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A NNÉE 2012 N°1966 T HÈSE pour le D OCTORAT DE L UNIVERSIT É BORDEAUX SEGALEN École doctorale Sociétés, politique, santé publique Spécialité : Études anglaises : Langue de spécialité, didactique de la langue Laboratoire Cultures, Éducation, Sociétés, EA 4140 Présentée et soutenue publiquement Le 10 décembre 2012 P AR M ONSIEUR A MMAR BENABED MEMBRES DU J URY Monsieur Alain CAZADE, Professeur Émérite, Université Paris Dauphine, Rapporteur. Madame Marie-Christine DEYRICH, Professeure Université Montesquieu Bordeaux IV-IUFM d’Aquitaine, Directrice de thèse. Monsieur Abderrezak DOURARI, Professeur Université Alger 2, Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight. Madame Anne JORRO, Professeure Université Le Mirail Toulouse, Rapporteur. Monsieur Michel PETIT, Professeur Université Bordeaux Victor Segalen, Président. L ES ENJEUX DIDACTIQUES DE LA FORMATION INITIALE ET CONTINUE DES ENSEIGNANTS D ANGLAIS L2 EN CONTEXTE ALGÉRIEN : ENTRE OBJECTIFS INSTITUTIONNELS ET ATTENTES DES ENSEIGNANTS

Langue de spécialité, didact

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ANNÉE 2012 N°1966

THÈSE

pour le

DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ BORDEAUX SEGALEN

École doctorale Sociétés, politique, santé publique

Spécialité : Études anglaises : Langue de spécialité, didactique de la

langue

Laboratoire Cultures, Éducation, Sociétés, EA 4140

Présentée et soutenue publiquement

Le 10 décembre 2012

PAR MONSIEUR AMMAR BENABED

MEMBRES DU JURY

Monsieur Alain CAZADE, Professeur Émérite, Université Paris Dauphine,

Rapporteur.

Madame Marie-Christine DEYRICH, Professeure Université Montesquieu

Bordeaux IV-IUFM d’Aquitaine, Directrice de thèse.

Monsieur Abderrezak DOURARI, Professeur Université Alger 2, Centre

National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight.

Madame Anne JORRO, Professeure Université Le Mirail Toulouse, Rapporteur.

Monsieur Michel PETIT, Professeur Université Bordeaux Victor Segalen,

Président.

LES ENJEUX DIDACTIQUES DE LA FORMATION INITIALE ET

CONTINUE DES ENSEIGNANTS D’ANGLAIS L2

EN CONTEXTE ALGÉRIEN :

ENTRE OBJECTIFS INSTITUTIONNELS ET ATTENTES DES

ENSEIGNANTS

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2

Résumé

La présente thèse s’inscrit dans le domaine de la recherche exploratoire sur les enjeux

didactiques de la formation initiale et continue des enseignants d’anglais L2 en contexte

algérien : entre les objectifs institutionnels et les attentes des enseignants. L’étude s’intéresse à

la formation initiale et continue des futurs enseignants telle qu’elle est prescrite par la tutelle et

telle qu’elle est mise en œuvre par l’institut de formation. Appuyée sur les données recueillies à

partir des différents outils utilisés à cet effet, à savoir quatre questionnaires, deux interviews et

l’analyse de la maquette du cursus de la formation initiale, la recherche met en lumière le

décalage qui existe entre le prescriptif et le descriptif de la formation.

Le monde dans lequel nous vivons est en perpétuelle métamorphose ; celui de l’éducation

l’est autant. Les changements et les réformes auxquelles nous assistons ces temps-ci sont dictés

par le seul souci de bien-faire, dans le cadre de la mondialisation. Néanmoins, les réformes

entamées dans le système éducatif algérien ne peuvent atteindre leurs objectifs que si elles sont

menées de manière réfléchie, intelligente, méthodique et rationnelle.

Dans une société en pleine transformation, la formation professionnelle des enseignants

s’avère une nécessité urgente. Ces enseignants doivent développer une pratique réflexive : une

posture fondamentale, parce que la capacité d’innover, de négocier et de réguler leur pratique

passe impérativement par une réflexion sur l’expérience, favorisant la construction de savoirs

nouveaux.

Les mots clés:

Formation initiale, formation continue, didactique, pédagogie, praticien réflexif, compétence,

compétences professionnelles, approche par compétences, interculturel, conscientisation.

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3

Abstract

The present thesis fits into the field of the exploratory research on the didactical issues of

the initial and in-service trainings of teachers of English as a foreign language in the Algerian

context: between institutional objectives and the teachers’ expectations. The study focuses on

the initial and in-service trainings of the future teachers as it is required by the employer and as

it is carried out by the training institute. Founded on the collected data from the various tools

used for the purpose, namely the questionnaires, the interviews and the initial training

curriculum analysis, the research highlights/sheds light on the gap between the prescriptive and

the descriptive trainings.

The world in which we live is in perpetual metamorphosis that of education is the same.

The changes and reforms we are witnessing these days are dictated solely by the desire to do

well in the context of globalization. Nevertheless, the reforms undertaken in the Algerian

educational system cannot achieve their goals unless they are conducted in a thoughtful,

intelligent, methodical and rational manner.

In a changing society, training of professional teachers is an urgent need. These

professional teachers have to develop reflective practice, a basic posture, because the ability to

innovate, negotiate and its practice necessarily involves a reflection on experience, encouraging

the construction of new knowledge

Key words:

Initial training, in-service training, didactics, pedagogy, reflexive teacher, competence,

professional competences, competency-based approach, intercultural, awareness.

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4

Sommaire

Dédicace…….………………………………………………………………..………….ii

Remerciements………………………………………………………………………….iii

Sommaire ……………………………………………………………………………….iv

Liste des abréviations …………………………………………………………………..v

Introduction…………………………………………………………………………….13

PREMIÈRE PARTIE Parcours de recherche en contexte institutionnel

et socioculturel algérien

Chapitre I : Des réformes qui bouleversent le paysage institutionnel

1. Changements et implications………………………………………………………...19

2. Premiers constats et nouveaux enjeux……………………………………………….28

3. Du côté des enseignants……………………………………………………………...29

4. Du côté de la formation des enseignants……………………………………………31

5. Les enjeux didactiques de la formation du personnel enseignant…………………...31

Chapitre II : Parcours personnel et professionnel ancré dans la formation

1. Motivation…………………………………………………………………………...34

2. Retour sur un parcours professionnel……………………………………………….34

3. Une rétrospective succincte sur un engagement personnel et professionnel………..40

4. La formation des enseignants dans une démarche responsabilisante…….…………41

5. Vers une articulation théorie-pratique-théorie………………………………………42

6. Un positionnement entre engagement et distanciation……………………………...42

7. Un chercheur engagé………………………………………………………………..43

Chapitre III : Contexte de la recherche

1. Les considérations générales sur la réforme éducative……………………………..45

2. Le contexte de la réforme du système éducatif algérien …………………………...52

3. Les principes généraux de la nouvelle réforme éducative et la réforme de

l’enseignement secondaire et universitaire……………………………………………..55

4. Une nouvelle conception de la formation…………………...………………………59

5. Les difficultés de mise en œuvre de la réforme……………………………………..60

Chapitre IV : Réformes éducatives et politiques linguistiques et leur impact sur les

enjeux de la formation des enseignants

1. Le système éducatif algérien : finalités et objectifs généraux……………………….65

iv

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5

2. Brève rétrospective sur les réformes successives du système éducatif algérien…….67

3. Le passage des programmes basés sur les contenus au curriculum……………….....73

4. La politique linguistique et culturelle……………………………..…………………74

5. Politique linguistique et implication didactique……………………………………..79

Chapitre V : La mondialisation et son impact sur les enjeux de la formation des

enseignants

1. La formation des enseignants dans le contexte des politiques mondiales…………...82

2. La Politique de la formation........................................................................................84

3. La réglementation de la formation initiale……….…………….……………………90

4. La réglementation de la formation continue………………………….……………...94

5. La Formation continue et son impact sur les pratiques des enseignants……………94

6. La recherche en didactique et pour la didactique au profit de la formation des

enseignants ……………………………………………………………………………..95

DEUXIÈME PARTIE

La revue de la littérature

Conceptualisation et recadrage théorique

Chapitre I : Toile de fond

1. Implication de la didactique dans la formation des enseignants…………………...102

2. Rôle du chercheur-formateur dans la formation ………………………………......116

CHAPITRE II : Les enjeux de la formation des enseignants à l’importance d’un

apprentissage fondé sur une articulation de la théorie et de la pratique

1. Formation initiale : est-ce un parcours de la théorie à la pratique et l’inverse ? …..120

2. Théorie et pratique : quelle articulation dans la formation des enseignants? …….123

3. Formation des enseignants dans une perspective planétaire……………………….125

4. Formation didactique ou pédagogique ? …………………………………………...127

5. La compétence dans le domaine de l’éducation……………………………………128

Chapitre III : Les enjeux de la formation des enseignants à l’importance d’un

enseignement fondé sur les compétences interculturelles, réflexives et

professionnelles

1. L’interculturalité : du savoir culturel à la compétence culturelle dans la formation des

enseignants…………………………………………………………………………….145

2. État des lieux de la formation des enseignants à l’interculturel……………………148

3. Pratique réflexive : impact sur la profession d’enseignant…………………………149

4. L’approche par compétences et son impact sur la formation des enseignants……..153

5. Le profil de sortie des enseignants dans le cadre de la formation fondée sur

Page 6: Langue de spécialité, didact

6

l’approche par compétences………………………………………..…………………154

6. Compétences professionnelles……………………………………………………..155

Chapitre IV : Les enjeux de la formation des enseignants dans un dispositif

évolutif des conceptions

1. Les différentes conceptions des dispositifs de la formation des enseignants……....163

2. Formation en compagnonnage…………………………………...…………………167

3. Formation en monitoring……………….…………………...……………………...168

4. Formation et professionnalisation : la confrontation des points de vue, une ressource

pour l’apprentissage ………………………..………...……………….……………....169

5. Formation continue des enseignants………………………………….…………….170

TROISIÈME PARTIE Regards croisés sur la formation du côté des élèves-enseignants, des formateurs,

enseignants novices et des inspecteurs

Chapitre I : Cadre général de la recherche

1. Une recherche exploratoire pour décrire les enjeux de la formation des

enseignants…………………………………………………….………………………174

2. Chercher la validité scientifique………………………….………………………...175

3. Mode de construction du corpus………………………………….………………...175

4. Méthodologie de recherche……………………………..………………………….177

5. Les techniques de recueil de données ……………………………………………...181

Chapitre II : Les résultats pour la population étudiante

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 1 : population

étudiante……………………………………………………………………………….183

2. Profil général et données biographiques des répondants…………………………...184

3. Choix des langues, choix des études ………………………………………………185

4. Du cursus en amont à la licence d’anglais …………………………………………187

5. Les compétences des futurs enseignants…………………………………………...188

6. L’impact des modules d’enseignement sur la formation…………………………...190

7. Réflexion sur le module de TEFL : dispositif, volume horaire et contenu………...197

8. Suggestions et attentes des futurs enseignants……………………………………..199

Chapitre III : Les résultats pour les enseignants universitaires

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 2 : les enseignants

universitaires………………………………………………………………...………...203

2. Réflexion des répondants sur les compétences des futurs enseignants..…………...208

3. L’alternance codique : entre facilité et obstacle …………………………………...218

4. Les instructions officielles vis-à-vis l’enseignement/apprentissage des langues

étrangères……………………………………………………………………………...220

5. Réflexion des enseignants-formateurs sur le module de TEFL…………………….221

Page 7: Langue de spécialité, didact

7

6. Suggestions et attentes des enseignants formateurs : Rendre la formation initiale

compatible aux exigences de terrain…………………………………………….…….223

Chapitre IV : Les résultats pour le corps inspectoral

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 3 : le corps inspectoral……226

2. Conditions de recrutement et de formation……………………………...…………232

3. Réflexion des répondants sur la performance des enseignants novices……………236

4. Formation initiale : excessive focalisation sur les aspects théoriques…………….241

5. Formation initiale : lacunes d’ordre disciplinaires et/ou transversales…………….242

6. Suggestions et Attentes des inspecteurs……………………………………………243

Chapitre V : Les résultats pour les enseignants novices

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 4 : les enseignants

novices………………………………………………………………………………...249

2. Recueil des données : moyen et procédure…………………………………………250

3. Profil général et données biographiques des répondants…………………………...251

4. Données professionnelles……………………………………………...…………...255

5. La formation initiale : durée et apports…………………………………………….261

6. Formation continue…………………………………………………………………270

7. Suggestions et attentes………………………………………………..…………….274

Chapitre VI : Le point de vue des responsables de la formation

1. Regard descriptif : la réforme éducative, finalité et objectifs sous-jacents………...285

2. Regard analytique : la formation initiale et continue des enseignants d’anglais entre le

prescriptif et le descriptif……………………………………………………………...287

3. Regard prospectif : attentes et perspectives………………………………………..290

Chapitre VII : Description et Analyse de la maquette de formation initiale

1. Présentation de la maquette d’enseignement……………………………………….303

2. Réflexion sur le cursus de formation initiale ……………………………………...307

Conclusion générale …………………………………………………………………318

Bibliographie ……………………………………………………………………….320

Annexes……………………………………………………………………………….352

Liste des tableaux……………………………………………………………………..428

Table des matières………………………………………………………………….....436

Page 8: Langue de spécialité, didact

8

Dédicace

À la mémoire de mon père, Ahmed, et ma fille, Naima, qui nous ont quittés tous les deux

dans un intervalle de 4 jours alors que je rédigeais cette thèse.

À la mémoire d’Annie Ariès Delâge décédée le 26.11.2010

À ma mère, mes frères et sœurs, ma femme et mes enfants, et tous les ami(e)s et collègues.

ii

Page 9: Langue de spécialité, didact

9

Remerciements

Cette recherche est le fruit d’un travail de ‘terrain’ mené depuis une décennie au service de

la formation des enseignants d’anglais. Entreprise depuis 2000 dans la wilaya de Mostaganem

(Algérie), notre activité de superviseur et de formateur se poursuit dans le département de

langue anglaise de l’université Abdelhamid Benbadis de Mostaganem (Algérie). De par notre

forte imbrication avec le terrain, nous avons pu construire au fil de ces années, une

compréhension effective des dynamiques qui entrent en jeu dans la formation des enseignants

d’anglais. En effet pendant près de trois décennies, nous avons à des degrés différents observé,

appliqué, formé et conçu ou reconçu des programmes de formation dans différents contextes :

cycles secondaire et moyen et cycle universitaire. Ces expériences nous ont permis d’être le

spectateur et par moment l’acteur des processus et des effets que peuvent générer différents

modes de conception de la formation sur les enseignants qui y étaient engagés. Cette

perception/connaissance du contexte relatif à la formation nous a permis d’affiner constamment

nos questions et hypothèses de recherche.

Arrivé au terme de la rédaction de cette thèse, nous mesurons le chemin parcouru. Bien que

nous soyons l’acteur principal de ce projet de recherche, la mise en œuvre et l’aboutissement

n’auraient pu s’opérer sans le concours d’un nombre de personnes avec qui nous avons eu la

chance d’entrer en relation. Chacune d’elles, de près ou de loin, nous a accompagné, soutenu,

encouragé aux différents moments de ce cheminement.

Il nous convient maintenant de souligner leur contribution significative tout en leur

adressant l’expression de notre estime reconnaissante.

Notre gratitude et nos remerciements s’adressent en premier lieu à Madame Marie-Christine

Deyrich, directrice de notre thèse. Nous tenons à lui exprimer toute notre gratitude pour sa

disponibilité peu commune dont elle a fait preuve à notre égard depuis nos débuts en recherche.

Elle a escorté notre travail dans la patience usant de la critique avisée et des conseils avertis.

Ses connaissances scientifiques approfondies du domaine traité, ainsi que son soutien constant

et enthousiaste, nous ont permis de mener à bien la présente étude.

Nos vifs remerciements vont également à Monsieur le Professeur Michel PETIT, Monsieur

le Professeur Alain CAZADE, Madame la Professeure Anne JORRO et Monsieur le

Professeur Abderrezak DOURARI membres du jury de thèse, qui, malgré leurs nombreuses

préoccupations, ont gentiment accepté de lire et évaluer notre travail :

Merci également à M. Ahmed Mostefaoui, M. Tayeb Zebbar, M. Mustapha Louzenadji, M.

Khalid Baghoussi, M. Abdellah Bouhella, M. Nour Eddine Bekada et Melle Naima Mati pour

iii

Page 10: Langue de spécialité, didact

10

leurs relectures de tout ou partie du manuscrit. Leur extériorité au champ de notre recherche

leur a permis d’user d’un regard acéré afin de traquer toute erreur, tant aux niveaux

orthographique et grammatical qu’aux niveaux syntaxique et sémantique.

Un merci tout particulier est destiné aux enseignants-formateurs de l’université Abdelhamid

Ibn Badis, aux inspecteurs d’anglais des 12 wilayas du pays : Oran, Sidi Belabbes,

Temouchent, Tlemcen, Relizane, Mostaganem, Tissemsilt, Blida, Constantine, Saida, Chlef et

Tiaret pour leur collaboration. Les futurs enseignants (cohorte 2008-2009) et les enseignants

novices (cohorte 2007-2008) en service qui ont eu la gentillesse de répondre aux

questionnaires, et les responsables du département de la formation des enseignants, à savoir le

représentant du MESRS au niveau de l’université de Sidi Belabbes, et le représentant du MEN

auprès de la direction de l’éducation de Mostaganem pris en considération dans mon travail.

Ces partenaires de la communauté éducative ont eu la gentillesse de nous accorder deux

entretiens. Merci à ces personnes pour leur accueil chaleureux et leur intérêt témoigné.

Je sais gré à Monsieur le professeur Michel Petit, responsable du pôle doctoral de

l’université Bordeaux 2, pour ses orientations et conseils dès le premier contact en septembre

2006.

De chaleureux remerciements s’adressent également à Madame Ghislaine Laflaquière,

secrétaire de l’école doctorale, pour sa disponibilité et son dévouement.

Page 11: Langue de spécialité, didact

11

Liste des Abréviations

AD : Arabe Dialectal

AF : Année Fondamentale

APC : Approche par Compétence

APO : Approche Par Objectifs

AS : Année Secondaire

AS: Arabe Standard

ATL : Agents Techniques de Laboratoires

ATER : Attaché Temporaire d’Enseignement et Recherche

B: Berbère

BEF : Brevet d’Enseignement Moyen

CEM : Collège d’Enseignement Moyen

CEP : Certificat des Etudes Primaires

CCGP : Certificat de Culture Générale et Professionnelle

CNP : Commission Nationale des Programmes

CNRE : Commission Nationale des Réformes Éducatives

CNRPAH : Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques

DE : Direction de l’Éducation

DLADL : Département de Linguistique Appliquée et Didactique des Langues

DLE : Didactique des Langues Étrangères

CSD : Conseil Scientifique de Département

CM : Cours Magistral

CUDC : La Chaire UNESCO de Développement Curriculaire

DALF : Diplôme Approfondi de Langue Française

DELF : Diplôme d’Études de Langue Française

DLE : Didactique des Langues Étrangères

EC : Enseignant Chercheur

ENS : École Nationale Supérieure

ENSET : École Nationale Supérieure de l’Enseignement Technique

GSD : Groupe Spécialisé de Discipline

IEF : Inspecteur d’Enseignement Fondamental

IELTS : International English Language Testing Système

IEM : Inspecteur d’Enseignement Moyen

V

Page 12: Langue de spécialité, didact

12

IEN : Inspecteur de l’Éducation Nationale

INFPE : Institut National de Formation du Personnel de l’Éducation

ITE : Institut de Technologie de l’Éducation

LE : Langue Étrangère

LE1 : Langue Étrangère 1

LE2 : Langue Étrangère 2

LM : Langue Maternelle

LV : Langues Vivantes

MAS : Maître d’Application Scolaire

MCF : Maître de conférences

MEF: Maître d’Enseignement Fondamental

MEN : Ministère de l’Éducation Nationale

MESRS : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

NTICs : Nouvelles Technologies d’Information et de Communication

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique

ONEFD : Office National d’Enseignement et de Formation à Distance

PACT: Professional Actions and Cultures of Teaching

PARE: Programme d’Appui aux Réformes Éducatives

PCEF : Professeur Certifié d’Enseignement Fondamental

PEF : Professeur d’Enseignent Fondamental

PES : Professeur d’Enseignement Secondaire

PIB : Produit Intérieur Brut

PL : Politique Linguistique

SAO : Situation d’Apprentissage Ouverte (SAO)

SCI : Science Citation Index

SH : Sciences Humaines

SNV : Sciences de la Nature et de la Vie

TCE : Travail Collectif des Enseignants

TCF : Test de Connaissance de Français

TD: Travaux Dirigés

TOEFL: Test of English as a Foreign Language

TEFL: Teaching English as a Foreign Language

Page 13: Langue de spécialité, didact

13

Introduction générale

La présente étude s’inscrit dans une optique didactique, ayant pour but de dresser un état

succinct des lieux du dispositif de formation, initiale et continue, des enseignants algériens

d’anglais, et de chercher à contribuer à son amélioration et à son innovation du point de vue des

dispositifs et de la pertinence des contenus. En d’autres termes, nous cherchons à mieux cerner

les éléments qu’il conviendrait d’inclure dans le programme de formation afin de doter les

enseignants algériens d’anglais des attitudes et des connaissances, ainsi que d’autres

compétences professionnelles susceptibles d’améliorer leur développement professionnel et

d’accroître la transparence et la transférabilité des qualifications. Notre choix pour la formation

des enseignants d’anglais n’est pas le fruit du hasard, mais découle d’une part, de notre

expérience en qualité d’inspecteur d’anglais pour les collèges pendant 12 ans, et d’autre part de

notre intervention en formation initiale des enseignants stagiaires au niveau de l’université et

celle continue des enseignants sur poste au niveau des établissements scolaires. Ainsi est né

notre intérêt pour la formation des enseignants. Cette formation est un facteur décisif pour la

réussite du processus enseignement/apprentissage de la langue anglaise, de surcroît d’une

langue étrangère dans un cadre institutionnel, et corrélativement, se trouve défini notre objet

d’étude :

« Les enjeux didactiques de la formation initiale et continue des enseignants d’anglais L2

en contexte algérien : entre objectifs institutionnels et attentes des enseignants ».

Cet ancrage dans la réalité du terrain explique l’acuité des nombreuses questions qui nous

interpellent quant aux enjeux impliqués dans la conception de la formation des enseignants

d’anglais, dans sa mise en œuvre et sa pertinence, dans un contexte de réforme éducative.

En fait, il ne s’agit pas uniquement pour nous de chercher à savoir si les contenus de la

formation répondent aux directives ministérielles, ni d’en faire ainsi une simple évaluation

appréciative sans les mettre en relation avec les attentes des enseignants et les situations

effectives en classe, mais de les considérer d’abord par rapport aux objectifs de l’approche par

compétences (siglée APC) [1] désormais en vigueur et donc aux compétences professionnelles à

développer chez les enseignants algériens. Notre intérêt portera donc essentiellement sur les

compétences didactiques qui sous-tendent ces contenus et qui s’exercent dans des situations

d’enseignement/apprentissage permettant la réalisation des compétences attendues.

[

1] Nous y reviendrons plus en détail sur l’approche par compétences ci-après dans la partie I chapitre III page 57.

Page 14: Langue de spécialité, didact

14

Le choix des contenus et la mise en œuvre des dispositifs, véhiculant et favorisant la

construction des compétences qui permettent la génération des transformations et évolutions

professionnelles s’imposent avec acuité.

De plus nous avons choisi la formation des enseignants d’anglais comme objet d’étude, eu

égard au constat que la formation revêt une importance toujours plus grande en raison du rôle

essentiel que les enseignants sont censés jouer, d’une part, pour une amélioration de

l’apprentissage de la langue cible et, d’autre part, pour une concrétisation des objectifs que s’est

fixés la tutelle, Ministère de l’Education Nationale (désormais siglé MEN). En réponse aux

exigences sociétales et économiques qui caractérisent le XXIème siècle, celle-ci a entrepris des

réformes de grande envergure qui s’articulent autour de trois éléments essentiels : la mise en

place d’un système rénové et stable de formation et d’évaluation, la refonte de la pédagogie et

des champs disciplinaires, et la réorganisation générale du système éducatif en Algérie. Pour ce

faire, et en relation avec la formation, les programmes de formation des enseignants et

d’enseignement se fondent sur l’APC. Les tenants de cette approche préconisent sa mise en

œuvre principalement en réaction face aux approches dites « traditionnelles », centrées sur les

enseignements et des pédagogies théoriques et des contenus disciplinaires. De ce point de vue,

on passe donc d’une formation préoccupée par la transmission des connaissances théoriques à

une formation préoccupée par l’apprentissage de comportements efficaces (Ewens 1979), ou,

en d’autres termes, d’une formation centrée sur les contenus et les savoirs à une formation

centrée sur les actions et les habiletés (Jessup 1991 : 121, Usher 1997, Dolz & Ollagnier 2002).

Les évolutions de la réflexion sur l’APC semblent conduire vers une approche qui insiste à la

fois sur l’apprentissage par expérience et sur la pratique réflexive (Kolb 1984). En effet, l’APC

intègre la pratique et mobilise ainsi le jugement, les valeurs, les connaissances, la rationalité, la

confrontation aux théories existantes et le recours aux résultats de la recherche scientifique.

Dans ces nouvelles configurations, il ne semble pas pertinent de mener une réflexion sur la

qualité et/ou sur le bien-fondé de la réforme : elle porte sur la formation des enseignants, qui

demeure le facteur clé de la réussite d’une réforme de grande envergure, engagée par l’état

algérien depuis la rentrée scolaire 2003/2004 pour pallier l’insuffisance et le caractère inadapté

des dispositifs ainsi que des contenus de la formation : ces carences ont été mises en exergue

dans l’état des lieux établi par les autorités du pays (CNRE 2002).

La formation des enseignants est perçue comme l’un des vecteurs de la

professionnalisation. Dans ce contexte de professionnalisation [2] du métier d’enseignant (Altet,

[

2] Le terme professionnalisation qui vient lui-même du mot profession, est polysémique et plurivoque. R.

Bourdoncle en avait déjà distingué trois sens (1991). 1. La professionnalisation liée à la quête d’une profession. 2.

Page 15: Langue de spécialité, didact

15

Guibert & Perrenoud 2010 : 7-11), et au cours de notre analyse, nous allons nous focaliser sur

les indices qui nous permettent de répondre aux trois questions suivantes que nous considérons

comme pertinentes pour la recherche que nous envisageons d’entreprendre et qui constituent de

ce fait, le nœud de notre problématique :

- La formation initiale des enseignants est-elle vraiment adaptée aux exigences et

évolutions auxquelles les enseignants sont censés faire face ?

- Y a-t-il cohérence et correspondance entre les contenus de la formation et les

compétences qui sous-tendent l’approche par les compétences ?

- La formation continue est-elle suffisante et efficace pour doter les enseignants de

compétences professionnelles indispensables à une constante adaptation aux évolutions

découlant de la mondialisation ?

Ce sont ces questions qui nous interpellent et qui constituent les véritables motivations de

notre choix, au vu de ce que nous avons constaté sur le terrain à travers les différentes visites et

observations des diverses situations d’enseignement in situ.

En effet, nul n’ignore le décalage qui existe entre ce qui se fait en formation initiale et

continue et ce qui est prescrit par la tutelle dans les documents officiels par rapport aux lignes

directrices des programmes, des contenus et de la méthodologie adoptée.

Parmi les principaux déterminants de la réussite du processus de réforme des systèmes de

l’enseignement et de la formation professionnelle engagé depuis quelques années en Algérie, la

formation des enseignants et des formateurs occupe une place stratégique. En effet, la qualité

de l’enseignement dépend, en grande partie, des compétences, du professionnalisme et des

capacités de changement et d’évolution des enseignants et des formateurs.

La formation initiale telle qu’elle est conçue actuellement repose principalement sur une

formation universitaire encyclopédique dans la discipline qu’ils enseigneront. Cette formation

est axée sur la théorie et pas assez sur la pédagogie et la didactique.

Les enseignants se trouvent aujourd’hui confrontés à un bon nombre de problèmes d’ordre

individuel et social, didactique et pédagogique. La formation, initiale et continue, doit leur

permettre de résoudre une multiplicité d’obstacles qui peuvent conduire à l’échec scolaire des

apprenants. Pour assurer la mission qui leur est attribuée, une réadaptation de la formation

s’avère indispensable.

Le second sens relie professionnalisation et formation. 3. désigne le processus d'amélioration des capacités et de

rationalisation des savoirs mis en œuvre dans l'exercice de la profession, ce qui entraîne une plus grande maîtrise

et une plus grande efficacité individuelle et collective

Page 16: Langue de spécialité, didact

16

Il est généralement admis qu’une solide formation initiale est nécessaire, mais elle demeure

insuffisante pour garantir une efficacité permanente des enseignants. En effet, étant donné la

très grande rapidité avec laquelle les exigences de la société contemporaine évoluent et la

manière dont les connaissances progressent, il est indispensable que tous les enseignants

bénéficient d’un perfectionnement professionnel permanent. De plus, les transformations

rapides de la société nécessitent l’acquisition de nouvelles compétences chez les enseignants.

Dans le même temps, de nouvelles fonctions leurs sont dévolues. On observe ainsi qu’une

nouvelle professionnalité est en voie d’émergence. Ce modèle, développé, en France, par les

IUFM, s’écarte des deux modèles anciens actuellement dominant : celui de l’artisan, formé par

compagnonnage et principalement « sur le tas », et celui de l’expert académique minimisant la

complexité de l’activité profession à la fois dans la formation mais aussi dans l’exercice du

métier (Altet & al. 2010 : 9).

Cette évolution de la professionnalité implique une prise en compte du nouveau rôle des

enseignants et nécessite donc une formation didactique approfondie, ainsi qu’une formation

pédagogique à la gestion de l’hétérogénéité des classes, tant du point de vue des milieux

d’origine, que de celui des aptitudes des apprenants. La formation doit aussi permettre aux

enseignants de maîtriser les nouvelles technologies, d’individualiser leurs enseignements, de

développer l’autonomie des apprenants et le travail en partenariat, et enfin de se soumettre à la

logique du pilotage des résultats.

La carrière enseignante est considérée ici plutôt dans une optique de formation tout au long

de la vie. De ce point de vue, les programmes de formation doivent être adaptés pour permettre

aux enseignants d’acquérir, au fil des besoins, les connaissances, compétences et attitudes pour

répondre aux exigences de la nouvelle école.

Pour ce faire, les responsables de la formation des enseignants, dont nous faisons partie,

doivent se pencher sérieusement sur le dispositif et le contenu de celle-ci afin d’améliorer sa

qualité, et sa pertinence.

Nous avons orienté nos investigations selon le plan ci-après qui nous semble à ce stade de

notre recherche, présenter des pistes pouvant nous amener à mettre en lumière les centres

d’intérêt sur lesquels porte notre réflexion. En fait, la présente recherche, portant sur les

questions de la formation des enseignants d’anglais, s’appuie sur une articulation de trois

parties qui décrivent les phases du travail mené pour relier tous les fils conducteurs et mettre

en exergue les enjeux didactiques de cette formation. C’est dans une perspective

compréhensive et pragmatique que nous avons entamé ce travail de recherche qui comporte

trois parties.

Page 17: Langue de spécialité, didact

17

La première partie, intitulée « parcours de recherche en contexte institutionnel et

socioculturel algérien », situe et décrit le questionnement de la recherche. Comme le soulignent

Paillé & Mucchieli, tout questionnement est une prise de position du monde. C’est pourquoi il

est utile de questionner notre problématique et d’en annoncer les différents points d’ancrage

(2005 : 124). Partant des enjeux didactiques de la formation des enseignants d’anglais, nous

contextualisons la problématique tout en la spécifiant.

Notre problématique concerne deux étapes de la formation des enseignants, à savoir initiale

et continue. Il se concentre sur les enjeux didactiques de ces deux types de formation. En effet,

la formation est souvent qualifiée d’enjeu clé pour la réussite des réformes du système éducatif.

Pour essayer d’élucider ce qui est en jeu dans la formation, il nous semble intéressant

d’interroger ces enjeux de plusieurs points de vue, en rompant avec une approche syncrétique

et de croiser aussitôt les différents points de vue des partenaires.

Pour traiter cette question, nous avons procédé à des investigations conceptuelles. Dans la

deuxième partie de cette recherche, nous explicitons les concepts et le recadrage théorique en

lien avec les enjeux didactiques de la formation des enseignants. Dans cette partie, nous nous

pencherons sur les recherches faites dans le domaine de la formation des enseignants, les

objectifs derrière les différents modèles (paradigmes) de formation, le professionnalisme et son

impact sur les pratiques enseignantes.

Ces jalons conceptuels soutiennent l’opérationnalisation de nos questions de recherche.

Dans une troisième partie, nous posons les fondements méthodologiques et décrivons le

dispositif de recherche. Il s’inscrit dans des approches qualitative et quantitative, centrées sur

les enjeux de la formation des enseignants. Il a été adapté en fonction de notre questionnement,

de notre contexte de recherche et les aspects que nous souhaitons éclairer. Dans un premier

temps, nous ferons une présentation de ces outils de recherche de type quantitatif et qualitatif,

leur choix, leur utilité et le degré de validité qu’ils assurent. Comme deuxième étape, nous

traiterons et analyserons les résultats recueillis et tirerons des résultats. En dernier lieu, nous

tenterons de donner les réponses les plus complètes à nos interrogations et apporterons, dans la

conclusion, un bilan de ce travail ainsi qu’une discussion au sujet des ouvertures et des

implications pour des futures recherches.

Page 18: Langue de spécialité, didact

18

PREMIÈRE PARTIE

Parcours de recherche en contexte institutionnel et socioculturel algérien

On s’attachera dans cette première partie à présenter le contexte de la recherche dans

lequel s’inscrit notre travail. Le premier chapitre porte sur les changements et les implications

découlant de la réforme, les premiers constats et nouveaux enjeux, les différentes tensions

auxquelles font face les enseignants, leurs méfiances et résistances. Le deuxième chapitre relate

la motivation qui a alimenté ce travail de recherche tout au long de ces années, et le

positionnement personnel et professionnel entre distanciation et engagement. Le troisième

chapitre porte sur le contexte de la réforme éducative, ses considérations générales, ses

fondements politiques, ses principes généraux et ses nouvelles missions, ainsi que la

description du système éducatif algérien et l’organisation des enseignements. Le quatrième

chapitre retrace l’historique des différentes réformes éducatives qui ont été mises en application

par la tutelle depuis 1962 et les carences relevées, met en exergue la politique linguistique, ses

fondements et ses orientations menées depuis l’indépendance. Le cinquième chapitre relate

l’impact de la mondialisation sur la formation des enseignants, décrit la politique de la

formation des enseignants en Algérie, sa structure, ses objectifs et finalités. Finalement, il met

en relief la réglementation qui gère la formation des enseignants, ses contenus et sa nouvelle

perspective.

Page 19: Langue de spécialité, didact

19

Chapitre I

Des réformes qui bouleversent le paysage institutionnel

Introduction

Le système éducatif algérien est en pleine ébullition, à l’origine de laquelle se trouve

pourtant un rare consensus politique et social qui a décidé en 2003 de réformer toutes les

structures de formation. Les restructurations globales, proposées par la commission nationale

des réformes, adoptées par toutes les instances du pays puis mises en application, ont

bouleversé tous les partenaires du système éducatif.

Pendant longtemps, les politiques d’éducation étaient et elles le sont toujours en Algérie du

domaine exclusif de l’État. Maître d’ouvrage et d’œuvre à la fois, celui-ci promulgue ses

réformes sans trop impliquer les différents partenaires chargés de les mettre en application. Ces

différentes réformes engagées depuis l’indépendance en faveur de la professionnalisation et

d’adaptation aux exigences sociétales ont entraîné une série de changements et d’implications.

Ces réformes laissent voir un face-à-face entre, d’une part, une politique volontariste fondée sur

le primat des logiques institutionnelles, et d’autre part, des praticiens dont l’action est guidée

par des prédispositions et des dispositions sociales qui ne sont pas réductibles à la stricte faveur

économique. Les dernières en date ce sont les réformes de 2003, qui ont suscité des

réajustements et des changements de fonds. Ce premier chapitre se centre sur les enjeux, les

changements et les implications qui en découlent du côté des enseignants et de la formation

suite à ces réformes. Il cerne les différentes tensions que vivent les praticiens et les nouvelles

missions qui leur sont assignées dans le cadre ces réformes éducatives.

1. Changements et implications

Le point de départ de notre questionnement sur les enjeux didactiques de la formation des

enseignants d’anglais se justifie comme la suite logique de notre travail en Master 2 (Benabed

2008) dans lequel nous analysions la mise en œuvre de la ‘Competency-Based Approach’ dans

les collèges algériens. En vertu de ce que nous avons pu collecter comme données à partir de

l’analyse des manuels, des observations de classe et des questionnaires, nous avons conclu que

la mise en œuvre de la nouvelle approche accréditée par le MEN requiert des compétences

professionnelles qui ne caractérisent pas l’ensemble du corps enseignants.

Les savoirs et les paradigmes qui sous-tendent l’approche dite ‘Competency-Based

Approach’ sont encore trop abstraits, flous et illisibles pour la majorité des enseignants pour

guider une véritable mise en œuvre sur le terrain. Le métier d’enseignant dans une perspective

Page 20: Langue de spécialité, didact

20

professionnelle est perçu comme une condition générale de transformation des systèmes

éducatifs, le décalage entre le niveau de compétences requis pour la mise en œuvre de

l’approche et le niveau de compétences effectif des enseignants empêche tout changement dans

la pratique des enseignants. Il nous a semblé pertinent d’approcher de plus près la formation

initiale et continue des enseignants d’anglais pour essayer de déceler les défiances et de projeter

un éclairage suffisant sur ses enjeux didactiques. Pour mener ce travail de recherche, nous

avons décidé d’interroger les trois éléments suivants :

a) les contenus du cursus retenu pour la formation initiale des enseignants d’anglais et

les processus de leur mise en œuvre ;

b) les objectifs de l’institution (MEN) à travers cette formation ;

c) et bien sûr les attentes des praticiens sur le terrain.

La mise en synergie des données tirées à partir de l’analyse de ces éléments cités ci-dessus,

devrait nous permettre de relier tous les fils conducteurs et d’apporter une lisibilité suffisante

sur ce qui se fait au cours de la formation initiale, de mettre en lumière sa pertinence par

rapport aux nouvelles exigences professionnelles, d’identifier les intentions du MEN et de

vérifier l’adéquation de cette formation au référentiel de compétences requises, et d’analyser la

prise en charge des préoccupations et des attentes des enseignants sur le terrain, aux lacunes

diverses, dans un dispositif de formation tout au long de la vie active.

1.1. La composante de la population d’enseignants d’anglais

Nous proposons ci-après une mise au point sur la composante des enseignants d’anglais.

La population des praticiens d’anglais dans le contexte algérien est composée de deux

catégories distinctes d’enseignants et principalement non-identiques du point de vue de la

formation initiale. En fait, une première catégorie (PEF) [3], détentrice du baccalauréat ou tout

simplement du niveau de terminal, formée pendant 2 ans dans les ex-Instituts de Technologie

de l’Education (ITEs) [4] entre 1962 et 1997 constitue la majorité absolue, et la deuxième,

[

3] PEF Professeur d’Enseignement Fondamental. Ces enseignants n’ont pas suivi une formation universitaire,

mais ce sont des sortants des ex-ITE

[4] Instituts de technologie de l’éducation ex- écoles normales créés en 1962 et fermés en 1997. Ces instituts qui

ont pris le relais des écoles normales, préparent les élèves de niveau de quatrième année moyenne (ex-troisième

des lycées et des collèges) ou de la première année du secondaire (ex-seconde) à des postes d’instructeurs. Dans

ces mêmes instituts, des élèves du niveau des classes de terminales reçoivent un enseignement qui les prépare à

être des instituteurs.

Page 21: Langue de spécialité, didact

21

détentrice du baccalauréat, formée pendant 4 années dans les universités (PCEF) [5] ne

représente actuellement que le quart de cette population. Deux types d’enseignants qui ont

différentes représentations, différents itinéraires scolaires, et notamment différents besoins pour

accomplir la même mission. Leurs besoins ne sont pas uniformes, ce qui revient à dire qu’ils ne

peuvent se soumettre tous à la même supervision, mais d’adapter la supervision à eux. Ceci dit,

le superviseur doit trouver le modèle qui convient le mieux à tout un chacun. Lors de nos

inspections dans les classes, et suite à l’analyse des données collectées dans le cadre de la

recherche menée pour l’obtention du Master 2 (Benabed 2008), nous avons réalisé l’ampleur du

décalage entre la didactique prescriptive (transcrite dans les documents officiels) et celle

descriptive (situations de classe) qui prévaut dans les pratiques quotidiennes. En d’autres

termes, la pratique en classe se limite exclusivement à la transmission des savoirs et des

contenus, ce qui est complètement contradictoire avec les directives officielles et les objectifs

de la tutelle. En effet, une démarche, qui a régné pendant plus de quarante ans (1962-2003)

ciblant une concentration excessive des apprentissages sur la mémorisation des faits aux dépens

de la capacité d’analyse, de réflexion et de résolution de problèmes, semble persister. En outre,

au niveau de la pédagogie, l’approche dominante était fondée sur le cours magistral. Ainsi, la

certification des acquis prenait essentiellement la forme de questions apprises par cœur. Il y

avait donc très peu d’attention attribuée à l’individualisation des apprentissages.

1.2. Le changement et ses implications pour les acteurs du système éducatif

Pour le MEN, et ce depuis la rentrée scolaire 2002-03, il fallait que les enseignants

empruntent une stratégie qui conforte le développement des compétences dans des situations

pertinentes. Pour conduire un projet de changement, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées, il

faut que les bonnes idées deviennent des réalisations, et, pour cela, qu’elles recueillent l’appui

et l’engagement des personnes et des groupes qui constituent les agents déterminants d’une

réussite ou d’un échec (Pelletier 2005 : 89-102) En revanche, les trois quarts des enseignants

démontrent une attitude méfiante et réticente vis-à-vis de ces changements préconisés par

l’institution (cf. Benabed 2008 : 116). Cette méfiance a généré des sentiments de crainte, de

doute et donc une résistance à la mise en place d’une pratique innovante. Toutes les recherches

menées dans le domaine, entre autres nous citons Astolfi (2003), Barbier (1996), Blin (1997) &

Boutin (2006), s’accordent à dire qu’un regard rétrospectif sur cette dynamique des

changements dans le secteur éducatif permet d’anticiper que la transition entre « l’ancienne » et

[

5] PCEF –Professeur Certifié de l’Enseignement Fondamental. Ces enseignants ont suivi une formation

universitaire sanctionnée par un diplôme de licence.

Page 22: Langue de spécialité, didact

22

la « nouvelle » approche rencontrera inévitablement ce genre de résistance. Dans un tel

contexte, activer un changement c’est d’abord se mettre en posture de modification des

croyances, des automatismes et des routines, bref des éléments structurants qui constituent de

larges pans de l’identité. Cette réfutation, passive et/ou active, affirmée et/ou clandestine,

semble empêcher, retarder et même hypothéquer la mise en œuvre de la nouvelle réforme. Il

faut admettre que si le fait de favoriser l’innovation est une nécessité pour faciliter l’adaptation

au changement, cela ne constitue pas, par essence, une action totalitaire. Autrement dit, les

enseignants qui appuient l’innovation ou le changement (27%) (Benabed 2008 : 109) ne le font

pas nécessairement pour de bonnes raisons et ceux qui s’y opposent (73%) (ibidem) ne le font

pas nécessairement pour des mauvaises. L’écart dans la pratique enseignante par rapport aux

objectifs avancés par le MEN est maintenant patent (cf. Benabed 2008). À qui incombe cet

« immobilisme pédagogique » et « persistance du misonéisme » ? (Avanzini 1975 : 279).

Devenu un enjeu décisif selon le MEN, le changement est impératif pour répondre aux

exigences d’une société moderne. Comme partout dans le monde, la société algérienne doit

impérativement s’adapter à de nouveaux modes de régulation de tous ses systèmes ;

économique, politique, culturel et évidemment éducatif.

Ce qu’il faut reconnaître c’est que le changement s’effectue généralement dans un contexte

conflictuel et qu’il est objet de contestation. Aucun changement en éducation ne peut être mené

à terme sans le respect de l’autre, de ses convictions et de ses représentations. Pour conduire un

projet de changement, il faut savoir exercer de l’influence, convaincre les hésitants, susciter

l’adhésion des enseignants à ce projet, et pour cela, il faut aussi savoir écouter. En outre, un

engagement au sein d’une formation continue centrée sur les besoins de la pratique s’avère

indispensable pour réussir la mise en place du changement escompté. À défaut de formation de

qualité, la mise en œuvre de ce changement s’accompagne souvent d’une paupérisation de ses

objectifs premiers.

1.3. La nouvelle mission de l’enseignant dans le cadre de la nouvelle réforme

L’éducation et la formation constituent un enjeu majeur pour le développement de notre

pays. De ce fait, elles ont été solennellement érigées comme une première priorité. Suite à

l’installation de la CNRE [6] et depuis 6 ans maintenant, l’obligation est faite aux enseignants

en général y compris ceux d’anglais de préparer et de présenter leurs cours selon les principes

de la nouvelle approche dite par compétences. Plus que jamais, cette nouvelle approche affiche

[

6] Commission Nationale de la Réforme Éducative

Page 23: Langue de spécialité, didact

23

une orientation clairement centrée sur l’apprenant et son processus d’apprentissage (Springer

1996 : 130-131). La centration sur l’apprenant est issue du mouvement constructiviste (Piaget

1974) et socioconstructiviste (Wallon 1985 : 87-94 & Vygotski 1985. À partir des années

1970/80, il s’est avéré que ce n’est pas l’enseignement qui produit l’acquisition d’une langue,

mais c’est plutôt l’apprentissage par un apprenant actif sous forme d’un apprentissage

autodirigé (Holec 1990). Pour ce faire, l’apprenant devrait être placé au centre du dispositif

d’apprentissage qui doit éveiller sa curiosité et son intérêt en vue de développer ses méthodes

de raisonnement, ses savoir-faire et son sens de responsabilité. L’enseignant doit mettre à la

disposition de l’apprenant des méthodes de travail, des stratégies et démarches d’apprentissage

qui lui permettent d’apprendre à apprendre en autonomie (Holec 1991) afin de devenir son

propre architecte, responsable de la construction de ses propre savoirs et savoir-faire. En outre,

le Conseil de l’Europe soutient les méthodes d’enseignement et d’apprentissage qui aident à «

se forger les savoirs, savoir-faire et attitudes dont l’apprenant a besoin pour acquérir davantage

d’indépendance dans la réflexion et dans l’action afin de se montrer plus responsable et

coopératif dans ses relations à autrui. » (CECR 2000 : 4-11). Il ressort des éléments ci-dessus

que l’apprentissage dans une perspective à la fois constructiviste et autonomisante menée par

les apprenants s’inscrit dans la conception actuelle de la didactique des langues. Ce type

d’apprentissage permet à l’apprenant d’exploiter pleinement ses compétences linguistiques,

d’entretenir une attitude positive à l’égard de l’apprentissage de la langue anglaise et

d’augmenter son efficacité. C’est ainsi que les apprentissages ultérieurs seront favorisés. Cela

implique une modification double de la conception de l’enseignement et de l’apprentissage,

tant les apprenants et les enseignants devraient jouer de nouveaux rôles. Pour ce faire, il revient

à l’enseignant de redéfinir son nouveau rôle de guide, de facilitateur, d’éclaireur en accordant

une large place à la réflexion et l’esprit critique de l’apprenant plus qu’à sa mémoire. Ce

changement de rôle ne se réalise pourtant pas sans difficulté.

Une telle réforme peut-elle s’appliquer avec aisance dans l’école algérienne ? De ce fait, la

formation des générations futures dépend impérativement de ces enseignants. À vrai dire,

l’enjeu est de taille. La qualité de la formation disciplinaire et didactique des futurs enseignants

est tout simplement décisive. Elle doit leur permettre de s’approprier l’histoire et

l’épistémologie de leur discipline et de son enseignement, afin qu’ils puissent sur cette base

entretenir un rapport réflexif à leur propre pratique enseignante, expérimenter de nouvelles

façons de faire, échanger à cet égard avec leur collègues et les chercheurs en didactique,

éventuellement entreprendre eux-mêmes des recherches dans ce domaine. L’enjeu de la

formation des enseignants s’avère de taille dans le contexte actuel qui est marqué par de

Page 24: Langue de spécialité, didact

24

perpétuelles évolutions sous l’effet, notamment, de la mondialisation et les conséquences qui en

découlent. Il s’agit d’une formation dans la perspective d’évolution historique et à une échelle

mondiale.

Dans une perspective d’adaptation aux nouvelles exigences, l’éducation est un enjeu majeur

et que la mission de l’école s’en trouve considérablement élargie, interrogeant à son tour la

formation des enseignants. Nous pouvons nous interroger sur ces nouvelles exigences et les

modalités de formation qui permettraient d’y répondre de manière efficace. Bien au-delà de sa

mission traditionnelle qui est de transmettre des savoirs disciplinaires, dont l’accès s’en trouve

d’ailleurs modifié dans une société de technologies de l’information et de communication,

l’enseignant est vivement invité à transmettre des valeurs humanistes susceptibles de contribuer

à construire de relations et d’interrelations coopératives harmonieuses. La grande diversité

linguistique et culturelle qui caractérise toutes les sociétés, y compris la société algérienne, fait

apparaître la nécessité de développer chez le citoyen des capacités de compréhension,

d’intercompréhension, de communication et de coopération. Rendre ce citoyen capable

d’interagir dans un esprit de tolérance, de respect mutuel est une gageure de taille pour réaliser

une cohabitation productive et paisible. Ces différentes exigences laissent entrevoir

l’importance de faire développer l’altérité comme valeur centrale et dynamique des

compétences professionnelles. La construction de nouvelles compétences d’ordres linguistique,

didactique et professionnelle s’avère impérative pour un changement effectif des pratiques

enseignantes.

1.4. L’enseignant algérien face à une tension double

L’enseignant algérien, d’ailleurs comme tous les enseignants du monde, est actuellement

confronté à une double tension : celle de devoir répondre aux aspirations de différents secteurs

économique, politique, social nationaux et internationaux, mais celle plus contraignante encore

de devoir répondre à une situation de classe très changeante au quotidien. Effectivement,

l’enseignant est confronté à une rupture avec les pratiques où les conceptions antérieures

devaient élaborer et mettre en œuvre des comportements nouveaux. Ces nouvelles

constructions créent des résistances liées à la mise en déséquilibre de la balance sécurité/risque

du sujet. Envisager la mise en œuvre d’un processus de formation, sans identifier ce qui

perturbe et sans se préoccuper de ce qui cause la résistance et bloque les transformations

attendues, émane d’une attitude fondée sur la croyance en la magie de l’action. Former un

enseignant c’est former une personne à un métier social complexe qui est en constante

évolution. La réalisation de cette démarche dépend de l’engagement de l’enseignant qui doit

Page 25: Langue de spécialité, didact

25

être plein et entier. Car la formation de l’enseignant repose sur un processus l’impliquant dans

un projet qui consiste à bâtir des scénarii pour un « métier nouveau » (Meirieu 1992) dans

lesquels la relation théorie/pratique s’inscrit dans une problématique subordonnant le savoir à

l’apprendre. Le contexte et les enjeux invitent à reconsidérer la formation des enseignants.

Ce postulat nous conduit à l’analyse des logiques qui motivent ou démotivent les

enseignants à adhérer aux changements. Incontestablement, la réussite des réformes dépend de

la collaboration des acteurs intervenants dans le système éducatif, comme le résume Allard en

disant qu’ « une réforme de l’ampleur de celle qui est lancée ne peut progresser que si elle

devient l’affaire d’une majorité d’acteurs participants au sein du système » (2005 : 15). Il

convient dès lors de s’interroger sur les raisons qui sont à l’origine des hésitations et des refus.

Pour élucider ces interrogations, nous avons survolé la littérature écrite en ce sens, et nous

avons pu recenser les obstacles logiques qui entravent la bonne démarche d’une réforme :

1. « Le manque de connaissances par rapport aux modalités d’application des innovations

pédagogiques ;

2. La pénurie des ressources humaines et matérielles ;

3. L’absence de développement d’un leadership et de son transfert réel au milieu scolaire ;

4. Le risque d’incompatibilité entre les conditions existantes et celles requises par l’innovation ;

5. Le niveau d’incompréhension des différences contextuelles des milieux scolaires ;

6. Le manque de clarification du rôle du partenariat ». (ibid. 58-59)

Tous ces obstacles cités ci-dessus jouent assurément en faveur du refus, de la résistance aux

réformes, ou au retardement de leur mise en œuvre effective. Nous focalisons notre

investigation sur ces obstacles qui entravent l’application ou la mise en œuvre des changements

sans perdre de vue le rôle particulier du partenariat qui est censé doter les enseignants de

compétences réflexives. En d’autres termes, la reconnaissance aux instituts de formation et aux

universités l’importance du rôle qu’ils doivent jouer pour l’adoption d’une posture réflexive en

formation initiale et dans son développement en formation continue n’est pas uniquement un

fait indéniable mais aussi un élément fondamental dans la construction d’un système éducatif

efficace. Sans nul doute, l’enseignement supérieur demeure une source/étape essentielle pour la

construction des savoirs et des compétences professionnelles des enseignants.

Par rapport à tout ce qui a été avancé, la situation est préoccupante et l’école algérienne est

malade comme il est décrit dans le diagnostic établit par la Commission Nationale des

Réformes Educatives:

« Notre système éducatif est sinistré. Les déclarations d’autosatisfaction ne sauront

cacher la réalité dramatique vécue par les élèves et leurs parents. Notre système

Page 26: Langue de spécialité, didact

26

produit des rejetés dans la rue, des Hittistes [7] sans qualifications et des diplômés

chômeurs. C’est une refonte totale de notre système éducatif qu’il faut envisager. Il

faut moderniser notre école, l’ouvrir à la science, aux techniques, au monde de

travail. Il faut l’adapter aux besoins de l’économie. L’école doit être un lieu de

transition et de production du savoir ». (Cité par Djebbar 2008 : 164)

Nous essayerons, profession oblige, d’appréhender les motifs inducteurs de ce refus et de

cette indifférence à l’égard des nouveautés apportées et les conséquences qui découlent de ces

attitudes envers des changements impératifs entrepris par la tutelle.

1.5. La mise en place de la réforme et les premiers constats

De l’avis de toute la communauté éducative (enseignants, formateurs, inspecteurs, etc.) et

de l’aveu même de certains responsables, la mise en place de la réforme du système éducatif

s’est faite dans la précipitation. On comprend mieux ce sentiment lorsqu’on sait que la réforme,

qui a pratiquement touché à tous les niveaux du système éducatif, a été parachevée en cinq ans

(2003-2008).

En effet, la mise en place de la réforme n’a pas été progressive car menée simultanément sur

les trois paliers (primaire, moyen et secondaire), un choix que les responsables ont assumé sous

couvert du caractère urgent des réformes. Ceci a eu pour effet une prise en charge difficile des

besoins des enseignants et ceux des apprenants.

Un autre point qui traduit parfaitement cette précipitation, c’est l’édition de nouveaux

manuels scolaires en un temps record, ce qui a engendré de façon inéluctable des manuels

comportant de nombreuses erreurs.

Mais le fait le plus marquant de la mise en place de cette réforme est la non-association et

préparation des enseignants pour sa mise en application dans le terrain. La formation des

enseignants est un enjeu décisif pour que ces derniers puissent traduire l’esprit des réformes

auprès des apprenants. Ainsi, la réforme en cours soulève un questionnement fondamental au

sujet de la formation du personnel enseignant œuvrant au niveau des collèges et des lycées

algériens. Les compétences attendues de ce personnel enseignant et les nouvelles orientations

retenues, ne correspondent plus aux exigences de la nouvelle réforme qui transforme le

paradigme en place. En effet, partout dans le monde, l’heure est à la réflexion sur une nouvelle

stratégie de formation des enseignants dans le contexte des réformes. Les gouvernements en

[

7] Définition: Hittiste : nom masculin qui dérive du mot « Hit » qui veut dire en Algérois « mur ». Définition

profonde: Est Hittiste toute jeune personne qui ne trouve rien d’autre à faire dans sa vie que du Hittisme. Un jeune

s’adosse à un mur, parce qu’il n’y a pas d’espace personnel à la maison ni d’activité précise dans la société.

Parole de Hittiste : Les jeunes parlent plutôt de « dégoutage » le mot clé des années 90. Les jeunes disent aussi

« Leguaïa » pour exprimer ce sentiment confus mélangé de détresse et de désarroi.

Page 27: Langue de spécialité, didact

27

collaboration avec l’UNESCO et le réseau PACT (Professional Actions and Cultures of

Teaching) tentent de « redéfinir ou inventer, selon le cas, un nouveau professionnalisme qui

permette véritablement aux enseignants de répondre aux défis et aux exigences du siècle qui

s’amorce » (Hargreaves & LO 2000). Il y’a un consensus mondial de plus en plus important sur

la nécessité de revoir les dispositifs de formation des enseignants afin de soutenir et permettre

la mise en œuvre des réformes en émergence. L’ampleur des changements proposés impose de

plus en plus une veille stratégique en formation du personnel enseignant.

Sans pour autant perdre de vue les différentes stratégies qui entrent en jeu pour atteindre les

objectifs de la réforme éducative, telles que les « stratégies fondées sur les normes », les

« stratégies axées sur l’établissement », nous focalisons sur celles relatives aux « stratégies

orientées vers le perfectionnement des enseignants » (Lieberman & Mc Laughin 2000). En fait,

le changement effectif réside dans les compétences du personnel enseignant. Pour ce faire, il est

indispensable d’actualiser la formation initiale et de mettre en place des programmes spéciaux

de formation continue dans la logique des nouveaux choix didactiques. Il faut œuvrer pour

consolider l’apprentissage tout au long de la vie, vers une professionnalisation des enseignants.

Celle-ci exprime l’idée d’un développement dynamique et continu de compétences nécessaires

à l’exercice de la profession. Elle correspond à la mobilisation d’un ensemble de ressources

internes (connaissances, habiletés, attitudes, etc..) pertinentes à une situation donnée. Pour

mieux cerner ce concept, les spécialistes de l’éducation du Québec nous renvoient à un

processus interne dit de « professionnalité », [8] et à un processus externe dit de

« professionisme » [9] (MEQ 2001a). Sans cela, le corps enseignant, qui est censé respecter les

normes établies par l’équipe de gestion centrale des réformes, et collaborer pour leur mise en

œuvre, n’adhère pas aux réformes.

La réussite de la réforme engagée par le MEN dépend en grande partie de la préparation du

personnel enseignant. Enseigner au temps des réformes requiert le développement de

compétences adéquates. La formation des enseignants doit viser à faire de l’acte d’enseigner un

acte professionnel où l’autonomie, la responsabilité et la réflexion critique sont valorisées.

[

8] La professionnalité est constituée par les ressources mobilisées pour traiter des situations inhérentes à la

profession. Elle accorde une place à la formation continue pour mieux répondre à la complexité des situations à

traiter. (MEQ 2001a).

[9] Le professionisme réfère à un ensemble de stratégies déployées par un groupe pour faire reconnaître par la

société les mérites de leur profession en échange de privilèges. Il s’agit d’une demande de reconnaissance sociale

et légale. (MEQ 2001a).

Page 28: Langue de spécialité, didact

28

2. Premiers constats et nouveaux enjeux

2.1. Une formation rénovée dans une perspective professionnalisante

Actuellement les discours sur la professionnalisation de la fonction enseignante foisonnent

(Day 1999, Bourdoncle 2000 : 117-132, Lang 2001, Vanhulle & Lenoir 2005). De manière

générale, ils présentent une mobilisation et une responsabilisation des agents considérés comme

acteurs. Le mouvement de professionnalisation se traduit au sein des systèmes éducatifs et leurs

institutions via différentes réformes. Les changements qui y sont amorcés depuis les années 90

laissent entrevoir une tendance à la responsabilisation et la rationalisation des tâches, en passant

par l’explicitation des finalités éducatives.

Il est temps de concevoir un nouveau système de formation continue cohérent et planifié,

qui répond réellement aux besoins des enseignants et qui ouvre sur une formation durable,

accompagnée d’une supervision formative et d’un suivi-évaluation en vue de changements

réels dans les comportements pédagogiques des enseignants ainsi que des apprenants. Miser

uniquement sur de courtes formations en cascade et hâtives, souvent laissées au choix de

chacun et sans suivi véritable sur le terrain, ne mènerait pas aux changements escomptés.

La réforme en cours soulève un questionnement fondamental au sujet des enjeux de la

formation du personnel enseignant. Les compétences attendues du personnel enseignant et les

nouvelles orientations retenues il y’a quelques années, ne correspondent plus aux exigences

d’un nouveau curriculum qui transforment le paradigme en place.

2.2. Implication et imprégnation des enseignants : facteurs incontournables

pour la réussite de la réforme

Nous savons, en fait, que la formation des enseignants se présente comme une condition

impérieuse qui suscite l’implication de tous les partenaires pour une préparation effective aux

réformes envisagées. Le contexte dans lequel les réformes éducatives sont engagées nous

montre que les changements espérés par l’institution sont confrontés à des contraintes de tous

genres, nous amène à poser les questions suivantes qui vont guider notre recherche de terrain:

- Premièrement : est-ce que nos enseignants sont premièrement suffisamment informés

des enjeux de cette réforme et des changements qui en découlent ?

- Deuxièmement : sont-ils adéquatement préparés, accompagnés et formés pour pouvoir

répondre et opérer les réajustements et les modifications qui s’imposent ?

Ces réformes prônent le placement des apprenants au centre du processus d’apprentissage.

Or, les enseignants n’ont pas été suffisamment préparés, imprégnés, ni même consultés, d’où

Page 29: Langue de spécialité, didact

29

l’émergence de refus et de renfermement dans la routine. Former un enseignant, c’est former un

professionnel à une fonction sociale qui s’avère très complexe. La question de savoir comment

aider ces enseignants à comprendre et enseigner les nouveaux programmes fondés sur les

compétences reste ouverte. Sachant que les sessions de formation en cascade entamées par la

tutelle durant ces 5 dernières années, et qui ont pour objectif d’informer les enseignants, de

préparer la transition entre « l’ancienne » et « la nouvelle » approche, n’ont pas permis,

jusqu’au jour d’aujourd’hui, de remplacer les anciennes pratiques par celles recommandées par

la réforme ; du moins par une majorité absolue d’enseignants (environ 73%) (cf. Benabed

2008 : 109).

La variable relative à la formation des enseignants figure comme l’un des facteurs nodaux

pour garantir la réussite des réformes entreprises par la tutelle. Cette formation demeure

incontestablement un souci permanent qui suscite beaucoup d’intérêt et préoccupe toute société

consciente de ces apports pour garantir les résultats escomptés. Bien sûr, ces derniers doivent

s’inscrire dans la durée, et prendre en compte leur impact dans le temps. Car, l’application

d’une nouvelle approche fait appel à une préparation psychologique des acteurs et à un

ensemble d’activités d’imprégnation afin de minimaliser ou de maximaliser au maximum les

résistances et les rejets.

3. Du côté des enseignants

3.1. Méfiance et résistance

Toute réforme en profondeur d’un système entraîne des bouleversements chez ceux qui en

sont les principaux protagonistes et, parfois, qui en sont les premiers metteurs en scène, même

quand ils n’ont pas choisi ce scénario. Parler de réforme, c’est parler de changement et c’est

inévitablement susciter des méfiances et résistances chez tous les partenaires concernés. La

résistance constitue un phénomène normal et légitime car tout ce qui est nouveau et inconnu

fait peur aux enseignants qui cherchent constamment leurs points d’équilibre.

La méfiance et résistance au changement sont diverses et d’intensité différentes. Elles

peuvent être à peine perceptibles, mais présentes tout de même. Ces méfiances et résistances

passives peuvent se traduire par des replis stratégiques entremêlés d’une attitude attentiste.

Dans le cas de la réforme du système éducatif algérien, nous avons pu constater que la majorité

silencieuse des enseignants s’est cantonnée dans la résistance passive et attentiste (Benabed

2008 : 112). Pour d’autres, c’est la résistance active qui se manifeste parfois dans des

discussions passionnées et des oppositions structurées, ou qui se traduit par des réalisations

typiques de l’enseignement traditionnel.

Page 30: Langue de spécialité, didact

30

3.2. Résistance des enseignants aux changements

Lorsque nous utilisons le terme réforme pour caractériser le processus qui conduira à une

révision, refonte ou restructuration du système éducatif, c’est pour faire référence à des

changements d’envergure qui touchent à une partie ou l’ensemble de ce système. Tous les

responsables de l’éducation reconnaissent qu’il est difficile de convaincre et de faire accepter

ces changements.

Lorsqu’on parle de réformes éducatives, rien d’étonnant, dès lors, à ce que le chemin qui

mène à faire passer dans les pratiques quotidiennes de plusieurs dizaines, voire centaines de

milliers d’enseignants des changements qui pourraient modifier de manière fondamentale leurs

pratiques enseignantes, soit parsemé de tant d’embûches et de détours imprédictibles.

La réalisation d’une réforme éducative ne se résume pas à un problème technique pouvant

être maîtrisé par l’application d’une démarche systématique. Car sa réussite repose aussi sur un

environnement humain riche qu’il faut apprendre à analyser et à maîtriser. En d’autres termes,

une réforme doit être comprise, persuasive usant d’arguments convaincants. Une démarche de

ce type ne pourrait s’inscrire dans un processus linéaire rigide mais elle doit comprendre des

allers-retours permanents, des réajustements subtils, des remises en cause de ce qui paraît être

définitivement acquis et maîtrisé. En bref, il s’agit d’un processus itératif bien plus que linéaire

dont l’aboutissement final reste incertain même lorsqu’on se croit près du but.

Vaincre l’engagement des enseignants aux changements tels que l’adaptation, l’innovation,

la transformation de l’habitus (Bourdieu 1972 & 1980) requiert aussi une motivation

personnelle. Celle-ci n’est pas du goût de tous les enseignants, et ce par peur de s’exposer à

l’incertitude, à l’échec, au doute et au questionnement. Ainsi, pour une tranche importante

d’enseignants, il est beaucoup plus sécurisant de se retrancher et de se replier derrière les

pratiques traditionnelles, qui garantissent un certain confort. Une réaction traditionnellement

connue celle de la résistance des enseignants au changement est souvent attribuée à plusieurs

facteurs tels que : la politique des sexes (Hubbard & Datnow 2000 : 115-130), la politique

institutionnelle et culturelle (Kanpol 1989), traitement irrespectueux et méprisant des

enseignants comme de simples instruments ou des objectifs de l'individualisme réforme (D.

Hargreaves 1990), ou bien les efforts contre-productifs de « contrôler » les principes (Blasé &

Blasé 1997 & Fennell 1992).

Les idéologies découlent de l'expérience dans une société qui socialise les individus afin

qu’il apprennent les rôles appropriés dès le début, et dans lequel les hommes occupent des

postes de statut plus élevé que les femmes qui font face à des contraintes à l'école et au travail,

Page 31: Langue de spécialité, didact

31

en raison de leur sexe, (Hubbard & Datnow 2000). En outre, les enseignants deviennent des

résistants de deux façons: la politique institutionnelle et la politique culturelle. La résistance est

alors reliée à ce qui compte comme une logique transformatrice. Les deux types de résistance

peuvent conduire à un engagement des enseignants à agir pour contrer les barrières

idéologiques. Contre toutes possibilités hégémoniques, alors, la résistance devient une

potentialité réelle (Kanpol 1989).

Sachant que la majeure partie de la composante des enseignants d’anglais dans les collèges

algériens (près des trois quarts) se compose d’une génération qui a commencé ce métier dans

les années 70 et 80, et qui est en fin de sa carrière professionnelle. Mais, la résistance pour cette

tranche d’enseignants n’est pas uniquement due aux facteurs âge et aux étapes de la vie et de la

carrière comme il est souligné par Huberman :

« It is also related to what teachers experience generationally, to personal and

professional memories, formed and situated in particular historical periods, that

retain and sometimes increase in importance as these teachers mature ». (1989 :

315)

En fait, c’est à une construction professionnelle faite tout au long d’une carrière qu’il faut

procéder à sa déconstruction afin de construire d’autres représentations, savoirs et savoir-faire.

Tout en étant conscient de ce que peut engendrer la destruction, le rejet des mémoires et des

représentations des enseignants, nous devons œuvrer pour une coexistence pour assurer une

meilleure transition.

4. Du côté de la formation

Dans le cadre de la nouvelle réforme, il s’agit, en effet, de repenser l’ensemble de

l’itinéraire de la formation pour l’élaborer selon une perspective d’ensemble qui placerait

différents enjeux didactiques, interculturels, professionnels et réflexifs non seulement comme

objectifs de formation mais comme principes fondateurs de formation. Nous y reviendrons sur

les différentes perspectives de la formation plus loin.

5. Les enjeux didactiques de la formation du personnel enseignant

Dans sa visée de professionnalisation, un des enjeux de la formation des enseignants

d’anglais concerne les demandes de changement des pratiques enseignantes en salle de classe,

avec l’implantation en cours d’une nouvelle réforme fondée sur les programmes à entrée par les

compétences. Ces nouvelles exigences nous amènent à questionner les pratiques de formation,

initiale et continue, mise en œuvre. Elles nous guident aussi à interpeller les objectifs et les

finalités des concepteurs des programmes de formation.

Page 32: Langue de spécialité, didact

32

L’école d’aujourd’hui évolue dans un contexte sociétal en perpétuelle mutation et la

formation de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale est une priorité majeure. Il est

par conséquent certain que celle des enseignants est un enjeu central.

Les enjeux didactiques de la formation du personnel enseignant, dont je suis partie

prenante, demeurent de taille puisque la qualité de l’enseignement dépend intimement de la

qualité de la formation des enseignants ; une ‘priorité clé’ [10

] pour la réussite des réformes

entreprises par la tutelle. Celle-ci souhaite-t-elle former un personnel qui mettra en œuvre les

directives d’une hiérarchie bien huilée, ou veut-elle mettre, au service du système éducatif, un

corps d’intellectuels indépendants, hautement qualifiés, capables de produire les savoirs

nécessaires pour mettre en œuvre les réformes et atteindre les finalités assignées à

l’enseignement dans l’école algérienne. En d’autres termes, la tutelle met-elle l’accent sur une

formation qui dote les enseignants d’un répertoire de recettes prêtes pour être exécutées en

classe, ou bien sur une formation qui les dote de compétences professionnelles susceptibles

d’être opérationnelles et mobilisables dans des situations complexes et variées.

Pour répondre à la question des enjeux didactiques de la formation des enseignants

d’anglais, qui représentent le facteur nodal dans toute réforme éducative, nous avançons le

questionnement suivant pour orienter la suite de nos travaux :

Quelles compétences didactiques doivent être ciblées par la formation initiale?

Est-ce que la formation des enseignants gravite autour des compétences

professionnelles qui libèrent les enseignants? Ou tout simplement celles disciplinaires?

Quelle formation doit–on cibler pour assurer la construction des

compétences professionnelles ?

Quelles compétences doit–on développer en formation initiale ?

Quelles sont les objectifs de la formation continue ?

Est-ce que les programmes de formation des enseignants s’accordent tout à fait avec les

contenus de ce qui doit-être fait en classe ?

Est-ce que les programmes de formation s’accordent tout à fait avec les besoins et les

attentes des enseignants ?

Le choix des questions listées ci-dessus s’explique en premier lieu parce qu’elles

interpellent le chercheur-inspecteur, en raison, d’une part, de l’engagement dans le poste qu’il

[

10] La formation des enseignants est considérée comme « une priorité clé » par l’union européenne. Perspectives

2010 de la stratégie de Lisbonne.

Page 33: Langue de spécialité, didact

33

occupe, et, d’autre part, des attentes persistantes de la population des enseignants dont il a la

charge.

Conclusion

Les réformes opérées dans le secteur éducatif algérien ont mis en évidence l’émergence de

nouveaux enjeux qui touchent à plusieurs volets : didactique, pédagogique et formation. Les

implications des récents changements sèment des doutes auprès des enseignants qui ont

tendance à résister. En fait, leurs perceptions sur ces réformes, fondées sur l’APC, sont

marquées par un différentiel entre les prescriptions officielles et un sentiment de malaise face à

des réformes qui leur paraissent pertinentes mais contraignantes, avec un appareillage

conceptuel lourd et un système évaluatif trop exigeant.

Au confluent de ces multiples enjeux- enjeux qui nous interpellent à bien des égards- notre

motivation et engagement en tant que formateur et chercheur prennent source. C’est ce que

nous expliciterons dans le chapitre suivant.

Page 34: Langue de spécialité, didact

34

Chapitre II

Parcours personnel et professionnel ancré dans la formation

« On ne fait jamais une recherche sans qu’il y ait écho en soi de l’objet,

avec une survalorisation affective de certains éléments

en relation avec son histoire personnelle ».

Jean-Michel Berthelot (1990)

Introduction

Le deuxième chapitre intitulé « un parcours personnel et professionnel ancré dans la

formation » expose la motivation derrière ce travail de recherche, et présente le parcours

professionnel ainsi qu’une rétrospective succincte sur un engagement personnel et

professionnel. De surcroît, Il relate le positionnement entre engagement et distanciation du

chercheur-formateur.

1. Motivation

Partant d’une motivation personnelle qui nous a amené à nous pencher sur les enjeux

didactiques de la formation des enseignants d’anglais, nous traçons, dans ce chapitre, le cadre

général de notre recherche et les questions dont est issu le travail. En fait, cette motivation

personnelle a guidé notre démarche de réflexion. Après avoir entamé notre pratique

d’enseignant au début des années 80, accompagné pendant deux décennies par des formateurs,

des inspecteurs et des ainés, nous devenons nous-mêmes impliqué dans le processus de

formation des enseignants. Ce changement dans le statut professionnel, d’un enseignant à celui

d’inspecteur, nous a imposé de nouvelles perspectives en relation avec la formation des

enseignants. Nos pratiques quotidiennes d’observation, notre encadrement et

l’accompagnement des enseignants ont évolué dans ce sens au fil de ces quelques années.

Ainsi, la formation des enseignants est devenue une préoccupation première qui nous interpelle

personnellement. En d’autres termes, elle est devenue source de questionnement et objet de

recherche.

Rétrospectivement, en regardant le parcours qui a abouti à cette recherche, il n’est pas

difficile de voir se dessiner deux périodes distinctes.

2. Le retour sur un parcours professionnel

2.1. Le parcours en tant qu’enseignant

Une première période (1980-1999) d’activité, passée dans l’enseignement secondaire, plus

exactement au lycée Ibn Roustom à Tiaret (Algérie), a été consacrée à l’enseignement de la

langue anglaise comme deuxième langue étrangère.

Page 35: Langue de spécialité, didact

35

2.1.1. Vers une prise en compte des apprentissages

Vu le statut accordé à la langue anglaise, les apprenants ne fournissaient pas beaucoup

d’efforts pour l’apprendre bien qu’elle fasse partie des matières où les acquisitions étaient

soumises aux différents types d’évaluation, à savoir formative et certificative. Les programmes

officiels assignés pour les différents niveaux du cycle secondaire ainsi que la méthodologie

(communicative) supposée être mise en œuvre ne convenaient guère aux niveaux des

apprenants. En fait, la maîtrise des savoirs déclaratifs (compétence linguistique) de la langue

cible, sur lesquels se fonde le développement des savoirs procéduraux (compétence

communicative), faisait défaut. Vraisemblablement, la mise en œuvre de la démarche prescrite

dans les documents officiels (MEN 1975) et les manuels scolaires, tels que « Let’s Learn

English: Andy in Algeria, Practice and Progress » pour des apprenants de l’anglais comme

LE2, ne consolide que l’enseignement au détriment de l’apprentissage. En raison de la faiblesse

du niveau ainsi que des effets négatifs sur la motivation, la participation active des apprenants,

censée être « accompagnée d’autonomie et de créativité », comme le stipulent ces documents

officiels, était loin d’être réalisable. Ce qui nous a obligé à adapter des « situations

d’apprentissage ouvertes » (SAO) [11

], qui prenaient en ligne de compte l’apprentissage des

apprenants, leurs styles, leurs stratégies ou leurs capacités pour favoriser l’acquisition des

savoirs et des savoir-faire. Il fallait concevoir des tâches élaborées « sur mesure » (Deyrich

2004a) qui pouvaient aider les apprenants à se rendre compte des progrès réalisés (Deyrich

2004b). À l’intérieur des potentialités offertes, les apprenants devaient créer leur « propre

espace d’apprentissage », c'est-à-dire utiliser leurs savoir-faire pour prendre eux-mêmes en

charge leur apprentissage. Ainsi, chaque apprenant était invité à prendre conscience de son

«autopoïesis», le pouvoir de se réaliser à partir de ses propres ressources qui est le propre des

êtres vivants (Maturana & Varela 1987 : 115-117).

2.1.2. Vers une démarche associant activement les apprenants

En réalité, les sujets-apprenants ne pouvaient tirer profit de la connaissance de la langue

cible que lorsque les compétences linguistiques et communicatives étaient bien maitrisées. En

vue d’atteindre les meilleurs résultats dans le processus d’apprentissage, la progression, en tant

[

11] La situation d’apprentissage ouverte (SAO) permet à l’apprenant de faire des choix, d’exploiter ses forces, de

faire des erreurs et d’utiliser plusieurs ressources (livres, revues, cédérom, vidéo, communauté d’apprenants,

matériel divers). Nous respectons donc le rythme et le style d’apprentissage de l’élève ainsi que son intérêt. Une

SAO permet à l’enseignant de choisir l’approche pédagogique (apprentissage coopératif, enseignement

stratégique, pédagogie du projet…) selon le contenu, la période de l’année où se déroule la situation

d’apprentissage, selon la dynamique de ses groupes d’apprenants. (Service National du RECIT, Mathématique,

Science et Technologie)

Page 36: Langue de spécialité, didact

36

que démarche didactique, n’était plus déterminée par l’enseignant au préalable, mais par le

développement progressif de l’acquisition, et elle est gérée par les apprenants. Motivé et

stimulé par les résultats obtenus, ils ont pu créer leur propre démarche à travers les choix qu’ils

avaient faits. Alors la progression n’était plus linéaire et prédéterminée, mais faisait

organiquement partie du processus d’apprentissage qui se réalisait différemment pour chaque

apprenant. Dans ce type de démarche, il nous était impératif de faire face aux imprévus : les

savoirs langagiers travaillés découlaient des besoins et de l’initiative de chacun des apprenants.

Il fallait procéder à une adaptation « des connaissances au niveau des apprenants, susciter leur

enthousiasme, faire passer l’apprentissage de son caractère obligatoire à celui d’un besoin

éprouvé pour acquérir une compétence, et impliquer les apprenants dans des projets

personnels » (Vecchi & Carmano-Magnaldi 1996 : 25). Il faut peut-être avoué que pendant les

premières années de notre carrière professionnelle, notre pratique se fondait essentiellement sur

l’intuition qui se manifestait dans des tâtonnements parfois heureux dans la mise en œuvre

pédagogique (Deyrich Synthèse HDR 2007 : 9). Ces choix pédagogiques s’inscrivent dans une

optique qui vise l’autonomie et la responsabilité de l’apprenant ainsi que sa propre créativité.

En se référant aux instructions officielles, la tâche de l’enseignant est de rendre accessible la

langue étrangère au lieu de la refuser, à tous les apprenants qui prennent cette option, donc

aussi aux apprenants en ‘difficulté’.

En fait, l’appropriation du savoir doit être envisagée comme une suite d’opérations de

transformation systémique et progressive, où ce qui compte principalement est que l’apprenant

soit concerné, interpellé dans sa façon de penser. Pour se faire, il doit se trouver confronté à des

situations qui l’interpellent, et des informations qui l’aident à penser. Or habituellement, le

savoir lui est proposé « à froid » sans questionnement. Ce processus ne peut être le produit du

hasard. Il doit être largement favorisé par ce que les chercheurs appellent « un environnement

didactique » mis à la disposition de l’apprenant par l’enseignant, et d’une manière générale par

tout le contexte éducatif et culturel. Il s’agit de faire naître chez l’apprenant une envie

d’apprendre, ensuite une activité élaboratrice.

2.2. La nouvelle mission en tant qu’inspecteur

Une deuxième période (1999-2010) d’activité, se poursuivant dans le corps inspectoral, est

consacrée à la formation et l’encadrement des enseignants d’anglais exerçant dans les collèges

algériens.

Page 37: Langue de spécialité, didact

37

2.2.1. Vers une prise en charge de la formation des enseignants

C’est en septembre 1999 que nous avons entamé la nouvelle mission d’inspecteur. En plus

des tâches ordinaires de supervision des enseignements en salles de cours, il nous (inspecteurs)

est recommandé d’assurer l’accompagnement et le perfectionnement des enseignants. Ainsi, les

questions relatives à la formation des enseignants d’anglais commençaient à se poser.

Ce passage d’un ordre d’enseignement à un autre a été marqué par des ruptures et une

continuité. D’une part, rupture avec une routine quasi inévitable à force de parcourir le même

chemin. Rupture encore avec les contraintes des programmes et des obligations administratives

et la découverte d’une nouvelle mission. Enfin, rupture avec un enseignement dispensé à un

public captif et l’adaptation à un public de jeunes enseignants à qui on est censé prodiguer une

formation plutôt sur mesure en fonction des besoins repérés sur le terrain, et d’une demande

fluctuante. D’autre part, continuité dans la foi en un métier choisi par vocation dans une

période lointaine (les années 80), le métier d’enseignant. En fait, nous avons bénéficié tout au

long de notre parcours professionnel d’une expérience à double missions. La première se situe

au niveau de l’apprentissage/enseignement d’une langue étrangère en tant qu’enseignant

d’anglais comme deuxième langue étrangère pendant deux décennies. Une carrière

professionnelle qui nous a permis d’accompagner toutes les réformes qu’a connues le secteur

éducatif algérien. La deuxième est celle d’une tâche qui n’est sûrement pas dépourvue

d’importance puisqu’il s’agit de l’encadrement des enseignants d’anglais dans les collèges. Ce

changement de cap dans notre parcours professionnel, d’un enseignant accompagné à celui

d’un accompagnateur, a exigé l’emprunt d’un nouveau rôle ; d’impulsion, de conseil,

d’accompagnement et de médiation qui doit permettre aux enseignants à la fois d’améliorer,

d’adapter et d’actualiser leurs réflexions pédagogiques et didactiques pour être en mesure de

répondre aux besoins évolutifs du terrain. Pour rendre ces compétences opérationnelles parmi

les enseignants, il fallait premièrement acquérir leur mobilisation, leur adhésion et leur accord

sur ce qui est nouveau. Ainsi, la nouvelle fonction d’inspecteur n’est guère synonyme de

repos : elle nous oblige à veiller à l’application de la politique scolaire et éducative nationale en

matière pédagogique en particulier. Dans ce sens, il nous appartient de contrôler l’exécution

des directives et décisions officielles émanant de la tutelle ; Ministère de l’Education Nationale.

En prenant connaissance de toutes ces tâches qui nous incombent, et suite à l’état des lieux

opéré, nous nous sommes rapidement rendu compte de la pesanteur de la nouvelle mission

surtout devant une population hétérogène d’enseignants généralement livrée à elle-même.

Page 38: Langue de spécialité, didact

38

2.2.2. Former à une profession

La profession d’enseignant exige un effort permanent d’actualisation, d’innovation et de

spécialisation. Le type de formation, que nous devions assurer, nous a obligés de mettre

l’accent sur les composantes théoriques et les enjeux didactiques. Il s’agit d’accompagner les

enseignants pour les rendre aptes à exercer un travail spécifique dans le contexte d’une classe

en mobilisant les ressources appropriées. Pour se faire, il fallait articuler recherche universitaire

et formation sur le terrain pour former un enseignant professionnel (Altet 1994), un membre

d’une profession dans le sens anglo-saxon du terme (learned profession), et non pas lui donner

un métier. Dès lors des savoirs universitaires sont convoqués pour produire, rationaliser et

diffuser :

« [D]es savoirs de haut niveau sur lesquels la profession assoie ses prétentions de

compétences, d’exclusivité et d’autonomie ». (Bourdoncle cité par Deyrich 2007 :

35).

Dans cette perspective de formation professionnalisante, les enseignants ne sont pas censés

acquérir seulement des savoirs de haut niveau et des savoir-faire professionnels, mais réaliser

des compétences en situation réelle. Pour assurer une connexion des apprentissages ciblés, il

importe que le volet pratique et le volet professionnel de la formation aillent de pair avec les

apports théoriques fondamentaux.

Pour améliorer la pratique professionnelle, il fallait prendre en compte la question de

l’efficience de l’action, et permettre aux enseignants de juger eux-mêmes une technique

didactique au vu des apprentissages que cela permet aux apprenants mais également au vu des

transformations que cela nécessite au niveau de leur pratique (Goigoux 2001). Les décalages

existants entre les prescriptions « à destination des apprenants » et auto-prescriptions « à

destination des enseignants » et l’activité réalisée amènent à considérer ces éléments de

manière articulée dans les contenus de la formation (Leblanc & al. 2008 : 60).

Il s’agit, en fait, de favoriser l’abandon d’un enseignement organisé par des objectifs

extérieurs en faveur de la logique du fonctionnement des apprenants. Il est important de

rappeler que l’enseignant est un acteur social et son travail est soumis à de multiples pressions

internes dans son lieu de travail, et externes provenant de la société, qui influence son rôle, sur

ceux à qui il s’adresse, c’est-à-dire les apprenants, et sur ce qu’il doit leur faire apprendre. La

classe, loin d’être un espace clos, à l’abri des influences extérieures, est traversée par toute une

série de phénomènes qui colorent sa nature et son fonctionnement. En ce sens, le métier

d’enseignant a évolué considérablement et est porteur d’enjeux et de tensions nouveaux qui

Page 39: Langue de spécialité, didact

39

imposent des défis particuliers d’un côté aux enseignants et de l’autre aux établissements

surtout ceux concernés par la formation des enseignants.

Force est de constater désormais que le champ de compétences professionnelles requises

des enseignants par la nouvelle réforme du système éducatif s’est considérablement élargi et

dépasse le cadre plus restreint de la classe.

2.3. Imbrication formation-recherche

Vu notre parcours, la formation et la recherche semblent imbriquées, aussi bien au niveau

du développement personnel que professionnel. En tout premier lieu, les questions de recherche

commençaient à émerger pour tenter d’apporter des réponses aux problèmes auxquels les

enseignants d’anglais font face quotidiennement. Ensuite, au fil des travaux menés, les

questions relatives à la formation partent de l’observation des enseignements et que les

propositions sont formulées pour un retour sur le terrain. Il s’agit d’une véritable irrigation de la

formation à partir des enseignements tirés de la recherche, et vice versa. La formation dans

cette perspective n’est pas seulement une formation pour la recherche, mais aussi une formation

par la recherche. Celle-ci doit nous permettre de trouver une place dans chacun des deux

espaces la formation et la recherche.

En fait, la recherche dans le domaine de l’enseignement est passée d’une recherche

décontextualisée, produite en dehors des salles de classe et dont les résultats étaient peu

transférables dans la pratique, à une recherche qui prend en compte les situations réelles de la

classe. Elle résulte en une réelle pertinence didactique et pédagogique dans la pratique.

La posture du formateur-chercheur est un « cas limite », un analyseur « qui met en relief

beaucoup de questions et de situations qui se posent à tout chercheur » (Kohn 2001 : 20). La

proximité du thème de recherche et notre implication personnelle interroge la validité de la

recherche, où distanciation et objectivité sont attendues (Deyrich HDR 2007 : 7). Cet aspect est

caractéristique des sciences humaines et participe à la construction d’un positionnement

épistémologique entre engagement et distanciation (Elias 1993) ; deux opérations intellectuelles

à la fois indissociables et contradictoires. Dans la didactique des langues, où l’objet ne peut pas

être posé en stricte extériorité (Demaizière & Narcy-Combes 2007), la cohérence des choix

méthodologiques procède de la construction d’une épistémologie propre au chercheur (Narcy-

Combes 2005) et partagé avec sa communauté. En fait, cette posture du formateur-chercheur

est considérée comme impliquante tout en étant exigeante. Selon Barbier et Galatanu (2000), le

processus de construction de sens est autant cognitif qu’affectif. Il aboutit notamment à une

modification de l’identité professionnelle du chercheur qui construit du sens tout au long de son

Page 40: Langue de spécialité, didact

40

processus de recherche. Il y est en relation étroite avec ses données et avec les sujets, source et

producteurs de ces données.

Nous avons nous-mêmes appris, en tant qu’apprenant, ou pratiqué, en tant qu’enseignant,

la plupart de ces méthodologies mises en œuvre jusqu’à présent dans le secteur éducatif

algérien. Bien que cette situation puisse être considérée comme problématique du point de vue

recherche, nous tâcherons de préserver l’impartialité de rigueur dans le cadre d’une recherche à

visée scientifique. En d’autres termes, loin de tomber dans le réductionnisme et la

technicisation, nous devons expliciter notre démarche de construction du sens. Dans ce souci

d’explicitation, nous serons attentifs à rendre compte de manière précise des démarches

entreprises. Par ailleurs, nous trouvons utile de faire part de notre contexte de chercheur

universitaire qui constitue le creuset de notre expérience de chercheur.

3. Une rétrospective succincte sur un engagement personnel et professionnel

La formation des enseignants d’anglais commençait à être considérée comme une nouvelle

mission primordiale lorsque nous avons intégré le corps inspectoral. Or, nous venions juste de

quitter les salles de cours en tant qu’enseignant d’anglais pour entamer une deuxième étape de

notre parcours professionnel et ce en tant que superviseur et formateur des enseignants

d’anglais.

3.1. L’inspecteur en tant que superviseur

Dans le cadre de la nouvelle mission d’inspecteur qui nous a été confiée, nous devions

assurer les tâches traditionnelles à savoir des inspections individuelles du personnel enseignant

reposant sur deux moments : un temps d’observation et d’analyse du travail de l’enseignant

avec les élèves ; un temps d’entretien avec l’enseignant en dehors de la présence des élèves.

Cette observation se solde par un rapport d’évaluation. Celle-ci est un processus systématique,

officialisé qui est une partie constitutive de la gestion de la carrière professionnelle. Elle assure

une visée qui est prioritairement formative à un double titre : d’un côté, elle cible le

développement professionnel des enseignants tout au long de leur carrière ; et d’un autre, elle

vise une implication accrue dans les tâches pédagogiques et une efficacité renforcée du travail

quotidien dans la classe, mais aussi dans les travaux collaboratifs et collectifs d’équipe. Dans ce

contexte, l’évaluation est doublement mobilisatrice. Il faut souligner que la qualité de base

d’une évaluation du personnel enseignant ce n’est ni l’objectivité ni le contrôle, mais c’est

qu’elle soit mobilisatrice (Paquay 2005 : 67). Évaluer, non pas d’abord pour juger, comme le

disait (Cardinet 1989), mais pour donner du sens à l’action, pour réorienter son action et ses

Page 41: Langue de spécialité, didact

41

projets. Désormais, la formation des enseignants et l’analyse de leur pratique doivent se faire à

un référentiel de compétences professionnelles (Jorro 2002).

3.2. L’inspecteur en tant que formateur

En outre, nous sommes chargés de l’encadrement des enseignants pendant des séminaires et

des journées pédagogiques dont le choix des thèmes nous revient de droit et ce selon le besoin

ressentis. Il s’agit d’abord d’accompagner les équipes d’enseignants dans leurs établissements,

mais également d’apporter une aide individualisée pour chaque enseignant (Garant & Paquay

2004).

Les études universitaires nous ont permis d’approfondir nos savoirs linguistiques,

littéraires et civilisationnels de la langue et des pays anglophones. Les différents séminaires,

stages et journées de formation nous ont permis de forger une vision claire sur les diverses

approches et méthodes qu’a connue l’école algérienne entre 1978 à 2000. Vu le contexte

algérien et le rapport que détiennent les apprenants vis-à-vis des langues étrangères, en général,

l’apprentissage de la langue anglaise ne revêt aucune importance. La dimension affective, que

nous portons pour cette langue, n’est pas symétrique dans l’enseignement-apprentissage

(Deyrich 2006).

4. La formation des enseignants dans une démarche responsabilisante

Eu égard aux difficultés rencontrées par les enseignants d’anglais, la demande de formation

était devenue pressante, et la démarche fondée sur de simples conseils ne suffisait plus. Cet état

des faits nous a incités à dresser un dispositif de formation reposant essentiellement sur un

travail d’équipe pour (re)dynamiser l’activité de collaboration. Ce type de travail implique une

importante participation des différents membres du groupe à la définition du projet collectif et à

la répartition des tâches, donc à la définition du rôle de chacun au sein du groupe. L’objectif

que nous nous sommes fixés est d’instaurer une réflexion collective entre les divers acteurs, de

faciliter la prise en compte des compétences dans les pratiques, permettre l’échange de

pratiques, mettre en synergie les efforts de tous les acteurs, faire émerger les difficultés, les

questions et les besoins de formation. La pérennité et l’efficacité étaient rendues possibles par

l’implication des chefs d’établissements et des enseignants motivés et surtout formés. Dans ce

contexte, ces travaux au niveau des établissements scolaires ont fait apparaître les lacunes qui

alimentent le questionnement autour de la présente recherche, une recherche dans laquelle nous

sommes partie prenante. En conséquence, l’objectif principal assigné à ce travail de recherche

est de mettre en relief les enjeux didactiques de la formation des enseignants d’anglais pour

Page 42: Langue de spécialité, didact

42

mieux cerner les déficiences et pour apporter autant que possible des propositions, voire des

solutions adéquates.

5. Vers une articulation théorie-pratique-théorie

Ainsi l’articulation entre recherches théoriques et formation des enseignants d’anglais s’est

imposée avec intensité, et un passage de la recherche dans la formation à la recherche sur la

formation commence à se dessiner. Dans telle situation, le chercheur pourrait se trouver à la

croisée des chemins entre objectivité et subjectivité (Jordon 2004 : 83), entre intervention et

neutralité, et entre engagement et distanciation (Elias 1993). Pour mieux saisir cette différence

entre les deux pôles, tout en percevant le fait qu’ils ne s’excluent jamais complètement l’un de

l’autre, Elias fait la remarque suivante :

« Quand Paul parle de Pierre, il dit toujours également quelque chose de lui-même.

La proposition de Paul est engagée lorsque, en elle, ses caractéristiques propres

éclipsent celles de Pierre ou, plus généralement, lorsque, dans la proposition, les

particularités structurales de celui qui perçoit dominent celles du perçu. Lorsque la

proposition de Paul commence à nous en dire plus sur Pierre que sur lui-même,

l’équilibre commence à se modifier en faveur de la distanciation ». (1993 : 64).

Depuis des décennies, deux processus se sont déroulés en parallèles, à savoir l’action et la

réflexion, ou plus exactement selon une boucle récursive, la réflexion théorique permettant

d’interpréter la pratique, de fournir de nouveaux sujets d’expérimentations à mettre en œuvre et

à interpréter à nouveau. Il s’agissait donc de l’implication d’une double attitude d’engagement

sur le terrain et de distanciation théorique. En résumé, dans la perspective éliasienne, en dépit

de leur caractère indissociable et conflictuel, l’engagement est conçu comme de nature

principalement politique par contre la distanciation relève plutôt d’un travail épistémologique

(Elias 1993).

6. Un positionnement entre engagement et distanciation

Depuis notre affectation au poste d’inspecteur au début de l’année scolaire 1999-2000, nous

avons ressenti le poids de la mission dans le décalage qui existait entre les difficultés

quotidiennes des enseignants et les objectifs prescrits par l’institution. L’attente de l’institution

cible une formation qui se fonde sur la stabilité de « bonnes » pratiques : une imitation du bon

modèle et du cours-type validé par l’inspection générale de l’enseignement. Un modèle qui

présentait le défaut d’être strictement conservateur (Wallace 1991 : 6), une posture

inappropriée puisqu’elle ne tenait pas compte des évolutions scientifiques sur l’apprentissage et

les évolutions de la pratique de l’enseignement. Un modèle qui fonctionne par

« autoréférence » (Narcy-Combes 2005) et dont l’efficacité implique que la pratique de l’expert

soit conforme à son discours sur la pratique :

Page 43: Langue de spécialité, didact

43

« The young trainee learns by imitating the expert’s techniques, and by following

the expert’s instructions and advice. Hopefully, what the expert says and does will

not be in conflict ». (Wallace op. cit.)

Dans cette perspective, l’accent est mis principalement sur les savoir-faire à acquérir

(conduite de cours, conduite de classe) et les savoir-être (relation avec les apprenants) ainsi la

place dévolue à la théorie est réduite voire inexistante (Altet 1994). La formation telle qu’elle

devait être assurée ne pouvait se limiter à la juste transmission de ces cours modèles pour être

reproduits en salles de cours. Autrement dit, une rupture avec le modèle ancien, sous l’emprise

de l’approche dite traditionnelle, est devenue indispensable en raison de l’adoption de la

nouvelle approche dite enseignement par compétence, ainsi que dans une perspective

didactique innovante.

7. Un chercheur engagé

Pour Elias (1993 : 29), la solution ne se trouve pas dans l’abandon du groupe au profit de la

fonction de chercheur : les affaires sociales du groupe concernent nécessairement le chercheur.

En ce sens, pour l’enseignant-chercheur, le détachement du terrain est illusoire. L’absence

d’engagement semble en effet difficile lorsqu’on se penche sur des situations où l’objet n’existe

que dans ses interactions avec l’humain. Or, ces interactions sont au cœur des préoccupations

didactiques parce que la L2 n’existe qu’à travers des mises en relations avec des sujets (cf.

Deyrich 2007a : première partie, chapitre 1). Elias va cependant un pas plus loin : pour le

chercheur il ne s’agit pas d’éviter l’engagement mais au contraire d’en tirer profit :

« Le dilemme devant lequel se trouvent placés les spécialistes en sciences

humaines ne peut donc pas être résolu par le simple fait qu’ils renonceraient à leur

fonction de membre d’un groupe au profit de leur fonction de chercheur. Ils ne

peuvent cesser de prendre part aux affaires sociales et politiques de leur groupe et

de leur époque, ils ne peuvent éviter d’être concernés par elles. Leur propre

participation, leur engagement conditionne par ailleurs leur intelligence des

problèmes qu’ils ont à résoudre en leur qualité de scientifiques ». (Elias 1993 : 29)

Dans le domaine de l’anthropologie, cette synergie est affirmée par des chercheurs comme

Fassin (1999) qui, à la suite d’Elias, estiment nécessaire de « penser ensemble » ces deux pôles

de l’activité humaine, à la fois conflictuels et inséparables.

« Le chercheur est engagé par rapport au monde qu’il étudie à la fois comme sujet

connaissant et comme sujet citoyen. L’effort de distanciation sur lequel il construit

son discours scientifique l’implique de même dans cette double définition de sa

position ». (Fassin 1999 : 43)

Page 44: Langue de spécialité, didact

44

Dans cette optique, au lieu de considérer l’engagement du chercheur comme un obstacle

épistémologique qui pervertit la scientificité de ses travaux, il est opportun de l’apprécier en

tant que condition indispensable pour une meilleure connaissance des problèmes soulevés. De

ce point de vue, l’engagement sur le terrain des chercheurs en didactique des langues est un

gage de qualité.

La controverse à laquelle est confronté le chercheur-formateur découle de la tension entre

« engagement » et « distanciation ». En fait, il bénéficie du rôle d’intermédiaire celui de

chercheur-formateur dans un espace en perpétuel rénovation. La responsabilité de se conformer

à la vigilance éthique, épistémologique et méthodologique, lui en revient. Pour ce faire, il

détient des outils conceptuels (scientifiques/théoriques) et méthodologiques

(praxéologiques/pratiques).

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons essayé, d’une part, d’expliciter la motivation qui a nourri le

choix du sujet de cette étude et, d’une autre, d’exposer une rétrospective succincte sur un

parcours professionnel et personnel.

Le chapitre suivant portera sur le contexte de la recherche, et présentera les considérations

générales sur la réforme entreprise, ses principes fondateurs, et les conséquences qui en

découlent aux égards de la formation des enseignants, ses conceptions diverses et leur mise en

œuvre. Une nouvelle réforme, ciblant une nouvelle école et de nouvelles compétences, requiert

une nouvelle approche de la formation des praticiens.

Page 45: Langue de spécialité, didact

45

Chapitre III

Contexte de la recherche

Introduction

« Toute recherche commence par une question et vise à y répondre », nous dit Odile

Bourguignon (1995 : 35). Nous nous attacherons donc à montrer d’où a émergé notre question

et comment, chemin faisant, elle s’est cristallisée, élaborée et transformée pour devenir l’objet

de recherche. Si la recherche cherche à transformer une intuition personnelle, fruit des

fantasmes du chercheur, en un objet « posé », étayé et construit selon un cadre théorique, on

peut dire qu’en retour, ce même objet transforme le sujet-chercheur. Il en découle que l’objet

de la recherche est en constante évolution.

L’émergence de notre question, à propos des enjeux didactiques de la formation des

enseignants d’anglais, tient à une prise de conscience du décalage caractérisant la didactique

prescrite et les pratiques enseignantes dans les salles de classe, décalage constaté lors de la

recherche de Master 2 (Benabed 2008). Les conclusions tirées de cette recherche sont les

sources d’un questionnement sur la formation des enseignants d’anglais. La problématique

trouve son origine dans les interrogations sur les contenus, les objectifs et les finalités de la

formation en tant que responsable de l’encadrement des enseignants d’anglais. La formation

semble être le maillon fort pour développer l’esprit réflexif sur les pratiques enseignantes dans

le but de les améliorer (Wallace 1991 : 14).

Dans le chapitre III, nous exposons les différentes facettes qui touchent au contexte de

cette recherche, les considérations générales sur la réforme éducative entreprise par le MEN,

ses fondements politiques ses objectifs et ses perspectifs. Nous essayons de faire assez de

lumière sur les contraintes qui empêchent sa mise en œuvre.

1. Considérations générales sur la réforme éducative

1.1. Des fondements politiques

Une rétrospective succincte sur le système éducatif en Algérie nous montre que celui-ci est

ponctué par une série de réformes. En effet, les années post indépendance ont été marquées par

un vaste processus de transformation socio-économique devant amener à l’émergence d’une

société moderne.

Toute réforme éducative doit obéir à des visées politiques que tous les intervenants dans le

secteur éducatif sont tenus de prendre en considération. À cet égard, certaines critiques

Page 46: Langue de spécialité, didact

46

dénoncent le fait que l’école moderne dépend systématiquement des exigences économiques

que de l’État. À l’heure de la mondialisation, un ajustement à une demande économique et

sociale pour des compétences d’un autre ordre est devenu nécessaire. Il s’agit, de ce point de

vue, de développer des compétences attendues par une société de rendement et de performance.

Ainsi, dans plusieurs pays tels que le Canada et la Suisse, les réformes se fondent sur les

principes issus du monde de l’industrie. Aux États-Unis, par exemple, on parle de « site-based

management » et « out-based management » (Glatthon 1993) pour définir un mode gestion

centré sur l’école dont on n’attend ni plus ni moins qu’une performance inscrite dans les

palmarès dressés chaque année par des spécialistes de la mesure de la qualité [12

]. Ainsi, la

compétition est plus que jamais à l’ordre du jour. Les systèmes scolaires doivent

impérativement mettre en place des programmes de formation qui, en premier lieu, mettent

l’accent sur les résultats, mesurables et quantifiables et, d’autre part, respectent le rythme de

l’apprentissage des apprenants. Pour répondre à cette doctrine de l’efficacité, les programmes

scolaires « idéaux » sont conçus pour couvrir essentiellement les matières dites de base telles

que les mathématiques, les sciences naturelles et les langues étrangères, et ne prévoit qu’un

espace très réduit aux disciplines culturelles.

1.1.1. Les objectifs qui sous-tendent la réforme éducative

Afin de mieux appréhender l’étendue du chantier de l’éducation ouvert par l’Algérie

depuis le début de l’année 2003, nous commencerons par rappeler rapidement les fondements

idéologiques de l’ancien système de formation dont l’obsolescence, au regard des formidables

défis auxquels prépare le 21è siècle, justifie l’urgence des réaménagements opérés.

Le fait qu’un nouveau monde est en passe de se construire en fonction de catégories

inédites mais dont la sommation a déjà donné naissance à un nouveau vocable dénommé

mondialisation.

Or, cette nouvelle configuration du monde est appelée à fonctionner selon une logique

inédite car fondée exclusivement sur les critères de rationalité et de rentabilité optimales.

À partir de là, il faut bien comprendre que le niveau d’efficacité des systèmes d’éducation

et de formation se trouve désormais placé au centre de la plupart des enjeux sociaux et

économiques auxquels prépare le 21ème siècle.

Soucieux d’opérer une mutation qualitative du système d’enseignement, le gouvernement

algérien à adopté en avril 2002 une réforme ambitieuse du système éducatif. Cette réforme se

[

12] Dans plusieurs États, les enseignants sont soumis à des évaluations fondés sur des bilans de compétences dont

les employeurs se servent pour leur attribuer un salaire au « mérite ». Cette façon de procéder est en voie de mise

en place dans certaines commissions scolaires du Québec.

Page 47: Langue de spécialité, didact

47

fixe quatre objectifs fondamentaux : (i) améliorer la qualité de l’enseignement, notamment pour

l’instruction des langues ; (ii) rénover les programmes scolaires ; (iii) réorganiser les cycles

d’enseignement ; et (iv) renforcer l’enseignement supérieur [13

]. L’école algérienne est pour

ainsi dire appelée à s’aligner sur les standards internationaux en termes de fonctionnement et de

rendement tout en évoluant rapidement aussi bien sur la qualité des apprentissages que sur des

profils élèves à la tête bien faite. La réforme qui met fin à l’école fondamentale supplée par

l’enseignement fondamental se fixe des objectifs à atteindre notamment l’amélioration du taux

de succès aux examens scolaires dans des proportions significatives de scolarisation comprises

entre 70 et 80 %, la généralisation de l’éducation préparatoire la maternelle pour ne pas la

nommer, la parité de scolarisation à observer entre filles et garçons, et enfin, l’amélioration des

paramètres de scolarisation de manière à faire parvenir, d’ici à 2015, 90 % d’ une cohorte de

première année primaire en 4e année moyenne.

1.1.2. Les perspectives du changement

En fait, le développement quantitatif de l’éducation, réalisé dans un contexte marqué, à la

fois, par une explosion démographique et le choix d’un projet éducatif d’essence démocratique,

a été contrarié par des insuffisances et des dysfonctionnements, qui ont affecté la qualité des

enseignements dispensés ainsi que le rendement du système dans son ensemble. Ainsi la

réforme du système éducatif algérien est devenue nécessaire, autant en raison de l’état objectif

de l’école algérienne (situation alarmante due en grande partie à l’absence de vision et une

mauvaise articulation entre les différents paliers du système éducatif) qu’en raison des

mutations intervenues dans les différents domaines, tant au plan national qu’international

(manque d’ouverture sur l’universel), qui se sont imposés à l’école, partie intégrante de la

société algérienne.

Ce système éducatif que prônent les responsables algériens doit préparer les générations

montantes à s’intégrer dans la société d’aujourd’hui d’une façon harmonieuse et créative, en

s’interrogeant, en réfléchissant, en prenant de la distance, en réagissant, en se doutant et en

découvrant eux-mêmes les vérités qui leur serviront durablement dans leur vie, en fait, des

compétences métacognitives qui nécessitent une formation adéquate des praticiens eux-mêmes.

Pour faire face aux défis mondiaux, la formation initiale et continue doit incontestablement

prêcher la cohérence, la complémentarité et la continuité afin d’assurer une logique de

[

13] Déclaration du ministre de l’éducation nationale, en avril 2002, suite aux évaluations et recherches de la

commission nationale chargée des réformes

Page 48: Langue de spécialité, didact

48

continuum et subséquemment permettre aux enseignants de s’accommoder aux différents

changements.

Dans un monde qui connaît de profondes mutations touchant à l’organisation sociale, à la

structure de la connaissance, aux moyens de communication, aux méthodes de travail, aux

moyens de production…, une école moderne, résolument tournée vers l’avenir est une école

capable :

« de s’inscrire dans le mouvement universel de progrès en intégrant les

changements induits par l’avènement de la société de l’information et de la

communication et la révolution scientifique et technologique, qui vont modifier les

nouvelles conditions de travail et même les relations d’enseignement, et de s’ouvrir

sur le monde en termes de rapports culturels et d’échanges humains avec les autres

nations ». (B.O 2008 : 15)

Cette réforme éducative entamée porte sur plusieurs facettes, selon les responsables

algériens, pour répondre aux critères de cohérence de complémentarité et d’efficacité. Une

réforme globale visant l’édification d’un système éducatif cohérent et performant est ainsi

requise pour permettre à la société algérienne de faire face aux multiples défis du présent et du

futur et de parvenir aux conditions scientifiques et technologiques susceptibles de lui garantir

un développement durable. La définition d’une nouvelle politique de l’éducation en mesure de

répondre aux ambitions de la nation, inscrite dans le mouvement irrépressible de la

mondialisation, suppose, en premier lieu, la formalisation de principes fondamentaux et de

finalités à hauteur des défis qui s’imposent.

1.1.3. Les difficultés de mise en œuvre de la réforme

1.1.3.1. Innovation et incertitude

Par ailleurs, la réforme entreprise n’aura d’impact significatif sur le système d’éducation et

de formation que si les changements opérés touchent en profondeur à la fois aux contenus des

curricula, aux méthodes ainsi qu’au recrutement, et à la formation des enseignants. Ils sont les

facteurs stratégiques dans toute démarche réformatrice visant à mettre en place un système

éducatif national, moderne et performant. Celui-ci pourrait devenir un levier principal de

transformation sociale, culturelle et économique de la société algérienne.

En plus de sa perspective adaptatrice, la formation doit doter les enseignants d’aptitude

innovatrice (Cros 1997). Cette innovation espérée est un développement, avec ses étapes, et sa

temporalité, à travers lesquels l’enseignant pourra expérimenter des difficultés et des

découvertes. Cette innovation doit s’inscrire dans une certaine continuité permettant une

évaluation des pratiques existantes.

Page 49: Langue de spécialité, didact

49

« Old Ideas are the main mental tools that individual utilize to assess new ideas.

One cannot deal with an innovation except on the basis of the familiar, with what

is known. Previous practice provides a familiar standard against which an

innovation can be interpreted, thus decreasing uncertainty ». (Rogers 1995: 225-

226)

Selon cette visée, il ne serait possible d’évaluer une innovation que dans la mesure où cette

dernière partage des similarités avec les pratiques courantes. C’est par rapport à cette étroitesse

entre le « connu » et le « nouveau » qu’une modification peut prendre forme et l’incertitude et

le risque quant aux impacts de nouveauté sont réduits.

1.1.3.2. Contraintes découlant de l’innovation

L’innovation apparaît ainsi comme un moment lors duquel l’enseignant agit en fonction de

son rapport au nouveau, à l’autrement, au différent, à l’inconnu. Les novateurs affectionnent ce

processus qui renforce leur identité et donne sens à leur vie, tandis que les réfracteurs au

changement cherchent à éviter l’innovation qui les expose à l’incertitude, à l’échec, au doute et

au questionnement. Enfin, l’innovation doit, aux yeux des adhérents potentiels, répondre à des

préoccupations pratiques et concrètes.

En matière d’éducation, le changement innovant des approches n’induit pas nécessairement

la réussite, l’efficacité et le progrès au niveau de la pratique praticienne comme le soulignent

Perrenoud (1993), Gather Thurler (1992) & Schön (1987). Il est évident qu’aucune réforme

quelle que soit sa nature ne fait l’unanimité. La réussite de toute réforme éducative doit

s’appuyer sur l’adhésion, la conviction et l’adoption de ses principes qu’elle préconise par les

hommes du terrain. En effet, on n’innove pas sans motivation personnelle, sans intention, sans

projet d’action. Autrement dit, l’innovation ne se décrète pas, ne s’improvise pas, même si elle

se fonde sur un choix spontané. Elle peut être suscitée par des résultats de recherche ; la

recherche doit l’accompagner, par le biais de la formation à l’évaluation d’objectifs, à

l’observation, à l’évaluation. C’est à ce prix que l’innovation, suivie et maîtrisée, peut être

généralisée : une démarche théorisée et évaluée permet à d’autres de se l’approprier. Elle est un

élan qui peut tout aussi résulter d’un désir de changement que d’un besoin pour répondre à une

difficulté. Sans ces dernières, la disponibilité des moyens didactiques mis en œuvre, le

rehaussement du volume horaire, et la réduction du nombre d’apprenants par classe n’assurent

pas à eux-seuls la réussite des réformes, bien qu’ils y contribuent certainement. Les

changements des programmes, qui visent à développer les compétences chez les apprenants,

entrepris par le Ministère de l’Education Nationale (MEN) interpellent la pratique des

enseignants.

Page 50: Langue de spécialité, didact

50

De ce fait, les programmes de formation des enseignants doivent prendre en ligne de

compte les nouvelles orientations pour offrir aux enseignants une formation axée sur le

développement des compétences professionnelles et des pratiques d’enseignement adaptées qui

répondent aux réalités nouvelles. Différemment des futurs enseignants, qui assument un double

rôle celui d’étudiants « teacher training » (Wallace 1991 : 3) et celui d’enseignants au cours de

leur formation, ceux en exercice doivent adapter, revoir, changer et innover leurs pratiques

d’enseignement « teacher development » (Ibidem). Il ne suffit pas d’énoncer des idées, des

notions, des concepts nouveaux pour que les représentations et les pratiques des enseignants

suivent. Du fait que ceux qui refusent d’adhérer ne fournissent aucun effort pour s’approprier

ces nouveaux paradigmes. En plus, ceux qui démontrent une disposition aux changements ont

besoin de temps pour les intégrer dans leur pratique. Un défi à relever, car comprendre ce qui

se joue dans le rapport enseignant et changement, c’est entrer dans ses représentations par

rapport à cette entité nouvelle du point de vue contenu, processus, compétence…que

l’enseignant risque de rejeter faute d’informations et /ou de formation suffisantes.

1.1.3.3. D’importantes mutations

En outre, les changements actuels en éducation en Algérie résultent, d’une part, d’une

convergence de résultats de recherches et de constats à propos des apprentissages des

apprenants, et d’autre part, de la situation universelle caractérisée par une mobilité humaine et

culturelle incroyable ainsi que des changements technologiques impressionnants. Pour ce qui

est du premier facteur, les données disponibles témoignent tout d’abord d’une très forte

sélectivité du système, avec des taux de rétention excessivement bas sur l’ensemble du cycle

éducatif. Sur 100 élèves entrés en 1ère

Année du Fondamental (AF), 97 parviennent jusqu’en

5ème

AF, mais seulement 67 continuent jusqu’en 9ème

AF. Moins de 50 sont admis au cycle

d’enseignement secondaire, et 11 arrivent à intégrer l’université (MEN 2002). En outre, plus de

la moitié des d’élèves sortent de l’enseignement secondaire sans diplôme qualifiant, les taux de

réussite au baccalauréat général et technique étant respectivement de seulement 36% et 47%

[14

]. Pour ce qui est du deuxième facteur, le contexte mondial est marqué par une exploitation

non seulement massive des moyens technologiques, mais se caractérise aussi par une rapidité

fabuleuse/terrible. Il n’est pas sans importance de reprendre ce que Defarges disait dans son

livre intitulé « La mondialisation » (1997 : 46).

[

14] Résultats de la commission nationale chargée des réformes éducatives

Page 51: Langue de spécialité, didact

51

« Il n’est pas seulement question de « hard power » [15

] où les ‘plus petits’ soient

dévorés par les ‘plus grands’, mais une nouvelle tendance de « soft power » [16

] qui

se prépare à l’horizon, où les plus « lents » seront dévorés par les plus « rapides ».

Dans la même optique, qui reconnait l’insuffisance, dans un contexte mondial amplement

changeant, de la possession des moyens matériels, le président de la république algérienne, lors

de l’installation de la Commission Nationale de la Réforme Educative (CNRE), fait allusion en

affirmant que :

« Les savoirs dispensés à l’école occupent désormais, vous le savez, une place

inégalée dans l’évolution des rapports entre les nations. La croissance et la

prospérité économique et sociale ne sont plus, c’est une évidence, subordonnées à

la possession de matières premières, fussent-elles stratégiques. L’explosion

vertigineuse des connaissances, l’accélération de leur renouvellement,

l’accroissement exponentiel des découvertes scientifiques et technologiques ont

imposé la mise en place d’une nouvelle société du savoir. A l’heure de la

mondialisation où la compétition internationale devient impitoyable, ce sont les

savoirs et les innovations scientifiques et technologiques qui redistribuent les

cartes de la richesse et de la puissance ». (mai 2000)

De ce point de vue, il s’agit d’un processus irréversible dont nous devons rapidement faire

face. De nos jours, l’éducation doit dépasser le cadre national pour doter les apprenants de

compétences fiables, flexibles et durables afin d’entrer d’emblée dans une compétition à grande

échelle. Pour être prêt à tous ses rendez-vous, il faut préparer l’apprenant algérien dans tous les

secteurs ; économique, socioculturel, intellectuel et même politique. Ceci dit, cette préparation

ne peut se faire en dehors de l’école, et sans une collaboration des hommes du terrain. Le corps

enseignant, la ressource la plus significative et la plus précieuse au sein des établissements

scolaires, est au centre des efforts visant à améliorer l’enseignement. L’amélioration de

l’efficacité et de l’équité de l’enseignement passe en grande mesure par la capacité de faire en

sorte que des individus compétents souhaitent enseigner, que leur enseignement soit de haute

qualité et que tous les élèves aient accès à un enseignement de haute qualité. L’enjeu de la

formation apparaît alors, comme la recherche d’une sortie dialectique du conflit entre les

savoirs forgés, viables et sécurisant et des perspectives incertaines.

Se référant à tout ce qui a été avancé ci-dessus, les enseignants jouent un rôle principal

dans la réussite ou l’échec de cette réforme. Ils contribuent à façonner les générations

d’algériens et, à ce titre, la société, en général, et le MEN, en particulier sont censés leur

[

15] Hard power : moyens matériels

[16

] Soft power: les savoirs

Page 52: Langue de spécialité, didact

52

attribuer une reconnaissance toute particulière. Ils doivent retrouver la considération sans

laquelle ils ne peuvent accomplir dignement la haute mission dont ils ont à la charge.

2. Le contexte de la réforme du système éducatif algérien

Les nouvelles réalités politiques, sociales, démographiques, économiques et culturelles ont

obligé les responsables de l’éducation nationale à revoir les missions et les finalités attribuées à

l’école algérienne. C’est ainsi qu’un vaste processus de consultation et de débat a été entamé

pour aboutir sur la création d’une Commission Nationale des Réformes Éducatives pour

évaluer et définir les perspectives futures de l’éducation. Depuis, le secteur éducatif algérien a

vécu au cours de ces dernières années au rythme soutenu des réformes opérées à tous les

niveaux. Décriée par l’ensemble de la société, aussi bien civile que politique, l’école algérienne

n’offrait plus aux apprenants les compétences, attitudes et valeurs escomptées. Une réforme de

tout le système éducatif a été donc lancée en 2003.

2.1. La mise en place de la nouvelle approche

Ce chantier a abordé plusieurs volets et a permis la mise en place de nouveaux

programmes, l’édition de nouveau manuels scolaires, et a surtout instauré une nouvelle

méthodologie d’enseignement basée sur l’approche par compétences. Celle-ci a été conçue en

2002 et mise en application à partir de l’année scolaire 2003/2004, afin de rompre avec

l’ancienne méthode appelée « approche par objectif ». Cette approche était centrée sur

l’enseignement du code linguistique, en prenant appui sur une conception de la langue comme

outil de communication, comme code qu’il suffirait d’acquérir pour savoir communiquer. Cette

vision des choses a été rendue caduque en didactique des langues par les travaux pionniers de

Hymes et de ses continuateurs, par exemple Abbou (1980) qui relève cinq différentes

composantes de la compétence communicative: linguistique, socioculturelle, logique,

argumentaire et sémiotique.

Bien que le véritable objectif de l’approche communicative soit d’enseigner pour

communiquer, son résultat s’est avéré décevant. Les limites constatées de cette approche ont

contribué à la considérer comme étant « une pédagogie basée sur une communication de type

monologal et s’inscrivant le plus souvent dans le cadre étroit de la phrase [ce qui] ne laisse

ainsi pratiquement aucune place au jeu des phénomènes sociaux et de l’interaction »

(Verdelhan-Bourgade 1986). Dès lors une nouvelle réforme semble nécessaire voire

indispensable afin de répondre au souci d’une communication réussie aussi bien à l’école qu’en

dehors d’elle.

Page 53: Langue de spécialité, didact

53

2.1.1. L’approche par compétences

La nouvelle approche par compétences (APC) concerne l’ensemble des cycles scolaires, et

vise à amener l’apprenant à faire face à des situations inédites ou imprévues en utilisant, à son

initiative, des connaissances préalablement acquises. Ce faisant, elle prépare l’apprenant en

faisant de lui un sujet actif et autonome, habile et capable de supporter le choc des situations de

communication exolingue qui se rencontrent hors de l’école et qui constitueront autant

d’occasions de poursuivre les apprentissages linguistiques, selon les termes de Matthey (2005).

2.1.2. Les fondements théoriques de la nouvelle approche

Il nous semble important de nous attarder un peu plus sur la nouvelle approche dite APC

pour mettre la lumière sur ses principes fondateurs et ces concepts clés. À vrai dire, L’APC

semble en voie de s’imposer dans toutes les sphères de l’activité humaine. Le courant de cette

approche, du moins dans sa conception initiale, est issu de l’organisation du travail dans une

perspective taylorienne dans le monde industriel. Elle a envahi le système éducatif américain

vers la fin des années 60. Assez rapidement, elle s’est imposée dans le monde de l’éducation

d’abord aux États-Unis, puis en Australie et en Europe. Et depuis plusieurs pays ont commencé

à repenser leurs systèmes éducatifs selon cette approche. Elle vise à amener l’apprenant à

prendre conscience des ressources qu’il mobilise en situation d’apprentissage afin de mieux

agir sur elles. Il s’agit de la mobilisation des processus cognitifs et paracognitifs au détriment

de la mémorisation de connaissances. Elle focalise surtout sur le transfert des acquisitions en

situation authentique et à en déterminer les résultats attendus en termes de niveau de maitrise

de compétences au terme d’un cycle de formation (Ettayebi, Medzo & Fortier 2004 : 6).

Cette approche se fonde sur le concept-clé de ‘compétence’. Cette notion que l’on trouve

aujourd’hui sur toutes les lèvres reste difficile à définir de façon satisfaisante. Tantôt, elle

désigne un point d’arrivée marqué par un niveau de haute performance, tantôt un processus

dont le processus est ponctué par des bilans d’évaluation. Cette notion de ‘compétence’ varie

relativement fort d’un auteur à un autre particulièrement en éducation. Malgré cette polysémie,

la notion de compétence est utilisée comme principe organisateur de programmes d’études dans

bon nombre de réformes curriculaires, particulièrement en Afrique subsaharienne (Tehio 2010).

Aujourd’hui ces réformes ont fait l’objet d’évaluations qui mettent en évidence un certain

nombre de difficultés inhérentes, entre autres, au réductionnisme dont fait l’objet la notion

même de compétence à travers ces réformes (Tehio 2010, Mellouki 2010, Benavot &

Braslavsky 2007, Pepper 2008, Sargent, Byrne & O’Donnel 2010, Evans 2005, Nanzhao &

Muju 2007 cités par Jonnaert 2011 : 32). Le plus souvent réduite à une reformulation simplifiée

Page 54: Langue de spécialité, didact

54

d’objectifs, les compétences des personnes disparaissent pour ne laisser la place qu’au

développement d’habiletés sommaires (un verbe d’action et un objet) portant strictement sur les

contenus notionnels reliés à des savoirs disciplinaires traditionnels. Les chercheurs de la CUDC

[17

] s’écartent de ces approches (Jonnaert, Charland, Cyr, Defise, Ettayebi, Furtuna, Sambote,

Ettayebi & Tahirou 2010 cités par Jonnaert 2011 : 32). Ils considèrent que la notion même de

compétence reste un objet très peu curriculaire. Cette notion a plutôt tendance à référer aux

résultats des actions des personnes traitant une situation, que de permettre d’identifier à priori

le prescrit de programme de formation comme le préconisent certains tenants d’une approche

par compétences (Roegiers 2008, Bernard & Nkengue 2007). Celle-ci est loin de faire

l’unanimité parmi les chercheurs, même les plus convaincus de la pertinence de la nécessité de

transformer tous les programmes d’études en socle de compétences. Pour l’heure qu’il est, cette

notion de ‘compétence’ est utilisée selon le sens administré par les tenants de différentes écoles

de pensée. C’est ainsi que les béhavioristes y recourent pour designer des comportements

observables et mesurables qui découlent d’un apprentissage donné (Noddings 1999), (Norris

1991) ; pour les constructivistes, ce concept renvoie à une construction de capacités qui

résultent d’une interaction entre individus engagés dans une action commune. Bref, nous

reviendrons plus loin (partie II chapitre II p 131) sur les différentes conceptions de cette notion

de ‘compétence’.

2.1.3. Les objectifs sous-jacents À l’APC

L’objectif sous-jacent, suite à la mise en œuvre des réformes fondées sur l’APC, est de

préparer les futures générations algériennes à être en état constant de développement des

compétences nécessaires pour faire face aux enjeux contemporains. En particulier, les

apprentissages scolaires doivent se traduire dans des pratiques sociales plus collaboratives, plus

équitables, plus viables, et plus émancipatrices. En réalité, les intentions principales sur

lesquelles s’appuie cette réforme auront une résonance dans les actions des personnes qui

fréquentent l’école actuellement. Il faudra donner beaucoup plus de temps aux enseignants et

aux apprenants pour pouvoir porter un jugement solennel sur le succès ou l’échec de cette

réforme. Ce sont les apprenants algériens, femmes et hommes de demain, qui, en fin de compte

et par leurs savoirs, leur savoir-faire et attitudes, nous confirmeront si les réformes auront été

une réussite.

[

17] La chaire UNESCO de développement curriculaire (CUDC) à été créée à l’UQAM en 2009. Cette jeune chaire

s’appuie sur les travaux les plus anciens de l’observatoire des réformes en éducation (ORÉ). Les membres de

cette équipe interdisciplinaire accompagnent les ministères de l’éducation, les systèmes éducatifs les institutions

d’enseignement supérieur et les universités dans leurs processus complexes de réformes curriculaires. Les équipes

de la CUDC sont actives sur les scènes nationale et internationale. UNESCO : Bureau International de l’Éducation

Page 55: Langue de spécialité, didact

55

3. Les principes généraux de la nouvelle réforme éducative et la réforme de

l’enseignement secondaire et universitaire

Le système éducatif tel qu’il a existé jusqu’à l’entrée en vigueur de la dernière réforme,

mise en place en septembre 2003, était perçu, par tous les responsables de l’éducation, comme

étant incompatible avec les exigences de l’époque. Selon eux, il devait être revu et corrigé. La

nouvelle conception des programmes s’inscrit dans une perspective socioconstructiviste qui

cherche à placer l’apprenant algérien au centre du processus d’apprentissage. Ainsi, il devient

l’acteur principal de son propre apprentissage. Une telle visée modifie les rôles de l’enseignant

et de l’apprenant

3.1. Les nouvelles missions du système éducatif algérien

L’Algérie prend de plus en plus conscience des défis auxquels elle fait face, défis aussi

bien internes qu’externes. Les défis d’ordre interne sont à la fois ceux qu’inspire l’état actuel de

l’école et ceux portés par la société elle-même :

« Il s’agit tout d’abord de recentrer la mission de l’école sur ces tâches naturelles :

l’instruction, la socialisation et la qualification ».

« Il s’agit ensuite de préparer le système éducatif à affronter en même temps les

défis liés à la modernité, au parachèvement de la démocratisation de

l’enseignement, à la qualité en faveur du plus grand nombre des apprenants, ainsi

qu’à la maîtrise des sciences et la technologie ». (MEN 2003).

Il faut enfin prendre en charge les nouvelles exigences découlant des changements

institutionnels, économiques, sociaux et culturels intervenus en Algérie au cours de ces

dernières années.

D’un autre côté, le système éducatif dans son ensemble, doit relever des défis d’ordre

externe : celui de la mondialisation économique, qui va engendrer, sans aucun doute, des

exigences de qualification de plus en plus élevées, celui de la société de l’information et de la

communication qui conduira impérativement à la modification des modes d’enseignement ;

celui enfin de l’émergence d’une nouvelle forme de société, celle du savoir et de la technologie.

Les défis cités ci-dessus, relevés par les concepteurs de la réforme éducative, ont pour

mission essentielle de participer à :

« construire une société démocratique capable de préserver sa culture, de s’ouvrir

sur le monde en intégrant des valeurs universelles ;

former des compétences à même de valoriser le potentiel algérien dans un contexte

mondialiste en perpétuel effervescence ». (MEN 2003)

Page 56: Langue de spécialité, didact

56

Pour y parvenir, seule une école moderne est à même d’y parvenir.

3.2. Les principales réformes introduites dans le primaire et le secondaire

Les réformes telles quelles sont préconisées s’articulent autour d’un premier cycle

d’enseignement moyen. Ce dernier est équivalent au collège en France. Cet enseignement

constitue la dernière phase de l’enseignement de base, avec ses propres finalités et compétences

bien définies. celles-ci assurent pour chaque apprenant un socle de compétences

incompressibles d’éducation, de culture et de qualification lui permettant de poursuivre des

études et des formations post-obligatoire ou de s’intégrer dans la vie active. L’enseignement se

déroule dans les collèges d’enseignement moyen (CEM). Avec la réforme, ce cycle est

maintenant de quatre ans en remplacement du système de trois ans. Les autres changements

notables sont :

« La mise en place de nouveaux programmes d’enseignement en troisième année

primaire et première année moyenne.

L’introduction de l’enseignement de la langue française comme première langue

étrangère dès la troisième année primaire.

L’introduction de l’enseignement de la langue anglaise comme deuxième langue

étrangère en première année moyenne.

L’introduction de la symbolique universelle ». (MEN 2003)

Pour s’inscrire dans le sillage des états modernes, où de nos jours l’éducation n’est plus

considérée comme un ensemble de services rendu par l’état aux citoyens, mais comme un

véritable investissement, il faudrait se poser la question de la possibilité ou non de dissocier

l’éducation en notre pays du projet de société. C’est le projet de société qui constitue le socle

essentiel dont découleront les principes de base permettant de définir les objectifs définis par le

système éducatif. Le système éducatif a pour mission de développer la personnalité des enfants

et des citoyens et leur préparation à la vie active, de faire acquérir des connaissances générales

scientifiques et technologiques, de répondre aux aspirations populaires de justice et de progrès

et d’assurer l’éveil des consciences à la l’amour de la patrie. Le système éducatif se fixe

comme objectifs d’inculquer aux jeunes les principes de justice et d’égalité entre les citoyens et

les peuples et de les amener à combattre toute forme de discrimination, de dispenser une

éducation qui favorise la compréhension et la coopération entre les peuples pour la paix

universelle et l’entente des nations, de développer une éducation en accord avec les droits de

l’homme et ses libertés fondamentales [18

].

[

18] L’ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976 portant organisation de l’éducation et de la formation.

Page 57: Langue de spécialité, didact

57

3.2.1. Les grandes lignes de la refonte du système éducatif algérien : trois volets

essentiels

3.2.1.1. La refonte de la pédagogie et des champs disciplinaires

La refonte de la pédagogie et des champs disciplinaires a engendré à une véritable

métamorphose du système en place. Tous les programmes scolaires ainsi que les supports

pédagogiques, et notamment les livres de référence ont été changés. La méthodologie qui était

au préalable basée sur l’approche par objectifs est abandonnée au profit de l’approche par

compétences qui vise, d’après les responsables (MEN 2003), à développer chez l’apprenant les

compétences qui lui seront utiles dans la vie quotidienne. C’est une pédagogie, ajoutent-ils, qui

favorise des comportements responsables chez l’apprenant par l’acquisition de savoir (maîtrise

des structures grammaticales, orthographiques, phonologiques : identifier les mots clés, ordre

des mots, trouver une définition….), de savoir-faire (communiquer oralement et par écrit : lire

la phrase-clé et le mot-clé ; reconstituer la phrase-clé ; construire oralement des phrases sur le

modèle de la phrase-clé et les lire ; -substituer des mots de la phrase-clé ; lire les nouvelles

phrases...) et de savoir-être pour résoudre des problèmes de la vie courante ( agir en citoyen

responsable , faire preuve d’esprit critique, vivre les valeurs sociales et culturelles, utiliser des

stratégies de travail efficace, se montrer responsable, tenir compte de l’avis des autres ; être

tolérant ; être coopératif…). De plus, il est prévu l’élaboration d’un programme national de

développement de l’utilisation des nouvelles technologies éducatives, de mettre en œuvre un

programme de formation au profit de l’ensemble des enseignants à ces technologies et de doter

progressivement tous les établissements scolaires d’outils d’informatiques et de connexions aux

réseaux Intranet et Internet.

3.2.1.2. La réorganisation générale du système éducatif

Avant l’avènement de la réforme, le système scolaire était structuré en deux niveaux, le

premier appelé communément « école fondamentale » comprenait le cycle primaire, qui

s’étalait sur six année, et le cycle moyen d’une durée de trois ans. Le second niveau était le

cycle secondaire, lui aussi de trois années.

À la faveur de la mise en place de la réforme, et par souci d’efficacité, il a été décidé de

scinder l’enseignement de base obligatoire en deux phases distinctes : l’enseignement primaire

(entre 6 et 11 ans) et l’enseignement moyen (entre 11 et 15 ans). En vue d’allègement des

programmes, il a été décidé de prolonger le cycle moyen d’une année (cf. annexe 6 tableau 1 p

380), alors qu’on a procédé à la réduction de l’enseignement primaire d’une année, en

corrélation avec une généralisation progressive de l’enseignement préscolaire. Pour ce qui est

Page 58: Langue de spécialité, didact

58

de l’enseignement secondaire, il est resté inchangé du point de vue structure mais on y a réduit

le nombre des filières.

3.2.1.3. La formation des enseignants : vers une universitarisation de la

formation initiale

Pour tenter de saisir l’impact des évolutions qu’a connues la formation des enseignants, il

convient d’effectuer un succinct retour sur les différents dispositifs mis en œuvre. Jusqu’à la

création des instituts de formation tels que les Écoles Nationales Supérieures (désormais siglées

ENS) [19

] et les Écoles Nationales Supérieures de l’Enseignement Technique (désormais

siglées ENSET) [20

], la formation des enseignants du primaire et du cycle moyen était assurée

dans le cadre des ITEs par des enseignants choisis par les directions de l’éducation au niveau de

chaque wilaya en raison de leur expertise professionnelle. Elle se déroulait sur le terrain et se

fondait sur l’observation de pratiques d’enseignement des maîtres d’application [21

]. Légitimés

par l’institution, les modèles pédagogiques, sur lesquels reposait la formation, étaient

intégralement imités et reproduits par les enseignants-stagiaires. En fait, il n’y avait pas de lien

entre la recherche en didactique des langues et la formation des instituteurs et des professeurs

d’enseignement moyen. Deux espaces étanches dont le contact n’était pas favorisé et encore

moins privilégié. De sorte que la disjonction entre ce que se faisait comme travaux de recherche

en didactique au sein des universités et la formation dans ces instituts était double, leur

diffusion était très restreinte ou inexistante, mis à part pour les enseignants intéressés par leur

propre autoformation, et la pratique professionnelle menée au niveau des instituts était un

domaine inconnu pour les chercheurs. La conception de la formation professionnelle

s’inscrivait dans une perspective behaviouriste s’appuyant particulièrement sur la pure

reproduction des modèles de « bonnes pratiques » (Haramboure 2003 : 95-108).

4. Une nouvelle conception de la formation

Dès le milieu des années 80 jusqu’au milieu des années 90, l’objectif d’améliorer le niveau

scolaire a entrainé une vague de réformes éducatives, notamment la réforme de la formation

des enseignants, qui avait pour objectif de corriger les dérives des années 60. Les institutions

chargées de la formation des enseignants auraient à cette époque centré excessivement leur

[

19] ENS a été créée par décret exécutif n° 84-206 du 18 août 1984

[20

] ENSET a été créée par décret exécutif n°09-20 du 20 janvier 2009

[21

] Le maître d’application, choisi par l’inspection académique selon le critère d’ancienneté, était associé à la

formation initiale. Il exerçait une fonction double : une fonction en tant qu’enseignant responsable d’une classe,

une fonction de formateur. Il jouait le rôle de garant d’une articulation efficace et éprouvée entre les savoirs

théoriques et la pratique professionnelle, capable d’analyser avec suffisamment de recul la diversité des situations

et des démarches d’enseignement pour en percevoir les effets.

Page 59: Langue de spécialité, didact

59

intérêt sur l’enfant, sur l’égalitarisme, etc. au détriment d’une formation technique,

professionnelle des enseignants et d’une prise en charge effective centrée sur l’apprenant et son

apprentissage.

La mise en place d’un système rénové de formation et d’évaluation de l’encadrement

s’imposait alors. Des mesures ont été retenues concernant la formation initiale des enseignants.

En ce qui concerne cette formation, le grand changement amorcé par la tutelle est celui du

transfert de la formation des enseignants des ex-ITEs à l’université, plus exactement aux ENS

et ENSET. Cette décision fut en partie justifiée par la nécessité de rehausser la culture générale

des enseignants, en particulier celle disciplinaire, et de leur donner une base de connaissances

« scientifiques ». C’est en 1997 que le MEN a annoncé que :

« La formation initiale des personnels enseignants dans notre pays s’alignera sur la

tendance mondiale qui veut que les enseignants de tous les cycles soient dotés de

connaissances et de compétences de niveau universitaire ». (1997 : 24)

Cette décision ne concerne que les enseignants du primaire et du moyen, parmi lesquels le

nombre de bacheliers est dérisoire.

4.1. Les nouvelles missions des ENS et les nouveaux critères de recrutement

De nouvelles missions furent attribuées aux ENS en les chargeant de la formation initiale

des enseignants. En améliorant les conditions d’accès, en allongeant le cursus de formation, en

le faisant passer de BAC+4 à BAC +5 pour les professeurs d’enseignement secondaire (PES),

et en élevant le niveau des autres cycles à BAC+3 pour les maîtres d’enseignement

fondamental (MEF) et BAC + 4 pour les professeurs d’enseignement fondamental du collège

(PEF), le système éducatif algérien n’est-il pas engagé dans la professionnalisation ? En effet,

le recrutement de haut niveau et « l’universitarisation » (Altet 1994) de la formation initiale des

enseignants tous corps confondus peut être considéré comme les prémisses d’une redéfinition

du métier d’enseignant à l’instar de ce qui se fait de plus en plus dans le monde, avec la

création des IUFM en France par exemple [22

]. L’objectif sous-jacent à ces changements dans

le dispositif de la formation est de rompre avec une formation traditionnelle assurée par des

institutions dans le but de maintenir une pure reproduction (Mellouki 1989).

[

22] Création des IUFM en France où la formation des professeurs des écoles se fait à Bac+5. La mise en place des

IUFM est le fait majeur de la transformation du système formatif français. Former de manière commune des

étudiants venus d'univers différents, les préparer à la spécificité de chaque enseignement tout en leur permettant

d'acquérir les savoirs communs et transversaux, c'est là le point primordial de cette innovation.

Page 60: Langue de spécialité, didact

60

4.2. Une formation dans une perspective professionnalisante

Les contenus et les dispositifs de la formation, le processus de professionnalisation et une

rupture avec les anciennes modèles ou à leur réaménagement, nous permettent de savoir si

l’élévation du niveau de recrutement amorcée dès la rentrée 1999 peut être porteuse d’un

changement et répondre aux objectifs de la professionnalisation.

Pour le perfectionnement et la mise à niveau continuel des enseignants déjà en service qui

constituent la majorité (cf. Benabed 2008 :109), plusieurs possibilités leur sont proposées, à

savoir la poursuite en alternance des études à l’université [23

], la formation à distance ou

alternée par le biais des nouvelles technologies et les stages bloqués [24

]. C’est dans une

perspective professionnalisante que cette multitude de dispositifs est mise à la disposition des

praticiens non seulement pour apporter des remèdes aux carences en formation initiale, mais

aussi pour instaurer un processus de formation tout au long de la carrière professionnelle. À

vrai dire, c’est une étape de formation continue susceptible de permettre les connaissances

acquises dans la formation initiale et qui peut être défini comme

« une variété d’activités et de pratiques dans lesquelles les enseignants

s’impliquent afin d’élargir leurs connaissances, améliorer leurs compétences et

d’évaluer et de développer leur approche professionnelle ». (Perron 1991).

En réalité, ces dispositifs semblent être la clé de voûte pour influencer le développement

professionnel des enseignants et pour contribuer à l’amélioration de leurs connaissances grâce à

un rôle actif (Saiti & Satis 2006). Ainsi, l’intérêt, porté à ces dispositifs, s’est accru au cours de

ces dernières années au point où tous les partenaires (chercheurs, inspecteurs, formateurs, etc.)

et les moyens disponibles (NTICs) ont été mobilisés pour la réussite de ces opérations de

formation.

5. Résistance des enseignants aux changements

Lorsque le terme « réforme » est utilisé pour caractériser le processus qui conduira à une

révision, refonte ou restructuration du système éducatif, c’est pour faire référence à des

changements d’envergure qui touchent à l’ensemble ou à une partie de ce système. Tous les

responsables de l’éducation nationale reconnaissent qu’il est difficile de convaincre et de faire

[

23] La convention signée en juillet 2007 entre le ministère de l'éducation nationale et le ministère de

l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique portant formation continue au profit des professeurs de

l'enseignement moyen. Arrêté n° 146 du 7 Août 2008 portant habilitation de licences professionnalisantes au titre

de l’année universitaire 2007-2008 pour la Formation des formateurs de l'éducation nationale.

[24

] Regroupement d’enseignants pour des durées variables (entre 3 et 7 jours) dans des ateliers de travaux sur les

changements opérés, les nouveautés apportées, …etc. Ces rencontres peuvent par exemple favoriser le croisement

des regards entre acteurs, promouvoir une culture commune, concevoir des projets, etc…

Page 61: Langue de spécialité, didact

61

accepter ces changements. Dès lors que le chemin qui mène à faire passer dans les pratiques

quotidiennes de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’enseignants des changements

qui pourraient modifier de manière fondamentale leurs pratiques enseignantes, soit parsemés de

tant d’embûches et de détours imprédictibles.

L’élaboration d’une réforme éducative ne se résume pas à un problème technique qui

pourrait être maîtrisé par l’application d’une démarche systématique, mais en plus des aspects

techniques, la réussite d’une réforme éducative repose sur un environnement humain riche et

aussi complexe qu’il faut apprendre à analyser et à maîtriser. Pour réussir une réforme, il faut

comprendre mais aussi persuader, justifier et argumenter (MEN 2003). Il est clair qu’une telle

démarche ne pourra s’inscrire dans un processus linéaire rigide mais sera faite d’aller-retour

permanent, de réajustements subtils, de remises en cause de ce qui paraissait définitivement

acquis et maîtriser. En bref, il s’agit d’un processus itératif bien plus que linéaire dont

l’aboutissement final reste incertain même lorsqu’on se croit près du but.

Vaincre l’engagement des enseignants à des changements tels que l’adaptation, l’innovation

ou encore la transformation de l’habitus (Bourdieu 1972 & 1980) requiert aussi une motivation

chez les enseignants. Cette innovation n’est pas du goût de tous les enseignants, et ce par peur

de s’exposer à l’incertitude, à l’échec, au doute et au questionnement. Ainsi, pour une fraction

importante d’enseignants (73% cf. Benabed 2008 : 109), il est beaucoup plus sécurisant de se

retrancher et de se replier derrière les pratiques traditionnelles, qui garantissent un certain

confort. Une réaction traditionnellement connue celle de la résistance des enseignants au

changement est souvent attribuée à plusieurs facteurs tels que : « gender politics » (Hubbard &

Datnow 2000), c'est-à-dire lorsque le profil de la réforme prend une identité sexuée, le risque

de faire face à la résistance des enseignants hommes est fort possible, en fin de compte

contrecarrer sa mise en œuvre, ou « Institutional and cultural politics » (Kanpol 1989),

« disrespectful and dismissive treatment of teachers as mere instruments or targets of reform

individualism » (D. Hargreaves 1990), or « the countreproductive efforts of “controlling”

principals » (Blasé & Blasé, 1997; Fennell, 1992). Sans doute, les idéologies découlent de

l'expérience dans une société qui socialise les individus à apprendre les rôles appropriés dès le

début, et dans lequel les hommes occupent des postes de statut plus élevé et les contraintes dont

les femmes font face en raison de leur sexe, à l'école et au travail ( Hubbard & Datnow 2000).

En outre, les enseignants réfutent les changements de deux façons: la politique institutionnelle

et de politique culturelle. La résistance est alors reliée à ce qui compte comme intellectuelle de

transformatrice. Les deux types de résistance peuvent conduire à un engagement des

Page 62: Langue de spécialité, didact

62

enseignants à agir pour contrer les barrières idéologiques. Possibilités contre- hégémoniques,

puis, devient une potentialité réelle (Kanpol 1989).

5.1. Les enseignants du cycle moyen et la réforme

La majeure partie de la composante des enseignants d’anglais dans les collèges algériens

(près des trois quarts cf. Benabed 2008) se compose d’une génération qui a commencé ce

métier dans les années 70 et 80, et qui est en fin de sa carrière professionnelle.

La résistance pour cette tranche d’enseignants n’est pas uniquement due aux facteurs âge et

aux étapes de la vie et de la carrière comme il est souligné par Huberman :

« It is also related to what teachers experience generationally—memories formed

and situated in particular historical periods that retain and sometimes increase in

importance as these teachers mature ». (1989: 315)

En fait, c’est une construction professionnelle faite tout au long d’une carrière qu’il faut

procéder à sa déconstruction afin de construire d’autres représentations, savoirs et savoir-faire

(CECR 2001). Plus exactement, il s’agit d’un engagement progressif de l’enseignant dans une

démarche d’acquisition de nouveaux savoirs le plaçant dans une dynamique professionnelle

qui, sans aucun doute, sera déterminante dans toute sa carrière. Conscient de ce que peut

engendrer la destruction, le rejet des mémoires et des représentations des enseignants, nous

devons œuvrer pour une coexistence pour assurer une meilleure transition.

5.2. Attentes nouvelles pour les enseignants

Les programmes de formation des enseignants devraient prendre en ligne de compte les

nouvelles orientations pour offrir aux enseignants une formation axée sur le développement des

compétences professionnelles et des pratiques d’enseignement adaptées qui répondent aux

réalités nouvelles.

La conception actuelle de la formation des enseignants considère que le processus de

formation est un continuum dans la carrière de l’enseignant constituée par des phases de travail

et des phases de perfectionnement qui se déroulent dans des moments et des espaces variés de

sa carrière. Ce fait demande une transformation substantielle dans les contenus et les

programmes élaborés et requiert de nouveaux fondements dans la relation au processus

formatif. (Tardif, Lessard & Gauthier 1998).

5.3. Des défis à relever

Différemment des futurs enseignants, qui assument un double rôle celui d’étudiants

« teacher training » (Wallace 1991 : 3) et celui d’enseignants au cours de leur formation, ceux

Page 63: Langue de spécialité, didact

63

en exercice devraient adapter, revoir, changer et innover leurs pratiques d’enseignement

« teacher development » (Ibidem). Il ne suffit pas d’énoncer des idées, des notions, des

concepts nouveaux pour que les représentations et les pratiques des enseignants suivent. Du fait

que ceux qui refusent d’adhérer ne fournissent aucun effort pour s’approprier ces nouveaux

paradigmes. En plus, ceux qui démontrent une disposition aux changements ont besoin de

temps pour les intégrer dans leur pratique. Un défi à relever, car comprendre ce qui se joue

dans le rapport enseignant et changement, c’est entrer dans ses représentations par rapport à

cette entité nouvelle du point de vue contenu, processus, compétence…que l’enseignant risque

de rejeter faute d’informations et /ou de formation suffisantes.

Les enseignants, quels que soient les insuffisances de leur formation et les conditions

d’exercice de leur profession, n’ont été que les exécutants d’une politique éducative top-down

décidée par les gestionnaires du secteur. En conséquence, ils ne pourraient être considérés

comme les premiers responsables des échecs observés. Mais, ils pourront jouer un rôle essentiel

dans la réussite des réformes à condition que les moyens leur permettant d’exercer

efficacement leur métier leur soient donnés. Il s’agit, tout d’abord, de les doter d’une formation

solide.

Conclusion

Les enseignants jouent un rôle principal dans la réussite ou l’échec de cette réforme. Ils

contribuent à façonner les générations d’algériens et, à ce titre, la société, en générale, et le

MEN, en particulier sont censés leur attribuer une reconnaissance toute particulière. Ils doivent

retrouver la considération sans laquelle ils ne peuvent accomplir dignement la haute mission

dont ils ont à la charge.

L’école algérienne a été soumise à plusieurs réformes successives pour répondre aux

exigences conjoncturelles. Le chapitre suivant exposera une rétrospective succincte sur ces

réformes diverses, la politique linguistique homologuée par l’État algérien à l’égard des

langues étrangères, leur statut et leur implication didactique sur la formation des enseignants.

Page 64: Langue de spécialité, didact

64

Chapitre IV

Les réformes éducatives et politiques linguistiques et leur implication

didactique sur les enjeux de la formation des enseignants

Introduction

La construction intellectuelle de l’espace mental de l’apprenant notamment, dans

l’apprentissage d’une/ des langue (s) étrangère (s) se définit comme l’ensemble des valeurs et

des attitudes linguistiques par lesquelles se manifestent un individu au sein de la communauté.

Jean-Pierre Cuq (1996 : 141) précise que : « la langue est le lieu où se focalisent les lignes de

force de l’individu ». Il n’est pas donc étonnant que l’école, lieu d’institutionnalisation des

apprentissages fondamentaux soit l’arène de reproduction et de transfert des valeurs (de la

langue) d’un côté, mais aussi le terrain de confrontation en faveur des transformations sociales

revendiquées, de l’autre côté.

Il existe plusieurs facteurs qui peuvent affecter l’attitude des apprenants, et agir de manière

cumulative sur leurs rapports aux langues. En effet, l’école apparaît comme le lieu où se

féconde et se transmet l’image de la société globale.

Il est plus que certain que tout enseignement qui se veut authentique et effective doit être

conçu et construit en tenant compte de la connaissance que les apprenants ont du monde qui les

entoure. Sans cela l’apprenant se trouverait dans une situation où il ne pourrait pas se servir de

ses acquis préalables et pourrait être confronté à des contenus d’apprentissage qui n’ont aucun

sens pour lui.

Donc, l’enseignant ne peut pas réussir son enseignement, même sa formation initiale et

continue ne pourraient pas être mises en place efficacement, si toutes les spécificités

diversifiées des apprenants ne sont pas prises en compte. Afin de dispenser un enseignement

efficace, il faudrait comprendre l’acte d’apprendre, l’école, les lois d’apprentissage, les savoirs

et les savoir-faire, pour appréhender des impacts de l’apprentissage d’une langue étrangère sur

la construction du savoir et du savoir-faire chez les apprenants.

Dans ce cinquième chapitre, nous aborderons les différentes lois, régissant l’organisation de

l’enseignement, la description du système éducatif algérien, les différentes réformes menées et

la politique linguistique ses fondements, ses orientations et ses implications didactiques.

Page 65: Langue de spécialité, didact

65

1. Le système éducatif algérien : finalités et objectifs généraux

Les textes de référence qui induisent la politique éducative de 1963, modifiés en 2008,

considèrent l’enseignement comme le facteur de base essentiel à tout changement économique

et social. L’ordonnance n° 76/35 du 16 avril 1976 a été, durant des années, le cadre de

référence de l’éducation et de la formation en Algérie. Cette ordonnance a introduit des

modifications radicales dans l’organisation de l’enseignement, dans le sens des changements

profonds intervenus dans les secteurs économiques et sociaux et à permis d’asseoir les choix et

les orientations fondamentaux régissant l’éducation nationale. L’application des dispositions de

cette ordonnance a débuté à partir de l’année scolaire 1980-81.

Suite aux changements opérés dans la Constitution algérienne de 1963, une nouvelle

ordonnance, n° 08-04 du 23 janvier 2008 [25

], portant loi d’orientation sur l’éducation

nationale, stipule que l’école algérienne à pour objectif de former un citoyen doté de repères

nationaux incontestables, capable de comprendre le monde qui l’entoure et en mesure de

s’ouvrir sur la civilisation universelle. Pour ce faire, la maîtrise d’au moins deux langues

étrangères s’avère nécessaire. L’article 7 précise que l’apprenant est placé au centre des

préoccupations de la politique éducative. À ce titre, l’école doit le doter de compétences

pertinentes, solides et durables susceptibles d’être exploitées à bon escient dans des situations

de communication authentiques. Dans son article 77, l’ordonnance précise que la formation

initiale de tous les corps d’enseignements est une formation de niveau universitaire. Cette

formation, de trois à cinq ans en fonction des cycles d’enseignement à encadrer, est désormais

assurée par l’université, avec des programmes spécifiques conjuguant la formation académique

et le savoir faire professionnel.

Les programmes de la formation initiale des enseignants visent à développer les

connaissances et les compétences en liaison avec la maîtrise du contenu disciplinaire, avec les

méthodes d’intervention pédagogique, avec le développement de l’aspect relationnel…etc.

1.1. Description

Au lendemain de l’indépendance, l’arabe devient langue nationale en Algérie, ce qui a causé

un changement dans l’enseignement du français. Le français se voit attribué plusieurs statuts.

Depuis quelques années, le français est « langue étrangère ». Ce foisonnement de statuts et de

dénominations atteste d’un certain « malaise ». En fait, c’est à partir de 1972, date de

[

25] Loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur l’éducation nationale.

Page 66: Langue de spécialité, didact

66

l’arabisation de l’enseignement, que le français se voit conférer le statut de langue étrangère

une (LE1).

L’enseignement en Algérie est structuré de la façon suivante :

a) L’enseignement préscolaire non obligatoire

b) L’enseignement fondamental, obligatoire et gratuit, d’une durée de 9 ans, réparti en 3

Paliers.

c) L’enseignement secondaire général et technique.

d) L’enseignement supérieur.

e) La formation professionnelle.

1.2. Les taux de scolarisation

a) L’enseignement préscolaire [26

]

Cet enseignement, gratuit et optionnel, concerne les enfants âgés de 4 à 6 ans et se déroule

dans deux types de structure :

- les classes préparatoires de certaines écoles primaires. Ces classes sont rares, seuls 4% des

élèves bénéficient d’un enseignement préscolaire ;

- les jardins d’enfants créés à l’initiative des collectivités locales ou les entreprises.

L’enseignement préscolaire est dispensé uniquement en langue arabe. Les programmes d’éveil

de la petite enfance vont de l’initiation à la lecture, l’écriture, les mathématiques aux activités

artistiques et ludiques en passant par l’apprentissage de versets du Coran.

b) L’enseignement fondamental

Dans l’enseignement fondamental officiellement, la scolarisation est obligatoire de 6 à 16

ans alors qu’en réalité la durée réelle de la scolarisation dans l’enseignement fondamental

s’étend de 5 à 19 ans. Cela est dû en grande partie au fort taux de redoublement, en particulier à

partir de la 6ème

année d’enseignement où il concerne 1/5ème

des élèves. Le taux de scolarisation

régresse d’un palier à un autre. Il est plus élevé dans le 1er

palier et diminue progressivement

dans les deux suivants. L’estimation de l’UNICEF (Évaluation de l’éducation pour tous à l’an

2000 : rapport des pays) fait état d’un taux net de scolarisation pour l’enseignement

fondamental d’environ 82 %, l’écart entre la scolarisation des filles et celles des garçons étant

[

26] La possibilité de créer des établissements d’enseignements préparatoires est donnée aux collectivités locales,

aux organisations de masse et aux entreprises économiques u secteur public. Le décret 92-382 du 19 octobre 1992,

portant organisation de l’accueil et de la garde de la petite enfance et le décret 04-90 Mars 2004 ont permis

l’émergence d’un secteur privé dans le domaine de l’enseignement préparatoire.

Page 67: Langue de spécialité, didact

67

assez faible (7%). Par contre il existe de grandes variations des taux de scolarisation selon les

wilayas (de 60 à 95%).

L’enseignement fondamental concerne les enfants âgés de 6 à 16 ans et représente l’étape

obligatoire de la scolarité. Il comporte 3 cycles de 3 ans chacun :

- le cycle de base, de la première à la troisième année ;

- le cycle d’éveil, de la quatrième année à la sixième année ;

- le cycle d’observation et d’orientation, de la septième à la neuvième année.

La fin de la scolarité obligatoire est sanctionnée par le Brevet d’Enseignement Fondamental

(B.E.F.) qui prend en compte les résultats acquis durant la 9ème

année de scolarité additionnés

aux moyennes obtenues à l’examen. À noter que plus de 64% des élèves quitteront l’école

fondamentale sans ce diplôme.

Les deux premiers cycles de l’enseignement fondamental se déroulent dans des écoles

primaires, l’enseignement du 3ème

cycle est dispensé dans des écoles complémentaires. Chaque

enseignant encadre plus de 28 élèves par classe.

c) L’enseignement secondaire

Dans l’enseignement secondaire théoriquement, la tranche d’âge de scolarisation dans

l’enseignement secondaire se situe entre 15 et 18 ans, mais en réalité cette tranche d’âge

s’étend de 14 à 21 ans. La scolarisation dans l’enseignement secondaire concerne à peine le

tiers de la population des élèves de 15 à 18 ans (25% dans l’enseignement général, 4% dans

l’enseignement technologique et 2% dans l’enseignement technique) (cf. annexe 7 schéma 1 p

383).

2. Brève rétrospective sur les réformes successives du système éducatif algérien

Le système scolaire algérien est composé de trois cycles d’enseignement. D’abord, un cycle

fondamental de scolarisation obligatoire de neuf années, allant de la première à la neuvième

année fondamentale (AF), dont les six premières années (de la 1re

AF à la 6e AF) sont

enseignées dans les anciennes écoles primaires et les trois dernières années (les 7e, 8

e et 9

e AF)

dans les collèges d’enseignement moyen. Suit un cycle secondaire général et technique de trois

années dont l’enseignement est dispensé dans les lycées et prépare au baccalauréat. La première

année secondaire (1re

AS) correspond à la classe de seconde française, la 2e AS à la première, et

la 3eAS à la classe de terminale.

Page 68: Langue de spécialité, didact

68

L’école fondamentale a été généralisée à partir de l’année 1982. Avant cette date,

l’enseignement était organisé en trois cycles comprenant un cycle primaire, un cycle moyen –

équivalent du premier cycle des collèges – et un cycle secondaire – équivalent du second cycle

des lycées. Ce système était proche de celui en vigueur en France. Dès la rentrée 2003-2004,

avec l’entrée en vigueur des nouvelles réformes de l’éducation, le système fondamental sera

appelé à disparaître progressivement, en faisant place à un cycle primaire de cinq ans – dit de

base -, suivi d’un cycle moyen de quatre ans – au lieu de trois avec le fondamental -, puis d’un

cycle secondaire de trois années sanctionné par l’examen du baccalauréat.

Une brève rétrospective sur le système éducatif en Algérie nous montre que celui-ci a été

ponctué par une série de réformes. En effet, les années de post indépendance ont été marquées

par un vaste processus de transformation socio-économique devant aboutir à l’émergence d’une

société nouvelle. Dans ce contexte, l’école algérienne se présente comme le lieu où

s’équilibrent les exigences parfois contradictoires de deux secteurs économique et social ayant

pour principal objectif d’une part de retourner aux sources de la culture arabo-islamique et

d’autre part de combler le retard pour être au diapason des pays développés, à haute civilisation

scientifique et technique. Ce processus repose sur quatre principes : 1) la démocratisation, 2)

l’algérianisation, 3) l’option scientifique et technique, 4) l’arabisation.

Le point relatif à l’arabisation retiendra notre attention parce qu’il répond à la mise en

œuvre de la politique linguistique. La décision initiale de restaurer la place de la langue arabe

dans le contexte global de l’Algérie ne pouvait que faire l’objet d’un consensus national, en son

principe, dans la mesure où la langue arabe est le véhicule d’une partie essentielle de la

tradition et la culture algérienne. Cette restauration nécessitait bien une décision politique.

Cependant, l »application de cette mesure aurait dû sortir du cadre des affrontements politiques

et tenir compte du contexte linguistique spécifique de l’Algérie. La politique d’arabisation s’est

traduite globalement par deux conflits : l’un qui opposait la langue arabe à la langue française,

l’autre qui opposait cette langue aux dialectes arabes et berbères.

Ces conflits de nature politique ont relégué à l’arrière plan les aspects pédagogiques et

culturels de l’opération, si bien que le bilan des expériences débouche sur une constatation

largement partagée d’une baisse de niveau qui se traduit par une absence de maitrise des

langues étrangères, et des situations d’échecs vécues par les apprenants.

2.1. Entre 1962 et 1971

À la première rentrée scolaire de l’Algérie indépendante en octobre 1962, des enseignants

appartenant à trois corps différents, les moniteurs, les instructeurs et les instituteurs prenaient

Page 69: Langue de spécialité, didact

69

leur fonction dans les différentes écoles du pays. Les moniteurs sont recrutés au niveau du

certificat de fin d’études (CEP) et les instituteurs sont recrutés au niveau de brevet de

l’enseignement moyen. Par contre, les instituteurs ont été formés à l’école normale [27

]. Il y

avait au recrutement de ces enseignants (moniteurs) d’un niveau scolaire équivalent au

certificat de fin d’études primaires élémentaires une raison simple : remplacer les enseignants

français, qui dès juillet 1962 avaient quitté l’Algérie, et rendre possible la réouverture des

écoles ; il s’agissait d’une mesure d’urgence. Ces enseignants étaient au nombre 10.988 (soit

50,2% des enseignants de l’école primaire) en 1962-63. Leur nombre s’élève à 16.748.

Avant l’institution du concours national en mai 1973, les enseignants moniteurs, recrutés

sur une simple décision de l’inspecteur d’académie par défaut de diplômes, se voyaient confier

des enseignements en arabe ou en français, suivant qu’ils avaient été scolarisés dans une

institution traditionnelle (Zaouia ou école coranique), ou dans une école publique de la période

coloniale où le français était la langue unique d’enseignement.

Pour pallier les insuffisances didactiques et pédagogiques et préparer les enseignants aux

différents examens, des chantiers culturels, des cours par correspondance [28

], et des séminaires

ont été organisés pour préparer les enseignants à l’examen professionnel tel que le Certificat de

Culture Générale et Professionnelle. À partir de 1964, la création d’un réseau de Centres de

Formation Culturelle et Professionnelle donnait aux moniteurs en exercice la possibilité de

suivre des cours du soir donnés généralement par des instituteurs ; cet enseignement les

préparait principalement au CCGP. Les moniteurs reçus à cet examen sont titularisés dans le

corps des instructeurs. Enfin, à partir de 1967, des centres de perfectionnement furent créés ; on

y détachait les meilleurs élèves, après l’examen, pour une année de stage entièrement consacrée

à la préparation du CCGP.

En 1968-69, sur 36.255 enseignants du primaire, on compte 14.573 moniteurs, 14.790

instructeurs et 6.892 instituteurs. Les chiffres montrent la progression des effectifs entre 1962

et 2002 par cycle d’enseignement.

À partir de 1964, le ministère des affaires religieuses a ouvert les instituts islamiques dont le

principal débouché est l’enseignement de l’arabe. Ils sont dessous et intégrés dans

l’enseignement national le 16 avril 1976. Parallèlement des ITEs sont mis en place dès la

rentrée 1968-69 pour former des enseignants de divers rangs.

[

27] Créées dès l’indépendance (1962), les écoles normales formaient des enseignants du cycle primaire jusqu’en

1970

[28

] Un organe crée en février 1964, qui fut remplacé en 1965 par l’école de travail, contenait des leçons et des

exercices destinés à aider les moniteurs à préparer leur examen professionnel, le Certificat de Culture Générale et

Professionnelle (CCGP). Il comprenait aussi souvent des éditoriaux et des articles de portée, éthique ou politique.

Page 70: Langue de spécialité, didact

70

Pour pallier le manque en enseignants du secondaire et universitaire, le MEN a fait appel aux

enseignants coopérants. Les enseignants étrangers venaient pour la plupart des pays européens,

notamment de France, et pour partie des pays du Moyen-Orient, principalement l’Egypte, la

Syrie et l’Irak, qui ont fourni d’importants contingents à l’enseignement de l’arabe, dans le

primaire d’abord, puis le secondaire et le supérieur.

2.2. Entre 1971 -2003

C’est au courant des années 1970 que les réformes les plus importantes sont mises en

œuvres : dès l’année scolaire 1971 pour l’enseignement supérieur, 1976 pour l’enseignement de

base, et 1979 pour l’enseignement secondaire et la formation professionnelle, réformes reprises

et élargies en 1984. La réforme de l’enseignement supérieur avait pour but une extension des

filières scientifiques et surtout technologiques dans l’université, une modulation des

enseignements permettant des troncs communs interdisciplinaires très important, la mise en

œuvre du plein-temps universitaire pour les enseignants et la participation des étudiants dans

des équipes pédagogiques censées suivre le développement des filières et des profils de

formation. Depuis 1984, cette réforme a été poursuivie dans le domaine de la post-graduation

avec, là aussi, une extension des filières technologiques et surtout une tentative de lier

systématiquement les enseignements de post-graduation et les programmes de recherche

financés dans les universités et ces programmes eux-mêmes avec les impératifs de la

production.

Enfin, la loi de 1984 fait obligation aux établissements d’enseignement supérieur

d’organiser des programmes de formation continue destinés aux cadres moyens des entreprises

et des exploitations agricoles.

À partir de 1976, la mise en place de l’école fondamentale a eu pour objectif de fournir un

enseignement de base de neuf ans à tous les inscrits et l’introduction de l’enseignement

technique ayant pour objectif de diffuser la culture technique chez les apprenants, par la

multiplication des activités d’éveil et d’enseignement ouvert sur le milieu, en particulier au

cours du 3ème

Cycle de l’école fondamentale.

Enfin, à partir de 1979, des mesures sont prises pour l’extension et la transformation des

filières des programmes d’enseignement technique dans l’enseignement secondaire.

En raison de son caractère tardif, la mise en œuvre des réformes a été rendue difficile et

plusieurs contraintes se sont faites jour. Deux problèmes principaux méritent d’être signalés ici.

Le premier problème est celui de la qualité de l’éducation de base. Beaucoup

d’observateurs du système éducatif algérien ont noté que l’extension rapide des effectifs de

Page 71: Langue de spécialité, didact

71

l’enseignement de base n’a pas favorisé, loin de là, la qualité de l’enseignement fondamental ce

qui a constitué un obstacle pour le développement de la formation professionnelle ultérieure,

quel que soit le niveau.

Le second problème, qui évidemment aggrave le premier, est celui de l’encadrement : on le

retrouve dans l’éducation de base, dans la formation professionnelle courte, l’enseignement

secondaire ; général et technique, mais aussi dans les filières scientifiques et techniques

supérieures. La question de l’encadrement n’est pas simplement de nature quantitative. Elle a

des aspects qualitatifs et organisationnels évidents.

2.3. Depuis 2003 [29

] à nos jours

Le contexte dans lequel a été engagée la réforme du système éducatif algérien se caractérise

par un ensemble de facteurs internes et externes. S’agissant des premiers, on peut citer d’une

part l’avènement du pluralisme politique qui implique l’intégration par le système éducatif du

concept de démocratie et, par conséquent, la formation des jeunes générations à l’esprit citoyen,

et d’autre part, l’abandon de l’économie dirigée et des modes de gestion centralisée et

l’instauration progressive de l’économie de marché. S’agissant des derniers, ils se caractérisent

par la mondialisation de l’économie, le développement rapide des connaissances scientifiques

et technologiques ainsi que des moyens modernes d’information et de communication à grande

échelle.

L’ensemble de ces facteurs constitue de nouveaux enjeux dans le processus de

développement du système éducatif où l’école est appelée à relever l’ensemble des défis qui

s’imposent à elle. Les implications des mutations institutionnelles, sociales et culturelles sur

l’école sont évidentes. Bien que celle-ci ne soit jamais qu’un produit de la société à laquelle

elle appartient, elle doit avoir aussi l’ambition de faire progresser cette société dans ses savoirs

et savoir- faire.

Une réforme globale visant l’édification d’un système éducatif cohérent et performant

s’impose donc aujourd’hui pour permettre à la société algérienne de faire face aux multiples

défis du 21ème

siècle en réalisant les conditions scientifiques et technologiques susceptibles de

lui garantir un développement durable.

[

29] Loi n° 03-14 du 25 octobre 2003 portant approbation de l’ordonnance n° 03-09 du 14 Joumad Ethani 1424

correspondant au 13 août 2003 modifiant et complétant l’ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976 portant

organisation de l’éducation et de la formation.

Page 72: Langue de spécialité, didact

72

À partir de là, assurer une éducation tournée vers le développement et le progrès, implique

l’émergence des valeurs propres au travail, à la production, à l’intelligence, tous éléments qui

privilégient les critères de compétence et de qualification en permettant la constitution d’un

potentiel scientifique et technique crédible. L’enseignement scientifique et technologique n’est

pas réductible à la transmission de connaissances précises dans les disciplines scientifiques et

techniques, mais vise surtout l’acquisition de compétences qui plus tard permettront aux

individus de trouver pleinement les utilisations variées des connaissances scientifiques acquises

dans leur vie scolaire, sociale et professionnelle.

L’élément humain central dans le processus de réforme est sans nul doute l’enseignant qui

doit satisfaire aux exigences de qualité et de compétence, tant au plan académique que

pédagogique.

Dans ce cadre, le Ministère de l’Education nationale a mis en place un plan national

pluriannuel pour la formation académique des enseignants [30

], formation visant une plus

grande maîtrise des contenus à enseigner. Il œuvre par ailleurs, à doter les enseignants d’une

qualification pédagogique et méthodologique nécessaire à la conduite d’activités

d’enseignement et d’apprentissage efficientes, en vue d’améliorer le rendement pédagogique de

la classe.

Il est de plus en plus impressionnant de constater que la mondialisation est devenue l’objet

d’une réflexion didactique dans la mesure où elle met en évidence les enjeux de la promotion

des langues étrangères. La valorisation actuelle des langues étrangères provient de la demande

d’une société désirant être à jour. Autrement dit, apprendre une et a fortiori plusieurs langues

étrangères, c’est donner à l’apprenant les moyens d’élargir son horizon, d’avoir des échanges

personnels ou professionnels avec les interlocuteurs étrangers.

Parallèlement aux phénomènes de mondialisation et de globalisation des marchés

économiques, on assiste aussi à l’émergence d’un marché des langues qui provoque de

nouvelles réflexions didactiques en exhortant les spécialistes à innover dans leurs démarches

afin de répondre aux besoins du public. Dans un tel contexte, il est à souligner que

l’apprentissage des langues étrangères est dicté par les paramètres d’importance et de

[

30] D’après la déclaration du ministre de l’éducation nationale, 242.000 enseignants des cycles primaire et moyen

nécessitent une formation pour pouvoir mettre en œuvre les réformes. Selon le premier responsable du secteur, le

cycle primaire compte une population d’enseignants dont 13% sont des licenciés, 20% sont des bacheliers par

contre le reste, soit 67%, a un niveau qui varie entre terminale et quatrième année moyenne. Pour ce qui est du

cycle moyen 14% des enseignants ont la licence, et 31% ont le baccalauréat. Par contre 54% ont des niveaux

d’instruction qui varient entre quatrième année moyenne et terminale. El Watan 01.6.2005

Page 73: Langue de spécialité, didact

73

rentabilité, c’est-à-dire que les individus ainsi que les politiques prospectent les langues qui leur

sont les plus utiles, les plus avantageuses et mettent en œuvre des méthodes et des stratégies

pour parvenir à suivre l’évolution sociale et mondiale.

À l’instar des autres langues, l’anglais demeure une langue de communication d’une

importance capitale surtout avec l’ouverture du marché algérien dans tous les secteurs,

économique, culturel, politique, etc.

Une analyse sommaire des données (cf. tableau 3 annexe 6 p. 382) permet de conclure que

deux changements importants ont été opérés, ce qui prouve l’importance attribuée aux deux

langues étrangères. En effet, la langue française (LE1) est entamée dès la troisième année

primaire au lieu de la quatrième année, et la langue anglaise (LE2) dès la première année

moyenne, avec une augmentation dans les volumes horaires. Ainsi le français gagne une année

d’étude avec un volume de 112 heures, et l’anglais gagne deux années d’études avec un volume

horaire de 84 heures. Par contre, la langue maternelle perd 716 heures pendant les neuf ans (cf.

tableau 1 annexe 6 p 372).

3. Le passage des programmes basés sur les contenus au curriculum

Conduire la réforme d’un système éducatif est une tâche complexe (Seghouani 2005).

Généralement, lorsqu’on parle de réforme, on pense à une réforme des programmes scolaires,

interprétée par des instructions destinées aux enseignants pour qu’ils puissent adapter les

contenus de leurs enseignements aux nouvelles orientations.

Depuis quelques années, la notion de programme a évolué, et elle a cédé la place, dans les

systèmes éducatifs nouveaux d’un grand nombre de pays, à celle de curriculum qui propose une

vision plus large et plus complète du programme scolaire.

En effet, alors que le programme se limite à un répertoire de finalités, d’objectifs à

atteindre, et de contenus à maîtriser, le curriculum est un ensemble complexe dont le

programme n’est qu’un élément. En outre des composantes du programme, le curriculum

comprend des indications sur les profils d’entrée et de sortie des apprenants, mais aussi sur les

méthodes pédagogiques, sur les modalités d’évaluation et sur les supports didactiques à mettre

en œuvre pour atteindre les finalités que le système s’est fixées.

Le curriculum met davantage l’accent sur les processus et sur les besoins, plutôt que sur les

contenus. Dans la notion de curriculum, il y a la notion de parcours de formation de

l’apprenant, qui se traduit par des indications des caractéristiques du processus de formation,

Page 74: Langue de spécialité, didact

74

couvrant à la fois l’objet des apprentissages, les modalités selon lesquelles l’élève est évalué, à

des fins certificatives ou formatives, ou encore les supports didactiques dont-il dispose.

Différemment des programmés basés sur le contenus, le curriculum est plus fortement

contextualisé (Miled 2005 : 125) dans la mesure où il est régit par un grand nombre de

paramètres tels que le nombre d’années de chaque cycle, le moment de l’introduction des

différentes langues, la structure des enseignements, les valeurs socioculturelles spécifiques au

pays, etc.

L’introduction de la notion de curriculum dans le système éducatif algérien bien qu’elle a

rendu les perspectives plus globales, et plus cohérentes, elle n’en a pas facilité le pilotage de la

réforme, puisque plusieurs facteurs sont à prendre en compte. La réforme s’opère à partir de

l’école comme toile de fond. Elle comprend des changements à la fois au niveau des

curriculums, de l’évaluation des acquis des apprenants, de la formation des enseignants et des

moyens didactiques appropriés.

Sept ans après le lancement de la réforme du système éducatif, le temps est venu de dresser

un bilan d’étape de ce qui a été réalisé et de tirer les leçons qui s’imposent. Dans son esprit, la

réforme du système éducatif est un processus permanent ; dans sa lettre, elle nous oblige à être

à l’écoute de tous les partenaires pour mettre en évidence les déficiences afin d’entreprendre les

réajustements qui s’imposent.

4. La politique linguistique et culturelle

La politique linguistique (désormais PL) est généralement définie comme l’ensemble des

choix conscients qui régissent les rapports langue(s)/structure sociale ; menée surtout par l’État,

elle a pour effet de créer les conditions de la promotion et de l’expansion de certaines langues

et corrélativement les conditions d’exclusion et de régression d’autres langues (V. Calvet

1993).

La proposition soutenue ici est que dans les formations sociales où n’existe pas une culture

du consensus, les choix de la PL sont faits sur la base d’une conscience de classe ou d’ethnie et

visent à structurer la vie sociale en agissant sur les langues en présence selon les intérêts des

groupes dominants. En somme, dans les deux concepts opératoires ici sont, respectivement,

conscients et conscience.

Cette proposition se trouve renforcer, successivement, par ce qui suit : (i) les langues en

présence dans le contexte linguistique algérien, (ii) les propriétés sociolinguistiques de ces

langues, (iii) les fondements de et les modalités pratiques d’exécution de la PL. et (iv) les

orientations de la PL et l’explicitation des enjeux sous-jacents de cette politique. Deux

Page 75: Langue de spécialité, didact

75

implications sont à dégager de cette étude, l’une empirique et l’autre théorique. Sur le plan

méthodologique, l’examen mené en ii)-(iii) se fonde sur une approche documentaire, l’analyse

suggérée en (iv) est fondée sur des études empiriques dans le cadre de l’évaluation qualitative

de la PL menée en Algérie

Avant d’entrer ex abrupto dans le vif du sujet et en vue d’aborder à proprement parler la PL

algérienne, dressons d’abord de façon succincte, le panorama des différentes variétés

linguistiques qui caractérisent l’état du marché linguistique (Bourdieu 1982) afin de cerner les

langues en présence, leur statut et leurs fonctions sociolinguistiques.

4.1. Les langues en présence dans le contexte algérien

Le panorama linguistique algérien se caractérise par la coexistence d’une variété langagière

découlant de son histoire et de sa géographie. En fait, le plurilinguisme, en contexte algérien,

s’organise autour de trois sphères langagières constituées de l’arabe, du berbère et des langues

étrangères.

En l’état actuel des choses, deux langues sont reconnues comme étant langues nationales.

L’arabe qui se subdivise en deux variétés, standard (AS) et l’arabe dialectal (AD). Le berbère

(B) [31

] qui se compose de trois géolectes : le Tamazight [32

], parlée et enseignée dans les

régions de la petite et grande Kabylie (Tizi ouzou, Bouira, Bejaia…), le Chaouia, langue

employée dans la région des Aurès (Batna, Sétif..), le Mozabit, langue usitée dans le sud du

pays (Ghardaia, Metlili, Goléa, etc.) et le Touareg limité aux régions de l’extrême sud du pays

(Illizi, Tamanrasset…) (cf. carte 1 annexe 11 p 427). Deux autres langues caractérisent le

paysage linguistique algérien, le français première langue étrangère et l’anglais deuxième

langue étrangère.

Dans la pratique de tous les jours, l’arabe dialectal algérien (ad-dãrija) [33

], langue

maternelle d’une grande partie d’algériens, demeure la langue la plus répandue parmi les

locuteurs algériens. Il s’agit d’un métissage langagier, composé d’une diversité de langues et de

dialectes à savoir arabe, berbère, français et anglais, qui sert de moyen de communication. En

fait, ce dialecte, de création algérienne, est qualifié d’ « une langue patch-work, ni arabe, ni

berbère ni français-devenir celle d’une large frange de jeunes algériens » K. Taleb-Ibrahimi,

[

31] La langue Berbère est proclamée comme deuxième langue nationale à côté de l’arabe, loi 02-03 du 10avril

2002 (Article 1er

, il est ajouté un article 3 bis ainsi conçu : « Art. 3 bis : Le tamazight est également langue

nationale. L'État œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur

le territoire national.»

[32

] Le Tamazight est actuellement enseigné dans trois sur les 48 wilayas du pays, avec un nombre d’inscrits qui

atteint 66000 élèves. Le Chaouia et le Touareg sont aussi enseignés mais pas le Mozabite.

[33

] La « ad-dãrija » est un terme qui recouvre les dialectes, résultant d’une interférence linguistique entre les

langues locales ou voisines. (Wikipédia).

Page 76: Langue de spécialité, didact

76

(1998 : 228). Cette variété (ad-dãrija) composée de différents dialectes et langues, partagée

communément par la majorité des algériens, véhicule une culture riche et variée. De surcroît,

les parlers algériens symbolisent et témoignent d’une résistance face à l’uniformisme que prône

le pouvoir en place à leur égard.

Cette situation sociolinguistique, à la fois diversifiée et complexe, caractérisant le contexte

algérien, est perçue comme une richesse du paysage linguistique algérien. Dans la pratique,

cette richesse fructifie et nourrit le plurilinguisme.

Malgré cette situation sociolinguistique complexe, l’Algérie a adopté la politique

d’unilinguisme qui consiste à favoriser une seule langue sur les plans politique, juridique,

social et économique, tout en éliminant progressivement la langue française et en disqualifiant

les langues populaires.

4.2. Les propriétés sociolinguistiques des langues dans le contexte algérien

Les langues en présence se distinguent des points de vue de l’histoire, de leurs structures,

de leur degré d’usage et de leurs fonctions sociolinguistiques :

Le berbère constitue la langue autochtone, l’arabe est introduit progressivement entre le

VIIIe siècle et le XVe siècle, le français est implanté en terre algérienne durant la période

coloniale (1830-1962), alors que l’anglais a fait son entrée tout récemment.

Ces langues appartiennent à des familles linguistiques distinctes : l’arabe est une langue

sémitique, le berbère est une langue chamito-sémitique, le français quant à lui est une langue

romane.

Le degré d’usage des langues n’est pas le même : l’arabe dialectal (ad-dãrija) est parlé par la

majeure partie de la population, le berbère [34

] par les habitants des régions de la Kabylie, des

Aurès, et du sud et l’arabe standard par une minorité d’algériens. Le français, première langue

étrangère, et l’anglais, deuxième langue étrangère, sont des langues d’une certaine classe.

Ces langues ont également des fonctions distinctes : l’arabe dialectal (ad-dãrija) et le berbère

sont des langues maternelles vernaculaires. L’arabe standard constitue la langue officielle : le

français et l’anglais sont des langues étrangères, le français, en plus d’être une matière scolaire,

constitue un outil de travail dans l’enseignement technique et scientifique, l’anglais n’est plus

qu’une matière scolaire dans l’enseignement public. En outre, dans les pratiques langagières

des locuteurs, ces langues sont en rapport de diglossies emboitées (Chaudenson 1996 : 115-

[

34] Le berbère est une des branches de la grande famille linguistique Chamito-sémitique où « Afro-asiatique »

selon la terminologie américaine initiée par J. Greenberg qui comprend, outre le berbère : le sémitique, le

couchitique, l’égyptien « ancien » et, avec un degré de parenté plus éloigné, le groupe « tchadique ». Chaker, S.

2003. « Le berbère », In Les langues de France. Paris : PUF : 215-227.

Page 77: Langue de spécialité, didact

77

126) ou enchâssées (Calvet 1987). La diglossie la plus courante est la diglossie arabe dans

laquelle l’arabe standard constitue la variété haute, elle bénéficie du prestige que lui confère

son statut de code liturgique et de la langue officielle des institutions étatiques. L’arabe

dialectal est une langue vernaculaire car non standardisée, mais assure de facto une fonction

véhiculaire dans la mesure où il est l’idiome le plus largement employé par les algériens dans

les situations de la communication orale. Le berbère est un vernaculaire régional employé

surtout dans les régions de Kabylie, des Aurès et au sud. Le français, qui a considérablement

perdu de son importance depuis l’indépendance, et l’anglais constituent les premières langues

étrangères : ils sont utilisés dans l’enseignement supérieur technique et scientifique.

Le statut conféré à ces différentes langues, les usages sociaux qui en sont faits ainsi que

leurs fonctions sociolinguistiques concourent à leur assigner des valeurs sociales et

symboliques inégales. Si telle est la réalité sociolinguistique, dans quelle mesure est-elle

conçue et gérée par la politique linguistique algérienne ?

4.3. Les fondements de la politique linguistique

La politique linguistique est, en fait, portée, investie et alimentée par des valeurs

sociolinguistiques, des attitudes et une idéologie. La configuration sociolinguistique que la

politique linguistique cherche, en général, à modifier et objet de représentations

communautaires. Ces représentations qu’ont les usages de leur langue et d’autres langues avec

laquelle celle-ci est en conflit et les attitudes ainsi engendrées, sont autant d’éléments clés dans

l’évaluation de la concurrence et la réussite ou l’échec d’une politique linguistique.

En Algérie, la politique linguistique est marquée par les ambivalences et les incohérences

d’une période historique dominée par le conflit entre le discours idéologique des élites arabistes

en faveur de l’arabe standard, les résistances locales en faveur du berbère et de la dépendance

économique, culturelle et stratégique à l’égard de la France qui conforte le français.

De façon générale, le rapport des locuteurs algériens à la langue française repose en

permanence sur la question de la place et de la prépondérance de la culture française dans le

contexte sociolinguistique algérien. Ce n’est pas le système linguistique en lui-même et encore

moins le statut des locuteurs dans ce système qui pose problème, mais l’attitude politico-

idéologique à ce que cette langue charrie comme culture, qui soulève des questions obsédantes.

Le choix de cette politique de monolinguisme s’explique par les enjeux politique et historique.

Page 78: Langue de spécialité, didact

78

4.3.1. Les orientations de la politique linguistique

Depuis la première constitution (1963), l’État algérien a opté pour l’arabe en tant que

langue nationale et officielle (Constitution algérienne art. 3) du pays ; conformément à cette

promulgation l’arabe standard acquiert un statut de jure ayant la vertu de s’imposer d’emblée

dans les institutions comme l’unique langue légitime par le moyen des appareils idéologiques

d’État. Aussi l’arabisation des institutions constitue-t-elle l’axe majeur sur lequel s’articule la

politique linguistique officielle, elle a pour objectif de faire de l’arabe standard l’unique langue

de travail dans les différentes institutions, notamment dans le système éducatif, l’administration

et les médias.

L’arabisation des sciences humaines, politiques et juridiques a créé des divisions, voire des

affrontements, au sein de la communauté universitaire entre trois courants : arabophone,

francophone et berbérophone.

Après une terrible décennie, meurtrière et barbare, que l’Algérie a connue, il semble qu’un

changement dans la perception des statuts des langues du pays caractérise le discours officiel

algérien: on est passé du monolinguisme à la reconnaissance officielle du tamazight comme

langue nationale et, timidement, à la reconnaissance pragmatique des langues étrangères, à

savoir le français et l’anglais.

4.3.2. Bilan sur la politique linguistique et culturelle

II est difficile de faire un bilan exhaustif de la politique linguistique et culturelle suivie

depuis 1962. On peut dire qu’elle est fondée essentiellement sur le monolinguisme : « une

langue = une Nation », elle a privé le pays du multilinguisme pourtant bien réel dans la société

algérienne (arabe dialectal, arabe classique, berbère, français d’Algérie). Ce choix repose, on

l’a vu, sur l’héritage historique et sur la confusion entre arabisation [35

] et algérianisation [36

].

Sur le plan culturel, le bilan se lit dans l’échec des efforts répétés de définition et de proposition

d’une culture « nationale » fondée sur l’âge d’or de l’Islam au lieu de tenir compte de la

diversité culturelle du pays. Vraisemblablement, cette politique linguistique, fondée sur une

arabisation totale et radicale, avait pour but l’occultation de la langue autochtone tamazight.

[

35] L’arabisation est constituée des mesures politiques et culturelles destinées à promouvoir la langue arabe. De

nos jours, elle a lieu dans les régions ou les pays où l’on considère qu’elle a plus au moins été délaissée au profit

d’une langue issue de la colonisation occidentale. Cette politique tient rarement compte des langues parlées avant

l’arrivée de la langue arabe et largement utilisées en Afrique du nord (Berbère), au moyen orient (Kurde). De fait

les non arabophones s’opposent à l’arabisation et réclament les mêmes droits culturels et linguistiques. Wikipédia

[36

] Le remplacement du personnel étranger par des spécialistes algériens. L’algérianisation des cadres à tous les

niveaux est un impératif que s’assigne aujourd’hui l’université. (Queffélec & al. 2002 : 163)

Page 79: Langue de spécialité, didact

79

L’efficacité de la politique linguistique ne dépend pas uniquement de la pertinence ou de la

non pertinence de son discours mais qu’elle est évaluée selon les résultats qu’elle produit. Nous

pensons que la réussite des apprentissages scolaires des langues est tributaire des

représentations, des capacités et des pratiques auxquelles se livrent les apprenants.

De surcroît, dans le contexte algérien, le projet national éducatif doit être articulé avec le

projet socioculturel et politique pour aboutir sur une réussite certaine. Surtout maintenant que

tous les États sont confrontés à une mondialisation rampante qui impose les lois du marché

(Dourari 2004 : 15).

L’apprentissage des langues étrangères ne se limite pas exclusivement à la connaissance

approfondie de ces langues en tant que système mais implique l’ouverture sur d’autres cultures

et donc la capacité à appréhender les différences culturelles, d’autres systèmes de valeurs, de

normes et de comportements linguistiques.

Apprendre une langue vivante étrangère, c’est aller à la rencontre de modes d’appréhension

du monde et des autres qui peuvent tout d’abord paraître déroutants. Il ne suffit pas de savoir

prononcer quelques phrases pour être à l’aise dans une langue étrangère ; il est nécessaire d’en

connaître non seulement les pratiques sociales, mais aussi l’arrière-plan culturel. A cet égard, si

la vie courante peut servir à l’apprentissage dans une réalité quotidienne, elle ne saurait

constituer l’unique point de référence. La réalité de l’aire culturelle concernée, tout autant que

sa dimension imaginaire à travers la littérature, les arts, les traditions et les légendes, sont des

domaines permettant d’ouvrir l’enfant et l’adolescent à des différences fécondes indispensables

à la formation de citoyens responsables.

5. Politique linguistique et implication didactique

Les bouleversements du monde contemporain et leurs impacts sociolinguistiques

provoquent des interrogations et des implications inédites en didactique des langues. Il est

devenu nécessaire d’articuler sociolinguistique et macro-didactique. Cette articulation entre

sociolinguistique et didactique requiert/implique un effort de contextualisation et des moyens

d’enseignement en vue de leur adéquation aux diverses situations socio-politiques et

culturelles. Il s’agit de repenser une didactique contextualisée qui prendra en ligne de compte la

perspective historique de l’enseignement.

Ainsi, la politique linguistique et éducative sont mises à contribution dans ces évolutions,

comme en témoigne par exemple pour les situations en Europe la réalisation du « Guide pour

l’élaboration des politiques linguistiques-éducatives » (Beacco & Byram : 2002). Toute prise

Page 80: Langue de spécialité, didact

80

en compte de la complexité langagière conduit, inévitablement, à des choix de politique

éducative, et par conséquent à des choix didactiques.

De ce fait, la didactique ne peut plus se retrancher derrière une neutralité technique et

penser ses objets d’enseignement/apprentissage eux-mêmes sans relation à une politique des

langues (Coste 2006 : 11-25). La diversité des contextes et des contacts de langues et la

complexité des trajectoires individuelles interpellent une didactique homogénéisante fondée sur

les principes universalistes. Donc, des approches empiriques minutieuses, attentives aux

contextes locaux pour repenser les modèles didactiques, s’avèrent souhaitables. En d’autres

termes, un aménagement linguistique du champ de recherche théorique et empirique le plus

directement en prise avec les questions que soulève la définition d’une politique

d’enseignement des langues s’impose. En fait, la volonté politique est sans conteste le facteur le

plus important qui conditionne la réussite des objectifs de la réforme.

L’articulation entre les enjeux socio-politiques et les enjeux didactiques débouchent sur une

déclinaison de méthodes et de modèles. Par conséquent, l’enjeu de la formation des enseignants

s’impose avec acuité pour la mise en œuvre de ces méthodes et modèles.

L’intervention de la didactique des langues est censée gérer les parcours et les répertoires

langagiers pluriels des individus, tout en favorisant le développement de leur compétence

plurilingue. La mise en œuvre d’une telle didactique relève à la fois de méthodologies

plurielles, les approches plurielles (Candelier 2008 : 65-90), et d’une restructuration

curriculaire, articulant les diverses variétés langagières et des disciplines dans un curriculum

langagier global (Coste & al. 2007).

Conclusion

Dans le cadre des mutations imposées par la mondialisation, la réussite de la PL pour les

langues étrangères en Algérie est tributaire d’une prise en charge à la fois des enjeux

didactiques et de la formation des praticiens.

Dans le chapitre suivant, nous analyserons l’impact des facteurs internationaux dans le

contexte de la mondialisation et son impact sur les enjeux de la formation des enseignants par

rapport à sa politique et sa structure.

Page 81: Langue de spécialité, didact

81

Chapitre V

La mondialisation et son impact sur les enjeux de la formation des enseignants

Introduction

Le processus de mondialisation impose des mutations profondes à la société algérienne

avec une redéfinition des valeurs, des échanges et de la fonction même de l’enseignement

supérieur et de la recherche. L’implication de ces mutations qui s’effectuent à l’échelle

mondiale, conduisant vers de nouvelles orientations pour les politiques économiques nationales

qui impactent toutes les institutions, y compris l’école et ses systèmes de gestion. La

mondialisation altère les principes et les perspectives des systèmes éducatifs nationaux au

travers des réformes inscrites sur les agendas, d’où la convergence de phénomènes politiques

publiques en découle. La disparité croissante entre les exigences imposées aux enseignants et

leurs possibilités effectives constitue les noyaux centraux des problèmes éducationnels. Tous

ces changements sont en train de produire une profonde pression sur les systèmes éducatifs, qui

à leur tour sont en train de modifier la demande de l’enseignement, le fonctionnement de

l’école dans ces relations avec d’autres institutions et d’autres acteurs sociaux et le rôle des

enseignants.

Le processus de la mondialisation, dont il y a lieu de penser que c’est lui qui, plus que tout

autre, modifie fondamentalement la question de l’enseignement des langues étrangères, est en

cours d’accélération. Les enjeux de l’enseignement des langues étrangères doivent être replacés

dans les réformes parce que les langues étrangères continuent d’occuper une place importante

en Algérie, ainsi que le précise Rabah Sebaa :

« Sans être officielles, elles véhiculent l’officialité, sans être les langues

d’enseignement, elles restent des langues privilégiées de transmission du savoir,

sans être les langues d’identité, elles continuent de façonner de différentes

manières et par plusieurs canaux l’imaginaire collectif, sans être les langues de

l’université, elles demeurent les langues de l’université ». (El Watan du 1er

septembre 1999 : 7)

Les langues étrangères se précisent irrévocablement comme une nécessité si nous voulons

évoluer dans un monde en perpétuelle métamorphose. Il est bien connu que le monde où nous

vivons assiste à des changements vertigineux sous l’effet de la globalisation notamment dans

les domaines économique, culturel, éducatif et social. Il est indéniable que la langue anglaise,

langue utilisée dans tous les secteurs de la vie à l’échelle internationale, est en vogue. Dans ce

contexte, la formation des enseignants d’anglais reste une question d’actualité pour faire face

aux différents changements.

Page 82: Langue de spécialité, didact

82

Dans ce chapitre V, nous exposerons les différents dispositifs et les contenus de la

formation initiale des enseignants, son impact sur les pratiques enseignantes, la politique

homologuée, les conditions d’accès et la durée des études.

1. La formation des enseignants dans le contexte des politiques mondiales

La formation des enseignants commence à apparaître dans la scène mondiale avec une

priorité des politiques publiques mettant en avant la réponse aux nouvelles exigences et défis

qui sont posés à l’école. Ces politiques sont formulées au niveau mondial en visant

l’adéquation de l’école au scénario qui est en train de s’établir, dès lors que les structures des

programmes scolaires sont modifiées et les enseignants ont besoin d’adapter leurs pratiques

enseignantes au modèle suggéré. Chaque période historique est soutenue par des paradigmes

qui émergent conformément à la dynamique de la société et qui requièrent d’être compris, car

tout changement est sous-tendu par une finalité. Nous ne pouvons ignorer que nous vivons dans

un monde traversé par des valeurs globales, une culture du marché, de l’efficience, de la

compétence qui entrent dans l’école. Dans ce scénario, les enseignants se trouvent confrontés

aux défis à plusieurs égards. La formation peut généralement être classée en deux types : la

formation initiale et continue. La formation initiale est plus de nature académique et est offerte

par des institutions officielles qui suivent les programmes définis pour une durée déterminée

couronnée par un diplôme. La formation continue, d’autre part, est proposée par l’organisation

de temps à autre de séminaires, d’ateliers et de séances de travail pour le développement des

compétences et des connaissances des titulaires.

1.1. La formation initiale

La formation initiale est un processus par lequel les individus sont prêts à entrer dans un

certain type de travail professionnel. Ils doivent suivre des cours réguliers dans une institution

formelle et la nécessité d’achever un programme précis et court avec succès visant à obtenir un

diplôme. Il faut reconnaitre que cette formation est largement insuffisante pour installer les

compétences profondément, durablement et efficacement.

En effet, nul ne peut prétendre que la formation initiale, à elle seule, forme les enseignants

aux réformes du système éducatif. Certes, celle-ci joue un rôle important dans cette entreprise,

mais il importe que les responsables de la formation continuée prennent le relais. A notre sens

l’intervention des opérateurs de la formation continuée devrait se faire le plutôt possible dans le

parcours professionnel des jeunes enseignants et que cette intervention devrait être organisée en

collaboration avec les opérateurs de la formation initiale.

Page 83: Langue de spécialité, didact

83

Le rôle de la formation initiale à l’université est certes de former les futurs enseignants aux

réformes du système éducatif ; cela étant, et c’est sans doute là l’une des spécificités de la

formation universitaire, le rôle de notre formation initiale est aussi d’amener les futurs

enseignants à poser un regard critique sur les réformes du système éducatif.

1.2. La formation continue et de perfectionnement du personnel enseignant

Si la formation initiale est considérée comme étant le principal dispositif de formation des

enseignants, le système de formation continue et de stages prend, depuis quelques décennies, de

plus en plus de l’ampleur. Il est devenu impossible d’ignorer que la durée de vie d’une

formation professionnelle est désormais réduite à quelques années. Un effort de formation et

d’apprentissage continu est nécessaire pour s’adapter aux changements que connaît la société

sous l’effet de la mondialisation. Cet effort n’est supportable et faisable que dans la mesure où

les enseignants disposent d’un certain recul par rapport à leurs propres compétences, et de

méthodes de raisonnement qui leurs permettent d’acquérir de nouvelles compétences

professionnelles dans le cadre d’une formation continue. Dans le contexte actuel, la profession

enseignante doit évoluer et être soumise à des mises à jour constantes pour que les praticiens

soient en mesure d’affronter de nouveaux défis, pour occuper l’espace qui leur revient dans ces

réformes.

Pour cette raison, on constate de plus en plus que la formation et le perfectionnement des

enseignants sont des défis majeurs qui se posent aux gouvernements et aux institutions de

formation des enseignants (Robinson & Latchem 2003, Nzomo, Kariuki & Guantai 2001).

Parmi ces défis, le fossé croissant entre l’offre et la demande d’enseignants, la demande

croissante pour des enseignants et des formateurs d’enseignants de meilleure qualité.

La formation continue est un processus de perfectionnement du personnel dans le but

d’améliorer leur performance. Il favorise l’épanouissement des individus. « Il s’agit d’un

programme destiné à renforcer les compétences des agents de vulgarisation alors qu’ils sont

sur le tas » (Malone 1984 : 209). La formation continue est un problème centré et axé sur

l’apprenant, et les séries limitées dans le temps des activités qui offrent la possibilité de

développer un sens du but, d’élargir la perception de la clientèle et d’augmenter la capacité

d’acquérir des connaissances et la maîtrise des techniques.

Cette formation continue peut globalement être classée en cinq types différents : (1) une

formation d’orientation ou, (2) la formation de base, (3) la formation sur le tas, (4) de recyclage

ou de formation à la maintenance, et (5) la formation de développement de carrière.

Page 84: Langue de spécialité, didact

84

Tous ces types de formation sont nécessaires pour le bon développement du personnel de

vulgarisation au long de leur durée de vie.

La formation continue des enseignants a pour objectif de « doter les enseignants des

compétences professionnelles indispensables à une constante adaptation aux évolutions du

système éducatif et à la réussite de tous les élèves » (cité dans http// : eduscol.education.fr/d003

consulté le 15.5.2010).

2. La politique de la formation

À l’heure actuelle, on parle beaucoup de mondialisation. Celle-ci appelle des réajustements

des politiques et des pratiques de formation et demande aux systèmes éducatifs de s’adapter :

les objectifs et les contenus de l’éducation font donc l’objet de réflexions fondamentales.

Depuis sept ans, l’Algérie s’est engagée dans un chantier de grande envergure s’inscrivant dans

un dispositif de changement, de refonte et de réajustement au niveau de tous les secteurs. Par

conséquent, le secteur éducatif dans sa globalité s’est inscrit dans un procédé de changement

visant une véritable homogénéisation entre les différents cycles d’enseignement et l’élaboration

d’une pédagogie raisonnée des langues en contact. Cette entreprise suppose que la tutelle

(MEN) reconsidère de manière cohérente les contenus et les programmes afin qu’ils soient

adaptés aux besoins des apprenants, en construisant des démarches en fonction de leurs

niveaux, selon les contextes d’enseignement.

La nouvelle mission de l’école algérienne est de prendre de plus en plus conscience des

défis auxquels elle fait face, défis aussi bien internes qu’externes. Les défis internes sont à la

fois ceux qu’inspire l’état actuel de l’école et ceux portés par la société elle-même. D’un côté, il

s’agit tout d’abord de recentrer la mission de l’école sur ces tâches naturelles : l’instruction, la

socialisation et la qualification. Il s’agit ensuite de préparer le système éducatif à affronter les

défis liés à la modernité, au parachèvement de la démocratisation de la scolarisation, à la

qualité en faveur d’un plus grand nombre d’apprenants, ainsi qu’à la maîtrise des sciences et de

la technologie.

Enfin, il faut prendre en charge les nouvelles exigences découlant des changements

économiques, institutionnels, sociaux et culturels survenus en Algérie au cours de ces dernières

années. Dans ce sens, il revient à l’école d’imprégner les apprenants de la culture

démocratique, et de l’esprit de tolérance et de dialogue, en somme de les préparer à l’exercice

de l’esprit de la citoyenneté.

D’un autre côté, le système éducatif dans son ensemble, doit relever des défis d’ordre

externe : celui de la mondialisation de l’économie qui engendrera, sans aucun doute, des

Page 85: Langue de spécialité, didact

85

exigences de qualification de haut niveau, celui de la société de l’information et de la

communication qui va modifier les modes d’enseignement ; celui enfin de la civilisation

scientifique et technique qui favorisera l’émergence d’une nouvelle forme de société, celle du

savoir et de la technologie.

Conscients de ces défis, les concepteurs des dernières réformes (MEN 2003) ont assigné à

l’école algérienne les missions suivantes :

- de construire une société démocratique capable de préserver sa culture, de s’ouvrir sur

le monde en intégrant les valeurs universelles ;

- former des compétences à même de valoriser le potentiel algérien dans un contexte

universel.

Pour concrétiser ces objectifs, seuls une école moderne et un personnel d’enseignants

professionnels sont à même d’y parvenir. Ceci dit, le personnel enseignant doit consentir un

effort de renouvellement de leurs compétences et de leurs attitudes afin de former des

apprenants capables de relever les défis à venir. Pour ce faire, le perfectionnement

professionnel, attendu de la part des enseignants, ne doit pas se limiter à une actualisation des

compétences des enseignants et que l’accent doit être mis sur les apprentissage qui débouchent

sur des améliorations durables des pratiques de l’école. Ce perfectionnement professionnel doit

être envisagé dans une perspective de transformation radicale de l’organisation et des méthodes

de l’école.

2.1. Structure de la formation

La politique de la formation a été déterminée durant les deux premières décennies qui ont

suivi l’indépendance par une dynamique essentiellement quantitative impulsée pour le

développement des effectifs d’apprenants résultant des effets progressifs de démocratisation de

l’éducation. Pour ce qui est de l’enseignement primaire et moyen, les ITEs, relevant du MEN

étaient chargés de la formation des enseignants. Quatre types d’enseignants étaient pris en

charge par ces instituts : les maîtres d’enseignement fondamental du 1er

et 2ème

paliers (MEF),

les maitres d’adaptation scolaire (MAS), les agents techniques de laboratoire (ATL), et les

professeurs d’enseignement fondamental 3ème

palier (MEF). Le nombre de ces instituts est

passé de 29 en 1976 à 51 en 1991-92. Sur les 48 wilayas, seules 11 n’était pas dotées d’instituts

de formation. Les grandes villes telles qu’Alger, Constantine, Oran, Annaba, etc., comptait un

maximum de trois établissements chacune. Ces instituts formaient des enseignants pour

l’enseignement fondamental pendant une année de 1970 à 1980 et pendant deux années de

1981 jusqu’en 1999.

Page 86: Langue de spécialité, didact

86

La formation des enseignants du secondaire pour l’enseignement général et technique était

assurée principalement par l’université pour la période allant de 1962 à 1984. Jusqu’à la rentrée

universitaire 1984-85, l’école normale supérieure (ENS) était chargée de la gestion

administrative des élèves professeurs et l’université étant chargée du suivi pédagogique.

Compte tenu des besoins de l’enseignement secondaire, la formation se faisait en trois années.

L’objectif derrière la formation accélérée des enseignants de l’enseignement secondaire était de

répondre au manque de personnel enseignant.

Les cadres pédagogiques des divers niveaux d’enseignement reçoivent des cours théoriques

et suivent des stages pratiques pour une durée qui va d’une à quatre années de formation selon

la nature de l’établissement et le niveau de sortie visé.

2.2. Conditions d’accès et durée des études

2.2.1. Les instituts de technologie de l’éducation

Comme il est indiqué auparavant, les ITEs, créés en 1970 [37

], étaient chargés de la

formation des enseignants intervenant dans l’enseignement fondamental.

a. Maître d’enseignement fondamental (MEF)

Les postes ouverts étaient destinés aux titulaires d’un niveau de 4ème

année moyenne. Cette

politique de recrutement des MEF a duré presque jusqu’à la rentrée 1992-93 où le niveau de

terminal fût exigé pour les postulants. Avec les nouvelles réformes de 2003, le baccalauréat est

exigé pour les candidats, et la durée de la formation passe de deux à trois ans.

b. Professeurs d’enseignement fondamental (PEF)

Les conditions d’accès aux instituts de technologie de l’éducation (ITE) pour le diplôme de

professeur d’enseignement fondamental (PEF) exigeaient le niveau de terminale pour tous les

candidats et ce en application de la réglementation qui a géré cette formation de 1970 date de la

création de ces instituts jusqu’en 1992. C’est à partir de cette date que le baccalauréat fût exigé

pour les candidats. Un classement des candidats étaient effectué sur la base des notes obtenues

à l’examen du baccalauréat dans les matières de base de la filière considérée. La durée de la

formation est passée d’une année entre 1970 à 1980, à deux ans entre 1980 à 2002 et à trois ans

depuis 2003 jusqu’au jour d’aujourd’hui. Nous tenons à préciser que la première cohorte des

enseignants d’anglais était formée en 1974. En outre, ces instituts n’assurent plus la formation

des PEF. Celle-ci est actuellement assurée par l’université pour une durée de quatre années.

[

37] Journal officiel n°23 de la république algérienne, ordonnance n°69-106 du 26 décembre 1969 portant création

des instituts de technologie, modifiée par l’ordonnance n° 70-78 du 11 novembre 1970.

Page 87: Langue de spécialité, didact

87

c. Professeurs du secondaire (PES)

Les conditions d’accès à la formation universitaire pour le grade de professeur

d’enseignement secondaire (PES) exigeaient le bac en plus d’une formation d’une durée de

trois ans. Cette réglementation est restée en vigueur jusqu’en 1982, ou la durée de formation est

passée de trois à quatre années. Avec les nouvelles réformes, la durée est augmentée d’une

année ; bac + 5.

2.2.2. Les universités : L’état des lieux

Le système universitaire actuel connaît des difficultés, tant au plan structurel et

organisationnel des établissements qu’au plan pédagogique et scientifique des formations

dispensées, notamment ;

a) En matière d’accueil, d’orientation et de progression des étudiants Il est à relever :

- un accès à l’université, basé sur un système d’orientation centralisé, ayant atteint ses

limites, et induisant une légitime frustration et menant à des impasses exprimées par un

important taux d’échec et un séjour prolongé des étudiants,

- un mode de progression annuelle rigide générant une importante déperdition, accentué

par les effets négatifs d’une réorientation le plus souvent par l’échec ;

- un système d’évaluation qui sanctionne lourdement la réalisation effective des

programmes d’enseignement ;

- une offre de formation à l’entrée de l’université en inadéquation avec les référentiels

des compétences inclus dans les cahiers des charges ;

b) En matière d’architecture et de gestion des enseignements Il est à noter

- une architecture tubulaire ;

- des parcours de formation cloisonnés n’offrant que très peu de passerelles ;

- une gestion du temps pédagogique souvent peu rationnelle en raison du volume horaire

contraignant et de sessions d’examens multiples et étalées pénalisant le travail

personnel de l’étudiant et réduisant le temps imparti aux enseignements.

c) En matière d’encadrement et de qualification personnelle, il est à observer

- un taux d’encadrement insuffisant résultant d’une faible productivité de la formation

post-graduée et de la déperdition due à un exode massif d’enseignants chercheurs ;

- des formations mono disciplinaires ne permettent pas l’acquisition d’une culture

générale et d’une formation diversifiée, gages d’une ouverture d’esprit et une

adaptabilité dans la vie professionnelle ;

Page 88: Langue de spécialité, didact

88

Compte tenu de ce constat, il est clair que la réforme à mettre en œuvre devra toucher à la

fois l’architecture des formations, les contenus pédagogiques des différents curriculums,

l’organisation pédagogique, les modes d’orientation et la gestion des différentes structures

pédagogiques et de recherche

Les difficultés mis en évidence rendent nécessaires et urgent de faire sortir l’université

algérienne de la crise qu’elle traverse en la dotant des moyens pédagogiques, scientifiques,

humains, matériels et structurels qui lui permettront de répondre aux attentes de la société tout

en s’intégrant au système international de l’enseignement supérieur.

À la lumière des recommandations de la Commission Nationale de Réforme du Système

Educatif (CNRSE), permettant d’apprécier objectivement les multiples contraintes et les

correctifs introduits pour permettre à l’université de jouer le rôle qui est le sien dans le

processus de développement à dynamique accélérée dans lequel s’est engagé le pays et des

directives du plan de la mise en œuvre de la réforme éducative (2003), il a été décidé

« l’élaboration et la mise en œuvre d’une réforme globale et profonde des enseignements

supérieurs, dont la première étape est la mise en place d’une nouvelle architecture des

enseignements, accompagnée d’une actualisation et mise à niveau des différents programmes

pédagogiques, ainsi que d’une réorganisation de la gestion pédagogique ».

Loin d’être un simple effet de mode, il s’agit, face à un monde caractérisé sur le plan

économique par les règles impitoyables du marché, et sur le plan scientifique et technologique,

par l’explosion des connaissances :

- de concilier les exigences légitimes de la démocratisation de l’accès à l’enseignement

supérieur avec celles nécessaires d’une qualité de formation ;

- de donner aux notions de compétition et de performance tout leur sens ;

- de participer au développement durable du pays ;

- de développer les mécanismes d’adaptation continue aux évolutions des professions ;

- de consolider sa mission culturelle par la promotion des valeurs universelles

qu’exprime l’esprit universitaire notamment celles de la tolérance et du respect

d’autrui ;

- de construire les compétences professionnelles permettant aux étudiants de s’adapter

aux situations multiples de la vie professionnelle.

Jusqu’en 1992, les universités assuraient uniquement la formation des professeurs

d’enseignement secondaire (PES). La durée de cette formation est passée de trois à quatre ans.

Un état des besoins est exprimé annuellement par le MEN. L’inscription en licence

Page 89: Langue de spécialité, didact

89

d’enseignement est soumise à un certain nombre de conditions pédagogiques (cf. critères

d’orientation p 186) que tout bachelier postulant à une licence d’enseignement devra remplir.

Suite aux réformes de 2003, tous les enseignants opérant au niveau des collèges et des

lycées devraient être titulaires d’une licence d’enseignement.

En contexte de formation visant le développement professionnel, Perrenoud (2002 : 80-104)

relève un certain nombre de changements de rôles pour les formateurs d’enseignants.

L’enseignant-chercheur de l’université ne peut plus se contenter d’enseigner des savoirs, il doit

contribuer à la construction des compétences.

2.3.2. L’Institut National de Formation du Personnel de l’Éducation (INFPE)

La formation du personnel d’encadrement pédagogique se fait au centre national de

formation des cadres de l’éducation nationale (INFPE) [38

]. Actuellement le centre dispense

deux types de formations, l’une, d’une durée de deux ans, pour les inspecteurs du premier et

deuxième palier (IEP) et l’autre, d’une année, pour les inspecteurs du troisième palier (IEM).

Par contre, les inspecteurs de l’enseignement secondaire (IEN) [

39] sont affectés sur postes sans

passer par une formation préalable.

L’admission en section de formation des inspecteurs se fait sur la base d’un concours

national, et ce suite à une étude des dossiers.

Cette formation des inspecteurs vise leur professionnalisation dans une perspective d’un

pilotage renforcé du système éducatif. Elle les dote d’une culture commune de responsabilité et

d’engagement personnel. Elle répond aussi à l’exigence d’adaptabilité du service public et dote

l’encadrement des outils nécessaires à la conduite du changement.

La formation s’inscrit dans le principe de la formation tout au long de la carrière

professionnelle en développant les compétences nécessaires à l’exercice du métier et en offrant

aux agents une formation d’accompagnement tout au long de leur vie professionnelle.

La formation statutaire des personnels d’inspection revêt un caractère obligatoire et

s’effectue durant l’année qui suit l’admission au concours de recrutement. Elle s’effectue sur

plusieurs lieux et selon les modalités différentes. L’ensemble constitue un parcours tenant

[

38] Vu le décret n° 81-125 du 20 juin 1981, modifié, portant création de l’Institut National de Formation du

Personnel de l’Education (Journal officiel n°6)

Vu le décret n° 81-127du 20 juin 1981, modifié, portant création de centre régionaux de formation des cadres

de l’éducation (Journal Officiel n°6)

Vu le décret n°81-128 du 20 juin 1981, portant organisation de la formation, sanction des études et statut des

élèves des centres régionaux de formation des cadres de l’éducation (Journal Officiel n°6)

[39

] Vu le décret n° 81-216 du 22 août 1981, modifié, portant création d’un corps d’inspecteurs de l’éducation

nationale (journal officiel n°6)

Page 90: Langue de spécialité, didact

90

compte au mieux de la spécificité des stagiaires, mise en évidence lors de la période du

positionnement.

3. La réglementation de la formation initiale

L'accès à la formation initiale dans les établissements de formation des enseignants est régi

par une réglementation dûment établie et publiée dans le Journal Officiel n°6. Toute dérogation

à cette réglementation est "considérée comme nulle et non avenue". La réglementation de la

formation initiale trouve son émanation dans le statut Général de la Fonction Publique, dans le

statut particulier du personnel enseignant, dans les textes portant création d'établissements de

formation d'enseignants et dans les textes fixant les conditions d'accès, les contenus, durée et

évaluation de la Formation.

La réglementation de la formation fixe également le statut de l'école ou de l'élève -

enseignant dans l'établissement pendant la formation et garantit son emploi à l'issue de la

formation et son classement dans le cadre correspondant à cette formation.

La formation continue au profit des enseignants en poste se limite à de brefs exposés de six

jours par an (2 jours pour chaque trimestre) animés par les inspecteurs. Ils consistent à

transmettre les nouvelles directives en matière pédagogique.

3.1. Contenus de la formation initiale et continue des enseignants d’anglais

Tous les enseignants d’anglais, du secondaire ainsi que du moyen, sont actuellement formés

au niveau des différentes universités du pays. La formation initiale s’étale sur 4 années. Les

trois premières années sont consacrées exclusivement à l’approfondissement des connaissances

théoriques des matières concourant au profil visé. Il leur est consacré en moyenne un volume

horaire hebdomadaire de 28 heures. La formation professionnelle n’est entamée qu’en

quatrième année.

Le renforcement des compétences disciplinaires est clairement explicite dans les

programmes de formation actuellement en cours (cf. maquette des cursus annexe 5 p 375-380).

Par maîtrise des savoirs il est entendu l’amélioration et l’approfondissement des connaissances

des enseignants stagiaires dans la matière qu’ils auront à charge à leur sortie de l’université. Si

cet aspect de maîtrise prédomine dans la structure des programmes de formation des

enseignants d’anglais, la formation professionnelle est aussi prise en charge. En effet, les

enseignants stagiaires ne doivent pas seulement assimiler des savoirs pour eux-mêmes mais

chercher à les communiquer de la meilleure manière aux apprenants.

Page 91: Langue de spécialité, didact

91

Un seul parcours est proposé et aucun module ne permet un choix optionnel entre les

enseignements relevant de la licence d’anglais.

3.2. Structure des enseignements

Les enseignements auxquels les étudiants s’inscrivent doivent correspondre aux parcours de

formation définis par ou avec les équipes de formation. Un diplôme de licence est délivré

lorsque les étudiants obtiennent une moyenne générale égale ou supérieure à 10/20 dans le

cadre du parcours de formation reconnu par l’équipe de formation de licence. Les quatre années

de licence sont organisées en deux semestres chacune, soit 8 semestres à valider au total. Les

enseignements sont semestriels pour faciliter l’orientation progressive des étudiants. Chaque

semestre comporte 12 à 14 semaines d’enseignements. A l’issu de chaque semestre, il est

procédé aux examens.

3.2.1. Modules d’enseignement

Les enseignements sont organisés en modules. Les modules sont acquis lorsque la somme

globale des notes obtenues est égale ou supérieure à 10 /20, mode de compensation. Le

maintien des notes obtenues sera précisé dans les modalités de contrôle spécifiques à chaque

année.

3.2.2. Modes de contrôle

L’acquisition des connaissances est appréciée par deux examens terminaux, EMD 1 EMD2,

à la fin de chaque semestre et un DS généralement au mois de Juin de chaque année. En plus,

des épreuves de session de rattrapage sont organisées au profit des étudiants recalés en

septembre. Pour obtenir le diplôme de licence, les étudiants doivent avoir validés les 8

semestres de licence.

3.2.3. Contenus à visée disciplinaire

Les contenus des curricula de la formation initiale des enseignants d’anglais focalisent

essentiellement sur la maîtrise de la langue cible. Les modules qui concourent au

développement des compétences linguistique, pragmatique et sociopragmatique bénéficient

d’un volume horaire de 2100 heures, soit un taux de 88,23% du volume global (cf. annexe 5

tableau 11 p 379).

La maquette du cursus de première année de licence comprend 8 modules, 7 d’entre-eux

intègrent les enseignements traditionnels relevant du champ disciplinaire et s’appuient

notamment sur les savoirs disciplinaires : linguistiques, phonétiques,…et totalisent un horaire

Page 92: Langue de spécialité, didact

92

global de 19h30/hebdomadaire. Le module d’arabe 1, à raison d’une séance de

1h30/hebdomadaire, est obligatoire (cf. annexe 5 tableau 1 p 375).

La maquette du cursus de deuxième année de licence d’anglais se compose de 10 modules.

Neuf modules focalisent sur les savoirs disciplinaires : syntaxiques, phonologiques,

linguistiques, civilisationnels, littéraires, etc. pour un volume horaire de 22h30/hebdomadaire.

Le module d’arabe 2 bénéficie d’un volume horaire hebdomadaire de 1h30/hebdomadaire. On

s’aperçoit que le volume horaire de deuxième année à augmenter de 3 heures/hebdomadaire par

rapport au volume de première année (cf. annexe 5 tableau 5 p 376).

La maquette de troisième année de licence d’anglais contient 10 modules dont 9 modules

ciblent l’approfondissement des savoirs disciplinaires : phonologiques, linguistiques/

sociolinguistiques, littéraires, civilisationnels et psychologiques. Pareil, le module d’arabe

bénéfice d’une séance de 1h30/hebdomadaire. On remarque que le volume horaire de la

troisième année de licence augmente de 4h 30, il passe de 24h30 à 28h30 (cf. annexe 5 tableau

5 p 377).

Finalement, la maquette de quatrième année de licence d’anglais comprend 6 modules y

compris le module d’arabe 4, totalisant un volume horaire de 10 h/hebdomadaire. Ils

concourent pour l’approfondissement des savoirs disciplinaires : linguistiques, littéraires,

civilisationnels et l’introduction du module de TFEL avec 3 heures/hebdomadaire et un stage

hebdomadaire d’une heure (cf. annexe 5 tableau 7 p 378).

3.2.4. Contenus à visée professionnelle

Entamé en quatrième année, le contenu de la formation professionnelle est organisé de la

façon suivante (cf. annexe 5 tableau 11 p 379).

- Psychologie et pédagogie générale à raison de trois heures hebdomadaires durant la

troisième et la quatrième année de la formation (cf. annexe 5 tableau 11 p 379).

- Pédagogie spéciale et didactique de la discipline de spécialisation à raison de 10,52% du

volume horaire global des quatre années de formation.

- Stages de pratique dans les lycées et les collèges à raison de 01,17%

Cette formation n’occupe qu’un pourcentage très limité du volume horaire global, soit 280

heures sur un volume horaire global de 2380 (11,76%).

Le système d’études est un système modulaire, les modules étant annuels et affectés de

coefficients différents. Les modalités d’organisation des études et de passage des étudiants sont

régies par la Décision Ministérielle n°151 du 02.11.1998, modifiant et complétant la Décision

Page 93: Langue de spécialité, didact

93

n°128 du 17.9.1998, ainsi que la Décision n°127 du 13.9.1998 relative à l’évaluation des

études.

3.3. La formation initiale et son impact sur les pratiques des enseignants

Tout d’abord, il faut reconnaître que la formation initiale n’est plus considérée comme étant

de nature à permettre aux enseignants d’exercer dans leurs classes jusqu’à leur retraite. La

conception de celle-ci est conçue pour accompagner les enseignants à appréhender le nouveau

métier et par la même de s’y préparer : les doter de connaissances de base, une formation

méthodologique rigoureuse, une part est consacrée aux stages dans les classes d’enseignants

chevronnés ou du moins désignés par l’autorité scolaire, et particulièrement par les inspecteurs.

La formation initiale, pour presque son intégralité, se déroule à l’université. C’est les

enseignants universitaires qui encadrent les enseignants stagiaires. Pour les sept premiers

semestres (cf. maquette du cursus universitaire p 376-380), la formation initiale est théorique,

centrée principalement sur l’approfondissement des savoirs disciplinaires. Le contact des

enseignants stagiaires avec le terrain ne se fait que pendant le septième et dernier semestre. Les

enseignants chargés d’accompagnés les stagiaires apportent un versant pratique à ce qui

pourrait être considéré comme étant trop théorique. Une dichotomie théorie/ pratique se dessine

dans les esprits, la théorie à l’université et la pratique aux établissements scolaires désignés

pour celle-ci.

Les différentes réformes en éducation ont entrainé des changements majeurs dans la

formation initiale. Avant ces transformations, la grande majorité des enseignants en service

(Benabed 2008 : 109) a eu sa qualification dans des ITEs ex-écoles normales. La formation

professionnelle consistait donc à apprendre aux élèves-enseignants des recettes, des façons de

faire comme le système éducatif reproduisait des situations immuables dans l’espace et dans le

temps.

Le dispositif de formation au sein de ces instituts se résumait en un modelage, au sens

béhavioriste du terme de (Bandura 1980). Un enseignant encadreur (chevronné) transmettait

son savoir-faire à l’élève-enseignant. Une simple imitation du modèle prévalait.

La formation initiale des enseignants revêt aujourd’hui davantage un caractère universitaire

qui utilise beaucoup plus le savoir-faire des sciences appliquées que le savoir des disciplines à

enseigner.

Page 94: Langue de spécialité, didact

94

4. La réglementation de la formation continue

La politique de formation continue des enseignants algériens d’anglais poursuit

essentiellement deux objectifs : améliorer la formation et la réussite des apprenants, améliorer

et valoriser la qualité professionnelle des enseignants.

Cette politique de formation continue s’adresse à tous ceux qui s’intéressent ou participent à

la formation continue des enseignants.

Le dispositif de la formation continue des enseignants est généralement lié à l’introduction

des nouvelles réformes de 2003. Un plan d’urgence a été mis au point pour assurer la formation

de tous les enseignants en exercice [40

]. Seule la formation en cascade pouvait assurer la

formation en quatre ans des 13.000 enseignants d’anglais. Les formateurs (inspecteurs) ont été

formés, à leur tour ces formateurs ont assuré la démultiplication auprès des enseignants qu’ils

encadrent.

5. La formation continue et son impact sur la pratique des enseignants

L’enquête menée auprès des enseignants du collège (Benabed 2008) nous a permis d’avoir

des appréciations divergentes sur la qualité de la formation. Les trois quarts (3/4) des

enseignants touchés par l’enquête ont déclaré que la formation ne répondait pas à leurs attentes.

La totalité de ces enseignants (PEF) semble résister aux changements par peur de

déstabilisation. Par contre le reste (1/4) des enseignants (PCEF) démontre une disponibilité

évidente aux changements. La réaction de ces jeunes enseignants était beaucoup plus positive

que celle des anciens (PEF). On peut par ailleurs souligner que les méthodes mise en œuvre

durant ces séminaires de formation focalisent sur les méthodes sollicitant une participation

active, ce qui a requis pour beaucoup d’enseignants une rupture par rapport aux pratiques

auxquelles ils étaient habitués. Ce qui n’est pas du goût des anciens enseignants.

En fait, ces stages de formation ont constitué davantage une initiation qu’une formation, un

début d’appropriation des objectifs, des contenus et des méthodes propres aux nouveaux

programmes, plutôt que l’acquisition des compétences nécessaires qui leur permettront de les

mettre en œuvre.

[

40] Selon une source du MEN, 242.000 enseignants, en exercice, ont besoin d’un recyclage. El Watan du

01.6.2005 D’après le rapport national sur les objectifs du Millénaire pour le développement, l’effectif global d’élèves, de

stagiaires et d’étudiants dans l’ensemble du système éducatif s’élève à près de 9 millions de personnes,

représentant plus de 27% de la population totale. L’encadrement est assuré par plus de 375 000 enseignants. Le

financement du système est essentiellement supporté par l’Etat qui lui a consacré une enveloppe représentant 18,4

% de ses dépenses budgétaires et 5,8 % du PIB. (2004 :28)

Page 95: Langue de spécialité, didact

95

L’absence de suivi a été souvent évoquée parmi les faiblesses qui ont caractérisé la

formation continue et qui ont compromis son impact sur la pratique enseignante et par

conséquence l’apprentissage des apprenants. La formation dispensée ne faisait l’objet d’aucune

activité de suivi destinée à aider les enseignants à appliquer en classe les compétences acquises,

ni une activité d’évaluation portant sur le niveau d’application et l’impact de la formation

reçue.

Les attentes exprimées (Benabed 2008 : 139) par les enseignants ont été unanimes sur la

nécessité de poursuivre ces formations, et ont fait apparaître le risque de déperdition des acquis

si, cette formation se limitait à ces quelques stages en cascade.

6. La recherche en didactique et pour la didactique au profit la formation des

enseignants

L’approche par les compétences désigne un certain mode de conception de

l’enseignement/apprentissage. Elle tend à s’imposer très largement dans les systèmes éducatifs,

appelés à produire des individus non seulement savants, mais aussi compétents. Dans une

approche systémique, Boudreault illustre les interactions entre les éléments qui composent une

compétence professionnelle, ainsi que leur rapport avec le contexte lié aux groupes sociaux

vers lesquels la formation oriente les individus (cf. annexe 7 fig. 1 p 378). Selon lui, « une

formation sans savoir-faire produirait un travailleur connaissant, une formation sans savoir

produirait un travailleur exécutant et une formation sans savoir-être produirait un travailleur

performant » (2002 : 25). Limitée simplement aux savoirs, la formation, telle qu’elle est

conçue, ne serait capable de former des enseignants compétents.

La formation initiale et continue, conçue dans une perspective de continuum, devrait être

conçue d’une manière à produire des enseignants compétents, capables de se perfectionner

professionnellement et continuellement. Être compétent ne se limite pas à la possession des

connaissances ou des capacités, mais comme disait Le Boterf :

« C’est l’actualisation de ce que l’on sait dans un contexte singulier (marqué par

des relations de travail, une culture institutionnelle, des aléas, des contraintes

temporelles, des ressources) qui est révélatrice du « passage » à la compétence.

Celle-ci se réalise dans l’action ». (1994 : 16)

En outre, la formation ne devrait pas seulement focaliser sur un ensemble d’activités qui

préparent des enseignants à gérer un programme d’enseignement et à obtenir les résultats

escomptés en matière d’apprentissage, elle doit aussi conduire à la compréhension du monde

socioculturel dans lequel les enseignants exercent leur profession. Il est important de former

des enseignants qui identifient, comprennent et adaptent leur enseignements aux besoins d’une

Page 96: Langue de spécialité, didact

96

population d’apprenants diversifiée. En d’autres termes, ceci requiert un ajustement constant

aux données contextuelles fournies dans l’expérience concrètes des situations d’enseignement-

apprentissage. L’enseignant (e) doit être considéré (e) comme un (e) enseignant (e) apprenant

(e) perpétuel (le).

La formation continue a pour mission de permettre aux formés de dépasser les questions qui

se posent à propos de leur fonctionnement pédagogique, de se départir d’anciens schémas de

pensée et de fonctionnements pour en adapter de nouveaux.

Pour ce faire, les acteurs de la formation des enseignants, qu’ils soient décideurs,

formateurs ou usagers, sont conduits à s’interroger, aujourd’hui plus que jamais, sur les enjeux,

les contenus, les modalités, les démarches, les stratégies de la formation professionnelle initiale

et continue des enseignants.

En outre, la conception d’une formation continue, qui se veut efficace et effective, devrait

associer le collectif des enseignants et leurs chefs d’établissement à l’école d’abord, et son

milieu ensuite, en vue d’améliorer les résultats scolaires et de donner aux apprenants une

formation qui leur permet de s’intégrer harmonieusement dans la société. Cette équipe école,

intégrant des personnes du milieu, devrait former une « communauté d’apprentissage » [41

], un

foyer dynamique d’entraide et d’échange, où seraient analysés les besoins et prendraient formes

les projets de formation et d’innovation. Le bon fonctionnement de cette communauté devrait

créer, sous l’impulsion des gestionnaires des établissements et des encadreurs, une synergie

école-milieu propre à contribuer à la réussite des apprenants, objectif primordial de la

formation continue.

L’investissement en formation continue devrait amener les enseignants à :

- Analyser, identifier et échanger entre eux sur les pratiques pédagogiques ;

- Développer la compétence de réflexivité (Schön 1994) ;

- Développer chez les apprenants des compétences durables, conformément au référentiel

des compétences à atteindre ;

- Compléter la formation initiale et répondre à de nouveaux besoins ;

- Instaurer des communautés d’apprentissage qui permettraient aux enseignants de

travailler ensemble et de se perfectionner ;

[

41] Une communauté d’apprentissage est constituée d’un groupe d’individus qui œuvrent ensemble dans un temps

déterminé pour réussir une tâche ainsi que comprendre un nouveau phénomène ou compléter une tâche

collaborative (Riel and Polin 2004). Gagnon précise qu’elle se constitue dans le cadre de la formation à des fins

d’apprentissage pour répondre à des besoins et à des buts bien précis. A l’échelle scolaire, une communauté se

définirait comme un groupe d’élèves et au moins un éducateur ou une éducatrice qui, durant un certain temps et,

animés une vision et une volonté communes, poursuivent la maîtrise des connaissances, d’habilités ou d’attitudes.

L’attention, le dialogue et l’entraide sont fondamentaux dans ce type de communauté (Bénoît 2000).

Page 97: Langue de spécialité, didact

97

- Partager les expériences et les difficultés personnelles dans un esprit constructif visant

la recherche de solution et l’entraide mutuel ;

- Faciliter la réflexion et l’échange entre enseignants, renforçant d’autant la cohésion

professionnelle du groupe ;

- Créer de nouveaux environnements de perfectionnement et de professionnalisation -

depuis les moyens d’éducation à distance jusqu’à des établissements et des systèmes

virtuels qui permettent d’abolir les distances et de mettre en place de formation de

grande qualité ;

- Viser à améliorer le statut et les qualifications professionnelles des enseignants tels que

(Paquay, Altet, Charlier & Perrenoud 1996 & 2001) :

1. Les compétences du « praticien réflexif » ;

2. Les compétences de « l’enseignant savant » ;

3. Les compétences de « l’enseignant technicien » ;

4. Les compétences de « l’enseignant artisan » ;

5. Les compétences de « l’enseignant professionnel ».

Il s’agit « des transformations individuelles et collectives et de composantes identitaires

mobilisées ou susceptibles d’être mobilisées dans des situations professionnelles » (Barnier,

Chaix & Demailly 1994 : 7).

Accroître le degré de responsabilité individuelle et collective, et de valorisation de la

profession enseignante ;

- Il convient de distinguer ici deux niveaux de responsabilité

1. Le niveau individuel : pour rester compétitif, chaque enseignant devrait être autodidacte

et assumer la responsabilité de son propre perfectionnement. Aller personnellement à la

recherche de nouvelles connaissances et compétences à appliquer dans sa pratique

pédagogique ; progresser par soi-même dans la maîtrise de sa profession, tel devrait être

le credo de chaque enseignant ;

2. Le niveau collectif : la responsabilité des enseignants de la même école consiste à

mettre en place une équipe, à identifier leurs besoins de formation et à rechercher les

voies et les moyens pour les combler. L’objectif ultime serait pour l’école-équipe

d’améliorer les compétences professionnelles.

La responsabilité des enseignants ne se limite pas à la seule activité d’identification de leurs

besoins. Ils devraient initier, au niveau de leur école, des plans de formation qu’ils mettraient

en œuvre avec les ressources du milieu. Le développement de liens entre établissements

permettrait d’exposer les enseignants à des contextes linguistiques et culturels diversifiés.

Page 98: Langue de spécialité, didact

98

Grâce à l’utilisation plus poussée de l’internet et du courrier électronique, il est possible

d’entretenir des liens virtuellement et de surmonter les problèmes logistiques associés au

manque de moyens.

L’une des orientations actuellement préconisées pour l’enseignement consiste en une vision

collective de la pratique professionnelle (MEQ 2001a). L’action de l’enseignant ne devrait plus

se restreindre à la classe, en présence des élèves, mais contribuer, de manière collégiale, à

diverses décisions relatives à l’enseignement (planifications, choix d’approches et évaluation,

etc.). Les programmes de formation initiale doivent contribuer à préparer les futurs enseignants

à cette pratique, comme l’exige le référentiel des compétences du ministère de l’éducation

(Ibid.). Les stages constituent évidemment des moments privilégiés pour des contacts avec des

enseignants expérimentés, bien qu’il s’agisse d’abord d’une relation entre deux hommes, sans

nécessairement assurer la fréquence des contacts avec les équipes enseignantes en place. Ces

contacts jouent sans doute un rôle important surtout pour les enseignants débutants qui peuvent

y trouver un complément de formation pour concevoir le matériel pédagogique, pour la maîtrise

des méthodes d’enseignement, ou simplement une occasion de rencontrer des collègues. Mais,

elles peuvent aussi constituer des moments où l’ancien et le nouveau enseignants conçoivent,

ensemble, des programmes de formation, des supports pour l’enseignement.

En outre, la formation continue ne serait efficace que si elle réussissait à développer un

véritable mouvement de professionnalisation et de responsabilisation des enseignants par

rapport aux compétences et aux nouveaux rôles qu’ils sont appelés à exercer.

Une nouvelle perspective s’impose. La formation continue devrait s’orienter désormais

davantage vers l’amélioration des compétences professionnelles et des changements d’attitudes

et des nouvelles façons de faire qui ne s’acquièrent pas spontanément, mais qui s’installent

nécessairement dans la durée.

Dans le choix de l’organisation des formations, le défi consisterait aussi à donner la priorité

aux actions qui répondraient aux besoins collectifs du collectif-école, sans toutefois ignorer les

besoins individuels en vue d’améliorer la formation et la réussite des apprenants. La formation

continue des enseignants devrait accompagner l’implantation progression des nouveaux

programmes : c’est la condition sine qua non de la réussite de la réforme éducative.

Enfin, il ne suffirait pas de former des enseignants, mais aussi leurs formateurs. La

dynamique reste à créer. Elle nécessiterait des ressources et des changements d’attitudes.

Conclusion

Pour conclure, il faut reconnaître que la mondialisation et les politiques qui la gèrent

affectent la formation des enseignants et imposent une modification des enjeux qui la sous-

Page 99: Langue de spécialité, didact

99

tendent. Les transformations en cours, sous l’effet conjugué de cette mondialisation et des

politiques, s’exposent sous une perspective pragmatique et consensualiste comme un appel à

des modifications impératives des systèmes d’enseignement. Soumis à des tensions relatives à

de nouvelles conceptions de la formation, les enseignants sont aujourd’hui appelés à assumer

des missions complexes et se trouvent par moment écartelés entre les valeurs qui fondent et

légitiment leur activité, et les injonctions d’individualisation des pratiques et de rationalisation

de leur action qui bouleversent les normes professionnelles et brouillent leurs missions

originaires.

Au terme de cette première partie, nous pouvons dire que quel que soit le bien fondé des

réformes entreprises par la tutelle, celles-ci n’atteignent leurs objectifs que si elles sont fondées

sur des principes théoriques qui, à leur tour, prennent en ligne de compte les enjeux de la

formation des enseignants. Ces enjeux sont d’ordres didactique, culturel et réflexif qui

interagissent et convergent vers la construction et le développement des compétences

professionnelles.

La partie suivante sera consacrée au cadre conceptuel et théorique sur lequel sera fondé

notre travail de recherche. Nous attribuerons beaucoup plus d’importance aux recherches

menées au sujet des enjeux de la formation des enseignants.

Page 100: Langue de spécialité, didact

100

DEUXIÈME PARTIE

Revue de la littérature

Conceptualisation et recadrage théorique

Nous tenons compte du fait que certains concepts, constituant le cadre de l’étude, méritent

d’être éclaircis. Cette deuxième partie s’inscrit dans le prolongement des questions de départ et

en parallèle aux questionnaires et entretiens exploratoires. La définition contextuelle des

concepts-clés, en lien avec notre travail de recherche, sert en partie de base à l’élaboration des

différentes questions de recherche et des questions des différents questionnaires et entretiens,

ainsi qu’à l’analyse et à la discussion qui en résultent. Ce cadrage conceptuel nous permet

d’examiner diverses considérations théoriques pouvant nous aider à concevoir un

environnement favorable à déterminer les enjeux didactiques de la formation des enseignants

algériens d’anglais. Notre attention sera en premier lieu orientée vers l’implication de la

didactique dans la formation des enseignants et l’évolution des missions du chercheur-

formateur qui en découlent. Il s’agit, aussi d’interroger les différentes perceptions sur la

formation : professionnelle, interculturelle, réflexive et celle dans une visée de continuum.

Les multiples concepts définis dans cette deuxième partie constituent une préfiguration des

données de notre recherche de terrain, permettant une lecture située de celles-ci. Nous

présenterons ce champ conceptuel de l’étude dans son ancrage au contexte spécifique des

enjeux didactiques de la formation des enseignants d’anglais.

Page 101: Langue de spécialité, didact

101

Chapitre I

Toile de fond

Au cœur de la recherche

Introduction

Les acteurs de la formation des enseignants, qu’ils soient décideurs, formateurs ou usagers,

sont tenus de s’interroger sur les enjeux, les contenus, les modalités, les démarches et les

stratégies de la formation initiale et continue des enseignants. Ces interrogations sur la

formation des enseignants d’anglais sont les préoccupations et les priorités actuelles qui

alimentent tous les débats au niveau de toutes les institutions à savoir le MEN, les inspections

académiques, les associations des parents d’élèves, les syndicats des enseignants, et les

gestionnaires de la formation universitaire. Pour répondre, avec une grande efficacité, aux défis

qui s’imposent, de nouvelles politiques éducatives d’appui s’avèrent nécessaires et ce en

élaborant et multipliant de fait les espaces de décisions. En fait, des commissions liées au MEN

se sont formées pour produire des documents officiels. Ces travaux ont permis aux différents

partenaires du secteur éducatif algérien de discuter, de proposer et définir des programmes de

formation en rapport avec les nouvelles perspectives.

Il faut remarquer que la réforme et les changements ambitionnés ont mis en évidence la

complexité du système éducatif algérien et ont soulevé des débats liés à la formation des

enseignants du point de vue aspects théoriques (conception de l’enseignement/apprentissage,

méthodologie, etc.), et au profil de l’enseignant algérien, marqué par son expérience

professionnelle, sa réalité extrêmement diverse, son contexte socio-culturel et institutionnel,

autant de facteurs qui rendent difficile son travail.

Si, dans le cadre des réformes éducatives déjà entreprises, la formation initiale et continue de

l’ensemble des personnels de l’éducation nationale est une priorité, celle des enseignants est un

enjeu capital. Elle représente un facteur déterminant pour le succès d’une politique de

transformation du système éducatif, elle est également une réponse aux questions et aux

difficultés que connaissent les enseignants dans l’exercice quotidien d’une pratique

professionnelle en évolution constante.

La formation des enseignants, telle qu’elle est pensée aujourd’hui,

« vise non seulement à faire acquérir des compétences professionnelles pour

permettre aux enseignants de faire face à des situations inattendues, mais de leur

permettre d’enrichir leurs connaissances autour des grandes problématiques

Page 102: Langue de spécialité, didact

102

didactiques actuelles en se référant aux apports de la recherche scientifique les plus

récents ». (Schneeberger & Triquet 2001 : 4)

Prenant pour objet, dans une perspective praxéologique, les savoirs à enseigner et les

procédures d’enseignement de l’enseignant, la didactique peut en effet, d’une part, faciliter la

gestion des situations d’enseignement de l’enseignant et, d’autre part, analyser celles de

l’apprentissage de l’apprenant. C’est ainsi qu’elle contribue à renouveler et innover (Puren

1997) fortement et continuellement les réflexions et les recherches sur l’enseignement ainsi que

l’apprentissage de la langue anglaise. Ainsi donc, les recherches en didactique développées sur

le terrain de l’enseignement ont-elles constitué à l’origine un matériau de choix pour les

formateurs d’enseignants.

L’avènement de la didactique des langues étrangères (DLE) avec l’approche communicative,

vers la fin du XIXème siècle, en tant que discipline de formation a déterminé la volonté de

prendre en compte de nouvelles questions en lien avec la formation des enseignants des

différentes disciplines qui ne se limite pas uniquement aux aspects relatifs aux outils et

méthodes à privilégier pour favoriser l’apprentissage des apprenants, mais touchent aussi à une

réflexion de nature épistémologique sur la discipline elle-même, sur les objets

traditionnellement travaillés dans les salles de cours (praxéologie) et sur les activités mises en

place (psychologie). Mais comment cela s’est traduit effectivement dans les pratiques des

formateurs en didactique de la langue anglaise comme langue étrangère ?

1. Implication de la didactique dans la formation des enseignants

Dans cette section, nous nous appuyons sur les travaux menés par Jean Therer (1993 : 6) sur

« les concepts en didactique des sciences ». Comme beaucoup d’autres concepts, le terme

‘didactique’ a connu nombre d’avatars et de glissements sémantiques. Elle constitue un

nouveau champ de connaissances distinct des sciences de l’éducation. Elle ne s’arrête pas à la

porte de la classe en dotant les praticiens de méthodes et procédés à mettre en œuvre, justement

parce que « le réel de la classe n’est réductible à aucune théorie » (Laurin 1999) En fait, elle

s’occupe des pratiques et pas uniquement des connaissances et savoirs qui la sous-tendent et

l’encadrent. Ainsi, elle revendique une place spécifique dans le cursus de formation. En

général, trois conceptions majeures se dégagent de cette évolution toujours en cours.

1.1. D’un point de vue diachronique

La didactique est traitée d’abord dans une visée diachronique afin d’appréhender son

évolution et sa mise en pratique. Initialement, le concept « didactique » est utilisé comme

Page 103: Langue de spécialité, didact

103

synonyme savant de « pédagogie ». C'est le sens adopté par Comenius dans « La Grande

Didactique », (1649). Puis pendant longtemps, le terme « didactique » est plutôt utilisé comme

adjectif signifiant "propre à instruire".

1.1.1. Une conception classique (toujours actuelle)

Au cours des années 60, le terme "didactique" redevient substantif avec des acceptions plus

ou moins extensives. Exemples :

Lafon « art d'enseigner exercé par un adulte » (1963);

Pieron « Science auxiliaire de la pédagogie relative aux méthodes les plus propres à

faire acquérir telle ou telle matière... » (1963);

Mialaret « Ensemble des méthodes, techniques et procédés pour l'enseignement... »

(1979).

Les acceptions ci-dessus restent partiellement légitimes, mais elles n'en sont pas moins

réductionnistes. Généralement, en effet, dans la formation actuelle des enseignants ou des

formateurs, la didactique est considérée comme un ensemble de recettes, sinon d'astuces, plus

ou moins éprouvées qu'il convient de s'approprier essentiellement par le biais d'une exhortation

magistrale assortie de quelques stages chichement planifiés.

Les modèles anciens et classiques qui définissaient la didactique se centraient

essentiellement sur deux pôles à savoir l’enseignant et sur les contenus (le modèle processus-

produit), sans pour autant accorder une grande importance aux aspects méthodologiques, au

contexte ni aux apprenants. Au gré du temps, de nouvelles conceptions du concept didactique

ont pris forme.

1.1.2. Une conception nouvelle (à partir de 1980)

Depuis une bonne trentaine d'années, le mot "didactique" connaît une nouvelle carrière. De

science auxiliaire de la pédagogie (cf. Pieron 1963), la didactique se transforme en science

autonome tirant profit à la fois de la psychologie, de l'épistémologie, de la recherche

pédagogique et, plus récemment, des nouvelles "sciences cognitives". À cet égard, la nouvelle

conception de la didactique aspire à faire la synthèse de tous les éléments d'une situation

pédagogique. L’émergence de la nouvelle didactique marque le passage de la tradition et de

l'empirisme à la rationalité et à l'expérimentation, préludes à une authentique

professionnalisation de la fonction enseignante.

Pour définir ce que nous entendons par didactique, dans son acception moderne, nous

reproduisons ci-dessous la définition qu’en fait Bailly :

Page 104: Langue de spécialité, didact

104

« [elle] renvoie, au moins, à une démarche de distanciation et, au plus, à une pleine

activité de théorisation: schématiquement, il s'agit dans tous les cas, pour un

observateur ou un expérimentateur, de s'abstraire de l'immédiateté pédagogique et

d'analyser à travers toutes ses composantes l'objet d'enseignement, les buts

poursuivis dans l'acte pédagogique, les stratégies utilisées par l'enseignement, les

transformations de compétences et de conduites que cet enseignement induit chez

l'élève et par conséquent les stratégies d'appropriation de l'objet déployées par cet

élève lors de son activité d'apprentissage ». (1997 : 10)

La définition ci-dessus met en lumière une série de réflexions sur la démarche qu’emprunte

la didactique en contexte institutionnel. En fait, la focalisation de celle-ci est mise autant sur

l’observation que sur l’agir. Ceci dit, on peut admettre que l’objet de la didactique relève aussi

bien de la description de la classe telle qu’elle est vécue que de l’action ; une analyse fine des

situations proposées aux apprenants (contenus abordés, objectifs, tâches…), et une observation

des stratégies mises en œuvre par l’apprenant pendant l’appropriation de l’objet en question. En

fait, la didactique vise l’action et la décision sur le plan des programmes, des stratégies

d’enseignement et des techniques d’évaluation, et elle développe à ces fins des recherches

centrées sur la description des pratiques scolaires, l’analyse des processus d’apprentissage mis

en œuvre par les apprenants et l’expérimentation de nouvelles modalités d’enseignement

(Bronckart cité par Roulet 1989 : 5). À vrai dire, les didacticiens doivent penser les contenus

d’enseignement en vue d’un enseignement ainsi que d’un apprentissage. Une double fonction

qui assure non seulement une compétence de savoir mais encore une compétence de savoir-

faire d’enseignement (Sarremejane 2008 : 62).

1.2. Différentes perspectives sur la formation des enseignants

À l’heure des réformes éducatives, l’ensemble de la société doit avant tout se poser la

question de la nécessité et des contenus de la formation initiale et continue des enseignants.

Contrairement aux pratiques des années passées où un niveau d’études et de connaissances

devait suffire à garantir la capacité d’un enseignant à enseigner, aujourd’hui tout le monde

semble s’entendre sur la nécessité d’accroître le niveau de la formation des enseignants, à

commencer par le Ministère de l’Éducation Nationale en souhaitant recruter désormais des

enseignants de haut niveau. C’est bien avant tout les contenus de la formation qui font débat.

Certes, le métier d’enseignant doit être reconnu comme exigeant un haut niveau culturel, une

connaissance pointue des disciplines, avec leur histoire et leurs débats actuels, tout ce qui

contribue à leur donner du sens, à donner du sens à leur apprentissage par les générations

d’aujourd’hui.

Page 105: Langue de spécialité, didact

105

Il fut un temps où la formation, conduite seulement dans les instituts de formation, semblait

le viatique absolu pour le reste de la carrière professionnelle. Or les sociétés évoluent, il devient

indispensable à la fois de repenser la formation tout au long de la carrière professionnelle et

d’installer en début de carrière cette culture de formation.

Il convient donc de reconsidérer la formation initiale des enseignants, leur entrée dans le

métier, leur développement professionnel, comme un processus et non comme des temps

distincts, des étapes sans liens les unes avec les autres.

1.2.1. Une perspective professionnelle

Le concept de professionnalisation est polysémique (Roche 1999). Les référents sont

multiples : économiques, éthico-philosophiques, sociologiques, psychologiques et

pédagogiques. Nous retenons ici comme idée de base que la professionnalisation est l’ensemble

des actions qui transforment en termes d’identité et de compétences un individu est

professionnel, apte à tenir un rôle dans un système professionnel donné. L’évolution du

processus de professionnalisation l’oppose à une conception intuitive, fondée sur l’inspiration,

aussi bien qu’à une systématique utilitaire, mobilisant une ingénerie standardisée. Elle rend

nécessaire une interrogation des conceptions traditionnelles de la relation théorie/pratique dans

la formation des enseignants, caractérisées par un applicationnisme déductif, plaçant la pratique

à la « remorque » de la théorie, soit par la pérennisation de ce qui marche, en mobilisant des

référents hérités des représentations et discours dominants. La formation doit être envisagée en

termes d’interaction entre une pratique contextualisée et fondée et le questionnement guidé de

l’enseignant sur sa propre expérience, le formé devenant ainsi le partenaire actif de sa propre

formation. C’est la confrontation authentique aux problèmes de la pratique qui semble de

nature à lui permettre de s’engager activement dans une activité de problématisation dont la

dimension théorique est de nature à faire naître des besoins d’approfondissement dans

différents champs. La formation ainsi envisagée suppose que les apprentissages soient

construits dans l’action, par l’action et pour l’action. Les savoirs à construire ne peuvent

acquérir de légitimité que par rapport aux problèmes qu’ils sont censés résoudre et non par

rapport à des références théoriques ou conceptuelles quelle qu’en soit la pertinence (Tochon

1993). Il conviendra alors de passer du théorique au problématique, c’est-à-dire à

l’identification des classes de problèmes en actes par l’enseignant, afin que les savoirs

théoriques construits par ailleurs puissent être mis en relation avec les problèmes identifiés, à

des fins de résolution (Richard 1990 : 11).

Page 106: Langue de spécialité, didact

106

La professionnalisation doit se caractériser de typologie de dispositifs qui cible

l’approfondissement des connaissances, c’est-à-dire l’acquisition des savoirs et de leur

inclinaison dans la pratique enseignante ; la formation au métier, c’est-à-dire l’acquisition des

fondements de l’exercice professionnel mais aussi de répondre aux orientations définies par la

politique éducative; et le développement professionnel, c’est-à-dire la conception et

l’installation d’une formation tout au long de la vie et qui prend sa source dans une trajectoire

pour consolider l’expertise professionnel. Ceci dit, l’acquisition des compétences

professionnelles est un aboutissement mais c’est aussi, et peut-être surtout, un défi lancé aux

enseignants pour qu’ils deviennent les principaux acteurs du développement de leurs

compétences professionnelles.

La formation représente un élément déterminant pour le succès d’une politique de

transformation du système éducatif, elle est également une réponse aux questions et aux

difficultés que connaissent les enseignants dans l’exercice quotidien d’une pratique

professionnelle en évolution constante, elle est autant un droit qu’un devoir.

Ainsi, les recherches dans le domaine de la formation des enseignants de langues a fait

couler beaucoup d’encre ces dernières années.

1.2.2. Une perspective interculturelle

La présente recherche, portant sur les enjeux didactiques de la formation des enseignants

d’anglais, langue-culture, citons, à titre d’exemple, quelques ouvrages-phares dans ce domaine,

comme l’enseignement de la civilisation française (A. Reboullet 1973), Enseigner une culture

étrangère (Zarate 1986) ou encore, Vers une pédagogie interculturelle (M. Abdellah-Pretceille

1996), s’inscrit dans l’acquisition d’une compétence interculturelle se fonde sur la découverte

des mécanismes arbitraires qui entraînent l’adhésion aux valeurs de la culture-source. Il s’agit,

sur le plan didactique, de développer des capacités de compréhension (de l’Autre et de soi), de

réflexion, de décentration et de relativisation (en mettant l’accent sur la pluralité,

l’hétérogénéité et, corollairement, sur l’altérité), et d’interprétation (reconnaissance des valeurs

et des référents socioculturels des cultures mises en présence).

Au sein de la classe de langue, les apprenants d’une langue culture peuvent être conduits,

dans une perspective interculturelle, à (ré) examiner leurs propre culture, à s’en faire les

passeurs pour les autres membres du groupe classe (apprenants et enseignants), à mettre en

œuvre une mise en relation dynamique de leur culture et de la culture cible (Zarate 1995 &

Abdellah-Pretceille 1999). Lorsque les univers culturels ne sont pas partagés par l’ensemble du

Page 107: Langue de spécialité, didact

107

groupe, les apprenants s’expliquent et sont source de savoir pour toute la classe. Ils négocient

leurs références culturelles par la médiation. Ce partage de connaissances peut « susciter la

curiosité et l’ouverture d’esprit des élèves » (Byram & al. 2002 : 39).

Nous interrogeons le concept d’interculturel, tel qu’il engage non pas seulement des

comportements individuels ou sociaux, mais tel qu’il doit mobiliser, au sein d’un milieu

scolaire, des habitus de pensée en rapport ou en conflit avec ceux induits par d’autres cultures.

Il est question de se centrer particulièrement sur l’enseignement des langues qui génère des

interactions linguistiques et culturelles. En fait, il est intéressant à l’interroger dans le cadre des

réformes éducatives en Algérie, parce qu’il est un des indices majeurs de la réussite de ces

dernières à modifier les rapports aux savoirs, aux modes de pensée et de construction des

compétences, qui ont été volets visés par les réformes, peut-être serait-il plus approprié de

repenser en toujours la cible fondamentale du système éducatif en Algérie.

En tenant compte de la dimension culturelle dans l’apprentissage des langues a pour visée

de servir l’entente entre les individus de cultures différentes et de promouvoir le

développement de la sensibilisation interculturelle favorisant le respect des différences, la

compréhension mutuelle et la reconnaissance des cultures et une capacité communication

renforcée entre les individus.

Au-delà des priorités accordées aux différents volets ciblés par la réforme du système

éducatif, engagée par l’Algérie, il est peut-être approprié de repenser d’abord cet aspect

interculturel, parmi bien d’autres qui lui sont corollaires.

Pour ce qui nous intéresse dans notre étude, quelle place peut prendre la culture anglo-

saxonne au sein d’une configuration aux multiples composantes comme l’Algérie (cf. chapitre

IV p 74-77) ? Et, surtout, quelles conséquences sur la formation des enseignants d’anglais ?

L’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère ne consiste pas seulement à en

décrire les objets, les comportements, les institutions, mais se doit de tenir compte de la portée

de ces comportements, actions et institutions sous l’aspect des significations acceptées au sein

même de la culture qu’ils incarnent et dont ils constituent des réalisations. Limitée à une simple

sensibilisation sur des évènements, objets, institutions, comme c’est le cas dans la pratique

enseignante actuellement, la dimension culturelle ne facilite pas la perception des

connaissances culturelles, et par conséquent n’aide pas l’apprentissage de la langue cible et ne

contribue pas à une réelle compréhension et maîtrise de celle-ci. Pour étayer cette vision par

rapport à la dimension culturelle pour les langues étrangères, nous nous appuyons sur ce qu’a

été dit par Byram :

Page 108: Langue de spécialité, didact

108

« … on a coutume d’enseigner les langues dans les établissements secondaires

comme si les élèves devaient devenir des touristes ou des vacanciers à l’étranger.

Ils disposent des connaissances langagières nécessaires à la survie dans ce type de

situation et on leur donne quelques renseignements « utiles » mais plutôt

superficiels sur le pays en question. Ceci n’a toutefois aucune incidence sur le point

de vue qu’ils ont de leur identité et de celle des autres, ils se trouvent implicitement

invités à rester fermement ancrés dans leurs valeurs et leur culture propres ».

(Byram 1992 : 10-12)

La nécessité d’intégrer la dimension culturelle dans la formation des enseignants est

largement acceptée. La finalité de cette formation est de rendre possible la communication

active avec des locuteurs de la langue cible, et notamment dans son contexte usuel. Cette

communication ne peut s’effectuer en situation de vie sans que les locuteurs partagent un

certain nombre de connaissances et de pratiques culturelles.

L’entrée de l’approche interculturelle sur le terrain de la classe de langue est révélatrice d’un

regard nouveau sur l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère et sur les rapports

entre les cultures en présence, d’où la mutation de la didactique des langues en didactique des

langues et des cultures. Cette nouvelle discipline marque la jonction entre le linguistique et le

culturel du fait que la langue et la culture sont interdépendantes, et se fixe l’objectif de parvenir

à la construction d’une conscience interculturelle chez les apprenants des langues en les

amenant à acquérir :

« Une aptitude d‘utiliser les dites langues pour satisfaire leurs besoins de

communication et, plus particulièrement, de faire face aux situations de la vie

quotidienne dans un autre pays, et d‘aider les étrangers séjournant dans leur propre

pays, d‘échanger des informations et des idées avec des jeunes et des adultes

parlant une autre langue et de leur communiquer pensées et sentiments, de mieux

comprendre le mode de vie et la mentalité d‘autres peuples et leur patrimoine

culturel ». (CECR 2001 : 10)

La transposition didactique de l‘interculturel a pour but de pallier les écarts existants entre

les trois pivots de l‘apprentissage d‘une langue étrangère : langue, culture et communication.

En fait, dans cette perspective interculturelle, les enseignants sont appelés à :

« aider les apprenants à prendre pleinement conscience de telles différences

culturelles, non seulement linguistiques mais aussi comportementales de toutes

sortes, les aidera à mieux aborder la négociation de leurs échanges. Cette prise de

conscience amènera à mettre en avant les notions de décalage, de déplacement de

sens, de relativité, de translation, de reformulation, d’évaluation de la distance au «

normal », à l’attendu ». (Cazade 2009 : 7)

Une intégration effective de l’interculturel dans la formation initiale des enseignants ne

serait réduite, tant au niveau des compétences, qu’au niveau des valeurs, à un apprentissage

Page 109: Langue de spécialité, didact

109

sémantique (faits, slogans, récits, etc.), qui ne modifient pas de beaucoup la conduite vis-à-vis

de la langue anglaise, des autres et du monde.

De surcroît, l’interculturel s’insère dans la logique des compétences professionnelles (MEQ

2001a) que convoitent les nouvelles réformes entamées dans le secteur éducatif Algérien. Pour

permettre la construction de ces compétences dites professionnelles, les travaux contemporains

insistent sur les apports de la pratique réflexive (cf. annexe 10 p 418). Ce concept, introduit par

Schön (1983 & 1997) dans le champ de la formation des enseignants, à fait l’objet de plusieurs

contributions dans l’ouvrage collectif de Paquay, Altet, Charlier & Perrenoud 1996 ; Perrenoud

2004 & Vanhulle & Schillings 2004). La pratique réflexive est une posture qui prend sa

pratique comme objet de réflexion, formation et de co-formation. Elle permet à l’enseignant de

réguler, de partager et d’innover dans l’action, sur l’action et ouvre à l’anticipation. Cette

pratique réflexive se construit fortement avec les stages (alternance théorie/pratique) et à partir

des sciences humaines (la recherche au service de la pratique réflexive).

1.2.3. Une perspective réflexive

Les travaux menés par Argyris & Schön (1978) en particulier ont abouti sur une nouvelle

orientation dans le dispositif de la formation et de la recherche. La relance de ces travaux plus

tard par d’autres chercheurs, pour ne citer que quelques-uns d’entre-eux, tels que Tochon

(1993), Saint Arnaud (1992) ont remis en question les rapports théorie-pratique du paradigme

scientifique qui prévaut dans les universités et qui reste un pur produit comme l’atteste Schön.

Schön souligne dans la préface du praticien réflexif :

« J’en suis venu à la conviction que les universités ne se consacrent pas à

l’élaboration et à la transmission d’un savoir fondamental en général. Ce sont des

institutions qui adoptent en grande partie une épistémologie particulière, une vision

tronquée de la connaissance, nourrie par un manque d’attention sélective à

compétence pratique et à l’art du professionnel ». (1983)

Cette citation ci-dessus ne peut-elle nous faire repenser les orientations de nos

universités avec les flux d’entrée à venir?

Pour les chercheurs, Schön, Argyris, Arnaud et d’autres, favoriser la construction de

compétences professionnelles, ne peut relever du modèle de la science appliquée (Technical

Rationality). Aux USA, Schön parle de la « science de l’agir professionnel », Argyris, de la

« science d’action ».

Il est question là d’une orientation de recherche, qui veut aller plus avant la découverte du

« savoir caché de l’agir professionnel ». La pratique n’est plus sous la dépendance de la théorie.

Page 110: Langue de spécialité, didact

110

Elle entretient avec elle des liens interactifs qui font que l’une irrigue l’autre et vice-versa. Le

modèle de la « sciences appliquée » permet la formation de techniciens. Ceux-ci cherchent à

résoudre des problèmes (Problem solving) par le biais de données théoriques acquises. Cette

formation du technicien ne suffit plus. Les problèmes ne sont pas donnés d’emblée, il faut les

dégager des situations opaques, chaotiques dans lesquelles il se trouve confronter (problem

setting). La réflexion en action et sur l’action sont mises en avant. Ce concept de professionnel

comporte donc une dimension adaptatrice, de création, que Schön qualifie d’artistique.

Schön et Argyris distinguent « la théorie professée » et « la théorie pratiquée ».

« Dans une situation difficile, il y a un écart entre la théorie professée par le

praticien pour expliquer son comportement et la théorie pratiquée à son insu, telle

qu’on peut l’inférer à partir du dialogue réel ». (Saint Arnaud 1992 : 53)

Ceci dit que le développement des compétences requiert l’évolution de la théorie pratiquée.

Ainsi, la conception de l’alternance, défendue par Perrenoud (1994) correspond à ce type de

développement de compétences. Il considère la théorie et la pratique comme deux moments

interactifs et donc indissociables du processus de formation des compétences professionnelles.

Le développement de la réflexivité est devenu progressivement un enjeu central dans de

nombreux dispositifs de formation des enseignants. La figure du « praticien réflexif » est au

cœur de l’identité professionnelle de l’enseignant, et le fait d’acquérir une démarche de

réflexivité à l’égard de ses propres pratiques constitue un élément essentiel de la

professionnalisation des enseignants (Beckers 2009). Dans cette perspective, la formation

initiale des enseignants aurait à la fois pour objectif de faire construire cette identité

professionnelle et d’acquérir les compétences nécessaires à cette démarche de « praticien

réflexif ».

Les programmes de formation des enseignants d’anglais devraient être revus pour s’accorder

avec ces compétences professionnelles et les nouveaux programmes par les compétences mis

en place depuis 2003. Seul un développement d’une pratique réflexive (Schön 1983) peut aider

les enseignants d’anglais à faire face aux exigences complexes de leur profession. Il ne s’agit

pas seulement de faire acquérir aux apprenants des savoirs, des savoir-faire et des attitudes pour

réussir dans leur scolarité, mais aussi de faire preuve de compétences sociales, relationnelles,

éthiques et citoyennes. Ainsi, la formation initiale et continue des enseignants d’anglais se

trouve prise entre les savoirs de la recherche des prescriptions pédagogiques et didactiques de

la tutelle (MEN) et les exigences effectives du terrain, entre le prescrit idyllique et merveilleux

et la pratique réelle et « écœurante », entre les théories les plus abstraites et les pratiques les

Page 111: Langue de spécialité, didact

111

plus quotidiennes. Au travers de toutes ces dichotomies, nos enseignants sont appelés à

développer leurs compétences professionnelles. Il s’agit d’une articulation entre les deux

niveaux, théorique et réflexif, qui permet aux futurs enseignants de structurer l’apprentissage

(Chini 2003 : 150-157).

Équiper les élèves-enseignants et leur donner les moyens de réfléchir à leur pratique s’avère

être la meilleure façon pour une réussite fiable dans leur formation professionnelle. Il faut donc

être en mesure de fournir autant d’informations aux élèves-enseignants sur leur pratiques

(durant et après le stage), au niveau des techniques didactiques, d’une part, et au niveau des

relations qu’ils doivent entretenir avec les apprenants, d’autre part, d’autant plus que ces

relations influent directement sur les comportements et l’apprentissage des apprenants.

L’utilité des feed-back que reçoivent les élèves-enseignants va leur permettre tout d’abord de

prendre connaissance des représentations des apprenants et des superviseurs (maîtres de stage).

1.2.4. Une perspective de continuum

La formation initiale des enseignants comme la formation continue doivent former un

système cohérent pour permettre aux enseignants de rester au fait des compétences requises

dans la société des connaissances.

Les programmes de formation des enseignants d’anglais devraient établir une liaison étroite

entre la formation initiale et continue (continuum) de façon à mieux s’inscrire dans le temps

d’acquisition progressive des compétences professionnelles, mais aussi le renforcement de la

dimension universitaire, pour mieux prendre en compte les exigences d’actualisation des

savoirs, les avancés de la recherche dans le domaine des disciplines et de l’éducation.

La formation continue des enseignants, inscrite dans un apprentissage tout au long de la vie,

est considérée comme un enjeu majeur pour l’implantation des réformes et des innovations

éducatives. Et elle apparaît aussi indispensable pour le développement professionnel et

personnel des enseignants : ces différents dispositifs doivent permettre aux enseignants

d’acquérir de nouveaux savoirs scientifiques et de construire les compétences nécessaires pour

ensuite analyser et changer leurs propres pratiques enseignantes. En d’autres termes, une

conception renouvelée de la formation continue s’avère nécessaire pour aider les enseignants à

construire leur parcours professionnel et faciliter leur accès aux espaces formels et informels de

la formation; une adaptation de la formation à cet nouvel enjeu.

Pour ce faire, il relève de la responsabilité de tous les partenaires, à savoir les responsables

de la formation au niveau du ministère, des directions de l’éducation, les inspecteurs, les

Page 112: Langue de spécialité, didact

112

représentants des enseignants et bien sûr les universitaires d’arrêter le plan de la formation

continue. C’est sur la base des données collectées sur le terrain, tirées de séminaires,

d’ateliers…etc., les besoins du personnel enseignant doivent être analysés, les orientations de la

formation définies, les objectifs prioritaires à atteindre fixés, les types de public concernés et le

rythme de réalisation déterminés.

1.2.5. La formation des enseignants fondée sur l’approche par compétences

articulant théorie et pratique

Les réformes engagées en Algérie se fondent sur les principes de l’approche par

compétences (Beacco 2007 & Jonnaert 2011). De ce fait, les responsables de la formation

devraient chercher à placer les enseignants en situation de recherche-action, suscitant leur

inventivité didactique, et à former leur capacité d’ajustement permanent de l’activité didactique

aux finalités que l’on se donne et aux résultats que l’on obtient. Ainsi, ils pourront élargir une

palette méthodologique, et enrichir les stratégies d’enseignement leur permettant de répondre

aux différentes situations d’enseignement. Bref, il serait nécessaire d’instaurer une véritable

pratique réfléchie [42

] ou réflexive chez tous les enseignants. Cette aptitude réflexive permet

une prise de conscience de l’action, que seuls les enseignants en formation, en tant qu’acteurs

de leurs apprentissages, peuvent réaliser. Donc, il s’agit de former des praticiens réflexifs

capables de réfléchir sur leurs actions pour mieux les anticiper et les rectifier.

L’acquisition de cette réflexivité (Tardif & Lessard 1999) se fait dans l’articulation entre la

théorie et la pratique, au-delà d’une simple juxtaposition des acquis de l’une et de l’autre. En

d’autres termes, dans une alternance entre les moments de l’apprentissage théoriques et leur

mise en application effective sur le terrain. Ainsi, cette articulation officialise « une double

légitimité, celle d’un système d’études et d’un système d’action » (Obin 1998 : 207). Cette

conjonction de la théorie et de la pratique, dans un mouvement dialectique ne tentant pas la

réduction de l’une à l’autre, a pour but de favoriser la création de liens opérationnels entre

concepts théoriques et incidences pratiques. Le problème de la formation des enseignants réside

essentiellement dans le manque de synergie entre ces deux espaces pour une cohérence possible

entre les différents acteurs. La qualité de la démarche réflexive, tant espérée, dépend

essentiellement de la qualité de l’accompagnement. Dans cette perspective, la formation des

enseignants, dispensée au niveau des universités et des établissements d’accueil, devrait

renforcer l’articulation théorie-pratique en préparant les futurs enseignants à l’analyse des

[

42] L’image de l’enseignant réfléchi lui fait privilégier son auto-évaluation. Ce denier puise dans sa propre

pratique les éléments qui vont lui permettre de s’analyser et d’aller vers un meilleur enseignement.

Page 113: Langue de spécialité, didact

113

situations vécues et à la résolution de problèmes complexes. L’enseignant stagiaire ne peut

parvenir à se construire cette identité professionnelle tout seul : il a besoin à de l’aide conjointe

de l’accompagnateur de l’établissement d’accueil et du formateur théoricien au niveau de

l’université. C’est de cette manière que l’enseignant stagiaire deviendra, petit à petit, un expert

[43

].

La mise en œuvre de la professionnalisation des enseignants, visant la construction de leurs

compétences, s’appuie sur diverses modalités de formation. Celles-ci se diversifient pour

répondre aux exigences et évolutions d’ordre didactique, culturel et professionnel. Parmi les

modalités de formation, le compagnonnage est basé sur la réalisation d’activités

professionnelles en présence d’un pair qui transmet ses savoirs et savoir-faire à l’enseignant

stagiaire. Le rôle du compagnon est de permettre l’acquisition des savoirs d’expertise et

comportementaux. Ainsi le compagnonnage permet au stagiaire de mesurer les exigences de

qualités, de performance, les contraintes…etc. L’interprétation des valeurs, de la culture, la

confrontation aux stratégies des différents acteurs amènent l’enseignant-stagiaire à construire

son identité professionnelle. Bien quel le compagnonnage paraisse facile à mettre en œuvre, il

repose, de prime abord, sur un processus qui ne permettra pas la réalisation des objectifs

attendus s’il n’est pas respecté.

Le compagnonnage doit être mis en perspective avec les finalités attendues et être utilisé

avec pertinence au regard des contextes locaux. Il ne peut être réduit à une simple reproduction

qui ne peut que conduire à une transmission figée, sans lien avec les évolutions de

l’environnement. Cette modalité nécessite d’être cadrée et encadrée.

Il est possible de tirer tous les avantages de cette modalité tels que : l’acquisition des savoirs

et des savoir-faire issus de l’expérience du terrain et plus rapide que dans le cas d’un

apprentissage de tâtonnement ; la mise en pratique de ces ressources en situation

professionnelle conduisant à la construction des compétences ; la construction d’une identité

professionnelle favorisant l’intégration au sein d’une culture identitaire.

Néanmoins, les enseignants qui servent de compagnons pour les enseignants stagiaires ne

sont généralement pas engagés activement dans des activités de recherche-développement en

matière d’enseignement.

La commission nationale de la réforme éducative (CNRE), installée par le président de la

république, a recommandé un changement lorsqu’elle a soumis à la tutelle (MEN) un rapport

qui porte sur quatre volets : la maitrise de la planification des flux scolaires et la formation

permanente de cohortes entières d’enseignants, l’introduction des NTICs, la restructuration

[43

] Un expert est celui qui, par l’expérience et la pratique, a acquis une grande habileté (Petit Robert 1990).

Page 114: Langue de spécialité, didact

114

globale de la pédagogie et des programmes (Adel 2005 : 45-46) afin d’améliorer la qualité des

apprentissages autant que leur pertinence, et, finalement, la généralisation progressive du

préscolaire et la réorganisation de l’enseignement post-obligatoire. L’ensemble de ces variables

étant constamment interrogées à l’intérieur d’une nouvelle vision de l’acte de formation dans

lequel « l’approche par compétences » (APC), qui est au cœur de la compétence

communicative [44

], fonde la matrice de tout le système. En effet, toutes ces recommandations

émanant de cette commission ad hoc, qui est la CNRE, ont été transcrites par la commission

nationale des programmes (CNP) et les groupes spécialisés de discipline (GSD) dans les

documents officiels et didactiques. Mais, est-ce que la traduction de ces recommandations en

instructions, en programmes dans les documents officiels et en activités et tâches dans les

manuels scolaires suffit pour que le changement s’opère sur le terrain ? Certainement, la

réponse ne peut être que négative si l’on prend en compte le fait incontournable que les enjeux

se définissent par rapport à la réalité de la classe face à des apprenants. En d’autres termes, il

s’agit de confronter des apprenants à un objet adapté et mis en forme par le médiateur

(l’enseignant professionnel) pour qu’ils s’approprient son fonctionnement et puissent en faire

un bon usage. Ceci dit, une formation didactique [45

] s’impose. L’essentiel, dans cette

formation, se trouve dans le passage (une transposition) [46

] des savoirs à enseigner aux savoirs

enseignés. Une formation qui dote le futur enseignant, seul ou aidé de manuels, de formateurs

ou de ses pairs, d’habiletés d’adapter les savoirs désignés comme objets d’enseignement. Il lui

appartient, par la suite, de les vulgariser en les simplifiant, en les décomposant en unités

limitées, en les ordonnant en une progression et une programmation rigoureuses, et en les

exprimant d’une manière supposée accessible aux élèves. Ce qui aboutira, finalement, à une

transformation de ses savoirs enseignés en savoirs acquis par les apprenants (Chevallard 1991).

Ainsi, ces changements éducatifs ne trouvent écho sur le terrain que si les praticiens sont

informés sur les objectifs des réformes pour les traduire en pratiques enseignantes, et surtout

professionnellement « bien formés » pour pouvoir faire preuve d’une aptitude à dispenser un

enseignement revêtant des formes multiples, à réfléchir à leur tâche et à œuvrer avec d’autres

collègues en vue d’améliorer leurs prestations. De ce fait, la formation vise l’acquisition d’une

[

44] La compétence communicative qui comprend trois composantes hiérarchisées, à savoir linguistique,

sociolinguistique et pragmatique. CECR 2001.

[45

] Si la « didactique » désigne pour tous « l’étude des processus d'enseignement et d’apprentissage du point de

vue privilégié des contenus » (Martinand 1994 : 154), il n'en reste pas moins que trois attitudes peuvent être

constatées : celle, descriptive, du chercheur qui a la seule ambition d'élucider les situations d’enseignement/

apprentissage, celle, prescriptive ou normative, de l’inspecteur qui dit la loi et celle du praticien, de l'enseignant en

action (Martinand 1994 ; Develay 1996).

[46

] Y. Chevallard, 1985. La Transposition didactique. Du savoir savant au savoir enseigné. La Pensée sauvage,

rééd. 1991. Nous pensons que la « noosphère », et les « savoirs à enseigner » sont hors de portée des enseignants.

Page 115: Langue de spécialité, didact

115

base solide de connaissances et un esprit critique ; une analyse réflexive qui rend les

enseignants, dès la formation initiale, responsables de leur propre pratique enseignante. De

cette façon, nos futurs enseignants seront en mesure de faire prévaloir de nouvelles pratiques

enseignantes qu’imposent les situations de la classe. En d’autres termes, nos enseignants

doivent vivre un processus en tensions permanentes pour éviter les routines figées. Ceci dit, ils

doivent être habitués à mener des recherches-actions (Barbier 1996, Bazin 2003, Amado &

Levy 2001 cités par Macaire 2007 : 102) qui alimentent leurs connaissances pour prendre une

distance réflexive par rapport à leurs pratiques et leurs postures d’enseignement (Schön 1994).

S’appuyant sur la recherche, nos enseignants, d’une part, s’investissent dans une perspective

d’évolution et de progrès des pratiques d’enseignement et de formation, et d’autre part, ils

peuvent rendre plus lisibles leurs pratiques à la lumière des apports théoriques pour faire

évoluer leurs propres pratiques (Altet & al. 2002 : 50). C’est dans un va-et-vient entre la

pratique de la classe, le recul et l’analyse, les apports théoriques et l’ancrage dans un nouveau

contexte que se fait l’apport et se construisent les conditions favorables aux changements. Cette

démarche théorie-pratique-théorie, sollicitant la théorie au service de la pratique, devra

responsabiliser les enseignants. C’est dans cette perspective qu’ils deviendront plus autonomes,

plus responsables, plus qualifiés et plus efficaces dans la prise de décisions. Donc, la formation

des enseignants dans une visée professionnelle, assurant un perfectionnement continu, demeure

la clé unique du progrès éducatif. Faute de quoi, la formation des enseignants d’anglais risque

de n’être qu’une simple vulgarisation préoccupée par la transmission des savoirs sur la langue,

ou, dans le meilleur des cas, un enseignement dogmatique où l’esprit critique et de

relativisation sont absents.

Mais, nous devons souligner que la formation initiale, pour importante qu’elle soit, ne saurait

épuiser toute la formation professionnelle des futurs enseignants : il nous semble qu’un

complément de formation continue est de nature à renforcer/consolider le développement

professionnel des enseignants.

Ainsi une notion plus large, la formation tout au long de la vie, est nouvellement apparue.

Elle est une réelle volonté de répondre aux exigences et défis de la société. Le paradigme de la

formation tout au long de la vie est le moyen adéquat pour répondre à la diversité des

compétences attendues des enseignants et aussi comme une voie alternative à la formation

institutionnelle. En fait, ce paradigme permet un ensemble équilibré entre la formation initiale

et l’accompagnement tout au début de la carrière professionnelle (induction) ainsi que la

formation continue. La formation initiale, dans son organisation et ses méthodes, est, donc,

Page 116: Langue de spécialité, didact

116

tenue d’intégrer les besoins futurs des enseignants, les responsabiliser dans leurs parcours

personnel et professionnel.

Comme l’université algérienne n’est pas un IUFM, elle n’assure actuellement que la

formation académique. Les étudiants sont pris en charge professionnellement par le corps

inspectoral.

2. Rôle du chercheur-formateur dans la formation

2.1. Évolution des missions du chercheur-formateur

Un grand nombre de chercheurs (Deyrich 2001, 2003, Chini 2003 & Aden 2008) en

didactique de la langue anglaise interviennent aussi directement dans la formation initiale, ces

auteures mettent aussi bien l’accent sur les pratiques enseignantes et les apprentissages des

apprenants, que sur leurs propres pratiques en tant que formateurs de futurs enseignants

d’anglais. Le défi, découlant de la dialectique recherche-formation, se fonde à la fois sur «un

espace recherche» qui propose des modèles appuyant les processus intégrés des actes

d’enseignement, d’apprentissage et de formation, et un espace formation dans lequel les acteurs

mettent en œuvre des outils, en revendiquant une filiation avec les produits de la recherche

(Rouiller 2001). Les interactions entre ces deux professions, chercheur et formateur, doivent

mener à la professionnalisation du métier d’enseignant. Les enjeux de ces pratiques méritent

toutefois d’être questionnés sur plusieurs plans dont celui des théories de références, celui des

modes de formation à la pratique, celui de la connaissance et de la réflexion sur le cadre

institutionnel dans lequel s’ancrent les pratiques prescrites. À titre d’exemple, les futurs

enseignants d’anglais ne doivent pas seulement accumuler des savoirs sur la langue cible, mais

plutôt s’approprier des approches, et inventer des séquences didactiques adaptées à la fois aux

référentiels de compétences et aux contextes sociaux et scolaires où ils exerceront.

La formation est le moment où les formés doivent réaliser un double déplacement depuis les

savoirs disciplinaires, sanctionnés par un diplôme universitaire très diverses, vers les savoirs

enseignés en classe d’une part, et vers les processus d’appropriation ou de construction de ces

savoirs d’autre part. Maîtriser une discipline ne suffit pas à l’enseignant pour que tous les

apprenants puissent acquérir les compétences communicatives escomptées. En d’autres termes,

la formation initiale est conçue comme une entrée dans une formation tout au long de la vie.

Elle est pensée dans un continuum articulant la formation initiale et la formation continue. Ceci

suppose que le dispositif de la formation initiale conduit à la création des conditions

appropriées qui permettent aux futurs enseignants d’être capables de comprendre, d’analyser et

Page 117: Langue de spécialité, didact

117

d’expliciter leurs pratiques enseignantes, de négocier des projets de formation, et de s’intégrer

dans des travaux collégiaux.

La formation professionnelle doit porter sur les conditions didactiques des constructions

scolaires. La simple accumulation des savoirs académiques est inefficace, de même qu’est

illusoire la stricte application des savoirs issus de la recherche dans le domaine de

l’enseignement. Les formateurs d'enseignants doivent réaliser un travail de transposition et de

recomposition de ces savoirs qui exige d’eux une double compétence académique et

professionnelle. Il ne s’agit pas, pour les formateurs, d’équiper les enseignants de méthodes

répertoriées et constituées par d’autres, qu’ils peuvent utiliser pour répondre aux différentes

situations de classe, mais, au contraire, ils doivent procéder à la construction de réponses

adaptées aux situations d’enseignement/apprentissage dans leur réalité et leur terrain. À cette

fin, une démarche de questionnement et d’analyse des objets concernés, empruntant le détour

de la compréhension des phénomènes à l’œuvre, est la seule alternative possible (Cros 1998).

À ce propos, la place de la recherche dans la formation des enseignants s’avère plus qu’un

enjeu majeur (Altet 2010 : 15). À une formation fondée notamment sur des techniques, aussi

évoluées soient-elles, applicables et imitables, s’oppose une démarche de création, d’invention

et d’innovation à partir d’une analyse fine du contexte éducatif et de ses éléments constitutifs.

Ceci dit, une forte place est à accordée à la démarche de recherche dans la formation des

enseignants qui peut certainement conduire à une autonomie d’action et une méthode

d’analyse. L’objectif ultime est d’éveiller chez les enseignants la conscience critique et créative

des exigences de la vie scolaire et des instruments capables d’y répondre.

2.2. Objectifs sous-jacents à la formation initiale des enseignants

La mission accordée aux instituts universitaires, chargés de la formation des enseignants, est

non seulement d’accorder une place importante à la construction des savoirs théoriques, mais

aussi établir des passerelles entre ce qui est considéré comme théorique (prescriptif) et pratique

(descriptif). La traditionnelle séparation entre la théorie et la pratique, d’une part, et les instituts

de formation, censés assurer la théorie, et les établissements scolaires concernés par les stages

de pratique, d’autre part, atteste de l’immense écart qui sépare les deux lieux de formation

censés être complémentaires. Dans la formation des enseignants, le modèle qui a dominé

pendant longtemps consistait à juxtaposer une formation théorique à une formation pratique

sur le terrain. Ainsi, la connaissance approfondie des disciplines de l’enseignement dans des

cours théoriques précède leur ‘déposition’ dans l’esprit des apprenants dans la classe. La

division des formateurs d’enseignants entre formateurs d’institution et praticiens de terrain ne

Page 118: Langue de spécialité, didact

118

facilite pas la rupture avec la vision applicationniste qui préconise que « la pratique semble

n’exister que sous la dépendance d’une théorie dont elle constituerait en quelque sorte la

conséquence ou l’effet. » (Guigue-Durning 1998 : 116). En fait, la dichotomie théorie-pratique

est encore vivace malgré les aménagements apportés.

Les recherches dans le domaine ont démontré que :

« Les savoirs théoriques déconnectés de la pratique sont inutiles pour la formation

professionnelle, et, systématiquement, les situations rencontrées sur le terrain ne

sont pleinement formatrices que si elles sont analysées à l’aide d’outils conceptuels

et des apports de la recherche ». (MEN 2007 : 3)

Ceci dit, le dispositif global de la formation des enseignants devrait viser la construction

d’une pratique réflexive (Argyris & Schön 1978, Paquay & Sirota 2001, Perrenoud 2001) en

initiant une démarche autonome pour chaque enseignant ou chaque groupe d’enseignants. Cette

nouvelle culture professionnelle ne se veut pas individualiste, mais vise l’interaction sociale en

entretenant, selon S. Vanhulle 2004a (cité par Deum 2004), « des allers et retours constants

entre l’objectivation intersubjective de savoirs professionnels, et la réappropriation de ces

savoirs par chaque sujets, futur enseignant. Un double mouvement est ainsi provoqué, entre

l’objectivation et la subjectivation, mouvement non linéaire, mais circulaire ». En fait, le débat

sur les apports des savoirs théoriques et des savoirs pratiques autant que la nature des liens qui

les unissent a vraisemblablement évolué vers la recherche d’une continuité plutôt que vers

l’opposition. La formation actuelle des enseignants, dans une posture d’articulation théorie-

pratique, a tendance à se substituer à celle de la juxtaposition. Dans une optique de partenariat,

formateurs- praticiens, ces derniers peuvent contribuer à la formation initiale des enseignants

dans la mesure où « ils seraient à même de transcender leur condition grâce à un recrutement

sélectif, une formation adaptée, une réflexion sur la pratique et un partenariat dynamique avec

les formateurs en institution. » (Raymond & Lenoir 1998).

À cet égard, il est indispensable de sortir du schéma applicationniste, qui prévaut trop

souvent en matière de formation des enseignants pour privilégier les capacités d’invention

individuelles et collectives, pour prendre des risques, pour se dégager des pressions, pour

devenir autonome, etc. Cette pratique de l’application de la théorie à la pratique a été

fermement dénoncée par un certain nombre de chercheurs tels que Gaonac’h qui nous rappelle

« [qu]’il n’existe pas d’applications des théories de l’apprentissage à l’enseignement des

langues étrangères » (1991 : 6). Cet avis est aussi partagé par Bailly qui « récuse

rigoureusement l’applicationnisme. » (1997 : 30). En fait, cette dernière reconnaît l’apport de la

théorie à la méthodologie de la didactique des langues étrangères. Une telle mise en garde

Page 119: Langue de spécialité, didact

119

contre cette pratique en matière d’enseignement des langues a fait naître chez les didacticiens

une forte sensibilité « anti-applicationniste » qui a abouti à l’émergence de la « didactique des

langues ».

2.3. Vers une conception innovante et collaborative de la formation

L’articulation théorie-pratique doit être envisagée dans une perspective de collaboration

entre chercheurs et praticiens de l’enseignement, fondée sur un objet-projet partagé entre

créations de savoirs (théoriques) et amélioration de la pratique (empirique). En d’autres termes,

cet espace de collaboration permet, d’un côté, aux praticiens de participer activement à la

recherche didactique et, d’un autre, aux chercheurs de prendre en ligne de compte les

conditions concrètes de l’enseignement. Les savoirs découlant de cette collaboration ne doivent

être perçus ni en tant que situations idéales ni en situations reproductibles, mais doivent viser

l’élargissement des champs professionnels. En ce sens, la relation devient une voie féconde

pour établir un dialogue entre la logique de la recherche et celle du terrain. En fait, c’est ainsi

que la profession d’enseignant peut être développée.

En fait, la recherche didactique pour l’enseignement et l’apprentissage des langues

étrangères s’est transformée : d’une recherche décontexualisée, produite en dehors des salles de

cours et dont les résultats théoriques étaient peu transférables dans la pratique, à une recherche

qui prend en considération les situations réelles du travail d’enseignants. Ainsi, les résultats

peuvent être d’une réelle pertinence didactique dans sa mise en pratique.

Conclusion

La réussite des réformes éducatives engagées par la tutelle dépend de la mise en synergie de

plusieurs facteurs, en particulier le facteur humain compétent. Aucune réforme de l’éducation

ne peut réussir sans l’implication des enseignants et leur formation. En fait, le facteur humain

se révèle d’une importance capitale dans le contexte d’une école performante. La prise en

charge de la formation des enseignants est le seul garant d’une application effective des

réformes. Enfin, la réalisation des objectifs qui sous-tendent les réformes sont tributaires d’une

bonne formation.

Page 120: Langue de spécialité, didact

120

Chapitre II

Des enjeux de la formation des enseignants à l’importance de l’apprentissage

fondé sur une articulation de la théorie et de la pratique

Introduction

Le second chapitre porte sur les enjeux de la formation initiale des enseignants dans une

posture d’articulation théorie-pratique et vice versa. Il focalise sur la formation des enseignants

au regard de diverses perspectives à savoir professionnalisante, interculturelle, réflexive et

continuum. Par voie de conséquence, il expose les évolutions qui en découlent vis-à-vis des

nouvelles missions du chercheur-formateur, des objectifs sous-jacents à la formation initiale, sa

conception innovante et collaborative.

1. Formation initiale : est-ce un aller-retour de la théorie à la pratique ou vice versa?

« À la croisée de l’économique, du social et du culturel, des acquis du passé et des

investissements qui engagent l’avenir, la formation s’impose désormais comme

passage obligé, tant pour la survie et le développement des sociétés, que pour

l’accomplissement des individus ». Collection savoir et formation 1994

« Dans une formation professionnelle articulant théorie et pratique, le pire serait

qu’une partie des formateurs soient entièrement du côté de la théorie et que leurs

autres soient entièrement du côté de la pratique ». (Perrenoud 1994 : 22)

Il est souvent admis qu’une excellente formation initiale est nécessaire mais ne suffit pas

pour assurer une efficacité permanente des enseignants. Étant donné la très grande rapidité avec

laquelle évoluent les exigences auxquelles est soumise l’école et progresse la connaissance, il

est indispensable que tous les enseignants bénéficient d’un perfectionnement professionnel

permanent. Dans le passé, la politique de l’éducation accordait plus d’importance à la

formation initiale. La carrière enseignante est de plus en plus considérée dans une optique de

formation tout au long de la vie.

La formation initiale des enseignants repose principalement sur une formation universitaire

encyclopédique dans une ou plusieurs disciplines qu’ils sont supposés enseigner. L’étude

réalisée en Master 2 (Benabed 2008) auprès de 200 enseignants ayant poursuivi leur formation

initiale dans les universités (pour 27%) et les ITE (73%), révèle que la majeure partie (80%)

d’entre eux estiment leur formation incomplète et trop théorique. Bien que cette enquête soit

algérienne, les mêmes éléments sont repérables dans la formation des enseignants un peu

partout dans le monde (formation des maîtres en Suisse, …etc.).

Page 121: Langue de spécialité, didact

121

La formation des enseignants est actuellement l’objet de nombreuses transformations. Elle

est sollicitée par de nombreuses questions en rapport avec les changements sociétaux qui

caractérisent le monde. Ainsi, les formateurs d’enseignants et les chercheurs ont consacré à ce

sujet des débats, des réflexions, et des approches théoriques.

L’enseignement est devenu une profession de plus en plus exigeante en raison des grands

changements sociaux, économiques et technologiques qui transforment la société. Le domaine

de la formation des enseignants n’est guère à l’épreuve de ce phénomène. De fait, depuis un

bon nombre d’années déjà, plusieurs intervenants en éducation exigent une réforme de la

formation des enseignants. Une littérature abondante suggère une panoplie de dispositifs : des

cours plus pertinents, des stages plus longs et mieux structurés, des liens plus transparents entre

théorie et pratique, et plus d’occasions pour les stagiaires de réfléchir sur leur pratique en herbe

(Carbonneau 1993, Schön 1987 & Zeichner 1983 : 3-9). Le programme de formation devrait

reposer sur le postulat que la théorie et la pratique sont des composantes incontournables de la

formation initiale des enseignants. La seule formation théorique tout comme la seule formation

pratique ne peut outiller les enseignants : les deux formes doivent être articulées et arrimées

dans un programme professionnel logique et cohérent.

La formation des enseignants d’anglais suppose un éclairage théorique nécessaire pour que

la pratique enseignante soit réfléchie par ces enseignants. En l’absence de cet éclairage, cette

pratique enseignante risque de n’être qu’un stéréotype issu de l’imitation. La théorie doit

contribuer à aider les futurs enseignants à mieux comprendre pour mieux apprendre, et par la

suite, à mieux enseigner. De ce fait, la formation doit articuler savoirs et savoir-faire, elle

conjugue l’appropriation des connaissances et des pratiques à des fins professionnelles,

sociales, personnelles et l’exploration des thèses et des valeurs qui les sous-tendent, du sens à

leur assigner.

De nombreuses recherches indiquent actuellement que l’efficacité de la formation s’appuie

essentiellement sur trois types de facteurs :

1. Les facteurs d’ordre individuel sont centrés sur la motivation à apprendre et à utiliser les

acquis de la formation ainsi que sur le sentiment d’être capable de la faire ;

2. Les facteurs liés à la formation concernent particulièrement le déroulement même des

journées, le contenu et surtout la méthodologie proposée par le formateur ;

3. Les facteurs d’environnement représentent les conditions dans lesquelles le participant

est placé tout le long du processus de formation, depuis l’analyse des besoins jusque et y

compris le suivi de la formation axé sur le transfert des apprentissages dans sa pratique

professionnelle. (Rapport d’évaluation FoCEF 2007-2008).

Page 122: Langue de spécialité, didact

122

Une des principales caractéristiques de la formation initiale des enseignants tient à ce

qu’elle soit organisée autour de multiples espace-temps de formation : stage de responsabilité,

entretien de conseil pédagogique, cours magistraux, rédaction du mémoire professionnel,

atelier d’analyse de pratique, stage de pratique accompagnée. Dans un tel contexte, l’enjeu

essentiel est de réfléchir à leur articulation afin de préparer efficacement les enseignants à

entrer dans le métier.

En d’autres termes, il s’agit d’éviter tout à la fois l’empirisme et le pragmatisme qui

prévalent souvent dans la formation des enseignants par immersion ou par le compagnonnage

et l’empilement encyclopédique d’apports considérés comme nécessaires, mais qui ne peuvent

être ni finalisés, ni intégrés ni transférés. Par contre, il s’agit d’articuler un référentiel de

connaissances et de compétences considérées comme indispensables pour former un enseignant

« compétent » et la dynamique qui permet leur intégration dans un aller-retour

accompagné/guidé et formalisé.

L’enfermement dans la dichotomie traditionnelle théorie-pratique aurait toutefois conduit à

exclure la fructueuse articulation entre travaux théoriques, spéculatifs ou prescriptifs et

empiriques. L’isolement de ces deux espaces, théorie et pratique, empêcherait la circulation

entre ces deux champs et les ajustements progressifs qui devraient en découler. Il s’agit de

prendre des décisions concrètes ce qui résultent sur des enjeux de l’action au niveau didactique.

Le travail sur le rapport entre les décisions et les enjeux est d’autant plus efficace que l’on se

limite ou s’astreint tout simplement à des changements de focale.

En fait, toutes les perspectives principales relatives à la question de l’application des

modèles théoriques aux situations de pratique d’enseignement comme celles de Gage 1978 :

39) qui considère « les modèles théoriques comme source de règles dictant à l’enseignant des

façons de faire efficaces » ; ou celles de Fenstermacher (1979) & Clark (1988 : 5) qui

admettent que « les modèles théoriques sont source de schémas de lecture pouvant modifier la

perception de l’enseignant » ; ou de Phillips & Fenstermacher (1990) qui affirment que « les

modèles théoriques peuvent susciter une remise en question des croyances de l’enseignant » ;

ou de Giroux & McLaren (1996 : 121) qui attestant que « les modèles théoriques servent de

base à une action émancipatrice », cités par Mark Boutet 2004 : 3) accordent un certain

privilège, voire une prépondérance, aux modèles théoriques sur l’action effective des

enseignants. À cet égard, les principes, fondant ces perspectives, semblent ignorer les écarts qui

caractérisent les propositions théoriques idylliques et les réalités de la pratique enseignante.

Imputer ces écarts entre les deux espaces théorie-pratique tout simplement à la pratique

inappropriée des enseignants aux situations de classe dans leurs complexité, singularité et

Page 123: Langue de spécialité, didact

123

diversité des apprenants est dû à l’hypothèse axiomatique qui lie la théorie et la pratique dans le

domaine de l’enseignement.

Le débat sur le statut des savoirs théoriques et des savoirs pratiques ainsi que sur la nature

des liens qui les allient a évolué vers la recherche d’une continuité plutôt qu’une opposition.

2. Théorie et pratique : quelle articulation dans la formation des enseignants?

« There is nothing so practical as good theory »

Kurt Lewin cité par Fullan (2001 : xiii)

« There is nothing so theoretical as good practice »

Fullan (2001: xiii)

« La théorie sans la pratique est impuissante. »

« La pratique sans la théorie est aveugle. »

Kant

Toute profession doit pouvoir s’appuyer sur un certain ensemble de savoirs théoriques pour

fonder ses actions. L’émergence d’un grand nombre de professions au cours du dernier siècle

repose en grande partie sur un effort de mise en relation des savoirs théoriques avec les

situations de vie réelle. En outre, tout au long des interventions professionnelles, des savoirs se

sont construits, savoirs qui s’avèrent utiles pour faire face aux exigences concrètes de la

profession. Le statut de ces savoirs, qui peuvent être qualifiés comme étant des savoirs

pratiques, et le caractère de leur rapport aux savoirs théoriques font l’objet d’un débat depuis

fort longtemps.

Le rapport conflictuel entre la théorie et la pratique était au cœur des préoccupations des

philosophes et des chercheurs. L’accès à la connaissance est le résultat d’une délibération

intérieure prudente (phronésis) qui tente de résoudre la tension entre la mouvance de la réalité

qui nous entoure et l’existence des formes substantielles ; raison et sens sont indissociables

dans ce processus.

L’activité professionnelle de l’enseignant se déroule en contexte de classe, donc un lien

effectif à la réalité. Par contre, elle doit aussi pouvoir remonter régulièrement hors de ce

contexte pour se donner des repères conceptuels plus durables.

Ces deux aspects du savoir sont importants et bénéfiques pour un enseignant professionnel :

la théorie et la pratique. Ainsi, les cours de formation initiale sont destinés à équiper les

enseignants débutants d’outils nécessaires afin de les aider à intégrer la nouvelle profession

avec efficacité et confiance. Néanmoins, les modèles traditionnels de formation des enseignants

en comptent ces deux aspects comme deux domaines distincts ; la théorie est apprise à

Page 124: Langue de spécialité, didact

124

l’université et la pratique sur le tas. Toutefois, les recherches récentes ont mis en évidence

l’interdépendance de la théorie et de la pratique. Par exemple, les recherches, telle l’étude de

cas réalisée par Tsui Amy B.M. (2001), donnent un aperçu des processus qui se déroulent

comme un progrès d’enseignants novices vers l’acquisition de compétences professionnelles

dans l’enseignement des langues. Ce qui suggère que les enseignants développent leurs propres

principes par l’expérience et par la réflexion sur l’expérience. De même, l’étude menée par

Johnson, K.E. (1994) révèle la mesure dans laquelle les croyances des élèves-enseignants sur la

didactique des langues secondes sont influencées par leurs expériences en tant qu’élèves, et par

leurs perceptions de ce qu’être enseignant devrait impliquer. Ces études montrent que la

formation initiale des enseignants ne devrait pas être simplement la démonstration de

techniques d’enseignement, mais devrait comporter une combinaison plus complexe de la

théorie et de la pratique.

Sans surprise, alors, les chercheurs dans le domaine de l’enseignement des langues

secondes et étrangères rejettent maintenant l’idée de divorce entre la théorie et la pratique.

Brumfit (1983 : 61), par exemple, estime que l’équilibre entre la théorie et la pratique « devrait

être fondé sur la relation entre les deux ». En outre, le programme de formation des enseignants

hongrois décrit par Medgyes & Malderez (1996) englobe à la fois la théorie et la pratique avec

les stagiaires et les formateurs qui travaillent sur des observations de classe, un soutien

pédagogique et l’idée théorique de la promotion de l’apprentissage réflexif.

En fait, il s’agit de faciliter l’accès des enseignants stagiaires aux différentes théories

(savoirs) pour qu’ils puissent construire leur propre liberté vis-à-vis de leurs pratiques

enseignantes. Ce qui exige de prendre en ligne de compte non seulement la relation entre

didactique et pédagogie, apprentissage et contenus, mais aussi la réalité du terrain, celle des

différents acteurs, y compris celle des enseignants-chercheurs et de l’institution. Ceci implique

un réajustement permanent entre la théorie et la pratique. Ainsi, les enseignants développent

des aptitudes professionnelles et personnelles en même-temps. L’accès aux théories didactiques

leur offre une liberté d’action et de réflexion à laquelle ils n’auront aucun accès s’ils se

contentent d’appliquer des recettes toutes faites ou imiter des modèles. En fait, c’est aussi le

meilleur moyen pour eux de gérer l’inattendu.

Le regard sur l’action menée au cours de ces dernières années montre que ce qui la sous-

tend, c’est la volonté de mettre les théories au service de la pratique au niveau des stagiaires,

des enseignants et de l’institution.

La pratique n’est plus dans la dépendance de la théorie. Elle entretient avec elle des

rapports interactifs qui font que l’une nourrit l’autre et vise versa. Le modèle de la « science

Page 125: Langue de spécialité, didact

125

appliquée » permet de former des techniciens. Ceux-ci cherchent à résoudre des problèmes

(problem solving) en appliquant les données théoriques apprises. Par contre, dans le modèle de

« la science de l’agir professionnel », il s’agit de former des professionnels. Cela signifie que la

formation de l’enseignant « technicien » ne suffit pas. Les problèmes ne sont pas donnés

d’emblée, au contraire, il s’agit de les dégager des situations opaques, chaotiques auxquelles

l’enseignant est confronté (problem setting). La réflexion en action et sur l’action sont mises en

avant. Une posture qui nécessite la prise en considération des savoirs pour interpréter et

analyser les pratiques enseignantes.

En fait, chercheurs et praticiens ne peuvent évoluer dans des aires isolées, d’où les derniers

ont une relation limitée tout simplement à l’application des savoirs découverts par les premiers.

Recherche théorique et pratique enseignante doivent être en constant dialogue de sorte que la

recherche ne soit pas à propos de l’éducation mais pour l’éducation et que les praticiens se

définissent en tant que chercheurs dans leur expérience aussi bien dans la complexité que dans

la singularité des situations d’enseignement/apprentissage.

La perspective ouverte par Huberman (1989) de diffusion et d’utilisation des connaissances

susceptibles de participer au développement professionnel des enseignants, donne le rôle

essentiel au système de ressources de produire des connaissances destinées aux systèmes

utilisateurs et de les transposer pour qu’elles puissent être enseignables. Une telle production

des connaissances n’a de chance d’être utiles, que si elle répond aux questions posées et rend

possible l’appropriation d’éléments susceptibles d’aider à résoudre des problèmes émergeant

dans la pratique de la classe.

3. La formation des enseignants dans une perspective planétaire

La formation des enseignants est une préoccupation constante des responsables de

l’enseignement, ainsi plusieurs modèles ont été mis en place pour répondre aux évolutions

sociétales.

La formation initiale des enseignants n’est que le premier maillon d’un processus qui devra

se poursuivre tout au long de leur carrière, son enjeu sociétal est essentiel car elle a la

responsabilité d’engager la pratique des futurs enseignants dans des voies qui maximisent son

caractère éducatif.

Actuellement, la professionnalisation est un thème central qui envahit les recherches en

sociologie et en Sciences de l’Education. La massification et l’émergence des nouvelles

attentes sociales, politiques et économiques vis-à-vis de l’école poussent à faire évoluer le

métier d’enseignant. La professionnalisation met notamment en évidence la volonté des

Page 126: Langue de spécialité, didact

126

personnes appartenant à un métier d’acquérir un statut, de définir des savoirs spécifiques, de

développer des compétences et d’adhérer à une éthique ainsi qu’à un dispositif de formation qui

permette l’entrée dans la fonction.

Former des enseignants capables de coexister dans un environnement de plus en plus

mondialisé exige l’acquisition des compétences et des valeurs qui permettent à tous les êtres

humains de vivre dans un contexte fortement marqué par la diversité culturelle et linguistique.

Cette diversité caractérise notre quotidien puisque, au sien de nos foyers, notre vie est

imprégnée par ce qui est autre et différent. Ce phénomène est dû, d’une part, à la prédominance

croissante des TIC qui nous permettent d’entrer en contact avec des mondes de cultures et de

langues différentes, et d’autre part, à la mobilité, en augmentation, d’individus provenant de

régions et de pays autres que le notre. Cette formation dans une perspective planétaire exige

une pédagogie qui fait appel à la coopération et à la participation active de tous.

L’enjeu politique est de former des enseignants de haut niveau, parce que la qualité du

système éducatif dépend dans une large mesure de la formation des professionnels. Les pays les

mieux classés sont ceux qui accordent à la formation une place centrale, c’est ce que l’enquête

PISA [47

] vient de confirmer. Sa prise en charge accrue par les hautes écoles et les universités

répond à une double intention :

- accroître la maîtrise des savoirs à enseigner et des fondements didactiques de leur

acquisition par les apprenants ;

- Plus globalement, relever le niveau de la formation professionnelle des enseignants et

l’adosser plus fortement aux sciences sociales et humaines.

Le cahier des charges de l’enseignant s’est élargi au gré des réformes de programmes et de

structures aussi bien que des transformations des méthodes et conceptions didactiques. Les

publics scolaires se sont transformés et leurs besoins se sont pratiquement diversifiés. Ainsi, le

métier d’enseignant devient de plus en plus difficile, alors que les attentes à l’égard de la

formation augmentent en permanence.

[

47] PISA est un acronyme ‘Programme for International Student Assessment. C’est une enquête menée tous les

trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l’OCDE et dans de nombreux pays partenaires.

Elle évalue l’acquisition de savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au terme de la scolarité

obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture mathématique et la culture scientifique et se présentent sous

la forme d’un questionnaire de fond. Lors de chaque évaluation, un sujet est privilégié par rapport aux autres. Les

premières collectes de données ont eu lieu en 2000, les suivantes en 2003, en 2006 et en 2009. La prochaine

collecte est prévue pour 2012.

Page 127: Langue de spécialité, didact

127

4. Formation didactique ou pédagogique ?

La recherche en didactique est une science relativement nouvelle. Elle plonge ses racines

dans le questionnement pédagogique et prolonge celui-ci dans toute sa réflexion concernant la

recherche d’outils, de méthodes et de pratiques enseignantes. Mais ces aspects ne sont que

l’aboutissement d’une réflexion portant avant tout sur les mécanismes qui président à

l’apprendre. S’inspirant des sciences cognitives, qui se développent, en parallèle à cette même

époque, faisant appel également aux connaissances des neurosciences et de la psychologie, la

didactique tente de modéliser au mieux ce qui se passe dans nos têtes quand on apprend. Il

s’agit, pour toute recherche didactique, de répondre au questionnement « que faut-il

enseigner ? », « comment enseigner ? » et « par quels moyens ? ».

L’enjeu didactique de la formation des enseignants consiste à chercher et à mettre en

œuvre, avec le moins de risque d’échec possible, les modalités qui permettront à l’ensemble des

apprenants de franchir les obstacles épistémologiques et d’acquérir rapidement les

connaissances et les compétences visées. Ainsi l’enseignant sera amené à imaginer et à

rechercher les démarches pédagogiques : recherche d’hypothèses, projets, situation-problème,

etc., les mieux adaptés, selon lui, à la spécificité des obstacles rencontrés dans les

apprentissages visés.

Depuis environ trois décennies, des passerelles se sont établies entre la recherche en

didactique et la formation des enseignants, avec pour perspective de favoriser l’évolution des

pratiques des enseignants. La didactique des langues étrangères (DLE) a contribué à élaborer

des outils théoriques et pratiques à destination des formateurs. Par ailleurs, pour définir les

contenus et les modalités de leurs plans de formation initiale et continue, les instituts de

formation font appel au concours de chercheurs en didactique. Les liens entre recherche et

didactique se sont donc resserrés.

Les recherches en didactique se centrent sur l’étude des conditions propices aux

apprentissages, en analysant finement les situations proposées aux apprenants (contenus,

objectifs, tâches), et en observant leur impact sur l’évolution des conceptions des apprenants.

Actuellement, ce qui pose problème est l’appropriation des situations élaborées par les

enseignants vu leur éloignement du milieu de recherche. L’aide des formateurs aux enseignants

s’avère impératif pour permettre la gestion de ce type de situations.

Toutefois, l’introduction de conceptions épistémologiques et didactiques dans la formation

des enseignants les aidera à orienter leur pratique à condition que l’adéquation entre conception

et pratique devienne un objectif de formation.

Page 128: Langue de spécialité, didact

128

Mais, sous certaines conditions, une évolution peut être observée conjointement sur les

pratiques des enseignants et sur leurs représentations épistémologiques et didactiques. Pour ce

faire, un dispositif de formation, permettant de faire évoluer les enseignants tant sur le plan

théorique que du point de vue de leur pratique enseignante, devrait être mis en œuvre.

Dans le cadre des réformes éducatives, la formation des enseignants doit se traduire par la

mise en œuvre de formules didactiques qui mettent l’accent sur le travail en équipe, la

coopération et la construction collective de sens. Ainsi, une nouvelle organisation des

ressources doit permettre aux enseignants de construire eux-mêmes leurs savoirs, habilités et

attitudes et ce en interaction avec les autres (équipe d’apprentissage) et leurs environnements.

Cette orientation redéfinit le rôle des formateurs qui deviennent des aides-apprenants et des

accompagnateurs dans la construction des savoirs. Les formateurs sont invités à munir ces

enseignants de compétences pour faire face à l’évolution des connaissances sur l’apprentissage

et à leurs conséquences sur les pratiques professionnelles. Dans cette perspective, l’expertise ne

repose plus sur les savoirs disciplinaires mais plutôt sur la maîtrise de l’ingénierie didactique en

temps que levier de l’apprentissage.

5. La compétence dans le domaine de l’éducation

Les paradigmes axés sur le développement des compétences gagnent de plus en plus de

terrain en éducation. Pour certains, ce virage vers les compétences s’inscrit en opposition avec

des approches considérées plus « traditionnelles », approches qui, pour l’essentiel, prennent

forme à l’intérieur d’un enseignement de type magistral, et dans lequel la transmission des

savoirs et des connaissances occupe une place centrale (cf. Perrenoud 1995, Le Boterf 2001 &

Jonnaert 2002). En ce sens, nous pourrions dire du virage vers les compétences qu’il

représente, pour l’enseignement du moins, une véritable révolution copernicienne.

Bien que le concept de « compétence » ait fait l’objet de nombreux écrits dans la littérature

(nous y reviendrons sur une partie de ces écrits plus loin en 5.2.1. p 131), constituant un moteur

en termes de changements dans les programmes scolaires, dans les pratiques de classe, dans les

pratiques de formation et dans les pratiques d’évaluation, il est loin d’être entièrement stabilisé

dans le domaine de l’éducation. Ambigu, polysémique et de caractère multiforme, le concept de

compétence a été utilisé pour servir des causes diverses comme la cause du

socioconstructivisme, de l’interdisciplinarité, de la pédagogie du projet ou encore la résolution

de problème.

Page 129: Langue de spécialité, didact

129

5.1. Considérations diverses sur le concept de compétence

Les orientations actuellement en vigueur pour la formation à l’enseignement s’inscrivent

dans le courant des compétences, qui occupe une place importante dans la plupart des systèmes

d’éducation un peu partout dans le monde.

C’est vers la fin des années 1980 que la notion de compétence a fait son entrée dans les

curricula de formation (Dolz & Ollagnier 2002), constituant une alternative au paradigme

curriculaire alors dominant, qui se fondait sur une conception fragmentée des formations où les

apprentissages étaient découpés, hiérarchisés et souvent d’une façon décontextualisée, avec par

conséquence, des limites souvent constatées sur le plan de l’intégration et du transfert des

connaissances (Tardif 1999).

Dès son introduction dans l’éducation, le concept de compétence a été l’objet de nombreux

débats sur sa signification et sa pertinence. Gauthier & Mellouki (2006), ont récemment

constaté que la nouvelle approche « par compétences » est sujette à de multiples interprétations

et que les résistances fortes sont toujours observées de la part de certains acteurs, surtout dans

la formation des enseignants. Les opposants, (Boutin & Julien 2000), à la logique des

compétences y voient le risque d’une conception mécaniste, instrumentaliste, voire behavioriste

de la formation et le danger qui conduise à une disparition des savoirs. Par contre ses

défenseurs démontrent, au contraire, que le concept de compétence permet de recentrer les

formations sur le développement d’un savoir-agir en contexte, qui suppose la mise en œuvre de

mécanismes cognitifs de haut niveau (Perrenoud 1995), exigeant la maîtrise et l’adaptation des

savoirs et des ressources internes et externes à l’individu.

5.2. Regards croisés sur la notion de compétence

En dépit des débats menés pour définir le concept de compétence, on peut dégager quelques

caractéristiques autour desquelles s’organisent sa signification et les implications qui en

découlent sur les systèmes de formation.

Selon Roegiers & De Ketele (2000 : 133) la compétence prête parfois à confusion : « on lui

donne tantôt le caractère très général, voire même transversal d’une capacité, tantôt le caractère

étroit d’un objectif spécifique ». Les termes de capacité et de compétence : « ne sont guère

standardisés ou socialement stabilisés, ils recouvrent souvent ce qui antérieurement était

dénommé objectifs d’apprentissage ». (Fourez, Englebert-Lecomte & Mathey 1997 : 81).

Soulignons que la notion de compétence peut être d’une grande utilité dans les travaux

d’élaboration, d’évaluation, de révision et d’amélioration des programmes et des pratiques

pédagogiques, Morin distingue :

Page 130: Langue de spécialité, didact

130

« La compétence (…) dans le sens de l’aptitude générale d’un étudiant qui

démontre l’atteinte des objectifs d’un programme et qui le rend apte à s’intégrer au

marché du travail ou à entreprendre des études universitaires, et les compétences,

qui sont les aptitudes et capacités particulières à répondre aux exigences

spécifiques d’une tâche, d’une fonction d’un travail ou d’un programme

universitaire particulier ». (1989 : 34)

Pour Astolfi, Peterfalvi & Verin parler de compétences au pluriel évoque moins l’aptitude elle-

même que ce qui la rend possible :

« Nous glissons alors d’une caractéristique psychologique assez globale à une

certaine objectivation de ce qui est requis pour agir de façon compétente. Mais cela

renvoie toujours à une composante personnelle de l’individu qui apprend- ou

plutôt, qui a déjà appris- puisque les compétences rendent possible la

compétence ». (1991 : 13)

Tardif, quant à lui, pense que :

« La compétence est un système de connaissances déclaratives (quoi),

conditionnelles (quand, pourquoi) procédurales (comment), organisées en schémas

opératoires et qui permettent à l’intérieur d’une famille de situations,

l’identification de problèmes (toute situation pour laquelle un individu n’a pas de

solution ou de réponse d’emblée) et sa résolution par une action efficace ».

(1996 :34)

Donc, les compétences reposent sur une construction des savoirs, sur une appropriation des

savoirs qui fait appel au raisonnement et à la reprise de décision.

Malgré cette polysémie, la notion de compétence est utilisée comme principe organisateur de

programme d’études dans bon nombre de réformes curriculaires. Ces réformes ont fait l’objet

d’évaluations qui mettent en évidence un certain nombre de difficultés inhérentes, entre autres,

aux réductionnismes dont fait l’objet la notion même de compétence à travers ces réformes

(Tehio 2010, Mellouki 2010, Benavot & Braslavsky 2007). Le plus souvent réduites à une

reformulation simplifiée d’objectifs, les compétences des personnes disparaissent pour ne

laisser la place qu’au développement d’habiletés sommaires portant strictement sur des

contenus notionnels reliés à des savoirs disciplinaires traditionnels. Ainsi, les chercheurs de la

CUDC (Jonnaert, Charland, Cyr, Defise..) s’écartent de ces approches. Ils considèrent que la

notion même de compétence reste un objet très peu curriculaire. Cette notion a plutôt tendance

à référer aux résultats des personnes traitant une situation que de permettre d’identifier à priori

le prescrit de programmes de formation comme le préconisent certains tenants d’une approche

par compétences (Roegiers 2008, Bernard & Nkengne 2007).

Pour les chercheurs de la CUDC (Jonnaert & al. 2005 : 674), un bon nombre d’éléments

constitutifs devrait être pris en considération pour définir la notion de compétence :

Page 131: Langue de spécialité, didact

131

« Une compétence se développe en situation et est le résultat du traitement achevé

de cette situation par une personne ou un collectif de personnes dans un contexte

déterminé.

Ce traitement repose sur le champ des expériences vécues par les personnes dans

d’autres situations plus au moins isomorphes à celle qui fait l’objet d’un traitement.

Ce traitement s’appuie sur un ensemble de ressources, de contraintes et d’obstacles

et sur des actions ; la réussite de ce traitement est fonction de la personne ou du

collectif de personnes, de leurs expériences de vie, de leur compréhension de la

situation, de la situation elle-même et du contexte, des ressources des personnes

elles-mêmes et de celles disponibles parmi les circonstances de la situation.

La compétence est l’aboutissement de ce processus temporel, complexe,

dynamique et dialectique de traitement ; elle est spécifique à la situation traitée

avec succès et peut être adaptée à d’autres situations qui sont presque isomorphes à

la situation actuelle et qui appartiennent à la famille de situations ».

L’ensemble de ces éléments constitutifs permet d’en préciser une trame conceptuelle qui

sert de modèle de référence à l’évaluation d’une compétence et du processus qui, en amont, en

a permis le développement. Ce qui laisse entendre que l’élaboration d’une trame conceptuelle

s’avère nécessaire pour modéliser la zone sémantique d’une compétence. Les chercheurs de la

CUDC prennent en considération :

- « un contexte ;

- une personne ou un collectif de personnes ;

- un cadre situationnel : une situation et sa famille de situations ;

- un champ d’expériences vécues antérieurement par la personne ou le collectif

de personnes dans des situations quasi isomorphes à la situation en cours de

traitement ;

- un cadre d’actions : des catégories d’actions incluant un certain nombre

d’actions mises en œuvre par une ou plusieurs personnes dans cette situation ;

- un cadre des ressources : des ressources utilisées pour le développement de la

compétence ;

- un cadre d’évaluation : des résultats obtenus, des transformations observées

dans la situation et sur les personnes, et des critères qui permettent d’affirmer que

le traitement de la situation est achevée, réussi et socialement acceptable ».

(Jonnaert, & al. 2005 :674)

5.2.1. Plusieurs conceptions du concept de compétence

Loin d'atteindre l'unanimité parmi les chercheurs, le concept de «compétence», qui est la

notion principale de l'APC, est soumise à l'influence de l'APO, dont il ne se dissocie guère. En

l'absence d'un cadre clairement établi, le concept transmet simultanément plusieurs

significations. Il est, tout d'abord, conseillé d'être très rigoureux sur sa définition. Pour l'APC,

la compétence ciblée, qui est un concept nodal, c'est la compétence communicative. Nous

évoquerons dans notre document de recherche de trois modèles de conception distinctes, à

savoir les compétences linguistiques, constructive et communicative. Ce choix est fait à l'égard

de la contribution de chaque conception, la linguistique et constructive, pour la maîtrise de la

Page 132: Langue de spécialité, didact

132

compétence communicative. La capacité linguistique est l'une des composantes de la

compétence communicative, comme le définit Nunan :

« The ability to use language effectively to communicate in particular contexts and

for particular purposes. Communicative competence is said to consist of four

subsidiary components: grammatical competence, sociolinguistic competence,

discourse competence and strategic competence ». (1992:117)

Cette définition subdivise la compétence communicative en plusieurs sous-compétences à

savoir : grammaticale, sociolinguistique, discursive et stratégique. Il nous semble important de

tenir compte de ces composantes qui élaborent notre définition de la compétence

communicative.

En effet, dans le processus d'apprentissage d'une langue étrangère, il y a un contexte de

départ fondé sur des besoins de communication à la fois dans les formes écrites et orales

exprimées par les apprenants et, de ce fait, les concepteurs des manuels scolaires et les

utilisateurs doivent rechercher les voies et moyens susceptibles de favoriser chez l’apprenants

l’autonomie de communication dans un champ social interactif et ouvert sociales et scolaires. À

cet égard, nous observons un large éventail de définitions du concept de «compétence» dans le

domaine éducatif. Pour illustrer cette assertion, nous nous référerons à quelques observations

épistémologiques des auteurs de référence en sciences de l'éducation: Le Boterf considère la

«compétence» comme un savoir-agir reconnu, donc certifié par l'école:

« La compétence ne réside pas dans les ressources (connaissances, capacités…) à

mobiliser mais dans la mobilisation même de ces ressources. La compétence est de

l’ordre du “ savoir mobiliser ». (1994 : 16)

De l'avis d'un certain nombre d'auteurs qui fait écho à l'œuvre de Le Boterf (1994), comme

Perrenoud (1995), Rey (1996), Roegiers & al.(2000) & Jonnaert (2002), la compétence est

définie comme:

« [...] the ability, of the student to mobilise his own resources or to spontaneously

use external resources to accomplish complex tasks with a same family of tasks ».

(1994:17)

En dépit de points de vue quelque peu divergents, un certain consensus de nature

épistémologique semble entourer le concept de compétence. En effet, ce terme semble

recouvrir trois types de compétences à savoir linguistique, pragmatique et socioculturelle. Ces

citations ont en commun une insistance : les ressources ne sont rien si on ne peut pas les utiliser

à bon escient et de les mettre en synergie par rapport à une situation singulière. Mobiliser,

Page 133: Langue de spécialité, didact

133

coordonner, orchestrer, tels sont les concepts clés de penser à l'organisation de l'action

complexe. Perrenoud a rappelé par ailleurs que cela reste juste un langage métaphorique, mais a

également souligné que métaphore de la mobilisation semblait plus riche, fructueux que celui

de « transfert de connaissances ». Pour Perrenoud:

« La compétence n'est pas un état ou une connaissance acquise. Il est réduit ni à

une connaissance certaine, ni d'un certain savoir-faire à faire. Il n'est pas

comparable à un résultat d'apprentissage. Pour avoir des connaissances ou des

capacités ne signifie pas être compétent. On peut connaître des techniques ou des

règles de gestion comptable et de ne pas savoir comment les appliquer dans les

moments commodes. Nous pouvons connaître les lois commerciales mais mal

rédiger des contrats ». (2000 : 60)

En effet, tous les jours, l'expérience montre que les gens qui sont en possession de

connaissances ou de capacités ne savent pas les mobiliser de façon pertinente et au moment

opportun, dans une situation de travail. L'actualisation ou mise à jour de ce que l'on sait dans un

contexte singulier (marqué par des relations de travail, une culture institutionnelle, les risques,

les contraintes temporelles, ressources ...) est révélatrice du « passage » à la compétence. Cette

dernière est réalisée dans l’action. Elle ne lui préexiste pas. Selon Le Boterf :

« [...] Il n y a pas de compétence, sauf la compétence dans l'action. La compétence

ne peut pas fonctionner "à vide", en dehors de tout acte qui ne se limite pas à

l'exprimer, mais qui la fait exister ». (1994: 16)

Par conséquent, il est évident que les savoirs constituent la pierre angulaire de tout

apprentissage, mais elle est insuffisante pour rendre les apprenants capables d’acquérir des

compétences. L'acquisition de savoirs hors de tout contexte devient tout simplement un capital

immobilisé faute de savoir les réinvestir à bon escient. La plupart des savoirs accumulés à

l'école reste inutile dans la vie quotidienne, non parce qu’ils manquent de pertinence, mais

parce que les apprenants eux-mêmes ne sont pas impliqués et formés pour s'en servir dans des

situations concrètes. Ainsi, il est important de développer les compétences dès l'école; en

d'autres termes, autrement dit de lier ces savoirs à leur mobilisation dans des situations

complexes. Cela vaut à l’intérieur des disciplines aussi bien qu’au carrefour des disciplines.

Pour Legendre :

« La compétence ne se donne jamais à voir directement, elle est indissociable de

l’activité du sujet et de la singularité du contexte dans lequel elle s’exerce, elle est

structurée d’une façon combinatoire et dynamique, elle est construite et évolutive,

elle comporte une dimension métacognitive et une dimension à la fois individuelle

et collective ». (2008 : 39)

Page 134: Langue de spécialité, didact

134

La construction de compétences doit impérativement prendre le temps nécessaire qui

permet aux apprenants d'acquérir des connaissances par des « méthodes actives », au gré de

projets, de résolution de problèmes, des recherches, et des activités de communication proche

de la situation sociale-réelle, etc.…

La compétence se développe est évolue dans le temps et devient par là un objet

d’évaluation à dimension multiples : l’évaluation d’une compétence est nécessairement multi-

référenciée. En outre, elle peut se situer aux différents moments de la construction et du

développement ou encore de l’adaptation de la compétence (Jonnaert, Ettayebi & Defise 2009).

La compétence est donc évolutive et chemine jusqu’à l’aboutissement du traitement de la

situation et la réflexion que les personnes effectuent sur ce qu’elles ont réalisé en situation.

Les définitions ci-dessus mettent l'accent sur les notions de situations complexes, les

situations problématiques et des tâches à accomplir dans un contexte précis. Ce qui est requis

de la part de l'apprenant, pour être qualifié comme «compétent», est de décider de façon

autonome pour mettre ce qu'il sait et ce qu'il peut faire en pratique. La démonstration de sa

capacité n'est pas limitée à une situation unique, mais plutôt un ensemble de situations au sein

de la même famille. Cette famille de situations est un concept important à la fois de la

formation et les perspectives d'évaluation. Il est nécessaire de présenter les apprenants avec

plusieurs situations d'apprentissage afin qu'ils puissent se manifester et exercer leurs

compétences, créant ainsi des situations d'observation de la compétence.

Ce qu'il faut retenir de toutes ces définitions est le consensus minimal qui soutient que la

compétence se fonde sur les savoirs et les connaissances (knowledge) qui symbolisent les

compétences théoriques, savoir-faire (compétence fonctionnelle) connu en tant que

compétences pratiques et le savoir- être (compétences comportementales), les compétences

sociales et comportementales.

Le développement des compétences n’est pas donc réductible uniquement à l’acquisition

des ressources (savoirs, habiletés, etc.) par les apprenants, mais ces derniers doivent être formés

à construire, à partir de ces ressources, les combinaisons appropriées. La compétence est donc

une variété combinatoire de différentes ressources qui peuvent être mises en synergie et

utilisées dans diverses situations.

Pour conclure, il faut admettre que le concept de compétence est polysémique, mais sa

réduction à de simples objectifs comportementaux s’avère irrecevable. Aujourd’hui les

situations sont devenues incontournables, mais leur analyse reste rare et incomplète. Évaluer

des compétences s’inscrit aussi dans les changements paradigmatiques que vivent les

formations. Une autre culture et d’autres outils intégrés dans de nouvelles méthodes

Page 135: Langue de spécialité, didact

135

d’évaluation sont donc nécessaires pour répondre aux défis que sollicite l’évaluation des

résultats de formations qui visent le développement des compétences par les apprenants.

Il s’agit d’une véritable culture de l’évaluation (Thélot 1993) à instaurer et qui constitue un

défi à l’université algérienne et qui peut ouvrir des perspectives nouvelles en rupture avec les

pratiques habituelles et encourager ainsi des pratiques évaluatives ouvertes au développement

professionnel (Jorro 2007 : 15). En fait, l’université algérienne n’évalue jamais ou très rarement

ces formations. L’évaluation de cette formation se limite essentiellement à l’aspect normatif,

elle s’attache principalement à classer les stagiaires les uns par rapport aux autres : « le système

des examens universitaires fonctionne la plupart du temps en l’absence de définition, même

local, des connaissances et des compétences attendues évaluation qui sont attendues en fin de

formation » (Romainville 2002). Ce système d’évaluation, durant les quatre années de licence,

est essentiellement centré sur la restitution des connaissances. Les enseignants-stagiaires sont

d’ailleurs très critiques vis-à-vis de ce mode d’évaluation conçu pour certifier l’acquisition de

connaissances factuelles et de savoirs formels

Qui d’autre que l’apprenant lui-même, celui qui vit ce processus de conceptualisation peut

en rendre compte ? Laisser les apprenants parler de leur propre expérience et exprimer leur

vécu, c’est aussi les intégrer dans une démarche d’évaluation. Comprendre une compétence

pour l’évaluer c’est prendre en considération l’ensemble des éléments constitutifs de la notion

de compétence.

Ce concept de « compétence » concerne aussi bien d’autres domaines importants en

contexte d’enseignement/apprentissage d’une langue vivante. Il est question de compétences

plurielles à savoir linguistique, discursive, stratégique et pragmatique pour pouvoir

communiquer d’une manière appropriée. La mise en synergie de toutes ces composantes

garantit l’apprentissage et l’usage de la langue dans une posture communicative.

5.2.1.1. Conception linguistique de la compétence

Les premières théories sur le concept de compétence ont été développées par le linguiste

américain Chomsky qui, dans son très influent ouvrage Aspects de la théorie syntaxique (1965),

l'associe à la «compétence linguistique». Il dépeint ce qui a été aujourd'hui considéré comme

distinction classique entre la compétence (monolingue locuteur-auditeur de la connaissance de

la langue) et de la performance (l'utilisation de la langue en situation réelle). Il définit cette

capacité linguistique en tant que:

« an innate and universal linguistic provision, which is acquired neither by the

influence of the environment nor by the process of learning by a speaker of a

language as first language or mother tongue ». (1965 : 4)

Page 136: Langue de spécialité, didact

136

Pour lui, ce phénomène peut être expliqué par une vitesse extrême de contrôle des

principales structures linguistiques par l'enfant dans sa langue maternelle. Dans sa perception,

l'enfant a «une capacité linguistique avant la naissance» (ibid.: 23). Cette potentialité innée de

communication dans l'être humain constitue ce phénomène de l'existant [déjà-là]. C'est une

possibilité linguistique virtuelle ou une prédisposition linguistique innée chez l'enfant. Selon

Chomsky:

« The actualization of the innate linguistic ability is concretized naturally in oral

and/or written productive performances in situations of social communication ».

(Ibid.: 13)

Selon Chomsky (1965 : 4), la compétence comprend la représentation mentale de règles

linguistiques qui constituent la grammaire interne de l’orateur-auditeur. Par conséquent, la

compétence grammaticale exprime une connaissance innée des règles plutôt que la

connaissance des objets et ou les relations. C'est le système de langage idéal qui permet à

l'orateur de produire et, dans le même du temps, de comprendre un nombre illimité de phrases

dans sa langue. La compétence linguistique inclut des composants tels que la syntaxe, la

morphologie, la sémantique, la phonétique et la morphologie.

En fait, l'objectif recherché par Chomsky était de combattre la montée de la théorie

behavioriste linguistiques essentiellement fondée sur deux phénomènes principaux, à savoir

conditionnement du répondant et le conditionnement opérant.

À la lumière des commentaires critiques faisant allusion aux résultats de recherche de

Chomsky, le processus de réalisation des performances de communication dans les

comportements observables dépend aussi de la mise en œuvre d'autres organes mentaux dont la

mémoire et la perception que sont conditionnés par certains facteurs d'ordre socio-nature

contextuelle et environnementaux résultant de la présence significative de la variable

«compétence » (1975). Toutefois, la définition que Chomsky a proposée ne permet pas de

comprendre ce qui est acquis et ce qui est diversifié comme il est souligné par Dolz, Pasquier &

Bronckart (1993 : 23-24). Attirant l'attention sur ce dernier du fait que la prise en compte des

hypothèses nativistes, mental et universaliste de l'épistémologie chomskyenne, le concept de

compétence peut être caractérisé comme suit:

« a) It is biological, inscribed in the genetic potential of the subject, it is out of

historical or social determinism; »

« b) It is a formal knowledge (purely syntactical), independent knowledge of

pragmatic and therefore immune to any effect of context; »

« c) It is not subject to any learning it "emerges" at the discretion of the

maturation of the nervous system; »

Page 137: Langue de spécialité, didact

137

« d) It applies only to sentences, and is unlikely to be relevant with regard to skills

related to the texts and speeches ». (Dolz, Pasquier & Bronckart 1993: 23-24)

Ils concluent que [...]

« the notion of competence does not refer to anything other than internal grammar

that underpins all concrete language events (or performance) of any individual ».

(Ibid: 23)

5.2.1.2. Conception communicative de la compétence : principales composantes

Bien que le concept de compétence communicative remonte à Hymes (1972), Canale &

Swain (1980) et Canale (1983) ont proposé le modèle le plus influent de la compétence

communicative. Pour eux, ce modèle établi:

« a clear statement of the content and boundaries of communicative competence

– one that will lead to more useful and effective second language teaching and

allow more valid and reliable measurement of second language communication

skills ». (1980 : 01)

Il faut souligner que leur modèle initial de la compétence communicative se composait de

trois éléments seulement, mais elle a été révisée un peu plus tard pour inclure un quatrième

élément (Canale 1983). Les composantes clés qu'ils ont identifiées sont notamment:

grammaticale, sociolinguistique, discours, et stratégique. Les deux catégories précédentes

décrivent la langue et les deux dernières décrivent l'utilisation de la langue.

Aujourd’hui, les interactions individuelles entre les partenaires sont reconnues comme un

élément essentiel dans l’évolution des relations inter organisationnelles de coopérations. Il y’a

vingt ans, les recherches dans le domaine des sciences sociales ont progressivement révélées la

complexité et la nature multiple de la culture et l’identité dans l’organisation. Par contre

maintenant l’approche de l’aspect culturel a amplement changé, car il n’est plus suffisant de

codifier et d’organiser les différents styles culturels pour comprendre la dynamique des

difficultés rencontrées par rapport à cette dimension interculturelle (Zarate 1986 et 1993, &

Byram 1989 et 1997). L’enjeu principal n’est pas l’existence des différences per se, mais plutôt

comment ces différences dans les comportements sont perçues et interprétées par les membres

d’autres cultures, et particulièrement la façon ces interactions – le contact à travers ces cultures-

sont socialement conçues et gérées.

a) La composante linguistique

Selon Canale & Swain, la compétence grammaticale comprend « la connaissance des

éléments lexicaux et des règles de morphologie, syntaxe, grammaire de phrase, la sémantique

Page 138: Langue de spécialité, didact

138

et la phonologie » (1980 : 29). Bien que la même liste d’articles qui constituent ce que

Chomsky (1965) désigne comme compétence grammaticale, qui peut aussi inclure la possibilité

d’utiliser la grammaire aussi bien (la performance de Chomsky), Canale et Swain ont

clairement fait savoir dès le début que ce volet aborde la langue comme système. Ils ont

également précisé qu’il ne devrait pas être lié à aucune théorie de la grammaire (théorie de

Chomsky, par exemple).

Sans aucun doute, si nous travaillons sur l’hypothèse que la liste des éléments cités ci-

dessus sont les principales composantes de la compétence grammaticale, alors on peut supposer

que si un apprenant est capable d’énumérer oralement ou par écrit les meubles d’une salle de

classe tels que bureau, tableau, etc. puis il se développe la capacité de choisir un vocabulaire

spécifique. Et s’il peut ajouter des préfixes correctement à des adjectifs comme « heureux »,

« morale » et « possible » pour former leurs équivalents négatifs, alors il est entrain de

développer les compétences dans l’utilisation de règles de formation des mots. Et s’il parvient

aussi à décrire les évènements récents en utilisant l’auxiliaire «have» ou « has » et le participe

passé du verbe principal, alors il est entrain de développer la compétence grammaticale en

formant le participe passé. Cela implique que la compétence grammaticale prend la forme

d’une hiérarchie de capacités qui sont étroitement liés et qui agissent comme une seule

compétence.

Pour être aussi précis dans la définition de la compétence linguistique, nous empruntons au

CECR (Cadre Européen Commun de Référence) ce qui suit :

« La compétence linguistique est celle qui a trait aux savoirs et savoir-faire relatifs

au lexique, à la phonétique, à la syntaxe et aux autres dimensions du système d’une

langue, pris en tant que tel, indépendamment de la valeur sociolinguistique de ses

variations et des fonctions pragmatiques de ses réalisations ». [48

] (2001 : 17-18)

Il convient de noter que depuis longtemps ces capacités différentes qui constituent la

compétence grammaticale ont été l’objet principal de l’attention de l’enseignement de la langue

et des matériaux traditionnels. Mais les choses ont changé avec l’adoption de l’approche

communicative, et au lieu de rester au centre de l’attention de l’enseignement des langues

étrangères, la compétence grammaticale est devenue l’une des sous- composantes de la

compétence communicative. Cependant, ce changement ne devrait pas affecter le statut que

nous devrions accorder à la compétence grammaticale comme le souligne Faerch, Haastrap et

Phillipson en affirmant : « It is impossible to conceive of a person being communicatively

[

48] Le CECR (Cadre Européen Commun de Référence) 2001

Page 139: Langue de spécialité, didact

139

competent without being linguistically competent » (1984 : 168). Cela nous amène à déduire

qu’il a peut-être été un malentendu à propos de l’enseignement communicatif des langues qu’il

ne vise pas à un niveau élevé d’exactitude formelle. Mais cela ne signifie pas, en tout cas que

nous devons traiter les compétences communicative et grammaticale séparément comme il est

suggéré par Munby (1978 : 5). Le point est que ce ne serait pas inapproprié d’avoir l’exactitude

dans l’utilisation des règles grammaticales comme un but ultime, et en même temps, de tolérer

la prise de risque et d’erreur dans la classe dans le cadre du processus de réalisation de la

compétence communicative.

b) La composante discursive

En plus de la capacité de formuler des règles de grammaire, les apprenants doivent aussi

développer la capacité de produire un discours unifié, qui est désigné comme « the mastery of

how to combine grammatical forms and meanings to achieve a unified spoken or written text in

different genres… » Swain 1985 : 188 (cité par Yoshida 2003 : 3). Les genres discursifs unifiés

pourraient comprendre des conversations, des discours, messages e-mail ou d'articles de

journaux en courts trie tous les textes. Il faut souligner que l'unité du discours « is achieved

through cohesion in form and coherence in meaning. » (Ibid.: 188)

Alors que la cohésion se réfère aux caractéristiques linguistiques qui concernent des phrases

les unes aux autres comme les conjonctions, les synonymes, etc. ... pronominalisation, la

cohérence est utilisée pour se référer au texte qui répond adéquatement à son contexte

situationnel (Halliday & Hasan 1976 : 1-2). Pour plus de précisions sur ce que la cohésion et la

cohérence signifie réellement, prenons Widdowson (1978 : 50) par exemple:

A: That's the telephone.

B: I'm in the bath.

A: O.K.

Bien que cette interaction semble manquer de cohésion puisque les dispositifs de cohésion

ne sont pas utilisés, il semble avoir une cohérence, car l’énoncé ‘A’ est une demande, et

l’énoncé B est une excuse pour refuser la demande. Cela suggère que, contrairement à la

cohésion, la cohérence est un élément essentiel dans les conversations telle qu’a été avancé par

Richards & Schmidt (1983 : 152) « a more appropriate focus for the teacher’s attention might

be on the coherence of the learner’s conversation ». En ce qui concerne la cohésion, même si

elle n'est pas aussi utile que la cohérence des conversations orales, le discours écrit dépend

principalement sur elle. En fait, la cohérence et l'unité d'un morceau d'écriture dépendent

fortement de l'utilisation précise des dispositifs de cohésion. Malheureusement, de nombreux

Page 140: Langue de spécialité, didact

140

apprenants, soit sous utilisent ou utilisent maladroitement les liaisons, même parfois ils abusent

dans l’utilisation de certains d'entre eux. Naturellement ce que cela implique, c'est que la

plupart des apprenants atteint un niveau médiocre de la compétence discursive, c'est pour cette

raison que plus d'attention devrait être adressée à son développement.

Il faut souligner que pour que la compétence discursive se développe, nous devons

considérer que chacune de ses sous-compétences a ses propres exigences. En effet, parce que

les compétences discursives académiques et interpersonnelles se rapportent à deux différents

canaux de communication à savoir l'écriture et le canal parlant, différents facteurs sont

impliqués dans leur développement. Pour développer le premier exemple, il est souhaitable que

les apprenants lisent et entendent un nombre suffisant de textes académiques dans des contextes

significatifs. En ce qui concerne le développement des compétences interpersonnelles

discursives, il ya une hypothèse que cette dernière exige la promotion de possibilités

d'interaction sociale. Pour ce faire, la classe de langue demeure le lieu privilégié où s’établit un

échange actif entre les apprenants pour le développement de cette compétence discursive.

c) La composante pragmatique

Sans doute une connaissance de la langue seule ne suffit pas à préparer les apprenants à

l'utilisation efficace et appropriée de la langue cible, les apprenants doivent aussi avoir la

compétence sociolinguistique qui, selon Canale et Swain (1980) est aussi importante que la

compétence linguistique et discursive. En fait, l'importance de la compétence sociolinguistique

a été démontrée par de nombreux chercheurs dont les travaux ont révélé que, bien que les

locuteurs natifs souvent pardonner les erreurs phonologiques, syntaxiques et lexicales faites par

les orateurs L2, ils sont moins enclins à pardonner les erreurs sociolinguistiques. Ils ont

également conclu que l'absence de résultats dans la compétence sociolinguistique grossièreté, la

raison qui a conduit de nombreux chercheurs à accorder plus d'importance à la compétence

sociolinguistique. Il est à noter que par la compétence sociolinguistique nous nous référons à :

« the knowledge of the extent to which utterances are produced and understood

appropriately in different sociolinguistic contexts depending on contextual

factors such as status of participants, purposes of the interaction, and norms or

conventions of interaction ». (Canale 1983: 7)

Il est intéressant de noter que dans son modèle de compétence communicative, Bachman se

réfère à la compétence sociolinguistique comme compétence pragmatique et il la subdivise en

deux sous-composantes à savoir ceux de compétence illocutoire et sociolinguistique. La

première se réfère à la capacité à utiliser le langage pour atteindre certains objectifs ou des

intentions communicatives comme dans l'exemple suivant: « il est si chaud aujourd'hui », qui

Page 141: Langue de spécialité, didact

141

pourrait être interprété comme une demande d'ouverture de la fenêtre ou pour susciter une offre

pour une boisson froide, etc.

Ainsi un élément de la compétence pragmatique est de savoir comment exécuter une

fonction particulière de communiquer avec succès. Cependant, nos messages parlés ou écrits

doivent également être adaptés au contexte social dans lequel ils sont produits, ce qui signifie

que les apprenants ont besoin d'avoir une notion de la connaissance sociale appropriée à

appliquer à des contextes différents, ils sont confrontés. C'est ce que Bachman (1990) appelle la

compétence sociolinguistique. Dans un modèle différent à savoir celui de Celce-Murcia,

Dörnyei & Thurell (1995 : 18), la compétence pragmatique est considérée comme une

compétence actionnelle, et est décrite comme la compréhension de l'intention communicative

du locuteur en réalisant et interprétant des ensembles d’acte de parole. En dépit de cette variété

de définitions de l'interprétation, la compétence sociolinguistique reste la même, sauf pour

quelques différences en termes de terminologie et de composition.

Parce que l'approche communicative met l'accent principal sur la compétence

sociolinguistique, de nombreux chercheurs ont pris l'initiative de rechercher ce qui était

nécessaire et adapté à son développement. Kasper & Rose (1999 : 81-104) par exemple, ont

identifié deux facteurs principaux décrits comme des obstacles majeurs à son développement.

Le premier d'entre eux indique que la plupart des apprenants sont exposés à un modèle

« teacher-fronted classroom pattern », ce qui ne facilite pas l'interaction libre. Cela implique

qu'il est très important de donner aux apprenants des opportunités pour la pratique enseignante

au-delà des « teacher-fronted classroom patterns ». Le second condamne le « input » utilisé

dans la plupart des matériaux scolaires, qui malheureusement ne démontre l’utilisation réelle et

authentique de la langue, mais des conversations assez artificielles et décontextualisées

(Bardovi-Härlig 2001 : 13-32). Cela nous amène à déduire que fournir des matériaux

authentiques et pertinents d'entrée semble être nécessaire pour développer la compétence

pragmatique des apprenants. En plus des deux facteurs précédents, ce que la plupart des

chercheurs ont convenu est la grande différence que l'instruction formelle produit et l'énorme

influence qu'elle a sur le développement de la compétence sociolinguistique.

Pour nuancer cette compétence dite pragmatique, nous empruntons sa définition au Cadre

Européen Commun de Référence.

« La compétence pragmatique recouvre l’utilisation fonctionnelle des ressources de

la langue (réalisation de fonctions langagières, d’actes de parole) en s’appuyant sur

des scénarios ou des scripts d’échanges interactionnels. Elle renvoie également à la

maîtrise du discours, à sa cohésion et à sa cohérence, au repérage des types et

genres textuels, des effets d’ironie, de parodie. Plus encore pour cette composante

Page 142: Langue de spécialité, didact

142

que pour la composante linguistique, il n’est guère besoin d’insister sur les

incidences fortes des interactions et des environnements culturels dans lesquels

s’inscrit la construction de telles capacités ». (2001 : 17-18)

Cette définition renvoie à la connaissance et l’appropriation par les apprenants non-natifs

des règles sociales et normes d’interaction entre les personnes, ainsi que la connaissance de

l’histoire culturelle des locutaires de la langue cible. La compétence interculturelle s’impose

avec acuité dans le dispositif de la formation des enseignants d’anglais.

d) La composante sociolinguistique

Canale & Swain décrivent la compétence stratégique comme la capacité « to cope in an

authentic communicative situation and to keep the communicative channel open » (1980 : 25).

Pour eux, la compétence stratégique se compose essentiellement de stratégies de

communication. Ces stratégies entrent en jeu lorsque les apprenants se sentent incapables de

s'exprimer, en raison de leur manque de ressources linguistiques qui facilitent la

communication, mis en avant par Canale et Swain: « communication strategies compensate for

the breakdowns in communication due to performance variables or to insufficient competence

» (Ibid: 30). Sans aucun doute surmonter un problème de communication inattendue n'est pas

une tâche facile, mais si un apprenant peut utiliser n'importe laquelle des cinq stratégies

principales de communication, à savoir ceux de: l'évitement, la réussite, gagner du temps,

l'auto-surveillance et les stratégies interactionnelles, alors on peut supposer qu'il est bien équipé

pour reconnaître et réparer tout type de panne de communication. Avec environ la même

conception sur la compétence stratégique, Celce-Murcia & al. (1995 : 5-35) décrivent cette

dernière comme la connaissance et l'utilisation de stratégies de communication. Selon eux, les

stratégies de communication ne peuvent pas seulement être liées à la résolution de problèmes

dans la communication, elles doivent également être considérées comme des tentatives pour

améliorer l'efficacité communicative. Alors que Canale et Swain et la compétence stratégique

Celce-Murcia met l'accent sur «compensatoires» des stratégies, le terme en est venu à prendre

un sens plus large dans le modèle de compétence communicative de Bachman. Comme une

question de fait Bachman (1990 : 70) a fourni un modèle théorique plus large de la compétence

stratégique en le divisant en quatre composantes. (Bachman & Palmer 1996)

Ces composantes sont principalement: l'évaluation par laquelle les apprenants sont censés

évaluer quels objectifs de communication sont réalisables et quelles ressources linguistiques

sont nécessaires, l'établissement d'objectif, qui est utilisé pour identifier les tâches spécifiques à

effectuer, également la planification par laquelle les apprenants récupèrent les éléments

pertinents de leurs connaissances linguistiques et planifier leur utilisation, et enfin l'exécution

Page 143: Langue de spécialité, didact

143

qui signifie la mise en œuvre du plan qu'ils fixent pour leur attention communicative. Ainsi, la

compétence stratégique, pour Bachman et Palmer, est le processus par lequel les gens en

permanence planifient, exécutent et évaluent leurs stratégies de communication. En ce qui

concerne le développement des compétences stratégiques, de nombreux chercheurs soutiennent

que son développement dépendra de l'expérience des apprenants avec l'utilisation réelle des

langues en situation de communication.

Pour éclairer la définition de cette compétence, nous nous référons au référentiel hiérarchisé

par le CECR qui décrit celle-ci comme étant :

« La compétence sociolinguistique renvoie aux paramètres socioculturels de

l’utilisation de la langue. Sensible aux normes sociales (règles d’adresse et de

politesse, régulation des rapports entre générations, sexes, statuts, groupes sociaux,

codification par le langage de nombre de rituels fondamentaux dans le

fonctionnement d’une communauté), la composante sociolinguistique affecte

fortement toute communication langagière entre représentants de cultures

différentes, même si c’est souvent à l’insu des participants eux-mêmes ». Ibidem

Ainsi, à partir de ce qu’a été avancé ci-dessus au sujet de la compétence communicative, il

résulte que celle-ci n’est plus soumise au règne de la maîtrise de la syntaxe uniquement mais,

en fait, elle se fonde sur une diversité de composantes chacune d’elles se référant à l’une ou

l’autre facette de la complexité du langage : compétence linguistique, stratégique, discursive et

pragmatique.

En résumé, l'identification des principales parties constitutives de la compétence

communicative nous a amené à conclure que cette dernière n'est pas une alternative à la

compétence linguistique, mais plutôt une plus grande extension de ce qui était

traditionnellement compris par la maîtrise d'une langue étrangère.

La compétence communicative, qui est un concept primordial dans l'approche

communicative centrée sur l'apprenant, a beaucoup évolué au cours de cette décennie dans la

classe de langues. Néanmoins, elle n'a pas trouvé l'endroit qui lui revient dans l'évaluation

encore. C’est toujours le concept de «compétence linguistique» qui domine dans

l'enseignement et l'évaluation des pratiques.

Comme il avait été avancé ci-dessus, la primauté de la compétence communicative est un

concept incontournable pour la nouvelle approche, APC.

Conclusion

Adopter une perspective de l’apprentissage tout au long de la vie professionnelle à l’égard

de la formation des enseignants impose aux différents partenaires d’accorder la priorité à

l’encadrement des enseignants en début de cette carrière. La formation initiale reste aussi

Page 144: Langue de spécialité, didact

144

importante, mais elle doit être considérée comme un processus qui instaure les soubassements

favorisant le perfectionnement continu des enseignants, et non comme une fin en soi. Il s’agit

d’un perfectionnement perpétuel qui, d’une part, prend en ligne de compte toutes les

perspectives à savoir didactique, professionnelle, interculturelle et réflexive, et, qui, d’une autre

part, articule théorie et pratique.

Page 145: Langue de spécialité, didact

145

Chapitre III

Les enjeux de la formation des enseignants à l’importance de l’enseignement

fondé sur les compétences interculturelles, réflexives et professionneles

Introduction

L’enseignement/apprentissage des langues et cultures se donne alors pour mission, au-delà

de l’objet langue-culture lui-même, de participer à une éducation générale qui promeut le

respect mutuel par la compréhension mutuelle. La nécessité d’intégrer la dimension culturelle

dans l’enseignement des langues est, depuis plusieurs décennies, largement acceptée.

Dans ce chapitre, nous traiterons la dimension interculturelle à la fois dans ses concepts

théoriques de références et dans sa méthodologie didactique et pédagogique. En outre, nous

présenterons la formation dans une perspective réflexive et son impact sur la profession

d’enseignant, ainsi que les dispositifs et les outils pour son développement, accompagnement et

évaluation. Nous nous attardons sur l’approche par compétence, ses conceptions diverses, son

impact sur la formation des enseignants. La professionnalisation et ses différentes formes sont

aussi exposées.

1. Interculturalité : du savoir culturel à la compétence culturelle dans la formation

des enseignants

« Parallèlement, m’intéressant aux langues et à leur acquisition, j’espère aussi

que les gens aspireront à apprendre d’autres idiomes que le leur tant par plaisir

que par soif de connaissances. Bien qu’il me soit possible de communiquer en

anglais avec un Brésilien, je n’apprends à connaître le Brésil, ou du moins à le

connaître en profondeur, que lorsque j’utilise le portugais ».

[Extrait d’une interview de Julian Amey, in Graddol & Meinhof (éds.), 1999]

« La communication met tout l’être humain en jeu. (…) Dans une approche

interculturelle, un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser

le développement harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité

en réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de

culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mêmes de construire une

personnalité saine et équilibrée à partir des éléments variés qui la composeront ».

Conseil de l’Europe 2000

Depuis plusieurs années, pour assurer une meilleure prise en compte de la diversité

culturelle, une formation initiale des enseignants à l’interculturel s’est progressivement mise en

place à travers le monde. Assurer pareille formation constitue : quels dispositifs mettre en

place pour qu’elle soit pertinente, cohérente et fasse sens ? Quels savoirs sont en jeu ? Une

Page 146: Langue de spécialité, didact

146

interculturalité est-elle possible entre savoirs issus de la recherche et savoirs issus de la

pratique ? En fait, tant de questions qui interpellent la formation (P. Dassen & Perregaux 2000).

La formation, qui se veut davantage professionnalisante, entend favoriser l’acquisition par

des enseignants-stagiaires une panoplie de compétences fondamentales. Parmi ces compétences

figure la compétence culturelle, qui doit faire l’objet d’une attention particulière. Les nouveaux

programmes de formation doivent intégrer cette dimension pour sensibiliser les enseignants à la

diversité culturelle, son importance et ses enjeux dans l’éducation ; promouvoir une attitude

compréhensive ; maîtriser les concepts fondamentaux, et acquérir les compétences nécessaires

permettant de gérer avec succès les situations interculturelles.

Le processus à mettre en œuvre quand on est formateur pour que les enseignants deviennent

des locuteurs interculturels se fonde sur quatre mouvements indispensables : la décentration,

l’empathie, la coopération et la compréhension de l’autre. Ces « piliers » décrits par Byram &

al. 1997, pour la définition d’une compétence interculturelle, puis par Byram dans son modèle

de compétence communicative interculturelle (1997), peuvent être repris de manière simplifiée

sous forme d’objectifs pour le cours de langue comme le fait Zeilinger- Trier. Nous citons

quelques exemples :

- « reconnaître et accepter l’existence de différences culturelles, se montrer tolérant

envers tout ce qui est étranger, et qui semble, peut être, « anormal » ;

- reconnaître la dépendance culturelle, et donc la relativité, son propre système de

valeurs, son comportement, ses croyances, etc.

- faire preuve d’ouverture, de curiosité, d’intérêt vers l’autre, avoir envie d’entrer en

interaction avec l’étranger ;

- Avoir de l’empathie, une capacité de décentrage/ changement de perspective, être

disposer à relativiser les points de vue ;

- être prêt à supporter des conflits, la critique ;

- être capable de poser des questions pertinentes afin de recevoir des informations

manquantes sur l’autre culture, qui permettront d’interpréter les phénomènes inconnus

[…] ». (2006 : 177)

Le rôle de l’enseignant formateur dans cette dimension interculturelle doit dépasser ceux

d’un praticien, assumant le quotidien ; d’un formateur, visant davantage chez le formé le

développement de compétences pratiques et professionnelles, pour devenir un « passeur

culturel » (Zakhartchouk 1998), travaillant plutôt à l’organisation des apprentissages et à la

construction des savoirs (cf. fig. infra). Ce faisant, il cherche à faciliter la mise en place d’un

dispositif dynamique qui fasse sens pour l’enseignant stagiaire. Cette formation à l’interculturel

engage le formateur : elle met en lumière « l’exigence d’un regard sur soi-même, sur son

itinéraire et sur son rapport à la culture (Zakhartchouk 1998).

Page 147: Langue de spécialité, didact

147

Au-delà de la dimension pédagogique, la formation à l’interculturel est tributaire d’autres

facteurs, qu’il faudrait prendre en considération. L’organisation d’une formation interpelle

différents acteurs : les concepteurs des programmes, les décideurs politiques, les auteurs des

réformes éducatives, les responsables des institutions de formation, et, enfin, les formateurs.

Il faudrait s’interroger sur les intentions réelles des concepteurs du nouveau programme en

matière de formation à l’interculturel. Les concepteurs du programme de formation cherchent

avant tout à s’aligner sur les choix politiques définis dans les textes officiels.

Pour ce qui est des instituts de formation, ils semblent davantage préoccuper par les

questions liées à la gestion et à l’administration de cette formation dans l’ensemble du

curriculum : le choix du formateur qui assure la formation, l’insertion de ces cours dans

l’histoire, etc.

En fin de compte, il incombe à l’enseignant formateur de donner à cette formation l’impact

pédagogique qui lui parait souhaitable, de définir les objectifs attendus, d’arrêter les

compétences à développer, de construire une pédagogie efficace et d’élaborer les modalités

d’évaluation. Le formateur compétent est celui qui est capable de s’adapter, Charlier & Donnay

considèrent en effet l’adaptabilité « comme une compétence-clé du formateur » (1991).

Selon Charlier et Donnay, les trois temps d’une pratique de formation des enseignants à

l’interculturel

TEMPS 1 TEMPS 2 TEMPS 3

Approche

pédagogique

Approche « savante »,

magistrale, cumulative,

scolaire

Approche plus

inductive avec un

essai de

théorisation

progressive

Approche constructive

et compréhensive par

questionnement, par

projets

Lien avec

La pratique

Evocation de situations

et de problématiques

liées à la diversité

culturelle

Approche

collective

« simulée » de

mises en situations

interculturelles

(perspective

behavioriste)

Approche concrète et

résolution de situations

problèmes

Rôle du formateur Praticien Pédagogue Passeur culturel

Tiré de « promouvoir la formation des maîtres à l’interculturel : pratique d’un formateur et rapport au

savoir » Pierre Dehalu.

Dans le premier temps, l’étudiant est considéré comme récipiendaire auquel un cadre de

réflexion théorique est présenté (transmission d’un « savoir déjà là » fixe, stable, achevé –

culture générale extérieure à l’apprenant), au deuxième temps, il est traité comme un apprenti-

enseignant, qui cherche à être efficace dès que possible (transmission d’un savoir par induction

Page 148: Langue de spécialité, didact

148

pour l’appliquer à la pratique – amorce d’un lien théorie-pratique), et au troisième temps, il est

perçu comme un sujet apprenant, qui doit être associé au processus de formation (quête

individuelle et collective d’un savoir en rupture- articulation dynamique de savoirs- théorie,

recherche, expérience, terrain) .

2. État des lieux de la formation des enseignants à l’interculturel

La dimension interculturelle est intéressante à interroger dans le cadre des réformes

éducatives engagées en Algérie, parce qu’elle est un indice majeur de l’incapacité des réformes

à modifier les rapports aux savoirs, aux modes de pensée et de construction des compétences,

qui ont toujours été ceux du système d’éducation et de formation en Algérie.

En fait, peu d’efforts réels ont été faits quant à la formation des enseignants à

l’interculturel. Les grands exclus des réformes éducatives entreprises par la tutelle ont été les

centres de formation des cadres, et les formateurs. Les enseignants continuent d’être formés

avec les mêmes programmes des années 80, déjà eux-mêmes édulcorés ou « adaptés ». La

formation des enseignants demeure en décalage par rapport aux principes des réformes

engagées depuis 2003 ; un cumule de 8 ans de retard.

Ainsi, aussi curieux que cela puisse paraître, l’interculturel, peut-être parce qu’il est un

enjeu trop important, continue d’être un indice réel de l’inefficience interne du système éducatif

et de ses performances institutionnelles et socioculturelles.

La formation à l’interculturel doit agir sur trois niveaux :

Le premier est la résolution des problèmes d’acquisition première de la langue et qui peut

concerner les nuances segmentales et suprasegmentales de la langue, quelle qu’elle soit.

À ce niveau, il est recommandé aux enseignants de s’appuyer sur des textes représentatifs,

dits d’auteurs : comptines, récits pour jeunes, bandes dessinées…

Le deuxième à un niveau de gestion socioculturelle : l’autre, sa langue et sa culture

devraient figurer dans les programmes de formation des élèves-professeurs ; non pas en tant

que référents (absents) mais en tant qu’interlocuteurs, non pas par humanitarisme, mais par

nécessité professionnelle : quelque que soit l’appartenance sociale, culturelle, linguistique, etc.

gérer l’interculturel aidera assurément à maîtriser non seulement les situations de

communication (trop réductrices), mais les capacités à appréhender de manière critique et

nuancée le monde. Dans sa visée plus large, la formation à l’interculturel doit « avoir un impact

positif sur tout le comportement cognitif et métadidactique de l’apprenant de langues »

(Cazade 2009 : 1).

Page 149: Langue de spécialité, didact

149

Le troisième niveau est celui des vecteurs méthodologiques et des constantes académiques

propres à une culture (disserter, commenter, caricaturer…), telle qu’elles doivent rencontrer,

compléter, abroger, interagir avec celles de la culture-substrat.

L’esprit analytique, la pensée critique, vocation et illustration encore de la langue cible,

toujours en conflit avec la conception sémantique et informationnelle, est un moyen d’accès à

des compétences autres que les compétences simplement communicationnelles.

Aucun des niveaux n’est à privilégier ou à négliger. Une planification rationnelle,

interdisciplinaire, inscrite dans la formation des enseignants est stratégiquement indispensable.

Car la menace est grande : si l’enseignant d’anglais participe (sans le savoir peut-être) à

consolider les défaillances académiques caractéristiques du système d’éducation algérien, alors

même que toutes les disciplines ont besoin des capacités qu’il est censé apprendre à construire,

il y a fort à parier que ni les traités politiques, ni les instructions officielles, ni même

l’intertextualité des poèmes de Shakespeare, Eliot, Yeats .etc., avec les poètes arabes modernes

ne suffiront à en conserver intacts « les territoires ».

3. Pratique réflexive : impact sur la profession d’enseignant

La pratique réflexive est un mode qui intègre ou lie pensée et action avec la réflexion. Il

s’agit de penser et d’analyser de façon critique ces propres pratiques enseignantes avec

l’objectif de les améliorer. S’engager dans la pratique réflexive exige des individus d’assumer

la perspective d’un observateur extérieur, afin d’identifier les hypothèses et les sentiments

sous-jacents de leur pratiques et de spéculer sur la façon dont ces hypothèses et ces sentiments

affectent sur la pratique (Kottkamp 1990, Osterman 1990 & Peters 1991). Selon Peters « [it] is

a special kind of practice... [that] involves a systematic inquiry into the practice itself ». (1991 :

95).

Les enseignants se sont familiarisés avec le concept de la pratique réflexive et ce grâce aux

écrits de Schön (1983 & 1987) à propos des praticiens réfléchis. Les travaux de Schön ont un

fondement historique dans une tradition d’apprentissage assisté par Dewey, Lewin et Piaget.,

chacun d’eux préconise que l’apprentissage dépend de l’intégration de l’expérience avec la

réflexion et de la théorie à la pratique. Bien que chacun d’eux prône que l’expérience est à la

base de tout apprentissage, ils ont également soutenu que l’apprentissage ne peut avoir lieu sans

réflexion. Dans la partie réflexive, la réflexion est la partie essentielle du processus

d’apprentissage car elle aboutit pour donner un sens ou pour extraire un sens de l’expérience

(Osterman 1990).

Page 150: Langue de spécialité, didact

150

S’appuyant sur la pensée de Dewey sur le domaine de l’apprentissage dans la formation

professionnelle, Schön a approfondi cette notion de pratique réflexive. Pour, Schön, vu la

complexité et le caractère constamment changeant des situations dont fait face le praticien

professionnel, il ne suffit pas d’appliquer des solutions toutes faites aux problèmes rencontrés.

Selon Schön (1994), l’étape est prévue pour la réflexion lorsque le savoir en action-le genre

de connaissances sur lesquelles les professionnels dépendent pour effectuer leurs pratiques

spontanément -produit un résultat inattendu ou surprise. Cette surprise peut conduire à l’un des

deux types de réflexion : réflexion sur l’action, qui se produit soit à la suite ou en interrompant

l’activité, ou de la réflexion dans l’action, qui se produit, sans interruption, pendant l’activité

par une réflexion sur la façon de réorganiser l’activité tout en est en cours.

Kottkamp (1990) utilise les termes « offline » et « online » pour distinguer entre la réflexion

sur l’action et la réflexion dans l’action. La réflexion sur l'action se déroule après l'activité (i.e.,

hors-ligne), où toute l'attention peut être accordée à l'analyse sans la nécessité d'une action

immédiate et quand il ya possibilité pour les professionnels de recevoir une aide des autres dans

l'analyse de l'événement. La réflexion en action, qui se produit lors de l'événement, peut être

plus efficace dans l'amélioration de la pratique. Il en résulte des expériences en ligne pour

ajuster et améliorer les actions, même si elle exige une attention simultanée au comportement et

à l'analyse, comme si d'un point de vue externe. Schön (1983) stipule que lors de la réflexion

dans l'action, un professionnel devient un chercheur dans le contexte de la pratique, libéré de la

théorie établie et techniques et en mesure de construire une nouvelle théorie pour s'adapter à la

situation unique.

Depuis quelques années, la réflexivité semble être un concept incontournable lorsqu’on

s’intéresse à la formation des enseignants. Pour les spécialistes, il se situe au cœur même de la

professionnalité : être un enseignant professionnel, c’est un praticien réflexif (Paquay & Sirota

2001), c’est être capable d’embrasser une démarche méthodique, régulière, instrumentée,

sereine et porteuse d’effets sur sa propre action (Perrenoud 2001). Un grand nombre de

chercheurs en sciences de l’éducation se sont penchés sur ce processus réflexif pour impliquer

les enseignants dans la construction des savoirs tout en se développant eux-mêmes en tant que

sujets et acteurs professionnels. Ces chercheurs rattachent souvent la question de la réflexivité à

celle de l’analyse des pratiques enseignantes (Marcel & al. 2002 cité par Froger 2005 : 62) : la

réflexivité étant au cœur d’un cas particulier d’analyse de la pratique, la sienne. Ces processus

et savoirs, s’ils sont intériorisés, devraient leur offrir des pistes pour construire à leur tour des

outils didactiques fins pour améliorer leurs pratiques enseignantes. Ainsi dire, la réflexion est

Page 151: Langue de spécialité, didact

151

envisagée dans une optique à la fois d’affirmation et de transformation des pratiques

enseignantes.

L’intervention didactique doit lier la rigueur des savoirs théorique à la pertinence des

pratiques de classe. Les savoirs théoriques, issus de la construction abstraite, ne suffisent pas

pour faire face aux multiples exigences de la pratique de la classe. Par contre, les savoirs

pratiques, issus de la construction concrète, sont élaborés dans des contextes surtout

caractérisés par la diversité des apprenants, l’ampleur des contenus à couvrir et la complexité

des situations.

Ceci dit, la pratique réflexive fait désormais partie intégrante de l’enseignement, parce que

les enseignants doivent constamment évaluer l’effet de leurs actions sur les apprenants, et que

leurs croyances influent sur la façon dont ils gèrent leur classe. Cependant, pour Pultorak

(1993 : 288-295), l’habitude de la pratique réflexive dans un contexte de la classe est à la fois

complexe et difficile à acquérir. À ce problème d’ordre cognitif peuvent s’ajouter des

difficultés de nature organisationnelle telles que le peu de temps dont disposent les enseignants

et l’absence d’occasions structurées et planifiées de réfléchir sur la pratique pédagogique.

Pour pallier à ces manques et favoriser la réflexion, en particulier chez les enseignants-

stagiaires et débutants, différents moyens en étaient mis en œuvre : le journal de bord, l’auto-

observation, la rétroaction, etc. Parmi ces moyens, le portfolio connait une grande popularité.

Ainsi la formation doit mettre à la disposition des enseignants de médiations multiples qui

leur permettent de se développer dans leur rapport aux sujets d’apprentissage, de se construire

en même temps qu’ils construisent les objets de savoir. Pour que ces développements

supérieurs adviennent chez l’enseignant stagiaire, il importe que le formateur collabore

activement avec lui dans sa « zone proximale de développement » (Vygotski 1987 : 237) en

anticipant sur le stade de développement que l’enseignant stagiaire semble prêt à atteindre.

3.1. Dispositifs et outils pour développer, accompagner et évaluer la pratique

réflexive

Les enseignants stagiaires seront confrontés à des situations complexes pendant les deux

espaces de formation et d’intégration. Ils doivent donc développer une démarche inventive de

résolution de problèmes, plutôt que l’application d’un répertoire de recettes, de démarches

préconstruites.

Ces caractéristiques « créatrices » sont au cœur de la professionnalisation, en synergie avec

le développement de l’autonomie et du sens des responsabilités.

Page 152: Langue de spécialité, didact

152

La professionnalisation se définit par les pratiques efficaces in situ mais également par un

processus de conceptualisation des savoirs mis en œuvre. Un enseignant professionnel sait

mettre des compétences en action dans toute situation, il est capable de réfléchir en action et de

s’adapter.

La professionnalisation semble se définir comme étant la capacité de construire sa pratique,

ses propres méthodes, dans le cadre d’une éthique et d’objectifs généraux (Perrenoud 1993),

elle peut se développer sur le terrain, au contact des apprenants et d’enseignants plus

expérimentés. Toutefois, il est important de préciser que la professionnalisation peut également

se développer au contact des savoirs appris au sein des cours et lors des échanges avec les pairs.

3.1.1. Dispositifs

a) Réflexion dans l’action

Rendre compte de l’importance de la réflexion dans l’action permettra aux enseignants de

s’interroger sur le déroulement de la pratique enseignante et à tenter d’anticiper l’évolution de

celle-ci à des fins d’éventuels réajustements. Cependant, dans le vif de l’action, il peut arriver

que les enseignants ne sachent plus comment faire ni comment amorcer une réflexion.

Généralement, la réflexion dans l’action amorce la réflexion sur l’action car les enseignants

mettront fréquemment des questions en réserve qui leur sont impossible de traiter dans le vif de

l’action. Les enseignants sont contraints de prendre des décisions rapides ou qu’il faut corriger

le tir dans l’urgence, il importe qu’ils doivent développer une capacité réflexive, mobilisable

dans l’immédiateté.

b) Réflexion sur l’action

De même, la réflexion sur l’action permettra aux enseignants de porter une critique à leur

propre action dans le but de l’expliciter. L’objectif derrière cette réflexion, après coup, est de

pouvoir comprendre l’action, surtout d’en retirer des apprentissages sur soi, sur les apprenants,

sur ses pratiques, sur ses habitus. Ce type de réflexion est rétrospective mais également

prospective, et relie l’antérieur au suivant.

Le premier type de réflexion, rétrospective, est de dresser un bilan sur l’activité effective.

Alors que le deuxième type, prospective, est usitée dans le but de planifier une nouvelle

activité, d’anticiper et de préparer les actions futures en apportant une modification et une

régulation des pratiques enseignantes.

Page 153: Langue de spécialité, didact

153

3.1.2. La construction des savoirs

En fait, la réflexion, rétrospective ou prospective, est sans aucun doute source de

transformation des pratiques enseignantes et aussi de formation tout au long de la vie. Ce

faisant, les enseignants actualisent, confirment et construisent des savoirs. Ces nouveaux

savoirs construits sont souvent réinvestis dans l’action pour qu’ils soient testés,

actualisés…Ainsi, les enseignants entament une auto-formation dans laquelle ils théorisent eux-

mêmes leur pratique, et mettent en pratique la théorie apprise. Cela sous-tend une attention

quotidienne aux apprenants en situation éducative et un regard critique sur soi. Ceux sont des

indices d’un développement professionnel.

4. L’approche par compétences et son impact sur la formation des enseignants

Les réformes éducatives, engagées en Algérie, ont retenu l’approche par compétence pour

cerner et décrire le référentiel qui sert d’indicateur du niveau de maîtrise des compétences

nécessaires pour les enseignants. Cette approche vise à amener les enseignants (futurs ou

anciens) à prendre conscience des ressources qu’ils doivent mobiliser en situation de pratiques

enseignantes. Elle développe donc des processus cognitifs et métacognitifs au détriment de la

mémorisation des connaissances. Elle sert surtout à centrer l’objectif de la formation sur le

transfert des connaissances en situation authentiques et à déterminer les résultats escomptés en

termes de niveau de maîtrise de compétences au terme de la formation.

En fait, les programmes de formation distinguent deux types de compétences (Jonnaert,

Barette, Boufrahi & Masciotra 2005). En premier lieu, les compétences descriptives sont celles

décrites et codifiées dans le référentiel des compétences. Celles-ci servent de repères qui

indiquent ce à quoi devraient ressembler les compétences que doivent développer les

enseignants à la suite de la formation. En second lieu, les compétences effectives sont celles

développées par les enseignants in situ. La compétence effective correspond à un processus de

mobilisation de ressources en situation. Compétence et situation sont deux concepts clés dont la

compréhension favoriserait l’adhésion aux choix retenus par les réformes. Les formateurs

d’enseignants doivent concevoir différemment les contenus disciplinaires dans le processus de

formation. Pendant la formation, ils sont amenés à accorder une place à l’interdisciplinarité et à

favoriser l’intégration et le transfert des savoirs. En veillant au respect de la pertinence et de la

cohérence des contenus des programmes de formation requièrent un nouveau contrat

didactique.

Il ne s’agit guère de rehausser les exigences de la formation des enseignants, comme

laissent entendre les résistants aux réformes, mais de donner un nouvel essor qualitatif à la

Page 154: Langue de spécialité, didact

154

formation des enseignants. Celle-ci doit être conçue comme un moyen de développer l’esprit

critique et la pensée réflexive.

La formation des enseignants devrait cibler, entre autres, à faire de la pratique enseignante

une pratique professionnelle où l’autonomie, la responsabilité et la réflexion critique sont

valorisées. La réussite des réformes de l’éducation dépend en grande partie de la préparation du

personnel enseignant. Enseigner dans le temps des réformes, fondées sur les compétences,

requiert le développement de compétences adéquates.

5. Le profil de sortie des enseignants dans le cadre de la formation fondée sur

l’approche par compétences

Quelles que soient les différentes manières de comprendre l’approche par les compétences,

toutes s’entendent sur trois propositions qui constituent le profil de sortie des enseignants.

- Les contenus des curricula vont plus loin que les savoirs et les savoir-faire

La formation des enseignants est confrontée à la nécessité de prendre en compte des

nouvelles catégories de contenus, comme par exemple des « life-skills » ou des compétences

transversales. Cette évolution découle de plusieurs facteurs, essentiellement liés à la

mondialisation tels que la culture est l’emploi, la circulation des valeurs, des informations, des

idées et des personnes qui leur est associé, et qui assigne d’autres fonctions à l’école. Ceci

implique que l’école n’est plus le seul vecteur pour la diffusion des savoirs.

- L’apprenant est l’acteur principal de ces propres apprentissages

Quelque soit la théorie d’enseignement/apprentissage que l’on considère, la recherche en

sciences de l’éducation montre que l’efficacité de l’enseignement/apprentissage est

essentiellement liée à la mobilisation des cognitives de l’apprenant, en qualité et quantité.

Autrement dit, pour un enseignement/ apprentissage de meilleure qualité, l’apprenant doit

prendre une part sans cesse plus active à ces apprentissages, le plus souvent possible.

Cet enjeu est lié à un autre enjeu plus important qui en est corollaire, à savoir celui de faire

évoluer progressivement le rôle de l’enseignant dans la classe : lui faire jouer le rôle de

médiateur et d’accompagnateur de l’activité de l’apprenant, en lieu et place du discours.

- Le savoir-agir en situation est valorisé

La place que doivent occuper les situations complexes dans l’enseignement/ apprentissage

est reconnue par tous les partisans de l’approche par compétences, même si, selon les variantes

différentes, ils positionnent ces situations à des moments différents de

l’enseignement/apprentissage. Ces situations complexes sont considérées, par certains comme

sources d’apprentissage (situations d’exploration, situations de recherche, situations

Page 155: Langue de spécialité, didact

155

didactiques, etc.), d’autres les situent comme aboutissement d’enseignement/apprentissage

(situations d’intégration), d’autres encore insistent sur le rôle des situations complexes comme

moyen d’évaluer les apprenants (situations d’évaluation). Mais tous reconnaissent que la

complexité devient une composante de l’enseignement/apprentissage à part entière.

6. Compétences professionnelles

Au cours des dernières années, la littérature à l’égard du concept de compétences

professionnelles à proliféré et a été largement utilisée pour orienter la formation initiale et

continue des enseignants. En effet, les consultations et les débats des différents partenaires,

menés partout dans le monde, sur l’école ont conduit à la redéfinition et la reformulation de ses

missions nouvelles. Subséquemment, dans une perspective de réussite pour la majorité des

apprenants, les différents ministères de l’éducation ont défini la politique éducative et le champ

d’action de l’école selon trois missions : instruire avec une volonté réaffirmer, socialiser pour

apprendre à mieux vivre ensemble et qualifier selon des voies diverses. Les divers ateliers

instaurés pour reformuler les curriculums ont eu des incidences sur les enseignants et, par

ricochet, sur les compétences professionnelles à développer en formation initiale.

Les compétences professionnelles sont des comportements qui peuvent être appris et

améliorés par la pratique, qui forcent à la réflexion et qu’un accompagnement l’enrichira. Dans

son sens large le concept « compétences professionnelles » décrit les compétences en

complément des connaissances de la discipline et qui doivent permettre l’amélioration des

stagiaires à réussir leur transition du monde universitaire au monde de travail.

Le référentiel des compétences retenu pour l’élaboration des programmes de formation et

l’organisation scolaire des différents cycles d’apprentissage transforment, sans aucun doute, le

rôle que doit assumer l’enseignant.

La professionnalisation de l’école représente le socle sur lequel repose toute réforme

éducative. La réussite de celle-ci dépend en grande partie de l’attitude des enseignants à l’égard

de leur nouveau statut professionnel.

De plus, la professionnalisation est entendue comme un ensemble de processus visant à

construire la maitrise de rapports au terrain, et à bâtir un répertoire de savoirs professionnels

spécifiques au métier, intégrant savoirs issus de l’expérience pratiques et savoirs scientifiques,

pédagogiques et didactiques.

En fait, au cours des quinze dernières années, les programmes de formation à

l’enseignement ont été influencés par un fort courant de professionnalisation (Bourdoncle 1991,

Perrenoud 1994, Schön 1983 & 1987) qui a conduit à deux démarches importantes de révision

Page 156: Langue de spécialité, didact

156

des programmes, la première au milieu des années 1990 (Conseil Supérieur de l’Education

1991, MEQ 1992), et la deuxième au début des années 2000 (MEQ 2001).

Dans les deux cas, les opérations de révision des programmes de formation étaient

appuyées sur un argumentaire selon lequel les enseignants devaient être mieux préparés pour

faire face à la complexité des situations de la pratique.

Les différentes recherches, menées dans le domaine des compétences professionnelles,

mettent en exergue l’importance d’un référentiel de compétences qui comporte les compétences

visées par la formation et pas seulement les savoirs disciplinaires. La compétence

professionnelle se mesure à l’utilisation réfléchie et efficace des connaissances acquises à

laquelle est associée une capacité de raisonnement.

L’acquisition des compétences au cours de la formation initiale, ne rend pas l’enseignant

novice un professionnel prêt à agir dans toute situation. Il est nécessaire de lui donner un temps

d’adaptation, de prise de repères, dans le cadre de son nouveau métier.

6.1. La professionnalisation

Le mouvement de professionnalisation dans la formation des enseignants actuellement en

cours dépasse les frontières de tous les pays, et soulève de multiples enjeux d’ordre social,

économique, culturel, politique, historique, idéologique, etc. Comme le met en évidence un

rapport de l’UNESCO :

« Il y a tout lieu de penser que l’évolution culturelle et sociologique de cette fin de

siècle impose une réflexion sur les nouvelles dimensions d’un métier dont l’image

était fondamentalement orientée vers la transmission des connaissances, et vers la

distribution démocratique du savoir […] ». Cambier 1994 : 13 cité par Lebrun

& Wood 2009 : 231)

Il est reconnu par tous les spécialistes du domaine que la professionnalisation concerne non

plus simplement l’académisation de la formation ou encore la certification dans une discipline

donnée mais cible d’abord et avant tout la mobilisation d’un grand nombre de savoirs, savoir-

faire et savoir-être dans un contexte donné réel (MEQ (2001, Gauthier & Mellouki 2006).

Il n’est plus question maintenant pour nos enseignants de transmettre aux apprenants des

connaissances.

« Pour l’enseignant, dès aujourd’hui, il ne s’agit plus uniquement de transmettre un

savoir, mais également d’apprendre à l’élève à traiter l’information ; c’est là une

fonction nouvelle d’une importance capitale ». Cambier 1994 : 13 cité par

Lebrun & Wood 2009 : 231)

Il s’agit, en fait, « d’éduquer les apprenants vers la recherche, la sélection et l’acquisition

de savoirs nouveaux et vers l’utilisation de ces savoirs ». (Cambier 1994 : 13)

Page 157: Langue de spécialité, didact

157

Ainsi, les recherches dans le domaine de la formation des enseignants ont foisonné,

concernant autant les nouveaux dispositifs de formation des enseignants que les compétences

professionnelles et leur acquisition chez les futurs enseignants. L’idée première de la

professionnalisation du métier d’enseignant est de développer et de construire des compétences

nécessaires à ce métier (MEQ 2001). En fait, un bon nombre de facteurs a contribué à ce

mouvement de professionnalisation, à titre d’exemple, au niveau social, l’accroissement

exponentiel des connaissances, les bouleversements occasionnés par les nouvelles technologies,

la recrudescence des problèmes sociaux, etc., et au niveau professionnel, les exigences de la

formation liées à celles du contexte réel de la pratique, les défis visés par le triple rapport des

axes de formation/recherche/profession, la synergie entre les enjeux théoriques et les différents

lieux de pratique, etc. cette dimension de professionnalisation repose non plus simplement sur

un rapport au savoir académique mais « s’appuie plutôt sur un rapport au savoir professionnel »

(MEQ 2001 : 29).

Hormis, ces enjeux d’ordre social, économique, politique, et culturel dressés par les

programmes de formation des enseignants, ceux d’ordre épistémologique, pédagogique,

psychologique, didactique, etc. sont d’autant plus interpellés et questionnés dans le projet de

professionnalisation. Cette perspective de professionnalisation du métier d’enseignant est, en

fait, assez nouvelle en soi, et ce mouvement de professionnalisation déborde les frontières et

prend une dimension internationale.

« Il n’existe pas aujourd’hui de modèle achevé du développement d’une pratique

professionnelle réfléchie, mais bien plutôt des interrogations sur les savoirs, les

compétences requises par une telle pratique et accessibles en formation ». (Lang

1999 in MEQ 2003 : 23)

6.1.1. Le concept de professionnalisation

Il nous semble utile de faire quelques rappels conceptuels pour clarifier les deux concepts

centraux de « profession » et « professionnel », qui sont couramment utilisés pour décrire

l’évolution du métier d’enseignant.

Au sens du Dictionnaire Robert, une profession est « une occupation déterminée dont on

peut tirer ses moyens d’existences » (1968 : 1399). Elle est alors synonyme de métier, fonction,

état. Une profession peut aussi être entendue comme référant à « un métier qui a un métier qui

a un certain par son caractère intellectuel ou artistique, par la position sociale de ceux qui

l’exercent » (1968 : 1399). Il est question, pour le deuxième cas, des professions établies, les

Page 158: Langue de spécialité, didact

158

professions libérales. On a donc ici affaire à un sous-ensemble des occupations ou des

professions, un sous-ensemble qui est socialement reconnu « professionnel ».

Ce sont les deux principales définitions du terme « profession ». Le premier est synonyme

du terme américain « occupation ». Le second est d’usage courant dans la sociologie

fonctionnaliste des professions. Dans son acceptation la plus simple, on pourrait dire que la

professionnalisation se conçoit comme le passage du premier au second sens du terme

profession, et pour un groupe occupationnel donné, comme la capacité de se construire une

identité et de la faire reconnaître en fonction du second sens de terme.

Selon la littérature fonctionnaliste et anglo-saxonne (Bourdoncle 1991 & 1993, Parsons

1968 cités par Bourdoncle 2000 : 93) la professionnalisation est un processus historique au

cours duquel un groupe occupationnel se constitue et se mobilise dans le but de faire

reconnaître l’activité à laquelle il se consacre, ainsi que lui-même en tant qu’expert, maître d’un

savoir et d’un savoir-faire, et en tant que porteur des valeurs générales liées à cette profession.

Le concept de professionnalisation renvoie à deux types de processus qui s’articulent l’un

par rapport à l’autre : le premier, interne, fait référence à ce que certains appellent la

« professionnalité » [49

] (MEQ 1997 : 17), et le second, externe, renvoie à ce que Bourdoncle

(1991) nomme le « professionnisme ». Ces deux processus se manifestent non seulement de

manière différente mais aussi complémentaire (Lang 1999). La professionnalisation se fait en

cours d’exécution de l’activité.

La « professionnalisation », traduction du mot anglais « professionalization » est dans le

monde francophone une expression relativement récente ; en France, elle apparaît dans le

dictionnaire Robert en 1985, entendue comme « action de se professionnaliser ».

La professionnalisation exprime l’idée du développement et de la construction de

compétences nécessaires à l’exercice d’une profession. Ces compétences se manifestent dans

l’action d’un groupe donné. Le processus de professionnalisation implique donc une différence

majeure en ce qui a trait à la tradition de formation universitaire au sens où former dans la

discipline et la formation à l’acquisition des compétences professionnelles n’apparaissent plus

désormais comme des activités identiques.

Donc, proposer une réflexion sur la conception d’un dispositif de formation des

enseignants, ne peut se faire aujourd’hui sans s’inscrire dans la tendance forte de la

[

49] Les termes « profession » et « professionnalité » signifient que l’on attend aujourd’hui d’un professionnel plus

d’autonomie, de polyvalence, de travail en interface. Ils mettent l’accent sur les attributs de l’organisation, sur la

dimension technique et gestionnaire.

Page 159: Langue de spécialité, didact

159

professionnalisation, tendance visant à la fois une adaptation plus rapide des enseignants aux

évolutions de la profession et également une augmentation de l’efficacité de l’effet de

formation (Wittorski 2005).

La réforme éducative en cours nécessite une culture professionnelle axée sur

l’apprentissage, cohérente avec la démocratisation de l’apprentissage, une culture dans laquelle

prédomine la complémentarité horizontale ainsi que verticale. Elle exige une gestion collégiale

du parcours d’apprentissage des apprenants sur l’ensemble d’un cycle. Elle réclame une culture

d’interdépendance professionnelle qui requiert l’autonomie collective et la responsabilité

partagée de l’ensemble des actions à l’intérieur de l’école, une culture qui soutient

l’exploitation des forces de tout un chacun au service des apprenants, une culture propre à une

communauté de pratique.

Les missions confiées à l’école sont multiples. Les trois finalités énoncées (instruire,

socialiser et qualifier) esquissent en quelque sorte les rôles dévolus aux enseignants. On

s’attend qu’ils soient des modèles de citoyenneté démocratique, on souhaite qu’ils agissent

comme des professionnels qui, en présence de phénomènes humains et sociaux, donnent accès

à la perception et à la compréhension des perceptives multiples, des évidences contradictoires,

et des interprétations transculturelles, comme des professionnels qui valident les apprentissages

des élèves et rendent compte de leurs progrès.

6.1.2. La professionnalité

Le terme de professionnalité est récent et n’apparaît pas dans les dictionnaires de la langue

française. Créé en Italie, le substantif professionnalità correspond « au caractère professionnel

d’une activité économique » (Devoto Oli 1971 cité par Altet & al. 2002), et est officiellement

entendu comme « la somme des connaissances, capacités et expériences » mises en jeu dans

cette activité (Weiss 1983). En France, la notion de « professionnalité » est progressivement

associée à l’ensemble des compétences socialement reconnues grâce auxquelles une personne

parvient à faire face à des situations professionnelles données.

D’après certains chercheurs (Altet, Paquay, Perrenoud & autres), la professionnalité peu se

définir en termes de fonctions spécifiques à assumer, des compétences à mettre en œuvre, mais

aussi en termes d’identité et d’enjeux sociaux et éthiques. La professionnalité serait

« l’ensemble des compétences que devrait avoir un professionnel ou encore l’ensemble des

compétences reconnues socialement comme caractérisant une profession », écrit L. Paquay ou

encore, « la capacité à faire face aux exigences professionnelles réelles en situation »

(Casalfiore & Paquay 1998).

Page 160: Langue de spécialité, didact

160

Pour Altet, citant Bourdoncle & Mathey-Pierre (1995), le terme de professionnalité

recouvre « capacités, savoirs, culture et identité » et est référé « aux notions de

professions (haut niveau de connaissances, savoirs très spécialisés, technique élaborée) et de

professionnalisation (métier/profession, spécialiste, expert, maîtrise du procès de travail) »

(Dadoy 1986). Altet insiste sur le fait que la notion prend en compte aussi la personne, comme

le rappelle Courtois & al. (1997) : « La professionnalité concerne plutôt la personne, ses

acquis, sa capacité de les utiliser dans une situation donnée, le mode d’accomplissement des

tâches. Elle est instable, toujours en construction, surgissant même de l’acte de travail ; elle

facilite l’adaptation à un contexte de crise ». De même, Perrenoud (1994b) souligne que la

professionnalité repose sur la capacité à identifier et résoudre des problèmes en situation

d’incertitude, de stress, et de forte implication personnelle ».

La professionnalité implique la mobilisation par les enseignants concernés d’un certains

nombre de savoirs, savoir-faire et d’attitudes propres à une occupation donnée. Elle peut être

comprise comme le passage d’un métier défini par des tâches prescrites pour une simple

exécution à une profession reposant sur une entière responsabilité des acteurs dans la

conception, la mise en œuvre et l’évaluation de leur propre pratique. Ainsi, cette

professionnalité s’intègre dans un rejet d’une vision simpliste de la fonction enseignante qui ne

consisterait qu’à dispenser des cours. Si l’enseignant doit concevoir son intervention en

fonction de perspectives d’apprentissage, sa formation doit être envisagée dans le cadre d’un

projet qui prendra en considération les exigences institutionnelles, expression des valeurs et des

finalités sociales, la logique des savoirs dans leurs pertinences épistémologique et fonctionnelle

et bien sûr les attentes questionnées et les besoins problématisés des formés. Ce qui la fonde,

d’un point de vue social, c’est la priorité donnée à l’élévation du niveau d’enseignement.

Selon Tardif & al. (1998), la professionnalisation est soumise à une double contrainte à

savoir « la nécessité de transformer les connaissances à l’œuvre dans l’action d’enseignement,

imposant une élévation sensible du niveau de qualification et la prise en compte de la crise des

formations et des valeurs professionnelles eu égard à leur faible niveau de reconnaissances

sociale ».

6.1.3. Les anciennes formes de la professionnalisation

Au fil du temps, l’enseignement a pris plusieurs modèles pour en arriver à la naissance

d’une nouvelle légitimité, celle de la professionnalisation. Ainsi au maître improvisé, qui a

prévalu avant le XVII siècle, succède le maître artisan, pendant presque trois siècles, et le

maître scientifique du XXème siècle. À l’aube du troisième millénaire, c’est la notion du maître

Page 161: Langue de spécialité, didact

161

professionnel qui permet de décrire d’une manière plus appropriée la nouvelle caractéristique

du travail enseignant.

On pourrait définir un enseignant comme une personne autonome dotée de compétences

spécifiques, spécialisées, qui reposent d’une part, sur une base de savoir rationnel, reconnu

venant de la science et légitimé par l’université, et d’autre part, sur des savoirs spécifiques issus

de la pratique.

Quatre modèles différents ont existé, dominant à certaines périodes :

a) L’enseignant magister : c’est un maître qui sait tout, il n’a pas besoin de formation

spécifique ni de recherche, c’est le modèle de l’antiquité (mais il est encore utilisé à la fac).

b) L’enseignant technicien : c’est celui qui a été formé par les E.N. Ils sont apparus avec la

loi de Jules Ferry (1880) [50

] On apprend en imitant, en s’appuyant sur la pratique d’un

enseignant chevronné qui transmet ses savoir-faire et ses « trucs » (jusqu’en 1991).

c) L’enseignant ingénieur : il s’appuie sur les apports scientifiques des différentes sciences

(humaines, psychologie, sociologie), il rationalise sa pratique en tentant d’y appliquer la

théorie.

d) L’enseignant professionnel : il réfléchit, il est capable d’analyser ses propres pratiques, de

résoudre des problèmes, d’inventer des stratégies en utilisant la pratique et la théorie. Être

enseignant professionnel, c’est être un praticien réflexif (Paquay & Sirota 2001).

Le professionnalisme est l’ensemble des valeurs, d’attitudes et de conceptions concernant le

rôle que le professionnel est censé épouser et actualiser dans l’accomplissement de son travail

(Lessard 1991). Pour Legendre 1993, le professionnel c’est celui qui a atteint un haut niveau de

dextérité et de performance dans sa sphère d’activités. Il est un praticien qui fait preuve d’une

expertise dans l’organisation et la gestion de situation d’apprentissage (Trousson 1992). Ceci

dit, il est capable de construire seul ou collectivement des projets en référence à des objectifs et

à une éthique, d’analyser ses pratiques et de s’auto-former tout au long de sa vie

professionnelle (Paquay, Altet, Carlier & Perrenoud 1996).

La notion clé en matière de formation des enseignants, s’imposant avec acuité, est celle de

l’enseignant en tant que professionnel. Ce dernier jouit d’un certain prestige : possédant des

qualifications du niveau enseignement supérieur, avec une gamme de compétences

professionnelles lui permettant de fonctionner en tant qu’enseignant autonome, capable de

s’auto-évaluer et de se perfectionner tout au long de sa carrière professionnelle. C’est dans cette

[

50] Loi promulguée dans le journal officiel du 29 mars 1880

Page 162: Langue de spécialité, didact

162

perspective que la formation initiale doit être repensée pour installer chez les enseignants les

fondements de cette carrière à statut supérieur.

Conclusion

L’évolution de la société, celle des savoirs et des techniques, celle de l’institution scolaire

exigent donc, pour continuer à mener à bien ses missions, la maîtrise de nouveaux outils et de

nouvelles pratiques. Le métier d’enseignant a toujours été complexe. Il l’est devenu davantage

encore suite aux profonds changements qu’ont vécus l’enseignement de base et l’enseignement

secondaire. Le métier change, la formation aussi.

La réforme des programmes entreprise suscitent la conduite d’une révision des

programmes universitaires de formation des futurs enseignants. Le nouveau modèle, celui du

maître professionnel, suppose la mise en place d’une formation qui s’appuie sur la mobilisation

d’un certain nombre de savoirs et de ressources en contexte d’action professionnelle.

Page 163: Langue de spécialité, didact

163

Chapitre IV

Les enjeux de la formation des enseignants dans un dispositif évolutif des

conceptions

Introduction

Les recherches en didactiques, en enseignement et en formation des enseignants paraissent

esquisser une évolution allant d’une centration sur les savoirs à enseigner vers une centration

sur l’activité (Barbier & Durand 2003), favorisant le rapprochement entre le travail prescrit et

le travail réel. Ce rapprochement a permis l’élaboration de recherches pour une meilleure

compréhension de la pratique enseignante.

Ces nouveaux savoirs construits à partir de l’ergonomie de l’enseignement/apprentissage de

la langue restent, cependant, peu exploités pour la conception des dispositifs de formation des

enseignants, qui, la plupart du temps, font abstraction de l’activité des praticiens ou la réduisent

au prescrit. Toutefois, il faut reconnaître que de nouvelles voies de dispositifs d’ingénerie sont

actuellement recommandées en termes d’« ingénierie de contexte » versus « ingénierie de

programme », « ingénierie concourante ou simultanée » versus « ingénierie séquentielle »,

«ingénierie en référence au fonctionnement des systèmes vivants» versus « ingénierie à des

dispositifs industriels » (Le Boterf 2003).

Le chapitre IV focalise sur l’évolution des différentes conceptions de la formation des

enseignants, à savoir la formation par la formation alternance, la formation en compagnonnage,

la formation en monitoring et la formation professionnalisante.

1. Les différentes conceptions du dispositif de la formation des enseignants

La formation des enseignants a connu plusieurs formules. Elle est le moment où les

enseignants stagiaires doivent opérer un double déplacement depuis les savoirs disciplinaires,

validés par une licence universitaire, vers les savoirs enseignés d’une part, et la construction

des compétences professionnelles d’autre part. Bien connaître une discipline ne suffit pas pour

faire acquérir aux apprenants les compétences escomptées.

La formation professionnelle doit donc également porter sur les conditions didactiques de

construction des connaissances scolaires. La seule accumulation des savoirs académiques est

inopérante, de même qu’est illusoire la stricte application des savoirs issus de la recherche dans

le domaine de l’enseignement. Ainsi, les formateurs d’enseignants doivent réaliser un travail de

Page 164: Langue de spécialité, didact

164

transposition et de recomposition de ces savoirs qui exige d’eux une double compétence

académique et professionnelle.

1.1. Formation par alternance

L’alternance, un terme utilisé pour la première fois en 1935 dans le système éducatif, est

souvent conçue comme un moyen pour augmenter l’efficacité de la formation et pour l’adapter

aux nouvelles exigences sociales et économiques. Cette conception de la formation rassemble

autour de son nom l’ensemble des préoccupations de l’école qui irait ainsi au-delà de la

maîtrise des concepts et des théories, mais qui cherche à se rapprocher du monde de l’emploi ;

l’insertion et l’intégration des enseignants novices. Ce type de formation repose sur

l’articulation entre deux lieux : le lieu de formation et le lieu de stage. Ce dispositif est un

moyen qui permettrait de réunir de manière cohérente ; la théorie et la pratique.

Dans cette logique de formation par alternance, formation et stages sont complémentaires,

théorie et pratique sont liées et doivent donner la cohérence à l’ensemble du dispositif de

formation. En fait, les enseignements dispensés au niveau de l’institut de la formation

représentent une étape permettant de décrire les savoirs, le savoir-faire et le savoir-faire idéal,

que chaque stagiaire devrait tendre à atteindre. Les enseignements étudiés à l’institut de

formation sont décontextualisés, par contre les pratiques s’apprennent sur le terrain, et on

insuffle à travers un protocole, une rigueur, des principes qui ne prennent leur sens que dans

une situation de classe. Pour certains, il y a opposition entre le message de l’institut de

formation et la situation réelle ; pour d’autres, ces deux lieux sont nécessaires et se complètent.

Dans cette perspective, le lien entre la théorie et la pratique représente un temps essentiel.

Les deux espaces, institut de formation et établissement de stages, sont indispensables pour le

déroulement de la formation ; sont-ils réellement complémentaires dans un dispositif de

formation centré sur le stagiaire ?

Généralement, l’enseignant novice, guidé par un enseignant formateur/tuteur, essaie de

mettre en application ou de reproduire les acquisitions théoriques décrites à l’institut de

formation. Or, la pratique réelle fait appel à d’autres compétences qui ne sont pas présentes lors

de l’apprentissage à l’institut. L’enseignant novice ne peut procéder à une réflexion sur la

situation réelle à laquelle il est confronté sans l’aide de l’enseignant formateur ; une aide qui est

nécessaire pour mettre en évidence que chaque situation est singulière. Les enseignants

encadreurs doivent s’investir davantage selon les prérogatives qui gèrent leur intervention

auprès des enseignants-stagiaires, mais aussi dans un partenariat interactif, constructif et

Page 165: Langue de spécialité, didact

165

dynamique. La cohérence et l’efficacité de ce dispositif tiennent au degré de concertation des

deux acteurs, une concertation souvent très limitée.

Le dispositif d’alternance, dans le cadre de la formation des enseignants, relève des

difficultés tant dans sa conception que dans sa mise en œuvre. L’articulation théorie-pratique

n’est pas clairement définie, les conceptions pédagogiques diffèrent au sein de l’ensemble des

formateurs, la mise en œuvre du dispositif reposant sur un manque de concertation des

différents partenaires résulte sur des difficultés pour les enseignants stagiaires. Institut de

formation et établissement de stages plutôt qu’être complémentaires, apparaissent parfois

comme deux espaces étanches et indépendants.

Repenser la relation entre ces deux espaces s’avère nécessaire pour contribuer à

l’émergence des savoirs issus de la pratique ; savoirs empiriques. L’alternance est la condition

première de ce savoir empirique qui ne peut vraiment être découvert qu’en situation de classe.

Dans le cadre de l’apprentissage des pratiques enseignantes, différents domaines sont

directement concernés par l’émergence et l’acquisition des compétences professionnelles.

Celles-ci englobent des savoirs, des habiletés et des attitudes qui ne peuvent s’acquérir dans des

situations de classe. L’apport des pratiques de classe aboutit à la construction du savoir dans

l’expérience, menant à la construction des compétences professionnelles, qui allient savoirs,

expérience et réflexion.

L’espace pratique met l’enseignant stagiaire en situation réelle ; ses gestes et ses pratiques

enseignantes font référence à des savoirs acquis au fil de la formation et lui permettent d’agir

d’une manière réfléchie.

La diversité des lieux de stage permet à l’enseignant stagiaire, au cours de la formation

initiale, de vivre de multiples expériences, de côtoyer des professionnels différents, de faire

évoluer sa propre représentation de la profession, de découvrir les valeurs qui sous-tendent la

profession et de les intégrer avec discernement. Ceci dit, la socialisation professionnelle permet

aux enseignants novices d’intégrer d’une façon précoce la nouvelle profession qui deviendra la

leur.

1.2. Formation par alternance : diverses conceptions

Le dispositif d’une formation par alternance est définit, par Bourgeon (1979 : 73), en trois

modèles : un modèle de « pure extériorité » où l’activité pratique est complètement dissociée

du cadre des enseignements théoriques, un modèle « juxtapositif » où les deux temps de

formation ne sont pas coordonnés, un modèle « copulatif ou intégrateur » où les temps de

formation sont organisés et mis en relation.

Page 166: Langue de spécialité, didact

166

Malglaive (1994 : 26), quant à lui, définit « l’alternance inductive » (stage d’observation et

de sensibilisation dans un établissement du premier degré, découverte de leur établissement

d’accueil), qui se fonde sur le principe de la prise en compte des expériences des enseignants

stagiaires pour illustrer des enseignements, « l’alternance déductive » où la technique est

considérée comme une application du savoir, et « l’alternance intégrative » où les deux

approches sont combinées.

En fait, les deux démarches, inductive et déductive, se complètent. Tantôt le savoir se

construit de la pensée vers l’action, tantôt il s’élabore en se référant d’abord à l’action. L’apport

de la démarche clinique est de permettre de théoriser à partir d’une situation rencontrée sur le

terrain où l’enseignant stagiaire est lui-même impliqué. Ces pratiques enseignantes lui

permettent d’acquérir des comportements professionnels. C’est dans la confrontation aux

pratiques enseignantes et dans leur signification sociale, que l’enseignant stagiaire développe

de nouveaux savoirs, il en revient à l’enseignant formateur de l’aider à élaborer ce savoir, à

l’intégrer par le biais d’une pédagogie appropriée.

Les stages pratiques représentent le lieu où se forge la pratique professionnelle. Celle-ci

peut se solder tout simplement par la reproduction des enseignements dispensés dans l’institut

de formation, des pratiques observées ou exécutées sous la tutelle de l’enseignant formateur.

Sans aller au-delà de la simple reproduction des modèles observés pour essayer de comprendre

le geste ou la situation, l’enseignant stagiaire se limite à une pédagogie de reproduction.

En l’occurrence, les stages pratiques peuvent être un lieu de production de savoirs. Le

contact direct avec l’environnement professionnel et social peut être un lieu où l’enseignant

stagiaire apprend et développe ses pratiques enseignantes. L’apprentissage contextualisé permet

à l’enseignant stagiaire de mettre en application ses savoirs, de chercher des procédures

adaptées aux situations, d’observer des personnes en action, ce qui induit une réflexion sur sa

propre pratique. Les vécus expérientiels occupent une place vitale dans la formation.

C’est dans les situations complexes que l’enseignant stagiaire tente de mobiliser tous les

dispositifs de raisonnement et d’action, ainsi son comportement quant à ses capacités de

décision et d’action est déterminé. Le savoir d’action permet d’appréhender le réel dans la

multitude de ses facettes. Pour se faire, une dimension adaptatrice, de création, est requise.

À partir de ce qui est avancé ci-dessus, la formation par alternance représente un lieu

privilégié d’observation de la construction identitaire. La question des compétences

professionnelles est aussi au centre de la formation par alternance. Une formation réussie

nécessite un passage de la conceptualisation à la pratique : de l’action au concept, puis du

concept à la pratique réfléchie et modifiée.

Page 167: Langue de spécialité, didact

167

Au cours de la formation par alternance, l’enseignant stagiaire est confronté à deux

logiques, d’une part, acquérir des connaissances et des compétences, d’autre part, produire et

être efficace. Ceci dit, la formation ne se limite pas à l’apprentissage des pratiques, mais elle

vise aussi une autonomisation de l’enseignant.

2. Formation en compagnonnage

La formation en compagnonnage est un dispositif qui place souvent les enseignants

stagiaires sous la responsabilité d’un ou de plusieurs formateurs de terrain. Leur rôle et de les

intégrer dans la vie d’une classe ou d’une situation de questionnement, de découverte et

d’apprentissage tout au long de la période de stage, les accompagner dans leurs travaux, étayer

leur réflexion en les confrontant à des prises de responsabilité mais aussi, et peut-être surtout,

« une pratique-experte » (Tochon 1993). En fait, il s’agit de rendre accessible par l’explicitation

de gestes et de raisonnements intimement solidaires de l’action observable (Vermesrch 1994).

Présenter, mais aussi démêler l’écheveau de l’action, telle est la responsabilité du formateur de

terrain définie dans le document de présentation du module.

« À travers cette rencontre [novice-expert] au sein d’une classe, du savoir se

construit, se transmet. L’étudiant(e) se confronte à l’énigme de certains gestes, au

"mais pourquoi ?", "mais comment ?". Il ou elle voit quelqu’un d’autre fonctionner,

avec une foule de questions qui peuvent se presser : "comment ceci, pourquoi cela,

mais enfin... ?". L’enseignant(e) peut être surpris(e) par les questions posées sur ce

qui lui paraît si naturel et il lui faut chercher à mettre des mots, échanger, discuter

ce qui lui semble parfois le plus élémentaire. Cette rencontre quotidienne est donc

faite d’expérience commune et de paroles échangées (…) ».

En effet, c’est au travers ces rencontres, discussions et confrontations des points de vue

entre le novice et l’expert que se fait le partage des savoirs. Ces discussions se déroulent au

cours d’une rétroaction co-constructive de l’enseignant sur l’expérience de l’enseignement du

stagiaire observé, ou avant même la pratique lorsque la discussion et les questions portent sur la

planification de son enseignement. En fait, il s’agit des apports d’une assistance d’un expert à

mettre au service d’un novice. Un enjeu didactique qui se fonde sur la co-construction et le

partage des savoirs et des idées.

« La posture du formateur de terrain, revient en quelque sorte à: "je montre,

j’accompagne, je parle, je tente de comprendre ce qui fait la spécificité de certains

de mes gestes, etc.". Cela demande du faire et de l’échange. L’enseignant doit tour

à tour rassurer, inquiéter, faire prendre des risques, faire confiance. Les actions qui

favorisent, c’est "faire ensemble, laisser faire même jusqu’à l’échec pour pouvoir

en parler, débattre, conseiller, échanger". Si cela marche, alors chacun apprend de

l’autre, évidemment pas les mêmes choses, ce qui ne peut parfois pas être mesuré

immédiatement, mais seulement après coup ».

Page 168: Langue de spécialité, didact

168

L’attitude de l’enseignant accompagnateur passe d’un état rassurant à un état inquiétant et

déstabilisant et vice-versa pour le stagiaire. L’objectif sous-jacent est de pousser le novice à

prendre des risques, à découvrir des astuces, et à mettre en application ses propres démarches.

C’est ainsi que le stagiaire s’autonomise et gagne la confiance et l’estime de soi. Pour ce faire,

l’accompagnateur adopte une posture de superviseur qui accompagne, guide sans trop

s’impliquer tout en favorisant l’autonomie et la responsabilité qui mènent à la créativité. C’est

un autre enjeu qui repose sur la déstabilisation du stagiaire pour une co-construction effective

des compétences professionnelles.

« Il existe des gestes professionnels qui ne peuvent s’apprendre que sur le terrain,

le formateur est celui qui peut les repérer et les transmettre. Il est d’autres savoirs

qui sont à chaque fois contextualisés : "je fais cela en cet instant", mais "je fais

autre chose à un autre instant". Cet apprentissage du temps, de la différence, de

l’importance du moment est nodal et ne peut qu’être appris en le vivant. Le

compagnonnage est donc une façon, sur le terrain, dans les situations singulières,

de construire et transmettre des savoirs de l’expérience, mais aussi du matériel, des

tours de main. Il vise à une meilleure compréhension des gestes du métier. Cela est

exigeant, et demande qu’à chaque fois on réfléchisse ensemble ».

Une compétence s’installe sur le tas. La singularité des situations de la pratique enseignante

ne peut être saisie par le novice que dans le contexte classe. Il ne devient conscient du réel de la

classe que s’il vit différentes situations et reçoit le guidage et l’étayage de l’enseignant

accompagnateur. Ce dernier, en tant que guide, veille au faire-faire et au faire-apprendre en

relation avec le contexte et le temps de réalisation. L’enjeu d’une posture réflexive s’impose

avec acuité pour rendre la conscientisation opérationnelle.

En fait, une mission essentielle pour la formation initiale dans l’amorce de co-construction

des savoirs et des compétences professionnelles qui favoriseraient leur développement ultérieur

s’avère impérative.

Ce contrat prolongé et rapproché renvoie à d’anciennes pratiques de formation. Il relève

d’une pédagogie du compagnonnage dans laquelle le formateur accompagne les apprentissages

du stagiaire. Une pédagogie dont le renouveau pourrait transformer non seulement la formation

des enseignants, mais toute l’institution scolaire (Meirieu 1998 : 167-173).

3. Formation en monitoring

Le stage d’observation et de pratique accompagnée

Le stage d’observation et de pratique accompagnée offre aux enseignants stagiaires la

possibilité d’observer et d’analyser des situations de terrain en vue de :

- Connaître le fonctionnement des établissements

Page 169: Langue de spécialité, didact

169

- Observer les pratiques du conseiller d’éducation

- Echanger en amont ou en aval de l’observation avec les différents personnels

- Participer à l’animation de la vie scolaire.

Les enseignants accompagnateurs conduisent avec les enseignants stagiaires un travail

comparable à celui qu’ils mènent avec les conseillers d’éducation stagiaires.

4. Formation et professionnalisation : La confrontation des points de vue, une

ressource pour l’apprentissage

Depuis quelques années déjà, le discours sur la réforme du système éducatif accorde une

place prépondérante aux vertus de la professionnalisation du métier d’enseignant. Les récentes

publications nord-américaines sur ce sujet accordent beaucoup plus d’importance à la

formation et à la nécessité de la doter d’une plus grande cohérence professionnelle. La

problématique de la professionnalisation du métier de l’enseignant et des savoirs qui fondent la

pratique enseignante et qui occupent le centre du débat sur la formation et sur sa

professionnalisation, entendue comme l’ensemble des démarches et des contenus orientés vers

le développement des compétences requises pour l’exercice du métier de l’enseignement.

Former un enseignant, c’est former un professionnel à une fonction sociale complexe.

Donc, il faut envisager la mise en œuvre du processus de formation en visant la transformation

consciente des modes de pensée et d’action de l’enseignant à partir de l’identification des

conflits et des contradictions auxquels il est soumis dans le pilotage du fonctionnement du

système didactique (Le Bas 2005 : 47).

Comment peut-on éviter que les dispositifs de la formation par alternance, d’une part, et les

ateliers universitaires d’autre part, vivent leur vie chacun de son côté, dans une espèce de

cohabitation pacifique, voire conviviale, mais peu interactive ? Comment, en d’autres termes,

donner du sens à ces dispositifs de formation ? Un tel pari n’est sans doute possible que si les

deux institutions, scolaire et universitaire, assument et encouragent la création de zones

d’intercompréhension entre les différents acteurs de la formation des enseignants. Mais il doit

aussi s’appuyer sur les stratégies de communication et de collaboration implantées dans un

partenariat de proximité, un partenariat durable et fonctionnel. Les leviers privilégiés dans le

module de ce dispositif se situent à la fois au centre et à la périphérie du processus de

formation.

S’agissant du centre, on trouve les démarches balisant les activités de l’enseignant-stagiaire,

les démarches qui portent sur toute la période de la formation, université et terrain confondus.

Page 170: Langue de spécialité, didact

170

5. Formation continue des enseignants

Il existe depuis le milieu des années 80, la conviction que la formation initiale n’est pas

suffisante pour assurer la compétence, voire la qualification professionnelle, tout au long de la

carrière des enseignants. C’est ainsi que la formation continue est considérée comme étant un

processus qui vise à transformer le formé. Elle convoite l’aboutissement à un changement de la

personnalité du formé en ayant une influence sur ses pratiques professionnelles. Dans le cadre

de cette formation, l’objectif est de faire changer les attitudes et les manières de faire.

La formation continue est interprétée comme la manière par laquelle les enseignants

développent leurs connaissances, leurs compétences, leur savoir-faire et leur compréhension du

métier d’enseignant tout au long de la carrière professionnelle (OCED 1998). La formation

continue « fait partie intégrante d’une entreprise plus vaste visant à adapter l’éducation à de

nouveaux enjeux et à nouveau contexte » (Ibidem 11).

Pour d’autres, la formation continue, par moment appelée perfectionnement, recyclage des

enseignants ou encore mise à jour des savoirs, est définie comme étant « une formation faisant

suite à une formation initiale d’un enseignant et ayant pour but de lui permettre d’approfondir

un domaine de connaissances ou d’améliorer l’emploi de méthodes ou de techniques

pédagogiques ». (Legendre 1993 : 976-977).

La formation continue recouvre donc l’ensemble des activités qui impliquent un

changement ou un accroissement des compétences et des savoirs des enseignants et dont le but

ultime est un changement des pratiques en classe avec une amélioration des apprentissages et

des performances des apprenants. La formation continue est une situation éducative qui se

définit par « un processus interpersonnel, intentionnel, qui utilise essentiellement la

communication verbale, le discours dialogique finalisé comme moyens pour provoquer,

favoriser, faire réussir l’apprentissage » (Altet 1994 : 4). En plus, la formation continue ne

semble plus être seulement le remède aux carences de la formation initiale, mais un processus

de longue durée s’inscrivant dans une perspective d’apprentissage permanent (EURYDICE

1995, Tardif & al. 1998).

La conception de cette formation doit impérativement être renouvelée pour répondre aux

exigences multiples des sociétés, des établissements scolaires et des enseignants surtout pour

face à une évolution technologique qui s’est accélérée sans cesse. Elle doit être revue pour

permettre aux enseignants de construire leurs parcours professionnels et faciliter leurs accès

aux espaces formels et informels de formation.

Page 171: Langue de spécialité, didact

171

Les réflexions sur sa restructuration ont mené à l’instauration de systèmes de formation

continue qui se caractérisent surtout par la participation volontaire des enseignants et par leur

visée de résoudre des problèmes ponctuels (EURIDICE 1995) Dans sa conception

traditionnelle, la formation continue se concentre sur les techniques, les idées et le matériel à

utiliser. Les activités prennent surtout la forme d’ateliers, de cours magistraux, et de séminaires

de courte durée dont l’implication active du formé n’est pas sollicitée.

Les systèmes traditionnels de la formation continue sont sévèrement critiqués pour avoir

été incapable de former des enseignants « compétents ». Ainsi, des réformes en éducation

s’imposaient, et entrainaient des changements dans la formation initiale, qui est, aujourd’hui,

considérée comme un enjeu majeur pour l’implantation de ces réformes et innovations

éducatives. Elle apparaît aussi indispensable pour le développement professionnel et personnel

des enseignants : ses différents dispositifs doivent permettre aux enseignants d’acquérir de

nouveaux savoirs scientifiques et de construire les compétences nécessaires pour ensuite

analyser et changer leurs propres pratiques.

Actuellement, l’élaboration d’un nouveau modèle, fondé sur la pratique réfléchie du

professionnel, est entrain de prendre place. L’objectif sous-jacent à ce nouveau modèle réside

dans la perspective d’abolissement des frontières étanches entre la recherche et la pratique.

Pour Altet, dans ce modèle « la formation s’appuie sur les apports des professionnels et des

chercheurs qui cherchent à articuler une approche de type action-savoir-problème » (1994 : 26).

La réussite et les résultats escomptés d’un système éducatif dépendent de l’efficacité de la

formation initiale et continue des enseignants dans une perspective de continuum, garantissant

une évolution qui se joue surtout au niveau du rôle des savoirs théorique et pratique (Altet

1994). La formation des enseignants, comme sous-ensemble du système éducatif, est

dépendante des qualités du système global.

Les différents modèles de formation des enseignants, acceptés par les chercheurs en

éducation et en sciences sociales et humaines, les formateurs en formation initiale et continue,

tous les acteurs de l’éducation et les enseignants, se résument selon Zeichner 1983 (cité par

Paquay 1994) comme suit :

1. « le paradigme comportemental qui envisage l’enseignement comme un ensemble de capacités plus

ou moins isolables à pratiquer et à maîtriser ;

2. le paradigme artisanal qui envisage l’enseignement comme un ensemble de compétences

professionnelles à acquérir sur le terrain ;

3. le paradigme critique, orienté vers la recherche, qui envisage l’enseignement comme ensemble

d’aptitudes à une investigation critique et réfléchie permettant de transformer une problématique

d’enseignement ;

Page 172: Langue de spécialité, didact

172

4. le paradigme personnaliste qui envisage l’enseignement comme un processus du développement

personnel à partir des principes et engagements particuliers propres à l’enseignant ou au futur

enseignant ». (Paquay 1994 : 9)

Conclusion

Pour conclure, nous pouvons dire que la formation continue des enseignants ne cesse de

connaître des évolutions importantes ces dernières années. Les politiques éducatives misent sur

la formation continue comme moyen de stimuler et diffuser les innovations, et mieux préparer

les enseignants aux nouveaux défis et enjeux de l’éducation dans un contexte mondial

caractérisé par une évolution incessante.

Page 173: Langue de spécialité, didact

173

TROISIÈME PARTIE

Regards croisés sur la formation du côté des élèves-enseignants, des

formateurs, enseignants novices et des inspecteurs

La recherche, présentation et analyse des résultats

Avant-propos

La recherche que nous proposons manifeste le souci de mieux élucider les enjeux

didactiques de la formation des enseignants d’anglais. Dans cette troisième partie, nous

présenterons d’abord le type de recherche que nous avons privilégié. Nous discuterons ensuite

de l’approche méthodologique qui a été retenue afin de répondre aux objectifs et à la question

de recherche de notre travail. Nous préciserons également le type de participants qui étaient

visés par notre recherche ainsi que le mode de cueillette de données qui a été adopté. Enfin,

nous conclurons cette partie par la présentation et l’analyse des résultats.

Chapitre I

Le cadre général de la recherche

Introduction

Dans le cadre de notre recherche, l’étude que nous présentons ci-après questionne les

enjeux didactiques de la formation des enseignants d’anglais dans le contexte algérien dans une

perspective professionnalisante. Cette investigation des enjeux concerne la formation initiale et

en cours de service, dans le contexte de la réforme éducative (cf. Partie I chapitre III p 45-52);

les interrogations portent ainsi sur la façon dont les changements institutionnels se traduisent

dans les programmes de formation, et sur la maîtrise par les différents acteurs de la formation

des évolutions induites, s’agissant notamment de l’approche dite APC pour sa mise en œuvre

et pour les compétences escomptées.

Une première remarque concerne la multiplicité des acteurs de la formation et la nécessité

d’appréhender les différents points de vue sur la formation des enseignants. De ce fait, notre

investigation a tenté de mettre en perspective la façon dont ces questions sont envisagées par

l’ensemble des partenaires de la formation, à savoir les élèves-enseignants en formation

(cohorte 2008-2009), les enseignants sur le terrain (cohorte 2007-2008), les inspecteurs, les

enseignants universitaires, et les chefs de département de la formation au niveau de l’académie

et de l’université. Les groupes de sujets participants à cette étude constituent nos échantillons.

Page 174: Langue de spécialité, didact

174

Pour les raisons de validité et de fiabilité de ce travail de recherche, la démarche

méthodologique empruntée s’appuie notamment sur un corpus qui réunit les deux méthodes,

quantitative et qualitative. La première, composée de quatre questionnaires, s’adresse aux sujets

et à leurs formateurs. La deuxième, comprenant une analyse du cursus de la formation initiale

et d’entretiens, interpelle les objectifs institutionnels et leur pertinence par rapport aux objectifs

attendus de la formation. Il s’agit d’une approche compréhensive, donnant place à la parole à

tous les partenaires, qui caractérise le dispositif méthodologique de ce travail de recherche. Ce

processus de triangulation, qui articule les trois pôles, à savoir l’institution, les enseignants et

les formateurs, est mis en place pour interroger la fiabilité des données collectées.

1. Une recherche exploratoire pour décrire les enjeux de la formation des

enseignants

Comprendre comment la formation des enseignants est mise en œuvre dans une perspective

professionnalisante a occupé et occupe une grande place dans les travaux des chercheurs, des

didacticiens et des praticiens qui se sont intéressés de près ou de loin à l’enseignement. La

formation des enseignants dans sa nouvelle conception vise à produire des enseignants

professionnels (Bourdoncle 1991, Altet, Lang & Perrenoud 2001 et Baillat & al. 2003) et

réflexifs (Schön 1994). Avec la professionnalisation du métier d’enseignant, il s’agit de

déléguer une partie du pilotage du changement qui est entrain de s’opérer aux praticiens. Ainsi,

le modèle de praticien réflexif vise à développer chez l’enseignant la capacité de trouver par

lui-même une réponse appropriée au lieu qu’elle lui sera prescrite (Perrenoud 1997). Notre

objet d’étude sur les enjeux didactiques de la formation des enseignants concerne précisément

l’analyse des différents points de vue des chercheurs, praticiens et décideurs sur la formation

telle qu’elle est prescrite par les décideurs et telle qu’elle est effectivement vécue par les

praticiens et les formateurs. Cette recherche visera à étudier le dispositif mis en œuvre pour

former des enseignants professionnels et réflexifs. Pour ce faire, nous situerons notre recherche

dans le domaine de la recherche exploratoire.

La recherche exploratoire est essentielle lorsqu’il existe peu de données validées qui traitent

le sujet en question. Dans de telle situation, il faut d’abord essayer d’obtenir une

compréhension préalable et descriptive du sujet de façon à préciser la problématique,

d’analyser, de décrire et de distinguer le concept (dans notre cas il s’agit d’enjeux) et ceux

auxquels il pourrait être apparenté.

Page 175: Langue de spécialité, didact

175

L’avantage de ce type de recherche réside dans le fait qu’elle nous permet d’obtenir une

meilleure perception du problème analysé en clarifiant, d’une part, les concepts à partir

desquels des travaux d’étude ultérieurs pourront être menés, et en identifiant, d’autre part, des

concepts qui n’apparaissaient pas de prime abord. De surcroît, elle permet d’élaborer des outils

qui peuvent être réinvestis en formation et en recherche.

2. Chercher la validité scientifique

Quel que soit le sujet de recherche traité, il importe de le cadrer dans des paramètres

scientifiques. Appliqué dans notre sujet de recherche, nous pensons que toute tentative

d’améliorer la formation des enseignants et par conséquent la pratique enseignante doit

impérativement se fonder sur un cadre conceptuel validé. Ceci dit, que pour modifier

réellement les pratiques enseignantes, la recherche en enseignement et formation doit être en

mesure d’articuler l’agir de la pratique avec le construit de théorie. Cette condition nous impose

la clarification de notre posture épistémologique.

Le type de recherche que nous avons mené s’inscrit dans une épistémologie axée sur une

vision double de la réalité, à savoir le prescriptif et le descriptif. Nous présenterons ce que sont

les enjeux de la formation des enseignants d’anglais dans le contexte algérien, en analysant les

différents points de vue des décideurs et des praticiens. Nous pensons que cette voie de

recherche permet de mettre en relief les enjeux de la formation des enseignants. Ce travail de

recherche pourrait conduire à l’amélioration de ces enjeux de la formation des enseignants

quant à la construction des compétences professionnelles qui exige une plus forte prise en

compte des savoirs issus de la recherche (Paquay & Sirota 2001, Perrenoud 2001).

3. Mode de construction du corps

Afin de constituer un corpus diversifié, il nous a fallu trouver le compromis entre la

nécessité de contraster au maximum les sujets et les opinions pour obtenir un matériau suffisant

qui peut être représentatif. Les sujets potentiellement concernés par notre étude sont divers. Le

choix intentionnel de ces derniers est dû à une raison double. Premièrement, ces sujets sont

facilement accessibles dans le temps, vu notre statut en tant qu’enseignant universitaire,

formateur et inspecteur, et deuxièmement, l’apport de la diversité vu la complexité du sujet

traité; formation et ses enjeux didactiques. Les apports des appréciations de tous ces sujets

concernés directement par la formation nous permettent de mettre assez de lumière sur les

différentes facettes relatives au sujet de notre investigation.

Page 176: Langue de spécialité, didact

176

Nous souhaitions donc obtenir un éventail plus large de points de vue sur la formation

initiale et continue des enseignants auprès des futurs enseignants et ceux en service.

De plus, eu égard de l’analyse à notre problématique et aux interrogations relatives au

contexte (cf. partie I chapitre III p 45-52) et aux réformes en cours (cf. partie I chapitre III p 48-

52), nous avons élaboré un dispositif de recherche que nous décrivons brièvement ci-après.

3.1. Population et échantillonnage

Les participants à notre recherche étaient des enseignants stagiaires (n=200), des

enseignants en service (n=100), des enseignants formateurs (n=20), des inspecteurs (n=12) et

décideurs de la formation (n=2), qui avaient été sélectionnés de façon volontaire (les

caractéristiques de cet échantillonnage seront précisées ci-après). Notre objectif était de susciter

la participation à cette étude de tous les partenaires concernés par la formation en tant que

décideurs et exécutants.

3.2. Quelques caractéristiques sur les populations

3.2.1. Échantillon 1 : Sujets acteurs

Une place est accordée aux enseignants stagiaires (cohorte 2008-09) et aux enseignants en

service (cohorte 2007-08) dans la wilaya de Mostaganem. Ceci implique de porter une attention

à ces sujets et leurs contextes car c’est dans ces contextes que les significations apparaissent

ainsi que des éléments y sont associés.

Ce choix nous met en marge d’une tradition de recherche plutôt prescriptive, qui prendrait

appui essentiellement sur les conceptualisations théoriques, mises en lien avec les pratiques des

sujets et qui pourrait bien souvent amener à relever des manques et des écarts. Ainsi, ces

enseignants deviennent, selon Blumer (1969) in Mucchielli (1996), des créateurs et constitutifs

de la réalité. En outre, pour ces acteurs, Schön (1994) reconnaît une réflexivité au quotidien.

Ces acteurs se situent dans le domaine des savoirs pratiques. Leur interpellation, nous paraît

comme un moyen sûr pour élucider cette question de formation des enseignants.

3.2.2. Échantillon 2 : Sujets formateurs et décideurs

D’autres groupes de sujets ont été choisi pour mener cette étude. Il s’agit d’enseignants

universitaires, chargés de former les enseignants, d’inspecteurs d’anglais, chargés de superviser

l’exécution des curriculum et de la formation continue, ainsi que des décideurs, chargés de la

formation de sa planification et de son suivi.

Page 177: Langue de spécialité, didact

177

Le questionnement utilisé visait à nous aider à décrire le processus de la formation et à

mettre en relief les insuffisances remarquées en cours de la formation initiale et en aval lors de

la formation en cours de service. Nous avons conçu des outils de recherche, à savoir des

questionnaires, et essayé de les améliorer en collaboration avec des collègues enseignants,

formateurs et inspecteurs. Deux types de données ont été recueillies; des données quantitatives

et qualitatives. Les données quantitatives ont été recueillies à l’aide de quatre questionnaires

dirigés à une population directement concernée par la mise en œuvre de la formation initiale et

continue des enseignants d’anglais. Les données qualitatives ont été récoltées à partir

d’entretiens réalisés auprès des chefs de départements concernés par la planification et le suivi

de cette formation et les responsables de la formation initiale. Nous rappelons ici que l’objectif

sous-jacent est de chercher, chez les différents partenaires de la formation, les réponses aux

questions suivantes :

- La formation initiale des enseignants est-elle vraiment adaptée aux exigences et

évolutions auxquelles les enseignants sont censés faire face ?

- Y’a-t-il cohérence et correspondance entre les contenus de la formation et les

compétences qui sous-tendent l’approche par les compétences ?

- La formation continue est-elle suffisante et efficace pour doter les enseignants de

compétences professionnelles indispensables à une constante adaptation aux évolutions

découlant de la mondialisation ?

4. Méthodologie de recherche

Pour mener cette étude, nous avons choisi une approche méthodologique mixte de recherche

exploratoire qui intègrerait le quantitatif et le qualitatif et qui suggérerait un croisement des

stratégies et des instruments de collecte et de traitement de données. Notre objectif est

d’effectuer une recherche la plus utile et la plus instructive possible (Karsenti in Savoie-Zajc

2000 : 132).

Notre corpus rassemble quatre questionnaires, deux entretiens et l’analyse du corpus de

formation initiale. Chaque outil rapporte un éclaircissement sur la formation des enseignants.

Nous considérons que chacun des outils est un moyen qui rend compte de la perception que les

sujets envisagent sur la question de cette formation. Les données de chaque outil de recherche

seront considérées comme une unité d’analyse indépendante, apportant des éléments qui seront

associés pour élucider les enjeux de la formation des enseignants d’anglais.

Page 178: Langue de spécialité, didact

178

4.1. Une approche quantitative

L’enquête par questionnaire diffusé vers la fin de cycle de formation de futurs enseignants

d’anglais, nous a semblé être l’outil le plus adapté pour appréhender le point de vue des ces

derniers. Le choix du questionnaire nous a permis de recueillir les opinions de presque

l’ensemble des enseignants-stagiaires de quatrième année. Il existe évidemment d’autres outils

de recherche que nous n’avons pas retenus au motif que les opinions de chacun de ces futurs-

stagiaires devaient pouvoir s’exprimer et que les conditions de leur recueil devaient être les

plus homogènes possible.

En ce qui nous concerne, ce sont les facteurs de rentabilité et de gain de temps qui nous ont

exhortés à opter pour l’utilisation du questionnaire comme l’un des outils de travail. En fait, il

nous a permis de collecter le maximum d’informations dans un temps record. Evidemment, il

représente quelques limites, car l’utilisateur ne peut vérifier l’honnêteté des sujets ; il ne peut

s’assurer de la propre interprétation et compréhension des questions qui seront faites par les

sujets concernés par l’enquête. Enfin, une mauvaise interprétation des questions ne peut aboutir

qu’à des réponses imprécises qui ne répondent guère aux objectifs de départ.

En outre, l’objectif sous-jacent à l’utilisation de ce questionnaire est de marquer la volonté

de mieux évaluer la formation dispensée à l’université en donnant la possibilité, même d’une

manière informelle, aux bénéficiaires de la formation de juger « la qualité » de cette dernière.

4.1.1. Logique de construction et d’élaboration des questionnaires

Notre investigation est conduite à partir de quatre questionnaires qui déclinent les divers

champs d’hypothèses précédemment énoncés (cf. supra). La cible d’étude est centrée sur les

sujets enseignants (stagiaires et en fonction), les formateurs (enseignants universitaires), et les

inspecteurs (superviseurs).

a) Questionnaire 1 administré aux 200 élèves-enseignants de la cohorte

2008-2009

L’enquête par un questionnaire diffusé en fin d’année, nous a semblé être l’outil le plus

pertinent pour appréhender le point de vue des élèves-enseignants sur la formation initiale, son

contenu et son adéquation. Ce questionnaire comporte 11 questions, groupées sous trois

sections ; 1. Les données biographiques et profil des futurs enseignants, 2. L’évaluation des

compétences escomptées après quatre années de formation, 3. Les perspectives et attentes.

Page 179: Langue de spécialité, didact

179

b) Questionnaire 2 administré à 20 enseignants universitaires

Le deuxième type de questionnaire, administré aux enseignants universitaires, est composé

de 16 questions fermées et ouvertes. Ces questions sont groupées sous quatre sections, à savoir

I. Profils biographiques et professionnelles. II. Evaluation des compétences des futurs

enseignants. III. Réflexion des enseignants sur le module de TEFL et IV. Attentes et

perspectives des enseignants.

c) Questionnaire 3 administré à 12 inspecteurs d’anglais

Le questionnaire 3, administré aux inspecteurs d’anglais, consiste de 12 questions de type

fermées et ouvertes. Groupées en trois sections, les questions interpellent les données

biographiques et professionnelles des inspecteurs, leurs évaluations à propos des performances

des enseignants en service et leurs suggestions et attentes. Le choix de cette population

d’inspecteurs est fait dans le but d’évaluer les effets de la formation initiale sur la pratique

réelle de la classe. Le repérage de ce qui est vraiment réinvesti dans les pratiques

professionnelles requiert une observation prolongée et un accompagnement pédagogique de ces

derniers dans la diversité des formes et des aspects du métier où ils débutent. En effet, le

moment d’insertion dans le métier s’avère délicat dans la mesure où se rencontrent normes de

la formation, représentations initiales des formés et réalités des pratiques, une confrontation qui

soulève de nombreuses questions. En plus, l’appréhension concrète des pratiques de classe

constituent une tâche non seulement à titre d’évaluation, de contrôle et de notation, mais

d’amélioration de la qualité des enseignements dispensés, la diffusion des réussites et surtout

l’analyse des besoins de formation. A cet égard, les inspecteurs sont habilités à mettre en

lumière les lacunes et les besoins d’ordres disciplinaires, didactiques et professionnels

auxquelles les enseignants novices sont confrontés.

d) Questionnaire 4 administré à 100 enseignants en service de la cohorte

2007-2008

Le questionnaire 4, destiné aux enseignants en fonction depuis 9 mois (une année scolaire),

comporte 11 questions de type fermées et ouvertes. En plus des données biographiques et

professionnelles, elles cherchent à mettre en exergue l’impact de la formation continue sur la

performance effective en classe et à énumérer leurs attentes et suggestions à l’égard d’une

formation efficace. Le choix de cette cohorte d’enseignants novices est envisagé dans une

perspective à aider ces enseignants à diagnostiquer leurs propres difficultés, à en analyser les

causes et à choisir les points sur lesquels faire prioritairement des efforts (suggestions et

Page 180: Langue de spécialité, didact

180

attentes). S’appuyant sur ces appréciations, qui ne sont pas dépourvues de toute subjectivité,

nous pouvons être éclairés sur les attentes vis-à-vis des dispositifs de formation à entreprendre

en début d’année. Ce sont des indices importants pour un accompagnement réussi et une

construction d’identité professionnelle, qui fournissent un tremplin pour progresser et

s’automatiser.

4.2. Une approche qualitative

Dans son deuxième volet, notre corpus s’appuie sur deux entretiens réalisés auprès de deux

responsables de la formation des enseignants, le chef de département de l’anglais à l’université

de Sidi Belabbès, représentant le formateur, et le chef de service de la formation et de

l’inspection à la direction de l’éducation de Mostaganem, représentant l’employeur. L’objectif

de ces entretiens a été de recueillir les données qui puissent nous permettre d’appréhender cette

question en relation avec les enjeux de la formation des enseignants dans une perspective

professionnalisante qui fixe à la formation une finalité pratique. Notre choix s’est porté sur ces

deux représentants du ministère employeur et l’institution de formation parce qu’ils nous

semblaient être plus informés sur la formation, le dispositif de sa mise en place, ses contenus,

ses objectifs, son cheminement, etc.

Parallèlement, et pour répondre à notre deuxième question sur la cohérence et la

correspondance entre les contenus de la formation initiale et les compétences qui sous-tendent

l’approche par compétences, nous nous sommes penchés sur l’analyse du corpus de formation

initiale des enseignants d’anglais. L’objectif sous-jacent à cette analyse est de vérifier sa

compatibilité avec la construction et le développement des compétences professionnelles,

engageant à la fois l’appropriation des savoirs professionnels, de savoir-faire et de savoir-être

dans une posture réflexive.

4.2.1. L’analyse qualitative

L’analyse qualitative est une tâche complexe, prise en charge par le chercheur dès le moment

du recueil des données. C’est lui qui va recueillir et lire les traces en vue de leur attribuer un

sens. Pour ce faire, il va tenter de les faire parler, dans un temps différé par rapport aux prises

de données, sans qu’il y ait nécessairement un cadre prédéfini (Paillé & Mucchielli 2005). En

fait, analyser qualitativement, c’est observer, percevoir, comparer, juger, ordonner, vérifier,

rassembler, rapporter, etc.

Page 181: Langue de spécialité, didact

181

Pour recueillir les appréciations des responsables de la formation, nous avons recouru à des

entretiens semi-dirigés (N=2), administrés aux deux responsables représentant les institutions

concernées par la formation et le recrutement.

4.2.2. Logique de construction et d’élaboration des interviews

Les paramètres que nous avons pris en compte pour élaborer les questions d’entretiens sont

liés aux objectifs sous-jacents à la formation d’enseignants d’anglais, et les intentions

institutionnelles. Nous avons construit notre échantillon en recherchant prioritairement à

répondre aux questions suivantes qui touchent aux enjeux :

- des différents volets de la récente réforme éducative ;

- de l’approche par compétences homologuée par le MEN ;

- de la politique linguistique entreprise envers les langues étrangères ;

- du nouveau dispositif de la nouvelle politique de formation des enseignants et ses

objectifs;

- de l’introduction des NTICs dans l’enseignement des langues.

5. Les techniques de recueil des données

Les recueils des données quantitatives par le biais des questionnaires nous a permis

d’interroger directement les publics ciblés. La collecte des données a suivi trois étapes : la

construction initiale des questionnaires, les pré-tests pour vérifier la validité et la fiabilité de ces

instruments de mesure et l’administration définitive. Pour chacune de ces étapes, nous avons

suivi certaines règles afin d’obtenir le maximum de données pertinentes et exploitables. En fait,

la rédaction des questions était un travail complexe des points de vue formulation, et

agencement.

Ensuite, nous avons effectué un pré-test pour mettre à l’épreuve la forme des questions, leur

ordonnancement et vérifier la compréhension des répondants ainsi que la pertinence des

modalités de réponses proposées. Cette phase nous a permis de purifier leurs contenus pour ne

conserver que les questions qui nous permettent d’appréhender le sujet de notre enquête.

Les recueils des données qualitatives requièrent l’implication du chercheur dans le

maniement de la technique utilisée. Pour ce faire, une attitude empathique qui est une

disposition de l’esprit, une disponibilité et un respect des témoignages est nécessaire.

Dans notre étude, les interviews semi-dirigées sont une technique qui a pour objectif de

rendre compte du monde subjectif d’autrui. Cette technique favorise la libre expression des

sujets tout en nous permettant de cadrer le discours selon la perspective de la recherche. Le

Page 182: Langue de spécialité, didact

182

récit reste balisé par un cadre de narration, construit autour de l’objet de recherche et négocié

dans le contrat de communication qui guide l’évocation.

Nous recourrons à ces deux techniques de manière conjointe. Les publics ciblés par cette

recherche sont interpellés via les questionnaires et les interviews.

Page 183: Langue de spécialité, didact

183

CHAPITRE II

Les résultats pour la population étudiante

Introduction

Dans ce chapitre, nous présentons d’abord les données primaires collectées auprès de la

population étudiante ciblée par cette recherche. Les résultats sont présentés sous forme de

tableaux (cf. annexe 8 p 388-402). Quelques citations, extraites des réponses aux

questionnaires, illustrent notre analyse. Nous avons procédé à leur traduction en langue

française et ce par souci d’harmonisation de la présentation.

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 1 : la population

étudiante

Notre corpus est construit à partir d’un questionnaire, comportant 11 questions ouvertes et

fermées, portant sur l’impact de la formation initiale sur la construction professionnelle des

futurs enseignants. Il a été administré à une population de 200 futurs enseignants faisant partie

de la cohorte de finissants de la promotion 2008-2009 de l’université de Mostaganem. Le choix

de ce genre de public s’inscrit dans une volonté de mieux évaluer la formation dispensée par les

universités en donnant la possibilité aux bénéficiaires de cette formation de juger la « qualité »

de cette dernière. Permettre aux enseignants-stagiaires de donner leur point de vue sur ce qu’ils

ont acquis et construit sur le plan professionnel au cours de leur formation initiale constitue une

préoccupation légitime. Instaurer une véritable culture de l’évaluation (Thélot 1993) constitue

un défi pour les instituts de formation et ouvre des perspectives nouvelles en rupture avec les

pratiques habituelles de l’université algérienne qui n’évalue que très rarement ces formations.

En fait, ce type d’évaluation sert à produire de l’information « éclairante » pour prendre des

décisions (Hadji 1990), réguler une démarche, modifier un processus, etc. Ce type d’évaluation

doit être perçu comme une information en retour devant permettre un ajustement des

formations. C’est donc une aide à la décision qui peut, par moment, aboutir à une modification

de certains contenus du cursus de la formation.

Dans la première section, nous décrivons le profil général des participants à cette étude :

données biographiques,

Dans la deuxième section, nous présenterons les résultats des données réalisées sur les

compétences des futurs enseignants : 1. Auto-évaluation des compétences acquises, 2. les

Page 184: Langue de spécialité, didact

184

modules et les apports par rapport à la pratique enseignante, 3. la réforme éducative et ses

objectifs.

Dans la troisième et dernière section, nous rapporterons les suggestions et les attentes

exprimées par les futurs enseignants.

2. Profil général et Données biographiques des étudiants-futurs enseignants

d’anglais

Le nombre total est de 200 étudiants. Le nombre d’exemplaires distribués est de 200, par

contre la collecte s’est limitée à 171, soit un taux de retour de 85,50% (cf. annexe 1 tableau 1 p

352).

a) Une population féminisée et jeune

Parmi les participants qui ont contribué à notre recherche, on trouve 148 femmes (86,54%)

et 23 hommes (13,54%). Quant à la distribution des répondants par rapport aux tranches d’âge,

nous apercevons que presque la majorité des futurs enseignants (91,81%) ont un âge qui varie

entre 20 et 25 ans. Uniquement 13 d’entre eux, soit un taux de 07,60%, sont âgés de plus 25

ans. Parmi les futurs enseignants, les femmes sont largement majoritaires. En fait, elles

représentent près de 86,54 % des futurs enseignants d’anglais (cf. annexe 2 tableau 2 p. 361).

La population universitaire algérienne est très jeune. En fait, 91,81% de ces jeunes

deviennent diplômés au maximum à l’âge de 25 ans (cf. annexe 1 tableau 5 p 353). L’accès aux

études universitaires a fortement progressé ces dernières années. Si la démocratisation de

l’enseignement, y compris universitaire, décrétée au milieu des années 1970 a permis à des

milliers de bacheliers algériens de franchir le seuil des campus, plus tard beaucoup ont erré

avec leurs diplômes sans réussir à décrocher un emploi.

b) Quelques parcours atypiques

Pour la tranche d’étudiants âgés de plus de 25 ans (07,60% cf. annexe 1 tableau 5 p 353), il

pourrait s’agir ou bien de fonctionnaires, exerçant une activité rémunérée, qui ont repris leurs

études. Pour ces fonctionnaires, l’obtention d’un diplôme universitaire leur permettra d’obtenir

une promotion interne dans leur carrière professionnelle. Il peut s’agir aussi d’universitaires qui

se voient obligés d’apprendre l’anglais pour tirer profit des documents et des articles

scientifiques [51

] à partir des banques de données comme SCI (Science Citation Index), ou bien

d’ex- élèves de classe de terminale qui ont été recalés plusieurs fois aux épreuves du Bac, ou

bien d’élèves qui n’ont pas eu un parcours scolaire ordinaire et qui se trouvent contraints de

[51

] En l’absence de filière ASp (l’anglais de spécialité) dans les universités algériennes, beaucoup d’étudiants se

voient obliger de s’inscrire en licence d’anglais

Page 185: Langue de spécialité, didact

185

continuer leurs études par le biais du ONEFD[52

] où de l’UFC[53

]. Une analyse fine s’avère

utile pour éclairer cette question.

3. Choix des langues, choix des études

a) Un ancrage dans l’environnement linguistique

Dans le contexte mondial actuel, il est à souligner que l’apprentissage des langues

étrangères est dicté par les paramètres d’importance et de rentabilité, c'est-à-dire que les

individus ainsi que les politiques prospectent les langues qui leur sont les plus utiles, les plus

avantageuses et mettent en œuvre les moyens, les méthodes et les stratégies pour parvenir à

suivre l’évolution sociale et mondiale. L’environnement linguistique conditionne la pratique en

matière d’enseignement des langues étrangères (cf. politique linguistique chapitre V p 77-78).

S’appuyant sur des constats parfaitement fondés, tant d’un point de vue pragmatique que

théorique, que pratiquement la majeure partie des universitaires algériens demandent à

apprendre la langue anglaise.

b) L’impact de la notation

La question 3 portait sur la variable « notes » obtenues par les sujets à l’épreuve d’anglais

au baccalauréat. En parcourant les statistiques (cf. annexe 1 tableaux 6, 7 & 8 p 353 & 354),

nous apercevons que 22 étudiants, soit un taux de 12,86%, ont obtenu une note de moins de 10

sur 20 à l’épreuve d’anglais au baccalauréat. 37 étudiants, soit un pourcentage de 21,63%, ont

obtenu une note qui se situe entre 10 et 11 sur 20. 44 étudiants, représentant un taux de 25,73%,

ont obtenu une note qui se situe entre 11,50 et 12 sur 20 à l’épreuve d’anglais au baccalauréat.

30 étudiants, égal à un taux de 17,54%, ont décroché une note qui s’étale entre 12,50 et 13 sur

20 à l’épreuve d’anglais au baccalauréat. 21 d’entre eux, soit un taux de 12,28%, ont décroché

une note qui se situe entre 13,50 et 14 sur 20 à l’épreuve d’anglais au baccalauréat. 1 autre, soit

un taux de 06,43%, a décroché une note qui se situe entre 14,50 et 15 sur 20 à l’épreuve

d’anglais au baccalauréat. 02 étudiants, une fille et un garçon, ont obtenu une note qui se situe

entre 15,50 et 16 sur 20 à l’épreuve d’anglais au baccalauréat. Uniquement 2 étudiants,

également une fille et un garçon, ont décroché une note qui dépasse 16 sur 20 à l’épreuve

d’anglais au baccalauréat (cf. annexe 1 tableau 8 p 354).

[

52] Office National d’Enseignement et de Formation (assure des cours pour tous les élèves des cycles primaire,

moyen et secondaire).

[53

] Université de la Formation Continue (prend en charge les élèves de terminal pour une formation de deux

années qui sera sanctionnée un examen. Les reçus s’inscrivent en DEUA (Diplôme des Etudes Universitaires

Appliquées).

Page 186: Langue de spécialité, didact

186

c) Des critères pour l’orientation

L’orientation vers la formation et l’enseignement supérieurs obéit à un classement qui

repose sur les trois paramètres d’orientation et d’inscription [54

] suivants :

1. Les 10 vœux exprimés par les titulaires du baccalauréat,

2. La série est les résultats du bac : mention, notes des matières essentielles et moyenne

générale du baccalauréat,

3. Les capacités d’accueil des établissements d’enseignement et de formation supérieurs.

Pour participer au classement, certains domaines de formation, filières et troncs communs

exigent une moyenne générale minimale au baccalauréat. Cette moyenne n’ouvre pas

automatiquement droit à une inscription définitive. Ce classement se fait soit sur la base de la

moyenne générale obtenue au baccalauréat, soit sur la base de la moyenne arithmétique entre la

moyenne générale du baccalauréat et les notes obtenues dans certaines matières. En plus des

conditions précédentes, l’accès à certaines filières est subordonné, selon le cas, à un concours, à

un test d’aptitude, à un entretien avec un jury, ou encore à une condition d’âge.

La préinscription, l’orientation et le recours des nouveaux bacheliers se font exclusivement

en ligne. Pour réaliser ces opérations, trois sites Internet sont mis à la disposition des nouveaux

bacheliers. Pour permettre et faciliter l’accès à ces sites internet, une connexion gratuite est

mise à la disposition des nouveaux bacheliers à partir des cyberespaces ouverts à cet effet au

niveau des établissements universitaires.

Le traitement national informatisé prendra en charge toutes les fiches de vœux des

nouveaux bacheliers, saisies et transmises en ligne. Sur la base de la combinaison des trois

paramètres de préinscription et d’orientation, ce traitement conduit à satisfaire chacun des

nouveaux bacheliers dans l’un de ses dix choix.

Pour s’inscrire en licence d’anglais, les bacheliers doivent répondre aux critères suivants :

La moyenne générale au bac plus la note obtenue à l’épreuve d’anglais au bac, qui ne doit pas

être au-dessous de 10, la somme totale est divisée par deux. La moyenne doit être égale ou

supérieure à 11,50 sur vingt [55

].

[

54] Circulaire n°1 du 9 juin 2008 relative à la préinscription et l’orientation des titulaires du baccalauréat.

[55

] Circulaire n° 01 du 05 Joumada Ethania 1429 H correspondant au 09 juin 2008 relative à la préinscription et à

l’orientation des titulaires du baccalauréat au titre de l’année universitaire 2008-2009

Page 187: Langue de spécialité, didact

187

4. Du cursus en amont à la licence d’anglais

La question 4 portait sur la variable « profil de sortie du cycle secondaire » dont les futurs

enseignants sont issus.

a) Impact des exigences institutionnelles

La majeure partie de ces enseignants stagiaires en quatrième année vient des classes littéraires

(SH) [56

]. Les enseignants-élèves issus des filières littéraires représentent un taux de 61,40%

(cf. annexe 1 tableau 8 p 354). Une partie d’eux vient des classes de langues étrangères (LV)

[57

]. Cette population estudiantine est de 20,46%. Uniquement 18,12% d’étudiants viennent des

classes scientifiques (SNV) [58

]. Cette diversité des profils des futurs enseignants demeure un

enjeu de la formation initiale.

Il est à signaler que l’institution qui est l’université impose des critères et des conditions

pour le choix des filières. Autrement dit, et pour différents motifs, beaucoup d’étudiants des

filières scientifiques et technologiques préfèrent s’inscrire en langue anglaise.

b) Des facteurs économiques

En fait, plusieurs éléments semblent peser de manière déterminante dans le choix de la

formation universitaire. Les étudiants procèdent aux choix des filières qui assurent un poste

d’emploi certain. L’afflux des nouveaux bacheliers vers l’enseignement s’explique par les

occasions de décrocher un poste de travail. Les facteurs d’ordre interne sont ceux relatifs aux

opportunités offertes par le secteur éducatif surtout et suite à une politique d’ouverture sur

l’apprentissage des langues étrangères dans une perspective d’ouverture sur le monde. Les

choix politico-éducatifs optèrent pour la maitrise obligatoire par tout apprenant de deux langues

étrangères au minimum, à savoir le français et l’anglais. Ainsi, la langue anglaise devient la

deuxième langue étrangère, après le français, enseignée à partir de la première année moyenne

des collèges. Au lendemain de l’application des nouvelles réformes, le manque en ressources

humaines qualifiées s’avère très important. Un effort de recrutement doit être consenti par les

bailleurs de fonds pour répondre aux besoins en matière d’enseignants d’anglais [59

]. Le recours

aux enseignants contractuels reste l’unique alternative devant les responsables dans l’attente de

nouveaux enseignants sortants des universités.

[

56] SH : Sciences Humaines

[57

] LV : Langues vivantes (allemand et espagnol comme langues option), par contre le français et l’anglais sont

obligatoires.

[58

] SNV : Sciences de la nature et de la vie

[59

] Suite à l’introduction de la langue anglaise en première année du collège, le recrutement se fait sur la base

d’une intégration des licenciés d’anglais sans même passer par un concours.

Page 188: Langue de spécialité, didact

188

c) Les langues pour la mobilité

En ce qui concerne les facteurs externes, la mobilité humaine que connaît le monde requiert

la maîtrise de plusieurs langues étrangères pour pouvoir communiquer, travailler ou étudier à

l’étranger. La raison principale qui motive les jeunes algériens à apprendre les langues

étrangères, surtout le français et l’anglais, est essentiellement d’ordre linguistique. Les tests

d’évaluation des connaissances linguistiques imposés par les instituts et les universités, tels que

le DALF [60

], DELF [61

] TCF [62

]…pour le français et IELTS [63

] et TOFEL [64

] pour l’anglais,

poussent et motivent les jeunes algériens à améliorer leurs connaissances linguistiques. Pour

beaucoup de jeunes, les contraintes linguistiques pèsent beaucoup plus que celles financières.

C’est dans cette optique que les filières des sciences humaines et des langues étrangères sont

pratiquement enviées par les jeunes universitaires.

5. Les compétences des futurs enseignants

À la lecture des données à cette question 5 sur la compétence linguistique, formulée ainsi

« Après quatre ans, comment évalueriez-vous vos compétences en langue anglaise? », nous

remarquons que plus que la moitié des sujets, soit 55,55%, (cf. annexe 1 tableau 10 p 355)

estiment que leur compétence linguistique est moyenne. Le cursus universitaire, étalé sur quatre

années, doit offrir aux étudiants les connaissances dont ils ont besoin pour mieux maîtriser

l'anglais parlé ainsi qu’écrit. Convaincus que tout progrès dans l'étude d'une langue vivante

débute par la prise de conscience des éléments du système qui la sous-tend, les concepteurs du

cursus universitaire ont donné une grande importance aux règles qui régissent la langue

anglaise, qu'il s'agisse de grammaire, de phonétique, de phonématique ou d'orthographe. Enfin,

l'étude des divers aspects du langage parlé : accent tonique, rythme, formes réduites, intonation

dégage de grandes constances et devrait apporter à l'étudiant qui en fera l'examen

consciencieux une appropriation réelle et définitive des difficultés majeures de la parole

anglaise. Par contre 40,35% jugent cette compétence comme étant bonne. Deux étudiantes, soit

un taux de 01,16%, considèrent leur compétence linguistique excellente. Cinq étudiants, soit un

taux de 00,58%, reconnaissent que cette compétence est médiocre.

[

60] DALF : Diplôme Approfondi de Langue Française

[61

] DELF : Diplôme d’Etudes en Langue Française

[62

] TCF : Test de Connaissance du Français

[63

] IELTS : International English Language Testing System

[64

] TOFEL : Test of English as a Foreign Language

Page 189: Langue de spécialité, didact

189

a) Les limites de la compétence linguistique

Certainement, la compétence linguistique n’est pas suffisante à elle seule pour

communiquer avec l’autre, mais l’acquisition des savoirs et savoir-faire d’ordre lexical,

syntaxique et phonologique est indispensable pour faciliter cette communication qui requiert

une compréhension des attitudes, des systèmes de valeurs, des comportements, tout le contexte

culturel de son interlocuteur.

En nous référant aux données chiffrées (cf. annexe 1 tableau 11 p 355), nous remarquons

que plus que la moitié des répondants, soit 55,55%, confirment que leur compétence

sociolinguistique est acceptable. Uniquement 3 étudiants sur les 171 répondants affirment que

leur compétence linguistique est excellente. Par contre le reste des répondants pensent ou bien

que celle-ci est bonne (38,56%), ou médiocre (03,50%).

À la lumière des statistiques sur la compétence pragmatique (cf. annexe 1 tableau 12 p 355),

nous remarquons que 58,47% des élèves-enseignants disent que celle-ci est acceptable. 32,16%

des répondants stipulent que la maîtrise de cette compétence est bonne. Simplement 02

étudiants jugent qu’ils ont une excellente maîtrise de la compétence pragmatique.

Ainsi, l’échec par rapport à l’acquisition de cette compétence dite pragmatique réside au

niveau du manque de contact direct ou indirect des étudiants avec les locuteurs natifs des

langues étrangères. En outre, l’absence d’une méthodologie pour l’enseignement de ce champ

pragmatique rend la perception, l’interprétation et le décèlement des nuances que transmettent

les mots, les expressions et les constructions impossible.

b) L’auto-évaluation : une pratique formatrice

La participation des élèves-enseignants de façon consciente et active à leur apprentissage et

son évaluation s’inscrit dans une optique pédagogique contribuant au développement de leur

autonomie. En donnant aux futurs enseignants la chance de s’auto-évaluer, nous espérions leur

faire connaître leurs faiblesses, et les aider à améliorer leurs compétences. Ainsi, les élèves-

enseignants peuvent passer et évoluer du récepteur au participant actif dans le processus de

formation initiale. Nous avons demandé aux élèves-enseignants de rendre compte des progrès

relatifs aux trois compétences pendant les quatre années de formation. Le problème avec ce

genre d’évaluation (auto-évaluation) peut être la subjectivité dans le jugement, surtout en

l’absence de critères clairement définis et être accompagnée d’une formation des élèves-

enseignants à son utilisation (cf. grille d’auto-évaluation CECR 2001 : 26-27). L’emploi

continu de l’auto-évaluation permet aux élèves-enseignants de développer leurs stratégies

Page 190: Langue de spécialité, didact

190

métacognitives, c’est-à-dire de reconnaître et apprendre à identifier leurs points forts et leurs

points faibles. Autant dire que cette posture évaluative s’apprend « c’est un travail sur soi pour

une conscientisation critique » (Donnadieu, Genthon & Vial 1998 : 110). Apprendre aux

enseignants de s’auto-évaluer c’est accepter de voir en arrière pour porter un œil critique sur

soi. La mise en place d’un tel processus ne peut être réductible à une simple instrumentation

externe, aux mains des formateurs qui feront fi de l’implication des formés dans leur propre

formation. L’apprentissage de l’auto-évaluation est un moyen essentiel permettant aux

enseignants d’aller au-delà d’un simple cumule de savoir-faire non-réfléchi, purement

opératoire, pour accéder à un savoir-faire réfléchi grâce auquel ils peuvent intervenir et agir

consciemment (Jean Cardinet 1988).

6. L’impact des modules d’enseignement sur la formation

En parcourant les données pour la question 6 portant sur le module qui est le plus approprié

pour le futur métier (cf. annexe 1 tableau 14 p 356), nous remarquons que les avis se partagent

par rapport aux modules qui permettent une préparation appropriée de la compétence

linguistique pour le métier d’enseignant. Ainsi, 21% des sujets ciblés par l’enquête pensent que

la civilisation américaine permette le développement de la compétence linguistique. 05,26%

d’entre eux jugent que la littérature américaine permet le développement de cette même

compétence. 06,43 stipulent que la civilisation et la littérature anglaise contribue à l’acquisition

de cette compétence. Les plus hauts pourcentages sont attribués a la grammaire (22,22%) la

linguistique (16,95%), l’expression orale (10,52%), la phonétique (18,12%)

a) Les modules : objectifs sous-jacents

Les résultats ci-dessus montrent que les objectifs relatifs aux modules qui constituent le

cursus universitaire de la formation initiale ne sont pas clairs. Pour être aussi précis dans la

définition de la compétence linguistique, nous nous référons à la compétence communicative et

ses composantes du CECR (2001 : 139).

À partir de cette définition et en comparaison avec le contenu du cursus, il est évident que

l’espace octroyé à cette compétence illustre l’importance de sa maîtrise par les futurs

enseignants de la langue anglaise. Pour enseigner l’anglais LE2 en Algérie, les futurs

enseignants doivent avoir un bac et doivent suivre une formation de quatre ans à l’université.

Le cursus, comme il est décrit ci-dessus, comporte des modules de civilisation, littérature,

linguistique, didactique, d’expression orale et écrite…Une partie, linguistique, est conçue pour

approfondir, affiner et perfectionner les savoirs de base, à savoir syntaxiques, lexicaux et

phonologiques. Bien sur cet enseignement de la compétence linguistique se veut, en principe,

Page 191: Langue de spécialité, didact

191

basé sur une approche par les compétences. Cette approche requiert des connaissances

linguistiques et métalinguistiques assez développées de la part des futurs enseignants pour

répondre aux questionnements des apprenants, qui sont régulièrement placés dans des situations

de découverte (Hypothético-inductive) [65

] de la langue cible. Donc, impérativement les futurs

enseignants doivent affiner leurs connaissances linguistiques puisque dans le cadre de la

nouvelle approche APC [66

], ils sont appelés à opérer plutôt dans des situations non-planifiées

(réactives) [67

] que dans celles planifiées (proactives) [68

].

b) Les modules et le développement des compétences : linguistique,

sociolinguistique et pragmatique

En faisant la lecture des données (cf. annexe 1 tableaux 10, 11 & 12 p 355), nous constatons

que :

Parmi les répondants, 22 étudiant(e)s, soit 12,86%, pensent que le module de civilisation

américaine contribue à la construction de la compétence linguistique. 14 étudiant(e)s, soit

8,18%, jugent que le module de littérature américaine aide à construire cette compétence. 06

étudiant(e)s, soit 3,50%, stipulent que le module de civilisation britannique les aide à acquérir

cette compétence. 15 étudiant(e)s, soit 08,77%, relatent que le module de littérature britannique

leur permet de construire cette compétence. 06 étudiant(e)s, soit 3,50%, disent que le module

de littérature africaine leur facilite l’acquisition de cette compétence. 08 étudiant(e)s, soit

04,67%, pensent que cette compétence linguistique peut s’acquérir par le biais du module de

« Reading ». 28 étudiant(e)s, soit 16,37%, confirment que la compétence linguistique peut

s’acquérir grâce au module de grammaire. 34 étudiant(e)s, soit 19,88%, pensent que cette

compétence peut s’acquérir grâce au module de linguistique. 30 étudiant(e)s, soit 17,54%,

pensent que cette compétence peut s’acquérir grâce au module d’expression orale. 15

étudiant(e)s, soit 08,77%, pensent que la compétence sociolinguistique peut s’acquérir grâce au

module d’expression écrite. 14 étudiant(e)s, soit 08,18%, pensent que cette compétence peut

s’acquérir grâce au module de phonétique. 24 étudiant(e)s, soit 14,03%, pensent que cette

compétence peut s’acquérir grâce au module de TEFL. 36 étudiant(e)s, soit 21,02%, pensent

[

65] Le raisonnement inductif, ou hypothético-inductif (parce qu’il est basé sur une hypothèse) est généralement

un mode de pensée qui va du particulier au général. Des arguments exprimés de façon inductive (‘induites’) sont

basées sur l’expérience ou l’observation. Si on observe systématiquement la même relation de cause à effet entre

des phénomènes (X cause Y), cela peut mener à une théorie qui établit cette relation.

[66

] APC : Approche par compétences

[67

] Dans cette situation, l’initiative est laissée aux étudiants et l’enseignant-tuteur a essentiellement pour rôle de

« répondre aux demandes explicites des apprenants, sans anticiper sur ces demandes et sans chercher au-delà. »

(Glikman, 2002, p. 64).

[68

] Dans cette situation, les tuteurs plutôt proactifs prennent l’initiative de proposer une aide et s’appliquent à

faire émerger des demandes. Ibidem

Page 192: Langue de spécialité, didact

192

que l’acquisition de la compétence sociolinguistique dépend du module de psychopédagogie.

03 étudiant(e)s n’ont pas exprimé leurs opinions.

En consultant les statistiques (cf. annexe 1 tableaux 13, 14 & 15 p 355-356), nous

constatons que les modules de grammaire avec 16,37%, de linguistique avec 19,88%, de TEFL

avec 14,03% et de psychopédagogie avec 21,02% reçoivent beaucoup d’importance par rapport

aux autres composantes du cursus. La focalisation misant sur les constituantes linguistiques

interpelle à la fois le processus d’enseignement et son évaluation. En d’autres termes, il est

important de projeter une lumière suffisante sur le cheminement emprunté pour l’enseignement

de la langue et la manière dont elle est évaluée. Pour éclairer la définition de cette compétence,

nous nous référons au référentiel hiérarchisé par le CECR, qui la décrit comme une

compétence qui porte sur la connaissance et les habiletés exigées pour faire fonctionner la

langue dans sa dimension sociale (2001 : 144).

c) L’immersion linguistique et son impact sur développement de l’interculturel

Les futurs enseignants doivent avoir la possibilité d’effectuer un séjour dans le pays où se

parle la langue qu’ils étudient. Auquel cas, ces élèves-enseignants sont initiés à la culture en

général et à celle de la langue cible en particulier sur les trois types que Riley (1991) propose

sont: « savoir que » [69

], « savoir de » [70

] et « savoir comment » [71

], le mieux étant que cette

introduction soit encadrée par une équipe de formateurs représentant un certain nombre de

langues. Ils conçoivent une série de tâches de communication articulées autour des différences

culturelles. Ils convient que les élèves-professeurs reçoivent une formation parallèlement à

l’exécution de ces tâches, il leur faut réaliser des entretiens et se préparer à l’enregistrement, la

transcription et l’analyse de tels documents. Ces entretiens peuvent avoir lieu dans des

entreprises, dans la rue ou dans le centre de formation d’accueil du pays de la langue cible. Les

aspects socioculturel et psychologique de la communication interculturelle constituent un

élément encore sous-exposé mais capital de la compétence de l’enseignant de la LE. De toute

[

69] « Savoir que » englobe ce que les gens tiennent pour vrai, par exemple leur philosophie politique et/ou

religieuse, leur opinion sur la manière de gérer un problème ou une école et leur idée de ce que sont l’éducation, la

chasse, l’histoire, etc.

[70

] «Savoir comment » recouvre les compétences et les savoir-faire: comment agir convenablement (utiliser le

téléphone, faire des achats dans un magasin, demander une femme en mariage, etc.) et comment parler (saluer,

remercier, raconter une histoire, s’adresser à un supérieur, etc.).

[71

] «Savoir de », il renvoie plutôt à la connaissance éphémère, celle de ce qui est d’actualité dans la société. Sans

elle, un individu risque d’avoir beaucoup de difficultés à comprendre les manchettes des journaux, même si tous

les mots employés lui sont familiers.

Page 193: Langue de spécialité, didact

193

évidence, ainsi que le suggère Byram (1992 : 10-12) dans la citation ci-dessus, culture et études

culturelles devront faire partie intégrante de la formation des enseignants de langues (Riley

1991 ; Kramsch 1993 ; Buffet et Willems 1995 ; Willems 1996a ; Dams & al. 1998 cités par

Williams 2002 : 14).

d) Le développement de la compétence pragmatique : contraintes et obstacles

En explorant les données collectées à partir de cette question sur la compétence

pragmatique (cf. annexe 1 tableau 12 p 255), nous relevons que la focalisation est

principalement mise sur les modules qui concourent à la construction de la compétence

linguistique, à savoir la grammaire (20,46%), la linguistique (20,46%), expression orale

(23,97%). Pour nuancer cette compétence dite pragmatique, nous empruntons sa définition au

Cadre Européen Commun de Référence (cf. chapitre II p 143).

Les recherches dans le domaine de l’acquisition de la langue seconde (Paradis 1997) nous

permettent d’avancer qu’une bonne majorité d’enseignants en langue étrangère trouvent une

certaine difficulté à enseigner la compétence pragmatique. Cette difficulté est reflétée dans

l’échec quasi-total des apprenants à acquérir cette compétence. Paradis (1997) résume assez

bien cet échec en le liant au niveau conceptuel contenant une information multimodale non-

linguistique (images, schémas, scripts, programmes moteurs, représentations auditives, tactiles

et somato-sensorielles), basée sur l’expérience dans le monde et appelée aussi la mémoire

implicite ou non-déclarative, et non vulnérable aux aphasies.

Kecskes & Papp (2000) suggèrent que lors de l’acquisition de leur première langue (L1), les

enfants développent la compétence linguistique en même temps que cette compétence

conceptuelle. La situation est différente pour l’appropriation de la deuxième langue étrangère

(LE2) puisque de nouveaux concepts entrent en compétition avec les concepts existants de la

L1.

Un manque d’interaction authentique limite la richesse de la représentation conceptuelle à

laquelle le mot est lié, et ne permettra aucune application non-linguistique, c’est-à-dire que le

mot/concept ne sera pas intégré dans des scripts. Ces locuteurs peuvent obtenir des niveaux de

fluidité assez élevés (débit élevé, peu d’hésitations) et cependant manquer de «fluidité

conceptuelle» : ils ne savent pas nécessairement comment la langue cible reflète ou encode ses

concepts à partir de structurations métaphoriques ou d’autres mécanismes cognitifs. L’usage du

conditionnel, par exemple, nécessite un savoir conceptuel.

En somme, les compétences sociolinguistique et pragmatique s’acquièrent si difficilement et

si lentement que les apprenants ne commencent à saisir leur existence une fois que leur

Page 194: Langue de spécialité, didact

194

instruction formelle touche à sa fin. La raison est que ces compétences ne se résument pas en

quelques formules et recettes toute faites, comme c’est le cas pour l’acquisition des règles de

grammaire.

e) Mise en synergie des trois compétences pour une communication langagière

effective

La tripartition, compétence linguistique, sociolinguistique et pragmatique, repose sur

l’aspect didactique qui se fond sur un équilibre entre le travail sur la langue ; phonétique/

lexique/ syntaxe avec mise en évidence des sous-systèmes qui constituent la langue, et l’emploi

de cette langue dans des situations porteuses de sens et dans des pratiques authentiques ou près

du réel. Cette tripartition présente la langue comme un système (compétence linguistique,

limité à la phrase) puis comme discours (compétence pragmatique qui dépasse la phrase)

employé dans un contexte socioculturel (compétence sociolinguistique). Donc, pour former des

enseignants « compétents » en langue étrangère, il faut leur faire acquérir ces compétences

citées ci-dessus. Dans le cas contraire, ces enseignants seront semblables à des musiciens qui

connaissent toutes les notes sans pour autant pouvoir jouer de la basse dans un groupe de rock.

Les étudiants qui choisissaient les modules de civilisation et de littérature, anglaises et

américaines, estiment que ces modules leur permettent de mieux connaître les réactions et les

discours des natifs. Ils précisent que l’apprentissage d’une langue étrangère passe et d’une

manière impérative par l’acquisition de sa culture. Entre autres, nous citons les réponses qui se

trouvent dans l’annexe 1 p 357.

« Nous pouvons en savoir plus sur les caractéristiques de la langue anglaise dans son contexte ».

« Nous devenons familiers avec les coutumes, les cultures, ... des pays anglophones ».

« La civilisation et de la littérature nous permettent de découvrir les pays anglophones ».

« Nous développons la compétence socio pragmatique ».

« Nous ne pouvons pas maîtriser la compétence sociolinguistique et pragmatique sans le contexte

langue cible ».

Une partie d’élèves-enseignants pense que le module d’expression orale est le plus

approprié pour développer la compétence d’interaction orale. En outre, ils ajoutent que ce

module leur permet de mettre en exécution/application les différentes formes langagières

acquises dans les différents modules.

Un nombre conséquent d’élèves-enseignants stipule que l’acquisition des structures

grammaticales est essentielle pour la maîtrise de la langue cible. Un nombre équivalent

Page 195: Langue de spécialité, didact

195

d’étudiants disent que le module de linguistique leur permet d’étudier les théories relatives au

développement de la langue ; une analyse synchronique et diachronique de la langue cible.

Quelques étudiants reconnaissent que le module d’expression écrite est le plus adapté au

développement de la compétence de production écrite. D’autres jugent que le module de la

psychopédagogie est important pour la construction de la compétence pragmatique,

l’interprétation des conduites des adolescents… D’autres perçoivent que le module de

phonétique est le plus important pour comprendre et en même temps être compris par les

locuteurs. D’autres pensent que le module de TFEL est important parce qu’il les prépare pour

des situations de classe. Un nombre restreint d’étudiants pense que le module de ‘Reading

Comprehension’ est important parce qu’il les dote de stratégies pour devenir des lecteurs

autonomes. Un nombre très mimine d’étudiants choisissaient le module de la littérature

africaine. 05 étudiants, soit 02,92%, n’ont pas argumenté leurs choix.

Éléments d’analyse et commentaires

Le changement qui est en train de s’opérer dans le champ de la DLE (didactique des

langues étrangères), requiert une réflexion méthodologique dans une optique lato sensu pour

inclure la dimension (inter) culturelle dans les différents niveaux de l’enseignement. Nul, ni les

didacticiens ni les enseignants, ne peuvent à présent l’ignorer. En fait, les connaissances

acquises par les candidat(e)s à l’apprentissage de la langue anglaise reste très superficielles ce

qui explique la source de confusion et d’incompréhension. Pour reprendre ce qu’Abdellah-

Pretceille entend par compétence interculturelle en affirmant que « l’efficacité de la

compétence interculturelle n’est pas assurée par la familiarité avec l’autre culture, mais par

une investigation permanente qui engage à une veille culturelle constante. » (1996 : 325). La

tâche incombe, en principe, aux enseignants de la langue d’éveiller la conscience et de

conscientiser des étudiants à cette dimension culturelle. D’après Lipiansky, il ne s’agit pas

« seulement de la mise en relation de deux objets, de deux ensembles indépendants et

relativement fixes. C’est un phénomène d’interaction où ces objets se constituent tout autant

qu’ils communiquent » (1995 : 192). Il nous semble que les enseignants de langues étrangères

ne peuvent pas assumer ce rôle et ce en raison des déficiences dans leur propre formation

initiale. Cette formation doit doter les futurs enseignants de capacités pour établir le lien entre

la culture d’origine et la culture étrangère, pour jouer l’intermédiaire entre les deux cultures,

pour gérer les conflits et malentendus culturels, et savoir aller au-delà de relations superficielles

stéréotypées [72

].

[

72] CECR Cadre Européen Commun de Référence pour les langues. La question de la culture et de l’interculturel.

Conseil de l’Europe. Les Edition Didier. 2001. p.84

Page 196: Langue de spécialité, didact

196

Sans aucun doute, c’est en classe de langue qu’on pourra inculquer l’éveil aux règles socio

pragmatiques de la langue étrangère, mais ce n’est qu’en dehors de la classe que cette

compétence pourra s’épanouir et atteindre son développement intégral pour devenir une

compétence effective. Les compétences sociolinguistique et pragmatique font rarement partie

des apprentissages de la langue en contexte universitaire. En l’absence du « bain linguistique »,

dans le contexte algérien, l’usage des moyens audio-visuels authentiques peuvent contribuer à

l’acquisition des différentes variations. Les échanges linguistiques avec les locuteurs natifs

restent le meilleur moyen pour rendre les étudiants conscients des phénomènes langagiers et

ainsi développer cette compétence socio pragmatique. Les périodes de stages dans les pays de

la langue cible permettent, sans aucun doute, aux futurs enseignants d’établir les liens entre les

acquis morpho-lexicaux et sémantiques opératoires et pour produire des discours appropriés du

point de vue socio pragmatique.

La disponibilité des services online via l’Internet peut se substituer aux stages

d’immersion pour rendre ces contacts possibles. L’introduction des NTIC dans l’éducation et la

formation n’est plus une vue de l’esprit. En effet les nouvelles technologies ont pénétré, et nul

ne peut le nier, de manière considérable tous les secteurs de l’éducation et de l’enseignement

supérieur. Elles constituent un enjeu de taille, un enjeu stratégique. Elles offrent de nouvelles

modalités d’enseignement/apprentissage, en particulier dans le domaine des langues étrangères.

Grâce aux NTIC en général et au multimédia en particulier, se développent de nouveaux

dispositifs d’enseignement / apprentissage, lesquels dispositifs permettent une prise en charge

effective de la part de l’apprenant de son propre apprentissage, d’une autre manière, elles

permettent l’affranchissement de l’apprenant de son "maître".

La lecture des données de la question 7, portant sur le module sur lequel la formation

devrait focaliser (cf. annexe 1 tableau 16 p 357), nous révèlent que les futurs enseignants

pensent que l’accent doit être mise sur les modules de grammaire (54,97%), d’expression orale

(45,61%), d’expression écrite (36,84%), de phonétique (37,42%), de TEFL (63,74%) et de

psychopédagogie (76,02%) pour leur faire acquérir la compétence professionnelle.

En analysant les données de cette question 7, nous pouvons en déduire que l’importance est

à la fois mise sur l’acquisition de la compétence linguistique (grammaire, phonétique,

expression écrite) et la compétence sociolinguistique (expression orale) et la compétence

professionnelle (TEFL et psycholinguistique). Ainsi, on peut dire qu’une grande importance est

attribuée à l’acquisition de la compétence linguistique. Il faut, peut-être, se poser la question

Page 197: Langue de spécialité, didact

197

sur le type d’évaluation au niveau universitaire. Est-ce que ce type d’évaluation n’encourage

pas cette tendance vers son acquisition ? Une nouvelle piste de recherche qui s’avère

importante pour dévoiler les motifs derrière cette insistance sur l’acquisition de cette

compétence.

7. Réflexion sur le module de TEFL : dispositif, volume horaire et contenu

Les données de la question 8, interpellant les futurs enseignants sur le module de TEFL et

la réalisation de son objectif final, dévoilent qu’uniquement 31 répondants, soit un taux de

18,12%, reconnaissent l’aboutissement du module de TEFL sur une préparation appropriée des

futurs enseignants. Par contre, 139, soit un taux de 81,26%, stipulent que le module de TEFL

ne les prépare pas convenablement à la profession future. 13 enseignants, un taux de 06,41%,

n’ont pas exprimé leurs choix (cf. annexe 1 tableau 18 p 358).

À partir de la lecture des données (cf. annexe 1 tableaux 17, 18 & 19 p 358), nous pouvons

en déduire que le module de TEFL ne prépare pas les futurs enseignants convenablement à la

nouvelle profession. La déficience réside au niveau de sa mise en œuvre.

Comme prolongement à la question précédente, dans le cas d’une réponse négative que

« devrait être ajouté, adapté ou omis ? » Parmi les 139 étudiants qui estiment que le module de

TEFL ne les prépare pas convenablement à la profession future, la majorité pense que le corpus

ne les dote que de notions théoriques. Ces notions doivent faire l’objet d’une transposition, car

la théorie, bien qu’elle soit utile, ne suffit pas à elle seule pour préparer les futurs enseignants

aux situations de classe (cf. réponses annexe 1 p 358).

Les répondants reconnaissent l’importance de l’aspect théorique du module de TEFL tout

en précisant qu’à lui seul il demeure insuffisant. Donc, la formation initiale des enseignants

n’est formatrice que si elle s’articule entre des périodes de stages, les moments de pratique en

classe, et des temps de formation hors de la classe. Les stages pratiques permettent aux futurs

enseignants de relier la pensée à la réalité. En fait, les savoirs théoriques déconnectés de la

pratique sont inefficaces. C’est ce que nous avons constaté chez nos futurs enseignants.

La question 10 portait sur l’intégration du module de TEFL dans le cursus de formation en

quatrième année uniquement. Une majorité écrasante, près de 81,28% (cf. annexe 1 tableaux

20, 21 & 22 p 358-359), pense qu’une année, à raison de 3 heures par semaine, ne suffit pas

pour qu’ils puissent non seulement s’imprégner de toute la littérature écrite dans le domaine de

l’enseignement des langues étrangères mais de pouvoir la mettre en application.

Page 198: Langue de spécialité, didact

198

Il est clair que l’horaire alloué au module de TEFL est insuffisant vu son importance par

rapport à la préparation ainsi qu’a l’intégration des futurs enseignants dans l’environnement de

la profession future. Ce processus d’intégration requiert une alternance entre l’institut de

formation (université) et le lieu de travail (établissement scolaire). Malheureusement, tel qu’il

est conçu et mis en œuvre actuellement, le module de TEFL ne sert qu’à documenter les futurs

enseignants sur les différentes méthodologies leurs atouts et leurs limites dans un contexte

abstrait. Cet aperçu sur les stratégies et les techniques d’enseignement demeure inutile s’il n’est

pas mis à l’épreuve sur le terrain dans des classes de cours. Autrement dit, la juxtaposition des

savoirs dans le domaine de la didactique qu’assure ce module de TEFL serait identique aux

objectifs derrière l’enseignement des autres modules [73

] ; la linguistique, la phonétique, la

civilisation, etc.

En questionnant les futurs enseignants sur le profit qu’ils ont réussi à tirer du module de

TEFL, les répondants, en majeure partie (87,13%), confirment qu’ils ont tirés profit des

différents cours de TEFL, bien que cela soit uniquement théorique. Par contre 07,01% disent

qu’ils n’ont acquis aucun enseignement de ce module sensé les préparer à la profession future.

Uniquement, 05, 84%, des répondants, déclarent n’avoir aucune idée (cf. annexe 1 tableaux 23,

24 & 25 p 358).

En s’adressant aux futurs enseignants à propos de la réforme éducative, mise à part 27

étudiantes et 4 étudiants (soit un taux de 18,12%), qui, ou bien, ont répondu par ‘ no idea’ ou

ont laissé le cadre ‘ blanc’, la plupart des répondants résument les réformes éducatives en disant

que celles-ci ciblent le développement des habiletés sociales, du travail en paire et groupe, de

l’apprentissage de l’apprenant, etc. Nous tenons à préciser que ces données récoltées à partir

des répondants à la question 11 sont classées selon un comptage de récurrence (cf. annexe 1 p

359).

En s’appuyant sur ces, nous pouvons en déduire que les futurs enseignants méconnaissent

exactement les principaux volets ciblés par les nouvelles réformes engagées par le MEN.

Presque toutes les réponses énumérées ci-dessus, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9, portent sur les

objectifs relatifs à l’approche et ces objectifs, alors que la question (12) porte sur les réformes

éducatives en générale. On s’attendait à ce que les futurs enseignants démontrent beaucoup plus

d’intérêt envers les changements qui touchent particulièrement à leur future profession, à savoir

réorganisation des différents cycles de l’enseignement, la refonte et restructuration des

[

73] cf. au cursus universitaire pour la formation des licenciés d’anglais

Page 199: Langue de spécialité, didact

199

programme, et la mise en œuvre de l’approche par compétences. Sachant que depuis la rentrée

scolaire 2003, une date, en principe, mémorable pour tout enseignant, beaucoup à été dit au

sujet de ces réformes. En outre, Il est du devoir des futurs enseignants d’être au courant des

instructions officielles, des directives, des textes et des bulletins officiels émanant de la tutelle

et qui gèrent l’éducation pour s’armer d’avance pour le terrain. Certainement, ces

connaissances ci-dessus sont très utiles, puisqu’elles ont un rapport étroit avec la formation

disciplinaire, à condition que leur traduction en savoir-faire et savoir-être sur le terrain se

produise effectivement.

8. Suggestions et attentes des futurs enseignants

La question posée était « Pour être convenablement préparé au futur métier d’enseignant,

que proposeriez-vous ? »

À l’exception de quelques étudiants, un nombre de 20 (17 étudiantes et 3 étudiants), qui

n’ont pas exprimés de suggestions et d’attentes, la majorité a exprimé une variété d’attentes.

Sachant que ce type de questions ouvertes pose la question de traitement en étude quantitative,

nous avons procédé à un classement et comptage des thèmes et des idées exprimées selon leur

récurrence (cf. annexe 1 réponses question 12 p 359-360).

En parcourant les différentes suggestions exprimées -près de 23- par les futurs

enseignants, la première constatation qui s’impose, c’est qu’une forte insistance est faite à

l’aspect pratique de la formation dans les réponses 1, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 12, 16 et 20. Par contre

son aspect linguistique et théorique n’attire pas le même degré d’intérêt chez les futurs

enseignants dans les réponses 2, 3, 6, 7, 13, 14, 15, 17, 18 et 19. Sans perdre de vue, les

quelques suggestions qui portent sur la disponibilité et l’exploitation des NTIC (réponse 21) et

l’établissement des liens d’interactivité avec les natives de la langue (réponses 22 et 23). Nous

apercevons une forte accentuation de la demande sur le point de vue organisationnel, horaire,

durée d’enseignement du module de TEFL. A notre avis, cette importance excessive, qui est

attribuée à ce module, est essentiellement due à son impact sur la préparation, bien qu’elle soit

pour le moment fondamentalement théorique, pour la nouvelle profession.

En ce référant aux différentes suggestions, nous pouvons en déduire que la formation

initiale telle qu’elle est conçue et mise en œuvre ne prépare pas les futurs enseignants d’anglais

à la profession enseignante. Limitée au seul aspect théorique, elle ne les dote que de notions

conceptuelles, bien qu’indispensables, insuffisantes pour les rendre capables de développer les

compétences nécessaires à la profession. En fait, une part disproportionnelle est faite à l’aspect

Page 200: Langue de spécialité, didact

200

théorique (2352 heures) par rapport à l’aspect pratique (28 heures) (cf. annexe 5 tableau 9 p

379). Cette primauté du théorique sur la pratique réside en ce que les responsables de la

formation conçoivent comme compétences utiles pour être un enseignant « compétent ». Et là,

il faut se poser les questions suivantes : est-ce que tout savant est systématiquement

« compétent » ? Est-ce que l’enseignant qui maîtrise les savoirs sur la langue est

automatiquement capable de les mobiliser à bon escient dans toutes les situations ? La réponse

à ces questions ne saurait être que négative.

Cette formation initiale devrait viser la construction des compétences professionnelles de

l’étudiant-enseignant qui doivent évoluer tout au long de sa formation entre deux espaces

(pédagogie de l’alternance) [74

], à savoir l’université et le lieu de la future profession (cf. aux

attentes exprimées dans les réponses 1, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 12, 16 et 20 annexe 1 p 353-358).

Cette alternance entre ces deux espaces doit s’inscrire dans une perspective de construction des

compétences professionnelles nécessaires pour faire acquérir aux futurs enseignants les tâches

complémentaires, à savoir didactiques (Paquay & al. 2001 :32) [75

] et pédagogiques( ibidem)

[76

]. Finalement, au vue des attentes exprimées, on peut dire que la majeure partie des futurs

enseignants se constitue en demandeurs de formation surtout dans son aspect pratique (cf.

réponses p 359-360).

9. Synthèse

Toutes les inquiétudes exprimées par les répondants dans les différentes questions du

questionnaire indiquent la nécessité d’une révision des contenus et leur mise en œuvre surtout

durant la formation initiale des futurs enseignants. Le cursus tel qu’il est conçu ne répond pas

aux exigences des nouvelles réformes, fondées sur l’approche communicative et l’entrée par les

compétences. Le développement de la compétence de communication se fond sur les trois

compétences hiérarchisées [77

], à savoir linguistique, sociolinguistique et pragmatique. Il est

évident que ces deux dernières compétences ne font pas partie des apprentissages scolaires et

universitaires. Ainsi donc, si l'acquisition de règles lexicales, grammaticales, syntaxiques et

phonologiques est indispensable pour maîtriser une langue, celles-ci seront insuffisantes si elles

[

74] Le récent gain de popularité de la formation en alternance — formule pédagogique selon laquelle les élèves

suivent leur formation pour une part dans un établissement scolaire et pour une autre en milieu de travail—

participe bien de ce mouvement d’ensemble. Il s’agit d’une modalité de transmission pédagogique qui implique

davantage les entreprises qui sont appelées à accueillir.

[75

] Une fonction didactique de restructuration et de gestion de contenus. Paquet, L. & al. (2001 : 32)

[76

] Une fonction pédagogique de gestion, de régulation interactive des évènements en classe. Ibidem

[77

] CECR Cadre Européen Commun de Référence pour les langues. La question de la culture et de l’interculturel.

Conseil de l’Europe. Les Edition Didier. 2001. p.84

Page 201: Langue de spécialité, didact

201

ne s'accompagnent pas de connaissances pragmatiques et sociolinguistiques adaptées. En outre,

le processus de formation doit être impliquant pour inciter le futur enseignant à chercher à

acquérir des idées et à se forger des croyances utiles à son agir professionnel futur. Entre le

contexte formatif qui doit lui offrir des significations à s’approprier (Barbier 2000), et l’agir

potentiel, il doit pouvoir inventer son propre système de pensée et d’action. Ainsi, une

démarche réflexive s’installera et engendrera des auto-évaluations des savoirs et des

compétences professionnelles. Une fois sur le lieu de travail, le futur enseignant doit faire face

à une tension entre ses propres représentations déjà acquises et les changements que doit subir

celles-ci par rapport au nouvel environnement, un déséquilibre inévitable qui doit permettre au

futur enseignant de se projeter dans l’avenir en se pensant lui-même de façon cohérente.

Page 202: Langue de spécialité, didact

202

Chapitre III

Les résultats pour les enseignants universitaires

Introduction

Pour aller plus loin sur la question de la formation des enseignants, nous avons estimé

utile de consulter un autre public, il s’agit des enseignants universitaires. Ils sont chargés de

former ces futurs enseignants. Ils sont 50 enseignants en charge de la formation d’une cohorte

de 200 futurs enseignants. Ce public, ciblé par le questionnaire 2, exerce dans la faculté des

lettres et des arts, au département d’anglais. Celle-ci à été créé par décret exécutif n°398/98 du

2 décembre 1998 complétant et modifiant le décret exécutif n° 98/220 du 7 juillet 1998 portant

création de l’université de Mostaganem. Le corps professoral est composé de 50 enseignants,

30 titulaires et 20 contractuels, pour une population estudiantine de 1200 étudiants. Féminisé à

presque 80%, le corps enseignant comporte 1 enseignant au rang de professeur et trois maîtres

de conférences classe B (2 hommes et une femme), et 27 maîtres assistants. La carrière

universitaire se déroule généralement en deux temps : l’accès à la profession se fait au niveau

de l’emploi de maître de conférences (MCF par la suite) et peut ensuite donner accès au corps

de professeur des universités. Pour combler le manque, le département fait appel au concours

des enseignants contractuels et associés (enseignants du secondaire) ; une main-d’œuvre à bas

prix. Généralement, les filières telles que les langues étrangères, les sciences commerciales et

économiques ainsi que l’informatique demeurent jusqu’aujourd’hui déficitaires. Le

département d’anglais relevant de l’université d’Abdelhamid Benbadis de Mostaganem

enregistre un déficit important en matière d’encadrement pédagogique qui n’est pas facile à

combler à court terme. En effet, chaque rentrée, l’administration universitaire trouve dans le

recrutement des enseignants vacataires un moyen commode pour assurer un bon accueil des

masses d’étudiants. Contrairement à ce que se fait un peu partout où les enseignants

contractuels sont catégorisés et recrutés selon des critères portant sur les compétences et

l’expérience, le recrutement des enseignants contractuels se fait sur la base d’étude d’un dossier

administratif par le CSD (conseil scientifique du département), car la majeure partie des

enseignants contractuels sont détenteurs d’une licence, et par moment appartenant à la dernière

cohorte d’étudiants. Ces enseignants contractuels, que ce soient des attachés temporaires

d’enseignement et de recherche, des professeurs associés ou des moniteurs, sont recrutés selon

les modalités suivantes : ATERs= (attaché temporaires d'enseignement et de recherche) sont, en

général, des étudiants en fin de thèse de doctorat pouvant enseigner dans le cadre d'un statut

d'agent contractuel. Rémunérés sur la base de 128 heures de cours par an pour un temps plein,

Page 203: Langue de spécialité, didact

203

leur contrat est d'un an renouvelable seulement une fois. Les professeurs associés assurent une

mi-temps ou un temps plein d’enseignement, soit 96 ou 192 heures équivalents TD1 par an,

parallèlement à une activité professionnelle. Les moniteurs sont des allocataires de recherche

recrutés durant la période de leur thèse de doctorat (jusqu’ à 3 ans) pour assurer 64 heures

équivalant à 40 TD par an. Aucune formation ou expérience au préalable n’est requise pour

décrocher un poste comme contractuel. Ceci est peut-être dû à cette pénurie en ressources

humaines « qualifiées ».

Nous avons fait le choix de 20 enseignants parmi les 30 titulaires. Ainsi, le choix de ces

enseignants titulaires se justifie par le fait de leur représentativité due au nombre de modules

qu’ils assurent et qui leur donnent la possibilité de pouvoir fournir une opinion informée sur les

différentes compétences des futurs enseignants. En d’autres termes, ils bénéficient d’une

grande visibilité en raison de leur position hiérarchique et statutaire. Notre choix d’exclure les

enseignants contractuels s’explique par le souci d’écarter de l’échantillon les enseignants qui ne

pourraient mener une réflexion appropriée par manque d’expérience ou de motivation sur les

compétences des futurs enseignants, sachant que généralement ces enseignants n’assurent

qu’un seul module avec un volume horaire de 6 heures/semaine.

Auto-administré et comportant 14 questions, fermées et ouvertes, réparties en quatre

sections principales, le questionnaire 2 (cf. annexe 8 p 394-397) a été destiné à 20 enseignants-

chercheurs auprès du département d’anglais. L’objectif derrière cette enquête est de collecter

les informations nécessaires sur les compétences ciblées par la formation initiale, sur le profile

de sortie des futurs enseignants et leurs attentes et espérances vis-à-vis de cette formation.

Au total, nous avons reçu 20 questionnaires de retour des enseignants-chercheurs au niveau

du département d’anglais. En fait, le nombre d’enseignants ciblé au départ est égal au nombre

de questionnaires collectés. Limité uniquement aux enseignants titulaires, la représentativité

semble satisfaisante puis qu’elle est de 66,66%. On constate que l’échantillon effectivement

touché par cette enquête surreprésente les répondants en ce qui concerne le sexe (17 femmes

contre 3 hommes). Par contre, on peut relever que notre échantillon est représentatif de cette

population d’enseignants en ce qui concerne l’âge, de 29 à 46 ans.

1. Description des répondants du questionnaire 2 : les enseignants universitaires

1.1. Profil général et données biographiques et professionnelles des répondants

La première question du questionnaire 2 portait sur la variable « genre » des enseignants

universitaires. En fait, la population ciblée par cette enquête est majoritairement féminine. Sur

Page 204: Langue de spécialité, didact

204

les 20 répondants, 17 sont des femmes, soit un taux de 85%. Par contre, les hommes ne

représentent que 15%. Une preuve supplémentaire pour la sur représentativité des femmes dans

les filières des langues étrangères au sein du département d’anglais (cf. annexe 2 tableau 1 p

361).

a) Une population d’enseignants féminisée

Contrairement aux autres départements où les femmes sont minoritaires, le département

d’anglais auprès de l’institut des littératures et des arts est à 85% féminisé. Les recherches dans

le domaine s’accordent à dire que la représentation féminine, bien qu’elle soit en progrès, reste

faible. En général, les effectifs des femmes dans le domaine de la recherche ont progressé

d’une manière constante depuis quelques années, mais d’une manière lente. Moins nombreuses

dans l’ingénierie et la technologie, les femmes sont surreprésentées dans les sciences humaines

et sociales. Nouvellement recrutées, la majeure partie de ces jeunes enseignantes-chercheurs,

sont détenteurs d’un Magistère. Certainement, les perspectives de la vie familiale jouent un rôle

dans l’orientation scolaire des femmes et le milieu social conditionne leur choix. La

conciliation vie familiale et autonomie est l’un des motifs qui encourage les femmes à choisir le

métier d’enseignante. Une fois dans le métier, généralement leurs évolutions de carrières ne

s’effectuent pas de la même façon identique que les hommes. Elles ne passent pas

significativement le « plafond de verre » [78

] qui bloque leur progression.

La deuxième question portait sur la « variable âge ». Les données attestent que l’âge

moyen de toute la population cible est de 32,2 (cf. annexe 2 tableau 2 p 361). Les femmes sont

beaucoup plus jeunes (35,94) que les hommes (41 ans). Il est évident que la population des EC

[79

] (enseignants-chercheurs) est très jeune (cf. annexe 2 tableau 2 p 361). Cette situation est

considérée comme très satisfaisante, car l’arrivée de cette jeune génération d’EC devrait créer

une certaine stabilité dans le corps professoral et permettre un investissement dans le domaine

de la recherche scientifique pour au moins une durée acceptable.

Éléments d’analyse et commentaires

Comme tous les secteurs de la fonction publique, l’université algérienne va connaître des

départs en retraite d’un bon nombre de ces cadres. Le recrutement de jeunes enseignants est

effectivement l’un des objectifs affichés du MESRS (Ministère de l’Enseignement Supérieur et

de la Recherche Scientifique) dans une perspective de rajeunissement du corps d’enseignants

[

78] Le « plafond de verre » est une expression qui désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux

supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes.

[79

] EC= Enseignants chercheurs

Page 205: Langue de spécialité, didact

205

universitaires. Plus récemment et dans le cadre du plan quinquennal pour le recrutement des

EC, le ministère de tutelle s’assignait l’objectif de recruter des chercheurs à un âge précoce et

de les intégrer rapidement dans les laboratoires de recherche. Ainsi, en termes de nombre des

nouveaux enseignants recrutés a décuplé. Malgré l’amendement de nouveaux statuts [80

] pour

les enseignants et les chercheurs qui sans nul doute a attiré une bonne partie de jeunes

enseignants, beaucoup de ceux qui terminent leurs études à l’étranger préfèrent y rester [81

]. En

l’absence de statistiques officielles, certaines sources indiquent que le nombre de professeurs,

chercheurs, médecins, ingénieurs qui fuient l’Algérie à la recherche de conditions de vie

décentes et meilleures est d’un nombre total de 300 000 cadres algériens qui travaillent à

l’étranger [82

]. En dépit de toutes les décisions prises par les différents gouvernements

algériens, la courbe est ascendante. Lors du colloque international sur

l’immigration/émigration, organisé au CNRPAH (Centre National de Recherches

Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques), M. Henry, en répondant à la question sur le

pourquoi de ce phénomène, évoque trois vecteurs : le déséquilibre démographique et

économique entre les continents ainsi que le recul de l’idée démocratique [83

].

b) Une expérience professionnelle courte

La troisième question portait sur la variable « expérience professionnelle » de la population

cible. Les tranches d’années d’expérience professionnelle s’étalent entre moins de 5 années,

entre 5 et dix années et plus de 10 années.

Parmi la population professorale ciblée, l’expérience professionnelle s’étale sur une

fourchette de moins de 5 ans à 10 ans maximum (cf. annexe 2 tableau 3 p 361). Il est clair que

ces enseignants sont au début de leur carrière professionnelle et représentent une génération

prometteuse pour la recherche scientifique. Il est du devoir des responsables du secteur de

rendre cette profession d’enseignant-chercheur plus attractive en évitant la fuite de ces jeunes

enseignants. Il n’est pas uniquement question de rémunération, qui, à juste titre, est de près de

50.000 dinars/mois, près de 500 euros, pour un maître assistant, mais aussi de conditions de

travail. Ainsi, l’enseignant universitaire algérien, avec une rémunération dérisoire (en rapport

avec le coût de la vie et au statut professionnel), n’arrive même pas à satisfaire ses besoins

primaires et physiologiques convenablement et décemment. Et les décideurs doivent

comprendre que les besoins insatisfaits ou bloqués exercent une influence négative sur les

[

80] Décret 86-52 du 18 mars 1986.

[81

] El Watan (quotidien national indépendant) du 27.3.2008

[82

] Ibidem 02.6.2008

[83

] El Watan (quotidien indépendant) du 03.6.2007

Page 206: Langue de spécialité, didact

206

attitudes et les comportements au travail. Ainsi, l’enseignant se départira de son rôle

d’intellectuel, rôle qui l’oblige à penser le monde pour le réformer, pour se draper des oripeaux

de celui qui cherche à arrondir ses fins de mois pour une vie décente et meilleure [84

].

Dans le système universitaire algérien, les professeurs des universités sont des enseignants-

chercheurs. Pour postuler à un poste comme professeur des universités, il faut être titulaire d’un

Magister [85

], d’un doctorat ou d’une habilitation pour diriger une recherche. Pour l’instant, la

majeure partie des enseignants ciblés par cette enquête sont des maîtres assistants. Les

nouveaux recrutés passent directement du statut d’étudiant au statut d’enseignant, sans passer

par une formation psychopédagogique, en méthodes et didactique de l’enseignement. La

majorité d’enseignants à l’université algérienne n’ont pas suivi de formations en didactique et

méthodes d’enseignement. Leurs connaissances dans la matière, proviennent de ce qu’ils ont

appris par leurs expériences dans leurs parcours d’étudiant, ou par leurs expériences en qualité

d’enseignant « sur le tas ». Ainsi, « La formation à l’enseignement n’est pas soutenue par un

programme national de recherche en pédagogie ». (Mebarki 2003 : 25)

Comme souligné par Mebarki, ancien Recteur de l’université d’Oran, « la qualité de

l’encadrement est, dès le début, sacrifiée par des recrutements anarchiques d’enseignants,

souvent peu préparés à l’exercice de leur fonction sur les plans pédagogiques et scientifiques»

(Ibid.).

Il est aussi important de rappeler que ce déficit en matière de ressources humaines est l’une des

conséquences de ce que l’Algérie a vécu durant la décennie noire (1990-2000). L’histoire des

années 1990 retiendra que des dizaines d’intellectuels et de diplômés ont été assassinés par les

islamistes. Sans oublier qu’elle a provoqué la fuite de milliers de cadres, de médecins,

d’ingénieurs, de chercheurs et de scientifiques. Ainsi, l’Algérie est confrontée depuis cette

décennie noire au problème de la fuite des cerveaux, caractérisé par le départ massif d’algériens

qualifiés et de scientifiques. Quels sont les impacts à court et à long terme de ce phénomène sur

le pays ? Sans aucun doute, les impacts sont désastreux dans la mesure où ils vont affecter le

pays sur le long terme, tout en ne l’épargnant déjà pas sur le court et le moyen terme.

Aujourd’hui, notre université compte parmi les plus pauvres du monde, incluant ce qu’on

appelle les Pays les Moins Avancés d’Afrique, en matière de production scientifique et

d’encadrement pédagogique. C’est facile d’imaginer les conséquences sur le devenir du pays

[

84] El Watan « Où va l’université algérienne » du 11.11.2007

[85

] La préparation de ce diplôme universitaire à accréditation nationale est soumis à un concours ouvert pour tous

les étudiants détenteurs d’une licence ou un diplôme équivalent. Il se prépare en 2 ans ; une année théorique et une

autre consacrée à la recherche sur un thème.

Page 207: Langue de spécialité, didact

207

lorsque l’on sait que la science est devenue ces vingt dernières années le principal facteur de

compétitivité entre les entreprises et les nations. Pour tenir sa place dans un espace mondial de

l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, l’université algérienne se doit d’être

attractive et performante.

c) Pénurie d’encadrement vs massification scolaire

La question 4 portait sur la variable « coaching ». Il s’agit de savoir le nombre d’étudiants

à charge pour chaque enseignant. D’après les statistiques (cf. annexe 2 tableau 4 p 361-362), la

quasi-totalité des enseignants, soit 90%, encadrent une population estudiantine qui varie entre

150 et 200 étudiants. Uniquement 02 enseignants, soit un taux de 10%, encadrent 200 étudiants

et plus (cf. annexe 2 tableau 4 p 361-362). Il est peut être intéressant de rappeler que les

enseignants universitaires effectuent un volume horaire de 9 heures par semaine, à raison de six

séances de 1 :30’ chacune. Il est intéressant de rappeler que la mission d’un enseignant

chercheur est double. La première mission est celle de l’enseignement, et la deuxième est celle

de la recherche (cf. journal officiel n° 1 décret 09.03 du 03.01.2009 relatif au statut de

l’enseignant chercheur).

Devant le flux d’étudiants que connaissent les universités algériennes, l’état doit assurer,

même un tant soit peu, les conditions adéquates d’infrastructures et d’encadrement scientifique

pour garantir une formation de qualité. Face à une demande croissante, l’université algérienne

semble dénuée en termes de préparation. Ce manque criant en matière d’infrastructure et

surtout d’encadrement peut engendrer des effets néfastes sur la qualité de formation des futurs

enseignants. Malgré les efforts consentis pour augmenter le nombre d’infrastructures, le

gouvernement semble ne pas accorder une grande importance aux ressources humaines. Selon

les statistiques [86

], pour les 1,4 million inscrits en 2007-2008, il n’y a que 27.500 enseignants,

dont 15% de rang Magistral. En effet, une telle explosion des effectifs universitaires ne peut

avoir été sans conséquences sur le système lui-même, sur la définition du statut d’étudiant, sur

ses modes de vie, et sur sa place au sein de la société. Le facteur économique, qui ne saurait

être négligé, a joué un rôle important par rapport à cette nouvelle perception aux études et

l’avenir des étudiants. Ce sont des mutations résultantes d’un contexte mondial en ébullition.

Selon les statistiques de la tutelle, en 10 ans, les effectifs estudiantins ont augmenté de

300%, alors que le corps enseignant, y compris de rang magistral, n’a progressé que de 11,8%.

En conséquence, le taux d’encadrement s’est gravement détérioré au cours de la dernière

[

86] L’université algérienne en butte à de multiple difficultés. El Watan, 20 mai 2008

Page 208: Langue de spécialité, didact

208

décennie, passant d’un enseignant pour 10 étudiants en 1985 à un enseignant pour 23 étudiants

en 1999. Le taux d’inscrits aux études supérieures, qui était de 1,02% en 1966, de 4% en 1976

et de 9% en 1990, atteint 12% en 2000, soit un étudiant pour 70 habitants, contre 20 aux USA

et 30 en France. En ne considérant que les enseignants de rang magistral, le nombre d’étudiants

pour un enseignant est de 236. Selon, le ministre lui-même, le taux d’encadrement dans

certaines spécialités aurait atteint cette année « un enseignant pour 600 étudiants » [87

]. En se

référant aux statistiques fournit par la tutelle, nous constatons que la filière des langues

étrangères est mal encadrée comparativement à d’autres filières. Avec 3,2% du corps

enseignant, elle dispose de 2,13% des professeurs, de 2,07% des maîtres de conférences, 3,66%

de chargé de cours, 2,73% de maitres assistants, et 8,83% d’assistants.

2. Réflexion des enseignants universitaires sur les compétences des futurs

enseignants

Cette section focalise sur l’évaluation des compétences, linguistique, sociolinguistique et

pragmatique des futurs enseignants par les enseignants formateurs. Dès lors, il faut préciser que

l’évaluation des compétences pose problème. L’évaluation d’une compétence et son

développement requièrent différentes grilles et divers outils qui permettent l’analyse des

situations, des actions et des ressources pour pouvoir retracer son évolution dans le temps.

En fait, les recommandations du conseil d’Europe (1997-2001) ont obligé la didactique

contemporaine des langues vivantes à s’inscrire davantage dans une visée socioculturelle

explicite. L’apparition de la notion de « compétence sociopragmatique » a donné, ainsi, la

priorité au discours sur la langue, à l’usage sur le système, à la performance sur la compétence.

2.1. Évaluation des compétences : linguistique, sociolinguistique et

pragmatique

a) La compétence linguistique (savoirs et savoir-faire relatifs au lexique, à la

phonétique et la syntaxe)

Les enseignants formateurs devaient cocher la case qui convient (excellent, good, fair,

poor, very poor) pour la compétence linguistique. En analysant les données de cette question

sur l’évaluation de cette compétence (cf. annexe 2 tableau 5 p 262), on constate que 80% des

enseignants reconnaissent que cette compétence est acceptable pour la majorité des étudiants de

quatrième année, futurs enseignants. Deux seulement (10%) pensent que celle-ci est excellente.

Un(e) enseignant(e) (05%) situe cette compétence comme étant faible.

[

87] El Watan du 28 août 2000

Page 209: Langue de spécialité, didact

209

Les résultats de cette question 5 sont proches de ceux de la question 5 du questionnaire 1

(cf. annexe 1 p 355). On constate que les enseignants ainsi que les étudiants

jugent/reconnaissent que la compétence linguistique est acceptable. En fait, 80% des

enseignants universitaires et 55,55% d’étudiants confirment que cette compétence, convoitant

les connaissances encyclopédiques, considérée comme étant nécessaire pour le développement

des autres compétences, est « fair » pour la majorité des étudiants.

Éléments d’analyse et commentaires

Certainement, la maîtrise de cette compétence dite linguistique demeure nécessaire puisque

le futur enseignant représente un « modèle linguistique » pour les apprenants, mais celle-ci

reste insuffisante pour l’appropriation d’une compétence de communication (Hymes 1991) [88

].

La compétence langagière se fonde sur la synergie des trois composantes, à savoir linguistique,

sociolinguistique et pragmatique. « Lorsque les étudiants arrivent à l’Université, ce ne sont pas

tant les savoirs, qui leur font défaut, que des compétences de haut niveau » (Perrenoud 1995).

En l’absence d’un référentiel [89

] qui détermine les degrés de compétence linguistique des

futurs enseignants, il est difficile de dire si le profile de sortie fixé préalablement est atteint.

Autrement dit, la focalisation sur l’acquisition de la compétence linguistique peut permettre aux

apprenants de déchiffrer un texte, mais demeurent incapable de saisir le sens et d’agir en

conséquence. Pour ces « analphabètes fonctionnels », comme ils sont désignés par Roegiers &

De Ketele (2000 : 16), l’acquisition des savoirs n’induit pas nécessairement à un acquis requis

par les situations de la vie. En outre, ces apprenants risquent donc de demeurer

"monostylistiques" dans leur deuxième langue (Dewaele 1996, 2001 & 2002 ; Harley & al.

1990 ; Gass, Mackey & Pica 1998 ; Dewaele & Regan 2001 & 2002 cités par Dewaele &

Wourn 2002).

b) La compétence sociolinguistique (facteurs d’usage langagier : marqueurs

linguistiques des relations sociales, les conventions de politesse, les expressions de

sagesse populaire, les dialectes et l’accent).

Les répondants devaient cocher les cases (excellent, good, fair, poor, very poor) qui

conviennent pour évaluer la compétence sociolinguistique. Cette compétence est évaluée par la

[

88] Pour Hymes, on ne peut mettre entre parenthèses l’inscription du langage dans le social d’où le développement

du concept de compétence de communication ainsi défini : «les membres d’une communauté linguistique ont en

partage une compétence des deux types, un savoir linguistique et un savoir sociolinguistique ou, en d’autres

termes, une connaissance conjuguée de normes de grammaire et de normes d’emploi « (1984 : 47). Hymes D. H.,

1991, Vers la compétence de communication, Hatier/Didier, Paris.

[89

] Dans une perspective de stabilité, les référentiels de compétences de langues sont dressés pour permettre aux

enseignants, aux inspecteurs et aux formateurs de définir, de prescrire et d’évaluer (Talbot, 2004)

Page 210: Langue de spécialité, didact

210

majorité des enseignants, soit 75%, comme étant acceptable. 2 enseignants pensent que celle-ci

est faible. Par ailleurs, le même nombre d’enseignants, soit 05%, pense qu’elle est excellente,

bonne ou très faible (cf. annexe 2 tableau 6 p 362).

Éléments d’analyse et commentaires

L’acquisition et le développement de cette compétence dite sociolinguistique s’acquiert

tout au long de la durée de formation universitaire des futurs enseignants. Le principe

fondamental de cette compétence s’appuie sur l’approche communicative des années 90.

L’enseignant focalise le développement de sa séquence didactique dans une perspective

collective, d’action de l’apprenant dans des situations plus proche du réel. Dans cette vision,

Puren affirme qu’il s’agit « de passer de l’acte de parole de l’approche communicative (qui est

un agir individuel sur un autre) à l’action sociale de l’approche actionnelle (définie comme un

agir collectif langagier et/ ou non langagier avec d’autres) » (2009 :155). Cet « agir social »

requiert le développement des compétences langagières orales/écrites avec leurs composantes

linguistique, sociolinguistique et pragmatique. L’apprentissage dans une perspective actionnelle

exige l’établissement d’un référentiel déterminant les objectifs linguistiques, sociolinguistiques

et pragmatiques bien articulés et définis.

Bien qu’une évaluation crédible de cette compétence, sociolinguistique, semble difficile et

ce par manque de situations authentiques en plus d’un type d’évaluation [90

] qui ne cible que

l’acquisition linguistique. Les enseignants formateurs font recours à ce type traditionnel

d’évaluation pour rendre compte à l’administration. En fait, l’évaluation administrée aux futurs

enseignants n’est que du type sommatif qui se solde par une somme arithmétique de résultats

octroyée au produit final sans aucune importance accordée au processus de progression dans

l’acquisition des compétences.

c) La compétence pragmatique (choix des stratégies discursives visant à atteindre des

objectifs précis ; adaptant, organisant et structurant le discours)

Les répondants devaient faire de même pour la compétence pragmatique. En parcourant les

données (cf. annexe 2 tableau 7 p 363), nous remarquons que les mêmes évaluations sont

attribuées à cette compétence. 80% des enseignants pensent que cette compétence est

acceptable. Par contre le reste, soit 4 enseignants, pensent que celle-ci est ou bien excellente,

bonne, ou faible (cf. annexe 2 tableau 7 p 363).

[90

] L’évaluation telle qu’elle est conçue donne beaucoup d’importance à la performance observée, si bien qu’on a

souvent ignoré le cheminement suivi ou la démarche empruntée par l’apprenant pour répondre à une question ou

résoudre un problème. Beaucoup d’informations sont perdues dans une situation d’observation ou seul compte le

produit. « L’évaluation dans les apprentissages dans une approche par compétence» par Scallon Gérard .2004 :21

Page 211: Langue de spécialité, didact

211

Eléments d’analyse et commentaires

Cette dimension sociopragmatique, définie comme « l’interface sociologique de la

pragmatique » (Leech 1983 : 10), est difficile à pénétrer par l’apprenant et en même temps

difficile à enseigner par l’enseignant. Contrairement à la compétence linguistique, la

compétence sociopragmatique est nécessaire pour la communication. « Elle consiste des

perceptions sociales qui sont à la base de l’interprétation et de la production de toute action

communicative par les participants » (Kasper 1997 & 2001). Il est à la fois plus simple pour

l’enseignant d’expliquer et pour l’apprenant d’acquérir comment fonctionne la langue dans ses

principes orthographiques, morphologiques et phonologiques. Par ailleurs, les enseignants

éprouvent des difficultés à enseigner cette compétence pragmatique. Ils, tout au long de leur

apprentissage de la langue cible, doivent développer une panoplie de représentations, qui

regroupent plusieurs scripts, et permettent d’établir une communication sans offenser les

interlocuteurs natifs. Ces présentations et scénarios ont été décrits comme « des processus

cognitifs qui nous permettent de comprendre et de fonctionner dans le monde » (Ranney 1992).

Ce sont des représentations psychologiques de situations hypothétiques ou imaginaires

(Legrenzi, Girotto & Johnson-Liard 1993). L’utilisation de ces scénarios dans des actes de

communication reflète le savoir pertinent des aspects socioculturels qui permettent aux

interlocuteurs de fonctionner dans un environnement communicationnel. Pour Ranney « ces

schémas et scripts nous permettent d’interpréter et d’inférer l’intention communicationnelle du

discours dans un contexte socioculturel spécifique » (1992 : 12). Ainsi, l’acquisition de cette

variété de schémas est intimement liée à l’environnement d’apprentissage et la mise en contact

avec des scénarios qui permettent aux apprenants « à distinguer et à manier différents registres

dans la langue cible » (Bardovi-Harlig 1996 & 1999). Partant de ce postulat, nous pouvons dire

que les problèmes majeurs pour nos apprenants (futurs enseignants) se résument comme suit :

premièrement, les scripts utilisés et exploités sont exclusivement limités aux registres formels,

et deuxièmement, nos apprenants utilisent rarement la langue cible comme authentique

instrument de communication. Donc, reste que le choix de matériel didactique pour

l’apprentissage de la langue cible doit impérativement inclure « des registres formels et

informels afin d’exposer l’apprenant à une large gamme de registres oraux et écrits » (voir

aussi Chavez 1998 & Lightbown 1992).

Donc, il convient de dire que cette compétence dite pragmatique est liée à l’usage et

s’oppose à la mécanique des formes linguistiques. Mais, cette définition est réductrice puis

qu’elle ne prend en ligne de compte que la maîtrise des savoir-faire langagiers. La

Page 212: Langue de spécialité, didact

212

communication est avant tout dialogique ; une action interactive. Ainsi, les acquis purement

formels (grammaire, lexique et prononciation) ne disparaissent pas, ils restent au service des

choix pragmatiques du locuteur. Généralement, les évaluations de cette compétence se fondent

sur des critères linguistiques que pragmatiques ; à savoir la maîtrise de la grammaire, du

vocabulaire, la prononciation et l’organisation discursive. L’évaluation de cette compétence

doit définir des critères qui décrivent correctement son acquisition. Nous empruntons les

critères utilisés pour son évaluation dans les examens du Cambridge (DLADL 1999) [91

]:

critère de correction (grammaire, lexique, prononciation), critère de richesse (étendue de la

grammaire et du vocabulaire), critère de souplesse (concerne l’oral, donc la fluidité de

l’échange, la capacité à s’impliquer et à gérer une conversation), critère de taille (longueur du

discours écrit ou oral), et critère d’appropriation (d’ordre discursif, sociolinguistique et

socioculturel). En fait, c’est une évaluation à entrée linguistique mais à cheminement

pragmatique.

2.2. Évaluation des compétences

L’évaluation des compétences est souvent réduite à la restitution par les étudiants de

connaissances décontextualisées qui, en fait, ne pose aucun problème, mais ne reflète guère la

compétence. Les mêmes comportements d’apprentissage, plutôt réceptif, continue de sévir : tels

le ‘recettisme’, la mémorisation à outrance. Ces pratiques ont reconforté la réception-

restitution. Ainsi, l’inédite tentative de refonte et de restructuration des programmes de

formation à entrée par les compétences a été réduite à un apprentissage sémantique.

2.3. Évaluation continue des futurs enseignants

Le long de l’année scolaire, comment évalueriez-vous leur degré de compréhension de

différents cours ?

La question ci-dessus portait sur le degré de compréhension des différents cours dispensés.

Les répondants devaient cocher les cases qui conviennent allant de « excellent à very poor ».

Pour cette question la majorité des enseignants jugent que les futurs enseignants ont une

compétence de compréhension acceptable (cf. annexe 2 tableau 8 p 363). Les activités

productives sont angoissantes que celles réceptives, car dans le premier cas l’apprenant se fait

juger par le partenaire de la communication. L’oral à cet égard est plus menaçant que l’écrit car

le jugement est immédiat.

[

91] Département de Linguistique Appliquée et Didactique des langues. 1999

Page 213: Langue de spécialité, didact

213

Éléments d’analyse et commentaires

D’après l’évaluation avancée par les enseignants, la capacité réceptive paraît meilleure que

la capacité productive des futurs enseignants. Le développement de cette compétence de

compréhension écrite et orale est beaucoup plus ‘facile’ pour les apprenants d’une deuxième

langue que la production écrite et orale. Les causes induites au ralentissement dans l’évolution

de la capacité productive sont ‘savoir écouter et juger’, ‘limite langagières’, ‘la personnalité

de l’apprenant’, ‘la personnalité de l’enseignant’, et ‘la nature de la langue’. Nous essayerons

succinctement de développer chacun de ces obstacles cités ci-dessus :

- Savoir écouter et juger : L’apprenant commence à éprouver des difficultés dès que

les éléments de la langue commencent à augmenter, et des réactions plus libres telles que les

opinions, les arguments, etc. sont souhaités. Donc, il préfère s’abstenir.

- Les limites langagières : Dès que l’apprenant sort du connu, il ressent l’écart entre

les facultés d’expression entre la langue maternelle et la langue étrangère. Ces limites

langagières sont la source de ce handicap. Aussi, la lisibilité de textes authentiques peut se

situer au niveau de cette frustration des apprenants. Il en va de même pour l’anxiété de l’écoute,

provoquée par des messages trop compliqués ou prononcés trop rapidement (Young 1991).

Utilisant un langage plus élevé que son auditoire, l’enseignant peut accroître cette anxiété.

- La personnalité de l’apprenant : Bien que l’approche communicative tolère et

encourage l’exercice de l’incertitude et ce qui est ‘à-peu-près’, qui jouent à l’avantage d’un

certain type apprenants, ceux qui sont introvertis, timides ou hésitants n’aiment pas l’aventure

et le défi pour échapper à l’embarras. La personne anxieuse sous-estime son potentiel ce qui

amoindrit aussi son fonctionnement (Clément 1980 & MacIntyre 1995).

- La nature de la langue : Bien que l’approche communicative tolère l’erreur, aussi

longtemps que le message passe, l’apprenant est souvent conscient de ses propres difficultés,

qui sont d’ordre syntaxique, morphologique, et surtout phonétique en ce qui concerne la langue

anglaise. Ce manque de prise sur la langue peut accroître cette anxiété.

2.4. Stratégies d’apprentissage et obstacles

La question 7 portait sur les obstacles qui pourraient nuire à la compréhension des futurs

enseignants. Les enseignants reconnaissent les déficiences dans les stratégies d’apprentissage.

Pour eux, la stratégie mise en œuvre par les apprenants et qui encourage une compréhension

mot à mot les enferme dans un mode de traitement local, freinant ainsi les opérations de niveau

différent, par exemple le processus de compensation. La focalisation ‘abusive’ de leur attention

sur la réalisation des processus de bas niveau (aspects phonétiques, accès lexical, traitements

Page 214: Langue de spécialité, didact

214

syntaxiques..), empêche le développement et l’enrichissement des stratégies d’apprentissage.

Pour Coirier, Goanac’h & Passerault, il semble que le niveau de langue de l’apprenant ait pour

conséquence:

« d'empêcher le transfert, de la langue maternelle à la langue étrangère, de certaines

compétences qui, pourtant, pourraient paraître universelles : les insuffisances

linguistiques semblent avoir pour effet de "court-circuiter" la mise en œuvre de

processus de haut niveau ». (1996 : 213)

En fait, ce processus de haut niveau qui aide l’apprenant à développer des capacités

opératoires liées à la fois à la segmentation et l’interprétation (Narcy-Combes 1991 : 32). Ces

stratégies ciblent l’anticipation, opérations liées à l’attribution de sens, économique du point de

vue cognitif (Sabiron 1996 : 523-566), et l'inférence contextuelle et/ou linguistique (appel aux

connaissances phonologiques, lexicales, syntaxiques) permettant de compenser ou de

reconstruire le sens, qui peuvent être activées par un entraînement à la prise d'indices de

différents niveaux, prise d'indices à relier à l'interprétation par des activités de synthèse, de

comparaison, de classement...

La concrétisation de ses stratégies d’apprentissage nécessite une réflexion didactique de la

part des enseignants dans la conception des produits qu’ils utilisent pour faire acquérir cette

compétence langagière par le biais de capacités opératoires [92

] (Lepat 1997 : 171-172).

2.5. L’interaction en classe de langue : un dispositif pour promouvoir la formation

La question 8 portait sur la maîtrise de la langue via l’interaction en classe. Les opinions se

partagent en ce qui concerne l’interaction des futurs-enseignants. La majorité, soit 50%,

confesse que cette interaction est acceptable. 30% jugent que cette compétence interactive est

pauvre. Un(e) enseignant(e) dit que cette compétence est excellente. Par contre, un(e)

enseignant(e) pense que l’interaction en classe de langue est ‘poor’. Deux enseignant(e)s

évaluent cette interaction comme étant ‘good’ (cf. annexe 2 tableau 9 p 363-364).

Éléments d’analyse et commentaires

La classe est le lieu privilégié de l’enseignement et l’apprentissage de la langue anglaise.

C’est, effectivement au sien de la classe que s’effectue cette rencontre entre les trois pôles du

triangle didactique (Houssaye 1988), à savoir l’enseignant, l’apprenant et la matière à

apprendre. Plusieurs méthodologies ont vu leurs expériences dans les classes, focalisant la

[

92] Les capacités opératoires correspondent à toutes les opérations subalternes entrant en jeu dans une compétence

langagière. D’après Leplat (1997 : 171-172), « il est facile de faciliter l’apprentissage des tâches complexes en les

décomposant en unités qui ont une signification sur l’action, et en entrainant les opérateurs sur ces unités ou tâches

élémentaires ».

Page 215: Langue de spécialité, didact

215

compétence orale. Les deux méthodes, que ce soit la méthode Audio Linguale, aux États Unis,

ou la méthode Structuro-globales audiovisuelles (SGAV) en France, ont toutes les deux

marquées les années 60-70 avant d’évoquer le « désenchantement » et de marquer le début

d’une déconstruction de l’hémogénie méthodologique (cf. l’article de Moirand 1982).

Cette déception a conduit, dès les années 80, à une reconsidération de la classe comme un

lieu de socialisation, dans lequel s’établit un échange actif entre les partenaires. Ainsi, le statut

de l’enseignant et des apprenants ont subi des modifications par rapport aux rôles des uns et des

autres. L’accent n’est pas seulement mis sur l’acte d’enseignement, mais sur l’interaction dans

sa dimension collective, prenant compte du déroulement des échanges. L’évaluation de

l’interaction des apprenants en classe de langue doit se référer aux travaux menés en ce sens par

Mehan (1979) publiés in AILE 4, consacrés au profil de l’apprenant. Rendre compte des

comportements verbaux, qui se produisent en classe, nous procurent des indications sur une

partie du processus d’apprentissage en classe. Parmi les comportements verbaux d’un

apprenant, il faut s’assurer si celui-ci: A-t-il des initiatives ? Négocie-t-il les réponses?

Interagit-il avec d’autres apprenants ou seulement avec l’enseignant? Fait-il des réponses

minimales? Ses réponses portent-elles sur le contenu proposé ou sur autre chose ? Combien de

temps tient-il dans l’interaction ? Comment réagit-il aux corrections ?, etc.).

2.6. Maîtrise de la langue de manière réceptive, interactive et productive

La question suivante portait sur la maîtrise de la langue et les tâches qui paraissent plus

difficiles (réceptive, interactive ou productive). Selon les enseignants interrogés sur les

difficultés qu’éprouvent les futurs enseignants sont d’ordre interactif et productif. Ils

confirment que la capacité réceptive est parfaite, par contre les insuffisances sont au niveau de

l’interaction et la production (cf. annexe 2 tableau 10 p 364). Un des effets les plus négatifs de

l’approche mise en œuvre, qui est autant d’enseignement que d’apprentissage, est le blocage

des futurs enseignants à l’interaction orale. La passivité des futurs enseignants face aux

enseignants formateurs est constatée en permanence par ces derniers. Ce comportement joue en

faveur du développement de la compréhension orale et écrite au détriment de la production

orale et écrite. Nous pouvons en déduire que deux facteurs peuvent être considérés comme

déterminants, à savoir le manque de pratique de la langue et les facteurs socioculturels.

L’enseignement des langues étrangères en milieu universitaire est confronté à un problème de

manque de pratique de la langue étrangère. Le cursus (cf. annexe 5 p 375-380) universitaire

s’appuie dans sa majeure partie sur des modules académiques dont l’objectif final est la

transmission de savoirs en anglais (littérature, civilisation, grammaire, phonétique…, bien que

Page 216: Langue de spécialité, didact

216

la volonté des enseignants chercheurs soit de s’orienter vers la communication et l’interactivité.

De toute façon, les effectifs des groupes (TD) sont très élevés, généralement ils dépassent 50

étudiants, pour pouvoir mener un cours de conversation. L’image autoritaire de l’enseignant et

la considération qui lui est due encourage l’apprenant (futur enseignant) à se maintenir dans

une attitude de réserve, voir de silence respectueux. Un autre facteur socioculturel très décisif

est une culture d’évaluation très élitiste qui se fonde exclusivement sur l’écrit. Les futurs

enseignants sont évalués trois fois par an, deux EMD (Examen de Moyenne Durée) et un DS

(Devoir de synthèse). Tous ces examens se font en écrit mis à part le module d’expression

orale.

Éléments d’analyse et commentaires

Il est bien dit que « c’est en communiquant qu’on apprend à communiquer ». Un postulat

sur lequel s’appuie l’approche communicative. « Echanger pour apprendre » telle est la devise

des interactionnistes Anglo-saxons (Hatch 1978, Long 1985, Gass 1997 & Ellis 1999) qui

pensent que l’on apprend une langue étrangère par la communication. A ce titre, une théorie

interactionniste plus ou moins unifiée a été proposée (Gass 2003 : 239). L’apprenant, au centre

des enjeux communicatifs, fait appel à la négociation du sens (Swain 1985) et aux

reformulations (Lyster 1998) afin de maintenir le fil de la communication et par là-même

repérer les formes discursives porteuses de sens (Schmidt 1995). D’autre part, la recherche sur

l’acquisition des langues à prouvé depuis quelques années que « l’aptitude linguistique (…) est

acquise à travers la l’aptitude à construire et à négocier le sens d’un discours » (Kramsch

1991 : 8). Des recherches récentes sur l’acquisition de langue étrangère ont toutefois mis en

évidence le caractère tardif du développement des compétences conversationnelles,

comparativement au développement d’autres domaines langagiers. L’analyse de nombreuses

pratiques de la classe (Capucho 2000 & Cicurel 1998), constate que les interactions restent

encore très largement restreintes à celles entre enseignant et apprenants et que l'idée d’un «

faire » impliquant une activité collective des apprenants (Puren 2006 & CECRL 2000)

inhérente à une réelle approche (inter)actionnelle (Ollivier 2007) reste bien souvent lettre

morte. Dans l'apprentissage des langues, les pratiques de classe restent encore trop souvent

ancrées dans la simulation de la communication en dehors de toute réelle interaction sociale et,

en situation de production écrite autour de textes littéraires, on remarque que les textes élaborés

par les apprenants ne s'inscrivent généralement pas dans un acte de communication avec

d'autres lecteurs, mais ne sont généralement lus que par l'enseignant.

Ainsi, nous pouvons dire que peu d’importance est attribuée à cette compétence

interactionnelle, ce qui ne facilite pas la mobilisation à l’oral.

Page 217: Langue de spécialité, didact

217

2.7. La compétence lexicale : source d’inquiétude

La question 10 portait sur la typologie de questions posées par les futurs enseignants et

leur récurrence, la majorité des enseignants chercheurs confirment que les questions portent sur

la forme (lexis) et le contenu (sémantique). 80% des répondants disent que les futurs

enseignants se soucient beaucoup plus de la dimension lexicale de la langue cible (cf. annexe 2

tableau 11 p 364). Même s’il est très important de maîtriser les règles d’une langue pour

pouvoir communiquer, il est encore plus primordial d’avoir une bonne connaissance du

vocabulaire. Ce dernier joue en effet un rôle central aussi bien dans la production que dans la

compréhension d’une langue (Coady, Huckin & Coady 1997 : 273-290 & Mäkipää 1994 : 19).

Ce sont les adultes apprenant une langue seconde en particulier qui peuvent se sentir frustrés de

ne pas pouvoir exprimer leur idées aussi librement et facilement qu’ils le voudraient. C’est une

des principales raisons pour lesquelles ces enseignants attribuent beaucoup d’importance au

vocabulaire dans l’apprentissage des langues étrangères dans un contexte particulier, celui de

l’apprentissage au niveau universitaire.

Éléments d’analyse et commentaires

Les futurs enseignants algériens semblent passer par l’étape de l’appropriation lexicale pour

pouvoir saisir le ‘meaning’. En fait, le manque de proximité morphologique entre LM et LE

rend l’étayage entre ces deux langues difficile à réaliser. Les premières expériences concrètes

d’élaboration d’outils pédagogiques fondée sur des rapprochements lexico-syntaxiques entre

LM/LE viennent des Etats-Unis et relèvent de l’apprentissage du français aux anglophones, le

but étant de favoriser l’entrée dans la lecture en LE et d’accélérer son acquisition sur le plan

lexical (Hammer & Giauque 1989). En milieu canadien, des suggestions pédagogiques se

donnant les mêmes finalités et reposant sur la formalisation d’un certain nombre de règles de

conversion morphologique de l’anglais au français, sont également avancées (Séguin 2000 &

Tréville 2000).

Sachant que la langue d’enseignement pour tous les apprenants dans le contexte algérien est

la langue arabe [93

], qui diffère de la LE à plus d’un aspect ; lexical, syntaxique et

morphologique. La langue française représentait un acquis ‘butin de guerre’, que l’Algérie

aurait dû exploiter pour des fins scientifiques. Malheureusement, dès 1979, entra en vigueur

l’école fondamentale obligatoire de 6 à 14 ans, entièrement arabisée. Depuis le français, relégué

au rang de première langue étrangère, n’a jamais été étudié par autant d’élèves algériens, mais

le niveau moyen de maîtrise de la langue est en baisse. En effet, la conjonction des problèmes

[

93] Le programme de Tripoli, adopté sans débat par le CNRA en mai 1962.

Page 218: Langue de spécialité, didact

218

matériels et linguistiques a produit un affaiblissement de la qualité de l’enseignement, mesurée

par des taux d’échec très forts. La réussite au baccalauréat, longtemps proche de 25%, s’est

effondrée à 19,3 % en 1992 et 12 % en 1993 (année particulièrement troublée) ; le ministre de

l’Éducation nationale a déclaré que ces résultats « reflètent pleinement l’aboutissement du

système éducatif et le niveau réel de l’enseignement dans tous ses cycles » [94

]. La politique

linguistique entreprise par les gouvernements algériens successifs a hypothéqué l’accès des

générations aux langues dites de la science et la recherche. Les enseignants universitaires

opérant dans le département d’anglais auprès de l’université Abdelhamid Ibn Badis, mise à part

une petite minorité, sont issus de ce système éducatif arabisé tous azimut. Nos apprenants

éprouvent des difficultés à exploiter leur pré-requis en LM pour aisément opérer ce va-et-vient

(stratégie d’alternance) entre les deux langues. Par manque de correspondances régulières

systématiques à la fois sur le plan du son et sur celui du sens entre la LM et la LE rend

l’apprentissage [95

] de la langue cible lent.

3. alternance codique entre facilité et obstacle

La question 11 portait sur le recours des futurs enseignants à d’autres langues pour

s’exprimer « l’alternance codique ». Tous les répondants confirment qu’aucune autre langue

n’est permise que la langue cible en classe de langue (cf. annexe 2 tableau 12 p 364). Selon les

instructions pédagogiques pour tous les paliers de l’enseignement ; primaire, secondaire et

universitaire, interdisent le recours à d’autres langues maternelles ou autres sauf la langue cible

en classe de langue.

Éléments d’analyse et commentaires

Le débat est engagé entre les adeptes du « tout en LE » et défenseurs du rôle de et la place

de la LM dans la classe de langue (Van Lier 1995). D’un côté, l’utilisation de la langue cible,

l’anglais, permet aux apprenants non seulement d’apprendre la langue mais de la pratiquer. De

nombreux auteurs (Ellis 1999, Giacobbe 1992 & Pekarek 1999, entre autres) ont signalé

l’importance que l’interaction orale joue dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Les

locuteurs non-natifs, non seulement pratiquent la langue cible pendant l’interaction, mais ils

apprennent aussi à travers celle-ci. (Ellis 1999 : 2). L’interdiction de parler la LM (langue

maternelle) ou autre que la langue cible est considéré par les enseignants comme obstacle au

[

94] Le Monde (Paris) 15.8.1993

[95

] Krashen est un des chercheurs en anglais qui a adopté les termes l’acquisition (un procès plus implicite et

inconscient, normalement dans un environnement de la langue cible) et l’apprentissage (un procès plus explicite

et conscient, normalement dans une salle de classe) dont il fait une distinction nette dans son modèle du contrôle

(Monitor theory 1981, 1982) (cf. Stern 1987 : 403-404 ; Vogel 1995 : 99).

Page 219: Langue de spécialité, didact

219

progrès linguistique de la LE. Employée dans plusieurs disciplines et dans le langage courant,

la notion de langue maternelle est difficile à définir strictement, à cause de son épaisseur

historique, de ces déterminations plurielles et ses connotations étendues. Son emploi le plus

répandu, dans de nombreuses langues, renvoi à la combinaison de deux séries de facteurs :

l’ordre de l’acquisition et l’ordre du contexte. Il s’agirait de dénommer ainsi la langue acquise

la première par le sujet parlant dans un contexte où elle est aussi la langue utilisée au sein de la

communication. Le caractère spontané, naturel de son usage, l’aisance dans son maniement,

apparaît parfois comme des traits définitoires de la langue maternelle. (Dictionnaire de

didactique de français 150-151). Par contre, Toute langue non maternelle est une langue

étrangère. On peut alors distinguer trois degrés d’anxiété : -La distance matérielle,

géographique, généralement révélée par l’exotisme des représentations qu’on ce fait de ce type

de langue. –La distance culturelle, rendant plus ou moins facilement décodables les pratiques

culturelles des étrangers et cela indépendamment de la distance géographique. –La distance

linguistique, mesurable par exemple entre les familles des langues. En didactique, une langue

devient étrangère lorsqu’elle est constituée comme un objet linguistique d’enseignement et

d’apprentissage qui s’oppose par ses qualités de la langue maternelle. (Ibidem p. 150). Pour les

défenseurs du recours à la LM, les décalages entre les apprentissages dans les deux langues

sont non seulement pris en compte, mais ils servent de voûte dans la construction des nouvelles

compétences. Il faut s’appuyer sur le système linguistique dont dispose déjà l’apprenant, partir

du connu et profiter de son expertise linguistique, nouvelle et encore dans ses phases de

construction, pour amener celui-ci à réfléchir sur le langage et son fonctionnement, de manière

à affiner, polir et complexifier les stratégies d’apprentissage à sa disposition. Pour les

chercheurs (Coste 1997, Dabène 1992, Hawkins 1985 & Roulet 1989 & 1995 et bien d’autres)

il s’agit bien d’une didactique de l’alternance, dans une perspective d’intégration des

apprentissages, qui semble être ici l’enjeu de la réflexion méthodologique. Ce n’est pas comme

incompétence qu’il faut percevoir cette alternance codique [96

] « code switching » LM/LE

(Molander 2004 : 87), ou comme la perte de la pureté de la norme (Deprez 1999 : 112) ou

comme une incapacité de séparer les deux systèmes linguistiques (Lüdi 1999), mais comme

« preuve d’une très bonne compétence bilingue » (Lüdi 1998 : 140), ou comme stratégie

communicationnelle « the use of L1 in a L2-based sentence can play significant roles in the

learning process » (Moore 2002 : 280). La coexistence de deux langues dans un même

[

96] L’alternance codique, ou code switching (de l’anglais code –switching) est une alternance de deux ou plusieurs

codes linguistiques (langues, dialectes, ou registres linguistiques). L’alternance peut avoir lieu a divers endroits

d’un discours, parfois même au milieu d’une phrase, et le plus souvent là où les syntaxes des deux codes s’alignent

(codique DGCP). Wikipédia.

Page 220: Langue de spécialité, didact

220

mouvement alternatif de construction de concepts, non seulement peut contribuer à enrichir ces

derniers et à les autonomiser par rapport aux mots, mais en outre est de nature à favoriser une

certaine prise de distance réflexive et contrastive par rapport à telle ou telle des langues

activées » (Coste & Pasquier 1992 : 16). Cependant, le recours à cette stratégie

d’approximation optimisante ne doit pas être systématique et immédiat. Il n’intervient

généralement que sous une pression communicative extrême qui s’apparente à la détresse.

4. Les instructions officielles à l’égard de l’enseignement/ apprentissage des

langues étrangères

La question 12 portait sur la récurrence du recours à d’autres langues en salle de cours. Il

est évident que le recours à la LM est évité. Tous les enseignants interrogés confirment leur

abstention vis-à-vis du recours à la LM. Ils prônent l’approche dite « naturelle » pour créer les

circonstances de l’apprentissage de la LE (cf. annexe 2 tableau 13 p 364). Il leur est

recommandé de créer un environnement où la communication authentique dans la LE plutôt

que la LM. En fait, ces recommandations sont parfaitement « respectées » par les enseignants.

Nous, inspecteurs, veillons à l’application des instructions pédagogiques relatives à utilisation

de langue cible en classe de langue.

Éléments d’analyse et commentaires

Dans le cas de l’apprentissage des langues étrangères dans le contexte algérien, la politique

pédagogique requiert que l’enseignant soit vu par les apprenants comme étant unilingue dans la

LE. De ce fait, le programme espère éviter le recours à la LM par les apprenants. Considérée

comme une contrainte et non comme une facilité pour l’apprentissage de la LE, l’emploi de la

LM est strictement interdit par la politique scolaire (cf. Benabed 2010 : 47-63). Selon Cook

(2001), Matthey & Moore (1997), les enseignants ressentent même des sentiments de

culpabilité lorsqu’ils l’utilisent, comme s’ils brisaient le contrat didactique avec l’établissement

(Lüdi 1999). Le résultat est que l’enseignant passe beaucoup de temps à paraphraser et à

simplifier son discours dans la langue cible en évitant absolument de changer de

langues. Pourtant, de nombreux chercheurs (Cook 2001, Lüdi & Py 2002, Castellotti 1997,

Cambra & Nussbaum 1997 & Coste 1997 cités par Tétrault 2008 : 29) considèrent le recours à

la L1 par l’enseignant comme une stratégie efficace pour gérer certaines activités et pour lever

des « malentendus dans la définition des tâches » (Coste 1997 : 395). Selon les recherches

menées en ce sens, l’évitement vise à assurer une séparation nette entre les deux systèmes

linguistiques dans le cerveau du « bilingue en devenir » (Py 1997). En outre une autre raison

est attachée à la peur d’un sur-emploi de la L1. Le but du processus emprunté en classe de

Page 221: Langue de spécialité, didact

221

langue est de favoriser un bilinguisme additif, en créant une situation d’enseignement où la L2

est la langue d’enseignement et des interactions. De plus, d’autres inconvénients peuvent surgir

lorsque les enseignants « rely too extensively on the L1 » (Turnbull 2001 : 531), comme le

risque de priver leurs étudiants d’une part, de l’input en L2, qui est crucial à l’apprentissage

d’une L2.

Il serait peut-être souhaitable d’exploiter pleinement toutes les propositions didactiques et les

outils pédagogiques qui existent, comme les travaux de Beacco & Byram (2002) de Blanchet

(1998), de Castellotti & Moore (1999) et Coste (2000), etc., de profiter de ces acquis, ce qui ne

va pas sans une volonté de changement dans ce sens au niveau institutionnel pour envisager de

nouvelles manières d’enseigner les langues étrangères et sensibiliser les parents d’élèves et la

société en général, à la pertinence d’une démarche qui intègre l’enseignement/apprentissages

des langues (premières ou étrangères) dans le cadre d’une nouvelle éducation à la pluralité

linguistique. Il s’agira aussi de prévoir une formation adaptée des enseignants dans ce sens pour

les amener à connaître les avancées de la recherche en didactique des langues sur la question,

leur faire prendre conscience des bienfaits de l’utilisation de la langue « maternelle » lors de la

mise en œuvre des contenus apprentissages d’une L2, sous réserve que le recours à l’alternance

codique soit raisonné, laissant le minimum de place à l’intuition. Il sera nécessaire aussi de les

initier à ce genre de pratique.

5. Réflexion des enseignants-formateurs sur la conception du module de

l’enseignement de l'anglais comme langue étrangère

5.1. Le module de TEFL : mise en œuvre et apports

La troisième section vise à recueillir la réflexion des enseignants sur la conception du

module de TEFL. La question 13 cherche à savoir si le module de TEFL représente une source

importante d’exposition à l’enseignement de la langue anglaise comme langue étrangère. En

fait, tous les répondants à cette question 13 reconnaissent l’utilité du module de TEFL pour

préparer les futurs enseignants à la pratique enseignante. La totalité des enseignants chercheurs

perçoivent l’importance du module de TEFL pour les futurs enseignants (cf. annexe 2 tableau

14 p 365).

Éléments d’analyse et commentaires

Il est intéressant de rappeler que l’enseignement/apprentissage de l’anglais, comme L2 dans

le contexte algérien, couvre 7 ans d’étude ; quatre ans dans le cycle moyen et 3 ans dans le

secondaire. En 3ème AS [97

] cet enseignement vise la consolidation, l’approfondissement et le

[

97] Classe de terminale

Page 222: Langue de spécialité, didact

222

développement des savoirs, savoir-faire et savoir-être acquis antérieurement. Ainsi, l’on

continuera de développer chez l’élève les trois compétences ciblées dans le cycle moyen et en

1ère et 2ème AS, tout en mettant l’accent sur sa préparation au baccalauréat. Différemment des

précédents cycles d’enseignement, les enseignements au niveau de l’université sont organisés

en modules. Ce système modulaire est basé sur des crédits académiques qui allient formation

fondamentale et professionnelle. Un module est une unité d’enseignement constituée d’une ou

de plusieurs matières, regroupées selon une cohérence scientifique et pédagogique et selon une

option professionnelle. Chaque module est constitué d’un ou de plusieurs crédits académiques.

Les enseignements du module de TEFL [98

] ne débutent qu’en quatrième année de licence pour

couvrir un crédit de 90 heures, et parcourir 6 chapitres comportant 30 cours (cf. annexe 5

tableau 7 p 379). En fait, en se référant aux réponses (cf. annexe 2 tableau 14 p 365), on se rend

compte que ce module est le seul dans le cursus universitaire qui est conçu pour prépare les

futurs enseignants du point de vue formation professionnel. L’ensemble des recherches qui

portent sur la profession d’enseignant s’accordent à reconnaitre aujourd’hui que la complexité

croissante de cette profession et le niveau d’expertise qu’il requiert exige une formation aux

savoirs à enseigner et aux savoirs pour enseigner. En fait, c’est ce deuxième type de savoirs que

focalise le contenu du module en question.

5.2. La formation initiale et les scénarii de classe via le module de TEFL

La question 14 portait sur la préparation appropriée des futurs enseignants à des scénarii

de classe. La question posée était « Est-ce que le module de TEFL, tel qu’il est conçu, prépare-

t-il les futurs enseignants aux scénarii de classe ? (oui/non). Tous les répondants confirment

que le module de TEFL, tel qu’il est conçu, ne prépare pas les futurs enseignants à la profession

future. Les 20 enseignants chercheurs évoquent la non compatibilité de la formation telle

qu’elle est mise en œuvre avec le terrain d’exercice de la future profession (cf. annexe 2 tableau

15 p 365). Pour déceler les manques constatés par ces enseignants, nous nous référons aux

réponses de la question suivante.

5.3. Repenser le dispositif de mise en œuvre du module de TEFL pour une

meilleure préparation des futurs enseignants

La question 15 portait sur les additions, changements, omissions à suggérer pour rendre le

module de TEFL en adéquation avec la préparation didactique des futurs enseignants.

[

98] Teaching English as a Foreign Language

Page 223: Langue de spécialité, didact

223

En prolongement à la question précédente (14), tous les répondants ont formulé des suggestions

pour rendre le module de TEFL plus en adéquation avec une formation de qualité pour le

métier d’enseignant.

Le choix des réponses (cf. annexe 2 p 365) a été soumis aux critères de la récurrence, la

modalité et de la représentativité du groupe de répondants.

Éléments d’analyse et commentaires

Cette panoplie de réponses démontre que les enseignants chercheurs sont conscients de

l’incompatibilité de la formation initiale des enseignants avec les enjeux sociétaux qui

s’imposent. La formation doit doter les futurs enseignants de compétences permettant à chacun

d’eux de mettre en œuvre des enseignements nécessairement divers et plus adéquats à sa classe.

Selon les enseignants chercheurs, une marge suffisante doit être allouée à la pratique dans les

classes de langue. Une formation en alternance qui permettra aux futurs enseignants d’acquérir

les premières expériences au métier grâce aux stages professionnels de responsabilité et

d’accompagnement. En d’autres termes, une formation qui prend sens dans la pratique avec une

volonté de professionnalisation qui conjugue la théorisation des pratiques dans les classes et la

mise en œuvre critique des hypothèses de recherche.

6. Suggestions et attentes des enseignants-formateurs : rendre la formation

initiale compatible aux exigences du terrain

La question portait sur les propositions pour une formation initiale efficace des futurs

enseignants.

L’objectif derrière cette question est d’appréhender la question relative au paradigme de

l’enseignant efficace. Les réponses recueillies à partir de cette question sont diverses. Les pistes

et les propositions exprimées par les enseignants chercheurs ont aussi été choisies selon les

critères de la récurrence, la modalité et la représentativité du groupe de répondants. Nous citons

quelques propositions pour corroborer les affirmations portant sur les lacunes de la formation

initiale des futurs enseignants. Nous avons essayé de grouper ces propositions en sous groupes,

à savoir didactique, pédagogique et professionnelle (cf. annexe 2 p 365).

Les enseignants chercheurs interrogés manifestent des préoccupations fondées sur leurs

propres vécus. En parcourant ces préoccupations affichées (cf. annexe 2 p 365), nous pourrons

en déduire que les lacunes de cette formation initiale sont multiples, à savoir d’ordre

didactique, pédagogique et professionnel. Les principales suggestions émises par les futurs

enseignants lors de cette enquête quant à la formation dont ils avaient bénéficié portaient sur le

fait qu’elle n’avait pas été assez pratique et ne les avait pas préparés aux réalités de la classe.

Page 224: Langue de spécialité, didact

224

Le modèle traditionnel de formation universitaire des enseignants de langue anglaise pouvait

être caractérisé comme un solide modèle de sciences appliquées, selon la terminologie de

Wallace (1999). Selon ce modèle, la théorie constitue le fondement du programme de

formation. En fait, il suppose que c’est avant tout la théorie qui compte et que l’application

d’une solide base de connaissances théoriques ne pose guère de problèmes. Pourtant, ce n’est

souvent pas le cas, autrement dit, le savoir théorique ne garantit pas que l’enseignant saura

gérer des problèmes réels avec des apprenants réels.

Conclusion

La lecture croisée des différentes données et statistiques du questionnaire 2 fait apparaître

à l’évidence que la formation initiale des futurs enseignants d’anglais focalise essentiellement

les aptitudes langagières et pédagogiques. Cette formation manque de professionnalisme fondé

sur une véritable alternance s’articulant entre deux lieux, l’université, pour la construction des

compétences et des savoirs dans leur aspect théoriques, et l’établissement scolaire du métier

futur, pour assurer une transposition didactique de ces savoirs. En fait, cette alternance permet

aux sujets d’avoir des idées précises sur leur travail, d’être capables de transférer des attitudes

intellectuelles acquises à d’autres domaines de la pensée, et de réaliser les limites de leurs

savoirs, ce qui suppose la reconnaissance du savoir assimilé d’un côté, et le développement

d’attitudes critiques de l’autre ; une introspection révélatrice de leurs dons et de leurs

compétences.

Il nous paraît toutefois utile de noter que la mise en œuvre réussie de changements de

l’enseignement sur le plan institutionnel suppose l’existence d’une équipe et d’un type de

culture de coopération. Il est important de garder à l’esprit, le fait, qu’il ne peut y avoir de réel

changement curriculaire sans la prise en charge effective de la formation du corps enseignant.

Une autre question cruciale est celle relative aux savoirs que doit maîtriser l’enseignant.

Car la maîtrise de ces savoirs est une condition nécessaire à sa liberté pour le métier qui doit

assurer la construction des compétences des apprenants.

Page 225: Langue de spécialité, didact

225

Chapitre IV

Les résultats pour le corps inspectoral

Introduction

L’évaluation des pratiques enseignantes en classe est un problème majeur, parce que les

enseignants sont directement en contact avec les apprenants et qu’on peut supposer l’efficacité

d’un système éducatif relève de leur activité. Bien sûr, la question de l’évaluation des

enseignants n’est pas nouvelle. Cette mission est attribuée au corps d’inspectorat. Ou plus

exactement au trois corps d’inspecteurs, à savoir les Inspecteurs d’Enseignement Primaire

(IEP) [99

], les Inspecteurs d’Enseignement Moyen (IEM) [100

] et les Inspecteurs de l’Éducation

Nationale (IEN) [101

]. Le système d’inspection et de contrôle dans le contexte algérien est

plutôt axé sur le contrôle de conformité aux textes en vigueur. En plus des évaluations

individuelles et collectives, les inspecteurs sont censés assurer la formation continue des

enseignants et aider à leur intégration et à leur promotion professionnelle. Il faut donc que les

enseignants novices comprennent très tôt que leur mission les oblige à évoluer et à s’adapter.

La maîtrise de la discipline et du métier seront en effet à conquérir sans cesse. Ceci dit, les

inspecteurs, par leur accompagnement aux nouveaux enseignants recrutés, semblent les mieux

placés pour nous éclairer sur les enjeux de la formation initiale, ses atouts ainsi que ses lacunes.

Ce sont d’ailleurs eux qui assurent l’articulation étroite entre la formation initiale et la

formation continue [102

], en développant notamment un dispositif particulier

d’accompagnement des nouveaux enseignants.

Comme dans toute étude quantitative, le souci de la représentativité nous a guidé dans la

définition de l’échantillon. Ainsi, au niveau de sa composition, dans le but de couvrir les deux

types d’inspecteurs, à savoir IEM (inspecteur de l’enseignement moyen) et IEN (inspecteur de

l’éducation nationale), nous avons ciblé 10 IEM et 2 IEN. Par rapport à leurs lieux d’exercice,

nous avons ciblé 12 wilayas du pays.

L’échantillon comprend 11 hommes et 1 femme. On constate donc que les femmes sont sous

-représentées par rapport aux hommes.

[99

] IEP : Inspecteur de l’enseignement primaire

[100

] IEM : Inspecteur de l’enseignement moyen qui opère au niveau des collèges

[101

] IEN : Inspecteur de l’éducation nationale qui opère au niveau des lycées

[102

] Il est important de rappeler que les enseignants bénéficient de six journées d’étude étalées sur l’année

scolaire, l’encadrement est assuré par les inspecteurs en adaptant le programme de formation en fonction des

déficits constatés lors des inspections. Source rapport national sur le développement de l’éducation. Septembre

2004

Page 226: Langue de spécialité, didact

226

De type auto-administré, le questionnaire 3 (cf. annexe 8 p 394-397) comporte 11 questions,

trois ouvertes et 8 fermées. Elles sont réparties en trois sections : la première section porte sur

les données biographiques et professionnelles (variables indépendantes), la deuxième section

focalise la réflexion sur les compétences (variables dépendantes) des enseignants novices et la

troisième section cible les attentes des répondants (variables dépendantes). L’objectif de notre

questionnaire consiste à collecter les informations tout d’abord sur la qualité de la formation

initiale et en suite de vérifier le continuum des deux types de formation ; initiale et continue.

On suit les mêmes enseignants au fil de leur carrière.

Sur 12 questionnaires distribués, nous avons recueilli 12, soit un taux de retour de 100%. À

raison d’un inspecteur par wilaya, la représentativité au niveau national est de 25% (12/48)

[103

]. Par rapport à la représentativité en termes de répartition géographique, nous avons fait le

choix d’une variété de 12 wilayas éparpillées sur l’ouest, le sud-ouest, le centre et l’est du pays.

Les inspecteurs d’anglais ciblés par cette enquête sont au nombre de 12, deux exercent au

niveau du secondaire et les 10 autres au niveau des collèges. Ils opèrent dans différentes

wilayas du pays ; à savoir Oran, Sidi Belabbes, Temouchent, Tlemcen, Relizane, Mostaganem,

Tissemsilt, Blida, Constantine, Saida, Chlef et Tiaret. Ce choix est soumis à deux critères.

Premièrement, ce sont ces personnels d’encadrement qui supervisent le travail des enseignants

dans les classes et les accompagnent tout au long de leur carrière professionnelle, dès lors il

faut reconnaître que ces experts, au vu de leur supervision quotidienne, sont bien placés pour

apercevoir les atouts et/ou les déficiences de la formation initiale, les évaluer et traiter les écarts

dans une perspective de développement des compétences professionnelle des praticiens.

Deuxièmement, nous avons ciblé la diversité et la représentativité dans le but d’une analyse

crédible, car presque toutes les régions du pays sont représentées ; pour l’ouest du pays, nous

avons choisi Oran, Tlemcen, Temouchent et Mostaganem, pour le centre Blida, Relizane,

Tissemsilt et Chlef, pour l’est Constantine, et pour le sud Tiaret et Saida. Sachant que toutes

ces wilayas ont ou bien une université ou un centre universitaire, mais que la formation des

enseignants d’anglais est actuellement assurée dans huit wilayas sur les douze citées ci-dessus.

1. Description des répondants au questionnaire 3 : le corps inspectoral

1.1. Profil général et données biographiques des inspecteurs

Le taux de représentation féminine dans le corps d’inspectorat est très faible (cf. annexe 3

tableau 2 p 366) : il n’est que de 8,33% dans notre échantillon. À l’inverse, on relève une

[

103] L’Algérie est divisée en 48 collectivités locales territoriales appelées Wilayas.

Page 227: Langue de spécialité, didact

227

écrasante dominance masculine ; 91,66%. Contrairement à ce qui a été remarqué pour le métier

d’enseignant, majoritairement dominé par les femmes, la profession d’inspecteur ne compte

qu’une minorité de femmes. Donc, la répartition par sexe des inspecteurs apparait déséquilibrée

par rapport aux viviers dont les inspecteurs sont issus ; c’est particulièrement net pour ce qui

concerne les IEP, les IEM et les IEN puisque le pourcentage des femmes dépasse les 65% à

l’échelon national [104

].

1.2. Un corps inspectoral non envié par les femmes

Vu son aspect très prenant, la profession d’inspecteur n’est pas très enviée par les femmes.

Sur une population de 12 inspecteurs, il n’y a qu’une femme. Beaucoup d’enseignantes évitent

cette profession pour les raisons suivantes : les déplacements réguliers, le chevauchement sur

plusieurs wilayas, les contraintes vis-à-vis de la vie familiale, et par rapport à d’autres obstacles

professionnels et socioculturels. En fait, une mobilité professionnelle est parfois une décision

en groupe. On ne peut parler du déroulement de carrière des femmes sans rappeler que ce sont

les femmes qui assument encore majoritairement la charge de l’éducation et des soins aux

enfants. Même s’il y a des évolutions positives pour les hommes des jeunes générations dans

leur rôle de pères, les stéréotypes demeurent : le rôle social de la femme est d’être plus présente

pour ses enfants et c’est dans la majorité des cas, elle qui sacrifiera son évolution

professionnelle d’une manière plus ou moins consentante, alors que l’homme poursuit sa

carrière. Les contraintes familiales et domestiques ont également des implications sur le choix

de certains postes présentant plus de contraintes ou de sujétions, sur la disponibilité personnelle

nécessaire pour pouvoir passer des concours et accéder au grade supérieur…et les femmes

s’interdisent elles-mêmes ce type de postes ou de concours pour ne pas mettre en péril

l’équilibre personnel et familial. Et plus largement, malgré une culture de la fonction publique

empreinte de principes de non discrimination tenant à cœur à une très large majorité de

fonctionnaires, les « présupposés » culturels n’influencent-ils pas les choix faits pour les postes

à profil ? Les hommes ne sont-ils pas plus avantagés (on les estime a priori plus disponibles,

plus mobiles par exemple) que les femmes et ce quelle que soit leur situation personnelle ?

Pour cerner les facteurs de ce phénomène de disparité dans l’avancement professionnel des

hommes et des femmes, Virginia Valain, dans son livre intitulé Why So Slow? The

Advancement of Women, pour ne pas les citer tous, nous prenons comme exemple celui-ci « la

conséquence la plus importante de schémas de genre à la vie professionnelle est que les

hommes ont tendance à être surestimés et les femmes sous-estimées » (1999 : 125). Mis à part

[

104] Statistiques du Ministère de l’Education Nationale.

Page 228: Langue de spécialité, didact

228

ces facteurs qui retardent leur avancement professionnel, les femmes s’orientent naturellement

vers des métiers qui leur permettent de s’organiser en fonction de cette charge familiale. Les

femmes n’ajoutent pas une production à une autre. Tous les temps et actions s’enchevêtrent et

les femmes sont des « réservoirs de temps » et « des dispositifs vivants de coordination ».

D’où ce sentiment que leur vie est un « marathon quotidien ». Comme il n’y a pas de lieu de

débat, ces difficultés restent individuelles et génèrent un grand sentiment d’injustice, « une

perte de bien-être social » rapporte le rapport annuel sur l’état de fonction publique 2007-08

intitulé « les femmes dans la fonction publique » [105

].

1.3. Un corps inspectoral vieillissant

La question 2 portait sur les variables « âges » de la population cible. Les statistiques (cf.

annexe 3 tableau 3 p 366) révèlent que 50% des inspecteurs interrogés ont un âge qui dépasse

la cinquantaine (50 ans). 16,66% des répondants sont âgés de 46 ans, et pour le reste, soit 4

inspecteurs (33,33%), l’âge s’étale entre 30 et 35 ans. La moyenne d’âge est de 44,91 ans. Dans

dix ans, le MEN perdra la moitié de son corps d’inspectorat ce qui veut dire que celle-ci devrait

prendre des devants et se préparer activement pour pallier le manque susceptible en ressources

humaines qualifiées.

Éléments d’analyse et commentaires

D’après les données du tableau 3 (cf. annexe 3 p 366), pouvons dire qu’il y a une tendance

vers le vieillissement du corps d’inspectorat (génération du baby boom) avec une moyenne de

44,91 ans, et un panel de candidat entre 30 et 54 ans. Considéré comme un prolongement

naturel de la carrière d’enseignant, beaucoup d’enseignants tentent d’amorcer ce deuxième

métier d’inspecteur mais dans la continuité du premier. Dans une perspective de rajeunissement

du corps d’inspectorat et pour faire face au départ anticipé en retraite [106

] et de ceux qui seront

perdus à d’autres causes d’une partie de ces inspecteurs, la tutelle envisage l’organisation de

concours sur épreuves pour l’accès au grade d’inspecteur. Le nombre avancé par le Ministre de

l’éducation nationale est conséquent ; 1000 inspecteurs tout corps confondu. La création de

postes anticipe sans aucun doute les besoins futurs pour garantir l’application des nouvelles

réformes éducatives, et pour encourager un nécessaire rajeunissement du corps d’inspectorat.

En fait, l’urgence de combler les besoins des nouveaux inspecteurs s’avère plus pressante dans

[105

] Cité dans le rapport annuel sur l’état de la fonction publique 2007-08 sous le titre « les femmes dans la

fonction publique ».

[106

] Modification de la loi 83-12 du 23 juillet 1983, qui fixe l’âge de départ en retraite à 60 ans pour les hommes

et 55 ans pour les femmes, par le nombre d’annuités nécessaires pour bénéficier du taux maximum de pension à

32 ans de services effectifs et de cotisations, sauf pour les anciens maquisards, les veuves de chahid, fils et filles

de chahid, qui bénéficient d’un rabattement de 7 ans et demi.

Page 229: Langue de spécialité, didact

229

la prochaine décennie, alors que presque la moitié des inspecteurs à temps plein atteindra la

cinquantaine et la soixantaine. Il va sans dire que ces changements sociologiques influent sur le

corps d’inspectorat. La décennie qui s’amorce sera témoin du départ massif d’inspecteurs

expérimentés qui prendront leur retraite, et cette probabilité de renouvellement accéléré suscite

de nombreuses questions chez le personnel éducatif. Les départs en retraite augmentent

fortement pour tous les types de personnel. Ce pic de départ pourrait s’expliquer par l’effet

conjugué de deux phénomènes. D’une part, ces années marquent le passage à l’âge de retraite

d’un très grand nombre de ceux nés après la deuxième guerre mondiale. D’autre part, l’annonce

de la nouvelle réforme de retraite qui a conduit certains personnels, principalement ceux qui ont

cotisé pendant 32 ans de partir en retraite.

1.4. Profil professionnel des répondants

La question 3 portait sur les variables « diplômes » des inspecteurs d’anglais ciblés par cette

enquête dont la question posée était : « Quel type de diplôme vous avez ? » Le profil de ces

derniers selon le niveau d’enseignement se dessine comme suit:

Aucun des répondants n’a le diplôme de Ph. D. Uniquement, un seul inspecteur est détenteur

d’un Master. Par contre, la totalité est détentrice du Bac et de licence (cf. annexe 3 tableau 4 p

366). Nous tenons à préciser que suite aux récentes modifications relatives au recrutement, au

stage, à la titularisation, à la promotion et à l’avancement cités dans décret exécutif n° 08-315

du 11 octobre 2008 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps

spécifiques de l’éducation nationale, pour les IEM, ni le BAC ni la formation universitaire ne

font partie des conditions ouvrant droit à la participation au concours de recrutement [107

].

Apparemment, le processus de recrutement de la sorte n’accorde plus d’importance au

paramètre de sélectivité. Une réflexion sur la professionnalité des formateurs d'enseignant

(Altet, Paquay & Perrenoud 2002) s’avère plus que jamais impérative.

La totalité des inspecteurs interrogés a reçu une formation universitaire dans la spécialité

« licence d’enseignement d’anglais ». Tous ceux âgés de plus de quarante ans (+40 ans), soit

66,66%, représentent les cohortes de l’école dite ‘traditionnelle’. Par ailleurs, tous ceux âgés de

moins de 40 ans, sont les premières cohortes de l’enseignement fondamental, mis en place dès

1976 [108

]. Ces deux types de personnels d’encadrement ont reçu deux types d’enseignement

[

107] Décret exécutif mis en application dès la rentrée scolaire 2009-2010.

[108

] Décret N° 76-71 du 16 avril 1976 portant organisation et fonctionnement de l’école fondamentale.

Page 230: Langue de spécialité, didact

230

[109

] pour mettre en place les nouvelles réformes éducatives, fondées sur l’enseignement par les

compétences. En plus, ils ont tous suivi une formation statuaire en résidentiel ou alternée d’une

année à l’INFPE [110

] à Alger. Cette formation statuaire devrait offrir les meilleures possibilités

pour une formation commune équilibrée entre formation aux métiers d’inspecteur et formation

à une culture commune de l'encadrement.

Il est intéressant de rappeler que, contrairement à la majeure partie des enseignants

universitaires chargés de la formation initiale, qui ne bénéficient d’aucune formation à la

pratique enseignante en milieu universitaire, tous ces inspecteurs ont une image explicite du

métier du moment qu’ils ont vécu l’expérience double de la classe, à savoir en tant qu’élèves et

qu’enseignants. La plupart de ces enseignants universitaires acquièrent leur métier d’enseignant

au gré des expériences de terrain, en observant leurs pairs, en questionnant leurs collègues ou à

travers des lectures ciblées. Certainement, ces vécus peuvent ne pas dupliquer ce que vivent les

enseignants novices, sachant que les systèmes éducatifs évoluent régulièrement et les pratiques

pédagogiques aussi.

1.5. Poursuite des études supérieures et contraintes administratives

Par ailleurs, Il faut reconnaître que pour certains de ce personnel d’encadrement de

l’éducation nationale c’est la « motivation intrinsèque» pour la poursuite des études de post-

graduation qui fait défaut. Par contre pour d’autres, certainement très motivés pour ces études,

c’est la contrainte d’âge [111

] imposée par le MESRS [112

] qui les empêche d’approfondir leur

savoir. Hormis un inspecteur, qui est détenteur d’un master, les 11 autres sont détenteurs du

diplôme de licence. À notre sens, la poursuite des études même à temps partiel est

indispensable pour perfectionner, mettre à jour la pratique, chercher des informations ou des

connaissances qui permettraient de mieux traiter les problèmes que rencontrent les inspecteurs

lors de l’accompagnement des enseignants (Lafortune & Deaudelin 2001 : 183-184) et

formateurs d’enseignants (Altet, Paquay & Perrenoud 2002). Ce ne sont pas les problèmes sur

lesquels buttent quotidiennement les inspecteurs qui manquent pour qu’ils puisent dans les

travaux menés ultérieurement pour essayer d’en tirer profit. La recherche leurs permettra

d’apporter l’aide aux enseignants. Ceci dit, cette compétence d’expert et de chercheur lui

permet d’être ‘accepté’ et fait que les enseignants se placent dans une position de demande.

[

109] Ordonnance du 20.01.1971 généralisant l’application de l’arabisation. Ainsi, la langue française devient une

langue étrangère. Les deux types inspecteurs ont reçu deux types d’enseignement, le premier bilingue et le

deuxième monolingue.

[110

] Institut National de la Formation du Personnel de l’Education

[111

] L’âge limite pour participer au concours de Magister est fixé à 35 ans.

[112

] Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Page 231: Langue de spécialité, didact

231

Pour ce faire, les encadreurs devaient s’investir davantage dans la démarche de la recherche

scientifique pour assurer l’offre d’une variété des savoirs qui permettent :

« Une théorisation de la pratique, la construction d’une attitude prudente, une

problématisation des situations vécues, une analyse « après-coup », un

enrichissement des schèmes professionnels acquis antérieurement et une osmose

progressive des savoirs et des pratiques ». (Lessard, Altet, Paquay & Perrenoud

2004 : 16)

Cette exploration en profondeur des théories et des pratiques sur l’enseignement de la

langue anglaise permettra sans aucun doute aux inspecteurs, puisqu’ils sont chargés de la

formation continue des enseignants [113

], de promouvoir le développement professionnel à

travers des séminaires, des échanges de pratiques et de confrontation de lecture entre collègues,

et des travaux d’atelier. Ces différentes techniques de travail offrent aux enseignants des

moments de réflexivité. En fait, l’acquisition de cette démarche réflexive par les enseignants

dépend en premier lieu du rôle primordial que doit jouer l’inspecteur. Si la création des

conditions favorables à la réflexivité sont du ressort de l’inspecteur, le développement d’une

démarche de réflexivité est le propre des enseignants. Ceci dit, la participation des enseignants

est impérative dans une telle démarche. De cette façon, nous pouvons espérer que nos

enseignants intègrent une démarche réflexive dans leurs pratiques professionnelle. Or, on le

sait, il n’est pas de fonctionnement collectif aisé et les occasions de se sentir mal rétribué,

humilié, en conflit sont nombreuses.

La pratique réflexive, en rendant explicites des implicites, en mettant en lumière les valeurs

et les postulats sur lesquels chacun fonde son agir professionnel, permet de saisir l’origine de

certaines incompréhensions et de cerner les zones de congruence et de divergence entre acteurs.

Elle peut ainsi devenir une clé de régulation des tensions et plus largement du travail en équipe

et des relations professionnelles. Elle est en outre propice à l’émergence d’une «

communication forte », selon le concept de Zarifian (2001), qui consiste à construire et

développer un espace d’intersubjectivité et de compréhension réciproque entre individus et

collectifs, supposant un partage sur la nature du problème, la définition des actions à mener

pour sa résolution, sur le sens et les valeurs portées par l’action.

1.6. Statut professionnel des répondants

La question 4 porte sur les variables « statut professionnel » des inspecteurs d’anglais.

Parmi les 12 inspecteurs ciblés par cette enquête, 2 exercent au niveau de l’enseignement

[

113] Dans le contexte algérien, les inspecteurs sont chargés d’assurer la formation continue des enseignants

Page 232: Langue de spécialité, didact

232

secondaire. Les 10 autres opèrent au niveau de l’enseignement moyen (cf. annexe 3 tableau 5 p

367). Il est important de rappeler que les mêmes conditions étaient requises pour postuler pour

le poste d’inspecteur tout corps confondu. Les conditions de recrutement des inspecteurs ont

connu des modifications. Pour ne pas les citer toutes, nous prenons la condition de diplôme

universitaire qui autrefois était une condition pour postuler aux postes d’IEP et d’IEM, est

supprimée, uniquement l’ancienneté doit suffire (cf. Journal Officiel 59 du 12.10.2008 article

175). Auparavant, trois conditions devaient être réunies pour pouvoir postuler au poste

d’inspecteur quelque soit le cycle, à savoir un diplôme universitaire (licence et plus),

l’ancienneté (5 ans et plus), et la note pédagogique (14.50/20 minimum). Les reçus au concours

sont affectés au poste d’IEP, IEM ou IEN. Soumis aux mêmes critères de participation au

concours, les inspecteurs sont classés et rémunérés différemment. Les IENs opèrent au niveau

des lycées et sont classés à la catégorie 14 avec une bonification indiciaire de 255 points, ceux

qui opèrent au niveau des collèges (IEM) sont classés à la catégorie 13 avec une bonification

indiciaire de 145 points, et ceux qui opèrent au niveau des écoles primaires (IEP) sont classés à

la catégorie 12 avec une bonification indiciaire de 110 points.

2. Conditions de recrutement et de formation

Les IEN sont nommés, dans la limite des postes à pourvoir, par voie de concours sur

épreuves et après avoir suivi avec succès une formation spécialisée étalée sur une année

scolaire, parmi : les professeurs agrégés justifiant de trois (3) années de service effectif en cette

qualité ; les professeurs principaux de l’enseignement secondaire justifiant de dix (10) années

de service effectif en cette qualité ; à titre transitoire et pendant une période de cinq (5) années

à la date d’effet du présent décret, les professeurs de l’enseignement secondaire justifiant de

quinze (15) années de service effectif en cette qualité. Par contre les IEM sont nommés, dans la

limite des postes à pourvoir, par voie de concours sur épreuves et après avoir suivi avec succès

une formation spécialisée étalée sur une année scolaire, parmi : les professeurs principaux de

l’enseignement moyen justifiant de dix (10) années de service effectif en cette qualité ; à titre

transitoire et pendant une période de cinq (5) années à la date d’effet du présent décret, les

professeurs de l’enseignement moyen justifiant de quinze (15) années de service effectif en

cette qualité (ibidem article 174). Les IEN ne suivent aucune formation statuaire. A l’exception

des IEN, les IEM et les IEP reçus suivent une formation statuaire alternée d’une année à

l’INFPE à Alger. Cette formation se finalise par des examens pour les modules de « techniques

d’inspection, psychopédagogie, histoire nationale, langue arabe, et la soutenance d’un travail de

recherche portant sur l’aspect didactique ». Cette formation initiale apparaît d’autant plus

Page 233: Langue de spécialité, didact

233

importante et nécessaire puis que la formation continue des inspecteurs n’existe que dans les

quelques regroupements inscrits dans les programmes nationaux. Généralement, cette

formation est jugée insuffisante vu sa courte durée et le manque d’encadrement et de suivi

permanent. Indéniablement, tous les enseignants éprouvent un besoin considérable d’aide à la

compréhension des évolutions des réformes éducatives et des projets qui les accompagnent, de

conseils sur les stratégies individuelles et d’équipe pour dépasser le sentiment d’isolement

(Tardif & Lessard 1999 : 419) [114

] (Carpentier-Roy & Pharand 1992 : 18) et pour briser

l’isolement des novices (Johnson 1990). Pour ce faire, les enseignants novices ont

effectivement besoin de l’encadrement non seulement des inspecteurs mais aussi du soutien de

leurs collègues. Ainsi Angelle (2002a), Lang (1999) & Wilfong (2005) identifient la première

année d’exercice à une phase de survie, en accord avec la littérature sur les « cycles de la vie »,

et Mukamurera (2004 & 2005) parle de « choc de la pratique ». Au regard des difficultés

rencontrées lors des débuts des jeunes enseignants, Nadot (2003) considère qu’elles sont de

trois ordres distincts, à savoir didactique, relationnelle et institutionnelles. Ainsi,

l’encadrement, le soutien et la supervision des novices s’imposent afin qu’ils puissent dépasser

les difficultés d’insertion professionnelle. Traditionnellement, il était attendu de ces enseignants

débutants de « nager ou couler » (sink or swim) avec un minimum de soutien. Les inspecteurs,

bien qu’ils font face à une multitude de contraintes, parmi d’autres la charge de la formation

continue des enseignants, l’accumulation des tâches administratives, le manque de moyens

matériels, les différents concours et examens, etc., qui les empêchent d’effectuer pleinement

leur mission d’impulsion, d’animation, et de régulation, ils doivent trouver les moyens adéquats

pour fournir les soutiens surtout didactique et pédagogique. En fait, ils représentent le maillon

fort puisqu’ils assurent l’interface entre le terrain et la prise de décision.

2.1. Apports du capital professionnel

La question 5 portait sur le capital professionnel des inspecteurs. L’expérience dans le corps

de l’inspectorat varie de moins de 5 à plus de 10 ans. 5 inspecteurs ont une expérience de moins

de 5 ans, 4 ont une expérience qui s’étale entre 5 et 10 ans et uniquement 3 parmi eux ont une

expérience de plus de 10 ans (cf. annexe 3 tableau 6 p 367). L’expérience professionnelle de

[114

] Règle générale, la communication est plutôt positive, lorsqu’elle existe dans le quotidien ou lorsqu’elle

s’incarne dans des projets collectifs. Elle permet alors des échanges enrichissants et le développement de l’esprit

d’équipe. Mais cette communication se heurte à des obstacles fréquents qui la rendent alors superficielle, peu

systématique sans continuité, de sorte que beaucoup d’enseignants disent éprouver un sentiment d’isolement. Le

conseil supérieur de l’éducation. 1984 :131. Cité par M. Tardif & Claude Lessard. 1999. Le travail enseignant au

quotidien. p.419

Page 234: Langue de spécialité, didact

234

ces inspecteurs est, sans aucun doute, un atout qui pourrait avoir un effet dynamisant pour

l’accompagnement des jeunes enseignants.

2.1.1. Rôle des inspecteurs dans le cadre des réformes éducatives

Il est évident que le rôle de l’inspecteur a changé suite aux changements qu’à connus le

secteur éducatif. En outre, cet empilement des tâches (cf. infra) est induit par les articulations

avec l’extérieur telles que les compétences partagées et les partenariats multiples. Définis par

les textes officiels, les champs d’intervention des inspecteurs sont :

1. Une mission d’impulsion : ils veillent, sous l’autorité du Directeur de l’Education

(DE), à la mise en œuvre de l’application de la politique éducative arrêtée par le

ministère de l’éducation nationale (MEN) ;

2. Une mission d’inspection des personnels et de contrôle du respect des objectifs et

des programmes de formation ;

3. Une mission régulière dans l’animation pédagogique, du recrutement et de la

formation du personnel enseignant ;

4. Une mission évaluative.

Une mission évaluative : ils évaluent le travail individuel des enseignants. Ils dressent

aussi des constats évaluatifs de l’enseignement et des politiques éducatives. Il faut entendre par

évaluation la définition retenus par De Ketele & Roegiers (1993 : 77) : évaluer signifie

confronter un ensemble d’informations à un ensemble de critères, en vue de prendre une

décision. Dans le cas de l’inspection, il s’agit à la fois d’établir une note pédagogique en fin de

rapport qui sera soumise pour validation à l’inspecteur d’académie avant d’être communiquée à

l’enseignant, mais aussi de repérer les éléments susceptibles d’être améliorés ou modifiés dans

la pratique de l’enseignant et de souligner les points positifs à encourager. Il convient de

distinguer, dans ce cas, l’évaluation individuelle de l’évaluation du système éducatif. Dans le

premier cas, l’inspecteur en est l’acteur principal, alors que dans le second, il n’est qu’un

élément.

Rappelons le, les enseignants sont soumis à une notation [115

] pédagogique réalisée par le

corps inspectoral tous les 2 ou 3 ans, et à une note administrative annuelle proposée par le chef

d’établissement. Cette note d’évaluation du travail de l’enseignant en classe est encadrée par

[

115] La note est mise en grille en fonction de l’ancienneté, normée et pondérée. Elle détermine les barèmes pour

les avancements et les mutations.

Page 235: Langue de spécialité, didact

235

une grille type. Ils se voient attribuer une note qui varie entre 0 et 20, accompagnée d’une

appréciation.

Pour rendre plus efficace le travail de l’inspecteur, il convient, tout d'abord, de hiérarchiser

les missions selon des priorités reconnues correspondant aux besoins du système éducatif et

aux spécificités de son métier. Cela suppose d'affirmer la priorité qui doit être donnée à l'action

pédagogique et, plus particulièrement, aux missions d'inspection et d'évaluation. Il est

nécessaire, notamment, de diversifier les méthodes d'évaluation, de mieux utiliser les données

qui en sont tirées, de mieux organiser et coordonner l'animation et l'accompagnement des

équipes et, pour cela, de rééquilibrer la charge de travail des inspecteurs.

2.1.2. Encadrement et nouvelles missions

La question 6 portait sur le nombre d’enseignants à charge pour chaque inspecteur. À la

lecture des données du tableau 7 (cf. annexe 3 p 367), nous remarquons qu’ils supervisent plus

de 100 enseignants. Deux d’entre eux supervisent entre 100 et 150 enseignants. Huit

supervisent entre 150 et 200 enseignants et deux supervisent plus de 200 enseignants. Depuis

que l’école est devenue un espace d’autonomie pour la réalisation des projets définis dans les

programmes et les objectifs nationaux, la mission du corps inspectoral a dépassé la notion de

contrôle et de conformité aux programmes officiels et d’évoluer vers l’évaluation de l’action

éducative au sens large.

Il n’est pas sans intérêt de signaler que la responsabilité de l’inspecteur dans le contexte

algérien ne se limite pas uniquement à la supervision des enseignants en classe de cours, mais il

lui incombe d’assurer d’autres tâches : l’accompagnement des enseignants, la formation

continue [116

], l’élaboration des sujets d’examens (Brevet et Bac), la participation aux jurys de

recrutement dans le cadre de sa discipline, la supervision de la correction des examens et des

concours, et l’évaluation annuelle des résultats. Envers les enseignants novices, le rôle de

l’inspecteur est double : d’une part, il doit leur apporter un soutien lors de l’introduction à la

profession, et d’autre part, il doit porter un regard objectif sur leurs pratiques enseignantes.

Cependant le nombre excessif de tâches qui lui sont rattachées ne lui permettent guère de jouer

le rôle d’encadrement optimal. A notre sens, pour l’inspection, l’observation in situ, reste une

nécessité incontournable. Toutefois, le suivi de la mise en œuvre des politiques pédagogiques,

l’appréciation de l’impact des pratiques de travail en équipe des enseignants sur la qualité des

acquisitions des apprenants peuvent être améliorées par le développement de nouvelles

pratiques d'inspection.

[

116] Dans le contexte algérien, la formation continue des enseignants est rattachée aux inspecteurs.

Page 236: Langue de spécialité, didact

236

En outre, le manque de moyens logistiques vient s’ajouter aux services qui sont souvent

sous équipés et sous dotés en moyens humains insuffisamment formés et rémunérés. Le

manque de moyens de déplacement dans des zones éparses, de communication (NTIC), de

primes accessoires de compensation, etc. influent très négativement sur sa mission primordiale

envers ces enseignants.

3. Réflexion des inspecteurs sur la performance des enseignants

3.1. Enseignants novices et contraintes d’insertion

La question 7 portait sur l’évaluation des performances des enseignants novices. Les

opinions sont partagées sur la question de la performance des enseignants novices. Mais, sans

aucun doute, il est frappant de remarquer que la majeure partie des répondants, soit 58,33%,

stipulent que les enseignants débutants souffrent d’une série de lacunes. Trois inspecteurs, soit

25%, évaluent cette performance comme étant acceptable, et le reste (1), soit 08,33%, juge

qu’elle est très faible (cf. annexe 3 tableau 8 p 368). Une période de transition qui mérite une

prise en charge de tous les partenaires éducatifs ; corps administratif, inspectoral, et équipe

collégiale. Il s’agit d’une étape charnière qui articule formation initiale au développement

professionnel en début de carrière et à l’intériorisation de la culture du milieu de travail

(Zeichner & Gore 1990). Il s’agit donc d’une transition d’un statut d’étudiant à un statut

professionnel d’enseignant (Baillauquès 1990). Dans le contexte anglo-saxon, l’accent est

plutôt mis sur ‘Teacher’s Induction’ (Angelle 2002b, NCTAF 1996 [117

] & Serpell 2000 cités

par Akkari & Broyon 2007 : 1443). Ce terme désigne un processus formel d’aide à l’insertion

et au développement professionnel d’enseignants novices en visant leur socialisation dans la

culture de l’établissement, l’amélioration de leurs compétences professionnelles, la prise en

compte de leurs principales préoccupations et, éventuellement, l’encadrement de leur

développement professionnel.

Indubitablement, les savoirs professionnels se construisent tout au long de la vie par un

processus, une interaction et une confrontation entre situations de travail et ressources

cognitives. Pour certains chercheurs (Saussez & Paquay 1994), l’enseignant démarre dans le

métier avec les concepts du sens commun, des concepts empruntés à des « théories populaires

comme la psychologie populaire, la pédagogie populaire, l’épistémologie populaire ». Ces

concepts interagissent avec les concepts scientifiques, « les théories scientifiques transmises

par la formation professionnelle ». L’ensemble de ces concepts, appelé « amalgame »,

constitue la connaissance professionnelle des enseignants.

[

117] National Commission on Teaching and America’s Future

Page 237: Langue de spécialité, didact

237

3.2. Accompagnement des enseignants novices

Les enseignants novices, normalement embauchés pour leurs connaissances dans une

discipline spécifique, restent en période d’observation avant d’être confirmés au poste

d’enseignant d’anglais au collège ou au lycée. Pendant cette période, ces enseignants sont

accompagnés par les inspecteurs pour les aider à intégrer la nouvelle profession. Généralement,

ils assistent à des séminaires, des journées pédagogiques et des demi-journées consacrées aux

travaux d’atelier. Le choix des thèmes à entreprendre s’appuie sur un diagnostic établi en

amont par l’inspecteur lors des visites sur le terrain. En outre, au sein de l’équipe collégiale, les

enseignants novices assistent, dans le cadre des séances de coordination [118

] hebdomadaires, à

des cours modèles présentés par des enseignants chevronnés [119

]. Ce type d’organisation

interne cible la promotion de la « culture de collaboration » (Osborn & Broadfoot 1992 : 11).

Lors de ces rencontrent les enseignants novices devraient non seulement focaliser sur la

planification des différentes tâches mais aussi l’action de l’enseignant en classe. Dans ce

dispositif d’accompagnement de ces enseignants novices, il est courant d’insister sur

l’importance de la planification pour l’activité de l’enseignant en classe : les enseignants

efficaces seraient ceux qui planifient soigneusement leur travail et celui de leurs élèves (Clark

1988, Lalik & Niles 1990, Putnam & Johns 1987 cités par Dessus 20002). Cette planification,

comme la d’écrit Durand en disant : « Les pensées pré-actives constituent l’un des meilleurs

prédicteurs de ce qui se passe en classe » (1996 : 167), tout en insistant sur le fait que la

planification pour des scenarii de classe sert de préparation pour l’action, et que les décalages et

les ajustements, sont tout à fait possibles, Altet (1994) ou Chautard & Huber (1999a & 1999b).

Il est important de préciser aux enseignants l’intérêt de la planification au niveau des

aspects structurels et matériels de la leçon et non dans ceux comportementaux de l’enseignant

en classe (Berliner 1990).

[

118] La séance de coordination hebdomadaire est inclus dans l’horaire imparti à chaque enseignant. Durant ces

séances, les membres du team soit ils assistent à un cours modèle présenté par un des enseignants ou ils discutent

un problème pédagogique/ didactique. Ces séances de travail sont dirigés par le coordinateur et immédiatement

enregistrées sur le registre de coordination.

[119

] Les recherches sur les différences entre enseignants novices et enseignants aguerris démontrent que ces

derniers sont principalement attentifs aux capacités intellectuelles que leurs élèves développent, tandis que les

enseignants novices se soucient d’abord de la gestion de la classe et se préoccupent ensuite de leur propre

connaissance de la matière à enseigner (Clark, Peterson, 1986).

Page 238: Langue de spécialité, didact

238

Il incombe aux inspecteurs de développer la formation réflexive parmi les nouveaux

enseignants. Un travail qui consiste à considérer que c’est dans la nature même du travail sur

les connaissances, travail spécifique à l’enseignement, que réside l’obligation de réflexivité.

Nous empruntons à Tardif & Lessard ce qui suit :

« Le travail de l’enseignant ne se limite pas à utiliser des connaissances : il est

toujours un travail sur des connaissances, ce qu’on appelle un travail réflexif où

les connaissances sont réinvesties comme des ressources rendant possible la

production et la reproduction de ces mêmes connaissances. Autrement dit, dans le

travail réflexif, les connaissances du travailleur ne sont pas seulement des outils

utilisés dans le travail, elles sont aussi constitutives du travail lui même, ainsi que

de l’identité du travailleur. […] L’expérience du travail n’est donc pas qu’un lieu

où l’enseignement applique des connaissances, elle est elle-même connaissance du

travail sur des connaissances, bref, réflexivité, reprise, reproduction, réitération de

ce que l’on sait dans ce que l’on sait faire, afin de produire sa propre pratique

professionnelle ». (1999 : 373)

La citation ci-dessus reflète l’idée des stratégies à adapter en matière

d’enseignement/apprentissage aussi bien de la part de l’enseignant que de celui de l’apprenant.

Cela nous fait penser à la réflexion de Tardif (1992) lorsqu’il évoque le problème de

construction et le transfert de connaissances et d’habiletés et leur adaptation à la classe.

En évoquant, en termes d’enseignement stratégique, le rôle de l’enseignant dans une telle

perspective, il décrit l’enseignant comme un penseur, un preneur de décisions, un motivateur,

un modèle, un médiateur et un entraineur. Par conséquent, il se reconnaitra facilement dans

plusieurs de ces rôles.

Eu égard aux caractéristiques de la psychologie cognitive, certains de ces rôles impliquent

une nouvelle relation enseignant/apprenant.

Comme penseur par exemple, il faut qu’il soit « expert » en contenu : il tient compte non

seulement des connaissances antérieures de l’apprenant, de ses perceptions et de ses besoins,

mais aussi des objectifs d’un programme ou d’un curriculum, des exigences des tâches

proposées et de l’utilisation effective de stratégies d’apprentissage appropriées.

Il se peut même que l’enseignant écarte en partie le matériel publié ou qu’il en modifie les

séquences de présentation. Il peut avoir de la distanciation en cherchant à se préoccuper aussi

des stratégies métacognitives, cognitives et socio-affectives.

3.3. Observations des pratiques enseignantes : facteur essentiel de

développement des compétences professionnelles

Page 239: Langue de spécialité, didact

239

Les évaluations avancées (cf. annexe 3 tableau 8 p 368) par les inspecteurs sur la

performance des enseignants novices devaient être perçues comme un vecteur de

développement des compétences professionnelles de ces derniers. Orienter la formation

continue vers des compétences, c’est donc élargir le champ de travail et donner aux pratiques

réelles davantage de place qu’aux modèles prescriptifs de Tyler qui préconise de commencer la

planification par l’énoncé des objectifs, puis de continuer en sélectionnant les activités

d’apprentissage, puis en organisant ces activités d’apprentissage et enfin de terminer en

spécifiant des procédures d’évaluation et aux outils. Partir du principe que les compétences

acquises par les nouveaux enseignants en formation initiale sont définitives serait un « mythe ».

Selon Perrenoud (cité par Paquay 1994), l’enseignant ne peut réussir son action pédagogique en

appliquant seulement des théories et des règles apprises en formation : l’enseignant fonctionne

comme un bricoleur ou un artisan qui rassemble des matériaux disponibles pour construire son

enseignement. Le savoir de l’enseignant-professionnel se construit en prenant appui sur

l’expérience. Pour Donnay & Charlier, le développement professionnel est défini comme « un

processus d’apprentissage dynamique et continu qui implique la personne et aboutit au

développement de compétences professionnelles et à la transformation de l’identité

professionnelle du professionnel » (2006). Ce développement professionnel est pour eux « au

cœur de l’exercice du métier d’enseignant » (Donnay & Charlier 2006). Il est du devoir des

formateurs. D’autres travaux ont aussi été menés par Dewey (1938), Kolb (1984), Piaget 1974

& Lewin (1951) et qui ont progressivement légitimé l’expérience des praticiens en lui

accordent une grande place dans le processus d’apprentissage. Ils affirment que « l’expérience

permet, suscite et nourrit l’apprentissage ».

Le professionnalisme questionne directement la formation des enseignants puisqu’il les

place dans une perspective de développement continu de leurs compétences tout au long de leur

carrière. Ceci nous renvoie au rôle qui incombe aux inspecteurs pour mettre en place un

dispositif de formation pour former des enseignants professionnels. Ceci dit que l’élaboration

d’un programme de formation pendant la pratique de l’enseignement a encore plus de chances

de donner de bons résultats, compte tenu que la motivation des participants s’est intensifiée en

raison de leur expérience sur le terrain et de leurs lacunes importantes en pédagogie.

3.4. Les lacunes perçues comme apports positifs

Comme prolongement à la question précédente, la question 8 portait sur les faiblesses

repérées par les inspecteurs. Nous avons essayé de grouper les lacunes repérées chez les

enseignants novices sur le terrain pendant une année scolaire en deux catégories ; à savoir

Page 240: Langue de spécialité, didact

240

pédagogiques et didactiques (cf. annexe 3 p 368). Le choix des réponses est soumis au critère

de récurrence.

1. Problèmes d’ordre pédagogique:

1. Les problèmes de discipline et de la gestion de la classe

2. Le Manque de motivation et le maintien de la durabilité

3. Le manque de l’atmosphère appropriée pour enseignement / apprentissage

4. l'enseignement inefficace

5. Manque de confiance en soi

2. Problèmes d’ordre didactique:

1. Matériel d'enseignement non-adaptée

2. L'enseignant égocentrisme au lieu de la concentration sur l’apprenant

3. Enseigner au dessus des têtes des apprenants

4. Adoption plutôt que l’adaptation du Curriculum

Toutes les lacunes énumérées ci-dessus indiquent que les débutants rencontrent des

difficultés quant à la gestion de classe : difficulté à établir et à maintenir la discipline, à motiver

les élèves, à instaurer un bon climat d’apprentissage, à enseigner de façon efficace, etc. Le

manque d’expérience, inhérent à la condition d’enseignant en début de carrière, peut expliquer

les diverses difficultés rencontrées par les débutants. Ainsi, les écrits scientifiques sont

nombreux (Bédard 2000, Desgagnés 1995, Knowles & Hoefler 1989, Pape & Dickens 1990,

Schwab 1989 & Veenman 1984 cités par Marineau & Presseau 2007) à traiter des difficultés

vécues par les novices et semblent établir un certain consensus à ce sujet.

3.5. Certaines embuches sur l’insertion des enseignants novices

L’enseignant novice doit faire face à de nombreux défis lorsqu’il entre dans la nouvelle

profession. Notamment, il doit acquérir de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences pour

qu’il devienne un enseignant « efficace ». Il doit aussi consolider les acquis de la formation

initiale. En d’autres termes, il doit renforcer, solidifier, stabiliser et réutiliser le pré requis.

Donc, les enseignants débutants, comme l’affirment Norman & Feiman-Nemser (2005), ont

beaucoup à apprendre lors de l’entrée dans la profession et que certains aspects ne peuvent

s’apprendre que par la pratique de l’enseignement. Quelle que soit la qualité de la formation

initiale, elle ne peut couvrir toutes les facettes de la tâche d’enseignement. De ce fait,

l’apprentissage de l’enseignement se poursuit alors lors de l’insertion professionnelle. Entre

autres, (Baillauquès & Breuse 1993, Bullough 1989, Costigan 2004 & Valli 1992 cités par

Vallerand & Martineau 2006), soulignent que la difficulté pour les enseignants débutants de

transférer les connaissances acquises lors de la formation initiale dans la pratique de

Page 241: Langue de spécialité, didact

241

l’enseignement. Plusieurs enseignants débutants jugent alors que leur formation a été trop

théorique et pas assez pratique et concrète (Angelle 2002, Flores & Day 2005 & Gervais 1999

cités par Vallerand & Martineau 2006). Comme l’indique Gervais au sujet de l’enseignant

débutant :

« Il a la désagréable impression qu’on ne lui a pas enseigné l’essentiel, qu’il doit

tout apprendre par lui-même, alors qu’il a reçu une longue formation et qu’il a des

collègues expérimentés tout autour de lui. Il lui faudra bâtir les rapports entre la

théorie et sa propre pratique ». (1999 :14)

Il est certain que l’articulation entre la théorie et la pratique s’inscrit dans le temps. Ne

tenant pas pour acquis que tout va de soi et qu’il suffit que l’enseignant acquière les différents

savoirs pour que la gestion de la classe suive automatiquement. La gestion de la classe est l’une

des principales difficultés pour tous les enseignants novices. Cependant, avec le temps, ils

développent une certaine assurance devant les imprévus, notamment en raison de leur capacité

d’improviser (Tardif & Lessard 2005 : 251).

4. Formation initiale : excessive focalisation sur les aspects théoriques

Tous les inspecteurs s’accordent à dire que les lacunes sont dues à la focalisation excessive

de la formation initiale sur les savoirs et sur la théorie au détriment de la pratique enseignante.

« Manque de formation », « Concentration sur les savoirs au détriment des savoir-faire » telles

sont les réponses avancées par les inspecteurs ciblés par cette enquête. En fait, les enseignants

novices, lors de leur formation initiale, étaient émergés, submergés dans une pédagogie fondée

sur le cours magistral, et ce, pour l’enseignement des savoirs. Ils ont vécu cet enseignement de

façon répétitive pendant quatre ans, et ils n’y ont trouvé du sens que dans la réussite future au

diplôme. Pour ce faire, il leur suffisait d’appliquer les savoirs, souvent appris par cœur la veille

de l’examen. Par contre, lors de leur intégration dans le métier, ces enseignants vivaient des

situations de classe plus complexes. Pour résoudre des situations telles que « La discipline et

les problèmes de gestion de classe », «le manque de motivation et le maintien de la viabilité »,

et «le manque de l’atmosphère appropriée de l’enseignement/apprentissage», d’ordre

fonctionnel, la théorie à elle seule ne suffisait pas. Les enseignants ressentent bien là les écueils

d’ordre pédagogiques et didactiques. Pour ces situations problèmes vécues en classe, la

formation initiale semble ne pas apporter beaucoup de ressources.

En parcourant les réponses des inspecteurs à cette question en prolongement aux faiblesses

détectées lors de l’accompagnement des enseignants novices, il s’avère que la formation initiale

est inadaptée aux exigences du métier, déconnectée des réalités du terrain et en inadéquation

Page 242: Langue de spécialité, didact

242

avec l’évolution des connaissances, formation continue insuffisante et ne répond pas aux

attentes réelles. L’écart entre la formation et la pratique contribue à perpétuer la croyance selon

laquelle on n’apprend vraiment à enseigner qu’avec ses propres élèves, loin des principes

théoriques de l’université en apparence difficilement applicables aux réalités d’une salle de

classe (Kane 1991, Le Maistre 2000, McPherson 2000, Ryan 1970, Smith & Shapson 1999,

Snow 1988 & Tom 1997 cités par Russel & McPherson 2001: 3). Frustrés de devoir vivre et

enseigner en mode survie pendant les premiers mois de leur vie professionnelle, les débutants

peuvent rapidement en venir à qualifier leurs cours universitaires de «non pertinents,

superficiels, voire inutiles» (Olson & Osborne 1991 : 341).

La formation initiale des enseignants a fait l’objet de nombreuses et récurrentes critiques au

cours de ces dernières années. Généralement, ces critiques signalent le manque de lien entre la

formation théorie et la formation pratique (Desgagnés 1995). En outre, elles indiquent que les

praticiens et chercheurs en éducation s’interrogent sur l’organisation de la formation, ses

moyens de mise en œuvre, ses finalités et ses impacts dans l’exercice du métier (Carbonneau

1993, Perrenoud 1993, 1994a & 1994b, Paquay 1994, Paquay, Altet & Perrenoud 1996 &

Martin 1997 cités par Riopel 2006 :3). En fait, l’impact de la formation sur l’insertion

professionnelle et la formation continue de poser des problèmes de taille.

5. Formation initiale : lacunes d’ordre disciplinaires et/ou transversales

La question suivante portait sur les lacunes identifiées par les inspecteurs. Selon les

réponses collectées (cf. annexe 3 tableau 9 p 368), les enseignants novices accumulent des

faiblesses d’ordre disciplinaires et transversales. Deux inspecteurs parmi les douze disent qu’ils

ont relevés des lacunes relatives à la compétence linguistique (grammaire, phonologie,

orthographe….). Deux autres indiquent que les lacunes relèvent des deux types de

compétences ; à savoir disciplinaire et transversales. Par contre la majeure partie rapporte avoir

constaté que les lacunes sont d’ordre transversal.

La formation initiale enregistre des déficits au niveau des compétences disciplinaires et

transversales. C’est ce que la plupart des inspecteurs interrogés rapportent. La première source

d’information sur l’état des enseignements réside dans les rapports d’inspection établis par ces

inspecteurs, seuls acteurs du système éducatif qui entrent dans toutes les classes, observent les

enseignants in situ, les moyens utilisés et l’apprentissage des élèves. Certainement, une

formation adéquate des enseignants ne repose pas simplement sur la maitrise des savoirs

disciplinaires à enseigner. Elle requiert l’acquisition de compétences spécifiques à cet

Page 243: Langue de spécialité, didact

243

enseignement. Plusieurs pays de l’OCDE [120

], ainsi qu’au Québec, déterminent la formation à

l’enseignement en termes de compétences professionnelles. Sur les douze compétences

retenues par le MEQ (2002), uniquement quatre d’entre elles portent sur les contenus. Le reste

des compétences convergent dans le sens de la construction de la compétence professionnelle,

qui exige que les enseignants ne soient pas de simples exécutants (Tardif & Lessard 1999),

mais des acteurs actifs engagés dans une démarche individuelle et collective d’analyse et de

développement de leurs compétences. Ils doivent ainsi passer « de la consommation de

formations prédéterminées par des experts à un engagement actif » (CSE 2004 :56).

6. Suggestions et attentes des inspecteurs

6.1. La concentration de la formation initiale

La question suivante portait sur les domaines que les inspecteurs considèrent comme étant

importants pour une formation appropriée. En explorant les propositions, classées selon leur

degré de récurrence, des inspecteurs de l’éducation nationale, nous relevons ce qui suit :

1. « Les cursus de formation doivent être revus pour une compatibilité avec les

compétences visées par l’approche ».

2. « Les profils d’entrée et de sortie devraient être bien identifiés ».

3. « Le « microteaching » devrait être mis en œuvre comme processus de formation ».

4. « Les TICs devraient être intégrés dans le processus d’enseignement/apprentissage ».

De l’avis de presque tous les inspecteurs, il est question de rompre avec les ‘syllabus’ qui ne

précisent pas, si peu ou mal les attentes de la formation initiale, qui laissent les enseignants

novices dans le flou quant à leur mission. Les programmes actuels de formation des

enseignants d’anglais devraient impérativement faire l’objet d’une révision pour répondre à la

demande de la société. Les nouveaux programmes devraient mettre en adéquation les

compétences des futurs enseignants et les besoins de la nouvelle génération d’apprenants.

Fondés sur les contenus, les programmes actuels n’ont aucun référentiel de compétences et

aucune formation n’est accordée aux compétences. Auparavant, le schéma suivait l’itinéraire –

formation-métier-société, par contre de nos jours, il doit prendre le courant inverse, c’est-à dire,

identifier les besoins sociétaux, dresser un référentiel des compétences pour finalement adapter

la formation.

6.2. Propositions pour la formation

[

120] OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique est un forum unique de son genre ou

les gouvernements de 30 démocraties œuvrent ensemble pour relever les défis économiques, sociaux et

environnementaux, que pose la mondialisation.

Page 244: Langue de spécialité, didact

244

6.2.1. Microteaching

À notre avis, la mise en œuvre du « Microteaching training process » (Allen & Ryan 1969),

s’il est correctement mis en œuvre, peut aider les enseignants stagiaires durant la formation

initiale à faire des simulations. Les avantages de cette approche sont a) enseigner dans des

situations « réelles », b) créer des contextes simplifiés (time, content, taille), c) focaliser sur des

tâches spécifiques, d) augmenter le contrôle de la pratique de l’enseignant, et permettre un

‘feedback’ pour les enseignants. L’objectif derrière la mise en œuvre de cette approche est de

rendre ces enseignants capables d’enseigner dans des situations complexes et réelles, comme

cela a été défini par Brophy & Evertson :

« Effective teaching is not simply a matter of implementing a small number of basic

teaching skills. Instead, effective teaching requires the ability to a large number of

diagnostic, instrumental, managerial and therapeutic skills, tailoring behavior in

specific contexts and situations to the specific needs of the moment ». (1977: 139)

Ces habiletés dites diagnostiques, instrumentales, managériales et thérapeutiques ne peuvent

s’acquérir sans une pratique in situ. En fait, elles prennent formes dans des situations qui

nécessitent la mobilisation des savoirs, des savoir-faire et des attitudes propres à chacune.

6.2.2. Nouvelles technologies

Sans pour autant oublier que l’intégration des NTIC (Nouvelles technologies

d’information et de communication) en formation s’avère impérativement nécessaire. Ces

outils présentent au moins trois avantages. Tout d’abord, les enseignants stagiaires sont aux

prises avec un processus de construction de leur identité professionnelle. Parmi eux, un certain

nombre se trouvent dans une situation de découverte totale ou partielle de ce qu’est le métier

d’enseignant en termes concrets. Les faire travailler avec un tel outil informatique les engage à

se poser des questions sur le savoir didactique, mais aussi sur les autres gestes qui composent

leur agir professionnel. Ensuite, ce type d’outil constitue une option pour entrer dans le métier

dans de bonnes conditions, en offrant aux futurs stagiaires la possibilité d’être confronté

directement aux réalités et exigences du terrain, sans pour autant les « subir ». La vidéo propose

en effet une situation réelle permettant au stagiaire de s’identifier au professeur, au même titre

que s’il avait assisté à la scène in situ. À ce titre, le dispositif constitue un moyen terme entre la

théorie et la pratique, d’où l’idée de pratique intermédiaire, car bien qu’il n’ait pas à agir de

façon concrète, le stagiaire est cependant convié à mener une réflexion active sur ses propres

pratiques, ce qui l’aidera à se réaliser professionnellement par la suite.

6.2.3. Confiance et efficacité

Page 245: Langue de spécialité, didact

245

En ce sens, Bandura (1997 & 2003) dit que « les individus doivent évaluer leurs aptitudes

en fonction des réalisations des autres ». Il s’agit là de favoriser un recul épistémologique qui

sera nécessaire pour la conduite de pratiques de classe, une fois en activité. S’agit-il d’une

construction de la confiance en soi ou de l’auto-efficacité chez nos enseignants? Ceci nous

renvoie à la distinction faite par Bandura (1986) des deux concepts « confiance »

« confidence » et « auto-efficacité » « self-efficacy » [121

]. Contrairement à la « confiance », qui

est un terme non spécifique se référant à la force de conviction, mais ne précisant pas

nécessairement ce que la certitude est d’environ, « l’auto-efficacité » comprend à la fois

l’affirmation d’un niveau de capacité et la force de cette croyance. Nous pensons que l’objectif

des inspecteurs devrait cibler la construction de cette auto-efficacité qui, selon Bandura

« permettra aux enseignants de faire appel à des capacités symboliques pour comprendre leur

environnement par les mesures judicieuses, de résoudre cognitivement leurs problèmes, de

développer des pensées de réflexion, et de communiquer efficacement avec les autres » (1986).

6.3. Plan prévisionnel de remédiation

a. Comme étant superviseur, quelles sont les lacunes sur lesquelles vous préféreriez

focaliser en premier lieu ?

En prolongement à la question précédente, la question ci-dessus portait sur les faiblesses que

les inspecteurs préfèrent traiter en premier lieu vu leur importance pour un accompagnement

efficace. Nous avons fait le choix des réponses ci-dessous selon leur récurrence, la modalité et

de la représentativité du groupe de répondants.

Les inspecteurs expriment leur résolution d’accompagner et d’encadrer ses enseignants. Ils

disent avoir déjà identifié les lacunes et ébauché une esquisse pour des actions futures en

ciblant les points suivants :

5. « Focaliser sur la formation des enseignants novices »

6. « Impliquer les enseignants dans des situations classe »

7. « Permettre à ces enseignants d’avoir une image explicite sur la pratique de la

classe »

8. « Équiper ces enseignants de compétences de haut niveau leur permettant de

résoudre des problèmes complexes in situ »

[

121] Bandura. A. 1986 “Self efficacy is the belief in one’s capacities to organize and execute the source of actions

required to manage prospective situations”. Il est le fondateur des théories du modèle d’apprentissage social qui

acceptent les théories béhavioristes de l’apprentissage, mais prennent en considération les phénomènes

dynamiques tels que les attentes, les croyances, les attitudes et la motivation. Une théorie située entre le

béhaviorisme et le cognitivisme, estimant que l’apprentissage est une auto-efficacité, par la perception qu’a un

individu de ses capacités à exécuter une activité. La perception de sa compétence (self-efficacy) est la notion clé

dans la théorie de Bandura : le pattern comportemental est déterminé par la perception qu’une personne entretient

sur ses capacités.

Page 246: Langue de spécialité, didact

246

9. « Cibler la pratique réflexive »

10. «Renforcer le travail collaboratif des communautés d’apprentissage »

Il est évident que les inspecteurs devraient cibler les lacunes didactiques, pédagogiques et

professionnelles qui permettent aux enseignants novices d’intégrer commodément le nouveau

métier et de s’épanouir.

6.4. Écart entre formation initiale et exigences du terrain

Tous les inspecteurs interrogés s’accordent à dire que la formation initiale telle qu’elle est

conçue actuellement ne répond guère aux intentions de l’institution. Ils recommandent une

révision, une refonte ou une réadaptation des programmes du point de vue forme et contenu

pour les rendre compatibles avec les compétences professionnelles et les défis sociaux actuels.

Former des enseignants « compétents », capables de mobiliser leurs ressources disciplinaires,

transversales, leurs habilités et savoir-faire, capacités opérationnelles et cognitives, ainsi que

leurs savoirs relationnels et capables de s’adapter aux différentes situations quotidiennes,

requiert la mise en place d’un dispositif de formation qui permet aux futurs enseignants

d’expérimenter ces différentes compétences pour pouvoir les construire. Une formation

‘boiteuse’, tel est le terme usité par les inspecteurs, telle que celle que nos enseignants

reçoivent au niveau des universités, ne les prépare pas à mettre en place un enseignement de

l’entrée par les compétences. Dans l’urgence et en l’absence d’une vision plurielle des façons

d’organisation des pratiques en classe, les enseignants se retournent vers leurs vécus d’élèves.

La formation initiale ne devait pas se limiter à doter les futurs enseignants d’une panoplie

de modèles didactiques prêts l’emploi. Certainement, la formation initiale doit débuter par les

aspects conceptuels et méthodologiques, mais ils ne suffisent pas à eux seuls.

En outre, il faut rappeler que les universités algériennes ne font presque jamais appel aux

inspecteurs. En fait, ces derniers peuvent jouer un rôle efficace dans la formation initiale

puisqu’ils accompagnent ces enseignants au quotidien et pratiquent un regard critique sur les

performances des enseignants. Ainsi, leurs critiques sur les observations des enseignants

peuvent être exploitées pour modifier, améliorer et réajuster cette formation. Malheureusement,

la position de représentant de l’employeur et de l’employé de l’organe de formation n’est

jamais facile à assumer. En tout état de cause, les relais pédagogiques entre inspecteurs et

l’organisation de la formation des enseignants ne sont pas évidents.

Conclusion

Page 247: Langue de spécialité, didact

247

En guise de conclusion, il faut rappeler que l’offre de formation au profit des enseignants

devrait s’appuyer sur un cadre de référence qui précise les postulats, les principes et les

méthodes de travail à adopter. Un rapprochement entre les enseignants universitaires,

représentant l’organisme offreur de la formation, et les inspecteurs, représentant l’organisme

employeur, pourrait contribuer à esquisser un plan stratégique répondant aux besoins des

enseignants. Les activités de formation doivent tenir compte de la recherche sur l’apprentissage

et le développement professionnel des enseignants. Donc, il convient, entre autres, de renoncer

au model transmissif des savoirs pour leur inculquer des modèles de construction qui

privilégient l’apprentissage collaboratif et expérientiel. Le « savoir enseigner », pour ainsi dire,

résulte d’une co-construction entre les savoirs issus de la formation initiale et les savoir-faire

issus de la pratique. Un enseignant professionnel se forge à travers son expérience pratique et

une pratique réflexive guidée.

L’un des principes essentiels du modèle réflexif de la formation des enseignants consiste à

miser sur le développement professionnel autonome. Ainsi, il s’agit plutôt d’encourager les

enseignants-stagiaires à trouver leur propre voie que leur dire ce qu’ils doivent faire. Ceci

reflète l’idéal de Schön (1983) du « praticien réflexif » autonome, en développement constant.

Cette démarche est liée aux principes de la recherche-action et de l’enseignement explorateur

(Allwright 1993).

Il y a diverses raisons qui expliquent la vogue du modèle réflexif au cours de ces dernières

années. Dans la profession de l’enseignement des langues, on s’est définitivement écarté de la

quête de la meilleure méthode. Lors d’une conférence de professeurs d’anglais (IATEFL à

Edinburg 1999), Mike Wallace a parlé dans son discours introductif de « la mort de la méthode

». Il a attiré l’attention sur la conviction croissante que le succès de toute méthode dépend de

facteurs tels que le contexte culturel des étudiants, la personnalité de l’enseignant ou les

rapports de confiance entre étudiants et enseignant. Il semblerait donc qu’un bon enseignement

consiste à trouver la meilleure méthode possible pour un groupe donné d’étudiants dans une

école donnée, dans le contexte d’une culture donnée. Ceci s’accorde parfaitement avec la

notion de développement professionnel autonome évoquée ci-dessus.

L’essence de la pratique réflexive consiste à apprécier notre propre expérience en tant

qu’enseignants et à en tirer des enseignements, mais aussi à apprécier l’expérience de collègues

et en tirer également des enseignements. La force sous-jacente à cette pratique se traduit par des

attitudes telles que l’ouverture de cœur, l’ouverture de l’esprit et la responsabilité (Dewey

1938). Ce sont ces qualités qui fournissent la véritable motivation amenant les enseignants à ne

Page 248: Langue de spécialité, didact

248

cesser de se poser des questions sur leur pratique en vue de mieux la comprendre et en fin de

compte d’améliorer la qualité de l’apprentissage dans leurs classes.

Chapitre V

Les résultats pour les enseignants novices

1. Description des répondants au questionnaire 4 : les enseignants novices

Au terme de la formation initiale, les enseignants novices sont recrutés en tant que PES ou

PCEF. Ils restent en observation pour une durée de 9 mois ou plus pour être confirmés dans

leurs postes. Il leur est attribué la responsabilité des classes pour un volume horaire

hebdomadaire de 18 heures pour un PES et de 22 heures pour un PCEF. Pendant cette période

dite de stagiairisation [122

], ils reçoivent, en principe, l’aide, le soutien et le compagnonnage des

collègues enseignants de l’établissement. Pour ce qui est du rôle des inspecteurs, ils leurs est

confié la programmation et l’animation d’un certain nombre de séminaires, et de journées de

formation au profit de ces enseignants novices. Le choix des thèmes pour ces journées s’appui

sur les lacunes relevées sur le terrain. Ces rencontres sont axées beaucoup plus sur les champs

didactiques, pédagogiques et professionnels que disciplinaires. Ce dispositif d’encadrement

permettrait aux enseignants novices de construire des compétences didactiques (Jonnaert &

Vander Borght 1999 : 51), pédagogiques et professionnelles (MEQ 1995a & b & Nault 1993)

en prenant appui sur des pratiques enseignantes et les conditions spécifiques dans lesquelles

elles sont exercées ; échanges avec les membres de l’équipe collégiale, séquences

d’observation et une réflexion sur leurs propres enseignements (Schön 1983) pour mieux les

anticipés et adaptés. Cette articulation entre les deux temps de la formation, initiale et continue,

permettrait la construction des compétences qui conjuguent les savoirs acquis dans la première,

d’une part, et les savoir-faire qu’on ne peut acquérir qu’en situation de classe, d’autre part. Les

compétences professionnelles ne se limitent pas à apprendre des « savoir-faire de métier » mais

à développer une « intelligence de l’action » car il faut être capable d’appréhender des

situations complexes (Malglaive 1996). L’insertion professionnelle des nouveaux enseignants

constitue une plaque charnière où sont fortement sollicitées de nouveaux modes d’arrimage

entre formation initiale et développement professionnel continu (Hétu & al. 1999 : 8). Ainsi, le

questionnaire 4, s’adressant aux nouveaux enseignants, est conçu pour s’assurer de

[

122] Les fonctionnaires stagiaires sont des agents qui ont satisfait à l’une des procédures de recrutement dans la

fonction publique par la voie d’un concours ou de recrutement direct. Ils sont sous le contrôle et la responsabilité

de leur hiérarchie directe et toutes les décisions concernant leur situation relève de l’autorité investie pour pouvoir

de nomination.

Page 249: Langue de spécialité, didact

249

l’articulation des deux types de formation initiale et continue, leurs atouts et leurs lacunes pour

une insertion appropriée. En d’autres termes, il vise à mettre en relief les effets de la formation

didactique sur les compétences professionnelles acquises par ces enseignants novices.

2. Recueil des données : moyen et procédure

Notre questionnaire (4) a été distribué vers le début du mois de mai 2009 auprès d’un

échantillon représentatif d’enseignants, prenant leur fonction pour la première fois à la rentrée

scolaire 2008-2009. Le questionnaire était complété et retourné dans les délais prescrits par 72

répondant(e)s. La recherche auprès de ces enseignants novices se donne pour objectif le rapport

de la formation initiale, pensée en termes d’articulation entre contenus théoriques et leurs

apports pour l’insertion dans le nouveau métier.

De type auto-administré, le questionnaire 4 (cf. annexe 8 p 400-401) comporte 19 questions,

6 ouvertes et 13 fermées portant sur les retombées des actions de formation vécues sur leur

pratique professionnelle. Le questionnaire a été bâti autour de trois sections principales : la

première section porte sur les données biographiques (les variables indépendantes), la

deuxième section focalise sur les données professionnelles (les variables dépendantes) des

enseignants novices et la troisième section cible les attentes des répondants (les variables

dépendantes). L’objectif de notre questionnaire consiste à collecter les informations tout

d’abord sur la qualité de la formation initiale et en suite de vérifier le continuum des deux types

de formation ; initiale et continue. Il est important de mentionner que ces enseignants novices

sont affectés sur postes pendant une année scolaire uniquement. En fait, la population ciblée

serait en mesure de nous éclairer sur la cohérence entre formation initiale et formation continue

pour améliorer les pratiques professionnelles.

Sur 100 questionnaires distribués, nous avons recueilli 72, soit un taux de retour de 72%. Le

nombre de répondants est un atout pour disposer d’un panel représentatif et garantir la fiabilité

des résultats. Le dépouillement des réponses fournirait un certain nombre de données d’ordre

statistique sur les différents points cités dans la description du questionnaire 4. Ce premier

travail ainsi permettrait de dégager de grandes tendances sous forme de pourcentages, reflétant

la perception des enseignants novices eux-mêmes sur leur formation initiale et les difficultés

qu’ils éprouvent sur le terrain.

En amont, nous avons ciblé une population d’enseignants novices au nombre de 100. Nous

avons réceptionné uniquement 72 copies, soit un taux de retour de 72%. En fait, la totalité de

ces questionnaires est exploitable. Choisis aléatoirement, les répondants sont éparpillés à

Page 250: Langue de spécialité, didact

250

travers trois wilayas du pays, à savoir Oran (n=33), Blida (n=21) et Mostaganem (n=18). Le

choix de ces trois wilayas se justifie par le fait d’engagement de leurs pôles universitaires [123

]

dans la formation initiale des enseignants d’anglais. En application des dispositions du

MESRS, le réseau universitaire algérien est réparti en conférence administrative d'université,

qui assure la coordination entre l'administration centrale et les centres de gestion universitaire.

Inscrits dans le cadre législatif et réglementaire national, les missions de chaque pôle

universitaire pour la formation des enseignants se définissent dans un projet global national.

Leur mise en œuvre est conçue, préparée et réalisée dans une logique de coopération et de

développement des synergies entre plusieurs universités ou centre universitaires, et en liaison

avec les services académiques et départementaux de l’Éducation nationale.

3. Profil général et données biographiques des répondants

3.1. Une cohorte d’enseignants féminisée

La question 1 portait sur la variable « genre » des répondants. Le premier traitement que

nous avons fait concerne le genre des répondants (annexe 4 tableau 2 p 370). Il est frappant de

constater que le personnel enseignant de notre échantillon est presque exclusivement de sexe

féminin, représentant 93,05%.

Cette sur- représentation du sexe féminin se maintient dans toutes les catégories du corps

enseignant. On trouve là la source d’une des qualifications associées à l’emploi enseignant,

connoté de plus en plus comme « métier féminin ». En fait, nous assistons à une division

sociale du travail (Durkheim 1978 : 23). Cette tendance à la féminisation pourrait encore se

poursuivre : en croisant les données des questionnaires 1, 2, 3 et 4 relatives au genre et l’âge,

nous nous rendons compte que les générations de nos échantillons comprennent davantage de

femmes. La féminisation s’est fortement accrue ces dernières années. Celle-ci peut s’expliquer

par la possibilité d’y concilier plus facilement vie professionnelle et vie familiale. À partir des

années 70, en Algérie, la scolarisation des filles a connu un essor particulièrement rapide,

s’approchant très vite, en moyenne nationale, de celle des garçons. L’indice de parité entre les

sexes des années 2000-2001 est de 1,35 [124

]. Les femmes ont trouvé dans leur progrès de

[

123] Le réseau d'enseignement supérieur algérien est étendu sur 37 villes et comprend 57 établissements : 26

universités (dont l'université de la formation continue), 14 centres universitaires, 6 écoles nationales, 6 instituts

nationaux, 4 écoles normales supérieures et une annexe d'université.

[124

] L’indice de parité est le rapport entre le nombre de filles et de garçons. Selon le rapport 2000 de l’UNESCO

sur la parité entre les sexes dans l’éducation, la tendance générale est à une plus grande présence des filles dans

l’enseignement secondaire : cet indice est de 1,26 en Suède, 1,17 en Grande Bretagne, 1,12 en Émirats-Arabes

Unies et de 1,11 en Malaisie.

Page 251: Langue de spécialité, didact

251

scolarisation un ressort décisif dans leur propre évolution socioprofessionnelle. Les motivations

[125

] pour le choix du métier d’enseignant (Postic 1990 : 25-36) par les femmes et les hommes

diffèrent. Huberman (1989), dans une enquête réalisée en Suisse, décèle des différences de

motivations entre les hommes et les femmes. «Les hommes privilégient les motifs suivants: «

découverte, plaisir» (32 % des réponses des hommes), « moyen de gagner sa vie » (29 %),

«contact avec les jeunes» (29 %), et «faute de mieux» (24 %). En termes relatifs, les hommes

donnent proportionnellement plus de réponses pour les motifs tels que «sécurité de l'emploi»

(82 % des réponses, alors que les hommes ne constituent que 46 % des répondants), «

découverte, plaisir » (59 % des réponses)," avantages matériels» (56 % des réponses) et «

libertés, flexibilité » du cahier des charges (53 % des réponses).On se trouve à nouveau dans

une constellation fortement teintée de motivations matérielles et passives.

3.2. Diverses motivations pour le choix du métier d’enseignant

Quant aux femmes, les motivations mises en avant sont les suivantes: « amour de la

branche» (36 % des réponses des femmes), « contacts avec les jeunes » (35 %), et « moyen de

gagner sa vie » (33 %). Proportionnellement, les femmes fournissent davantage de réponses

que les hommes pour les motifs suivants: « profession féminine » (bien entendu 100 % des

réponses alors que les femmes ne représentent que 54 % des répondants), « volonté de

puissance » (71 % des réponses), «amour de la branche » (67 % des réponses) et « impact sur la

société » (63 % des réponses). En revanche, les motivations « sécurité de l'emploi» et «

découverte, plaisir» sont peu mentionnées. Ainsi, les motifs matériels sont moins présents, et

on a l'impression d'un choix de carrière fait plus tôt et plus fermement que chez les hommes ".

Conformément aux résultats observés, les femmes sont majoritaires parmi les professeurs

novices. La répartition des enseignants stagiaires selon les sexes et les disciplines enseignées

fait ressortir certaines spécificités attendues. Les filles sont plus nombreuses que les garçons en

langues. Elles dominent très nettement en anglais ou elles forment près de 93,05% de notre

échantillon. Comparée aux pays du monde arabe, l’Algérie possède le taux le plus élevé des

[

125] La motivation pour une profession est liée à la représentation qu'on s'en fait et à la relation qu'on établit entre

cette représentation de la profession et la représentation qu'on a de soi. Ce sont les éléments de représentation

qu'on a de la fonction enseignante, tant dans le domaine social que dans le domaine socio-affectif (contact avec les

jeunes, relation à une personne qui se construit) qui sont les référents par rapport auxquels on se situe. Ces

éléments proviennent d'informations objectives (conditions d'exercice du métier, rythme d'avancement et salaires)

ou de témoignages recueillis auprès de ceux qui exercent la fonction, voire d'impressions personnelles, ancrées

dans sa scolarité. Revue française de pédagogique n°91 :25-36

Page 252: Langue de spécialité, didact

252

filles scolarisées [126

]. La politique de scolarisation [127

] menée depuis l’indépendance à pour

effet en Algérie de permettre un égal accès des enfants à l’instruction quel que soit leurs sexes

et leurs classe d’origine et cela grâce à l’élargissement du réseau d’école et une politique

volontariste de recrutement d’enseignants algériens et de coopérants étrangers. En effet, la

démocratisation de l’éducation, avec 97,50% en 2008, a abouti à une progression de plus en

plus importante de scolarisation des filles dans tous les paliers, à savoir primaire, moyen,

secondaire et universitaire [128

]. De très nombreuses études [129

] revêtent que les filles ont en

moyenne des performances scolaires supérieures à celles des garçons. Pour ces filles, l’école

n’a pas pour seule fonction l’instruction et l’inculcation d’un certain nombre de valeurs et

d’attitudes, mais elle reste que la réussite dans les études est une issue pour échapper à

l’enfermement familial et leur permet de rejoindre le monde du travail.

Malgré une nette progression, la population féminine active est relativement faible ; elle

représente 12,0% de la population féminine en âge de travailler (16 à 59 ans). Selon le

recensement de la population de 1998, la population féminine active est de 1 406 005, soit un

taux de 9,7%, sur une population féminine totale de 14 471 318 (Kateb 2005 : 138). Pour ce qui

est du secteur éducatif, l’encadrement est assuré par un effectif global d’enseignantes qui est de

64 000, soit 4,55% de la population féminine active et un taux de 57,17% de l’effectif global

d’enseignants [130

].

3.3. Allongement de la durée de formation

La question 2 portait sur la variable « âge ». Les tranches d’âge s’étalaient de moins de 20 à

25 ans. Parmi les 72 répondants (cf. annexe 4 tableau 5 p 370) aucun enseignant n’est âgé de

[

126] El Khabar du 10 mai 2006

[127

] Le système d’éducation et de formation algérien comprend les niveaux d’enseignement et de formation

suivants (données statistiques : année scolaire 2005-2006):

L’éducation préscolaire (2 ans ; de 4 à 5 ans) ;

L’enseignement de base (9 ans ; de 6 à 15 ans) : 6.417.908 élèves, 280. 980 enseignants, 17.163 Ecoles et

3.947 Collèges;

L’enseignement secondaire général et technologique (3 ans) : 1.175.731 élèves, 623.301 enseignants et

1473 Lycées ;

L’enseignement supérieur : 826.737 étudiants (y compris le secteur privé), 27932 enseignants et 67

établissements d'enseignement supérieur dont 26 universités ;

La formation professionnelle: 476.453 élèves, 11266 formateurs et 878 centres de formation ; La

formation des adultes.

En 2006, l’effectif global d’élèves, de stagiaires et d’étudiants dans l’ensemble du système éducatif s’élève à près

de 9 millions de personnes, représentant plus de 26% de la population.

[128

] cf. statistiques du MEN

[129

] cf. statistiques du MEN

[130

] Synthèse du rapport de l’Algérie sur l’état de mise en œuvre du programme d’action en matière de

gouvernance (2008 :25)

Page 253: Langue de spécialité, didact

253

moins de 20 ans. 26 enseignants, soit 36,11%, ont un âge qui varie entre 20 et 25 ans. Les

enseignants ayant plus de 25 ans (63,88%) représentent la part la plus grande de la population

ciblée. La plupart des enseignants novices d’anglais sont jeunes. L’âge de la première prise de

fonctions s’est accru au fil du temps. Ce phénomène s’explique par l’allongement de la durée

des études et l’élévation continue du niveau de diplômes nécessaires pour participer aux

concours. En fait et suite aux réformes qu’a connu l’université algérienne, une licence d’anglais

qui se préparait en trois ans passe à quatre ans.

En fait, la prise en compte des changements à savoir l’intégration de toutes les

connaissances, les compétences diversifiées, l’utilisation des nouvelles technologies,

l’autonomisation des apprenants, ne peut être envisagé sans poser la question relative à

l’allongement des études. Or, le volume horaire actuellement imparti à une formation d’une

licence pour l’enseignement ne répond plus aux exigences de la nouvelle profession.

Pour y remédier aux lacunes (évaluations faites par les différents partenaires interrogés), tant

que faire se peut, il est nécessaire de procéder à un allongement de la formation initiale des

enseignants.

En fait, les données démographiques concernant la population enseignante algérienne

montrent nettement que l’ancienne génération d’enseignants est massivement remplacée par

une génération très jeune [131

]. La génération partante s’est engagée dans un métier [132

], le plus

beau métier du monde. Par contre, la nouvelle génération n’a pas choisi un métier mais une

profession [133

].

3.4. Une jeune population d’enseignants

Force est de constater que les hommes sont moins âgés que les femmes. La majeure partie

des enseignants novices sont âgés de plus de 25 ans. Nous en tirons la conclusion que d’après

les données disponibles des tableaux 3, 4 & 5 p 370, le personnel enseignant d’anglais est

constitué d’une population très jeune. Selon le rapport de l’OCDE [134

], 2005, intitulé « Le rôle

crucial des enseignants : attirer, former et retenir des enseignants de qualité », qui examine les

[

131] Modification de la loi 83-12 du 23 juillet 1983, qui fixe l’âge de départ en retraite à 60 ans pour les hommes

et 55 ans pour les femmes, par le nombre d’annuités nécessaires pour bénéficier du taux maximum de pension à

32 ans de services effectifs et de cotisations, sauf pour les anciens maquisards, les veuves de chahid, fils et filles

de chahid, qui bénéficient d’un rabattement de 7 ans et demi.

[132

] L’ancienne génération d’enseignants à choisi la profession enseignante par vocation : attraction, passion ou

héritage familial.

[133

] La nouvelle génération de jeunes enseignants (sans vocation), a choisi la profession pour des raisons

pratiques, économiques ou simplement parce que les circonstances les ont conduits à ce travail

[134

] OCDE = Organisation de Coopération et de Développement Economiques

Page 254: Langue de spécialité, didact

254

politiques suivies à l’égard des enseignants. Il y aura plus de nouveaux enseignants pendant les

dix prochaines années qu’à aucune période depuis les années 70. Cette nouvelle génération

d’enseignants sera différente. À l’inverse des enseignants bientôt retraités et qui sont en poste

depuis les années 60-70, lorsque de nombreuses femmes et personnes issues de minorités

ethniques n’avaient guère accès à d’autres secteurs et se sont accommodées de cette profession,

moyennant un salaire relativement faible, pendant toute leur carrière, les nouveaux candidats à

l’enseignement se voient souvent offrir d’autres possibilités mieux rémunérées, plus

prestigieuses et assorties de meilleures conditions de travail. Par ailleurs, on ne considère plus

l’enseignement comme la carrière de toute une vie. Aux États-Unis, 30 % des nouveaux

enseignants quittent la profession dans les trois ans, 50 % dans les cinq ans. Ironiquement, les

études montrent que les meilleurs éléments et ceux qui ont fait les études les plus brillantes

risquent davantage de quitter la profession. Parallèlement, ceux qui viennent à l’enseignement

suite à une reconversion professionnelle arrivent avec des attentes plus grandes. Selon Stefan

Wolter, directeur du Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation, pour être

certain de recruter les meilleurs, les pays doivent envisager comment leurs politiques à l’égard

des enseignants influents non seulement sur le corps enseignant existant mais aussi sur les

candidats potentiels. Pour cela, il faut aussi s’intéresser aux conditions de travail des

enseignants. Comme le fait observer Christopher Spence, le directeur du Conseil scolaire de

district Hamilton-Wentworth de l’Ontario, Canada : « si on intègre un bon enseignant dans un

mauvais système, c’est toujours le système qui l’emporte » OCDE 2005. Examinons le cas des

nouveaux enseignants. Même les pays dispensant une formation solide reconnaissent que les

nouveaux venus ont fortement besoin d’un soutien et d’une formation. Les recherches montrent

que durant leurs toutes premières années devant une classe, les enseignants rencontrent tous les

mêmes problèmes : conduire la classe, gérer les différences entre élèves, évaluer leur travail,

motiver les élèves, interagir avec les collègues et communiquer avec les parents. Pour aider les

enseignants à faire face, certains pays comme la Suisse, le Japon et les États-Unis, créent des

programmes spéciaux d’initiation pratique.

4. Données professionnelles

4.1. Lieu d’activité

La question 3 portait sur le lieu de travail (milieu urbain ou rural) de ces enseignants

novices. Pour cette variable “lieu de travail”, nous enregistrons que plus que la moitié des

enseignants novices, 52,77%, sont affectés dans les zones rurales. Par contre 47,22% exercent

dans les zones rurales (cf. annexe 4 tableau 6 p 370). L’affectation sur un poste se fait dans le

Page 255: Langue de spécialité, didact

255

cadre plus général du « mouvement » de l’ensemble des enseignants souhaitant changer de

poste, sur la base d’un barème donnant une grande importance à l’ancienneté. Ce mouvement

des enseignants est organisé en deux temps « ordinaire » et « supplémentaire ». Les nouveaux

enseignants, du fait de l’application mécanique de ce barème, passent donc généralement après

les anciens et obtiennent donc souvent les postes les moins demandés. Les jeunes professeurs

sont essentiellement affectés sur des postes ATP (à titre provisoire) pour une durée de trois ans.

C’est à l’issue des trois années qu’ils peuvent exprimer leurs vœux pour changer

d’établissement.

La préoccupation majeure des gestionnaires du secteur éducatif algérien est de doter ces

zones rurales d’un personnel suffisant en nombre, qualifié et permanent. Ce professionnalisme

et cette stabilité garantissent, dans ces zones, l’obtention de bons résultats et un impact profond

et durable de l’éducation sur le mode de vie des populations. L’amélioration de l’éducation en

termes de qualité et d’efficacité exigera des progrès majeurs dans la formation des enseignants

ainsi que l’appui qui leur est fourni et la façon dont ils sont gérés. L’enjeu de la formation de

ces enseignants est déterminant pour réussir les paris de la formation des générations futures.

4.2. Zones rurales et contraintes

Les enseignants dans ces zones rurales ont moins facilement accès aux services de soutien

que leurs homologues des zones urbaines et moins d’opportunités de bénéficier de formation en

cours d’emploi. Dans certains cas, ils ont également des difficultés à avoir accès aux livres et

aux matériels pédagogiques. Par ailleurs, les enseignants préfèrent enseigner dans les zones

urbaines. De ce fait, les écoles rurales risquent d’avoir moins d’enseignants qualifiés si les

enseignants qualifiés ont un plus grand choix au niveau des postes. En plus, les inspecteurs se

rendent moins souvent dans ces écoles isolées du fait des difficultés de transport.

En outre, les parents ont souvent un niveau d’éducation inférieur à ceux des parents des

villes, et il arrive que la valeur qu’ils attachent à l’éducation soit moindre. Pour la plupart des

cas, ces milieux ruraux sont défavorables pour l’apprentissage des langues étrangères. Les

raisons de la démotivation des apprenants sont multiples. Elles sont d’ordres psychologiques

(propre à l’apprenant), sociaux (propre à la société), familiaux (propre à famille, à l’institution

et l’enseignant). L’apprenant est influencé par tous ces facteurs multidimensionnels, qui

participent plus au moins négativement, à la transmission des pratiques d’enseignement. En

fait, les caractéristiques culturelles et sociales de la famille exercent une grande influence sur la

réussite scolaire des apprenants, en général, et sur l’acquisition de la compétence

communicative dans la langue anglaise en particulier. ceci dit, l’école aussi organisée soit-elle,

Page 256: Langue de spécialité, didact

256

et l’enseignant aussi formé soit-il, ne remplaceront pas la famille, premier catalyseur d’un vrai

épanouissement des enfants. Ainsi, l’ensemble des spécialistes s’accordent à dire que les

difficultés scolaires sont liées aussi au milieu social dans lequel se développe l’apprenant. Le

milieu familial avec ses pratiques éducatives, ses habitudes de vie et de langage, ses codes

sociolinguistiques (Bernstein 1975, Kherroubi & Rochex 2004) joue souvent un rôle

déterminant dans le développement des stratégies mentales de haut niveau taxonomique :

identification du but de la tâche, anticipation des démarches et des ressources, planification et

mise en œuvre organisée des actions…. Les élèves issus de milieux socio-culturellement

défavorisés auront peut-être moins bénéficié de ces occasions ; le risque que ces pédagogies

ouvertes soient dès lors élitaires est réel. Perrenoud l’avait déjà évoqué en 1985 à propos des

pédagogies du projet. Le même danger guette une pédagogie par compétence mal comprise.

À toutes ces contraintes s’ajoute le manque d’encadrement administratif qualifié pour

assurer une bonne intégration des nouveaux enseignants dans le nouveau métier. Cet

encadrement est hiérarchique, il est assuré par des inspecteurs et chefs d’établissements en

général sortis du rang, dont la formation à ces nouvelles fonctions est encore peu instituée,

lorsqu’elle ne fait pas totalement défaut.

Pour ce qui est des chefs d’établissements scolaires, ils se trouvent, en fait, dans un

dilemme : doivent-ils jouer le rôle d’intermédiaires dans la chaine administrative, ou bien le

rôle de véritables gestionnaires ; voire animateurs dans leurs « entreprises » ? Cela dépend du

statut juridique des établissements. À terme, la professionnalisation du métier de directeur ne

peut qu’aller de pair avec celle du métier d’enseignant (Gather Thurler 1993 & 1996, Pelletier

1996 & Perrenoud 1993 & 1994b). Néanmoins, le problème qui se pose actuellement est-ce que

les intéressés ont les moyens de voir d’emblée les choses sous cet angle ?

4.3. Le même parcours de formation pour deux statuts professionnels

différents

La question 4 (a) portait sur le statut professionnel (PCEF ou PS). Les statistiques (cf.

annexe 4 tableaux 7 & 8 p 370-371) montrent que sur les 72 répondants 62 sont définitivement

recrutés, 13 en tant que PES et 49 en tant que PCEF. Pour le corps enseignant au niveau du

secondaire, le taux global est de 20,96%, 11 femmes et 02 hommes. Par contre pour ce qui est

du corps enseignants au niveau du collège, le taux est de 79,03%, 48 femmes et 01 homme.

En se référant à ces chiffres, nous pourrons faire deux observations, la première concernant

la féminisation de ces deux corps d’enseignants qui est presque totale (81,94%), par contre les

Page 257: Langue de spécialité, didact

257

hommes ne représentent que 18,16%. La deuxième concerne le taux élevé (79,03%) de

recrutement des enseignants d’anglais au niveau des collèges. Nous constatons que le manque

d’enseignants d’anglais au niveau des collèges algériens est très élevé par rapport à celui des

lycées, 79,03% pour le premier palier et 20,96% pour le deuxième. Ce manque d’enseignants

au niveau des collèges est dû aux réformes éducatives entreprises par le MEN, et qui se

caractérise par une nouvelle politique linguistique éducative pour les langues étrangères ; à

savoir le français et l’anglais. En fait, depuis la rentrée 2002-2003 une nouvelle politique

linguistique éducative a été définie par les pouvoirs politiques pour que le système scolaire

algérien, comme d’autres systèmes scolaires d’ailleurs, affrontera les défis linguistiques,

culturels et économiques qui s’imposent. Cette nouvelle politique linguistique éducative

focalisée sur le français et l’anglais, et fondée, au plan pédagogique, sur la pédagogie par

compétences et l’approche communicative telle qu’elle est utilisée dans l’enseignement des

langues étrangères est mise en place. Ainsi, comme langues étrangères obligatoires, le français

est introduit en 3ème année primaire et l’anglais, comme deuxième langue étrangère, est

introduit en 1ère année de l’enseignement moyen. Mais, l’application de cette nouvelle

politique linguistique éducative requiert un déploiement de ressources humaines (enseignants

qualifiés) et de matériels pédagogiques et didactiques appropriés. Une pénurie importante

d’enseignants d’anglais, possédant les diplômes requis, se fait ressentir. Pour palier ce déficit,

le Ministre de l’Education Nationale a annoncé un recrutement massif d’enseignants de langues

étrangères surtout pour certaines wilaya du pays [135

].

Parmi les 72 enseignants novices, de notre échantillon, uniquement 13 sont recrutés

définitivement comme enseignants d’anglais dans le secondaire (lycée) [136

]. Par contre, 49 sont

recrutés comme enseignants d’anglais dans les collèges (CEM) [137

]. Les obligations de

services sont différentes pour les uns et les autres, 18 heures pour les PES et 22 heures pour les

PCEF. En outre, ces deux corps d’enseignants, bien qu’ils sont détenteurs du même diplôme ; à

savoir une licence d’anglais, ont des échelles indiciaires de salaire différentes. Les recrutements

de nouveaux enseignants contribuent à l’augmentation des dépenses d'éducation – dont presque

la totalité est issue de ressources publiques – qui ont représenté 6% du PIB entre 2000 et 2004

[

135] Le ministre des Relations avec le Parlement, M. Mahmoud Khedri, répondant à la place du ministre de

l'Éducation nationale, a affirmé que “le ministère de l'Éducation nationale a décidé d’un grand nombre de mesures

en coordination avec d'autres secteurs, en vue de combler le manque enregistré en matière d'enseignement des

langues étrangères dans les 11 wilayas suivantes : Adrar, Chlef, Laghouat, Tamanrasset, Djelfa, M'sila, Ouargla,

El-Bayadh, El-Oued, Khenchela et Ghardaïa”.

[136

] Ces établissements scolaires accueillent les admis au Brevet et ce pendant 3 ans jusqu’au Baccalauréat.

[137

] Ces établissements scolaires ‘Collège d’Enseignement Moyen’ accueillent les reçus à l’examen de 6ème

et ce

pour une durée de 4 ans jusqu’au Brevet.

Page 258: Langue de spécialité, didact

258

pour l'ensemble des trois niveaux d'éducation. Même leur classification dans la grille des

salaires est différente ; les PES sont classés à la 13 et les PCEF sont classés à la 12.

Généralement, les enseignants novices commencent leur carrière avec enthousiasme, et sont

disposés à tout changer. Mais se trouvant en face des contraintes telles que Ministère de

l’éducation, des directeurs, des inspecteurs, des associations des parents d’élèves, des

collègues, et des données socioéconomiques, ils sont pris de panique, se découragent et se

conforment à tout. Ainsi, le métier d’enseignant est qualifié de semi-profession (Etzioni 1969

& Bourdoncle 1991) car l’enseignant est soumis à la bureaucratie de l’institution scolaire, ce

qui limite son autonomie. Par contre, l’autonomie des enseignants n’est pas impossible, et leur

niveau de formation peut évoluer selon Judge (1988).

4.4. Postes vacants et contraintes budgétaires

Parmi les enseignants de la cohorte 2008-2009, 10 sont recrutés comme vacataires ; 3

comme PES et 7 comme PCEF, soit un taux de 13,88% de l’échantillon (cf. annexe 4 tableau 8

p 371). Le nombre de contractuels représente aujourd’hui un pourcentage minimum du corps

enseignant. Les raisons des écarts entre les emplois budgétaires et les effectifs réels et gérés

sont les suivantes : a) des éléments échappent en partie aux gestionnaires de personnel, b) des

éléments visent à introduire une certaine souplesse dans l'exécution budgétaire, et c) les

limites de l'autorisation budgétaire elle-même expliquent le décalage entre emplois budgétaires

et effectifs réels payés.

Depuis quelques années, on sait que les besoins en termes de recrutement vont être de plus

en plus importants : démographie, départs massifs en retraite de la génération des années 50,

introduction de la langue anglaise dès la première année moyenne. Le ministère n’a

malheureusement pas voulu prendre en compte la réalité du terrain et le nombre de postes mis

au concours est très loin de pouvoir combler l’ensemble des postes vacants.

4.5. Critères de répartition des classes

La question 5 portait sur la variable « classes en charge ».

On constate que parmi les nouveaux enseignants PES (16), uniquement 8 (7 femmes et 1

homme) d’entre eux sont en charge des classes d’examens (3AS). 7 enseignants (6 femmes et 1

homme) sont en charge des classes de 2 AS. La majeure partie des PES novices (13 femmes et

2 hommes) est en charge des classes de 1 AS (cf. annexe 4 tableau 9 p 371).

Page 259: Langue de spécialité, didact

259

Généralement, l’attribution des classes aux enseignants nommés dans les établissements doit

s’effectuer dans le cadre de la concertation la plus large possible où tous les points de vue

doivent être entendus. Couramment, cette attribution des classes est tributaire aux critères

d’ancienneté ou de barème, comme cela peut se rencontrer encore, relève de l’usage et ne prend

appui sur aucun texte officiel. En plus, un enseignant est affecté dans un établissement et non

sur une classe donnée.

Il est à noter que tous les enseignants du secondaire assurent au moins deux niveaux car le

volume imparti à chaque classe est de trois heures par semaine. Il est important de signaler que

les enseignants du secondaire ont un volume horaire hebdomadaire de 18 heures. Il faut ajouter

qu’au minimum chaque enseignant d’anglais à la charge de 6 classes. La réglementation stipule

que les membres du personnel enseignant d’anglais dans les lycées sont tenus de fournir, sans

rémunération supplémentaire, dans l’ensemble de l’année scolaire les maxima de service

hebdomadaire de dix huit heures pour toutes les matières confondues.

S’agissant des PCEF, on note qu’uniquement 22 enseignants sur les 56 sont en charge des

classes de 4AM, 28 sont en charge de classes de 2AM, et 23 sont en charge de classes de 3

AM. Presque 70% sont en charge de 1 AM. Aucun PCEF homme n’a en charge les classes de

4AM. Par contre, 20 PCEF femmes, soit 37,03%, sont en charge de ces classes d’examen (cf.

annexe 4 tableau 10 p 371).

Pour ce qui est des enseignants du moyen, ils assurent aussi au moins deux niveaux car le

volume horaire hebdomadaire imparti à chaque classe est de 3 heures. Ces enseignants ont un

volume horaire de 22 heures par semaine. Pour s’acquitter de ce dû, ils doivent encadrer 7

classes. De même la réglementation en vigueur stipule que les membres du personnel

enseignant d’anglais dans les collèges sont tenus de fournir, sans rémunération supplémentaire,

dans l’ensemble de l’année scolaire les maxima de service hebdomadaire de vingt deux heures

pour toutes les matières confondues.

D’entrée, Il faut souligner que les chefs d’établissements scolaires évitent au maximum

d’affecter les classes d’examens [138

] aux enseignants nouveaux. Puisque l’attribution des ces

classes aux enseignants relève des prorogatives des chefs d’établissements, ils justifient leurs

choix par le manque d’expérience des novices. Les instructions émanant des inspecteurs

stipulent que les classes les plus délicates à conduire ne doivent pas, dans la mesure du

possible, être confiées aux enseignants débutants (néo-titulaires 1ère année ou même 2ème

[

138] Les classes d’examen sont les classes de 4 année moyenne (Brevet) et les classes de terminal (Baccalauréat).

Page 260: Langue de spécialité, didact

260

année). Ils rappellent aux gestionnaires d’établissements la nécessité de confier la classe la plus

délicate à l’enseignant qui paraît le plus qualifié compte tenu de son expérience professionnelle.

Ce n'est pas nécessairement le plus ancien ; ce n'est, en aucun cas, l’enseignant débutant. Ainsi,

on remarque que 39,28% des PCEF novices sont en charge de classes de 4AM.

5. La formation initiale : durée et apports

5.1. La durée de la formation

La question 6 portait sur la variable « formation initiale ». En combien d’années la

formation initiale a été achevée (4, 5 ou plus). Les chiffres du tableau 11 (cf. annexe 4 p 371)

montrent que d’une façon générale, la majeure partie des enseignants novices (57/72) ont suivi

un parcours universitaire ordinaire. Ils ont fini leurs études dans la période limite, à savoir 4

ans. Par contre, 15 enseignants (14 femmes et 1 homme) ont mis beaucoup de temps, 5 ans et

plus pour terminer leurs études universitaires. La durée moyenne est de 4,25 ans.

Le nombre d’années entre la fin des études secondaires et la fin des études universitaires

peut nous fournir des indications approximatives quant au déroulement de la scolarité au

supérieur : particulièrement sur le type de réussite et le nombre d’années d’échecs (reprises

tardives des études et arrêts). La moyenne est de 4,25 années (avec un écart de 0,25 année) pour

tout l’échantillon. La majeure partie des enseignants, soit 79,16%, semble avoir réalisé un

parcours d’études universitaires sans faute. On observe aussi que 20,82% des enseignants

novices ont effectué un parcours plus long que la norme. Ils ont donc connu soit un échec

scolaire au supérieur, soit un redoublement (cf. annexe 11 p 422), soit une réorientation, soit un

arrêt des études.

Le nombre d’années entre la fin des études secondaires et universitaires varie selon le

genre. La durée pour les hommes semble un peu plus courte (4,2 années) que leurs collègues

femmes (4,25 années). Les enseignants semblent avoir connu une meilleure réussite scolaire à

l’université.

En définitive, on pourrait dire que pour notre échantillon la majeure partie des enseignants

novices ont effectué un parcours scolaire universitaire avec « succès ».

5.2. Apports de la formation initiale sur la pratique enseignante

La question 7 portait sur le contenu de la maquette de la formation initiale. Un type d’auto

évaluation des enseignants des différents modules et leur importance par rapport à la formation

initiale.

Page 261: Langue de spécialité, didact

261

En parcourant les statistiques (cf. annexe 4 tableau 12 p 371), nous remarquons qu’une petite

majorité, soit 54,16%, des enseignants novices reconnaissent que les modules d’enseignement

de la formation initiale sont ‘très importants’. 38,88% pensent que ces modules sont ‘assez

acceptable’. Uniquement 02,77% pensent que ces mêmes modules sont ‘moins importants’ ou ‘

non importants’. Un enseignant n’a pas répondu.

En fait, la formation des enseignants d’anglais revêt une importance plus grande en raison du

rôle essentiel qu’ils jouent par rapport à l’amélioration de l’apprentissage de la langue et à

l’éveil de l’intérêt des apprenants pour les langues. Le cursus de formation devait être conçu

afin de doter les enseignants de langues étrangères des aptitudes et connaissances nécessaires,

ainsi que d’autres compétences professionnelles, en vue d’améliorer leur développement

professionnel et d’accroître la transparence et la transférabilité des qualifications. Sans

prétendre que la formation théorique n’est qu’un mal nécessaire, il est évident pour les

stagiaires que le choc de la pratique crée des urgences qui ne trouvent pas toujours des réponses

immédiates dans la formation universitaire. Dans le cas de nos enseignants, ces lacunes

résultent de l’insuffisance de l’expérience pratique de l’enseignement pendant la formation

initiale. Le stage (MEN 2003), lieu d’articulation entre savoirs théoriques et adaptation au

contexte conduit tantôt à une confirmation du choix professionnel, tantôt à sa remise en cause,

accompagnée de stratégies multiples. Les résultats révèlent certains éléments constitutifs d’une

identité professionnelle en émergence. L’expérience pratique de l’enseignement en classe et

l’étude théorique de la pédagogie et du sujet doivent être traitée d’une manière holistique

puisqu’ils interagissent. Par contre, il faut reconnaitre que quelque soit l’organisme fournisseur

de la formation initiale ne pourra, de façon isolée, répondre à la totalité des exigences de cette

formation. Il est important de considérer l’école comme étant l’axe structurant de la formation

et l’espace central de promotion de l’apprentissage et de la réflexion théorico-méthodologique

sur la pratique (Gomez 1992). Cependant, pour produire une conscience critique et une action

qualifiée chez le futur enseignant, il ne faut pas cesser de soutenir l’enseignant, l’organisation

scolaire et la profession sur un plan collectif (Nòvoa 1998).

5.3. Les modules d’enseignement et leur incidence sur la pratique et la

gestion de la classe

a) Lequel de ces modules est effectivement important pour les scénarios de la

classes ?

En réponse à la question sur les modules ayant un impact effectif sur la pratique de la classe,

les répondants s’accordent unanimement à reconnaitre l’importance de tous les modules avec

Page 262: Langue de spécialité, didact

262

une insistance sur quelques-uns. Parmi les modules cités par presque la totalité des répondants,

les modules de psychopédagogie et de TEFL semblent les plus récurrents. Sur les 72

répondants, 70 enseignants indiquent que ces deux modules les préparent, du moins

théoriquement, pour la pratique enseignante.

Sans pour autant amoindrir l’importance de la maîtrise des savoirs disciplinaires, lesquels

représentent la pierre angulaire de la formation des enseignants, il est indispensable que cette

formation soit organisée et orientée dans le sens de la construction des compétences. Ces

compétences peuvent être groupées en trois catégories principales (inspiré du document « la

formation à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire » MEQ 2001a) ; à savoir les

compétences d’ordre disciplinaires et interdisciplinaires, les compétences d’ordre pédagogique

et les compétences d’ordre socioculturel.

Les compétences d’ordre disciplinaires et interdisciplinaires sont liées à la maîtrise des

contenus disciplinaires et leur mise à jour. Les compétences d’ordre pédagogique et didactique,

liées à l’intervention, tiennent compte des caractéristiques des élèves, de leurs capacités et de

leur évolution. Ces compétences permettent aux enseignants de tenir compte de leur processus

d’apprentissage. Sur le plan des compétences didactiques, les enseignants planifient,

organisent, encadrent et évaluent les activités d’apprentissage adaptées et différenciées. Ils

répartissent dans le temps, les activités d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation, en

fonction des compétences à atteindre. Pour ce faire, ils sélectionnent les méthodes et les outils

pertinents. Sur le plan de la gestion de la classe, ils gèrent la classe de façon dynamique et

structurée. Dans le cadre de l’approche par compétence, ils responsabilisent les élèves et

favorisent les relations harmonieusement au sein du groupe classe dans son ensemble et des

équipes de travail. Ils impliquent les apprenants dans la gestion. Sur le plan de l’éthique

professionnelle, ils agissent en conformité des exigences de la profession. Ils s’interrogent sur

sa pratique et s’ajustent constamment. Ils s’engagent dans une démarche individuelle et

collective de formation. Ils s’engagent également activement au bon fonctionnement de l’école.

Les compétences d’ordre socioculturel, liées aux pratiques du respect des autres et des

différences ainsi qu’au développement des attitudes d’ouverture, d’écoute et d’empathie. Ils

amènent les apprenants à manifester les mêmes attitudes.

L’acquisition des compétences citées ci-dessus doit impérativement passer par la pratique et

l’exercice en classe, et par une écriture professionnelle réflexive, qui leur permettent de mieux

Page 263: Langue de spécialité, didact

263

comprendre leur propre action ou leur positionnement, de découvrir l’intérêt de mobiliser des

ressources théoriques pour atteindre un objectif repensé.

Il est évident que l’acquisition de ces compétences dites professionnelles s’engage en formation

initiale (formation commune) et suppose d’être confortée par une formation continue qui soit

en cohérence.

5.4. Réflexion et explicitation

Comme enchaînement à la question précédente portant sur les modules qui préparent les

enseignants à la situation de classe, les enseignants novices accordent une large place à

l’observation pratique (Puren 1994 : 13-24). En fait, ils semblent être conscients de son impact

sur la pratique enseignante. Nous citons ci-dessous les réponses à cette question (cf. annexe 4 p

371) :

Pour le module de TEFL :

1. « Ce module nous a permis de nous familiariser avec les méthodes d’enseignement. »

2. « Le module de TEFL nous a éclairé sur l’enseignement de la langue anglais comme

langue étrangère. »

3. « Il nous a donné l’occasion de connaître les différentes méthodes et techniques pour

faire face aux situations différentes de classe. »

4. « Ces modules font appel aux besoins des enseignants pour les situations

d’enseignement. »

Nous constatons que toutes les réponses ci-dessus, portant sur le module de TEFL,

comportent des verbes tels que « enable », « show », « afford », « appeal to » [139

] qui font

appel à un apprentissage et qui convergent vers une aptitude intellectuelle, bien que théorique,

celle-ci reste nécessaire pour la maîtrise d’une compétence didactique.

Pour le module de psychopédagogie (cf. annexe 4 p 372) :

1. « Il nous a permis de mieux comprendre les comportements des apprenants et nous a

doté d’une variété de comportements appropriés. »

2. « Il vise la construction des compétences transversales. »

3. « Il nous a permis de comprendre comment les apprenants apprennent, pourquoi les

différentes approches pédagogiques de travailler et quand elles sont appropriées. »

4. « Il nous a permis de penser l'écologie optimale pour l'enseignement / apprentissage

(l'écologie de l'enseignement / apprentissage). » [140

]

[

139] Les éléments d’analyse portent sur ce qu’ils ont écrit en anglais.

[140

] Écologie pour l'enseignement / apprentissage est un micro-climat où les apprenants et l'apprentissage sont au

cœur de tout ce qui se passe. Les enseignants cherchent à créer les meilleures conditions possibles pour

l'apprentissage et la croissance (Ruth Deakin Crick 2006 : 4).

Page 264: Langue de spécialité, didact

264

Toutes les réponses ci-dessus comportent des expressions du genre « enable us to

understand », « enable us to think of », qui relèvent des qualités et des habiletés de

l’enseignant. Ces dernières sont d’une importance capitale pour la construction des

compétences professionnelles.

Tous les enseignants novices confirment les apports théoriques des deux modules, à savoir «

TEFL’ et « Psychopedagogy’. La satisfaction des répondants de cette formation initiale, du

point de vue théorique, apparaît dans l’emploi récurrent de l’expression à modalité épistémique

« enable us to…», « affords », « shows », et « targets ». En fait, ces expressions sont porteuses

d’un indice qui affirme, du moins, l’acquisition des aspects théoriques.

L’ensemble des enseignants interrogés disent que la théorie, bien qu’elle constitue un

passage obligé à la pratique, ne suffit pas à elle seule pour former des enseignants capables

d’intégrer le métier d’enseignant. Autrement dit, on ne peut jamais apprendre à nager ou à

danser dans les livres, mais en pratiquant dans les lieux consacrés pour ces deux activités. La

même chose pour nos enseignants, ils n’apprennent à enseigner, à motiver leurs apprenants, à

gérer la classe, et à réguler leurs enseignements que s’ils sont placés dans l’environnement

propice.

En effet, l’observation de la classe est pour l’enseignant d’autant plus importante qu’elle est

le lieu même de la confrontation entre la théorie (ce qui devrait se passer) et la contingence (ce

qui se passe ou ne se passe pas, dans la classe). La connaissance théorique n’est pas une fin en

soi, mais un passage obligatoire pour une transposition effective.

5.5. Retour sur la formation initiale

La question suivante interpelle les enseignants novices sur le cheminement de la formation

initiale. En analysant les données (cf. annexe 4 tableau 13 p 372), nous constatons que 90,27%

des enseignants ciblés par ce questionnaire relatent que la formation initiale ne focalise que le

volet théorique. Uniquement 09,72% de ces enseignants disent que cette formation est plutôt

théorique et pratique. Trop pratiques selon les uns, trop théoriques selon les autres, les

programmes de formation à l'enseignement cherchent leur équilibre dans cette articulation entre

la réalité de la salle de classe et l'approfondissement de concepts qui constituent un appui

indispensable à l'évolution de la pédagogie. En fait, la maîtrise des aspects théoriques rend

l’intégration de l’enseignant dans la vie professionnelle facile.

Il n’est pas difficile de comprendre que l’ambivalence des enseignants novices vis-à-vis la

formation initiale, jugée comme « trop théorique » « trop éloignée des besoins immédiats » tout

Page 265: Langue de spécialité, didact

265

en réclamant des éclairages méthodologiques, exprime le sentiment de ne pas être

suffisamment imprégnés des qualités du métier. Il n’en reste pas moins que les enseignants

novices soulignent souvent l’écart entre ce qu’ils ont acquis en formation initiale et ce qu’ils

vivent en classes. Confrontés à des contraintes de conduite de classe, de discipline,

d’hétérogénéité, et angoissés, avec la proximité grandissante de leur première rentrée en

fonction, ils attendent de la formation initiale des recettes, des réponses concrètes aux questions

pressantes. Puisant dans l’expérience personnelle, le groupe d’enseignants essaie, quand ils le

peuvent, de répondre et d’apporter l’aide nécessaire. Les formateurs s’emploient davantage à

faire acquérir, par les stagiaires, des repères et des outils conceptuels qui leur permettent

d’analyser les problèmes et de les mettre en situations pour trouver eux-mêmes les réponses

adaptées au contexte dans lequel ils se posent. D'où le sentiment chez la majeure partie des

enseignants novices que les formateurs sont loin du terrain et que la formation initiale est trop

« théorique ».

En raison de son caractère plus théorique et moins proche de la réalité du métier, les

enseignants novices ont tendance à juger la formation initiale incomplète pour mieux les

préparer à s’intégrer dans la nouvelle profession. En fait, l’objectif de cette formation devait

préparer au mieux les enseignants en formation initiale aux situations professionnelles réelles et

complexes qui les attendent en travaillant et développant les « compétences particulières

exigées par l’enseignement ».

5.5.1. Articulation théorie-pratique-contexte

Comme nous pouvons le remarquer, la complexité de l'enseignement (Paquay & al. 1996 &

Perrenoud 1994) provient non seulement de la nécessité de l'articulation de la pratique et de la

théorie, mais aussi du contexte où s'effectuent cette formation et cet enseignement. Pour avoir

des résultats probants, la technologie d’enseignement doit prendre en ligne de compte le

contexte dont les apprenants se trouvent à un moment donné, le contexte total en terme humain

et pragmatique. Dans ce sens, plusieurs auteurs (Holliday & Cooke 1982 : 123-183 & Van Lier

1996), se réfèrent à cela comme « une perspective écologique ». C'est pourquoi les énoncés des

principes concernant la démarche d'apprentissage de l'étudiant insistent sur l'apport nécessaire

de la réflexion à la formation, loin de restreindre le modèle de formation, lui donnent des

racines et des balises qui circonscrivent ses possibilités de réalisation.

L’offre de la formation devrait se placer dans une perspective de service. Il ne s’agit pas de

gargariser les enseignants de théorie savante sur la métacognition ou sur le transfert des

Page 266: Langue de spécialité, didact

266

apprentissages ni sur l’émergence des compétences transversales. Par contre, la formation

devrait adopter un point de vue pragmatique, et doit fournir aux enseignants des repères et des

outils pour la gestion du quotidien pédagogique, et, par ce biais, contribuer à l’appropriation

progressive du métier d’enseignant. Il en résulte que les apports théoriques se réduisent au

minimum et que l’accent est mis sur les échanges, les travaux de groupe, et une appropriation

directe des compétences visées.

Il est indéniablement reconnu que la formation initiale ne peut prétendre, à elle seule, former

les (futurs) enseignants aux réformes du système éducatif. Certes, les formateurs jouent un rôle

important dans cette entreprise, mais il importe que les responsables de la formation continuée

prennent le relais. Nous pensons que cette intervention des opérateurs de la formation continuée

devrait se faire le plus tôt possible dans le parcours professionnel du jeune enseignant et que

cette intervention pourrait être organisée en collaboration avec les opérateurs de la formation

initiale. Le rôle de cette formation initiale à l’université est certes de former les futurs

enseignants aux réformes du système éducatif ; cela étant - et c’est sans doute là une des

spécificités de la formation universitaire - le rôle de la formation initiale est aussi d’amener les

futurs enseignants à poser un regard critique sur les réformes du système éducatif.

5.5.2. L’observation de la classe : efficience et apports

Les statistiques (cf. annexe 4 tableaux 14, 15 & 16 p 372) révèlent que 63,88%

d’enseignants novices ont eu l’occasion d’assister à des cours réalisés par des enseignants

chevronnés. Par contre, 36,11% confirment qu’ils n’ont jamais assisté à des cours en classe.

Selon les informations recueillies, la majorité des enseignants novices (63,88%) ont pu

observer d’autres enseignants à l’œuvre pendant la durée de la formation initiale. Cette

observation permet aux enseignants stagiaires de comprendre, d’analyser et de faire des

réflexions sur les prestations. Ce travail d’élucidation des pratiques pédagogiques doit, dans un

premier temps, prendre appui sur la polyvalence des disciplines enseignées pour développer les

problématiques qui interrogent plus particulièrement les nouveaux enseignants, notamment la

gestion de la classe et la prise en charge de l’hétérogénéité des apprenants. Une démarche

d’analyse de pratiques bien comprise fait appel de fortes compétences et ne doit pas être

confondue avec de simples échanges de pratiques. Ce dispositif d’accompagnement des

enseignants stagiaires prend appui sur un ensemble de personnes ressources. Elles doivent

notamment développer les capacités d’analyse et d’écoute, avant même de conseiller et

d’évaluer. Elles doivent aussi être capables d’aider à identifier les questions, à élaborer une

demande et à analyser les besoins.

Page 267: Langue de spécialité, didact

267

5.5.3. L’observation de la classe : fréquence et impact

Les statistiques (cf. annexe 4 tableau 17 p 372) montrent que la majeure partie des

répondants (63,88%) ont eu l’occasion d’assister à des cours présentés par d’autres enseignants.

La fréquence diffère d’une fois pour 15,27%, deux fois pour 22,22%, trois fois pour 22,22%,

quatre fois pour 01,38%, et plus de quatre cours pour 02,77%.

Se référant aux statistiques ci-dessus, nous constatons que 63,88% d’enseignants novices ont

assisté à des cours présentés par d’autres enseignants. Ces observations, bien qu’insuffisantes,

s’avèrent très utiles pour assurer une alternance entre la théorie et la pratique. Nous ne pouvons

pas former de bons enseignants sans leur offrir une expérience pratique substantielle pendant la

formation initiale. Pour ce faire, la formation ne doit pas se limiter à des ‘quick tips’ et

‘formulaic way’ pour approcher l’enseignement. Faisant de la sorte, ce genre de formation

produit des enseignants qui ne savent pas ce qu’ils font, ni pourquoi ils le font de cette façon.

Ainsi, la théorie semble impérative comme acquis pour que nos enseignants soient en mesure

de comprendre le « how ? », le « why ? » et le « when ? » de leurs pratiques enseignantes. Nous

empruntons à James Williams (2003) ce qui suit: « Classroom-based training alone doesn't

always produce the best teachers » [141

]. Ceci dit qu’un équilibre dans l’équation

théorie/pratique s’avère nécessaire pour former de « bons » enseignants. Pour le peu de séances

que nos enseignants avaient l’occasion d’observer, cet équilibre entre théorie et pratique semble

loin d’être assuré.

5.5.4. La théorie : applicabilité et mise en œuvre

Pour ce qui est de cette question portant sur l’applicabilité de tous les aspects théoriques

dans les situations de classe, la majorité, soit 76,38% (51 femmes et 5 hommes), disent que les

aspects théoriques ne sont pas tous applicables sur le terrain. Uniquement, 22,22% stipulent que

ces aspects théoriques sont applicables en classe (cf. annexe 4 tableaux 18, 19 & 20 p 373).

La méthodologie en tant que principes théoriques ne correspond pas nécessairement à la

méthodologie en tant que réalité pédagogique. D’une façon générale, toute formation qui ne

met pas les enseignants directement en contact avec les réalités professionnelles, prenant appui

sur les données du terrain, s’avère incomplète pour une insertion appropriée des enseignants

novices. Ancrée dans les références théoriques, la formation initiale des enseignants devrait

[

141] Telegraph 29.10.2003

Page 268: Langue de spécialité, didact

268

permettre la construction des compétences didactiques, pédagogiques et professionnelles.

Vouloir mettre en œuvre, dans une pratique, les savoirs théoriques requiert une parfaite maîtrise

de ces savoirs. Pour étayer cette idée, nous nous appuyons sur ce que Perrenoud a dit :

« Le risque majeur d’un apport mal compris des sciences de l’éducation est de

multiplier les cours et discours théoriques à l’usage des formateurs ou des

enseignants en formation, comme s’il suffisait d’assimiler intellectuellement les

savoirs pour en faire bon usage dans une pratique de formation, que ce soit avec

des adultes ou des élèves de l’école primaire ou secondaire ». (1994 : 147-173).

Dans l’enseignement d’une langue étrangère, il n’y a pas de frontière nette entre théorie et

pratique mais un rapport de régulation entre elles : la pratique étant liée à certaines références

théoriques, la théorie étant confrontée à la pratique. C’est ainsi que nous reprenons l’expression

de Houssaye (1993) « Le pédagogue est un praticien-théoricien de l’action éducative » pour

soutenir notre opinion.

En effet, la théorie n’est pas une théorie pure, importée d’un autre domaine ou résultant

uniquement de l’application intégrale à l’éducation de théories existantes de telle ou telle

discipline; mais elle émane de la pratique elle-même et manifeste son originalité et

éventuellement la dignité d’un professionnel particulier puisqu’il n’est bon praticien que s’il est

capable de constamment remettre en question ses pratiques d’enseignement et de formation en

sa qualité de « chercheur » et de « théoricien ». Cette vision montrait bien la nécessité de

dépasser l’opposition traditionnelle théorie vs pratique. C’est pourquoi, l’idée (lancée par

Hameline (1979), reprise par M. Altet (1994) d’une pédagogique « théorie de la pratique d’un

enseignant-praticien » semble intéressante à mentionner à l’égard du formateur et surtout pour

la formation continue à côté de la didactique. Il ne s’agit pas ici de verbaliser les pratiques

pédagogiques en savoirs théoriques, dogmatiques, prescriptifs à appliquer de nouveau en

classe, mais d’amener l’enseignant à apprendre à analyser ses propres actions, à mieux

comprendre ce qu’il fait, à identifier et résoudre des problèmes, à partager de nouveaux savoirs,

à échanger des expériences, savoir-faire et savoir-être et, par cette prise de conscience, à

améliorer sa profession.

Pour conclure, nous pourrons dire que la pratique et la théorie entretiennent des rapports

interactifs qui font que l’une nourrit l’autre et vice versa. Donc, ce sont deux moments

interactifs et de ce fait indissociables du processus de la formation des compétences

professionnelles.

Page 269: Langue de spécialité, didact

269

5.5.5. Une transposition didactique nécessaire

a. Que devrait être fait dans le cas d’inapplicabilité des aspects théoriques?

55 enseignants du nombre total des répondants de notre échantillon, soit un taux de 76,38%,

reconnaissent l’inapplicabilité intégrale de tous les acquis théoriques sur le terrain. Le passage

de la théorie à la pratique doit impérativement faire l’objet d’adaptation et de transformation

pour réguler la pratique enseignante par rapport à l’hétérogénéité de l’audience, son niveau, ses

aspirations.

Les réponses données par les répondants sont comme suit (cf. annexe 4 p 373) :

1. « Mettre l'accent sur l'enseignement des stratégies de développement »

2. « Accroître la sensibilisation des enseignants sur les stratégies et styles d'apprentissage

des apprenants »

3. « Développer plusieurs types de connaissances sur l'apprentissage »

4. « Être en mesure d'utiliser différentes stratégies d'enseignement pour accomplir

diverses tâches »

5. « Élever le savoir au sujet des ressources pédagogiques »

6. « Apprendre mieux en réfléchissant sur leurs performances »

Il est évident que tous les principes théoriques doivent impérativement subir des

transformations lors de leur mise en œuvre. « Pour que l’enseignement de tels savoirs soit

possible, ces savoirs doivent subir une certaine déformation qui le rendra apte à être enseigné »

(Young 1971) & Bernstein 1975). Cette transformation opérée par l’enseignant lui-même que

Chevallard (1985) appelle « transposition didactique » pour transformer les « savoirs à

enseigner » en « savoirs enseignés », aussi appelée passage du curriculum formel au curriculum

réel (Perrenoud 1984 & 1985), existe dans toutes les disciplines et à tous les niveaux de

l’enseignement.

6. La formation continue

6.1. Insertion et soutien professionnel des enseignants novices

La question portait sur la formation en cours de service. Après une année scolaire,

l’ensemble des enseignants interrogés déclarent avoir assisté à des journées de formation. En

application des dispositifs du Ministère de l’Education Nationale relatifs à la formation

Page 270: Langue de spécialité, didact

270

continue des enseignants d’anglais aux cycles moyen et secondaire, les enseignants bénéficient

de 6 jours de formation par an [142

] (cf. annexe 4 tableaux 21, 22 & 23 p 372).

Lors de leur entrée dans le métier, les enseignants découvrent bien souvent la complexité

inhérente à leur tâche. D’une part, la nature de l’activité enseignante implique des aspects

relationnels où des composantes cognitives et affectives s’entrecroisent et où la relation

enseignant/élèves influence les apprentissages. D’autre part, le temps de l’insertion de ces

enseignant est un passage difficile, marqué par de nombreuses découvertes tant au niveau des

apprenants que des contextes de travail ou encore de la gestion de tâche multiples et

diversifiées.

Le temps de l’insertion de ces enseignants nécessite de nouveaux apprentissages, le

développement de compétences spécifiques et/ ou l’ajustement de multiples conduites. Cette

mise à jour nécessaire est un enrichissement de la pratique. Huberman (1989) & Nault (1999)

pointent des étapes de consolidation et d’installation dans le métier. D’après ces auteurs, même

si les parcours se diversifient au cours du temps, des périodes de remises en question sont

observées, de même que des périodes où une certaine sérénité3 s’installe. Huberman (1989) est

le seul à envisager la fin de carrière.

6.2. Éveil des enseignants aux difficultés professionnelles

Interrogés sur les profits tirés de ces sessions de formation, les enseignants novices

relatent qu’ils ont pu ‘acquérir’ des compétences d’ordre didactique et pédagogique. Nous

avons essayé de catégoriser leurs réponses, les plus récurrentes (cf. annexe 4 p 373-374), en

deux types de compétences, à savoir didactique et pédagogique :

A. Les compétences d’ordre didactique :

1. « Je suis bien organisé dans mon travail. »

2. « J’ai appris comment enseigner la grammaire implicitement. »

3. « J’ai appris à fixer des objectifs d’apprentissage. »

4. « J’ai appris à utiliser et exploiter les matériaux didactiques. »

5. « J’ai vu comment les aspects théoriques sont transposés dans la pratique. »

6. « J’ai beaucoup appris sur les nouveaux changements dans le domaine de l’éducation. »

7. « J’ai appris à planifier mon matériel didactique. »

[

142] Il est important de rappeler que les enseignants bénéficient de six journées d’étude étalées sur l’année

scolaire, l’encadrement est assuré par les inspecteurs en adaptant le programme de formation en fonction des

déficits constatés lors des inspections. Source rapport national sur le développement de l’éducation. Septembre

2004

Page 271: Langue de spécialité, didact

271

8. « J’ai beaucoup appris sur l’évaluation des apprenants. »

9. « J’ai beaucoup appris sur l’apprentissage d’intégration. »

B. Les compétences d’ordre pédagogique:

1. « J'ai appris à être un facilitateur. »

2. « J'ai acquis beaucoup plus de confiance en soi. »

3. « J'ai appris à faire face aux apprenants. »

4. « J'ai appris à gérer la classe, le temps ... »

5. « J'ai appris à motiver les apprenants. »

6. « Je me suis débarrassé du stress et l'anxiété. »

7. « Je suis capable de réfléchir sur mon enseignement. »

D’après les réponses groupées ci-dessus, les enseignants novices commencent à procéder à

la transposition didactique progressive des savoirs savants acquis lors de la formation initiale.

Les séminaires et les journées de formation de pratiques réflexives (6 jours) organisés pendant

la formation continuée sont un moment clé pour réactiver des éléments théoriques abordés

pendant les cours de didactique spéciale en vu d’assurer cette transposition didactique (A) et la

construction des compétences pédagogiques (B).

Sans doute, mis en situations réelles d’enseignement, les enseignants interrogés

commencent à découvrir les compétences et à se rendre compte des difficultés professionnelles

objectivement rencontrées par tous les enseignants-débutants. Ces difficultés, rencontrées dans

le premier exercice de la nouvelle fonction, peuvent se résumer à des variables individuelles (le

sexe, l’âge), situationnelles (la matière enseignée, l’équipe pédagogique), professionnelles (le

choix pédagogique, la formation initiale, la gestion de la classe), et relationnelles (le rapport

aux élèves, aux parents d’élèves, au chef d’établissement, la reconnaissance sociale). Il va de

soi que le jeune enseignant vit au départ une situation de transition non dépourvue d’ambiguïtés

et de contradictions, dans des conflits de rôles et dans un entre-deux d’espaces, de temps, de

statuts et d’action (Baillauquès & Breuse 1993). La première étape de prise de fonction serait

une étape à la fois de découverte et de survie (Katz 1972 & Huberman 1989). Ils vivent une

tension entre la professionnalisation, ouvrant au développement et au renouvellement de la

pratique ainsi qu’à la maîtrise d’une pratique réflexive, et la socialisation professionnelle,

conduisant à l’adaptation des pratiques aux réalités institutionnelles et sociales. Cette insertion

passe par trois étapes distinctes et complémentaires ; à savoir une étape d’anticipation, une

deuxième étape de confrontation à la réalité et une troisième étape de consolidation des acquis

(assertivité professionnelle). Cette étape de confrontation à la réalité requiert divers

Page 272: Langue de spécialité, didact

272

mécanismes d’adaptation tels que l’adaptation aveugle, l’adaptation réfléchie et l’adaptation

dynamique (Hétu 1999).

6.3. La formation continue : levier de construction des compétences

professionnelles

Comme il a été déjà avancé dans le questionnaire 3, les journées de formation au profit des

enseignants d’anglais, s’appuyant sur les données collectées sur le terrain, focalisent plutôt sur

le développement des compétences didactiques et pédagogiques que celles disciplinaires. Cette

nouvelle formation représente un nouveau levier dans la construction des compétences

professionnelles. Mise au service de ces compétences professionnelles, cette formation

continue s’inscrit dans une perspective pédagogico-didactique, cherchant à les développer.

Certainement, cette deuxième étape doit assurer la continuité en s’appuyant sur un référentiel

de compétences pour être mieux structurée. Nous empruntons le tableau (cf. annexe 7 p 385-

386) cité par Perrenoud (1996) dans « Formation continue et développement de compétences

professionnelles », qui présente les 10 compétences reconnues comme prioritaires dans la

formation continue des enseignants. Ces compétences citées ci-dessus ne peuvent se construire

qu’en situation d’enseignement et leur acquisition s’échelonne dans le temps.

De toute évidence la formation des enseignants à la mise en œuvre de nouvelles réformes

éducatives d’entrée par compétences est certes de la responsabilité de la formation initiale, mais

c’est aussi celle de la formation continuée. Force est de constater que cette formation initiale se

déroule relativement dans un cadre théorique et artificielle : théorique puis que les cours de la

didactique spéciale se fait in vitro pendant des séances de micro-teaching, et artificielle puis

que dans le cas où ces enseignants stagiaires sont assistés par des maitres de stages, qui

assistent à ces cours et les classes confiées aux stagiaires ne posent aucun problème.

Généralement, lorsqu’ils sont mis dans le contexte réel, ces enseignants novices se trouvent en

face d’un « choc de la réalité » qui est parfois extrêmement rude. Par ailleurs, la littérature

scientifique dans ce domaine démontre que la manière avec laquelle les jeunes enseignants vont

négocier cette période critique est susceptible de déterminer (positivement ou négativement) le

reste de leur carrière d’enseignant (Huberman 1989). Il importe donc que les formateurs

encadrent davantage les jeunes enseignants lors de ces premiers mois/années d’enseignement,

d’autant que, pendant cette période charnière, ils sont encore relativement « plastiques » sur le

plan didactique, ce qui n’est plus nécessairement le cas après quelques années d’enseignement.

Page 273: Langue de spécialité, didact

273

6.4. Réformes et innovations

Pour ce qui est de cette question 10, portant sur les réformes éducatives et les objectifs

qu’elles focalisent, les répondants semblent conscients des changements ciblés par ces

dernières. Les réponses collectées, classées selon leur récurrence (cf. annexe 4 p 374), sont

comme suit :

- « La réforme place les apprenants au cœur du processus enseignement/apprentissage »

- « Elle incite les apprenants à s'appuyer sur eux-mêmes; à mener des recherches, à

accroître et renforcer les capacités innées. »

- « Elle dépend de la pédagogie de projet pour développer les compétences transversales

des apprenants. »

- « Elle donne tant d'importance à l'apprentissage qu’à l’enseignement. »

- « Elle met l'accent sur l'apprenant-centrisme plutôt que sur l'enseignant-centrisme. »

- « Elle favorise le travail de groupe, de binômes et l'aide mutuelle des apprenants. »

- « Elle vise les acquis des apprenants. »

- « Elle limite les rôles des enseignants à l’accompagnement, le guidage, l’échafaudage,

etc. »

- « Elle se concentre sur la construction des savoirs plutôt qu’à leur simple

transmission. »

- « Elle favorise le développement de la pédagogie socio-constructive. »

- « Elle vise la compétence de la communication. »

D’après ces réponses citées ci-dessus, les enseignants novices sont théoriquement bien

informés sur les réformes éducatives et les changements ciblés par la méthodologie, APC, en

question. Ils sont conscients de la répartition des rôles enseignant/apprenant, des compétences

transversales qui doivent en découler de la pédagogie du projet, de l’hégémonie du paradigme

de l’apprentissage sur celui de l’enseignement (Tardif 1998), la construction des savoirs plutôt

que leurs simple transmission, la promotion de la pédagogie socio-constructive, la focalisation

sur la compétence de communication (Hymes 1991). Ce sont des atouts à faire transposer en

pratique.

7. Suggestions et attentes

Interrogés sur leurs attentes, les répondants avancent les suggestions ci-dessous qui, par

ailleurs, mettent en exergue le dysfonctionnement de la formation initiale (cf. annexe 4 p 374) :

Page 274: Langue de spécialité, didact

274

1. « Se concentrer sur la pratique plutôt que la théorie »

2. « Mettre l'accent sur la démarche réflexive »

3. « Mener à bien des séances de formation en service dans des situations de classe

réelles »

4. « Introduire de nouvelles choses pour briser la routine »

5. « Promouvoir le travail collaboratif »

6. « Fournir les moyens pour promouvoir l'enseignement / apprentissage »

7. « Augmenter la fréquence des sessions de formation pour assurer le passage de la

théorie à la pratique et vice verse »

8. « Réduire le nombre d'apprenants dans les classes »

9. « Fournir les moyens nécessaires pour assurer la concrétisation des principes de la

nouvelle approche, les objectifs et les compétences »

10. « Matériaux authentiques devraient être fournis »

11. « Améliorer les conditions sociales de l'enseignant »

12. « Intégrer et généraliser l'utilisation des TICs »

Les suggestions ci-dessus reflètent les lacunes ressenties par les enseignants novices. Ils

pointent du doigt les déficiences de la formation initiale et se constituent comme demandeurs

de formation.

Une critique souvent portée à la formation des enseignants est qu’elle serait « trop

théorique », au sens où elle n’armerait pas les futurs enseignants pour l’exercice concret de la

classe. Nul ne doute que les enseignants aient besoin de maîtriser des savoirs nombreux et

divers, sur les contenus à enseigner, le développement de l’enfant, les processus

d’apprentissage, les déterminants socio-didactiques de la réussite ou de l’échec d’un

apprentissage, les phénomènes liés aux groupes et à la relation pédagogique. Mais ceux-ci

demeurent lettre morte chez beaucoup de jeunes enseignants, qui échouent à les utiliser en les

réinterprétant lorsqu’ils enseignent.

Il est essentiel de préciser le niveau de maitrise des compétences, selon le statut de la personne

en formation. S’agissant de la formation initiale, il est important de déterminer le niveau

raisonnable de ce qu’on peut attendre d’une personne débutante dans la profession. Ce niveau

ne peut être en aucun cas identique à celui d’un enseignant en exercice, dans sa profession, et

qui s’investie dans une formation continue. Le profil de sortie d’un stagiaire inscrit dans un

programme de formation des enseignants constituera la base de l’énonciation des compétences

et du niveau à maîtriser.

La formation initiale des enseignants, sur le plan technique et opérationnel, paraît être

certainement l’un des aspects les plus essentiels du passage à la pratique des enseignements et

Page 275: Langue de spécialité, didact

275

la construction des compétences professionnelles. Et comme le monde dans son ensemble

évolue aujourd’hui si rapidement, les enseignants en cours d’emploi, tout comme d’ailleurs les

membres de la plupart des autres professions, devraient désormais admettre que leur formation

initiale est insuffisante, et qu’il leur faudra tout au long de leur carrière, actualiser et

perfectionner leurs connaissances et leurs techniques.

La stratégie nationale de la mise en place des nouvelles réformes éducatives devrait passer

d’abord par la formation des formateurs. Mais tout aussi importante est la motivation des

enseignants eux-mêmes, une motivation qui ne soit pas d’un conditionnement mais de la

manifestation d’une adhésion profonde. Enfin, il faut comprendre que l’implication des autres

personnels de l’éducation, ayant directement ou indirectement à faire avec les nouvelles

réformes éducatives, est également capitale. Pour ces personnels, il est essentiel de prévoir des

séances de formation de courte durée qui puissent leur inculquer les aspects important de ces

réformes.

L’élément clé dans les réformes éducatives, entreprises par la tutelle, reste l’enseignant et

ce par rapport au rôle capital qu’il doit jouer dans leur mise en œuvre. Non plus en tant que

transmetteur de savoirs, mais en tant qu’accompagnateur dans la découverte de savoirs.

Personne-ressource par excellence, il est celui qui crée l'environnement permettant à

l'apprenant cette triple appropriation de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être.

Pour ce faire, nos enseignants novices devaient bénéficier d’une formation initiale qui

favorise l’adaptation à des situations nouvelles, l’improvisation, l’écoute, l’innovation, de

mettre en place des réseaux, de travailler en équipe et surtout, d'oser remettre en question sa

pratique et ses connaissances. L’intégration, en formation initiale d’enseignants [143

], d’une

mise au jour d’un savoir d’action pédagogique validé par la recherche et les praticiens

pourraient développer la pertinence et la spécificité de ce savoir de haut niveau (Gauthier & al.

1997 : 25). Ainsi, la formation initiale reçue à l’université reflèterait mieux la pratique en

milieu d’enseignement et le savoir du praticien professé au sein de l’université trouverait là une

reconnaissance de sa pertinence. Mais, la formation initiale ne suffit pas. Il est impératif de

mettre en place une stratégie visant à former tout au long de la carrière ces enseignants. La mise

en place d’une formation initiale devrait se fondre sur la conception d’un enseignant capable de

[

143] Nous sommes conscients de la différence entre ce que les enseignants doivent faire pour stimuler

l’apprentissage des apprenants et ce que les formateurs d’enseignants doivent mettre en place pour aider les

novices à acquérir ces savoirs (Christensen, 1996). En ce sens, il y’a tout un monde entre la détermination d’une

base de connaissance de l’enseignement et la construction d’un véritable program pedagogy en formation des

maîtres (Carter et Anders, 1996).

Page 276: Langue de spécialité, didact

276

comprendre le contexte où s’inscrit son action professionnelle et de maîtriser les rapports entre

la théorie et sa pratique pédagogique.

8. Synthèse

La synthèse présentée ci-dessous à été tirée à partir du croisement des données de quatre

questionnaires adressés à un public diversifié. Il s’agit d’étudiants de quatrième année

universitaire (futurs enseignants), des enseignants stagiaires (sur poste depuis une année dans

trois wilayas [144

] du pays), des enseignants universitaires (formateurs auprès de l’université de

Mostaganem) et enfin des inspecteurs (encadreurs [145

] dans plusieurs wilayas).

En parcourant les données collectées à partir des questionnaires cités ci-dessus, nous

pourrons conclure que les enjeux didactiques de la formation des enseignants d’anglais L2 dans

le contexte algérien devraient susciter beaucoup plus d’intérêt de la part des deux partenaires; à

savoir la tutelle (MEN) qui offre l’emploi, et les instituts et les universités qui assurent cette

formation. Le rapprochement de ces deux pôles, pour assurer un travail conjoint des équipes

académiques et des formateurs au niveau des universités, s’avère très important. D’après les

réponses des populations ciblées par cette enquête, plusieurs pistes semblent se dégager, celles

touchant à la formation, à sa conception et à sa mise en œuvre (Questions 5 et 6 questionnaire

1), ainsi qu’à son articulation avec la formation continue pour permettre aux enseignants

d’acquérir des savoirs (savoirs sur la langue) et des savoir-faire (savoirs dans la langue) leur

donnant la capacité de devenir des chercheurs dans leur propre domaine (Kelly & al. 2004).

Une mise en relation entre théorie et action soulève ainsi le problème des apports réciproques

entre la recherche sur le processus d’enseignement/apprentissage et les pratiques

d’enseignement/apprentissage, et corollairement entre la recherche sur le processus de

formation des enseignants et les pratiques de formation des acteurs qui assurent

l’enseignement/apprentissage de cette langue étrangère. Leur implication dans la formation leur

permet ainsi d’affiner et de renouveler leur lecture des situations d’enseignement/apprentissage

en s’appuyant sur les données fournies par l’observation.

144

] Terme correspondant à la définition de département en France. Suite au dernier découpage administratif,

l’Algérie compte 48 wilayas. Dans chacune d’elles, l’éducation est gérée par une direction de l’éducation ex-

académie. 145

] Dans le système éducatif algérien, les inspecteurs doivent assurer les tâches traditionnelles à savoir des

inspections individuelles du personnel enseignant reposant sur deux moments : un temps d’observation et

d’analyse du travail de l’enseignant avec les élèves ; un temps d’entretien avec l’enseignant en dehors de la

présence des élèves. En outre, ils sont chargés de l’encadrement des enseignants pendant des séminaires et des

journées pédagogiques dont le choix des thèmes leur revient de droit et ce selon les besoins ressentis.

Page 277: Langue de spécialité, didact

277

En fait, comme l’indiquent les réponses 8 et 5 des questionnaires 1 et 2, la formation

initiale, assurée par les universités, se concentre essentiellement sur les savoirs disciplinaires et

les principes théoriques. Les connaissances purement linguistiques (questionnaire 1 question 5)

ne suffisent pas pour communiquer. Encore faut-il maîtriser les paramètres socioculturels de la

langue (compétence sociolinguistique) et savoir employer, de manière appropriée, cette même

langue dans une situation concrète de communication (compétence pragmatique) (questionnaire

1 question 5). Comme le souligne Kerbrat-Orecchioni : « la compétence communicative

globale est première par rapport à la compétence linguistique, qui n’en constitue qu’un

‘extrait’ » (1990 : 37). Focalisant uniquement les savoirs sur la langue anglaise (cf. curriculum

universitaire p 370-373) au détriment des savoirs dans la langue, la formation des enseignants

d’anglais ne prépare pas ces derniers convenablement pour assurer un ‘bon’

enseignement/apprentissage de la langue étrangère cible. L’approche homologuée par la

tutelle ; à savoir APC, centrée sur l’apprenant, s’appuie sur une triple composante de

compétences : linguistique, sociolinguistique et pragmatique pour acquérir la compétence

communicative. L’apparition de la notion de « compétence socio pragmatique », suite aux

recommandations du Conseil de l’Europe (2000 & 2001), obligeant la didactique

contemporaine des langues vivantes à s’inscrire davantage dans une visée socioculturelle

explicite, a donné, ainsi, la priorité au discours sur la langue, à l’usage sur le système, à la

performance sur la compétence. Cette nouvelle perspective a ainsi permis de constater que

certains éléments de la langue cible (aspects systémiques) s’enseignent plus facilement que

d’autres (aspects socio-pragmatiques) [146

]. Cependant, nous considérons que seule la maîtrise

de la langue dans sa dimension socio sémiotique, la connaissance de son usage dans les

contextes appropriés par l’enseignant et la volonté de l’apprenant déterminent ce qui constitue

l’échec ou la réussite dans l’acquisition de la nouvelle langue (Questionnaires 1, 2/Question 5).

On remarque une critique de la part des enseignants envers cette formation complètement

fondée sur des principes théoriques (Question 7 questionnaire 4) et qui n’est pas connectée à

une pratique de terrain. L’ensemble des enseignants, futurs (Questionnaire 1) et ceux en

exercice (Questionnaire 4), déplorent l’insuffisance, et même le décalage de cette formation qui

se contente de la transmission des savoirs disciplinaires sans pour autant permettre leur

[

146] La sociopragmatique, définie comme «l’interface sociologique de la pragmatique» (Leech, 1983 : 10), est

fondamentale pour la communication : elle est liée aux perceptions sociales qui sont à la base de l’interprétation et

de la production de toute action communicative par des participants (Kasper, 1997, 2001). Il est possible de

dresser une liste de mots, expressions et constructions mais il est plus difficile d’enseigner les nuances que ceux-ci

transmettent, et les innombrables facteurs dans la situation qui déterminent leur usage.

Page 278: Langue de spécialité, didact

278

construction ainsi que leur mise en application effective. Le décalage éventuel entre la « classe

pensée » et la « classe vécue » doit introduire un dialogue pédagogique constructif entre le

formateur et le formé. Combien de fois n’entend-on pas dire : « C’est bien, ce sont de bonnes

idées, on voit bien que les gens qui les ont émises n’ont jamais mis les pieds dans une salle »

(Poteaux 2003). La pédagogie de l’alternance, théorie/pratique (Donnay & Charlier : 2006),

loin d’être une juxtaposition de la « théorie » et de la « pratique », devrait aider les enseignants

stagiaires à développer les compétences et à les mettre en œuvre. Les stagiaires, jeunes et sans

expérience pédagogique, sont enclins à privilégier ce qu’ils appellent le « terrain » (Question

14 et 11 / Questionnaire 1 et 4), c’est-à-dire les stages en responsabilité [147

], la pratique

effective de la classe, les échanges avec les enseignants « chevronnés » (Moir & Gless 2001), le

travail collectif (Tardif & Lessard 1999 & Garnier 2003), les rencontres avec les élèves. Les

formes du TCE (Travail Collectif des enseignants) sont caractérisées selon deux dimensions et

trois structures. La dimension verticale est celle par laquelle l’agent se voit déléguer une tâche.

Elle organise les interactions formelles dans les établissements : réunions obligatoires (conseils

de classe, rencontres avec les familles), instances de concertation, etc. La dimension

horizontale est celle par laquelle plusieurs agents partagent le même objectif. Elle sous-tend les

échanges, parfois très informels, à l’occasion des projets communs ou des enseignements dans

la classe, avec des collègues ou des partenaires. En outre, trois structures caractérisent le TICE :

les enseignants d’une même discipline exercent en collaboration, puisqu'ils enseignent le

même programme avec des objectifs et des démarches spécifiques à leur matière ; ceux d’une

même classe interagissent sous forme de coopération distribuée puisqu'ils sont censés

contribuer ensemble aux progrès des mêmes apprenants ; enfin, ceux d’un même secteur

agissent en coaction lorsqu’ils partagent des espaces ou du matériel. Ce désir, explicitement

formulé par les enseignants débutants (questionnaires 1 et 4, questions révèle la plupart du

temps une volonté légitime d’entrer le plus rapidement possible dans le métier pour acquérir

l’habileté, l’aptitude singulière du « bon » enseignant, que seule l’expérimentation en situation

semble pouvoir véritablement construire. Une découverte précoce des contextes et des

conditions d’exercice réels est donc indispensable lors de la formation initiale, suffisamment

longue pour permettre une maturation du projet professionnel qui se transformera petit à petit

en construction de la professionnalité. Cette stratégie doit engendrer une véritable capacité chez

[

147] L’organisation du stage repose sur l’application de la circulaire n° 2006-130 du 23/08/06 qui adapte, pour ce

qui relève des stages prévus dans le cadre de la professionnalisation des PE2, la circulaire n°2002-070 du

04/04/02. L’objectif principal réside dans le renforcement du principe d’une formation professionnelle en

alternance.

Page 279: Langue de spécialité, didact

279

les futurs enseignants à pouvoir passer de champs disciplinaires à de nouvelles approches

assurant la passerelle de ce qui est acquis théoriquement à celui qui devrait être mis en pratique.

La formation continue est considérée comme une étape essentielle pour améliorer tant la

qualité initiale des élèves-enseignants que la nature des programmes de préparation eux-

mêmes. De nombreuses initiatives, cependant, parrainées par le gouvernement et des

organisations non gouvernementales, sont centrées sur le perfectionnement professionnel des

enseignants en activité. Le but de cette formation étant la réalisation d’un enseignant

« compétent », il est très éloigné d’une idée nouvelle qui consiste à imposer des normes strictes

pour évaluer les performances du nouvel enseignant et à mesurer ces performances au moyen

de tests de haut niveau, normatifs et standardisés. Les inspecteurs (Questionnaire 3), qui ont

encadré ces enseignants débutants pendant l’année scolaire 2009-10, jugent la formation initiale

très insuffisante, et la qualifie de « boîteuse ». Ils pensent que la performance de ces

enseignants novices est « poor » (questionnaire 3 question 7). Comme prolongement à cette

question, les inspecteurs pensent que ces lacunes sont d’ordres pédagogique et didactique

(annexe 3 question 8 p. 368).

En outre, en examinant les programmes de formation initiale des enseignants (cursus

universitaire), les inspecteurs les critiquent à deux égards. Premièrement, dans l’ensemble, les

universités fonctionnent encore selon un modèle de transmission et, en conséquence, ne

préparent pas des enseignants capables de réfléchir à leur enseignement et d’initier

efficacement leurs élèves à l’apprentissage. En outre, la vérification du savoir acquis et le

contrôle des connaissances sont menés selon des critères qui ne fournissent, ni n’assurent,

aucune validation fiable des acquisitions langagières. Deuxièmement, les politiques nationales

sous-entendent que la compétence en matière d’enseignement s’acquiert en établissement où la

théorie et la pratique sont souvent en désaccord plutôt que sur le terrain.

Pour réussir la formation et préparer vraiment les enseignants à prendre les décisions

adéquates face aux multiples situations, l’accent devrait être mis sur le caractère professionnel

dans la formation des enseignants. Ils doivent pouvoir faire preuve d’une aptitude à dispenser

un enseignement revêtant des formes multiples, à réfléchir à leur tâche et à œuvrer avec

d’autres collègues en vue d’améliorer leurs prestations — ce qui exige l’acquisition non

seulement d’une solide base de savoirs mais des savoir-faire et un esprit critique.

La préparation des enseignants aux nouvelles réformes lancées récemment par le Ministère

de l’Education Nationale suscite beaucoup d’intérêt. Ces enseignants sont habitués à des

Page 280: Langue de spécialité, didact

280

conditions exactement contraires aux principes et aux objectifs de la nouvelle approche qui

requiert une stratégie centrée sur l’apprenant. La question de savoir comment aider ces

enseignants à comprendre et enseigner les nouveaux programmes reste ouverte. Le mode de

formation en cascade que la tutelle généralement utilise pour informer massivement les

enseignants ne permettait guère d’en respecter les principes mais il n’a pas encore été

convenablement remplacé.

Face à des exigences qui pèsent différemment sur eux selon leur situation d’exercice, les

enseignants enseignent avec leurs méthodes et leur savoir-faire, en s’adaptant et en réagissant

chacun à sa façon, selon sa personnalité, en se référant aux directives (programmes et

certifications), en s’aidant des conseils reçus, et surtout en s’appuyant sur le bagage

d’expérience accumulé. La liberté dans les modalités de l’enseignement est constitutive du

métier, à condition que les objectifs, notamment ceux des programmes, soient atteints. Mais

cette liberté est relative, car l’institution est également prescriptrice en matière de pratiques

didactiques et pédagogiques. Aux programmes, sont associées des manières d’enseigner et de

transmettre les connaissances.

Pour conclure, nous pourrons dire que toutes les populations ciblées par cette enquête

s’accordent à reconnaître l’insuffisance et l’inadéquation de la formation initiale et

professionnelle des enseignants d’anglais. Les reproches visent les carences de la préparation à

la pratique du métier, les excès de la formation théorique en sciences de l’éducation, et les

faiblesses de l‘articulation entre la théorie et la pratique. Les critiques portent également sur la

préparation insuffisante des stages et sur le manque d’accompagnement en début de carrière

surtout. « Bien que l'apprentissage d'enseigner s’acquiert durant des étapes multiples de la

carrière professionnelle » (Feiman-Nemser 2003 & 2001), nous nous concentrons sur la

première année parce qu’elle représente la période cruciale et problématique pour les

enseignants débutants. Vraisemblablement, il a été constaté que pendant cette période les

modèles d’enseignement prennent formes et influencent la rétention de l’enseignant (Ingersoll

& Smith 2004), ainsi que l’influence du contexte scolaire sur la rétention du personnel

enseignant (Johnson & the Project on the Next Generation of Teachers 2004). Une formation

en alternance qui résout les tensions entre formation disciplinaire et formation professionnelle,

entre formation théorique et formation pratique, entre formation didactique et formation

pédagogique, est généralement souhaitée.

Page 281: Langue de spécialité, didact

281

Les besoins en formation sont clairement identifiés, ce qui laisse entendre que c’est toute la

conception et la gestion de la formation initiale et continue qui doit être revue pour qu’elle

retrouve son sens et atteint ses objectifs.

Insuffisante quantitativement et qualitativement, alors qu’elle est essentielle pour les

enseignants, la formation doit être perçue comme un droit. Ce droit interpelle tous les

partenaires impliqués dans l’exercice du métier d’enseignant : l’État (ministre, inspections

générales, administration centrale), les formateurs (universités), les collectivités locales, et les

parents d’élèves. Pour compléter et approfondir notre recherche, surtout sur ce qui se fait et ce

qui se dit, nous avons jugé utile de porter ces préoccupations, explicitement exprimées par les

enseignants stagiaires et sur le terrain, aux responsables de la formation ; à savoir les directions

de l’éducation (service de la formation) et les formateurs (enseignants universitaires).

Dès lors notre questionnement s’infléchit pour porter à présent sur le modèle d’enseignant à

former pour l’enseignement de la langue anglaise L2 dans le contexte actuel.

1. S’agit-il tout simplement de former des enseignants qui appliquent et suivent servilement

des savoirs conçus par d’autres ?

2. S’agit-il de former des enseignants qui résolvent des problèmes rencontrés lors de leur

pratique et soient capables d’anticiper les besoins des apprenants et d’y pourvoir avec

professionnalisme?

3. S’agit-il de former des enseignants qui apprennent comment enseigner ? Comment qu’ils

puissent répondre aux pressants problèmes de la classe ? Comment qu’ils puissent

développer les attitudes et les comportements adaptés à la classe ? Comment ceux-ci

évoluent-ils le long de leurs carrières professionnelles? Comment qu’ils perçoivent leur

apprentissage et leur enseignement ? Comment qu’ils prennent du recul par rapport à leur

pratique ?

Autant de questions auxquelles nous essayerons de trouver des réponses auprès des

responsables concernés par la formation des enseignants d’anglais (chapitre V p 86-88)

En général, l’éducation nationale souhaite-t-elle fonctionner avec un corps de techniciens

supérieurs exécutant les directives d’une hiérarchie bien huilée, ou bien veut-elle, au service du

système éducatif, un corps d’intellectuels indépendants, aptes à produire les savoirs nécessaires

pour atteindre les finalités assignées à l’École ?

Les intentions de la tutelle, vu les réformes éducatives entreprises, visent à former des

enseignants capables de prendre des décisions, de prendre du recul sur leur enseignement, et de

Page 282: Langue de spécialité, didact

282

devenir des enseignants capables de prendre des décisions. Pour Shavelson (1976 : 144), les

enseignants sont des décideurs, précisant qu’il s’agit d’une aptitude de base, car chaque

« action pédagogique est fondée sur une décision interactive » (Altet 1994), et un praticien

réflexif (Schön 1994).

Pour ce faire, il faut réunir les conditions nécessaires pour répondre aux exigences de la

formation de ces enseignants d’anglais. Cette formation devrait participer à leur développement

professionnel, et devrait aussi les aider à innover, tel est le défi posé aux formateurs des

enseignants d’anglais.

Une étude des besoins de formation doit être établie avant que cette formation soit offerte.

Essentiellement, l'analyse des besoins permet de décrire le problème, de préciser les profils des

publics visés, de définir les objectifs de formation et les contenus. L’adaptation de la formation

aux exigences du métier est en effet un enjeu majeur qui doit se fonder sur les besoins, qu’ils

soient exprimés ou déduits des obstacles rencontrés.

Page 283: Langue de spécialité, didact

283

Chapitre VI

Du point de vue des responsables de la formation

Avant-propos

La deuxième partie de notre corpus a été construite à partir des entretiens que nous avons

réalisés auprès de deux responsables de la formation. Nous envisageons l’entretien comme une

forme d’action conjointe (Desgagné 2005) où la narration soutenue par le chercheur en cours

d’entretien représente une étape de coopération.

Pour vérifier, approfondir et compléter les résultats obtenus par le biais des différents

questionnaires adressés aux personnes de terrain, nous avons opté pour des interviews du type

semi-directif. Ce qui a nécessité l’élaboration d’un guide d’entretien établi suivant les objectifs

de l’enquête. La population ciblée par ces interviews se constitue de deux intervenants ; le

premier représente le ministère employeur, à savoir le MEN et le deuxième représente l’institut

de formation, à savoir le MESRS. L’objectif de nos entretiens, auprès des responsables de ces

deux ministères, est de mettre en lumière les points de convergence et/ou de divergence entre la

conception du dispositif de formation et sa mise en œuvre effective dans le terrain.

Pour mieux cerner les fils conducteurs qui touchent aux enjeux didactiques de la formation

des enseignants d’anglais, nous avons préféré de nous rapprocher des deux services concernés

par les problèmes relatifs à cette formation, à savoir le chef de service de la formation auprès de

la direction de l’éducation de Mostaganem, et le chef de département de la langue anglaise à

l’université de Sidi Belabbes.

Le choix de ces deux responsables est fait par rapport à la responsabilité commune qu’ils

assument vis-à-vis principalement de la formation des enseignants et en fonction de l’intérêt

qu’ils doivent porter à celle-ci. En amont de ces entretiens, notre hypothèse était ils peuvent

nous renseigner sur le cheminement de l’action de formation initiale et continue des

enseignants d’anglais, son dispositif d’exécution, ces thèmes de recherche, son évaluation, et

entreprendre les démarches qui s’imposent. En résumé, il s’agit des principaux agents

consultatifs des deux ministères dans le domaine de la formation des enseignants.

Page 284: Langue de spécialité, didact

284

Ces deux responsables de la formation des enseignants ont été interviewés, pendant près de

60 minutes chacun, à propos des nouvelles réformes engagées dans le système éducatif algérien

surtout sur le volet qui a trait à la formation des enseignants d’anglais.

Ces deux interviews, enregistrées sur une bande magnétique, ont eu lieu vers la fin de

l’année 2009 pour le premier, et le début de l’année 2010 pour le second. Nous tenons à

préciser que la langue utilisée était l’arabe pour le représentant du MEN et le français pour

celui du MESRS. Une traduction s’imposait pour pouvoir transcrire la première interview, une

tâche ardue à réaliser à plusieurs égards de fidélité, de qualité et surtout de conformité

conceptuelle.

Nous considérons que, pour une meilleure lisibilité, les questions posées peuvent être

groupées en trois types. En premier lieu, les questions d’ordre descriptif, qui nous ont permis de

cerner les grands axes des réformes éducatives ; la finalité générale, l’approche mise en place,

l’objectif sous-jacent à l’enseignement des langues étrangères, la place réservée à

l’interculturel, ainsi qu’aux NTIC, etc. ; ensuite les questions de type analytique, qui invitaient

les interviewés à faire l’état des lieux des changements attendus, de la formation initiale et

continue des enseignants d’anglais entre le prescriptif et le descriptif, des contraintes, des

lacunes, des insuffisances, etc.; et finalement, les questions d’ordre prospectif, qui mettent en

relief les orientations, les actions, les réajustements qui répondent le mieux aux objectifs de

l’institution et aux attentes des enseignants.

Les propos recueillis ont été transcrits intégralement afin de pouvoir dégager, des réponses

reçues, des indicateurs, voire des lignes directrices qui permettront d’éclairer les enjeux de la

formation des enseignants telle qu’elle est conçue/projetée par les concepteurs de la réforme et

telle qu’elle est effectivement mise en œuvre par les exécutants.

La première Interview a été réalisée en décembre 2009 entre 14h et 15h (cf. annexe 9 p 402).

En poste depuis 15 ans, le chef de service de la formation auprès de la direction de

l’éducation de Mostaganem a volontairement accepté de répondre à nos questions sur les

réformes éducatives entamées en 2003.

I. Les entretiens semi-dirigés : Analyse des données

Nous avons décidé de répartir l’analyse des 2 interviews en trois parties distinctes mais

complémentaires. Nous adopterons tout d’abord un regard descriptif puis analytique et

finalement prospectif. La mise en synergie de ces regards divers, fondée sur les intentions

Page 285: Langue de spécialité, didact

285

institutionnelles, nous permet de mettre assez de lumière sur les réformes entreprises par le

MEN, leurs enjeux, objectifs et finalités, la formation des enseignants ses enjeux, son processus

et sa pertinence, et finalement, d’émettre des attentes prospectives pour une meilleure prise en

charge de la formation des enseignants. Ces trois champs cités ci-dessus, nous paraissent

cruciaux pour une atteinte des objectifs escomptés.

1. Regard descriptif : la réforme éducative, finalité et objectifs sous-jacents

Les changements sociétaux d’ordres politiques, économiques, et culturels, qui distinguent la

société d’aujourd’hui, ont mis en évidence la nécessité urgente de remettre en question le

système éducatif algérien (cf. annexe 9 interview 1 p 402). Comme l’indique, le responsable de

la formation auprès de direction de l’éducation (cf. annexe 9 interview 1 p 402-410) partout

dans le monde, la société algérienne fait mention spéciale du rôle du système éducatif, auquel

on a tendance à accorder la responsabilité de contribuer au développement constant de manière

fondamentale et systématique. Pour faire face aux défis découlant de ces mutations tous azimut

associées à la mondialisation, le gouvernement algérien devait impérativement entreprendre

une éminente révision de sa politique éducative (cf. annexe 9 interview 1 p 402-410), tant dans

l’éducation primaire, dans l’enseignement secondaire que dans l’enseignement supérieur. En

fait, il a investi d’importantes ressources pour favoriser un processus de modernisation de son

système éducatif, dans le but d’améliorer tant la qualité que l’équité en matière d’éducation.

Pour bien fonder cette entreprise des réformes, la CNRE a vu le jour en mai 2000. Son rôle était

de faire un état des lieux pour se projeter dans le futur en préconisant des recommandations. En

effet, le diagnostic établi par la CNRE a fait le constat d’un certain nombre de défaillances du

système éducatif, qu’elle a même qualifié d’ « école sinistrée», et a identifié les principaux

défis qui se posaient au chapitre de la qualité et à la pertinence de l’éducation. Ainsi, parmi les

principaux volets recommandés par la CNRE, ceux touchant à la réorganisation des différents

cycles d’enseignement, la restructuration/refonte des programmes d’enseignement, et la

formation des enseignants, des inspecteurs, des enseignants formateurs, et des gestionnaires

d’établissements. Pour éviter de reprendre les trois axes concernés par ces réformes, nous avons

limité nos questions uniquement aux deux axes qui nous interpellent davantage, à savoir la

refonte des programmes et la formation des différents acteurs. Pour ce qui est des programmes,

la CNP et GSDs, regroupant des académiciens, des didacticiens, des chercheurs et des

inspecteurs ont été installés pour reformuler les programmes selon les objectifs de l’approche

par les compétences. Cette opération de reformulation des programmes et de conception de

manuels (cf. annexe 9 interview 1 réponse 3 p 402) répondant aux objectifs de l’approche en

Page 286: Langue de spécialité, didact

286

question a duré presque trois ans. Il est important de dire que la dimension interculturelle,

comme cela a été précisé par les responsables de la formation, est évoquée dans les instructions

officielles, incluse dans les programmes et les manuels scolaires, connue sous la rubrique «

learn about culture » (cf. annexe 9 interview 1 réponses 5 & 6 p 403). Bien que ces réformes,

touchant aux programmes et aux manuels, aient été réalisées en un temps record, et surtout

dans un climat de bouillonnement, leur mise en œuvre sur le terrain dépend en grande partie de

l’engagement des enseignants. Donc, ces actions en amont au niveau de l’accompagnement du

processus de renouveau des programmes et des manuels scolaires ne pouvaient se faire sans

appui simultané au niveau de la formation des formateurs et des enseignants, ce que nous

verrons dans la partie sur le regard analytique ci-dessous.

Les questions qui portent sur l’introduction des NTIC, les équipements qui sont

disponibles, d’après les responsables interviewés (cf. annexe 9 interview 1 réponse 14 p 406),

et dont l’exploitation reste, malheureusement, liée à une formation qui n’arrive pas à s’installer

effectivement (cf. annexe 9 interview 1 réponse 15 p 406). Dans plusieurs cas, la question des

NTIC est réduite à une question d’équipement. Mais une fois, les premiers moments

d’émerveillement passés, il est devenu presque évident qu’il fallait se pencher sur la nature des

activités menées avec ces outils, ainsi que sur les usages. Or « L’utilisation des NTIC comme

outils pour l’enseignement et l’apprentissage pousse les enseignants à organiser leurs

pratiques autrement. » (Charlier & Peraya 2003 : 146). En plus, en l’absence d’une conception

d’un système en NTIC, répondant adéquatement aux besoins des réformes éducatives et qui soit

véritablement aux mains des enseignants et des apprenants, prive plusieurs cohortes

d’enseignants d’anglais et d’apprenants de tirer profit des apports qu’offrent ces moyens. Au

niveau des universités, l’insertion d’un module sur les NTIC dans le cursus, une démarche qui

n’est pas anodine, devrait être faite non seulement dans le but de vulgariser et démocratiser

l’utilisation de ces outils, mais pour en faire profiter les enseignants-stagiaires d’anglais de cet

espace numérique qui offre des sources d’information diversifiées et multiples. « Cette

intégration des NTIC dans le dispositif de formation doit permettre le dépassement du point de

vue affectif, au profit d’une approche scientifique qui validera ou invalidera les théories

scientifiques sous-tendues » (Linard 2000 cité par Deyrich HDR 2007 : 132), ainsi qu’une

clarification des soubassements épistémologique de la notion de dispositif (Brodin 2004 cité

par Deyrich HDR ibidem) et des positionnements retenus (Narcy-Combes 2005 cité par

Deyrich HDR ibidem). Par conséquent, dans le cadre de la formation des enseignants une

compétence de recherche de l’information, de son traitement, de sa communication s’impose

dans un environnement universel où le pouvoir n’est plus entre les mains de ceux qui

Page 287: Langue de spécialité, didact

287

détiennent le savoir, comme autrefois, mais entre les mains de ceux qui détiennent le savoir-

agir.

2. Regard analytique : la formation initiale et continue des enseignants

d’anglais entre le prescriptif et le descriptif

L’analyse des entretiens laisse révéler l’existence d’un décalage grandissant entre le

référentiel de compétences exigé par le ministère employeur à l’issue de la formation initiale et

le profil de sortie effectif des cohortes d’enseignants sortant des universités (cf. annexe 9

interview 2 réponse 12 p 414). Une réflexion sur le profil de sortie des enseignants est

incontournable lorsque, dans un programme de formation d’enseignants, on veut s’assurer de

résultats tangibles. « Le métier d’enseignant s’acquiert dans une articulation entre les

situations vécues et les théories qui tentent de les expliquées » (Altet & al. 2002 : 74). Donc, la

formation axée uniquement sur l’acquisition des concepts théoriques sans véritable appui sur

les situations réelles, le cas des futurs enseignants algériens d’anglais, ne peut ultérieurement

les aider lorsqu’ils se trouvent en face des apprenants. Il s’ensuit un décalage entre une

formation académique résultant comme plutôt inutile et une pratique intuitive qui doit répondre

aux situations imprévues de la classe.

Le parcours de formation des enseignants, au lieu de se limiter à la théorie, comme il a été

confirmé par les deux responsables de la formation (cf. annexe 9 interview 1 réponse 17 p 406-

407), devait comprendre à la fois une théorie associée à la pratique, et une pratique découlant

d’une théorie. Il est dit : « La théorie sans pratique est impuissante, et la pratique sans théorie

est aveugle » (Kant). Il s’agit de mettre en place un dispositif qui assure une articulation entre

les apprentissages dans l’institut de formation (théorie) et la pratique dans les lieux de stage

(pratique) pour assurer l’alternance entre les moments de l’acquisition des savoirs et des savoir-

faire et les moments de leur mise en application. Ainsi s’établit un va-et-vient entre la théorie

qui fournit les outils de réflexion, et non des recettes toutes faites pour l’application, et la

pratique qui régule la réflexion théorique. La formation, qui se limite à l’acquisition d’une

somme de concepts et de savoirs (cf. annexe 9 interview 2 réponse 10 p 412-413), sur lesquels

l’évaluation se fonde exclusivement, n’aboutit en aucun cas sur une pratique réflexive (cf.

annexe 9 p 412), élément déclencheur de la transformation du comportement et de la pratique

de l’enseignant.

Page 288: Langue de spécialité, didact

288

Cette pratique réflexive est difficile à acquérir, voire impossible, et surtout, pour un

enseignant qui y a été peu ou mal formé. Cela nécessite le regard d’un autre, l’ouverture de sa

classe à un observateur conscient des compétences professionnelles à développer, un dispositif

indisponible dans tous les établissements d’accueil des enseignants stagiaires selon les

responsables de la formation. Il nous paraît alors indispensable que l’analyse réfléchie avec un

observateur soit préparée, construite collectivement, que l’entretien avec cet observateur

conduise à l’explicitation de sa propre pratique et que cette analyse procède d’une planification

construite préalablement.

L’acquisition de cette compétence de haut niveau (cf. annexe 9 interview 2 réponse 11 p

413), nous renvoie vers l’importance que revêt la formation des formateurs des enseignants au

niveau des universités ainsi que celle des enseignants sensés assurer l’encadrement,

l’accompagnement et la supervision sur le terrain. La conception de la formation, telle qu’elle

est décrite par les deux responsables de la formation, ne répond guère aux exigences de la

politique éducative actuelle. Sur le terrain, la transmission des compétences professionnelles se

fonde sur l’observation de séquences d’enseignement des encadreurs, lorsqu’ils sont

disponibles dans les établissements d’accueil. Elle repose sur la simple imitation et

reproduction des performances considérées comme exemplaires. Ces encadreurs, formés en

majeure partie dans les années 70 et « insoucieux » d’approfondir leur réflexion, n’assurent

qu’une formation professionnelle dans une perspective behaviouriste s’appuyant

essentiellement sur la duplication d’un certain nombre de modèles normatifs/prescriptifs. Ce

type de formation fondée exclusivement sur la transmission de « bonnes pratiques » n’est pas

sans risques potentiels selon les propos de Vergnaud (1996).

Au niveau des universités, la plupart des formateurs, nouvellement recrutés, suite au départ

massif en retraite ou sous d’autres cieux de centaines de chercheurs universitaires, manquent

d’expérience professionnelle, comme cela est confirmé par le chef de département d’anglais (cf.

annexe 9 interview 2 réponse 12 p 414). Leur action se limite surtout à une formation

théorique, focalisant sur les compétences disciplinaires et complètement déconnectée de la

réalité des variantes des situations d’enseignement/apprentissage qui influent incontestablement

sur la pratique. Le rapprochement des différents intervenants dans la formation des enseignants,

à titre consultatif, collaboratif et dans une perspective de complémentarité, s’avère nécessaire.

La recherche et la formation sont deux espaces étanches qui requièrent l’établissement d’un

lien assurant des allers-retours entre la théorie et la pratique et vice versa. Cette mise en relation

théorie-pratique cible la promotion de la réflexion sur la pratique des classes des enseignants

Page 289: Langue de spécialité, didact

289

stagiaires. L’observation des séquences d’enseignement des enseignants stagiaires permettent

aux formateurs universitaires d’avoir un aperçu de ce qui se joue dans les classes, et par la

même d’affiner leur lecture de ces observations et, finalement, d’apporter les changements

nécessaires vis-à-vis du processus enseignement/apprentissage par rapport aux principes de

l’approche par les compétences. Ce type de réflexion résulte en une stimulation d’un

questionnement sur les savoirs, les savoir-faire et attitudes nécessaires pour les enseignants-

stagiaires afin qu’ils puissent répondre aux exigences de l’institution.

Cette articulation formation théorique et formation pratique (cf. annexe 10 p 412) offre aux

enseignants-stagiaires une occasion de faire un retour sur leurs propres pratiques

professionnelles, et non sur les modèles normatifs, pour procéder aux réajustements qui

s’imposent pour modifier et affiner leurs propres pratiques. Ainsi, les enseignants-stagiaires

seront placés en position de questionnement sur leurs propres pratiques, menant forcément à

une prise de conscience sur les lacunes repérées pour apporter les améliorations qui s’imposent.

La juxtaposition des expériences professionnelles des hommes de terrain et les savoirs des

formateurs au niveau des universités, tout en étant conscients de ce que celle-ci peut générer vu

les différences de statuts, de logiques, et., peut amener les deux parties à joindre leurs savoirs et

savoir-faire à la fois théoriques et pratiques pour trouver un équilibre favorisant la formation

d’enseignants « savants et compétents »; savants puisqu’ils seront détenteurs des savoirs

savants et des savoirs à enseigner et compétents puisqu’ils les transposeront, bien sûr en

apportant les changement et les améliorations qui s’imposeront en cours de chemin pour les

traduire en savoirs enseignés (Chevallard 1985).

Il est évident que la mise en synergie de ces deux espaces, recherche et pratique, devrait

impérativement mener à leur décloisonnement, et aboutisse à l’élaboration de dispositifs

d’intervention didactiques et à leur faisabilité et/ou leur évaluation. Il s’agit donc

essentiellement d’apporter des solutions fonctionnelles aux problèmes posés par la pratique

pédagogique (Van der Maren 1996 : 65). Ce type de travaux, que Paquay appelle « recherche

praxéologique » (1993 : 3), tente de proposer aux hommes de terrain des solutions permettant

de transformer les pratiques quotidiennes. Pour le moment, cette articulation théorie/pratique

est loin d’être effectivement construite (cf. annexe 9 interview 2 réponse 9 p 412) ; ce qui met

en évidence les décalages entre les deux formations, sensées être interdépendantes et

complémentaires, et les effets pervers qui en découlent.

Page 290: Langue de spécialité, didact

290

Cependant, on n’observe pas une corrélation forte entre les attentes des décideurs,

explicitement formulées dans les documents officiels et traduites en cours d’enseignement dans

les manuels scolaires d’anglais, et les résultats obtenus sur le terrain. Les bonnes intentions

n’accouchent pas forcément de résultats conséquents. L’efficacité de la réforme mise en place

serait donc vouée à l’échec si la mobilisation de tous les acteurs n’est pas engagée pour relever

les lacunes et chercher les remédiations valables et appropriées. Dans cette perspective, il

convient d’accorder une importante place à l’évaluation, afin de mesurer, comparer, et

comprendre. Et à partir de là, identifier les mesures les plus efficaces pour améliorer la

formation des enseignants et ainsi améliorer la qualité de l’éducation.

Il est pertinent que les réformes sur le terrain restent au niveau d’une démarche académique

et scolaire. Alors que le discours préconise une centration sur l’apprenant, la porte d’entrée

principale reste, néanmoins, celle des contenus ; les savoirs apparaissent comme une fin en soi,

et non comme des sources pour agir; la préoccupation liée à la quantité des acquis reste encore

présente, malgré la préoccupation affichée dans le discours de qualité au niveau de ces acquis.

On peut dire que dans les intentions figure, certes, une volonté de mobiliser des savoirs dans

des situations complexes, mais ces déclarations se limitent à leur simple expression au niveau

du discours.

3. Regard prospectif : attentes et perspectives

Six ans après sa mise en œuvre, la réforme éducative engagée par le gouvernement algérien

n’a pas fait l’objet d’une évaluation institutionnelle (cf. annexe 9 interview 1 réponse 22 p 408),

qui aurait été perçue comme un levier d’amélioration à tous les niveaux ; du niveau central au

niveau local. Partant uniquement des constats réalisés par les hommes de terrain (cf. annexe 9

interview 1 réponse 22 p 408), comme cela était précisé par le responsable de la formation des

enseignants auprès de la direction de l’éducation de Mostaganem, les responsables de la

formation des enseignants d’anglais aperçoivent que celle-ci est loin de répondre aux attentes

des réformes éducatives, et ainsi assurer la qualité et la pertinence convoitées. Le dispositif de

formation, avec un appui du PARE [148

] (cf. annexe 9 interview 1 réponse 24 p 409), mis en

place pour permettre aux formateurs de maitriser l’application de l’approche pédagogique sur

laquelle repose la réforme en cours reste insuffisant. Les responsables de la formation misent

sur le temps alloué à la mise en œuvre des réformes (représentant du MEN), la formation des

formateurs des enseignants, les critères de recrutement des enseignants qualifiés (représentant

[

148] Programme d’Appui aux Réformes Éducatives

Page 291: Langue de spécialité, didact

291

du MESRS), la disponibilité et l’exploitation effective des NTIC, pour que les réformes

aboutissent sur les résultats probants.

Les deux responsables de la formation des enseignants d’anglais insistent sur un

rapprochement nécessaire entre les hommes de terrain (enseignants accompagnateurs,

observateurs, inspecteurs, etc.) et les enseignants universitaires responsables de la formation

des enseignants d’anglais pour combler les carences identifiées et mettre en place un dispositif

de formation qui joint à la fois les compétences théoriques aux compétences pratiques. Il s’agit

évidement d’une exploration des pistes, qui peuvent être prometteuses, pour pallier les déficits

décelés.

Pour en saisir les enjeux en termes de formation, il est impératif que les responsables du

secteur éducatif algérien se penchent consciencieusement sur l’étude des besoins en matière de

formation en générale et concevoir des dispositifs qui permettent aux enseignants d’améliorer

leurs compétences afin qu’ils puissent à leur tour modifier leurs enseignements.

4. En guise de conclusion

Indubitablement, le gouvernement algérien consent des efforts appréciables dans le secteur

de l’éducation. Celui-ci est considéré comme un domaine prioritaire qui bénéficie de 5,8 % du

PIB du pays. Les réformes du système éducatif se poursuivent avec un objectif louable :

améliorer les produits de l’école algérienne pour les rendre compatibles avec les exigences des

changements sociétaux en perpétuels mutations. Mais, la réalisation de ce projet doit

impérativement passer par la formation des acteurs censés mettre en œuvre ces réformes. La

restructuration des programmes d’enseignement, la réorganisation des différents cycles

d’enseignement et la disponibilité des NTIC, bien que nécessaires, à eux-seuls ne suffisent pas

s’ils ne sont pas couronnés d’une formation crédible, probante et durable. La formation initiale

et continue est devenue un moyen incontournable d’assurer un enseignement/ apprentissage de

qualité.

Cependant, l’analyse des réponses collectées à partir des deux interviews est révélatrice

d’un écart grandissant entre les intentions des décideurs et les attentes des enseignants

d’anglais. Les dysfonctionnements insoupçonnés au niveau de la formation des enseignants

peuvent engendrer des difficultés, lesquelles peuvent elles-mêmes se transformer en obstacles,

empêchant la réalisation des réformes engagées. La question évidente est : comment peut-on

mobiliser l’ensemble des enseignants d’anglais sur de nouvelles démarches fondées sur les

Page 292: Langue de spécialité, didact

292

compétences quand la formation initiale ainsi que continue ne les préparent pas

convenablement à cette nouvelle mouture ?

Dans l’absence d’un cadre cohérent de coordination entre les différents partenaires, à savoir

le MEN et MESRS (cf. annexe 9 interview 2 réponse 13 p 414), le défi reste essentiel dans la

mise en place d’une formation qui réponde aux référentiels de compétences disciplinaires et

professionnelles.

La formation initiale et continue en pleine mutation est à prévoir, elle s’imposera de toute

façon à l’intention de nouvelles générations d’apprenants sans cesse en renouvellement avec les

nouveaux changements sociétaux et culturels. Il s’agit de former des enseignants d’anglais à un

« métier nouveau » (Meirieu 1989), qui demande de véritables et nouvelles compétences

professionnelles (Paquay & al. 1996), qui comporte de nouveau enjeux. Cette formation doit

focaliser sur les compétences d’agir en permanence dans l’urgence et de décider dans

l’incertitude (Perrenoud 1996). Ce nouveau métier d’enseignant, d’ailleurs complexe,

dynamique et évolutif, requiert à la fois, et parmi d’autres, le travail en équipe, la construction

des démarches didactiques : telles que l’organisation et la gestion des situations

d’apprentissage, la gestion de la progression de l’apprentissage, la conception et l’évolution des

dispositifs de différenciation, l’implication des apprenants dans leur apprentissage et leur

travail. Celles-ci doivent être adaptées à la diversité des apprenants, l’autonomie intellectuelle

dans la transposition didactique, et la compétence organisationnelle. Bref, il est question d’une

formation professionnelle qui intègre plusieurs savoirs disciplinaires et interdisciplinaires,

didactiques, épistémologiques, pédagogiques, psychopédagogiques et philosophiques afin de

produire un « praticien réflexif » (Schön 1983).

Donc, la professionnalisation du métier d’enseignant est le point d’entrée principal à la

rénovation du système éducatif algérien. Elle suppose une formation professionnelle tout au

long de la vie, car une formation initiale, quelque soit sa qualité, est incapable de former pour

toute la vie un enseignant « compétent ». La formation continue, qui constitue un puissant

levier destiné à développer les compétences et à favoriser une adaptation permanente aux

évolutions du métier, occupe actuellement une place discrète dans les programmes des

ministères de l’éducation, et ne fait pas encore partie de leurs grandes missions.

La formation initiale est axée sur la formation disciplinaire et fait peu de place aux aspects

pratiques. Elle peut même être déconnectée du terrain, dans la mesure où elle n’intègre pas des

situations d’enseignement. Celle-ci place souvent les enseignants-stagiaires dans une position

Page 293: Langue de spécialité, didact

293

de décalage important entre deux visions du métier d’enseignant : l’une « réelle »

correspondant à ce qu’ils vivent quotidiennement dans leurs classes, et l’autre « idéale », et par

essence complet, préconisée par la théorie acquise à l’université. Dans l’absence d’une

articulation entre les deux espaces ; théorique/pratique et vice versa, les modèles pédagogiques

prescrits restent éloignés des réalités des classes. En outre, cette formation est coupée de la

formation continue et ne s’inscrit pas dans une vision globale de préparation et

d’accompagnement de l’enseignant, assurant une évolution professionnelle permanente.

Pour ce qui est de la dimension (inter)culturelle incluse dans les nouveaux programmes

d’enseignement (cf. annexe 9 interview 1 réponse 6 p 403 & interview 2 réponse 15 p 415), il

est important d’affirmer qu’il ne suffit pas d’élaborer des programmes en incluant cette

dimension culturelle pour voir ces effets dans la pratique des classes. Il faut que le dispositif de

formation des enseignants (cf. annexe 9 interview 1 réponses 7 & 8 p 404) intègre des

démarches qui font évoluer les représentations des enseignants (Abdellah-Pretceille 1996, 1999

& Besse 1993) pour que ces derniers puissent agir dans ce sens sur les représentations des

apprenants. Il s’agit, pour reprendre les propos de Deyrich, de « développer une compétence

culturelle dépassant le plan des stéréotypes et de lieux communs » (2006). Un enseignement

qui contribue à dépasser la simple juxtaposition de faits culturels pour permettre aux

enseignants « d’entrer dans l’inter, de vivre une modification identitaire, si minime soit-elle ? »

(Ricoeur 1990 : 14) & (Kramsch 1997 : 80) cités par Tardieu (2006). En fait, le développement

de cette compétence culturelle est lié en grande partie à la compétence culturelle de

l’enseignant, à sa façon de la transmettre et aux représentations qu’il véhicule. Parmi d’autres

écueils qui empêchent l’acquisition de cette compétence culturelle, il y a le manque de contacts

directs, de voyages et même de revues, de magazines, etc. (cf. annexe 9 interview 1 réponse 8 p

404). Pour l’instant, les NTIC se présentent comme un espoir dans ce domaine, d’où l’intérêt de

faire rapprocher les différentes cultures et de poursuivre des recherches dans ce vaste champs

de l’enseignement des cultures.

En somme, on ne peut donc envisager le changement souhaité dans la pratique des

enseignements fondée sur l’approche par les compétences sans repenser les dispositifs de la

formation initiale et continue des enseignants d’anglais, assurant un continuum, sans prendre

conscience des obstacles du terrain après les avoir identifiés, sans mettre l’accent sur la

formation des formateurs des enseignants selon les critères se rapprochant des objectifs du

« professionnalisme », sans assurer une alternance entre les moments de formation théorique et

les moments de formation pratique, sans placer un dispositif de suivi et de compagnonnage des

enseignants-stagiaires sur le terrain, et sans faire participer tous les partenaires concernés par

Page 294: Langue de spécialité, didact

294

cette formation. Sans cela, ces changements peuvent entraîner une véritable déstabilisation des

enseignants, des apprenants et même des parents, en leur donnant l’impression de ne plus

comprendre le rôle attribué à l’école.

Il est vrai que l’implication et l’engagement des enseignants certes nécessaires, ne suffisent

pas à eux seuls à répondre aux nouvelles exigences de la réforme éducative à laquelle ils ne

sont ni associés, ni bien informés ni bien formés. À défaut d’une proposition institutionnelle

d’une formation judicieusement pensée, cernant les besoins réels des enseignants, et dont les

modalités seraient rigoureusement définies, nos enseignants, praticiens du terrain, se lancent

seuls dans le flou.

5. Croisement et discussion des données

À partir d’une lecture croisée des résultats obtenus des 4 questionnaires, adressés aux

personnels enseignants, aux formateurs et aux superviseurs sur le terrain, et deux interviews,

effectuées auprès des deux responsables du département de la formation des enseignants, nous

avons pu conclure qu’il y a, en effet, un écart grandissant entre la formation telle qu’elle est

prescrite dans les documents officielles de la tutelle et la formation telle qu’elle est mise en

œuvre au niveau des universités et sur le terrain.

D’une part, les enseignants-stagiaires d’anglais, nous indiquent que la formation initiale ne

les prépare pas à ce nouveau métier d’enseignant (cf. annexe 1 questionnaire 1 réponses 7, 8, 9

& 10 p 404-405). Ils stipulent que celle-ci se fonde en grande partie sur l’acquisition des

concepts, des méthodes, et des techniques théoriques sans un lien pratique aux réalités de la

classe. En outre, les formateurs universitaires (cf. annexe 2 questionnaire 2 réponses 14 & 15 p

414-415) nous confirment que la formation initiale focalise sur les compétences disciplinaires

complètement déconnectées de la réalité des situations de classe. De même, les enseignants

novices, au regard des difficultés liées à la pratique auxquelles ils sont confrontés dès l’arrivée

sur le terrain (cf. annexe 4 questionnaire 4 réponse 8 p 373) aussi bien que les inspecteurs (cf.

annexe 3 questionnaire 3 réponses 7, 8 & 9 p 368-369), nous rendent compte des faiblesses

relevées au niveau didactique et pédagogique. Plusieurs recherches confirment que la pratique

réalisée en milieu scolaire pendant la formation initiale des enseignants est une composante

essentielle de leur préparation (Wilson & al. 2001). En fait, l’expérience réelle en milieu

scolaire et en salle de classe permet de familiariser les futurs enseignants avec la dynamique

complexe de l’école et de l’enseignement et leur donne la possibilité d’en apprendre davantage

sur les stratégies d’enseignement efficaces et sur leur capacité de les mettre en œuvre. En

revanche, les travaux de cours leur donnent des bases théoriques et empiriques. Ce qui semble

Page 295: Langue de spécialité, didact

295

être remis en question, ce n’est pas l’intérêt des ces bases, mais leur adéquation aux besoins

immédiats des enseignants. On le constate lorsqu’on se rapporte aux réponses du questionnaire

4 question 7a et b. L’efficacité d’une bonne formation et la pertinence de l’action de

l’enseignant dépendent de la réalité de sa mise en œuvre effective et de la dynamique d’une

adaptation constante. C’est ce que les chercheurs, tel que Kelly (2008), appellent la

construction des compétences dites professionnelles. Chargés de la formation continue, les

inspecteurs déplorent aussi les lacunes d’ordre didactique et pédagogique (cf. annexe 3

questionnaire 3 réponses 8 & 9 p 368-369) de ces jeunes enseignants. Même, ils vont même

jusqu’à qualifier cette formation de « boiteuse » pour les défauts recensés durant presque une

année d’encadrement (cf. annexe 3 questionnaire 3 réponse 7 p 368). En outre, ils affirment que

le cursus universitaire devrait être revu pour qu’il soit conforme aux compétences

professionnelles requises par le référentiel des compétences dites professionnelles (cf. annexe 9

interview 1 réponse 11 p 405). Dans l’ensemble, les différents répondants aux questionnaires

reconnaissent le manque et les conséquences qui en découlent de cette insuffisante pratique sur

le terrain.

D’une autre part, les données collectées à partir des interviews, nous dévoilent et confirment

ce grand décalage entre le dispositif de la formation dans son aspect prescriptif, telle qu’elle est

conçue par les responsables de l’éducation nationale, et dans son aspect descriptif, telle qu’elle

est effectivement exécutée sur le terrain.

Bien que les intentions des responsables du ministère de l’éducation nationale, représenté

par le responsable du département de la formation au niveau de la wilaya de Mostaganem,

prônent dans leurs discours pour une formation qui répond aux exigences du 21ème

siècle (cf.

annexe 9 interview 1 réponse 1 p 402),i.e., former des enseignants qui disposent des

compétences de haut niveau, sur le terrain la réalité est toute autre chose. Six années après sa

mise en œuvre, la réforme éducative ne reflète pas l’impact escompté d’une formation

professionnalisante sur la pratique des enseignants. Le responsable du département de la

formation des enseignants reconnait la présence d’un écart grandissant.

De son côté, le représentant du MESRS reconnaît la non-conformité de la formation initiale

avec le référentiel des compétences inséré dans le cahier des charges à plusieurs égards (cf.

annexe 9 interview 2 réponse 10 p 412-413), faute de ressources humaines qualifiées ce qui

explique le recours aux enseignants contractuels (50 % d’enseignants contractuels) et (cf.

introduction questionnaire 2 p 202 & interview 2 réponse 10 p 412-413), ou manque

d’expérience (entre 1 et 10 ans d’ancienneté pour 50% des enseignants formateurs (cf. annexe 5

questionnaire 2 tableau 3 p 361). En outre, le manque de coordination entre les deux corps

Page 296: Langue de spécialité, didact

296

concernés par cette formation, à savoir les enseignants-chercheurs, dépositaires et producteurs

de savoirs théoriques et procéduraux, au niveau de l’université et les enseignants, dépositaires

d’une base de connaissances tirées de la pratique, de ses traits, conditions et contraintes, au

niveau des établissements scolaires, indubitablement fait défaut (cf. annexe 9 interview 2

réponse 13 p 414). Ces deux espaces devraient nourrir l’un l’autre afin de structurer le

dispositif de formation des enseignants d’anglais. En principe, les différents récits de pratique

et leur co-analyse par les deux formateurs de terrain et des instituts devraient constituer une

démarche de formalisation. Il est clair qu’un « partenariat » entre les dépositaires des savoirs

théoriques et des savoirs pratiques s’avère nécessaire pour consolider et parfaire la formation

des futurs enseignants. Les enseignants universitaires ne peuvent assumer, à eux seuls, toutes

les dimensions de la formation dont les futurs enseignants auront besoins pour dispenser un

enseignement qui cible la construction des savoirs, des savoir-faire et des attitudes. Ainsi, les

futurs enseignants ont besoin à la fois de l’expertise des enseignants universitaires et des

enseignants de terrain. Pour étayer cette idée relative à l’intégration de la recherche dans la

formation des enseignants, nous nous appuyons sur ce que Deyrich a cité dans un projet dans ce

sens « la recherche est censée jouer un rôle clé dans la formation des futurs enseignants, dès

lors que l’on admet que la formation professionnelle ne se limite pas à la reproduction de

modèles et de pratiques et, en conséquent, que le futur enseignant devrait acquérir des savoirs,

des savoir-faire lui donnant la capacité de devenir un chercheur dans son propre domaine. »

(Kelly & al. 2004).

Certes, l’état algérien a engagé des moyens importants pour améliorer son système éducatif

à tous les niveaux, et ainsi préparer les générations futures aux défis du 21ème

siècle, c’est ce

que le représentant du département de la formation du MEN a affirmé (cf. annexe 9 interview 1

réponse 1 p 402). Mais les choses, selon les témoignages de tous les partenaires, enseignants-

stagiaires, enseignants sur le terrain, les enseignants universitaires, les inspecteurs, et les deux

responsables de la formation, n’ont pas effectivement changé sur le terrain et à l’intérieur des

salles de classe. Les trois quarts (3/4) d’enseignants [149

] continuent à mettre en œuvre des

scénarios qui exhortent la transmission des savoirs disciplinaires fondés sur la pédagogie par

objectifs (PPO) (cf. annexe 9 interview 1 réponse 25 p 409). La pédagogie par objectifs est un

type de pédagogie qui consiste à lier l’objectif fixé à son mode opératoire et aux moyens de sa

réalisation. Dans la plupart des cas un objectif global est fixé et décomposé en sous objectifs

qui concourent tous à la réalisation de cet objectif global. Ensuite, un ensemble d’activités

[

149] Les trois quarts (3/4) des enseignants exerçant actuellement dans les établissements scolaires tout corps

confondu sont issus d’un système traditionnel exhortant un enseignement fondé sur la pédagogie par objectifs.

Page 297: Langue de spécialité, didact

297

pédagogiques ciblées sont sélectionnées et proposées pour atteindre chaque sous-objectif.

Chaque unité d’activité pédagogique est considérée comme nécessaire et suffisante pour la

réalisation de sous-objectifs. Cette pédagogie entraine un découpage particulier du temps

d’apprentissage qui se fait par blocs successifs et compacts, correspondant à chaque sous-

objectif (Cuq 2003 : 192). Bien que la réorganisation des différents cycles de l’enseignement, la

refonte/restructuration des programmes, la nouvelle conception des manuels, et l’introduction

des NTIC ne soient pas négligeables, elles ne suffisent pas à elles seules pour améliorer la

formation des praticiens. Il est évident que parmi les principaux déterminants de la réussite du

processus des réformes du système éducatif engagées par le MEN, la formation des enseignants

et des formateurs d’enseignants devait occuper une place stratégique. En effet, la qualité de

l’enseignement dépend, pour une grande partie, des compétences des praticiens, et de

l’évolution des enseignants et des formateurs. Dans le cas des enseignants algériens, la

formation repose généralement sur des formateurs qui ne sont pas toujours issus du terrain de la

pratique du métier ou bien des enseignants formateurs dont les savoirs et savoir-faire sont

arrivés à leur date limite de péremption, donc ils ont eux aussi besoin de recyclage (cf. annexe 9

interview 2 réponse 10 p 412-413). Le cas des enseignants contractuels recrutés par les

universités, et les enseignants accompagnateurs des enseignants stagiaires au niveau des

établissements qui constituent le réseau, tous les deux formés durant les années 70 et 80 (cf.

annexe 9 interview 2 réponse 10 p 412-413). Nous savons bien que la réussite de la formation

des futurs enseignants est généralement tributaire du rôle joué par les enseignants

accompagnateurs. Certainement, la formation d’un enseignant demeure constamment dans un

état d’inachèvement surtout dans le cadre des changements que nous vivons et nous vivrons

certainement au cours des années à venir. Ainsi, à notre avis une préoccupation sérieuse et

régulière de la formation continue des enseignants formateurs et accompagnateurs s’avère

urgente et indispensable afin qu’ils puissent assurer, pour reprendre l’expression qu’utilise

Perrenoud (1985) pour caractériser une autre situation, un rôle de « go-between » le monde

scolaire et universitaire, entre le monde de pratique et celui de la théorie. A ce titre, ils sont des

acteurs-clés de la professionnalisation de la formation.

Il ne faudrait pas pour autant perdre de vue la nouvelle politique linguistique engagée par

l’état algérien (discours du chef de l’état devant les membres de la commission de la CNRE)

dans le cadre de ces réformes éducatives en introduisant l’enseignement/apprentissage des

langues, en général, et de la langue anglaise, en particulier, dans une optique langue-culture (cf.

annexe 9 interview 1 réponses 4 & 5 p 403). En d’autres termes, Il faut que l’apprentissage des

langues étrangères dépasse les objectifs encyclopédiques traditionnels pour permettre aux

Page 298: Langue de spécialité, didact

298

apprenants de rentrer en contact avec d’autres personnes, et de découvrir d’autres cultures.

Mais, là aussi la formation des praticiens à cette dimension culturelle s’impose. Bien que celle-

ci soit explicitement reflétée dans les documents officiels (les programmes, les documents

d’accompagnement, les guides de l’enseignant) et didactiques (les manuels) (cf. annexe 9

interview 1 réponse p 403), sa mise en œuvre appropriée reste incertaine vu l’inadéquation de

la formation des enseignants. L’ampleur de « l’interculturel » s’est accrue dès lors qu’il s’est

instauré dans la sphère de la didactique des langues. Il devient l’un des axes nodaux de toute

démarche soucieuse de dépasser un enseignement purement linguistique d’une langue étrangère

(cf. annexe 9 interview 1 réponses 5, 6 & 7 p 403). Dès lors, la jonction du linguistique et du

culturel oriente la réflexion didactique vers un enseignement qui s’efforce de tenir compte de

l’ensemble des interactions suscitées en classe de langue en plaçant l’apprenant au cœur de

toute formation (cf. annexe 9 interview 1 réponse 5 p 403). Étant conçue comme une

composante cruciale de la culture, la langue est révélatrice des modes de vie d’une société et de

ses valeurs culturelles. Dans la même optique, Byram dans son travail sur la compréhension

actuelle de la culture dans la pédagogie des langues secondes et étrangères et l’apprentissage,

indique que « l’enseignement des langues peut rarement se faire sans l’apprentissage implicite

[150

] de la culture de ses locuteurs, car la langue se réfère invariablement à leurs

connaissances et leur perceptions du monde, les concepts de culture, et de l’apprentissage

culturel » (1989). En ce sens, il est de plus en plus remarquable que

l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère s’appuie sur une démarche visant les

objectifs de socialisation, d’éveil à la langue et à la culture et d’ouverture à d’autres

perspectives en se centrant sur l’apprenant comme acteur social ayant ses représentations et ses

propres spécificités culturelles. D’autant plus que la compétence communicative, ciblée par

l’approche par compétences, « implique l’utilisation appropriée de la langue qui, en partie du

moins, c’est la culture spécifique » comme le souligne Byram (1989 : 61). Mais, cette nouvelle

conception de l’enseignement/apprentissage de la langue-culture méritait une conscientisation

et une sensibilisation des enseignants en plus d’une formation en amont pour éviter la

polarisation persistante sur l’aspect linguistique de la langue anglaise (cf annexe 9 interview 1

réponse 25 p 409) qui, à notre avis, évince, sans aucun doute, sa dimension culturelle. Nous

pensons qu’en l’absence d’un médiateur conscient des enjeux culturels véhiculés par la langue

anglaise et capable de susciter la curiosité des apprenants pour développer une compétence

culturelle fondée et durable, le dialogue culturel derrière l’enseignement/ apprentissage sera

[

150] Pour Byram, la culture représente le curriculum « caché » dans l’enseignement d’une langue seconde ou

étrangère.

Page 299: Langue de spécialité, didact

299

illusoire comme il a été précisé par le représentant du MEN (cf. annexe 9 interview 1 réponse 8

p 404). Ce médiateur est appelé à user d’une stratégie de négociation entre le déjà-la de

l’apprenant et l’apprentissage culturel de provenance allogène tout en veillant à lui assurer un

équilibre identitaire sans qu’il y est sous estime d’une culture par rapport à l’autre. Cependant,

les efforts doivent se multiplier et l’éducation à l’interculturel ne doit pas être, tout simplement,

reflété dans les contenus des documents officiels et didactiques comme cela est souligné par le

représentant du MEN (cf. annexe 9 interview 1 réponse 6 p 303), mais aussi et surtout dans les

attitudes et les conduites des enseignants. Il faut que cet enseignement/apprentissage de

l’anglais dans une perspective langue-culture conduit à l’acquisition d’une compétence

interculturelle (cf. annexe 9 interview 1 réponse 8 p 404) pour éviter les malentendus entre

natifs et non-natifs. En fait, c’est ce que Thomas fait remarquer en disant que « les violations

des normes culturelles d’inadéquation dans les interactions entre les locuteurs natifs et non

natifs qui conduisent souvent à l’échec sociopragmatique, à des échecs dans les

communications et aux stéréotypes des non natifs » (1983 : 91).

À cet égard, nous nous proposons de valoriser l’apprentissage interculturel à travers

l’apprentissage linguistique et de mettre à profit la confrontation des cultures au sein de la

classe de langue en sensibilisant les apprenants à mieux prendre conscience des repères

culturels véhiculés sans cesse par la langue qu’ils apprennent mais aussi de leur propre culture.

Notre idée se trouve également confortée par Porcher qui dit à ce propos : « on ne reçoit pas

l’interculturel tout fait, mais on le fabrique » (1988). Il importe donc que « l’intérêt de cette

dimension, communication interculturelle, soit intégrée et reconnue dans la formation initiale

et continue de l’enseignant et aussi par les concepteurs de manuels scolaires par le

développement de situations d’enseignement/apprentissage faisant appel aux médiations

envisagées précédemment » (Haramboure 2002 ASp 35-36).

L’avènement des NTIC, qui n’ont pas manqué leur entrée dans le secteur éducatif algérien,

demeure, pour le moment, à l’étape de l’introduction. En fait, les responsables de la formation

confirment la disponibilité de cette nouvelle technologie au niveau des instituts universitaires

(cf. annexe 9 interview 2 réponse 14 p 414-415) ainsi que les établissements scolaires (cf.

annexe 9 interview 1 réponse 14 p 406), mais l’exploitation effective demeure très insuffisante

(cf. annexe 9 interview 1 réponses 15 & 16 p 406 et interview 2 réponse 14 p 414-415). Là

aussi, il est question d’une prise en charge de la formation des enseignants à l’initiation, au

pilotage, à la conscientisation à leurs apports, et à l’utilisation générale. Sans cela, ces outils

Page 300: Langue de spécialité, didact

300

arrivent à leur date de péremption sans même qu’ils soient déballer de leur impressionnant

emballage.

À notre avis, le rôle des NTIC s'avère l’un des facteurs déterminants pour relever les

différents défis auxquels l’Algérie est confrontée dans le cadre du développement et de la

rénovation de son système éducatif. Leur intégration devient un phénomène incontournable,

singulièrement dans le secteur de l’éducation, où leur utilisation semble pouvoir favoriser

l’accès à l’information, faciliter la construction des connaissances et l’acquisition de savoirs,

ainsi qu’accroître la réussite éducative de tous les apprenants. Pour ce faire, « un

accompagnement didactisé est nécessaire dans un environnement multimédia pour aider les

plus faibles, sinon cet environnement ne profiterait qu’aux étudiants avancés. » (Cazade

2003). En plus, l’utilisation des NTIC pourrait aussi stimuler la collaboration entre enseignants

et entre écoles et créer une nouvelle dynamique de communication et d’interaction au sein de la

famille et de la société. Les NTIC constituent de puissants outils cognitifs offrant de nouvelles

possibilités d’ouverture et d’apprentissage aux apprenants. Toutefois, leur utilisation dans

l’éducation mérite d’être consciencieusement étudiée par les responsables du secteur éducatif

algérien. Depuis leur intégration dans l’éducation, le concept d’enseignement/apprentissage

surtout des langues étrangères est entré de plain-pied dans une nouvelle ère : dorénavant, les

enseignants et les apprenants doivent apprendre à accéder aux informations, à les utiliser et à en

produire, s'ils veulent trouver leur place dans un monde de plus en plus imprégné de la haute

technologie. Dans ce contexte, la situation de l'Algérie n'est guère optimale. En effet,

nonobstant la généralisation de dotation des établissements scolaires et des instituts

universitaires en NTIC, les perspectives d'avenir demeurent une équation à plusieurs inconnues

du fait de l'absence d’une formation sérieuse et adéquate des enseignants à leur exploitation

effective, de la pénurie de ressources humaines qualifiées en la matière, du manque

d'infrastructures locales appropriées, et des expériences malheureuses de conception et de mise

en œuvre de programmes et de projets faisant appel à ces technologies. Toutefois, il faut

souligner que l’abondance des moyens technologiques à eux-seuls ne peut garantir l’élévation

de niveau des apprenants. « Le surcroît de moyens technologiques n’entraîne pas

nécessairement un surcroît d’efficacité pédagogique ou/et de progrès chez les apprenants. »

(Cazade 2003).

L’ensemble de ces données nous amènent à dire que le système éducatif algérien est

confronté au défi relatif à la formation des personnels enseignants et formateurs.

Indubitablement, la formation des ressources humaines est l’un des éléments incontournables

pour assurer l’aboutissement des réformes éducatives aux objectifs escomptés.

Page 301: Langue de spécialité, didact

301

Toutefois, nous estimons que l’analyse des différentes données nous a permis de mettre en

évidence cette problématique qui touche à la formation des enseignants d’anglais. En fait, les

questions reliant la théorie à la pratique, et d’affecter le comportement des enseignants à travers

cela, sont toujours susceptibles d’être l’enjeu crucial pour les formateurs d’enseignants.

L’université en fonction du rôle important, qui lui est attribué, devrait avoir une plus grande

influence sur la formation des enseignants stagiaires en contribuant à une amélioration de leur

pratique enseignante. Pour améliorer cette formation, il est également question d’une

collaboration des deux dépositaires des savoirs théoriques et pratiques (cf. annexe 9 interview 2

réponse 16 p 416), qui, pour l’instant, optent pour l’isolement et le cantonnement dans deux

différents modes expositifs. Si ces préoccupations, explicitement exprimées par les praticiens

sur le terrain sont prises en charge, cela offrira l’espoir d’améliorer les compétences

professionnelles, et ainsi former l’apprenant qui pourra faire face aux défis du 21ème

siècle.

Pour conclure, nous disons que la formation des enseignants d’anglais dans une perspective

de professionnalisation devrait se fondre sur la réflexivité. Pour un grand nombre de

chercheurs, celle-ci se situe au cœur même de la professionnalité : être un enseignant

professionnel, c’est être praticien réflexif (Paquay & Sirota 2001), c’est être capable

d’embrasser une démarche méthodique, régulière, instrumentée, sereine et porteuse d’effets sur

sa propre action (Perrenoud 2001). Les formateurs d’enseignants devraient rattacher la question

de la réflexivité à l’analyse des pratiques enseignantes (Marcel 2002). Cette analyse de la

pratique enseignante assume une fonction double (Altet 1994) : une formation qui vise, d’un

côté, l’amélioration de l’intervention pédagogique des enseignants, et de l’autre, permettre aux

chercheurs de produire des savoirs sur ces pratiques.

Donc, pour assurer une formation à objectif professionnel, les responsables de la

formation, à savoir les dépositaires des théories (enseignants chercheurs) et des pratiques

(enseignants accompagnateurs) devraient conjointement mettre en œuvre différents dispositifs

de formation qui passent par l’autoscopie (cf. annexe 10 p 417) (auto confrontation simple du

sujet à son activité ou à celle combinée a celle d’autrui dans le cas de l’auto-confrontation

croisée), la prise de conscience (par exemple sous couvert d’entretiens d’explicitation, au sens

de Vermersch (1994), la compréhension de sa propre pratique à travers une « instruction au

sosie » [151

] (Clot 1999, Oddone & al. 1981 & Saujat 2002 cités par Saujat 2004), ou encore

[

151] Il s’agit d’une méthode de co-analyse du travail, impliquant et un professionnel dans un entretien au cours le

professionnel reçoit la consigne suivante : « supposer que je sois ton sosie et que demain je doive te remplacer

dans ton travail. Quelles sont les instructions que tu vaudrais me transmettre afin que personne ne s’aperçoive de

la substitution ».

Page 302: Langue de spécialité, didact

302

l’utilisation du portfolio (Vanhulle 2004) dans la formation des enseignants, en tant que

démarche réflexive singulière récente pour la professionnalisation. La mise en œuvre de tous

ces dispositifs et outils permettrait, sans aucun doute, de distinguer l’impact différentiel de

chaque dispositif sur le travail réflexif et de démontrer des ambigüités possibles des démarches

situées entre développement professionnel ou contraintes institutionnelles, entre exercice de la

profession et formation initiale. La diversité des points de vue, des méthodes et des approches

témoigne de la richesse de ce thème qui a trait à la formation des enseignants et les dispositifs y

contribuant.

Il est évident que la didactique se nourrit recherche fondamentale qui construit des

concepts pour la pensée et recherche action-appliquée qui construit des concepts et des outils

pour agir au côté des savoirs de l’action. Au niveau des instituts de formation, cette didactique

se nourrit aussi de la recherche praticienne, à l’articulation quotidienne de la théorie et la

pratique dans les différentes situations de formation.

Les partenaires de la formation des enseignants, qu’ils soient décideurs, formateurs ou

usagers sont conduits à s’interroger, aujourd’hui plus que jamais, sur les enjeux, les contenus,

les modalités, les démarches, et les stratégies de la formation professionnelle initiale et

continue des enseignants d’anglais. Car, dans le contexte actuel, il n’est plus question

uniquement d’enseignant professionnel à l’enseignement/apprentissage de la langue anglaise,

mais il s’agit aussi du formateur professionnel. Et de même, si l’enseignant professionnel doit

placer l’apprenant au cœur du processus d’apprentissage, le formateur doit aussi placer

l’enseignant au centre du dispositif de formation. Ceci dit, le dispositif de cette formation ne

doit pas être soumis à l’improvisation.

Les enjeux de la formation des enseignants ne dépendent pas uniquement des décisions de

la politique éducative et des instructions officielles prises à haut niveau, mais ils sont aussi

tributaires d’une transcription claire et applicable des compétences dans les cursus de formation

initiale et continue. C’est ce que nous essayerons d’élucider dans le chapitre suivant.

Page 303: Langue de spécialité, didact

303

Chapitre VII

Descriptions et analyses de la maquette de formation initiale

Introduction

Cette partie fait suite à l’analyse des questionnaires et des enquêtes. Tout comme pour les

questionnaires et les interviews, la finalité de cette analyse du cursus de formation initiale des

futurs enseignants est de vérifier sa compatibilité avec les compétences escomptées. Grâce aux

résultats des questionnaires, des entretiens et de l’analyse du cursus, nous souhaitons mettre en

exergue les enjeux de la formation des enseignants d’anglais.

Le présent chapitre traite trois points essentiels à savoir la présentation du cursus de la

formation initiale, son analyse et une réflexion sur sa compatibilité, pertinence et les lacunes au

regard des compétences escomptées.

1. Présentation de la maquette des modules d’enseignement

1.1. Maquette des modules d’enseignement par année

La maquette des modules en vue de la préparation d’une licence d’enseignement de la

formation initiale des futurs enseignants d’anglais se présente comme suit :

a) La maquette du cursus de première année de licence

La structure du cursus de première année de licence est conçue comme suit (cf. annexe 5

tableaux 1 & 2 p 375) :

Le nombre de modules d’enseignement est de 7 avec un volume horaire hebdomadaire

de 19h30 heures, donc le cursus de la première année est couvert en 546 heures, le

module d’arabe exclu.

16h30 heures en travaux dirigés et 3 heures en cours magistraux.

Le coefficient total est de 20.

Nous remarquons que, parmi les 7 modules d’enseignement du cursus de première année de

licence d’anglais (cf. annexe 5 tableau 1 p 375), 6 portent sur les savoirs de base de la langue

Page 304: Langue de spécialité, didact

304

avec un volume hebdomadaire de 18 heures sur 19h30. Le coefficient de ces unités est de 17

sur 20. A notre avis, la conception du cursus de cette façon a pour objectif, d’abord, d’assurer

une transition entre le cycle de l’enseignement secondaire et l’université, puis, de porter la

correction adéquate aux lacunes, de consolider les acquis, et de les approfondir. Ceci dit en

termes de compétences, un tel cursus cible à la fois la compétence linguistique [152

]

(grammaire, linguistique et phonétique) et pragmatique [153

] (expression orale et écrite, et

compréhension orale et écrite).

Nous tenons à préciser que le volume horaire hebdomadaire pour le module d’arabe, module

obligatoire pour tous les étudiants pendant les quatre années, est de 1h30 en cours magistral. Le

volume annuel pour ce module est de 42 heures, ce qui fait un total de 42 h x4 = 168 h pour les

quatre années.

b) La maquette du cursus de deuxième année de licence

La maquette du cursus de deuxième année de licence est comme suit :

Le nombre de modules est de 9 avec un volume horaire de 22h30. Donc, le cursus de

deuxième année est couvert en un volume horaire annuel de 630 heures.

16h30 en travaux dirigés et 6 heures en cours magistraux.

Le coefficient est de 23.

De même, le cursus de deuxième année (cf. annexe 5 tableaux 3 & 4 p 376) focalise sur les

connaissances disciplinaires ; grammaire, expression orale et écrite, compréhension orale et

écrite, phonétique et linguistique. En plus du renforcement des compétences linguistique et

pragmatique, le cursus de deuxième année convoite la compétence sociolinguistique (cf. annexe

5 tableau 3 p 376) en introduisant les civilisations britannique et américaine. Sur les neuf

modules, 7 portent sur les savoirs de la langue anglaise étalés sur un horaire hebdomadaire de

19h30/22h30 avec un coefficient de 18 sur 23. Il est évident que les concepteurs du cursus

visent la maîtrise des savoirs de la langue.

c) La maquette du cursus de troisième année de licence

La structure du cursus de troisième année de licence est comme suit :

Le nombre de modules est de 9 avec un horaire total de 27 heures. Donc, le cursus de

troisième année est couvert en un volume horaire de 672 heures, le module d’arabe non

inclus.

22.30 heures en travaux dirigés et 4h30 en cours magistraux.

[

152] La composante linguistique est induite par la nature des tâches et des situations de communication. Elle a

trait aux savoirs et savoir-faire relatifs au lexique, à la syntaxe et à la phonologie. [

153] La composante pragmatique renvoie à l'approche actionnelle et au choix de stratégies discursives pour

atteindre un but précis (organiser, adapter, structurer le discours). Elle fait le lien entre le locuteur et la situation.

Page 305: Langue de spécialité, didact

305

Le coefficient est de 24.

Le cursus de troisième année (cf. annexe 5 tableaux 5 & 6 p 377) comprend 9 modules, hormis

celui d’arabe, répartis sur un horaire hebdomadaire de 27 heures. Cet horaire est, en grande

partie, réservé aux travaux dirigés (22h30/semaine), contre 4h30 de cours magistraux.

Inversement aux cursus de première et de deuxième années, uniquement trois unités portent sur

les savoirs disciplinaires (compétences linguistique et pragmatique) ; phonétique,

compréhension écrite et orale et linguistique. Les 6 autres modules sont consacrés aux

civilisations et littératures britannique et américaine et la psychopédagogie. Les modules

ciblant les savoirs disciplinaires ne bénéficient que d’un horaire hebdomadaire de 9 heures/

28h30, et d’un coefficient global de 8 sur 24. Donc, le cursus de troisième année bascule vers

les aspects civilisationnels, littéraires de la langue anglaise (dans une perspective

interculturelle), ainsi que l’introduction du module de psychopédagogie [154

] (prendre en

considération les facteurs psychologiques dans l’acte éducatif) E. Claparède (1909).

d) La maquette du cursus de quatrième année de licence

La structure du cursus de quatrième année de licence est comme suit :

Le nombre de modules est de cinq y compris le stage avec un horaire total de 16h/

semaine. Donc, le cursus de quatrième année est couvert en un volume horaire de 448

heures.

7h30 en travaux dirigés et 7h30 en cours magistraux, et 1 heure de stage de pratique.

Le coefficient est de 11.

Le cursus de quatrième année comporte 5 modules répartis sur un horaire hebdomadaire de

15 heures (cf. annexe 5 tableaux 7 & 8 p 378). On remarque qu’aucun module n’est réservé aux

connaissances disciplinaires. Le cursus bascule complètement vers les aspects dits culturels et

littéraires anglo-saxons et les méthodologies d’enseignement de la langue. En d’autres termes,

le cursus focalise sur la compétence socio pragmatique (via les civilisations et littératures

anglaise et américaine), et l’introduction des modules de didactique et de méthodologie de

l’enseignement de la langue. Les enseignants stagiaires entrent en stage d’une heure par

semaine dès qu’ils entament le module de TEFL.

1.2. Analyse du cursus de formation

[

154] Née dans les années 1910, la psychopédagogie a d’abord exprimé le recours à la pédagogie et la psychologie

scientifique. Puis, elle a pris une expansion polysémique dans plusieurs domaines (formation des maitres, enfance

inadaptée..) avant de s »effacer brutalement devant la didactique des langues durant les années 80. Le terme est,

pour la première fois, cité par Eduard Claparède lors d’un séminaire au profit des institutrices. "Psychologie de

l’enfant et pédagogie expérimentale" (1909)

Page 306: Langue de spécialité, didact

306

En parcourant le cursus de licence d’anglais (cf. annexe 5 tableaux 1, 3, 5 & 7 p 375-378),

réparti sur quatre ans d’étude à raison de 28 semaines par année, nous remarquons que ce

dernier comprend 30 modules, et il est couvert en un volume horaire global de 2548 heures,

incluant le module de la langue arabe, dont le volume horaire est de 168 heures pendant les

quatre années d’études. Les cours sont dispensés en CM et TD comme suit (cf. annexe 5

tableau 9 p 379).

En première année de licence, le cursus comprend 7 modules répartis en CM et TD. Les

CM bénéficient d’un horaire hebdomadaire global de 3 heures, soit un volume horaire de 84

heures annuellement. Par contre, les TD sont répartis sur un horaire hebdomadaire de 16.30

heures, soit un volume annuel de 462 heures. Un volume horaire conséquent est réservé aux

TD. Leur volume global est de 546 heures (cf. annexe 5 tableau 2 p 375).

En deuxième année, les 9 modules sont répartis sur un volume horaire hebdomadaire de 22.30

heures. Cet horaire est réparti en CM et TD. L’horaire attribué au CM est de 6 heures et celui

attribué au TD est de 16 heures 30. Annuellement, les 9 modules sont effectués en un horaire

global de 630 heures (cf. annexe 5 tableau 4 p 376).

En troisième année de licence, le volume hebdomadaire est de 22 heures 30. Cet horaire est

réparti en 4 heures 30 de CM, et en 22 heures de TD. Les CM ne consomment qu’un taux de

16,66% du volume horaire global. Par contre, les TD se voient réserver le reste du volume

horaire, soit 83,33% (630 h). Annuellement, les 9 modules sont réalisés en un horaire global de

756 heures (cf. annexe 5 tableau 6 p 377).

En quatrième année, le cursus compte 5 modules seulement. Ces derniers sont répartis en 6

heures de CM et 7 heures 30 de TD. L’horaire hebdomadaire et de 15 heures, en plus d’un

volume horaire de 1 heure de stage par semaine (28 h/an). Nous remarquons qu’en quatrième

année, les CM et les TD bénéficient d’un horaire égal, 210 heures pour chaque type de cours

(cf. annexe 5 tableau 8 p 378) présente un aperçu sur le cursus de quatrième année.

En quatre ans, les CM s’effectuent en un horaire global de 504 heures et les TD en un

horaire de 1764. Ainsi, un licencié en anglais est en mesure de détenir un diplôme national

lorsqu’il obtient une moyenne générale égale ou supérieure à 10 sur 20, la note du module

d’arabe incluse ; il aura effectué un volume horaire global de 2352 heures en plus d’un stage de

28 heures, sans oublier les quatre modules d’arabe de 168 heures. Notons ici la forte

importance donnée aux TD (1764 h), soit 77,77% de la totalité des enseignements. De fait, la

majeure partie du travail est intégrée aux travaux dirigés dans une perspective de pratique

Page 307: Langue de spécialité, didact

307

socialisante. Ce que Lahire (1997) désigne comme une « socialisation silencieuse des

étudiants » par les rythmes de travail universitaires et l'emploi du temps. Le tableau 9 (cf.

annexe 5 p 379) met en exergue la répartition de ces enseignements, et l’horaire attribué à

chaque type durant les quatre années.

En quatre ans d’études, les enseignants stagiaires ont effectué un volume horaire de 2380

heures, dont 28 heures uniquement, soit à peine plus de 01%, de pratique. Par contre la théorie

bénéficie d’un volume horaire de 2352 heures, soit 98,82%. Les cours dispensés au niveau de

l’université consomment la quasi-totalité de l’horaire. La mise en situation des savoirs et

savoir-faire acquis pendant ces cours ne bénéficie que d’une marge de 01,17% du volume

horaire global. Cette pratique, à notre avis, est très insuffisante pour construire des compétences

professionnelles (cf. annexe 5 tableau 10 p 379).

Les modules sont organisés selon un dispositif qui, pendant les deux premières années,

semble donner une grande importance à la maîtrise de la langue anglaise à l’oral et à l’écrit,

aussi bien en réception qu’en production. Ainsi, nous remarquons que les modules, qui

concourent à l’acquisition de la maîtrise de la langue, bénéficient d’un volume horaire de 1428

heures, soit 60% du cursus. En outre, les modules qui ciblent l’acquisition d’une bonne maîtrise

de la culture anglo-saxonne s’effectuent en un horaire de 672 heures, 28,23%. Par contre, les

compétences professionnelles semblent reléguées au second rang. Les modules, en relation

avec les aspects théoriques du métier, se limitent à un horaire de 252 heures (TEFL 84 h +

psychopédagogie 168 h), soit 10,58%. La pratique sur le terrain, en plus d’être incluse

uniquement en dernière année d’études, ne bénéficie que de 28 heures (cf. annexe 5 tableau 11

p 379).

2. Réflexion sur le cursus de formation initiale

En se référant au tableau 11 (cf. annexe 5 p 379), nous remarquons que le cursus de licence

d’anglais est divisé en deux parties distinctes. Les deux premières années focalisent beaucoup

plus sur les connaissances de la langue « savoirs disciplinaires » ; la grammaire, l’expression

écrite et orale, la compréhension écrite et orale, la phonétique et la linguistique. L’ensemble de

ces modules totalisent un horaire hebdomadaire de 18 heures/21h en première année (cf. annexe

5 tableau 1 p 375), et de 19.30h/24 heures en deuxième année (cf. annexe 5 tableau 3 p 376).

L’ensemble des modules cités ci-dessus (cf. annexe 5 tableau 11 p 379), mis à part TEFL et

psychopédagogie, concourent à l’acquisition de la compétence communicative (cf. annexe 5

tableau 12 p 380) qui comporte trois composantes; linguistique qui se décline en plusieurs

Page 308: Langue de spécialité, didact

308

compétences : lexicale, grammaticale, sémantique, phonologique, orthographique et

orthoépique (cf. annexe 5 tableau 12 p 380), et discursive ou pragmatique (savoirs et savoir-

faire relatifs aux discours et aux messages en tant que séquences organisées d'énoncées ;

agencements et enchaînement transphrastiques, rhétoriques, et manifestations énonciatives de

l'argumentation) (CECR 2001 : 98). Les aspects lexicaux, syntactiques, morphologiques et

phonologiques sont plus au moins faciles à acquérir que ceux relevant de la culture de la langue

cible. Sachant que la langue maternelle (arabe) et la langue cible (anglais) ne sont pas

isomorphes. Par contre, en troisième et quatrième années, les cursus portent surtout sur les

aspects littéraires et civilisationnels de la langue. Ceci dit, l’objectif est de faire acquérir aux

futurs enseignants la compétence culturelle, en les exposant aux normes sociales et

sociolinguistiques, c'est-à-dire la connaissance et l'appropriation des règles sociales et des

normes d'interaction entre les individus et les institutions, la connaissance de l'histoire

culturelle et des relations entre les objets sociaux. La question qui se pose est « Est-il suffisant

de faire acquérir cette compétence sociolinguistique uniquement en exposant les futurs

enseignants aux aspects littéraires et civilisationnels ? Ceci dit la compétence sociolinguistique,

définie comme « l’interface sociologique de la pragmatique » (Leech 1983 : 10) et qui est une

composante fondamentale de la compétence de communication, demeure difficile à pénétrer

par les enseignants et difficile à enseigner par l’enseignant-stagiaires. Elle ne peut s’acquérir et

se développer suffisamment en contexte scolaire (Ellis 1992). De ce fait, nos enseignants

stagiaires risquent de demeurer des « mono-stylistiques » dans la langue cible (anglais)

(Dewaele 1996, 2001 & 2002). La compétence sociolinguistique peut s’acquérir seulement si

nos enseignants développent un éventail de schémas, regroupant une multitude de scripts

spécifiques, auxquelles adhèrent les locuteurs natifs. Ces schémas et scripts représentent les

processus cognitifs qui nous permettent de comprendre et de fonctionner dans le monde

(Ranney 1992). Ce sont des représentations psychologiques de situations réelles hypothétiques

ou imaginaires (Legrenzi, Girotto & Johnson-Laird 1993). Un manque d’interactions

authentiques limite la richesse conceptuelle des acquis linguistiques auxquelles ils sont liés, et

ne permettra aucune application non-linguistique. Dans l’état des recherches sur l’appropriation

de la compétence sociolinguistique par les non natifs (Mougeon & al. 2000) concluent que la

maîtrise de cette compétence reste modeste. Ils suggèrent de compléter ce qui se fait en classe

par des interactions fréquentes avec les locuteurs natifs. En outre, Belz & Kinginger (2002) ont

montré que la communication dans la salle de classe via l’Internet avec des pairs qui sont des

locuteurs de la langue cible peut engendrer un apprentissage des normes sociolinguistiques. En

fait, cette compétence sociolinguistique semble hors acquisition parfaite « proficiency » pour

Page 309: Langue de spécialité, didact

309

nos futurs enseignants à plusieurs égards : le manque d’authenticité (interaction uniquement in

vitro en situations proche de « l’authentique »), la non-intégration plutôt l’inexploitation

effective des NTIC dans l’enseignement (outils disponibles non exploités cf. annexe 9

interview 1 réponse 14 p 406 & interview 2 réponse 15 p 415-416), le manque de stages

d’immersion (manque d’interaction in vivo), etc. Ceci dit, en travaux dirigés, les enseignants,

pour améliorer l’enseignement des normes sociolinguistiques et pragmatiques, devraient utiliser

le matériel authentique tels que les documents vidéo (documentaires, débats, extraits de films),

des moyens de communication par Internet (Computer mediated discourse) via les sites de chat

(discours synchrone) (cf. annexe 10 p 418), les e-mails (discours asynchrone) (cf. annexe 10 p

418-419), ainsi que les visioconférences (cf. annexe 10 p 424) qui restent une source importante

de bain linguistique pour les apprenants dont les chances d’interaction avec les natifs de langue

cible sont rares ou presque inexistantes. L’exploitation de ce matériel authentique leur

permettrait de relier l’information morpho-lexicale et sémantique dans la mémoire explicite aux

représentations conceptuelles dans la mémoire implicite, adapter leurs schémas et scripts dans

la langue cible afin de produire un discours socio linguistiquement approprié. C’est de cette

façon que les enseignants pourraient éveiller la conscience des futurs enseignants aux règles

sociolinguistiques. Cette conscientisation, en les exposant aux différents registres oraux et

écrits, leur permettrait de mieux exploiter le matériel didactique que contiennent les manuels

scolaires ou qu’eux-mêmes choisissent dans leurs enseignements.

Focalisant sur la composante sociolinguistique (cf. annexe 10 p 418), en troisième et

quatrième années, les savoirs disciplinaires ne bénéficient que d’un horaire réduit de 9

heures/28h30 en troisième année (cf. annexe 5 tableau 5 p 377), et de 3 heures/ 28 heures en

quatrième année (cf. annexe 5 tableau 7 p 378). Enfin, la découverte de la logique et des valeurs

propres à la langue étrangère ne peut se faire que par une articulation raisonnée du linguiste et

du culturel, et par la confrontation des deux systèmes en présence. En l’absence d’une telle

compétence culturelle de l’enseignement de la langue anglaise, nos enseignants se focalisent

sur la langue enseignée et l’apprivoisent en délaissant cette composante culturelle, en

particulier la composante culturelle comportementale selon le terme de Galisson (1994). Pour

compenser la dissymétrie évidente entre l’agent enseignant et l’objet de langue, nos enseignants

préfèrent « utiliser le manuel en respectant rigoureusement la méthodologie proposée par ses

concepteurs » [155

] ou « mettre en œuvre systématiquement leurs méthodologies personnelles

qu’ils se sont forgées eux-mêmes à partir de leur expérience personnelle » (Puren, Bertocchini

155

] C’est ce que nous avons pu nous-mêmes remarquer chez la majeure partie des enseignants d’anglais lors de

notre étude de recherche en Master 2.

Page 310: Langue de spécialité, didact

310

& Costanzo 1998 : 80). Par ailleurs, le module relatif à la didactique de la discipline (aspects

théoriques uniquement), à savoir TEFL, n’est introduit qu’en quatrième année de licence avec

un horaire hebdomadaire de 3 heures (cf. annexe 5 tableau 7 p 378). La démarche empruntée

dans le module de TEFL est celle qui dote les enseignants-stagiaires des différentes théories

successives dans l’histoire de l’enseignement/ apprentissage des langues étrangères. Est-il

possible, à la lumière de ce qui se fait pendant les séances de TEFL de rendre les futurs

enseignants conscients des paramètres qui entrent en jeux dans l’enseignement/ l’apprentissage

de la langue anglaise comme langue étrangère ? Est –ce que ces contenus théoriques permettent

aux enseignants d’acquérir les compétences dans le domaine de la didactisation (cf. annexe 10

p 418) des documents disponibles authentiques (cf. annexe 10 p 419) ou autres en fonction des

objectifs visés ? Est-il possible de pouvoir réfléchir sur leurs propres pratiques pédagogiques

sans qu’ils aient une chance de les utiliser avec des apprenants ? Sans cela, nos enseignants

seront privés de leur subjectivité en tant qu’« applicateurs des méthodologies appliquées »

Puren (1998 : 10). En dernier, dans la perspective d’une approche par les compétences, qui

prône une compétence de communication, il n’est plus question de se centrer sur les méthodes

d’enseignement et l’enseignant, mais le principe didactique de base cible la « centration sur

l’apprenant » (op. cit. 9-10).

Donc, dans le champ de la didactique des langues étrangères pour nos enseignants stagiaires,

la pratique (cf. annexe 10 p 421) devrait être un levier qui engage l’enseignant dans la

construction des savoirs et savoir-faire issus de la pratique et leur permet d’envisager les

situations d’enseignement/ apprentissage dans leur singularité et dans leur complexité. Ceci dit,

la pratique devrait devenir objet de réflexion et de recherche, qui les outille pour l’emprunt

d’une démarche de remise en question et d’éloignement de la reproduction des modèles

prescriptifs, et ainsi rompre avec les pratiques routinières. C’est de cette façon que nos

enseignants deviendront autonomes dans la prise de décisions pertinentes et réfléchies afin de

répondre aux exigences du contexte de leur enseignement et en même temps pour devenir

professionnels. Or si la formation professionnelle a pour objectifs « le développement des

compétences nécessaires à l’acte professionnel, l’appropriation des connaissances qui fondent

cet acte professionnel et la socialisation, c’est-à-dire l’acquisition des valeurs et attitudes

spécifiques au groupe professionnel.» (Bourdoncle & Lessard 2002), c’est l’articulation

théorie/pratique qui sera le levier de la professionnalisation, et non pas l’application de la

théorie à la pratique.

Les futurs enseignants ne peuvent construire ces « compétences professionnelles » que si,

d’une part, les partenaires censés contribuer à leur formation sont eux-mêmes intégrés dans une

Page 311: Langue de spécialité, didact

311

logique de changement et que, d’autre part, ils s’identifient à des formateurs et non pas

seulement à des enseignants.

Nous remarquons également que les CM ne bénéficient que de 22,22% (cf. annexe 5

tableau 9 p 379) des cours dispensés pendant les quatre années. Notons tout de même l’abandon

de ces cours magistraux traditionnels, qui laissaient peu de place à l’initiative de l’étudiant, au

profit des TD. Lesquels (77,77%) ciblent l’autorégulation (cf. annexe 10 p 417) des étudiants.

Des chercheurs (Deci & Ryan 2000 & Pintrich 2000) ont montré clairement que les étudiants

qui sont autorégulés dans leur apprentissage ont la capacité d’autodéterminer les stratégies pour

apprendre à accomplir leurs tâches d’une manière de plus en plus satisfaisante.

L’autorégulation consiste à approcher une tâche d’apprentissage avec confiance, assiduité et

ingéniosité. L’apprenant est alors conscient de son degré de maîtrise et de connaissance d’un

objet étudié. Il recherche l’information dont il a besoin et procède à son assimilation. Il est

capable de trouver le moyen de réussir lorsqu’il fait face à des obstacles tels que de mauvaises

conditions d’étude, des professeurs qui n’arrivent pas à faire passer le message ou

l’indisponibilité de livres sur la matière, etc. (Wilson 1997). L’autorégulation présume que

l’apprenant qui est actif et qui contrôle ses apprentissages est plus performant que les autres. Ce

processus lui permet de réinvestir les acquis dans les contextes de communication exolingue

(cf. annexe 10 p 417). Il incombe aux enseignants chargés de ces TD de les exploiter en les

rendant plus près des situations authentiques pour faire acquérir et continuellement renforcer ce

processus d’apprentissage aux futurs enseignants.

Généralement, le cursus, tel qu’il est conçu accorde une importante place à la

consolidation/approfondissement des savoirs de la langue (compétence linguistique) et la

théorie sur l’enseignement (didactique de la discipline); 1974 heures sur les 2268 heures du

volume global (cf. annexe 5 tableau 10 p 379). Sur un volume horaire global, la pratique sur le

terrain (stage de pratique) ne bénéficie que de 28 heures, soit 01.21% (cf. annexe 5 tableau 10 p

379). Si une « bonne » maîtrise des compétences (avec une réserve pour la compétence

sociolinguistique) peut être acquise, on n’est pas du tout sûr que les compétences

professionnelles (cf. annexe 5 tableau 11 p 379) le soient de même. À la fin de cette formation

initiale, constat tiré à partir des questionnaires (cf. annexe 1 p 351-360, annexe 2 p 361-365,

annexe 3 p 366-369 & annexe 4 p 370-374), nos enseignants s’en trouvent démunis, insécurisés

et même démotivés vis-à-vis d’un projet professionnel qu’ils avaient décidé d’investir. Ayant

reçu une formation incomplète, à plusieurs égards, des lacunes au niveau de la compétence

communicative, spécialement les variations sociolinguistiques, et professionnelle, notamment

la didactique de la discipline, nos enseignants se sentent déstabilisés une fois devant une classe

Page 312: Langue de spécialité, didact

312

en tant qu’enseignant. En effet, le cursus, n’accordant pas une grande importance à la

didactique de la langue anglaise, ne prépare pas adéquatement nos enseignants au nouveau

métier.

Selon cette maquette du cursus universitaire (cf. annexe 5 tableau 11 p 379), ce qui est

primordial se réduit à une connaissance « parfaite » des formes et des règles linguistiques qui

gouvernent la langue anglaise. La construction d’une compétence professionnelle, l’objectif

principal derrière cette formation initiale, ne devait pas se réduire à la simple maîtrise des

savoirs disciplinaires, bien au contraire ; elle vise l’acquisition de savoirs professionnels dans

une double situation de formation et d’apprentissage du métier. Les enseignants stagiaires ne

peuvent s’approprier les outils didactiques qui leur sont proposés pendant cette formation,

quasiment théorique, que s’ils peuvent les mettre en œuvre sur le terrain, et apporter les

modifications qui s’imposent pour les rendre enseignables. Ce processus de régulation ne peut

s’acquérir que dans le cadre d’une interaction féconde entre la théorie idyllique et la pratique

enseignante effective. Ce n’est que de cette façon que les futurs enseignants se placeront

comme acteurs de leurs propres expériences. Par rapport à leur vécu, l’enseignement

universitaire traditionnel, qui privilégie l’enseignement frontal et la transmission de contenus,

ne permet pas non plus aux futurs enseignants d’expérimenter ni d’observer d’autres approches

pédagogiques. Ils sont en quelque sorte enfermés dans un cadre transmissif acquis par

modelage où ce qu’on a vécu soi-même comme apprenant est reproduit. Peut-on considérer que

cette formation prépare réellement les futurs enseignants à se construire une identité

professionnelle s’appuyant sur les savoirs, les savoir-faire et les gestes professionnels

appropriés ? Nous doutons fort que celle-ci, même si elle atteste de l’acquisition d’un bon

niveau de connaissances disciplinaires, puisse réellement construire les compétences

professionnelles, répondant aux exigences actuelles du métier d’enseignant. Ceci dit, il faut

procéder à une transformation profonde des cursus d’enseignement favorisant le

développement des compétences professionnelles, et plaçant les enseignants en situation de

recherche-action, éveillant leur créativité didactique, et à former leur aptitudes d’adaptation

continue de l’activité didactique aux finalités que l’on se donne et aux résultats que l’on

obtienne. Ainsi, ils pourront développer une palette méthodologique, et enrichir les stratégies

d’enseignement leur permettant de répondre aux différentes situations d’enseignement. Ce qui,

au final, devrait concourir à leur intégration professionnelle réussie.

Nous pensons qu’une réflexion sur la pratique pédagogique doit s’initier dès les premières

années de licence d’enseignement de la langue anglaise. Au lieu de la placer en fin de parcours

(modèle courant), les nouveaux projets didactiques pour la formation d’enseignants doivent la

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313

prévoir dès le début du cursus par le moyen du développement de contenus spécifiques ou

d’activités liées, par exemple, à l’étude du système éducatif algérien, aux théories sur

l’acquisition/apprentissage des langues, à la didactique des langues étrangères, à

l’enseignement des langues selon des objectifs spécifiques, parmi d’autres domaines. Cette

intégration de l’aspect pratique dès la première année, nous parait comme une exigence de la

formation du futur enseignant qui se veut critique et apte à faire face aux défis de la société

algérienne.

Partant de cette analyse du cursus de formation initiale des futurs enseignants d’anglais, des

projets de reformulation du cursus devraient être entamés en vue d’une conception d’un

nouveau dispositif de formation. Ce dispositif devrait être un moment de confrontation de

propositions pédagogiques afin de donner aux futurs enseignants d’anglais de véritables outils

d’analyse critique de leurs pratiques et des outils de lecture plurielles des programmes et

demandes institutionnelles. En d’autres termes, la formation devrait se fixer l’objectif de doter

les futurs enseignants d’une solide formation universitaire et de compétences professionnelles

adaptées aux nécessités pédagogiques actuelles. Dans cette perspective, il s’agit de concevoir

un travail à la fois universitaire et professionnel qui atteste d’une réflexion, d’une prise de

distance, d’une mise en relation des expériences et des savoirs théoriques.

La révision du cursus de la formation initiale, qui d’ailleurs s’annonce impérative, exigerait

que la logique professionnelle domine. Il ne s’agirait plus de former des enseignants

spécialistes dans la discipline, mais bien d’optimiser le développement des compétences qui

leur permettrait de répondre aux vrais besoins éducatifs de la société algérienne. Pour ce faire,

les groupes de travail devraient être instaurés pour établir le descriptif de chaque module,

d’expliciter son contenu et de proposer une grille de progression des compétences visées par

chacun des modules.

À notre avis, le présent cursus de formation des futurs enseignants algériens d’anglais ne

permet pas de former un enseignant à l’analyse et à la réflexion sur la pratique enseignante,

mais tend plutôt à favoriser un rapport de réceptivité. La formation, telle qu’elle est conçue, à

soubassement quasiment théorique, ne traite pas les problèmes rencontrés par les futurs

enseignants sur le terrain. Les savoirs théoriques et leur mise en situation pratique sur le terrain

devraient être organisés d’une façon à doter le dispositif de formation d’une fermeture faisant

des deux espaces, théorie et pratique, le point de jonction pour la capitalisation des acquis le

long du processus de cette formation initiale. En d’autres termes, l’identification des problèmes

relatifs à l’enseignement et l’apprentissage de la langue anglaise devrait être perçue comme un

principe organisateur du dispositif de formation. En l’absence d’une telle articulation entre les

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314

contenus théoriques des modules, dispensés dans l’ignorance totale des difficultés

d’enseignement éventuelles que le futur enseignant pourrait rencontrer et identifier pendant les

quelques heures de pratique, et leur mise en œuvre effective sur le terrain, le profil de sortie du

futur enseignant d’anglais reste flou, et la formation incomplète. L’écart entre ce qui se fait tout

au long de la formation initiale et ce qui leur est demandé d’accomplir une fois sur le terrain

engendrerait inévitablement des difficultés à développer des compétences professionnelles.

En somme, il faudrait que la formation initiale des enseignants d’anglais accorde une

importance et un volume accrus à l’expérience pratique en établissements d’accueil et à

l’observation de classe (cf. annexe 10 p 412). Elle devrait, en complément à la formation

pratique de milieu (cf. annexe 10 p 420), leur offrir l’opportunité d’exercer un regard critique,

une analyse réflexive de la performance enseignante, par le biais de techniques telles que le

micro-enseignement (cf. annexe 10 p 420) (Goodman 1985), (Louw 1985) & (Malher 1983),

l’autoscopie (Ponnamperuma 1980), etc, pour qu’ils prennent conscience de la méthodologie

d’observation et de ses atouts. Pour la première technique, qui est le micro-enseignement, la

performance enseignante peut être analysée en termes de comportements observables. Par

contre, pour la deuxième, à savoir l’autoscopie, l’analyse se fait en termes d’introspection et de

confrontation de soi. Ces techniques, sans être des substituts à l’observation dans le milieu réel

de la pratique enseignante, puissent permettre aux futurs enseignants d’être mieux armés pour

entamer leur métier et de se perfectionner en cours de route. L’objectif sous-jacent à

l’exploitation des enregistrements ne se résume pas uniquement à amener les enseignants

stagiaires à se concentrer sur leurs propres performances (comment enseigner ?), mais à

focaliser également leur attention sur l’apprentissage des apprenants (comment apprendre ?).

En fait, l’activité de conduire la classe […] est une activité de formation en ce qu’elle est

encadrée par deux moments, l’un de construction, l’autre d’analyse, et que ces deux moments,

en amont et en aval, se trouvent être des moments collectifs d’explicitation et d’élucidation, le

premier par anticipation, le second par rétrospection. Construire une situation veut dire alors

d’une part, concevoir une tâche pour les élèves, qui met en jeu des compétences et des

procédures, d’autre part anticiper certaines conduites observables de manière à ajuster

l’intervention pédagogique. En construisant conjointement situation et observation, on définit

les axes mêmes de l’analyse et l’usage qu’on y fera de la vidéo […] (Mottet 1996 : 29-54). La

formation initiale devrait aussi faire l’objet d’un partenariat dans lequel les établissements

d’accueil, les enseignants accompagnateurs, les inspecteurs ainsi que les enseignants

formateurs au niveau des universités seront fortement impliqués dans toutes les étapes de cette

formation. Ceci dit, le partenariat, s’inscrivant dans une perspective de complémentarité, de

Page 315: Langue de spécialité, didact

315

concertation et d’efficacité, devrait permettre la régulation et l’harmonisation des prestations de

chaque partenaire. En outre, il ne faut toutefois pas oublier que les leviers de changement

résident dans le développement de la professionnalité de chaque groupe d’acteurs. Pour que se

construise une identité de formateurs, il faut que soit encouragé parallèlement un travail de

partenariat intra et inter-établissements de formation et une « responsabilité partagée » entre les

différents lieux, les différentes tutelles institutionnelles et surtout les différents acteurs, et de ce

fait, les futurs enseignants devraient être, parmi les uns et les autres, les acteurs principaux.

En définitive, force est de constater que ce qui transparaît actuellement, c’est un manque de

collaboration entre les différents groupes. La formation est segmentée selon un schéma

d’alternance juxtapositive théorie/pratique où chacun défend son territoire. En effet, Les

formateurs universitaires « déversent » leurs savoirs théoriques auprès d’un public qu’ils

n’accompagnent pas sur le terrain tandis que les enseignants accompagnateurs dans les

établissements d’accueil restent en retrait sans travailler sur l’articulation de ces connaissances

théoriques. Pour aboutir aux objectifs escomptés, la formation devrait être envisagée sous

l’angle de la professionnalisation, gage d’efficacité d’une école résolument tournée vers

l’avenir.

En fait, le développement concret des compétences professionnelles donne aux enseignants

des possibilités de réfléchir à leur savoir expert et à leurs expériences, et à les élargir, alors

qu’ils poursuivent leur carrière individuelle. Les compétences professionnelles sont ces

comportements qui peuvent être appris et améliorés par la pratique, qui forcent à la réflexion et

qu’un accompagnement continu enrichira. Dans son sens large, la notion de « compétences

professionnelles » décrit les compétences en complément des connaissances de la discipline et

qui amélioreront la capacité des futurs enseignants à réussir leur transition du monde

universitaire au monde professionnel.

En adoptant une approche plus structurée dans le domaine des compétences professionnelles,

les instituts de formation (universités) pourront améliorer leur formation afin d’équiper les

futurs enseignants d’un niveau plus élevé de savoir-faire compétitif.

Notre recherche vise à susciter un dialogue sur ces compétences afin que les universités, les

décideurs et les praticiens puissent identifier et déterminer les écarts au niveau de la pertinence

des cursus ainsi qu’au niveau de leur mise en œuvre, déterminer les possibilités de combler ces

écarts.

Conclusion

Page 316: Langue de spécialité, didact

316

On ne peut ignorer le fait qu’une professionnalisation ne se décrète pas. Une reformulation

du cursus de la formation initiale selon les compétences citées ci-dessus, et une réorientation de

la conception et des fondements de la formation professionnelle s’avèrent donc nécessaires.

Aussi, convient-il d’affirmer la nécessité de repenser la question de la qualité des pratiques

pédagogiques qui représentent un enjeu important pour l’avenir de l’enseignement supérieur en

vue de la préparation au métier d’enseignant.

Discussion des résultats

Après avoir analysé les résultats de notre recherche sur les enjeux didactiques de la

formation initiale et continue des enseignants d’anglais, nous voulons apporter des tentatives

d’interprétation et d’explication. En général, l’interprétation reprend les hypothèses de la

recherche pour voir si l’orientation des données les confirme ou les infirme dans le cadre

théorique choisi. Nous passerons en revue les résultats des travaux réalisés dans le temps et

dans l’espace sur le même sujet. Cependant, faisons d’abord la synthèse des résultats.

Le dépouillement et l’analyse, à la fois, des réponses des personnes interrogées et des

maquettes du cursus de formation, nous amènent à faire les constats suivants :

- La formation continue des enseignants est un enjeu majeur pour la réussite des réformes

éducatives. Cependant, les données recueillies montrent que la formation telle qu’elle est mise

en œuvre au niveau des instituts, elle n’est pas en conformité avec les exigences dictées par les

instructions officielles. Les enseignants stagiaires nouvellement recrutés, attestent que la

formation initiale est beaucoup plus théorique, et que par conséquent, elle ne les prépare pas

convenablement aux défis des exigences de la classe dans une perspective de construction de

compétences. En fait, les savoirs acquis par les enseignants sont virtuellement compris, mais

pas assez pratiqués en contexte de classe. Ces savoirs ne seront utiles et pertinents pour les

apprenants et efficaces par rapport aux compétences attendues que lorsque l’enseignant

parvient à les mettre en pratique et à bon escient. Ces savoirs acquis représentent un capital qui

ne être mobilisé que dans des situations de pratique enseignante et d’une utilisation à bon

escient. La durée de la formation initiale représente une articulation théorie-pratique-théorie ;

d’alternance, qui permet aux enseignants de pratiquer la théorie et de théoriser la pratique. Ce

qui peut rendre la démarche aller-retour entre le terrain et la réflexion plus intensive, plus

cohérente et du coup plus efficiente. Dans cette optique, l’alternance en formation des

enseignants doit être considérée comme un lieu privilégié de transformation des savoirs et de

construction de compétences.

Page 317: Langue de spécialité, didact

317

Ce constat d’incompatibilité entre, d’un côté, la formation telle qu’elle est prescrite et les

compétences attendues et, de l’autre, sa mise en œuvre effective, est confirmé par les

inspecteurs qui disent avoir recensé des lacunes dans les compétences des enseignants. Pour

conclure, nous pouvons déjà dire que notre première hypothèse se confirme. La formation n’est

pas adaptée aux exigences et aux évolutions auxquelles les enseignants sont censés faire face.

La formation doit être repensée à plusieurs égards, à savoir les contenus, les dispositifs et les

perspectives : didactiques, réflexive, professionnelle, interculturelle, qui perdurent tout au long

de la vie.

- Contrairement à ce que les instructions officielles prescrivent, le cursus de la formation

initiale tel qu’il est conçu révèle que le programme d’études à base de contenu prévaut et

focalise sur l’approfondissement des savoirs linguistiques. Dans une approche, fondée sur les

compétences, les modules d’enseignement, en vue de former des enseignants « compétents »,

doivent œuvrer dans une optique de construction des compétences. Les modules constituent les

éléments de base du cursus de formation et doivent systématiquement préparer l’acquisition

d’une ou de plusieurs compétences. Le profil de formation initiale, basé sur le profil

professionnel, nécessite une reformulation et une refonte des contenus afin de mieux répondre

aux attentes et aspirations de la politique éducative. Il faut aussi rappeler que les critères

d’évaluation retenus se caractérisent par des examens ponctuels qui jouent en faveur de la

mémorisation et la réceptivité. Pour résumer, il convient de dire que notre deuxième hypothèse

est aussi confirmée. Il n’y a pas de cohérence et de correspondance entre les contenus de la

formation initiale et les compétences qui sous-tendent l’APC.

- Au vue de la réglementation en vigueur, la formation continue n’est pas suffisante du

moment qu’elle se limite à six jours par ans. Ainsi, elle reste très insuffisante pour pallier aux

multiples lacunes, et doter les nouveaux enseignants de compétences professionnelles

indispensables à une constante adaptation aux évolutions du terrain.

- Finalement, il ressort de tout ce qui a été avancé ci-dessus que les enjeux de la

formation des enseignants d’anglais dans le contexte algérien représentent la pierre angulaire de

la réussite des réformes, fondées sur une entrée par les compétences.

Page 318: Langue de spécialité, didact

318

Conclusion générale

Cette recherche intitulée « les enjeux didactiques de la formation initiale et continue des

enseignants d’anglais L2 en contexte algérien : entre objectifs institutionnels et attentes des

enseignants », avait pour but primordial de répondre aux questions suivantes :

- La formation initiale des enseignants est-elle vraiment adaptée aux exigences et

évolutions auxquelles les enseignants sont censés faire face ?

- Y’a-t-il cohérence et correspondance entre les contenus de la formation et les

compétences qui sous-tendent l’approche par les compétences ?

- La formation continue est-elle suffisante et efficace pour doter les enseignants de

compétences professionnelles indispensables à une constante adaptation aux évolutions

découlant de la mondialisation ?

Nous pouvons dire, donc, au terme de cette recherche, fondée sur l’analyse des données

collectées à partir des différents outils, à savoir les questionnaires, les interviews et l’analyse de

la maquette du cursus de la formation initiale qu’ un écart entre les objectifs institutionnels et

les attentes des praticiens a été mis en évidence.

À travers les résultats obtenus, cette recherche ne prétend pas couvrir l’ensemble de la

profession. Il faut dire que cette recherche représente quelques limites. C’est dans ce contexte

qu’il faut relever que les enquêtes sur le terrain auraient pu être menées sur une durée plus

longue et, par conséquent, toucher une large population d’enseignants dans plusieurs instituts

de formation d’enseignants. Il faut aussi relever que l’appréhension des différentes

compétences a été limitée à la verbalisation des praticiens sans pour autant toucher aux

pratiques praxéologiques. L’analyse des pratiques de classe et des organisations didactiques

privilégiées par les enseignants auraient pu nous permettre d’étudier l’évolution des différentes

compétences telles quelles sont proposées dans la structure de la formation des enseignants.

Néanmoins et au-delà de ces lacunes, ce travail de recherche ouvre des perspectives tout à fait

explorables pour l’étude des enjeux didactiques de la formation initiale et continue des

enseignants d’anglais.

Page 319: Langue de spécialité, didact

319

Ainsi, cette étude recherche les voies et les moyens pouvant permettre de saisir les enjeux

didactiques de la formation professionnelle en vue de répondre, à la fois, aux exigences

sociétales et d’améliorer l’enseignement/apprentissage de la langue anglaise dans le contexte

algérien. Elle esquisse les difficultés pouvant être envisagées pour un développement de

diverses compétences : didactiques, professionnelles, interculturelles, et réflexives, et

l’arrimage des modes et des méthodes d’enseignement/apprentissage de l’anglais aux exigences

du contexte de la mondialisation.

Au-delà des suggestions que nous jugeons appropriées faites pour la formation

d’enseignants professionnels, ce travail de recherche propose une démarche didactique pour

l’enseignement/apprentissage de la langue anglaise ; une démarche allant dans le sens de la

synthèse améliorée des points positifs de l’approche par les compétences.

Elle se voulait une contribution aux enjeux didactiques dans la formation des enseignants

d’anglais ainsi qu’une mise en relation effective du plan théorique aux pratiques effectives de

l’enseignement.

Page 320: Langue de spécialité, didact

320

Références Bibliographiques

Page 321: Langue de spécialité, didact

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MEN

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352

ANNEXES

Page 353: Langue de spécialité, didact

353

Annexe 1 : Questionnaire 1

Enseignants-stagiaires

Tableau 1: nombre des répondant(e)s

Population ciblée : étudiants de quatrième année universitaire

Nombre d’étudiants ciblés Nombre de répondants taux

200 171 85,50%

Tableau 2 : profil sociodémographique au sein des futures enseignant(e)s d’anglais

Les répondants

Females Males

148 23

86,54% 13,45%

Tableau 3 : distribution des répondantes ciblées par tranche d’âge

Age Nombre pourcentage

Less than 20 01 00.67%

Between 20-25 139 93.91%

Over 25 08 05.40%

Tableau 4 : distribution des répondantes ciblées par tranche d’âge –pour les femmes

Age Nombre Pourcentage

Less than 20 00 00%

Between 20-25 18 78,26%

Over 25 05 21,73%

Global

Tableau 5 : distribution globale des répondants par tranche d’âge

Age Nombre Pourcentage

Less than 20 01 00,58%

Between 20 and 25 157 91,81%

Over 25 13 07,60%

Tableau 6 : distribution des répondantes selon la note d’anglais au Bac

Page 354: Langue de spécialité, didact

354

Marks Nombre Pourcentage

Less than 10 16 10,81%

Between 10 and 11 32 21,62%

Between 11.50 and 12 40 27,02%

Between 12.50 and 13 26 17,56%

Between 13.50 and 14 20 13,51%

Between 14.50 and 15 10 06,75%

Between 15.50 and 16 01 00,67%

More than 16 01 00,67%

Males

Tableau 7 : distribution des répondants selon la note d’anglais au Bac

Marks Nombre Pourcentages

Less than 10 06 26,08%

Between 10 and 11 05 21,73%

Between 11.50 and 12 04 17,39%

Between 12.50 and 13 04 17,39%

Between 13.50 and 14 01 04,34%

Between 14.50 and 15 01 04,34%

Between 15.50 and 16 01 04,34%

More than 16 01 04,34%

Tableau 8 : distribution globale des répondants selon la note d’anglais au Bac

Mark Nombre Pourcentages

less than 10 22 12,86%

between 10 and 11 37 21,63%

between 11.50 and 12 44 25,73%

between 12.50 and 13 30 17,54%

between 13.50 and 14 21 12,28%

between 14.50 and 15 11 06,43%

between 15.50 and 16 02 01,16%

more than 16 02 01,16%

Tableau 9 : distribution des répondant(e)s selon leur profil de sortie de la classe de terminale

Streams Females % Males % nbre Global

literary

stream

92 62,16% 13 56,52% 105 61,40%

foreign

languages

31 20,94% 04 17,39% 35 20,46%

scientific

stream

25 16,89% 06 26, 08% 31 18,12%

technical

stream

00 00% 00 00% 00 00%

Tableau 10 : auto-évaluation des étudiants de leur compétence linguistique

Page 355: Langue de spécialité, didact

355

Grades Females % Males % Global %

Excellent 02 01,35% 00 00% 02 01,16%

Good 60 40,54 09 39,13 69 40,35

Fair 82 55,40 13 56,52 95 55,55

Poor 03 02,02 01 04,34 04 02,33

Very poor 01 00,67 00 00 01 00,58

Tableau 11 : auto-évaluation des étudiants de leur compétence sociolinguistique

Grades Females % males % global %

Excellent 02 01,35 01 04,34 03 01,75

Good 60 40,54 06 26,08 66 38,59

Fair 81 54,72 14 60,86 95 55,55

Poor 05 03,37 01 04,34 06 03,50

Very poor 00 00 00 00 00 00

No answer 00 00 01 04,34 01 00,58

Tableau 12 : auto-évaluation des étudiants de leur compétence pragmatique.

Grades Females % Males % Global

Excellent 02 01,35 00 00 02 01,16%

Good 48 32,43 07 30,43 55 32,16%

Fair 87 58,78 13 56,52 100 58,47%

Poor 09 06,08 03 13,04 12 07,01%

Very poor 00 00 00 00 00 00

No answer 02 01,35 00 00 02 01,16%

Tableau 13 contribution des modules qui constituent le cursus universitaire à la construction de

la profession enseignante.

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

32 21,62 05 21,73 37 21,63

American

Literature

06 04,05 03 13,04% 09 05,26

British

Civilization

07 04,72 04 17,39 11 06,43

British

Literature

11 07,43 00 00 11 06,43

African

literature

04 02,70 03 13,04 07 04,09

Reading

Comprehension

08 05,40 05 21,73 13 07,60

Grammar 36 24,32 02 08,69 38 22,22

Linguistics 22 14,86 07 30,43 29 16,95

Page 356: Langue de spécialité, didact

356

Oral Expression 24 16,21 05 21,73 29 16,95

Written

expression

16 10,81 02 08,69 18 10,52

Phonetics 30 20,27 01 04,34 31 18,12

TEFL 30 20,27 00 00 30 17,54

Psychopedagogy 29 19,59 03 13,04 32 18,71

No answer 01 00,67 00 00 01 00,58

Tableau 14 contribution des modules qui constituent le cursus universitaire à la construction de

la profession enseignante.

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

18 12,16 04 17,39 22 12,86

American

Literature

12 08,10 02 08,69 14 08,18

British

Civilization

04 02,70 02 08,69 06 03,50

British

Literature

13 08,78 02 08,69 15 08,77

African

literature

06 04,05 00 00 06 03,50

Reading

Comprehension

06 04,05 02 08,69 08 04,67

Grammar 23 15,54 05 21,73 28 16,37

Linguistics 29 19,59 05 21,73 34 19,88

Oral Expression 33 22,29 07 30,43 30 17,54

Written

expression

11 07,43 04 17,39 15 08,77

Phonetics 04 09,45 00 00 14 08,18

TEFL 19 12,83 05 21,73 24 14,03

Psychopedagogy 25 16,89 11 47,82 36 21,05

No answer 03 02,02 00 00 03 01,7

Tableau 15 : contribution des modules qui constituent le cursus universitaire à la construction

de la profession enseignante.

Modules Females % Males % Global %

Modules 18 12,16% 06 26,08% 24 14,03%

American

civilization

04 02,70% 03 13,04% 07 04,09%

American

Literature

07 04,72% 02 08,69% 09 05,26%

British Civilization 10 06,75% 03 13,04% 13 07,60%

British Literature 03 02,02% 00 00% 03 01,75%

African literature 05 03,37% 03 13,04% 08 04,67%

Page 357: Langue de spécialité, didact

357

Reading

Comprehension

30 20,27% 06 26,08% 36 20,46%

Grammar 30 20,27% 06 26,08% 36 20,46%

Linguistics 34 22,97% 07 30,43% 41 23,97%

Oral Expression 20 13,51% 04 17,39% 24 14,03%

Written expression 17 11,48% 02 08,69% 19 11,11%

Phonetics 05 03,37% 04 17,39% 09 05,26%

TEFL 14 09,45% 07 30,43% 21 12,28%

Psychopedagogy 04 02,70% 01 04,34% 05 02,92%

Tableau 16 contribution des modules qui constituent le cursus universitaire pour la

construction de la profession enseignante.

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

20 13,51% 04 18,18% 21 12,28%

American

literature

10 06,75% 01 04,54% 11 06,43%

British civilization 06 04,05% 01 04,54% 07 04,09%

British literature 15 10,13% 03 13,63% 18 10,52%

African literature 00 00 00%

Reading

Comprehension

20 13,51% 03 13,63% 23 13,45%

Grammar 84 56,75% 10 45,54% 94 54,97%

Linguistics 27 18,24% 03 13,63% 30 17,54%

Oral expression 69 46,62% 09 40,90% 78 45,61%

Written expression 58 39,18% 05 22,72% 63 36,84%

Phonetics 79 53,37% 05 22,72% 64 37,42%

TEFL 95 64,18% 14 63,63% 109 63,74%

Psycho pedagogy 110 74,32% 20 86,95% 130 76,02%

No answer 03 02,02% 00 00% 03 01,75%

Echantillon des réponses sur la question sur les modules et leur contribution dans la

construction de la profession enseignante :

1. « We can know more about the features of the English language in its context. »

2. « We become familiar with the customs, cultures,…of English speaking countries. »

3. « Civilization and literature enable us to discover English speaking countries. »

4. « We develop the socio pragmatic competence. »

5. « We cannot master the socio linguistic and pragmatic without the target language

context. »

Page 358: Langue de spécialité, didact

358

Tableau 17 : opinion des futures enseignantes sur l’impact du module de TEFL sur leur

profession future.

Yes % No % No idea %

5 21,73% 13 56,52% 5 21,73%

Tableau 18 : opinion des futurs enseignants sur l’impact du module de TEFL sur leur

profession future

Yes % No % No idea %

26 17,56% 126 85,13% 06 12,50%

Tableau 19 : opinion des futurs enseignants sur l’impact du module de TEFL sur leur

profession future

Yes % No % No idea %

31 18,12% 139 81,26% 11 06,41%

Echantillon des réponses sur le module de TEFL (question 9)

1. « It focuses on theoretical notions only. »

2. « It lacks practice and application. »

3. « It does not provide real class scenarios. »

4. « It does not check the validation of the theoretical notions. »

5. « There is no connection between theory and practice. »

6. « No balance between theory and practice. »

7. « Theory alone does not help teachers reach the level of class competence. »

8. « Theoretical knowledge should be integrated within practice. »

9. « No need to deny the theoretical notions contribution, in the sense that it provides

answers to what? How? And why? But it should be linked to practice to acquire

‘perfection’. »

Tableau 20 : opinion des futures enseignantes sur la durée consacrée au module de TEFL.

Yes % No % No idea %

18 12,16% 123 83,10% 05 03,37%

Tableau 21 : opinion des futurs enseignants sur la durée consacrée au module de TEFL.

Yes % No % No idea %

04 17,39% 16 69,56% 03 13,04%

Page 359: Langue de spécialité, didact

359

Tableau 22 : appréciation globale des futurs enseignants sur la durée consacrée au module de

TEFL

Yes % No % No idea %

22 12,86% 139 81,28% 08 04,67%

Tableau 23 : appréciation des futures enseignantes sur le profit tiré du module de TEFL

Yes % No % No idea %

133 89,86% 08 05,40% 07 04,72%

Tableau 24 : appréciation des futurs enseignants sur le profit tiré du module de TEFL

Yes % No % No idea %

16 69,56% 04 17,39% 03 13,04%

Tableau 25 : appréciation des futures enseignantes sur le profit tiré du module de TEFL

Yes % No % No idea %

149 87,13% 12 07.01% 10 05,84%

Échantillon de réponses à la question 11 sur les réformes

1. « The development of the social skills »

2. « The development of the cooperative/pair and group work »

3. « The development of the interactive, interpretive and productive competencies »

4. « The introduction of the ICTs »

5. « The implementation of the project pedagogy »

6. « The development of the meta-cognitive strategies »

7. « The focus on learner’s learning »

8. « The shift from the paradigm of the knows transmission to their construction »

9. « The focus on learners’ autonomy »

Échantillon de réponses à la question 12 sur les attentes

1. « The shift from theory to practice and verse versa should be implemented to reach

refinement »

2. « To schedule TEFL for the four years »

3. « To study TEFL in TD not in lectures only »

4. « To initiate students to teaching techniques earlier than the fourth year »

Page 360: Langue de spécialité, didact

360

5. « To proceed to the transposition of what is theoretical into class situation »

6. « Time allotted to TEFL (1:30 a week) is not enough to prepare future teachers »

7. « To reconsider the TEFL module from viewpoints timing, content, management, etc. »

8. « Video shows should be used and exploited to reflect on personal performance »

9. « To limit TEFL to theory is not enough to prepare us »

10. « Training sessions in schools should be compulsory »

11. « To give us the chance to see experienced teachers teaching their pupils »

12. « To care of reflection, opportunities to apply theory to real-life situations »

13. « To plan seminars, conferences….for future teachers to increase their awareness of the

profession they suppose to do »

14. « To be well-prepared for the new job, many parameters should be reconsidered such

as time allotted to TEFL module, besides the project pedagogy implementation »

15. « Grammar, written and oral expression should be learnt from 1st to 4

th year because

they are compulsory for the development of the teaching skill. »

16. « To give us the opportunity to express ourselves while dealing with micro teaching »

17. « To split up the 200 students into groups in order to enable them interact, exchange

ideas, comment their choices... »

18. « To master language first to be able to teach »

19. « To reconsider the whole syllabus to prepare the future teachers »

20. « Workshop sessions should be implemented to develop future teachers’ competencies;

linguistic, sociolinguistic and pragmatic. »

21. « To provide and use the ICTs »

22. « To organize immersion training sessions to develop lasting skills »

23. « To establish either direct or indirect contact with natives »”

Page 361: Langue de spécialité, didact

361

Annexe 2 : Questionnaire 2

Enseignants Universitaires

Variable “genre”

The biographical data

Female Male

Number % Number %

17 85% 03 15%

Tableau 1 : les données biographiques des répondants

Variable « âge »

Age Sexe Nombre moyenne

29 F 01

32,2

30 F 02

31 F 02

35 4F+1H 05

38 F 05

42 2F+1H 03

46 1F+1H 02

Tableau 2 : variable ‘âge’ des enseignants universitaires

Variable « expérience professionnelle »

The professional experience

Female Male Global

Number % Number % Number %

Less than

5 years

10 58,82% 00 00% 10 50%

Between 5 and 10

years

7 41,17% 3 100% 10 50%

More than 10 years 00 00% 00 00% 00 00%

Tableau 3 : variable ‘expérience professionnelle’

Variable « encadrement »

Teachers’ scaffolding and coaching

Female Male Global

Number % Number % Number %

Less than 50

sts

00 00% 00 00% 00 00%

Page 362: Langue de spécialité, didact

362

Between 50

and 100

00 00% 00 00% 00 00%

Between 150

and 200

15 88,23% 03 100% 18 90%

More than

200

02 11,76% 00 00% 02 10%

Tableau 4 : le nombre d’étudiants encadrés

Variable “ réflexion sur les compétences ”

i. Linguistic competence [Knowledge and know-how relating to lexical,

syntactical and phonological parameters]

Teachers’ reflection on Students’ Competences (linguistic)

Grades Number %

Excellent 02 10%

Good 01 05%

Fair 16 80%

Poor 01 05%

Very poor 00 00%

Tableau 5 : évaluation de la compétence linguistique des futurs enseignants

ii Sociolinguistic competence [language usage factors: social relation markers, rules

of politeness, expressions reflecting popular wisdom and dialects and actions]

Grades Number %

Excellent 01 05%

Good 01 05%

Fair 15 75%

Poor 02 10%

Very poor 01 05%

Tableau 6 : évaluation de la compétence sociolinguistique des futurs enseignants

Page 363: Langue de spécialité, didact

363

iii Pragmatic competence [choice of discourse strategies aiming at reaching a precise

Objective; adapting, organizing and structuring discourse]

Teachers’ reflection on Students’ Competences (pragmatic)

Grades Number %

Excellent 01 05%

Good 01 05%

Fair 16 80%

Poor 01 05%

Very poor 01 05%

Tableau 7 : évaluation de la compétence sociolinguistique des futurs enseignants

Variable “évaluation”

Teachers’ reflection on Students’ Competences

Grades Number %

Excellent 01 05%

Good 01 05%

Fair 16 80%

Poor 02 10%

Very poor 00 00%

Tableau 8 : évaluation des compétences des enseignants

Variable “évaluation des interactions”

Teachers’ reflection on Students’ Competences

Grades Number %

Excellent 01 05%

Good 02 10%

Fair 10 50%

Page 364: Langue de spécialité, didact

364

Poor 06 30%

Very poor 01 05%

Tableau 9 : évaluation des interactions

Teachers’ reflection on Students’ Competences

Difficulty Number %

Receptive 00 00

Interactive 12

Productive 08

All of the above 00

Tableau 10 : évaluation des quatre habiletés

Teachers’ reflection on Students’ Competences

Difficulty Number %

New concepts meaning 02 10%

Course content 02 10%

Both of them 16 80%

Tableau 11 : questions fréquentes des futurs enseignants

1. Do they resort to the use of other languages to understand?

Students’ use of the target language

Number %

Yes 00 00%

No 20 100%

Tableau 12: recours à d’autres langues (alternance codique)

Students’ code-switching

Number %

Page 365: Langue de spécialité, didact

365

Always 00 00%

Very often 00 00%

Often 00 00%

Rarely 00 00%

Tableau 13 : Alternance codique lors de la formation

Teachers’ Reflection on TFEL Module Design

Number %

Yes 20 100%

No 00 00%

Tableau 14 : Importance du module de TEFL dans le cursus de formation des enseignants

Teachers’ Reflection on TFEL Module Design

Number %

Yes 00 00%

No 20 100%

Tableau 15 : évaluation de la mise en œuvre du module de TEFL

Echantillon des réponses à la question 15 sur le module de TEFL

1. « More time and more practice should be allotted to future teachers. »

2. « The module should be attributed more space and should cover at least 2 years of the

degree, along with practical sessions to reinforce the theory acquired. »

3. « More psychology to understand the behavior of the human being (youth). »

4. « I think that sometimes the lectures are too theoretical especially when taught by teachers

who have not followed practical trainings. I suggest a real contact with high school

learners. »

5. « Students need training courses for a better preparation of the future teachers so that they

could apply what they learnt and see the performance of some experienced teachers. »

Echantillon des attentes et suggestions des répondants

A) Pour les propositions didactiques

1. « Designing documents: class logbook, unit plan………»

2. « Reference documents: curriculum, syllabus, supporting documents…»

Page 366: Langue de spécialité, didact

366

3. « How to use a textbook? »

4. « How to deal with the four skills in teaching? »

5. « How to teach grammar for example? »

6. « How to set an exam? »

7. « How and Why to assess? »

B) Pour les propositions pédagogiques”

1. « Classroom management »

2. « It is important for future teachers to understand the “why” and “how” youth’s behaviors

and needs in order to be able to communicate and reach their minds. »

3. « Well, to start with, some psycho-pedagogical sessions and then, the use of some modern

techniques to make the classroom lively and attract learners’ attention and stir their motivation.

»

4. « Attending observation classes »

5. « get in touch with experienced teachers »

6. « Share ideas, teaching materials and techniques with other teachers »

7. « After many years of teaching, the experience has proved to be a very arduous task. Thus, I

think that the degree as it appears now does not appear to fit the final goal of producing a

teacher. For this, they need to know right from the beginning that they will be teachers and

should devote the majority of their modules to the acquisition of the pedagogy necessary, to

enhance an effective teaching. »

Page 367: Langue de spécialité, didact

367

Annexe 3: Questionnaire 3

Corps inspectoral

Targeted Population : middle and secondary education supervisors

Nombre d’inspecteurs ciblés Nombre de répondants Taux

12 12 100%

Tableau 1 : Nombre total des répondants

Variable « genre »

Females Males Global

Number % Number % Number %

01 08,33% 11 91,66 12 100

Tableau 2 : variable « genre »

Variables « âge »

Females Males Global

Number Age Number Age

Moyenne

44,91

1 35 2 54

1 53

2 52

1 50

2 46

1 32

1 35

1 30

Tableau 3: variable « âge »

Variable “diplômes”

Supervisors’ Qualifications

BAC 12 100%

Licence 12 100%

Master 01 08,33%

Ph. D. 00 00%

Tableau 4: variable « diplôme »

Page 368: Langue de spécialité, didact

368

Variable ‘statut professionnel’

Supervisors’ professional position

Secondary % Taux

02 83,33% 100%

Tableau 5: variable « statut professionnel »

Variable ‘expérience’

Supervisors’ length of service

Nombre Taux

Less than 5 years 05 41,66%

Between 5 and 10 years 04 33,33%

More than 10 years 03 25%

Tableau 6 : variable « expérience professionnelle »

Variable « encadrement »

Supervisors’ teachers’ guidance

Number Taux

Less than 50

teachers

00 00

Between 50 and

100 teachers

00 00

Between 100

and 150

teachers

02 16,66%

Between 150

and 200

teachers

08 66,66%

More than 200

teachers

02 16,66%

Tableau 7 : variable « encadrement »

Page 369: Langue de spécialité, didact

369

Variable « réflexion sur les performance »

Supervisors’ Reflection on teachers’ performance

Number Taux

Excellent 00 00

Good 00 00

Fair 03 25%

Poor 07 58,33%

Very poor 01 08,33%

Tableau 8: variable « réflexion sur les performances »

Échantillon des réponses sur les faiblesses recensées

A) Problèmes d’ordre pédagogique:

1. « Discipline and class management problems »

2. « Lack of motivation sustainability and maintaining »

3. « Lack of the appropriate teaching/ learning atmosphere »

4. « Inefficient teaching »

5. « Lack of self-confidence »

B) Problèmes d’ordre didactique:

1. « Non-adapted teaching material »

2. « Teacher centeredness instead of learner centeredness »

3. « Teaching above learners’ heads »

4. « Curriculum adopting rather than adapting »

Variable « réflexion sur les compétences »

Supervisors’ Reflection on weaknesses

Number taux

a. disciplinary

competencies

02 16,66%

b. transversal

competencies

08 66,66%

c. both types of

competencies

02 16,66%

Tableau 9 : variable « réflexion sur les compétences »

Page 370: Langue de spécialité, didact

370

Échantillon des suggestions et attentes

1. « Universities should reconsider its syllabi to be constructed in such a way to comply

with the targeted competencies. »

2. « They should identify both the entry and exit profiles. »

3. « They should implement micro-teaching as training process. »

4. « They should integrate the ICTs in teaching/learning process. »

Page 371: Langue de spécialité, didact

371

Annexe 4 : Questionnaire 4

Enseignants novices

Population ciblée : Enseignants novices

Nombre d’enseignants ciblés Nombre de répondants Taux

200 72 36%

Tableau 1 : nombre de répondants

Les répondants

Gender Females Males

Number 67 05

% 93,05% 07,46%

Tableau 2 : les données biographiques des enseignants novices.

Age Nombre Pourcentage

less than 20 00 00%

between 20-25 23 34,32%

over 25 44 65,67%

Tableau 3 : futures enseignantes par tranche d’âge

Age Nombre Pourcentage

less than 20 00 00%

between 20-25 03 60%

over 25 02 40%

Tableau 4 : futurs enseignants par tranche d’âge

Age Nombre Pourcentage

less than 20 00 00%

between 20-25 26 36,11%

over 25 46 63,88%

Tableau 5: futurs enseignants par tranche d’âge- global

Place of

work

Females Males Global

Number % Number % Number %

Rural 35 52,23% 03 60% 38 52,77%

Urban 32 47,76% 02 40% 34 47,22%

Tableau 6 : les enseignants novices par rapport à leurs lieux d’activité.

Professional

Position

Females Males Global

Number % Number % Number %

PES 11 16,41% 02 40% 13 20,96%

PCEF 48 71,64% 01 20% 49 79,03%

Tableau 7 : statut professionnel des enseignants novices (recrutés)

Page 372: Langue de spécialité, didact

372

Professional

Position

Females Males Global

Number % Number % Number %

PES 02 02,98% 01 20% 03 04,16%

PCEF 06 08,95% 01 20% 07 09,72%

Tableau 8 : statut professionnel des enseignants novices (contractuels)

Audience Females Males Global

Number % Number % Number %

1 AS 13 100% 02 66,66% 15 93,75%

2 AS 06 46,15% 01 33,33% 07 43,75%

3 AS 07 53,84% 01 33,33% 08 50%

Tableau 9 : classes à charge au cycle secondaire

Audience Females Males Global

Number % Number % Number %

1 AM 37 68,51% 02 100% 39 69,64%

2 AM 28 51,85% 02 100% 28 50%

3 AM 23 42,59% 00 00% 23 41,07%

4 AM 20 37,03% 00 00% 22 39,28%

Tableau 10 : classes à charge au cycle moyen

Initial

Training

Females Males Global Average

Number % Number % Number %

4,25

années

4 years 53 79,10% 04 80% 57 79,16%

5 years 11 16,41% 01 20% 12 16,66%

More

than 5

years

03 04,47% 00 00% 03 04,16%

Tableau 11 : durée de la formation initiale

University

syllabus

Females Males Global

Number % Number % Number % Very

important 38 52,77% 01 01,38% 39 54,16%

Fairly

important 25 34,72% 03 04,16% 28 38,88%

Less

important 02 02,77% 00 00% 02 02,77%

Unimportant 01 01,38% 01 01,38% 02 02,77% No answer 01 01,38% 00 00% 01 01,38%

Tableau 12 : appréciations sur le cursus de la formation initiale

Échantillon des réponses pour la question 7 sur les profits tirés du module de TEFL

Pour le module de TEFL :

1. « It enables teachers to be familiar with different ways of teaching. »

2. « It shows us how to teach English language as a foreign language. »

3. « It affords different techniques and methods to deal with various class situations. »

Page 373: Langue de spécialité, didact

373

4. « These modules do appeal to the teacher’s needs for the teaching situations. »

Pour le module de psychopédagogie:

1. « It enables us to understand better the learner’s behavior and provide a variety of

ways to deal with. »

2. « It targets the construction of the transversal competences. »

3. « It enables us understand how learners learn, why the different teaching approaches

work and when they are appropriate. »

4. « It enables us think of the optimum ecology for teaching/learning (the ecology of

teaching/learning). »

University

syllabus

Females Males Global

Number % Number % Number % Totally

theoretical 60 89,58% 05 100% 65 90,27%

Partly

theoretical.

00 00% 00 00% 00 00%

Both

theoretical

and practical

07 10,44% 00 00% 07 09,72%

No answer 00 00% 00 00% 00 00%

Tableau 13 appréciations sur le contenu de la formation initiale

Yes % No % No idea %

44 65,67% 23 34,32% 00 00%

Tableau 14 : observation de classes pendant la formation initiale (pour les enseignantes)

Yes % No % No idea %

02 40% 03 60% 00 00%

Tableau 15 : observation de classes pendant la formation initiale (pour les enseignants)

Yes % No % No idea %

46 63,88% 26 36,11% 00 00%

Tableau 16 : observation de classes pendant la formation initiale (pour les enseignants)

Frequency Females Males Global

Number % Number % Number % Once 10 14,92% 01 20% 11 15,27% Twice 15 22,38% 01 20% 16 22,22%

Three times 16 23,88% 00 00% 16 22,22% Four times 01 01,49% 00 00% 01 01,38%

More 02 02,98% 00 00% 02 02,77%

Tableau 17 : fréquence des observations de classe

Page 374: Langue de spécialité, didact

374

Yes % No % No idea %

16 23,88% 51 76,11% 00 00%

Tableau 18 : applicabilité des aspects théoriques (enseignantes)

Yes % No % No idea %

00 00% 05 100% 00 00%

Tableau 19 : applicabilité des aspects théoriques (enseignants)

Yes % No % No idea %

16 22,22% 55 76,38% 00 00%

Tableau 20 : applicabilité des aspects théoriques (global)

Échantillon des réponses pour la question « If no, what should be done? »

1. « To focus on teaching strategies development »

2. « To increase teachers’ awareness of the learners’ learning strategies and styles »

3. « To develop several kinds of knowledge about learning »

4. « Teachers must be able to use different teaching strategies to accomplish various

tasks. »

5. « Teachers need to know about curriculum resources. »

6. « Teachers learn best by studying, doing and reflecting on their performance. »

Yes % No % No idea %

67 100% 00 00% 00 00%

Tableau 21 : formation continue (enseignantes)

Yes % No % No idea %

05 100% 00 00% 00 00%

Tableau 22 : Formation continue (enseignants)

Yes % No % No idea %

72 100% 02 00% 00 00%

Tableau 23 : Formation continue (global)

Échantillon des réponses à la question: « If yes, what advantages did you make from those

training sessions? »

Les compétences d’ordre didactique :

1. « I am well-organized in my work. »

2. « I learnt how to deal with grammar implicitly. »

3. « I learnt how to set learning objectives. »

4. « I learnt how to use and exploit didactical materials. »

5. « I saw how to transpose theory into practice. »

6. « I learnt much about the new changes in the educational field. »

7. « I learnt how to plan my teaching material. »

Page 375: Langue de spécialité, didact

375

8. « I learnt much on learners’ assessment. »

9. « I learnt much about integrative learning. »

Les compétences d’ordre pédagogique:

1. « I learnt how to be a facilitator. »

2. « I acquired much more self-confidence.

3. « I learnt how to deal with learners. »

4. « I learnt how to manage class, time…»

5. « I learnt how to motivate learners. »

6. « I got rid of stress and anxiety. »

7. « I am able to reflect on my teaching. »

Échantillon des réponses à la question: « With regard to the new educational reform, what

are the most important changes it focuses on?»

1. « It puts the learners at the core of the process. »

2. « It incites the learners to rely on themselves; leading research, boosting innate

abilities. »

3. « It depends on the project pedagogy to develop learners’ transversal competencies. »

4. « It gives more importance to learning rather than teaching. »

5. « It focuses on learner-centeredness rather than on teacher-centeredness. »

6. « It promotes group, pair work and learners’ mutual help. »

7. « It aims at learners’ own achievements. »

8. « It restricts teacher’s roles to monitoring, guiding, scaffolding. »

9. « It focuses on knows construction rather than a mere transmission. »

10. « It promotes socio-constructive pedagogy. »

11. « It targets the competence of communication. »

Échantillon des réponses à la question: « What would you suggest to make future teachers

feel comfortable in class situations? »

1. « To focus on practice rather than theory »

2. « To focus on the reflexive approach »

3. « To carry out in-service training sessions in real class situations »

4. « Introduce new things to break routine »

5. « To promote collaborative work »

6. « To provide the means to promote teaching/ learning process »

7. « To increase training sessions to ensure the theory-practice-theory shift »

8. « To reduce the number of learners in classes »

9. « To supply the necessary means to ensure the materialization of the new approach

principles, objectives and competences »

10. « Authentic materials should be provided »

11. « To care of improving the teacher’s social conditions »

12. « To introduce the use of the ICTs »

Page 376: Langue de spécialité, didact

376

Annexe 5 : Structure des maquettes du cursus de la formation initiale

Première année de licence

28 semaines/an

Intitulé du cours Horaire

CM TD

Total Horaire/

hebdomadaire Type

d’examen Coefficient

1. Grammaire ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

2. Expression écrite ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

3. Expression orale ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

4. Compréhension

écrite

------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

5. Compréhension

orale

------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

6. Phonétique 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

7. Introduction à la

linguistique

1h30 ------ 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

2

Arabe 1 1h30 ------ 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

1

Totaux 8 4h30 16h30 21 h

20

Tableau 1 : maquette du cursus de première année de licence

Première année

Nombre de

modules

Volume horaire

hebdomadaire

Horaire CM Horaire TD Total horaire

Annuel

Coefficient

7 19h30 84 heures 462 heures 546 heures 19

Pourcentage 15,38% 84,61%

Tableau 2 : récapitulatif du cursus de la première année de licence

Page 377: Langue de spécialité, didact

377

Deuxième année de licence

28 semaines

Intitulé du cours Horaire

CM TD

Total Horaire/

hebdomadaire Type

d’examen Coefficient

1. Grammaire ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

2. Expression écrite ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

3. Expression orale ------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

4. Compréhension

écrite

------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

5. Compréhension

orale

------ 3h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

6. Phonétique 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

7. Linguistique 1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

2

8. Civilisation

britannique

1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

2

9. Civilisation

américaine

1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

2

Arabe 2 1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

1

Totaux 10 7h30 16h30 24 heures

24

Tableau 3 : maquette du cursus de deuxième année de licence

Deuxième année

Nombre de

modules

Volume horaire

hebdomadaire

Horaire CM Horaire TD Total horaire

Annuel

Coefficient

9 22h30 168 heures 462 heures 630 heures 23

Pourcentage 26,66% 73,33%

Tableau 4: récapitulatif du cursus de deuxième année de licence

Page 378: Langue de spécialité, didact

378

Troisième année de licence

28 semaines

Intitulé du cours Horaire

CM TD

Total Horaire/

hebdomadaire Type

d’examen

Coefficient

1. Phonétique 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

2. Compréhension et

expression orale

1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

3. Littérature anglaise ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

4. Littérature américaine ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

5. Linguistique/

Sociolinguistique 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

6. Civilisation

britannique ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

7. Civilisation

américaine ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

8. Littérature africaine ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

3

9. psychopédagogie ----- 3 h 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

Arabe 3 1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

1

Totaux 10 6h 22h30 28.30 h 26

Tableau 5 : maquette du cursus de troisième année de licence

Troisième année

Nombre de

modules

Volume horaire

hebdomadaire

Horaire CM Horaire TD Total horaire

Annuel

Coefficient

9 27 h 126 heures 630 heures 756 heures 25

Pourcentage 16,66% 83,33%

Tableau 6 : récapitulatif du cursus de troisième année de licence

Page 379: Langue de spécialité, didact

379

Quatrième année de licence

28 semaines

Intitulé du cours Horaire

CM TD

Total Horaire/

hebdomadaire Type

d’examen

Coefficient

1. Séminaire de

littérature

1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

1

2. Séminaire de

civilisation

1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

1

3. Séminaire de

linguistique /

Sociolinguistique

1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

4. Psychopédagogie 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

5. TEFL 1h30 1h30 3 heures EMD 1

EMD 2

DS

2

Totaux 5 7h30 7h30 15 h -------------- 8

6. Stage ---- ----- 1

heure/semaine

Rapport de

l’enseignant

encadreur

3

Totaux 6 7h30 16 h --------------- 11

Arabe 4 1h30 ----- 1h30 EMD 1

EMD 2

DS

1

Totaux 6 9h 7h30 17h30 -------------- 12

Tableau 7 : maquette du cursus de quatrième année de licence

Quatrième année

Nombre de

modules

Volume horaire

hebdomadaire

Horaire

CM

Horaire

TD

Total Stage Total

horaire

Annuel

Coefficient

5 15 h 210 h 210 h 420 h 28 h 448 h 11

Pourcentage --------------- 50% 50% --------

Tableau 8 : récapitulatif du cursus de la quatrième année de licence

Page 380: Langue de spécialité, didact

380

Récapitulatif

Nbre de

modules

Nbre de

semaines

Horaire global

des CM

Horaire global

des TD

Total horaire de la

formation

30 112 588 h 1764 h 2352 heures

Pourcentage 25% 75%

Stage ---------- -------------- ------------ 28 heures (01,17%)

Total 112 588 h 1764 2380 heures

Arabe 168 h ----------- 168 heures

Total 112 756 h 1764 2548 heures

Tableau 9 : récapitulatif du cursus des quatre années de licence

Répartition du volume horaire global

Volume horaire global Volume horaire ciblant les savoirs/

théorie

Volume horaire ciblant la

pratique

2380 heures 2352 heures 28 heures

Pourcentage 98,82% 01.17%

Tableau 10 : disproportion entre les aspects théoriques et pratiques

Théorie Pratique

Compétences linguistique/

pragmatique et socio

pragmatique

Compétences professionnelles

Maîtrise de la

langue

Maîtrise de la

dimension

culturelle

Didactique et

pédagogie

stage

Total horaire 1428 h 672 h 252 h 28 h 2380 h

pourcentage 60% 28,23% 10,58% 01,17% 100%

Tableau 11 : répartition du volume horaire selon les compétences ciblées par les contenus du

cursus pendant les quatre années de formation

Page 381: Langue de spécialité, didact

381

Intitulé du module

Horaire

en

première

année

Horaire

en

deuxième

année

Horaire

en

troisième

année

Horaire

en

quatrième

année

Horaire sur

les 4 années

1. Grammaire 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 0 heure 168 h

2. Expression

Ecrite

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 0 heure 168 h

3. Expression

orale

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 210 h

4. Compréhension orale 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 210 h

5. Compréhension Ecrite 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 0 heure 168 h

6. Phonétique 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

0 heure 252 h

7. Linguistique 1.30

42 heures

1.30

42 heures

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

252 h

8. Civilisation

britannique

0 heure 1.3

42 heures

3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

168 h

9. Civilisation américaine 0 heure 1.30

42 heures

3 heures

84 heures

168 h

10. Littérature

anglaise

0 heure 0 heure 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

112 h

11. Littérature américaine 0 heure 0 heure 3 heures

84 heures

112 h

12. Littérature

africaine

0 heure 0 heure 3 heures

84 heures

112 h

13. Psychopédagogie 0 heure 0 heure 3 heures

84 heures

3 heures

84 heures

168 h

14. TEFL 0 heure 0 heure 0 heure 3 heures

84 heures

84 h

Totaux 546 h 630 h 756 h 420 h 2352 h

15. Stage 0 h 0 h 0 h 1 h x 28=

28 h

28 h

Total 546 h 630 h 756 h 448 h 2380 h

Arabe 1.30h

42 h

1.30h

42 h

1.30h

42 h

1.30h

42 h

168 h

Totaux 588 h 672 h 798 h 490 h 2548 h

Tableau 12 : répartition du volume horaire selon les contenus du cursus pendant les quatre

années de formation.

1428

672

252

28

Page 382: Langue de spécialité, didact

382

Annexe 6 : Les changements relatifs aux horaires

Cycle de base Cycle d’éveil Cycle

d’observation

et d’orientation

Volume

Horaire

global

1 AF 2 AF 3 AF 4 AF 5 AF 6 AF 7

AF

8

AF

9

AF

Langue arabe 14 14 12 9 7 :30 7 :30 6 5 5 2240 h

Education

islamique

et sociale

2

2

2

1 :30

1 :30

1 :30

1

1

1

336 h

Education

politique

1 :30

1

1

1

126 h

Histoire /

Géographie

2

2

2

168 h

Mathématiques 6 6 6 5 5 5 5 6 5 1372 h

Sciences

naturelles

3

3

3

252 h

Etude du

milieu

2

2 :30

4

4

350 h

Etude

technologique

3

2

2

196 h

Travaux

manuels

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

252 h

1ère

langue

étrangère

5

5

5

5

4

4

784 h

2ème

langue

Etrangère

4

5

252 h

Dessin 1 1 1 1 1 1 1 1 1 252 h

Musique 1 1 1 1 1 1 168 h

Education

physique

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

1 :30

2

2

2

420 h

Total 27 27 27 27 27 27 31 32 32

756

h

756

h

756

h

756

h

756

h

756

h

868

h

896

h

896

h

7196 h

Tableau 1 : structure du cursus d’enseignement des cycles primaire et moyen

Page 383: Langue de spécialité, didact

383

D’après les indications fournies par le Ministère de l’éducation nationale d’Algérie (site web :

http : //www.meducation.edu.dz/men/) et les données de « L’évaluation de l’éducation pour

tous à l’an 2000 : Rapport des pays » de l’UNICEF.

Lycée d’enseignement

Général

Lycée

d’enseignement

Technique

Lycée

d’enseignement

général et lycée

d’enseignement

technique

Spécialités Sciences exactes

Sciences naturelles et de

la vie

Lettres et sciences

Humaines

Lettres et langues

étrangères

Lettres et sciences

Religieuses

Electronique

Electrotechnique

Mécanique

Travaux publics et de

Construction

Chimie

Techniques de

Comptabilité

Génie mécanique

Génie électrique

Génie civil

Gestion et économie

Diplômes Bac de l’enseignement

Secondaire

Bac technique Bac de

l’enseignement

secondaire option

« technologie »

Tableau 2 : structure des filières de l’enseignement secondaire

Page 384: Langue de spécialité, didact

384

Cycles Enseignement Primaire Enseignement Moyen Volume

Horaire

Global

Niveau

Matières

1ère

AP 2ème

AP

3ème

AP

4ème

AP

5ème

AP

2ème

AM

3ème

AM

4ème

AM

Arabe 13 :30h 13 :30h 11 :15h 8 :15h 8 :15h 6 h 5 h 5 h 5 h 1524 h

Coefficient. 2 3 3 5

Tamazight -------- --------- ------- 3h 3h 3 h 3 h 3 h 3 h 504 h

Coefficient 1 1 1 1

Français --------- -------- 3h 4 :30h 4 :30h 5 h 5 h 5 h 5 h 896 h

Coefficient 1 2 2 3

Anglais -------- -------- ------- -------- --------- 3 h 3 h 3 h 3 h 336 h

Coefficient 1 1 1 2

Mathématiques 4 :30 4 :30 4 :30h 4 :30h 4 :30h 5 h 5 h 5 h 5 h 1190 h

Coefficient 2 3 3 4

Education

Islamique

1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 1 h 1 h 1 h 1 h 322 h

Coefficient 1 1 1 2

Instruction Civique 45mns 45mns 45mns 45mns 45mns 1 h 1 h 1 h 1 h 208,6 h

Coefficient 1 1 1 1

Histoire/géographie -------- --------- 45mns 1 :30 1 :30 3 h 3 h 3 h 3 h 432,6 h

Coefficient 1 2 2 3

Education

Scientifique et

technologique

1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 3h 3h 3h 3h 322 h

Coefficient 1 2 2 2

Sciences Naturelles --------- ------- --------- --------- --------- 3h 3h 3h 3h 336 h

Coefficient 1 2 2 2

Education

Artistique

1 h 1 h 1 h 1 h 112 h

Coefficient 1 1 1 1

Education physique

et sportive

1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 1 :30 2h 2h 2h 2h 434 h

Coefficient 1 1 1 1

Volume horaire

hebdomadaire

24 h 24h 25 :30h 24 :45

+ 3h

24 :45

+3h

34 h 33 h 33 h 33 h 6616 h

Coefficient ----- ------ ------- ------- -------- 14 20 20 27

Tableau 3 : changements relatifs aux horaires, à la durée de chaque cycle et le coefficient de chaque

matière opérés suite aux réformes de 2003

Page 385: Langue de spécialité, didact

385

Schéma 1 : Organisation des enseignements

ANNEXE 7 : LES COMPETENCES PROFESSIONNELLES

Etudes supérieurs

Bac de technicien Bac d’enseignement

secondaire

Enseignement

secondaire technique

Enseignement

secondaire technique

Enseignement

secondaire général et

technologique

Enseignement

secondaire général et

technologique

Tronc commun

Lettres

Tronc commun

Technologies

Tronc commun

Sciences

Brevet

d’Enseignement

Fondamental

Cycle 3 Cycle

d’observation et

d’orientation

14/15

11ans

6

11ans

5ans

Cycle 2 Cycle d’éveil

Cycle 1 Cycle de base

Enseignement

Préscolaire

1AS = Première année

secondaire qui est

équivalent à la seconde

en France

2AS = Deuxième

année secondaire qui

est équivalent à la

première en France

3AS = Troisième

annéee secondaire qui

est équivalent à la

terminale en France

Page 386: Langue de spécialité, didact

386

Compétences

de référence

Compétences plus spécifiques à travailler

en formation continue (exemples)

1. Organiser et animer des

situations

d’apprentissage

• Connaître, pour une discipline donnée, les contenus à enseigner et leur

traduction en objectifs d’apprentissage • Travailler à partir des représentations des élèves

• Travailler à partir des erreurs et des obstacles à l’apprentissage

• Construire et planifier des dispositifs et des séquences

didactiques

• Engager les élèves dans des activités de recherche, dans des

projets de connaissance

2. Gérer la progression des

apprentissages

• Concevoir et gérer des situations-problèmes ajustées aux niveaux et

possibilités des élèves • Acquérir une vision longitudinale des objectifs de l’enseignement

primaire

• Établir des liens avec les théories sous-jacentes aux activités

d’apprentissage • Observer et évaluer les élèves dans des situations d’apprentissage, selon une

approche formative

• Établir des bilans périodiques de compétences et prendre des décisions

de progression

3. Concevoir et faire évoluer

des dispositifs de

différenciation

• Gérer l’hétérogénéité au sein d’un groupe-classe • Décloisonner, élargir la gestion de classe à un espace plus vaste

• Pratiquer du soutien intégré, travailler avec des élèves en grande difficulté

• Développer la coopération entre élèves et certaines formes simples

d’enseignement mutuel

4. Impliquer les élèves dans

leur apprentissage et leur

travail

•Susciter le désir d’apprendre, expliciter le rapport au savoir, le sens du

travail scolaire et développer la capacité d’autoévaluation chez

l’enfant • Instituer et faire fonctionner un conseil des élèves (conseil de classe ou

d’école) et négocier avec les élèves divers types de règles et de contrats

• Offrir des activités de formation optionnelles, “ à la carte ”

• Favoriser la définition d’un projet personnel de l’élève

5. Travailler en équipe • Élaborer un projet d’équipe, des représentations communes

• Animer un groupe de travail, conduire des réunions • Former et renouveler une équipe pédagogique

• Confronter et analyser ensemble des situations complexes, des pratiques et

des problèmes professionnels

• Gérer des crises ou des conflits entre personnes

6. Participer à la gestion de

l’école

• Élaborer, négocier un projet d’établissement • Gérer les ressources de l’école

• Coordonner, animer une école avec tous les partenaires (parascolaires,

quartier, associations de parents, enseignants de langue et culture d’origine)

• Organiser et faire évoluer, au sein de l’école, la participation des

élèves

Page 387: Langue de spécialité, didact

387

7. Informer et impliquer les

parents

• Animer des réunions d’information et de débat • Conduire des entretiens

• Impliquer les parents dans la valorisation de la construction des

savoirs

8. Se servir des

technologies nouvelles

• Utiliser des logiciels d’édition de documents • Exploiter les potentialités didactiques de logiciels en relation avec les

objectifs des domaines d’enseignement

• Communiquer à distance par la télématique

• Utiliser les outils multimédia dans son enseignement

9. Affronter les devoirs et les

dilemmes éthiques de la

profession

• Prévenir la violence à l’école et dans la cité

• Lutter contre les préjugés et les discriminations sexuelles, ethniques et

sociales.

• Participer à la mise en place de règles de vie commune touchant la discipline

à l’école, les sanctions, l’appréciation de la conduite

• Analyser la relation pédagogique, l’autorité, la communication en classe

• Développer le sens des responsabilités, la solidarité, le sentiment de

justice

10. Gérer sa propre

formation continue

• Savoir expliciter ses pratiques • Établir son propre bilan de compétences et son programme personnel de

formation continue

• Négocier un projet de formation commune avec des collègues (équipe,

école, réseau)

• S’impliquer dans des tâches à l’échelle d’un ordre d’enseignement ou

du DIP

• Accueillir et participer à la formation des collègues

Compétences

de référence

Compétences plus spécifiques à travailler

en formation continue (exemples)

Source: Classeur Formation continue, Genève, Enseignement primaire, 1996.

Page 388: Langue de spécialité, didact

388

Tableau 1 : référentiel des compétences professionnelles

Fig.1. Représentation de l’émergence de la compétence (Boudreault 2002)

Page 389: Langue de spécialité, didact

389

Annexe 8 : Échantillons des Questionnaires

Questionnaire 1 adressé aux futurs enseignants

I. Section one : Students’ Biographical Data and Profile

1. Variable « gendre »

Female :

Male :

Les répondants

Females Males

Tableau 1

2. Variable « âge »

Females

Age Nombre pourcentage

Less than 20

Between 20-25

Over 25

Males

Age Nombre Pourcentage

Less than 20

Between 20-25

Over 25

Global

Age Nombre Pourcentage

Less than 20

Between 20 and 25

Over 25

Variable « mark »

3. Your mark at English Bac examination was

Females

Marks Nombre Pourcentage

Less than 10

Between 10 and 11

Between 11.50 and 12

Page 390: Langue de spécialité, didact

390

Between 12.50 and 13

Between 13.50 and 14

Between 14.50 and 15

Between 15.50 and 16

More than 16

Males

Marks Nombre Pourcentages

Less than 10

Between 10 and 11

Between 11.50 and 12

Between 12.50 and 13

Between 13.50 and 14

Between 14.50 and 15

Between 15.50 and 16

More than 16

Global

Mark Nombre Pourcentages

less than 10

between 10 and 11

between 11.50 and 12

between 12.50 and 13

between 13.50 and 14

between 14.50 and 15

between 15.50 and 16

more than 16

Variable « profile »

4. Your stream in the secondary school education was

Streams Females % Males % nbre Global

literary

stream

foreign

languages

scientific

stream

technical

stream

Page 391: Langue de spécialité, didact

391

II. Section Two: Students’ Competence Variable « competencies »

5. After four years, how would you evaluate your English language competences?

i. Linguistic one [ Knowledge and know-how relating to lexical, syntactical

and phonological parameters]

Grades Females % Males % Global %

Excellent

Good

Fair

Poor

Very poor

ii. Sociolinguistic one [ language usage factors: social relation markers, rules

of politeness, expressions reflecting popular wisdom and dialects and

actions]

Grades Females % males % global %

Excellent

Good

Fair

Poor

Very poor

No answer

iii. Pragmatic one [ choice of discourse strategies aiming at reaching a precise

objective; adapting, organizing and structuring discourse]

Grades Females % Males % Global

Excellent

Good

Fair

Poor

Very poor

No answer

6. a) With regard to your English language competences, which module is the most

appropriate to your future job?

Variable « compétences »

i. Linguistic competence [ Knowledge and know-how relating to

lexical, syntactical and phonological parameters]

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

American

Page 392: Langue de spécialité, didact

392

Literature

British

Civilization

British

Literature

African

literature

Reading

Comprehension

Grammar

Linguistics

Oral Expression

Written

expression

Phonetics

TEFL

Psychopedagogy

No answer

ii. Sociolinguistic competence [ language usage factors: social relation markers,

rules of politeness, expressions reflecting popular wisdom and dialects and

actions]

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

American

Literature

British

Civilization

British

Literature

African

literature

Reading

Comprehension

Grammar

Linguistics

Oral Expression

Written

expression

Phonetics

TEFL

Psychopedagogy

No answer

Page 393: Langue de spécialité, didact

393

iii. Pragmatic competence [choice of discourse strategies aiming at reaching a

precise objective; adapting, organizing and structuring discourse]

Modules Females % Males % Global %

Modules

American

civilization

American

Literature

British Civilization

British Literature

African literature

Reading

Comprehension

Grammar

Linguistics

Oral Expression

Written expression

Phonetics

TEFL

Psychopedagogy

7. With regard to teaching proficiency, which module (s) should be focused on to prepare

your future career?

Modules Females % Males % Global %

American

civilization

American

literature

British civilization

British literature

African literature

Reading

Comprehension

Grammar

Linguistics

Oral expression

Written expression

Phonetics

TEFL

Psycho pedagogy

No answer

8. TEFL module is intended to prepare you to the future job of teaching [the shift from

theory to practice], is this finality reached?

Page 394: Langue de spécialité, didact

394

Males

Yes % No % No idea %

Females

Yes % No % No idea %

Global

Yes % No % No idea %

9. With regard to its importance to teaching job, is it sufficient to limit TEFL module study

to fourth year only?

Females

Yes % No % No idea %

Males

Yes % No % No idea %

Global

10. In respect to teaching proficiency, have you really made advantage from studying TEFL

as it is expected?

Females

Yes % No % No idea %

Page 395: Langue de spécialité, didact

395

Males

Yes % No % No idea %

Global

Yes % No % No idea %

Section Three: Suggestions and Expectations

11. To be appropriately prepared for the Teaching of English as a Foreign Language, what

would you suggest?

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………….

Page 396: Langue de spécialité, didact

396

Questionnaire 2 adressé aux enseignants universitaires

I. Section One: Teachers’ Biographical and Professional Data 1. I am …………

Variable « genre »

a. Female

b. Male

2. I am …………………………..years old.

Variable « âge »

Age sexe Nombre moyenne

29

30

31

35

38

42

46

3. I have been teaching university future teachers for………………

Variable « expérience professionnelle »

a. Less than 5 years

b. between 5 and 10 years

c. more than 10 years

The professional experience

Female Male Global

Number % Number % Number %

Less than

5 years

Between 5 and 10

years

More than 10 years

4. I coach and teach …………….

Variable « coaching »

a. less than 50 students

b. between 50 and 100 students

c. between 100 and 150 students

d. between 150 and 200 students

e. more than 200 students

Teachers’ scaffolding and coaching

Female Male Global

Number % Number % Number %

Less than 50

Page 397: Langue de spécialité, didact

397

sts

Between 50

and 100

Between 150

and 200

More than

200

II. Section Two: Teachers’ Reflection on Students’ Competences 5. As a teacher of TEFL, how would you evaluate fourth year future English teachers’

competences?

Variable « réflexion sur les compétences »

i Linguistic competence [Knowledge and know-how relating to lexical,

syntactical and phonological parameters]

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

e. Very poor

ii. Sociolinguistic competence [language usage factors: social relation markers, rules

of politeness, expressions reflecting popular wisdom and dialects and actions]

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

e. Very poor

iii Pragmatic competence [choice of discourse strategies aiming at reaching a precise

objective; adapting, organizing and structuring discourse]

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

e. Very poor

Page 398: Langue de spécialité, didact

398

6. Along the academic year, how do you assess their understanding of the different

courses?

Variable « évaluation »

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

e. Very poor

7. What could hinder/impede the students’ understanding?

Variable « obstacles »

8. With regard to the students’ language proficiency, how would you evaluate their class

interaction?

Variable « évaluation des interactions »

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

e. Very poor

9. With regard to the students’ language proficiency, what is the most difficult task

for them?

a. Receptive

b. Interactive

c. Productive

d. All of the above

10. The most frequent questions asked by the students are related to

a. the meaning of the new concepts…

b. the content of the course

c. both of them

11. Do they resort to the use of other languages to understand?

Yes No

12. If yes, how often?

a. Always

b. Very often

c. Often

d. Rarely

III. Section Three: Teacher’s Reflection on the TEFL Module Design 13. Does TEFL module represent an important source of exposure to language

teaching?

a. Yes b. No

14. Does TEFL, as it is designed, prepare appropriately future teachers to class scenarios?

a. Yes b. No

Page 399: Langue de spécialité, didact

399

15. If no, what should be added, changed, omitted…?

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………….

IV. Section Four: Teacher’s suggestions and expectations 16. What do you suggest for an effective initial training of the future teachers?

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………....

Page 400: Langue de spécialité, didact

400

Questionnaire 3 adressé au corps inspectoral

I. Section One: Supervisor’s biographical and professional data Variable « genre »

1. I am a …………

a. Female

b. Male

Variables « age »

2. I am …………………..years old.

Variables « diplomas »

3. What kind of degree(s) do you have?

a. BAC

b. BA

c. MASTER

d. Ph D.

Variable « statut professionnel »

4. I am a ………………school supervisor.

a. Secondary

b. middle

Variable « expérience »

5. I have been supervising and training English teachers for………………

a. Less than 5 years

b. between 5 and 10 years

c. more than 10 years

Variable « encadrement »

6. I supervise and train …………….

a. less than 50 teachers

b. between 50 and 100 teachers

c. between 100 and 150 teachers

d. between 150 and 200 teachers

e. more than 200 teachers

II. Section Two: Supervisor’s reflection on the new teachers’

performance Variable « réflexion sur les compétences »

7. How would you evaluate novice teachers’ performances?

a. Excellent

b. Good

c. Fair

d. Poor

Page 401: Langue de spécialité, didact

401

e. Very poor

8. If poor, what are their weaknesses?

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………….

9. What causes these weaknesses?

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………..

10. The weaknesses are due to …………………….defects?

Variable « réflexion sur les compétences »

a. disciplinary competencies

b. transversal competencies

c. both types of competencies

III. Section Three: Supervisors’ suggestions and planning 11. What should be focused on in the initial training [university syllabus]?

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………..

12. As a supervisor, what weak areas would you like to work on/ focus on first?

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

Page 402: Langue de spécialité, didact

402

Questionnaire 4 aux enseignants novices

I. Section One: Trainees Biographical Data 1. Gender « Variable genre »

a. I am a ……… male female

2. Age « Variable âge »

a. I am ……………………………

1. less than 20

2. between 20 and 25

3. more than 25

II. Section Two: Professional Data 3. Place of work « Variable lieu de travail »

a. I work in a rural urban area.

4. Professional position «Variable statut professionnel»

a. I am definitely recruited…………….

1. as PCEF

2. as PES

b. I am a substitute……………

1. as PCEF

2. as PES

5. Audience « Variable de classes en charge »

a. I am in charge of ……………………..

1. 1 AM 5. - 1 AS

2. 2 AM 6. - 2 AS

3. 3 AM 7. - 3 AS

4. 4 AM

III. Section Three: Initial and in-Service Trainings

6. Initial training « Variable formation initiale et continue »

A. I had studied English language for………………… at the university.

1. 4 years

2. 5 years

3. more than 5 years

7. University syllabus « variable du cursus et formation initiale»

A. I consider all modules ………………..

1. very important

2. fairly important

3. less important

4. unimportant

Page 403: Langue de spécialité, didact

403

B. Which one (s) is (are) effectively important for classroom scenarios?

C. Why?

8. The initial training is …………………………..

1. Totally theoretical.

2. Partly theoretical.

3. Both theoretical and practical

9. As a student, did you have the chance to observe other teachers at work?

a. Yes b. No

A. If yes, How often?

1. Once

2. Twice

3. Three times

4. Four times

5. More than four times

B. Are all theoretical aspects applicable in class situations?

a. Yes b. No

C. If no, what should be done?

10. In-service training

A. Have you attended any in-service training session up to now?

a. Yes b. No

11. If yes, what advantages did you make from those training sessions?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………..

12. With regard to the new educational reform, what are the most important changes

it focuses on?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

III.Section Four: Suggestions and Expectations What would you suggest to make future teachers feel comfortable in class situations?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

Page 404: Langue de spécialité, didact

404

Annexe 9 : Les entretiens

Interview 1

Question 1: En quoi la réforme éducative entamée par le gouvernement algérien consiste-t-

elle?

Réponse 1: L’objectif fondamental de cette réforme est non seulement d’augmenter de façon

substantielle le taux de scolarisation mais aussi, d’assurer l’équité et d’améliorer la qualité des

produits de l’école pour faire face aux changements de tous ordres survenus dans la société.

Ces changements ont un impact certain sur la conception de l’éducation et les orientations des

réformes entreprises. Pour mettre en adéquation l’école algérienne avec ses mutations

sociétales, un grand chantier est mis en place afin de revaloriser les ressources humaines,

plaçant évidemment l’apprenant au centre du processus enseignement/apprentissage, ainsi que

l’enseignant au centre de l’œuvre à mener. Ainsi, l’école algérienne a pour mission, in fine,

d’améliorer les méthodes d’enseignement et d’influer sur les performances.

Question 2: Quels sont les principaux volets ciblés par cette réforme ?

Réponse 2: Le fait est que l’équation préalablement analysée par la Commission Nationale de

Réforme (CNR) [156

] du système éducatif appelle désormais à privilégier les situations de

formation devant permettre à tous les acteurs l’acquisition d’une plus grande compétence

pédagogique : maîtrise de la planification des flux scolaires et formation permanente de

cohortes entières d’enseignants, introduction des technologies de l’information et de la

communication, restructuration globale de la pédagogie et des programmes afin d’améliorer la

qualité des apprentissages autant que leur pertinence, généralisation progressive du préscolaire

et réorganisation de l’enseignement post-obligatoire… l’ensemble de ces variables étant

constamment interrogées à l’intérieur d’une nouvelle vision de l’acte de formation dans lequel

«l’approche par la compétence» fonde la matrice de tout le système.

Question 3: Comment situer cette nouvelle approche dite « l’approche par compétences » ?

Réponse 3: La nouvelle approche est une tentative d’actualiser/moderniser le curriculum, de

l’adapter à la condition sociale et à l’avenir probable des apprenants, de prendre en compte, en

plus des savoirs, la capacité de les transférer et de les mobiliser pour résoudre des situations

problèmes, pour réaliser des projets, et pour prendre des décisions.

156

] Commission Nationale de Réforme installée par le président de la république en mai 2000

Page 405: Langue de spécialité, didact

405

Question 4: Quelle est la place réservée à l’enseignement des langues étrangère surtout à celui

de l’anglais dans cette réforme?

Réponse 4: Dans son discours du 16 mai 2000 devant les 145 membres de la CNRE, le

président de la république a insisté sur l’importance que revêt l’apprentissage des langues

étrangères dans le contexte planétaire en perpétuel changement. Ainsi, une nouvelle politique

linguistique est mise en place qui introduit le français dès la troisième année primaire, et

l’anglais à partir de la première année du cycle moyen.

Question 5: Quelle est la finalité derrière l’enseignement, notamment celui de l’anglais, dans le

contexte algérien?

Réponse 5: Contrairement à ce qui se faisait traditionnellement, l’enseignement des langues

étrangères en général et de l’anglais en particulier, en plus de l’accès aux différentes sciences et

technologies, c’est-à-dire à des fins purement encyclopédiques, devrait permettre aux

apprenants d’accéder aux différentes cultures et civilisations d’autrui leurs permettant de

découvrir les similitudes et les différences en prenant conscience de leur propre culture. Le rôle

de cet enseignement serait de faire comprendre et accepter la différence à l’apprenant et par

conséquent de le placer dans une situation de curiosité, vecteur de tout apprentissage et par

conséquent de réceptivité de la culture de l’autre. Il s’agit bien de passer d’une approche à

portée linguistique à une approche à portée anthropologique de l’enseignement, qui prend en

considération le sujet et sa culture. Là se situe le défi didactique d’une véritable approche

ciblant la compétence culturelle, entre norme et subjectivité, entre connaissances capitalisables

(savoirs) et compétences maîtrisées (savoir- faire et savoir-être). En somme, dans le contexte

actuel, il faut que l’apprenant soit conçu comme un acteur social censé apprendre par le biais de

l’interaction et au sein du groupe : travaux de paires et de groupes, recherches sur Internet,

enquêtes, projets, travail individuel, etc.….

Question 6: Est-ce que cette dimension interculturelle est prise en charge des points de vue

politique, pédagogique et didactique ?

Réponse 6: Eh… bien…..en principe oui. Elle est explicitement évoquée dans les instructions

officielles, dans les espaces textuels et graphiques des manuels scolaires et dans les

programmes et les guides d’accompagnement.

Page 406: Langue de spécialité, didact

406

Question 7: Donc, ceci dit une compétence interculturelle s’avère impérative. Est-ce que les

enseignants ont été formés pour se l’approprier et pour la mettre en œuvre dans leurs

pratiques ?

Réponse 7: Depuis le début de cette réforme, nous ne faisons que rappeler, par le biais

d’instructions officielles, aux différents intervenants dans la formation initiale et continue des

enseignants d’insister sur l’intégration de la dimension interculturelle dans l’enseignement des

langues étrangères. Il s’agit de rompre avec des pratiques et des habitus traditionnels obsolètes.

Ces derniers ne répondaient plus aux exigences du monde actuel dans son mouvement

quasiment forcé vers une globalisation tout azimut, un environnement mondial qu’il est

impossible d’ignorer.

Question 8: Dans l’absence d’un rapport actif avec la culture cible, est-ce que ces rappels sont

suffisants pour convaincre les enseignants à s’approprier et faire acquérir aux apprenants cette

compétence ?

Réponse 8: Bien sûr non. Je pense que pour les convaincre, Il faut trouver les moyens

d’expliquer simplement l’idée, les concepts, et la méthode. Le dispositif de formation devrait

être mis en place pour exposer ces enseignants à un choix de matériel d’enseignement qui

reflète une diversité sociale et une pluralité culturelle et assure la promotion des valeurs

sociales et culturelles telles que le respect des différences, la communication active, etc.…

Enfin, il s’agit, dans la vie de la classe de langue, de créer le bain linguistique, qui fait défaut,

d’exploiter les moyens ludiques disponibles, de monter et de planifier avec l’ensemble des

apprenants des situations authentiques pour éviter un enseignement/apprentissage de la langue

décontextualisée de ses aires culturelles. Ainsi, la mission des formateurs d’enseignants est

double. En plus d’une remise à niveau, ils doivent leurs suggérer des stratégies pour

déconstruire les stéréotypes figés, mais aussi leurs fournir les outils interactifs. Sans cela, cet

enseignement/apprentissage à portée culturelle s’acheminerait forcément vers les ambiguïtés de

l’informel et de l’abstraction.

Question 9: Pourquoi une nouvelle politique de formation des enseignants d’anglais?

Réponse 9: Il est évident que la formation des enseignants a longtemps été considérée comme

la condition sine qua non du changement. Pas de réforme pédagogique, pas de nouvelle

didactique sans vaste programme de formation et de « recyclage » à destination du corps

enseignant. En outre, il faut bien reconnaître que le niveau d’efficacité des systèmes

Page 407: Langue de spécialité, didact

407

d’éducation et de formation se trouve désormais placé au centre de la plupart des enjeux

sociaux et économiques auxquels prépare le 21ème

siècle.

Question 10: Vers quels objectifs doit-elle tendre ?

Réponse 10: Dans une perspective fondée sur « l’approche par les compétences », la formation

doit chercher à placer l’enseignant en situation de recherche-action, suscitant son inventivité

didactique, et à former sa capacité d’ajustement permanent de l’activité didactique aux finalités

que l’on se donne et aux résultats que l’on obtient. Ainsi, il pourra élargir une palette

méthodologique, et enrichir les stratégies d’enseignement lui permettant de répondre aux

différentes situations d’enseignement. Bref, il faut instaurer une véritable pratique réflexive

chez tous les enseignants.

Question 11: Vers la connaissance générale ou la formation des compétences professionnelles?

Réponse 11: A mon sens l’enseignant requiert une formation spécifique qui soit mise en place

dès les premières années d’université effectuée dans des laboratoires de pédagogie et de

didactique. La formation des enseignants livresque et théorique doit être remplacée par une

formation plus proche de la pratique et de la réalité du métier. Les programmes de formation

doivent focalisés sur les habiletés à faire le travail efficacement et non sur les habiletés à savoir

et à dire comment faire le travail efficacement. Ceci dit qu’il faut accompagner les enseignants-

stagiaires durant leur formation initiale par des formateurs pour les observer à l’œuvre, pour

développer la mise en œuvre des théories, et ainsi promouvoir les entretiens à visée formatrice

qui en découlent.

Question 12: Quels sont les outils utiles pour cette formation ?

Réponse 12: Tous les moyens qui permettent aux enseignants de réfléchir sur ce qu’ils font

sont de bons outils de formation dans la mesure où ils facilitent l’instauration d’une pédagogie

efficace.

Question 13: Pouvez- vous énumérer quelques-uns de ces outils ?

Réponse 13: Oui, par exemple l’observation mutuelle, la métacommunication avec les élèves,

l’enregistrement vidéo, la supervision, l’initiation à la recherche, etc.…Bref, c’est en travaillant

sur ses pratiques que l’enseignant-stagiaire se dotera d’outils intellectuels et pédagogiques, et,

de facto, il se construira une identité professionnelle de l’enseignement.

Page 408: Langue de spécialité, didact

408

Question 14: Nous sommes dans l’ère des nouvelles technologies d’information et de

communication (NTIC) qui sont susceptibles de faciliter le processus enseignement/

apprentissage. Selon vous, quel est l’état des lieux vis-à-vis de la généralisation de ses NTIC,

leurs apports pour l’enseignement en général et les langues en particulier ?

Réponse 14: D’après les statistiques, disponibles au niveau du service d’équipements, tous les

établissements scolaires ont bénéficié des NTIC et de connexions à Internet. Les apports de ces

nouvelles technologies constituent un important levier pour l’adaptation et l’innovation des

dispositifs enseignement/apprentissage. Le monde de l’enseignement ne pourra plus échapper à

la vague de transformations générées par les NTIC et à plus forte raison lorsqu’il est question

de l’enseignement des langues, moyen de communication dans les échanges sur la toile. Les

NTIC offrent de nouvelles modalités d'acquisition des langues étrangères. Grâce à elles, de

nouveaux dispositifs d’enseignement / apprentissage se sont développés, lesquels dispositifs

permettent une prise en charge effective de la part de l’apprenant de son propre apprentissage ;

l’autonomie de l’apprenant et la construction de connaissances étant les objectifs qui sous-

tendent la conception d’activités reposant sur l’utilisation des technologies nouvelles.

Question 15: Est-ce que la formation à l’usage des NTIC est prévue ?

Réponse 15: Pour ce qui est de la formation, un dispositif a été mis en place; reste à le mettre

en exécution. Nous avons, de ce fait, mis en place une démarche qui s’articule autour de trois

phases : sensibilisation, démonstration et exemples d’utilisation, et enfin une généralisation de

la formation.

Question 16: Est-ce que ces NTIC sont mises à la disposition des enseignants et des

apprenants ?

Réponse 16: Il m’est difficile de répondre à la place des responsables en charge d’assurer le

suivi de l’exploitation des moyens didactiques mis en place par la tutelle.

Question 17: D’après les constats faits, la formation surtout initiale des enseignants d’anglais

est trop théorique et aussi incomplète en terme théorique et pratique. Quelle est votre opinion

sur ce sujet ?

Réponse 17: Euh… ! A mon avis, l’institution qui est chargée de la formation des futurs

enseignants d’anglais doit s’accorder, des points de vue contenus, conception et mise en œuvre,

avec les référentiels de compétences arrêtés dans le cahier des charges. Il est explicitement

Page 409: Langue de spécialité, didact

409

indiqué que la construction professionnelle ne se réduit pas uniquement à la simple maîtrise des

savoirs disciplinaires, mais elle doit s’articuler autour des compétences générales et

professionnelles. Un modèle nouveau pour l’enseignant, celui du professionnel, détenteur de

compétences multiformes à la fois générales et spécifiques à sa discipline. L’élève-enseignant a

besoin de prendre conscience des facteurs qui interviennent dans la situation éducative et qu’il

doit pouvoir contrôler.

Question 18: Quels dispositifs d’évaluation faut-il mettre en œuvre pour construire des

indicateurs de performance pédagogique ?

Réponse 18: Le dispositif dont il s’agit est établi/élaboré en commun par les responsables des

deux Ministères, à savoir le MEN et le MESRS. Il est question d’un référentiel qui

préalablement détermine les compétences à atteindre, les indicateurs et le dispositif

d’évaluation. Parmi ces dispositifs d’évaluation on peut relever les différents stages, les

enseignements, les séquences, l’écrit professionnels, la soutenance, etc.…

Question 19: Quels sont les dispositifs de formation à imaginer pour rendre les profils des

formateurs cohérents et aptes à s’investir plus efficacement dans les nouveaux objectifs de

formation ?

Réponse 19: La réforme en cours dans le pays a introduit dans le système un certain nombre de

concepts, d’innovations et de principes pédagogiques auxquels les enseignants n’étaient pas

habitués. Le perfectionnement de l’ensemble des personnels scolaires est devenu indispensable

pour la réussite de la réforme. Il s’agit là d’un enjeu qui pose de grands défis. Les inspecteurs,

les formateurs, les conseillers pédagogiques et les enseignants étant devenus tous apprenants au

regard de la réforme ont besoin, chacun selon les exigences de ses fonctions, d’être équipés et

recyclés pour réussir leur mission. Le plan de formation des formateurs doit être une réponse

aux besoins créés par l’évolution de la politique éducative et de la politique de la formation

initiale et continue.

Question 20: Bien, tout ce qu’a été dit jusqu’ici est parfait, mais sur le terrain, que ce soit au

niveau de la formation initiale ou continue les pratiques, la situation ne semble pas devoir

s’améliorer de sitôt. La question qui naturellement se pose aujourd’hui est celle-ci : quel bilan

peut-on faire six années après le lancement effectif de la réforme de l’éducation ?

Page 410: Langue de spécialité, didact

410

Réponse 20: S’il est une tautologie, c’est celle qui consiste à dire qu’un processus de refonte

d’un système éducatif est un processus long et semé d’embûches. A l’heure qu’il est, aucune

évaluation institutionnelle n’a été faite. Il s’agit de convaincre les acteurs du système éducatif

pour qu’un fléchissement progressif de leurs regards sur leurs métiers et leur compétence

puisse se matérialiser.

Question 21: Cela sous-entend qu’il y’a des défis et des contraintes à relever ?

Réponse 21: Certainement, c’est le cas de toute réforme. Si le consensus est prétendument

atteint sur un plan théorique, il en est autrement dans la réalité opérationnelle de la classe où

l’enseignant ne peut, à court terme, changer des pratiques solidement installées et encore moins

s’approprier et élaborer les nouveaux outils. De la même façon, l’apprenant est appelé à

changer son approche de l’apprentissage et de l’évaluation, son rapport au savoir et sa relation

avec l’enseignant. Pour éviter que ces exigences ne se transforment en sources de blocage, il est

indispensable de bien identifier les contraintes, de recenser les ressources, d’envisager des

solutions pertinentes et d’entreprendre de manière progressive des actions appropriées pour

placer assurément la réforme sur la voie du changement qualitatif.

Question 22: Quel est l’état des lieux vis-à-vis de la formation des enseignants d’anglais?

Réponse 22: Le dispositif de formation instauré dans la formation initiale des enseignants

d’anglais n’a pas fait l’objet d’évaluation institutionnelle depuis son instauration. Un état des

lieux quant à sa mise en œuvre par les hommes du terrain montre un écart entre le dire et le

faire, et révèle des indices insoupçonnés de dysfonctionnement. Cet écart concerne le

mécanisme d’autorégulation dont est doté -comme tout système -le système de formation pour

assurer son fonctionnement. Des facteurs endogènes, voire exogènes en sont la cause.

Question 23: Est-ce que ce dysfonctionnement révèle l’échec des réformes ?

Réponse 23: Pas du tout. C’est une période de transition obligée à laquelle on s’attendait. En

raison de l’urgence des réformes, c’est « le modèle de formation en cascade » qui a été mis en

place. Nous réalisons les inconvénients dus à ce modèle. Les périodes de formation étant de

courte durée, les formateurs ne maîtrisent pas suffisamment le cadre conceptuel à transmettre

aux enseignants de base. Il en résulte une perte d’information préjudiciable au bon

fonctionnement du dispositif et accréditant le proverbe qui dit : «l’aveugle conduisant

l’aveugle». Certains témoignages recueillis demandent une révision significative du processus

Page 411: Langue de spécialité, didact

411

de manière à le rendre efficace. D’autres demandent un changement radical du paradigme de

formation.

Question 24: Quelles sont les solutions entreprises face à ces inconvénients importants ?

Réponse 24: La tutelle a fait appel aux concours d’experts étrangers, surtout ceux issus

principalement du PARE [157

], dans le but de créer un foyer de réflexion, de former et d’équiper

les formateurs algériens, de compétences/capacités pour faire face aux évolutions du terrain.

S’appuyant sur un recueil de besoins dressé à l’intérieur des commissions et groupes de travail,

un programme de formation est établi. Les demandes ainsi collectées tout au long de l’année

sont ensuite examinées au sein de la commission de la formation de formateurs et

éventuellement traduites en offre de formation. En fait, la formation des formateurs répond à la

demande du gouvernement et à une nécessité pressante. Les formateurs, à leur tour, organisent

des rencontres, séminaires, travaux d’ateliers pour assurer une démultiplication de

l’information et la formation sur terrain. Au cours des années à venir nous travaillerons à la

formalisation d’une stratégie de recueil et d’analyse des besoins plus visible et plus adaptée.

Question 25: Votre dernier mot sur la réforme en générale

Réponse 25: Je réitère ce que j’ai avancé plus haut en disant que la réussite des réformes

repose pour une bonne part sur les enseignants. Elle exige que les enseignants développent de

stratégies adéquates, individuellement et collectivement pour développer les compétences

requises chez les jeunes apprenants qui leur sont confiés. Les nouveaux défis auxquels est

confrontée l’école ne pourront être relevés par des enseignants qui seraient de simples

exécutants de directives venues d’en haut. Seuls des professionnels de l’organisation des

apprentissages capables de créer et de développer en autonomie des stratégies originales

pourront vraiment accompagner chaque apprenant dans sa construction de compétences

personnelles, sociales et citoyennes. Affirmer que les enseignants sont des professionnels

autonomes et responsables implique que les conditions soient remplies pour qu’ils puissent se

perfectionner tout au long de leur carrière. Ceci dit, il faut que la formation des enseignants

157

] Suite à la demande du gouvernement algérien d’une expertise internationale et d’un accompagnement de

l’UNESCO dans la mise en place de la réforme, un programme de coopération a été défini et un accord de

coopération signé à Paris en octobre 2003 par le Ministre de l’Education nationale et le Directeur général de

l’UNESCO. Cet accord constitue la base officielle du Programme d’appui à la réforme du système éducatif

algérien (PARE). Ce programme d’appui a permis une série de mesures d’accompagnement technique durant la

période 2004-2006 au niveau des trois axes principaux de la réforme que sont la planification, la formation et le

renouveau des curricula.

Page 412: Langue de spécialité, didact

412

s’inscrive dans un continuum : il s’agit de pouvoir valoriser les acquis et d’assurer une

continuité depuis l’entrée dans les études jusqu’à la fin de la carrière.

L’élévation du niveau de qualification des enseignants et des encadreurs pédagogiques, la

professionnalisation de leur formation signifiant leur autonomisation et leur aptitude à intégrer

les changements ainsi que leur engagement vis-à-vis de la réforme sont les meilleurs gages de

réussite de la refonte pédagogique.

Le passage d’un enseignement par objectifs, dispensé par les ¾ des enseignants d’anglais,

centrée essentiellement sur le transfert des savoirs, à un enseignement d’entrée par les

compétences, centrée sur la construction des compétences, requiert un processus de régulation

continu qui permet d’apporter, en cours de route, les ajustements et les améliorations

appropriés. Cela va de soi que changer de pratique enseignante ne se fait pas du jour au

lendemain surtout lorsqu’il s’agit de substituer à des comportements forgés par une longue

habitude au point d’être figés et réfractaires au changement, des méthodes et comportements

différents, ce qui implique que l’on doive briser des résistances, instaurer des conditions

propices à une profonde mutation des mentalités, des pratiques et des attitudes. Il faut donc se

donner le temps et les moyens d’évoluer, de modifier graduellement certaines pratiques

existantes pour les adapter à de nouveaux besoins ou à de nouvelles contraintes. Il faut

également avoir une vision claire de la direction dans laquelle on s’engage. Changer de

pratique, cela n’implique pas non plus qu’il faille mettre au rancart toutes les pratiques

actuelles et tout balayer du revers de la main. Cela consiste plutôt à effectuer un recadrage, qui

permet de mieux identifier les fonctions et limites des pratiques qui ont cours et de concevoir

d’autres façons d’enseigner qui les complètent, les enrichissent et contribuent à leur donner une

nouvelle signification dans un contexte renouvelé.

Cette entreprise de transformation qualitative ne peut être réalisée dans des délais courts car

elle engage de nouvelles et profondes exigences éthiques, conceptuelles, méthodologiques et

organisationnelles.

Nous vous remercions pour avoir accepté de répondre à nos questions.

Page 413: Langue de spécialité, didact

413

Interview 2

La deuxième interview a été organisée le 13 janvier 2010 entre 10h et 11h

En poste depuis presque cinq ans, le chef de département d’anglais auprès de l’université

de Sidi Bel Abbes [158

], a volontairement voulu nous accorder une heure de son temps, sachant

qu’il a un programme chargé, pour qu’on puisse lui poser quelques questions sur la formation

des enseignants d’anglais dans le cadre des nouvelles réformes.

Question 1: Êtes-vous au courant des réformes opérées dans le système éducatif algérien ?

Réponse 1: Bien sûr. J’ai eu l’occasion d’assister à plusieurs colloques nationaux et régionaux

qui portaient sur les finalités de ces réformes.

Question 2: Pouvez-vous, d’une manière succincte, nous dire en quoi ces réformes consistent-

elles ?

Réponse 2: Généralement, elles portent sur la réorganisation des différents cycles

d’enseignement, la refonte et la restructuration des programmes d’enseignement, et la

formation de l’encadrement dans une perspective formatrice d’entrée par les compétences. Ces

changements doivent s’opérer en s’appuyant sur les apports des NTIC.

Question 3: Quels types d’enseignants formez-vous ?

Réponse 3: Nous formons des enseignants licenciés en langue anglaise. Ils suivent une

formation de quatre ans qui se solde par un diplôme de licence. Le recrutement de ces élèves –

enseignants relève des compétences du MEN. Ils seront affectés comme PES [159

] ou PEM [160

]

suite à un concours organisé par le MEN en ce sens.

Question 4: Quel est le profil d’entrée du futur enseignant d’anglais ?

Réponse 4: Tous les étudiants-stagiaires sont détenteurs du Bac. Ils sont orientés vers cette

filière s’ils remplissent les critères requis. L’inscription finale de ces étudiants se fait suite à

l’orientation centralisée. En principe, pour assurer un continuum, ils doivent avoir acquis les

158

] À l’origine institut des langues étrangères créé en janvier 1991 avec une filière unique licence d’anglais. La

Faculté des lettres et des Sciences Humaines fut crée par décret ministériel 98/394 du 02 décembre 1998 depuis,

elle ne cesse de se développer par le nombre croissant des étudiants d'une part et par l'ouverture des nouvelles

filières d'autre part.

159] Professeur d’enseignement secondaire

160] Professeur d’enseignement moyen

Page 414: Langue de spécialité, didact

414

connaissances/ compétences de base qui leur permettent de suivre sans difficulté le cursus

universitaire.

Question 5: Quelles sont les critères requis pour être admis ?

Réponse 5: Les étudiants postulant pour une licence d’anglais doivent avoir une moyenne

égale ou supérieure à 11,50 sur vingt. Ce seuil se calcule en additionnant la moyenne générale

du Bac et la note obtenue à l’épreuve d’anglais au Bac.

Question 6: Y a-t-il des étudiants qui sont orientés vers la filière d’anglais sans que celle-ci

figure parmi leurs vœux ?

Réponse 6: Certainement. Nous trouvons parmi cette population d’étudiants ceux aux profils

scientifiques, techniques et autres…

Question 7: Est-ce que ce profil est conforme aux exigences du cahier de charges ?

Réponse 7: Pas tout à fait. Dans certain cas, on trouve des étudiants qui sont orientés vers cette

filière à leur insu. Ceci dit l’important gage de succès dans les études supérieures réside

essentiellement dans le choix de projets personnels, mûrs et bien réfléchis par l’étudiant. En

l’absence de projets personnels, l’échec est dès lors imputable, pour une bonne part, au manque

de motivation de ces étudiants.

Question 8: Quelles sont les intentions institutionnelles de la formation universitaire ?

Réponse 8: Selon les référentiels arrêtés dans le cahier des charges, l’université devait assurer

une formation double; générale et professionnelle.

Question 9 : À votre avis, est-ce-que ses attentes institutionnelles sont-elles atteintes ?

Réponse 9 : Certainement non. Si les enseignants novices quittent l’université avec une

maîtrise dite acceptable des savoirs, leur mise en action à bon escient exige un travail

spécifique de formation. Il faut mettre en place un dispositif de formation qui assure

l’alternance entre les temps l’acquisition des savoirs et les temps d’entrainement à leur

mobilisation. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Question 10 : Selon vous, quelles sont les contraintes qui entravent la concrétisation de ces

attentes ?

Réponse 10 : En fait, les contraintes sont multiples : La première contrainte a trait au manque

de ressources humaines qualifiées. Suite au départ massif en retraite/ et fuite d’un grand

Page 415: Langue de spécialité, didact

415

nombre d’enseignants universitaires, l’encadrement qualifié pour assurer cette formation

initiale fait défaut, ce qui nous oblige à faire appel aux enseignants contractuels pour pallier le

manque. Formés dans les années 70 et 80, ces enseignants contractuels ne font que dupliquer

leurs propres vécus qui sont arrivés au terme de leur péremption par rapport aux attentes

explicitement prescrites dans le cahier des charges, et les exigences actuelles. La deuxième

contrainte touche au pré-requis des bacheliers. En amont de la formation initiale, une série

d’évaluation diagnostique est généralement administrée aux étudiants pour évaluer un certain

nombre de compétences estimées être des pré-requis essentiels pour pouvoir entamer le

programme de première année de licence. Les inventaires dressés révèlent qu’une majeure

partie de ces étudiants arrivent avec de sérieuses lacunes au niveau des compétences même

disciplinaires. Ce qui nécessite un recours à des séances de remédiation pour atténuer les

déficits et une remise à niveau. Ce réajustement requiert des réaménagements au niveau des

programmes, du volume horaire, etc.… La troisième lacune est celle relative aux pratiques

d’évaluation, souvent du type « sanctionnel », qui font trop souvent appel à la seule

mémorisation et restitution de connaissances, pas assez à l’intégration de celles-ci pour la

construction des compétences, incitant les étudiants à développer des connaissances

superficielles et insuffisantes à eux seules pour la construction des compétences

professionnelles.

Question 11 : Durant cette formation initiale des enseignants d’anglais, quelles sont les

compétences acquises ?

Réponse 11 : Surtout les compétences disciplinaires (savoirs savants). Par contre dans le cadre

de l’approche par les compétences, qui s’impose très largement dans les systèmes éducatifs,

appelés à produire non seulement des savants, mais aussi des compétents. La simple

accumulation des savoirs académiques est inopérante. Les savoirs doivent être appréhendés en

lien avec leur usage.

Question : Est-ce que c’est par manque d’adhésion des enseignants ?

Réponse : Il n y a pas que ça parce que la seule adhésion des enseignants aux principes de

l’approche par compétence est insuffisante. En plus d’une prise en charge de leur auto-

formation, on doit leur fournir une formation adéquate et le temps nécessaire à une mise en

œuvre progressive et adaptative.

Question 12 : Que proposez-vous pour former des enseignants d’anglais qui répondent aux

exigences du marché d’aujourd’hui ?

Page 416: Langue de spécialité, didact

416

Réponse 12 : Les formateurs doivent assurer une compétence double, académique et

professionnelle afin de réaliser un travail de transposition et de recomposition de ces savoirs.

Mais ce travail, difficile, n’est pas toujours réalisé avec succès.

Question 13 : Pour quelles raisons cette formation initiale reste-elle incomplète ?

Réponse 13 : La formation initiale ne répond pas aux attentes à plusieurs égards. Le manque

d’une coordination étroite entre les deux types de formateurs, à savoir universitaires et de

terrain, semble l’une des raisons. La formation des enseignants-stagiaires échappe au contrôle

du Ministère employeur. Un autre handicap est celui du manque de moyens qui doivent

accompagner cette formation tels que les réseaux d’établissements qui assurent le terrain

d’expérience aux stagiaires, le déficit en encadrement adéquat au niveau des établissements

d’accueil, l’inexploitation des séances d’observation, le manque d’un personnel qualifié pour

assurer l’accompagnement, le manque de coordination des différents intervenants entre

formateurs pour s’accorder sur le regard porté sur les pratiques d’enseignement des

enseignants-stagiaires. Formés, pour la plupart, dans les années 70, les enseignants

accompagnateurs, lorsqu’ils existent au niveau des établissements d’affectation, appliquent des

modèles pédagogiques fortement marqués par une pédagogie transmissive laissant peu ou pas

d’initiatives aux enseignants-stagiaires. Au niveau de l’université, force est de constater que les

enseignants-formateurs manquent de formation appropriée à la conception d’enseignants

capables de fonctionner selon une perspective d’entrée par les compétences. Il s’avère impératif

qu’une refonte des programmes de formation s’impose pour assurer une formation qui répond

aux attentes des réformes éducatives. Pour ce faire, les programmes, généralement fondés sur

les contenus, doivent être reformulés en termes de compétences explicites. En l’absence d’une

formation appropriée et d’un référentiel de compétences, permettant d’assurer une meilleure

lisibilité et une transparence des acquis des étudiants, les enseignants-formateurs manquent de

repères sur le produit final de la formation.

Sans une prise en charge réelle des lacunes et carences citées ci-dessus, la réforme éducative et

ses innovations resteraient une lettre morte.

Question 14 : À quels défis les enseignants formateurs des enseignants d’anglais sont-ils

confrontés aujourd’hui ?

Réponse 14 : Pour assurer une formation qui répond aux attentes de la société et aux finalités

de la formation préalablement formulées, nos enseignants formateurs doivent être conscients de

leur nouveau statut dans le cadre des nouvelles réformes. Ils ne doivent plus fonctionner

Page 417: Langue de spécialité, didact

417

comme enseignants dépositaire privilégié de savoirs, mais en tant que formateurs. Il est

question de leur façon de faire et sa mise en évolution. Leur rôle doit consister à faciliter

l’accès et la construction des savoirs pour aboutir sur des savoir-faire et des savoir-être. La

formation des enseignants formateurs devrait s’inscrire dans une perspective d’entrée par les

compétences. Pour ce faire, les programmes de formation initiale des enseignants devraient

donc être révisés et des structures de formation aménagées en vue de former des enseignants

qui doivent acquérir les connaissances, développer des habiletés et manifester des attitudes

essentielles pour assurer une éducation de qualité à l’ensemble des apprenants d’anglais du

pays. La formation des enseignants formateurs ne doit pas rester cantonner dans les modes

expositifs. Ils doivent se former de manière plus active. Afin d’assurer aux futurs enseignants

d’anglais les bases professionnelles nécessaires à une pratique éducative qui s’harmonise aux

nouvelles réalités qui définissent le monde scolaire d’aujourd’hui, le MEN devrait définir les

compétences professionnelles attendues au terme de la formation initiale.

Question 15 : L’un des moyens susceptibles de faciliter l’accès aux savoirs et l’appropriation

d’une compétence interculturelle sont les NTIC. Est-ce qu’ils sont disponibles et jouent un rôle

dans ce sens ?

Réponse 15 : Ces NTICs sont peu disponibles, mais le peu qui existe reste inexploité. Les

espaces Internet sont installés au sein de l’institut, mais leur exploitation pour la recherche

documentaire, et les nouveaux outils pédagogiques sont très restreints. L’objectif derrière

l’introduction de ses outils visait l’enrichissement de l’environnement pédagogique, leur

intégration dans l’apprentissage, et leur association à certaines méthodes pédagogiques actives.

En somme, c’est de faire en sorte qu’ils apportent une valeur ajoutée à l’enseignement et à

l’apprentissage.

En fait, le nouvel environnement numérique constitue un double défi pour les établissements

d’enseignement supérieur.

Cette révolution numérique oblige les institutions d’enseignement supérieur à mieux répondre

aux attentes de la génération actuelle, native du digital, en leur offrant des dispositifs de

formation adaptés à cette nouvelle donnée et intégrant les nouvelles possibilités de transmission

des connaissances. L’université est donc amenée à repenser ses méthodes pédagogiques. Les

technologies de l’information et de la communication constituent un réel levier pour bâtir ces

nouveaux dispositifs d’apprentissage. La finalité est de préparer l’insertion des étudiants «

natifs du digital » dans la société de la connaissance en réseau.

Page 418: Langue de spécialité, didact

418

Ce premier défi nécessite d’en relever un second : insérer les universités dans les réseaux

numériques de la connaissance. Les universités algériennes sont encore trop faiblement

présentes sur l’Internet et dans les réseaux de partage et d’échange en ligne autour de la

connaissance. Cette absence est porteuse d’un risque de marginalisation certain au niveau

international. Il convient donc de permettre aux universités de développer un patrimoine

numérique qu’elles pourront valoriser par la diffusion, le partage et l’enrichissement croisé

selon des modèles qui sont encore à inventer.

Pour ce qui est de la compétence interculturelle, elle ne doit pas être dissociée de

l’apprentissage de la langue anglaise, et requiert, en même temps, un dispositif spécifique et un

encadrement adéquat (médiateurs), est loin d’être acquise.

Question 16 : Un dernier mot sur la formation des enseignants d’anglais

Réponse 16 : A mon sens, il convient de réfléchir sur les conditions d’une formation plus

adaptée aux nouvelles nécessités. Cette formation, en plus d’un référentiel explicite de

compétences, devrait revoir un certain nombre de critères relatifs à l’orientation initiale des

étudiants, au recrutement sélectif des enseignants, au prolongement de la formation

universitaire qui devrait agir dans le sens des réformes. En outre, une collaboration étroite entre

les deux partenaires, à savoir le MEN et le MESRS est plus que nécessaire.

De son côté, le MESRS devrait repenser la formation des enseignants formateurs. Pour

répondre aux exigences actuelles, la formation des enseignants d’anglais devrait permettre la

construction des compétences plutôt que la transmission d’un savoir unifié et encyclopédique,

la construction d’aptitudes dont la maitrise sera essentielle pour assurer le continuum. Il est

question d’élaborer un programme de formation qui amène les futurs enseignants à construire

activement leurs savoirs, savoir-faire et attitudes.

En fin, la conception d’un programme de formation selon une logique de compétence

professionnelle, se construisant et s’évaluant pour la plupart en situations réelles, devrait

s’articuler autour de différents moyens qui permettraient aux futurs enseignants de réfléchir en

proximité et en différé sur leur pratique. Une importance accrue devrait être accordée au

développement de la pensée réflexive.

Page 419: Langue de spécialité, didact

419

Annexe 10 : Quelques références et définitions de concepts clés

Autorégulation

L’autorégulation scolaire désigne un ensemble de pensées, de sentiments et d’actions générés

par l’élève pour atteindre des objectifs éducatifs spécifiques tels que l’analyse des consignes de

lecture, la préparation d’un test ou la rédaction d’une dissertation. Barry. J. Zimmerman et al.

2000. 13. Des apprenants autonomes : autorégulation des apprentissages.

Autoscopie

Autoscopie: Une technique d’enregistrement par caméra vidéo suivi du visionnage critique de

sa propre prestation pédagogique par un étudiant en formation initiale ou par un enseignant en

formation continue. L’autoscopie peut être utilisée dans des formations autres que pour

enseignants et futurs enseignants (sportifs, acteurs, danseurs, politiciens). Dictionnaire de la

didactique du français. 2003 : 31. Paris : CLE International.

Communication Exolingue

La notion de communication exolingue renvoie initialement (Porquier 1978, 1984) à celle qui

s’effectue par des moyens langagiers autres qu’une langue maternelle commune aux

interlocuteurs, par opposition à la communication endolingue, qui s’effectue dans une langue

commune aux interlocuteurs. La notion de communication exolingue réfère non seulement à la

façon dont un locuteur communique dans une langue qui lui est langue étrangère, ou non

maternelle, mais également à la façon dont un locuteur natif communique, dans sa langue

maternelle, avec un interlocuteur non natif.

Compétence

Compétence : ce terme recouvre trois formes de capacités linguistique, communicative et

socioculturelle. Chomsky a introduit la notion de compétence linguistique pour référer aux

connaissances intuitives des règles grammaticales sous-jacentes à la parole qu’un locuteur natif

idéal a de sa langue et qui le rendent capable de produire et de reconnaitre les phrases correctes.

Ces connaissances concernent les unités, les structures et le fonctionnement du code interne de

la langue- phonologie, morphologie et syntaxe- dont l’étude sera décontextualisée, dissociée

des conditions sociales de production de la parole (ou « performance », en termes chomskyens ;

voir aussi l’opposition saussurienne entre « langue » et « parole »). Si l’objectif principal de

l’apprentissage d’une langue est formulé en termes de compétence linguistique, on donnera

Page 420: Langue de spécialité, didact

420

priorité à des approches didactiques qui visent la maitrise des formes linguistiques : grammaire-

traduction, exercices structuraux, etc.

Compétence interculturelle

Compétence interculturelle : c'est une combinaison de connaissances, d'habiletés et d'attitudes

qui permettent aux gens de communiquer et d'avoir des contacts malgré les frontières

culturelles. Cela comprend les habiletés suivantes : s'informer sur une culture donnée;

interpréter cette information pour comprendre les croyances, les raisonnements et les

comportements des personnes de cette culture; faire le lien entre sa culture personnelle et la

culture étudiée, et avoir des échanges avec les personnes de cette culture. En acquérant ces

habiletés, les élèves acquièrent des connaissances sur l'autre culture, sont plus conscients de

leur propre culture et en savent davantage sur les processus d'interaction entre deux cultures.

Pour favoriser l'interaction interculturelle, il faut au préalable être ouvert et curieux d'esprit,

mais aussi être prêt à observer le monde du point de vue de l'autre culture.

Composante sociolinguistique

La composante sociolinguistique (très proche de la compétence socioculturelle) est à prendre en

compte car la langue, dans ce qu'on en fait, est un phénomène social. Parler n'est pas

uniquement faire des phrases. Entrent en jeu, ici, des traits relatifs à l'usage de la langue:

marqueurs de relations sociales, règles de politesse, expressions de la sagesse populaire,

dialectes et accents.

Didactisation

La didactisation est l’opération consistant à transformer ou à exploiter un document langagier

brut pour en faire un objet d’enseignement. Ce processus implique généralement une analyse

pré didactique, d’essence linguistique, pour identifier ce qui peut être utile d’enseigner.

Dictionnaire de la didactique du français. 2003 :71. Paris : CLE International

Discours asynchrone

Le forum de discussion est un espace en ligne où les participants sont encouragés à établir des

liens entre les multiples informations auxquelles ils sont exposés en vue de forger leur propre

compréhension. Les messages de chacun sont accessibles à tous les participants. Il est donc

essentiel de créer des conditions de dialogue qui favoriseront la confiance, le respect des idées

émises et l’encouragement à prendre le risque de communiquer publiquement ses savoirs, ses

croyances, ses valeurs, son questionnement et ses doutes (Campos, 2004).

Page 421: Langue de spécialité, didact

421

Discours synchrone

Les outils de Communication Médiée par Ordinateur (CMO) actuels permettent de s'affranchir

des supports matériels habituels de l'écrit grâce à des codages numériques. Anis (2003)

souligne qu'il s'agit d'échanges dont les messages sont véhiculés grâce à l'alliance de

l'informatique et des communications. Le courriel, les forums de discussion, la messagerie

instantanée, le clavardage et le Short Message Service (SMS) sont des exemples de CMO. Les

Cahiers de l'Acedle, volume 5, numéro 1, 2008

Document authentique

La caractérisation d’authentique, en didactique des langues, est généralement associée à

« document » et s’applique à tout message élaboré par des francophones à des fins de

communication réelle : elle désigne donc tout ce qui n’est pas conçu à l’origine pour la classe.

Le document authentique renvoie à un foisonnement de genres bien typés et à un ensemble très

divers de situations de communication et de messages écrits, oraux, iconiques et audiovisuels,

qui couvrent toute la panoplie des productions de la vie quotidienne, administrative,

professionnelle, culturelle, médiatique, etc.

L’entrée dans la classe de langue de documents authentiques, appelés également documents

bruts ou sociaux, date des années 1970 avec la réflexion engendrée pour définir le niveau 2 de

la méthodologie SGAV. Elle répond au besoin de mettre l’apprenant au contact direct de la

langue et de concilier l’apprentissage de la langue à celui de la civilisation; depuis

l’exploitation pédagogique des documents authentiques s’est généralisée pour couvrir

l’ensemble des niveaux et concourir à l’acquisition d’une compétence communicative.

Le document authentique n’a de sens qu’inséré dans le cadre d’un programme méthodologique

précis et cohérent (niveau, progression, besoins, objectifs) et s’il est exploité dans ses qualités

intrinsèques. Il est donc nécessaire de mettre en place des stratégies d’exploitation qui

respectent la situation de communication véhiculée par le document authentique et de tenter de

restituer l’authenticité de sa réception. A noter que, même dans cette perspective, l’authentique

perd de son authenticité (suppression de son contexte situationnel, détournement de l’énoncé

avec une communication différée qui peut rendre caduques certaines remarques de l’énoncé,

etc.) Le concept perd aussi certaines de ses caractéristiques lorsque le document est modifié et

didactisé. L’essentiel est que l’apprenant le perçoive comme authentique et que les démarches

pédagogiques lui confèrent une vraisemblable communication. Les documents authentique,

bien qu’ils aient l’inconvénient de vieillir très vite, constituent un matériel riche et varié et, par

Page 422: Langue de spécialité, didact

422

leurs atouts, se situent au centre du dispositif pédagogique. Dictionnaire de la didactique du

français. 2003 : 29 Paris : CLE International

Formation pratique

La formation pratique, elle est basée sur la pédagogie du « modèle », représenté par le « maître

de stage », cet enseignant « chevronné » choisi pour son expérience et ses compétences

professionnelles. Il accueille le stagiaire pour le guider, le conseiller, lui apprendre « les ficelles

du métier ». Mais ce qui a pu être constaté, c’est que même les critères « d’expérience » qui

président à la désignation de ce « tuteur » sont parfois oubliés, l’essentiel étant de trouver un

volontaire pour ouvrir sa classe à un futur collègue.

Micro-enseignement

Micro-enseignement: cette méthode, venue des Etats-Unis est mettant en œuvre les procédés de

l’enregistrement vidéo et de l’autoscopie, est utilisée en formation initiale ou continue des

enseignants. Elle consiste à n’enregistrer que de très courtes séquences (micro-leçons) portant

sur des micro-aptitudes (teaching skills) et se déroulant devant des groupes restreints d’élèves

(micro-classes). La séance micro-leçon peut se dérouler en quatre phases :

une première micro-leçon d’essai et son visionnement autocritique par le prestataire en

présence ou non du formateur selon leur décision ;

une deuxième micro-leçon destinée à corriger ce qui n’a pas été jugé satisfaisant ;

un denier visionnement, éventuellement avec l’ensemble du groupe de formation si le

prestataire y consent.

D’autres essais sont possibles avec ou sans modification des contenus enseignés ou des

aptitudes exercées. L’inscription skinnerienne de la méthode est évidente aussi bien dans le

découpage très analytique de l’acte pédagogique que dans le choix des aptitudes à exercer :

renforcement de la participation des élèves, diversification des stimuli, mise en perspective de

l’activité proposée, fluidité dans le questionnement des élèves, techniques de remédiation et de

rétroaction (feedback), aptitudes à reformuler, à exposer, à vérifier la compréhension, silences

et aptitudes non verbales, clôture, etc. Dès les années 1970, les tenants du micro-enseignement,

notamment en didactique des langues, ont été enclins à enregistrer des séquences plus vraies et

plus longues et à privilégier la dimension du visionnage autocritique, y compris en groupe,

plutôt que la micro-leçon. Ce qui revenait à faire de la vidéo un outil parmi d’autres pour

analyser des prestations pédagogiques en grandeur nature, une sorte de « grille d’observation »

sui generis, observable à loisir. Les personnes en formation ont dès lors réfléchir davantage aux

Page 423: Langue de spécialité, didact

423

aspects à enregistrer, ainsi qu’à leurs techniques d’enregistrement, la prise de vue n’étant par

définition pas neutre. Dictionnaire de la didactique du français. 2003 : 168. Paris : CLE

International.

Observation de la classe

L’observation de classe est une technique qui se pratique régulièrement, dans les cursus de

formation d’enseignants, pour comprendre ce qui se passe exactement dans une situation réelle

d’enseignement et apprentissage d’une langue et de sa culture. L’observation peut être limitée

soit aux manières d’être et de faire de l’enseignant, soit aux manières d’être et de faire des

apprenants, mais peut également porter sur les interactions entre enseignant et enseignés. Pour

chaque observation de classe, un objectif est fixé et une grille d’observation est dressée. Cette

grille peut cibler différents critères en fonction de la recherche ou de l’objectif de formation.

Par exemple, une grille d’observation de l’enseignant tiendra compte du temps de parole qu’il

s’attribue, de la circulation de la parole dans la classe, de la formulation de ses consignes, de

son questionnement, de sa manière de corriger ou d’évaluer les productions des apprenants, de

sa façon d’utiliser le tableau, de la qualité de son écoute, de sa façon d’expliquer le lexique, la

grammaire et la phonétique, du poids de la culture dans son cours. Dictionnaire de la didactique

du français. 2003 :181. Paris : CLE International.

Orthoépie

Orthoépie ou phonétique normative définit la norme de la prononciation des sons d’une langue

et de leur enchainement dans la parole. Elle se pratique essentiellement en laboratoire de langue

et suppose une connaissance du système graphophonétique de la langue. Elle suppose

également une définition de la norme de prononciation dans la langue : l’orthoépie recherche la

mise en œuvre des formes phonétiques à l’intérieur de certaines marges d’acceptabilité telles

que l’utilisation de la langue sera considérée comme n’ayant pas d’accent particulier, qu’on ne

parviendra à le situer ni socialement ni géographiquement. Dictionnaire de la didactique du

français. 2003 :183-184. Paris : CLÉ International.

Pratique réflexive

Moon définit la pratique réflexive comme «un ensemble d'aptitudes et de compétences,

d'indiquer la prise d'une position critique, une orientation vers la résolution de problèmes ou de

l'état d'esprit» (1999: 63). Cela englobe l'éventail plus large d'activités liées à la pensée au sujet

de votre apprentissage. Cowan suggère que les apprenants sont reflétant dans un sens éducatif

"quand ils analyser ou d'évaluer un ou plusieurs expériences personnelles, et de tenter de

généraliser à partir de cette pensée» (1999: 18). Toutefois, comme le souligne Biggs, «une

réflexion dans un miroir est une réplique exacte de ce qui est en face d'elle. Reflet dans la

Page 424: Langue de spécialité, didact

424

pratique professionnelle, cependant, lui redonne pas ce qu'elle est, mais ce pourrait être, une

amélioration par rapport à l'original" (1999: 6).

Le Redoublement

1) 1ère Année :

1. a Un seul redoublement est autorisé pour l’étudiant ayant échoué aux examens de fin de

1ère année.

1. b En cas de nouvel échec, l’étudiant est orienté vers un autre tronc commun ou une autre

filière : les Modalités d’Organisation de l’Orientation à l’Issue des Troncs Communs sont

définies par la Décision No. 127 du 13/09/1998.

1. c. En cas de nouvel échec à l’issue de cette deuxième année ou d’impossibilité de s’inscrire

à un 2ème Tronc Commun, l’étudiant sera régi par les dispositions suivantes:

-1.c.1 Il est autorisé à prendre part aux examens, une seule fois, au cours de la session

suivante;

-1c.2 Il conserve le bénéfice des modules acquis.

-1.c.3 Il appartient à l’administration du Département de prévoir à son intention, et le cas

échéant, l’organisation de travaux dirigés/ pratiques pertinents;

-1.c.4 En cas de succès de l’étudiant aux modules semestriels ou annuels à l’issue de cette

session, il bénéficie d’une inscription administrative.

2) 2ème Année

2. a L’étudiant n’ayant jamais redoublé la 1ère année et qui échoue en fin de cursus de 2ème

année est autorisé à redoubler, une seule fois;

2. b En cas de nouvel échec, plusieurs cas de figure sont à envisager:

2. b.1 : L’étudiant qui a une moyenne générale annuelle (MGA) égale ou supérieure à 07/20:

il est autorisé à redoubler;

2b.2 : Cette moyenne est inférieure à 07/20: le Comité Pédagogique

de Département, après avoir examiné son dossier, peut soit:

-2b.3 : l’autoriser à refaire son année, soit

-2b.4 : l’autoriser, si cela est impossible, à prendre part, et une seule fois, aux examens, selon

les mêmes modalités que celles prévues en 1.c. ci-dessus.

-2.c : L’étudiant qui échoue en fin de deuxième année et qui a redoublé une seule fois sa

première année, est autorisé à redoubler, une seule fois, selon les modalités précisées en 2b ci-

dessus.

2. d. : L’étudiant qui échoue en fin de 2ème année et qui a redoublé 02 fois sa

première année (y compris l’année de réorientation), bénéficie des dispositions précisées

en 2.b.4. Ci-dessus.

3) 3ème Année

3. a. L’étudiant qui échoue aux examens de fin de troisième année et qui n’a jamais subi de

redoublement est autorisé à redoubler, une seule fois.

3. b. L’étudiant qui à l’issue de ce redoublement, échoue une 2ème fois, est régi par les

dispositions précisées en 2b. ci-dessus.

3. c. L’étudiant qui échoue en fin d’année après avoir subi 01 redoublement en 1ère ou en

2ème Année est régi selon le cas par l’une des dispositions figurant en 2b.

Page 425: Langue de spécialité, didact

425

3. d. L’étudiant qui échoue en fin de 3ème Année et qui a déjà redoublé 02 fois soit en 1ère

soit en 2ème année, soit au cours de ces 2 années, est régi par les dispositions précisées en

1d.

4) 4ème Année 4. a. L’étudiant qui échoue en fin de 4ème année et qui n’a jamais redoublé au cours des

années précédentes est autorisé à redoubler, une seule fois

4. b. Si, après ce redoublement, il subit un nouvel échec, il est régi selon le cas par l’une des

dispositions figurant en 2.b.

4. c. L’étudiant qui échoue pour la première fois aux examens de 4ème année et qui n’a

jamais redoublé ni sa 1ère ni sa 2ème année mais qui a redoublé une seule fois sa 3ème

année, peut prendre part deux fois au maximum aux examens des sessions des deux années

suivantes, tout en étant régi par les dispositions de 2.b:

4. d. Le même étudiant qui n’a jamais redoublé ses deux 1ères années mais qui a deux fois

redoublé sa 3ème année, peut prendre part aux examens, au maximum 02 fois, aux sessions

des deux années suivantes et selon les dispositions de 1d.

4. e. Le même étudiant, ayant subi un seul redoublement en 1ère et 2ème années, et n’ayant

jamais redoublé sa 3ème année, est régi selon le cas par les dispositions figurant en 2b ci-

dessus.

4. f : Le même étudiant, ayant subi 2 redoublements en 1ère année (y compris l’année

d’orientation) et en 2ème année et aucun redoublement en 3ème année, peut à nouveau subir

les examens des sessions suivantes, au maximum 2 fois, tout en étant régi par les

dispositions précisées en 1d. ci-dessus.

Toutes les demandes de transfert doivent être justifiées.

L’étudiant régulièrement inscrit dans un établissement universitaire et désireux de s’inscrire

dans un autre établissement, doit soumettre une demande à ce dernier, par le canal

universitaire.

Ce transfert obéit à des règles spécifiées dans une Circulaire ministérielle et aux formalités

mises au point dans ce domaine et chaque année par son Université. Il doit en outre faire

l’objet d’un accord conjoint entre les deux établissements universitaires.

Les formalités de Transfert s’effectuent au début de chaque année universitaire.

Référentiel des 12 compétences

La formation à l’enseignement dans une optique de professionnalisation et d’approche

culturelle de l’enseignement s’appuie sur un référentiel de douze compétences professionnelles.

Ces compétences ont été groupées en quatre catégories : 1. Fondements (1. agir entant que

professionnel ou professionnel héritier, critique et interprète d'objets de savoirs ou de culture

dans l'exercice de ses fonctions. 2. communiquer clairement et correctement dans la langue

d’enseignement, à l'oral et à l'écrit, dans les divers contextes liés à la profession enseignante.) 2.

Acte d’enseigner (3. Concevoir des situations d’enseignement-apprentissage pour les contenus

à faire apprendre, et ce, en fonction des élèves concernés et du développement des compétences

visées dans le programme de formation. 4. Piloter des situations d’enseignement-apprentissage

Page 426: Langue de spécialité, didact

426

pour les contenus à faire apprendre, et ce, en fonction des élèves concernés et du

développement des compétences visées dans le programme de formation. 5. Évaluer la

progression des apprentissages et le degré d’acquisition des compétences des élèves pour les

contenus à faire apprendre. 6. Planifier, organiser et superviser le mode de fonctionnement du

groupe-classe en vue de favoriser l’apprentissage et la socialisation des élèves.) 3. Contexte

sociale et scolaire (7. Adapter ses interventions aux besoins et aux caractéristiques des élèves

présentant des difficultés d’apprentissage, d’adaptation ou un handicap. 8. Intégrer les

technologies de l’information et des communications aux fins de préparation et de pilotage

d’activités d’enseignement-apprentissage, de gestion de l’enseignement et de développement

professionnel. 9. Coopérer avec l’équipe-école, les parents, les différents partenaires sociaux et

les élèves en vue de l’atteinte des objectifs éducatifs de l’école. 10. Travailler de concert avec

les membres de l’équipe pédagogique à la réalisation des tâches permettant le développement et

l’évaluation des compétences visées dans le programme de formation, et ce, en fonction des

élèves concernés.) 4. Identité professionnelle : (11. S’engager dans une démarche individuelle

et collective de développement professionnel. 12. Agir de façon éthique et responsable dans

l’exercice de ses fonctions). Les orientations des compétences professionnelles. 2001. MEQ

page 59.

Visioconférence

Un nouveau dispositif de formation des enseignants en formation initiale: des séminaires

transversaux par visioconférence qui réunissent des enseignants novices en formation initiale,

des enseignants experts sur le terrain, et des natifs. La visioconférence favorise la confrontation

de savoirs utiles à l'action, met à l'épreuve les compétences de communication en groupe et

ouvre un nouvel espace de régulation de la formation. Mais ce dispositif, délicat à utiliser, met

en tension des dimensions contraires. Utilisée dans un scénario favorisant des échanges très

interactifs en continu entre petits groupes distants, la visioconférence constitue un auxiliaire

enrichissant de la formation.

Page 427: Langue de spécialité, didact

427

Annexe 11: distribution des langues au Maghreb

Mostaganem

La répartition géolinguistique au Maghreb

Page 428: Langue de spécialité, didact

428

Liste des tableaux

A. Questionnaire 1

Tableau 1 : nombre des répondant(e)s………………………………………………...353

Tableau 2 : profil sociodémographique des futures enseignantes d’anglais………….353

Tableau 3 : Répartition des répondants ciblés par tranche d’âge (enseignantes)……..353

Tableau 4 : Répartition des répondantes ciblées par tranche d’âge (enseignants)……353

Tableau 5 : Répartition globale des répondants par tranche d’âge (global)…………..353

Tableau 6 : Répartition des répondants en fonction de la note d’anglais au Bac –

(enseignantes)…………………………………………………………………………353

Tableau 7 : Répartition des répondants en fonction de la note d’anglais au Bac –

(enseignants)…………………………………………………………………………. 354

Tableau 8 : Répartition des répondants en fonction de la note d’anglais au Bac

(global)…………………………………………………...……………………………354

Tableau 9 : Répartition des répondants en fonction de leur profil sortie de

l’enseignement secondaire…………………………………………………………….354

Tableau 10 : auto-évaluation des étudiants de leur compétence linguistique…………355

Tableau 11 : auto-évaluation des étudiantes de leur compétence sociolinguistique….355

Tableau 12 : auto-évaluation des étudiants de leur compétence pragmatique………..355

Tableau 13 : contribution des modules dans la construction de la profession

enseignante……………………………………………………………………………355

Tableau 14 : contribution des modules dans la construction de la profession

enseignante……………………………………………………………………………356

Tableau 15 : contribution des modules dans la construction de la profession

enseignante……………………………………………………………………………356

Page 429: Langue de spécialité, didact

429

Tableau 16 : contribution des modules dans la construction de la profession

enseignante……………………………………………………………………………357

Tableau 17 : opinion des futures enseignantes sur l’impact du module de TEFL sur leur

profession future………………………………………………………………………358

Tableau 18 : opinion des futurs enseignants sur l’impact du module de TEFL sur leur

profession future………………………………………………………………………358

Tableau 19 : opinion globale des futurs enseignants sur l’impact du module de TEFL

sur leur profession future…………………………………………………………….358

Tableau 20 : opinion des futures enseignantes sur la durée consacrée au module de

TEFL…………………………………………………………………………………..358

Tableau 21 : opinion des futurs enseignants sur la durée consacrée au module de

TEFL…………………………………………………………………………………..358

Tableau 22 : appréciation globale des futurs enseignants sur la durée consacrée au

module de TEFL ……………………………………………………………………...359

Tableau 23 appréciation des futures enseignantes sur le profit tiré du module de

TEFL…………………………………………………………………………………..359

Tableau 24 appréciation des futurs enseignants sur le profit tiré du module de

TEFL…………………………………………………………………………………..359

Tableau 25 appréciation globale des futurs enseignants sur le profit tiré du module de

TEFL…………………………………………………………………………………..359

B. Questionnaire 2

Tableau 1 : données biographiques des répondants…………………………………...361

Tableau 2 : variable ‘âge’ des enseignants universitaires……………………………..361

Tableau 3 : variable ‘expérience professionnelle……………………………………..361

Page 430: Langue de spécialité, didact

430

Tableau 4 : nombre d’étudiants encadrés …………………………………………….361

Tableau 5 : évaluation de la compétence linguistique des futurs enseignants………...362

Tableau 6 : évaluation de la compétence sociolinguistique des futurs enseignants…..362

Tableau 7 : évaluation de la compétence sociolinguistique des futurs enseignants…..363

Tableau 8 : évaluation des compétences des enseignants …………………………….363

Tableau 9 : évaluation des interactions………………………………………………..363

Tableau 10 : évaluation des quatre habiletés………………………………………….364

Tableau 11 : questions fréquentes des futurs enseignants…………………………….364

Tableau 12 : recours à d’autres langues (alternance codique)………………………...364

Tableau 13 : alternance codique lors de la formation ………………………………..364

Tableau 14 : importance du module de TEFL dans le cursus de formation des

enseignants…………………………………………………………………………… 365

Tableau 15 : évaluation de la mise en œuvre du module de TEFL…………………...365

C. Questionnaire 3

Tableau 1 : nombre total des répondants……………………………………………...366

Tableau 2 : variable « genre »………………………………………………………...366

Tableau 3 : variable « âge » …………………………………………………………..366

Tableau 4 : variable « diplôme » ……………………………………………………..366

Tableau 5 : variable « statut professionnel » …………………………………………367

Tableau 6 : variable « expérience professionnelle » ………………………………….367

Tableau 7 : variable « encadrement » ………………………………………………...367

Tableau 8 : variable « réflexion sur la performance »………………………………..368

Tableau 9 : variable « réflexion sur les faiblesses »………………………………….368

Page 431: Langue de spécialité, didact

431

D. Questionnaire 4

Tableau 1 : nombre total des répondants ……………………………………………..370

Tableau 2 : données biographiques des enseignants novices…………………………370

Tableau 3 : futures enseignantes par tranche d’âge………………………………….370

Tableau 4 : futurs enseignants par tranche d’âge……………………………………..370

Tableau 5 : futurs enseignants par tranche d’âge -global……………………………..370

Tableau 6 : lieux d’activité……………………………………………………………370

Tableau 7 : statut professionnel des enseignantes novice……………………………..370

Tableau 8 : statut professionnel des enseignants novices……………………………..371

Tableaux 9 : classes à charge au cycle secondaire …………………………………...371

Tableau 10 : classe à charge au cycle moyen…………………………………………371

Tableau 11 : durée de formation initiale………………………………………………371

Tableau 12 : appréciations sur le cursus de formation initiale………………………..371

Tableau 13 : appréciations sur les contenus du cursus de la formation initiale……….372

Tableau 14 : observation de classe pendant la formation initiale -femmes…………...372

Tableau 15 : observation de classe pendant la formation initiale -hommes…………..372

Tableau 16 : observation de classe pendant la formation initiale -global…………….372

Tableau 17 : fréquence des observations de classe……………………………………372

Tableau 18 : applicabilité des aspects théoriques (enseignantes) …………………….373

Tableau 19 : applicabilité des aspects théoriques (enseignants) ……………………...373

Tableau 20 : applicabilité des aspects théoriques (global) …………………………...373

Tableau 21 : formation continue (enseignantes) ……………………………………..373

Tableau 22 : formation continue (enseignants) ………………………………………373

Tableau 23 : formation continue (global) …………………………………………….373

Page 432: Langue de spécialité, didact

432

E. Maquette du cursus de la formation initiale

Tableau 1 : structure du cursus de la première année de licence……………………..375

Tableau 2 : récapitulatif du cursus de la première année de licence………………….375

Tableau 3 : structure du cursus de la deuxième année de licence…………………….376

Tableau 4 : récapitulatif du cursus de la deuxième année de licence…………………376

Tableau 5 : structure du cursus de la troisième année de licence……………………..377

Tableau 6 : récapitulatif du cursus de troisième année de licence…………………..377

Tableau 7 : structure du cursus de la quatrième année de licence…………………….378

Tableau 8 : récapitulatif du cursus de la quatrième année de licence…………………378

Tableau 9 : récapitulatif du cursus des quatre années de formation…………………..379

Tableau 10 : disproportion entre les aspects théoriques et pratiques dans la

formation……………………………………………………………………………...379

Tableau 11 : répartition du volume horaire selon les compétences ciblées par les

contenus du cursus pendant les quatre années de formation…………………….........379

Tableau 12 : répartition du volume horaire selon les contenus du cursus pendant les

quatre années de formation…………………………………………………………....380

F. Maquette du cursus de l’enseignement des cycles primaire, moyen et

secondaire

Tableau 1 : structure du cursus d’enseignement des cycles primaire et secondaire…..381

Tableau 2 : structure des filières de l’enseignement secondaire …………………….382

Tableau 3 : changements relatifs aux horaires, à la durée de chaque cycle et le

coefficient de chaque matière opérés suite aux réformes de 2003……………………383

Schéma : organisation des enseignements primaire, moyen et secondaire…………...384

Page 433: Langue de spécialité, didact

433

G. Référentiel des compétences professionnelles

Tableau 1 : référentiel des compétences professionnelles…………………….............385

Schéma 1 : Représentation de l’émergence de la compétence………………………..387

Table des annexes

Annexe 1………………………………………………………………………………353

1. Données du questionnaire 1 …………………………………………………...353

Annexe 2 ………………………………...……………………………………………361

2. Données du questionnaire 2……………………………………………………361

Annexe 3 ……………………………………………………………………………...366

3. Données du questionnaire 3……………………………………………………366

Annexe 4………………………………………………………………………………370

4. Données du questionnaire 4……………………………………………………370

Annexe 5………………………………………………………………………………375

1. Maquette du cursus de première année de licence…………………………….375

2. Tableau récapitulatif du cursus de première année de licence………………...375

3. Maquette du cursus de deuxième année de licence………………………….. 376

4. Tableau récapitulatif du cursus de deuxième année de licence……………….376

5. Maquette du cursus de troisième année de licence…………………………... 377

6. Tableau récapitulatif du cursus de troisième année de licence………………..377

7. Maquette du cursus de quatrième année de licence...........................................378

8. Tableau récapitulatif du cursus de quatrième année de licence.........................378

9. Tableau récapitulatif du cursus de quatre années de licence………………….379

10. Disproportion entre théorie et pratique………………………………………379

11. Répartition du volume horaire globale selon les compétences ciblées par les

contenus du cursus………………………………………………………………..379

12. Répartition du volume horaire selon les compétences pendant les quatre

années……………………………………………………………………………..380

Page 434: Langue de spécialité, didact

434

Annexe 6………………………………………………………………………………381

1. Structure du cursus des enseignements des cycles moyen et secondaire…….381

2. Structure des filières de l’enseignement secondaire….………………………382

3. Changements relatifs aux horaires, durée et coefficient de chaque matière….383

4. Schéma de l’organisation des différents cycles d’enseignement…………….384

Annexe 7………………………………………………………………………………385

1. Référentiel des compétences professionnelles………………………………...386

2. Représentation de l’émergence de la compétence……………………………..387

Annexe 8……………………………………………………………………………....388

1. Echantillon du questionnaire 1………………………………………………...388

2. Echantillon du questionnaire 2………………………………………………...395

3. Echantillon du questionnaire 3………………………………………………...398

4. Echantillon du questionnaire 4………………………………………………...401

Annexe 9 ……………………………………………………………………………...403

1. Interview 1 …………………………………………………………………….403

2. Interview 2 …………………………………………………………………….412

Annexe 10 : Concepts clés et références ……………………………………………. 418

1. Autorégulation…………………………………………………………………418

2. Autoscopie……………………………………………………………………..418

3. Communication exolingue……………………………………………………..418

4. Compétence………………………………………………………………........418

5. Compétence interculturelle………………………………………………….....419

6. Compétence sociolinguistique…………………………………………………419

7. Didactisation…………………………………………………………………...419

8. Discours Asynchrone…………………………………………………………..419

9. Discours synchrone…………………………………………………………....419

10. Document authentique……………………………………………………...….420

Page 435: Langue de spécialité, didact

435

11. Formation pratique……………………………………………………….........421

12. Micro-enseignement……………………………………………………...……421

13. Observation de la classe……………………………………………………….422

14. Orthoépie………………………………………………………………………422

15. Pratique réflexive……………………………………………………………....422

16. Redoublement………………………………………………………………….423

17. Référentiel des compétences professionnelles…………………………………424

18. Visioconférence…………………………………………………………..........425

Annexe 11 : distribution des langues au Maghreb……………………………………426

1. Distribution des langues au Maghreb………………………………………….427

Page 436: Langue de spécialité, didact

436

Table des matières

PREMIÈRE PARTIE

Parcours de recherche en contexte institutionnel et socioculturel algérien

Chapitre I : des réformes qui bouleversent le paysage institutionnel

Introduction ……………………………………………………………………………13

1. Changements et implications……………………………..………………………….19

1.1. La composante de la population d’enseignants d’anglais…………………………20

1.2. Le changement et ses implications sur les acteurs du système éducatif…………...21

1.3. La nouvelle mission de l’enseignant dans le cadre de la nouvelle réforme…….....22

1.4. L’enseignant algérien face à une tension double…………………………………..24

1.5. La mise en place de la réforme et les premiers constats…………………………...26

2. Premiers constats et nouveaux enjeux…………………………………………….....28

2.1. Une formation rénovée dans une perspective professionnalisante……………….28

2.2. Implication et imprégnation des enseignants : facteurs incontournables pour la

réussite de la réforme…………………………………………………………………...28

3. Du côté des enseignants……………………………………………………………...29

3.1. Méfiance et résistance…………………………………………………………….29

3.2. Résistance des enseignants aux changements……………………………………..30

4. Du côté de la formation des enseignants…………………………………………….31

5. Les enjeux didactiques de la formation du personnel enseignant…………………...31

Conclusion……………………………………………………………………………...33

Chapitre II : Parcours personnel et professionnel ancré dans la formation

Introduction…………………………………………………………………………….34

1. Motivation…............................................................................................................34

2. Retour sur un parcours professionnel……………………………………………….34

2.1. Le parcours en tant qu’enseignant…………………………………………………34

Page 437: Langue de spécialité, didact

437

2.1.1. Vers une prise en compte des apprentissages………………………………...….35

2.1.2. Vers une démarche associant activement les apprenants………………………..35

2.2. La nouvelle mission en tant qu’inspecteur………………………………………...36

2.2.1. Vers une prise en charge de la formation des enseignants……………………..37

2.2.2. Former à une profession ………………………………………………...………38

2.3. L’imbrication formation-recherche………………………………………………..39

3. Une rétrospective succincte sur un engagement personnel et professionnel………..40

3.1. L’inspecteur en tant que superviseur…………………………………………........40

3.2. L’inspecteur en tant que formateur……………………………………………...…41

4. La formation des enseignants dans une démarche responsabilisante………………41

5. Vers une articulation théorie-pratique-théorie………………………………………42

6. Un positionnement entre engagement et distanciation……………………………..42

7. Un chercheur engagé………………………………………………………………..43

Conclusion……………………………………………………………………………...44

Chapitre III : Contexte de la recherche

Introduction……………………………………………………….……………………45

1. Les considérations générales sur la réforme éducative……………………………...45

1.1. Les fondements politiques………………………………………...…………….45

1.1.1. Les objectifs qui sous-tendent la réforme éducative……………………............46

1.1.2. Les perspectives du changement………………………………………………47

1.1.3. Les difficultés de mise en œuvre de la réforme………………………………..48

1.1.3.1. Innovation et incertitude……….……………………………………………48

1.1.3.2. Contraintes découlant de l’innovation………………………………………49

1.1.3.3. D’importantes mutations…………………………………………………….50

2. Le contexte de la réforme du système éducatif algérien…………………………….52

2.1. La mise en place de la nouvelle approche…………………………………………52

2.1.1. L’approche par compétences…………………………………………………….53

2.1.2. Les fondements théoriques de la nouvelle approche…………………………….53

2.1.3. Les objectifs sous-jacents à l’approche par compétences……………………….54

Page 438: Langue de spécialité, didact

438

3. Les principes généraux de la nouvelle réforme éducative et la réforme de

l’enseignement secondaire et universitaire……………………………………………..55

3.1. Les nouvelles missions du système éducatif algérien……………………………..55

3.2. Les principales réformes introduites dans le primaire et le secondaire……………56

3.2.1. Les grandes lignes de la refonte du système éducatif algérien : trois volets

essentiels………………………………………………………………………………..57

3.2.1.1. La refonte de la pédagogie et des champs disciplinaires……………………..57

3.2.1.2. La réorganisation générale du système éducatif……………………………….57

3.2.1.3. La formation des enseignants : vers une universitarisation de la formation

initiale…………………………………………………………………………………..58

4. Une nouvelle conception de la formation…………………………………………..59

4.1. Les nouvelles missions de l’ENS et les nouveaux critères de recrutement....... 59

4.2. Une formation dans une perspective professionnalisante……………………..60

5. Résistance des enseignants aux changements……………………………………...60

5.1. Les enseignants du cycle moyen et la réforme………………………………….62

5.2. Attentes nouvelles pour les enseignants…..…………………………………….62

5.3. Des défis à relever………………………………………………………………63

Conclusion……………………………………………………………………………...63

Chapitre IV : Réformes éducatives et politiques linguistiques et leur impact sur les

enjeux de la formation des enseignants

Introduction………………………………………….…………………………………64

1. Le système éducatif algérien : finalités et objectifs généraux……………………….65

1.1. Description…………………………………………………………………………65

1.1.1. Le taux de scolarisation.....................................................................................66

a) L’enseignement pré-scolaire……………………………………………………….66

b) L’enseignement fondamental………………………...…………………………….66

c) L’enseignement secondaire………………………………………………………...67

2. Brève rétrospective sur les réformes successives du système éducatif algérien…….67

2.1. Entre 1962 et 1971………..………………………………………………………68

Page 439: Langue de spécialité, didact

439

2.2. Entre 1971 et 2003…………………………………………………………………70

2.3. Depuis 2003 à nos jours…………………………………………………………...71

3. Le passage des programmes basés sur les contenus au curriculum………………….73

4. La politique linguistique et culturelle……………………………..…………………74

4.1. Les langues en présence dans le contexte algérien………………………………...75

4.2. Les propriétés sociolinguistiques des langues dans le contexte algérien………….76

4.3. Les fondements de la politique linguistique et culturelle………………………….77

4.3.1. Orientations de la politique linguistique…………………………………………78

4.3.2. Bilan sur la politique linguistique………………………………………………..78

5. Politique linguistique et implication didactique……….…………………………….79

Conclusion. …………………………………………………………………………….80

Chapitre V : La mondialisation et son impact sur les enjeux de la formation des

enseignants

Introduction…………………………………………………………………………….81

1. La formation des enseignants dans le contexte des politiques mondiales...…………82

1.1. La formation initiale……………………………………………………………….82

1.2. La formation continue et de perfectionnement des enseignants………………….83

2. Politique de la formation…………………………………………………………….84

2.1. Structure de la formation………………………………………………………….85

2.2. Conditions d’accès et durée d’études……………………………………………..86

2.2.1. Les Instituts de technologie de l’éducation……………………………………...86

a) Maitres d’enseignement fondamental (MEF)………………………………….. 86

b) Professeurs d’enseignement Fondamental (PEF)……………………………… 86

c) Professeurs d’enseignements Secondaire (PES)…………………….………………87

2.2.2. Les universités : l’état des lieux…………………………………………………87

2.2.3. L’institut National de Formation du personnel de l’Education (INFPE)………..89

3. La réglementation de la formation initiale…………………………………………..90

Page 440: Langue de spécialité, didact

440

3.1. Contenus de la formation initiale et continue des enseignants d’anglais………….90

3.2. Structure des enseignements……………………………………………………….91

3.2.1. Modules d’enseignement…………………………………..…………………….91

3.2.2. Modes de contrôle…………………………………………………….…91

3.2.3. Contenus à visée disciplinaire…………………………………………...91

3.2.4. Contenus à visée professionnelle………………………………………...92

3.3. La formation initiale et son impact sur les pratiques des enseignants………..……93

4. La réglementation de la formation continue…………………………………………94

5. La formation continue et son impact sur les pratiques des enseignants……………94

6. La recherche en didactique et pour la didactique au profit de la formation des

enseignants ……………………………………………………………………..………95

Conclusion…………………………………………………………..………………….98

DEUXIÈME PARTIE

La revue de la littérature

Conceptualisation et recadrage théorique

Chapitre I : Toile de fond

Introduction…………………………………………………………………………...101

1. Implication de la didactique dans la formation des enseignants………………….102

1.1. D’un point de vue diachronique………………………………………………….102

1.1.1. Une conception classique (toujours actuelle)…………………………………..103

1.1.2. Une conception nouvelle.................................................................................103

1.2. Différentes perspectives sur la formation des enseignants……………………..104

1.2.1. Une perspective professionnelle…………………………………………..……105

1.2.2. Une perspective interculturelle…………………………………………………106

1.2.3. Une perspective réflexive………………………………………………………109

1.2.4. Une perspective de continuum…………………………………………………111

1.2.5. La formation des enseignants fondée sur l’approche par compétences articulant

théorie et pratique………………………………………………………………….….112

2. Rôle du chercheur-formateur dans la formation…………………………………...116

2.1. Evolution des missions du chercheur-formateur……………………………....…116

Page 441: Langue de spécialité, didact

441

2.2. Objectifs sous-jacents à la formation initiale des enseignants…………………...117

2.3. Vers une Conception innovante et collaborative de la formation…......................119

Conclusion ……………………………………………………………………………119

CHAPITRE II : Les enjeux de la formation des enseignants à l’importance d’un

apprentissage fondé sur une articulation de la théorie et de la pratique

Introduction …………………………………………………………………………..120

1. Formation initiale : est-ce un parcours de la théorie à la pratique et l’inverse ? …120

2. Théorie et pratique : quelle articulation dans la formation des enseignants?..........123

3. Formation des enseignants dans une perspective planétaire……………………….125

4. Formation didactique ou pédagogique ?……………………………………………127

5. La compétence dans le domaine de l’éducation……………………………………128

5.1. Considérations diverses sur le concept de compétence………..…………………129

5.2. Regards croisés sur la notion de compétence……………………………………129

5.2.1. Plusieurs conceptions du concept de compétence……………………………...131

5.2.1.1. Conception linguistique de la compétence…………………………………...135

5.2.1.2. Conception Communicative : principales composantes……………...………137

a) La composante linguistique………………………………………………………...137

b) La composante discursive………………………………………………………….139

c) La composante pragmatique………………………………………………………..140

d) La composante sociolinguistique…………………………………………………..142

Conclusion.....…………………………………………………………………………143

Chapitre III : Les enjeux de la formation des enseignants à l’importance d’un

enseignement fondé sur les compétences interculturelles, réflexives et

professionnelles

Introduction………..………………………………………………………………….145

1. L’interculturalité : du savoir culturel à la compétence culturelle dans la formation des

enseignants…………………………………………………………………………….145

2. État des lieux de la formation des enseignants à l’interculturel……………………148

3. Pratique réflexive : impact sur la profession d’enseignant…………………………149

3.1. Dispositifs et outils pour développer, accompagner et évaluer la pratique

réflexive……………………………………………………………………………….151

3.1.1. Dispositifs ………………………………………..……………………………152

Page 442: Langue de spécialité, didact

442

a) Réflexion dans l’action…………………………………………………………….152

b) Réflexion sur l’action………………………………………………..…………….152

3.1.2. Construction des savoirs………………………………………………………..153

4. L’approche par compétence et son impact sur la formation des enseignants……....153

5. Le profil de sortie des enseignants dans le cadre de la formation fondée sur

l’approche par compétences…………………………………………………………..154

6. Compétences professionnelles……………………………………………………...155

6.1. La professionnalisation…………………………………………………………...156

6.1.1. Le concept de professionnalisation……………………………………………..157

6.1.2. La professionnalité……………………………….…………………………….159

6.1.3. Les anciennes formes de la professionnalisation……………………………….160

a) L’enseignant magister……………………………………………………………...161

b) L’enseignant technicien…………………………………………………………….161

c) L’enseignant ingénieur……………………………………………………………..161

d) L’enseignant professionnel………………………………………………………...161

Conclusion…………………………………………………………………………….162

Chapitre IV : Les enjeux de la formation des enseignants dans un dispositif

évolutif des conceptions

Introduction…………………………………………………………………………...163

1. Les différentes conceptions du dispositif de la formation des enseignants……...163

a) Formation par alternance…………………………………………………………164

b) Formation par alternance : diverses conceptions…………………………………165

2. Formation en compagnonnage…………………………………...…………………167

3. Formation en monitoring…………………………………………………………...168

4. Formation et professionnalisation…………………………………………………169

5. Formation continue des enseignants : la confrontation des points de vue, une

ressource pour l’apprentissage………………………………………………………..170

Conclusion…………………………………………………………………………….172

Page 443: Langue de spécialité, didact

443

TROISIÈME PARTIE Regards croisés sur la formation du côté des élèves-enseignants, des formateurs,

des enseignants novices et des inspecteurs

Chapitre I : Cadre général de la recherche

Introduction…………………………………………………………………………...173

1. Une recherche exploratoire pour décrire les enjeux de la formation des

enseignants…………………………………………………….………………………174

2. Chercher la validité scientifique……………………………………………………175

3. Mode de construction du corpus……………………………………………………175

3.1. Population et échantillonnage…………………………………………………….176

3.2. Quelques caractéristiques sur les populations……………………………………176

3.2.1. Echantillon 1 : sujets acteurs…………………………………………..……….176

3.2.2. Echantillon 2 : sujets formateurs et décideurs…………………….……………176

4. Méthodologie de recherche……………………………..………………………….177

4.1. Une approche quantitative………………….…………………………………….178

4.1.1. Logique de construction et d’élaboration des questionnaires………………….178

a) Questionnaire 1…………………………………………………………………….178

b) Questionnaire 2……………………………………………………………………179

c) Questionnaire 3 …………………………………………………………...……….179

d) Questionnaire 4……………………………………………………………………179

4.2. Une approche qualitative…………………………………………………………180

4.2.1. L’analyse qualitative………………………………………………………..….180

4.2.2. Logique de construction et d’élaboration des interviews ………………..…….181

5. Les techniques de recueil de données………………………………………………181

Chapitre II : Les résultats pour la population étudiante

Introduction…………………………………………………………………………...183

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 1 : population étudiante.....183

Page 444: Langue de spécialité, didact

444

2. Profil général et données biographiques des répondants…………...………………184

a) Une population féminisée et jeune …...……………………………………………184

b) Quelques parcours atypiques……………………………………………………….184

3. Choix des langues, choix des études ………………………………………………185

a) Un ancrage dans l’environnement linguistique…………………………………….185

b) L’impact de la notation…………………………………………………………….185

c) Des critères pour l’orientation……………………………………………………...186

4. Du cursus en amont à la licence d’anglais …………………………………………187

a) Impact des exigences institutionnelles ………………………………………….....187

b) Des facteurs économiques ……………………...………………………………….187

c) Les langues pour la mobilité………………………………………………………..188

5. Les compétences des futurs enseignants …………………………………………..188

a) Les limites de la compétence linguistique………………………………………….188

b) L’auto-évaluation : une pratique formative………………...………………………189

6. L’impact des modules d’enseignement sur la formation…………………………...190

a) Les modules : objectifs sous-jacents……………………………………………….190

b) Les modules et le développement des trois compétences : linguistique,

sociolinguistique et pragmatique................................................................................191

c) L’immersion linguistique et son impact sur le développement de l’interculturel.....192

d) Le développement de la compétence pragmatique : contraintes et obstacles…...…193

e) Mise en synergie des trois compétences pour une communication langagière

effective ………………………………...…………………………………………….194

7. Réflexion sur le module de TEFL : dispositif, volume horaire et contenu…..…….197

8. Suggestions et attentes des futurs enseignants……………………………………..199

9. Synthèse…………………………………………………………………………….200

Chapitre III : Les résultats pour les enseignants universitaires

Introduction…………………………………………………………………………...202

Page 445: Langue de spécialité, didact

445

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 2 : les enseignants

universitaires…………………………………………………………………………..203

1.1. Profil général et données biographiques des répondants…………………………203

a) Une population d’enseignants féminisée et jeune………………………………….204

b) Une expérience professionnelle courte…………………………………………….205

c) Pénurie d’encadrement vs massification scolaire……………………………….….207

2. Réflexion des répondants sur les compétences des futurs enseignants…………….208

2.1. Évaluation des compétences : linguistique, sociolinguistique et pragmatique..….208

a) Compétence linguistique…………………………………………………………...208

b) Compétence sociolinguistique……………………………………………………...209

c) Compétence pragmatique……………………………………………………….….210

2.2. Évaluation des compétences……………………………………………..……….212

2.3. Évaluation continue des futurs enseignants………………………………………212

2.4. Stratégies d’apprentissage et obstacles………………………………………..….213

2.5. L’interaction en classe de langue : un dispositif pour promouvoir la formation...214

2.6. Maîtrise de la langue de manière réceptive, interactive et productive…………...215

2.7. La compétence lexicale : source d’inquiétude……………………………………217

3. L’alternance codique : entre facilité et obstacle……………………………………218

4. Les instructions officielles à l’égard de l’enseignement/apprentissage des langues

étrangères…………………………………………………………………………….. 220

5. Réflexion des répondants sur le module de TEFL……………...………………….221

5.1. Le module de TEFL : Mise en œuvre et apports…………………………………221

5.2. La formation initiale et les scénarios de classe via le module de TEFL………....222

5.3. Repenser le dispositif de mise en œuvre du module de TEFL pour une meilleure

préparation des futurs enseignants………………………….…………………………222

6. Suggestions et attentes des enseignants formateurs : Rendre la formation initiale

compatible aux exigences de terrain…………………………………………...….223

Conclusion…………………………………………………………………………….224

Page 446: Langue de spécialité, didact

446

Chapitre IV : Les résultats pour le corps inspectoral

Introduction …………………………………………………………………………..226

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 3 : le corps inspectoral…..226

1.1. Profil général et données biographiques des répondants…………………………226

1.2. Un corps inspectoral non envié par les femmes………………………………….227

1.3. Un corps inspectoral vieillissant …………………………………………………228

1.4. Profil professionnel des répondants……………………………………………....229

1.5. Poursuite des études et contraintes administratives…………………………...….230

1.6. Statut professionnel des répondants……………………………………………...231

2. Conditions de recrutement et de formation………………………………………...232

2.1. Apports du capital professionnel…………………………………………...…….233

2.1.1. Rôle des inspecteurs dans le cadre des réformes éducatives…………………...234

2.1.2. Encadrement et nouvelles missions…………………………………………….235

3. Réflexion des répondants sur la performance des enseignants novices…………....236

3.1. Enseignants novices et contraintes d’insertion……………………………...……236

3.2. Accompagnement des enseignants novices………………………………………237

3.3. Observations des pratiques enseignantes : Facteur essentiel de développement des

compétences professionnelles…………………………………………………………238

3.4. Les lacunes perçues comme apports positifs……………………………………..239

3.5. Certaines embuches sur l’insertion des enseignants novices……………………..240

4. Formation initiale : excessive focalisation sur les aspects théoriques……………...241

5. Formation initiale : lacunes d’ordre disciplinaires et/ou transversales…………….242

6. Suggestions et attentes du corps inspectoral………………………………………243

6.1. La concentration de la formation initiale …………………...……………………243

6.2. Propositions pour la formation…………………………………………………...243

6.2.1. Microteaching…………………………………………………………………..243

6.2.2. Nouvelles technologies…………………………………………………………244

6.2.3. Confiance et efficacité………………………………………………………….244

Page 447: Langue de spécialité, didact

447

6.3. Plan prévisionnel de remédiation……………………………………...…………245

6.4. Écart entre formation initiale et exigences du terrain…………………………….246

Conclusion………………………………………………………….…………………246

Chapitre V : Les résultats pour les enseignants novices

1. Description du groupe de répondants au questionnaire 4 : les enseignants

novices………………………………………………………………………………...248

2. Recueil des données : moyen et procédure…………………………………………249

3. Profil général et données biographiques des répondants…………………………...250

3.1. Une cohorte d’enseignants féminisée ……………………………………………250

3.2. Diverses motivations pour le choix du métier d’enseignant……………………...251

3.3. Allongement de la durée de formation…………………………………………...252

3.4. Une jeune population d’enseignants …………………………………………….253

4. Données professionnelles…………………………………………………………..254

4.1. Lieu d’activité………………………………………………………………….....254

4.2. Zone rurale et contrainte……………………………………………………….....255

4.3. Le même parcours de formation pour deux statuts professionnels différents……256

4.4. Postes vacants et contraintes budgétaires………………………………………...258

4.5. Critères de répartition des classes………………………………………………...258

5. La formation initiale : durée et apports…………………………………………….260

5.1. La durée de formation………………………………………………………….....260

5.2. Apports de la formation initiale sur la pratique enseignante……………………..260

5.3. Les modules d’enseignement et leur incidence sur la pratique et la gestion de

classe…………………………………………………………………………………..261

5.4. Réflexion et explicitation…………………………………………………………263

5.5. Retour sur la formation initiale…………………………………………………..264

5.5.1. Articulation théorie-pratique-contexte…………………………………………265

5.5.2. L’observation de la classe : efficience et apports…………...………………….266

5.5.3. L’observation de la classe : fréquence et impact……………….………………267

Page 448: Langue de spécialité, didact

448

5.5.4. La théorie : Applicabilité et mise en œuvre……………….……………………267

5.5.5. Une transposition didactique nécessaire …………………….…………………269

6. La formation continue……………………………………………………………...269

6.1. Insertion et soutien professionnel des enseignants novices……………………..269

6.2. Éveil des enseignants aux difficultés professionnelles…………………………...269

6.3. Formation continue : levier de construction des compétences professionnelles…272

6.4. Réformes et innovations……………………………………………………….....273

7. Suggestions et attentes……………………………………………………………...273

8. Synthèse…………………………………………………………………………….276

Chapitre VI : Du point de vue des responsables de la formation

Avant-propos………………………………………………………………………….283

Les entretiens semi-dirigés : analyse des données…………………………………….284

1. Regard descriptif : la réforme éducative, finalité et objectifs sous-jacents…..........285

2. Regard analytique : la formation initiale et continue des enseignants d’anglais entre

le prescriptif et le descriptif……………………………………………………….287

3. Regard prospectif : attentes et perspectives……………………………………….290

4. En guise de conclusion..…………………………………………………………...291

5. Croisement et discussion des données …………...……………………………….294

Chapitre VII : Descriptions et Analyses de la maquette de formation initiale

Introduction…………………………………………………………………………...303

1. Présentation de la maquette des modules d’enseignement……………………...….303

1.1. Maquette des modules d’enseignement par année……………………………….303

a) Maquette du cursus de première année de licence..………………………………..303

b) Maquette du cursus de deuxième année de licence ………………….…………….304

c) Maquette du cursus de troisième année de licence…………………………………304

d) Maquette du cursus de quatrième année de licence ……………………………….305

1.2. Analyse du cursus de la formation initiale……………………………………….305

2. Réflexion sur le cursus de formation initiale……………………………………...307

Page 449: Langue de spécialité, didact

449

Conclusion…………………………………………………………………………….315

Discussion des résultats……………………………………………………………….316

Conclusion générale…………………………………………………………………..318

Bibliographie …………………………………………………………………………320

Liste des tableaux……………………………………………………………………..428

Tables des annexes……………………………………………………………………433