier qursquoau Moyen Acircge plusieurs innovations theacuteoriques srsquoap-puient sur une tradition multiseacuteculaire et pluriculturelle dont elles constituent fonda-mentalement une sorte drsquoadaptation geacuteneacuteratrice de meacutetamorphose tel Le Banquet de Dante duquel on a reacutecemment9 signaleacute agrave juste titre la valeur de manifeste philosophi-que mecircme srsquoil reprend pour une large part le programme de la meacutetaphysique veacuterita-ble du retour (agrave lrsquoUn) eacutegalement emprunteacute par les penseurs arabes agrave leurs preacutedeacuteces-seurs neacuteoplatoniciens Crsquoest ainsi que dans le prologue [26 p 297-306 l 1-117 38 sect 1-8] de sa Division des sciences Arnoul de Provence opegravere un habile meacutetis-sage des courants meacutetaphysiques grec (Aristote Eustrate) latin (Boegravece Alfred de Sa-reshel) laquo arabe raquo (Livre des causes Algazel Aviceacutebron) et chreacutetien (plus preacuteciseacute-ment biblique Genegravese) pour parvenir agrave recommander la philosophie comme remegravede permettant de restituer lrsquoinformation mdash synonyme de perfection mdash de lrsquointellect hu-main originellement doteacute dans ce sceacutenario drsquoune intuition immeacutediate du Creacuteateur En plus drsquoutiliser dans sa division de la philosophie naturelle au sens large les no-tions promises agrave un bel avenir chez Spinoza10 de laquo nature naturante raquo (natura natu-rans) et de laquo nature natureacutee raquo (natura naturata) pour deacutelimiter le domaine de la meacute-taphysique mdash appeleacutee laquo dans lrsquoAntiquiteacute ldquotheacuteologie des philosophesrdquo raquo mdash [26 p 322-323 l 306-319 38 sect 28] la Division des sciences drsquoArnoul est particuliegrave-rement inteacuteressante drsquoun point de vue conceptuel agrave cause du compleacutement doctrinal offert dans le dernier paragraphe de la section sur la morale [26 p 335-336 l 533-560 38 sect 59] agrave la theacuteorie de lrsquoatteinte de la perfection de lrsquointellect humain par lrsquoeacutetude de la philosophie [26 p 304-305 l 97-104 38 sect 8] Ce paragraphe re-marqueacute par lrsquohistoriographie11 a le grand meacuterite de preacuteciser mdash ce que le traiteacute Du souverain bien (De summo bono) ceacutelegravebre eacuteloge de la philosophie reacutedigeacute quelques deacute-cennies plus tard par Boegravece de Dacie12 ne fait pas explicitement mdash par quel moyen lrsquointellect humain est censeacute parvenir agrave la contemplation amoureuse de Dieu source de feacuteliciteacute (contemplation et feacuteliciteacute agrave poursuivre en cette vie comme une fin [26 p 303 l 92-96 38 sect 7] et qui ne srsquoaccompliront pleinement il est vrai qursquoapregraves la mort lorsque lrsquoacircme sera seacutepareacutee du corps [26 p 299 l 37-42 38 sect 3]) Ce

9 A DE LIBERA Penser au Moyen Acircge Paris Seuil (coll laquo Chemins de penseacutee raquo) 1991 p 290 10 B DE SPINOZA Ethica I prop 29 schol dans Spinoza Opera herausgegeben von C GEBHARDT Heidel-

berg Winters 1925 t II p 71 et ID Korte Verhandeling van God Deel I cap 8 dans loc cit t I p 47 cf Grundriss der Geschichte der Philosophie Uumlberweg 17 Jahrhundert t II 2 (laquo Frankreich und Niederlande raquo herausgegeben von JP SCHOBINGER) Basel Schwabe 1993 sect 24 p 899-900 et 929 Pour les origines et lrsquohistoire anteacuterieure des expressions laquo nature naturante raquo et laquo nature natureacutee raquo voir H SIEBECK laquo Uumlber die Entstehung der Termini natura naturans und natura naturata raquo Archiv fuumlr Ges-chichte der Philosophie 3 (1890) p 370-378 HA LUCKS laquo Natura naturans-Natura naturata raquo The New Scholasticism 9 1 (1935) p 1-24 et plus reacutecemment O WEIJERS laquo Contribution agrave lrsquohistoire des termes ldquonatura naturansrdquo et ldquonatura naturatardquo jusqursquoagrave Spinoza raquo Vivarium 16 (1978) p 70-80

11 RA GAUTHIER laquo Arnoul de Provence et la doctrine de la fronesis vertu mystique suprecircme raquo Revue du Moyen Acircge Latin 19 (1963) p 145-154 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Scientia et ars dans les introductions agrave la philosophie des maicirctres egraves arts de lrsquoUniversiteacute de Paris au XIIIe siegravecle raquo dans I CRAEMER-RUEGENBERG et A SPEER eacuted laquo Scientia raquo und laquo ars raquo im Hoch- und Spaumltmittelalter Berlin et New York de Gruyter (coll laquo Miscellanea Mediaevalia raquo XXII) 1994 p 59-65

12 BOEgraveCE DE DACIE De summo bono dans Boethii Daci Opera Pars 2 (Opuscula) eacuted NJ GREEN-PEDERSEN Hauniae Gad (coll laquo Corpus Philosophorum Danicorum Medii Aevi raquo VI 2) 1976 p 369-377 tra-duction franccedilaise de R Imbach et MH Meacuteleacuteard dans Philosophes meacutedieacutevaux des XIIIe et XIVe siegravecles R IMBACH et MH MEacuteLEacuteARD eacuted Paris UGEacute (coll laquo 1018 raquo 1760) 1986 p 158-166


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moyen consiste pour Arnoul en une vertu intellectuelle rattacheacutee selon lui agrave la face supeacuterieure de lrsquoacircme une vertu qursquoil distingue de la simple laquo prudentia raquo des Latins en lrsquoappelant laquo fronesis raquo mdash synonyme pour lui drsquolaquo information raquo terme preacuteceacutedemment poseacute on lrsquoa vu comme eacutequivalent de celui de laquo perfection raquo mdash et en affirmant qursquoelle surclasse lrsquolaquo intelligence raquo (intelligentia rendant ici le grec σ˜νεσις) et mecircme la laquo sagesse raquo (sapientia σοφUcircα) Lrsquoimportance historique de cette eacutetonnante doctrine drsquoArnoul de Provence nrsquoest pas diminueacutee parce qursquoelle laisse voir la connaissance pour le moins deacuteficiente qursquoil avait de la version complegravete de lrsquoEacutethique agrave Nicomaque drsquoAristote tout juste alors termineacutee par Robert Grosseteste13 Malgreacute son inexactitude la porteacutee de cette doctrine reste grande en tant que divulgatrice du terreau philosophique de lrsquoeacutepoque surtout lorsqursquoon songe que drsquoune part Thomas drsquoAquin a pu connaicirctre directement ou indirectement cet enseignement de maicirctre Arnoul lors de son compleacutement de formation artienne agrave Paris vers 1246-124714 et que drsquoautre part environ une dizaine drsquoanneacutees plus tard dans un article ceacutelegravebre de son commentaire Sur Boegravece de la Triniteacute (question 5 article 3 Reacuteponse)15 lrsquoAquinate a justement avanceacute une doctrine originale de la seacuteparation meacutetaphysique comme activiteacute judicative et non pas intuitive de lrsquointellect humain une doctrine qui dans les faits et peut-ecirctre aussi dans lrsquointention constituait lrsquoexact contre-pied de lrsquoideacuteal formuleacute par la Division des sciences arnulfienne de vision intellectuelle du divin16 Par ailleurs et tout aussi fondamentalement en empruntant agrave Aristote mecircme

13 ARISTOTE laquo Ethica Nicomachea raquo translatio Roberti Grosseteste Lincolniensis siue laquo Liber ethicorum raquo A Recensio pura eacuted RA GAUTHIER Leiden Brill Bruxelles Descleacutee de Brouwer (coll laquo Aristoteles Latinus raquo XXVI 1-3 3) 1972

14 JP TORRELL Initiation agrave saint Thomas drsquoAquin sa personne et son œuvre Fribourg Eacuteditions univer-sitaires Paris Cerf (coll laquo Vestigia raquo XIII) 1993 p 28-36

15 Cf Sancti Thomae de Aquino Opera omnia iussu Leonis XIII PM edita t L Super Boetium De Trinitate (= eacuted PM GILS) Expositio libri Boetii De ebdomadibus (= eacuted LJ BATAILLON) cura et studio Fratrum Praedicatorum Roma Commissio Leonina Paris Cerf 1992 p 146 l 86-p 149 290 et Sancti Thomae de Aquino Expositio super librum Boethii laquo De Trinitate raquo eacuted B DECKER Leiden Brill (coll laquo Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters raquo IV) 1965 p 181 l 17-p 186 l 24 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER La division de la science speacuteculative et le statut de la meacutetaphysique Tho-mas drsquoAquin et les Artiens dans la longue dureacutee Autour de Thomas drsquoAquin Super Boetium laquo De Trini-tate raquo question 5 Queacutebec Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale raquo IV) 2002 qu 5 art 3 laquo Reacuteponse raquo sect 1-12 THOMAS DrsquoAQUIN Di-vision et meacutethodes de la science speacuteculative physique matheacutematique et meacutetaphysique introduction tra-duction et notes de Lrsquoexpositio super librum Boethii laquo De Trinitate raquo Q V-VI par B SOUCHARD Paris Bu-dapest et Torino LrsquoHarmattan (coll laquo Ouverture philosophique raquo) 2002 p 51-57

16 LAFLEUR et CARRIER laquo Une figure meacutetisseacutee du platonisme meacutedieacuteval raquo p 134-136 C LAFLEUR laquo Abstraction seacuteparation et objet de la meacutetaphysique raquo dans L LANGLOIS et J-M NARBONNE eacuted Actes du XXVIIe Congregraves de lrsquoAssociation des socieacuteteacutes de philosophie de langue franccedilaise (ASPLF) La meacute-taphysique son histoire sa critique ses enjeux Paris Vrin Queacutebec PUL (coll laquo Zecirctecircsis raquo seacuterie laquo Textes et essais raquo 2) 2000 p 216-223 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Abstraction seacutepara-tion et tripartition de la philosophie theacuteoreacutetique quelques eacuteleacutements de lrsquoarriegravere-fond farabien et artien de Thomas drsquoAquin Super Boetium De Trinitate question 5 article 3 raquo Recherches de Theacuteologie et Philoso-phie meacutedieacutevales 67 2 (2000) p 248-263 ID laquo Theacuteologie meacutetaphysique et cognoscibiliteacute de Dieu chez Arnoul de Provence (Divisio scientiarum) et Thomas drsquoAquin (Super Boetium ldquoDe Trinitaterdquo) raquo Memini Travaux et documents nous consideacuterons que cet article agrave paraicirctre constitue en substance la suite promise de notre eacutetude sur laquo Lrsquoapologie de la philosophie raquo on y trouvera par ailleurs n 89 des preacutecisions sur le caractegravere selon nous veacuteritablement cognitif de la doctrine arnulfienne de lrsquointellect laquo froneacutesique raquo mecircme si mdash symptocircme entre autres du lien eacutethico-meacutetaphysique alors vigoureux mdash elle est formuleacutee dans la sec-tion de lrsquoopuscule consacreacutee agrave la morale


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agrave contresens le vocable de laquo phronecircsis raquo (φρıνησις) pour deacutesigner la vertu mystique suprecircme Arnoul de Provence accomplissait un geste reacuteveacutelateur drsquoun deacutesir pour nous plutocirct surprenant (surtout si lrsquoon oublie qursquoAlgazel17 en est la source) qui allait srsquoaccentuer chez les maicirctres egraves arts de Paris mdash les plus laquo laiumlcs raquo pourtant des clercs meacutedieacutevaux18 mdash jusqursquoagrave la condamnation de 1277 affirmer ici symboliquement par le choix terminologique la possibiliteacute drsquoune voie proprement et incontestablement philosophique menant lrsquoacircme seacutepareacutee du corps agrave un affectueux contact intellectif direct avec le divin mdash ce que nrsquoaurait pas permis lrsquoemploi du traditionnel terme de laquo sapientia raquo si freacutequemment utiliseacute par les theacuteologiens depuis plus drsquoun milleacutenaire Forceacutement semi-clandestin agrave cause du rang subalterne qursquooccupait la Faculteacute des arts dans la hieacuterarchie institutionnelle des faculteacutes de lrsquouniversiteacute meacutedieacutevale cet effort drsquoArnoul de Provence pour reacuteinventer agrave sa faccedilon lrsquoantique laquo theacuteologie des philo-sophes raquo nrsquoempecircche pas la Divisio scientiarum drsquoinclure spontaneacutement mais sans fournir drsquoexplication le philosophe parmi lrsquoensemble des fidegraveles (laquo omnes fideles raquo) lorsqursquoil srsquoagit en astrologie de refuser la thegravese selon laquelle lrsquoinfluence des corps supeacuterieurs annihilerait notre libre arbitre [26 p 331 l 457-468 38 sect 50] Source immeacutediate de la Divisio scientiarum pour ce passage et partisane comme Arnoul de Provence drsquoun lien intime entre meacutetaphysique et feacuteliciteacute morale lrsquointroduction agrave la philosophie Philosophica disciplina [6 26 p 261-262 l 87-93 et p 273-274 l 306-313 38 sect 5 et sect 35] drsquoun maicirctre egraves arts anonyme est plus rude dans sa deacutefense qui met une distinction aristoteacutelicienne agrave profit des theacuteoriciens de lrsquoastro-logie en nrsquoheacutesitant pas agrave adresser ouvertement un reproche aux nombreux theacuteologiens qui selon lui accusent injustement les astrologues de penser que les constellations annihilent le libre arbitre19

12 Histoire de lrsquoinfluence de lrsquoopuscule introductif arnulfien et eacutetudes affeacuterentes

Tout comme elle srsquoappuie sur des textes didascaliques anteacuterieurs (principalement les opuscules anonymes Accessus philosophorum [1] lrsquointroduction Philosophica disciplina [6] et la Philosophia [5] de Nicolas de Paris) la Division des sciences drsquoArnoul de Provence en a agrave son tour influenceacute plusieurs autres de la seconde moitieacute du XIIIe siegravecle dont la Philosophia drsquoOlivier le Breton [9] la Philosophia drsquoAubry de Reims [17] et la Divisio scientiae de Jean de Dacie [22] Par ailleurs le fait que deux des trois manuscrits de la Division des sciences drsquoArnoul de Provence et les deux manuscrits de lrsquointroduction Philosophica disciplina sont oxoniens teacutemoigne du lien eacutetroit qui existait au XIIIe siegravecle entre la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris et celle de lrsquoUniversiteacute drsquoOxford manuscrits qui contiennent en outre les Philo-sophiae respectives drsquoAubry de Reims drsquoHerveacute mdash alias Henri mdash le Breton [20 7

17 ALGAZEL Metaphysica Pars Ia iii 11 transl Gundissalini dans Algazelrsquos Metaphysics A Mediaeval translation eacuted JT MUCKLE Toronto Institute of Mediaeval Studies (coll laquo St Michaelrsquos Mediaeval Stu-dies raquo) 1933 p 79 l 19-p 86 l 36

18 R IMBACH Laien in der Philosophie des Mittelalters Hinweise und Anregungen zu einem vernachlaumlssig-ten Thema Amsterdam Gruumlner (coll laquo Bochumer Studien zur Philosophie raquo XIV) 1989

19 GAUTHIER laquo Arnoul de Provence et la doctrine de la fronesis vertu mystique suprecircme raquo p 162 n 65 et p 168-169 LAFLEUR et CARRIER laquo Scientia et ars raquo p 47-51


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18 19] et drsquoOlivier le Breton le De ortu scientiarum de Robert Kilwardby [12] ainsi que la Summa philosophiae du Pseudo-Grosseteste20 et les opuscules didascaliques anonymes incipitairement intituleacutes Ad nutum Altissimi Cum summum in vita solacium Deus causat esse omnibus Inquirebamus bonum humanum Ut testatur Aristoteles [21] Ut ait Victorinus toute une seacuterie de textes introductifs dont la plupart incluant la Division des sciences drsquoArnoul de Provence ont clairement influenceacute les prologues des gloses du Graecismus drsquoEacutevrard de Beacutethune pendant toute la deuxiegraveme moitieacute du XIIIe siegravecle21 Dans la mecircme veine un des indices de la haute estime en laquelle on tenait la Division des sciences drsquoArnoul de Provence est que dans un manuscrit du XVe siegravecle (le ms Oxford Bodleian Library Digby 220) on trouve un abreacutegeacute qui fusionne lrsquoopuscule arnulfien au De ortu scientiarum de Robert Kilwardby soit au plus remarquable traiteacute drsquoeacutepisteacutemologie de tout le XIIIe siegravecle ayant de surcroicirct pour auteur lrsquoun des (ex-)maicirctres les plus importants de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle agrave la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris22 Autre indice non neacutegligea-ble de la reacuteputation litteacuteraire enviable de la Division des sciences drsquoArnoul de Provence est le fait mdash philologiquement fondeacute semble-t-il23 mdash que le roi Manfred lui emprunte une expression dans la lettre que en 1263 il adressa justement aux maicirctres de la Faculteacute des arts de Paris pour leur annoncer lrsquoenvoi drsquoœuvres philosophico-scientifiques traduites agrave son initiative royale et susceptibles de les inteacuteresser

2 Anonyme Compendium laquo Nos gravamen raquo du ms Ripoll 109 [3] Eacutedition [28]24 Traduction [37]


Apregraves deux paragraphes drsquointroduction mdash sect 1 intention du ou des auteur(s)-compilateur(s)25 de preacutesenter en abreacutegeacute avec leurs solutions les questions les plus

20 Pseudo-ROBERT GROSSETESTE laquo Summa philosophiae raquo Die philosophischen Werke des Robert Grosse-teste Bischofs von Lincoln eacuted L BAUR Muumlnster Aschendorff (coll laquo Beitraumlge zur Geschichte der Philo-sophie des Mittelalters raquo IX) 1912

21 A GRONDEUX Le laquo Graecismus raquo drsquoEacutevrard de Beacutethune agrave travers ses gloses Entre grammaire positive et grammaire speacuteculative du XIIIe au XIVe siegravecle Paris Brepols (coll laquo Studia Artistarum Eacutetudes sur la Fa-culteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo VIII) 2000 p 123-190 et 453-527

22 Sur tous les eacuteleacutements codicologiques de cette Wirkungsgeschichte voir C LAFLEUR Quatre introduc-tions agrave la philosophie au XIIIe siegravecle Textes critiques et eacutetude historique Montreacuteal Institut drsquoeacutetudes meacutedieacute-vales Paris Vrin (coll laquo Publications de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales raquo XXIII) 1988 p 52-54 59-61 66 68 70-71 74-75 387-394 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo La Philosophia drsquoHerveacute le Breton (alias Henri le Breton) et le recueil drsquointroductions agrave la philosophie du ms Oxford Cor-pus Christi College 283 Premiegravere partie raquo Archives drsquohistoire doctrinale et litteacuteraire du Moyen Acircge 61 (1994) p 150-163 et 223-226

23 RA GAUTHIER laquo Notes sur les deacutebuts (1225-1240) du premier ldquoaverroiumlsmerdquo raquo Revue des sciences philosophiques et theacuteologiques 66 3 (1982) p 324 329 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philoso-phie p 313-314 avec la n 181-184

24 Dans cette section (21) et la suivante (22) lorsqursquoun numeacutero de paragraphe (sect) est mentionneacute il srsquoagit mdash sauf indication contraire mdash de la numeacuterotation en paragraphes de cette eacutedition numeacuterotation qui est la mecircme dans la traduction

25 Doreacutenavant nous emploierons indiffeacuteremment au singulier cette expression ou bien lrsquoun ou lrsquoautre des ter-mes la composant


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souvent poseacutees aux examens dans les diverses matiegraveres sect 2 explication du terme laquo philosophie raquo par rapport aux termes connexes mdash un troisiegraveme (sect 3) fournissant deux deacutefinitions de la philosophie et cinq autres (sect 4-8) proceacutedant rapidement agrave la di-vision du champ philosophique tout le reste (sect 9-1275) du document mdash par ailleurs eacutelagueacute de plusieurs questions et amputeacute de sa fin26 mdash est consacreacute agrave lrsquoaccomplisse-ment du programme initial en preacutesentant pour ce faire les disciplines avec quelques variantes notables selon la mecircme tripartition qursquoArnoul de Provence 1 philosophie naturelle meacutetaphysique matheacutematique (astronomie geacuteomeacutetrie arithmeacutetique musi-que) physique (ou philosophie naturelle infeacuterieure) 2 philosophie morale avec en annexe le Timeacutee de Platon et la Consolation de Philosophie de Boegravece 3 la philoso-phie rationnelle (rheacutetorique grammaire logique)

En comparaison avec la Divisio scientiarum drsquoArnoul de Provence la partie in-troductive du Compendium laquo Nos gravamen raquo mdash entendons par lagrave lrsquointroduction pro-prement dite la deacutefinition et la division de la philosophie (sect 1-8) mdash a pu ecirctre jugeacutee laquo meacutediocre27 raquo Cela nrsquoest pas surprenant puisque on lrsquoa dit degraves le premier paragra-phe le but avoueacute du Compendium laquo Nos gravamen raquo est non pas de recommander lrsquoeacutetude de la philosophie mais plutocirct de faciliter la reacutevision en vue des examens en preacutesentant adeacutequatement les diffeacuterentes matiegraveres et surtout de traiter avec leurs pos-sibles reacuteponses des questions les plus freacutequemment poseacutees Avec cette perspective et eacutetant donneacute son eacutetendue bien plus consideacuterable nonobstant lrsquoabreacuteviation et lrsquoincom-pleacutetude de son principal teacutemoin manuscrit le Compendium laquo Nos gravamen raquo offre effectivement des exposeacutes sur les diverses disciplines qui sont geacuteneacuteralement beau-coup plus deacuteveloppeacutes doctrinalement que ceux de la Divisio scientiarum drsquoArnoul de Provence Toutefois certaines sections du Compendium laquo Nos gravamen raquo ne sont guegravere plus eacutelaboreacutees que celles de la Divisio scientiarum drsquoArnoul de Provence (sans parler des arts meacutecaniques et magiques dont le Compendium laquo Nos gravamen raquo ne dit rien) Pour expliquer ce pheacutenomegravene et plus globalement la configuration drsquoensemble du Compendium laquo Nos gravamen raquo on doit prendre en consideacuteration les tradition-nelles preacutefeacuterences disciplinaires des maicirctres egraves arts et les contraintes institutionnelles auxquelles ces universitaires eacutetaient soumis

Au chapitre des preacutefeacuterences la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle eacutetant lrsquoheacuteritiegravere directe des eacutecoles de dialectique qui avaient fleuri dans cette ville au XIIe siegravecle il nrsquoest pas eacutetonnant que le Compendium laquo Nos gravamen raquo accorde une place extrecircmement preacutepondeacuterante agrave la logique (envi-

26 C LAFLEUR laquo Logique et theacuteorie de lrsquoargumentation dans le Guide de lrsquoeacutetudiant (c 1230-1240) du ms Ripoll 109 raquo Dialogue 29 (1990) p 336-343 C LAFLEUR laquo Logic in the Barcelona Compendium (With special reference to Aristotlersquos Topics and Sophistici Elenchi) raquo dans K JACOBI eacuted Argumen-tationstheorie Scholastische Forschungen zu den logischen und semantischen Regeln korrekten Folgerns Leiden New York et Koumlln Brill (coll laquo Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters raquo XXXVIII) 1993 p 83-89 C LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo de la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris au XIIIe siegravecle raquo dans MJFM HOENEN JHJ SCHNEIDER et G WIELAND eacuted Philosophy and Learning Universities in the Middle Ages Leiden New York et Koumlln Brill (coll laquo Education and Society in the Middle Ages and Renaissance raquo VI) 1995 p 147-148 n 26

27 G DAHAN laquo Une introduction agrave lrsquoeacutetude de la philosophie ldquoUt ait Tulliusrdquo raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 32-34


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ron soixante pour cent du document) et agrave une doctrine grammaticale (plus de vingt-quatre pour cent du document) centreacutee exclusivement sur les preacuteceptes mdash contraire-ment aux eacutecoles drsquoOrleacuteans antagonistiquement mises en scegravene par Henri drsquoAndeli et qui de nature litteacuteraire srsquoattachaient agrave la langue des auteurs classiques28 mdash toutes les autres disciplines eacutetant condenseacutees dans les quelque quinze pour cent restants29

En ce qui concerne les contraintes30 on peut distinguer les directives et les interdictions Les directives la premiegravere partie du statut de 121531 tout en enteacuterinant lrsquoaccent mis de longue date dans lrsquoenseignement parisien sur les arts du langage (la laquo vieille raquo et la laquo nouvelle dialectique raquo ainsi que la grammaire de Priscien srsquoy voient garanties des cours ordinaires et non pas cursifs) prescrit de reacuteserver les cours des jours feacuterieacutes agrave certains auteurs et certaines matiegraveres ou œuvres que lrsquoon aurait autre-ment eu tendance agrave trop neacutegliger voire carreacutement agrave abandonner en lrsquooccurrence les laquo philosophes raquo les rheacutetoriques (compleacuteteacutees on le verra par le quatriegraveme livre du traiteacute des Diffeacuterences topiques [De differentiis topicis]) les disciplines du quadri-vium le Barbarisme et facultativement lrsquoeacutethique (cette derniegravere ayant neacuteanmoins ducirc commencer agrave beacuteneacuteficier de cours ordinaires degraves lrsquoeacutepoque du Compendium laquo Nos gra-vamen raquo comme le suggegraverent certains indices que nous preacuteciserons) En plus drsquoeacuteclai-rer la place accordeacutee au Liber ethicorum aristoteacutelicien dans le Compendium laquo Nos gravamen raquo cette obligation statutaire explique entre autres choses au moins en partie la preacutesence dans ce guide examinatoire de ces auteurs que sont Platon (avec son Timeacutee) et Boegravece (avec sa Consolation de Philosophie) mdash ces deux illustres pen-seurs repreacutesentant ici comme il apparaicirctra les laquo philosophes raquo mdash ainsi que de ces disciplines que sont les quatre matheacutematiques auteurs et disciplines davantage asso-cieacutes agrave lrsquoEacutecole de Chartres au XIIe siegravecle tout comme cette obligation est un des fac-teurs qui expliquent la preacutesence toujours dans notre document de la rheacutetorique un enseignement avant tout rattacheacute aux eacutecoles drsquoOrleacuteans et agrave lrsquoUniversiteacute de Bologne au XIIIe siegravecle Les interdictions pour srsquoen tenir agrave lrsquoessentiel de 12101215 agrave au moins 1231 il ne fut pas permis de faire cours sur la meacutetaphysique et la philosophie

28 P DELHAYE laquo La place des arts libeacuteraux dans les programmes scolaires du XIIIe siegravecle raquo dans Arts libeacute-raux et philosophie au Moyen Acircge (Actes du quatriegraveme Congregraves de philosophie meacutedieacutevale Universiteacute de Montreacuteal 27 aoucirct-2 septembre 1967) Montreacuteal Institut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales Paris Vrin 1969 p 161-173

29 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 152-155 C LAFLEUR laquo Introduction et plan deacutetailleacute du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p XIV-XVII

30 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 148-152 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo (ldquode formardquo) dans les introductions agrave la philosophie et les guides de lrsquoeacutetudiant de la Faculteacute des arts de Paris au XIIIe siegravecle une mise en contexte raquo dans ID eacuted Lrsquoenseigne-ment de la philosophie 1997 p 521-548 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Post-scriptum aux ldquode formardquo didascaliques raquo dans ibid p 549-559 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine pari-sienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo dans ibid p 605-618 C LAFLEUR laquo Transforma-tions et permanences dans le programme des eacutetudes agrave la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris au XIIIe siegravecle le teacutemoignage des ldquointroductions agrave la philosophierdquo et des ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo Laval theacuteo-logique et philosophique 54 2 (1998) p 387-410

31 Chartularium Universitatis Parisiensis eacuted H DENIFLE et Eacute CHAcircTELAIN Paris Delalain 1889-1894 (reacuteimpression anastatique Bruxelles Culture et Civilisation 1964) t I p 78 no 20


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naturelle drsquoAristote32 Mecircme srsquoil date drsquoapregraves cette peacuteriode le Compendium laquo Nos gravamen raquo porte encore les stigmates de ces interdictions par le peu de place qursquoil accorde agrave ces parties cleacutes du corpus aristoteacutelicien

Pour ecirctre bregraveve (sect 9-13) et drsquoapparence anodine la section du Compendium laquo Nos gravamen raquo consacreacutee agrave la meacutetaphysique renseigne bien lrsquointerpregravete attentif

33 sur le corpus textuel scolairement en usage (les diverses traductions latines dispo-nibles se compleacutetant mutuellement tout en eacutetant chapeauteacutees par la version latine du traiteacute neacuteoplatonicien arabe intituleacute Livre des causes et attribueacute agrave Aristote comme souvent chez les Latins ailleurs [sect 1252] dans le compendium examinatoire ici consideacutereacute) et sur la nature de la premiegravere meacutetaphysique universitaire une doctrine ougrave dans le prolongement de lrsquoalfarabo-avicennisme le sujet de cette science est drsquoabord (sect 9-10) identifieacute laquo aux choses entiegraverement seacutepareacutees du mouvement et de la matiegravere selon lrsquoecirctre et la deacutefinition raquo mdash en bref aux choses ou substances divines mdash et ensuite seulement agrave lrsquolaquo eacutetant dit communeacutement raquo (laquo ens communiter dictum raquo) mais mecircme lagrave agrave un laquo eacutetant dit communeacutement raquo deacutefini non pas comme laquo eacutetant en tant qursquoeacutetant raquo mais plutocirct theacuteologiquement agrave la maniegravere drsquoArnoul de Provence et de son neacuteoplatonisme teinteacute drsquoarabisme comme un laquo premier eacutetant dont toutes choses deacutecoulent dans lrsquoecirctre et par lequel elles y sont maintenues raquo (sect 12-13)

Comme toutes les parties du Compendium laquo Nos gravamen raquo relatives agrave une disci-pline la section sur la matheacutematique (sect 14-58) srsquoarticule selon les rubriques geacuteneacuterales 1 sujet de la discipline 2 division du texte au programme 3 questions objections ou dubitations Peu eacutetendu absolument parlant cet exposeacute sur la laquo matheacutematique raquo (ma-thematica) est tout de mecircme plus eacutetoffeacute que celui sur la meacutetaphysique ougrave ne figurait par exemple qursquoune seule objection alors qursquoici on compte vingt-sept questions ob-jections ou dubitations Apregraves des consideacuterations (sect 14-19) sur le sujet de la matheacute-matique dans son ensemble (laquo les choses de la nature en tant qursquoelles sont abstraites selon la deacutefinition et lrsquointellection [intellectus] du mouvement et de la matiegravere bien qursquoelles y soient conjointes selon lrsquoecirctre raquo sect 14) chacune des branches de cette science est preacutesenteacutee individuellement dans lrsquoordre suivant astronomie (sect 21-26) geacuteomeacutetrie (sect 27-37) arithmeacutetique (sect 38-49) musique (sect 50-58) Cette seacutequence assez peu commune lrsquoassignation de la quantiteacute discregravete immobile et de la quantiteacute discregravete mobile comme sujets respectifs de lrsquoarithmeacutetique (sect 38) et de la musique (sect 50) de mecircme que surtout la tregraves eacutetonnante affirmation que lrsquoastronomie est transmise agrave la fois dans Ptoleacutemeacutee et dans lrsquoAlmageste et que laquo ces livres ont eacuteteacute brucircleacutes raquo (sect 21) ont

32 L BIANCHI laquo Les interdictions relatives agrave lrsquoenseignement drsquoAristote au XIIIe siegravecle raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 109-137 SJ WILLIAMS laquo Repenser lrsquointention et lrsquoeffet des deacutecrets de 1231 du pape Greacutegoire IX sur lrsquoeacutetude des libri naturales drsquoAristote agrave lrsquoUniversiteacute de Paris raquo dans ibid p 139-163

33 Cf A DE LIBERA laquo Structure du corpus scolaire de la meacutetaphysique dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 61-88 et dans une perspective plus geacuteneacuterale O BOULNOIS laquo Le besoin de meacutetaphysique raquo dans La servante et la consolatrice La philosophie dans ses rapports avec la theacuteologie au Moyen Acircge eacutetudes reacuteunies par JL SOLEgraveRE et Z KALUZA Paris Vrin (coll laquo Textes et traditions raquo III) 2002 p 45-94


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pousseacute certains34 agrave croire qursquoil nrsquoy avait pas de veacuteritable enseignement de la matheacutematique agrave la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris vers 1230-1240 mais que le catalogue traditionnel des sciences avait joueacute le rocircle drsquoun laquo formulaire raquo dont le compilateur du Compendium laquo Nos gravamen raquo se serait efforceacute de remplir toutes les cases mecircme celles qursquoil ne connaissait pas vraiment et qui ne correspondaient agrave au-cun enseignement reacuteel dans cette institution Toutefois bien que la Faculteacute des arts parisienne nrsquoait jamais enseigneacute seacuterieusement lrsquoart du calcul ou la deacutemonstration geacuteomeacutetrique plusieurs documents didascaliques mdash comme les Accessus philosopho-rum [1] le Compendium circa quadrivium [4] la Divisio scientiarum drsquoArnoul de Provence [8] les Quaestiones mathematicae [14] le De communibus artium libe-ralium [13] les Quaedam communia circa septem artes liberales et les Communia laquo Visitatio raquo35 sans parler de la Divisio scientiae de Jean de Dacie [22] mdash montrent clairement qursquoau moins une œuvre eacutetait officiellement (laquo de forma raquo) mise au pro-gramme des examens de ladite Faculteacute des arts pour chacune des disciplines du qua-drivium agrave savoir lrsquoInstitution arithmeacutetique de Boegravece les deux premiers livres de lrsquoInstitution musicale eacutegalement de Boegravece les six premiers livres des Eacuteleacutements de geacuteomeacutetrie drsquoEuclide le huitiegraveme livre des Noces de Mercure et de Philologie de Martianus Capella consacreacute agrave lrsquoastronomie tout comme le traiteacute De la sphegravere de Jean de Sacrobosco36

Un simple coup drsquoœil sur la prochaine section (sect 59-72) du Compendium laquo Nos gravamen raquo suffit agrave montrer que bien qursquoapregraves 1231 les maicirctres egraves arts de Paris aient peut-ecirctre eacuteteacute libres de deacutecider par eux-mecircmes sur quoi porteraient leurs cours (laquo quid legere raquo) les deux deacutecennies ougrave lrsquointerdiction drsquoenseigner la philosophie naturelle drsquoAristote fut rigoureusement respecteacutee ont eu des seacutequelles durables et que mecircme vers 1240 date approximative du compendium examinatoire du ms Ripoll 109 lrsquoen-seignement de la philosophie naturelle au sens strict crsquoest-agrave-dire de la physique ne faisait que reprendre lentement dans cette institution et que par conseacutequent cette matiegravere nrsquooccupait encore qursquoune place tregraves marginale dans lrsquoexamen oral pour lrsquoob-tention de la licence egraves arts37 En effet malgreacute lrsquoampleur particuliegravere du corpus aristoteacutelicien dans le domaine38 lrsquoexposeacute du Compendium laquo Nos gravamen raquo portant

34 M HAAS laquo Les sciences matheacutematiques (astronomie geacuteomeacutetrie arithmeacutetique musique) comme parties de la philosophie raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 89-107

35 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 536 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetu-diantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 611 n 60 et p 612

36 P KIBRE The Quadrivium in the Thirteenth Century Universities (With Special Reference to Paris) dans Arts libeacuteraux et philosophie au Moyen Acircge Montreacuteal Institut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales Paris Vrin 1969 p 175-191 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 146-154 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacute-glementation ldquocurriculairerdquo raquo p 521-548 LAFLEUR et CARRIER laquo Post-scriptum aux ldquode formardquo didasca-liques raquo p 549-559 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 605-618 G BEAUJOUAN laquo Le quadrivium agrave la Faculteacute des arts raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 185-194 K VELLEKOOP laquo La place de la musique raquo dans ibid p 235-238

37 BIANCHI laquo Les interdictions raquo p 109-137 WILLIAMS laquo Repenser lrsquointention raquo p 139-163 38 Cf Grundriss der Geschichte der Philosophie Uumlberweg Die Philosophie der Antike t III (laquo Aumlltere

Akademie Aristoteles-Peripatos raquo herausgegeben von H FLASHAR) Basel et Stuttgart Schwabe 1983 sect 13 p 262-279


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sur la philosophie naturelle aristoteacutelicienne ne couvre que lrsquoeacutequivalent drsquoune colonne dans le manuscrit (14 petits paragraphes dans lrsquoeacutedition [28]) et surtout ne com-prend que deux objections (sect 61 63) ainsi qursquoune question (sect 65) tout en se bornant globalement agrave classer les divers ouvrages drsquoAristote concerneacutes selon la division du sujet de cette science laquo subiectum raquo traditionnellement identifieacute au corps mobile et appartenant agrave la cateacutegorie des laquo choses de la nature consideacutereacutees en tant qursquoentiegravere-ment jointes au mouvement et agrave la matiegravere autant selon lrsquoecirctre que selon la deacutefinition raquo (sect 59) Cette lenteur des maicirctres egraves arts de Paris agrave restaurer lrsquoenseignement de la philosophie naturelle drsquoAristote (incluant sa meacutetaphysique) srsquoexplique prioritairement par leur manque drsquoexpertise dans ce secteur difficile de lrsquoaristoteacutelisme un vaste champ scientifique pour lequel eux-mecircmes nrsquoavaient pu beacuteneacuteficier de cours lors de leurs propres eacutetudes egraves arts eacutetant donneacute les interdictions alors en vigueur Dans ces conditions on comprend que la majoriteacute des maicirctres egraves arts de Paris ait longtemps reculeacute devant lrsquoeffort que repreacutesentait cette restauration mdash qui eacutequivalait agrave toute fin pratique agrave une instauration pure et simple mdash de cours en bonne et due forme sur le corpus aristoteacutelicien de la philosophie naturelle Autre trace de cette heacutesitation ou reacuteticence avant 1250 on ne connaicirct pas de commentaires relatifs agrave la philosophie naturelle qui soient issus de la Faculteacute des arts de cette institution39 si lrsquoon excepte ceux produits lors de sa reacutegence egraves arts parisienne par Roger Bacon40 un maicirctre qui lui avait pu suivre des cours dans ce domaine lors de ses eacutetudes egraves arts agrave lrsquoUniversiteacute drsquoOxford

La philosophie morale est plus choyeacutee que la philosophie naturelle dans le Com-pendium laquo Nos gravamen raquo puisque la section (sect 73-124) qui lui est consacreacutee et qui se centre sur les trois premiers livres seuls alors connus mais officiellement (laquo de forma raquo) au programme de lrsquoEacutethique agrave Nicomaque drsquoAristote mdash ce qui constitue un minuscule corpus compareacute agrave celui de la philosophia naturalis mdash occupe plus de cinq colonnes dans le manuscrit et comprend trente-cinq questions ou objections41 Cette preacutesentation de la morale sait clairement distinguer entre philosophie et theacuteologie (sect 94 119) si bien qursquoil faut faire preuve de prudence lorsqursquoon croit ecirctre en

39 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 155 n 37 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosopho-rum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 616-617

40 ROGER BACON Questiones supra undecimum laquo Prime philosophie raquo Aristotelis eacuted R STEELE avec la collaboration de FM DELORME Oxford Clarendon (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc VII) 1926 ID Questiones supra libros quatuor laquo Physicorum raquo Aristotelis eacuted FM DELORME avec la collaboration de R STEELE Oxford Clarendon (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc VIII) 1928 ID Questiones supra libros laquo Prime philosophie raquo Aristotelis (Metaphysica I II V-X) eacuted R STEELE avec la collaboration de FM DELORME Oxford Clarendon (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc X) 1930 ID Questiones altere supra libros laquo Prime philosophie raquo Aristotelis (Metaphysica I-IV) Questiones supra laquo De plantis raquo eacuted R STEELE avec la collaboration de FM DE-LORME Oxford Clarendon (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc XI) 1932 ID Ques-tiones supra laquo Librum de causis raquo eacuted R STEELE avec la collaboration de FM DELORME Oxford Clarendon Londres Milford (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc XII) 1935 ID Questiones supra libros octo laquo Physicorum raquo Aristotelis eacuted FM DELORME avec la collaboration de R STEELE Oxford Clarendon Londres Milford (coll laquo Opera hactenus inedita Rogeri Baconi raquo Fasc XIII) 1935

41 LAFLEUR laquo Introduction et plan deacutetailleacute du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p XIV-XV


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preacutesence drsquoun archaiumlsme agrave cause du fait que le Compendium laquo Nos gravamen raquo rattache souvent (sect 84 92-95 101-103 105-106 123-124) lrsquoeacutethique et le divin42 Ce lien est en reacutealiteacute la conseacutequence de la Weltanschauung neacuteoplatonicienne dans une version fortement teinteacutee de peacuteripateacutetisme arabe agrave laquelle adheacuteraient les maicirctres egraves arts de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle lrsquoefficace philosophique on lrsquoa vu chez Arnoul est de contribuer agrave la restauration de la perfection de lrsquointellect humain qui une fois gueacuteri peut dans une meacutetaphysique intuitive contempler directement la cause premiegravere qursquoest Dieu et en ressentir un bonheur parfait Aux espeacuterances ultimes de lrsquohomme dans cet univers meacutetaphysiquement peupleacute de substances spirituelles seacutepareacutees du mouvement et de la matiegravere au sommet desquelles trocircne un Dieu creacuteateur philosophiquement appeleacute laquo Premier raquo (principe ou eacutetant) et moralement identifieacute au souverain bien mdash source de feacuteliciteacute mdash les consideacuterations eacutethiques du Compendium laquo Nos gravamen raquo apportent de notables preacutecisions doctrinales dont on ne peut ici qursquoeacutevoquer les principales La feacuteliciteacute dont il srsquoagit est un bien spirituel assimilable aux reacutealiteacutes entiegraverement seacutepareacutees du mouvement et de la matiegravere or ces reacutealiteacutes spirituelles quoique les plus manifestes en elles-mecircmes demeurent selon lrsquoeacutepisteacutemologie aristoteacutelicienne obscures agrave notre intellect et non connaissables de science certaine (sauf peut-ecirctre par lrsquoastronomie ajoute notre maicirctre dans une remarque symptomatique de son acceptation du systegraveme cosmique des sphegraveres intelligibles) toutefois si un tel bien spirituel est effectivement inconnaissable quant agrave sa cause (laquo in relatione ad suam causam raquo) par lrsquohomme en cette vie la feacuteliciteacute peut aussi ecirctre consideacutereacutee comme but agrave atteindre (laquo ratione finis raquo) et il est alors possible agrave lrsquohomme degraves cette vie de connaicirctre de science certaine la faccedilon drsquoagir en vue de lrsquoatteinte de cette fin (sect 84) Crsquoest dire que cette feacuteliciteacute est un souverain bien auquel lrsquohomme peut participer ce qui exclut lrsquoessence du Premier (Primum) qui est imparticipable parce que parfaitement simple (sect 93) Mecircme avec ces restrictions rattacheacutees agrave lrsquoactuelle condition de lrsquohomme et bien que le Premier soit exempt de toute malveillance (invidia) lrsquoineacutegaliteacute des ecirctres qui reccediloivent son influence fait que la feacuteliciteacute ne tombe en partage qursquoagrave lrsquohomme et agrave lrsquoange mdash laquo angelus raquo eacutetant ici synonyme drsquointelligence ceacuteleste (sect 102) mdash qui sont les deux seules substances capables drsquoestimer et drsquoaffectionner le Premier avec amour et connaissance (sect 94) au moyen drsquoune vertu intellectuelle destineacutee agrave contempler le divin (sect 101) En lrsquohomme drsquoailleurs seule lrsquoacircme connaicirct la feacuteliciteacute car la vraie feacuteliciteacute est apregraves la mort quand lrsquoacircme seacutepareacutee du corps vit en elle-mecircme en intelligeant et en affectionnant constamment le Premier (sect 94-95) On constate donc que pour lrsquoauteur anonyme du Compendium laquo Nos gravamen raquo de mecircme que pour Arnoul de Provence efficace philosophique meacutetaphysique ou theacuteologie des philosophes et finaliteacute eacutethique se trouvent sur le mecircme axe conceptuel Pour le dire autrement en deacutepit des appa-

42 F BERTELLONI laquo Loquendo philosophice-Loquendo theologice Implicaciones eacutetico-poliacuteticas en la Guiacutea del estudiante de Barcelona A propoacutesito de una reciente publicacioacuten de Cl Lafleur raquo Patristica et Me-diaevalia 14 (1993) p 21-40 F BERTELLONI laquo Politologische Ansichten bei den Artisten um 1230 1240 Zur Deutung des anonymen Pariser Studienplans Hs Ripoll 109 raquo Theologie und Philosophie 69 1 (1994) p 34-73 G WIELAND laquo Lrsquoeacutemergence de lrsquoeacutethique philosophique au XIIIe siegravecle avec une attention speacuteciale pour le Guide de lrsquoeacutetudiant parisien raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 167-180


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rences lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo tout comme Arnoul de Provence avec qui sa doctrine coiumlncide pour lrsquoessentiel en la preacutecisant par endroits parle ici en philosophe mdash tregraves inspireacute lui aussi par le neacuteoplatonisme arabe bien sucircr43 mdash et non pas en theacuteologien chreacutetien Agrave preuve lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo refuse au nom des philosophes de prendre en consideacuteration la thegravese desdits theacuteo-logiens selon laquelle le corps sera reacuteuni agrave lrsquoacircme apregraves la mort en basant son refus sur le fait qursquoune telle reacutesurrection des corps nrsquoest pas naturelle et tient plutocirct du miracle (sect 94) De mecircme ce maicirctre anonyme affirme sans ambages qursquolaquo en parlant philosophiquement raquo (loquendo philosophice) nous sommes totalement la cause du bien et la cause du mal que nous faisons mecircme si laquo en parlant theacuteologiquement raquo (loquendo theologice) nous ne suffisons pas agrave faire le bien mais qursquoil faut pour ce faire que Dieu insuffle sa gracircce en nous (sect 119) Ce qui peut sembler de prime abord de lrsquoarchaiumlsme et demeurera sans doute finalement pour drsquoaucuns un mauvais choix philosophique nrsquoest donc rien drsquoautre on le voit maintenant que lrsquoalleacutegeance des maicirctres egraves arts de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle au peacuteripateacutetisme greacuteco-arabe Volens nolens ces professeurs drsquoarts libeacuteraux devenus philosophes enthousiastes ont ainsi instaureacute une eacutetrange concurrence sur un plan eacutepisteacutemologique et eacutethique avec leurs collegravegues theacuteologiens supeacuterieurs agrave eux dans la hieacuterarchie de lrsquoinstitution universitaire44 Cette conception exalteacutee du bonheur philosophique est eacutegalement un trait caracteacuteristique des commentaires artiens de lrsquoeacutepoque sur lrsquoEthica nova et lrsquoEthica vetus45 Par ailleurs lrsquoexistence mecircme de ces commentaires agrave Paris avant 1250 et le bon nombre de questions concernant cette œuvre drsquoAristote dans le Compendium laquo Nos gravamen raquo teacutemoignent de ce que les cours sur lrsquoeacutethique jamais interdits ont ducirc dans les faits acqueacuterir le statut de cours ordinaires avant 125546

Dans lrsquoesprit du statut de 1215 ou du moins selon le regroupement de matiegraveres alors prescrites pour les cours des jours feacuterieacutes lrsquoexposeacute sur le Liber Ethicorum drsquoAristote est rattacheacute aux œuvres de deux autres philosophes Platon et Boegravece dont la preacutesentation combineacutee (sect 125-133) du Timeacutee et de la Consolation de Philosophie

43 Voir ci-dessus section II 11 44 LAFLEUR et CARRIER laquo Scientia et ars raquo p 59-65 D PICHEacute avec la collaboration de C LAFLEUR La

Condamnation parisienne de 1277 nouvelle eacutedition traduction franccedilaise et commentaire historico-philosophique Paris Vrin (coll laquo Sic et Non raquo) 1999 p 261-271 C LAFLEUR et D PICHEacute avec la col-laboration de J CARRIER laquo Le statut de la philosophie dans le deacutecret parisien de 1277 selon un commen-tateur anonyme du XVe siegravecle eacutetude historico-doctrinale eacutedition seacutelective et synopsis geacuteneacuteral des sources du Commentaire Quod Deus raquo dans JA AERTSEN K EMERY et A SPEER eacuted Nach der Verurteilung von 1277After the Condemnation of 1277 Berlin et New York de Gruyter (coll laquo Miscellanea Mediaeva-lia raquo XXVIII) 2001 p 931-1003

45 GAUTHIER laquo Arnoul de Provence et la doctrine de la fronesis vertu mystique suprecircme raquo p 151-154 RA GAUTHIER laquo Le cours sur lrsquoEthica nova drsquoun maicirctre egraves arts de Paris (1235-1240) raquo Archives drsquohis-toire doctrinale et litteacuteraire du Moyen Acircge 50 (1975) p 71-141 G WIELAND Ethica-Scientia practica Die Anfaumlnge der philosophischen Ethik im 13 Jahrhundert Muumlnster Aschendorff (coll laquo Beitraumlge zur Ge-schichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters raquo Neue Folge XXI) 1981 V BUFFON laquo Sobre el concepto de felicitas de la Ethica noua en el Comentario de Pariacutes Ms 3804a (1235-1240) raquo Patristica et Mediaevalia 23 (2002) p 102-107 ID laquo Happiness and Knowledge in some masters of arts before 1250 An analysis of some commentaries on the Book I of Nicomachean Ethics raquo Patristica et Mediaevalia 25 (2004) p 111-115

46 Chartularium Universitatis Parisiensis eacuted DENIFLE et CHAcircTELAIN t I p 277 no 246


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forme dans le Compendium laquo Nos gravamen raquo une sorte de petit prolongement aux consideacuterations eacutethiques avec pour le Timeacutee des emprunts notables aux Gloses sur Platon de Guillaume de Conches47 Malgreacute ses dimensions modestes agrave peine une co-lonne manuscrite ce prolongement nrsquoest cependant pas qursquoun simple ajout exteacuterieur mais un veacuteritable suppleacutement intimement apparenteacute par la theacutematique agrave ce qui preacute-cegravede tout en attestant par ses cinq questions sur le Timeacutee et ses deux autres sur la Consolation de Philosophie que ce tandem textuel occupait une certaine place offi-cielle48 mecircme si tregraves marginale dans les examens de licence egraves arts Un exemple du lien intime existant entre la section sur la morale et celle sur les laquo philosophes raquo est une question souleveacutee (sect 128) au sujet du Timeacutee (Platon dit que le Premier est exempt de toute malveillance alors tout devrait participer eacutegalement du souverain bien qui nrsquoest autre que le Premier lui-mecircme mais tel nrsquoest cependant pas le cas pourquoi ) Avant de reacutepondre briegravevement que laquo le deacutefaut reacuteside du cocircteacute des reacutecipients et non pas du cocircteacute du Premier raquo lrsquoauteur anonyme du Compendium laquo Nos gravamen raquo signale explicitement que laquo la solution de ce problegraveme a deacutejagrave eacuteteacute consideacutereacutee raquo Ce qui est ef-fectivement le cas (sect 93) mdash lors du questionnement sur le premier livre des Eacutethiques alors appeleacute Nouvelle eacutethique et ayant nommeacutement pour sujet la feacuteliciteacute mdash dans une version plus deacuteveloppeacutee que nous venons de reacutesumer agrave lrsquooccasion du survol doctrinal de la section sur la morale Si les questions sur la morale srsquointeacuteressent particuliegravere-ment agrave la possibiliteacute qursquoa lrsquohomme de connaicirctre la feacuteliciteacute ultime qursquoest le Premier celles (sect 126-130) sur le Timeacutee au Premier comme creacuteateur du monde et agrave la place de lrsquohomme dans lrsquounivers ainsi creacuteeacute les deux questions eacutenonceacutees (sect 132-133) au sujet de la Consolation de Philosophie de Boegravece concernent quant agrave elles le type de connaissance que le Premier possegravede non seulement du preacutesent mais aussi du passeacute et du futur Drsquoautres textes didascaliques anonymes mdash comme Primo quaeritur utrum philosophia [10] les Quaestiones mathematicae [14] les Communia laquo Visitatio raquo49 et surtout les Accessus philosophorum [1] mdash attestent eacutegalement agrave leur faccedilon de lrsquointeacuterecirct modeste mais bien reacuteel que les Artiens de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle accordaient encore agrave ces œuvres qui avaient eacuteteacute sur la sellette de lrsquoenseignement chartrain au siegravecle preacuteceacutedent50

47 Eacute JEAUNEAU laquo La place de la Consolation de Philosophie de Boegravece dans les ldquoManuels de lrsquoeacutetudiantrdquo en la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 181-201 PE DUTTON laquo Material Remains of the Study of the Timaeus in the later Middle Ages raquo dans ibid p 203-230

48 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 150-151 C LAFLEUR laquo Les textes ldquodidascaliquesrdquo (ldquointroductions agrave la philosophierdquo et ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo) de la Faculteacute des arts de Paris au XIIIe siegravecle notabilia et status quaestionis raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 368 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 535 laquo de forma raquo 11 et 12 Z KALUZA laquo Lrsquoorganisation politique de la citeacute dans un commentaire anonyme du Timeacutee de 1363 raquo dans A NESCHKE-HENTSCHKE eacuted Le laquo Timeacutee raquo de Platon Contribution agrave lrsquohistoire de sa reacuteceptionPlatos laquo Timaios raquo Beitraumlge zu seiner Rezeptionsgeschichte Louvain-la-Neuve Institut supeacuterieur de philoso-phie Paris Peeters (coll laquo Bibliothegraveque philosophique de Louvain raquo LIII) 2000 p 155-157

49 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoori-gine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 606

50 LAFLEUR laquo Transformations et permanences dans le programme des eacutetudes raquo p 387-410


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Apregraves le triptyque de la philosophie naturelle mdash dont le principe est la nature mdash et la philosophie morale mdash dont le principe est la volonteacute mdash lrsquoauteur-compilateur du Compendium laquo Nos gravamen raquo en arrive agrave la troisiegraveme mdash et derniegravere mdash partie de son programme la philosophie dite laquo rationnelle raquo (rationalis) qui eacutevidemment a pour principe la raison (ratio) mais qui parce que le langage (sermo) deacuterive entiegravere-ment de la raison est aussi appeleacutee laquo langagiegravere raquo (sermocinalis)51 Ce dernier pro-blegraveme de classification est deacutebattu avec ses harmoniques mettant en jeu les rapports entre grammaire logique et rheacutetorique (sect 134-144) avant drsquoen arriver agrave la courte preacute-sentation individuelle de la rheacutetorique (sect 153) qui ouvre cette seacutequence ternaire parce que laquo crsquoest drsquoelle qursquoil nous convient de parler le moins raquo (sect 145) comme le dit ou-vertement lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo mecircme srsquoil vient drsquoargumenter que la rheacutetorique se range (theacuteoriquement) apregraves la grammaire et la logique Selon cette preacutesentation la rheacutetorique porte sur le langage orneacute ou non orneacute qursquoutilise le rheacuteteur pour eacutemouvoir le juge et cette discipline est transmise par Ciceacuteron dans les Rheacutetoriques qui comprennent deux laquo livres partiels raquo (libri partiales)52 mdash il faut ainsi que nous le confirment drsquoautres textes didascaliques53 comprendre le traiteacute De lrsquoinvention de Ciceacuteron et le pseudeacutepigraphe ciceacuteronien intituleacute Rheacutetorique agrave Heacuteren-nius54 Seul ce second livre qui se divise lui-mecircme en quatre parties fait lrsquoobjet de cours (sect 145-146) Parmi les cinq questions sur cette discipline une (sect 149) fait allu-sion au quatriegraveme livre des Topiques de Boegravece mdash crsquoest-agrave-dire le dernier livre de ses Diffeacuterences topiques mdash un traiteacute inclus on lrsquoa dit par le statut de 1215 dans la liste des textes sur lesquels devaient se concentrer les leccedilons des jours feacuterieacutes55 Particu-liegraverement inteacuteressante malgreacute son allure technique la question preacuteceacutedente (sect 148) quant agrave elle laisse voir que lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo pour qui le rheacuteteur utilise lrsquoexemple et lrsquoenthymegraveme plutocirct que le syllogisme et lrsquoinduction renvoie au sujet de la doctrine de lrsquoexemple et de lrsquoenthymegraveme aux Premiers analyti-ques drsquoAristote tout en eacutevitant complegravetement malgreacute ce renvoi agrave une source logique la question de savoir si lrsquoexemple et lrsquoenthymegraveme ne pourraient pas alors ecirctre deux types de syllogismes56 Cette mecircme ignorance de la thegravese selon laquelle le raisonne-ment rheacutetorique pourrait ecirctre syllogistique se retrouve dans tous les textes didascali-

51 On pourrait peut-ecirctre de faccedilon alternative traduire respectivement sermo et sermocinalis par laquo discours raquo et laquo discursif raquo mais les termes laquo langage raquo et laquo langagier raquo mdash que nous avons retenus dans cette eacutetude mdash sont parfaitement compatibles sans lrsquoimposer trop lourdement avec lrsquoideacutee de rationaliteacute discursive

52 Sur la notion de libri partiales voir LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 546 avec la n 58

53 PO LEWRY laquo Rhetoric at Paris and Oxford in the Mid-Thirteenth Century raquo Rhetorica 1 1 (1983) p 50-51 n 19 p 54 n 35 p 59 n 50 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 149-151 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 540-541 JO WARD laquo Rhetoric in the Faculty of Arts at the Universities of Paris and Oxford in the Middle Ages raquo Archivum Latinitatis Medii Aevi (Bulletin Du Cange) 54 (1996) p 186-194 ID laquo Rhetoric in the Faculty of Arts (Paris and Oxford) A summary of the evidence raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 156-158

54 Grundriss der Geschichte der Philosophie Uumlberweg Die Philosophie der Antike t IV 2 (laquo Die helle-nistische Philosophie raquo herausgegeben von H FLASHAR) Basel Schwabe 1994 sect 56 p 1030 1058

55 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 523 n 3 56 DL BLACK laquo Traditions and Transformations in the Medieval Approach to Rhetoric and Related Linguis-

tic Arts raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 238-240


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ques connus de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle dont les Accessus philosophorum qui contiennent pourtant lrsquoexposeacute artien le plus eacutetoffeacute sur la rheacutetorique57 Philoso-phica disciplina qui tient agrave ajouter au traditionnel trivium une quatriegraveme branche la poeacutetique [26 p 261 l 77-84 et p 274 l 316-331 38 sect 4 et 36] agrave laquelle il consacre [26 p 277-279 l 378-402 38 sect 42-43] une preacutesentation individuelle58 la Division des sciences arnulfienne59 le seul texte didascalique agrave mentionner en ren-voyant agrave Alfarabi (tout en srsquoappuyant en fait sur son adaptation par Gundissalinus) une division de la logique en huit parties (les six traiteacutes de lrsquoOrganon60 tel que nous lrsquoentendons aujourdrsquohui plus la poeacutetique et la rheacutetorique61) division qursquoArnoul de Provence ne retient cependant pas parce que selon lui [26 p 342 l 636-640 38 sect 73] laquo ces deux derniegraveres parties raquo que sont la poeacutetique et la rheacutetorique laquo ni Aris-tote ni lrsquousage commun ne les rangent sous la logique raquo Pourtant lrsquoideacutee drsquoun Organon eacutelargi62 deacutejagrave accepteacutee par la plupart des commentateurs grecs tardo-antiques drsquoAristote avait eacuteteacute fermement deacutefendue conceptuellement par les philo-sophes arabes et systeacutematiquement utiliseacutee par eux pour deacutemontrer que crsquoeacutetait la theacuteologie qui eacutetait la servante de la philosophie et non lrsquoinverse (le syllogisme apo-dictique seul veacuteritablement deacutemonstratif et scientifique constituant lrsquoapanage du philosophe le syllogisme dialectique simplement probable repreacutesentant le maxi-mum de rationaliteacute atteignable par le theacuteologien les syllogismes rheacutetorique et poeacutetique eacutetant quant agrave eux approprieacutes pour entraicircner lrsquoadheacutesion du vulgaire) mecircme mis agrave part ses eacuteventuels meacuterites eacutepisteacutemologiques intrinsegraveques on conccediloit facilement que les Artiens pourtant si investis dans lrsquoeacuteloge de la philosophie ont croiseacute lagrave sans le savoir un thegraveme particuliegraverement virulent de critique sociale visant directement agrave saper lrsquoheacutegeacutemonie de la religion sur la philosophie mdash critique de toute faccedilon alors politiquement impossible dans lrsquoOccident chreacutetien63

Portant sur la grammaire la prochaine section qui occupe pregraves du quart du Com-pendium laquo Nos gravamen raquo est grosso modo comparable malgreacute son caractegravere condenseacute et son manque drsquohomogeacuteneacuteiteacute agrave la production grammaticale universitaire parisienne des anneacutees 1230-1240 comme celle parfois inauthentique associeacutee aux maicirctres egraves arts Robert Kilwardby Roger Bacon et Nicolas de Paris64 Conformeacutement agrave la doctrine traditionnelle de Priscien lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo

57 LEWRY laquo Rhetoric at Paris and Oxford raquo p 54 n 34 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 540

58 G DAHAN laquo Notes et textes sur la poeacutetique au Moyen Acircge raquo Archives drsquohistoire doctrinale et litteacuteraire du Moyen Acircge 47 (1980) p 171-239 LAFLEUR et CARRIER laquo Scientia et ars raquo p 48-49 51-53 BLACK laquo Traditions and Transformations in the Medieval Approach to Rhetoric raquo p 236-237

59 BLACK laquo Traditions and Transformations in the Medieval Approach to Rhetoric raquo p 237-238 60 Cf Grundriss der Geschichte der Philosophie Uumlberweg Die Philosophie der Antike t III (laquo Aumlltere

Akademie Aristoteles-Peripatos raquo) sect 13 p 236-242 61 Ibid sect 13 p 252-256 62 C MARMO laquo Suspicio A Key Word to the Significance of Aristotlersquos Rhetoric in Thirteenth Century

Scholasticism raquo Cahiers de lrsquoInstitut du Moyen Acircge Grec et Latin 60 (1990) p 145-198 63 BLACK laquo Traditions and Transformations in the Medieval Approach to Rhetoric raquo p 235-236 253-254 64 I ROSIER laquo La grammaire dans le Guide de lrsquoeacutetudiant raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement

de la philosophie 1997 p 255-258 275-277


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preacutefegravere identifier (sect 154 170) le sujet de la grammaire avec la laquo voix lettreacutee articu-leacutee raquo (vox litterata articulata) mecircme srsquoil semble connaicirctre (sect 161) la nouvelle doc-trine de Kilwardby selon laquelle on peut distinguer deux sujets de la grammaire la phrase (oratio) sujet drsquoattribution (subiectum attributionis) et la laquo voix lettreacutee arti-culeacutee raquo sujet de preacutedication (subiectum praedicationis) Sans mecircme faire allusion agrave la tripartition de Donat (grammatica praeceptiva gr prohibitiva gr permissiva) le Compendium laquo Nos gravamen raquo divise ensuite la grammaire mdash drsquoune faccedilon idiosyn-crasique quant agrave la forme mais refleacutetant quant au fond la pratique alors commune mdash en associant les trois premiers membres (orthographe eacutetymologie laquo diasyntheacutetique raquo [diasynthetica]) de la division quadripartite de Priscien agrave lrsquolaquo ecirctre de la grammaire raquo (esse grammatice) et le quatriegraveme membre (prosodie) au laquo bien-ecirctre de la gram-maire raquo (bene esse grammatice) Agrave quoi sont assortis les manuels de la faccedilon sui-vante le premier livre du Maius volumen (= Priscien Institutiones grammaticae 1) agrave lrsquoorthographe le reste du Maius volumen (= Institutiones grammaticae 2-16) agrave lrsquoeacutety-mologie le Minus volumen (= Institutiones grammaticae 17-18) agrave la diasyntheacutetique et le Pseudo-Priscien De accentu agrave la prosodie Le Barbarisme mdash troisiegraveme livre de lrsquoArt majeur de Donat mdash est finalement ajouteacute au laquo bien-ecirctre de la grammaire raquo La doctrine grammaticale du Compendium laquo Nos gravamen raquo est clairement preacute-modiste car on nrsquoy trouve pas articuleacute en un systegraveme explicite comme dans les grammaires speacuteculatives des anneacutees 1270 le trio notionnel laquo mode de signifier raquo laquo mode drsquointelliger raquo et laquo mode drsquoecirctre raquo (modus significandi m intelligendi m essen-di) mdash cette derniegravere expression ne se rencontrant qursquoune seule fois dans notre document et drsquoailleurs pas dans la section sur la grammaire mais dans celle sur la lo-gique65 En fait dans sa preacutesentation de la grammaire le Compendium laquo Nos grava-men raquo emploie les deux premiegraveres expressions mais avec un sens assez vague et par-fois contradictoire66 Dans la mecircme veine le Compendium laquo Nos gravamen raquo est aussi inconstant en ayant recours au laquo mode de signifier raquo pour caracteacuteriser la fonc-tion de certaines parties de la phrase (partes orationis) mais pas de toutes alors que au siegravecle preacuteceacutedent Pierre Heacutelie employait deacutejagrave agrave cette fin le laquo modus significandi raquo pour lrsquoensemble des parties de la phrase67 Mecircme si toujours en rapport avec les par-ties de la phrase le Compendium laquo Nos gravamen raquo montre qursquoil connaicirct leur redeacutefi-nition reacutecente mettant agrave profit la Physique drsquoAristote et que notre document srsquoappuie ailleurs sur un chapitre du traiteacute De lrsquoacircme du Stagirite pour expliquer la possibiliteacute de la science grammaticale68 il nrsquoen demeure pas moins que la plus grande part de cette section dudit guide drsquoexamen ne fait qursquoexposer des doctrines grammaticales pure-ment techniques relevant surtout du Priscien majeur si bien que lrsquoon srsquoest eacutetonneacute que Martin Grabmann le laquo deacutecouvreur raquo du Compendium laquo Nos gravamen raquo ait pu caracteacuteriser cette preacutesentation de la grammaire comme orienteacutee vers laquo la philosophie du langage69 raquo mecircme si cela srsquoexplique sans doute par le fait que les consideacuterations

65 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 156 n 38 66 ROSIER laquo La grammaire dans le Guide de lrsquoeacutetudiant raquo p 269-270 67 Ibid p 270-272 68 Ibid p 265-266 271-273 69 Ibid p 275-276


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introductives sur la philosophie rationnelle dans son ensemble et la grammaire en particulier ainsi que drsquoautres segments du guide sur la grammaire et la logique ont assureacutement une telle orientation et que lrsquoeacuterudit allemand a voulu par sa formule mdash litteacuteralement laquo Sprachlogik70 raquo mdash mettre en relief cette caracteacuteristique qualitative plu-tocirct que quantitative

De loin la section la plus deacuteveloppeacutee (sect 503-1275) du Compendium laquo Nos gra-vamen raquo avec presque soixante colonnes sur quatre-vingt-dix-neuf dans le ms Ri-poll 109 la preacutesentation de la logique est mutatis mutandis principalement occupeacutee comme celle de la grammaire par la techniciteacute de la discipline exposeacutee au fil de lrsquoexeacutegegravese des traiteacutes ici majoritairement aristoteacuteliciens au programme Toutefois cette preacutesentation de la logique qui toujours agrave lrsquoinstar de celle sur la grammaire est diviseacutee selon lrsquolaquo ecirctre raquo (esse) et le laquo bien-ecirctre raquo (bene esse) de la discipline renferme tout de mecircme dans chacune de ses parties des consideacuterations proprement philosophi-ques relevant prioritairement de la meacutetaphysique qui contribuent agrave accroicirctre lrsquouniteacute non seulement de ce survol disciplinaire mais mdash on va le voir mdash du document dans son ensemble Pour lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo la logique qui considegravere le langage quant au vrai et au faux a pour sujet le syllogisme Cinq divi-sions de la discipline laissent deacutejagrave voir que pour ce maicirctre anonyme les traiteacutes rela-tifs agrave lrsquolaquo esse logices raquo sont ceux de lrsquoOrganon traditionnel (Cateacutegories Peri herme-neias Premiers analytiques Seconds analytiques Topiques et Reacutefutations sophisti-ques) alors que le laquo bene esse logices raquo est transmis dans le Livre de Porphyre (Liber Porphyrii crsquoest-agrave-dire lrsquoIsagoge porphyrienne) le traiteacute boeacutecien Des syllogismes cateacutegoriques et hypotheacutetiques (De categoricis et hypotheticis syllogismis en fait deux ouvrages de Boegravece ici reacuteunis en un seul) lrsquoanonyme Livre des six principes (Liber sex principiorum) le Livre des topiques de Boegravece (Liber topicorum Boethii plus preacuteciseacutement on lrsquoa dit le De differentiis topicis) et toujours de Boegravece le Livre des divisions (Liber divisionum) Agrave cela pregraves que le tandem Des syllogismes cateacutego-riques et hypotheacutetiques nrsquoa peut-ecirctre jamais fait lrsquoobjet drsquoune preacutesentation dans notre document parce que mdash comme le preacutecise le maicirctre lui-mecircme mdash ce laquo livre nrsquoest plus en usage raquo (sect 513) et que par ailleurs mecircme le principal manuscrit du Compendium laquo Nos gravamen raquo se termine abruptement au milieu drsquoune phrase du Livre des six principes mdash ce qui signifie que les survols qui devaient suivre sur agrave tout le moins les boeacuteciens Livre des topiques et Livre des divisions sont maintenant perdus mdash ce classement des manuels selon lrsquolaquo ecirctre raquo et le laquo bien-ecirctre raquo de la discipline correspond preacuteciseacutement au plan du reste du Compendium laquo Nos gravamen raquo

Par-delagrave le remplissage circonstancieacute de la structure typique mdash sujet (exprimeacute dans ce cas-ci selon lrsquoassez intraduisible formule laquo dicibile incomplexum ordinabile in genere intrinsecus adveniens raquo) division (deacutejagrave classique) du texte (en anteacutepreacutedi-caments preacutedicaments et postpreacutedicaments) et questions ou objections (sept sur le sujet et quarante sur le traiteacute lui-mecircme) mdash on a pu deacuteceler dans lrsquoexposeacute consacreacute au premier traiteacute de lrsquoOrganon une reacuteflexion sur la probleacutematique de lrsquoecirctre dans le

70 GRABMANN laquo Eine fuumlr Examinazwecke abgefasste Quaestionensammlung der Pariser Artistenfacultaumlt raquo p 227198


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contexte des Cateacutegories (ici appeleacutees Preacutedicaments) plus preacuteciseacutement une lecture strictement ontologique de ce texte qui nous aide agrave mieux comprendre la preacutehistoire de lrsquoanalogie de lrsquoecirctre chez les penseurs du XIIIe siegravecle71

Le Compendium laquo Nos gravamen raquo srsquoentend avec le De communibus artium libe-ralium [13] mdash un autre abreacutegeacute examinatoire mais datant drsquoenviron 1250 et affichant des questions agrave structure argumentative nettement plus complexe72 mdash pour poser lrsquolaquo eacutenonciation raquo (enuntiatio) sujet du Peri hermeneias et diviser cet eacutecrit drsquoAristote en deux laquo livres partiels raquo (libri partiales) dont le premier correspond dans lrsquoeacutedition Bekker aux chapitres 1-9 et le second aux chapitres 10-1473 Toutefois le De communibus artium liberalium en conformiteacute avec son inteacuterecirct marqueacute pour les aspects plus dialectiques de la logique met ensuite lrsquoemphase sur les subdivisions du second livre partiel tandis que le Compendium laquo Nos gravamen raquo fait plutocirct lrsquoeacutequi-valent avec le premier livre partiel dont le thegraveme principal surtout en son deacutebut est la notion de signification Dans cette perspective on srsquoattendrait agrave ce que plusieurs des questions ensuite poseacutees par le Compendium laquo Nos gravamen raquo portent sur les aspects seacutemantiques de la logique De faccedilon surprenante et deacutecevante tel nrsquoest cepen-dant pas le cas et mecircme les lignes (16a3-8) si ceacutelegravebres du deacutebut du Peri hermeneias traitant du rapport des termes eacutecrits et oraux des laquo passions de lrsquoacircme raquo (passiones animae) et de leur relation aux choses sont entiegraverement passeacutees sous silence si bien que lrsquointerpregravete qui veut malgreacute tout donner un certain aperccedilu des vues du Compen-dium laquo Nos gravamen raquo sur la signification doit proceacuteder indirectement par lrsquointermeacute-diaire de questions connexes Toutefois cela ne signifie pas que dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle les theacuteories seacutemantiques eacutetaient absentes de lrsquoenseignement et des examens agrave la Faculteacute des arts de Paris puisque les commentaires issus de cette faculteacute pendant les anneacutees 1230-1250 montrent une preacuteoccupation reacuteelle parfois tregraves marqueacutee pour cette theacutematique Selon toute vraisemblance cette carence du Com-pendium laquo Nos gravamen raquo est avant tout attribuable agrave lrsquoabreacuteviation draconienne dont souffre ce document mecircme dans le principal manuscrit que nous en posseacutedons agrave peine plus de trente questions conserveacutees sur les quatre-vingt-deux annonceacutees Cette perte irreacutemeacutediable dans lrsquoeacutetat actuel de la tradition manuscrite connue nous rensei-gne neacuteanmoins sur lrsquoenseignement tel qursquoil se pratiquait vers la fin du XIIIe siegravecle au moment ougrave la copie la plus complegravete que nous posseacutedons de ce guide examinatoire a eacuteteacute exeacutecuteacutee en manifestant de faccedilon eacutevidente qursquoagrave cette eacutepoque on srsquoattendait agrave ce que les questions relatives agrave la signification des termes soient eacutetudieacutees dans de petites

71 EJ ASHWORTH laquo Lrsquoanalogie de lrsquoecirctre et les homonymes Cateacutegories 1 dans le Guide de lrsquoeacutetudiant raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 281-295

72 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Un instrument de reacutevision destineacute aux candidats agrave la licence de la Faculteacute des arts de Paris le De communibus artium liberalium (vers 1250 ) raquo Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale 5 3 (1994) p 133-138 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetu-diantrdquo raquo p 161-165

73 Aristotelis Opera ex recensione Immanuelis Bekkeri edidit Academia Regia Borussica Berlin Reimer 1831 (editio altera quam curauit O GIGON Berlin de Gruyter 1960 eacutedition utiliseacutee ici et ailleurs dans cet article pour lrsquooriginal grec) respectivement pour les chapitres 1-9 et 10-14 16a1-19b4 et 19b5-24b9


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sommes comme le Tractatus de Pierre drsquoEspagne plutocirct que lors de lrsquoexeacutegegravese des œuvres drsquoAristote74

Sans employer lui-mecircme ces expressions meacutedieacutevales le Compendium laquo Nos gra-vamen raquo une fois preacutesenteacutes ces deux piliers de la laquo Vieille logique raquo (laquo Logica Dialectica vetus raquo alias laquo Vieil art raquo [laquo Ars vetus raquo]) que sont les Preacutedicaments (sect 515-591) et le Peri hermeneias (sect 592-649) en vient agrave lrsquoexposeacute sur la laquo Nouvelle logique raquo (laquo Logica nova raquo alias laquo Nouvel art raquo [laquo Ars nova raquo]) qui constitue le der-nier bloc de traiteacutes (sect 650-1159) que notre document associe agrave lrsquolaquo ecirctre de la logi-que raquo Une des cinq divisions de la logique formuleacutees preacuteceacutedemment (sect 514) dans le Compendium laquo Nos gravamen raquo avait classeacute sous lrsquoeacutegide de Boegravece (en fait lui-mecircme deacutebiteur de Ciceacuteron) ces eacutecrits drsquoAristote en deux groupes lrsquolaquo art du jugement raquo (ars iudicandi) comprenant les Premiers analytiques et les Seconds analytiques lrsquolaquo art de la deacutecouverte raquo (ars inveniendi) reacuteunissant les Topiques et les Reacutefutations sophistiques Les sujets (respectivement les syllogismes exemplaire deacutemonstratif dialectique et sophistique) et les divisions (les mecircmes livres auxquels nous sommes habitueacutes sauf pour les Reacutefutations sophistiques reacuteparties en un proecircme [chap 1 de Bekker] deux livres partiels [chap 1-15 chap 16-33] et un eacutepilogue [chap 34]) de ces quatre traiteacutes sont fournis agrave tour de rocircle en suscitant eux-mecircmes des questions avant que la preacutesentation individuelle de chacun de ces textes ne se termine par une section reacuteserveacutee aux questions plus proprement doctrinales Cette vaste partie du Compendium laquo Nos gravamen raquo mecircme si elle preacutesente de nombreuses similariteacutes avec les commentaires laquo parisiens raquo correspondants datant approximativement de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle est assez souvent rendue difficilement intelligible agrave cause drsquoerreurs du copiste ou mecircme de lrsquoauteur-compilateur75 mdash pheacutenomegravene qui malheureusement est aussi preacutesent ailleurs on lrsquoa vu ci-dessus pour les quatre matheacutematiques et surtout pour le sect 21 traitant drsquoastronomie on peut eacutegalement le constater pour le sect 74 ayant trait agrave lrsquoeacuteconomique76 et la liste pourrait srsquoallonger Un simple coup drsquoœil permet de constater que dans lrsquoensemble du Compendium laquo Nos gravamen raquo tel que le manuscrit Ripoll 109 nous lrsquoa conserveacute ce sont trois des quatre traiteacutes de la Nouvelle logique qui mdash et de loin mdash retiennent le plus lrsquoattention agrave savoir les Seconds analytiques (presque dix colonnes contre seulement un peu plus de six pour les Premiers analytiques) les Topiques (plus de treize colonnes) les Reacutefutations sophistiques (un peu plus de dix colonnes) Lrsquoaccent est donc mis quantitativement sur lrsquolaquo art de la deacutecouverte raquo mais sans que lrsquolaquo art du jugement raquo ne soit laisseacute pour compte drsquoaucune faccedilon Au contraire Les multiples questions de cette partie du Compendium laquo Nos gravamen raquo identifient nettement le savant ideacuteal au

74 HAG BRAAKHUIS laquo The Chapter on the Liber Peryarmenias of the Ripoll Studentrsquos Guide A Compari-son with Contemporary Commentaries raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philoso-phie 1997 p 297-323

75 S EBBESEN laquo The Ars Nova in the Ripoll Compendium raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 325-352 LM DE RIJK laquo Le Guide de lrsquoeacutetudiant et les exigences particuliegraveres de la preuve deacutemonstrative selon Aristote raquo dans ibid p 353-366

76 STEENBERGHEN La philosophie au XIIIe siegravecle p 125115 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 151


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laquo deacutemonstrateur raquo (demonstrator) avec son syllogisme deacutemonstratif partant drsquoune matiegravere neacutecessaire et aboutissant agrave une certitude apodictique Les deux autres figures de lrsquointellectuel sont bien sucircr le dialecticien avec son syllogisme dialectique et dans le registre de la contrefaccedilon le sophiste avec son syllogisme sophistique Or tout en insistant sur la distinction fonciegravere entre lrsquointention du dialecticien et celle du sophiste (malgreacute certaines similitudes de la pratique argumentative preacutesenteacutee dans le dernier livre des Topiques avec celle deacutecrite dans les Reacutefutations sophistiques) lrsquoau-teur du Compendium laquo Nos gravamen raquo srsquoefforce notablement plus qursquoAristote drsquoassimiler le dialecticien au deacutemonstrateur drsquoabord en mettant en avant la dia-lectique theacuteorique laquo visant lrsquoacquisition de connaissances philosophiques raquo (ad secundum philosophiam disciplinas expression compacte calqueacutee du grec πρUgraveς τIumlς κατIuml φιλοσοφUcircαν ἐπιστήμας [cf ARISTOTE Topiques I 2 101a27-28]) ensuite en soulignant qursquoen accomplissant cette fonction theacuteorique le dialecticien nrsquoa pas radicalement besoin drsquoengager une dispute avec autrui et srsquoassimile alors au deacute-monstrateur qui lui nrsquointerroge jamais si ce nrsquoest qursquoaccidentellement (alors que dans la pratique le dialecticien et le sophiste srsquoeacuteloignent de ce dernier modegravele en proceacutedant par interrogations dans le cadre drsquoune dispute) Cette deacutefinition meacuteliorative du dialecticien est particuliegraverement inteacuteressante car elle semble correspondre pour le maicirctre egraves arts au but intellectuellement atteignable que lui propose le Compendium laquo Nos gravamen77 raquo

Par leurs aspects les plus remarquables en marge drsquoune techniciteacute comme ailleurs assez reacutepandue les deux derniers exposeacutes nous ramegravenent par contraste aux consideacute-rations plus releveacutees de la meacutetaphysique cosmologiseacutee du peacuteripateacutetisme greacuteco-arabe marqueacutees au moins drsquoun emprunt assez direct drsquoune notion cleacute au Timeacutee de Platon lrsquolaquo acircme du monde raquo (anima mundi) Apregraves cette preacutesentation de lrsquolaquo ecirctre de la logi-que raquo en effet il ne nous reste mecircme dans son manuscrit le plus complet actuelle-ment connu que les exposeacutes mdash le premier toutefois abreacutegeacute et le second incomplet mdash sur deux des cinq livres (sect 1160) associeacutes preacuteceacutedemment (sect 513) par le Compendium laquo Nos gravamen raquo au laquo bien-ecirctre de la logique raquo agrave savoir le Livre de Porphyre et le Livre des six principes

Il nrsquoest pas surprenant qursquoun des moments capitaux de la preacutesentation (sect 1160-1229) du Livre de Porphyre dont le sujet est simplement deacutesigneacute comme eacutetant lrsquouniversel par le Compendium laquo Nos gravamen raquo reacuteside dans les reacuteponses fournies par lrsquoauteur de notre guide drsquoexamen aux ceacutelegravebres questions sur ce thegraveme laisseacutees en suspens par le philosophe grec interrogations que le maicirctre anonyme reformule ainsi laquo La premiegravere question est est-ce que les universaux sont ldquopar soi ou en autre choserdquo (per se vel in alio) agrave savoir dans lrsquoacircme La seconde si les universaux sont par soi sont-ils corporels ou incorporels La troisiegraveme est-ce que les universaux sont seacutepareacutes des singuliers ou neacutecessairement en eux raquo (sect 1187) Mecircme si elle sort nettement du strict cadre du traiteacute introductif porphyrien et peut paraicirctre au premier

77 LAFLEUR laquo Logique et theacuteorie de lrsquoargumentation raquo p 343-348 ID laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 153


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coup drsquoœil laquo mecircler allegravegrement les registres et les concepts78 raquo la doctrine des universaux proposeacutee (sect 1187-1188) par le Compendium laquo Nos gravamen raquo lorsqursquoon la scrute attentivement nrsquoapparaicirct pas si laquo confuse raquo mais malgreacute quelques notables difficulteacutes philologiques dans lrsquoeacutetablissement du texte est plutocirct assez claire dans ses grandes lignes du moins et surtout tregraves inteacuteressante par ses illustrations meacuteta-phoriques lorsque de la reprise scolaire de lrsquoAristote latin (laquo in septimo Meta-physicae raquo laquo in secundo [hellip] in tertio De anima raquo et laquo in Praedicamentis raquo) on passe censeacutement au Livre des six principes puis sans nommer le philosophe neacuteoplatonicien juif Aviceacutebron agrave la Fontaine de vie (Fons vitae) tout universel deacutecoule drsquoune forme qui nrsquoest pas lrsquoun ou lrsquoautre des composants (hyleacutemorphiques) mais une forme qui advient au composeacute et qui est la laquo quidditeacute ou lrsquoessence de la chose raquo (laquo quiditas et essentia rei raquo) tout en eacutetant preacutedicable de ce en quoi elle est cette forme qui laquo se donne (ou donne lrsquoecirctre) et donne son nom agrave ce en quoi elle est raquo (laquo dat seesse et suum nomen illi cui inest raquo) est laquo un certain ecirctre divin raquo (laquo quoddam divinum esse raquo) une force ou laquo vertu raquo (virtus) geacuteneacuterative qui est en chaque chose et en deacutetermine lrsquoespegravece plus preacuteciseacutement on lrsquoappelle laquo divine raquo parce qursquoelle est par-tout mdash sans distinction de lieu ou de temps mdash comme la Cause premiegravere dont elle est laquo pour ainsi dire une illumination raquo (laquo quasi illuminatio raquo) justement en tant que laquo ldquoverturdquo rayonnant de la Cause premiegravere raquo (laquo virtus relucens a Prima causa raquo) ce laquo quod quid est raquo qursquoest lrsquouniversel est lrsquoobjet propre (proprium obiectum) de lrsquointel-lect mais ajoute lrsquoauteur du guide laquo un objet confus de lrsquointellect agent raquo (laquo obiec-tum confusum intellectus agentis raquo) parce que de laquo ldquocompreacutehensionrdquo infinie raquo (laquo in-finitae comprehensionis raquo) comme le Premier dont il rayonne par ailleurs (la meacutetaphore de lrsquoillumination srsquoapprecircte maintenant agrave illustrer cette fois un laquo double eacutetat raquo ontologique de lrsquouniversel) tout comme la lumiegravere laquo demeure par soi raquo (laquo stat per se raquo) bien qursquoelle tire son ecirctre drsquoune source lumineuse ainsi lrsquouniversel demeure par soi en tant qursquoessence tout en tirant en tant qursquouniversel son ecirctre en acte des sin-guliers car il est pour ainsi dire la reacutesultante des principes (forme et matiegravere) du su-jet il srsquoensuit donc que cette forme ou laquo vertu raquo divine rayonnant de la Cause pre-miegravere laquo nrsquoest pas un universel en acte srsquoil nrsquoexiste pas un singulier raquo (laquo non est actu universale nisi existat singulare raquo) mais elle laquo est toutefois indeacutependamment du sin-gulier raquo (laquo est tamen praeter singulare raquo) en tant qursquoelle nrsquoen tire pas son ecirctre (esse) enfin cette lumiegravere divine qursquoest lrsquouniversel est en soi apte agrave ecirctre multiplieacutee en plu-sieurs et si cette multiplication nrsquoa pas lieu laquo le ldquodeacutefautrdquo ne peut ecirctre que dans le ldquoreacute-cipientrdquo raquo (laquo non est defectus nisi in recipiente raquo) comme en ce qui concerne le so-leil et la lune le laquo deacutefaut raquo ou manque reacuteside dans le fait que toute la matiegravere approprieacutee a eacuteteacute utiliseacutee pour reacutealiser un seul exemplaire de chacune de ces reacutealiteacutes qui agrave cause de ce manque mateacuteriel ne peuvent que demeurer singuliegraveres Lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo peut donc sans surprise reacutepondre agrave la premiegravere ques-tion de Porphyre en mecircme temps qursquoagrave sa troisiegraveme les universaux nrsquoont pas leur ecirctre seulement dans lrsquoacircme ou seulement dans les singuliers mecircme si crsquoest toujours dans

78 A DE LIBERA La querelle des universaux de Platon agrave la fin du Moyen Acircge Paris Seuil (coll laquo Des tra-vaux raquo) 1996 p 231


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les singuliers qursquoils sont en acte en tant qursquouniversaux La reacuteponse que lrsquoauteur du Compendium laquo Nos gravamen raquo donne agrave la deuxiegraveme question de Porphyre peut paraicirctre plus surprenante lrsquouniversel nrsquoest ni une substance corporelle ni une subs-tance incorporelle lrsquouniversel est plutocirct une substance au sens drsquoessence ou de deacutefi-nition Sans que lrsquoexpression soit formuleacutee on se croirait ici en preacutesence drsquoune sorte de doctrine de lrsquolaquo ecirctre de lrsquoessence raquo (esse essentiae) Or cette autre facette de la doc-trine de lrsquouniversel du Compendium laquo Nos gravamen raquo nrsquoest pas neacutecessairement contradictoire avec les deacuteveloppements de coloration neacuteoplatonicienne qui preacutecegravedent car Avicenne lui-mecircme a formuleacute sa doctrine originale de lrsquolaquo indiffeacuterence de lrsquoes-sence raquo dans le mecircme traiteacute de Philosophie premiegravere (V) ougrave quelques livres (VIII-X) plus loin il deacutecrira sa propre version de la meacutetaphysique cosmique et eacutemanatiste ca-racteacuteristique du peacuteripateacutetisme greacuteco-arabe

Signe drsquoune vision philosophique unifieacutee ce mecircme univers discursif reacuteapparaicirct dans la preacutesentation (sect 1230-1275) que le Compendium laquo Nos gravamen raquo fait de lrsquoeacutenigmatique Livre des six principes dont le sujet est identifieacute (sect 1232) au laquo dicible incomplexe en tant qursquoil rassemble dans son essence par la nature du principe la cau-saliteacute et lrsquouniversaliteacute de celui-ci raquo (laquo dicibile incomplexum inquantum contrahit a natura principii in essentia sua huius causalitatem et universalitatem raquo) Cette reacuteappa-rition (sect 1252) de la meacutetaphysique eacutemanatiste se produit agrave lrsquooccasion drsquoune question sur lrsquoacircme du monde une des figures importantes deacutecrites originellement dans le reacutecit cosmogonique du Timeacutee de Platon Le tableau que le Compendium laquo Nos gravamen raquo dresse de lrsquoacircme du monde ne renvoie pas nommeacutement agrave Platon mais plutocirct au (Pseudo) Denys (laquo Dyonisius in Hierarchia raquo) agrave lrsquoAristote authentique du traiteacute Du ciel et du monde (laquo in libro Caeli et mundi raquo) agrave saint Paul (dans lrsquoEacutepicirctre aux Corin-thiens) et au (Pseudo) Aristote du Livre des causes (laquo Aristoteles in Libro de cau-sis raquo) mecircme si on peut appeler laquo monde raquo lrsquoensemble des choses corporelles et in-corporelles selon les philosophes laquo monde raquo signifie la sphegravere contenant seulement les choses corporelles tant supeacuterieures qursquoinfeacuterieures le ciel peut ainsi ecirctre appeleacute laquo monde raquo agrave condition drsquoentendre par lagrave le ciel eacutetoileacute (caelum stellatum) et non pas les cieux occultes (caela occulta) au-delagrave du ciel eacutetoileacute ou bien le troisiegraveme ciel (tertium caelum) ougrave selon les theacuteologiens Dieu reacutesiderait dans sa majesteacute or lrsquoacircme du monde pourrait bien ecirctre lrsquoacircme de ce ciel eacutetoileacute finalement alors que le Premier est laquo avant toute eacuteterniteacute et avant le temps raquo (laquo ante omnem aeternitatem et ante tem-pus raquo) que les intelligences seacutepareacutees sont laquo dans lrsquoeacuteterniteacute et avant le temps raquo (laquo in aeternitate et ante tempus raquo) cette laquo acircme noble raquo (anima nobilis) est laquo apregraves lrsquoeacuteterniteacute et deacutebute avec le temps raquo (laquo post aeternitatem et cum tempore coepit raquo) finalement la fonction de cette acircme du monde laquo seacutepareacutee (de la matiegravere) selon la substance raquo mais laquo conjointe (agrave la matiegravere) seulement selon la ldquoverturdquo raquo (laquo separata secundum substantiam coniuncta solum secundum virtutem raquo) est de servir drsquointermeacutediaire pour que lrsquoinfluence du Premier et des intelligences seacutepareacutees puisse agir sur les cho-ses corporelles

On peut ainsi constater que dans son eacutetat actuel le Compendium laquo Nos grava-men raquo termine sa preacutesentation des disciplines comme il lrsquoa deacutebuteacutee agrave savoir par des


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consideacuterations ressortissant de ce qursquoArnoul de Provence appelle on lrsquoa vu la laquo theacuteo-logie des philosophes raquo

22 Histoire de lrsquoinfluence du compendium examinatoire parisien et eacutetudes affeacuterentes

Seuls les premiers paragraphes (sect 1-8) du Compendium laquo Nos gravamen raquo ont joui codicologiquement drsquoune assez large diffusion geacuteographique mdash Espagne Alle-magne Autriche Reacutepublique tchegraveque mdash en formant un prologue adventice ajouteacute au texte authentique des Accessus philosophorum79 bien que le deacutecoupage de la partie psychologique du corpus de la laquo scientia naturalis inferior que physica appellatur raquo (sect 59) srsquoexprime en des paragraphes (sect 68-69) qui seront reproduits mdash laquo agrave quelques deacutetails pregraves raquo mdash par plusieurs autres textes didascaliques (le Compendium philoso-phiae drsquoun maicirctre anonyme80 ainsi que les Philosophiae des maicirctres Nicolas de Paris [5 sect 14] et Olivier le Breton [9 sect 34] etc81) des paragraphes dont on trouve mecircme un eacutecho dans une laquo Protheacuteorie raquo [ΠροθεωρUcircα] de la laquo Physique raquo drsquoAristote opuscule reacutedigeacute en grec vraisemblablement dans le monde salerno-sicilien en la se-conde moitieacute du XIIIe siegravecle et probablement disponible agrave Byzance lors de la laquo Re-naissance aristoteacutelicienne raquo attesteacutee dans ce milieu durant la premiegravere moitieacute du XIVe siegravecle82 Autrement lrsquoinfluence du Compendium laquo Nos gravamen raquo mdash dont les modegraveles artiens nrsquoont pas encore vraiment eacuteteacute identifieacutes mdash se reacutesume pratiquement dans lrsquoeacutetat actuel de la recherche agrave lrsquoabreacuteviation dialectiseacutee qui en deacuterive connue sous le nom de Primo quaeritur utrum philosophia [10] et contenue dans un manus-crit munichois (ms Muumlnchen Bayerische Staatsbibliothek Clm 14460 fol 28rb-32ra) parmi des œuvres de Nicolas de Paris83 donc un des maicirctres les plus importants de la Faculteacute des arts parisienne dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle et dont le style et les doctrines srsquoapparentent souvent agrave ceux de notre guide examinatoire Mecircme si lrsquoorigine parisienne du Compendium laquo Nos gravamen raquo est assez assureacutee il est certain que le principal manuscrit (lrsquoactuel ms Barcelona Archivo de la Corona de Aragoacuten Ripoll 109 dont la partie nous concernant ici directement semble dater de la

79 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 375-379 pour la Ratio edendi et le texte de ce prolo-gue surajouteacute p 7-39 (surtout p 9-10 no 5 p 17 no 3 p 43 no 14) pour la description des manuscrits p 77-104 pour la classification des manuscrits

80 M DE BOUumlARD Une nouvelle encyclopeacutedie meacutedieacutevale le laquo Compendium philosophiae raquo Paris De Boc-card 1936 p 121-123

81 Cf RA GAUTHIER laquo Notes sur Siger de Brabant (fin) II Siger en 1272-1275 Aubry de Reims et la scis-sion des Normands raquo Revue des sciences philosophiques et theacuteologiques 68 1 (1984) p 9-10 ID laquo Preacute-face raquo agrave Sancti Thomae de Aquino Opera omnia iussu Leonis XIII PM edita t XLV Sentencia libri laquo De anima raquo cura et studio Fratrum Praedicatorum (eacuted RA GAUTHIER) Roma Commissio Leonina Paris Vrin 1984 p 236a

82 M RASHED laquo De Cordoue agrave Byzance Sur une ldquoprotheacuteorierdquo ineacutedite de la Physique drsquoAristote raquo Arabic Sciences and Philosophy 6 (1996) p 216 241 250-251 257-258

83 M GRABMANN laquo Die logischen Schriften des Nikolaus von Paris und ihre Stellung in den aristotelischen Bewegung des XIII Jahrhunderts raquo dans Festgabe C Baeumker zum 70 Geburtstage Muumlnster Aschen-dorff 1923 p 119-141 repris dans Mittelalterliches Geistesleben Abhandlungen zur Geschichte der Scholastik und Mystik Muumlnchen Hueber 1926 t I p 222-248 S LUSIGNAN Le laquo Speculum Doctri-nale raquo Livre III Eacutetude de la logique dans le miroir des sciences de Vincent de Beauvais thegravese de doctorat Universiteacute de Montreacuteal 1971 p 275-283


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seconde moitieacute du XIIIe siegravecle84) de ce guide a appartenu au XIVe siegravecle agrave un maicirctre dominicain (Bartholomeus Gaconi) du couvent de Valence en Espagne et extrecircme-ment probable que le transit de ce manuscrit du nord vers le sud a eacuteteacute ponctueacute par un seacutejour dans la France meacuteridionale85

III TOUR DrsquoHORIZON CONCLUSIF EacuteVALUATION DU TEacuteMOIGNAGE DES TEXTES DIDASCALIQUES

EN COMPARAISON AVEC DrsquoAUTRES EacuteCRITS DIDACTIQUES (EXPOSEacuteS DE LOGICA MODERNORUM COMMENTAIRES

ARISTOTEacuteLICIENS ET TRAITEacuteS DIVERS)

Mecircme si lrsquoon nrsquoa pas pu approfondir ici les aspects eacutepisteacutemologiques86 cette des-cription de deux textes didascaliques mdash un drsquointroduction lrsquoautre de reacutecapitulation mdash ayant une valeur paradigmatique donne une bonne ideacutee de la philosophie telle qursquoenseigneacutee agrave la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle mais appelle aussi pour faire ressortir encore plus nettement le tableau drsquoensemble avec ses nuances quelques remarques conclusives ayant justement pour fil conducteur la question de la fideacuteliteacute et de la compleacutetude secteur par secteur de la description preacuteceacutedemment offerte en guise de paradigme

Quant agrave lrsquoeacuteloge de la philosophie le teacutemoignage didascalique est indeacuteniablement de premier ordre et peu drsquoautres pages artiennes peuvent rivaliser avec lui quoique lrsquoon doive toujours avoir preacutesent agrave lrsquoesprit le caractegravere institutionnellement obligeacute des lectures inaugurales et la programmation litteacuteraire de ces laquo discours raquo ou laquo sermons raquo introductifs remontant agrave la scolastique grecque de la fin de lrsquoAntiquiteacute87

Lrsquoarriegravere-plan meacutetaphysique et eacutethique de cet eacuteloge de la philosophie est aussi remarquable bien que lagrave encore il faille tenter drsquoeacutevaluer au cas par cas le degreacute de conscience dans lrsquoassimilation de lrsquoheacuteritage philosophique antique et tardo-antique meacutetisseacute par son passage via le monde arabe88 Dans le cas preacutecis de la meacutetaphysique

84 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Description commenteacutee du ms Ripoll 109 raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 563-583 et 586-587

85 Ibid p 583-586 ID laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoori-gine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 618-624 et 630-634 D PICHEacute laquo Compte rendu des exposeacutes de synthegravese de Serge Lusignan et Claude Panaccio raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 369-378

86 Cf JA WEISHEIPL laquo Classification of the Sciences in Medieval Thought raquo Mediaeval Studies 27 (1965) p 54-90 ID laquo The Nature Scope and Classification of the Sciences raquo dans DC LINDBERG eacuted Science in the Middle Ages Chicago University of Chicago Press 1978 p 461-482 G DAHAN laquo Les classifica-tions du savoir aux XIIe et XIIIe siegravecles raquo Lrsquoenseignement philosophique 40 4 (1990) p 5-27 JHJ SCHNEIDER laquo Scientia sermocinalisrealis raquo Archiv fuumlr BegriffsGeschichte 30 (1992) p 54-92 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 163-195

87 PO LEWRY laquo Four Graduation Speeches from Oxford Manuscripts (c 1270-1310) raquo Mediaeval Studies 44 (1982) p 138-180 LJ BATAILLON laquo Sermoni e orazioni drsquoambiente universitario parigino nel sec XIII raquo Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale 5 3 (1994) p 297-329 A TINEacute laquo Simon of Faversham Proemi alla logica raquo dans J MARENBON Aristotle in Britain during the Middle Ages Turnhout Brepols (coll laquo Rencontres de philosophie meacutedieacutevale raquo V) 1996 p 211-231

88 LAFLEUR et CARRIER laquo Abstraction seacuteparation et tripartition de la philosophie theacuteoreacutetique raquo p 262


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la litteacuterature artienne compleacutementaire se reacutesume essentiellement en lrsquoabsence drsquoune exeacutegegravese de la meacutetaphysique authentique drsquoAristote par les maicirctres egraves arts de Paris avant le milieu du XIIIe siegravecle agrave quelques commentaires sur le Livre des causes en lrsquooccurrence ceux de Roger Bacon89 du Pseudo-Henri de Gand90 et du Pseudo-Adam de Bocfeld91 toutefois portant sur un pseudeacutepigraphe aristoteacutelicien dont la veacuteritable nature est fonciegraverement neacuteoplatonicienne ces exeacutegegraveses ne peuvent fondamentalement ajouter que des preacutecisions de deacutetail mdash sur le Premier les Intelligences lrsquoAcircme du monde etc mdash aux informations deacutejagrave ainsi doctrinalement coloreacutees de leurs pendants didascaliques

Le commentarisme eacutethique anteacuterieur agrave 1250 est mieux attesteacute chez les maicirctres egraves arts92 et crsquoest lagrave qursquoil faut chercher le plus grand eacuteventail et les approfondissements des doctrines morales artiennes quoique la traduction latine du texte laquo autoritaire raquo agrave interpreacuteter ne deacutepassacirct pas alors le troisiegraveme livre de lrsquooriginal grec en dix livres de lrsquoEacutethique agrave Nicomaque drsquoAristote et que lrsquoexeacutegegravese de lrsquoEthica nova (Eth Nic I) par les laquo magistri artium raquo srsquoinscrivicirct clairement mdash avec son thegraveme central le bonheur (felicitas) mdash dans la mecircme perspective de meacutetaphysique cosmologiseacutee du peacuteripateacute-tisme greacuteco-arabe que les eacutechantillons didascaliques correspondants ougrave drsquoailleurs se retrouve une mention laquo de forma raquo indiquant le statut officiel de la matiegravere preacutesen-teacutee93

89 ROGER BACON Questiones supra laquo Librum de causis raquo eacuted R STEELE avec la collaboration de FM DE-LORME Oxford Clarendon Londres Milford (Opera hactenus inedita Rogeri Baconi Fasc XII) 1935

90 PSEUDO-HENRICUS DE GANDAVO Questiones in laquo Librum de causis raquo mdash incomplet (le commentaire ne srsquoeacutetend qursquoaux 16 premiers des 32 theacuteoregravemes du Liber de causis) 1 ms date de composition vers 1245 eacutedition dans JP ZWAENEPOEL Les laquo Quaestiones in ldquoLibrum De causisrdquo raquo attribueacutees agrave Henri de Gand Eacutedition critique Louvain Publications Universitaires Paris Beacuteatrice-Nauwelaerts (coll laquo Philosophes meacutedieacutevaux raquo XV) 1974 p 60 O WEIJERS Le travail intellectuel agrave la Faculteacute des arts de Paris textes et maicirctres (c 1200-1500) IV Reacutepertoire des noms commenccedilant par H et J (jusqursquoagrave Johannes C) Paris et Turnhout Brepols (coll laquo Studia artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacuteva-les raquo IX) 2001 p 60

91 PSEUDO-ADAM BOCFELDIUS Commentarium in (Pseudo-)Aristotelis laquo Librum de causis raquo mdash 2 mss (Fi-renze Biblioteca Nazionale Centrale Conventi Soppressi G IV 355 fol 90rb-98vb Venezia Biblioteca Marciana lat VI 1 fol 1-54 cf C DrsquoANCONA COSTA Recherches sur le laquo Liber de causis raquo Paris Vrin (coll laquo Eacutetudes de philosophie meacutedieacutevale raquo LXXII) 1995 p 204-207 228 O WEIJERS Le travail intel-lectuel agrave la Faculteacute des arts de Paris textes et maicirctres (c 1200-1500) I Reacutepertoire des noms commen-ccedilant par A-B Paris et La Haye Brepols (coll laquo Studia artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo I) 1994 p 28 date de composition avant 1250

92 ANONYME Lectura in laquo Ethicam nouam raquo mdash incomplet (lrsquoexplication se limite aux lignes 1095a2-1097a14) 1 ms date de composition vers 1235-1240 eacutedition dans GAUTHIER laquo Le cours sur lrsquoEthica nova raquo p 71-141 En ce qui concerne les commentaires artiens ineacutedits sur lrsquoeacutethique voir RA GAU-THIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquino Opera omnia iussu Leonis XIII PM edita t XLVII 1 Sentencia libri laquo Ethicorum raquo cura et studio Fratrum Praedicatorum Romae Ad Sanctae Sabinae 1969 p 236-237 ID laquo Introduction raquo dans ARISTOTE LrsquoEacutethique agrave Nicomaque introduction traduction et commentaire par RA GAUTHIER et JY JOLIF (2e eacuted avec une introduction nouvelle) Louvain Publications universitaires Paris Beacuteatrice-Nauwelaerts 1970 t I 1 (1re eacuted 1958) p 115-119 GAU-THIER laquo Saint Thomas et lrsquoldquoEacutethique agrave Nicomaquerdquo raquo p XV-XVI WIELAND Ethica-Scientia practica Pour le commentaire de ROBERT KILWARDBY en particulier voir PO LEWRY laquo Robert Kilwardbyrsquos ldquoCommentary on the Ethica nova and vetusrdquo raquo dans C WENIN eacuted Lrsquohomme et son univers au Moyen Acircge Louvain-la-Neuve Institut supeacuterieur de philosophie (coll laquo Philosophes meacutedieacutevaux raquo XXVII) 1986 t II p 799-807

93 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 537 laquo de forma raquo 81


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Justement lorsqursquoon songe au systegraveme complet de ces laquo de forma raquo didascali-ques on est sans conteste en preacutesence du moment le plus fort parce qursquounique en son genre du teacutemoignage combineacute des introductions agrave la philosophie et des guides exa-minatoires issus de la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle un laquo systegraveme raquo qui pour une large part correspond mdash tout en per-mettant drsquoen deacutevoiler la composition exacte mdash au cycle des leccedilons sur les matiegraveres festives prescrit par le cardinal-leacutegat Robert de Courccedilon en 1215 pour garantir une freacutequentation scolaire minimale drsquoun corpus qursquoautrement les Artiens auraient eacuteteacute fort tenteacutes de neacutegliger totalement un systegraveme qui mdash pour la premiegravere moitieacute dudit siegravecle mdash vise agrave lrsquoeacutevidence une fois mis en rapport avec le deacutecret de 1215 les laquo philosophes raquo (Platon et son Timeacutee Boegravece et sa Consolation de Philosophie) la rheacutetorique (de lrsquoapocryphe ciceacuteronien Ad Herennium en relation avec le dernier livre du De differentiis topicis de Boegravece sans qursquoun laquo de forma raquo ne soit explicitement formuleacute pour cette partie du traiteacute boeacutecien toutefois mentionneacutee voire briegravevement preacutesenteacutee par certains textes didascaliques) les disciplines du quadrivium (lrsquoInsti-tutio arithmetica et lrsquoInstitutio musica de Boegravece les Elementa drsquoEuclide le hui-tiegraveme livre sur lrsquoastronomie du De nuptiis Philologiae et Mercurii de Martianus Capella et pour la mecircme discipline le De sphaera de Jean de Sacrobosco) et lrsquoeacutethique (eacutetudieacutee alors principalement on lrsquoa dit dans lrsquoEthica nova et lrsquoEthica vetus [Eth Nic I-III] laquo manuels raquo promus comme le Barbarismus quant agrave lui sans laquo de forma raquo didascalique [mecircme si ce troisiegraveme mdash et dernier mdash livre de lrsquoArt majeur de Donat est rangeacute parmi les ouvrages laquo de bene esse grammaticae raquo par le Compen-dium laquo Nos gravamen raquo et appeleacute laquo parvus liber raquo par la Division des sciences drsquoArnoul de Provence comme par le statut de 1255] au rang de cours principaux au plus tard en 1255 et mecircme probablement une bonne deacutecennie avant comme le suggegravere le commentarisme ad hoc sus-mentionneacute94) La peacutenurie de commentaires standards provenant de la Faculteacute des arts parisienne sur ces matiegraveres laquo de forma raquo (sauf lrsquoeacutethique) et au contraire les liens attesteacutes mdash par la preacutesence de cette reacuteglementation curriculaire et celle drsquoautres indices pertinents mdash de plusieurs textes didascaliques de maicirctres egraves arts de Paris avec la pratique enseignante ou examinatoire effective poussent agrave conclure que les exposeacutes de ces introductions agrave la philosophie et de ces guides sur les sujets associeacutes aux laquo dies festivi raquo fournissent une image assez exacte et deacutetailleacutee de ce qursquoont ducirc ecirctre au sein de cette institution depuis pour ainsi dire ses deacutebuts jusqursquoau milieu du XIIIe siegravecle le style le contenu et le niveau de lrsquoactiviteacute peacutedagogique des Artiens dans ces domaines95

Tel nrsquoest cependant pas le cas durant cette peacuteriode pour la production litteacuteraire rattacheacutee aux matiegraveres vedettes que sont la grammaire et surtout la logique Mecircme en eacutecartant les œuvres des teacutenors (Pierre drsquoEspagne Guillaume de Sherwood) de la

94 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 146-154 ID laquo Les textes ldquodidascaliquesrdquo raquo p 364-369 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 531-548 ID laquo Post-scriptum aux ldquode formardquo didascaliques raquo p 549-559 LAFLEUR laquo Transformations et permanences dans le programme des eacutetudes raquo p 396-410

95 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoori-gine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 605-618


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laquo Logica Modernorum raquo que mdash agrave tort semble-t-il96 mdash lrsquohistoriographie rattachait jus-qursquoagrave reacutecemment agrave la Faculteacute des arts de Paris plusieurs ouvrages logico-seacutemantiques drsquoavant 1250 associables agrave la laquo Logica Modernorum raquo paraissent bien avoir eacuteteacute eacutecrits par des maicirctres egraves arts de Paris par exemple les textes rassembleacutes dans le ms Paris Bibliothegraveque Nationale de France fonds latin 11412 dont suivis drsquoano-nymes les deux premiers sont de Nicolas de Paris et le troisiegraveme de Jean le Page agrave savoir les 1 Summae de dialectica (Summae Metenses fol 25-40) 2 Syncategore-mata (fol 41-81) 3 Appellationes (fol 83-87) 4 Insolubilia (fol 88-91) 5 Obli-gationes (fol 92-101)97 Dans cette collection textuelle tous les genres de la laquo Logica Modernorum raquo sont repreacutesenteacutes sauf celui des sophismata du type de ceux dont on retrouve deux ceacutelegravebres recueils (respectivement fol 3-37 et 37-103) dans le ms Paris Bibliothegraveque Nationale de France fonds latin 16135 notablement suivis dans le mecircme manuscrit par la Division des sciences drsquoArnoul de Provence (fol 103-107)98 Malgreacute tout lrsquoensemble de ces eacuteleacutements formant la laquo Logica Modernorum raquo pourrait bien nrsquoavoir eacuteteacute enseigneacute agrave Paris qursquoen dehors de lrsquouniversiteacute dans des cours preacuteparatoires aux eacutetudes egraves arts mecircme si ces cours eacutetaient parfois donneacutes par des propeacutedeutes par ailleurs maicirctres reacutegents agrave la Faculteacute des arts parisienne99 Chose cer-taine aucune œuvre mdash anonyme ou non mdash de la laquo Logica Modernorum raquo nrsquoest men-tionneacutee dans les statuts parisiens de la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle si ce nrsquoest eacuteventuellement les eacutecrits sophismatiques100 Neacuteanmoins la chose est eacutegalement cer-taine entre les introductions agrave la philosophie et les guides pour les examens101 il existait agrave la Faculteacute des arts de Paris des textes drsquoexercices comme les Communia lo-gicae [15] que nous avons rangeacutes parmi les speacutecimens didascaliques des textes dialectiseacutes qui comme les eacutecrits sophismatiques et drsquoautres productions relevant de la

96 LM DE RIJK laquo Introduction raquo agrave Peter of Spain (Petrus Hispanus Portugalensis) laquo Tractatus raquo Called afterwards laquo Summule Logicales raquo eacuted LM DE RIJK Assen Van Gorcum (coll laquo Philosophical Texts and Studies raquo XXII) 1972 p LVII-LXI cf ID laquo Some Thirteenth Century Tracts on the Game of Obliga-tion III raquo Vivarium 14 (1976) p 31-42 HAG BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline at the Faculty of Arts of Paris in the Thirteenth Century raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 136 139

97 BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline raquo p 129-130 98 Ibid p 130 LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie p 72-75 A DE LIBERA Ceacutesar et le Pheacute-

nix Distinctiones et sophismata parisiens du XIIIe siegravecle Pisa Scuola Normale superiore Firenze Opus libri (coll laquo Centro di cultura medievale raquo IV) 1991 p XV-XVII

99 BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline raquo p 136 138-142 100 Chartularium Universitatis Parisiensis eacuted DENIFLE et CHAcircTELAIN t I p 228 no 201 cf LAFLEUR

Quatre introductions agrave la philosophie p 143 O WEIJERS laquo Les regravegles drsquoexamen dans les universiteacutes meacute-dieacutevales raquo dans HOENEN SCHNEIDER et WIELAND eacuted Philosophy and Learning Universities in the Mid-dle Ages 1995 p 202 208 ID La laquo disputatio raquo agrave la Faculteacute des arts de Paris (1200-1350 environ) Es-quisse drsquoune typologie Turnhout Brepols (coll laquo Studia Artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo II) 1995 p 41-50 68-91 135 ID laquo La ldquodisputatiordquo raquo dans WEIJERS et HOLTZ eacuted Lrsquoenseignement des disciplines 1997 p 393-404

101 PO LEWRY laquo Thirteenth-Century Examination Compendia from the Faculty of Arts raquo dans Les genres litteacuteraires dans les sources theacuteologiques et philosophiques meacutedieacutevales Deacutefinition critique et exploitation Actes du Colloque international de Louvain-la-Neuve 25-27 mai 1981 Louvain-la-Neuve Universiteacute ca-tholique de Louvain (coll laquo Publications de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales raquo 2e seacuterie Textes Eacutetudes Congregraves V) 1982 p 101-116


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laquo Logica Modernorum raquo sont peut-ecirctre les versions litteacuteraires des habileteacutes argu-mentatives orales que visent quelques statuts parisiens relatifs aux laquo disputes102 raquo

Lrsquoexistence agrave lrsquouniversiteacute drsquoexercices pratiques drsquoargumentation eacutetant assureacutee il est toutefois eacutegalement indubitable que agrave Paris comme agrave Oxford seul le corpus de la laquo Logica Antiquorum raquo (constitueacute il est vrai de la laquo Logica vetus raquo [Cateacutegories et De lrsquointerpreacutetation drsquoAristote Isagoge de Porphyre anonyme Des six principes De la division de Boegravece] et de la laquo Logica nova raquo [Premiers analytiques Seconds analyti-ques Topiques Reacutefutations sophistiques drsquoAristote]) eacutetait agrave lrsquoexclusion de la laquo Lo-gica Modernorum raquo officiellement au programme mdash theacuteorique et exeacutegeacutetique mdash des eacutetudes en logique103 Le deacutetail de la doctrine logique enseigneacutee dans les cours ordinai-res par les maicirctres de la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle est donc si lrsquoon srsquoen tient aux documents non anonymes princi-palement agrave rechercher dans les commentaires de maicirctre Jean le Page sur la laquo Vieille logique104 raquo ainsi que dans les commentaires sur la laquo Vieille logique raquo et la laquo Nouvelle logique raquo des maicirctres Robert Kilwardby105 et Nicolas de Paris106 Le niveau theacuteorique

102 WEIJERS La laquo disputatio raquo agrave la Faculteacute des arts de Paris p 62-64 BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline raquo p 137-138

103 LAFLEUR et CARRIER laquo Un instrument de reacutevision raquo p 132 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 156 160 BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline raquo p 136-137 141

104 Pour le commentaire sur lrsquoIsagoge cf [2] LAFLEUR et CARRIER laquo Une figure meacutetisseacutee du platonisme meacutedieacuteval raquo p 105-160 ID laquo Abstraction seacuteparation et tripartition de la philosophie theacuteoreacutetique raquo p 261-271 D PICHEacute Le problegraveme des universaux agrave la Faculteacute des arts de Paris entre 1230 et 1260 Pa-ris Vrin (coll laquo Sic et Non raquo) 2004 mdash anteacuterieurement thegravese de doctorat Le problegraveme des universaux dans lrsquolaquo Isagoge raquo de Porphyre selon quelques commentateurs du XIIIe siegravecle (Pseudo-Robertus Anglicus Jean le Page Nicolas de Paris et Robert Kilwardby) Queacutebec Universiteacute Laval Paris Eacutecole pratique des hautes eacutetudes 2002 pour le commentaire sur les Cateacutegories cf E FRANCESCHINI laquo Giovanni Pago le sue ldquoRationes super lsquoPredicamentarsquo Aristotelisrdquo e la loro posizione nel movimento aristotelico del se-colo XIII raquo Sophia 2 (1934) p 172-182 329-350 476-486 pour le commentaire sur le Peri hermeneias et des preacutecisions sur lrsquoensemble du laquo Scriptum super totam Artem veterem secundum Iohannem Pagum raquo cf RA GAUTHIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquino Opera omnia iussu Leonis XIII PM edita t I 1 Expositio libri laquo Peryermenias raquo Editio altera retractata cura et studio Fratrum Praedicatorum (eacuted RA GAUTHIER) Roma Commissio Leonina Paris Vrin 1989 p 65-66

105 Pour le cours sur la laquo Logica vetus raquo voir PO LEWRY Robert Kilwardbyrsquos Writings on the laquo Logica Ve-tus raquo Studied with Regard to Their Teaching and Method Oxford 1978 (remarquable thegravese doctorale ineacute-dite fournissant mdash outre une eacutetude approfondie et des eacuteditions partielles de la laquo Logica vetus raquo mdash plu-sieurs informations sur le corpus de la laquo Logica nova raquo notamment dans la description des manuscrits) ID laquo Robert Kilwardby on Meaning a Parisian Course on the ldquoLogica vetusrdquo raquo dans JP BECKMANN L HONNEFELDER G JUumlSSEN B MUumlNXELHAUS G SCHRIMPF G WIELAND unter Leitung von W KLUXEN eacuted Sprache und Erkenntnis im Mittelalter Berlin et New York de Gruyter (coll laquo Miscella-nea Mediaevalia raquo XIII 1) 1981 p 376-384 Pour quelques eacuteleacutements sur la laquo Logica nova raquo voir RA GAUTHIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquino Opera omnia iussu Leonis XIII PM edita t I 2 Expositio libri laquo Posteriorum raquo Editio altera retractata cura et studio Fratrum Praedicatorum (eacuted RA GAUTHIER) Roma Commissio Leonina Paris Vrin 1989 p 58 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir P GLORIEUX La Faculteacute des Arts et ses maicirctres au XIIIe siegravecle Paris Vrin (coll laquo Eacutetudes de philosophie meacutedieacutevale raquo LIX) 1971 p 332-337 no 411 CH LOHR laquo Medieval Latin Aris-totle Commentaries Authors Robertus-Wilgelmus raquo Traditio 29 (1973) p 108-113 CH LOHR laquo Me-dieval Latin Aristotle Commentaries Addenda et Corrigenda raquo Bulletin de philosophie meacutedieacutevale 14 (1972) p 126

106 Pour lrsquoensemble du dossier et le cours sur la laquo Logica vetus raquo voir GRABMANN laquo Die logischen Schriften des Nikolaus von Paris raquo p 119-141222-248 et GAUTHIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquinohellip Expositio libri laquo Peryermenias raquo p 52 66-67 pour la Philosophia servant de prologue agrave son com-mentaire isagogique et la doctrine des universaux de ce commentaire voir ci-dessous [5] et PICHEacute Le


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de ces commentaires nrsquoest toutefois pas systeacutematiquement diffeacuterent du niveau doctri-nal des documents eacutequivalents de la laquo Logique des Modernes raquo ou des speacutecimens les plus eacutetoffeacutes du corpus didascalique107

Pour la grammaire les mecircmes remarques srsquoappliquent aux ouvrages concerneacutes des figures de proue que sont encore dans ce nouveau domaine Robert Kilwardby Roger Bacon et Nicolas de Paris108

On a mentionneacute ci-dessus lrsquoabsence de commentaires sur la philosophie naturelle en geacuteneacuteral issus de la Faculteacute des arts de Paris dans la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle hormis ceux de Roger Bacon mdash un laquo scholar raquo ayant anteacuterieurement beacuteneacuteficieacute drsquoune formation artienne agrave Oxford Or cette absence fait que pour cette peacuteriode les exposeacutes didascaliques sur le thegraveme de la philosophia naturalis revecirctent malgreacute leur caractegravere scheacutematique une valeur documentaire accrue

Ces exposeacutes didascaliques possegravedent aussi une certaine valeur dans le domaine plus preacuteciseacutement gigogne que connexe de la psychologie mdash surtout pour la classifi-cation des traiteacutes109 et la place du De anima dans lrsquoexamen de licence egraves arts (De communibus artium liberalium [13 29 p 201-202 sect 275-283 43 sect 275-283]) mdash mais cette valeur est moindre car mecircme si nous nrsquoavons pas conserveacute les commentaires parisiens qui ont eacuteventuellement pu ecirctre eacutecrits avant les interdits de 1210-1215 et mdash ce qui exclut la Sententia laquo De anima raquo cum quaestionibus composeacutee semble-t-il agrave Toulouse110 de Pierre drsquoEspagne sans parler de sa Scientia libri laquo De anima111 raquo mdash mecircme si les traiteacutes que nous posseacutedons avec possibiliteacute de rattachement agrave Paris ne datent guegravere drsquoavant 1250112 une information documentaire bien plus eacutelaboreacutee que celle fournie par les textes didascaliques se trouve degraves le deacutebut du XIIIe siegravecle dans lrsquoample Tractatus de anima de Jean Blund113 mdash un anglais certes dont toutefois la formation et la carriegravere ont vraisemblablement eacuteteacute en partie

problegraveme des universaux pour le commentaire de Nicolas sur les Reacutefutations sophistiques voir S EBBE-SEN laquo Medieval Latin Glosses and Commentaries on Aristotelian Logical texts of the Twelfth and Thirteenth Centuries raquo dans C BURNETT eacuted Glosses and Commentaries on Aristotelian Logical Texts London The Warburg Institute (coll laquo Warburg Institute Surveys and Texts raquo XXIII) 1993 p 129-177 (ici p 160 laquo SE41 raquo)

107 BRAAKHUIS laquo ldquoLogica Modernorumrdquo as a Discipline raquo p 141-142 ID The Chapter on the laquo Liber Peryarmenias raquo p 310-314

108 Cf ROSIER laquo La grammaire dans le Guide de lrsquoeacutetudiant raquo p 255-279 109 GAUTHIER laquo Notes sur Siger de Brabant (fin) raquo p 9-15 110 GAUTHIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquinohellip laquo Sentencia libri ldquoDe animardquo raquo p 239a 111 Ibid p 241b-242a 112 Anonymi Magistri Artium (c 1245-1250) laquo Lectura in librum ldquoDe animardquo raquo a quodam discipulo reportata

(Ms Roma Naz V E 828) Edidit RA GAUTHIER Grottaferrata (Romae) Editiones Collegii S Bonaven-turae ad Claras Aquas (coll laquo Spicilegium Bonaventurianum raquo XXIV) 1985 Anonymi Magistri Artium laquo Sententia super II et III ldquoDe animardquo raquo (Ms Oxford Bodleian Library Lat Misc c 70 fol 1ra-25vb Roma Bibl Naz V E 828 fol 46vb 48ra-52ra) Eacutedition eacutetude critique et doctrinale par BC BAZAacuteN Texte du De anima uetus par K WHITE Louvain-la-Neuve Institut supeacuterieur de philosophie Louvain et Paris Peeters (coll laquo Philosophes meacutedieacutevaux raquo XXXVII) 1998

113 IOHANNES BLUND Tractatus de anima eacuted DA CALLUS et RW HUNT London The British Academy (coll laquo Auctores Britannici Medii Aevi raquo II) 1970 p XI


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parisienne114 mdash et vers 1225 dans un remarquable petit traiteacute sur lrsquoacircme et ses puissances le De anima et de potentiis eius115

Plus anecdotique on doit compter la laquo plaisanterie universitaire raquo malgreacute tout drsquointention morale assez seacuterieuse faussement preacutesenteacutee sous le nom de Boegravece et in-tituleacutee De disciplina scolarium116 plus exteacuterieure agrave lrsquoenseignement de la Faculteacute des arts on peut rappeler en vernaculaire La bataille des sept arts117 ouvrage deacutejagrave eacutevo-queacute qui srsquoadressait sans doute au public universitaire et qui nous renseigne on lrsquoa souligneacute sur la place preacutepondeacuterante qursquooccupait la logique dans lrsquoenseignement pari-sien

Ainsi srsquoachegraveve ce bilan comparatif assez meacutethodique permettant de compleacuteter et drsquoeacutevaluer lrsquoapport consideacuterable du teacutemoignage didascalique livreacute par notre exposeacute qui pour sa part srsquoest efforceacute de deacutecrire un enseignement philosophique encore inspireacute bon greacute mal greacute118 des sept arts libeacuteraux un enseignement surtout logico-seacutemantique ougrave lrsquoexeacutegegravese de lrsquoOrganon drsquoAristote occupe une place centrale mecircme si dans des envoleacutees meacutetaphysiques largement emprunteacutees mdash comme celles du De divisione philosophie de Gundissalinus au XIIe siegravecle deacutejagrave119 mdash agrave la rheacutetorique protreptique du neacuteoplatonisme arabe les humbles maicirctres de la Faculteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris se sont parfois imagineacutes ascegravetes de lrsquointellect et veacuteritables philosophes pheacutenomegravene notable pour lrsquohistoire de la philosophie en Occident degraves la premiegravere moitieacute du XIIIe siegravecle et attitude remarquable destineacutee agrave srsquoaccentuer encore au cours des deacutecennies suivantes lorsque comblant leurs attentes on fera agrave ces modestes mais enthousiastes laquo Artistes raquo (Artistae) le royal honneur de les preacutesenter comme laquo des docteurs qui siegravegent sur les quadriges de la discipline philosophique raquo (Lettre du roi Manfred agrave la Faculteacute des arts de Paris [vers 1263])120

IV ANNEXE DIDASCALICA

Il nrsquoest pas possible drsquoeacutenumeacuterer ici tous les textes laquo didascaliques121 raquo reacutepertoria-bles la liste offerte ci-apregraves (1 Œuvres didascaliques) nrsquoest donc qursquoun eacutechantillon-nage substantiel toutefois car il comprend non seulement les textes complegravetement eacutediteacutes mais aussi quelques textes partiellement eacutediteacutes ou transcrits (2 Eacuteditions) tout

114 CALLUS et HUNT laquo Introduction raquo de Iohannes Blund laquo Tractatus de anima raquo p XI 115 Eacutetudieacute et eacutediteacute par RA GAUTHIER laquo Le Traiteacute De anima et de potenciis eius drsquoun maicirctre egraves arts

(vers 1225) raquo Revue des sciences philosophiques et theacuteologiques 66 (1982) p 3-55 116 PSEUDO-BOEgraveCE laquo De disciplina scolarium raquo Eacutedition critique introduction et notes par O WEIJERS Lei-

den et Koumlln Brill (coll laquo Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters raquo XII) 1976 117 HENRI DrsquoANDELI La Bataille des VII ars eacuted PAETOW 118 LAFLEUR et CARRIER laquo La reacuteglementation ldquocurriculairerdquo raquo p 521-548 LAFLEUR laquo Transformations et

permanences dans le programme des eacutetudes raquo p 387-410 119 BAUR laquo Die philosophische Einleitungsliteratur raquo p 316-397 120 GAUTHIER laquo Notes sur les deacutebuts (1225-1240) du premier ldquoaverroiumlsmerdquo raquo p 323 121 Pour un rappel du sens de ce terme appliqueacute agrave notre corpus voir LAFLEUR laquo Les textes ldquodidascaliquesrdquo raquo

p 351-352


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en indiquant lorsqursquoil y a lieu les traductions en notre langue (3 Traductions franccedilai-ses)122

1 Œuvres didascaliques (eacutechantillon)

Les œuvres didascaliques mdash introductions agrave la philosophie collections de ques-tions ou guides pour les examens mdash constituent un genre litteacuteraire formeacute de textes varieacutes et visant agrave remplir selon diverses modaliteacutes une ou plusieurs des fonctions suivantes 1 introduire (rheacutetoriquement [simples prologues souvent tregraves courts] ou peacutedagogiquement) agrave la philosophie 2 exercer dialectiquement agrave lrsquoargumentation philosophique 3 faire reacuteviser les matiegraveres sujettes agrave examen Tous les textes men-tionneacutes dans cette rubrique mdash qursquoils soient anonymes ou non mdash ont eacuteteacute eacutecrits selon nous par des maicirctres egraves arts de lrsquoUniversiteacute de Paris sauf le De ortu scientiarum dont lrsquoauteur mdash lrsquoex-maicirctre egraves arts de Paris Robert Kilwardby [12] mdash reacutedigea son ceacutelegravebre ouvrage une fois rentreacute en Angleterre et devenu dominicain123 Par ailleurs les textes ci-dessous sont classeacutes chronologiquement au mieux de notre connaissance actuelle (ceux posteacuterieurs agrave 1250 eacutetant mentionneacutes ici quand ils font partie de la Wir-kungsgeschichte de nos deux textes vedettes [3 et 8]) mais la date de composition nrsquoest indiqueacutee explicitement que lorsque eacuteditions mdash principalement mdash eacutetudes ou in-dices permettent de le faire avec une certitude relative En outre sauf indications contraires les informations relatives aux manuscrits au plan ou agrave la preacutesentation drsquoun texte se trouvent aiseacutement dans lrsquoeacutedition signaleacutee pour ce texte

1 ANONYME (dans cette section = Anonymus Magister Artium Parisiensis) Accessus philosophorum septem artium liberalium mdash 5 manuscrits complets et 2 fragments Eacutedition [26] Traduction [38] Plan et preacutesentation [26 p 123-141] LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p 169-175 186-189 LAFLEUR et CARRIER laquo Les Accessus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetu-diantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 590-596 Date de composition vers 1230

2 IOHANNES PAGUS (JEAN LE PAGE) Prologue laquo Sicut dicit philosophus raquo du laquo Scriptum super Porphyrium raquo mdash 2 manuscrits ([reacutefeacuterences ici limiteacutees au prologue] Padova Biblioteca Universitaria 1589 fol 3ra-5ra Cittagrave del Vaticano Biblioteca Apostolica Vaticana lat 5988 fol 63ra-64vb)124 Eacutedi-

122 Pour les coordonneacutees drsquoun certain nombre de textes didascaliques ineacutedits cf LAFLEUR Quatre introduc-tions agrave la philosophie p 387-394 et R IMBACH laquo Einfuumlhrungen in die Philosophie aus dem XIII Jahr-hundert Marginalien Materialien und Hinweise im Zusammenhang mit einer Studie von Claude Lafleur raquo Freiburger Zeitschrift fuumlr Philosophie und Theologie 38 3 (1991) p 471-493 (coll laquo Zusaumltzliche Hin-weise und Ergaumlnzungen zu zeitgenoumlssischen Texten raquo) repris dans Quodlibeta Ausgewaumlhlte Artikel Fri-bourg Eacuteditions Universitaires (coll laquo Dokimion raquo XX) 1996 p 63-91

123 Cf PO LEWRY laquo Robert Kilwardby (circa 1215-1279) raquo dans J HACKETT eacuted Medieval Philosophers Detroit et London Gale Research (coll laquo Dictionary of Literary Biography raquo CXV) 1992 p 257-262 (surtout p 258-259)

124 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir P GLORIEUX La Faculteacute des Arts et ses maicirctres au XIIIe siegravecle Paris Vrin (coll laquo Eacutetudes de philosophie meacutedieacutevale raquo LIX) 1971 p 230 no 256 CH LOHR laquo Medieval Latin Aristotle Commentaries Authors Johannes de Kanthi-Myngodus raquo Traditio 27 (1971) p 267 CH LOHR laquo Medieval Latin Aristotle Commentaries Addenda et Corrigenda raquo Bulletin de phi-


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tion partielle et traduction [33]125 et [36] Date de composition entre 1231 et 1235 (Gauthier)126 ou vers 1235-1240 (Tabarroni)127 ou vers 1260 (Picheacute)128

3 ANONYME Compendium laquo Nos gravamen raquo mdash transmis principalement mdash bien qursquoincomplet et abreacutegeacute mdash dans 1 seul manuscrit (Barcelona Archivo de la Corona de Aragoacuten Ripoll 109 fol 134ra-158va) auquel il faut ajou-ter 3 courts fragments [26 p 375-379] LAFLEUR laquo Introduction et plan deacutetailleacute du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo raquo p XIV-XVII LAFLEUR et CARRIER laquo Description commenteacutee du ms Ripoll 109 raquo p 561-587 ID laquo Les Acces-sus philosophorum le recueil Primo queritur utrum philosophia et lrsquoorigine parisienne du ldquoGuide de lrsquoeacutetudiantrdquo du ms Ripoll 109 raquo p 618-628 Eacutedition provisoire [28] Traduction partielle [37] Preacutesentation GRABMANN laquo Eine fuumlr Examinazwecke abgefasste Quaestionensammlung der Pariser Artistenfacultaumlt raquo p 211-229183-199 LAFLEUR laquo Les ldquoguides de lrsquoeacutetu-diantrdquo raquo p 141-157 et ci-dessus section II Date de composition vers 1230-1240

4 ANONYME Compendium circa quadrivium mdash 1 manuscrit Eacutedition [26] Traduction [38] Preacutesentation [26 p 123-141] Date de composition vers 1240

5 NICOLAUS PARISIENSIS (NICOLAS DE PARIS) Philosophia mdash 3 ma-nuscrits129 Eacutedition [31] Traduction [39] Date de composition vers 1240

6 ANONYME laquo Philosophica disciplina raquo mdash 2 manuscrits Eacutedition [26] Traduction [38] Preacutesentation [26 p 123-141] Date de composition vers 1245

losophie meacutedieacutevale 14 (1972) p 124 et surtout O WEIJERS Le travail intellectuel agrave la Faculteacute des arts de Paris textes et maicirctres (ca 1200-1500) V Reacutepertoire des noms commenccedilant par J (suite agrave partir de Johannes D) Turnhout Brepols (coll laquo Studia artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Univer-siteacutes meacutedieacutevales raquo XI) 2003 p 136-137 Pour un guide bibliographique des sources secondaires voir CH LOHR Commentateurs drsquoAristote au Moyen Acircge latin Bibliographie de la litteacuterature secondaire reacute-cente Fribourg (Suisse) Eacuteditions universitaires Paris Cerf (coll laquo Vestigia Eacutetudes et documents de phi-losophie antique et meacutedieacutevale raquo II) 1988 p 145

125 Voir aussi LAFLEUR et CARRIER laquo Abstraction seacuteparation et tripartition de la philosophie theacuteoreacutetique raquo p 264-271

126 Cf GAUTHIER laquo Preacuteface raquo agrave Sancti Thomae de Aquinohellip Expositio libri laquo Peryermenias raquo p 65-66 127 Cf A TABARRONI laquo Lo pseudo-Egidio (Guglielmo Arnaldi) e unrsquoinedita continuazione del commento di

Tommaso al Peryermenias raquo Medioevo 14 (1988) p 404-405 n 46 128 Cf PICHEacute Le problegraveme des universaux p 134 (thegravese p 115) 129 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir GLORIEUX La Faculteacute des Arts et ses maicirctres au

XIIIe siegravecle p 262-263 no 320 CH LOHR laquo Medieval Latin Aristotle Commentaries Authors Narcis-sus-Richardus raquo Traditio 28 (1972) p 298-299 EBBESEN laquo Medieval Latin Glosses and Commenta-ries raquo p 160 Pour un guide bibliographique des sources secondaires voir LOHR Commentateurs drsquoAris-tote au Moyen Acircge latin p 182


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7 ANONYME laquo Dicit Aristotiles raquo (Texte A) mdash incomplet (la preacutesentation srsquoarrecircte avant la philosophie du langage) 1 manuscrit Eacutedition [30] Traduction [40] Date de composition vers 1245-1250

8 ARNULFUS PROVINCIALIS (ARNOUL DE PROVENCE) Divisio scientiarum mdash 2 manuscrits complets et 1 fragment130 Eacutedition [26] Traduction [38] Preacutesentation [26 p 123-141] et ci-dessus p 411 section 1 Date de composition vers 1250

9 OLIVERUS BRITO (OLIVIER LE BRETON) Philosophia mdash incomplet (il man-que lrsquoexposeacute sur la logique) 2 manuscrits et 1 fragment Eacutedition [31] Traduction [41] Date de composition vers 1250 ou entre 1260 et 1277

10 ANONYME laquo Primo quaeritur utrum philosophia raquo mdash 1 manuscrit Eacutedition [31] Traduction partielle [42] Date de composition vers 1250

11 ADENULFUS (-PHUS) DE ANANIA (ADEacuteNULFE DrsquoANAGNI) Prologue laquo Tri-plex est principium raquo mdash 7 manuscrits131 Eacutedition partielle [31] Preacutesentation (du prologue) L OTT laquo Die Wissenschaftslehre des Adenulf von Anagni raquo dans Meacutelanges offerts agrave Eacute Gilson Toronto Pontifical Institute of Mediaeval Studies Paris Vrin 1959 p 465-490 (du commentaire) NJ GREEN-PEDERSEN The Tradition of the Topics in the Middle Ages The Commentar-ies on Aristotlersquos and Boethiusrsquo laquo Topics raquo Muumlnchen et Wien Philosophia Verlag (coll laquo Analytica raquo) 1984 Date de composition vers 1250

12 ROBERTUS DE KILWARDBY (ROBERT KILWARDBY) De ortu scientiarum mdash 18 manuscrits complets et 2 fragments Eacutedition [24] Date de composi-tion vers 1250

13 ANONYME De communibus artium liberalium mdash 1 manuscrit complet et 1 fragment Eacutedition [29] Traduction [43] Date de composition vers 1250-1255

14 ANONYME Quaestiones mathematicae mdash 1 manuscrit complet (Paris BnF lat 16390 fol 201ra-206vb) et 1 fragment (Paris BnF lat 16617 fol 170r-v) Eacutedition partielle [31] eacutedition provisoire du texte inteacutegral [34]

15 ANONYME Communia logicae mdash 1 manuscrit (Paris BnF lat 16617 fol 171ra-183rb) Eacutedition partielle [35]

16 ANONYME laquo Ut ait Tullius raquo mdash 1 manuscrit Eacutedition [32] Date de composition entre 124647 et 1260

130 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir GLORIEUX La Faculteacute des Arts et ses maicirctres au XIIIe siegravecle p 98 no 40 (information incomplegravete) et surtout O WEIJERS Le travail intellectuel agrave la Fa-culteacute des arts de Paris textes et maicirctres (c 1200-1500) I Reacutepertoire des noms commenccedilant par A-B Pa-ris et La Haye Brepols (coll laquo Studia artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacute-vales raquo I) 1994 p 70

131 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir GLORIEUX La Faculteacute des Arts et ses maicirctres au XIIIe siegravecle p 69 no 11 CH LOHR laquo Medieval Latin Aristotle Commentaries Authors A-F raquo Traditio 23 (1967) p 324-325


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17 AUBRICUS (alias ALBERICUSAUBERTUS) REMENSIS (AUBRY DE REIMS) Philosophia mdash incomplet (cette introduction agrave la philosophie srsquoarrecircte apregraves la division de la philosophia naturalis) 1 manuscrit et 1 fragment Eacutedition [25] Date de composition entre 1260 et 1265

18 ANONYME laquo Felix nimium raquo (Texte D) mdash incomplet (il manque la division de la scientia sermocinalis) 1 manuscrit Eacutedition [30] Traduction [40] Date de composition vers 1265

19 ANONYME laquo Sicut recitat Auicenna raquo (Texte C) mdash 1 manuscrit Eacutedition [30] Traduction [40] Date de composition entre 1225 et 1277

20 HERVEUS (alias HENRICUS) BRITO (HERVEacute [alias HENRI] LE BRETON) Philosophia laquo Sicut dicit Aristotiles raquo (Texte B) mdash 5 manuscrits complets et 1 fragment132 Eacutedition [30] Traduction [40] Paterniteacute litteacuteraire LAFLEUR et CARRIER laquo La Philosophia drsquoHerveacute le Bretonhellip Premiegravere par-tie raquo p 149-226 Date de composition entre 1260 et 1277

21 ANONYME laquo Ut testatur Aristotiles raquo mdash incomplet (lrsquoopuscule srsquointerrompt avant la division de la scientia speculatiua) 2 manuscrits Eacutedition [27] Traduction [44] Date de composition entre 1265 et 1270

22 IOHANNES DACUS (JEAN DE DACIE) Divisio scientiae mdash 8 manuscrits Eacutedi-tion [23] Date de composition entre 1270 et 1280

2 Eacuteditions

23 A OTTO IOHANNIS DACI Opera nunc primum edidit A OTTO Voluminis I Pars I Hauniae Gad (coll laquo Corpus Philosophorum Danicorum Medii Aeui raquo I 1) 1955 p 3-44 mdash Eacutedition de la Divisio scientiae [22]

24 AG JUDY ROBERT KILWARDBY laquo De ortu scientiarum raquo Edited by AG JUDY London The British Academy Toronto The Pontifical Institute of Mediaeval Studies (coll laquo Auctores Britannici Medii Aevi raquo IV) 1976 mdash Eacutedition de [12]

25 RA GAUTHIER laquo Notes sur Siger de Brabant (fin) II Siger en 1272-1275 Aubry de Reims et la scission des Normands raquo Revue des sciences philoso-phiques et theacuteologiques 68 1 (1984) p 3-49 mdash Eacutedition drsquoAUBRICUS REMENSIS Philosophia [17]

26 C LAFLEUR Quatre introductions agrave la philosophie au XIIIe siegravecle Textes critiques et eacutetude historique Montreacuteal Institut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales Paris Vrin (coll laquo Publications de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes meacutedieacutevales raquo XXIII) 1988 cf IMBACH laquo Einfuumlhrungen in die Philosophie raquo p 471-493 mdash Eacuteditions de lrsquoANONYME Accessus philosophorum [1] de lrsquoANONYME laquo Philosophica

132 Pour la liste des manuscrits dans les reacutepertoires voir essentiellement O WEIJERS Le travail intellectuel agrave la Faculteacute des arts de Paris textes et maicirctres (c 1200-1500) IV Reacutepertoire des noms commenccedilant par H et J (jusqursquoagrave Johannes C) Paris et Turnhout Brepols (coll laquo Studia artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacutedieacutevales raquo IX) 2001 p 73-76


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disciplina raquo [6] drsquoARNULFUS PROVINCIALIS Divisio scientiarum [8] et de lrsquoANONYME Compendium circa quadrivium [4]

27 C LAFLEUR laquo Lrsquointroduction agrave la philosophie Ut testatur Aristotiles (vers 1265-1270) raquo Laval theacuteologique et philosophique 48 1 (1992) p 81-107 mdash Eacutedition de [21]

28 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Le laquo Guide de lrsquoeacutetudiant raquo drsquoun maicirctre anonyme de la Faculteacute des arts de Paris au XIIIe siegravecle Eacutedition critique provisoire du ms Barcelona Arxiu de la Corona drsquoAragoacute Ri-poll 109 fol 134ra-158va Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Publica-tions du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval raquo I) 1992 mdash Eacutedition de lrsquoANONYME Compendium laquo Nos gravamen raquo [3] cf BERTELLONI laquo Loquendo philoso-phice-Loquendo theologice raquo p 21-40

29 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Un instrument de reacutevi-sion destineacute aux candidats agrave la licence de la Faculteacute des arts de Paris le De communibus artium liberalium (vers 1250 ) raquo Documenti e studi sulla tra-dizione filosofica medievale 5 3 (1994) p 129-203 mdash Eacutedition de [13]

30 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo La Philosophia drsquoHerveacute le Breton (alias Henri le Breton) et le recueil drsquointroductions agrave la philosophie du ms Oxford Corpus Christi College 283 (Deuxiegraveme partie) raquo Archives drsquohistoire doctrinale et litteacuteraire du Moyen Acircge 62 (1995) p 359-442 mdash Eacuteditions de lrsquoANONYME laquo Dicit Aristotiles raquo (Texte A) [7] drsquoHERVAEUS BRITO Philosophia laquo Sicut dicit Aristotiles raquo (Texte B) [20] de lrsquoANO-NYME laquo Sicut recitat Auicenna raquo (Texte C) [19] et de lrsquoANONYME laquo Felix nimium raquo (Texte D) [18]

31 C LAFLEUR et J CARRIER Lrsquoenseignement de la philosophie au XIIIe siegravecle Autour du laquo Guide de lrsquoeacutetudiant raquo du ms Ripoll 109 Actes du colloque inter-national eacutediteacutes avec un compleacutement drsquoeacutetudes et de textes par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER assisteacutes par L GILBERT et D PICHEacute pour la constitution des index et de la bibliographie Turnhout Brepols (coll laquo Studia Artistarum Eacutetudes sur la Faculteacute des arts dans les Universiteacutes meacute-dieacutevales raquo V) 1997 mdash Eacuteditions de lrsquoANONYME laquo Ut ait Tullius raquo [16] (cf [32]) de lrsquoANONYME laquo Primo quaeritur utrum philosophia raquo [10] drsquoADENULFUS DE ANANIA Prologue laquo Triplex est principium raquo [11] de NICOLAUS PARISIENSIS Philosophia [5] drsquoOLIVERUS BRITO Philosophia [9] et de lrsquoANONYME Quaestiones mathematicae [14]

32 G DAHAN laquo Une introduction agrave lrsquoeacutetude de la philosophie ldquoUt ait Tul-liusrdquo raquo dans LAFLEUR et CARRIER eacuted Lrsquoenseignement de la philosophie 1997 p 3-58 (cf [31]) mdash Eacutedition de [16]

33 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER laquo Une figure meacutetisseacutee du platonisme meacutedieacuteval Jean le Page et le Prologue de son Commentaire (vers 1231-1240) sur lrsquoIsagoge de Porphyre raquo dans B MELKEVIK et J-M NAR-


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BONNE eacuted Une philosophie dans lrsquohistoire Hommages agrave Raymond Kli-bansky Paris Vrin Queacutebec PUL (coll laquo Zecirctecircsis raquo seacuterie laquo Textes et essais raquo 3) 2000 p 105-160 (142-156) mdash Eacutedition partielle et traduction franccedilaise de IOHANNES PAGUS Prologue laquo Sicut dicit philosophus raquo du laquo Scriptum super Porphyrium raquo (deacutebut) [2]

34 C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Les laquo Questiones mathe-matice raquo (mss Paris BnF lat 16390 et 16617) un compendium de la Fa-culteacute des arts de lrsquoUniversiteacute de Paris au XIIIe siegravecle Eacutedition provisoire du texte inteacutegral Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUni-versiteacute Laval raquo VI) 2003 mdash Eacutedition provisoire de [14]

35 C LAFLEUR et D PICHEacute avec la collaboration de J CARRIER Porphyre et les universaux dans les laquo Communia logicae raquo du ms Paris BnF lat 16617 Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philoso-phie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute La-val raquo IX 1) 2004 mdash Eacutedition partielle de [15]

3 Traductions franccedilaises

36 Traductions partielles de IOHANNES PAGUS laquo Sicut dicit philosophus raquo [2] 361 dans [33 p 154-156] 362 dans LAFLEUR et CARRIER laquo Abs-traction seacuteparation et tripartition de la philosophie theacuteoreacutetique raquo p 264-271

37 C LAFLEUR et J CARRIER Anonyme Lrsquolaquo Abreacutegeacute examinatoire raquo (alias laquo Guide de lrsquoeacutetudiant parisien raquo ou laquo Compendium ldquoNos gravamenrdquo raquo) du ms Ripoll 109 vers 1230-1240 Traduction partielle par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philo-sophie de lrsquoUniversiteacute Laval raquo V) 2004 (2e eacuted 1re eacuted 1994) mdash Traduction partielle de [3]

38 C LAFLEUR et J CARRIER Autour drsquoArnoul de Provence Maicirctre egraves arts de Paris ANONYME laquo Accegraves aux philosophes des sept arts libeacuteraux raquo (laquo Acces-sus philosophorum VII artium liberalium raquo) vers 1230 ANONYME laquo La discipline philosophique raquo (laquo Philosophica disciplina raquo) vers 1245 ARNOUL DE PROVENCE laquo Division des sciences raquo (laquo Divisio scientiarum raquo) vers 1250 ANONYME laquo Abreacutegeacute autour du quadrivium raquo (laquo Compendium circa quadri-vium raquo) vers 1240 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUni-versiteacute Laval raquo XI) 2004 (2e eacuted 1re eacuted 1989) mdash Traductions de lrsquoANO-NYME Accessus philosophorum [1] de lrsquoANONYME laquo Philosophica disci-plina raquo [6] drsquoARNULFUS PROVINCIALIS Divisio scientiarum [8] et de lrsquoANONYME Compendium circa quadrivium [4]


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39 C LAFLEUR et J CARRIER NICOLAS DE PARIS Lrsquolaquo Introduction agrave la philosophie ldquoUn est le Creacuteateurrdquo raquo (laquo Philosophia ldquoUnus est Creatorrdquo raquo) vers 1240 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philoso-phie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute La-val raquo XIV) 2004 mdash Traduction de [5]

40 C LAFLEUR et J CARRIER Autour drsquoHerveacute le Breton Maicirctre egraves arts de Pa-ris Texte A ANONYME laquo Aristote dit raquo (laquo Dicit Aristotiles raquo) vers 1250 Texte B HERVEacute LE BRETON laquo Comme le dit Aristote raquo (laquo Sicut dicit Aristo-tiles raquo) apregraves 1260 Texte C ANONYME laquo Comme le reacutecite Avicenne raquo (laquo Sicut recitat Avicenna raquo) apregraves 1225 Texte D ANONYME laquo Trop heu-reuse raquo (laquo Felix nimium raquo) vers 1265 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philo-sophie de lrsquoUniversiteacute Laval raquo XV) 2004 mdash Traductions de lrsquoANONYME laquo Dicit Aristoteles raquo (Texte A) [7] drsquoHERVAEUS BRITO Philosophia laquo Si-cut dicit Aristoteles raquo (Texte B) [20] de lrsquoANONYME laquo Sicut recitat Aui-cenna raquo (Texte C) [19] et de lrsquoANONYME laquo Felix nimium raquo (Texte D) [18]

41 C LAFLEUR et J CARRIER OLIVIER LE BRETON Lrsquolaquo Introduction agrave la philosophie ldquoOcirc le glorieux Principe des reacutealiteacutesrdquo raquo (laquo Philosophia ldquoO glo-riosum rerum Principiumrdquo raquo) apregraves 1250 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Ca-hiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval raquo XVI) 2004 mdash Traduction de [9]

42 C LAFLEUR et J CARRIER ANONYME Le recueil de questions laquo Drsquoabord on demande si la philosophie raquo (laquo Primo quaeritur utrum philosophia raquo) vers 1250 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philoso-phie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute La-val raquo XVII) 2004 mdash Traduction partielle de [10]

43 C LAFLEUR et J CARRIER ANONYME laquo Points communs des arts libeacute-raux raquo (laquo De communibus artium liberalium raquo) vers 1250 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philo-sophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philosophie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval raquo XVIII) 2004 mdash Tra-duction de [13]

44 C LAFLEUR et J CARRIER ANONYME Lrsquolaquo Introduction agrave la philosophie ldquoComme lrsquoatteste Aristoterdquo raquo (laquo Philosophia ldquoUt testatur Aristotilesrdquo raquo) vers 1265 Traduction par C LAFLEUR avec la collaboration de J CARRIER Queacutebec Faculteacute de philosophie (coll laquo Cahiers du Laboratoire de philoso-phie ancienne et meacutedieacutevale de la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute La-val raquo XIX) 2004 mdash Traduction de [21]

Laval theacuteologique et philosophique 60 3 (octobre 2004) 409-448

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LrsquoENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE Agrave LA FACULTEacute DES ARTS DE LrsquoUNIVERSITEacute DE PARIS EN LA PREMIEgraveRE MOITIEacute DU XIIIe SIEgraveCLE DANS LE MIROIR DES TEXTES DIDASCALIQUES

Claude Lafleur Faculteacute de philosophie

et Institut drsquoeacutetudes anciennes Universiteacute Laval Queacutebec

avec la collaboration de Joanne Carrier Faculteacute de philosophie

Universiteacute Laval Queacutebec

REacuteSUMEacute Sans neacutegliger les autres documents pertinents dans un tour drsquohorizon final et comparatif cette eacutetude srsquoefforce de deacutepeindre lrsquoenseignement universitaire de la philosophie tel qursquoil se reflegravete dans le miroir des textes didascaliques artiens de Paris jusqursquoau mitan du XIIIe siegravecle tout en fournissant en annexe un premier reacutepertoire encore partiel de ce corpus avec ses eacuteditions et ses traductions Malgreacute son caractegravere geacuteneacuteralement pratique et institutionnel certains de ses eacuteleacutements theacuteoriques mdash comme la mise en relief de la liaison intime trame sapientielle de ces eacutecrits de maicirctres egraves arts entre theacuteologie cosmique et eacutethique philosophique mdash permettent drsquoespeacuterer que cet article apporte une veacuteritable contribution agrave lrsquoHistoire de la philosophie

ABSTRACT Without neglecting the other relevant documents in a final comparative survey this study tries to depict the university teaching of philosophy as reflected in the mirror of the Pari-sian didascalical texts of the Arts Faculty during the first half of the thirteenth century while giving in appendix a first repertory still partial of this corpus with its editions and transla-tions Notwithstanding its generally practical and institutional character some of its theoreti-cal elements mdash such as the highlighting of the close relationship between cosmical theology and ethical philosophy a sapiential thread in those arts masters writings mdash it is hoped that this article may prove a genuine contribution to the History of philosophy

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Je tiens agrave remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour le soutien financier continu qursquoil accorde agrave mes travaux depuis de nombreuses anneacutees et gracircce auquel au cours de la peacuteriode ougrave cette eacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee jrsquoai pu beacuteneacuteficier de la collaboration constante et essentielle de Joanne Carrier professionnelle de recherche agrave la Faculteacute de philosophie de lrsquoUniversiteacute Laval (Queacutebec)


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Documents

L’enseignement philosophique à la Faculté des arts de l ... · R.A. GAUTHIER, « Saint Thomas et l’“Éthique à Nicomaque” », dans Sancti Thomae de Aquino Opera om- nia,