l'âme est immortelle

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    LMEEST

    IMMORTELLE

    GABRIEL DELANNE

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    PREFACE

    Le spiritisme est venu projeter un jour nouveau sur le problme de la nature de l'me.

    En faisant intervenir l'exprimentation dans la philosophie, c'est--dire dans une science quin'employait comme instrument de recherche que le sens intime, il a permis de voir l'espritd'une manire effective, et de se rendre compte qu'il avait t trs mal connu jusqu'alors.

    L'tude du moi, c'est--dire du fonctionnement de la sensibilit, de l'intelligence et dela volont, fait percevoir l'activit de l'me au moment o elle s'exerce, mais elle ne nous ditrien sur le lieu o se passent ces phnomnes, qui semblent n'avoir d'autre relation entre euxque celle de la continuit. Les rcents progrs de la psychologie physiologique ont, cependant,tabli qu'il existe une troite dpendance entre la vie psychique et les conditions organiquesde ses manifestations. tout tat de l'me correspond une modification molculaire de lasubstance crbrale, et rciproquement. Mais l s'arrtent les observations, et la science est

    incapable de nous expliquer pourquoi la matire qui remplace celle qui est dtruite par l'usurevitale conserve les impressions antrieures de l'esprit.

    L'exprience spirite vient point pour combler cette lacune : elle nous prouve quel'me n'est pas une entit idale, une substance immatrielle sans tendue, mais qu'elle est

    pourvue d'un corps subtil, dans lequel s'enregistrent les phnomnes de la vie mentale etauquel on a donn le nom de prisprit. De mme que dans l'homme vivant, il faut distinguerl'esprit de la matire qui l'incorpore, de mme il ne faut pas confondre le prisprit avec l'me.Le moi pensant est tout fait distinct de son enveloppe, et ne pourrait pas plus s'identifieravec elle que le vtement avec le corps physique ; cependant, il existe, entre l'esprit et le

    prisprit, les plus troites connexions ; car ils sont insparables, comme nous le verrons plusloin.

    Est-ce dire pour cela que nous avons trouv la vritable nature de l'me ? Non, carelle nous demeure encore inaccessible, aussi bien d'ailleurs que l'essence de la matire ; maisnous avons dcouvert une condition, une manire d'tre de l'esprit, qui explique une quantitde problmes insolubles jusqu'alors.

    Les conceptions sur la nature de l'me humaine ont volu, au cours des ges, depuisla matrialit la plus grossire jusqu' la spiritualit absolue. Les travaux des philosophes,aussi bien que les enseignements religieux, nous ont habitus considrer l'me comme une

    pure essence, une flamme immatrielle. Ces vues si diffrentes tiennent la matire dont onenvisage l'me. Si on l'tudie objectivement, en dehors de l'organisme humain, pendant lesapparitions, elle parait parfois aussi matrielle que le corps physique. Si on l'observe en soi, ilsemble que sa seule caractristique soit la pense. Toutes les observations de la premirecatgorie ont t relgues parmi les superstitions populaires et l'ide d'une me sans corps a

    prvalu. Dans ces conditions, il devenait impossible de comprendre par quel procd cetteentit pouvait agir sur la matire du corps ou en recevoir des impressions. Comment imaginerqu'une substance sans tendue, et par consquent hors de l'tendue, puisse agir sur l'tenduec'est--dire sur des corps matriels ?

    En mme temps que sa spiritualit, on nous enseigne l'immortalit de l'me. Comment

    s'expliquer que cette me conserve des souvenirs ? Ici-bas, nous avons un corps dfini par laforme de notre enveloppe physique, un cerveau qui parait enregistrer les archives de notre viementale ; mais quand ce corps meurt, quand ce substratum physique est dtruit, quedeviendront les souvenirs de notre existence actuelle, o donc se localiseront les acquisitionsde notre activit psychique sans lesquelles il n'est pas de vie intellectuelle possible ? L'me

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    est-elle destine se fondre dans l'erraticit, s'vanouir dans le grand Tout, en perdant sapersonnalit ?

    Ces consquences sont rigoureuses, car l'me ne saurait subsister dans l'espace sansune forme qui l'individualise. Une goutte d'eau dans l'ocan est indiscernable de ses voisines,elle ne se diffrencie des autres parties du liquide que si elle est contenue dans quelque chosequi la dlimite, ou si, isole, elle prend la forme sphrique, sans quoi elle se perd dans lamasse, et n'a plus d'existence distincte.

    Le spiritisme nous fait constater que l'me est toujours insparable d'une certainesubstantialit matrielle ; mais affectant une modalit spciale, infiniment rarfie, dont nouschercherons dfinir l'tat physique. Cette matire possde des formes variables d'aprs ledegr d'volution de l'esprit, et suivant qu'il habite sur la terre ou dans l'espace. Le cas le plusgnral est que l'me conserve temporairement, aprs la mort, le type qu'avait le corps

    physique ici-bas. Cet tre invisible et impondrable peut parfois, dans des circonstancesdtermines, revtir un caractre suffisant d'objectivit pour affecter les sens et impressionnerla plaque photographique, laissant ainsi des traces durables de son action, ce qui met hors de

    cause toute tentative d'explication de ce phnomne par l'illusion ou l'hallucination.Notre but, dans ce volume, est de prsenter quelques-unes des preuves que l'on

    possde actuellement de l'existence de cette enveloppe, laquelle on a donn le nom dePRISPRIT (de peri, autour, spiritus, l'esprit).

    Pour cette dmonstration nous ferons appel, non seulement aux spirites proprementdits, mais aussi aux magntiseurs spiritualistes et aux savants indpendants qui ont commenc explorer ce domaine nouveau ; en mme temps, il nous sera possible de constater que lacorporit de l'me n'est pas une ide neuve, qu'elle a eu des partisans nombreux depuis quel'humanit se proccupe de la nature du principe pensant.

    Nous verrons d'abord que l'antiquit, presque tout entire, admt plus ou moins cettedoctrine; mais les connaissances que l'on possdait sur ce corps thr taient vagues etincompltes. Puis mesure que se creusait le foss entre l'me et le corps, que les deuxsubstances se diffrenciaient davantage, une foule de thories cherchrent expliquer leuraction rciproque. Ce sont les mes mortelles de Platon, les mes animales et vgtativesd'Aristote, l'ochema et l'edolon des Grecs, le nphesch des Hbreux, le bai de Egyptiens, lecorps spirituel de Saint-Paul, les esprits animaux de Descartes le mdiateur plastique deCudworth, l'organisme subtil de Leibnitz, ou son harmonie prtablie ; l'influx physiqued'Euler, l'arche de Van Helmont, le corps aromal de Fourier, les ides-force de M. Fouille,etc. Toutes ces hypothses, qui par certains cts ctoient la ralit, n'ont pas le degr de

    certitude que comporte le spiritisme, car celui-ci n'imagine pas : il constate.

    L'esprit humain, par le seul effort de ses spculations n'est jamais sr d'y tre parvenu.Il lui faut le secours de la science, c'est--dire de l'observation et de l'exprience, pour asseoirsa certitude. Ce n'est donc pas guids par des ides prconues que les spirites enseignentl'existence, du prisprit ; c'est purement et simplement parce qu'elle est pour eux un rsultat del'observation.

    Les magntiseurs taient arrivs dj, en suivant d'autres mthodes, au mme rsultat.Nous verrons, par la correspondance change entre Billot et Deleuze, aussi bien que par lesrecherches de Cahagnet, que l'me, aprs la mort, conserve une forme corporelle qui

    l'identifie. Les mdiums, c'est--dire les personnes qui jouissent - l'tat normal - de la facultde voir les Esprits, confirment absolument le tmoignage des somnambules.

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    Ces rcits constituent une srie de documents qui ont une grande valeur, maisqui ne nous donnent pas encore une preuve matrielle ; aussi nous constaterons que lesspirites ont fait tous leurs efforts pour fournir cette exprience inattaquable, et qu'ils y sont

    parvenus. Les photographies d'Esprits dsincarns, les empreintes laisses par eux dans dessubstances molles ou friables, les moulages de formes prispritales sont des preuvesauthentiques, absolues, irrcusables de l'existence de l'me unie au prisprit, et le nombre enest si grand aujourd'hui, que le doute n'est plus possible.

    Mais si l'me possde vritablement une enveloppe, il doit tre possible d'en constaterla ralit pendant la vie terrestre. C'est effectivement ce qui a lieu. Les phnomnes deddoublements de l'tre humain, que l'on nomme parfois bi-corporit, nous ont mis sur lavoie. On sait en quoi ils consistent. Un individu tant Paris, par exemple, son image, sondouble, peut se montrer dans une autre ville, de manire tre reconnu. Il existe l'heureactuelle, plus de deux mille faits bien constats d'apparitions de vivants. Nous verrons, dans lecours de notre tude, que ces visions ne sont pas toutes hallucinatoires et par quels caractresspciaux il est possible de s'assurer de l'objectivit de certaines de ces curieusesmanifestations psychiques.

    Les chercheurs ne se sont pas borns l'observation pure et simple de cesphnomnes, ils sont arrivs les reproduire exprimentalement. Nous constaterons, avec M.de Rochas, que l'extriorisation de la motricit est, en quelque sorte, l'esquisse de ce qui se

    produit compltement pendant le ddoublement de l'tre humain. Enfin, nous arriverons ladmonstration physique de la distinction entre l'me et le corps, en photographiant l'me d'unvivant, en dehors des limites de son organisme matriel.

    Pour tout chercheur impartial, ce colossal ensemble de documents tablit solidementl'existence du prisprit, mais l ne doit pas se borner notre ambition. Nous devons nousdemander de quelle matire ce corps est form. Ici, nous en sommes rduits l'hypothse ;

    mais nous verrons par l'tude des circonstances qui accompagnent les apparitions des vivantset des morts, qu'il est possible de trouver, dans les dernires dcouvertes scientifiques sur lamatire radiante et les rayons X, des analogies prcieuses, qui nous permettront decomprendre l'tat de cette substance impondrable et invisible. Nous esprons montrer querien ne s'oppose, scientifiquement, la conception d'une semblable enveloppe de l'me; dslors, cette tude entre dans le cadre des sciences ordinaires, et ne peut encourir le reproched'tre entache de surnaturel ou de merveilleux.

    Nous appuierons longuement sur l'identit des phnomnes produits par l'me d'unvivant, sortie momentanment de son corps, et ceux que l'on constate de la part des Esprits.

    Nous verrons qu'ils se ressemblent tellement, qu'il est impossible de les diffrencier autrement

    que par leurs caractres psychiques. Donc, et c'est l un point des plus importants, il y a unecontinuit relle, absolue, dans les manifestations de l'esprit, qu'il soit incarn ou non, dans uncorps terrestre. Ds lors, il est inutile d'attribuer les faits spirites des tres fictifs, dmons,lmentaux, lmentals, coques astrales, egrgores, etc : il faut reconnatre qu'ils sont produits

    par des mes qui ont vcu sur la terre.

    En tudiant les hauts phnomnes du spiritisme, il nous sera facile de constater quel'organisme fluidique contient toutes les lois organogniques suivant lesquelles le corps estform. Ici, le spiritisme apporte une ide neuve en expliquant comment la forme typique del'individu peut se maintenir pendant toute la vie, malgr le renouvellement incessant de toutesles parties du corps. En mme temps, au point de vue psychique, il devient ais de

    comprendre o et comment se conservent nos acquis intellectuels. Nous avons tabli ailleurs(lvolution animique) comment nous concevons le rle jou par le prisprit pendantl'incarnation ; il nous suffira de dire ici que, grce la dcouverte de ce corps fluidique, nous

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    PREMIRE PARTIEL'OBSERVATION

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    CHAPITRE PREMIER

    COUP D'OEIL HISTORIQUELES CROYANCES ANCIENNES

    La nature intime de l'me nous est inconnue. Quand on dit qu'elle est immatrielle, ilfaut entendre ce mot dans un sens relatif et non absolu, car l'immatrialit parfaite serait lenant ; or l'me ou l'esprit1 c'est quelque chose qui pense, qui sent, qui veut ; il faut doncentendre par l'expression immatrielle que son essence est tellement diffrente de ce quenous connaissons physiquement, qu'elle n'a aucune analogie avec la matire.

    L'me ne peut se concevoir sans tre accompagne d'une matire quelconque qui

    l'individualise ; car, sans cela, il lui serait impossible d'entrer en rapport avec le mondeextrieur. Sur la terre, le corps humain est ce mdium qui nous met en contact avec la nature;mais aprs la mort l'organisme vivant tant dtruit, il faut que l'me ait une autre enveloppe

    pour tre en relation avec le nouveau milieu qu'elle doit habiter. Cette induction logique a tfortement sentie de tout temps, d'autant mieux que les apparitions de personnes mortes qui semontraient cependant avec leur forme terrestre, venaient fonder cette croyance.

    Le plus souvent, le corps spirituel reproduit le type que l'esprit avait dans sa dernireincarnation ; et c'est probablement cette ressemblance de l'me que son dues les premiresnotions de l'immortalit.

    Si l'on veut bien songer aussi que dans les rves, on revoit souvent des parents ou desamis qui sont morts depuis longtemps ; on pourra trouver, peut-tre, dans ces faits, les causesde cette foi gnrale une autre vie, qui tait celle de nos anctres.

    On constate, en effet, que les hommes de l'poque prhistorique, laquelle on a donnle nom de mgalithique, ensevelissaient les morts et plaaient dans les tombeaux des armes etdes parures. Il faut donc penser que ces populations primitives avaient l'intuition d'uneexistence seconde, succdant la vie terrestre. Or, s'il est une conception oppose autmoignage des sens, c'est bien celle d'une vie future. Lorsque l'on voit le corps physiquedemeurer insensible, inerte malgr toutes les stimulations que l'on peut employer lorsque l'onconstate qu'il se refroidit, puis se dcompose, il est difficile de supposer que quelque chosesurvit cette dsagrgation totale. Mais si, malgr cette destruction, on observe larapparition complte du mme tre, s'il manifeste, par des actes et des paroles qu'il vitencore, alors, mme chez les tres les plus frustes, la conclusion que l'homme n'est pas morttout entier s'impose avec une grande autorit. C'est probablement aprs beaucoupd'observations du mme genre que s'tablirent le culte rendu la dpouille mortelle et lacroyance qu'une autre vie serait la continuation de celle-ci.

    L'INDE

    De nos jours encore, les peuplades les plus sauvages croient une certaine immortalit

    de l'tre pensant2

    , et les rcits des voyageurs sont d'accord pour constater que, sur toutes les1 Nous prvenons le lecteur que nous considrons les mots me ou esprit, comme des expressions quivalentes.2 Ferdinand Denis, Univers pittoresque. - Voir pour l'tude de ces croyances les travaux publis sur les peuplades deOcanie, de l'Amrique, de l'Afrique, t. 64-65. - Consulter aussi Taylor, Civilisations primitives, t. 1, p. 485 ; Taplin, FolkloreManners of Australian aborignes.

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    parties du globe, la survivance est affirme unanimement. En remontant aux plus antiquestmoignages que nous possdions, c'est--dire jusqu'aux hymnes du Rig Vda, nous voyonsque les hommes qui vivaient au pied de l'Himalaya, dans le Sapta Sindhou (pays aux septrivires), avaient des intuitions claires sur le lendemain de la mort. Se basant probablementsur les apparitions naturelles, et sur les visions des rves, les prtres, aprs bien des sicles,arrivrent codifier la vie future. Quelle sera cette existence ? Un pote Arya bauchevigoureusement le ciel vdique : Demeure dfinitive des dieux immortels, sige de lalumire ternelle, origine et base de tout ce qui est, sjour de joie constante, de plaisirs sansfin, o les dsirs s'accomplissent ds qu'ils naissent, o l'Arya fidle vivra d'une ternellevie.

    Ds que le ciel vdique fut conu en tant que sjour divin habitable par l'tre humain,la question se trouva pose de savoir, comment l'homme pourrait s'lever si haut , etcomment, avec des facults restreintes, il serait capable de vivre une vie cleste sans fin .Est-il possible que le corps humain qui tient si fermement la terre, prenant son essor, devenulger comme un nuage, traverse l'espace pour se rendre, de lui-mme, la merveilleuse citdes dieux ? Il faudrait qu'un miracle s'accomplt. Or ce miracle ne s'est jamais produit

    visiblement. Serait-ce donc que le sjour divin est encore sans htes ? Sans prodige, quelcorps physique peut perdre son propre poids ? De ce mystre, de cette pense vague surgit enquelque sorte, la proccupation positive des destines de la matire aprs la mort, de lasurvivance d'une partie de l'tre. Voici l'explication la plus antique que l'on connaisse sur cemystrieux au-del.

    Le corps humain, frapp par la mort, retourne en entier aux lments divers quiparticiprent sa formation. Les rayons du regard, matire lumineuse, sont repris par le soleil;le souffle, prt par les airs, retourne aux airs, le sang, sve universelle, va vivifier les plantes;les muscles et les os, rduits en poussire, redeviennent terreau. Lil retourne au soleil ; lesouffle retourne Vayou, le ciel et la terre reoivent chacun ce qui leur est d ; les eaux et les

    plantes reprennent les parties du corps humain qui leur appartenaient . Le cadavre del'homme est dispers. Les matires qui composaient le corps vivant, prives de la chaleurvitale, retournes au grand Tout, serviront former d'autres corps : rien n'est perdu, rien n'est

    pris par le ciel.

    Et cependant l'Arya mort saintement recevra sa rcompense; il s'lvera vers leshauteurs inaccessibles ; il jouira de sa glorification. Comment cela ? Voici : la peau n'est quel'enveloppe du corps, et lorsque Agni, le dieu chaud3 abandonne le moribond, il respectel'enveloppe corporelle, peau et muscle. Les chairs, sous la peau, ne sont que matires paisses,grossires, constituant une seconde enveloppe voue au travail, assujettie des fonctionsdtermines. Sous cette double enveloppe de la peau et du corps, il y a l'homme vrai, l'homme

    pur, l'homme proprement dit, manation divine susceptible de retourner aux dieux, comme leregard de lil retourne au Soleil, le souffle l'air, la chair la Terre. Cette me, aprs lamort, revtue d'un corps nouveau, lumineux brouillard resplendissant, de forme clatante, etque son clat mme drobe la faible vue des vivants , cette me est transporte au divinsjour4.

    Si le dieu a t satisfait des offrandes de l'Arya frapp de mort, il vient lui-mmedonner l'enveloppe lumineuse dans laquelle l'me sera transporte. Un hymne exprimerapidement la mme pense sous la forme d'une prire : Dveloppe, Dieu, tes splendeurs,et donne au mort, ainsi, le corps nouveau dans lequel l'me sera transporte ton gr5 !

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    Feu arien. Le feu tait reprsent sous trois modalits: Agni, feu terrestre ; Sourya ou Indra, le soleil: Vayou, feuarien, Rig Vda, 513, n 4, traduction A. Langlois.4 Marius Fontanes, Inde Vdique, p. 327 et suivantes.

    5 Les chants vdiques expriment leur origine une confiance nave, un optimisme naturel, un sentiment de vritqui peu peu s'altrent sous l'influence sacerdotale. A. Langlois, Rig Vda, t 1, page 24.

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    dvotement ses prires en se prosternant aprs chaque strophe. Lorsqu'il eut ainsi faitcent salutations, il vit paratre une lueur sur le mur oriental.

    Pntr de joie et de douleur, il recommena ses salutations, et de nouveau il vit unelumire de la largeur d'un bassin qui brilla et s'vanouit comme un clair. Alors, dans untransport de joie et d'amour, il jura de ne pas quitter cet endroit avant d'avoir vu l'ombreauguste de Bouddha. Il continua ses hommages, et, aprs deux cents salutations, soudain toutela grotte fut inonde de lumire et le Bouddha apparut, d'une blancheur clatante, se dessinantmajestueusement sur le mur. Un clat blouissant clairait les contours de sa face divine.Hiouen-Thsang contempla longtemps, ravi en extase, l'objet sublime et incomparable de sonadmiration. Il se prosterna avec respect, clbra les louanges du Bouddha, et rpandit desfleurs et des parfums, aprs quoi la lumire cleste s'teignit. Le brahmane qui l'avaitaccompagn fut aussi ravi qu'merveill de ce miracle. Matre, lui dit-il, sans la sincrit devotre foi et l'nergie de vos vux, vous n'auriez pu voir un tel prodige .

    Cette apparition rappelle la transfiguration de Jsus lorsque se montrrent Mose etlie. Les esprits suprieurs ont un corps spirituel d'une incomparable splendeur, car leur

    substance fluidique est plus lumineuse que les plus rapides vibrations de l'ther, comme nouspourrons nous en assurer par la suite.

    LA PERSE

    Dans l'ancien Iran, on trouve une conception tout fait particulire de l'me. Zoroastrepeut revendiquer la paternit de l'invention de ce que l'on appelle aujourd'hui le moi suprieur,la conscience subliminale, et, un autre point de vue, de la thorie des anges gardiens.

    On connat la doctrine du grand lgislateur : au-dessous de l'Etre incr, ternel, ilexiste deux manations opposes, ayant chacune une mission dtermine : Ormuzd est charg

    de crer et de conserver le monde : Ahrima doit combattre Ormuzd, et dtruire le monde, s'ille peut. Il existe des gnies clestes, mans de l'ternel, pour aider Ormuzd dans le travail dela cration ; mais il y a aussi une srie d'Esprits, de gnies de froers, par lesquelsl'homme peut se considrer comme ayant en soi quelque chose de divin. Le froer, invitable chaque tre, dou d'intelligence, tait en mme temps un inspirateur et un surveillant :inspirateur soufflant la pense d'Ormuzd au cerveau de l'homme ; surveillant, gardien de lacrature aime du dieu. Il semble que les froers immatriels existaient par la volont divineavant la cration de l'homme, et que chacun d'eux, l'avance, savait le corps humain qui luitait destin10. La mission de ce froer tait de combattre les mauvais gnies produits parAhriman, de conserver l'humanit.

    Aprs la mort, le froer demeure uni l'me et I'intelligence pour subir unjugement, recevoir sa rcompense ou son chtiment. Chaque homme, chaque Ized (gniecleste), et Ormuzd lui-mme avait son froer, son fravarski, qui veillait sur lui, qui sedvouait sa conservation11.

    On a pu dduire de certains passages de l'Avesta qu'aprs la mort de l'homme, lefroer retournait au ciel pour y jouir d'une puissance indpendante, plus ou moins tendue,suivant que la crature dont la charge lui avait t confie avait t plus ou moins pure etvertueuse. Parfaitement indpendant du corps humain et de l'me humaine, le froer est ungnie immatriel, responsable et immortel. Tout tre a eu ou aura son froer. Il y a unfroer certain, c'est--dire quelque chose de divin, dans tout ce qui existe. L'Avesta invoque

    les froers des saints, du feu, de l'assemble des prtres, d'Ormuzd, des arnschaspands (anges

    10G. de Lafond, le Mazdsme et PA Vesta, pages 137 et 159.11Marius Fontanes , les iraniens pages 163 et 164.

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    adjonction ce principe vivifiant de la chair relle, c'est--dire ce que les spirites ontnomm prisprit24.

    Tertullien dit25 que les anges ont un corps qui leur est propre, et que se pouvanttransfigurer en une chair humaine, ils peuvent, pour un temps, se faire voir par les hommes etcommuniquer visiblement avec eux. Saint Basile en parle de la mme sorte, car, encore qu'ilait dit quelque part que les anges n'ont pas de corps, nanmoins, dans le trait qu'il a fait sur leSaint-Esprit, il avance qu'ils se rendent visibles par les espces de leur propre corps, enapparaissant ceux qui en sont dignes.

    Il n'y a rien dans la cration, nous enseigne saint Hilaire, choses visibles ou invisibles,qui ne soit corporel, Les mes elles-mmes, qu'elles soient ou non runies un corps, ontencore une substance corporelle inhrente leur nature, par la raison qu'il faut que toute chosesoit dans quelque chose. Et Dieu seul tant incorporel, d'aprs saint Cyrille d'Alexandrie, luiseul ne peut tre circonscrit, tandis que toutes les autres cratures le peuvent, quoique leurscorps ne ressemblent point aux ntres.

    Que si l'on appelle les dmons des animaux ariens, avec Apule, c'est encore, au sensdu grand vque d'Hippone, parce qu'ils ont la nature corporelle, les uns et les autres tant demme essence26.

    Aussi saint Grgoire d'appeler l'ange un animal raisonnable27, et saint Bernard de nousadresser ces paroles : n'accordons qu' Dieu seul l'immortalit, aussi bien que l'immatrialit ;car il n'y a que sa nature qui n'ait besoin, ni pour elle-mme, ni pour une autre, du secoursd'un instrument corporel28. Et cette doctrine tait, en quelque sorte, celle du grand Ambroisede Milan dont voici les termes : ne nous imaginons point qu'aucun tre soit exempt de matiredans sa composition, la seule et unique exception de la substance de l'adorable Trinit 29.

    Le matre des sentences, Pierre Lombard, laissait la question indcise, et toutefois, ilexposait cette opinion de saint Augustin : Les anges doivent avoir un corps auquel ils ne sontpoint soumis, mais qu'ils gouvernent comme leur tant soumis, le changeant et le pliant auxformes qu'ils veulent lui donner pour le rendre propre leurs actes.

    L'COLE NO-PLATONICIENNE

    L'cole no-platonicienne d'Alexandrie a t remarquable plus d'un point de vue.Elle a tent la fusion des philosophies de l'Orient avec celle des Grecs, et il est sorti destravaux de Proclus, Plotin, Porphyre, Jamblique, des ides neuves sur un assez grand nombrede questions. Sans doute, on peut reprocher ces chercheurs une tendance trop grande vers la

    mysticit, mais ils sont, plus que d'autres, rapprochs de la vrit, que nous connaissonsexprimentalement aujourd'hui.

    Les vies successives et le prisprit faisaient partie de leur enseignement. lasparation de l'me et du corps se rattache, dans Plotin comme dans Platon, celle de lamtempsycose, ou mtensomatose (pluralit des vies corporelles).

    Demandons-nous ce qu'est dans les animaux le principe qui les anime. S'il est vrai,comme on le dit, que les corps des animaux renferment des mes humaines qui ont pch, la

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    Bourdeau, le Problme de la mort. Voir pages 36 et suivantes et pages 62 et suivantes.25Tertullien, De Carne Christine. VI.26 Saint Augustin, Scsp. Cen, ad. litt., 1. 111; eh. X27 Homlie X, in Evang.28 Sup. Quantie, Homlie X.29 Abraham, t. II. ch. XIII, n 58.

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    partie de ces mes qui est sparable n'appartient pas en propre ces corps; tout enles assistant, elle ne leur est proprement parler pas prsente. En eux, la sensation estcommune l'image de l'me et au corps, mais au corps en tant qu'organis et faonn parl'image de l'me. Pour les animaux dans le corps desquels ne se serait pas introduite une mehumaine, ils sont engendrs par une illumination de l'me universelle30.

    Le passage de l'me humaine dans les corps des tres infrieurs est prsent ici sousune forme dubitative. Nous savons, maintenant qu'aucun recul n'est possible sur l'ternellevoie du devenir ; car aucun progrs ne serait certain si nous pouvions perdre ce que nousavons acquis par notre effort personnel. L'me qui est parvenue vaincre un vice en est

    jamais libre, c'est ce qui assure la Perfectibilit de l'esprit et garantit le bonheur dansl'avenir l'tre qui a su s'affranchir des passions mauvaises inhrentes son infrieur. Plotinaffirme nettement la rincarnation, c'est--dire le passage de l'me d'un corps humain dansd'autres corps.

    C'est une croyance universellement admise que l'me commet des fautes, qu'elle lesexpie, qu'elle subit des punitions dans les enfers, et qu'elle passe ensuite dans de nouveaux

    corps. Quand nous nous garons dans la multiplicit que renferme l'univers, nous en

    sommes punis par notre garement mme et par un sort moins heureux par la suite.

    Les dieux donnent chacun le sort qui lui convient et qui est en harmonie avec sesantcdents dans ses existences successives31 .

    Ceci est profondment juste et vrai, car nous sommes placs, dans nos vies multiples,vis vis de difficults que nous devons surmonter pour amener notre amlioration morale ouintellectuelle ; mais cela deviendrait faux, si on appliquait ce principe aux conditions

    sociales ; car alors le riche aurait mrit de l'tre, et le pauvre serait ici en punition ; ce qui estcontraire l'observation journalire, puisque nous pouvons constater que la vertu n'estl'apanage spcial d'aucune classe de la socit.

    Il y a pour l'me deux manires d'tre dans un corps : l'une a lieu quand l'me, tantdj dans un corps cleste, subit une mtensomatose, c'est--dire quand elle passe d'un corpsarien ou ign dans un corps terrestre, migration qu'on n'appelle pas ordinairementmtensomatose, parce qu'on ne voit pas d'o l'me vient ; l'autre manire a lieu quand l'me

    passe de l'tat incorporel dans un corps quel qu'il soit, et qu'elle entre ainsi pour la premirefois en communion avec le corps. Les mes descendent du monde intelligible dans le premierciel; l, elles prennent un corps (spirituel), et, en vertu de ce corps mme, elles passent dans

    des corps terrestres, selon qu'elles s'avancent plus ou moins loin (du monde intelligible)

    Cette doctrine est dveloppe longuement par Porphyre dans sa Thorie desIntelligibles (paragraphe 82) o il s'exprime ainsi : Quand l'me sort du corps solide, elle nese spare pas de l'esprit qu'elle a reu des sphres clestes .

    On retrouve la mme ide dans les crits de Proclus, qui appelle cet esprit le vhiculede l'me.

    Il rsulte d'une tude attentive de ces doctrines que les noplatoniciens ont senti lancessit, pour l'me, d'une enveloppe subtile dans laquelle s'enregistrent, s'incorporent les

    tats de l'esprit. Il faut bien, en effet, que l'esprit, travers ses vies successives, conserve les

    30 Plotin, Ennade premire, livre 1; voir Ennades, 3 vol. in-8,1857-1860.31 Plotin, Ennade deuxime.

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    conserver les mes des btes sans tomber dans la mtempsycose, ont fait, mon avis,qu'on a nglig la manire naturelle d'expliquer la conservation de l'me33 .

    Il faut arriver jusqu' Charles Bonnet34 pour avoir une thorie qui, bien qu'elle nes'appuie pas sur les faits se rapproche singulirement de celle que le spiritisme nous a permisd'difier en nous basant sur l'exprience. Nous allons citer librement les passages les plusimportants de ses ouvrages, relatif notre sujet. On admirera la logique puissante de ce

    profond penseur qui a trouv, il y a plus de cent cinquante ans, les vritables conditions del'immortalit.

    En tudiant avec quelque soin, dit-il, les facults de l'homme, en observant leursdpendances mutuelles ou cette subordination qui les assujettit les unes aux autres, et leursobjets, nous parvenons facilement dcouvrir quels sont les moyens naturels par lesquelselles se dveloppent et se perfectionnent ici-bas. Nous pouvons donc concevoir des moyensanalogues plus efficaces, qui porteraient ces facults un plus haut degr de perfection.

    Le degr de perfection auquel l'homme peut atteindre ici-bas est en rapport avec les

    moyens qui lui sont donns de connatre et d'agir. Ces moyens sont eux-mmes en rapportdirect avec le monde qu'il habite actuellement.

    Un tat plus relev des facults humaines n'aurait donc pas t en rapport avec cemonde dans lequel l'homme devait passer les premiers moments de son existence. Mais sesfacults sont indfiniment perfectibles, et nous concevons fort bien que quelques-uns desmoyens naturels qui les perfectionneront un jour peuvent exister ds prsent dans l'homme.

    Ainsi, puisque l'homme tait appel habiter successivement deux mondesdiffrents, sa constitution originelle devait renfermer des choses relatives ces deux mondes.Le corps animal devait tre en rapport direct avec le premier monde, le corps spirituel avec le

    second.

    Deux moyens principaux pourront perfectionner dans le monde venir toutes lesfacults de l'homme : des sens plus exquis et de nouveaux sens. Les sens sont la premiresource de toutes nos connaissances. Nos ides les plus rflectives, les plus abstraites, driventtoujours de nos ides sensibles.

    L'esprit ne cre rien, mais il opre sans cesse sur cette multitude presque infinie deperceptions diverses qu'il acquiert par le ministre des sens.

    De ces oprations de l'esprit, qui sont toujours des comparaisons, des combinaisons,des abstractions, naissent par une gnration naturelle, toutes les sciences et tous les arts.

    Les sens, destins transmettre l'esprit les impressions des objets, sont en rapportavec les objets. Lil est en rapport avec la lumire, l'oreille avec le son, etc 35.

    Plus les rapports que les sens soutiennent avec les objets sont parfaits, nombreux,divers, et plus ils manifestent l'esprit de qualits de objets, et plus encore les perceptions deces qualits sont claires, vives, compltes.

    Plus l'ide sensible que l'esprit acquiert d'un objet est vive, complte, et plus l'iderflchie qu'il s'en forme est distincte.

    33 Leibnitz, Nouveaux essais. Avant-propos.34 Charles Bonnet, Essai analytique, p. 528 et suivantes. - Voir aussi Palingnsie, t. II.

    35 La thorie de l'volution fait trs bien comprendre comment la fonction a cr l'organe. Voir G. Delanne,l'VOLUTION ANIMIQUE - ch. III, Comment le prisprit a pu acqurir des proprits fonctionnelles.

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    Nous concevons sans peine que nos sens actuels sont susceptibles d'un degr deperfection fort suprieur celui que nous leur connaissons ici-bas, et qui nous tonne danscertains sujets. Nous pouvons mme nous faire une ide nette de cet accroissement de

    perfection, par les effets prodigieux des instruments d'optique et d'acoustique.

    Qu'on se figure Aristote observant une mite avec un microscope, ou contemplant avecun tlescope Jupiter et ses lunes ; quels n'eussent point t sa surprise et son ravissement !Quels ne seront point aussi les ntres, lorsque, revtus de notre corps spirituel, nos sens aurontacquis toute la perfection qu'ils peuvent recevoir de l'auteur bienfaisant de notre tre !

    On imaginera, si l'on veut, que nos yeux runiront alors les avantages des microscopeset des tlescopes, et qu'ils se proportionneront exactement toutes les distances. Et combienles verres des ces nouvelles lunettes seront-ils suprieurs ceux dont l'art se glorifie ! On doitappliquer aux autres sens ce qui vient d'tre dit de la vue. Quels ne seraient alors point lesrapides progrs de nos sciences physico-mathmatiques, s'il nous tait donn de dcouvrir les

    premiers principes des corps soit fluides, soit solides ! Nous verrions alors, par intuition, ceque nous tentons de deviner l'aide de raisonnements et de calculs, d'autant plus incertains

    que notre connaissance directe est plus imparfaite. Quelle multitude innombrable de rapportsnous chappent, prcisment parce que nous ne pouvons pas apercevoir la figure, lesproportions, l'arrangement de ces corpuscules infiniment petits, sur lesquels pourtant repose legrand difice de la nature.

    Il ne nous est pas fort difficile non plus de concevoir que le germe du corps spirituel peut contenir, ds prsent, les lments organiques de nouveaux sens, qui ne sedvelopperont qu' la rsurrection36.

    Ces nouveaux sens nous manifesteront dans les corps des proprits qui nous seronttoujours inconnues ici-bas. Combien de qualits sensibles que nous ignorons encore, et que

    nous ne dcouvririons point sans tonnement. Nous ne connaissons les diffrentes forcesrpandues dans la nature que dans le rapport aux diffrents sens sur lesquels elles dploientleur action. Combien de forces dont nous ne souponnons pas mme l'existence, parce qu'iln'est aucun rapport entre les ides que nous acqurons par nos cinq sens et celles que nous

    pourrons acqurir par d'autres sens37!

    levons nos regards vers la vote toile : contemplons cette collection immense desoleils et de mondes dissmins dans l'espace, et admirons que ce vermisseau qui porte le nomd'homme ait une raison capable de pntrer l'existence de ces mondes et de s'lancer ainsi

    jusqu'aux extrmits de la cration.

    Poursuivant logiquement ce qui tait pour lui une hypothse, et pour nous unecertitude exprimentale l'auteur ajoute :

    Si notre connaissance rflchie drive essentiellement de notre connaissanceintuitive ; si nos richesses intellectuelles s'accroissent par les comparaisons que nous formonsentre nos ides sensibles de tout genre ; si nous comparons d'autant plus que nous connaissonsdavantage ; si enfin notre intelligence se dveloppe et se perfectionne proportion que noscomparaisons s'tendent, se diversifient, se multiplient, quels ne seront point l'accroissementet le perfectionnement de nos connaissances naturelles, lorsque nous ne serons plus borns

    36Le prisprit contient, ds prsent, tous les sens. Le corps ne possde que les instruments qui servent l'exercicedes facults. Ce n'est pas lil qui voit, c'est l'me ; l'oreille n'entend pas, elle n'est que l'instrument de l'audition, car si lacommunication entre le cerveau et lil ou l'oreille est interrompue, bien que l'appareil soit intact, la perception n'a pas lieu.D'ailleurs, la vision ou d'audition peut se faire sans la participation de lil ou de l'oreille, comme dans la luciditsomnambulique.37 La matire radiante, les rayons X et le spectroscope justifient pleinement ces intuitions de gnie.

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    comparer les individus, les espces aux espces, les rgnes aux rgnes, et qu'il noussera donn de comparer les mondes aux mondes !

    Si la suprme intelligence a vari ici-bas toutes ses uvres ; si elle n'a rien crd'identique ; si une progression harmonique rgne entre tous les tres terrestres ; si une mmechane les embrasse tous, combien est-il probable que cette chane merveilleuse se prolongedans tous les mondes plantaires qu'elle les unit tous et qu'ils ne sont que les partiesconscutives et infinitsimales de la mme srie38.

    De quels sentiments notre me ne sera-t-elle donc point inonde, lorsque, aprs avoirtudi fond l'conomie d'un monde, nous volerons vers un autre, et que nous compareronsentre elles ces deux conomies ! Quelle ne sera point alors la perfection de notre cosmologie !Quels ne sera point la gnralisation et la fcondit de nos principes, l'enchanement, lamultitude et la justesse de nos consquences ! Quelle lumire rejaillira de tant d'objets diverssur les autres branches de nos connaissances, sur notre astronomie, sur nos sciencesrationnelles, et principalement sur cette science divine qui s'occupe de l'tre des tres !

    Ces inductions, si bien tablies par le raisonnement ont t pleinement justifies notre poque. Le corps destin une vie suprieur existe ds maintenant dans l'organismehumain ; il y joue un rle de premier ordre, et c'est grce lui que nous pouvons conserver letrsor de nos acquisitions intellectuelles. Nous constaterons plus loin que le prisprit est uneralit physique aussi certaine que celle de l'organisme matriel : on le voit, on le touche, onle photographie ; en un mot, ce qui n'tait qu'une thorie philosophique, grandiose etconsolante, il est vrai, mais toujours rcusable, est devenu un fait scientifique, qui donne cesenvoles de l'esprit la conscration inattaquable de l'exprience.

    38 Les tudes et les photographies des Canaux de Mars permettent aujourd'hui de croire que ce monde est habit. Ceciconfirme pleinement les judicieuses dductions deCharles Bonnet, et nous incite croire que tous les mondes sont, ont tou seront peuples par des tres intelligents.

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    CHAPITRE II

    ETUDE DE LAME PAR LE MAGNETISME

    Nous venons de voir, dans le chapitre prcdent, que l'ide d'une certaine corporit,insparable de l'me, a t la croyance presque gnrale de l'antiquit et celle d'une multitudede penseurs jusqu' notre poque39. Il est vident que cette conception rsulte de la difficultque nous prouvons imaginer une entit purement spirituelle. Nos sens ne nous fontconnatre que la matire, et il faut exercer la vue intrieure pour sentir qu'il y a, en nous, autrechose que ce principe. La pense, seule, nous fait admettre par son absence de caractres

    physiques qu'il existe quelque chose qui diffre de ce qui tombe sous les sens.

    Mais l'ide d'un corps fluidique rsulte aussi des apparitions. Il est vident que,lorsqu'on voit l'me d'une personne morte, il faut bien qu'elle ait une certaine objectivit, sans

    quoi elle demeurerait invisible. Or, ce phnomne s'est produit dans tous les temps, et leshistoires religieuses et profanes fourmillent d'exemples de ces manifestations de l'au-del.

    Nous n'ignorons pas que la critique contemporaine a fait litire de ces faits. Elle les aattribus, en bloc, des illusions des hallucinations ou la crdulit superstitieuse de nosaeux. Strauss, Taine, Littr, Renan, etc, passent systmatiquement sous silence tous les casque nous pourrions revendiquer. Mais ce procd n'est pas justifi, car, de nos jours, nous

    pouvons constater les mmes apparitions, et cette fois avec tous les procds qui permettentd'en faire un contrle svre. Ds lors, nous pouvons admettre que ces savants se sont trompset qu'il y a lieu de tenir compte de ces rcits du pass.

    D'ailleurs, c'est un fait positif que les phnomnes du spiritisme ne sont pas nouveaux.ils ont eu lieu de tout temps. Toujours il a exist des maisons hantes et des apparitions 40; dslors, on conoit que l'ide que l'me n'et pas purement immatrielle a pu se conserver, malgrl'enseignement contraire des philosophies et des religions41.

    Mais cette notion d'une enveloppe de l'me tait bien vague, bien indtermine. Cecorps fluidique tait-il form subitement au moment de la mort terrestre ? L'me se revtait-elle de cette substance subtile pour un certain temps, ou pour toujours ? Ou bien, cetteapparence vaporeuse n'tait-elle due qu' une action momentane, transitoire de l'me surl'atmosphre, devant cesser avec la cause qui l'avait produite ? Autant de questions insolubles,tant que l'on ne pourrait observer loisir les apparitions.

    LA VOYANTE DE PRVORST

    Le magntisme est venu fournir le premier un moyen de pntrer dans ce domaineinaccessible du lendemain de la mort. Le somnambulisme, dcouvert par M. de Puysgur, at l'instrument d'investigation de ce monde nouveau. Les somnambules, soumis cet tatnerveux, ont pu entrer en rapport avec les mes dsincarnes, les dcrire minutieusement, demanire convaincre les assistants qu'ils causaient vritablement avec des Esprits.

    39 PEZZANI, La Pluralit des existences de l'me. Voir les nombreux crivains modernes qui affirment leur croyanceau prisprit, Dupont de Nemours, Pierre Leroux, Ballanche, Fourier, Jean Reynaud, Esquiros, Flammarion, etc

    40Chacun connat les apparitions publiques de Castor et Pollux; le fantme de Brutus, la veille de Pharsale, lamaison hante d'Alexandrie, dont parle Pline, etc.41 Steki, le Spiritisme dans la Bible.

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    Le Dr Kerner, aussi rput pour son savoir que pour sa parfaite honntet, a critla biographie de Madame Hauffe, plus connue sous le nom de : la voyante de Prvorst42. Ellen'avait pas besoin d'tre endormie pour voir les Esprits ; sa nature dlicate et affine par lamaladie lui permettait de percevoir des formes invisibles pour les autres personnes prsentes.Sa premire vision eut lieu dans une cuisine du chteau de Lowenstein. C'tait un fantme defemme qu'elle revit ailleurs, quelques annes plus tard.

    Elle racontait, mais quand on la questionnait beaucoup, jamais spontanment, avoirtoujours prs d'elle, comme en ont eu Socrate, Platon et autres, un ange ou daimon,l'avertissant des dangers viter, non seulement pour elle, mais aussi pour d'autres personnes.C'tait l'esprit de sa grand'mre, Mme Schmidt Gall. Il tait vtu, comme tous les espritsfminins qui lui apparaissaient, d'une robe blanche ceinture et d'un grand voile, galement

    blanc.

    La voyante de Prvorst disait qu'aprs la mort, l'me conserve un esprit nervique quiest sa forme. C'est cette enveloppe qu'elle avait la facult de voir sans tre endormie, et

    beaucoup mieux la clart du soleil ou de la lune que dans l'obscurit. Les mes n'ont,

    disait-elle, point d'ombre. Leur forme est gristre ; leurs vtements, ceux qu'elles ont portsdans ce monde, mais gristres comme elles-mmes. Les meilleures ont seulement de grandesrobes blanches et semblent planer, tandis que les mauvaises marchent pniblement. Leursyeux sont tous tincelants. Elles peuvent non seulement parler, mais produire des sons, telsque soupirs, frlements de soie ou de papier, coups sur des murs ou des meubles, bruits desable, de cailloux ou de chaussures tranes sur le sol. Elles sont aussi capables de mouvoir lesobjets les plus lourds et d'ouvrir ou de fermer les portes.

    Ces visions taient-elles objectives ? C'est--dire avaient-elles lieu ailleurs que dans lecerveau de Mme Hauffe ? Le Dr Kerner fit plusieurs enqutes pour s'assurer de la ralit deces esprits, perceptibles seulement pour la voyante.

    Oberstenfald, une de ces mes, celle du comte Weiler, qui avait assassin sonfrre, se prsenta Mme Hauffe jusqu' sept fois. Mme Hauffe seule la vit ; mais plusieurs deses parents entendirent une explosion, virent des carreaux, des meubles et des chandeliers sedplacer sans que personne y toucht, chaque fois que le fantme revint.

    Une autre me d'assassin, vtue d'un froc, poursuivit la voyante toute une anne, luidemandant, comme l'avait fait le comte Weiler, des prires et des leons de catchisme. Cetteme ouvrait et fermait violemment les portes, remuait la vaisselle, bouleversait les piles de

    bois, frappait de grands coups sur les murailles, et semblait se faire un jeu de changer de place tout moment. Vingt personnes respectables l'on entendue, soit dans la maison, soit dans la

    rue, et certifieraient au besoin le fait.

    Un fantme de femme, portant dans ses bras un enfant, se montra Mme Hauffeplusieurs fois. Comme ce fut le plus souvent dans sa cuisine, elle fit lever quelques dalles, etl'on trouva, une assez grande profondeur, le cadavre d'un enfant.

    Weinsperg, l'me d'un teneur de livres, qui avait commis quelques infidlitspendant sa vie, la vint prier, en redingote noire rpe, de dire sa veuve de ne pas cacherdavantage les livres dans lesquels se trouvaient ses fausses critures et lui indiqua les endroitso ils taient, pour qu'elle les dnont la justice. Elle obit. l'aide de ces livres, quelquestorts du mort furent rpars.

    42Voir la traduction franaise de luvre du Dr Kerner par le Dr Dusart.

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    Lenach, ce fut l'me d'un bourgmestre nomm Bellon, mort en 1740, l'ge de soixante-dix-neuf ans, qui vint lui demander des conseils pour chapper la

    perscution de deux orphelins. Elle lui donna ces conseils, et aprs six mois l'me ne revintplus.

    On trouve cette mort mentionne dans les registres de la paroisse de Lenach, avecune note portant que le bourgmestre avait fait tort plusieurs enfants dont il tait tuteur.

    Le Dr Kerner ajoute qu'il pourrait citer encore une vingtaine d'apparitions dontl'authenticit a t vrifie ultrieurement. L'honorabilit de ce docteur tant parfaitementtablie, Mme Hauffe, presque toujours alite, ne pouvant se dplacer et entoure de membresde sa famille, aucune supercherie n'aurait t possible. Les faits sont donc rels, et bien qu'ilsse soient produits longtemps avant que l'on parlt de spiritisme, ils ont avec ceux observs denos jours les plus grandes analogies.

    LA CORRESPONDANCE DE BILLOT ET DE DELEUZE

    coutons maintenant un second tmoin autoris, mdecin et fort honnte homme, levnrable Billot, affirmer sa croyance aux Esprits, dans la correspondance qu'il entretint avecDeleuze43.

    Un phnomne qui constaterait positivement l'existence des Esprits, de ces tresimmatriels qui, selon les esprits forts, ne peuvent en aucune manire tomber sous les sens del'homme, serait bien propre sans doute piquer la curiosit publique et fixer surtoutl'attention des savants de tous les pays, quelque opinion qu'ils eussent cet gard... Eh bien ce

    phnomne existe. Cette assertion, qui, de prime abord, a l'air d'un paradoxe, pour ne pas dired'une extravagance, n'en est pas moins une grande vrit44 .

    Notre auteur rapporte qu'il a fait partie pendant longtemps d'une association demagntiseurs et de sujets o il observa des phnomnes de communication avec les Esprits, cequi dtermina sa croyance un monde invisible, peupl par les mes de personnes dcdes.

    Les sances commenaient par la partie mystique, c'est--dire par l'athanotophanie,ou apparition des Esprits, et se terminaient par la partie mdicale, c'est--dire par leraphaelisme ou mdecine anglique. Quand je dis apparition, je n'entends point que cesEsprits se rendissent visibles aux socitaires, ils ne l'taient que pour les somnambules.

    Nanmoins, leur prsence tait marque par quelque signe positif, fait que je puis attester,attendu que j'tais charg d'crire tout ce qui passait dans ces sances.

    Le plus souvent, ces intelligences qui dirigent les somnambules prennent des formesd'anges. Ils ont des tuniques blanches, des ceintures d'argent et parfois des ailes. Il arrive aussique les lucides reconnaissent des personnes du pays, mortes depuis plus ou moins longtemps.Mme l'tat normal les sujets peroivent souvent la voix des guides invisibles.

    Je sens d'abord, dit l'un d'eux, un petit souffle comme celui du plus lger zphir, quirafrachit et glace bientt mon oreille. Ds ce moment, je perds l'oue, et je commence entendre un petit bourdonnement dans l'oreille, comme celui d'un cousin. Prtant alorsl'attention la plus svre, j'entends une petite voix qui me dit ce que je rpte ensuite.

    Hallucination de l'oue dira le docteur moderne qui lira ce rcit, provoque

    probablement par auto-suggestion ou par une suggestion inconsciente du Dr Billot. Mais cetteexplication ne sera plus de mise si l'on constate que l'tre invisible exerce un action physique

    43 Correspondance sur le magntisme vital, etc., par G. Billot, docteur en mdecine, Paris, 1839.44 Billot, Correspondance, p. 37, t. 1.

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    sur le somnambule, sans que celui-ci ait song ce qui va arriver, et la premire foisen l'absence du docteur.

    En effet, ces guides spirituels peuvent agir sur le corps des sujets, car le docteur a ttmoin d'une saigne qui s'arrtait d'elle-mme, lorsque la quantit de sang sortie taitsuffisante. Il n'y avait, dans ce cas, nul besoin de faire de ligature 45.

    On remarque chaque instant, dans les lettres de ce savant, qu'il a pu assister, pendantde longues annes, des visions d'Esprits, lesquels sont soigneusement dcrits par lessomnambules. Avec un remarquable sens critique, Billot a soumis ses sujets des expriencesnombreuses, et ce n'est qu'aprs avoir longuement tudi qu'il se prononce catgoriquement.

    Nous n'avons pas affaire un croyant qui accepte aveuglment toutes les doctrines. Ilraisonne froidement et ne se rend qu' l'vidence. Il a trop de bon sens pour attribuer l'actionde l'Esprit sur la matire ces causes surnaturelles, il n'y voit que l'effet de lois encoreignores, mais que l'on dcouvrira un jour :

    Quant aux oprations des Esprits sur le corps, s'il en est quelques-unes qui tiennent

    du prodige, elles ne sont pas pour cela contre nature, mais contre ce qui est connu de lanature. Or, comme il y a encore dans la nature bien des choses caches aux hommes, il n'estpas bien tonnant que l'on trouve surnaturels certains phnomnes qui rentrent pourtant dansl'ordre des choses cres ; et si certaines lois de la nature nous sont caches, c'est parce quel'on n'a pas encore tudi l'homme comme il doit l'tre, c'est--dire dans tous ses rapports avecla cration46.

    Il est curieux d'observer dans cette correspondance le caractre particulier de chacundes interlocuteurs ; Deleuze, froid et dfiant, ne se rend qu'avec peine aux pressantesobjurgations du solitaire , ainsi que s'intitule Billot. Cependant, il convient la fin qu'il a

    pu observer des sujets qui taient en rapport avec les mes des morts.

    Le magntisme, dit-il, dmontre la spiritualit de l'me et son immortalit ; il prouvela possibilit de la communication des intelligences spares de la matire avec celles qui luisont encore unies, mais il ne m'a jamais prsent des phnomnes qui m'aient convaincu quecette possibilit se ralise souvent47.

    Un peu plus tard, il devient plus affirmatif, il crit au Dr Billot 48:

    Le seul phnomne qui semble tablir la communication avec les intelligencesimmatrielles, ce sont les apparitions. Il y en a plusieurs exemples, et, comme je suisconvaincu de l'immortalit de l'me, je ne vois pas de raison pour nier la possibilit de

    l'apparition des personnes qui ayant quitt cette vie, s'occupent de ceux qu'elles ont chris etviennent se prsenter eux pour leur donner des avis salutaires. Je viens d'en avoir unexemple, le voici :

    Une demoiselle somnambule, qui avait perdu son pre, l'a vue deux fois trsdistinctement. Il est venu lui donner des avis importants. Aprs lui avoir donn des loges sursa conduite, il lui a appris qu'il allait se prsenter un parti pour elle : que ce parti paratraitconvenable, et que le jeune homme ne lui dplairait point, mais qu'elle ne serait pas heureuseavec lui et qu'il lui conseillait de le refuser. Il ajouta que, si elle n'acceptait pas ce parti, unautre se prsenterait bientt aprs, et que tout serait conclu avant la fin de l'anne. C'tait aumois d'octobre.

    45 Correspondance, t. 1, p. 93.46 Correspondance, t. I, note H, page 305.47 Correspondance, t. 11, page 18 et plus loin, page 137.48 Le Docteur Billot habitait au Mont Luberon, prs d'Apt.

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    Le premier jeune homme a t propos la mre ; mais la fille, frappe de ce que sonpre lui avait dit, a refus.

    Un second jeune homme, qui arrivait de province, a t prsent la mre par desamis ; il a demand la demoiselle et le mariage a t arrt le 30 dcembre.

    Je ne prtends pas donner ce fait comme une preuve sans rplique de la ralit desapparitions ; mais, du moins, il la rend vraisemblable, d'autant plus que l'on sait qu'il existed'autres faits de ce genre.

    Afin d'amener son ami une croyance complte, Billot se dcide lui raconter les phnomnes d'apports dont il a t le tmoin. Ici, on ne peut douter qu'une intelligencetrangre aux assistants ne soit en relations avec la somnambule, puisqu'il reste une preuvetangible de cette action supra-terrestre.

    Voici comment ce phnomne est relat par notre docteur :

    Je prends Dieu tmoin de la vrit du contenu des observations qui vont suivre... lacause ressortira des seules dmonstrations matrielles, et tombera sous les sens, par suite del'observation et de l'exprience.

    1re Observation :

    Une dame, frappe depuis quelque temps de ccit incomplte, sollicitait auprs denos somnambules quelques secours pour arrter les progrs de l'amaurose qui, bientt, ne luilaisserait plus distinguer la clart des tnbres. Lorsque, un jour de sance (17 octobre 1820),la somnambule consulte dit : Une jeune vierge me prsente une plante.. elle est tout en

    fleurs... je ne la connais point... on ne m'en dit pas le nom... cependant, elle est ncessaire Mme J ...

    D. - O la trouver ? lui dis-je, car nous n'avons aucune plante en floraison lacampagne dans la saison froide o nous sommes. Faudra-t-il aller la chercher loin d'ici ?

    R. - Ne nous en inquitez point, rpondit la somnambule, on nous la procurera s'il lefaut.

    Et, comme nous insistions pour savoir dans quel endroit la jeune vierge voudraitbien nous l'indiquer, la dame aveugle, qui se trouvait en prsence devant la somnambule,

    s'cria : Mais, mon Dieu ! j'en palpe une tout en fleurs sur mon tablier, on vient de l'ydposer... Voyez donc, Virginie (c'tait le nom de la somnambule)... voyez, serait-ce cellequ'on vous prsentait tantt ? Oui, madame, c'est bien celle-l mme, rpondit Virginie : quechacun de nous loue et bnisse Dieu de cette faveur.

    J'examine alors la plante. C'tait un arbustre peu prs comme une plante moyennede thym. Les fleurs labies, en pis, donnaient une odeur dlicieuse. Elle me parut tre lethym de Crte. D'o venait cette plante ? De son pays natal ou bien de quelque serre chaude ?C'est ce qu'on n'a pas su. Mais ce que je sais fort bien, c'est que j'en possde une tige que la

    jeune vierge ne m'accorda qu'aprs de longues prires.

    Pour qui a pu se convaincre, par la lecture de son livre, de la bonne foi et de la loyautdu docteur Billot, il n'est pas possible de mettre en doute la sincrit de ce rcit. Nous dironsdonc avec lui : Cette premire observation ne prouve-t-elle pas d'une manire irrcusable lespiritualisme ? A-t-elle besoin de commentaire ? Ne met-elle pas en dfaut toute thorie

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    diffrente de celle que nous exposons (intervention des esprits) ? Avons-nous tortde dire qu'elle est la seule qui puisse donner raison d'un phnomne si extraordinaire ?

    Nous ferons remarquer qu'il ne pouvait y avoir de supercherie, puisque la plante taitinconnue dans le pays, et de plus en fleurs, alors que la saison ne s'y prtait nullement.

    N'oublions pas non plus cette odeur dlicieuse qui se rpand tout coup dans l'appartement,alors que la plante apparat. Ce dtail, seul, suffirait affirmer l'authenticit du phnomne.

    Nous avons cit ce fait, non seulement pour affirmer la ralit de la vision, mais aussi afin debien tablir le pouvoir qu'ont les Esprits d'agir sur la matire, au moyen de procds qui noussont encore compltement inconnus.

    Deleuze ne met pas en doute le phnomne, car on lui en a rapport souvent desemblables :

    J'ai eu ce matin la visite, rpond-il, d'un mdecin fort distingu, homme d'esprit, quia lu plusieurs mmoires l'Acadmie des sciences. Il venait pour me parler du magntisme. Jelui ai racont quelques faits que je tiens de vous, sans pourtant vous nommer. Il m'a rpondu

    qu'il n'en tait pas tonn, et il m'a cit un grand nombre de faits analogues que lui ont prsents plusieurs somnambules. Vous jugez que j'ai t bien surpris, et que notreconversation a eu le plus grand intrt. Entre autres phnomnes, il m'a cit celui d'objetsmatriels que le somnambule faisait arriver devant lui, ce qui est du mme ordre que la

    branche du thym de Crte ... .

    On voit, par ce tmoignage, que les phnomnes d'apports n'taient pas inconnus dsle commencement du sicle dernier. Ceci dmontre, une fois de plus, la continuit desmanifestations spirites qui ont eu lieu constamment, mais que le public rejetait commediaboliques, ou qu'il croyait apocryphes et produites par des charlatans.

    Si l'espace ne nous tait mesur, nous ferions connatre comment Billot entrait enrapport avec les Esprits par l'intermdiaire du doigt de son sujet, alors parfaitement veill, aumoyen d'une sorte de typtologie particulire. Nous nous contenterons de renvoyer le lecteur cette intressante correspondance, pour donner la parole d'autres tmoins.

    LES RCITS DE CHARDEL

    Voici plusieurs extraits de Chardel qui nous instruisent la fois sur les rapports dessomnambules avec le monde dsincarn, et sur l'tat de l'me du sujet pendant lesomnambulisme49.

    Un jour que la somnambule Lefrey dictait son magntiseur quelques prescriptionsthrapeutiques, elle lui dit d'un ton singulier :

    Vous entendez bien qu'il me l'ordonne ?

    - Qui demande le docteur, vous ordonne cela ? - Mais lui, vous ne l'entendez pas ?

    - Non, je n'entends ni ne vois personne.

    - Ah ! c'est juste, reprit-elle, vous dormez, tandis que moi, je suis veille...

    - Comment vous rvez, ma chre, vous prtendez que je dors pendant que j'ai les yeuxparfaitement ouverts, que je vous tiens sous mon influence magntique, et qu'il ne dpend quede ma volont de vous ramener l'tat dans lequel vous tiez tout l'heure. Vous vous croyez

    49 Chardel, Physiologie du Magntisme, p. 85, 87 et 328

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    veille parce que vous me parlez et que vous avez jusqu' un certain point votre librearbitre, tandis que vous ne pouvez pas desserrer vos paupires.

    - Vous tes endormi, je le rpte ; moi, au contraire, je suis presque aussicompltement veille que nous le serons tous un jour venir. Je m'explique : tout ce quevous pouvez voir actuellement est grossier, matriel ; vous en distinguez la forme apparente,mais les beauts relles vous chappent ; tandis que moi dont les sensations corporelles sontmomentanment suspendues, dont l'me est presque entirement dgage de ses entravesordinaires, je vois ce qui est invisible vos yeux, j'entends ce que vos oreilles ne peuvententendre, je comprends ce qui pour vous est incomprhensible.

    Par exemple, vous ne voyez pas ce qui sort de vous pour venir moi, lorsque vousme magntisez ; moi, je le vois trs bien. chaque passe que vous dirigez vers moi, je voiscomme de petites colonnes d'une poussire de feu qui sort du bout de vos doigts, et vients'incorporer en moi, et, quand vous m'isolez, je suis environne peu prs d'une atmosphreardente de cette mme poussire de feu50. J'entends, quand j'en ai le dsir, le bruit qui se faitau loin, les sons qui partent et se rpandent cent lieues d'ici ; en un mot, je n'ai pas besoin

    que les choses viennent moi, je puis aller elles, en quelque lieu qu'elles se trouvent, et enfaire une apprciation beaucoup plus juste que ne le pourrait tout autre personne qui ne seraitpas dans un tat analogue au mien.

    L'auteur de la physiologie du Magntisme rapporte aussi qu'une somnambule avait, lanuit, pendant le sommeil naturel, une sorte d'extase qu'elle expliquait en ces termes.

    J'entre, alors, disait-elle, dans un tat semblable celui que le magntiseur meprocure et mon corps se dilatant peu peu, je le vois trs distinctement loin de moi, immobileet froid comme un mort ; quant moi, je me parais une vapeur lumineuse et je me sens penserspare de mon corps ; dans cet tat, je comprends et je vois beaucoup plus de choses que

    dans le somnambulisme, lorsque la facult de penser s'exerce sans que je sois spare de mesorganes ; mais, aprs qu'il s'est coul quelques minutes, un quart d'heure au plus, la vapeurlumineuse de mon me se rapproche de plus en plus de mon corps, je perds connaissance etl'extase cesse.

    L'auteur ajoute qu' ce degr d'panouissement du systme nerveux, l'hommespiritualis, ou, si l'on aime mieux, fluidifi dans tout son tre, jouit de toutes les facults deceux qu'on appelle les Esprits, et que c'est seulement en cet tat que la centralisation de lasensibilit nerveuse est comme rompue et toute diffuse.

    Nous verrons que le rcit de cette somnambule, relatif l'tat de vapeur lumineuse

    qu'elle revt une fois sortie de son corps, est confirm exprimentalement par les travaux deM. de Rochas sur l'extriorisation de la sensibilit.

    Poursuivons.

    Une autre somnambule qui avait, comme celle-ci, dans les heures de la nuit, desvisions qui ne ressemblaient en rien aux rves ordinaires, et la laissaient dans une fatigueextrme, dit un jour au mme docteur :

    Je croyais tre suspendue dans l'air sans forme matrielle, mais toute vapeur et toutelumire ; je vous montrais mon corps que j'avais quitt, tendu dans mon lit : ce n'tait qu'un

    50 On ne dira pas ici que la somnambule tait suggestionne par son magntiseur, puisque celui-ci ignorait Ilexistence des effluves. Consulter de Rochas, Extriorisation de la sensibilit. Voir les expriences qui tablissent l'objectivitde ce phnomne, avec un sujet dont la vision tait contrle par l'tude spectroscopique de la rfraction et de la polarisationdes effluves s'chappant des doigts du magntiseur. Les longueurs d'ondes indiques par le voyant taient celles quicorrespondaient au rouge et au violet, couleurs vues rellement comme manant du magntiseur

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    cadavre. Vous voyez, vous disais-je, il est mort, il sera ainsi dans trente jours. Puis,insensiblement, cette lumire que je sentais tre moi se rapprocha du cadavre, s'y mit, et jerepris mes sens, brise comme aprs un long et pnible sommeil magntique.

    AUTRES TMOIGNAGES

    Pour ceux qui croient l'immortalit de l'me, il est certain que, si l'on peutcommuniquer avec les Esprits, ce doit tre en se mettant dans une position qui se rapproche le

    plus de celle que l'on aura aprs la mort.

    Or, le somnambulisme chez certains sujets parat minemment propre produire cersultat. L'esprit, momentanment dgag, du moins en partie, du lien physiologique, setrouve dans un tat voisin de celui qui deviendra permanent un jour. De plus, si l'on admetque les mes dsincarnes communiquent entre elles, ce qui semble vident, il est clairqu'elles pourront se manifester aux somnambules lorsque ceux-ci seront dans le sommeilmagntique.

    C'est ce que la plupart des magntiseurs ont t forcs. de reconnatre. Malgr sonscepticisme, le Dr Bertrand nous dit51, parlant d'une somnambule trs lucide :

    Cette femme s'exprimait toujours comme si un tre distinct, spar d'elle, et dont lavoix se faisait entendre au creux de l'estomac, lui et rvl toute les notions extraordinairesqu'elle acqurait en somnambulisme. J'ai vu le mme phnomne sur le plus grand nombredes somnambules que j'ai observs. Le cas le plus ordinaire est celui o il semble ausomnambule que les vnements qu'il annonce lui sont rvls par une voix.

    Le baron du Potet, longtemps incrdule, fut contraint son tour de confesser la vrit.Il nous apprend comment il a retrouv dans le magntisme la spiritologie antique, et par quels

    exemples lui-mme a t amen croire au monde des Esprits que le savant, dit-il52

    , rejettecomme une des plus grandes erreurs du temps pass ; mais aujourd'hui, l'homme profond estamen croire par un examen srieux des faits.

    Ailleurs53, il affirme qu'on peut entrer en rapport avec les Esprits dgags de lamatire, au point d'obtenir d'eux ce dont on a besoin.

    Nous pourrions multiplier les citations empruntes la riche bibliothque dumagntisme spiritualiste, et montrer que Charpignon, Ricard, l'abb Loubet, Teste, Aubin,Gauthier, Delage, etc, ont cru aux communications entre vivants et dsincarns. Mais nousn'oublions pas que notre but spcial est l'tude du prisprit, c'est pourquoi nous arrivons

    immdiatement un chercheur consciencieux, un homme de bonne foi, Cahagnet, qui a lemieux tudi ces phnomnes.

    LES EXPRIENCES DE CAHAGNET

    Jusqu'ici, nous entendons bien des magntiseurs affirmer des relations avec un mondesupra-normal. Les sujets voient le plus souvent leur guide ou ange gardien , qu'ilsdcrivent presque toujours comme un beau jeune homme vtu de blanc. Les visions sont trssouvent mystiques : parfois c'est la Vierge qui apparat ; on rcite des prires pour loigner lesmchants Esprits. Rarement le personnage dcrit est un dfunt.

    51 Dr Bertrand, Trait du somnambulisme, chap. 3 et 5.52 Du Potet, Journal du Magntisme 1852 premire semaine.53 Du Potet, la Magie dvoile.

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    Les sujets voient-ils toujours des personnages rels ? Nous ne le croyons pas ;ils sont fort souvent suggestionns par l'exprimentateur et aussi par leur imagination ; il fautdonc soigneusement se garder d'accorder une crance quelconque leurs affirmations, tantqu'elles ne sont pas appuyes par des preuves absolues, dans le genre de celles que nous avonsrapports d'aprs le Dr Billot.

    La vision d'un Esprit n'a de valeur positive qu'autant qu'il est tout fait certain que cen'est pas une auto-suggestion du somnambule, ou une transmission de pense de la part del'oprateur.

    Le fait suivant, cit par le Dr Bertrand dans une de ses confrences, et reproduit par legnral Noizet, en est une preuve convaincante54 :

    Un magntiseur fort imbu d'ides mystiques avait un somnambule qui pendant sonsommeil, ne voyait que des anges et des esprits de toute espce. Ces visions servaient confirmer de plus en plus le magntiseur dans sa croyance religieuse. Comme il citait toujoursles rves de son somnambule l'appui de son systme, un autre magntiseur se chargea de le

    dtromper, en lui montrant qu'un somnambule n'avait les visions qu'il rapportait que parce quele type en existait dans sa propre tte. Il proposa pour prouver ce qu'il avanait de faire voir aumme somnambule la runion de tous les anges du paradis table et mangeant un dindon. Ilendormit donc le somnambule, et au bout de quelque temps, il lui demanda s'il ne voyait riend'extraordinaire ; celui-ci rpondit qu'il apercevait une grande runion d'anges. - Et que font-ils ? dit le magntiseur. Ils sont autour d'une table et ils mangent. Il ne put indiquer cependantquel tait le mets qu'ils avaient devant eux.

    Il est donc ncessaire d'tre excessivement circonspect dans l'acceptation des rcits desomnambules, puisque nous savons qu'ils sont parfois trs suggestibles, mme mentalement.Dfions-nous des descriptions du paradis et de l'enfer comme en ont tant faites les sujets et les

    mystiques de tous les pays, et de toutes les poques.

    Avec Cahagnet55 tout change. Ce ne sont plus des tres angliques qui se montrent,mais bien des Esprits qui ont vcu parmi nous. Il se font reconnatre parce qu'ils ont le mmeextrieur qu'ici-bas, des vtements semblables ceux qu'ils portaient ; que leurs souvenirssont nets et prcis, et qu'ils font preuve de jugement, de volont, comme s'ils taient encoresur la terre. Ce ne sont pas de simples images reproduisant des tres disparus : ces apparitionssont des individualits qui causent, remuent, vivent et affirment catgoriquement que la mortne les a pas atteints. C'est dj du vrai spiritisme ; aussi quel toll gnral lorsque parurent lesArcanes de la vie future dvoils. Tout ce que l'ignorance, le fanatisme, la sottise a rditdepuis contre notre doctrine, vint fondre sur le malheureux magntiseur. coutons sa plainte

    douloureuse :

    Notre adversaire, M. le baron du Potet56, nous avait dit ces mots qui taientprophtiques pour nous, lorsque nous publimes le premier volume de cet ouvrage : Voustraitez vingt ans trop tt de ces questions, l'homme n'est pas prpar les comprendre.

    Hlas, rpondions-nous alors, pourquoi le voyons-nous baigner de ses larmes lacendre de ceux qu'il croit jamais perdus pour lui ? quel moment de l'existence humaine

    pouvons-nous arriver plus propos pour dire cet homme : console-toi, frre, celui que tucrois jamais spar de toi, est l tes cts, quil est plus heureux que sur la terre, et qu'ilt'assure par ma voix qu'il vit et qu'il tattend dans des sphres rapproches, pour continuer ses

    intimits avec toi. Si tu ne veux pas en croire ma parole, tiens, regarde cette jolie tte

    54 Gnral Noizet, Mmoires, page 128. Cit par Ochorowicz page 279.55 Cahagnet, les Arcanes de la vie future dvoils, tome 111, p. 80-8 1.56 Avant la conversion

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    enfantine, qui pleure parce qu'elle te voit pleurer ; parce que tu lui dis qu'elle ne reverraplus sa mre chrie ; pose ta main sur son front, et dans quelques minutes, tu vas la voirsourire celle que tu crois morte : elle va te conter ce qu'elle est, o elle est et ce qu'elle fait.Tu ne pourras douter un instant que ce marbre qui t'effraie est la porte du temple del'immortalit o nous vivrons tous ternellement pour nous aimer ternellement.

    Je dis cela ce frre malheureux, et, loin de me serrer la main en signe de gratitude,il me regarde avec mpris, en s'criant : Cet homme est fou !

    Mais c'tait un fier lutteur que cet ouvrier qui a eu la gloire de se faire ce qu'il estdevenu: un des pionniers de la vrit. Il a combattu vigoureusement ses contradicteurs, etceux-ci ont t rduits au silence. Les deux premiers volumes des Arcanes renferment desrcits d'expriences faites avec huit extatiques qui possdaient la facult de voir les Espritsdsincarns. Le point culminant fut atteint avec l'un deux, Adle Maginot, qui obtint unelongue srie d'vocations. L'ouvrage renferme plus de 150 procs verbaux, manant detmoins qui affirment avoir reconnu les Esprits dcrits par la somnambule. C'est l un faitcapital sur lequel on ne saurait trop appeler l'attention. On ne peut raisonnablement supposer

    que des hommes appartenant tous les mondes, d'une honorabilit indiscutable, se soientdonn le mot pour attester des mensonges. Il y a donc dans ces expriences une voie nouvelle,une mine fertile exploiter pour les chercheurs avides de connaissances sur l'au-del. Voiciun exemple qui montre comment les choses se passaient habituellement57.

    UNE VOCATION

    M. B.... magntiseur et souscripteur aux Arcanes, dsire une sance d'apparition;sitt Adle en tat, nous demandons M. B.... Ernest, Paul, dcd, frre de M. B... ; la mre dece monsieur est prsente cette sance. Adle dit : Le voil ! - Donne-nous son signalement ?Je lui vois des cheveux chtain clair, le front beau et dcouvert, yeux approchant du brun,

    sourcils assez bien arqus, nez allant un peu en pointe, bouche moyenne ; il porte desmoustaches plus claires que ses cheveux ; teint clair, ple et dlicat, menton rond, corpulencefrle, quoique ayant d tre assez forte ; la maladie l'a beaucoup affaibli ; il porte un habitcouleur fonce (olive, je crois) ; son air est dolent, calme et souffrant ; il a d souffrir du curet de la poitrine, et a prouv des fatigues dans les jambes. Il n'tait pas sans chagrin, il setourmentait beaucoup intrieurement sans en laisser rien apercevoir ; il tait parfois mditatif,s'absorbait dans des ides noires ; il aimait une personne, ce qui causait une bonne partie deson chagrin; il tait trs sensible.

    - Quel ge te parait-il avoir ? - Environ vingt-cinq ans ; son estomac a t fatigu pardes excs de jeunesse...

    - Par qui a-t-il t reu au ciel ? Par son grand-pre. - Monsieur son pre a eu unevision dans laquelle il a vu son fils au ciel prs de sa grand'mre ? - Cette vision est vridique,mais la premire personne qui l'a reu est son grand-pre paternel, celui qu'il a connu sur laterre; il lui tendait les bras, il s'y est prcipit ; sa grand'mre tait parmi les autres, il nemanquait pas de monde qui l'attendait... Il n'a pas eu peine d'agonie. Il ne croyait pas aumagntisme, il me dit de dire monsieur son frre qu'il y croit maintenant. - Qui gardait soncorps dcd ? - Sa famille. - O a-t-il t dpos ? - Au Pre Lachaise. Est-il rest dans lemme tombeau ? Non ; on l'a runi son grand-pre, celui qui l'a reu le premier au ciel. -Quelles taient les personnes qui suivaient immdiatement son convoi - Il a mieux aperu sonfrre que d'autres. - Adle est fatigue, nous cessons.

    M. B... est ravi de cette exprience ; madame sa mre est plonge dans la plusgrande douleur ; son fils lui fait dire par Adle qu'elle ne pleure pas, qu'il est plus heureux

    57 Cahagnet, Arcanes, t. 11, p. 94 et suivantes.

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    qu'elle ; il voudrait qu'elle et fini son temps d'preuve ; il est venu la visiter plusieurs foisdans son sommeil pour la consoler ; il ne l'en a pas fait ressouvenir pour ne pas augmenter sadouleur, connaissant l'amertume de ses regrets. Il est apparu de mme monsieur son frre, illui apparatra encore ; il le remercie de l'avoir enseveli.

    M. B... ne trouve pas une syllabe retrancher cette masse de dtails ; madame samre conserve un seul doute sur la nuance des yeux ; on ne peut se rappeler au juste leurcouleur. Dieu a permis que notre foi soit raffermie de plus en plus. M. B..., dsirant taire sonnom par des considrations de famille, a sign le double de cette sance pour me garantir, l'avenir, contre les rticences que quelques hommes, oublieux et chicaneurs, pourraient leversur la ralit de ce qu'ils ont entendu et reconnu vrai. J'en agirai de la sorte par la suite.

    Le lendemain de cette sance, M. B... vient la maison pour nous dire que, la suitede cette apparition, il avait sollicit une assemble de famille pour obtenir la certitude de lacouleur exacte des yeux de son frre ; la gnralit des souvenirs fut pour la couleur des yeuxdcrits par Adle. Cette particularit me fit grand plaisir, parce que ce monsieur ayant dit Adle: - Vous faites erreur, ma mre croit les yeux bleus, persistez-vous les voir bruns ? -

    Adle lui rpondit : - Il me serait trs facile de dire comme madame votre mre, puisqu'elleles croit tels, et que cela ajouterait la vrit de tout ce que je vous ai dit, mais je mentirais etne dirais pas ce que je vois ; pour moi, ils sont bruns. C'est d'aprs cette affirmation que cemonsieur convoqua une assemble de famille et se fit un devoir de m'instruire de sonrsultat.

    chaque pas, on trouve dans ces volumes des preuves semblables. Mais ce serait bienmal connatre notre poque que d'imaginer que ces rcits eurent le don de dterminer laconviction. La bonne foi de Cahagnet ne fut jamais conteste, ses contemporains lereconnurent comme un honnte homme incapable d'altrer la vrit ; mais ils prtendirent queces phnomnes pouvaient s'expliquer tous par une transmission de pense, s'exerant entre le

    consultant et le sujet.

    Nous pouvons nous rendre compte du peu de valeur de cette objection, dans ce cas, sil'on rflchit aux circonstances qui accompagnrent l'apparition. Celle-ci cause, elle fait dire sa mre, par Adle, de ne pas se tourmenter. Si c'tait une simple image, elle ne parlerait pas.Et pourquoi cette image serait-elle associe celle du grand-pre paternel, alors que, dans la

    pense de la mre et du frre, c'est la grand'mre qui dit l'avoir reu au ciel 58?

    D'ailleurs pour rpondre cette objection, qui a t l'pe de chevet des incrdules,l'auteur rapporte un certain nombre d'apparitions auxquelles cette explication est encore moinsapplicable59.

    En voici une, entre beaucoup d'autres.

    M. l'abb Almignana, dj cit, paraissant ne plus tre convaincu par les dtailsqu'Adle lui avait donns sur l'apparition de monsieur son frre, qu'il avait sollicite dans ladeuxime sance, vint me faire part de ses doutes cet gard. En ce moment, Adle tait ensommeil; il me proposa d'appeler la soeur de sa bonne, qu'on nommait Antoinette Carr,dcde depuis quelques annes. Je demandai cette personne.

    Adle dit : - Je vois une femme d'une taille moyenne, cheveux chtain clair, ged'environ 45 ans, pas jolie, petits yeux gris, gros nez, un peu large du bas ,teint jauntre,

    bouche plate : elle a ce que nous nommons la grosse gorge ; il lui manque des dents sur ledevant de la bouche, le peu qui reste est noir comme des chicots ; elle porte ce qu'on nomme

    58 Le sujet entend, par le mot ciel, l'erraticit c'est--dire l'espace qui entoure la terre.59 Cahagnet, Arcanes V., page 98.

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    on comprend moins comment elle peut se prsenter revtue d'un costume. O le prendelle, ce vtement ? Celui-ci n'est videmment pas immortel. Nous tudierons plus loin cettequestion et nous esprons l'avoir clairement lucide. Voyons comment Cahagnet y rpond 60:

    M. du Potet, dans son apprciation du premier volume de cet ouvrage, ridiculisa ceque nous disons sur les vtements que portent les Esprits qui sont demands par nous dans nossances d'apparitions, en criant : Voyez-vous tel Esprit habill en garde national ? Telautre fut dans la mme apprciation jusqu' nous nier la possibilit de converser avec cesEsprits dans le patois que nous parlons ; aussi ne voulut-il pas admettre qu'ils portassent desvtements terrestres.

    Le 162 numro du Journal du Magntisme contient un rcit trs curieux sur lesmanifestations spirituelles qui ont lieu, de nos jours, en Amrique, par lesquelles les Espritslient rapport avec les hommes de la terre, conversent avec eux et leur rendent leur prsencesensible par des attouchements, par des transports de meubles et des bruits que tous lesspectateurs entendent.

    L'auteur de cet article, suivant les mmes errements que M. du Potet, ne parait pasadmettre que ces Esprits soient couverts des vtements que les spectateurs accusent voir.

    Nous demanderons ces crivains s'ils prfreraient que ces Esprits se montrassent nos yeux dans le costume d'Adam ?

    Nous leur demanderons, en plus, qui leur prouverait que ce sont des tres pensants,s'ils ne parlaient pas ? Qui leur prouverait que ce ne sont pas de simples images de dcds,daguerrotypes dans la mmoire du demandant, s'ils ne rpondaient pas leurs questions,dans le patois que nous parlons, bien entendu, pour tre compris de nous ?

    S'ils n'avaient pas un langage tant reprsentatif que terrestre, on dirait que l'on nepeut les questionner.

    S'ils nous rpondaient dans un langage musical, aromal ou sensitif, on dirait que cesont des linguistes orgueilleux, qui ne veulent pas salir leur langue par des phrases et des sonsdont ils se servaient sur la terre.

    S'ils sont vtus comme ici-bas, on les trouve trop communs, et en dehors du progrsdes modes terrestres.

    S'ils sont plus lgamment vtus, on les trouve trop attachs l'idal des Mille et une

    Nuits.

    S'ils sont nus, on les trouve impudiques, et l'on veut savoir comment ils taienthabills sur la terre.

    De quoi veut-on donc les couvrir ? Car tel tissu, si spiritualis soit-il, sera toujoursune tissu exigeant un tisserand .

    La vrit est que l'Esprit cre, volontairement ou non, non vtement fluidique, commenous le verrons plus tard.

    En somme, l'ide d'un corps spirituel de l'me s'est dgage d'une partie de sonobscurit. Nous sommes d'ores et dj, par le somnambulisme, en possession d'un moyen devoir les Esprits et de nous assurer qu'ils se prsentent avec une forme corporelle qui reproduit

    60 Cahagnet, Arcanes, t, 111, pages 75 et suivantes.

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    fidlement le corps physique qu'ils possdaient sur la terre. Ceci n'est plus unehypothse ; c'est un fait qui rsulte de l'observation exprimentale. Il faut lire les attestationsnombreuses qui sont la fin du second volume pour se bien persuader que les travaux deCahagnet ne sont pas isols. Ils ont t repris et vrifis par un grand nombre de magntiseurs,qui ont affirm avoir obtenu les mmes rsultats. C'est donc pour nous un point acquis, et ilnous est facile de renouveler ces phnomnes puisqu'il suffit de nous placer dans lesconditions indiques par l'auteur.

    Nous allons voir maintenant, par les expriences faites en compagnie des mdiums,aussi bien que par les apparitions spontanes, que c'est une loi gnrale que celle d'aprslaquelle l'me se montre, aprs sa mort, avec une apparence identique celle qu'elle possdaitde son vivant.

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    CHAPITRE III

    TEMOIGNAGES DES MEDIUMS ET DES ESPRITS EN FAVEUR DE LEXISTENCEDU PERISPRIT

    Nous avons constat que certains somnambules, plongs dans le sommeil magntique,peuvent voir les Esprits et les dcrire fidlement. Mais cette facult appartient aussi despersonnes non endormies auxquelles on a donn le nom de mdiums voyants.

    Pour bien comprendre ce qui se passe alors, il ne faut pas oublier que dans la vieordinaire ce n'est pas lil qui voit, pas plus que ce n'est l'oreille qui entend. Lil est uninstrument destin recevoir les images apportes par la lumire, mais son rle se borne l ;

    par lui-mme, il est incapable de nous faire distinguer les objets. La preuve en est facile fournir. Si le nerf optique est coup ou paralys, le monde extrieur vient toujours se peindresur la rtine, mais le sujet ne le voit plus ; il est devenu aveugle, bien que son organe visuel

    soit intact. La vue est donc une facult de l'esprit ; elle peut s'exercer sans le concours ducorps, puisque les somnambules naturels ou artificiels voient distance et les yeux ferms 61.C'est lorsque ces phnomnes se produisent qu'il est permis de constater l'existence d'un sensnouveau, que l'on peut dsigner sous le nom de sens spirituel.

    Le somnambulisme et la mdiumnit sont des degrs divers de l'activit de ces sens ;ils prsentent, comme on le sait, des nuances innombrables et constituent des aptitudesspciales. Allan Kardec a bien mis ce fait en vidence62. Il fait observer qu'en dehors de cesdeux facults, plus remarques parce qu'elles sont plus apparentes, ce serait une erreur decroire que le sens spirituel n'existe qu' l'tat exceptionnel. Comme les autres sens, il est plusou moins dvelopp, plus ou moins subtil selon les individus ; mais tout le monde le possde,

    et ce n'est pas celui qui rend le moins de services, par la nature toute spciale des perceptionsdont il est la source. Loin d'tre la rgle, son atrophie est l'exception, et peut tre considrecomme une infirmit, de mme que l'absence de la vue ou de l'oue

    C'est par ce sens que nous percevons les effluves fluidiques63 des Esprits, que nousnous inspirons notre insu de leurs penses, que nous avons le pressentiment ou l'intuitiondes choses futures ou absentes, que s'exercent la fascination, l'action magntique inconscienteet involontaire, la pntration de la pense, etc. Ces perceptions appartiennent l'homme aumme titre que celles de la vue, du toucher, de l'oue du got ou de l'odorat, pour saconservation ce sont des phnomnes trs vulgaires, qu'il remarque peine par l'habitude qu'ila de les prouver, et dont il ne s'est pas rendu compte jusqu' ce jour, par suite de sonignorance des lois du principe spirituel, de la ngation mme, chez beaucoup de savants, del'existence de ce principe. Mais quiconque porte son attention sur les effets que nous venonsde citer, et sur beaucoup d'autres de mme nature, reconnatra combien ils sont frquents, etde plus, compltement indpendants des sensations perues par les organes du corps.

    61 Voir ce sujet : le rapport du Dr Husson, 28 Juin 1831, l'Acadmie des Sciences. - Deleuze, Mmoire sur laclairvoyance des somnambules. - Rostan, article Magntisme dans le Dictionnaire des Sciences mdicales. - Lafontaine,lArt de magntiser. - Charpignon, Physiologie, Mdecine et Mtaphysique du Manttisme. Et les cas cits dans lesProceedings de la Socit Anglaise de Recherches psychiques. - Gabriel Delanne, Le Spiritisme devant la Science, chap.III. - Voir galement, les Apparitions matrialises des vivants et des morts, t. 1 et II.

    62 Allan Kardec, Revue spirite, octobre 1864, octobre 1865, juin 1867. Voir aussi, dans Gense, le chapitre desfluides.63 Le mot fluide ne dsigne pas une matire particulire ; il signifie un mouvement ondulatoire de l'ther, analogue ceux qui donnent naissance l'lectricit, la lumire, la chaleur, les rayons X, etc.

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    Lorsqu'une table se meut et qu'un mdium voyant dcrit l'Esprit qui agit ;lorsque ce mdium annonce mme ce qui va tre dict par l'intermdiaire du meuble, il estdraisonnable d'imaginer qu'il ne voit pas rellement, puisque sa prdiction se ralise et quel'Esprit tmoigne de sa prsence par son action sur la matire.

    Si l'on veut bien rflchir (que, depuis cinquante annes les recherches spirites sepoursuivent dans le monde entier ; qu'elles ont lieu dans les milieux les plus divers ; qu'ellesont t contrles des milliers de fois par des investigateurs appartenant aux classes les plusinstruites et, par consquent, les moins crdules de la socit, il faudra bien admettre qu'il estabsurde de supposer que ces phnomnes ne sont pas produits par les Esprits. C'est donc aumoyen d'incessantes communications avec le monde de l'au-del, par des rapportsininterrompus avec les habitants de l'espace, que nous sommes arrivs possder desconnaissances certaines sur les conditions de la vie d'outre-tombe.

    Rappelons-nous qu'il existe plus de deux cents journaux publis dans toutes leslangues qui se parlent sur le globe, que les travaux de chacun se poursuivent isolment, etque, malgr cette diversit prodigieuse des sources d'informations, l'enseignement gnral est

    le mme dans ses parties fondamentales. On conviendra qu'un pareil accord est bien propre asseoir la conviction qui s'est produite pour chacun des exprimentateurs, aprs qu'il ettudi par lui-mme.

    Exposons donc sans cesse les rsultats acquis, ne nous lassons pas de remettre sous lesyeux du public les documents que nous possdons et, lentement peut-tre, mais srement,nous arriverons faire pntrer dans les masses ces connaissances indispensables leur

    progrs et leur bonheur.

    L'env