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RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003 21 DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS D L’entraide familiale dans un environnement multigénérationnel Sylvie Renaut * A partir d’une évaluation simultanée des différentes composantes de l’entraide familiale, cet article présente une analyse des solidarités entre trois généra- tions qui permet de mieux comprendre les comportements d’échanges intergé- nérationnels. Les caractéristiques sociodémographiques des lignées sur trois générations montrent que les solidarités familiales s’appuient d’abord sur les ressources économiques et sociales du groupe familial. Ce n’est pas tant l’opportunité d’apporter ou recevoir une aide qui détermine l’existence de l’échange mais davantage les capacités d’offre des donateurs plus que des besoins réels ou exprimés des donataires. Si les solidarités familiales tendent à réduire les inégalités intergénérationnelles à l’intérieur du groupe familial, elles contribuent sans doute au renforcement des inégalités intragénérationnel- les entre les différents groupes de familles. * Caisse nationale d’assurance vieillesse – Direction des re- cherches sur le vieillis- sement. Jim Ogg (Institute of Community Studies, London) et Thomas Troadec (Laboratoire de sociologie des ins- titutions, CNRS) doi- vent ici être remerciés pour leurs critiques constructives et leurs encouragements à écrire cet article tiré d’un document de tra- vail rédigé pour la CNAV entre 1997 et 1998. Une première version de cet article a été traduite et pré- sentée par J. Ogg : « Evaluating family support, an analysis of three generations in France », Working Paper, London, Insti- tute of Community Studies, juillet 2001. epuis plus d’un quart de siècle, le thème des solidarités familiales a été largement investi par toutes les disciplines des sciences sociales qui sont venues petit à petit abonder la réflexion théorique et enrichir la somme des travaux empiriques. Dans les années quatre-vingt- dix, la Caisse nationale d’assurance vieilles- se (CNAV) a mené une enquête sur les re- lations entre générations et le soutien fami- lial, en interviewant trois générations adultes d’une même famille. L’originalité de cette recherche réside dans sa dimension trigénérationnelle qui permet de confronter les attitudes et les comportements entre les différents membres de la lignée, sans se limiter aux informations fournies par un seul membre de la parenté. Le rôle pivot de la génération des 50 ans Les travaux sur la circulation des trans- ferts au sein des familles multigénéra- tionnelles et menés à partir de l’enquête CNAV ont bien caractérisé le rôle pivot de la génération des 50 ans. Tandis que les aides en temps et en nature, les soins aux personnes s’inscrivent davantage dans un schéma de réciprocité entre les mem- bres de la parenté, les flux financiers sont plutôt descendants, des parents vers leurs enfants et des grands-parents vers leurs petits-enfants. Mais, surtout, les analyses montrent que ces transferts privés, stimu- lés par les solidarités publiques, contri- buent à la réduction des inégalités inter- générationnelles (Attias-Donfut, 1995 ; Attias-Donfut et Wolff, 1997). A la lumière de ces résultats, on s’est interrogé sur l’effet possible des solida- rités familiales sur la dimension intragé- nérationnelle. L’hypothèse est que les solidarités différentielles intergénéra- tionnelles ne sont probablement pas sans effet sur les inégalités intragénération- nelles entre les ménages et entre les groupes de familles.

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RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

D

L’entraide familiale dans un environnementmultigénérationnel

Sylvie Renaut *

A partir d’une évaluation simultanée des différentes composantes de l’entraidefamiliale, cet article présente une analyse des solidarités entre trois généra-tions qui permet de mieux comprendre les comportements d’échanges intergé-nérationnels. Les caractéristiques sociodémographiques des lignées sur troisgénérations montrent que les solidarités familiales s’appuient d’abord sur lesressources économiques et sociales du groupe familial. Ce n’est pas tantl’opportunité d’apporter ou recevoir une aide qui détermine l’existence del’échange mais davantage les capacités d’offre des donateurs plus que desbesoins réels ou exprimés des donataires. Si les solidarités familiales tendentà réduire les inégalités intergénérationnelles à l’intérieur du groupe familial,elles contribuent sans doute au renforcement des inégalités intragénérationnel-les entre les différents groupes de familles.

* Caisse nationaled’assurance vieillesse– Direction des re-cherches sur le vieillis-sement.Jim Ogg (Institute ofCommunity Studies,London) et ThomasTroadec (Laboratoirede sociologie des ins-titutions, CNRS) doi-vent ici être remerciéspour leurs critiquesconstructives et leursencouragements àécrire cet article tiréd’un document de tra-vail rédigé pour laCNAV entre 1997 et1998. Une premièreversion de cet articlea été traduite et pré-sentée par J. Ogg :« Evaluating familysupport, an analysisof three generationsin France », WorkingPaper, London, Insti-tute of CommunityStudies, juillet 2001.

epuis plus d’un quart de siècle, lethème des solidarités familiales a étélargement investi par toutes les

disciplines des sciences sociales qui sontvenues petit à petit abonder la réflexionthéorique et enrichir la somme des travauxempiriques. Dans les années quatre-vingt-dix, la Caisse nationale d’assurance vieilles-se (CNAV) a mené une enquête sur les re-lations entre générations et le soutien fami-lial, en interviewant trois générationsadultes d’une même famille. L’originalitéde cette recherche réside dans sa dimensiontrigénérationnelle qui permet de confronterles attitudes et les comportements entre lesdifférents membres de la lignée, sans selimiter aux informations fournies par unseul membre de la parenté.

Le rôle pivot de la générationdes 50 ans

Les travaux sur la circulation des trans-ferts au sein des familles multigénéra-

tionnelles et menés à partir de l’enquêteCNAV ont bien caractérisé le rôle pivotde la génération des 50 ans. Tandis queles aides en temps et en nature, les soinsaux personnes s’inscrivent davantage dansun schéma de réciprocité entre les mem-bres de la parenté, les flux financiers sontplutôt descendants, des parents vers leursenfants et des grands-parents vers leurspetits-enfants. Mais, surtout, les analysesmontrent que ces transferts privés, stimu-lés par les solidarités publiques, contri-buent à la réduction des inégalités inter-générationnelles (Attias-Donfut, 1995 ;Attias-Donfut et Wolff, 1997).

A la lumière de ces résultats, on s’estinterrogé sur l’effet possible des solida-rités familiales sur la dimension intragé-nérationnelle. L’hypothèse est que lessolidarités différentielles intergénéra-tionnelles ne sont probablement pas sanseffet sur les inégalités intragénération-nelles entre les ménages et entre lesgroupes de familles.

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Afin de tester cette hypothèse, on propo-se une démarche en deux étapes. A partird’une évaluation systématique et simul-tanée de l’ensemble des échanges intra-familiaux, la problématique consiste àvoir s’il est possible d’identifier unetypologie des solidarités qui traduise desmodes de fonctionnement ou d’organi-sation du réseau familial, spécifiques decertains types de familles. A partir decette typologie, qui caractérise les grou-pes de familles selon leurs échanges in-tergénérationnels, la deuxième partie decet article s’attache à décrire chaquegroupe en fonction de leurs caractéristi-ques sociodémographiques intragénéra-tionnelles, c’est-à-dire pour chacune destrois générations composant une mêmelignée.

La construction d’un modèleancré sur la génération pivot

La méthode retenue s’appuie sur une« comptabilité » des échanges que l’onsoumet à des techniques statistiquesd’analyses de données et de classifica-tion. La construction du modèle est an-crée volontairement sur la générationintermédiaire ou génération pivot. De-puis l’installation des enfants dans leurpremier logement, la naissance des petits-enfants, les problèmes de santé, les éta-pes de la vie professionnelle ou, plussimplement, pour tout ce qui touche auxactivités de la vie quotidienne, la trèsgrande variété des aides et services re-censés dans l’enquête couvre de multi-ples circonstances dans lesquelles les soli-darités trouvent à s’exprimer. Dans tousles cas, les échanges sont retenus dès lorsqu’ils mettent en jeu le lien de filiation,c’est-à-dire la dimension verticale de lafamille (1).

Le principe consiste à n’introduire dansle modèle aucune donnée sur le capitalculturel, économique ou social des ac-teurs de la solidarité. Si l’entraide ausein des familles dépend aussi des res-sources « objectives » de ses membres,on peut formuler deux types d’hypothè-

ses sur les comportements possibles :• soit les échanges sont principalementconditionnés par les disponibilités éco-nomiques, matérielles et spatiales, res-sources en temps selon les proximitésgéographiques ou les charges familiales,compétences de chacun, savoir-faire,relations sociales, réseau d’informations ;• soit, à niveau de ressources équivalent,le potentiel ou le réservoir de solidariténe trouve pas à s’exprimer de la mêmefaçon dans toutes les familles selon lesens ou le fondement que les protagonis-tes ont de la solidarité familiale ou selonl’autonomie que les familles ont parrapport à ces pratiques de solidarité.

Trois composantes de lasolidarité : la nature, le sens,

l’intensité

La diversité des formes d’expression dessolidarités familiales rend très complexela lecture des échanges : biens en natureou services en temps, transferts en espè-ces ou sous forme patrimoniale, régula-rité de l’aide ou aide ponctuelle, etc. Uneautre contrainte du modèle retenu sup-pose de traiter simultanément et systé-matiquement les différents termes del’échange à travers trois composantes dela solidarité : la nature, le sens, l’inten-sité.

Le sens de l’échange, dans l’unicité oula réciprocité, pose a priori relativementpeu de difficulté : je donne à mes pa-rents, je reçois de mes parents, je donneà mes enfants, je reçois de mes enfants.L’intensité de l’échange consiste à éva-luer des flux, mais cette mesure, qui peuttoujours être discutée, reste contraintepar la manière dont l’information a étérecueillie dans l’enquête. La nature del’échange est beaucoup plus composite(plus de 50 variables disponibles) etsuppose de travailler par domaine, enparticulier pour pouvoir rendre comptedes intensités utilisant des mesures etunités variables.

La méthode consiste donc à traiter simul-

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

tanément les transferts en espèces etles transferts en temps ou en nature quifont généralement l’objet d’analysesséparées.

Les domainesde l’entraide familiale

La production domestique

Le premier domaine d’intervention del’entraide familiale relève de la produc-tion domestique et couvre les activités debiens et services qui pourraient être réa-lisées par une tierce personne. On y trouved’abord le « noyau dur » des activitésquotidiennes – l’ensemble des tâchesménagères – qui consistent à s’occuperde l’entretien du linge (lavage, repassage,raccommodage), du ménage ou de lacuisine, des courses.

Les autres activités domestiques, telles quel’aménagement ou la décoration du loge-ment, les travaux de bricolage – y comprisla réparation automobile ou les travauxde gros œuvre dans un logement –, la gardedes animaux domestiques ou l’arrosagedes plantes, l’entretien du jardin, peuventrevêtir un aspect plus ludique et s’appa-rentent d’une certaine manière à une formede loisirs (2). Enfin, dans la productiondomestique de santé, il faut compter laproduction informelle de soins aux jeunesenfants ou aux personnes âgées qui, selonles situations familiales, peuvent revêtirune dimension plus ou moins utilita-riste (3).

Les transferts financiers

Une deuxième sphère de l’analyse deséchanges concerne les transferts finan-ciers limités exclusivement aux transfertsen argent, ceux pour lesquels on disposed’une valeur estimée fournie dansl’enquête. Sont ainsi comptabilisées lesaides financières ponctuelles ou pourl’achat d’un logement, le versement depensions alimentaires ou les contribu-

tions au loyer. Dans les aides financières,on compte les prêts d’argent ponctuelset les prêts consentis par des parents àleurs enfants lors de l’achat d’un loge-ment, pour constituer l’apport personnelou pour rembourser un emprunt. Eneffet, les prêts ont souvent vocation àdevenir une donation dans la mesureoù de nombreux prêts ne sont pas rem-boursés (4).

Les aides matérielles et servicesrelationnels

Un autre domaine d’entraide est consti-tué des aides matérielles qui correspon-dent à des aides économiques non pé-cuniaires. Selon les trois composantesde l’échange, on isole la nature desservices aussi hétérogènes que le prêt devoiture, les cautions bancaires, les donsen nature ou le prêt d’un logement pourles vacances. Si le sens de l’échange estaisément identifiable, l’intensité l’estplus difficilement et reste relativement« grossière » sous forme d’indice.

Le même principe, bien que sous unregistre différent, est adopté pour lesservices relationnels qui concernent lamobilisation du réseau social, à savoir lamise à disposition par ou pour la paren-té, de ressources personnelles en termesde relations, connaissances ou d’infor-mations pour des démarches adminis-tratives, la recherche d’un travail, d’unlogement ou la possibilité de proposerune aide professionnelle.

Le temps libre partagé en famille

Enfin, au-delà de toutes ces formes desolidarités, on a souhaité introduire desvariables d’attention pour estimer laproximité affective ou l’affinité entre lesgénérations (5). On a donc choisi de tra-vailler sur le temps libre partagé enfamille en éliminant à la fois les activitéstrop minoritaires ou majoritaires. Lesloisirs pratiqués avec les enfants adultess’articulent autour de sept grands types

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d’activités : activités de plein air, ma-nuelles, culturelles, convivialité, inté-rieur, lieux de culte et visites au cime-tière, vacances passées ensemble. Avecles parents âgés, la palette d’activités estplus réduite et regroupée autour de troisprincipaux champs : la fréquentation deslieux de culte ou les visites au cimetière,les vacances en famille et enfin toutesautres formes de loisirs.

Opportunités et nature deséchanges différencient les

familles

Cette étape de conceptualisation des so-lidarités familiales, préalable nécessaireà la lisibilité d’une information très denseet complexe, a amené à construire desindicateurs qui différencient les domai-nes de l’intervention familiale tout enconservant la nature, le sens et l’intensitéde l’échange entre les trois générationsfamiliales, des grands-parents aux petits-enfants, selon la perception qu’en ont lesparents âgés de 50 ans. La productiondomestique peut être résumée dans unindicateur qui synthétise l’ensemble desactivités domestiques recensées et ré-vèle une ampleur croissante des servicesrendus ou reçus, depuis les situationsdans lesquelles les parents ne donnentou reçoivent aucun service domestiquede leurs parents âgés ou de leurs enfants,jeunes adultes, jusqu’à ceux qui échan-gent intensément et réciproquement avecles deux autres générations (6).

L’indicateur des transferts financiersmontre que le volume total des transfertsfinanciers ne suffit pas à différencier lesfamilles. Plus que le montant, ce sont lesopportunités et la nature des transfertsqui sont plus explicites. Ceci permet d’iso-ler les familles qui n’ont bénéficié, ni faitbénéficier, d’aucune aide financièreintergénérationnelle de celles pour les-quelles les flux sont nettement descen-dants, plus diversifiés et d’un montantélevé, les grands-parents versent à leursenfants qui versent aux petits-enfants,principaux bénéficiaires de l’échange.

Entre ces deux cas de figure, pour unepartie, les aides sont exclusivement des-cendantes et les jeunes adultes en sont lesseuls bénéficiaires et, pour une autrepartie, la génération intermédiaire béné-ficie seule de l’aide des grands-parents.

De la même façon, l’indicateur de l’inten-sité relationnelle différencie fortement lesfamilles selon les générations impliquées.Cet indicateur montre que la fréquencedes loisirs en famille est croissante pourchacune des activités retenues, depuisles familles qui rencontrent très rarementleurs enfants ou leurs parents pour fairedes choses ensemble jusqu’à celles quimultiplient les occasions de partager desmoments privilégiés avec les deux autresgénérations.

La suite de la démarche consiste à traitersimultanément les différents domainesde la solidarité intergénérationnelle– activités domestiques, transferts finan-ciers, proximité affective, aides maté-rielles et services relationnels –, pourrendre compte de la diversité des situa-tions familiales.

Une typologie en cinq classes

Conformément à la méthode proposée,l’analyse des correspondances multiplesmenée sur les différents indicateurs dela solidarité familiale montre que pourchaque dimension explicative – servicesdomestiques, transferts financiers, aidesmatérielles, services relationnels, proxi-mité affective – au moins une modalitéde chaque variable, celle qui caractérisel’intensité la plus forte ou, à l’opposé,l’absence d’échange, contribue sur lepremier axe. Le deuxième axe marquel’influence des aides matérielles et ser-vices relationnels au sein des solidaritésfamiliales. Enfin, le troisième axe opèresur l’intensité des services domestiqueset transferts financiers, en opposant lesfamilles qui ne font état d’aucun échangede ce type et celles qui les mentionnentmais avec une intensité relativementfaible.

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

Ensuite, sur la base des coordonnées fac-torielles de ces trois premiers axes, uneclassification hiérarchique permet de faireressortir une partition en cinq classes quicomptent respectivement 20 %, 33 %, 18 %,18 % et 11 % des observations. Les cinqgroupes obtenus s’ordonnent selon unegraduation progressive des échanges qui,du premier au dernier groupe, est mar-quée par une augmentation de chacun deséléments constitutifs de la solidarité :nature, sens, intensité. Le premier groupeisole des comportements d’échanges extrê-mement limités tandis que le dernier secaractérise d’emblée par des échangesparticulièrement denses et intriqués.

L’illustration graphique de donnéesmultidimensionnelles est nécessairementréductrice et impose de privilégier certainsangles. Le graphique 1 représente l’inten-sité des activités domestiques selon lagénération impliquée : dans le premiergroupe, une part importante de la généra-tion intermédiaire n’échange aucun ser-vice domestique (ni donne, ni reçoit) avecses enfants ou ses parents. A l’opposé, dansle groupe 5, la part de ceux qui échangentsouvent avec leurs parents ou leurs enfantsdevient nettement plus importante.

Le graphique 2 propose un autre type dereprésentation pour l’indicateur des trans-ferts financiers. Le groupe 5 de la classi-fication concentre la plus grande propor-tion de transferts descendants de forteintensité : la génération intermédiairereçoit des aides de la génération de sesparents et transmet à son tour à ses enfants.A l’opposé, dans le premier groupe, lestrois quarts ne mentionnent l’existenced’aucune aide en argent, dans un sens oudans l’autre.

Le graphique 3 résume les indicateurs deproduction domestique, des transfertsfinanciers et des relations affinitaires sousforme d’indices de moyenne 100 pourtenir compte à la fois du sens et de l’inten-sité de l’entraide. Sous cet angle, on notela progression régulière du cumul deséchanges en nature et en intensité du pre-mier au dernier groupe de la typologie.

Graphique 1 – Sens et intensité des activitésdomestiques

Source : CNAV, 1992, Génération Pivot.

-100

-75

-50

-25

0

25

50

75

100

Groupes d'échanges

en %

Aucun service

Quelquefois

Souvent

Entre les pivots et

les jeunes adultes

Entre les pivots et

les parents âgés1 2 3 4 5

Graphique 3 – Trois indices d’entraide

Source : CNAV, 1992, Génération Pivot.

40

60

80

100

120

140

160

1 2 3 4 5

Groupes d'échanges

Production domestique Liens affinitaires Transferts financiers

Graphique 2 – Les bénéficiaires de transfertsfinanciers

Source : CNAV, 1992, Génération Pivot.

0%

20%

40%

60%

80%

100%

1 2 3 4 5

Groupes d'échanges

Jeunes et pivotsreçoiventbeaucoup

Jeunes et pivotsreçoivent maisintensité faible

Jeunes principauxbénéficiaires

Pivots principauxbénéficiaires

Aucun transfertfinancier oupresque

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Au-delà de ces représentations linéaires,l’objectif de la typologie est de parvenir àune différenciation de l’entraide – nature,sens, intensité – qui soit aussi opérante dupoint de vue des autres membres de lalignée. Autrement dit, les cinq groupesidentifiés à partir de la génération inter-médiaire reflètent-ils les comportementsd’échanges du groupe familial ? Les échan-ges tels qu’ils sont vécus par les parentssont-ils conformes à ce qu’en disent lesgrands-parents et les petits-enfants ?

La confrontation des réponses fournies parles générations adjacentes confirme les ré-sultats obtenus. Les échanges sont crois-sants du premier au dernier groupe, à lafois entre les jeunes adultes et leurs parents– selon les réponses des jeunes adultes –,et aussi entre les parents âgés et leursenfants quinquagénaires – selon les répon-ses des plus âgés. Par exemple, une illus-tration en est donnée à partir des 995 li-gnées complètes pour lesquelles les troisgénérations ont effectivement participé àl’enquête.

Ainsi, quelles que soient la nature et l’in-tensité des services, on observe que, dansle premier groupe de la typologie, 10 %

des familles ont des échanges réciproques,à savoir entre les grands-parents, les pivotset les jeunes adultes, elles sont 20 % dansle deuxième groupe, 30 % dans le troi-sième, 40 % dans le quatrième et 60 %dans le cinquième groupe (7).

En résumé, on peut estimer que la typo-logie obtenue est suffisamment discrimi-nante pour différencier l’entraide inter-générationnelle. Il s’agit maintenant devérifier si elle l’est également du pointde vue des caractéristiques intragénéra-tionnelles des lignées, c’est-à-dire selonles trois générations qui composent legroupe familial.

Une typologie structuréeautour des capacités matérielles

des lignées

Face aux éléments constitutifs de la classi-fication et qui déterminent le contenu del’entraide, on dispose d’un grand nom-bre de variables de statut et d’attitudepour décrire le groupe familial dans samanière d’échanger, son histoire fami-liale, professionnelle, etc. On peut repé-rer, au sein des lignées, les proximités

Une recherche sur trois générations familiales adultes

Conçue pour étudier les solidarités familia-les, leur nature, leur forme et leur circulationentre trois générations adultes, l’enquête a étémenée en 1992 sous la direction de ClaudineAttias-Donfut à la CNAV, avec les contribu-tions de l’AGIRC, l’ARRCO, la CNAF, laCaisse des mines et l’IRCANTEC. Réaliséeavec le concours de l’INSEE en France mé-tropolitaine à partir d’un échantillon aléatoi-re de personnes âgées de 49 ans à 53 ans en1992, ayant au moins un parent vivant et unenfant adulte, 4 668 personnes ont été inter-viewées, soient 1 958 pour la générationintermédiaire, 1 217 pour la génération desparents âgés et 1 493 pour la génération desjeunes adultes. On dispose des trois ques-tionnaires pour 995 lignées.Ces trois générations se situent chacune à desétapes spécifiques de leur cycle de vie. Lesgrands-parents, retraités, âgés de 80 ansenviron, abordent leur quatrième âge tandis

que les parents quinquagénaires, au faîte deleur vie professionnelle, voient leurs enfantspeu à peu quitter le foyer pour démarrer unevie indépendante et créer leur propre fa-mille. Pour chaque génération, le question-nement porte sur les caractéristiques socio-démographiques de l’enquêté , de sonconjoint, de ses parents, de ses beaux-parents,de ses enfants, les contacts et relations fami-liales, les activités sociales, les aides et ser-vices reçus ou rendus financiers et en nature,les donations et héritages, la vie profession-nelle, les attitudes et opinions sur les rela-tions de couples, les modèles d’éducation,les représentations des générations.Le travail présenté a bénéficié des réflexionsd’un groupe de travail qui s’est réuni, entre1996 et 1997, autour de Luc Arrondel et AndréMasson (DELTA-CNRS), Claudine Attias-Donfut,Isabelle Girard, Sylvie Renaut, Alain Rozenkieret François-Charles Wolff (CNAV).

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

qui ont trait aux transmissions en termesde capital humain et de capital économi-que, aux comportements en matièred’éducation et de relations de couple, àla sociabilité, aux parcours de vie et àcertaines étapes spécifiques du cycle devie – le chemin vers l’indépendance pourles plus jeunes, le milieu de la vie pourles quinquagénaires et le temps de laretraite pour les grands-parents –, etc.

La méthode de classification, qui consis-te à identifier des groupes homogènes etdistincts, induit la recherche des élémentsles plus fédérateurs des lignées au seind’un groupe, tout en opposant chacundes groupes les uns avec les autres. Lafaçon de nommer les groupes participeà cette démarche et souligne les différen-ces sans rappeler des tendances plusgénérales qui peuvent être partagées parplusieurs groupes : les contraints : soli-darités élémentaires, transferts en temps(20 % des lignées) ; les traditionnels :solidarités mécaniques, services domes-tiques (33 % des lignées) ; les stratèges :solidarités instrumentales, aides à lapromotion sociale (18 % des lignées) ; lesconservateurs : solidarités organiques,transmissions patrimoniales (18 % deslignées) ; les successeurs : solidarités réci-proques, tout type d’échange (11 % deslignées) (8).

Les contraints : solidarités élémentaires,transferts en temps

Dans ce premier groupe, on peut parlerd’une certaine distanciation vis-à-vis dela solidarité familiale avec une très faibleactivation du réseau d’entraide, et par-fois même des échanges pratiquementinexistants. Le sens de circulation impli-que plutôt la génération intermédiairedes parents pour la fourniture de servi-ces domestiques aux jeunes adultes.D’une génération à l’autre, le niveau descolarité et de formation est particuliè-rement faible. Grands-parents, parents etpetits-enfants ont très tôt quitté l’école,au mieux à l’âge de fin de scolarité obli-gatoire, pour aller travailler dans l’agri-

culture ou à l’usine, comme ouvriersnon qualifiés. D’ailleurs, au seuil de lavieillesse, les grands-parents exprimentdavantage d’impressions négatives surle vécu de leur retraite que dans les autresgroupes.

Une forte densité du réseau de parentéLes hommes de la génération des pa-rents accèdent davantage à des postesd’ouvriers qualifiés tandis que les fem-mes occupent des postes non qualifiésd’ouvrières ou de personnel de service.A chaque génération, les familles sontsignificativement plus nombreuses àvivre dans le Nord-Est du pays. Ce grou-pe familial est celui qui présente la plusforte densité du réseau de parenté, liéeà la descendance nombreuse des grands-parents, eux-mêmes issus d’une fratrienombreuse, et qui s’enrichit plus vite queles autres d’une quatrième générationavec l’arrivée plus précoce des arrière-petits-enfants.

Des configurations familiales chaotiquesMais ces familles nombreuses connais-sent aussi des configurations familialesplus chaotiques. Les grands-parents ontdavantage été confrontés au veuvageprécoce de leurs parents. La générationintermédiaire, qui a déjà connu certainesrecompositions familiales dans son en-fance et la mésentente des parents, vit àson tour plus souvent avec des enfantsde plusieurs unions ou en situation demonoparentalité. Les jeunes adultes fontaussi davantage état de la mésentente deleurs parents. Parallèlement, des grands-parents aux petits-enfants, on partagedes conceptions plus traditionnelles dansles relations de couple et plus autoritai-res dans les modèles d’éducation. Parexemple, les principes selon lesquels « lesgarçons doivent être, davantage que les filles,préparés à une carrière » ou « une femmeayant des enfants en bas âge devrait s’arrêterde travailler » ont plus d’adeptes dans cegroupe de familles.

Une co-résidence des générations liée à lapauvretéQuoi qu’il en soit, les situations familiales

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qui apparaissent plus perturbées n’em-pêchent pas une autre forme de solida-rité, à savoir la co-résidence des généra-tions. Celle-ci est plus répandue, d’unepart, entre les grands-parents et leursenfants, d’autre part, entre les parents etleurs enfants de 20 ans et plus qui tra-vaillent ou sont au chômage. Les béné-ficiaires du revenu minimum d’insertion(RMI) sont presque tous dans ce groupede familles, et plus du tiers des parentsdoivent faire face à une situation depauvreté ou de quasi-pauvreté. Si ondevait exclure les cas de cohabitation,lorsque les familles mettent en communplusieurs revenus, le risque de pauvretéobservé serait encore accru.

A la faiblesse des revenus est associé untaux d’épargne sensiblement plus faiblepour tous les types de placements, ycompris le patrimoine immobilier. Moinssouvent assujetties à l’impôt sur le re-venu, ces familles perçoivent plus sou-vent des pensions substitutives au tra-vail et beaucoup moins de prestationsfamiliales pour leurs enfants qu’ils onteus plus nombreux, plus jeunes et quiont quitté beaucoup plus tôt le systèmescolaire. Nombre de femmes de la géné-ration de 50 ans se déclarent au foyertandis que les hommes sont davantagetouchés par les cessations anticipéesd’activité, après une durée de vie pro-fessionnelle particulièrement longue.

Le parcours professionnel est marquépar une plus grande immobilité : la quali-fication du dernier emploi occupé parrapport au début de leur carrière a étéau mieux stable, voire négative. D’ailleurs,leur métier ne semble pas plus corres-pondre à leurs propres aspirations qu’àcelles de leurs parents, les uns et lesautres n’ayant pas réellement formé deprojets ou exprimé de souhait quant auchoix de leur métier. En terme de mo-bilité sociale subjective, cette générationintermédiaire se montre moins satisfaitede sa réussite par rapport aux autresgroupes de familles, que ce qu’expri-ment les grands-parents et surtout lespetits-enfants qui apparaissent plus

confiants dans leur avenir que ne le sontles autres jeunes adultes de l’échantillon.

Les traditionnels : solidarités mécaniques,services domestiques

Le deuxième groupe, le plus importanten volume, rassemble des familles dontles échanges restent limités et fortementconcentrés sur la sphère domestique.Pour chaque type d’échange (nature etsens), l’occurrence est systématiquementplus élevée dans ce deuxième groupepar rapport au premier : seules 10 % desfamilles de la génération intermédiairene mentionnent l’existence d’aucun ser-vice domestique en provenance ou endirection de leurs enfants ou de leursparents, contre plus de 35 % dans lepremier groupe. En ce qui concerne lestransferts financiers, ils circulent dansla moitié des familles pour moins d’uncinquième dans le premier groupe. Letemps partagé en famille autour desactivités de temps libre est égalementplus répandu. Dans ce groupe familial,l’entraide se concentre davantage surune seule génération à la fois. Les grands-parents bénéficient plus de façon exclu-sive de l’aide de leurs enfants pour desactivités domestiques ou pour des ser-vices relationnels tandis que les aidesfinancières vont vers les jeunes.

Scolarité courte, faible niveau de formationMalgré un niveau d’instruction qui pro-gresse à chaque génération, on demeuredans un schéma de scolarité courte, avecun faible niveau de formation et un âgerelativement jeune au premier travail.Plus de la moitié des grands-parentsn’ont aucun diplôme et un peu moins dela moitié des parents ont au plus lecertificat de fin d’études primaires. Siles arrière-grands-parents étaient en-core nombreux dans l’agriculture, à lagénération des grands-parents, on estplutôt en présence de familles ouvrières,avec une activité féminine plus répan-due et plus longue en moyenne. Lagénération des parents ne se montrepas particulièrement satisfaite ou mé-

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

contente de son parcours professionnelmais, aujourd’hui, les femmes âgées de50 ans sont davantage touchées par lechômage.

Les grands-parents sont davantage exposésau risque de pauvreté monétaireEn termes de niveau de vie, de ressour-ces et de patrimoine, ces familles sontrelativement proches de celles du pre-mier groupe : la moyenne des actifs etla part des propriétaires de biens immo-biliers restent à des niveaux globalementfaibles. Alors que dans le premier grou-pe, la génération intermédiaire étaitparticulièrement touchée par le risquede pauvreté monétaire, ce sont les grands-parents qui sont, ici, le plus exposés.D’ailleurs, ils cohabitent moins souventavec un enfant que dans le premiergroupe, mais sont plus nombreux à vivreen institution que dans n’importe quelautre groupe.

Les filles sont davantage touchées par lechômageAvec une descendance moins nom-breuse pour les grands-parents commepour les parents, la structure familialeapparaît plus stable : c’est le groupequi présente la plus forte proportionde couples mariés parmi les quinqua-génaires. Tout en signalant l’absenced’aisance financière, les jeunes adultesont sensiblement moins souffert pen-dant leur jeunesse du manque d’argentque leurs parents ou leurs grands-pa-rents. On observe, cependant, une cer-taine difficulté dans l’insertion profes-sionnelle des jeunes filles qui sontdavantage touchées par le chômage ettendent à prolonger la cohabitation avecleurs parents.

Les stratèges : solidarités instrumentales,aide à la promotion sociale

Ce groupe familial tend à privilégierles relations entre les parents et lesjeunes adultes, tandis que les grands-parents, sans être totalement absents,sont moins impliqués. Les aides finan-

cières vont presque exclusivement auxjeunes adultes qui fournissent, à leurtour, un soutien domestique à leursparents.

Un niveau d’éducation et de formation plusélevéEn rupture avec les deux groupes pré-cédents, l’élévation du niveau d’éduca-tion et de formation se manifeste dès lagénération des grands-parents et se tra-duit, par exemple, par un autre rapportà la lecture et une plus grande diffusiondu livre. Le noyau des jeunes faiblementscolarisés est en nette diminution et unebonne majorité d’entre eux sont au moinsbacheliers. C’est l’ensemble du groupefamilial qui voit une amélioration deses conditions de revenus : les jeunes,leurs parents et leurs grands-parents sesituent plus souvent dans le cinquièmequintile. La perception de prestationssociales est globalement moins fréquen-te pour les parents, mais elle se concen-tre sur les bourses d’études.

L’indépendance économique de la premièregénérationL’effet des ressources est plus sensiblepour la première génération, celle desgrands-parents, qui est particulièrementbien dotée en valeurs mobilières et enimmobilier résidentiel (logement prin-cipal et résidence secondaire). On a lesentiment que cette indépendance éco-nomique est aussi la clé de son indépen-dance vis-à-vis des enfants qu’ils ontmoins besoin de solliciter, le recoursaux professionnels étant plus répandu.

En outre, dans la mesure où la généra-tion intermédiaire a été plus particuliè-rement marquée dans son enfance parle décès du père ou de la mère, on peutpenser que, pour partie, l’ancienneté duveuvage du parent survivant, la mère leplus souvent, l’a conduit à conquérirplus d’indépendance dans son mode devie. D’ailleurs, les femmes âgées quivivent seules, c’est-à-dire les grands-mères, ont un jugement sur leur retraiteplus largement positif que les autresfemmes dans la même situation.

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Un groupe familial plutôt implanté dans leNord-OuestLe besoin d’indépendance vis-à-vis desautres membres de la parenté, partagépar les trois générations, est peut-êtreattaché à la région d’implantation dugroupe familial, plutôt le Nord-Ouest dupays, et s’oppose ainsi aux familles sou-ches du Sud-Ouest que l’on rencontredans le groupe suivant. Les petits-en-fants se prononcent plus que les autrespour la fourniture de soins aux parentsâgés, sans hébergement. La générationintermédiaire approuve plus largementles parents âgés qui dépensent sur leursvieux jours leur argent au détriment dece qu’ils pourraient laisser à leurs en-fants en héritage.

La co-résidence des jeunes adultes avecleurs parents n’est pas le fait de « n’avoiraucune raison de partir »Cette expression de l’indépendance seretrouve également dans la manière dontles uns et les autres apprécient les ser-vices qu’ils se rendent et s’échangent.Dans les situations de co-résidence desjeunes adultes avec leurs parents, les unset les autres sont moins nombreux àexpliquer cette cohabitation prolongéepar le fait de n’avoir « aucune raison departir ». Les jeunes trouvent à la fois plusd’inconvénients pour eux-mêmes à causedes contraintes familiales qu’ils doiventsubir et plus d’avantages affectifs pourleurs parents. De leur côté, les parentsn’hésitent pas à mentionner les soucisque leurs donnent les jeunes adultes dansla fourniture des aides et services.

Mais, quoi qu’il en soit, les jeunes sontassurés de recevoir l’aide dont ils pour-raient avoir besoin sur des questionsd’ordre affectif ou professionnel. En fait,c’est le groupe familial le plus porteurde « modernité » notamment sur le rôledes femmes, dans les rapports conju-gaux et sur les modèles d’éducation. Lesgrands-parents auraient donné moinssouvent de punitions à leurs enfants et,sur toute la lignée, la pratique religieusemême occasionnelle est beaucoup moinsrépandue.

Les conservateurs : solidarités organiques,transmissions patrimoniales

Exploitants agricoles, artisans et commer-çantsCes familles organisent leurs échangesdans un système d’entraide qui inclut,pour partie, les trois générations et, pourune autre partie, plutôt les deux premièresgénérations, c’est-à-dire les grands-parents et les parents. Depuis les arrière-grands-parents, et à chaque génération,les exploitants agricoles, mais surtout lesindépendants (artisans et commerçants),maintiennent un certain niveau de repré-sentation qui explique probablement laprécocité au travail des grands-parents.

En effet, les anciens sont sortis du sys-tème scolaire plus massivement entre13 ans et 14 ans pour commencer à tra-vailler plus tôt que ce que l’on observedans le groupe précédent. Pour cettegénération, on note à la fois une disper-sion des revenus et un taux de pauvretémonétaire plus faibles. Le patrimoineimmobilier de la génération intermé-diaire, davantage constitué d’investisse-ments de rapport et d’actifs profession-nels exploités, peut atteindre des niveauxtrès élevés. Cette génération a égalementplus largement investi dans les produitsd’assurance vie ou de retraite que tousles autres groupes. Chez les jeunes adul-tes, alors que les actifs professionnelssont plus fréquents, la moindre posses-sion de patrimoine résidentiel peut tra-duire pour certains d’entre eux la mixitédes affectations entre le logement etl’exploitation ou le commerce.

Plutôt implanté dans le Sud-Ouest, le groupefamilial est traditionnel et conservateurLa co-résidence des grands-parents avecleurs enfants ou des jeunes adultes avecleurs parents est plus faible que dans lesautres groupes de familles. Plus souventinstallé dans le Sud-Ouest du pays, legroupe familial se distingue des autresfamilles par une pratique religieuse plusrégulière des grands-parents et au moinsoccasionnelle pour les enfants et les pe-tits-enfants. On observe également des

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comportements plus traditionnels ouconservateurs, notamment autour decette idée que les garçons doivent être,davantage que les filles, préparés à unecarrière ou qu’une femme ayant desenfants en bas âge devrait s’arrêter detravailler.

Ces lignées sont davantage épargnées pardes parcours familiaux atypiques oudifficiles, des recompositions familialesou les mésententes des parents. Lescontacts entre les générations sont plusréguliers, les relations amicales et la par-ticipation à des activités collectives plusrépandues, notamment pour la généra-tion intermédiaire davantage investiedans la vie locale ou municipale. Lesquinquagénaires se déclarent plutôt satis-faits de leur propre réussite par rapportà celle de leurs parents. Ils évoquent, defaçon significative et majoritaire, plus dedifférence avec leurs parents qu’avecleurs enfants, et ce sentiment est effecti-vement souvent partagé par leurs pa-rents âgés. D’ailleurs, les femmes âgéesqui sont seules sont plus sensibles ausentiment de solitude ou d’inutilité etd’ennui, et font plus état d’impressionsnégatives à l’égard de la retraite.

En ce qui concerne les jeunes adultes,eux-mêmes ou leurs parents s’attendentun peu moins souvent à une réussitesociale qui serait meilleure que celle dela génération du dessus. D’ailleurs, laplus forte proportion de jeunes femmessans emploi se retrouve dans la percep-tion d’indemnités de chômage deux foisplus fréquente que dans le groupe 3 et,au contraire, beaucoup moins souventd’allocations logement, relativement augroupe 5.

Les successeurs : solidarités réciproques,tout type d’échange

Des grands-parents plus diplômésCes familles mobilisent l’ensemble de laparenté trigénérationnelle pour deséchanges qui sont massivement récipro-ques entre chaque génération, y compris

entre grands-parents et petits-enfants. Cegroupe est marqué par une forte impli-cation des ascendants pour les aides fi-nancières aux descendants. Plus diplô-més, les grands-parents – hommes etfemmes – ont connu un parcours prochede ceux du groupe 3, avec une entréeplus tardive dans la vie active.

Dans ce groupe, on relève une histoiresalariale ancienne, avec moins d’agri-culteurs dès la génération des arrière-grands-parents et davantage d’ouvriersou employés personnels de service. A lagénération suivante émerge une propor-tion de cadres chez les grands-pères,deux fois plus importante que dans l’en-semble, et dont les épouses sont plussouvent sans profession. Ensuite, l’élé-vation du niveau de formation faitémerger une proportion significative debacheliers, supérieure à 50 % dès la géné-ration des parents.

Un taux d’activité féminine élevé, davan-tage de femmes cadresL’accession des femmes aux fonctionsd’encadrement est l’élément le plus signi-ficatif et se conjugue avec un taux élevéd’activité féminine autour de 50 ans. Acet âge, la moitié des enquêtés – hommesou femmes – se classent parmi les cadreset les professions intermédiaires, contrele tiers pour l’ensemble de l’échantillonet moins du quart dans le premier grou-pe de familles. Par rapport aux projetsqu’ils avaient formés pour leur avenirprofessionnel et leur métier, une majo-rité est clairement satisfaite d’un par-cours professionnel qui, en outre, corres-pond souvent aux aspirations desparents.

A la génération suivante, si on exceptele cas des étudiants deux fois plus nom-breux que dans le reste de la population,les jeunes adultes suivent la voie tracéepar les générations antérieures. Ils sontd’ailleurs relativement confiants dansleur devenir ; on observe une proportionsignificativement plus forte de jeunesadultes qui estiment qu’ils devraientréussir dans la vie aussi bien que leurs

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parents, eux-mêmes déjà largement do-tés en capital scolaire et professionnel.

Des ménages aisés voire très aisésCes familles ont rarement souffert deproblèmes d’argent dans leur jeune âge.Qu’il s’agisse des parents ou de leursenfants, les familles investissent de fa-çon massive dans l’épargne logement et,surtout, les valeurs mobilières. C’estsurtout en termes de revenus disponi-bles que le groupe familial se distinguesingulièrement, avec une proportionplus élevée de ménages aisés, voire trèsaisés.

Les jeunes adultes, pour ceux qui ontde faibles revenus, sont en réalité dansune situation transitoire, le temps pourles étudiants d’achever leurs études su-périeures qu’ils poursuivent dans unlogement indépendant, grâce à l’aidedes parents et au besoin de la collecti-vité à travers les allocations logementdont ils sont plus souvent bénéficiai-res. Ces jeunes adultes vivent davan-tage dans les grandes agglomérationstandis que leurs parents vivent plutôten zone périurbaine, un peu plus sou-vent dans le Sud-Est du pays et de façontrès significative, pour les trois géné-rations, beaucoup moins dans le Nord-Ouest.

Des familles qui se veulent « modernes »Au sein du groupe familial, on entre-tient une sociabilité importante avec laparenté mais également avec les amis,et à travers des activités collectives, no-tamment les associations professionnel-les. Ces familles ont un comportementqui se veut plus « moderne » dans lesmodèles d’éducation ou les relationsde couple. Cependant, il n’est pas tou-jours aisé de faire correspondre les as-pirations et le mode de vie effectif.C’est le groupe pour lequel le décalageest le plus important, pour les troisgénérations, entre leur discours sur lesrelations de couple et la réalité de leurquotidien.

Quant à l’offre et la demande d’aide ou

de services, les ressources potentiellesdu groupe familial laissent l’opportu-nité de solliciter plus facilement quedans d’autres groupes. Néanmoins, ilne faut pas sous-estimer le coût d’unerelation d’échanges intenses qui se tra-duit par des difficultés, évoquées à lafois pour les aides fournies aux parentset pour celles fournies aux enfants. Leprincipe de réciprocité vaut égalementpour les grands-parents qui sont trèsimpliqués auprès de leurs petits-en-fants.

En retour, on note une grande sensibi-lité des jeunes à la nécessité d’aider lesparents âgés en cas de besoin. Pourtant,les grands-parents vivent plus souventen couple, déclarent un état de santé bonou très bon et manifestent beaucoupmoins d’effets négatifs liés au vieillisse-ment. D’ailleurs, ils ont davantage l’ha-bitude de se faire aider par des profes-sionnels, et ce en dehors d’un besoind’aide pour des raisons de santé. Cettepratique est intégrée par leurs petits-enfants qui anticipent plus facilement lapossibilité de financer une aide profes-sionnelle, au besoin en la complétant deleur aide bénévole.

Les inégalités sociales à travers ladynamique de l’entraide

Les profils des familles montrent uneinterdépendance entre les modè lesd’échanges intergénérationnels, telsqu’ils ressortent de la typologie, et lescontraintes (versus ressources) économi-ques et sociales du groupe familial. Lesfamilles qui échangent beaucoup avecleur lignée ont davantage de moyensmatériels pour le faire, même si ce n’estpas toujours sans difficulté. L’opportu-nité d’apporter ou recevoir une aide nedétermine pas toujours l’existence del’échange mais davantage les capacitésd’offre des donateurs que des besoinsréels ou exprimés des donataires. Le« potentiel de solidarité » ne se conju-gue pas nécessairement avec le « réser-voir de parenté », puisque les familles

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les plus nombreuses, en particulier cellesdu premier groupe, sont les moins pro-ductrices d’échanges matériels ou de re-lations affinitaires.

Du point de vue de l’histoire profession-nelle et de l’insertion sociale, les famillesinscrites dans un circuit d’aides et ser-vices dense et complexe entre les troisgénérations ont, pour partie, bénéficiédes positions sociales favorables des gé-nérations antérieures. A l’inverse, lesfamilles à la fois moins productrices deservices et bénéficiaires d’aides sontégalement celles qui ont le moins béné-ficié d’une mobilité sociale ascendante.

Moins impliquées dans leur propre his-toire, ces familles se montrent peu inté-ressées par la mémoire familiale du grou-pe. D’une génération à l’autre, on parlebeaucoup moins souvent de l’histoirefamiliale avec les ascendants ou les des-cendants, pourtant plus nombreux. Pourles trois générations impliquées, depuisles grands-parents jusqu’aux petits-enfants, le niveau de scolarité et de for-mation est croissant du premier au der-nier groupe de familles.

Suivie sur quatre générations, l’histoireprofessionnelle des lignées montre, dèsles arrière-grands-parents, une premièreopposition entre le premier groupe defamilles où dominent les agriculteurs(39 %) et le dernier groupe où le secteurde l’agriculture est en perte de vitesse(27 %). A la génération suivante, celledes grands-parents, les écarts se creu-sent entre les familles qui occupent despostes d’ouvriers et celles qui accèdentaux emplois de cadres.

Cette histoire des professions se traduitpar une différentiation assez forte desfamilles selon les ressources des ména-ges, en matière de revenu disponible etde patrimoine (biens immobiliers ouactifs financiers). Les revenus de la gé-nération intermédiaire, à l’apogée de sacarrière professionnelle, sont croissantsdu premier au dernier groupe de fa-milles et sont plus dispersés que dans

les autres générations. Les grands-pa-rents ont peu bénéficié des améliora-tions des conditions de retraites et nom-bre de femmes veuves vivent surtoutavec une pension de réversion, si bien queleurs ressources mensuelles, y comprispar unité de consommation, sont sensi-blement plus faibles que celles de leursenfants et de leurs petits-enfants.

Les quinquagénairesoffrent spontanément leur aide

A travers l’organisation de l’entraide, onobserve que les quinquagénaires offrentspontanément leur aide davantage qu’ilsne répondent à une sollicitation. Qu’ils’agisse de fournir un soutien à leursenfants ou à leurs parents âgés, cette forcede proposition est corrélée avec l’am-pleur des services échangés. Le mouve-ment est analogue, mais moins pro-noncé, lorsque les ascendants et lesdescendants demandent un service. Surcette question aussi, le sens des réponsesapportées par les jeunes adultes ou lesparents âgés est très proche de celuifourni par la génération intermédiaire.Ce sont bien les familles aux relationsintergénérationnelles les plus denses quicombinent, à la fois, proposition et solli-citation d’aides ou services, avec lesjeunes comme avec les aînés.

La régulation de l’offre et la demanderappelle la priorité du sens des flux d’en-traide, le plus souvent descendants etsans saut de génération. Il est très rareque les grands-parents proposent d’aiderleurs petits-enfants en excluant leurspropres enfants ou que les petits-enfantsosent solliciter l’aide des grands-parentssans que leurs parents le fassent. On tenddonc à respecter certaines normes inscri-tes dans l’enchaînement des générationset on peut penser que l’offre spontanéede service, identifiée comme telle à tra-vers les questions de l’enquête, répondaussi à une forme de solidarité obligée.

D’ailleurs, l’offre d’aide ou de services’accompagne parfois explicitement de

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dif f icul tés f inancières , problèmesd’organisation ou d’emploi du temps,troubles d’ordre psychique ou nerveux.Les donateurs sont d’autant plus nom-breux à ressentir des difficultés, à la foispour les aides fournies aux parents âgéset aux jeunes adultes, que les échangesentre générations sont intenses.

Famille « ressource » ou famille« refuge » : une valeur sûre

De leur côté, les grands-parents ou lespetits-enfants – qui sont aussi de moinsgrands fournisseurs d’aides – font moinssouvent état de difficultés. Conformesau sens des transferts financiers, lesproblèmes d’argent évoqués par les pa-rents et une minorité de grands-parentssont spécifiquement liés aux descen-dants. Dans les autres cas, ce sont plutôtles parents âgés qui occasionnent desdifficultés d’organisation de l’aide asso-ciée à des problèmes physiques pourleurs enfants.

La famille « ressource » ou famille « re-fuge » en cas de besoin reste une valeursûre pour le groupe familial qui sembleavoir une bonne appréciation du poten-tiel de solidarité intergénérationnelle.La génération intermédiaire ferait pluslargement appel à ses enfants en cas demaladie, pour des problèmes affectifs etsurtout pour des services pratiques maisdemanderait l’aide de ses parents pourdes problèmes financiers. S’ils venaientà rencontrer des problèmes financiers,une forte majorité des parents âgés etdes jeunes adultes semblent assurés depouvoir compter respectivement sur leursenfants ou leurs parents, avec un tauxcroissant de réponses positives du pre-mier au dernier groupe de la typologie.

En résumé, par rapport aux hypothèsesde départ sur les comportements possi-bles des familles, on observe que ce sontd’abord les ressources qui conditionnentles pratiques. L’hypothèse alternativede qualifier le fondement des solidaritésfamiliales intergénérationnelles selon les

groupes de familles n’est pas nécessaire-ment invalidée. Il est possible que lestendances lourdes observées sur les di-mensions économiques du groupe fami-lial à l’intérieur de chaque classe puis-sent masquer des contraintes normativesfortes, sentiment d’obligation ou respectd’habitudes familiales qui seraient plusprégnants dans certaines familles où leséchanges sont massifs et, au contraire,plus souples dans d’autres groupes.

Des inégalités socialesintragénérationnelles

Cependant, en première analyse, onobserve que le volume des échanges estclairement déterminé par les capacitéset les ressources des ménages, au-delàmême de la génération d’appartenance,c’est-à-dire de l’âge ou de la positiondans le cycle de vie. Autrement dit, laclassification obtenue à partir des fluxd’échanges intergénérationnels metd’abord en évidence la permanence desinégalités sociales intragénérationnelles.

Si, de toute évidence ces résultats surla permanence des inégalités sociales nesurprennent guère, on est tout de mêmefrappé par le recouvrement des flux d’échan-ges et du stock de ressources au sein dugroupe familial. Ces résultats sont pro-bablement à mettre en perspective avecles discours sur la guerre annoncée desgénérations – qui, sans nier les inégali-tés, en limite l’importance – pour centrerle débat sur la fracture générationnelleentre les jeunes adultes et leurs aînés quiconcentreraient tous les pouvoirs écono-miques et politiques.

Ce risque, s’il existe, a toutes les chancesde toucher les familles les mieux dotéesen capital économique. Ce sont aussicelles qui peuvent le mieux mobiliser lessolidarités familiales et réduire les iné-galités entre les générations du groupefamilial. Se faisant, elles contribuent pro-bablement à renforcer les inégalités avecles lignées fortement contraintes. Cepen-dant, on ne peut manifestement pas iden-

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tifier, sauf à la marge éventuellement,un type de familles dans lequel la soli-darité serait totalement et volontaire-ment en panne.

Si les difficultés économiques fragilisentles liens familiaux, elles ne produisentpas réellement d’indifférence entre lesgénérations. Il semble bien que la normede solidarité familiale reste une valeurforte qui s’impose de l’extérieur à l’in-térieur de la famille, sorte d’obligationcollective à l’égard de la parenté, à la-quelle la famille répond selon ses pro-pres contraintes. Que les familles entre-tiennent des relations harmonieuses ouplus tendues, elles n’échappent pas àleurs devoirs, souvent qualifiés (par abusde langage ?) de naturels et spontanés.

L’entraide familialeest une solidarité « obligée »

L’entraide familiale est aussi, de fait,une solidarité « obligée », organisée parla loi qui encadre les liens familiaux àtravers, notamment, l’obligation alimen-taire et l’obligation d’entretien. Certes,l’intervention de l’Etat permet de réduireles devoirs et obligations de la famillevis-à-vis de ses membres les plus fragi-les et les plus démunis mais les presta-tions sociales, notamment dans le cadredes politiques d’aide à la famille, n’ontpas vocation à remédier aux inégalitéssociales.

Les prestations sociales conçues pourcompenser les charges familiales quereprésentent les enfants, quels que soientles revenus, devraient assurer une re-distribution horizontale, c’est-à-dire in-tragénérationnelle, et non verticale ouintergénérationnelle. En réalité, certai-nes prestations contribuent indirecte-ment au renforcement des inégalitésintragénérationnelles. Par exemple, lesallocations logement que reçoivent lesétudiants qui poursuivent des étudessupérieures et les avantages fiscaux dontbénéficient leurs familles vont très peuaux familles modestes.

Plus rarement assujetties à l’impôt, cesdernières ont eu leurs enfants plus tôtet plus nombreux, des enfants qui onttrès tôt quitté l’école mais continuent devivre au domicile des parents, en partieà cause des difficultés d’insertion pro-fessionnelle pour ces jeunes peu ou pasqualifiés. L’hébergement familial consti-tue précisément une entraide intergéné-rationnelle substantielle. Pourtant, il estmal pris en compte dans les transfertsfamiliaux en raison de la difficulté àidentifier le bénéficiaire.

En effet, du côté des jeunes adultes quivivent toujours avec leurs parents, àquel moment changent-ils de statut,quand peut-on dire d’un jeune qu’il nevit plus avec ses parents mais qu’il esthébergé chez ses parents ? Est-ce à samajorité juridique ? Lorsque sa famillene peut plus prétendre aux prestationsfamiliales ou selon son statut vis-à-visde l’activité professionnelle ? Mais alors,comment différencier le cas du jeuneau chômage, de celui qui vient juste detrouver un premier emploi ? Commenttraiter les situations où plusieurs enfantsadultes vivent toujours chez leurs pa-rents et les états intermédiaires entreceux qui sont en instance de départ,ceux qui sont déjà partis une fois maisrevenus ?

Des questions du même ordre se posentdu point de vue des parents âgés qui,pour partie, sont effectivement accueillischez leurs enfants pour des raisons desanté et, pour partie, vivent chez eux,à leur propre domicile, en hébergeantleur(s) enfants pour des raisons profes-sionnelles ou familiales.

Des inégalités entre lignées auxdeux bouts de la vie

Aux deux bouts de la vie, pour la pro-duction de soins aux parents âgés ouaux jeunes enfants, on retrouve le jeudes inégalités entre les lignées. Les jeu-nes adultes ayant déjà construit leurpropre famille et confiant leurs enfants

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au quotidien aux grands-parents ne béné-ficient pas des avantages accordés à lagarde des jeunes enfants à travers lefinancement des crèches, des aides di-rectes aux familles par la branche Fa-mille de la Sécurité sociale ou des réduc-tions d’impôts pour les frais de garde.

Par ailleurs, les familles prenant encharge leurs parents âgés, parce qu’ilsne peuvent le faire eux-mêmes, ne sontpas prises en compte dans la politiquefamiliale et ne bénéficient pas, à ce titre,de prestations sociales comme c’est lecas pour les enfants. Les ascendants quisont inconnus en matière sociale ne lesont pas en matière civile, puisque l’obli-gation alimentaire envers eux est ins-crite dans le Code civil au même titreque pour les descendants.

L’obligation alimentaire reste attachée àla plupart des prestations relevant del’action sanitaire et sociale. Or, si lesbesoins médicaux sont couverts par l’assu-rance maladie, les besoins d’aide à lapersonne ne sont plus assurés au-delà

de 60 ans et, le plus souvent, la prise encharge du grand âge repose sur la soli-darité familiale (9).

Les personnes les plus âgéessont les plus exposées

Compte tenu des inégalités sociales quiaccentuent les inégalités familiales, c’estprobablement par rapport aux plus âgésque l’enjeu de l’entraide et des solida-rités familiales apparaît à la fois le plusimportant et le plus critique pour l’ave-nir. L’incidence des conditions de viesur les conditions de santé à la vieillesseest particulièrement visible dans le pre-mier groupe de la typologie. Les grands-parents expriment davantage d’impres-sions négatives sur le vécu de leurretraite, et les effets négatifs du vieillis-sement sur leur état de santé plus dé-gradé les exposent à demander davan-tage d’aide à leurs enfants et à cohabiteravec eux. Ces derniers, économiquementplus fragiles, sont aussi proportionnel-lement plus nombreux à assumer, seuls

Une analyse de données multidimensionnelles (1)

Pour étudier et résumer des données multi-dimensionnelles qui comprennent à la foisdes variables quantitatives et qualitatives,on dispose de différentes méthodes d’analy-se de données permettant la construction dereprésentations simplifiées de données brutesafin de mettre en évidence les relations entreles observations.Le travail présenté dans cet article combinedeux techniques d’analyse des données : uneméthode factorielle pour réduire le nombredes dimensions explorées tout en perdant lemoins d’information possible et une métho-de de classification pour regrouper les don-nées en classes. Une première analyse descorrespondances multiples réalisée sur lesvariables d’échanges (continues ou discrè-tes) permet de récupérer les coordonnéesfactorielles dans des variables quantitativessur lesquelles on applique une classificationhiérarchique ascendante. Cette procédure,dans laquelle le nombre de classes n’est pasfixé a priori, consiste à rechercher une par-tition en groupes homogènes et distincts. Il

s’agit d’identifier des groupes de famillesaux comportements d’échanges aussi pro-ches que possible à l’intérieur de chaquegroupe et aussi dissemblables que possibleentre chacun des groupes.Il faut bien comprendre que ces techniquesde statistique exploratoire multidimension-nelle ne permettent pas d’obtenir un classe-ment directement explicatif ou prédictif.Chercher à caractériser de manière concisela population pour chaque classe de la par-tition peut paraître schématique, puisque onsouligne les éléments qui différencient le plusles groupes les uns par rapport aux autres,sans toujours rappeler les tendances géné-rales qui peuvent être partagées par plu-sieurs groupes. En revanche, ces méthodespermettent d’expliciter la structure d’un en-semble de données importantes et de formu-ler des hypothèses à vérifier dans une étapeultérieure.

(1) Les analyses sont réalisées avec le logiciel SASet enchaînent les procédures Corresp, Cluster et Tree.

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et sans soutien professionnel, les aidesnécessaires à la vie quotidienne de leursparents âgés.

Inversement, à l’autre bout de l’échelle,les parents âgés et leurs enfants qui ontconnu des conditions de vie plus favo-rables sont moins confrontés à ce typede situation. On peut même estimer queles allègements fiscaux dont ils peuventbénéficier à travers les donations consti-tuent une forme de transferts publics enfaveur des familles riches qui contri-buent, aussi, à accroître les inégalitéssociales entre les familles et au sein dechaque génération.

Enfin, si on se réfère aux conditions dumarché de l’emploi, l’amélioration desannées quatre-vingt-dix n’était pas denature à réduire les inégalités que ré-vèle la typologie. La baisse du chômages’est concentrée sur les jeunes diplôméset les adultes qualifiés et beaucoupmoins sur les jeunes peu diplômés ousans diplôme et les chômeurs de longuedurée – en particulier ceux qui ont dé-passé 50 ans –, c’est-à-dire des configu-rations familiales que l’on retrouve pré-cisément dans les deux premiers groupesde familles.

Les discriminations liées à l’âge sur lemarché de l’emploi sont très variablesselon le niveau de qualification et tra-duisent des inégalités sociales fortesqui ont peu à voir avec l’appartenancegénérationnelle. A 25 ans, le parcoursscolaire détermine le statut profession-nel : contrats précaires, contrats à du-rée déterminée ou intérim pour les jeu-nes sans formation et contrats à duréeindéterminée pour les diplômés du su-périeur. A 45 ans, on est encore un jeunemédecin mais aussi un travailleurvieillissant dans l’industrie et rarementassocié à la formation professionnellecontinue. A 55 ans, les travailleurs – dé-sormais âgés – sont « invités » à quitterl’entreprise sous l’impulsion de diri-geants du même âge mais que leurfonction préserve des fins de carrière« anticipées » par la préretraite ou

l’inactivité forcée par la longue mala-die, le chômage de longue durée.

On voit combien la génération pivot quiest précisément celle ayant bénéficié àplein des acquis des Trente Glorieusesest loin d’être homogène. Il est probablequ’en arrivant à la retraite, cette géné-ration bénéficiera de niveaux de pen-sions relativement satisfaisants, au re-gard de ce qu’a pu connaître la générationaînée. Il est tout aussi probable que desinégalités sociales fortes se maintien-dront entre les ménages ayant connu lapréretraite, le chômage ou l’inactivité,et ceux ayant connu un parcours profes-sionnel ascendant, avec des couples dedoubles actifs, chaque conjoint ayantacquis des droits propres pour leurpension de retraite.

L’impact des valeurs familialessur l’entraide : une perspective

de recherche

Si les familles les plus modestes ne seretrouvent pas systématiquement dansle premier groupe de la typologie et lesfamilles aisées dans le cinquième grou-pe, la probabilité pour chacune restesignificativement beaucoup plus élevée.C’est bien la prééminence des ressour-ces économiques et sociales qui déter-mine le niveau d’entraide, même s’il ya probablement des transmissions devaleurs familiales qui conditionnentl’état de l’entraide. Par exemple, aiderson parent âgé en perte d’autonomierésulte sans doute des relations anté-rieures mais sans doute aussi d’un sen-timent d’obligation, auto-désignation oudésignation indirecte par la parenté del’aptitude d’une fille, ou de la disponi-bilité d’un enfant célibataire à devenirl’aidant naturel. Il conviendrait de pro-longer cette réflexion, cette perspectiveconstituant la deuxième étape de la dé-marche proposée.

La méthode appliquée visait d’abordà expliciter la structure des donnéespour formuler des hypothèses à vérifier

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38RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003

dans une étape ultérieure (10). A par-tir des groupes de la typologie, c’est-à-dire à niveau de ressources équiva-lent, les prochaines analyses devrontintégrer la problématique du don et dela dette, tester des hypothèses théori-

ques développées dans d’autres tra-vaux sur les questions d’altruisme,d’échange et de réciprocité directe,indirecte ou différée, pour éventuelle-ment repérer des pratiques de solida-rité différentes selon certaines familles.

(1) Par la suite, les analyses confrontent systé-matiquement les réponses des grands-parents etpetits-enfants adultes pour rendre compte de ceque vivent les trois générations d’une même li-gnée familiale. Sont ainsi réintégrées, dans le cir-cuit des échanges, les aides mentionnées par lebénéficiaire mais omises par le donateur (ou l’in-verse). En effet, la perception de l’échange diffèred’un individu à l’autre, selon la position dans lecycle de vie, la spontanéité à proposer un service,la capacité à recevoir une aide ou le poids duservice rendu. Contrairement à ce que l’on pense,il n’y a pas systématiquement surestimation de ceque l’on donne et sous-estimation de ce que l’onreçoit.(2) On ne dispose pas du temps mobilisé pour desaides et services aussi différents que la décorationdu logement – activité ponctuelle et de « semi-loisir » (Dumazedier, cité par Degenne et al.,1997) – et l’entretien du linge – activité incontour-nable et régulière. En outre, rendre ou recevoircertains services suppose que l’aide trouve l’occa-sion de s’exprimer : les activités de jardinage sontsubordonnées à la disponibilité d’un jardin, lestravaux de gros œuvre s’adressent plutôt aux pro-priétaires et supposent la disponibilité de moyensen temps, savoir-faire, outils, etc.(3) Les besoins dans ce domaine sont fortementcorrélés avec l’âge des bénéficiaires, et les person-nes âgées de 50 ans ont une très faible probabilitéd’être aidées pour des besoins physiologiques(hormis les très rares situations de handicap) oupour faire garder leurs enfants. Ils sont, en revan-che, la clé de voûte du système familial d’aideauprès des petits-enfants en bas âge et, surtout,auprès des parents très âgés. Malheureusement,l’enquête fournit un instantané de la solidaritésans tenir compte, par exemple, de l’aide apportéeantérieurement à un père ou une mère, aujourd’huidécédé(e) ou qui a recouvré une meilleure santé.(4) L’héritage n’intervient pas dans la typologie.D’une part, la génération intermédiaire a, parconstruction, encore au moins son père ou sa mère

et, pour ceux qui ont déjà connu le décès d’unparent, ce premier décès ne donne lieu à aucunchangement de propriété dans la plupart des cas.D’autre part, l’enquête ne repère pas l’espéranced’héritage. D’ailleurs, le transfert de patrimoineau décès correspond généralement à un legs acci-dentel (Arrondel et al., 1998).(5) Les données sur la proximité géographique oula densité des contacts sont étroitement corréléesavec les activités domestiques, les soins aux pa-rents âgés ou la garde des jeunes enfants, sansrendre compte nécessairement de la qualité dulien affectif (Bonvalet et al., 1999 ; Coenen-Hutheret al., 1994 ).(6) Voir encadré méthodologique p. 26.(7) Pour le détail des données chiffrées, se repor-ter aux tableaux figurant en annexe, p. 42-44.(8) La réciprocité des échanges au sein des lignéessuppose que l’on observe simultanément sixrelations « je donne et je reçois » : entre les grands-parents et la génération intermédiaire, entre lespetits-enfants et la génération intermédiaire, entreles grands-parents et les petits-enfants.(9) Si une personne âgée demande l’interventionde l’aide sociale, le Département se réserve ledroit de vérifier l’existence de débiteurs alimen-taires, enfants ou des petits-enfants, susceptiblesd’assurer les frais ou bien de recouvrer sur lasuccession les sommes versées au titre de l’aidesociale. Depuis janvier 2002, les personnes âgéeset leurs familles ont vu s’ouvrir de nouvelles pers-pectives pour les aider à financer en partie les fraisliés à la dépendance. L’APA – allocation person-nalisée d’autonomie – est la première mesured’aide sociale dégagée des obligations familialeslégales et versée en fonction du niveau de ressour-ces de la personne âgée, pour couvrir des besoinsd’aide à la dépendance. Cette prestation ne concernepas les frais d’hébergement et, lorsque la vie àdomicile n’est plus possible, le cas échéant, c’est lasolidarité familiale régie par le Code civil quicontinue de s’imposer aux familles.(10) Voir encadré p. 36.

Notes

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42RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003

Pivots : l’offre et la demande de services

Le Pivot propose à ses enfants et ses parents 34,5 51,9 62,7 66,8 77,6 P. 19

Le Pivot propose et ses enfants demandent 25,1 42,6 54,2 50,4 63,5 P. 1958

Le Pivot propose et ses parents demandent 12,7 26,1 33,5 30,9 41,1 P. 1958

Enfants et parents demandent au Pivot 17,0 30,8 36,4 34,5 43,4 P. 1958

Pivots : le “ poids ” des aides et services

Au moins une difficulté mentionnée 16,7 27,7 43,1 42,3 53,0 P. 1958

Difficulté uniquement liée aux enfants 6,8** 15,2 23,3** 20,6 16,9 P. 1958

Difficulté uniquement liée aux parents 6,8 5,6** 8,4 9,7 11,9** P. 1958

Difficulté liée aux enfants et aux parents 3,0** 6,8** 11,4 12,0 24,2** P. 1958

Vieux et Jeunes feraient appel à la génération Pivot

En cas de maladie 60,2** 66,7 68,4 67,4 70,2 3g. 995

Pour des problèmes financiers 48,4** 52,7* 59,5 64,2* 69,4* 3g. 995

Les parents âgés dépensent leur argent au détriment de l’héritage

Vieux : plutôt désapprouvent 37,9 35,7 38,1 30,2** 40,8 V. 1217

Pivots : oui, approuvent 70,1 68,7 73,8** 67,4 65,7 P. 1958

Jeunes : oui, approuvent 79,2 81,4 77,7 83,0 83,6 J. 1493

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Génération% % % % % effectifs

A N N E X E

Caractéristiques intragénérationnelles des lignées selon les groupes d’échangesintergénérationnels

Source : CNAV 1992, génération des grands-parents (Vieux, n=1217), des parents (Pivots, n=1958), des enfants (Jeunes, n=1493)

Les termes de l’échange : organisation, charge, réservoir

Le potentiel de solidarité : réseau, sociabilité

Descendance (nombre de personnes en moyenne)

Vieux (enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants) 17,8 16,0 15,7 13,5 13,3 V. 1217

Pivots (enfants, petits-enfants) 4,0 3,8 3,5 3,4 3,3 P. 1958

Contacts moins d’une fois par semaine (hors ménage)

Vieux avec leurs enfants 13,1* 10,4 9,9 6,6** 9,6 V. 1117

Pivots avec leurs parents 43,4** 33,4 29,6 20,8** 14,0** P. 1832

Pivots avec leurs enfants 16,1** 8,6 4,2** 6,4 2,5** P. 1739

Jeunes avec leurs parents 17,6** 10,8 10,2 9,6 7,4 J. 1320

Participation des Pivots à la vie associative 31,2** 37,8 42,6 45,7** 44,3 P. 1958

Dont prise de responsabilités 39,0 34,2** 38,4 51,2** 58,8** P.773

Quand on ne parle jamais de l’histoire familliale

Vieux avec leurs enfants 27,7* 22,1 17,1 15,7 13,0 V. 1217

Pivots avec leurs parents 35,0* 24,3 17,8* 17,5* 7,8* P. 1958

Pivots avec leurs enfants 23,0* 17,3 12,0* 11,4* 9,6* P. 1958

Jeunes avec leurs parents 34,9* 31,9* 23,5 18,1* 20,3* J. 1493

Vieux avec leurs petits-enfants 45,1* 35,3 31,9 28,8 18,5* V. 1217

Jeunes avec leurs grands-parents paternels 54,7* 51,4* 43,8 35,1* 28,6* J. 1121

Jeunes avec leurs grands-parents maternels 41,0 53,8* 46,6* 36,4 30,1* J. 1306

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Génération% % % % % effectifs

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RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003

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DOSSIER FAMILLES, VIEILLISSEMENT ET GENERATIONS

Age de fin de scolarité

Vieux : avant 13 ans 47,1** 40,3 32,4 32,8 26,5** V. 1217Pivots : avant 15 ans 47,7** 36,8 34,0 27,8** 20,5** P. 1958Jeunes : 16 ans maximum 15,2** 10,7 6,6** 7,6 7,4 J. 1493

Formation, diplôme

Vieux : aucun diplôme 61,7** 51,4 40,5** 47,9 42,2* V. 1217Pivots : au plus certficat études primaires 55,8** 44,9 36,2 32,0 24,2** P. 1958Jeunes : au plus BEPC, CAP, BEP 57,4 48,1 40,8 44,5 30,5 J. 1493

Taux de lecteurs d’un livre au cours des trois derniers mois

Vieux 28,2** 37,5 36,7 39,9 47,6** V. 1217Pivots 40,4** 45,9* 49,8 55,1** 62,1** P. 1958Jeunes 53,9** 59,9 62,3 61,2 68,9** J. 1493

Un siècle d’histoire professionnelle sur quatre générations

Arrière-grand-pères : agriculteurs 38,8** 35,9 36,7 33,2 26,5** V. 1217Grand-pères : ouvriers 43,6** 39,2 31,4* 32,4* 38,1 V. 1217Pères : cadres + intermédiaires 30,5** 38,7 47,8 46,0 51,6** P. 1958Jeunes adultes : employés + ouvriers 56,7** 53,5 47,7 45,6 35,0** J. 1493Jeunes étudiants 5,6 6,3 8,5 9,8 17,5** J. 1493

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Génération% % % % % effectifs

Transmissions socio-économiques et statutaires

Revenus du ménage (moyenne mensuelle en francs )

Vieux 5 500 5 800 6 000 5 700 6 300 V. 1217Pivots 12 100 14 700 16 500 17 000 18 400 P. 1958Jeunes 11 100 11 400 11 700 11 200 11 700 J. 1493Jeunes non étudiants 11 400 11 900 12 400 11 900 13 300 J. 1336

Pauvreté monétaire : revenus par UC <1/2 revenu médian

Vieux (revenu médian/UC 5 000 francs/mois) 5,7** 10,1 7,1 5,5 8,8 V. 1217Pivots (revenu médian /UC 9 200 francs/mois) 20,8** 12,1 7,0** 11,4 3,6** P. 1958Jeunes (revenu médian/UC 7 700 francs/mois) 12,3 9,5** 10,8 14,5 18,1** J. 1493Jeunes non étudiants (revenu médian/UC 8 000 francs/mois) 12,1 7,2 6,5 9,7 7,7 J.1336

Patrimoine (mobilier, immobilier) moyenne en francs

Vieux 290 000 335 000 438 000 435 000 422 000 V. 1217Pivots 638 000 813 000 898 000 1100 000 998 000 P. 1958Jeunes 187 000 185 000 185 000 178 000 158 000 J. 1493

Patrimoine (mobilier, immobilier) médiane en francs

Vieux 116 000 162 000 278 000 226 000 198 000 V. 1217Pivots 535 000 662 000 752 000 804 000 797 000 P. 1958Jeunes 24 000 32 000 26 000 31 000 27 000 J. 1493

Conditions d’habitat assez riche à très riche (impression enquêteur)

Vieux 28,2** 32,5 35,5 37,6 48,5** V. 1170Pivots 29,9** 39,9** 44,9 51,1** 47,2* P. 1832Jeunes 39,7 42,9 41,8 45,1 40,5 J. 1371

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Générationfrancs et % francs et % francs et % francs et % francs et % effectifs

Groupe 1 : les contraints : solidarités élémentaires, transferts en temps (20 % des lignées). Groupe 2 : les traditionnels : solidaritésmécaniques, services domestiques (33 % des lignées). Groupe 3 : les stratèges : solidarités instrumentales, aides à la promotionsociale (18 % des lignées). Groupe 4 : les conservateurs : solidarités organiques, transmissions patrimoniales (18 % des lignées).Groupe 5 : les successeurs : solidarités réciproques, tout type d’échange (11 % des lignées). Cette répartition vaut pour lesPivots, les Vieux, les Jeunes ou les lignées des trois générations.Dans la dernière colonne du tableau, la lettre V, P ou J, suivie d’un nombre indique la génération et les effectifs observéspour chaque ligne (V pour Vieux, P pour Pivot, J pour Jeunes, 3g pour les lignées complètes).** Chi-deux significatif au seuil de 5 % ; * Chi-deux significatif au seuil de 10 %.

Chaque ligne des tableaux est indépendante. Le libellé et les effectifs font chaque fois référence à la génération à laquellese rapportent les données. Exemple : dans le premier tableau, « Le Pivot propose à ses enfants et ses parents » : c’est le caspour 34,5 % des Pivots du groupe 1 et 77,6 % des cas pour le groupe 5 ; dans la dernière colonne, P. 1958 signifie que lesdonnées portent sur 1 958 observations de la génération Pivot.

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44RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 71 - 2003

Modèle d’éducation reçue : autoritaire

Vieux 37,4 37,7 40,5 40,3 37,4 V. 1217Pivots 37,3* 33,9 30,9 31,2 28,8 P. 1958Jeunes 20,4* 13,5 14,2 13,0 4.5* J. 1493

Les garçons doivent être plus que les filles préparés à une carrière

Vieux 50,2* 44,6 42,9 45,0 39,5* V. 1217Pivots 30,5 28,3 28,3 25,9 23,3 P. 1958Jeunes 15,8* 12,9 11,5 13,0 11,3 J. 1493

Une femme ayant des enfants en bas âge devrait s’arrêter de travailler

Vieux 84,8 86,3 86,7 84,8 90,4 V. 1217Pivots 87,2 86,2* 84,5 81,0* 80,7* P. 1958Jeunes 68,0* 66,1 60,4* 65,2 57,1** J. 1493

Pratique religieuse

Vieux : régulière 30,0 31,4 33,8 38,7** 35,4 V. 1217Pivots : régulière ou occasionnelle 51,8* 57,2 55,7 61,3** 62,6** P. 1958Jeunes : aucune pratique 68,3 66,7 63,2 60,1** 70,6 J. 1493Vieux-Pivots-jeunes : régulière ou occasionnelle 22,6 24,8 16,7** 29,5* 17,4 3g. 995

Des relations de couple sur un modèle traditionnel

Vieux 79,3* 71,9 71,9 73,5 67,3* V. 1217Pivots 57,6 57,7 56,7 54,6 46,6* P. 1958Jeunes 39,4* 34,9 30,8 36,2 31,6 J. 1493

Parcours professionnel des Pivots

Activité féminine (enquêtée ou conjointe) 57,1** 62,4** 68,2 72,4** 73,5** P. 1958Votre métier correspond à vos souhaits, vous avez réalisé vos projets 36,5** 42,9 43,8 46,6 53,7** P. 1900Votre métier correspond aux souhaits de vos parents 24,2** 25,6** 33,2 33,8* 38,9** P. 1900Votre qualification professionnelle a plutôt augmenté 46,2** 53,1 54,8 48,8 55,1 P. 1686Votre travail actuel est très intéressant 25,0** 30,4 32,7 36,9* 43,0** P. 1493

Vécu de la retraite des Vieux

Jugement positif sur leur retraite 42,7** 49,9 52,4 47,1 52,4 V. 1217Vieillissement meilleur que celui de leurs parents 57,3 63,4 56,7 62,9 70,5** V. 1213

Sentiment d’avoir mieux réussi socialement que ses parents

Vieux 64,3* 59,0 53,8** 59,2 58,5 V. 1217Pivots 54,6** 59,1 60,3 64,9** 61,2 P. 1958Jeunes 38,7** 34,3 31,2 27,2** 28,8 J. 1493

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Génération% % % % % effectifs

Transmission des modèles familiaux

Soutien de la parenté

Corésidence des générations

Vieux avec un enfant 26,4** 16,5 13,3 9,2** 14,3 V. 1217Jeunes adultes chez leurs parents 15,1** 12,5 10,8 8,3* 7,9 J. 1493

Aide au grand âge pour raison de santé (parents, beaux-parents)Apportée par les vieux, dans le passé 44,5** 46,3 51,9 52,9 57,1** V. 1217Apportée par les pivots (aujourd’hui) 19,3** 28,3* 33,8 39,3** 42,0** P. 1958

Vieux : besoin d’aide pour la toilette 20,3 14,9 14,8 12,6 11,6 V. 1217Aide de leurs enfants 72,2 68,5 55,1** 61,5 66,7 V. 444Aide professionnelle seule 7,2* 11,6 20,5** 12,8 8,9 V. 444

Ont confié leurs enfants à leurs parents (beaux-parents) en vacancesVieux (dans le passé) 26,7** 33,9 36,8 37,9 42,2** V. 1182Pivots (dans le passé) 49,5** 54,5** 61,6 67,2** 66,1** P. 1950Jeunes (aujourd’hui) 53,6 59,8 60,0 64,3 66,0 J. 526

Ont gardé leurs petits-enfants pour les vacancesVieux (dans la passé) 70,0 73,9 77,6 72,7 77,6 V. 1217Pivots (aujourd’hui) 62,2** 71,0 76,0 80,9** 86,4** P. 662

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Génération% % % % % effectifs